Va Pu Quotes

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Amputée!… O soleil, si c’est vrai que je viens de toi, pourquoi m’as-tu faite amputée? Pourquoi m’as-tu faite une fille? Pourquoi ces seins, cette faiblesse, cette plaie ouverte au milieu de moi? N’aurait-il pas été beau le garçon Médée? N’aurait-il pas été fort? Le corps dur comme la pierre, fait pour prendre et partir après, ferme, intact, entier, lui! Ah! il aurait pu venir, alors, Jason, avec ses grandes mains redoutables, il aurait pu tenter de les poser sur moi! Un couteau, chacun dans la sienne -oui!- et le plus fort tue l’autre et s’en va délivré. Pas cette lutte où je ne voulais que toucher les épaules, cette blessure que j’implorais. Femme! Femme! Chienne! Chair faite d’un peu de boue de d’une côte d’homme! Morceau d’homme! Putain!
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Jean Anouilh (Médée)
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Que se serait-il passé ? Lol ne va pas loin dans l'inconnu sur lequel s'ouvre cet instant. Elle ne dispose d'aucun souvenir même imaginaire, elle n'a aucune idée sur cet inconnu. Mais ce qu'elle croit, c'est qu'elle devait y pénétrer, que c'était ce qu'il lui fallait faire, que ç'aurait été pour toujours, pour sa tête et pour son corps, leur plus grande douleur et leur plus grande joie confondues jusque dans leur définition devenue unique mais innommable faute d'un mot. J'aime à croire, comme je l'aime, que si Lol est silencieuse dans la vie c'est qu'elle a cru, l'espace d'un éclair, que ce mot pouvait exister. Faute de son existence, elle se tait. Ç'aurait été un mot-absence, un mot-trou, creusé en son centre d'un trou, de ce trou où tous les autres mots auraient été enterrés. On n'aurait pas pu le dire mais on aurait pu le faire résonner. Immense, sans fin, un gong vide, il aurait retenu ceux qui voulaient partir, il les aurait convaincus de l'impossible, il les aurait assourdis à tout autre vocable que lui-même, en une fois il les aurait nommés, eux, l'avenir et l'instant. Manquant, ce mot, il gâche tous les autres, les contamine, c'est aussi le chien mort de la plage en plein midi, ce trou de chair.
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Marguerite Duras (The Ravishing of Lol Stein)
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Elles disent, malheureuse, ils t'ont chassée du monde des signes, et cependant ils t'ont donné des noms, ils t'ont appelée esclave, toi malheureuse esclave. Comme des maîtres ils ont exercé leur droit de maître. Ils écrivent de ce droit de donner des noms qu'il va si loin que l'on peut considérer l'origine du langage comme un acte d'autorité émanant de ceux qui dominent. Ainsi ils disent qu'ils ont dit, ceci est telle ou telle chose, ils ont attaché à un objet et à un fait tel vocable et par là ils se le sont pour ainsi dire appropriés. Elles disent, ce faisant ils ont gueulé hurlé de toutes leurs forces pour te réduire au silence. Elles disent, le langage que tu parles t'empoisonne la glotte la langue le palais les lèvres. Elles disent le langage que tu parles est fait de mots qui te tuent. Elles disent, le langage que tu parles est fait de signes qui à proprement parler désignent ce qu'ils se sont appropriés. Ce sur quoi ils n'ont pas mis la main, ce sur quoi ils n'ont pas fondu comme des rapaces aux yeux multiples, cela n'apparaît pas dans le langage que tu parles. Cela se manifeste juste dans l'intervalle que les maîtres n'ont pas pu combler avec leurs mots de propriétaires et de possesseurs, cela peut se chercher dans la lacune, dans tout ce qui n'est pas la continuité de leurs discours, dans le zéro, le O, le cercle parfait que tu inventes pour les emprisonner et pour les vaincre.
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Monique Wittig (Les Guérillères)
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Cet objectif a été atteint par une méthode occidentale : l’application d’une taxe foncière nationale de 3 %. Les agriculteurs japonais étaient mécontents et se sont révoltés périodiquement du fait qu’ils devaient payer comptant cette taxe chaque année, et ce, quel que soit le volume de la récolte. Mais s’ils avaient eu connaissance des taux d’imposition occidentaux modernes, ils auraient pu s’estimer heureux… Dans l’État où je vis, la Californie, par exemple, nous payons un impôt foncier de 1 %, plus un impôt d’État sur le revenu qui peut atteindre 12 %, plus un impôt national sur le revenu qui va chercher actuellement dans les 44 %.
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Jared Diamond (Bouleversement: Les nations face aux crises et au changement)
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J'aurais voulu lui dire que je me sentais comme abimé. Que j'existais sans vivre vraiment. Que des fois j'étais vide et des je fois je bouillonnais a l’intérieur, que j'étais sous pression, prêt a éclater. Que je ressentais plusieurs choses a la fois, comment dire? Que ça grouillait de pensées dans mon cerveau. Qu'il y avait une sorte d'impatience, comme l'envie de passer à autre chose, quelque chose qui serait bien bien mieux que maintenant, sans savoir ce qui allait mal ni ce qui serait mieux. Que j'avais peur de pas y arriver, peur de pas pouvoir tenir jusque là. De ne jamais être assez fort pour survivre à ça, et que quand je disais "ça", je ne savais même pas de quoi je parlais. Que j'arrivais pas à gérer tout ce qu'il y avait dans ma tête. Que j'avais toujours l'impression d'être en danger, un danger permanent, de tous les cotés où je regardais, d'être sur le point de me noyer. Comme si à l'intérieur de moi le niveau montait et que j'allais être submergé. Mais j'ai pas pu lui dire. J'ai dégluti et j'ai dit ça va aller, merci. C'était plus facile.
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Claire-Lise Marguier (Le faire ou mourir)
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L’extrait du Journal de Gide n’est peut-être pas mauvais au point de vue de mes livres, mais il est vraiment terrible pour Gide lui-même, ou plus précisément pour son “intellectualité” ; du reste, malgré ce que semblait espérer Secrétant ! qui se trouvait à ce moment-là chez P. Georges, j’aurais été bien étonné que le résultat soit autre ; Gide paraît être de ces gens pour qui la question de la vérité des idées ne se pose même pas ! - Quant à ce M. Étiemble, je n’en avais jamais entendu parler, et je ne sais pas du tout à qui il a pu s’adresser pour tâcher de me trouver. J’ai eu seulement connaissance, dans le même ordre d’idées, des efforts qu’a faits F. Bonjean pour me rencontrer, d’abord en allant dans l’Inde, puis encore tout récemment en retournant au Maroc... Pour en revenir à Étiemble, je suis très heureux de ce que vous lui avez dit pour le décourager ; il faut en effet faire tout le possible pour empêcher ces “intrusions”, surtout du côté des écrivains et journalistes, indiscrets par profession, et qui au fond ne comprennent rien, ainsi que vous avez pu tout de suite vous en rendre compte dans ce cas ; vous pouvez penser comme je serais disposé à donner, à quelque titre que ce soit, ma collaboration à une “propagande” quelconque ! Si tout cela s’amplifie ces temps-ci comme vous le pensez, il va falloir que je prenne de mon côté plus de précautions que jamais pour éviter tout ce monde... lettre du 10 novembre 1945 à un correspondant inconnu
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René Guénon
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Mais il faut le voir à table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjugué. D'où vient-elle donc cette créature ? Pr les mots dans sa bouche, ces idées qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce désir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet élan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ? Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible métier de parents, donner à cette gamine les moyens de son évasion. On a si peu de raison de se réjouir dans ces endroits qui n’ont ni la mère ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout où la soirée s’achèvent à 20 heures en semaine et dans les talus le week-end Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix à sa place. Ils en sont réduits ça, faire confiance, croiser les doigts, espérer quils l'ont élevée comme il faut et que ça suffira. L'adolescence est un assassinat prémédité de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git déjà sur le bord du chemin. Il faut désormais réinventer des rôles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruosités et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses évidentes, le règne indiscuté des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances à La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. Et puis il aimait bien aller à l'hôtel, dont elle réglait toujours la note. Il appréciait la simplicité des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrême propreté des serviettes de bain, le sol neutre et le téléviseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis précis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi précisé sur un petit carton à côté de la bouilloire, tout ce confort limité mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami, elle se disait ouais, les mecs de son espèce n'ont pas de répit, soumis au travail, paumés dans leurs familles recomposées, sans même assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goût du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. Après des siècles de règne relatif, ces pauvres types semblaient bien gênés aux entournures tout à coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillé à leur mesure. Leur nombre ne faisait rien à l'affaire. Ils se sentaient acculés, passés de mode, foncièrement inadéquats, insultés par l'époque. Des hommes élevés comme des hommes, basiques et fêlés, une survivance au fond. Toute la journée il dirigeait 20 personnes, gérait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer à la maison et demander cent fois à Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employé. Effectivement. Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dérida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvèrent. - T'aurais pu venir plus tôt, dit Gérard, après avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle. Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tête dodelinant d'une épaule à l'autre. C'était une concession bien suffisante et le père ne poussa pas plus loin son avantage. Pour motiver son petit frère, Julien a l'idée d'un entraînement spécial, qui débute par un lavage de cerveau en règle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, Karaté Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la même chose : des acteurs torse nu et des séquences d'entraînement qui transforment de parfaits losers en machines à gagner.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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¿’ Eh oh, Golgoth, on laisse la hordaille confabuler à l'encan, chacun avec sa chacune — débat, dispute et querelle ? Pourquoi tu ne leur claques pas le soufflet ? Ah, il se lève, le Goth, il sort sa trombine longue et massive, avec son renifleur aux narines dilatées, un modèle d'origine, très utile pour chasser la morve. Il passe devant nous, trapu, front à bosse, s'agite et turbule, ainsi que toujours, et si délicatement crache et recrache, vas-y, Taïaut, superbe d'élégance ! Un filet de salive est pris dans sa barbe roussie, qu'il essuie. Il va jusqu'à Steppe, revient vers Talweg, dit trois mots à Oroshi, regarde Pietro, un ballet de fée, tout en souplesse et labour. Il nous fait signe de décoller du mur et de former un arc de cercle. […] — Vous vous souvenez du dernier furvent qu'on a morflé ? Ça remonte à quoi, deux ans ? Je pourrais vous le vider par terre, d'une traite. Comment on a perdu Verval, arraché par son traineau. Comment on a perdu Di Nebbé, un solide ailier pourtant. Il avait bouffé tellement de sable sur une seule rafale qu'il a plus pu se relever et quand il s'est foutu à genoux pour vomir, il a été fauché par une barrière qui dérivait, avec Karst et Firost. Eux sont encore là, Vent merci.
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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Pour résumer : chaque jour, je ressemblais davantage à la vieille paysanne russe attendant le train. Peu après la révolution, ou après une guerre ou une autre, la confusion règne au point que personne n'a idée de quand va pointer la nouvelle aube, et encore moins de quand va arriver le prochain train, mais la campagnarde chenue a entendu dire que celui-ci est prévu pour tantôt. Vu la taille du pays, et le désordre de ces temps, c'est une information aussi précise que toute personne douée de raison est en droit d'exiger, et puisque la vieille n'est pas moins raisonnable que quiconque, elle rassemble ses baluchons de nourriture, ainsi que tout l’attirail nécessaire au voyage, avant de se oser à côté de la voie ferrée. Quel autre moyen d'être sûre d'attraper le train que de se trouver déjà sur place lorsqu'il se présentera ? Et le seul moyen d'être là à l'instant voulu, c'est de rester là sans arrêt. Évidemment, il se peut que ce convoi n'arrive jamais, ni un autre. Cependant, sa stratégie a pris en compte jusqu'à cette éventualité : le seul moyen de savoir s'il y aura un train ou pas, c'est d'attendre suffisamment longtemps ! Combien de temps ? Qui peut le dire ? Après tout, il se peut que le train surgisse immédiatement après qu'elle a renoncé et s'en est allée, et dans ce cas, toute cette attente, si longue eût-elle été, aurait été en vain. Mouais, pas très fiable, ce plan, ricaneront certains. Mais le fait est qu'en ce monde personne ne peut être complètement sûr de rien, n'est-ce pas ? La seule certitude, c'est que pour attendre plus longtemps qu'une vieille paysanne russe, il faut savoir patienter sans fin. Au début, elle se blottit au milieu de ses baluchons, le regard en alerte afin de ne pas manquer la première volute de fumée à l'horizon. Les jours forment des semaines, les semaines des mois, les mois des années. Maintenant, la vieille femme se sent chez elle : elle sème et récolte ses modestes moissons, accomplit les tâches de chaque saison et empêche les broussailles d'envahir la voie ferrée pour que le cheminot voie bien où il devra passer. Elle n'est pas plus heureuse qu'avant, ni plus malheureuse. Chaque journée apporte son lot de petites joies et de menus chagrins. Elle conjure les souvenirs du village qu'elle a laissé derrière elle, récite les noms de ses parents proches ou éloignés. Quand vous lui demandez si le train va enfin arriver, elle se contente de sourire, de hausser les épaules et de se remettre à arracher les mauvaises herbes entre les rails. Et aux dernières nouvelles, elle est toujours là-bas, à attendre. Comme moi, elle n'est allée nulle part, finalement ; comme elle, j'ai cessé de m'énerver pour ça. Pour sûr, tout aurait été différent si elle avait pu compter sur un horaire de chemins de fer fiable, et moi sur un procès en bonne et due forme. Le plus important, c'est que, l'un comme l'autre, nous avons arrêté de nous torturer la cervelle avec des questions qui nous dépassaient, et nous nous sommes contentés de veiller sur ces mauvaises herbes. Au lieu de rêver de justice, j'espérais simplement quelques bons moments entre amis ; au lieu de réunir des preuves et de concocter des arguments, je me contentais de me régaler des bribes de juteuses nouvelles venues du monde extérieur ; au lieu de soupirer après de vastes paysages depuis longtemps hors de portée, je m'émerveillais des moindres détails, des plus intimes changements survenus dans ma cellule. Bref, j'ai conclus que je n'avais aucun pouvoir sur ce qui se passait en dehors de ma tête. Tout le reste résidait dans le giron énigmatique des dieux présentement en charge. Et lorsque j'ai enfin appris à cesser de m'en inquiéter, l'absolution ainsi conférée est arrivée avec une étonnante abondance de réconfort et de soulagement.
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Andrew Szepessy (Epitaphs for Underdogs)
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Entreprise en 1935 au moment où la CORF, qui aurait pu constituer un témoin gênant, disparaît à point nommé, cette fortification continue à bon marché va engloutir pendant près de cinq ans et de manière décousue des ressources matérielles et humaines considérables. Mais, ce qui est plus grave, l'ensemble de l'opinion publique, non avertie, s'installe dans le sentiment d'une sécurité trompeuse : pourquoi faire d'autres efforts ? A la mobilisation, l'armée s'installe derrière la "ligne Maginot" comme sur une ligne de Blocus qui asphyxiera l'Allemagne, pendant qu'avec le temps, l'économie et nos Alliés nous assureront la suprématie. Mais l'ennemi ne s'y trompe pas, et c'est au point le plus faible de cette "ligne Maginot prolongée" qu'il frappe. Et, lorsqu'un pan entier de ce décor de théâtre s'effondre, à Sedan et à Monthermé, le 13 mai 1940, une immense déception étreint le pays, et ramène le balancier de notre pensée militaire à un sentiment de rejet de la fortification, aussi excessif que l'adulation qu'on lui portait en 1934.
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Philippe Truttmann (La muraille de France ou la ligne Maginot)
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–Voyons un peu, à la campagne, on ne trouve plus de pine en abondance ? La fille semblait sincèrement curieuse, et sans doute que dans ses souvenirs antérieurs à son départ du village pour aller chercher du travail en ville, il y avait quelque chose qui justifiait son étonnement que cette « abondance de pines » ait pu disparaître en quelques années. – Eh oui, je n'en ai pas vu la couleur depuis l'été dernier, se plaignit la paysanne. – Même pas venant du kolkhoze ? On ne vous en donne plus ? À combien de pines avez-vous droit par journée de travail ? – Au kolkhoze ? Que diable ! Mais qui va encore bosser là-bas ?
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Mircea Nedelciu (Histoire des histoires ou histoire d'une pine et Histoire des histoires vue par la génération 80)
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La jalousie! "Othello n'est pas jaloux, il est confiant", a remarqué Pouchkine, et cette remarque à elle seule témoigne de l'intelligence hors du commun de notre grand poète. Othello a juste l'âme anéantie, tout son univers s'est retourné, parce que son idéal est mort. Mais Othello n'ira pas se cacher, espionner, ou épier: il est confiant. Au contraire, c'est lui qu'il faut mettre sur la piste, pousser, exciter au prix d'efforts extrêmes, pour qu'il commence juste à se douter de la trahison. Tel n'est pas le jaloux véritable. On ne peut même pas s'imaginer la honte et la déchéance morale que le jaloux est capable d'accepter sans le moindre remords de conscience. Et ce n'est pourtant pas que tous les jaloux soient des âmes sales ou viles. Au contraire, en ayant le coeur noble, un amour pur, plein d'esprit et de sacrifice, on peut en même temps se cacher sous les tables, acheter les pires crapules et vivre dans la saleté la plus répugnante en espionnant et en écoutant aux portes. Othello n'aurait jamais pu accepter la trahison - non pardonner, mais accepter le fait - quoique son âme fût incapable de colère et innocente comme celle d'un enfant. Un vrai jaloux, c'est autre chose: on a du mal à imaginer tout ce que à quoi un vrai jaloux peut cohabiter, ce qu'il peut accepter, ce qu'il est capable de pardonner! Ce sont d'ailleurs les jaloux qui pardonnent plus vite que les autres, et toutes les femmes le savent. Le jaloux, très rapidement (après bien sûr, une scène effrayante au début), peut et est capable de pardonner, par exemple, une trahison presque prouvée, des étreintes et des baisers qu'il aura vus lui-même, si, par exemple, au même moment, il aura pu se persuader, d'une façon ou d'une autre, que c'était "pour la dernière fois" et que le rival disparaîtra dorénavant, qu'il partira au bout du monde, ou que, lui-même, il emmènera celle qu'il aime quelque part où le rival ne pourra plus jamais revenir. Il va de soi que la réconciliation ne dure qu'une heure, parce que, quand bien même le rival aurait réellement disparu, lui-même, dès le lendemain, il s'en fabriquera un autre, un nouveau, et il sera jaloux de ce nouveau. Et on pourrait croire que si, dans votre amour, vous avez besoin d'épier, alors, que vaut-il, cet amour, s'il lui faut tant de sentinelles? Mais c'est bien cela que le vrai jaloux ne sera jamais en état de comprendre, et pourtant, je vous jure, il existe des jaloux qui sont des coeurs sublimes...
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Fiodor DostoĂŻevski
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Crée un monde où Corindon aurait pu être heureux. Un monde où les gens comme nous, toi, moi, Innon et notre adorable petit garçon, notre magnifique petit garçon, aurions pu connaître une complétude prolongée. D'après Antimoine, je le verrai peut-être. On ne va pas tarder à le savoir. Ah, la rouille. Je procrastine. Elle attend. Aujourd'hui, je retourne à Lumen. Pour toi, Innon. Pour toi, Cori. Pour toi, Syène.
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N.K. Jemisin (The Stone Sky (The Broken Earth, #3))
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Nors ne­va­lia leis­ti ki­tiems va­do­vau­ti, bū­ti vai­din­gam, ne­iš­auk­lė­tam ar per­ne­lyg nuo­lan­kiam, ta­čiau jei­gu žmo­gus pa­de­da ki­tiems ir ben­drau­ja su se­nais pa­žįs­ta­mais itin man­da­giai, tar­si su­ti­kęs pir­mą kar­tą, jis su vi­sais su­tars pui­kiai. Vy­ro ir žmo­nos san­ty­kiai ir­gi grin­džia­mi šiuo prin­ci­pu. Jei­gu pa­bai­go­je vy­ras taip pat pro­tin­gas, kaip ir pra­džio­je, tai jis su žmo­na taip pat su­tars pui­kiai.
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Yamamoto Tsunetomo (Hagakure (German Edition))
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Tu sais, le moment révolutionnaire - j'ai essayé de l'expliquer de différentes manières - est un moment exaltant parce que c'est quelque chose de nouveau pour lequel on peut s'engager. Je l'ai dit de la façon la plus simple que j'aie pu trouver : "La révolution est comme un enfant : il est tout mignon quand il naît, mais il est possible que, dix ans plus tard, il devienne con, bossu et méchant." De la même manière, quand elle naît, la Révolution est fascinante, car elle promet la nouveauté. Imagine : si aujourd'hui, en Italie, arrivait un Savonarole, ou une Jeanne d'Arc disant : "Allez, renonçons à tout, mangeons deux fois moins !", les gens n'hésiteraient pas une seconde, Folco. Un jeune sur deux aujourd'hui serait heureux de jeter son téléphone portable dans le lac pour avoir quelque chose de mieux. Mais, plus tard, on se rendrait compte que le portable était utile, que le lac est pollué... Ainsi va la vie... (p. 255)
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Tiziano Terzani (La fine è il mio inizio)