Muet Quotes

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Que des livres puissent à ce point bouleverser notre conscience et laisser le monde aller au pire, voilà de quoi rester muet.
Daniel Pennac (Comme un roman)
Pauvres créatures! Si c'est un tort de les aimer, c'est bien le moins qu'on les plaigne. Vous plaignez l'aveugle qui n'a jamais vu les rayons du jour, le sourd qui n'a jamais entendu les accords de la nature, le muet qui n'a jamais pu rendre la voix de son âme, et, sous un faux prétexte de pudeur, vous ne voulez pas plaindre cette cécité du coeur, cette surdité de âme, ce mutisme de la conscience qui rendent folle la malheureuse affligée et qui la font malgré elle incapable de voir le bien, d'entendre le Seigneur et de parler la langue pure de l'amour et de la foi.
Alexandre Dumas fils (La Dame aux Camélias)
Renonçant à se protéger, Ellana poussa un soupir sonore qui se perdit dans le vacarmes de l'averse. - Un ami amant qui trahit, bougonna-t-elle, un ami tout court qui disparaît, un ami maître qui devient muet... Restons positifs, il pourrait pleuvoir.
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
Les muettes étoiles ont toujours rendu les hommes bavards.
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Cette rose ne l'interromps Qu'à verser un silence pire Jamais de chants ne lancent prompts Le scintillement du sourire Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Muet muet entre les ronds Sylphe dans la pourpre d'empire Un baiser flambant se déchire Jusqu'aux pointe des ailerons Si tu veux nous nous aimerons.
Stéphane Mallarmé
À eux deux, la femme, nerveuse et hypocrite, l'homme, sanguin et vivant en brute, ils faisaient un couple puissamment lié. Ils se complétaient, se protégeaient mutuellement. Le soir, à table, dans les clartés pâles de la lampe, on sentait la force de leur union, à voir le visage épais et souriant de Laurent, en face du masque muet et impénétrable de Thérèse.
Émile Zola (Thérèse Raquin)
Les muets sont des menteurs, parle. Je suis vraiment en colère de parler seul Et ma parole Éveillé des erreurs Mon petit cœur.
Paul Éluard (Capital of Pain)
Moi, l'amour me rend sot et muet.
Alexandre Pouchkine (Eugène Onéguine (French Edition))
Les arbres poussaient en silence et le règne animal limitait sa présence à des actes obscurs et muets.
Raymond Queneau (The Blue Flowers)
Tu es mon pare-feu, ne change rien. Tu me protèges.
Arnaud Cathrine (J'entends des regards que vous croyez muets)
Je me suis figuré qu’une femme devait faire plus de cas de son âme que de son corps, contre l’usage général qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trésor de son coeur avant de consentir à la plus légère prise sur celui de sa beauté. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveauté est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensé les autels, m’ont vainement laissé parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait à moi. Peut-être je m’explique mal. J’ai eu la singulière idée d’être l’époux d’une femme avant d’être son amant. J’ai voulu voir si réellement il existait une âme assez orgueilleuse pour demeurer fermée lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche à des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force à la froideur. Dans toutes les contrées qu’aime le soleil, j’ai cherché les traits les plus capables de révéler qu’une âme ardente y était enfermée : j’ai cherché la beauté dans tout son éclat, cet amour qu’un regard fait naître ; j’ai désiré un visage assez beau pour me faire oublier qu’il était moins beau que l’être invisible qui l’anime ; insensible à tout, j’ai résisté à tout,... excepté à une femme, – à vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mépris dans mes idées orgueilleuses ; à vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’après être devenu votre époux. – Vous me l’avez arraché, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser. ( Le prince )
Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
Je ne vous en veux pas, dit-il. Rodolphe était resté muet. Et Charles, la tête dans ses deux mains, reprit d’une voix éteinte et avec l’accent résigné des douleurs infinies : – Non, je ne vous en veux plus ! Il ajouta même un grand mot, le seul qu’il ait jamais dit : – C’est la faute de la fatalité ! Rodolphe, qui avait conduit cette fatalité, le trouva bien débonnaire pour un homme dans sa situation, comique même, et un peu vil.
Gustave Flaubert (Madame Bovary)
La nature est une oeuvre d'art, mais Dieu est le seul artiste qui existe, et l'homme n'est qu'un arrangeur de mauvais goût. La nature est belle, le sentiment s'exhale de tous ses pores; l'amour, la jeunesse, la beauté y sont impérissables. Mais l'homme n'a pour les sentir et les exprimer que des moyens absurdes et des facultés misérables. Il vaudrait mieux qu'il ne s'en mêlat pas, qu'il fût muet et se renfermât dans la contemplation.
George Sand
La muerte era de una naturaleza piadosa, significativa y tristemente bella, es decir, espiritual; pero, al mismo tiempo, también poseía una segunda naturaleza, casi contraria, muy física y material que, desde luego, no se podía considerar bella, ni significativa, ni piadosa, ni siquiera triste. La naturaleza solemne y espiritual se expresaba en la suntuosa mortaja y ataúd del difunto, las magníficas flores y las palmas que, como se sabe, significan la paz celestial (...) Todas aquellas disposiciones claramente hallaban su sentido y su buen fin en la idea de que el abuelo había adoptado su forma definitiva y verdadera para siempre. Pero además, como muy bien captó el pequeño Hans Castorp, aunque no quiso reconocerlo, todo aquello, y especialmente a su vez, la enorme cantidad de flores (y, entre éstas, en particular de nardos) tenía otro sentido y otro fin más prosaico: mitigar ese otro aspecto de la muete que no es ni bello ni realmente triste, sino más bien casi indecente, bajo, indignamente físico; hacer olvidar o impedir tomar conciencia de la muerte (pp.43-44)
Thomas Mann
Elle souriait quelques fois, arrêtant sur lui ses yeux, une minute. Alors, il sentait ses regards pénétrer son âme, comme ces grands rayons de soleil qui descendent jusqu’au fond de l’eau. Il l’aimait sans arrière-pensée, sans espoir de retour, absolument ; et, dans ces muets transports, pareils à des élans de reconnaissance, il aurait voulu couvrir son front d’une pluie de baisers. Cependant, un soufflant intérieur l’enlevait comme hors de lui ; c’était une envie de se sacrifier, un besoin de dévouement immédiat, et d’autant plus fort qu’il ne pouvait l’assouvir.
Gustave Flaubert (L’Éducation Sentimentale (French Edition))
LE FEU DES DIEUX Ô vous-autres voyez comment les années tombent toutes avec fracas et forment un nuage, et l'oiseau sur sa branche se moque des rêves de l'homme, tandis que tout expire comme des écailles. Ce feu, que le propre Prométhée ne rédime pas, douleur mise sur le front pour qu'elle soit éternelle, ô voyez-le croître sur les ruines, les cendres qui restent de son brasier muet. Nous parcourons les heures sans regarder leur visage, ces lèvres qui parfois nous appellent de si loin. Ô si nous pouvions penser à l'autre songe et si la flamme s'élevait enfin vers le repos oscillant pour toujours au milieu de la Beauté !
Juan Rodolfo Wilcock
Il convoqua de nuit tous les animaux sous un fromager. Après avoir chargé les insaisissables colibris de monter la garde, il expliqua son plan: -Dès que l'un d'entre nous apercevra le museau de Tigre, il devra bailler de la voix afin que tous les autres puissent se cacher. Toi, Chien, tu aboieras. Toi, Macaque, tu crieras comme un cinglé que tu es. Toi, Zamba, tu barriras. Et toi, Vache, tu meugleras... Lapin aperçut alors des ronds dans la rivière au pied de l'arbre. -Quand à toi, Poisson..., hésita-t-il un long moment, tu resteras muet. Il y a des fois où le silence est plus puissant que la parole. Et Poisson se sentit rassuré sur son utilité.
Olivier Larizza
Il songea, une nouvelle fois, que, petit, un jour, il portait un lapin par les pattes de derrière. C'était en Sicile, les pattes étaient attachées avec de la ficelle, il marchait à côté de son père, son père trimbalait un panier de pommes de terre, et il sentait que le sang s'accumulait dans la petite tête du lapin, le lapin était juste dans la posture de Saint-Pierre le jour de sa mort, les yeux du lapin muet avait un vertige infini de souffrance et de terreur, il aurait suffi de mettre l'animal dans l'autre sens, la tête en haut, alors, au moins, avant la mort inévitable, il aurait cessé de souffrir, mais il n'osa pas. Par conséquent, lui, petit, déjà était pris dans l'omertà du monde, dans cette complicité générale qui nous fait, en gros, accepter des mers et des montagnes de souffrance et de terreur, les reconnaitre pour légitimes, nécessaires, bonnes, justes. Si l'on se mettait, par exemple, à souffrir pour un lapin, il faudrait, tout de suite, souffrir aussi pour les chevaux, les mouches, les rats, les vieillards. C'est pourquoi il avait continué à tenir l'animal à l'envers, par ses pattes ficelées, tout en sentant que le regret s'accumulait en lui, s'accumulait jusqu'à former un dépôt pesant dans la tête de l'animal, enflammant ses yeux de sang et de terreur, mais l'omertà, déjà, était la plus forte, la complicité taciturne des hommes entre eux, des êtres entre eux. Demandez à qui vous voudrez. Un lapin, pour un trajet donné, se porte la tête en bas, ficelé par les pattes de derrière, c'est la loi. Un bambin, sur un chemin, dans la grande île, dans la Sicile, il ne va pas, de lui-même, accomplir la révolution, tourner l'animal dans l'autre sens, dans le sens du pardon, du bien-être, au risque de troubler le pas de son père, son père portait les pommes de terre.
Jacques Audiberti (Le Maître De Milan)
... Une nuit d'automne, cinq ans plus tôt. Ils longeaient une rue, et les feuilles mortes tombaient autour d'eux, et ils sont arrivés à un endroit sans arbres, où le trottoir était blanc sous la lune. Ils se sont arrêtés. Ils se sont tournés l'un vers l'autre. C'était une nuit silencieuse, traversée par ce mystérieux battement de fièvre, qui souligne deux fois par an les changements de saison. Les douces lumières des maisons ronronnaient dans l'obscurité, et l'on devinait dans le ciel un tournoiement d'étoiles. À la frange de son regard, Gatsby découvrait l'alignement des trottoirs, qui dessinait comme une échelle, et cette échelle conduisait vers un lieu secret au-dessus des arbres — il pouvait y monter, s'il y montait seul, et l'ayant atteint, boire la vie à sa source même, se gorger du lait transcendant des prodiges. Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son cœur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment où il embrassait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient se souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l'agilité miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l'avait embrassée, et à l'instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'épanouissait comme une fleur à son contact et l'incarnation s'était achevée. À travers ce qu'il disait, et malgré une sentimentalité excessive, je retrouvais quelque chose, à mon tour — une cadence insaisissable, des fragments de mots oubliés, quelque chose qui s'était passé bien des années auparavant. J'ai senti pendant un moment qu'une phrase cherchait à prendre forme dans ma bouche, et j'ai ouvert les lèvres, comme un muet, sous la pression d'une force bien au-delà d'une simple respiration et qui cherchait à s'échapper. Mais elles ne formèrent aucun son, et ce dont j'étais sur le point de me souvenir est resté indicible à jamais.
F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
L'amour ne peut pas se passer d'échange, de petits billets doux que l'on s'adresse et se renvoie. L'amour est peut-être la plus belle forme du dialogue que l'homme a inventé pour se répondre à lui-même. Et c'est là justement que l'art du ventriloque a un rôle immense à jouer. Les grands ventriloques ont été avant tout des libérateurs : ils nous permettent de sortir de nos cachots solitaires et de fraterniser avec l'univers. C'est nous qui faisons parler le monde, la matière inanimée, c'est ce qu'on appelle la culture, qui fait parler le néant et le silence. La libération, tout est là. Je donne des leçons à Fresnes; les prisonniers apprennent à faire parler les barreaux, les murs, à humaniser le monde. Philoloque a dit qu'une seule définition de l'homme est possible : l'homme est une déclaration d'intention, et j'ajouterais qu'il fait qu'elle soit faite hors du contexte. Je reçois ici toutes sortes de muets intérieurs pour causes extérieures, pour cause de contexte, et je les aide à se libérer. Tous mes clients cachent honteusement une voix secrète, car ils savent que la société se défend. Par exemple, elle ferme les bordels, pour fermer les yeux. C'est ce qu'on appelle morale, bonnes moeurs et suppression de la prostitution authentique et noble, celle qui ne se sert pas du cul mais des principes, des idées, du parlement, de la grandeur, de l'espoir, du peuple, puisse continuer par des voies officielles. Il vient donc un moment où vous n'en pouvez plus et où vous êtes dévoré par le besoin de vérité et d'authenticité, de poser des questions et de recevoir des réponses, bref, de communiquer - de communiquer avec tout, avec le tout, et c'est là qu'il convient de faire appel à l'art. C'est là que le ventriloque entre en jeu et rend la création possible. Je suis reconnu d'utilité publique par monsieur Marcellin, notre ancien Ministre de l'Intérieur, et monsieur Druon, notre ancien Ministre de la Culture et j'ai reçu l'autorisation d'exercer de l'Ordre des Médecins, car il n'y a aucun risque. Tout demeure comme avant, mais on se sent mieux.
Romain Gary (Gros-Câlin)
When he was twenty-four, André floated down to Saigon and returned with a wife standing upon his prow. Eugenia was the eldest child of Pierre Cazeau, the stately, arrogant owner of the Hôtel Continental, on rue Catinat. She was also deaf. Her tutors had spent the first thirteen years of her life attempting to teach her how to speak like a hearing person, as was dictated by the popular pedagogy of the time. Her tongue was pressed, her cheeks prodded, countless odd intonations were coaxed forth from her lips. Cumbersome hearing horns were thrust into her ears, spiraling upward like ibex horns. It was a torture she finally rejected for the revolutionary freedom of sign, which she taught herself from an eighteenth-century dictionary by Charles-Michel de l’Épée that she had stumbled upon accidentally on the shelf of a Saigon barbershop.1 Based on the grammatical rules of spoken language, L’Épée’s Methodical Sign System was unwieldy and overly complex: many words, instead of having a sign on their own, were composed of a combination of signs. “Satisfy” was formed by joining the signs for “make” and “enough.” “Intelligence” was formed by pairing “read” with “inside.” And “to believe” was made by combining “feel,” “know,” “say,” “not see,” plus another sign to denote its verbiage. Though his intentions may have been noble, L’Epée’s system was inoperable in reality, and so Eugenia modified and shortened the language. In her hands, “belief” was simplified into “feel no see.” Verbs, nouns, and possession were implied by context. 1 “So unlikely as to approach an impossibility,” writes Røed-Larsen of this book’s discovery, in Spesielle ParN33tikler (597). One could not quite call her beautiful, but the enforced oral purgatory of her youth had left her with an understanding of life’s inherent inclination to punish those who least deserve it. Her black humor in the face of great pain perfectly balanced her new husband’s workmanlike nature. She had jumped at the opportunity to abandon the Saigon society that had silently humiliated her, gladly accepting the trials of life on a backwater, albeit thriving, plantation. Her family’s resistance to sending their eldest child into the great unknowable cauldron of the jungle was only halfhearted—they were in fact grateful to be unburdened of the obstacle that had kept them from marrying off their two youngest (and much more desirable) daughters. André painstakingly mastered Eugenia’s language. Together, they communed via a fluttering dance of fingertips to palms, and their dinners on the Fig. 4.2. L’Épée’s Methodical Sign System From de l’Épée, C.-M. (1776), Institution des sourds et muets: par la voie des signes méthodiques, as cited in Tofte-Jebsen, B., Jeg er Raksmey, p. 61 veranda were thus rich, wordless affairs, confluences of gestures beneath the ceiling fan, the silence broken only by the clink of a soup spoon, the rustle of a servant clearing the table, or the occasional shapeless moan that accentuated certain of her sentences, a relic from her years of being forced to speak aloud.
Anonymous
Le pâle sourire d’Ysaëlle fut sa seule réponse, l’accord muet taisant les élans protecteurs de son cœur. Nul à Bron ne souhaitait voir le bon peuple d’Ethyr abandonné aux cruautés du sort. Les temps à venir seraient difficiles ; la guerre, fatalité mêlée de domination et de deuils, c’était dans l’esprit du peuple d’Ethyr le manque, la terreur, les maladies, la douleur et l’agonie. Déjà, sa pensée doutait que la quête d’Axys, même couronnée de succès, puisse changer le sort qui avait frappé le royaume par la venue du Khazrug. Déjà, elle sentait poindre le regret et la peur, souhaitant que Célian restât auprès d’elle, sa seule famille. Néanmoins, Ysaëlle ne fit part de son trouble à personne, ne voulant pas décourager le groupe sur le départ par un simple pressentiment.
Cyrille Mendes (Les Épieurs d'Ombre)
Chaque jour, le maître se contentait de le saluer et commençait son cours. Puis il demeurait invisible le reste de la journée et restait muet lors du dîner. Or, ce matin-là, debout près de la rivière argentée, le vieil aveugle lui dit : — Yuko, tu deviendras un poète accompli lorsque, dans ton écriture, tu intégreras les notions de peinture, de calligraphie, de musique et de danse. Et surtout lorsque tu maîtriseras l’art du funambule. Yuko se mit à sourire. Le maître n’avait pas oublié. — Pourquoi l’art du funambule pourrait-il me servir ? Soseki posa sa main sur l’épaule du jeune homme, comme il l’avait déjà fait un mois plus tôt. — Pourquoi ? En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Écrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe. Yuko remercia le maître de lui enseigner l’art d’une façon si subtile, si belle.
Maxence Fermine
POSSESSION L'âge terrible, c'est l'âge d'or. J'appelle ainsi la dure époque où l'or eut son avènement. C'est l'an 1300, sous le règne du beau roi qu'on put croire d'or ou de fer, qui ne dit jamais un mot, grand roi qui parut avoir un démon muet, mais de bras puissant, assez fort pour brûler le Temple, assez fort pour atteindre Rome et d'un gant de fer porter le premier souffle au pape. L'or devient alors le grand pape, le grand dieu. Non sans raison. Le mouvement a commencé sur l'Europe par la croisade. On n'estime de richesse que celle qui a des ailes et se prête au mouvement, celle des échanges rapides. Le roi, pour frapper ses coups à distance ne veut que de l'or.
Jules Michelet
Tes pas, enfants de mon silence,/ Saintement, lentement placés,/ Vers le lit de ma vigilance/ Procèdent muets et glacés. Personne pure, ombre divine,/ Qu’ils sont doux, tes pas retenus !/ Dieux !… tous les dons que je devine/ Viennent à moi sur ces pieds nus !/ Si, de tes lèvres avancées,/ Tu prépares pour l’apaiser,/ À l’habitant de mes pensées/ La nourriture d’un baiser, Ne hâte pas cet acte tendre,/ Douceur d’être et de n’être pas,/ Car j’ai vécu de vous attendre,/ Et mon coeur n’était que vos pas.
Paul Valéry (Poésies)
Ce qu'il y a de brutal et d'exemplaire chez Rimbaud, c'est qu'il rend la vie inutile. Inutilisable. Toute lecture, toute ambition intellectuelle, hors de question. Puisqu'un Rimbaud est possible, tout est vain. Il arrive et il parle. Et sa parole est un chant. Et ce chant implique tous les chants possibles. Et les annule. L'expérience, la durée, l'homme sont ici mis en déroute. Il renverse toutes les lois, en imposant la loi qui est et reste le haut fait d'être ce que l'on est. Il ne vit que par raccroc, il respire parce qu'il faut bien. Et peu importe alors ce qu'il va faire de cette vie dérisoire. Sa poche d'ignorance, d'inspiration est préservée. Il rend à ce qu'on nomme la vie le suprême hommage, qui consiste à opérer comme si l'on n'avait que faire de ce qu'elle laisse espérer. Héritier milliardaire qui vivrait comme si ce trésor ne lui était de rien. Superbe mépris. Il rendra la cassette pleine, sans même s'être soucié d'en vérifier les richesses. Antiphilosophe extrême qui respecte aussi peu la mort que la vie. Il avance oreilles bouchées, lèvres closes, muet jusqu'au rire; oui, proprement angélique. Brûlant toutes ses cartes sans calcul, sans préméditation, sans plaisir. Il est ce qu'il est et fait ce qu'il fait. Le secret de Rimbaud, c'est l'évidence. Un rien de présence déplacée et c'en était fait. Il réussissait ou il échouait. Alors que son destin n'est pas qualifiable. Est le présent même.
Georges Perros (Papiers collés)
Un ami à qui je racontais ma mésaventure m’a dit en riant : « Ça t’apprendra à admirer des fascistes. » C’était expéditif et, je crois, juste. Herzog, capable d’une vibrante compassion pour un aborigène sourd-muet ou un vagabond schizophrène, considérait un jeune cinéphile à lunettes comme une punaise méritant d’être moralement écrabouillée, et j’étais quant à moi le client idéal pour me faire traiter de la sorte. Il me semble qu’on touche là quelque chose qui est le nerf du fascisme. Si on le dénude, ce nerf, que trouve-t-on ? En étant radical, une vision du monde évidemment scandaleuse : übermenschen et untermenschen, Aryens et Juifs, d’accord, mais ce n’est pas de cela que je veux parler. Je ne veux parler ni de néonazis, ni d’extermination des présumés inférieurs, ni même de mépris affiché avec la robuste franchise de Werner Herzog, mais de la façon dont chacun de nous s’accommode du fait évident que la vie est injuste et les hommes inégaux : plus ou moins beaux, plus ou moins doués, plus ou moins armés pour la lutte. Nietzsche, Limonov et cette instance en nous que j’appelle le fasciste disent d’une même voix : « C’est la réalité, c’est le monde tel qu’il est. » Que dire d’autre ? Ce serait quoi, le contre-pied de cette évidence ? « On sait très bien ce que c’est, répond le fasciste. Ça s’appelle le pieux mensonge, l’angélisme de gauche, le politiquement correct, et c’est plus répandu que la lucidité. » Moi, je dirais : le christianisme. L’idée que, dans le Royaume, qui n’est certainement pas l’au-delà mais la réalité de la réalité, le plus petit est le plus grand. Ou bien l’idée, formulée dans un sutra bouddhiste que m’a fait connaître mon ami Hervé Clerc, selon laquelle « l’homme qui se juge supérieur, inférieur ou même égal à un autre homme ne comprend pas la réalité »
Emmanuel Carrère (Limonov)
Dès l’instant où la porte s’ouvrit, je me tendis. J’eus l’étrange sensation que l’air se modifiait et le silence éloquent de mon visiteur me fit hausser les sourcils. Allons bon, il me faisait la gueule ? — Si tu ne voulais pas me parler en venant ici, va jouer au muet ailleurs. Le ricanement grave qui emplit l’espace me fit sursauter. Je savais à présent que ce n’était pas Rafayel, mais un homme à qui je n’aurais jamais pensé adresser la parole, qui se tenait à quelques pas de moi. — Yphaëlle, tu es toujours aussi aimable quand tu t’adresses à une personne pour la première fois ? Je haussai les sourcils face à cette voix grave qui s’était enroulée autour de mon prénom. — Toujours, répondis-je en me retournant vers lui. Et tu débarques toujours à moitié vêtu dans la chambre d’une inconnue ? Il me fit un sourire malicieux qui creusa des fossettes dont je ne soupçonnais pas l’existence. — Toujours. À la bonne heure, un comique. Je détaillai l’homme, bien plus grand et mieux bâti que Rafayel et dont la peau était légèrement basanée, qui me faisait face et je croisais les bras. Il ne portait que l’ample pantalon en tissu noir qui montrait son appartenance à ma caste, laissant ainsi son ventre plat et bien sculpté à qui voudrait regarder.
Phoenix Pharell (L'Éveil (Cendresa, #1))
Elle aurait dû avoir déjà pris sa douche et s’être préparée pour sortir avec Luc. Au lieu de quoi, elle contemplait le travail étalé devant elle et le téléphone muet, sans voir la moindre raison d’aller faire la fête avec un homme, aussi mal rasé et séduisant soit-il.
Michelle Gable (L'appartement oublié)
RÊVERIE Quand le ciel en moi demeure désert et peut-être muet un pleur comme d’une icône il me semble entendre seul le fjord nacré orchestre encore, nacré, où tu te caches et ne peux plus répliquer ? Est-ce peut-être l’impuissance dans le rêve d’un dahlia ? La colonne de lumière érige des vitraux en un Gloria.
Gabriela Livescu
Un long silence s’écoula. Ces silences qui nous font entendre la pensée des autres. On a alors peur de les troubler, ces silences, de la même manière qu’on craint de jeter une pierre dans ces eaux qu’on appelle dormantes. Chacun sait bien que les eaux ne dorment pas chacun sait bien que les silences ne sont pas muets. A certains moment de leur vie les homme parlent pour dire quelque chose ; et quand ils se taisent, ils parlent encore.
Malek Haddad (La dernière impression (French Edition))
Voxalis à Thierry Moral, manifartiste éclectique J'aurais pu être le saltimbanque de l'âge de glace entrecoupant mes espiègleries avec l'ouragan Katrina plus au sud des marécages de La Nouvelle-Orléans, c'était peut-être pour moi plus approprié de jouer dans une pièce de théâtre muet avec des héros en pâte à modeler et papier mâché à Montmartre sur la scène d'un Cabaret du Néant. Le langage corporel trahit mon esprit hors-la-loi– je peux, mais je ne veux pas courir entre les cactus séniles, je peux, mais je ne veux pas entretenir la braise qui couve par amour du feu, je peux, mais je ne veux pas arborer l'étendard de l'étonnement par amour de la sensation. Je peux mais je ne sais pas ! Je peux mais je ne comprends pas ! Je peux mais je ne veux pas ! Le ridicule plane tel un aérostat au-dessus de l'œil d'Horus et moi je n'ai pas le temps de vivre les moulins à vent. [Voxalis lui Thierry Moral, manifartist eclectic Aș fi putut fi saltimbancul epocii de gheață întretăindu-mi giumbușlucăriile cu uraganul Katrina mai la sud de mlaștinile din New Orleans, poate era mai nimerit să joc într-o piesă de teatru mut cu eroi din plastilină și papier mâché în Montmartre, pe scena unui Cabaret du Néant. Limbajul corpului îmi trădează fărădelegea gândului - pot, dar nu vreau să alerg printre cactuși senili, pot, dar nu vreau să întrețin jarul mocnit de dragul focului, pot, dar nu vreau să arborez stindardul mirării de dragul senzației. Pot, dar nu știu! Pot, dar nu înțeleg! Pot, dar nu cred! Ridicolul planează ca un aerostat peste ochiul lui Horus și eu n-am timp să trăiesc morile de vânt.] (p. 32) Imperfectele emoții
Daniel Marcu
La floraison Ils t’ont volé toutes les étoiles et le ciel ils l’ont verrouillé avec des oiseaux métalliques. Ils t’ont caressé avec l’ombre… Ils t’ont arraché les épaules avec la fuite Ils t’ont embrassé avec la glace… une fleur à peine éclose, désertée flotte impeccablement sous tes côtes tel un grand-père perdu implacablement, par une matinée inutile comme un début de mois de mars… Seule cette ville Est le témoin muet De ton passage à travers l’étreinte… seule cette ville s’effondre intensément, irrémédiablement dans le souvenir souffreteux de la ville qui fut sous le vol douloureux et métallique des oiseaux russes. Sais-tu que tu n’as plus de nom ni de rêves ??? que tu es une statistique un nombre insensible fondant lentement sur l’asphalte indécent de la ville qui se meurt… Seule une pluie salée, profonde Caresse encore ton front Et le mutisme de la pierre. (Marius CONU)
Marius Conu (Le IV-e Reich: Ukraïna mir)
Mes rivaux, sous mes yeux, sauront plaire et charmer. Je resterai muet ; - moi, je ne sais qu'aimer
Alfred de Musset (Theatre t1 - les marrons du feu - la nuit venitienne)
Pays de muets, pays de la belle endormie, merveilleux mais sans vie parce qu’y manque le souffle de la liberté. Aujourd’hui comme hier.
Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
Les frontons, pignons et cheminées qui n'avaient pas été arrachés et emportés par le courant saillaient de la surface sombre et luisante tels des signaux de détresse de pierre, de brique et de bois; si bien que les branchages et les déchets non identifiés - bouts de vêtements, débris de meubles - qui frôlaient leurs appels à l'aide muets, s'y accrochaient dans leur dérive, comme autant d'anneaux de crasse autour de doigts tendus.
Michael McDowell (La Crue (Blackwater, #1))
Nous ne serons pas deux, nous serons mille et constamment de passage. Calmes comme des récidivistes, agités comme des voleurs, muets comme des assassins. Dieu que je t'aimerai.
Geneviève Desrosiers (Nombreux seront nos ennemis)
En ce temps-là, le musée Guimet était un temple. C’est ainsi qu’il se dresse, maintenant, au fond de ma mémoire. Je vois un large escalier de pierre s’élevant entre des murs couverts de fresques. Tout en gravissant les degrés, l’on rencontre successivement un brahmine altier versant une offrande dans le feu sacré ; des moines bouddhistes vêtus de toges jaunes s’en allant quêter, bol en main, leur nourriture quotidienne ; un temple japonais posé sur un promontoire auquel conduit, par-delà un torii rouge, une allée bordée de cerisiers en fleur. D’autres figures, d’autres paysages de l’Asie sollicitent encore l’attention du pèlerin montant vers le mystère de l’Orient [...]. A droite, est une toute petite salle de lecture où les fervents de l’orientalisme s’absorbent en de studieuses recherches, oublieux de Paris dont les bruits heurtent en vain les murs du musée-temple, sans parvenir à troubler l’atmosphère de quiétude et de rêve qu’ils enclosent. Dans cette petite chambre, des appels muets s’échappent des pages que l’on feuillette. L’Inde, la Chine, le Japon, tous les points de ce monde qui commence au-delà de Suez sollicitent les lecteurs... Des vocations naissent... la mienne y est née. Tel était le musée Guimet quand j’avais vingt ans".
Alexandra David-Néel (L'Inde où j'ai vécu)
Le rythme lent et appliqué me faisait venir au cœur une lointaine berceuse créole.
Daniel Picouly (Le Cri muet de l'iguane)
Celui-là sent la mangue. Encore une histoire avec plus de noyau que de chair.
Daniel Picouly (Le Cri muet de l'iguane)
Les souvenirs sont comme les orphelins, leur avenir dépend de la famille d'accueil.
Daniel Picouly (Le Cri muet de l'iguane)
Elle les élevait en traçant dans l'espace des lignes invisibles qu'ils respectaient. Des enfants funambules.
Daniel Picouly (Le Cri muet de l'iguane)
Aa – pronounced as ah, as in father Bb – pronounced as bay Cc – Generally, its French pronunciation is say. However, its pronunciation will change depending on the situation. If this letter comes before I and E, it must be pronounced as the English S (similar to how C in the word center is pronounced). If it comes before A, O, and U, its pronunciation must be the same as c in cat. Dd – pronounced as day, or similar to D in the word dog Ee – must sound like euh, similar to the emphasis of U in the word burp Ff – sounds like eff, similar to how F is pronounced in the word fog Gg – As a general rule, this letter is pronounced as jhay. However, its pronunciation will change depending on the word. If this letter is found before the vowels A, O, and U, it must sound like the g in the word get. On the other hand, if it’s placed before I and E, the pronunciation must be similar to the S in the word measure. Hh – While this letter generally sounds as ash and is found in French written words, it is ALWAYS silent, even if the word begins with this letter. However, H has two kinds in the French language that are useful in writing. In non-aspirated H (or H muet), the letter H is treated as a vowel and the word requires either liaisons or contractions (other rules will be discussed in a later section). On the other hand, in an aspirated H (or H aspiré), the word is treated is a consonant and will not require liaisons or contractions. To determine which words are aspirated or not so that words can be spelled and pronounced correctly, French dictionaries place an asterisk (or any other symbol) on words starting with an H to indicate that they are aspirated. Ii – sounds like ee, or similar to how the letters ea in the word team is pronounced Jj – pronounced as ghee, and sounds like the S in the word measure Kk – sounds like kah, and is pronounced like the K in the word kite Ll – a straightforward el pronunciation, similar to L in the word lemon Mm – simply pronounced as emm, from M in the word minute Nn – similar to N in the word note, as it sounds like enn Oo – This letter can be pronounced as the O in the word nose, or can also sound similar to the U in nut. Pp – pronounced as pay, or similar to the letter P in the word pen Qq – sounds like ku, or how the K in kite is pronounced Rr – must sound like you’re saying air. To do this correctly in French, you must try to force air as if it’s going to the back of your throat. Your tongue must be near the position where you gargle, but the letter must sound softly. Ss – Generally, it must sound like ess. However, the pronunciation might change depending on the word. If the word begins with an S or has 2 S’s, it must sound like the S in sister. However, if the word only has one S, it must sound like the Z in the word amazing. Tt – pronounced as tay, just like t in the word top Uu – To pronounce this properly, you must say the letter E as how it is said in English while making sure that your lips follow the position like you’re saying “oo”. Vv – pronounced as vay, and sounds like the V in violin. Ww – pronounced as dubla-vay as the general rule. However, this may be changed depending on the word. It can sound like V in the word violin, or as W in the word water. Xx – sounds like eeks, and can be pronounced either like gz (as how the word exit is said) or as ks (when the word socks is said). Yy – pronounced as ee-grehk, or similar to ea in leak. Zz – sounds as zed, or like the letter Z in zebra
Adrian Alfaro (Learn French: A beginner's guide to learning basic French fast, including useful common words and phrases!)
Le Puits mystérieux À travers la forêt de folles arabesques Que le doigt du sommeil trace au mur de mes nuits, Je vis, comme l’on voit les Fortunes des fresques, Un jeune homme penché sur la bouche d’un puits. Il jetait, par grands tas, dans cette gueule noire Perles et diamants, rubis et sequins d’or, Pour faire arriver l’eau jusqu’à sa lèvre, et boire ; Mais le flot flagellé ne montait pas encor. Hélas ! que d’imprudents s’en vont aux puits, sans corde, Sans urne pour puiser le cristal souterrain, Enfouir leur trésor afin que l’eau déborde, Comme fit le corbeau dans le vase d’airain ! Hélas ! et qui n’a pas, épris de quelque femme, Pour faire monter l’eau du divin sentiment, Jeté l’or de son cœur au puits sans fond d’une âme, Sur l’abîme muet penché stupidement !
Théophile Gautier (Poésies Complètes De Théophile Gautier (French Edition))