Je Peux Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Je Peux. Here they are! All 100 of them:

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J'ai eu du mal Ă  te laisser partir, et aujourd'hui, penser Ă  toi me fait souffrir. Je ne suis pas comme toi, je ne peux pas tout oublier et recommencer une nouvelle fois.
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Mouloud Benzadi
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La libertĂ© de penser, et de mal penser et de penser peu, la libertĂ© de choisir moi-mĂȘme ma vie, de me choisir moi-mĂȘme. Je ne peux dire ˝dÂŽĂȘtre moi-mĂȘme˝, puisque je nÂŽĂ©tais rien quÂŽune pĂąte modelable, mais celle de refuser les moules.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Valentine clears his throat. "So. Why can't you just say it?" "Say what?" "You know what." "It's hardly the time or place." "It is if you're dying." "I can't." "You're a dick. Just fucking say it!" "I can't! I'm... English." "What am I, a Martian? I say it all the time. I know you love me, why can't you say it?" "If you know, then why do I have to?" "You're missing the point a bit." "I took your bullet, you little twat, don't you dare question whether I love you." "Yeah, but you could say it." The throb of the gunshots is pounding all down his arm and body. The pain's so bad he wants to cry, like he's five and he's skinned his knee coming off his bike. "Je t'aime," he says, through gritted teeth, to shut the kid up. "Je ne sais pas pourquoi. Tu es... complĂštement bĂȘte, tu t'habilles comme une pute travestie, je hais ta musique, tu es fou, tu me rends fou, mais je suis fou de toi et je pense Ă  toi tout le temps et je t'aime, oui. Tu comprends? Je t'aime. Seulement... pas en anglais. Je ne peux pas." Valentine's shifting about like he's uncomfortable. "I ain't got no idea what you just said but I think I need to change my pants." "Maintenant, ta gueule.
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Richard Rider (Stockholm Syndrome (Stockholm Syndrome, #1))
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Mais il n'y a pas de limites pour aimer et que m'importe de mal Ă©treindre si je peux tout embrasser.
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Albert Camus
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Est-ce que je peux avoir cette danse mon amour? May I have this dance my love?
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Adler (Surrendered (Glass Towers, #3))
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Je t'aime tant, je ne peux pas trouver la fin de mon amour pour toi (I love you so thar I can't find the end of my love for you)
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VĂĄlgame (Poemas y canciones para el mal de amores Volumen1)
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La mĂ©lancolie est l’illustre compagnon de la beautĂ© ; elle l’est si bien que je ne peux concevoir aucune beautĂ© qui ne porte en elle sa tristesse.
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Charles Baudelaire
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Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir ...
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John Brunner (Stand on Zanzibar)
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J'ai besoin que tu aies besoin de moi, c'est aussi Ă©lĂ©mentaire que ça. Et je sais pertinemment que, dans ce conflit d'intĂ©rĂȘts qui nous oppose, je suis condamnĂ© Ă  ĂȘtre le perdant. Parce que je suis plus possessif que tu ne le seras jamais et parce qu'il y a des choses que je ne peux pas remplacer.
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Christelle Dabos (La TempĂȘte des Ă©chos (La Passe-Miroir, #4))
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Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire «je n'y peux rien, je me débrouille». En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des composantes essentielles qui fait l'humain. Une des composantes indispensables: la faculté d'indignation et l'engagement qui en est la conséquence.
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Stéphane Hessel (Indignez-vous !)
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Le Chat Je souhaite dans ma maison: Une femme ayant sa raison. Un chat passant parmi les livres. Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre.
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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MĂȘme sur un banc d’accusĂ©, il est toujours intĂ©ressant d’entendre parler de soi. Pendant les plaidoiries du procureur e de mon avocat, je peux dire qu’on beaucoup parlĂ© de moi et peut-ĂȘtre plus de moi que de mon crime.
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Albert Camus (L'Ă©tranger)
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« Ce que je veux paraßtre je le parais, belle aussi si c'est ce que l'on veut que je sois, belle, ou jolie, jolie par exemple pour la famille, pour la famille, pas plus, tout ce que l'on veut de moi je peux le devenir »
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Marguerite Duras
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Je ne peux ĂȘtre juste pour les livres qui traitent de la femme en tant que femme... Mon idĂ©e c'est que tous, aussi bien hommes que femmes, qui que nous sayons, nous devons ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme d'ĂȘtres humaines.
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Dorothy Parker
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Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expĂ©rience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou dĂ©sirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint Ă  observer ses lois, lorsque mon dĂ©sir brise son front contre le monde des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnĂ©es dans les fers implacables des prĂ©jugĂ©s et des cultures, alors je frissonne, je gĂ©mis et je pleure. Espace, je t'ai perdu et je rentre en moi-mĂȘme. Je m'enferme au faite de mon clocher oĂč, la tĂȘte dans les nuages, je fabrique l'art, la science et la folie.
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Henri Laborit (Éloge de la fuite)
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Percy mangeait une Ă©norme pile de pancakes bleus (c’était quoi, son dĂ©lire de ne manger que des trucs bleus ?) et Annabeth lui reprochait de mettre trop de sirop. – Tu les noies, lĂ , tes pauvres pancakes ! – HĂ©, je suis un enfant de PosĂ©idon, je peux pas me noyer, et mes pancakes non plus.
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Rick Riordan (The Blood of Olympus (The Heroes of Olympus, #5))
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Il y a deux mensonges fondamentaux: celui qui proclame 'je dis la vérité' et celui qui affirme 'je ne peux pas dire.
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Jacques RanciĂšre (The Ignorant Schoolmaster: Five Lessons in Intellectual Emancipation)
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La vie n'est pas une boĂźte de chocolats oĂč je peux choisir celui que je prĂ©fĂšre ; ou alors, quelqu'un l'a remplacĂ© pendant que j'avais le dos tournĂ©.
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Cathy Cassidy (Coco Caramel (Chocolate Box Girls, #4))
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Tu es inoubliable. Tu vois ? MĂȘme pas besoin de rĂ©pĂ©ter aprĂšs toi pour dire ça. Et maintenant, est-ce que je peux vous faire l'amour , s'il vous plaĂźt, madame ?
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Jennifer Crusie (Welcome to Temptation (Dempseys, #1))
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Je suis comme un pont fragile, reliant à travers l'infini le passé et le présent. Je serre la main maternelle. Je ne peux pas la laisser échapper, car sans moi ma mÚre serait seule.
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Pearl S. Buck (East Wind: West Wind)
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Les liens se font et se dĂ©font, c'est la vie. Un matin, l'un reste et l'autre part, sans que l'on sache toujours pourquoi. Je ne peux pas tout donner Ă  l'autre avec cette Ă©pĂ©e de DamoclĂšs au-dessus de la tĂȘte. Je ne veux pas bĂątir ma vie sur les sentiments parce que les sentiments changent. Ils sont fragiles et incertains. Tu les crois profonds et ils sont soumis Ă  une jupe qui passe, Ă  un sourire enjĂŽleur. Je fais de la musique parce que la musique ne partira jamais de ma vie. J'aime les livres, parce que les livres seront toujours lĂ . Et puis... des gens qui s'aiment pour la vie, moi, je n'en connais pas.
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Guillaume Musso (La fille de papier)
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Je n'ai plus aucune force, aucun courage, aucune domination sur moi aucun pouvoir mĂȘme de mettre en mouvement ma volontĂ©. Je ne peux plus vouloir ; mais quelqu'un veut pour moi ; et j'obĂ©is.
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Guy de Maupassant (The Horla)
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Mon Dieu donne-moi la sĂ©rĂ©nitĂ© d’accepter toutes les choses que je ne peux changer. Donne-moi le courage de changer les choses que je peux changer et la sagesse d’en connaĂźtre la diffĂ©rence.
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Moines du moyen Ăąge
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Quelles sont les probabilités de se perdre dans la campagne irlandaise sur un trajet de moins de dix kilomÚtres ? TrÚs faibles. Cette probabilité devient nulle lorsqu'on s'arme d'un systÚme de localisation derniÚre génération. Et pourtant je peux désormais dire que j'ai réussi cet exploit.
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Elisia Blade (Hollywood en Irlande (Crush Story #1))
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Je n'ai connu aucune distinction entre parents et inconnus, entre compatriotes et étrangers, entre blancs et hommes de couleur, entre hindous et Indiens appartenant à d'autres confessions, qu'ils soient musulmans, Parsis, chrétiens ou juifs. Je peux dire que mon coeur a été incapable défaire de telles distinctions
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Mahatma Gandhi (Non-Violent Resistance (Satyagraha))
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Je ne veux pas et Je ne peux pas concevoir un ĂȘtre qui survivrait Ă  la mort de son corps.
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Albert Einstein (The World As I See It)
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J'aimerais tant que tu sois encore lĂ  Cher Papa... Dans un avenir que je souhaite plein d'espoir Tu es la seule chose Ă  laquelle je ne peux croire
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India Desjardins (Le monde à l'envers (Le journal d'Aurélie Laflamme, #4))
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C'est ce que je veux, je veux d'autres tourments, des maux réels, des manifestations physiques d'un comportement précis. La cause de mon mal sera l'alcool ; pas la vérité, l'alcool. Je préfÚre une maladie qui tient dans les limites d'une bouteille plutÎt qu'une maladie immatérielle et toute-puissante sur laquelle je ne peux pas mettre de nom ("Comment je suis devenu stupide", p37)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide (French Edition))
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Intellectuel ? Oui. Et ne jamais renier. Intellectuel : celui qui se dédouble. Ça me plaît. Je suis content d'être les deux. [...] « Je méprise l'intelligence » signifie en réalité : « Je ne peux supporter mes doutes ». Je préfère tenir les yeux ouverts.
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Albert Camus (Notebooks 1935-1942)
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- J'aime ça quand tu me touches. Ça me donne l'impression que je peux m'Ă©garer. Que je suis en sĂ©curitĂ©.J'aimerais m'endormir comme ça, main dans la main. T'sais comme le font les loutres. - Les loutres? - Oui, elles se tiennent par les pattes en dormant, pour pas se perdre.
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Marie-Christine Chartier (Le sommeil des loutres)
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Je suis trop intelligente, trop exigeante et trop riche pour que personne puisse se charger de moi entiĂšrement. Personne ne me connaĂźt ni ne m'aime tout entiĂšre. Je n'ai que moi. Il ne faut pas que j'essaie de tromper cette solitude en renonçant Ă  ce que je peux seule porter. Il faut que je vive, sachant que personne ne m'aidera Ă  vivre. Ma force, c'est que je m'estime aussi haut que n'importe quel autrui ; je peux bien envier Ă  l'un ou l'autre telle qualitĂ© ; de personne la valeur ne me semble dĂ©passer la mienne : je possĂšde autant. Seule je vivrai, forte de ce que je sais ĂȘtre.
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Simone de Beauvoir (Cahiers de jeunesse: 1926-1930)
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- Ne t'en fais pas, je connais la vĂ©ritĂ©. - La vĂ©ritĂ© sur quoi ? Il recula d'un pas. - Tu as envie de dire oui mais tu n'es pas encore prĂȘte. J'en restai comme deux ronds de flan. - Ce n'est rien. (Son sourire se fit provocateur.) Je suis peut-ĂȘtre difficile Ă  manipuler mais je peux t'assurer que tu prendras beaucoup de plaisir Ă  le faire.
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Jennifer L. Armentrout (Wait for You (Wait for You, #1))
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Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tĂȘte des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'ĂȘtre un menteur ; ces mensonges-lĂ , si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-lĂ , je ne dissimule rien, avec ces mensonges-lĂ  je dis en fait la vĂ©ritĂ©. Mais il y a des choses Ă  propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais Ă  fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-lĂ . Mentir lĂ -dessus, ce serait m'abaisser moi-mĂȘme, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.
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Milan Kundera (Laughable Loves)
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Je ne peux rien affirmer de moi-mĂȘme qui soit authentiquement moi-mĂȘme.
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Gabriel Marcel
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Attends-toi à l'inattendu!" Voilà comment je peux concilier ma crainte de catastrophe réelle avec mon espoir, que je maintiens toujours, envers et contre tout.
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Edgar Morin
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ChĂ©rie, je suis BrĂ©silien du sud. Je peux passer dix ans avec le coeur brisĂ© Ă  cause d'une femme que je n'ai mĂȘme pas embrassĂ©e.
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Elizabeth Gilbert (Eat, Pray, Love)
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- Je suis une ombre, dit-il avec un clin d’Ɠil. Tu peux voir une ombre, mais tu ne peux jamais l'attraper. Elle rit sous ton nez, te taquine, mais tu ne pourras jamais lui faire de mal.
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Rawia Arroum (Boys Out!)
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Mon esprit est rebelle à toute inaction. Fournissez moi des problÚmes,donnez moi du travail ...et la je suis dans mon élément.Je peux alors me passer de stimulants artificiels. Mais j'abhorre la morne routine de l'existence.J'ai un besoin impérieux d'excitation mentale.C'est pour cela que j'exerce cette profession si particuliÚre, ou plutot que je l'ai crée car je suis le seul au monde
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Arthur Conan Doyle
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O grande ville! c' est dans ton sein palpitant que j'ai trouve ce que je cherchais; mineur patient, j'ai remue tes entrailles pour en faire sortir le mal; maintenant, mon oeuvre est accomplie, ma mission est terminee; maintenant tu ne peux plus m'ofrir ni joies ni douleurs. Adieu, Paris,! adieu!
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Alexandre Dumas (Le Comte de Monte-Cristo: Tome 1)
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« Mais puisque je ne peux pas m’arracher Ă  l’objectivitĂ© qui m’écrase, ni Ă  la subjectivitĂ© qui m’exile, puisqu’il ne m’est pas possible de m’élever jusqu’à l’ĂȘtre, ni de tomber dans le nĂ©ant, il faut que j’écoute. Il faut que je regarde autour de moi plus que jamais
 Le monde
 Mon semblable
 Mon frĂšre
 »
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Jean-Luc Godard
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Je peux encore tout rater, disait Lila, je suis assez jeune pour ça. Quand on vieillit, on a de moins en moins de chances de tout rater parce qu'on n'a plus le temps, et on peut vivre tranquillement en se contentant de ce qu'on a raté déjà. C'est ce qu'on entend par « paix de l'esprit ». Mais quand on n'a que seize ans et qu'on peut encore tout tenter et ne rien réussir, c'est ce qu'on appelle en général « avoir de l'avenir »...
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Romain Gary (Les Cerfs-volants)
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Je ne peux plus rien d'autre. Je ne les entends plus, tu sais. C'est sans doute qu'ils en ont fini avec moi. Fini: l'affaire est classĂ©e, je ne suis plus rien sur terre, mĂȘme plus un lĂąche. InĂšs, nous voilĂ  seuls: il n'y a plus que vous deux pour penser Ă  moi. Elle ne compte pas. Mais toi, toi qui me hais, si tu me crois, tu me sauves.
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Jean-Paul Sartre (No Exit)
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Si vous voulez vraiment le savoir, j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© ne jamais ĂȘtre nĂ©. La vie, je trouve ca bien fatigant. Bien sur, Ă  prĂ©sent la chose est faite, et je ne peux rien y changer. Mais il y a toujours au fond de moi ce regret, que je n'ariverai pas Ă  chasser complĂštement, et qui gĂąchera tout. Maintenant, il s'agit de vieillir vite, d'avaler les annĂ©es le plus vite possible, sans regarder Ă  gauche ni Ă  droit
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J.M.G. Le Clézio (Fever)
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Elle aura donc menti jusqu'au bout! OĂč est-elle! Pas lĂ ... pas au ciel... pas anĂ©antie...oĂč? Oh! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une priĂšre... je la rĂ©pĂšte jusqu'Ă  ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais! Tu dis que je t'ai tuĂ©e, hante-moi alors! Les victimes hantent leurs meurtrier, je crois. Je sais que des fantĂŽmes ont errĂ© sur la terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abĂźme oĂč je ne puis te trouver. Oh! Dieu! c'est indicible! je ne peux pas vivre sans ma vie! je ne peux pas vivre sans mon Ăąme!
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Emily Brontë (Wuthering Heights)
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C'est encore à partir du centre et non de l'extérieur que je peux ordonner. Si je ne fais que me conformer à une idée, aussi sublime soit-elle, cela signifie que quelque part existe la violence qui en est le corollaire, car se conformer n'implique-t-il pas déformer ? (p.250)
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Pierre Rabhi (Du Sahara aux Cévennes : Itinéraire d'un homme au service de la Terre-MÚre)
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Il fallait que j'arrĂȘte mes efforts vains pour recevoir l'assentiment de mes parents... MĂȘme si les choses ne sont pas dĂ©roulĂ©es trĂšs bien par le passĂ©, j'ai comme le sentiment qu'Ă  partir de maintenant, ça devrait aller mieux. Comment je peux vivre ma propre vie si je me soucie trop d'ĂȘtre une fille modĂšle ?
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Kabi Nagata (My Lesbian Experience with Loneliness)
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Il fallait absolument se secouer, retrouver mon pĂšre et notre vie d'antan. De quels charmes ne se paraient pas pour moi subitement les deux annĂ©es joyeuses et incohĂ©rentes que je venais d'achever, ces deux annĂ©es que j'avais si vite reniĂ©es l'autre jour ?... La libertĂ© de penser, et de mal penser et de penser peu, la libertĂ© de choisir moi-mĂȘme ma vie. Je ne peux dire "d'ĂȘtre moi-mĂȘme" puisque je n'Ă©tais rien qu'une pĂąte modelable, mais celle de refuser les moules.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Maman, j'ai essayĂ© de comprendre ta jalousie, et en guise de gratitude, tu ouvres devant moi le gouffre dans lequel tu es tombĂ©e, Ă  croire que tu cherches Ă  m'y faire chuter, mais tu n'y rĂ©ussiras pas, maman, je refuse de devenir comme toi, et je peux te dire que sans mĂȘme y ĂȘtre tombĂ©e, rien que de sentir l'appel de ce gouffre, j'ai si mal que je pourrais hurler, c'est comme la morsure du vide, maman, je comprends ta souffrance mais ce que je ne comprends pas, c'est ton peu d'Ă©gards pour moi, en vĂ©ritĂ© tu ne cherches pas Ă  partager ton mal avec moi, cela t'est juste Ă©gal que je souffre, tu ne le vois pas, c'est le dernier de tes soucis et c'est cela le pire.
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AmĂ©lie Nothomb (Frappe-toi le cƓur)
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Depuis que tu es partie, j’ai pu compter jusqu’au sept millions neuf cent quarante-huit mille cents. Tu as eu le temps d’aller te cacher loin. Je cherche partout. Je ne te trouve pas, je dĂ©sespĂšre. La partie de cache-cache dure trop longtemps. Allez, tu as gagnĂ©, tu peux sortir de ta cachette. Je t’en supplie. J’ai perdu. J’ai tout perdu.
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Jean-Louis Fournier (Veuf (La Bleue) (French Edition))
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Les marchombres arpentent une voie qui leur est propre. Une voie pavée d'absolu mais périlleuse et solitaire. Une voie sans retour. Rares sont ceux qui s'y lancent. Elle ne t'apportera ni richesse, ni consécration, elle t'offrira en revanche un trésor que les hommes ont oublié : la liberté. Si tu le désires, je peux accompagner tes premiers pas.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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- Offre ton identitĂ© au Conseil, jeune apprentie. La voix Ă©tait douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton Ăąge. Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernĂ©s dans l’assemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă  la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures Ă©tonnĂ©s s’élevĂšrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maĂźtre. - Jilano AlhuĂŻn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immĂ©diatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans l’instant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton Ăąme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - OĂč va la riviĂšre ? L’anxiĂ©tĂ© d’Ellana s’était dissipĂ©e. Les questions d’Ehrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y rĂ©pondre ainsi qu’on le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son Ăąme, puisque c’était ce qu’elle dĂ©sirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu dĂ©jĂ  tuĂ©s ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - MĂ©ritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - OĂč se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage d’Ehrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussiĂšre d’étoiles. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-lĂ . C'est trop lourd. (You understand. It is too far. I cannot carry this body with me. It is too heavy.)
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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ma voix ma voix je ne peux pas je ne peux plus l'éparpiller dans les espaces trop de sourds trop de sourds bouche bée autour de moi qui ne m'écoutent pas et boivent ma voix
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Emery
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Ah c'est que tu as vingt ans, toi, et que tu peux oublier le passé, j'en ai cinquante, et je suis bien forcé de m'en souvenir
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Alexandre Dumas (The Count of Monte Cristo)
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Depuis, le Paris oĂč j'ai tentĂ© de retrouver sa trace est demeurĂ© aussi dĂ©sert et silencieux que ce jour-lĂ . Je marche Ă  travers les rues vides. Pour moi, elles le restent, mĂȘme le soir, Ă  l'heure des embouteillages, quand les gens se pressent vers les bouches de mĂ©tro. Je ne peux pas m'empĂȘcher de penser Ă  elle et de sentir un Ă©cho de sa prĂ©sence dans certains quartiers.
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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J'ai l'impression d'ĂȘtre une grenade, maman. Je suis une grenade dĂ©goupillĂ©e et, Ă  un moment donnĂ©, je vais exploser. Alors j'aimerais autant limiter le nombre de victimes, OK ? Je suis une grenade. Je ne veux pas voir de gens. Je veux lire des livres, rĂ©flĂ©chir et ĂȘtre avec vous, parce-que vous, je ne peux pas faire autrement que de vous faire du mal, vous ĂȘtre dĂ©jĂ  dedans jusqu'au cou. Alors laissez-moi faire ce que je veux. Je ne fais pas une dĂ©pression. Je n'ai pas besoin de sortir. Et je ne peux pas ĂȘtre une ado normale parce-que je suis une grenade.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Mais comment? Comment fais-tu pour surmonter ça, mon chĂ©ri? lui avait-elle demandĂ©. Tu as endurĂ© tellement d'Ă©preuves, mais tu es toujours content. Comment fais-tu? -J'ai choisi de l'ĂȘtre, avait-il rĂ©pondu. Je peux laisser ruiner mon passĂ©, consacrer mon temps Ă  haĂŻr les gens pourc e qu'ils m'ont fait, comme mon pĂšre l'a fait, ou je peux pardonner et oublier. -Mais ce n'est pas si facile." Il avait sourit, de son sourire de Franck. "Oui, mais, TrĂ©sor, c'est tellement moins fatigant; Il suffit de pardonner une fois. Tandis que la rancune, il faut l'entretenir Ă  longueur de journĂ©e, et recommencer tous les jours. Il faudrait que je fasse une liste pour m'assurer que je hais bien tous ceux qui m'ont causĂ© du tort. Non, avait-il ajoutĂ©, on a tous la possibilitĂ© de pardonner.
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M.L. Stedman (The Light Between Oceans)
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J'aime ĂȘtre humain car, inachevĂ©, je sais que je suis un ĂȘtre conditionnĂ©, mais, conscient de l'inachĂšvement, je sais que je peux aller plus loin. Telle est la diffĂ©rence profonde entre l'ĂȘtre conditionnĂ© et l'ĂȘtre dĂ©terminĂ©, la diffĂ©rence entre l'inachevĂ©, qui ne se sait pas comme tel, et celui qui, historiquement et socialement, s'est Ă©levĂ© jusqu'Ă  la possibilitĂ© de se connaĂźtre incomplet.
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”
Paulo Freire
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Je suis vivant. Et pendant que je mange, je ne fais rien d'autre que manger. Quand je marcherai, je marcherai, c'est tout. Et s'il faut un jour me battre, n'importe quel jour en vaut un autre pour mourir. Parce que je ne vis ni dans mon passé ni dans mon avenir. Je n'ai que le présent, et c'est lui seul qui m'intéresse. Si tu peux demeurer toujours dans le présent, alors tu seras un homme heureux.
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”
Paulo Coelho (The Alchemist)
“
Je peux exĂ©crer ce shah, mais ce n'est pas contre lui que je me bats. Triompher d'un despote ne peut ĂȘtre le but ultime, je me bats pour que les Persans aient conscience d'ĂȘtre des hommes libres, des fils d'Adam, comme nous disons ici, qu'ils aient foi en eux-mĂȘmes, en leur force, qu'ils retrouvent une place dans le monde d'aujourd'hui. C'est ce que j'ai voulu rĂ©ussir ici. Cette ville a rejetĂ© la tutelle du monarque et des chefs religieux, elle a dĂ©fiĂ© les Puissances, partout elle a suscitĂ© la solidaritĂ© et l'admiration des hommes de coeur. Les gens de Tabriz Ă©taient sur le point de gagner, mais on ne veut pas les laisser gagner, on a trop peur de leur exemple, on veut les humilier, cette population fiĂšre devra se prosterner devant les soldats du tsar pour obtenir son pain. Toi qui es nĂ© libre dans un pays libre, tu devrais comprendre.
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”
Amin Maalouf (Samarkand)
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Je ne peux rien faire sinon crier, un cri fou qui ne déchire que mon propre coeur, que ma propre voix, un cri pour les enfants abandonnés, un autre appel, une demande d'amour qui, elle aussi, se perdra dans le vide.
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”
Valérie ValÚre (Le Pavillon des enfants fous)
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- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pĂšres nous valaient bien, n'en dis pas de mal !... - T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violĂ©s, volĂ©s, Ă©tripĂ©s et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maĂźtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nĂ©s fidĂšles, on en crĂšve nous autres ! Soldats gratuits, hĂ©ros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi MisĂšre. C'est lui qui nous possĂšde ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gĂȘne pour parler, faut faire bien attention si on tient Ă  pouvoir manger... Pour des riens, il vous Ă©trangle... C'est pas une vie... - Il y a l'amour, Bardamu ! - Arthur, l'amour c'est l'infini mis Ă  la portĂ©e des caniches et j'ai ma dignitĂ© moi ! que je lui rĂ©ponds.
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Louis-Ferdinand CĂ©line
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Tu ne peux pas comprendre. Qu'importe ? Je sortirai peut-ĂȘtre de lĂ . Mais je sens monter en moi des ĂȘtres sans nom. Que ferais-je contre eux ? (Il se retourne vers elle.) Oh ! Caesonia, je savais qu'on pouvait ĂȘtre dĂ©sespĂšre, mais j'ignorais ce que ce mot voulait dire. Je croyais comme tout le monde que c'Ă©tait une maladie de l'Ăąme. Mais non, c'est le corps qui souffre. Ma peau me fait mal, ma poitrine, mes membres. J'ai la tĂȘte creuse et le coeur soulevĂ©. Et le plus affreux, c'est ce goĂ»t dans la bouche. Ni sang, ni mort, ni fiĂšvre, mais tout cela Ă  la fois. Il suffit que je remue la langue pour que tout redevienne noir et que les ĂȘtres me rĂ©pu-gnent. Qu'il est dur, qu'il est amer de devenir un homme!
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Albert Camus (Caligula)
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- Neuf heures et demie ! Non merci. Les plus beaux pectoraux de la Terre ne me feront pas lever aux aurores comme Danette. - Pourquoi pas ? - Je suis une femme moderne et Ă©duquĂ©e. Je ne peux quand mĂȘme pas m'adonner au culte de l'homme objet.
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Suzanne Marty (La rousse qui croyait au pÚre Noël)
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Tous ceux, tous ceux, tous ceux Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'Ă©touffe Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ; Ton nom est dans mon cƓur comme dans un grelot, Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne, Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne ! De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimĂ© : Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clartĂ© ta chevelure Que, comme lorsqu'on a trop fixĂ© le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Surtout, quand j'ai quittĂ© les feux dont tu m'inondes, Mon regard Ă©bloui pose des taches blondes !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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His brown eyes would roam around the various sentimental and artistic bric-a-brac present, and his own banal toiles (the conventionally primitive eyes, sliced guitars, blue nipples and geometrical designs of the day), and with a vague gesture toward a painted wooden bowl or veined vase, he would say "Prenez donc une des ces poires. La bonne dame d'en face m'en offre plus que je n'en peux savourer." Or: "Mississe Taille Lore vient de me donner ces dahlias, belles fleurs que j'exĂšcre.
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Vladimir Nabokov (Lolita)
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elle vient dans mon cabinet m'entretenir de ses chagrins domestiques. Je ne peux la mettre à la porte, mais j'en ai fort envie. Je me suis réservé dans la vie un trÚs petit cercle, mais une fois qu'on entre dedans je deviens furieux, rouge.   J'avais
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Gustave Flaubert (Correspondance 3e série. 1852-1854 (French Edition))
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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Les gens ne se font mal, vraiment mal je veux dire, que lorsqu'ils essaient d'ĂȘtre prudents. Tu peux ĂȘtre sure que les blessures arrivent comme ca, quand on se retient a la derniĂšre seconde, par peur. Il n'y a pas de meilleur moyen de se blesser. Et de blesser les autres.
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Morgan Matson (Second Chance Summer)
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- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - A qui s'adresse-t-il ? - A la lune. - OĂč va la riviĂšre ? - Remplir la mer. - A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - Que devient une lame qui se brise ? - Une poussiĂšre d'Ă©toile. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je le traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Il s'avéra que c'était une livre entiÚre de thé, dans une jolie petite boßte en bois. "Je me suis rappelé cette horrible chose que j'avais entendu sur l'Italie." Ivy, submergée par un excÚs d'émotion, se tamponna le coin de l'oeil avec son mouchoir. "Ce que j'ai entendu... Oh, je peux à peine en parler... J'ai entendu dire qu'en Italie ils boivent... (elle s'interrompit) du café." Elle frémit délicatement. "C'est si abominablement mauvais pour l'estomac." Elle serra la main d'Alexia avec ferveur dans les siennes, avec le mouchoir humide. "Bonne chance.
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Gail Carriger (Blameless (Parasol Protectorate, #3))
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Amy Smith leva aussitĂŽt la main. "Oui, Amy ? -Tous les Allemands Ă©taient-ils des nazis ? -Non, en fait, moins de dix pour cent de la population allemande appartenait au parti nazi. -Alors, pourquoi personne n'a essayĂ© de les arrĂȘter ? -Je ne peux pas rĂ©pondre avec certitude Ă  cette question, Amy... (p 22)
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Todd Strasser (La Vague)
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Puisque moi-mĂȘme j'ai longtemps Ă©tĂ© un pensionnaire dans un asile d'aliĂ©nĂ©s, je ne peux que relever les tendances sophistes de certains pensionnaires qui les entraĂźnent Ă  se tromper en commettant les erreurs d'appliquer la non causa et ignoratio elenchi et qui consiste Ă  mĂ©sestimer l'effet par ignorance de la cause.
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Bram Stoker
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Freundschaft, ou quelque chose comme ça. Ta meilleure amie gagne un million au Loto, t'es contente pour elle et, en mĂȘme temps, tu peux pas t'empĂȘcher de penser avec rage: "Pourquoi pas moi?". J'adore Ariane, mais quand je vois sa vie parfaite, c'est pareil. "Pourquoi pas moi?". J'ai horreur de penser des trucs comme ça.
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Agathe Colombier Hochberg (Ce crétin de prince charmant)
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Les gens que j'aime sont toujours loin de moi, et dans l'impossibilitĂ© de venir me trouver, alors que je peux Ă  tout instant remplir la maison d'hĂŽtes dont je ne me soucie pas le moins du monde. Peut-ĂȘtre, si je les voyais plus souvent, aimerais-je moins ces amis absents - du moins est-ce ce que je pense lorsque le vent hurle autour de la maison et que la nature paraĂźt submergĂ©e de chagrin. Il m'est d'ailleurs arrivĂ© quelquefois de souhaiter ne pas revoir de dix ans des amis pourtant trĂšs proches. Sans doute n'est-il pas d'amitiĂ© si forte qu'elle puisse rĂ©sister Ă  l'Ă©preuve du petit dĂ©jeuner auquel, Ă  la campagne, chacun se sent obligĂ© de paraĂźtre.
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Elizabeth von Arnim (Elizabeth and Her German Garden (Elizabeth))
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voie nouvelle, que tu as acquis tout Ă  coup des siĂšcles de maturitĂ© et que tu prendras en pitiĂ© l’usage de se chanter soi-mĂȘme. Cela rĂ©ussit une fois dans un cri, mais quelque lyrisme qu’ait Byron par exemple, comme Shakespeare l’écrase Ă  cĂŽtĂ©, avec son impersonnalitĂ© surhumaine. – Est-ce qu’on sait seulement s’il Ă©tait triste ou gai ? L’artiste doit s’arranger de façon Ă  faire croire Ă  la postĂ©ritĂ© qu’il n’a pas vĂ©cu. Moins je m’en fais une idĂ©e et plus il me semble grand. Je ne peux rien me figurer sur la personne d’HomĂšre, de Rabelais, et quand je pense Ă  Michel-Ange, je vois, de dos seulement, un vieillard de stature colossale sculptant la nuit aux flambeaux.
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Gustave Flaubert (GUSTAVE FLAUBERT: Correspondance - Tome 2 -1851-1858 (French Edition))
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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- Ciao, mon biquet, ce fut un plaisir de voyager avec toi. - Je te retrouverais, cracha le bone. Je te retrouverais et ce jour-lĂ , je te crĂšverai. En prenant tout mon temps ! - C'est ça, ironisa Salim, personne n'est pressĂ©. - Tu vas souffrir ! Beaucoup souffrir ! - Ça c'est cruel, s'indigna Salim, et ingrat. Je t'ai quand mĂȘme tenu dans mes bras pendant tout le trajet. D'ailleurs, Ă  ce sujet, tu devrais te laver plus souvent, tu sais ? Et encore... je crois que c'est de l'intĂ©rieur que tu pues ! Maintenant, si ça ne te fait rien, je te quitte. C'est pas que je m'ennuie mais je ne peux quand mĂȘme pas passer la journĂ©e avec tous les rigolos que je rencontre. À la prochaine, vieux !
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Pierre Bottero (La ForĂȘt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
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[...] vous savez bien que je n'en voudrai pas de cet homme car je ne veux que ce que je ne peux pas avoir, comme vous par exemple, je vous veux parce je ne vous aurai jamais, c'est simple et sans issue, c'est dĂ©sespĂ©rĂ©ment logique, le dĂ©sir qui ne connaĂźt de rĂ©alitĂ© que lui-mĂȘme, et vous voyez bien que je mĂ©rite la mort pour cet entĂȘtement de rat qui ne sait pas rebrousser chemin, pour cet acharnement de bestiole aveugle qui finira par crever d'avoir trop avancĂ©, vous verrez bien, je mourrai de ce compromis que je ne veux pas faire, et tant pis pour tous les hommes sains et Ă©quilibrĂ©s qui m'aimeront et tant pis pour moi surtout qui en aimerai d'autres, on finit tous par mourir de la discordance de nos amours.
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Nelly Arcan (Putain)
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Tu peux ĂȘtre grave et fou, qui empĂȘche ? Tu peux ĂȘtre tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut ĂȘtre fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sĂ©rieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrĂ©mĂ©diable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipĂ©e. Ils sont exactement comme si, Ă  la fois, ils se bourraient de tripes qui relĂąchent et de nĂšfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, gonflent, puis ils Ă©clatent et ça sent mauvais pour tout le monde. Je n'ai pas trouvĂ© d'image meilleure que celle-lĂ . D'ailleurs, elle me plaĂźt beaucoup. Il faudrait mĂȘme y employer trois ou quatre mots de dialecte de façon Ă  la rendre plus orduriĂšre que ce qu'elle est en piĂ©montais. Toi qui connais mon Ă©loignement naturel pour tout ce qui est grossier, cette recherche te montre bien tout le danger que courent les gens qui se prennent au sĂ©rieux devant le jugement des esprits originaux. Ne sois jamais une mauvaise odeur pour tout un royaume, mon enfant. PromĂšne-toi comme un jasmin au milieu de tous.
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Jean Giono (The Horseman on the Roof)
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C’est d’abord Ă  ton pays de tenir, envers toi, un certain nombre d’engagements. Que tu y sois considĂ©rĂ© comme un citoyen Ă  part entiĂšre, que tu n’y subisses ni oppression, ni discrimination, ni privations indues. Ton pays et ses dirigeants ont l’obligation de t’assurer cela ; sinon, tu ne leur dois rien. Ni attachement au sol, ni salut au drapeau. Le pays oĂč tu peux vivre la tĂȘte haute, tu lui donnes tout, tu lui sacrifies tout, mĂȘme ta propre vie ; celui oĂč tu dois vivre la tĂȘte basse, tu ne lui donnes rien. Qu’il s’agisse de ton pays d’accueil ou de ton pays d’origine. La magnanimitĂ© appelle la magnanimitĂ©, l’indiffĂ©rence appelle l’indiffĂ©rence, et le mĂ©pris appelle le mĂ©pris. Telle est la charte des ĂȘtres libres et, pour ma part, je n’en reconnais aucune autre.
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Amin Maalouf (The Disoriented)
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Anastase passa son pouce sur ma lĂšvre infĂ©rieure ; ses traits virils, son regard pĂ©nĂ©trant me brĂ»lait. — Laisse-toi aller, MikhaĂŻl. Personne ne surveille tes faits et gestes. Personne ne dira rien ni ne te jugera. Sois toi-mĂȘme, abaisse tes barriĂšres. J’inspirai profondĂ©ment et collai sa mĂšche de cheveux Ă  mon nez, m’apaisant. — Vivre dans un fort n’est pas vivre, les plus belles sensations sont celles de pleine libertĂ©. Tu peux toucher qui tu veux. Rire avec qui cela te plaĂźt. Agir comme un enfant si c’est ce dont tu as envie. Je plissai le nez. — Non merci, je laisse ça Ă  Matt et Jimmy, deux enfants, c’est bien assez Ă  gĂ©rer. Nous sourĂźmes tous deux. Le brun me posa un baiser sur la joue, et peu de temps aprĂšs, la porte s’ouvrit Ă  nouveau. — Hey ! Moi aussi je veux des cĂąlins !
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Phoenix Pharell (Des Ă©chos de sang et de crocs (French Edition))
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Les jours qui suivent sont un vĂ©ritable cauchemar. Je me doute bien que l'amant ne va pas venir vers moi, puisqu'il a exigĂ© le silence, imposĂ© une chape de plomb. Les autres Ă©lĂšves ne manqueraient pas de relever cette bizarrerie si, d'aventure, il me saluait, s'il se contentait de me saluer, mĂȘme de loin. Car, je l'ai dit, nous appartenons Ă  deux cercles distincts, sans intersection possible  : une conjonction, mĂȘme furtive, mĂȘme accidentelle n'est tout bonnement pas envisageable. Pas question de prendre le moindre risque, j'ai bien compris. J'ai bien compris et, pourtant, je ne peux pas m'empĂȘcher d'espĂ©rer un signe qui ne serait dĂ©tectable que par nous, un frĂŽlement qui paraĂźtrait le produit du hasard, un clin d'Ɠil que nul ne pourrait repĂ©rer, un sourire bref. Je rĂȘve d'un sourire bref.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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Pourquoi ne l'as-tu pas tuĂ© ? me demanda-t-elle. – Il n'y a pas de fatalitĂ©. J'en suis la preuve vivante, et je me sens pareil Ă  cet enfant par les origines. De mĂȘme que je ne puis avoir la certitude d'ĂȘtre le maĂźtre absolu de la destinĂ©e d'Arthur, tu ne peux non plus espĂ©rer contrĂŽler totalement le devenir de ton fils. Ainsi il n'y a pas de fatalitĂ© ni dans la crĂ©ation ni dans la destruction, car deux choses Ă©chappent aux calculs les plus subtils de la prĂ©voyance : l'Ăąme et le hasard. Et mĂȘme si tu parviens Ă  faire de cet ĂȘtre un instrument parfait au service de ta haine de l'homme, il ne pourra nuire que si Arthur et ses pairs de la Table Ronde montrent folie ou faiblesse. Et s'ils sont fous ou faibles, qu'importe la cause de leur ruine, car le coupable ne sera pas toi, ni ton fils, mais eux-mĂȘmes.
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Michel Rio (Merlin)
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Voisine Je peux rester des aprĂšs-midi entiers Ă  regarder cette fille, cachĂ© derriĂšre mon rideau. Je me demande ce qu'elle peut Ă©crire sur son ordinateur. A quoi elle pense quand elle regarde par la fenĂȘtre. Je me demande ce qu'elle mange, ce qu'elle utilise comme dentifrice, ce qu'elle Ă©coute comme musique. Un jour, je l'ai vue danser toute seule. Je me demande si elle a des frĂšres et sƓurs, si elle met la radio quand elle se lĂšve le matin, si elle prĂ©fĂšre l'Espagne ou l'Italie, si elle garde son mouchoir en boule dans sa main quand elle pleure et si elle aime Thomas Bernhard. Je me demande comment elle dort et comment elle jouit. Je me demande comment est son corps de prĂšs. Je me demande si elle s'Ă©pile ou si au contraire elle a une grosse toison. Je me demande si elle lit des livres en anglais. Je me demande ce qui la fait rire, ce qui la met hors d'elle, ce qui la touche et si elle a du goĂ»t. Qu'est-ce qu'elle peut bien en penser, cette fille, de la hausse du baril de pĂ©trole et des Farc, et que dans trente ans il n'y aura sans doute plus de gorilles dans les montagnes du Rwanda ? Je me demande Ă  quoi elle pense quand je la vois fumer sur son canapĂ©, et ce qu'elle fume comme cigarettes. Est-ce que ça lui pĂšse d'ĂȘtre seule ? Est-ce qu'elle a un homme dans sa vie ? Et si c'est le cas, pourquoi c'est elle qui va toujours chez lui ? Pourquoi il n'y a jamais d'homme chez elle ? Je me demande comment elle se voit dans vingt ans. Je me demande quel sens elle donne Ă  sa vie. Qu'est-ce qu'elle pense de sa vie quand elle est comme ça, toute seule, chez elle ? Si ça se trouve, elle n'a aucun intĂ©rĂȘt, cette fille.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Fut-ce le fruit de mon imagination? Il me sembla voir passer sur le visage de notre voisin une expression que j'aurais pu traduire en ces termes: "Pourquoi te donnes-tu tant de mal? J'ai gagné, tu ne peux pas ne pas le savoir. Le simple fait que j'assiÚge chaque jour ton salon pendant deux heures n'en est-il pas la preuve? Si brillants que soient tes discours, tu ne pourras rien contre cette évidence: je suis chez toi et je t'emmerde.
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Amélie Nothomb (Les Catilinaires)
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Une porte fermĂ©, quelque chose qui guette derriĂšre. Elle ne s'ouvrira pas si je ne bouge pas. Ne pas bouger; jamais. ArrĂȘter le temps et la vie. Mais je sais que je bougerai. La porte s'ouvrira lentement et je verrai ce qu'il y a derriĂšre la porte. C'est l'avenir. La porte de l'avenir va s'ouvrir. Lentement. Implacablement. Je suis sur le seuil. Il n'y a que cette porte et ce qui guette derriĂšre. J'ai peur. Et je ne peux appeler personne au secours. J'ai peur.
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Simone de Beauvoir (The Woman Destroyed)
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Étranger Ă  moi-mĂȘme, je sais. Hors nature, contre nature, sans excuse, sans autre recours qu'en moi. Mais je ne reviendrai pas sous ta loi: je suis condamnĂ© Ă  n'avoir d'autre loi que la mienne. Je ne reviendrai pas Ă  ta nature: mille chemins y sont tracĂ©s qui conduisent vers toi, mais je ne peux suivre que mon chemin. Car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin. La nature a horreur de l'homme, et toi, toi, souverain des Dieux, toi aussi tu as les hommes en horreur.
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Jean-Paul Sartre (The Flies (SparkNotes Literature Guide Series))
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- Je te croyais morte. La voix d'Edwin avait Ă©tĂ© un murmure, le premier souffle hĂ©sitant d'un espoir qui renaissait. Ellana laissa son regard dĂ©river vers le corps ensanglantĂ© d'Essindra. Une flambĂ©e de haine embrasa son cƓur et, durant un bref instant, elle souhaita que la mercenaire soit encore vivante pour pouvoir la tuer Ă  nouveau. Puis Essindra disparut de son esprit et elle embrassa Edwin. Un baiser brĂ»lant Ă  l'improbable parfum de miracle. Un baiser douceur tout en promesses d'Ă©ternitĂ©. Un baiser aveu. Peur, tĂ©nĂšbres et solitude. PassĂ©es. Edwin la serra contre lui, enfouit le visage dans son cou, se perdit dans son parfum et les cheveux fous derriĂšre sa nuque. Sentir son corps, percevoir les battements de son cƓur... Il revint doucement Ă  la vie. - Je t'aime. Ils avaient chuchotĂ© ensemble. Tressaillirent ensemble en entendant l'autre Ă©noncer ce qui Ă©tat l'origine, le centre et l'avenir du monde. - Je t'aime. Autour d'eux l'univers avait pĂąli devant cette Ă©vidence. - Je t'aime. - Ne meurs plus jamais. S'il-te-plaĂźt. Plus jamais. - Je ne peux pas mourir, je t'aime. Leur Ă©treinte devint plus pressante, leurs lĂšvres se cherchĂšrent pour un nouveau baiser, plus intense, plus sensuel, plus... Destan, coincĂ© entre son pĂšre et sa mĂšre, Ă©mit un petit cri de protestation. Sans que leurs Ăąmes ne se dĂ©tachent, Ellana et Edwin s'Ă©cartĂšrent pour contempler leur fils. Peut-on mourir de bonheur ? La question avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©. Si les larmes qui embuaient les yeux d'Ellana et celles qui roulaient sur le visage d'Edwin avaient su parler, elles auraient sans doute rĂ©pondu.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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Je ne comprends pas que l'on puisse ne pas fumer. C'est se priver de toute façon de la meilleure part de l'existence et en tout cas d'un plaisir tout Ă  fait Ă©minent. Lorsque je m'Ă©veille, je me rĂ©jouis dĂ©jĂ  de pouvoir fumer pendant la journĂ©e, et pendant que je mange, j'ai la mĂȘme pensĂ©e, oui, je peux dire qu'en somme je mange seulement pour pouvoir ensuite fumer, et je crois que j'exagĂšre Ă  peine. Mais un jour sans tabac, ce serait pour moi le comble de la fadeur, ce serait une journĂ©e absolument vide et insipide, et si, le matin, je devais me dire : "aujourd'hui je n'aurai rien Ă  fumer", je crois que je n'aurais pas le courage de me lever, je te jure que je resterais couchĂ©. [...] Dieu merci ! on fume dans le monde entier ; ce plaisir, autant que je sache, n'est inconnu nulle part oĂč l'on pourrait ĂȘtre jetĂ© par les hasards de la vie. MĂȘme les explorateurs qui partent pour le pĂŽle nord se pourvoient largement de provisions de tabac pour la durĂ©e de leurs pĂ©nibles Ă©tapes, et j'ai toujours trouvĂ© cela sympathique lorsque je l'ai lu. Car on peut aller trĂšs mal - supposons par exemple que je sois dans un Ă©tat lamentable -, aussi longtemps que j'aurai mon cigare, je le supporterai, je le sais bien ; il m'aiderait Ă  tout surmonter.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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Je n'en sais rien, Tarrou, je vous jure que je n'en sais rien. Quand je suis entrĂ© dans ce mĂ©tier, je l'ai fait abstraitement, en quelque sorte, parce que j'en avais besoin, parce que c'Ă©tait une situation comme les autres, une de celles que les jeunes gens se proposent. Peut-ĂȘtre aussi parce que c'Ă©tait particuliĂšrement difficile pour un fils d'ouvrier comme moi. Et puis il a fallu voir mourir. Savez-vous qu'il y a des gens qui refusent de mourir ? Avez-vous jamais entendu une femme crier : « jamais ! » au moment de mourir ? Moi, oui. Et je me suis aperçu alors que je ne pouvais pas m'y habituer. J'Ă©tais jeune alors et mon dĂ©goĂ»t croyait s'adresser Ă  l'ordre mĂȘme du monde. Depuis, je suis devenu plus modeste. Simplement, je ne suis toujours pas habituĂ© Ă  voir mourir. je ne sais rien de plus. Mais aprĂšs tout... Rieux se tut et se rassit. Il se sentait la bouche sĂšche. - AprĂšs tout ? dit doucement Tarrou. - AprĂšs tout, reprit le docteur, et il hĂ©sita encore, regardant Tarrou avec attention, c'est une chose qu'un homme comme vous peut comprendre, n'est-ce pas, mais puisque l'ordre du monde est rĂ©glĂ© par la mort, peut-ĂȘtre vaut-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel oĂč il se tait. - Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre. Mais vos victoires seront toujours provisoires, voilĂ  tout. Rieux parut s'assombrir. - Toujours, je le sais. Ce n'est pas une raison pour cesser de lutter. - Non, ce n'est pas une raison. Mais j'imagine alors ce que doit ĂȘtre cette peste pour vous. - Oui, dit Rieux. Une interminable dĂ©faite.
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Albert Camus (The Plague)
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J'ai appris des autochtones amĂ©ricains que nous prouvons seulement notre appartenance Ă  l'endroit oĂč nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la dĂ©truire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite ĂȘtre ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-mĂȘme le lieu oĂč l'on est dĂ©jĂ  dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poĂšte et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracĂ© Ă  l'avance, et que j'Ă©cris le mieux en puisant dans mon expĂ©rience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrĂ©e oĂč il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment Ă  une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intĂ©resant que de lire la meilleure critique Ă  laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractĂšre sacrĂ© de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant Ă  toute vanitĂ©. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient Ă  dĂ©fendre la sienne coĂ»te que coĂ»te. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est Ă©ternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espĂšces sont douĂ©es de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les dĂ©fendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas Ă  comprendre que la rĂ©alitĂ© de la vie est un agrĂ©gat des perceptions et de la nature de toutes les espĂšces, nous sommes condamnĂ©s, ainsi que la terre que dĂ©jĂ  nous assassinons.
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Jim Harrison (Off to the Side: A Memoir)
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« Écoute, Egor PĂ©trovitch, lui dit-il. Qu’est ce que tu fais de toi ? Tu te perds seulement avec ton dĂ©sespoir. Tu n’as ni patience ni courage. Maintenant, dans un accĂšs de tristesse, tu dis que tu n’as pas de talent. Ce n’est pas vrai. Tu as du talent ; je t’assure que tu en as. Je le vois rien qu’à la façon dont tu sens et comprends l’art. Je te le prouverai par toute ta vie. Tu m’as racontĂ© ta vie d’autrefois. À cette Ă©poque aussi le dĂ©sespoirte visitait sans que tu t’en rendisses compte. À cette Ă©poque aussi, ton premier maĂźtre, cet homme Ă©trange, dont tu m’as tant parlĂ©, a Ă©veillĂ© en toi, pour la premiĂšre fois, l’amour de l’art et a devinĂ© ton talent. Tu l’as senti alors aussi fortement que maintenant. Mais tu ne savais pas ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais pas vivre dans la maison du propriĂ©taire, et tu ne savais toi-mĂȘme ce que tu dĂ©sirais. Ton maĂźtre est mort trop tĂŽt. Il t’a laissĂ© seulement avec des aspirations vagues et, surtout, il ne t’a pas expliquĂ© toimĂȘme. Tu sentais le besoin d’une autre route plus large, tu pressentais que d’autres buts t’étaient destinĂ©s, mais tu ne comprenais pas comment tout cela se ferait et, dans ton angoisse, tu as haĂŻ tout ce qui t’entourait alors. Tes six annĂ©es de misĂšre ne sont pas perdues. Tu as travaillĂ©, pensĂ©, tu as reconnu et toi-mĂȘme et tes forces ; tu comprends maintenant l’art et ta destination. Mon ami, il faut avoir de la patience et du courage. Un sort plus enviĂ© que le mien t’est rĂ©servĂ©. Tu es cent fois plus artiste que moi, mais que Dieu te donne mĂȘme la dixiĂšme partie de ma patience. Travaille, ne bois pas, comme te le disait ton bonpropriĂ©taire, et, principalement, commence par l’a, b, c. « Qu’est-ce qui te tourmente ? La pauvretĂ©, la misĂšre ? Mais la pauvretĂ© et la misĂšre forment l’artiste. Elles sont insĂ©parables des dĂ©buts. Maintenant personne n’a encore besoin de toi ; personne ne veut te connaĂźtre. Ainsi va le monde. Attends, ce sera autre chose quand on saura que tu as du talent. L’envie, la malignitĂ©, et surtout la bĂȘtise t’opprimeront plus fortement que la misĂšre. Le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne. Et toi, tu verras quelles gens t’entoureront quand tu approcheras du but. Ils tĂącheront de regarder avec mĂ©pris ce qui s’est Ă©laborĂ© en toi au prix d’un pĂ©nible travail, des privations, des nuits sans sommeil. Tes futurs camarades ne t’encourageront pas, ne te consoleront pas. Ils ne t’indiqueront pas ce qui en toi est bon et vrai. Avec une joie maligne ils relĂšveront chacune de tes fautes. Ils te montreront prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a de mauvais en toi, ce en quoi tu te trompes, et d’un air calme et mĂ©prisant ils fĂȘteront joyeusement chacune de tes erreurs. Toi, tu esorgueilleux et souvent Ă  tort. Il t’arrivera d’offenser une nullitĂ© qui a de l’amour-propre, et alors malheur Ă  toi : tu seras seul et ils seront plusieurs. Ils te tueront Ă  coups d’épingles. Moi mĂȘme, je commence Ă  Ă©prouver tout cela. Prends donc des forces dĂšs maintenant. Tu n’es pas encore si pauvre. Tu peux encore vivre ; ne nĂ©glige pas les besognes grossiĂšres, fends du bois, comme je l’ai fait un soir chez de pauvres gens. Mais tu es impatient ; l’impatience est ta maladie. Tu n’as pas assez de simplicitĂ© ; tu ruses trop, tu rĂ©flĂ©chis trop, tu fais trop travailler ta tĂȘte. Tu es audacieux en paroles et lĂąche quand il faut prendra l’archet en main. Tu as beaucoup d’amour-propre et peu de hardiesse. Sois plus hardi, attends, apprends, et si tu ne comptes pas sur tes forces, alors va au hasard ; tu as de la chaleur, du sentiment, peut-ĂȘtre arriveras-tu au but. Sinon, va quand mĂȘme au hasard. En tout cas tu ne perdras rien, si le gain est trop grand. Vois-tu, aussi, le hasard pour nous est une grande chose. »
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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En ce qui concerne l’arabe et le berbĂšre, je ne dirai qu’une chose : j’estime qu’un berbĂšre qui ne connaĂźt pas l’arabe, ne connaĂźt pas le Maroc et l’arabe qui ne sait pas le berbĂšre, non plus. Quant Ă  l’origine des uns et des autres, et puisqu’on parle beaucoup ces derniers temps d’ADN, je voudrais dĂ©plorer le fait que chez nous, on a l’esprit insuffisamment scientifique pour remettre en cause des donnĂ©es historiques hĂ©ritĂ©es, qu’on s’en tient Ă  ce qui a Ă©tĂ© dit il y a mille ans. Or, je peux vous dire que les civilisations berbĂšre et Ă©gyptienne ont une mĂȘme origine, le centre du Grand Sahara. Quand je travaillais sur le dictionnaire berbĂšre (j’y ai consacrĂ© 27 ans de ma vie), il y a eu une racine berbĂšre qui m’a intriguĂ©e. Il s’agit d’un verbe, Sko, qui veut dire dans tous les dialectes berbĂšres, « bĂątir », sauf chez les touaregs oĂč il veut dire « enterrer ». Or, c’est de notoriĂ©tĂ© publique, le touareg est un isolant linguistique, conservateur, qui peut porter les traces d’une signification originelle. Petit Ă  petit, j’ai rĂ©uni suffisamment d’élĂ©ments pour affirmer qu’à l’époque des hordes dans le Grand Sahara, on a commencĂ© Ă  enterrer les morts. Puis, les gens n’étant pas sĂ©dentarisĂ©s, on a Ă©tĂ© obligĂ©s de construire un Ă©difice reconnaissable sur chaque tombe. Par ce dĂ©tail linguistique, je suis arrivĂ© Ă  l’hypothĂšse de l’origine historique commune, saharienne, des BerbĂšres et des Egyptiens. Quand j’ai exposĂ© ma thĂšse Ă  l’AcadĂ©mie Royale du Maroc, elle a Ă©tĂ© accueillie trĂšs froidement. Mais une anthroplogue amĂ©ricaine qui menait une recherche sur les deux civilisations puis un livre paru en 2000 2 ont corroborĂ© mon propos et montrĂ© qu’au moment de la dĂ©sertification, les populations ont Ă©migrĂ© vers l’Ouest (le Maghreb) et l’Est (l’Egypte) au plus proche des points d’eau 3, avec une particularitĂ© bovine du cĂŽtĂ© du Nil et une orientation pastoraliste ovine du cĂŽtĂ© du Maghreb. [Interview Economia, Octobre 2010]
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Mohammed Chafik
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Les brumes s’épaississent sur les cimes du Ć ar. Les versants se dressent face Ă  Emina, implacables dans le jour dĂ©clinant. Les paroles de Feti ricochent en elle, par-dessus la musique qu’il met plus fort dans la voiture. Elles traversent le scherzo du violon dont les volutes tournoient entre eux, alors qu’ils arrivent Ă  Tetovo. Elles dissipent le sourd espoir qui l’a menĂ©e ici, au-delĂ  du dĂ©sir de renouer avec le frĂšre d’Yllka. Elle mesure l’ampleur de son rĂȘve, de ce qu’elle n’a dit Ă  personne lĂ -bas en Allemagne. Ils auraient passĂ© leur bras autour de ses Ă©paules. Ils l’auraient entourĂ©e d’une affection mĂȘlĂ©e de pitié  Oui, dans l’outremer des montagnes, elle croit apercevoir la trace d’Yllka. Les empreintes fines d’un oiseau sur un sentier couvert de sable. Elles conduiraient Ă  une maison de montagne qui sentirait le bois et le foin Ă  la fin de l’étĂ©. Parce qu’Yllka se serait rĂ©fugiĂ©e quelque part ici. Elle y attendrait Emina, sa fille, Alija, son fils, depuis toutes ces annĂ©es. Elle-mĂȘme mue par la conviction que ses enfants finiront par la rejoindre. Car comment pourrait-elle savoir oĂč ils vivent aujourd’hui, si mĂȘme ils vivent encore ? Comment ? Et c’est la raison de son silence. Il ne peut en ĂȘtre autrement. Preuve de vie ou de mort, Emina ne s’en ira pas d’ici sans l’avoir obtenue. « Je peux juste te parler d’elle. Celle qu’elle fut ici. Ma sƓur, ta mĂšre
 » Des mots qui lacĂšrent le ciel trĂšs loin au-dessus d’elle. Feti gare sa voiture le long de la rue bordĂ©e d’immeubles. S’il se trompait
 Si Yllka n’avait pas pu le retrouver lui non plus ? Les feuillages des arbres flamboient sur les trottoirs. Des traĂźnĂ©es couleur de fer assombrissent les nuages au-dessus des immeubles. Ils se creusent d’un vaste cratĂšre noirĂątre. Des choucas Ă©voluent par centaines sur la ville, alors que le soleil descend Ă  l’horizon. Ils s’insinuent dans les invisibles couloirs ouverts par de secrĂštes turbulences. Leur vacarme secoue les airs, assourdit Emina. Elle est sur le point de flancher, rattrapĂ©e par le lieu et les cris des oiseaux.
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Cécile Oumhani (Le café d'Yllka)
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Quand elle Ă©tait petite, elle voulait m’épouser. J’étais son prince charmant. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, j’avais bien vu dans son regard que le mythe s’était Ă©parpillĂ© dans les affres de la rĂ©alitĂ©. J’étais tombĂ© de mon piĂ©destal et, si je ne cherchais pas Ă  mentir sur qui j’étais, j’avais toujours eu envie qu’elle me voie au meilleur de ma forme. Au fond, je pouvais dire que nous n’avions jamais rĂ©ellement eu une relation saine. La preuve : cette incapacitĂ© physique d’aller voir son appartement, ce lieu oĂč elle vivait en femme. Il faudrait des siĂšcles pour admettre que nos enfants sont devenus adultes. On dit souvent qu’il est difficile de vieillir ; moi, je pourrais vieillir indĂ©finiment du moment que mes enfants, eux, ne grandiraient pas. Je ne sais pas pourquoi j’éprouvais tant de difficultĂ©s Ă  vivre cette transition que tout parent connaĂźt. Je n’avais pas l’impression qu’autour de moi les gens avaient les mĂȘmes. Pire, j’entendais des parents soulagĂ©s du dĂ©part de leurs enfants. Enfin, ils allaient retrouver la libertĂ©, disaient-ils. Il y avait ce film oĂč le garçon, Tanguy, s’éternisait chez ses parents, prolongeant sans cesse ses Ă©tudes. Le mien Ă©tait parti Ă  l’autre bout du monde dĂšs ses dix-huit ans. C’est toujours comme ça : ceux qui veulent se dĂ©barrasser de leurs enfants hĂ©ritent de boulets, tandis que ceux qui veulent couver Ă  loisir leur progĂ©niture se retrouvent avec des prĂ©coces de l’autonomie. Mon fils me manquait atrocement. Et je ne supportais plus d’échanger avec lui des messages par Skype, ou par e-mails. D’ailleurs, ces messages et ces moments virtuels Ă©taient de plus en plus courts. Nous n’avions rien Ă  nous dire. L’amour entre un parent et un enfant n’est pas dans les mots, pas dans la discussion. Ce que j’aimais, c’était simplement que mon fils soit lĂ , Ă  la maison. On pouvait ne pas se parler de la journĂ©e, ce n’était pas grave, je sentais sa prĂ©sence, ça me suffisait. Étais-je si tordu ? Je ne sais pas. Je ne peux qu’essayer de mettre des mots sur mes sentiments. Et je peux affirmer maintenant ce que je sais depuis le dĂ©but : je vis mal la sĂ©paration avec mes enfants. Elle me paraĂźt normale, justifiĂ©e, humaine, biologique, tout ce que vous voulez, pourtant elle me fait mal.
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David Foenkinos (Je vais mieux)
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je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant : — Janek a mangĂ© pour moi toute sa collection de timbres-poste. C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignĂ©es de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu'Ă  neuf ans, c'est-Ă -dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, Ă  ma connaissance, n'est jamais venu Ă©galer. Je mangeai pour ma bien-aimĂ©e un soulier en caoutchouc. Ici, je dois ouvrir une parenthĂšse. Je sais bien que, lorsqu'il s'agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portĂ©s Ă  la vantardise. A les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limite, et ils ne vous font grĂące d'aucun dĂ©tail. Je ne demande donc Ă  personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimĂ©e, je consommai encore un Ă©ventail japonais, dix mĂštres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises — Valentine me mĂąchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux — et trois poissons rouges, que nous Ă©tions allĂ©s pĂȘcher dans l'aquarium de son professeur de musique. Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable. C'Ă©tait une Messaline doublĂ©e d'une ThĂ©odora de Byzance. AprĂšs cette expĂ©rience, on peut dire que je connaissais tout de l'amour. Mon Ă©ducation Ă©tait faite. Je n'ai fait, depuis, que continuer sur ma lancĂ©e. Mon adorable Messaline n'avait que huit ans, mais son exigence physique dĂ©passait tout ce qu'il me fut donnĂ© de connaĂźtre au cours de mon existence. Elle courait devant moi, dans la cour, me dĂ©signait du doigt tantĂŽt un tas de feuilles, tantĂŽt du sable, ou un vieux bouchon, et je m'exĂ©cutais sans murmurer. Encore bougrement heureux d'avoir pu ĂȘtre utile. A un moment, elle s'Ă©tait mise Ă  cueillir un bouquet de marguerites, que je voyais grandir dans sa main avec apprĂ©hension — mais je mangeai les marguerites aussi, sous son oeil attentif — elle savait dĂ©jĂ  que les hommes essayent toujours de tricher, dans ces jeux-lĂ  — oĂč je cherchais en vain une lueur d'admiration. Sans une marque d'estime ou de gratitude, elle repartit en sautillant, pour revenir, au bout d'un moment, avec quelques escargots qu'elle me tendit dans le creux de la main. Je mangeai humblement les escargots, coquille et tout. A cette Ă©poque, on n'apprenait encore rien aux enfants sur le mystĂšre des sexes et j'Ă©tais convaincu que c'Ă©tait ainsi qu'on faisait l'amour. J'avais probablement raison. Le plus triste Ă©tait que je n'arrivais pas Ă  l'impressionner. J'avais Ă  peine fini les escargots qu'elle m'annonçait nĂ©gligemment : — Josek a mangĂ© dix araignĂ©es pour moi et il s'est arrĂȘtĂ© seulement parce que maman nous a appelĂ©s pour le thĂ©. Je frĂ©mis. Pendant que j'avais le dos tournĂ©, elle me trompait avec mon meilleur ami. Mais j'avalai cela aussi. Je commençais Ă  avoir l'habitude. (La promesse de l'aube, ch.XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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DĂšs que le brouhaha s’apaise, les premiĂšres mesures du morceau suivant s’élĂšvent, profondes et lentes. Les tintements du triangle et des grelots rĂ©sonnent, clairs Ă©chos du rythme grave des percussions. Alors, Anja se met Ă  chanter. Tes yeux secs cherchent de l’eau dans cette ville morte Tes pieds en sang abreuvent la terre assoiffĂ©e Tu tombes et ne peux plus te lever
 Elle vibre, exaltĂ©e comme chaque fois par la foule et le chant, flot d’émotions brutes, partagĂ©es, Ă©changĂ©es avec ses compagnons, avec le public. Tressaillement soudain. Sensation moite et glacĂ©e. Un goĂ»t Ăącre envahit sa bouche, un goĂ»t de bile et de peur mĂȘlĂ©es. Quelqu’un, au milieu de la foule, l’observe. Un regard glisse lentement sur elle, insistant, insidieux, pareil Ă  la langue d’une bĂȘte rĂ©pugnante sur sa peau. Celui qui la traque, l’épie depuis plusieurs semaines se trouve dans la foule ce soir, ombre sournoise et anonyme. La sirĂšne tente d’apercevoir un visage, de surprendre la fixitĂ© d’une expression, en vain. Dans la salle, les yeux des spectateurs sont pareilles Ă  des billes de tĂ©nĂšbres opaques, angoissantes. « Qui est-ce ? » « Que veut-il ? » « Est-ce que je le connais ? » « Est-ce lui, le responsable des disparitions ? » « A-t-il un lien avec cette momie ? » « Suis-je sa prochaine cible ? » Ces questions angoissantes, obsĂ©dantes, tournent en boucle dans sa tĂȘte, brisant la magie du concert. Anja parvient Ă  faire bonne figure, interprĂšte mĂȘme une mĂ©lodie rĂ©clamĂ©e par le public. Mais se sent terriblement soulagĂ©e quand le concert s’achĂšve. Stein repousse ses percussions dans un coin, salue ses deux amies d’un rapide signe de main et quitte la scĂšne. Fast l’attend Ă  l’autre bout de la salle bondĂ©e, accoudĂ© au bar. Celui-ci, une antiquitĂ© rescapĂ©e du Cataclysme, consolidĂ©e par des planches de bois peintes, des plaques de tĂŽles et d’épais morceaux de plastique, est la fiertĂ© de Senta, la propriĂ©taire des lieux. Il a rĂ©sistĂ© aux tempĂȘtes, aux pillards, aux siĂšcles et porte comme autant de cicatrices gravĂ©es dans sa surface, les traces de milliers de vies.
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Charlotte Bousquet (Les ChimĂšres de l'aube (La Peau des rĂȘves, #3))
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RhinocĂ©ros , EugĂšne Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir Ă  l’une des tables de la terrasse, un peu Ă  droite et derriĂšre Jean et BĂ©renger. BĂ©renger, Ă  Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisĂ©. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pĂšse en rĂ©alitĂ©. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. BĂ©renger, Ă  Jean : Moi, j’ai Ă  peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-ĂȘtre. Le Vieux Monsieur, au Logicien aprĂšs avoir longuement rĂ©flĂ©chi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. BĂ©renger, Ă  Jean : La solitude me pĂšse. La sociĂ©tĂ© aussi. Jean, Ă  BĂ©renger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pĂšse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est trĂšs beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. BĂ©renger, Ă  Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. BĂ©renger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !
 Ah ! ah !
 (Gros rire) Ceux-lĂ  aussi vous pĂšsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? BĂ©renger: Je me demande moi-mĂȘme si j’existe ! Jean, Ă  BĂ©renger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez
 Jean, Ă  BĂ©renger : Vous ĂȘtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intĂ©resse pas. Quelqu’un, cependant, vous intĂ©resse ! BĂ©renger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en ĂȘtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate Ă©tait donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le rĂ©vĂ©ler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste Ă©tat oĂč vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indiffĂ©rent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit sĂ©duite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons Ă  nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous Ă©coute. BĂ©renger, Ă  Jean : De toute façon, je crois qu’elle a dĂ©jĂ  quelqu’un en vue. Jean, Ă  BĂ©renger : Qui donc ? BĂ©renger, Ă  Jean : Dudard. Un collĂšgue du bureau : licenciĂ© en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cƓur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donnĂ© par hypothĂšse. BĂ©renger, Ă  Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothĂšse ! Jean, Ă  BĂ©renger : Et vous renoncez, comme cela
 BĂ©renger, Ă  Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou sĂ©parĂ©ment ? Jean, Ă  BĂ©renger : La vie est une lutte, c’est lĂąche de ne pas combattre !
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EugÚne Ionesco (Rhinocéros)