Dit Quotes

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Nowadays what isn't worth saying is sung. (Aujourd'hui ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante.)
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (Le Barbier de Séville)
Quand je vous ai dit que vous aviez une prédisposition surnaturelle aux catastrophes, ce n'était pas une invitation à me donner raison.
Christelle Dabos (Les Disparus du Clairdelune (La Passe-Miroir, #2))
Où sont les hommes?' reprit enfin le petit prince. 'On est un peu seul dans le désert.' 'On est seul aussi chez les hommes', dit le serpent.
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
n'oublie pas, dit le renard, c'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. -c'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de souvenir...
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince: Pangeran Kecil)
Je vous préviens. Les mots que vous m'avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus.
Christelle Dabos (La Mémoire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
- Qu’est-ce que vous faites dans la vie, vous? – J’apprends des choses, dit Colin. Et j’aime Chloé.
Boris Vian (L'Écume des jours)
Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
Et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c’était comme avant, qu’il l’aimait encore, qu’il ne pourrait jamais cesser de l’aimer, qu’il l’aimerait jusqu’à sa mort.
Marguerite Duras (The Lover)
Tu m’as dit ‘’Je t’aime’’, je t’ai dit ‘’Attends’’. J’allais dire ‘’Prends-moi’’, tu m’as dit ‘’Va-t-en
François Truffaut (Jules Et Jim (French Edition))
C'est ça être un ami, non ? Savoir deviner quand l'autre vous dit le contraire de ce qu'il pense au fond de lui.
Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
Franchement vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
Jim Fergus (One Thousand White Women: The Journals of May Dodd (One Thousand White Women, #1))
On dit souvent qu'il faut sauver les apparences. Moi je dis qu'il faut les assassiner car c'est le seul moyen d'être sauvé.
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
Ma fleur est éphémère, se dit le petit prince, et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre le monde! Et je l'ai laissée toute seule chez moi!
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n'aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand nous serons libres.
Leïla Slimani (Chanson douce)
Quant à moi, maintenant, j'ai fermé mon âme. Je ne dis plus à personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamné à l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais émettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Ma pensée, invisible, demeure inexplorée. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit "oui", quand je ne veux même pas prendre la peine de parler.
Guy de Maupassant (Le Horla et autres nouvelles fantastiques)
Qui a dit que les Arabes étaient incapables de battre des records du monde ? Le Qatar vient d'établir un nouveau record du monde en devenant le premier pays hôte à perdre un match d'ouverture de la Coupe du monde de football.
Mouloud Benzadi
J'y gagne, dit le renard, a cause de la couleur du ble.
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
L'amitié, dit-il, ce n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, c'est être avec eux même quand ils ont tord.
André Malraux
«Car on se définit par ce que l'on fait, et non par ce que l'on dit.»
Patrick Senécal
Quand on parle des vices d’un homme, si on vous dit : “Tout le monde le dit” ne le croyez pas ; si l’on parle de ses vertus en vous disant encore : “Tout le monde le dit”, croyez-le.
François-René de Chateaubriand
Je dis : pourquoi moi ? Il dit  : parce tu n'es pas du tout comme les autres, parce qu'on ne voit que toi sans que tu t'en rendes compte. Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable  : parce que tu partiras et que nous resterons.
Philippe Besson (« Arrête avec tes mensonges »)
Ma bouche n'avait pas dit une chose que deja ton coeur avait repondu.
Victor Hugo (Les Miserables (Stepping Stones))
- Je l'ai tué, dit Angel. - Non, dit Petitjean. Vous l'avez poussé et il est mort en arrivant sur les cailloux. C'est un hasard.
Boris Vian (L'automne à Pékin)
Un petit nuage rose descendait de l'air et s'approchait d'eux. "J'y vais! proposa-t-il. -vas-y", dit Colin. Et le nuage les enveloppa. A l'intérieur, il faisait chaud et ça sentait le sucre à la cannelle.
Boris Vian (L'Écume des jours)
Elle me dit son nom, celui qu'elle s'est choisi: « Nadja, parce qu'en russe c'est le commencement du mot espérance, et parce que ce n'en n'est que le commencement.
André Breton (Nadja)
L'homme est une entreprise qui a contre elle le temps, la nécessité, la fortune, et l'imbécile et toujours croissante primauté du nombre, dit plus posément le philosophe. Les hommes tueront l'homme. (La visite du chanoine)
Marguerite Yourcenar (L'Œuvre au noir)
Haiti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu'elle croyait à son humanité.
Aimé Césaire
- Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude.
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
Sommige mensen lijken de wetten van nature in zich te hebben. Ze lezen geen boeken en hebben toch een mening, een overtuiging, een idee over hoe de wereld in elkaar hoort te zitten. Ik begreep niet hoe dit mogelijk was.
Connie Palmen (De wetten)
comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi! Que faut-il faire? Dit le petit prince. Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
Ons leven is een sterven, aan de kant van de weg. Maar dit terzijde.
Gerard Reve
Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent...
Antoine de Saint-Exupéry
Es jibt sone und solche, und dann jibt es noch janz andre, aba dit sind die Schlimmstn.
Marc-Uwe Kling (Das Känguru-Manifest (Die Känguru-Chroniken, #2))
Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Mais oui, je t'aime, lui dit la fleur. Tu n'en a rien su , par ma faute. Cela n'a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d'être heureux. Tu as décidé de partir. Va t'en.
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit, chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte.
Frantz Fanon
Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Je suis un être de dialogue ; tout en moi combat et se contredit. Les Mémoires ne sont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité : tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit. Peut-être même approche-t-on de plus près la vérité dans le roman.
André Gide (Si le grain ne meurt)
- Aimer, c'est toujours dangereux, Martin ! Aimer, c'est espérer tout gagner en risquant de tout perdre, et c'est aussi parfois accepter de prendre le risque d'être moins aimé que l'on n'aime. - Eh bien tu vois, dit-il en se levant de table, ce risque, je crois que je ne suis plus prêt à le prendre.
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
Ik zit, m'n benen bunglend, op de waterkant En in een bootje hoor ik ginds een tango spelen; Verdomd! Ik wist niet, dat er in dit land Nog zoveel aards geluk viel weg te stelen.
Gerard Reve (Terugkeer (Dutch Edition))
on m a dit : tu n es que cendre et poussière.On a oublié de me dire qu il s agissait de poussières d étoiles
Hubert
... l'histoire est connaissance mutilée. Un historien ne dit pas ce qu'a été..., mais ce qu'il est encore possible d'en savoir.
Paul Veyne (Comment on écrit l'histoire)
Dits par l'autre tout à l'heure ils l'irritaient et l'écoeuraient. Car les paroles d'amour, qui sont toujours les mêmes, prennent les goût des lèvres dont elles sortent.
Guy de Maupassant (Bel-Ami)
— Kai aime aussi la lune, fit la voix de Jacob me forçant à me tourner vers lui, il dit qu'elle lui tient compagnie, que les étoiles veillent sur lui.
theblurredgirl (Lakestone)
Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit. (le mythe de sisyphe,1942).
Albert Camus (The Myth of Sisyphus and Other Essays)
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset (On ne badine pas avec l'amour)
- [...] On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n'es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c'est comme si tu étais déjà mort. - Demain, le soleil se lèvera et on essaiera encore, a dit Prothé pour conclure.
Gaël Faye (Petit pays)
- Tu n'as pas d'autre idée ? - Non, mais comme a dit le gendre de ma grand-mère en pinçant le nez du requin blanc qui était en train de le bouffer, il vaut mieux une idée bizarre que pas d'idée du tout !
Pierre Bottero (D'un monde à l'autre (La Quête d'Ewilan, #1))
Adieu, dit-il… - Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. - L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. - C’est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. - C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir. - Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… - Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Alors, Hermione, tu admires toujours autant Lockhart, maintenant? dit Ron à travers le rideau. Si Harry avait eu envie d'être transformé en mollusque, il l'aurait demandé. Tout le monde peut commettre des erreurs, répondit Hermione. D'ailleurs, ça ne te fait plus mal, n'est-ce-pas, Harry? Non, dit Harry. L'ennuie, c'est que ça ne me fait plus rien du tout.
J.K. Rowling (Harry Potter and the Chamber of Secrets (Harry Potter, #2))
Quand on ment, qu'on dit à une femme qu'on l'aime, on peut croire qu'on ment, mais quelque chose nous a poussé à le lui dire, par conséquent c'est vrai. ” (Raymond Radiguet)
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
C'est vrai ce qu'on dit, vous êtes le fils d'un démon et d'une pucelle? Vous avez plus pris de la pucelle. (Arthur à Merlin)
Alexandre Astier (Kaamelott, livre 1, première partie : Épisodes 1 à 50)
Dit is het enige wat telt, lieverd, dat iemand meer in je ziet dan je wist dat er te zien was.
Arthur Japin
Oh ! l'amour ! dit-elle, et sa voix tremblait, et son oeil rayonnait. C'est être deux et n'être qu'un. Un homme et une femme qui se fondent en un ange. C'est le ciel.
Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
Et puis, surtout, c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on n'a plus qu'à crier, - pas à gémir, non, pas à se plaindre, à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on n'avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l'apprendre, soi.
Jean Anouilh (Antigone)
On dit que la chance ne passe qu'une fois à votre portée, qu'il faut la saisir à son tour. Après c'est fini. Elle est partie ailleurs et ne reviendra plus. Seuls les amnésiques n'ont pas de regrets.
Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
Certaines choses que Napoléon dit des femmes, plusieurs discussiions sur le mérite des romans à la mode sous son règne lui donnèrent alors, pour la première fois, quelques idées que tout autre jeune home de son age aurait eues depuis longtemps.
Stendhal (The Red and the Black)
Il me dit qu'il aime Paris, qu'il ne pourrait pas habiter ailleurs, qu'il a vécu à Londres, à New York, mais qu'il n'aime que Paris, à cause de ce passé sulfureux qui émane des murs et qui flotte dans les rues, à cause de la lumière des réverbères sur les trottoirs humides et des visages tristes derrière les vitres des cafés.
Lolita Pille (Hell)
Le cancre Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le coeur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur
Jacques Prévert (Paroles)
D'après mon amie Kim, ai-je dit, c'est signe de profondeur d'âme. Pour elle, le monde est divisé entre les personnes qui envisagent leurs obsèques et les autres. Les artistes et les gens brillants appartiennent à la première catégorie.
Gayle Forman (If I Stay (If I Stay, #1))
Les contes de fées c'est comme ça. Un matin on se réveille. On dit: "Ce n'était qu'un conte de fées..." On sourit de soi. Mais au fond on ne sourit guère. On sait bien que les contes de fées c'est la seule vérité de la vie. Fairy tales are like that. One morning, we wake up and say, "It was only a fairy tale..." We put a smile on our face but deep inside, this isn't what we feel like doing. It's because we know full well that fairy tales are the only truth in life. [The English translation is Lucrèce Riminiac's.]
Antoine de Saint-Exupéry (Lettres à l'inconnue)
Daarna dacht ik aan de temperatuur van het zeewater en hoe lang het zou duren voordat een hart stil zou staan van de kou. De onderkoelingsdood schijnt bijzonder hoog te staan in de topvijf van de prettigste manieren om te sterven. Het is mij een raadsel aan wie ze dit hebben kunnen vragen.
Arjen Lubach (Mensen die ik ken die mijn moeder hebben gekend)
-Mon cher jeune homme, dit Aglaé en souriant, j'ai été professeur de chimie et je vous ferai remarquer qu'il peut y avoir des réactions en chaîne, qui partent très doucement et, s'alimentant elles-mêmes, peuvent se terminer de façon violente.
Boris Vian (L'Herbe rouge)
il faut vivre avec les hommes tels qu ils sont : les gens qu on dit etre de si bonne compagnie ne sont souvent que ceux dont les vices sont plus raffines ; et peut-etre en est-il comme des poisons, dont les plus subtils sont aussi les plus dangereux.
Montesquieu (Persian Letters (Penguin Classics))
Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres, Nos silences, nos paroles, La lumière qui s’en va, la lumière qui revient, Un seul sourire pour nous deux, Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d’apparence, Ô bien-aimé de tous et bien-aimé d’un seul, En silence ta bouche a promis d’être heureuse, De loin en loin, ni la haine, De proche en proche, ni l’amour, Par la caresse nous sortons de notre enfance, Je vois de mieux en mieux la forme humaine, Comme un dialogue amoureux, le cœur ne fait qu’une seule bouche Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser, Les sentiments à la dérive, les hommes tournent dans la ville, Le regard, la parole et le fait que je t’aime, Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre, D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime, J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumière, Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir, Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
Paul Éluard
Wij zijn ongelukkig omdat wij denken dat we lief moeten 'hebben'. Om gered te worden moeten wij iets eenvoudigs doen dat ons desalniettemin het zwaarst van alles valt: wegschenken waarnaar wij juist het meest verlangen. Niet 'hebben', maar 'geven'. Zo zegepralen wij alsnog. Dit heeft mij mijn gebrek geleerd.
Arthur Japin (Een schitterend gebrek)
On ne sait pas ce qu'il faut faire pour se faire aimer: se montrer comme on est ou mentir. On balance entre les deux. On fait les deux d'ailleurs, au hasard un peu. On se fait comme on voudrait être, comme on croit qu'il faudrait paraître et puis on se dit "Ce n'est pas moi..." On cherche à se montrer à se montrer... à son pire... à déplaire...Qui sait si ce n'est pas le moyen de plaire?
Louis Aragon (Aurélien)
Jette mon livre; dis-toi bien que ce n'est là qu'une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu'un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu'un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, -- aussi bien écrit que toi, ne l'écris pas. Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah! le plus irremplaçable des êtres.
André Gide
Dit comme ça, c'était un peu cucul évidemment, mais bon, c'était la vérité et il y avait bien longtemps que le ridicule ne les tuait plus: pour la première fois et tous autant qu'ils étaient, ils eurent l'impression d'avoir une vraie famille. Mieux qu'une vraie d'ailleurs, une voulue, une pour laquelle ils s'étaient battus et qui ne leur demandait rien d'autre en échange que d'être heureux ensemble. Même pas heureux d'ailleurs, ils n'étaient plus si exigeants. D'être ensemble, c'est tout. Et déjà c'était inesperé.
Anna Gavalda (Hunting and Gathering)
Epicure a dit: ou Dieu veut empêcher le mal et ne le peut, ou il le peut et ne le veut, ou il ne le peut ni ne le veut, ou il le veut et le peut. S'il le veut et ne le peut, il est impuissant; s'il le peut et ne le veut, il est pervers; s'il ne le peut ni ne le veut, il est impuissant et pervers; s'il le veut et le peut, que ne le fait-il, mon père ?
Anatole France (Les dieux ont soif)
Dis nie net die dooies wat in jou inweek en deel van jou word nie: dis almal, elke enkele een met wie jy 'n entjie pad saamreis; elkeen gee af aan jou, jy aan hulle. Nooit is dit net jy en jy alleen nie. Nooit gebeur iets net NOU nie. Altyd sleep dit slierte saam. Altyd suig dit by voorbaat al die toekoms in.
André P. Brink
Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C'est un roman, rien qu'une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C'est de l'autre côté de la vie.
Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit)
From: bluegreen118@gmail.com To: hourtohour.notetonote@gmail.com Date: Jan 7 at 7:23 AM Subject: Re: Really? On the Tumblr-you mean creeksecrets? ..... But I really don't think I'm wrong. Jacques a dit. Right? -Blue So, Yeah, I've been careless. I guess I left a trail of clues. and I shouldn't be surprised that Blue put them together. Maybe I kind of wanted him to. Jacques a dit is "Simon Says" in French, by the way, And it's obviously not as clever as I thought it was.
Becky Albertalli (Simon vs. the Homo Sapiens Agenda (Simonverse, #1))
En dan gaat Eva dood. Ze is gesprongen. Zij kon ook goed kiezen. Geen half werk. Geen truttig gedoe met pillen en gevonden worden, en dan opnieuw. Zij wilde dood omdat het leven haar niet bracht wat ze droomde. Omdat ze heel diep kon voelen. Omdat ze niet meer kon. Ik geloof nog altijd: zij wilde niet per se dood, zij wilde niet dit leven, niet dit hoofd, niet dit gehavend hart. Dat is echt iets anders. Er viel nog zoveel te proberen. Ik ben daar eerder verdrietig om dan kwaad, tegenwoordig.
Griet Op de Beeck (Vele hemels boven de zevende)
Le seul avenir de l'avenir est de devenir un passé. Quand l'avenir se jette sur nous, il a tellement hâte de se changer en passé qu'il ne prend que pour un instant, pour un soupir, pour un clin d'œil, pour un éclair la forme fragile du présent. On pourrait presque soutenir que le temps n'a qu'une idée: sauter l'étape du présent.
Jean d'Ormesson (Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit)
– C’est formidable, dit Anne, quand on se met à penser à tous ces types qui travaillent pour rien. Qui restent huit heures par jour dans leur bureau. Qui peuvent y rester huit heures par jour. – Mais vous avez été comme ça, jusqu’ici, dit Amadis. – Vous m’assommez, avec ce qui a été. Est-ce qu’on n’a plus le droit de comprendre, même après avoir été cul pendant un bout de temps ?
Boris Vian (Autumn in Peking)
- Peut-être, dit Athos; mais, en tout cas, écoutez bien ceci: assassinez ou faites assassiner le duc de Buckingham, peut m'importe! je ne le connais pas, d'ailleurs c'est un Anglais; mais ne touchez pas du bout du doigt à un seul cheveux de d'Artagnan, qui est un fidèle ami qu j'aime et que je défends, ou je vous le jure sur la tête de mon père, le crime que vous aurez commis sera le dernier.
Alexandre Dumas (Les Trois Mousquetaires)
… En ook’, ging hij verder: ‘ik had er behoefte aan om nog eens alleen te zijn met mezelf. Buiten dit tehuis ligt een wereld waarin je niets anders moet doen dan praten. Praten, praten, praten en nog eens praten. En luisteren of op z’n minst toch doen alsof, naar mensen die praten, praten, praten. En die kriskras door elkaar heen praten, praten, praten. Je hebt familiale en andere verplichtingen, wat vaak weer neerkomt op praten en luisteren, en ik had er gewoon geen zin meer in, in die hele sociale pantomime. Ik wou eindelijk stilte voor mezelf en alleen zijn met mijn gedachten. Hier kan ik dat min of meer. Het is de enige plaats waar wordt geaccepteerd dat ik volledig in mezelf ben gekeerd. Het was mijn laatste kans.
Dimitri Verhulst (De laatkomer)
Voelde me langzaam anders worden, merkte dat ik iemand werd die ik niet wilde zijn. Nee, diep vanbinnen wás ik iemand die ik niet wilde zijn. Omdat het anders was, omdat mensen erover zouden praten, omdat ik in andere landen verboden was. Niemand had me gevraagd of ik dit wilde zijn. Niemand had bij me geïnformeerd wat ik ervan zou vinden. Niemand had verteld hoe ik ermee om moest gaan. Opeens was ik het gewoon. En hoe hard, hoe lang, hoe heftig ik het ook bleef ontkennen, ik kon het niet tegenhouden.
Splinter Chabot (Confettiregen)
– C’est ce receveur, expliqua le conducteur. – Ah ! dit Amadis. – Il aime pas les voyageurs. Alors, il s’arrange pour qu’on parte sans voyageur et il ne sonne jamais. Je le sais bien. – C’est vrai, dit Amadis. – Il est fou, vous comprenez, dit le machiniste. – C’est ça… murmura Amadis. Je le trouvais bizarre. – Ils sont tous fous à la Compagnie. – Ça ne m’étonne pas ! – Moi, dit le conducteur, je les possède. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Vous avez un couteau ? – J’ai un canif. – Prêtez.
Boris Vian (Autumn in Peking)
Jy maak niemand moedswillig seer nie. Jy kom niemand doelbewus te na nie. Jy gun mense om te wees wat en wie hulle is solank hulle jou nie moedswillig seermaak of te na kom nie. Jy vergewe hulle as hulle dit wel gedoen het en insien dat hulle drooggemaak het. As hulle dit nie insien nie, sny jy hulle gewoon uit jou lewe. Meet ‘n bietjie jouself, jou familie, jou gemeente daaraan en kyk hoe vaar jou bende. (Nan aan Gideon)
Chanette Paul
En effet, si les premiers amours paraissent, en général, plus honnêtes, et comme on dit plus purs ; s'ils sont au moins plus lents dans leur marche, ce n'est pas, comme on le pense, délicatesse ou timidité, c'est que le cœur, étonné par un sentiment inconnu, s'arrête pour ainsi dire à chaque pas, pour jouir du charme qu'il éprouve, et que ce charme est si puissant sur un cœur neuf, qu'il l'occupe au point de lui faire oublier tout autre plaisir.
Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
Omdat men zal weten dat over de mens niets te bewijzen valt, dat er van hem in doen en laten, in wezen en verschijning, in heden en verleden, nog geen schim valt te bekennen van wat hij is en is geweest. Wij zijn niets anders dan de strandvonders van ons eigen leven, brokstukken verzamelend langs de zee der vergetelheid. In onze hand lopen wij met de verroeste spijkers van een groot, gezonken schip - en wij denken dat dit oudroest een horloge is.
Willem Frederik Hermans (Paranoia)
God leeft in mijn hoofd. Zijn velden zijn er onmetelijk, zijn tuinen staan er vol schoone bloemen, die niet sterven, en statige vrouwen wandelen er naakt, vele duizenden. En de zon gaat er op en onder en schijnt laag en hoog en weer laag en 't eindeloze gebied is eindeloos 't zelfde en geen oogenblik gelijk. En breede rivieren stroomen er door met vele bochten en de zon schijnt er in en ze voeren 't licht naar de zee. En aan de rivieren mijner gedachten zit ik stilletjes en genoeglijk en rook een steenen pijpje en voel de zon op mijn lijf schijnen en zie 't water stroomen, voortdurend stroomen naar 't onbekende. En 't onbekende deert mij niet. En ik knik maar eens tegen de schoone vrouwen, die de bloemen plukken in mijn tuinen en hoor den wind ruischen door de hooge dennen, door de wouden der zekerheid, dat dit alles bestaat, omdat ik 't zoo verkies te denken. En ik ben dankbaar dat mij dit gegeven is. En in ootmoed pijp ik nog eens aan en voel mij God, de oneindigheid zelf. Doelloos zit ik, Gods doel is de doelloosheid. Maar voor geen mensch is het weggelegd dit bij voortduring te beseffen.
Nescio (Titaantjes)
- Descendre, descendre... On va changer de verbe, histoire d'enrichir ton vocabulaire, annonça le garçon sur un ton presque joyeux. Toi, crâne d’œuf, tu conjugues "pas bouger" et tes copines conjuguent "reculer jusqu'au bout du wagon". A la moindre erreur je vous explique "égorger" et "baigner dans son sang". Exécution ! Il se tourna vers Bruno Vignol alors que les boneheads obtempéraient en maugréant. - Je m'appelle Salim, m'sieur, et je descends à la prochaine. Ça vous dit ?
Pierre Bottero (La Forêt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de désinfectant lui monter à la tête, mais la seule pensée qui la traversa, stupide et évidente, fut quenelle avait une botte plantée dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empêcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les déséquilibra tous les deux. La bibliothèque déversa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes. - je vous préviens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus. Sa voix était âpre, mais sous l’autorité des paroles il y avait comme une fêlure. Ophélie pouvait percevoir le pouls précipité des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaître que son propre cœur jouait à la balançoire. Thorn était sans doute l’homme le plus déconcertant qu’elle avait jamais rencontré, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante. - je vous aime, répéta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous répondre quand vous vouliez connaître la raison de ma présence à Babel c’est ce que j’en aurais du vous répondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment à vous dire. Bien sûr que je désire percer les mystères de Dieu et reprendre le contrôle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traité d’égoïste et à aucun moment je ne me suis mise, moi, à votre place. Je vous demande pardon. 
Christelle Dabos (La Mémoire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
Oh! tout ce que nous n'avons point fait et que pourtant nous aurions pu faire...penseront-ils, sur le point de quitter la vie. - Tout ce que nous aurions dû faire et que pourtant nous n'avons point fait! par souci des considérants, par temporisation, par paresse, et pour s'être trop dit: "Bah! nous aurons toujours le temps." Pour n'avoir pas saisi le chaque jour irremplaçable, l'irretrouvable chaque instant. Pour avoir remis à plus tard la décision, l'effort, l'étreinte... L'heure qui passe est bien passée? -Oh! toi qui viendras, penseront-ils, sois plus habile: Saisis l'instant!
André Gide
De hedendaagse Vlaming beschouwt zichzelf als Belg, maar koestert in werkelijkheid een diepgewortelde Vlaamse identiteit. Dit bedrieglijk zelfbeeld vindt zijn oorzaak vooral in de associaties die samengaan met het Vlaams-nationalisme. Het gevoel van Vlaams zijn wordt onbewust geassocieerd met het zijn van een Vlaams-nationalist. De Vlaming voelt zich echter geenszins Belgisch, aangezien dit gelijk zou staan aan het zich Frans voelen en hij ziet zichzelf zeker niet als Fransman. Opmerkelijk is dat de gemiddelde Vlaming helemaal geen nationalistische gevoelens heeft, noch Belgisch noch Vlaams. Hij beschouwt zichzelf simpelweg als Vlaming, maar interpreteert deze Vlaamse identiteit als Belgisch, waardoor hij zichzelf als Belg ziet.
Isaiah Senones
En Méditerranée Dans ce bassin où jouent Des enfants aux yeux noirs, Il y a trois continents Et des siècles d'histoire, Des prophètes des dieux, Le Messie en personne. Il y a un bel été Qui ne craint pas l'automne, En Méditerranée. Il y a l'odeur du sang Qui flotte sur ses rives Et des pays meurtris Comme autant de plaies vives, Des îles barbelées, Des murs qui emprisonnent. Il y a un bel été Qui ne craint pas l'automne, En Méditerranée. Il y a des oliviers Qui meurent sous les bombes Là où est apparue La première colombe, Des peuples oubliés Que la guerre moissonne. Il y a un bel été Qui ne craint pas l'automne, En Méditerranée. Dans ce bassin, je jouais Lorsque j'étais enfant. J'avais les pieds dans l'eau. Je respirais le vent. Mes compagnons de jeux Sont devenus des hommes, Les frères de ceux-là Que le monde abandonne, En Méditerranée. Le ciel est endeuillé, Par-dessus l'Acropole Et liberté ne se dit plus En espagnol. On peut toujours rêver, D'Athènes et Barcelone. Il reste un bel été Qui ne craint pas l'automne, En Méditerranée.
Georges Moustaki
- Dégage je t'ai dit ! - Je te fais une contre-proposition, lança Ellana que le poing brandi du barbu ne paraissait pas impressionner le moins du monde. Tu quittes l'auberge maintenant, sans bruit, avec la promesse de ne plus jamais y remettre les pieds, et je ne te casse pas en mille morceaux. Le colosse ouvrit la bouche pour un cri ou peut-être un rire, mais la voix de Jilano le lui vola. - C'est un marché de dupe ! s'écria-t-il sur un ton plein de verve. - Et pourquoi donc ? fit mine de se fâcher Ellana. - Parce que même si tu tapes fort, tu lui casseras au maximum une douzaine d'os. Allez, vingt parce que c'est toi. On est loin des mille morceaux que tu revendiques. Ellana soupira. - C'est une expression, il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. - Sans doute, mais ce monsieur pourrait s'estimer grugé. - Très bien. Voilà ma contre-proposition réactualisée. Tu quittes l'auberge maintenant, sans bruit, avec la promesse de ne plus jamais y remettre les pieds et je ne te casse pas en douze morceaux. Peut-être vingt parce que c'est moi.
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
Er brandt in mij dan een wilde begeerte naar sterke gevoelens, naar sensaties, een afkeer van dit afgezaagde, genormaliseerde en gesteriliseerde leven, en een hevige begeerte ergens iets stuk te slaan, een warenhuis of een kathedraal of mijzelf, roekeloze stommiteiten te begaan, een paar vereerde afgoden de pruiken af te rukken, een paar opstandige schooljongens de vurig verlangde kaartjes naar Hamburg te verschaffen, een klein meisje te verleiden of een paar vertegenwoordigers van de burgerlijke wereldorde de nek om te draaien. Want dit haatte, verafschuwde en vervloekte ik van alles toch wel het hevigst: deze tevredenheid, deze gezondheid, de behaagelijkheid, dit gekoesterde optimisme van de burger, deze vette vruchtbare zelfvoldaanheid van het middelmatige, het normale, de doorsnee.
Hermann Hesse
J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire. Je trouve ça formidable qu’il y ait aussi des femmes qui aiment séduire, qui sachent séduire, d’autres se faire épouser, des qui sentent le sexe et d’autres le gâteau du goûter des enfants qui sortent de l’école. Formidable qu’il y en ait de très douces, d’autres épanouies dans leur féminité, qu’il y en ait de jeunes, très belles, d’autres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles à qui les choses telles qu’elles sont conviennent. C’est dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-là. Bien sûr que je n’écrirais pas ce que j’écris si j’étais belle, belle à changer l’attitude de tous les hommes que je croise. C’est en tant que prolotte de la féminité que je parle, que j’ai parlé hier et que je recommence aujourd’hui (p. 9-10).
Virginie Despentes (King Kong théorie)
- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie. La voix était douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton âge. Ellana hésita une fraction de seconde. Elle ignorait son âge exact, se demandait si elle n’avait pas intérêt à se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernés dans l’assemblée étaient tous plus âgés qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considérer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixés sur elle la dissuadèrent de chercher à la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures étonnés s’élevèrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maître. - Jilano Alhuïn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marqués, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immédiatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une série de questions. A ces questions, tu devras répondre dans l’instant, sans réfléchir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton âme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton âme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prête ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridé d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - Où va la rivière ? L’anxiété d’Ellana s’était dissipée. Les questions d’Ehrlime étaient trop imprévues, se succédaient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y répondre ainsi qu’on le lui avait demandé. Impossible de tricher. Cette évidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son âme, puisque c’était ce qu’elle désirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu déjà tués ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Méritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumière ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumière ? - Les deux. - Où se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque réponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration après une inspiration. Fluidité. Le sourire sur le visage d’Ehrlime était revenu, plus marqué, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussière d’étoiles. - Que fais-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une étoile qui meurt ? - Un rêve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - Fluidité. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
Le petit prince était maintenant tout pâle de colère. «Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien? Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n'est pas sérieux et plus important que les additions d'un gros Monsieur rouge? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?» Il rougit, puis reprit: «Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: "Ma fleur est là quelque part..." Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient! Et ce n'est pas important ça!»
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particulière, que vous dégusterez avec plaisir, même si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas à atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout à bout, permettent de tenir la distance… Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend même plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut être plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens à nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’âme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorcières, les larmes d’homme devaient être très recherchées. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en émotion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe… *** Vide. Je me sens vide et éteinte. J’ai l’impression d’être un peu morte, moi aussi. D’être un champ de bataille. Tout a brûlé, le sol est irrégulier, avec des trous béants, des ruines à perte de vue. Le silence après l’horreur. Mais pas le calme après la tempête, quand on se sent apaisé. Moi, j’ai l’impression d’avoir sauté sur une mine, d’avoir explosé en mille morceaux, et de ne même pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est doté Romain, mais d’attention. *** Ҫa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
Agnès Ledig (Juste avant le bonheur)
Si il y avait bien une chose que l'Occupation nous avait apprise, c'était à nous taire. A ne jamais montrer ce que nous pensions du IIIème Reich et de cette guerre. Nous n'étions que des détenus dans nos propres maisons, dans notre pays. Plus libres d'avoir une opinion. Parce que même nos pensées pouvaient nous enchaîner. Ce soir, je l'avais oublié. Pourtant il ne m'arrêta pas. Il ne me demanda pas de le suivre pour un petit interrogatoire. Après tout, il n'y avait que les résistants pour tenir un discours si tranché, non? Il n'y avait qu'eux pour oser dire de telles choses devant un caporal de la Wehrmacht. Alors pourquoi me tendit-il simplement sa fourche? Puisque la mienne était inutilisable... J'hésitai à la prendre. Quand je le fis, il refusa de la lâcher. Nous restâmes là, une seconde. Nos mains se frôlant sur le manche en bois et nos regards accrochés. - Je ne suis pas innocent c'est vrai, m'avoua-t-il. Je ne le serai jamais plus et je devrai vivre avec toutes mes fautes. J'ai tué, je tuerai sans doute encore. J'ai blessé et je blesserai encore. J'ai menti et je mentirai encore. Non, c'est vrai, il n'y a plus rien d'innocent en moi. Mais je l'ai été. Au début. Avant la guerre. Je l'étais vraiment, vous savez. Innocent. Sa voix n'était qu'un murmure. - Pourquoi me dites-vous ça? - Pour que vous le sachiez. - Mais pourquoi? demandai-je encore. Il recula d'un pas. - Bonne soirée, monsieur Lambert, dit-il sans me répondre. Il quitta les écuries sans un bruit. Aussi discrètement qu'il était arrivé.
Lily Haime (À l'ombre de nos secrets)
Wanneer alle spelers na de gedane arbeid op de parkeerplaats voor de school in de steeds warmer wordende avondlucht bijeenkwamen om de ervaringen van die dag uit te wisselen, begreep ik dat iedereen geraakt werd door het stuk waarmee hij bezig was en we voelden dat het over de dood ging en ik geloof dat we beseften (al weten de goden dat we er niet bewust aan dachten) dat dit Wohlmans manier was om ons te vertellen dat ons, zodra we klaar waren met deze school, niet de toekomst wachtte met al zijn openbaringen, kansen en al die andere zaken die we ons hadden voorgesteld - een zee van mogelijkheden en ervaringen - maar juist het begin van iets anders, iets zonder de exploderende kleurenpracht die we elkaar hadden voorgeschilderd, hier zetten we de eerste onmogelijke stappen op weg naar het werkende leven, naar de routine, de eindeloze herhaling, de systematiek en het leven van alledag waar iedereen die vóór ons volwassen geworden was al lang deel van uitmaakte, ochtenden, werkdagen en bezoekjes aan de supermarkt en de rijen voor de kassa en de uren voor de tv of de uren met de was of koken en kinderen die je op sommige dagen liever niet gehad had en de grenzeloze irritatie over de naïeve jeugd die het had over Kerouac, de planning van de volgende ochtend, dit alles ad nauseam herhaald, slechts onderbroken door korte dagen die zich ontvouwden en dan weer verschrompelden, 's zomers of met Kerst, dagen die alleen nog extra benadrukten dat niemand ons kwam verlossen en dat we alleen maar konden hopen dat we in elk geval een beetje konden dansen op het ritme van onze inmiddels o zo voorspelbare levens, dat dat juist onze redding zou blijken zodat we niet langer zouden vechten tegen de monotonie maar die juist zouden accepteren, dat we het triviale zouden omarmen, zoals Wohlman ongetwijfeld gedaan had, tot we op een dag wakker werden en beseften dat de maat waarop we dag in dag uit bewogen, wankel en allesbehalve gracieus, uiteindelijk onze eigen hartslag was, naar, bij gebrek aan een beter woord, hartenlust kloppend van opluchting omdat we nu eindelijk in de geweldige maalstroom waren beland van identieke, voorspelbare dagen.
Johan Harstad (Max, Mischa & Tetoffensiven)
Je me mis dès lors à lire avec avidité et bientôt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations récentes, tous les élans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon âme d’une façon si troublante et qui étaient provoqués par mon développement si précoce, tout cela, soudainement, se précipita dans une direction, parut se satisfaire complètement de ce nouvel aliment et trouver là son cours régulier. Bientôt mon cœur et ma tête se trouvèrent si charmés, bientôt ma fantaisie se développa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourée jusqu’alors. Il semblait que le sort lui même m’arrêtât sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, à laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’où je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinée à vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rêves, les espoirs, la douce émotion de mon esprit juvénile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vécu jusqu’à ce jour était si noble, si austère, qu’une page impure ou mauvaise n’eût pu désormais me séduire. Mon instinct d’enfant, ma précocité, tout mon passé veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passée. En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était déjà connue, semblait déjà vécue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais déjà éprouvées. Et comment pouvais-je ne pas être entraînée jusqu’à l’oubli du présent, jusqu’à l’oubli de la réalité, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une même destinée, le même esprit d’aventure qui règnent sur la vie de l’homme, mais qui découlent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tâchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prévenir, comme s’il y avait en mon âme quelque chose de prophétique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en même temps croissait de plus en plus mon désir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai déjà dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vérité, je n’étais très hardie qu’en rêve ; dans la réalité, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle… Arthur. Et y'a une fée, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir à la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une épée hmm… magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit être drôlement difficile, alors il faut que je parte dans la forêt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot… le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis Léodagan… heu… l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout à fait le même ours mais bon. Donc Léodagan qui est le père de la femme du petit ourson, qui s'appelle Guenièvre la truite… non, non, parce que c'est la fille de… non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'après ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite… non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sœur Anna, qui est restée à Tintagel avec sa mère Igerne la… bah non, ouais du coup je suis obligé de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille… Donc c'est des ours, en gros, enfin bref… Ils sont tous là et donc Petit Ourson il part avec sa troupe à la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est… c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bêtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il décide de les faire bruler dans une grange pour s'en débarrasser… Donc la fée revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut être gentil avec ses amis de la forêt" quand même c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tête à la fée, comme ça : "BAH !". Alors la fée elle est comme ça et elle s'en va… et voilà et en fait il trouve pas le vase. En fait il est… il trouve pas… et Petit Ourson il fait de la dépression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou… pas…
Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, première partie : Épisodes 1 à 50)
Patrice a vingt-quatre ans et, la première fois que je l’ai vu, il était dans son fauteuil incliné très en arrière. Il a eu un accident vasculaire cérébral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une manière très laide, il a l’aspect d’un légume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans réaction, comme s’il était complètement coupé du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le même état. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer à l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupière. Il peut cligner de l’œil. Pour l’aider à s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcée, Patrice cligne de l’œil.  Lorsque j’étais en réanimation, que j’étais complètement paralysé et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procédais de la même manière avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas très au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionné la technique. Une fois, il m’est arrivé d’assister à une discussion entre Patrice et sa mère. C’est très impressionnant.La mère demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupière. Elle lui propose différentes consonnes, pas forcément dans l’ordre alphabétique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisées. Dès qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’œil. La mère poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvées, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvés chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a écrit un texte, une sorte de longue lettre à tous ceux qui sont amenés à le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte où il raconte ce qui lui est arrivé et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une énorme gifle. C’est un texte brillant, écrit dans un français subtil, léger malgré la tragédie du sujet, rempli d’humour et d’autodérision par rapport à l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquée.Jamais je n’aurais imaginé que ce texte si puissant ait été écrit par ce garçon immobile, au regard entièrement vide.  Avec l’expérience acquise ces derniers mois, je pensais être capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grâce à Patrice.Une leçon de courage d’abord, étant donné la vitalité des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorénavant je ne jugerai une personne handicapée à la vue seule de son physique. C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues .
Grand corps malade (Patients)