Bas Tu Quotes

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Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
Rah chalta hun toh yeh manzilein kho jati hain, Har mod par bas tu nazar aati hai; Kya hai zindgi tere bna, ek pal sochta hu, Agle he pal yeh zindgi bhi maut nazar aati hai.
Anuj Tiwari
ce qui convainc de la nécessité de la vie future, ce ne sont pas les raisonnements mais ceci : tu marches dans la vie la main dans la main avec un homme, et tout à coup, cet homme disparaît là-bas dans le néant, et toi tu restes devant cet abîme et tu y plonges ton regard (Guerre et Paix, livre deuxième, 2ième partie, ch. XII)
Leo Tolstoy
Où que tu sois, creuse profondément ! À tes pieds se trouve la source ! Laisse crier les obscurantistes : « En bas est toujours — l’enfer !
Friedrich Nietzsche (Oeuvres complètes (24 titres annotés))
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle? - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Charles Baudelaire
Corky, tu as trop l’habitude de regarder vers le haut. Observe un peu le bas. Il y a un environnement à faible gravité, sur terre, et en abondance. Et il est là depuis les temps préhistoriques.
Dan Brown
Kalau undi menteri? Kalau undi menteri menang percuma. Bawak tubuh pergi pangkah je. Silap-silap dapat claim tiket bas. Tapi lepas tu bersedialah untuk kena tebas. Harga barang naik ke, cukai naik ke terima ajelah. Dah kau yang pangkah!
Zakri Rahman (HERO)
« Vis pour ce bas monde comme si tu devais y vivre éternellement, et vis pour l'au-delà comme si tu devais mourir demain », exprimait si bellement une maxime. Alors, je vivrai. Mais si je devais mourir demain, je voudrais que la mort me prenne avec un coeur entier. Voilée. Sans regret. En paix.
Nawela Noor (Le choix de Nour. L’éveil)
- Tu ne me laisse pas indifférent, Méroé, murmure t-il, le regard bas. Mais je ne suis pas pour toi, et tu n'es pas pour moi. - Et pourquoi ça ? interrogé-je, la voix cassée - Tu le vois bien, grogne-t-il en passant sa main sur sa jambe métallique. Je ne suis pas intact. - Personne ne l'est, protesté-je. - Mais pas les dieux, insiste-t-il.
Liv Stone (Insoumise Méroé (Witch and God, #3))
Juce sam grejao telom jednog kretena sto smo se sto puta pobili. Lezi ispred neke zgrade, ceka da ga neko pusti unutra. A niko ga ne pusta. Lose izgleda, zlokobno, i to ljudi ne vole. A dok sam ga grejao, sve mi se razjasnilo, Nezna dusa, nego ga je zivot naucio da nikom ne veruje, i da samo grize. To uopste nije do njega, njemu je tako objasnjeno. NIkad lepa rec, nikad neznost, samo kamenje i sutiranje. Pa on ne zna drugo nego da mrzi. Dok sam ga grejao, tako me je pogledao da mi je bilo lose njegove dobrote. Leti je lako, leti svaka budala moze da prezivi na ulici. Zimi je horor. Zima ne prasta. Zima sahranjuje na svakih 15 minuta. Zima cedi psa polako, i kad mu dodje sudnji cas, on mucenik i jedva ceka da poveca brojno stnje s one druge strane zivota. Hocu da vam kazem, leti nas lovite, gadjajte, ne dajte nam nista, ali zimi, zima je vreme za primirj, ako se radi o dostojanstvenom svetu. Pa koji je to fazon da se ne pustaju psi u zgrade? Sta smeta da se prespava na nekom otiracu. PSeci zivot je isto zivot , jos jedna dusa na planeti. Ako imate neko cebe koje vam ne treba, bacite ga negde, pored nekog drveta, u neki cosak, negde gde ne smeta, i neka pseca dusa ce ga naci, i to ce joj spasiti zivot, da imate preko leta s kim da se proganjate. Ja znam jednog tipa iz starog kraja, jednog drkadziju, zivi na cetvrtom spratu tog jednog solitera i nervira ga jedna kucka sto zivi tu izmedju zgrada. Ona laje izmedju pet i sest ujutru, uvek. On je cesto cuje i fantazira o tome da ima snajper i da joj prosvira mozak, samo da ucuti. I leti i zimi. I leti je ne konstatuje kad je vid, osim sto je nekag opsuje i kaze joj - Glupaco- Ali, zimi, zimi je pusa u zgradu i od kad se odselila ona komsinica sto je natovila jednom kao prase, on joj i hranu donosi. Covek drkadzija, ali kad dodje do Zenevske konvencije, nemam mu ravnog, postuje neprijatelja kao svog rodjenog. A nije strasno ni ako se ostave ostaci od rucka negde. Ako vam se ne svidja bas pored vase kuce, odnesite ih negde dalje, negde gde nema nicije kuce, kad krenete ko zna na koje toplo mesto na koje vec idete. Ostavite, pojesce neko i zato ce preziveti. A ako nekoga spasete sa ulice ove zime, ako ga primite u kucu, ako pocne da zivi sa vama, redefinisace vam se pojmovi zahvalnosti i odanosti. Shvaticete da za ljubav nisu potrebne reci, da su dovoljni pogledi, pokreti, uzdasi ili obicno njuskanje. Uzmite nekog smrznutog psa u kucu, bar dok ne prodje zima, da vam pomogne da se snadjete u ovom bezdusnom svetu.
Ivan Tokin
Accroche-toi à tes rêves et fonce. Ne lâche pas. Remonte mille fois la montagne s'il le faut, puisque tu es si sûre que c'est de l'autre côté que tu dois aller. Peut-être que ce sera de l'autre côté de l'autre côté, derrière la montagne qui se trouve derrière la montagne. Qu'importe. Ne lâche pas, c'est là-bas que poussent tes rêves, sur le fil de l'horizon. Tu as peur ? Alors crie, hurle, chante à tue-tête. Va chercher cette gorgée d'air qui te manque. Ce feu qui te dévore, qui court dans tes veines, tu le sens ? Cette énergie qui couve en toi, cette impatience dans chacun de tes gestes ? Bien sûr que tu le sens. Accepte ce feu. Fais-en ton moteur.
Manon Fargetton (À quoi rêvent les étoiles)
On raconte donc qu'il y avait dans un village un paysan. Un beau jour, ledit paysan s'en va dans son champ semer du maïs. Pendant qu'il semait, vient à passer par là le Christ flanqué de Saint-Pierre. Mieux aurait valu que le Christ passât son chemin sans s'arrêter ! « – Que sèmes-tu là-bas, brave homme ? demanda-t-il au paysan. – Ben, j'sème des pines ! lui répondit celui-ci avec outrecuidance. – Tu as bien dit : des pines ? Dieu fasse donc que tu récoltes alors des pines ! » dit le Christ en bénissant des deux mains les semailles et en passant son chemin. Et il s'en alla avec Saint-Pierre, lequel n'arrêtait pas de s'étonner des paroles prononcées par le Christ, car jamais le seigneur n'avait eu un langage aussi cru. Le paysan, une fois la besogne terminée, rentra chez lui. 
Ion Creangă
« Je ne veux pas continuer ! Tu ne comprends donc pas ? Personne en ce monde ne veut donc le comprendre, maudits ? Suis-je le seul à être hanté ? » Un trémolo furieux modula son timbre. « Tout ce que j'ai fait – tout ce que j'étais – tout ce que je suis, c'est à cause de lui. Il était déjà quelqu'un avant moi. Je ne suis personne sans lui. J'en ai marre de vivre sans lui à mes côtés. Il m'a délaissé au profit de ce livre et, par le Saint, je lui en veut profondément. Je lui en veux chaque minute de chaque jour. » Sa voie se brisa. « Vous, les Lasians, vous croyez en la vie après la mort, n'est-ce-pas ? » Laya le considéra. « Certains d'entre nous, oui. L'Vergé des divinités, confirma-t-elle. Il t'attend p'têt là-bas. Ou à la Grande Table du Saint. Ou p'têt qu'il est nulle part. Quoi qu'il en soit, toi, t'es encore là. Et c'est pas sans raison. » Elle porta une main cailleuse à sa joue. « T'as un fantôme, Niclays, N'en devient pas un toi-même. »
Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree (The Roots of Chaos, #1))
- Toi et ta grande cause... (Ignorant le troubadour, le sorceleur avança en titubant.) Ta grande cause, Filippa, et ton choix, c'est un blessé, poignardé de sang-froid, quand il a eu fini d'avouer ce que tu voulais savoir et qu'il m'était interdit de connaître. Ta grande cause, ce sont tous ces cadavres qui n'auraient pas dû être... Pardon, je me suis mal exprimé... Ce ne sont pas des cadavres... mais des causes de moindre importance ! - Je savais que tu ne comprendrais pas. - Non, en effet. Et je ne le comprendrai jamais. Mais je sais ce qu'il en est. Vos grandes affaires, vos guerres, votre combat pour sauver le monde... Votre fin qui justifie vos moyens... Tends l'oreille, Filippa. Tu entends ces voix, ces cris ? Ce sont de gros chats qui luttent pour une grande cause. Un règne absolu sur un tas d'ordures. Ce n'est pas rien, là-bas, on fait couler du sang et on s'étripe. Là-bas, c'est la guerre. Mais ces deux guerres, celle des chats et la tienne, m'importent incroyablement peu !
Andrzej Sapkowski (Krew elfów (Saga o Wiedźminie, #1))
Papa-bobo précipité avec inquiétude sur mon genou saignant, qui va chercher les médicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bête qu'elle", dit-elle. Toujours prêt à m'emmener à la foire, aux films de Fernandel, à me fabriquer une paire d'échasses et à m'initier à l'argot d'avant la guerre, pépédéristal et autres cezigue pâteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire à l'école et m'attendre midi et soir, le vélo à la main, un peu à l'écart de la cohue des mères, les jambes de son pantalon resserrées en bas par des pinces en fer. Affolé par le moindre retard. Après, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un père déjà vieux émerveillé d'avoir une fille. Lumière jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tête baissée à cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend à enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans réplique, grandes gueules domestiques, héros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai été la fille de cet homme-là.
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
Le Roi des Aulnes Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent ? C'est le père avec son enfant ; Il serre le petit garçon dans son bras, Il le serre bien, il lui tient chaud. « Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage ? — Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ? Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne ? — Mon fils, c'est un banc de brouillard. — Cher enfant, viens, pars avec moi ! Je jouerai à de très beaux jeux avec toi, Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage, Et ma mère possède de nombreux habits d'or. — Mon père, mon père, et n'entends-tu pas, Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse ? — Sois calme, reste calme, mon enfant ! C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes. — Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ? Mes filles s'occuperont bien de toi Mes filles mèneront la ronde toute la nuit, Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses. — Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ? — Mon fils, mon fils, je vois bien : Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris. — Je t'aime, ton joli visage me charme, Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force. — Mon père, mon père, maintenant il m'empoigne ! Le Roi des Aulnes m'a fait mal ! » Le père frissonne d'horreur, il galope à vive allure, Il tient dans ses bras l'enfant gémissant, Il arrive à grand-peine à son port ; Dans ses bras l'enfant était mort.
Charles Nodier
FOLCO : "Socialisme" et "communisme" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rêve à laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans même y réfléchir ? TIZIANO : L'idée du socialisme était simple : créer une société dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrôler les moyens de production, moyens avec lesquels ils réduisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher à ta guise, tu peu même embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit énorme, qui n'est pas dû uniquement à ton travail, mais également au travail de ces personnes-là. Alors, si les travailleurs participent déjà à l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser coposséder l'usine ? La société est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de résoudre ces injustices ? Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empêcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallée, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive également chez celui qui se trouve en bas ? Le socialisme, c'est l'idée d'une société dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a été fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlève quelque chose aux autres et ne sert à rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, même en Italie ! Toute cette accumulation, à quoi sert-elle ? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert à se construire un yacht, une gigantesque villa à la mer. Souvent, tout cet argent n'est même pas recyclé dans le système qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de là qu'est née l'idée du socialisme. FOLCO : Et le communisme ? Quelle est la différence entre le socialisme et le communisme ? TIZIANO : Le communisme a essayé d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en créant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrôle. Dès cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence à mettre en place une police qui contrôle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde à aller au travail à huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)
Tiziano Terzani (La fine è il mio inizio)
Wilhelm, on deviendrait furieux de voir qu’il y ait des hommes incapables de goûter et de sentir le peu de biens qui ont encore quelque valeur sur la terre. Tu connais les noyers sous lesquels je me .suis assis avec Charlotte, à St…, chez le bon pasteur, ces magnifiques noyers, qui, Dieu le sait, me remplissaient toujours d’une joie calme et profonde. Quelle paix, quelle fraîcheur ils répandaient sur le presbytère ! Que les rameaux étaient majestueux ! Et le souvenir enfin des vénérables pasteurs qui les avaient plantés, tant d’années auparavant !… Le maître d’école nous a dit souvent le nom de l’un d’eux, qu’il avait appris de son grand-père. Ce fut sans doute un homme vertueux, et, sous ces arbres, sa mémoire me fut toujours sacrée. Eh bien, le maître d’école avait hier les larmes aux yeux, comme nous parlions ensemble de ce qu’on les avait abattus. Abattus ! j’en suis furieux, je pourrais tuer le chien qui a porté le premier coup de hache. Moi, qui serais capable de prendre le deuil, si, d’une couple d’arbres tels que ceux-là, qui auraient existé dans ma cour, l’un venait à mourir de vieillesse, il faut que je voie une chose pareille !… Cher Wilhelm, il y a cependant une compensation. Chose admirable que l’humanité ! Tout le village murmure, et j’espère que la femme du pasteur s’apercevra au beurre, aux œufs et autres marques d’amitié, de la blessure qu’elle a faite à sa paroisse. Car c’est elle, la femme du nouveau pasteur (notre vieux est mort), une personne sèche, maladive, qui fait bien de ne prendre au monde aucun intérêt, attendu que personne n’en prend à elle. Une folle, qui se pique d’être savante ; qui se mêle de l’étude du canon ; qui travaille énormément à la nouvelle réformation morale et critique du christianisme ; à qui les rêveries de Lavater font lever les épaules ; dont la santé est tout à fait délabrée, et qui ne goûte, par conséquent, aucune joie sur la terre de Dieu ! Une pareille créature était seule capable de faire abattre mes noyers. Vois-tu, je n’en reviens pas. Figure-toi que les feuilles tombées lui rendent la cour humide et malpropre ; les arbres interceptent le jour à madame, et, quand les noix sont mûres, les enfants y jettent des pierres, et cela lui donne sur les nerfs, la trouble dans ses profondes méditations, lorsqu’elle pèse et met en parallèle Kennikot, Semler et Michaëlis. Quand j’ai vu les gens du village, surtout les vieux, si mécontents, je leur ai dit : « Pourquoi l’avez-vous souffert ?— A la campagne, m’ontils répondu, quand le maire veut quelque chose, que peut-on /aire ? * Mais voici une bonne aventure. : le- pasteur espérait aussi tirer quelque avantage des caprices de sa femme, qui d’ordinaire ne rendent pas sa soupe plus grasse, et il croyait partager le produit avec le maire ; la chambre des domaines en fut avertie et dit : « A moi, s’il vous plaît ! » car elle avait d’anciennes prétentions sur la partie du presbytère où les arbres étaient plantés, et elle les a vendus aux enchères. Ils sont à bas ! Oh ! si j’étais prince, la femme du pasteur, le maire, la chambre des domaines, apprendraient…. Prince !… Eh ! si j’étais prince, que m’importeraient les arbres de mon pays ?
Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
Les deux femmes, vêtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sœur, elles jetèrent dessus des fleurs et de l’eau bénite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeâtre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumèrent deux petites bougies qui étaient sur la table de nuit, s’agenouillèrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien… Lélia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillé, la tête sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me déchirant l’âme avec des prières et des vœux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indécises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, à une place, une forme ronde qui devait être La tête, et plus bas une autre qui semblait être les pieds. Je croyais, moi, pauvre naïf enfant, je croyais que la prière pouvait rendre la vie à un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passée à prier sur un cadavre, à pleurer, à vouloir faire renaître le néant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, à la lueur de deux cierges mortuaires, entouré de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vénales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scène de désespoir et de deuil vous remplit le cœur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de désespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença à paraître, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient à mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissèrent seul. Je courus après elles, et me traînant à leurs pieds, m’attachant à leurs vêtements : — Ma sœur ! leur dis-je, eh bien, ma sœur ! oui, Lélia ! où est-elle ? Elles me regardèrent étonnées. — Ma sœur ! vous m’avez dit de prier, j’ai prié pour qu’elle revienne, vous m’avez trompé ! — Mais c’était pour son âme ! Son âme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlé de Dieu, jamais de l’âme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eût demandé ce qu’il était, eh bien, j’aurais pris La linotte de Lélia, et, lui brisant la tête entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’âme ? l’âme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allèrent sans me répondre. Son âme ! eh bien, elles m’ont trompé, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était Lélia, Lélia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sœur aux grands yeux bleus, Lélia qui m’embrassait le soir après sa poupée, après son mouton chéri, après sa linotte. Pauvre sœur ! c’était toi que je demandais à grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me répondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as prié non pour elle, mais tu as prié pour son âme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue étrangère ; tu as prié pour un souffle, pour un mot, pour le néant, pour son âme enfin ! » Son âme, son âme, je la méprise, son âme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait à moi, son âme ? savez-vous ce que c’est que son âme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompé, eh bien, je les ai maudites. Cette malédiction est retombée sur moi, philosophe imbécile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire à une âme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au Prométhée d’Eschyle, je brave les coups et que je méprise trop pour blasphémer.
Gustave Flaubert (La dernière heure : Conte philosophique inachevé)
Tu mourus plein d’espoir dans ta route infinie, Et te souciant peu de laisser ici-bas Des larmes et du sang aux traces de tes pas. Plus vaste que le ciel et plus grand que la vie, Tu perdis ta beauté, ta gloire et ton génie Pour un être impossible, et qui n’existait pas.
Alfred de Musset (Premières Poésies: 1829-1835)
L'aube venait et l'on s'est dit : "Qu'est-ce que c'est ça qui nous arrive là ?" Des hommes en file sur le rouge du ciel, des hommes chargés de caisses et de paquets. Ils ont tout quitté dans l'herbe ; on s'est levé, on est allé voir. Il y a des cartouches, des grenades, du chocolat, du camembert, de grands couteaux de boucherie et voilà le retardataire qui vient là-bas avec ses seaux d'alcool truqué. Olivier a regardé Daniel. — Ça y est encore !... — Seulement, voilà, a dit Daniel : cette fois, ça n'est plus comme d'habitude. On est là en plein dans le champ. Depuis hier, on marche en tirailleurs. Pas un seul n'a l'air de savoir. Le commandant est venu ; il a parlé avec le capitaine et les lieutenants : "Où va-t-on ?" lui a demandé le capitaine. Il a fait comme ça des bras pour dire : "Je ne sais pas." Et puis il a dit : "Non, on ne sait rien. On ne sait pas où ça va se produire. On nous emploiera là où ça sera utile et ça, on ne peut savoir où." Alors, tu vois, ça n'a pas l'air d'être une attaque. On est plutôt des poignées de mortier et là où ça craquera on nous écrasera dessus la fente pour boucher.
Jean Giono (Refus d'obéissance)
Bas kar tu karam apna, ki mehnat ka fal tera adhikar ban jaye.
Sumedha Mahajan (MILES TO RUN BEFORE I SLEEP: HOW AN ORDINARY WOMAN RAN AN EXTRAORDINARY DISTANCE)
Ambrosius arrêta son interlocuteur d’un geste agacé.« As-tu déjà contemplé Rome de tes propres yeux ? L’un d’entre vous a-t-il même jamais approché la Ville ? D’ici, à vous entendre, vous l’imaginez comme une cité céleste toute de marbre, mais en réalité il n’y a plus que des ruines là-bas, tenant tout juste debout. Si par habitude l’on y entretient encore quelques palais, tant bien que mal, et qu’on les empêche de s’effondrer une fois pour toutes, les grands édifices du temps de sa splendeur blanchissent peu à peu tels des os laissés au soleil. Les maisons où l’on vit encore sont comme les vôtres, bâties de chaux et de torchis, ou de brique pour les plus luxueuses. Tout au plus plaque-t-on parfois un stuc sur leurs façades et leurs murs en espérant vainement faire illusion. Il ne subsiste de Rome qu’un fantôme s’accrochant aux marais des miasmes desquels elle avait jailli plus d’un millénaire auparavant.
Alex Nikolavitch (Trois coracles cinglaient vers le couchant)
la plupart de ce qui s'écrit de nos jours a fermenté dans des cerveaux qui n'ont jamais été aérés la plupart de ce qui s'écrit a proliféré dans des têtes engorgées la plupart de ce qui s'écrit a germé sous une pelote de nerfs que l'habitude a ramollis il n'y a plus de livres il n'y a que des berceuses et quand tu tournes les pages c'est le lait aigre la suerie des vieilles nounous qui te prennent à la gorge et t'asphyxient dit mon ami l'Homme célèbre pour qui le seul art qui vaille la peine d'être cultivé est l'art d'en rajouter c'est ce que nous faisons lui et moi quand le moral est au plus bas (p. 125)
Linda Lê (Les dits d'un idiot)
Hélène les a détestés pour ce scepticisme de gagne-petit, leur philosophie d'éternels baisés qui mue la modestie en vertu, le larbinat en sagesse, l'ambition en arrogance. Hélène, elle, veut tout ! Mais ces facilités les inquiètent. Ils sont pris dans cette tenaille des parents qui encouragent leurs gosses et sentent bien que chaque pas accompli les laisse un peu plus loin derrière. Sur le quai de la gare, ils voient le train rapetisser au loin, et prendre de la vitesse. Parfois, c'est plus fort qu'elle, Mireille a envie de mettre un coup d'arrêt à cette épouvantable accélération. Quand Hélène étale sa science, les reprend sur la prononciation d'un mot […] sans parler de l'anglais, la gosse se foutant carrément de leur gueule quand ils s'aventurent à prononcer Dirty Dancing ou Star Wars), quand elle leur coupe la parole, fait sa maligne en citant Jean-Paul Sartre à table ou qu'elle lit Virginia Woolf dans le salon, la mère s'emporte. Pour qui tu te prends ? Tu crois que les gens vraiment intelligents méprisent leurs parents? Hélène assure que ça n'a rien à voir. Elle aime simplement la vérité, l'exactitude, se cultiver et elle a bien le droit de s'exprimer. Mais l'adolescente se défend mal. À chaque fois qu'elle crache sa supériorité au visage des siens, le bas de son visage a quelque chose d'odieux, le menton piqué, la bouche dédaigneuse. Ces épisodes finissent souvent par des larmes, la porte de sa chambre qui claque. Trahir est une vilaine besogne.
Nicolas Mathieu (Connemara)
C'était la première fois depuis que mon fils avait entrepris son voyage vers la vie à travers mon corps que j'écartais les jambes pour quelqu'un d'autre. Cette première fois a semblé incroyablement jouissive pour Ted, alors que pour moi, elle s'est révélée éprouvante et incertaine. Ma vulve était distendue et j'ai dû prendre appui sur mes jambes pour contraindre l'endroit qui l'enveloppait à se contracter en un fourreau étroit et agréable. Mais c'était encore trop large, dilaté, sensible, et lui, débordé par un désir brutal qui ne correspondait pas au mien, s'est abandonné avec un cri sauvage, ses membres lourds se sont contractés et il s'est vidé en moi en bramant vers le plafond pendant que je regardais Nick tressaillir sans se réveiller pour autant. Il avait donc joui sans moi, sans m'attendre, sans que je fasse le moindre bruit, sans un échange de regards. Il m'a embrassé sur la bouche, l'air désespéré. - Ah putain, ce que tu est bonne, Sylvia. Ah, j'en avais besoin. C'est la meilleure chose qui soit arrivée depuis longtemps. Waouh, Pussy, tu es de retour. J'ai fait un petit bruit, j'ai renfilé ma chemise de nuit. J'étais encore canon, juste un peu ramollie du ventre, ramollie du bas, mais ça allait se resserrer, je le savais, encore un petit moment et je serais complètement reconstituée.
Elin Cullhed (Euforia. Um romance sobre Sylvia Plath)
TU Zindagi mein meri bas tu hi tu hai, Har khwab mein meri bas tu hi tu hai. Har saans mein jo bas gaya hai khushbu banke, Us mehka hua jahan mein bas tu hi tu hai. Mere labon pe tera zikr sada hai, Mere har qissa-e-gham mein bas tu hi tu hai. Chaand ke saath jo guftagu karun raaton mein, Wahan bhi mere lafzon mein bas tu hi tu hai. Jahan nazar uthaoon, tera chehra dikhta hai, Har manzar ke rangon mein bas tu hi tu hai. Zindagi mein meri bas tu hi tu hai, Har khwab mein meri bas tu hi tu hai.
Janid Kashmiri
Au fond, ce que j'aimais, c'était ce secret, cette douleur. Et la honte. Cette espèce de... dégradation. Comme quand on picole, tu vois? On savoure chaque gorgée et en même temps, on sait qu'on est en train de se détruire, de tomber un peu plus bas à chaque verre.
Jean-Christophe Grangé (Le Serment des limbes)
J'ai connu et connais encore un tres grand nombre de gens ages, orgeilleux,pleins d'assurance, abrupts dans leur jugements, qui, si dans l'autre monde on leur pose la question :"qu'est ce qu tu fais la-bas?" ne seront pas en etat de repondre autre chose que :"je fus un homme tres comme il faut
Leo Tolstoy (Jeunesse)
Tu le sentais, toi aussi, qu’on n’en pouvait plus, qu’on ne pouvait plus avancer. Qu’on allait mourir là-bas dans le désert. Ou finir par s’entre-déchirer, par se haïr.
Christophe Tison (Les Amants Ne Se Rencontrent Nulle Part)
Tu as eu le courage de t'en aller : maintenant nous comptons sur toi. Il faut que tu fasses savoir là-bas que nous existons et à quel prix nous survivons, qu'il ne faut pas qu'on nous oublie... (p. 14)
Anca Visdéi (L'Avant-scène théâtre, N° 1086 : Puck en Roumanie)
Cendrillon Ô mon intime amour, timide Cendrillon Qui chante dans mon âme au cri-cri du grillon, Seule près du foyer désert ! quand par le monde Les passions, tes sœurs, mènent leur folle ronde, J'entends fluer le bruit tournant de ton fuseau Comme un gazouillement d'onde autour du roseau. Dans l'ombre que ta robe en haillons illumine, Ta quenouille s'appuie au creux de ta poitrine, Tu prends la cendre et l'or épars dans tes cheveux Pour les mêler au fil de ton travail frileux ; Le froid ne te fait rien ni l'obscure demeure, Car, lorsque le clocher s'émeut et te dit l'heure, Ta marraine la fée apparaît sur le seuil ; Tu dépouilles alors tes vêtements de deuil, Et par ton doux désir tendrement poursuivie Tu marches dans la fête et l'ardeur de la Vie. Mignonne ! Il est minuit, de grâce, hâte-toi ! Car il t'attend là-bas, le pâle fils du roi, Il s'accoude au balcon de son palais de songe Pour voir venir vers lui le radieux mensonge, Ton char aérien et tes frêles coursiers, Et, tel un rais de lune au front bleu des glaciers, Le frisson de ta robe où la neige se joue. L'attente de l'aurore attriste un peu ta joue, Et, comme un noble amour qui souffre d'être humain, Ta grâce sait cacher la crainte du destin. Ô ma Cendrillon, cours vers la fête rapide, Ris de voir scintiller ta parure évanide, Et tourne sous les yeux des passions, tes sœurs ! Toi qui flottes en moi par les soirs oppresseurs, Belle création de mon âme enfantine, Symbole dont le sens à m'enivrer s'obstine, Rien ne t'empêchera d'être reine et d'aimer. Quand les étoiles sont au céleste verger Comme des fruits pendus à d'invisibles branches, Tu passes dans l'air noir avec des robes blanches.
Elena Văcărescu (Cîntec Românesc)
La trace ontologique du couteau Je ne suis qu’un homme arpentant les Pierres du Nord sous une étoile stérile. Je respire le même air que les bêtes sauvages, l’air qu’exhalent le jabot des oiseaux, la puanteur des marais, les restes de charognes. Toi seul n’es pas pourri, mon couteau, sur lequel s’est posée la main de mon grand-père Dumitru sculpteur de croix ; la main de mon père Georges, puisatier. Tu as l’éclat de la louve qui vient de mettre bas seule dans le hallier. On peut te poser sur la gorge du tyran, sur la gorge du vagabond, sur la gorge du frère. La louve s’agenouille prend entre ses dents chacun de ses petits et l’emmène au creux de sa tanière. Puis elle les lèche de sa langue rêche. Ah, tu passes de père en fils sur les lits de mort, mon couteau ! Fou qui te reçoit en héritage, fou qui ne te lègue ! Tout comme moi – fou sur les Pierres du Nord qui écrit dans la nuit stérile. Chaque lettre gonflée d’effroi laisse une « trace ontologique » comme la traînée humide de l’escargot sur les pierres. Délicatement je prends chaque lettre et la dépose dans le mot suivant qui ne tremble pas, qui ne bégaye pas de trouille, comme la louve prend ses petits entre ses dents. Le couteau des lettres ne laisse rien pourrir.
George Vulturescu
On raconte donc qu'il y avait dans un village un paysan. Un beau jour, ledit paysan s'en va dans son champ semer du maïs. Pendant qu'il semait, vient à passer par là le Christ flanqué de Saint-Pierre. Mieux aurait valu que le Christ passât son chemin sans s'arrêter ! « – Que sèmes-tu là-bas, brave homme ? demanda-t-il au paysan. – Ben, j'sème des pines ! lui répondit celui-ci avec outrecuidance. – Tu as bien dit : des pines ? Dieu fasse donc que tu récoltes alors des pines ! » dit le Christ en bénissant des deux mains les semailles et en passant son chemin. Et il s'en alla avec Saint-Pierre, lequel n'arrêtait pas de s'étonner des paroles prononcées par le Christ, car jamais le seigneur n'avait eu un langage aussi cru. Le paysan, une fois la besogne terminée, rentra chez lui.
Ion Creangă (Histoire des histoires ou histoire d'une pine et Histoire des histoires vue par la génération 80)
Je veux te parler des longues heures de queue qu'on faisait ensemble, en sortant du travail, après t'avoir récupérée à la crèche. Les longues files d'attente debout, avec toi dans les bras, ces queues larges qui ressemblaient plutôt à des manifestations, stagnant devant les magasins alimentaires fermés, en attendant l'ouverture. On se battait pour être parmi les premiers, car il n'y avait jamais assez pour tout le monde, et ceux qui formaient la queue de la queue partaient à coup sûr la queue entre les jambes. Mais ils restaient quand même, croyant, espérant un miracle. Pouvait-on se permettre de laisser passer une chance, aussi petite soit-elle? Tiens, je me rappelle d'une queue particulièrement longue, une queue que j'ai quittée en pleurant. Tu avais deux, trois ans. J'avais les règles et un mal au ventre et aux reins terrible. Il me tardait de rentrer à la maison, me doucher et m'allonger un peu. Mais en descendant du bus, j'ai vu des gens se ruer à travers la place, vers le côté opposé du centre-ville. Ventre ou pas ventre, j'ai suivi la foule en courant, toi dans les bras. Il fallait toujours, toujours, suivre une foule en déplacement au pas de charge, car personne ne courait pour rien, là-bas. C'est seulement ici, en France, que j'ai vu des gens courir pour rien: ils font du footing, pour ne pas être trop gros. Là-bas, on courait pour ne pas être trop maigre. Là-bas, ça se passait comme ça: je ne saurai jamais comment, quelqu'un arrivait à avoir une formation (fondée ou non), et il donnait l'alerte: « ils vont vendre des œufs à tel endroit », ou du fromage, ou des poulets, (ça, les poulets, c'était plus rare et la plupart du temps une chimère). Ou du dentifrice, ou du papier cul. Tout était bon à prendre car on ne pouvait pas savoir quand un autre arrivage viendrait.
Cristina Andreescu (Du communisme au capitalisme Lettre à ma fille (French Edition))
si tu lèches le sable d'un pays étranger quand tu arrives là-bas en visite tu repousse ses mauvais génies et tourments
Breyten Breytenbach (Feu froid)
Si ton empereur viole la constitution du Brabant, ses sujets ne lui doivent plus obéissance. Toi brabançons qui, pour la plus grande gloire des Pays-Bas méridionaux, as la chance de vivre sous la constitution brabançonne, tu les perdras!
Henri van der Noot
La sorcière a un imperceptible mouvement de recul. — Qui es-tu ? demande-t-elle d’une voix métallique. — Personne, réponds-je froidement. Un bras épais s’enroule autour de ma taille et me ramène en arrière, le dos plaqué contre le torse de Calek. Mon souffle se coupe sous le choc. — Notre animal de compagnie, dit-il d’une voix dure. Une de ses mains repose sur mon ventre, l’autre me bâillonne. Même si ses mots ne me plaisent pas, ils me protègent en me présentant comme une créature négligeable. Je ravale ma fierté et me laisse aller contre le corps chaud et dur de l’ours. La main qui me réduisait au silence glisse sur ma gorge en un geste possessif. — Vraiment ? insiste la sorcière. Elle ne peut pas vous suffire. Je suis disposée à jouer avec vous, moi aussi… Elle se lèche les lèvres en matant ostensiblement les trois mâles nus, son attention focalisée nettement plus bas que leur visage. Ma louve recommence à grogner. — Elle est à nous, et nous n’avons besoin de personne d’autre, confirme Asher qui vient s’interposer. Il fixe durement la sorcière, son large corps venant me dissimuler à sa vue. La paume de Calek reste sur mon estomac, sage et rassurante, même si je ne peux ignorer la nature imposante de ce qui se tend contre mes fesses. Danger et sensualité, le mélange préféré des loups.
Anna Briac (L'Appel des Ombres)
- Tu peux soit mourir cette nuit, soit offrir ta vie à Prythian en abandonnant le royaume des mortels pour aller vivre là-bas. - Pars Feyre, chuchota mon père. Pars pour Prythian.
Sarah J. Maas, A Court of Thorns and Roses
Poème de Ion Barbu, « adapté » en français par Guillevic, suivi de l’original : Humanisation De glace, ton château que j’ai connu, Pensée ; Sous tes tristes arcades j’ai longtemps erré, Avide de reflets nouveaux, mais pas un seul, Dans ces vitraux éteints que tu caches, ne parle ; Ensuite j’ai quitté ta polaire grandeur Et vers le sud, sa chaude terre, j’ai marché Et sous un bouquet d’arbres, vers le soir, Mon sentier, que surprit une ombre, s’arrêta. Et c’est dans ce bosquet sauvage, au crépuscule, Que je te vis sous des figures inconnues, Comme tu n’étais pas dans ce bourg froid, là-bas, Musique de la forme en son vol, Eurythmie. Sous les arbres en fleurs, sous mon œil étonné, Résorbée dans les sons, les lignes, les couleurs, Te voici dans les choses, comme, dans le mythe, Le divin s’épancha dans la précaire argile. Oh ! que toute mon âme aurait alors voulu Se dilater avec le cercle de tes ondes, Fendre avec lui l’espace et, large, centuplée, Sentir comme elle vibre en d’innombrables mondes ! Et dans le soir venu regardant vers le Nord, À l’heure de la pénombre à l’horizon décroît, Où le soir fait durer un accord somnolent, J’ai cru voir que fondait le dôme fait de glace. * Umanizare Castelul tău de ghiață l-am cunoscut, Gândire: Sub tristele-i arcade mult timp am rătăcit De noi răsfringeri dornic, dar nicio oglindire, În stinsele cristale ce-ascunzi, nu mi-a vorbit; Am părăsit în urmă grandoarea ta polară Și-am mers, și-am mers spre caldul pământ de miazăzi, Și sub un pâlc de arbori stufoși, în fapt de seară, Cărarea mea, surprinsă de umbră, se opri. Sub acel pâlc de arbori sălbateci, în amurg Mi-ai apărut - sub chipuri necunoscute mie, Cum nu erai acolo, în frigurosul burg, Tu, muzică a formei în zbor, Euritmie! Sub înfloriții arbori, sub ochiul meu uimit, Te-ai resorbit în sunet, în linie, culoare, Te-ai revărsat în lucruri, cum în eternul mit Se revărsa divinul în luturi pieritoare. O, cum întregul suflet, al meu, ar fi voit Cu cercul undei tale prelungi să se dilate, Să spintece văzduhul și - larg și înmiit - Să simtă că vibrează în lumi nenumărate... Și-n acel fapt de seară, uitindu-mă spre Nord, În ceasul când penumbra la orizont descrește Iar seara întârzie un somnolent acord, Mi s-a părut că domul de ghiață se topește. Sburătorul, 12 iunie 1920
Ion Barbu
Le plus terrifiant dans la mort, ce n’est pas l’incertitude, c’est de savoir qu’on disparaît aux yeux du monde. Alors, permets-moi d’exister aux tiens : ne m’oublie pas. Malgré toutes tes existences passées et tes vies futures, malgré les aléas de tes incroyables aventures, de ton passé tragique et de ton avenir secret, de tes tribulations entre ici et là-bas, malgré tous les destins croisés et les personnalités qui auront marquées ton quotidien, rappelle-toi de la fillette que tu fascinais tant et de la femme qui a été ton alliée, ta confidente et ton amie durant ces derniers jours.
Cameron Valciano (Tant que vole la poussière)
— Attends, je t’avoue mes sentiments et tu me rejettes ? — Micka, je ne vais pas inventer des sentiments qui n’existent pas ! Lâche-moi maintenant, je dois retourner à l’intérieur ! — Tu me céderas, crois-moi ! Tu deviendras mienne ! — Je te conseille de me lâcher avant de te prendre un coup de pied ! — Je suis entraîné à recevoir n’importe quel coup, même bas ! — Lâche-moi ! Un toussotement fait reculer Micka de la jeune femme. — Je crois que tu devrais reprendre ton poste immédiatement ! — Oui, Darren, j’y vais ! Micka regarde Hope. — Je n’en ai pas fini avec toi !
Lola Blood (La Saga des Wingleton - Tome 2: Darren (French Edition))
- Comment réussiras-tu à vivre bien là-bas sans bien connaître le conditionnel et le subjonctif? Je ne répondais pas. Je les trouvais moins difficiles à apprendres que le savoir-faire de nos ancêtres.
Ying Chen (Les Lettres Chinoises)
Plus tu interagiras avec le monde extérieur, mieux tu arriveras à diminuer tes angoisses. Tu constateras qu’elles sont sans fondement. Il règne une grande agitation là-bas dehors, le monde est bariolé, et la plupart des gens ont la capacité de concentration d’un moucheron. Ils ont déjà oublié ce qui s’est passé. L’incident leur est sorti de l’esprit. Tu ne crois pas qu’il s’en est produit bien d’autres depuis ?
Sophie Kinsella (Finding Audrey)
Lungi dal proprio ramo, Povera foglia frale, Dove vai tu? – Dal faggio Là dov’io nacqui, mi divise il vento. Esso, tornando, a volo Dal bosco alla campagna, Dalla valle mi porta alla montagna. Seco perpetuamente Vo pellegrina, e tutto l’altro ignoro. Vo dove ogni altra cosa, Dove naturalmente Va la foglia di rosa, E la foglia d’alloro. Si loin de ton rameau, Pauvre feuille fragile, Où vas-tu ? - De ce hêtre, où je naquis, là-bas, le vent m'a déchirée ; De ce jour, dans son vol, Il m'entraîne en tournant Du bosquet vers les champs, et du val vers les monts. Avec lui, voyageuse, J'ignore tout sinon que je vais sans repos ; Je vais où vont les choses, Où naturellement Va la feuille de rose Et celle de l'ormeau.
Giacomo Leopardi (Canti)
Avec les copines, on voudrait que vous, les jeunes, vous ne soyez pas comme nous. Que vous puissiez comprendre votre corps et l'aimer, que vous soyez libres d'en faire ce que vous voulez. Alors, tu es partante pour essayer ? On va s'allonger sur les coussins, là, par terre, les unes à côté des autres. On va enlever le bas, le haut aussi, si on en a envie ! Si tu préfères, on peut tendre un tissu à côté de toi, pour t'isoler, tu peux aussi juste regarder les autres. Sens-toi vraiment libre, personne ne te jugera, ça a été parfois difficile pour certaines, au début.
Jessie Magana (Nos elles déployées)
Mais Turandot sort brusquement de son bistrot et, du bas des marches, il lui crie : "Eh petite, où vas-tu comme ça ?" Zazie ne lui rèpond pas, elle se contente d'allonger le pas.
Raymond Queneau (Zazie in the Metro)
Extraits du poème: Sagesse Quand là-bas, au Ghana, Obama refaçonne la Baule, De l’Afrique que font les africains ? Rappelle-toi le message de Senghor te disant : Pense par toi-même, pour toi-même ! De Mandela qui t’enseigne à devenir mieux que ce tu es,...
Abdou Karim GUEYE Poésie Comme un amas de pyramides inversées
-Il faut nous séparer, Nadiejda. -Jusqu'à un nouveau revoir. -Oui, là-bas. -Ou encore ici. Tu veux un tranquillisant ? -Non, je n'en ai pas besoin. Je ne sais pas encore ce que je ferai mais je suis calme. -Tu feras ce que te dira de faire le dieu auquel tu crois. -La meilleure solution, ce serait encore la fin du monde. Tendrement enlacés, nous irions au purgatoire en même temps que tous nos ennemis et amis. Avec comme bagages, une petite valise de sainteté et plusieurs wagons de péchés. -Oui, ce serait une bonne fin du monde, celle que l'humanité attend depuis cinq cent mille ans.
Tadeusz Konwicki (Mała apokalipsa)
Quand ils sont arrivés à la maison, ils étaient tous les deux sales et fatigués. La femme à tout faire était partie et leur avait laissé la marmite sur la gazinière. La soupe s’était figée en refroidissant. Il n’a plus eu envie de manger, il s’est allongé sur le lit et ses pensées tournaient dans sa tête exactement comme la roue de la voiture dans la fange. Il a revu la chambre dans laquelle il dormait et il apprenait durant son enfance et soudain elle lui sembla terriblement petite. Son père entra brusquement par la porte. – As-tu appris qui m’a balancé ? Il ne s’attendait pas à cette question. Il souleva le devant de son corps prenant appui sur ses coudes et le regarda clignant des yeux. La figure du père se constitua lentement devant lui. – Il portait le nom de code l’Ours, lui a-t-il dit. – D’accord, soit, mais as-tu appris quel est son véritable nom ? – Il y avait plusieurs noms là-bas. Petroviceanu, je crois. – Mouais, lui répondit le père en se dirigeant vers la porte. Tu es sûr de ne pas vouloir de la soupe ? – Non. Ou bien Petroveanu. Quelque chose dans ce genre. Son père s’arrêta de marcher et se retourna le visage vers lui. – Petroveanu était un type qui travaillait aux serres et c’était mon patient tandis qu’avec Petroviceanu j’ai été camarade au lycée. Il se rendit alors compte qu’il ne savait plus et précisément ce dont il craignait ne l’avait pas épargné. – Je ne sais plus, maintenant. J’ai lu des dizaines de pages hier et il y a n’a eu beaucoup qui ont donné des notes informatives sur toi et sur maman. Son père fronça les sourcils. – De toute façon, tu disais que cela ne t’intéresse guère. – Cela ne m’intéresse guère. Je t’ai juste demandé si tu as appris son nom. J’ai voulu vérifier si tu sais de qui tu dois te méfier. Ils se sont tu, tous les deux, pendant un instant, décontenancés. – Je vais me méfier de tous les deux, lui a répondu le fils. – Très bien, lui a répondu le père. Moi je vais me réchauffer une portion. Cette femme cuisine à merveille. Il lui a semblé qu’à ce moment-là il était devenu un peu plus joyeux. – Tu en es où avec le rhume ? lui a demandé le fils. – Toujours pareil, a répondu le père balayant de sa main en signe de lassitude. (fin de la nouvelle « Le Refroidissement », traduite du roumain par Gabrielle Danoux)
Augustin Cupşa (Marile bucurii și marile tristeți)
Ma mère, elle voulait que je n'aie jamais à me battre un jour avec une Roumaine diplômée pour avoir un travail, que la mêlée majeure de la moyenne des gens normaux ne m'absorbe jamais à sa périphérie figée, alors elle m'a offert la chose la plus précieuse qu'elle avait, ce à quoi elle attachait le plus de valeur et qui pouvait ouvrir la seule porte possible pour une fille comme moi à cette époque, des bouquins. Elle m'a dit : « Au pire, un jour tu pourras aller en Amérique, ils enseignent ça, là-bas, la littérature noire, ils sont pas arriérés comme ici. » (p. 46 édition POCKET)
Annie Lulu (La mer Noire dans les Grands Lacs)
J’ai bandé les yeux J'ai bandé les yeux aux arbres Avec un fichu de couleur verte Et je leur ai dit de me trouver Et ils m'ont trouvé immédiatement Avec un éclat de feuilles J'ai bandé les yeux aux oiseaux Avec un fichu de nuages Et je leur ai dit de me trouver Et ils m’ont trouvé avec une chanson J'ai bandé les yeux à la tristesse Avec un sourire Et la tristesse me trouva le lendemain Dans un amour J’ai bandé les yeux au soleil Avec mes nuits Et je lui ai dit de me trouver Tu es là-bas a dit le soleil Derrière ce temps Ne te cache plus, ne te cache plus M’ont dit toutes les choses Et tous les sentiments pour lesquels j'avais tenté de leur bander les yeux. (Traduit par Laurence Maman)
Marin Sorescu
La vérité c’est que… On ne croit pas aux âmes sœurs, toi et moi, reprend-elle. Il y a sans doute des milliers de combinaisons possibles. Sans quoi, l’adultère n’existerait pas. Tout le monde trouverait son âme sœur et la vie serait facile… Les relations couleraient de source. Mais en réalité, ça ne marche pas comme ça et ton histoire me l’a rappelé. Et… ça fait mal, tu vois ? Je n’aime pas l’idée que d’autres femmes puissent te rendre heureux. Je sais que c’est immature de ma part et que je suis descendue bien bas dans ma jalousie, mais… je veux juste être la seule et l’unique femme à tes yeux. J’ai envie d’être ton âme sœur, même si je n’y crois pas.
Colleen Hoover (Slammed (Slammed, #1))
Le reste ne nous intéresse plus. L'amour se sert des pires pièges. Des moins nobles. Des plus rares. Il exploite les coïncidences. N'a-t-il pas fallu qu'un gosse mît ses deux doigts dans la bouche pour en tirer un sifflement déchirant, juste à l'heure où mon âme était tendue à l'extrême, n'attendant plus que cette strideur pour se déchirer de bas en haut? Mais l'instant s'est-il rencontré qui fit s'aimer deux êtres jusqu'au sang? "Tu es un soleil apporté dans ma nuit. Ma nuit est un soleil apporté dans la tienne!" On se cogne du front. Debout et de loin, mon corps passe au travers du tien et le tien, de loin, au travers du mien. Nous créons le monde. Tout change... et le savoir!
Jean Genet (Notre Dame Des Fleurs.)
Repose en paix, chère Jeanne. Si ça se trouve, tu es déjà née ailleurs, dans une autre ville, de l’autre côté du monde. Il y a ta nouvelle famille autour de toi. On fête ta naissance. On te regarde, on t’embrasse, on te couvre de cadeaux, on dit que tu ressembles à ta mère, tandis qu’ici on te pleure. Et toi tu dors, tu te prépares pour une nouvelle vie avec tout à refaire, alors qu’ici tu es morte. Ici tu es un souvenir, là-bas l’avenir c’est toi.
Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs (French Edition))