â
OĂč sont les hommes?' reprit enfin le petit prince. 'On est un peu seul dans le dĂ©sert.'
'On est seul aussi chez les hommes', dit le serpent.
â
â
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
â
... c'est peut-ĂȘtre ça la vie : beaucoup de dĂ©sespoir mais aussi quelques moments de beautĂ© oĂč le temps n'est plus le mĂȘme. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthĂšses dans le temps, de supension, un ailleurs ici mĂȘme, un toujours dans le jamais.
Oui, c'est ça, un toujours dans le jamais.
â
â
Muriel Barbery (L'ĂlĂ©gance du hĂ©risson)
â
La joie réside au plus intime de l'ùme; on peut aussi bien la posséder dans une obscure prison que dans un palais.
â
â
ThérÚse of Lisieux
â
VoilĂ , ma petite AmĂ©lie, vous n'avez pas des os en verre. Vous pouvez vous cogner Ă la vie. Si vous laissez passer cette chance, alors avec le temps, c'est votre cĆur qui va devenir aussi sec et cassant que mon squelette. Alors, allez-y, nom d'un chien!
â
â
Jean-Pierre Jeunet
â
Are you missing your filter, or is it an Aussie thing to blurt out every inappropriate thought you have?
â
â
Georgia Cates (Beauty from Pain (Beauty, #1))
â
La mĂ©moire est aussi paresseuse quâhypocrite, elle ne retient que les meilleurs et les pires souvenirs, les temps forts, jamais la mesure du quotidien, quâelle efface.
â
â
Marc Levy (Le premier jour)
â
La célébrité est à double tranchant:
Elle vous fait gagner en popularité,
mais aussi perdre la créativité.
â
â
Mouloud Benzadi
â
C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer.
â
â
Amin Maalouf
â
AprĂšs leur dernier Ă©change, il Ă©tait parti lentement. Sans faire de bruit. Aussi discret qu'un point-virgule dans un roman de huit cents pages.
â
â
David Foenkinos (La délicatesse)
â
L'amour le plus fort est celui qui n'est pas partagĂ©. J'aurais prĂ©fĂ©rĂ© ne jamais le savoir, mais telle est la vĂ©ritĂ©: il n'y a rien de pire que d'aimer quelqu'un qui ne vous aime pas - et en mĂȘme temps c'est la chose la plus belle qui me soit
jamais arrivée. Aimer quelqu'un qui vous aime aussi, c'est du narcissisme. Aimer quelqu'un qui ne vous aime pas,ça, c'est de l'amour.
â
â
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
â
Le démon aussi était un ange, avant...
â
â
Carlos Fuentes (Aura)
â
Car l'amour ce n'est pas seulement: souffrir ou faire souffrir. Cela peut aussi ĂȘtre les deux.
â
â
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
â
...tout compte fait, je crois que mon tort était de ne pas avoir eu le courage de mes convictions. Je pouvais me trouver toutes les excuses du monde, aucune d'elles ne me donnerait raison. En réalité maintenant que j'avais perdu la face , je me cherchais un masque. Pareil à un défiguré, je me cachais derriÚre mes pansements qui me servaient aussi de moucharabiehs. Je regardais en cachette la vérité des autres, en abusais pour distancer la mienne
â
â
Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă la nuit)
â
I'm still shy," I admit, pulling the sleeves over my hands, "and I might always be, I don't know, but I think you can be shy and still feel okay about yourself at the same time.
â
â
Megan Jacobson (Yellow)
â
L'amour est quelque chose de trop abstrait et d'indiscernable. Il est dĂ©pendant de nous perçu et vĂ©cu par nous. Si nous n'existions pas, il n'existerait pas. Et nous sommes tellement changeants... Alors l'amour ne peut que l'ĂȘtre aussi. L'amour s'enflamme, trĂ©passe, se brise, nous brise, se ranime...: nous ranime. L'amour n'est peut-ĂȘtre pas Ă©ternel mais nous, il nous rend Ă©ternels... Par-delĂ notre mort, l'amour que nous avons Ă©veillĂ© continue dâaccomplir son chemin.
â
â
Jul Maroh (Le bleu est une couleur chaude)
â
Everybody's good when they're good, darling. You don't judge a person by that. It's how they act when things aren't good that tells you who they really are.
â
â
Megan Jacobson (The Build-up Season)
â
Do not define me by my gender or my socio-economic status, Noah Willis. Do not tell me who I am and do not tell me who society thinks I am and then put me in that box and expect me to stay there. Because, I swear to God, I will climb the hell out of that box and I will take that box you've just put me in and I will use that box to smash your face in until you're nothing more than a freckly, bloodied pulp. You got that, sweet cheeks?
â
â
Megan Jacobson (Yellow)
â
Nous sommes fous de vouloir Ă©terniser les sentiments: ils sont aussi passagers que nous. Les choses finissent et nous refusons de l'admettre.
â
â
FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ĂgoĂŻste romantique)
â
Je crois que c'est moi qui ai changé: c'est la solution la plus simple. La plus désagréable aussi. Mais einfin je dois reconnaßtre que je suis sujet à ces transformations soudaines. Ce qu'il y a, c'est que je pense trÚs rarement; alors une foule depetites métamorphoses s'accumulent en moi sans que j'y prenne garde et puis, un beau jour, il se produit une véritable révolution. C'est ce qui a donné à ma vie cet aspect huerté, incohérent.
â
â
Jean-Paul Sartre (Nausea)
â
Very much. Very much a melting pot. You donât draw lines anymore. Thereâs no such thing as âbloody thisâ or âbloody thatâ. Thereâs no such thing anymore. We all Aussies. And the Aussies respect us as Aussies. I am accepted as an Australian and I feel like one too. - Ibolya Cabrero-Kovacs, Hungarian Freedom Fighter
â
â
Peter Brune (Suffering, Redemption and Triumph: The first wave of post-war Australian immigrants 1945-66)
â
Un feu sans allumettes est aussi facile Ă allumer quâun Ă©clat dâintelligence dans le regard dâune vache.
â
â
Pierre Bottero (D'un monde Ă l'autre (La QuĂȘte d'Ewilan, #1))
â
J'ai besoin que tu aies besoin de moi, c'est aussi Ă©lĂ©mentaire que ça. Et je sais pertinemment que, dans ce conflit d'intĂ©rĂȘts qui nous oppose, je suis condamnĂ© Ă ĂȘtre le perdant. Parce que je suis plus possessif que tu ne le seras jamais et parce qu'il y a des choses que je ne peux pas remplacer.
â
â
Christelle Dabos (La TempĂȘte des Ă©chos (La Passe-Miroir, #4))
â
Il est dĂ©montrĂ©, disait-il, que les choses ne peuvent ĂȘtre autrement; car tout Ă©tant fait pour une fin, tout est nĂ©cessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont Ă©tĂ© faits pour porter des lunettes; aussi avons-nous des lunettes
â
â
Voltaire (Candide)
â
Enfin, le soufisme n'Ă©tait pas une maladie, ce qui m'a dĂ©jĂ rassurĂ© un peu, c'Ă©tait une façon de penser -mĂȘme s'il y a des façons de penser qui sont aussi des maladies, disait souvent monsieur Ibrahim.
â
â
Ăric-Emmanuel Schmitt (Monsieur Ibrahim and the Flowers of the Qur'an)
â
Je me suis rendu compte que les lieux aussi avaient des ombres. Les souvenirs rĂŽdent et vous rendent nostalgique dĂšs que vous vous en approchez trop prĂšs.
â
â
Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
â
- On approche, affirma Oukilip.
- Nous approchons depuis que nous nous sommes mis en route, rétorque Pilipip. Ta remarque est aussi mal formulée qu'inutile.
â
â
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
â
Tout est kitsch, si l'on veut. La musique dans son ensemble est kitsch; l'art est kitsch; la littĂ©rature elle-mĂȘme est kitsch. Toute Ă©motion est kitsch, pratiquement par dĂ©finition; mais toute rĂ©flexion aussi, et mĂȘme dans un sens toute action. La seule chose qui ne soit absolument pas kitsch, c'est le nĂ©ant.
â
â
Michel Houellebecq (The Possibility of an Island)
â
Quand j'Ă©tais enfant, le luxe c'Ă©tait pour moi les manteaux de fourrure et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'Ă©tait de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme
â
â
Annie Ernaux (Simple Passion)
â
Mais oui, je t'aime, lui dit la fleur. Tu n'en a rien su , par ma faute. Cela n'a aucune importance. Mais tu as Ă©tĂ© aussi sot que moi. TĂąche d'ĂȘtre heureux. Tu as dĂ©cidĂ© de partir. Va t'en.
â
â
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
â
Time is your only enemy, it disappears very quickly and never gives you a second chance.
â
â
Steve Douglas (The Aussie Expat: The Luckiest Person on Earth)
â
You are only as big as the dreams you dare to live.
â
â
Jessica Watson (True Spirit: The Aussie girl who took on the world)
â
- Aimer, c'est toujours dangereux, Martin ! Aimer, c'est espĂ©rer tout gagner en risquant de tout perdre, et c'est aussi parfois accepter de prendre le risque d'ĂȘtre moins aimĂ© que l'on n'aime.
- Eh bien tu vois, dit-il en se levant de table, ce risque, je crois que je ne suis plus prĂȘt Ă le prendre.
â
â
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
â
L'injonction capitaliste (tout ce qui est agréable est obligatoire) est aussi stupide que la culpabilité chrétienne (tout ce qui est agréable est interdit).
â
â
Frédéric Beigbeder (Un roman français)
â
â Kai aime aussi la lune, fit la voix de Jacob me forçant Ă me tourner vers lui, il dit qu'elle lui tient compagnie, que les Ă©toiles veillent sur lui.
â
â
theblurredgirl (Lakestone)
â
La guerre ne tue pas seulement les ĂȘtres humains; elle tue aussi l'amour, la confiance et les relations.
â
â
Mouloud Benzadi
â
Je ne peux ĂȘtre juste pour les livres qui traitent de la femme en tant que femme... Mon idĂ©e c'est que tous, aussi bien hommes que femmes, qui que nous sayons, nous devons ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme d'ĂȘtres humaines.
â
â
Dorothy Parker
â
On peut dire que tout est prĂ©destinĂ©, que tout est un arrangement extrĂȘmement savant dont nous ne voyons qu'une toute petite partie. On peut dire aussi que tout est chaos, et je me heurterai Ă ce dilemme jusqu'au bout. (p. 166)
â
â
Marguerite Yourcenar
â
Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidĂ©litĂ© supĂ©rieure qui nie les dieux et soulĂšve les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers dĂ©sormais sans maĂźtre ne lui paraĂźt ni stĂ©rile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque Ă©clat minĂ©ral de cette montagne pleine de nuit, Ă lui seul, forme un monde. La lutte elle-mĂȘme vers les sommets suffit Ă remplir un cĆur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
â
â
Albert Camus (The Myth of Sisyphus and Other Essays)
â
Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indifférence n'apprend rien: c'était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger: qu'entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot: tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomÚtres des façades, des devantures, des parcs et des quais.
L'indiffĂ©rence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu'importe! Faire ou ne pas faire une partie de billard Ă©lectrique, quelqu'un, de toute façon, glissera une piĂšce de vingt centimes dans la fente de l'appareil. Tu peux croire qu'Ă manger chaque jour le mĂȘme repas tu accomplis un geste dĂ©cisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralitĂ© ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colĂšre.
â
â
Georges Perec (Un Homme qui dort)
â
Continuer la lutte lorsqu'on est victorieux, c'est aussi bien diminuer ses propres forces qu'affaiblir le gage exigé du vaincu. (notes de L. Nachin (1948) sur l'article II)
â
â
Sun Tzu (L'Art de la guerre : Tome 1)
â
On comprenait que les hommes pourraient ĂȘtre aussi efficaces que Dieu dans d'autres domaines que la destruction.
â
â
Jean Giono (The Man Who Planted Trees)
â
L'avenir n'est pas aussi sombre que tu le crois. L'avenir sera ce que tu dĂ©cideras aujourdâhui d'en faire.
â
â
Khaoula Hosni (Le Cauchemar Du Bathyscaphe)
â
Et moi aussi, je me suis senti prĂȘt Ă tout revivre. Comme si cette grande colĂšre m'avait purgĂ© du mal, vidĂ© d'espoir, devant cette nuit chargĂ©e de signes et d'Ă©toiles, je m'ouvrais pour la premiĂšre fois Ă la tendre indiffĂ©rence du monde. De l'Ă©prouver si pareil Ă moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais Ă©tĂ© heureux, et que je l'Ă©tais encore. Pour que tout soit consommĂ©, pour que je me sente moins seul, il me restait Ă souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exĂ©cution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
â
â
Albert Camus (The Stranger)
â
On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature; ce n'est pas ma faute.
Si donc, je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé entiÚrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute.
Si, par exemple, j'ai eu juste autant d'amour que toi de vertu, et c'est surement beaucoup dire, il n'est pas Ă©tonnant que l'un ait fini en mĂȘme temps que l'autre. Ce n'est pas ma faute.
Il suit de là , que depuis quelque temps je t'ai trompée: mais aussi ton impitoyable tendresse m'y forçait en quelque sorte! Ce n'est pas ma faute.
Aujourd'hui, une femme que j'aime Ă©perdument exige que je te sacrifie. Ce n'est pas ma faute.
Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure: mais si la Nature n'a accordé aux hommes que la constance, tandis qu'elle donnait aux femmes l'obstination, ce n'est pas ma faute.
Crois-moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une maĂźtresse. Ce conseil est bon, trĂšs bon; si tu le trouve mauvais, ce n'est pas ma faute.
Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regrets: je te reviendrai peut-ĂȘtre. Ainsi va le monde. Ce n'est pas ma faute.
â
â
Pierre Choderlos de Laclos (Les liaisons dangereuses)
â
Bien sĂ»r demeuraient nouĂ©es ces Ă©charpes multiples, les souvenirs, mais c'Ă©tait comme s'il fallait dĂ©sormais que le passĂ© puisse luire aussi chamarrĂ©, aussi intense que ce prĂ©sent oĂč ils n'Ă©taient plus lĂ .
â
â
Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
â
You'll marry me, my dragon, and you'll bear my children, and you'll drive me mad and live in that ramshackle old house with me and I'll even put up with the occasional visit from your sister if
I must. But you'll marry me. Not because you have to. But because I won't let you go."
"Why?" she demanded.
And he answered the only way he could, in French. "Je't'aime," he said. "I love you."
"Je't'aime aussi," she said. "And I will make your life a living hell," she added in the same language.
He smiled down at her. "I'm counting on it.
â
â
Anne Stuart (The Devil's Waltz)
â
Ă partir de lĂ , le dialogue de la journĂ©e suivait une pente uniformĂ©ment descendante, mais avec des lĂšvres et des mains chaleureuses et languides flottant sur les surface les plus sensibles du corps, le monde Ă©tait aussi prĂšs que possible de la perfection. Freud appelait cela un Ă©tat de perversitĂ© polymorphe impersonnel et le regardait d'un mauvais oeil, mais je doute fort qu'il ait jamais eu les mains de Lil lui frĂŽlant le corps. Ou mĂȘme celles de sa propre femme dans le mĂȘme rĂŽle. Freud Ă©tait un bien grand homme, mais je n'arrive pas Ă me faire Ă l'idĂ©e que quelqu'un lui ait jamais efficacement flattĂ© le pĂ©nis.
â
â
Luke Rhinehart (The Dice Man)
â
But still she stood, ready to get back at it. Badass and admirable.
â
â
Cristin Harber (Redemption (Delta, #3))
â
Une petite fille rentre de la plage, au crépuscule, avec sa mÚre. Elle pleure pour rien, parce qu'elle aurait voulu continuer de jouer. Elle s'eloigne. Elle a déjà tourné le coin de rue, et nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant?
â
â
Patrick Modiano (Rue des boutiques obscures)
â
Le malheur avait mis
les habits du mensonge
Ils Ă©taient dâun beau rouge
couleur du sang du cĆur
Mais son cĆur Ă lui Ă©tait gris
Penché sur la margelle
il me chantait lâamour
Sa voix grinçait comme la poulie
Et moi
dans mon costume de vérité
je me taisais et je riais
et je dansais
au fond du puits
Et sur lâeau qui riait aussi
la lune brillait contre le malheur
la lune se moquait de lui.
â
â
Jacques Prévert
â
Elle avançait dans leur salon et tout était là . à l'identique. Rien n'avait bougé. La couverture toujours sur le canapé. La théiÚre aussi sur la table basse, avec le livre qu'elle était en train de lire. Et fut saisie tout particuliÚrement par la vision du marque-page. Le livre était ainsi coupé en deux ; la premiÚre partie avait été lue du vivant de François. Et à la page 321, il était mort. Que fallait-il faire ? Peut-on poursuivre la lecture d'un livre interrompu par la mort de son mari ?
â
â
David Foenkinos (Delicacy)
â
il faut vivre avec les hommes tels qu ils sont : les gens qu on dit etre de si bonne compagnie ne sont souvent que ceux dont les vices sont plus raffines ; et peut-etre en est-il comme des poisons, dont les plus subtils sont aussi les plus dangereux.
â
â
Montesquieu (Persian Letters (Penguin Classics))
â
...et surtout mon corps aussi bien que mon ùme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse.
â
â
Aimé Césaire (Le Cahier, Discours sur le colonialisme)
â
Lâamour, câest trĂšs compliquĂ©. Câest Ă la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le dĂ©couvrirez un jour. Lâamour, ça peut faire trĂšs mal. Vous ne devez pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber amoureux, car lâamour, câest aussi trĂšs beau, mais comme tout ce qui est beau, ça vous Ă©blouit et ça vous fait mal aux yeux. Câest pour ça que souvent, on pleure aprĂšs.
â
â
Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
â
Dans la vie morale, aussi bien que dans la vie physique, il existe une aspiration et une respiration; lâĂąme a besoin dâabsorber les sentiments dâune autre Ăąme, de se les assimiler pour les lui restituer plus riches. Sans ce beau phĂ©nomĂšne humain, point de vie au cĆur; lâair lui manque alors, il souffre et dĂ©pĂ©rit.
â
â
Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
â
Jette mon livre; dis-toi bien que ce n'est lĂ qu'une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu'un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu'un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, -- aussi bien Ă©crit que toi, ne l'Ă©cris pas. Ne t'attache en toi qu'Ă ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-mĂȘme, et crĂ©e de toi, impatiemment ou patiemment, ah! le plus irremplaçable des ĂȘtres.
â
â
André Gide
â
Plus je vieillis et plus je trouve quâon ne peut vivre quâavec les ĂȘtres qui vous libĂšrent, qui vous aiment dâune affection aussi lĂ©gĂšre Ă porter que forte Ă Ă©prouver. La vie dâaujourdâhui est trop dure, trop amĂšre, trop anĂ©miante, pour quâon subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime [...]. Câest ainsi que je suis votre ami, jâaime votre bonheur, votre libertĂ©, votre aventure en un mot, et je voudrais ĂȘtre pour vous le compagnon dont on est sĂ»r, toujours.
The older I get, the more I find that you can only live with those who free you, who love you from a lighter affection to bear as strong as you can to experience Today's life is too hard, too bitter, too anemic, for us to undergo new bondages, from whom we love [...]. This is how I am your friend, I love your happiness, your freedom, Your adventure in one word, and I would like to be for you the companion we are sure of, always.
---- Albert Camus à René Char, 17 septembre 1957 (in "Albert Camus - René Char : Correspondance 1946-1959")
---- Albert Camus to René Char, September 17, 1957 (via René Char)
â
â
Albert Camus (Correspondance (1944-1959))
â
Several years ago, Great Britain funded a study to determine why the head on a man's penis is larger than the shaft. The study took two years and cost over 1.2 million pounds. The study concluded that the reason the head of a man's penis is larger than the shaft is to provide the man with more pleasure during sex. After the results were published, France decided to conduct their own study on the same subject. They were convinced that the results of the British study were incorrect. After three years of research at a cost of in excess of 2 million Euros, the French researchers concluded that the head of a man's penis is larger than the shaft to provide the woman with more pleasure during sex. When the results of the French study were released, Australia decided to conduct their own study. The Aussies didn't really trust British or French studies. So, after nearly three hours of intensive research and a cost of right around 75 dollars (three cases of beer), the Aussie study was complete. They concluded that the reason the head on a man's penis is larger than the shaft is to prevent your hand from flying off and hitting you in the forehead.
â
â
Various (101 Dirty Jokes - sexual and adult's jokes)
â
Ma vision de l'amour n'a pas changĂ©, mais ma vision du monde, oui. C'est super agrĂ©able d'ĂȘtre lesbienne. Je me sens moins concernĂ©e par la fĂ©minitĂ©, par l'approbation des hommes, par tous ces trucs qu'on s'impose pour eux. Et je me sens aussi moins prĂ©occupĂ©e par mon Ăąge : c'est plus dur de vieillir quand on est hĂ©tĂ©ro. La sĂ©duction existe entre filles, mais elle est plus cool, on n'est pas dĂ©chue Ă 40 ans.
â
â
Virginie Despentes
â
Nous avions inventĂ© la lumiĂšre pour nier l'obscuritĂ©. Nous avons mis les Ă©toiles dans le ciel, nous avons plantĂ© les rĂ©verbĂšres tous les deux mĂštres dans les rues. Et des lampes dans nos maisons. Ăteignez les Ă©toiles et contemplez le ciel. Que voyez-vous? Rien. Vous ĂȘtes en face de l'infini que votre esprit limitĂ© ne peut pas concevoir et vous ne voyez plus rien. Et cela vous angoisse. C'est angoissant d'ĂȘtre en face de l'infini. Rassurez vous; vos yeux s'arrĂȘteront toujours sur les Ă©toiles qui obscures leur vision et n'iront pas plus loin. Aussi ignorez le vide qu'elles dissimulent. Ăteignez la lumiĂšre et ouvrez grand les yeux. Vous ne voyez rien. Que l'obscuritĂ© que vous la percevez plutĂŽt que vous ne la voyez. L'obscuritĂ© n'est pas hors de vous, l'obscuritĂ© est en vous.
â
â
Lolita Pille (Hell)
â
Elle faisait confiance à la vie pour lui envoyer des indices, des idées, des détails qu'elle convertirait en histoires. C'est comme ça qu'elle avait écrit son premier livre. En ouvrant grand les yeux sur le monde. En écoutant, en observant, en reniflant.
C'est comme ça aussi qu'on ne vieillit pas. On vieillit quand on s'enferme, on refuse de voir, d'entendre ou de respirer. La vie et lâĂ©criture, ça va souvent ensemble.
â
â
Katherine Pancol (La valse lente des tortues (Joséphine, #2))
â
Il y a quelque chose que je n'ai jamais compris Ă propos de cette histoire de pĂ©chĂ© originel [...] c'est pourquoi nous sommes supposĂ©s vivre avec le poids de ce que nos ancĂȘtres auraient commis ? Je veux dire: c'est aussi bĂȘte que de mettre un enfant en prison sous prĂ©texte que ses parents sont des criminels
â
â
Maxime Chattam (Malronce (Autre-Monde, #2))
â
Ce n'est pas la premiÚre fois que je veux tuer des mouches avec un canon. C'est la cent milliÚme fois. Cela m'arrive tous les jours et tout le jour. Je prévois toujours le pire et je me démÚne toujours comme si c'était le pire. Eh ! Prends donc l'habitude de considérer que les choses ordinaires arrivent aussi.
â
â
Jean Giono (The Horseman on the Roof)
â
Il y a encore de certains devoirs Ă remplir envers mĂȘme de qui nous avons reçu une injure; car la vengeance et la punition ont aussi leurs bornes. Je ne sais mĂȘme si repentir de celui qui a fait l'injure ne suffirait pas et pour l'empĂȘcher d'en faire une semblable Ă l'avenir et pour retenir les autres dans le devoir.
â
â
Marcus Tullius Cicero (On Duties)
â
Backslapping and smiling all around. Even Matthias.
âOh my God,â I croaked. They all froze. âYou have
dimples!â
The rest of the boys grinned at the Aussie who slapped a hand over his mouth to help cover the deep, adorable dimples prominently displayed in each cheek. He pointed a finger at us and said, âKnock it off!â but from behind his hand it actually came out âNaw ih aw!â We laughed harder. He gave up the hand and turned away in a
huff, but the dimples remained.
â
â
A. Kirk
â
The Aussies have spent so much time basking in the glory of the last generation that they have forgotten to plan for this one. It's just like the West Indies again; once their great names from the 1970s and 80s retired, the whole thing fell apart.
The way things are going, the next Ashes series cannot come too quickly for England. What a shame that we have to wait until 2013 to play this lot again.
â
â
Geoffrey Boycott
â
Comme tout le monde, je n'ai à mon service que trois moyens d'évaluer l'existence humaine: l'étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus féconde des méthodes; l'observation des hommes, qui s'arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu'ils en ont; les livres, avec les erreurs particuliÚres de perspective qui naissent entre leurs lignes.
â
â
Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
â
Le temps perdu est comme le pain oubliĂ© sur la table, le pain sec. On peut le donner aux moineaux. On peut aussi le jeter. On peut encore le manger, comme dans l'enfance le pain perdu : trempĂ© dans du lait pour l'adoucir, recouvrir de jaune dâĆuf et de sucre, et cuit dans une poĂȘle. Il n'est pas perdu, le pain perdu, puisqu'on le mange. Il n'est pas perdu le temps perdu, puisqu'on y touche Ă la fin des temps et qu'on y mange Ă sa mort, Ă chaque seconde, Ă chaque bouchĂ©e. (p90)
â
â
Christian Bobin (La part manquante)
â
« Courir aprĂšs un rĂȘve, cela a un prix. Cela peut exiger que nous abandonnions nos habitudes, cela peut nous faire traverser des difficultĂ©s, cela peut nous conduire Ă des dĂ©ceptions, etc. Mais aussi Ă©levĂ© que soit le prix, ce n'est jamais aussi cher que le prix payĂ© par celui qui n'a pas vĂ©cu. Parce que cette personne va un jour regarder en arriĂšre et elle entendra son propre cĆur dire : âJ'ai gaspillĂ© ma vie.â »
â
â
Paulo Coelho (AdultĂšre (French Edition))
â
I love you, O'Reilly. When are you going to get that through your thick Aussie skull?"
He laughed softly, and she tilted back her head to look up at him wonderingly, "What's so funny?"
He put his hands on her shoulders and rubbed the tight muscles of her neck. "Do you realize you've never used my first name?" he said. "It's Patrick, you know."
He watched her lips curl into a smile that made his chest ache. "You've always been O'Reilly to me."
"Huh," he grunted. "Except when you're mad. Then I become Mister O'Reilly.
â
â
Candice Proctor (September Moon)
â
La phrase : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est Ă©tranger" me semble ĂȘtre, sinon le dernier mot de la sagesse, en tout cas l'un des plus profonds, et ce que j'aime chez Etienne, c'est qu'il le prend Ă la lettre, c'est mĂȘme ce qui selon moi lui donne le droit d'ĂȘtre juge. De ce qui le fait humain, pauvre, faillible, magnifique, il ne veut rien retrancher, et c'est aussi pourquoi dans le rĂ©cit de sa vie je ne veux, moi, rien couper.
â
â
Emmanuel CarrĂšre (D'autres vies que la mienne)
â
Le Requiem de Mozart. Un souffle de l'au-delĂ y plane. Comment croire, aprĂšs une pareille audition, que l'univers n'ait aucun sens? Il faut qu'il en ait un. Que tant de sublime se rĂ©solve dans le nĂ©ant, le coeur, aussi bien que l'entendement, refuse de l'admettre. Quelque chose doit exister quelque part, un brin de rĂ©alitĂ© doit ĂȘtre contenu dans ce monde. Ivresse du possible qui rachĂšte la vie. Craignons le retombement et le retour du savoir amer...
â
â
Emil M. Cioran (Notebooks)
â
Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence trÚs pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la maniÚre d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas  ; c'est cela qui nous est arrivé.
â
â
Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
â
...once we were loaded, Jeff asked us how it went. Ryan cleared his throat. "Well, I got to use my first public bathroom. That was interesting."
"I made out with the Aussie," Rylee stated matter-of-factly.
"I made up with the ginger," Miguel said and grinned back at her. Jeff stared at us.
"I got slapped in the face," Billings offered.
"By me," I supplied.
"And we got to talk to Cain at the station on the big screen," Merrick said happily. Jeff still stared while Marissa giggled into her hand.
"So it went good then," he stated. "Great.
â
â
Shelly Crane (Revolution (Collide, #4))
â
Je ne vois que las condamnation a mort qui distingue un homme, pensa Mathilde, c'est la seule chose qui ne s'achete pas.
Ah! c'est un bon mot que je viens de me dire! quel dommage qu'il ne soit pas venu de facon a m'en faire honneur. Mathilde avait trop de gout pour amener dans la conversation un bon mot fait d'avance, mais elle avait aussie trop de vanite pour ne pas etre enchantee d'elle-meme.
â
â
Stendhal (Le Rouge Et Le Noir, Stendhal)
â
Terre en vacance d'oeuvres d'art. Je méprise ceux qui ne savent reconnaßtre la beauté que transcrite déjà et toute interprétée. Le peuple arabe a ceci d'admirable que, son art, il le vit, il le chante et le dissipe au jour le jour; il ne le fixe point et ne l'embaume en aucune oeuvre. C'est la cause et l'effet de l'absence de grands artistes. J'ai toujours cru les grands artistes ceux qui osent donner droit de beauté à des choses si naturelles qu'elles font dire aprÚs à qui les voit : 'Comment n'avais-je pas compris jusqu'alors que cela était aussi beau?...
â
â
André Gide (The Immoralist)
â
Je sais pourtant que si on s'Ă©tait embrassĂ©s, je serais reparti le cĆur content, me foutant de la pluie ou du beau temps, puisque je comptais un peu pour toi. Je sais que ce baiser m'aurait accompagnĂ© partout et pendant longtemps, comme un souvenir radieux auquel me raccrocher dans les moments de solitude. Mais aprĂšs tout, certains disent que les plus belles histoires d'amour sont celles qu'on n'a pas eu le temps de vivre. Peut-ĂȘtre alors que les baisers qu'on ne reçoit pas sont aussi les plus intenses.
â
â
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
â
Des occasions prĂ©cieuses, des possibilitĂ©s, des sentiments quâon ne pourra pas retrouver. Câest cela aussi, vivre. Mais Ă lâintĂ©rieur de notre esprit â je crois que câest Ă lâintĂ©rieur de notre esprit, il y a une petite piĂšce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une piĂšce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothĂšque, jâimagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de rĂ©fĂ©rences, pour connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment ce quâil y a dans nos cĆurs. Il faut aussi balayer cette piĂšce, lâaĂ©rer, changer lâeau des fleurs. En dâautres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothĂšque.
â
â
Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
â
Le savoir des Ă©coles se borne Ă enseigner le "comment". C'est un savoir Ă©parpillĂ©, sans unitĂ© et sans direction. Ce n'est pas un chemin qui conduit vers le sommet de la montagne d'oĂč l'on pourra voir l'horizon et comprendre dans tous ses dĂ©tails l'ordonnance du paysage, c'est une plaine de sable dont on propose Ă l'homme d'Ă©tudier chaque grain. Ce savoir ne peut donner naissance qu'Ă une sociĂ©tĂ© de technique, sans sagesse et sans raison, aussi absurde et dangereuse dans son comportement qu'un camion-citerne lancĂ© sans conducteur sur une autoroute en pente.
â
â
René Barjavel
â
De nos jours, rien n'est plus mensonger que cette étiquette "pro-vie" dont s'affublent les militants antiavortements : un grand nombre d'entre eux sont aussi favorables à la peine de mort ou, aux Etats-Unis, à la libre circulation des armes (plus de quinze mille morts en 2017), et on ne le voit pas militer avec tant d'ardeur contre les guerres ni contre la pollution, dont on estime qu'elle a été responsable d'une mort sur six dans le monde en 2015. La vie ne les passionne que lorsqu'il s'agit de pourrir celles des femmes. Le natalisme est affaire de pouvoir, et non d'amour de l'humanité.
â
â
Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
â
Oh! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis
En ce temps-lĂ la vie Ă©tait plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent Ă la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent Ă la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi.
Et le vent du Nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais...
Les feuilles mortes se ramassent Ă la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi,
Mais mon amour silencieux et fidĂšle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie,
Comment veux-tu que je t'oublie?
En ce temps-lĂ la vie Ă©tait plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu Ă©tais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets.
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai.
C'est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m'aimais, moi je t'aimais
Et nous vivions, tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.
C'est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.
â
â
Jacques Prévert
â
â Pouâquoi tu es tâiste ?
â Parce que ma femme est morte.
â Pouâquoi elle est moâte ?
â Euh, parce quâelle Ă©tait triste.
â Aloâs tu vas mouâiâ aussi ?
â Je⊠non, pas forcĂ©ment !
â Aloâs pouâquoi tu souâis jamais si tu vas pas mouâiâ ?
JĂ©rĂŽme regarde alors lâenfant et lui sourit. Câest parfois si simple, la vie.
***
Toutes les plaies cicatrisent, plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais la peau se referme. On garde une trace, mais la vie est plus forte.
***
Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle.
***
L'intimité des gens n'est pas inscrite sur leur visage.
â
â
AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
â
Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
â
â
Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
â
Ce n'est pas plus mon affaire d'Ă©pouser Edgar Linton que d'ĂȘtre au ciel; et si l'individu pervers qui est ici n'avait pas ainsi dĂ©gradĂ© Heathcliff, je n'y aurais jamais songĂ©. Ce serait me dĂ©grader moi-mĂȘme, maintenant, que d'Ă©pouser Heathcliff. Aussi ne saura-t-il jamais comme je l'aime; et cela, non parce qu'il est beau, Nelly, mais parce qu'il est plus moi-mĂȘme que je ne le suis. De quoi que soient faites nos Ăąmes, la sienne et la mienne sont pareilles et celle de Linton est aussi diffĂ©rente des nĂŽtres qu'un rayon de lune d'un Ă©clair ou que la gelĂ©e du feu.
â
â
Emily Brontë (Wuthering Heights)
â
JâĂ©cris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisĂ©es, les imbaisables, les hystĂ©riques, les tarĂ©es, toutes les exclues du grand marchĂ© Ă la bonne meuf. Et je commence par lĂ pour que les choses soient claires : je ne mâexcuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je nâĂ©changerais ma place contre aucune autre parce quâĂȘtre Virginie Despentes me semble ĂȘtre une affaire plus intĂ©ressante Ă mener que nâimporte quelle autre affaire.
Je trouve ça formidable quâil y ait aussi des femmes qui aiment sĂ©duire, qui sachent sĂ©duire, dâautres se faire Ă©pouser, des qui sentent le sexe et dâautres le gĂąteau du goĂ»ter des enfants qui sortent de lâĂ©cole. Formidable quâil y en ait de trĂšs douces, dâautres Ă©panouies dans leur fĂ©minitĂ©, quâil y en ait de jeunes, trĂšs belles, dâautres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles Ă qui les choses telles quâelles sont conviennent. Câest dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-lĂ . Bien sĂ»r que je nâĂ©crirais pas ce que jâĂ©cris si jâĂ©tais belle, belle Ă changer lâattitude de tous les hommes que je croise.
Câest en tant que prolotte de la fĂ©minitĂ© que je parle, que jâai parlĂ© hier et que je recommence aujourdâhui (p. 9-10).
â
â
Virginie Despentes (King Kong théorie)
â
Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ćuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage.
Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. ThĂ©Ăątre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©.
Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
â
â
Ăric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
â
Je condamne l'ignorance qui rĂšgne en ce moment dans les dĂ©mocraties aussi bien que dans les rĂ©gimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le systĂšme, sinon par le rĂ©gime. J'ai souvent rĂ©flĂ©chi Ă ce que pourrait ĂȘtre l'Ă©ducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des Ă©tudes de base, trĂšs simples, oĂč l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planĂšte dont il devra plus tard mĂ©nager les ressources, qu'il dĂ©pend de l'air, de l'eau, de tous les ĂȘtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout dĂ©truire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tuĂ©s dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongĂšrement, de façon Ă flatter son orgueil. On lui apprendrait assez du passĂ© pour qu'il se sente reliĂ© aux hommes qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©, pour qu'il les admire lĂ oĂč ils mĂ©ritent de l'ĂȘtre, sans s'en faire des idoles, non plus que du prĂ©sent ou d'un hypothĂ©tique avenir. On essaierait de le familiariser Ă la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaĂźtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposĂ©es aux enfants et aux trĂšs jeunes adolescents sous prĂ©texte de biologie ; il apprendrait Ă donner les premiers soins aux blessĂ©s ; son Ă©ducation sexuelle comprendrait la prĂ©sence Ă un accouchement, son Ă©ducation mentale la vue des grands malades et des morts. On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en sociĂ©tĂ© est impossible, instruction que les Ă©coles Ă©lĂ©mentaires et moyennes n'osent plus donner dans ce pays. En matiĂšre de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celles du pays oĂč il se trouve, pour Ă©veiller en lui le respect et dĂ©truire d'avance certains odieux prĂ©jugĂ©s. On lui apprendrait Ă aimer le travail quand le travail est utile, et Ă ne pas se laisser prendre Ă l'imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatĂ©es, en lui prĂ©parant des caries et des diabĂštes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses vĂ©ritablement importantes plus tĂŽt qu'on ne le fait. (p. 255)
â
â
Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
â
Notre gĂ©nĂ©ration est trop superficielle pour le mariage. On se marie comme on va au MacDo. AprĂšs, on zappe. Comment voudriez-vous qu'on reste toute sa vie avec la mĂȘme personne dans la sociĂ©tĂ© du zapping gĂ©nĂ©ralisĂ©?
Dans l'Ă©poque oĂč les stars, les hommes politiques, les arts, les sexes, les religions n'ont jamais Ă©tĂ© aussi interchangeables? Pourquoi le sentiment amoureux ferait-il exception Ă la schizophrĂ©nie gĂ©nĂ©rale?
Et puis d'abord, d'oĂč nous vient donc cette curieuse obsession: s'escrimer Ă tout prix pour ĂȘtre heureux avec une seule personne? Sur 558 types de sociĂ©tĂ©s humaines, 24 % seulement sont monogames. La plupart des espĂšces animales sont polygames. Quant aux extraterrestres, n'en parlons pas: il y a longtemps que la Charte Galactique X23 a interdit la monogamie dans toutes les planĂštes de type B#871.
Le mariage, c'est du caviar Ă tous les repas: une indigestion de ce que vous adorez, jusqu'Ă l'Ă©cĆurement. â Allez, vous en reprendrez bien un peu, non? Quoi? Vous n'en pouvez plus? Pourtant vous trouviez cela dĂ©licieux il y a
peu, qu'est-ce qui vous prend? Sale gosse, va!â
La puissance de l'amour, son incroyable pouvoir, devait franchement terrifier la société occidentale pour qu'elle en vienne à créer ce systÚme destiné à vous dégoûter de ce que vous aimez.
â
â
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans - Le roman suivi du scénario du film)
â
La tournĂ©e terminĂ©e, Tom et Roger pensĂšrent qu'aprĂšs le succĂšs de I Shot The Sheriff, ce serait bien de descendre dans les CaraĂŻbes pour continuer sur le thĂšme du reggae. Ils organisĂšrent un voyage en JamaĂŻque, oĂč ils jugeaient qu'on pourrait fouiner un peu et puiser dans l'influence roots avant d'enregistrer. Tom croyait fermement au bienfait d'exploiter cette source, et je n'avais rien contre puisque ça voulait dire que Pattie et moi aurions une sorte de lune de miel. Kingston Ă©tait une ville oĂč il Ă©tait fantastique de travailler. On entendant de la musique partout oĂč on allait. Tout le monde chantait tout le temps, mĂȘme les femmes de mĂ©nage Ă l'hotel. Ce rythme me rentrait vraiment dans le sang, mais enregistrer avec les JamaĂŻcains Ă©tait une autre paire de manches.
Je ne pouvais vraiment pas tenir le rythme de leur consommation de ganja, qui Ă©tait Ă©norme. Si j'avais essayĂ© de fumer autant ou aussi souvent, je serais tombĂ© dans les pommes ou j'aurais eu des hallucinations. On travaillait aux Dynamic Sound Studios Ă Kingston. Des gens y entraient et sortaient sans arrĂȘt, tirant sur d'Ă©normes joints en forme de trompette, au point qu'il y avait tant de fumĂ©e dans la salle que je ne voyais pas qui Ă©tait lĂ ou pas. On composait deux chansons avec Peter Tosh qui, affalĂ© sur une chaise, avait l'air inconscient la plupart du temps. Puis, soudain, il se levait et interprĂ©tait brillamment son rythme reggae Ă la pĂ©dale wah-wah, le temps d'une piste, puis retombait dans sa transe Ă la seconde oĂč on s'arrĂȘtait.
â
â
Eric Clapton (The Autobiography)
â
« Alors je prends mon stylo pour dire que je l'aime, qu'elle a les plus longs cheveux du monde et que ma vie s'y noie, et si tu trouves ça ridicule pauvre de toi, ses yeux sont pour moi, elle est moi, je suis elle, et quand elle crie je crie aussi et tout ce que je ferai jamais sera pour elle, toujours, toujours je lui donnerai tout et jusqu'Ă ma mort il n'y aura pas un mation oĂč je me lĂšverai pour autre chose que pour elle et lui donner envie de m'aimer et m'embrasser encore et encore ses poignets, ses Ă©paules, ses seins et alors je me suis rendu compte que quand on est amoureux on Ă©crit des phrases qui n'ont pas de fin, on n'a plus le temps de mettre des points, il faut continuer Ă Ă©crire, Ă©crire, courir plus loin que son coeur, et la phrase ne veut pas s'arrĂȘter, l'amour n'a pas de ponctuation, et de larmes de passion dĂ©goulinent, quand on aime on finit toujours par Ă©crire des choses interminables, quand on aime on finit toujours par se prendre pour Albert Cohen. »
â
â
Frédéric Beigbeder
â
La mort n'est d'aucune consolation, et si tant est qu'on puisse en trouver une, c'est au cours de la vie. Et pourtant, rien n'est aussi mĂ©sestimĂ© que l'existence. Vous maudissez les lundis, la tempĂȘte, vos voisins, vous maudissez les mardis, le travail, l'hiver et cela s'Ă©vanouira en une fraction de seconde. Tout ce foisonnement sera rĂ©duit Ă nĂ©ant et remplacĂ© par l'indigence de la mort. Que ce soit dans la veille ou dans le sommeil, vous pensez Ă des choses insignifiantes, et qui sont Ă mille lieues de l'essence. Combien de temps vit un ĂȘtre humain en fin de compte, combien connaĂźt-il d'heures limpides, combien de fois existe-t-il avec la mĂȘme intensitĂ© que le courant Ă©lectrique au point d'illuminer le monde ? L'oiseau chante, le ver se tourne au creux de la terre afin que la vie n'Ă©touffe pas mais, vous, vous maudissez les lundis, vous maudissez les mardis, le nombre des opportunitĂ©s qui s'offrent Ă vous diminue et cela rejaillit sur le scintillement argentĂ© qui vous habite. (p. 156-157)
â
â
JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Harmur englanna)
â
Ce qui est pire câest quâon se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer Ă faire ce quâon a fait la veille et depuis dĂ©jĂ tellement trop longtemps, oĂč on trouvera la force pour ces dĂ©marches imbĂ©ciles, ces mille projets qui nâaboutissent Ă rien, ces tentatives pour sortir de lâaccablante nĂ©cessitĂ©, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, quâil faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous lâangoisse de ce lendemain, toujours plus prĂ©caire, plus sordide. Câest lâĂąge aussi qui vient peut-ĂȘtre, le traĂźtre, et nous menace du pire. On nâa plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilĂ . Toute la jeunesse est allĂ©e mourir dĂ©jĂ au bout du monde dans le silence de vĂ©ritĂ©. Et oĂč aller dehors, je vous le demande, dĂšs quâon a plus en soi la somme suffisante de dĂ©lire ? La vĂ©ritĂ©, câest une agonie qui nâen finit pas. La vĂ©ritĂ© de ce monde câest la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir.
â
â
Louis-Ferdinand CĂ©line
â
Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelquâun qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelquâun qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. CâĂ©tait le matin; le soleil se leva Ă lâhorizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ quâĂ mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il sâapprocha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-tâen; je ne tâai pas appelĂ©: je nâai pas besoin de ton amitiĂ©."
CâĂ©tait le soir; la nuit commençait Ă Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle nâosait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles nâest pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula lâherbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus dâune; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de mâavoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă moi avec tant dâabandon et de confiance, avec autant de confiance et dâabandon, je me livre Ă elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais lâoublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux."
Que me fallait-il donc, Ă moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce quâil y avait de plus beau dans lâhumanitĂ©!
â
â
Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
â
PoĂ©tise, poĂ©tise, fais-toi le grand cinĂ©ma de la libertĂ© passĂ©e. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans dĂ©sespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai rĂ©ellement prononcĂ© des propos dĂ©sabusĂ©s sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines Ă©tudiantes, une connerie, la mort, rien qu'Ă voir la trombine des couples mariĂ©s au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiĂ©s. Quand HĂ©lĂšne, licence de philo, concluait que c'Ă©tait tout de mĂȘme un mal nĂ©cessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drĂŽles d'idĂ©es, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternitĂ© avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas ĂȘtre seulement intellectuelles, ma fiertĂ© devant une mousse au chocolat rĂ©ussie avait disparu en mĂȘme temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la mĂȘme maniĂšre qu'un garçon de mon Ăąge, Ă©tudiant qui se dĂ©brouille avec l'argent de l'Ătat, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquĂȘtes, va au cinĂ©ma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idĂ©e bouffonne.
â
â
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
â
Et tout dâun coup le souvenir mâest apparu. Ce goĂ»t, câĂ©tait celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin Ă Combray (parce que ce jour-lĂ je ne sortais pas avant lâheure de la messe), quand jâallais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante LĂ©onie mâoffrait aprĂšs lâavoir trempĂ© dans son infusion de thĂ© ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne mâavait rien rappelĂ© avant que je nây eusse goĂ»tĂ© ; peut-ĂȘtre parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pĂątissiers, leur image avait quittĂ© ces jours de Combray pour se lier Ă dâautres plus rĂ©cents ; peut-ĂȘtre parce que, de ces souvenirs abandonnĂ©s si longtemps hors de la mĂ©moire, rien ne survivait, tout sâĂ©tait dĂ©sagrĂ©gĂ© ; les formes â et celle aussi du petit coquillage de pĂątisserie, si grassement sensuel sous son plissage sĂ©vĂšre et dĂ©vot â sâĂ©taient abolies, ou, ensommeillĂ©es, avaient perdu la force dâexpansion qui leur eĂ»t permis de rejoindre la conscience. Mais, quand dâun passĂ© ancien rien ne subsiste, aprĂšs la mort des ĂȘtres, aprĂšs la destruction des choses, seules, plus frĂȘles mais plus vivaces, plus immatĂ©rielles, plus persistantes, plus fidĂšles, lâodeur et la saveur restent encore longtemps, comme des Ăąmes, Ă se rappeler, Ă attendre, Ă espĂ©rer, sur la ruine de tout le reste, Ă porter sans flĂ©chir, sur leur gouttelette presque impalpable, lâĂ©difice immense du souvenir.
â
â
Marcel Proust (Du cÎté de chez Swann (à la recherche du temps perdu, #1))
â
Quand on sâattend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce nâest pas le meilleur.
***
Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă bout, permettent de tenir la distance⊠Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă nous. Il faut juste en prendre conscience.
***
Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de lâĂąme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait.
***
Au temps des sorciĂšres, les larmes dâhomme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. Câest rare comme la bave de crapaud. Ce quâelles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ?
***
Quand un silence sâinstalle, on dit quâun ange passeâŠ
***
Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. Jâai lâimpression dâĂȘtre un peu morte, moi aussi. DâĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă perte de vue. Le silence aprĂšs lâhorreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, jâai lâimpression dâavoir sautĂ© sur une mine, dâavoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous.
***
Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout.
***
Ce nâest pas dâintuition dont est dotĂ© Romain, mais dâattention.
***
ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens quâon aime.
â
â
AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
â
Si il y avait bien une chose que l'Occupation nous avait apprise, c'Ă©tait Ă nous taire. A ne jamais montrer ce que nous pensions du IIIĂšme Reich et de cette guerre. Nous n'Ă©tions que des dĂ©tenus dans nos propres maisons, dans notre pays. Plus libres d'avoir une opinion. Parce que mĂȘme nos pensĂ©es pouvaient nous enchaĂźner.
Ce soir, je l'avais oublié.
Pourtant il ne m'arrĂȘta pas. Il ne me demanda pas de le suivre pour un petit interrogatoire. AprĂšs tout, il n'y avait que les rĂ©sistants pour tenir un discours si tranchĂ©, non? Il n'y avait qu'eux pour oser dire de telles choses devant un caporal de la Wehrmacht. Alors pourquoi me tendit-il simplement sa fourche? Puisque la mienne Ă©tait inutilisable...
J'hésitai à la prendre.
Quand je le fis, il refusa de la lĂącher.
Nous restùmes là , une seconde. Nos mains se frÎlant sur le manche en bois et nos regards accrochés.
- Je ne suis pas innocent c'est vrai, m'avoua-t-il. Je ne le serai jamais plus et je devrai vivre avec toutes mes fautes. J'ai tué, je tuerai sans doute encore. J'ai blessé et je blesserai encore. J'ai menti et je mentirai encore. Non, c'est vrai, il n'y a plus rien d'innocent en moi. Mais je l'ai été. Au début. Avant la guerre. Je l'étais vraiment, vous savez. Innocent.
Sa voix n'Ă©tait qu'un murmure.
- Pourquoi me dites-vous ça?
- Pour que vous le sachiez.
- Mais pourquoi? demandai-je encore.
Il recula d'un pas.
- Bonne soirée, monsieur Lambert, dit-il sans me répondre.
Il quitta les écuries sans un bruit. Aussi discrÚtement qu'il était arrivé.
â
â
Lily Haime (Ă l'ombre de nos secrets)
â
Mais le revenu annuel de toute sociĂ©tĂ© est toujours prĂ©cisĂ©ment Ă©gal Ă la valeur Ă©changeable de tout le produit annuel de son industrie, ou plutĂŽt c'est prĂ©cisĂ©ment la mĂȘme chose que cette valeur Ă©changeable. Par consĂ©quent, puisque chaque individu tĂąche, le plus qu'il peut, 1° d'employer son capital Ă faire valoir l'industrie nationale, et - 2° de diriger cette industrie de maniĂšre Ă lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nĂ©cessairement Ă rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la sociĂ©tĂ©. A la vĂ©ritĂ©, son intention, en gĂ©nĂ©ral, n'est pas en cela de servir l'intĂ©rĂȘt public, et il ne sait mĂȘme pas jusqu'Ă quel point il peut ĂȘtre utile Ă la sociĂ©tĂ©. En prĂ©fĂ©rant le succĂšs de l'industrie nationale Ă celui de l'industrie Ă©trangĂšre, il ne pense qu'Ă se donner personnellement une plus grande sĂ»retĂ© ; et en dirigeant cette industrie de maniĂšre Ă ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'Ă son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible Ă remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la sociĂ©tĂ©, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intĂ©rĂȘt personnel, il travaille souvent d'une maniĂšre bien plus efficace pour l'intĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ©, que s'il avait rĂ©ellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, Ă travailler pour le bien gĂ©nĂ©ral, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas trĂšs commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guĂ©rir.
â
â
Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
â
Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle⊠Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm⊠magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot⊠le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan⊠heu⊠l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite⊠non, non, parce que c'est la fille de⊠non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite⊠non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sĆur Anna, qui est restĂ©e Ă Tintagel avec sa mĂšre Igerne la⊠bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille⊠Donc c'est des ours, en gros, enfin bref⊠Ils sont tous lĂ et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est⊠c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser⊠Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va⊠et voilĂ et en fait il trouve pas le vase. En fait il est⊠il trouve pas⊠et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou⊠pasâŠ
â
â
Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiĂšre partie : Ăpisodes 1 Ă 50)
â
Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je lâai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusquâĂ la racine des cheveux. Comme on le dit souvent dâune maniĂšre trĂšs laide, il a lâaspect dâun lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme sâil Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux quâimaginer que lâensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă lâaide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de lâĆil. Pour lâaider Ă sâexprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de lâalphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de lâĆil.
 Lorsque jâĂ©tais en rĂ©animation, que jâĂ©tais complĂštement paralysĂ© et que jâavais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous nâĂ©tions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart dâheure pour dicter trois pauvres mots.
Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il mâest arrivĂ© dâassister Ă une discussion entre Patrice et sa mĂšre. Câest trĂšs impressionnant.La mĂšre demande dâabord : « Consonne ? » Patrice acquiesce dâun clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans lâordre alphabĂ©tique, mais dans lâordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs quâelle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de lâĆil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.Â
Câest avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă tous ceux qui sont amenĂ©s Ă le croiser. Jâai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. Ă cette lecture, jâai pris une Ă©norme gifle. Câest un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli dâhumour et dâautodĂ©rision par rapport Ă lâĂ©tat de son auteur. Il explique quâil y a de la vie autour de lui, mais quâil y en a aussi en lui. Câest juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je nâaurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.
 Avec lâexpĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer lâĂ©tat des uns et des autres seulement en les croisant ; jâai reçu une belle leçon grĂące Ă Patrice.Une leçon de courage dâabord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que jâai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori.
Plus jamais dorénavant je ne jugerai une personne handicapée à la vue seule de son physique.
Câest jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
â
â
Grand corps malade (Patients)