“
Il y a des moments rares dans l’existence où une porte s’ouvre et où la vie vous offre une rencontre que vous n’attendiez plus. Celle de l’être complémentaire qui vous accepte tel que vous êtes, qui vous prend dans votre globalité, qui devine et admet vos contradictions, vos peurs, votre ressentiment, votre colère, le torrent de boue sombre qui coule dans votre tête. Et qui l’apaise. Celui qui vous tend un miroir dans lequel vous n’avez plus peur de vous regarder.
”
”
Guillaume Musso (Central Park)
“
On la connaît tous...
Cette solitude qui nous mine parfois.
Qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins.
C'est la tristesse du premier jour d'école.
C'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée.
C'est Orly ou la gare de l'Est Ă la fin d'un amour.
C'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble.
C'est quelquefois moi.
C'est quelquefois vous.
Mais il suffit parfois d'une rencontre...
”
”
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
“
Il suffit d’un instant. Un regard. Une rencontre. Pour bouleverser une existence. La bonne personne, le bon moment. Le caprice complice du hasard.
”
”
Guillaume Musso (Central Park)
“
oui, à chaque pas dans la vie, on rencontre une déception, une désillusion, une humiliation.
”
”
Amin Maalouf (In the Name of Identity: Violence and the Need to Belong)
“
Il y a des rencontres qui changent une vie, des rencontres qui ne sont pas en mesure de vous sauver mais qui peuvent vous accompagner jusqu'au bout du chemin. Comme une lumière dans l'obscurité.
”
”
Morgane Moncomble (Nos âmes tourmentées)
“
Le destin attend toujours au coin de la rue. Comme un voyou, une pute ou un vendeur de loterie : ses trois incarnations favorites. Mais il ne vient pas vous démarcher à domicile. Il faut aller à sa rencontre.
”
”
Carlos Ruiz ZafĂłn (The Shadow of the Wind (The Cemetery of Forgotten Books, #1))
“
Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.
”
”
Patrick Modiano (Dans le café de la jeunesse perdue)
“
Il essayait vainement de se rappeler dans quel livre était écrit que chaque première rencontre est une blessure.
”
”
Patrick Modiano
“
Il y avait dans cette coïncidence surprenante, quasi inouïe, le signe d’une rencontre mystérieuse et d’une histoire qu’il fallait vivre.
”
”
Annie Ernaux (Le jeune homme)
“
Trentaine : Les hommes sont en position de pouvoir. Je pense sincèrement que la trentaine est l’âge le pire pour une femme côté rencontres : le tic-tac de l’horloge biologique très injuste se fait entendre de plus en plus fort.
”
”
Helen Fielding (Mad About the Boy (Bridget Jones, #3))
“
Les journées qui s'écoulent, les gens que tu rencontres, les expériences auxquelles tu es confrontée forment ce qu'on appelle une vie. Ta vie. Et des vies, Lahira, tu n'en vivras qu'une. C'est à toi de la prendre en main, de lui donner les couleurs que tu aimes et la direction dont tu rêves. A toi et à personne d'autre.
”
”
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
“
Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence très pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la manière d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas  ; c'est cela qui nous est arrivé.
”
”
Philippe Besson (" ArrĂŞte avec tes mensonges ")
“
Je crois que traduire est la façon la plus profonde, la plus intime de lire quelque chose. Une traduction est une magnifique rencontre dynamique entre deux langues, deux textes, deux écrivains. Elle implique un dédoublement, un renouveau.
”
”
Jhumpa Lahiri
“
Il m'arrivait aussi, à l'occasion, d'être accosté dans les rues de New York par des inconnus qui se lançaient dans une rencontre orageuse avec moi à cause de quelque chose dans mes romans qui les séduisait ou qui les exaspérait, ou qui les séduisait parce que cela les exaspérait, ou qui les exaspérait parce que cela les séduisait.
”
”
Philip Roth (Exit Ghost (Complete Nathan Zuckerman, #9))
“
Si, réduits au désespoir, ils viennent pour vaincre ou pour périr, évitez leur rencontre. À un ennemi encerclé vous devez laisser une voie de sortie.
”
”
Sun Tzu (The Art of War)
“
Nina a appris qu'on ne construit rien avec quelqu'un, ni pour quelqu'un. Qu'une existence se fonde seul et que si par miracle on rencontre une âme un peu sœur, c'est cadeau.
”
”
Valérie Perrin (Trois)
“
L'hypothèse d'une rencontre........l'hypothèse d'une réponse l'hypothèse de quelqu'un
”
”
Jacques Roubaud
“
Lorsque j’ai commencé à voyager en Gwendalavir aux côtés d'Ewìlan et de Salim, je savais que, au fil de mon écriture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou maléfiques... Je savais cela et je m'en réjouissais.
Rien, en revanche, ne m'avait préparé à une rencontre qui allait bouleverser ma vie.
Rien ne m'avait préparé à Ellana.
Elle est arrivée dans la Quête à sa manière, tout en finesse tonitruante, en délicatesse remarquable, en discrétion étincelante. Elle est arrivée à un moment clef, elle qui se moque des serrures, à un moment charnière, elle qui se rit des portes, au sein d’un groupe constitué, elle pourtant pétrie d’indépendance, son caractère forgé au feu de la solitude.
Elle est arrivée, s'est glissée dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a capté le regard d’Edwin et son respect, a séduit Salim, conquis maître Duom... Je l’ai regardée agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa présence, son charisme, sa beauté tissaient autour de moi.
Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentée d'être et, ce faisant, elle a tranquillement troqué son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblématique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherché la lumière, a épaulé Ewilan dans sa quête d'identité puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire.
Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvé ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombé à la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle n’en a tiré aucune gloire, trop équilibrée pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les épaules d'un groupe de compagnons soudés par une indéfectible amitié.
Lorsque j'ai posé le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mérité le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libéré par l'auteur après une éprouvante aventure littéraire.
Chacun ?
Pas Ellana.
Impossible de la quitter. Elle hante mes rêves, se promène dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochète mes pensées intimes, escalade mes désirs secrets...
Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ?
Est-ce moi qui ai créé Ellana ou n'ai-je vraiment commencé à exister que le jour où elle est apparue ? Nos routes sont-elles liées à jamais ?
— Il y a deux réponses à ces questions, souffle le vent à mon oreille. Comme à toutes les questions. Celle du savant et celle du poète.
— Celle du savant ? Celle du poète ? Qu'est-ce que...
— Chut... Écris.
”
”
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
“
Je te rencontre.
Je me souviens de toi.
Cette ville était faite à la taille de l'amour.
Tu étais fait à la taille de mon corps même.
Qui es-tu ?
Tu me tues.
J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir.
Depuis toujours.
Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus.
Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme.
Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.
Nous allons rester seuls, mon amour.
La nuit ne va pas finir.
Le jour ne se lèvera plus sur personne.
Jamais. Jamais plus. Enfin.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté.
Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt.
Du temps passera. Du temps seulement.
Et du temps va venir.
Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire.
Puis, il disparaîtra, tout à fait.
”
”
Marguerite Duras (Hiroshima mon amour)
“
Je ne ressens pas la moindre honte de ne pas être une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de rage qu'en tant qu fille qui intéresse peu les hommes, on cherche sans cesse à me faire savoir que je ne devrais même pas être là . On a toujours existé. Même s'il n'est pas question de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours existé, on n'a jamais parlé. Même aujourd'hui que les femmes publient beaucoup de romans, on rencontre rarement de personnage féminins aux physiques ingrats ou médiocres, inaptes à aimer les hommes ou à s'en faire aimer. Au contraire les héroines contemporaines aiment les hommes, les rencontrent facilement couchent avec eux en deux chapitres, elles jouissent en quatre lignes et elles aiment toutes le sexe. La figure de la looseuse de la féminité m'est plus que sympathique, elle m'est essentielle.
”
”
Virginie Despentes (King Kong théorie)
“
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme Ă´ mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n'irons plus mourir de langueur
Ă des milles de distance dans nos rĂŞves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
”
”
Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
“
Il y a des livres que l’on rate, comme certaines rencontres, on passe à côté d’histoires et de gens qui auraient pu tout changer. À cause d’un malentendu, d’une couverture, ou d’un résumé passable, d’un a priori. Heureusement que parfois, la vie insiste.
”
”
Valérie Perrin (Trois)
“
Tu vas voir, le regard des gens sur un mec handicapé se fait en plusieurs temps. Quand les gens te rencontrent la première fois, tu n’es rien d’autre qu’un handicapé. Tu n’as pas d’histoire, pas de particularités, ton handicap est ta seule identité. Ensuite, s’ils prennent un peu le temps, ils vont découvrir une facette de ton caractère. Ils verront alors si tu as de l’humour, si tu es dépressif… Enfin, ils verront presque avec surprise que tu peux avoir une vraie personnalité qui s’ajoute à ton statut d’handicapé .
”
”
Grand corps malade (Patients)
“
Ainsi leur rencontre avait eu l'importance d'une aventure. Ils s'étaient, tout de suite, accrochés par des fibres secrètes. D'ailleurs, comment expliquer les sympathies? Pourquoi telle particularité, telle imperfection indifférente ou odieuse dans celui-ci enchante-t-elle dans celui-là ? Ce qu'on appelle le coup de foudre est vrai pour toutes les passions. Avant la fin de la semaine, ils se tutoyèrent
”
”
Gustave Flaubert (Bouvard and Pécuchet)
“
L'homme lutte contre la peur mais, contrairement à ce qu'on répète toujours, cette peur n'est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l'éprouve pas, certains n'ayant aucune imagination, d'autres se croyant immortels, d'autres encore espérant des rencontres merveilleuses après leur trépas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensées, car la peur de n'être rien. Parce que chaque individu a éprouvé ceci, ne fût-ce qu'une seconde au cours d'une journée : se rendre compte que, par nature, ne lui appartient aucune des identités qui le définissent, qu'il aurait pu ne pas être doté de ce qui le caractérise, qu'il s'en est fallu d'un cheveu qu'il naisse ailleurs, apprenne une autre langue, reçoive une éducation religieuse différente, qu'on l'élève dans une autre culture, qu'on l'instruise dans une autre idéologie, avec d'autres parents, d'autres tuteurs, d'autres modèles. Vertige !
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt
“
La vie est un voyage solitaire et, être mariée n'y change rien. D'ailleurs je pense que le fait de ressentir cette solitude avec la même intensité alors qu'en théorie on est deux est une souffrance encore plus cruelle. Il y a un facteur chance à l'origine de chaque rencontre, après on gère comme on peut ce que la vie nous donne. Or, c'est bien connu, la vie est injuste et, en plus elle a un goût douteux.
”
”
Agathe Colombier Hochberg (Ce crétin de prince charmant)
“
Parfois nous sommes tirés de notre léthargie par une rencontre, un documentaire, un ouvrage, une conférence. Une vague d'indignation ou d'enthousiasme nous secoue pendant quelques heures, quelques jours parfois. Avant que le rythme du quotidien, la pression des crédits, un certain découragement nous ramènent dans le rang.
”
”
Cyril Dion (Petit manuel de résistance contemporaine)
“
Pour ma part, ma rencontre avec l'écume se passa de mots. Mille fois sa poésie sauvage me hérissa l'échine et pourtant je ne m'en lassais pas. C'est à peine si je m'aperçus que j'étais tombé amoureux tant mes sens étaient saturés par le spectacle. La mer se lova en moi comme une évidence. Depuis, elle ne m'a jamais quitté.
”
”
Patrick K. Dewdney (La Maison des veilleurs (Le Cycle de Syffe, #4))
“
Baignée toute d'azur et d'or
À la main une fleur de pays étrangers,
Te voici, sourire radieux,
Un signe de tĂŞte et tu disparais dans le
Brouillard.
”
”
Vladimir Sergeyevich Solovyov (Trois rencontres (et autres poèmes))
“
Les rencontres nous signent. Nous devenons des livres d'or. Nous apprenons à parler des mots donnés par nos aimés. Quand il la revoit, "sa voix avait des plis comme la soie".
”
”
Marie Darrieussecq (ĂŠtre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker)
“
Le coup de foudre est la rencontre miraculeuse entre une attente et sa réalisation.
”
”
Bourdieu, Pierre
“
Oh! quand j'aurais une langue de fer,
Toujours parlant jene pourrais suffire,
Mon cher lecteur, Ă te nombrer et dire
Combien de saints on rencontre en enfer.
”
”
Voltaire (La Pucelle; Or, the Maid of Orléans: A Poem, in XXI Cantos. Volume 1 of 2.)
“
Sur cette côte normande, à une heure aussi matinale, je n'avais besoin de personne. La présence des mouettes me dérangeai: je les fis fuir à coups de pierres. Et leurs cris d'une stridence surnaturelle, je compris que c'était justement cela qu'il me fallait, que le sinistre seul pouvait m'apaiser, et que c'est pour le rencontrer que je m'étais levé avant le jour.
”
”
Emil M. Cioran
“
Quand je considère ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe. L'existence des héros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flèche. Et la plupart des hommes aiment à résumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une récrimination ; leur mémoire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes...
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Ça et là , affleurent les granits de l'inévitable ; partout, les éboulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'écoulement d'une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d'événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou même dans la mienne propre ; puisque c'est peut-être l'impossibilité de continuer à s'exprimer et à se modifier par l'action que constitue la différence entre l'état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable. Et la preuve, c'est que j'éprouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte à moi-même. Certains travaux qui durèrent peu sont assurément négligeables, mais des occupations qui s'étendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble à peine essentiel, au moment où j'écris ceci, d'avoir été empereur..." (p.214)
”
”
Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
“
« Toute rencontre m'est cause de souffrance, soit parce qu'elle n'a lieu qu'en apparence, soit parce qu'elle se fait vraiment et c'est alors la nudité du visage de l'autre qui me brûle autant qu'une flamme.»
”
”
Christian Bobin
“
Lorsqu'on se baigne dans le Langage Universel, il est facile de comprendre qu'il y a toujours dans le monde une personne qui en attend une autre, que ce soit en plein désert ou au cœur des grandes villes. Et quand ces deux personnes se rencontrent, et que leurs regards se croisent, tout le passé et tout le futur sont désormais sans la moindre importance, seul existe ce moment présent, et cette incroyable certitude que toute chose sous la voûte du ciel a été écrite par la même Main. La Main qui fait naître l'Amour, et qui a créé une âme sœur pour chaque être qui travaille, se repose, et cherche des trésors sous la lumière du soleil.
”
”
Paulo Coelho (The Alchemist)
“
C'est souvent lorsqu'elle est le plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire, et lorsqu'elle risque de rencontrer l'opposition la plus vive. Mais il y a souvent péril à ne point souffler dans le sens du vent.
”
”
André Gide
“
Dans un pays où les décideurs s'évertuent à construire une villa à leurs rejetons là où il est question de leur bâtir une nation, il n'est pas rare de rencontrer des talents chevronnés trimer au fond des gargotes afin de joindre les deux bouts...
”
”
Yasmina Khadra (Qu'attendent les singes)
“
FR : Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de découvrir
EN : We deserve all our encounters, they are granted to our destiny and have a significance it behooves us to discover
”
”
François Mauriac
“
Quelles sont les images régnantes de la femme dans le patrimoine culturel marocain? Il s'agit certes de lire, mais que cette lecture se transforme le plus possible en écoute. Les questions à se poser, après l'écoute, sont les suivantes:
1°) Le patrimoine culturel marocain renferme-t-il une seule et même image de la femme? Le passage du droit musulman classique, des traités (du mariage) savants à la tradition orale implique-t-il un changement dans la perception de la femme?
2°) Dans quelle mesure les oppositions "savant/populaire" et écrit/oral appartiennent-elles à la problématique de la société étudiée?
3°) Peut-on rechercher les points de rencontre entre le féminisme et les formations discursives traditionnelles sans retomber dans le salafisme et le folklorisme?
”
”
Abdessamad Dialmy (Sexualité et discours au Maroc)
“
Il y a des chances qui tombent dans les bras du premier venu qu'elles rencontrent, des putains de chance qui le laissent tomber aussitôt pour aller avec le suivant, et il y a des chances avisées, au contraire, qui guettent une personne et l'éprouvent lentement.
”
”
Erri De Luca (Tre cavalli)
“
Dans l'immensité du monde, tu ne vois nulle part d'espace pour toi - un espace minuscule te suffirait, pourtant. Tu cherches une voix, mais ne rencontres qu'un profond silence. A l'inverse, quand tu réclames le silence, c'est la voix de la prédiction qui se fait entendre sans fin.
”
”
Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
“
La rencontre avec mes premiers vrais défauts me donnait une assurance que je n'avais jamais eue. Ils mettaient en valeur mes qualités que je découvrais aussi et qui m'intéressaient moins. Mes qualités ne me faisaient progresser que lorsque mes défauts les excitaient. ... Je ressentais profondément qu'en les connaissant ils devenaient des outils utiles à ma construction. Il ne s'agissait plus de les repousser, ou de les supprimer, encore moins d'en avoir honte, mais de les maîtriser et de m'en servir, le cas échéant. Mes défauts étaient des qualités, en quelque sorte.
”
”
Marie Cardinal (The Words to Say It)
“
Persuadé que mes pensées eussent paru pure ineptie à cet esprit parfait, j'avais tellement fait table rase de toutes, que quand par hasard il m'arriva d'en rencontrer, dans tel livres, une que j'avais déjà eue moi-même, mon cœur se gonflait comme si un Dieu dans sa bonté me l'avait rendue, l'avait déclarée légitime et belle.
”
”
Marcel Proust (Du côté de chez Swann)
“
Pour moi, peindre un tableau c'est engager une action dramatique au cours de laquelle la réalité se trouve déchirée. Ce drame l'emporte sur toute autre considération. L'acte plastique n'est que secondaire, en ce qui me concerne. Ce qui compte, c'est le drame de l'acte lui-même, le moment où l'univers s'échappe pour rencontrer sa propre destruction
”
”
Pablo Picasso
“
Je dois dire un mot sur la peur. C'est le seul adversaire réel de la vie. Il n'y a que la peur qui puisse vaincre la vie. C'est une ennemie habile et perfide, et je le sais bien. Elle n'a aucune décence, ne respecte ni lois ni conventions, ne manifeste aucune clémence. Elle attaque votre point le plus faible, qu'elle trouve avec une facilité déconcertante. Elle naît d'abord et invariablement dans votre esprit. Un moment vous vous sentez calme, en plein contrôle, heureux. Puis la peur, déguisée en léger doute, s'immisce dans votre pensée comme un espion. Ce léger doute rencontre l'incrédulité et celle-ci tente de le repousser. Mais l'incrédulité est un simple fantassin. Le doute s'en débarrasse sans se donner de mal. Vous devenez inquiet. La raison vient à votre rescousse. Vous êtes rassuré. La raison dispose de tous les instruments de pointe de la technologie moderne. Mais, à votre surprise et malgré des tactiques supérieures et un nombre impressionnant de victoires, la raison est mise K.- O. Vous sentez que vous vous affaiblissez, que vous hésitez. Votre inquiétude devient frayeur.
”
”
Yann Martel (Life of Pi)
“
Une très jolie jeune fille, traitée avec des égards constants et des attentions démesurées par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majorité - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et même à vrai dire tout particulièrement par eux, avec une émulation abjecte confinant chez certains quinquagénaires au gâtisme pur et simple, une très jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultés s'aplanissent, accueillie partout comme si elle était la reine du monde, devient naturellement une espèce de monstre d'égoïsme et de vanité autosatisfaite. La beauté physique joue ici exactement Ie même rôle que la noblesse de sang sous l'Ancien Régime, et la brève conscience qu'elles pourraient prendre à l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cède rapidement la place chez la plupart des très jolies jeunes filles à une sensation de supériorité innée, naturelle, instinctive, qui les place entièrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanité. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui éviter toute peine, et de prévenir Ie moindre de ses désirs, c'est tout uniment (sic) qu'une très jolie jeune fille en vient à considérer Ie reste du monde comme composé d'autant de serviteurs, elle-même n'ayant pour seule tâche que d'entretenir sa propre valeur érotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilité concrète d'un être plus faible, d'être directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santé, de sa survie - cet être pouvant être un frère ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)
”
”
Michel Houellebecq
“
Les rencontres naissent de coïncidences. D’un jet de dés. Si des couples tiennent ainsi, après que le hasard les a réunis, c’est donc que cela aurait pu tout autant marcher avec une autre fille, si le destin l’avait décidé. C’est donc qu’une histoire d’amour ne vaut pas plus qu’une autre, que mille autres vies auraient été possibles, peut-être meilleures, peut-être pires.
”
”
Michel Bussi (Le temps est assassin)
“
A un moment j’ai même laissé échapper un son qui s’est prolongé malgré moi en prenant de plus en plus de force, un son qui avait attendu ce jour précis pour partir du fond de mes années de ténèbres à mal aimer des hommes qui m’ont mal aimée en retour et recouvrir ta poitrine comme une brûlure ; c’était d’abord un son rauque et traînant, une plainte animale qui n’avait rien du sanglot et qui en un véritable appel à la mort. A ce moment tout s’est arrêté, je me suis soudain rappelé cette même scène vécu avec toi alors qu’on venait de se rencontrer ; ce hurlement avait déjà eu lieu et sa répétition implacable m’a fait taire une fois pour toute. A ce moment aussi tu t’es écarté de moi, sans doute pour la même raison, tu t’es levé dans une brusquerie qui a délogé Oréo de la chaise de ton bureau. Ne voulant pas te regarder dans les yeux, j’ai regardé tes pieds. Mon hurlement avait tracé une ligne infranchissable entre nous, en hurlant je venais de sonner le glas de notre histoire. Tu as dit des paroles que tu avais déjà prononcées en d’autres circonstances et je suis partie, je savais que plus jamais on ne se reparlerait.
”
”
Nelly Arcan (Folle)
“
Si quelqu’un a volé, ou porté atteinte à autrui, ou même tué un autre homme, on envoie quérir la Clairvoyante. Car certains font le mal sans en ressentir aucune honte. Et nombre d’entre eux parviennent à cacher leurs scrupules au plus profond de leur conscience en se trouvant de multiples excuses. Ils vont parfois même jusqu’à se convaincre qu’ils étaient dans leur bon droit en commettant leur crime. Mais lorsqu’ils rencontrent la Clairvoyante, ils ne peuvent plus se cacher leurs méfaits ni les dissimuler aux autres. La plupart des hommes connaissent le repentir. Et quand il m’arrive de rencontrer quelqu’un qui n’en éprouve pas ou presque, je fais en sorte qu’il ressente une douleur. Car j’ai appris à utiliser ce don inhabituel qui est aussi le tien.
”
”
Lene Kaaberbøl (The Shamer’s Daughter (The Shamer Chronicles #1))
“
Même si j'ai éprouvé une profonde joie à vous rencontrer, même si nous avons partagé toutes les deux des moments extrêmement forts, qui n'auraient pas pu se produire si vous n'aviez pas été en face de moi, (...) j'ai besoin de retrouver ma table de travail pour revenir vers vous en toute tranquillité. L'écriture est mon abri. Mon observatoire. Ma tour de contrôle. Je m'y sens en sécurité.
”
”
Françoise Kerymer (Il faut laisser les cactus dans le placard)
“
Mais cette grande Angleterre s’irritera de ce que nous disons ici. Elle a encore, après son 1688 et notre 1789, l’illusion féodale. Elle croit à l’hérédité et à la hiérarchie. Ce peuple, qu’aucun ne dépasse en puissance et en gloire, s’estime comme nation, non comme peuple. En tant que peuple, il se subordonne volontiers et prend un lord pour une tête. Workmann, il se laisse dédaigner ; soldat, il se laisse bâtonner. On se souvient qu’à la bataille d’Inkermann un sergent qui, à ce qu’il paraît, avait sauvé l’armée, ne put être mentionné par lord Raglan, la hiérarchie militaire anglaise ne permettant de citer dans un rapport aucun héros au-dessous du grade d’officier. Ce que nous admirons par-dessus tout, dans une rencontre du genre de celle de Waterloo, c’est la prodigieuse habileté du hasard.
”
”
Victor Hugo (Les Misérables: Roman (French Edition))
“
Il est des mots qui sont des rebuts, des ordures, et ils ne se transforment en rien une fois prononcés. D'autres projettent des ombres, hideuses et pathétiques, mais parfois majestueuses et puissantes, capables de sauver une âme mourante. Pourtant quelques-uns seulement de ces mots deviennent des hommes et en prononcent à leur tour. Et pour chacun il existe une chance de rencontrer celui qu'il a énoncé à voix haute.
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Marina Diatchenko (Vita Nostra (Les métamorphoses, #1))
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Moi qui prêchais la non-violence, moi qui n'avais jamais donné la moindre taloche à mes enfants, moi qui n'avais jamais répondu à l'injustice ou à l'autorité arbitraire que par du silence ou des pleurs! Moi, j'étais pétrie de violence, j'étais la violence même, la violence incarnée! ...
Une fois de plus j'étais émerveillée par la belle et compliquée organisation de l'esprit des êtres humains. La rencontre avec ma violence est intervenue quand il le fallait. Je ne l'aurais pas supportée avant, je n'aurais pas été capable de l'assumer. ...
Au cours de mon adolescence ma violence avait resurgi quelques fois. Mais je ne savais pas que c'était elle, je me croyais en proie à une crise de nerfs que je sentais monter dans ma gorge. Je m'enfermais alors dans un endroit, et, seule, honteusement, je déchirais mes vêtements ou je cassais un objet.
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Marie Cardinal
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Mon Dieu, dit-il, ils sont libres... Je veux dire, ce sont des jeunes gens, et le temps pour eux n'a pas d'importance. Pourquoi donc feraient-ils triste figure ? Je me dis quelquefois : être malade et mourir, ce n'est pas sérieux en somme, c'est plutôt une sorte de laisser-aller ; du sérieux, on n'en rencontre à tout prendre que dans la vie de la plaine. Je crois que tu comprendras cela, lorsque tu auras séjourné plus longtemps ici.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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J'étais entière avant de rencontrer Toumani. J'étais entière alors que je ne ressentais rien, mais j'ai succombé à la vanité et, dès l,instant où la nature m'a saisie, je me suis brisée au sol. À présent, je m'en allais en resserrant mon châle autour de mes épaules, comme dans le but de rassembler mes fragments épars. Mais même ainsi, recollée, j'étais une femme lézardée, et les courants d'air s'engouffraient dans les failles entre mes morceaux.
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Ryad Assani-Razaki (La main d'Iman)
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N'importe quoi pouvait donc m'arriver, comme à n'importe qui : quelle révolution! C'est tellement étonnant d'être soi, justement soi, c'est si radicalement unique, qu'on a peine à se persuader que cette singularité se rencontre chez tout le monde et qu'on relève des statistiques. Maladie, accident, malheur, ça n'arrive jamais qu'aux autres : mais sous les yeux des curieux, l'autre brusquement, c'était moi; comme tous les autres, j'étais pour tous les autres une autre.
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Simone de Beauvoir (La force de l'âge I)
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Mais ce que je ne savais pas, c'est qu'il n'est pas bon de laisser la mort se promener trop longtemps à visage découvert sur la terre. Je ne savais pas... Elle émeut, elle éveille la mort encore endormie au fond des autres, comme un enfant dans le ventre d'une femme. Et comme quand une femme rencontre une femme grosse - même si elle détourne la tête, tout au fond d'eux-mêmes, si l'on descendait, on les sentirait complices... Oui, c'est leur mort tout d'un coup qui bouge en eux.
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Julien Gracq (A Dark Stranger)
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Quand j'ai cessé de voir trouble, j'ai aperçu une belle brune qui m'observait. Alice m'avait vu dégouliner. Je ne sais
pas si c'est l'émotion, ou le contraste avec le lieu, mais j'ai ressenti une immense attirance pour cette mystérieuse
apparition en pull moulant noir. Plus tard, Alice m'avoua qu'elle m'avait trouvé très beau: mettons cette erreur
d'appréciation sur le compte de l'instinct maternel. L'essentiel, c'est que mon attirance était réciproque - elle avait
envie de me consoler, cela se voyait. Cette rencontre m'a appris que la meilleure chose Ă faire dans un enterrement,
c'est de tomber amoureux.
C'était une amie d'une cousine. Elle me présenta son mari, Antoine, très sympa, trop, peut-être. Pendant qu'elle
embrassait mes joues mouillées, elle comprit que j'avais compris qu'elle avait vu que j'avais vu qu'elle m'avait
regardé comme elle m'avait regardé. Je me souviendrai toujours de la première chose que je lui ai dite:
— J'aime bien la structure osseuse de ton visage.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Accordons-lui une plus grande capacité à comprendre et à parler le patois jamaïquain, une tolérance accrue pour la flamme vive du rhum blanc, et davantage de respect pour les difficultés qu'on rencontre lorsqu'on veut comprendre quelqu'un d'une autre culture, d'une autre race, d'une autre géographie, d'une autre économie et d'une autre langue - et cela même alors que je me familiarisais tous les jours davantage avec les subtilités de cette culture, de cette race, de cette géographie, de cette économie et de cette langue. J'ai appris le nom des arbres, des fleurs et des aliments qui m'entouraient ; j'ai appris à jouer aux dominos avec autant de férocité qu'un Jamaïquain, et j'ai même appris à parler assez bien avec des Jamaïquaines pour qu'elles puissent oublier pendant de longs moments l'extraordinaire avantage financier que je représentais pour elles, et qu'il leur arrive brièvement d'arrêter de me raconter uniquement ce qu'elles croyaient que je voulais entendre. Ce qui ne veut pas dire que je comprenais alors ce qu'elles me disaient. (p.47)
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Russell Banks (Book of Jamaica)
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Cette trop grande confiance dans les théories, qui cause tout le mal, vient souvent d'une mauvaise éducation scientifique, dont le savant doit ensuite se corriger. Mieux vaudrait souvent qu'il fût ignorant. Il n'a plus l'esprit libre ; il est enchaîné par des théories qu'il regarde comme vraies absolument. Un des plus grands écueils que rencontre l'expérimentateur, c'est donc d'accorder trop de confiance aux théories. Ce sont les gens que J'appellerai des systématiques.
L'enseignement contribue beaucoup à produire ce résultat. Il arrive généralement que dans les livres et dans les cours on rend la science plus claire qu'elle n'est en réalité. C'est même là le mérite d'un enseignement de faculté de présenter la science avec un ensemble systématique dans lequel on dissimule les lacunes pour ne pas rebuter les commençants dans la science. Or, les élèves prennent le goût des systèmes qui sont plus clairs et plus simples pour l'esprit, parce qu'on a simplifié sa science et élagué tout ce qui était obscur, et ils emportent de là l'idée fausse que les théories de la science sont définitives et qu'elles représentent des principes absolus dont tous les faits se déduisent. C'est en effet ainsi qu'on les présente systématiquement.
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Claude Bernard (Principes de Médecine expérimentale (French Edition))
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Le fait de ne pas prolonger l’expérience amoureuse n’est pas un critère de validité en soi. Dans la rencontre attentionnée avec l’autre, l’individu est électrisé. Dans la rencontre de deux corps s’exalte une sensation de vie intense. Aussi la passion n’est-elle pas toujours liée à la suite de l’événement : il est fréquent de rencontrer sensuellement quelqu’un sans vivre ensuite avec lui. Il faut disjoindre la grâce de la rencontre, qui est éblouissement réciproque, des suites d’une relation. Deux êtres peuvent s’estimer trop différents, trop éloignés, pour décider de former une relation durable, malgré un échange merveilleux. Les partenaires savent que, « sans lendemain », cet échange se suffit à lui-même, qu’il procure une énergie fabuleuse. C’est néanmoins un moment magique. « Une volupté vraie est aussi difficile à réussir qu’un mariage d’amour », estime Vladimir Jankélévitch (1949). Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle communément l’état amoureux, aussi cette forme de relation est toujours niée, vulgarisée, ramenée à un échange libertin, de pur sexe, instrumental, intéressé, etc. Pourtant l’apport émotionnel, sensuel, énergétique, affectif, amoureux peut avoir des répercussions plus grandes dans l’histoire de vie de la personne que des années de vie conjugale.
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Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
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Alors toi, le moins qu'on puisse dire, c'est que je t'aurais méritée. Primo, ça faisait des années que je t'attendais. Des années que j'avais juste le droit de tremper mes lèvres dans le bonheur et puis pas plus. Deusio, quand je te rencontre il faut que tu sois maquée avec un poulpe qui te colle de partout. Et tertio, quand enfin mademoiselle est dispo, il faut que tu me fasses poireauter des semaines et des semaines, genre laisse-moi digérer mon histoire avec Dudulle et faire mon rot. Tu crois que ça peut être simple ? Comme à la télé ou sur grand écran ? Ils se rencontrent, ils se plaisent, ils s'aiment, allez zou ! emballez, c'est pesé. Eh ben, nan ! Il faut que ça soit compliqué, il faut que mademoiselle prenne tout son temps, qu'elle s'ébroue un peu, qu'elle remette de l'ordre sans sa tête, qu'elle fasse une pose, alors que moi, je suis là , tendu comme un arc, les pieds bien calés dans les starting-blocks, les doigts bien posés sur la ligne, concentré, parce qu'un début d'histoire, faut surtout pas le rater, faut se donner à fond, je le sais, c'est pas une première pour moi, avec toutes les histoires foireuses que je viens d'enquiller, j'ai largement eu le temps de m'entraîner. Comme un sportif, je me suis entraîné. Je suis prêt, moi. Y a plus qu'à donner le départ. Quand mademoiselle sera disposée.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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La laïcité est propre à la France et à la Belgique. La question de la caricature nous vient de Voltaire et de l’histoire de la France. Elle est très ancrée dans la culture historique, politique et intellectuelle française. Le 18ème siècle, qui a préparé la Révolution, s’est fondé sur la lutte pour le droit au blasphème. C’est cela Voltaire, c’est notre histoire, mais les autres pays du monde ont une autre histoire.
Comment voyez-vous la dernière rencontre à Paris entre les deux ministres de la Justice du Maroc et de la France?
Comme les problèmes entre les deux pays sont nés sur les questions judiciaires, je trouve normal que les deux pays attaquent en premier ce dossier.
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Pierre Vermeren
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L'homme qui se juge supérieur, inférieur ou égal à un autre ne comprend pas la réalité. Cette idée-là n'a peut-être de sens que dans le cadre d'une doctrine qui considère le "moi" comme une illusion et, à moins d'y adhérer, mille contre-exemples se pressent, tout notre système de pensée repose sur une hiérarchie des mérites selon laquelle, disons, le Mahatma Gandhi est une figure humaine plus haute que le tueur pédophile Marc Dutroux. Je prends à dessein un exemple peu contestable, beaucoup de cas se discutent, les critères varient, par ailleurs les bouddhistes eux-mêmes insistent sur la nécessité de distinguer, dans la conduite de la vie, l'homme intègre du dépravé. Pourtant, et bien que je passe mon temps à établir de telles hiérarchies, bien que comme Limonov je ne puisse pas rencontrer un de mes semblables sans me demander plus ou moins consciemment si je suis au-dessus ou au-dessous de lui et en tirer soulagement ou mortification, je pense que cette idée - je répète : "L'homme qui se juge supérieur, inférieur ou égal à un autre, ne comprends pas la réalité" est le sommet de la sagesse et qu'une vie ne suffit pas à s'en imprégner, à la digérer, à se l'incorporer, en sorte qu'elle cesse d'être une idée pour informer le regard et l'action en toutes circonstances. Faire ce livre, pour moi, est une façon bizarre d'y travailler. (p. 227-228)
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Emmanuel Carrère (Limonov)
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Cette nuit-là , j'écris qu'il faut croire aux fauves, à leurs silences, à leur retenue ; croire au qui-vive, aux murs blancs et nus, aux draps jaunes de cette chambre d'hôpital ; croire au retrait qui travaille le corps et l'âme dans un non-lieu qui a pour lui sa neutralité et son indifférence, sa transversalité. L'informe se précise, se dessine, se redéfinit tranquillement, brutalement. Désinnerver réinnerver mélanger fusionner greffer. Mon corps après l'ours après ses griffes, mon corps dans le sang e sans mort, mon corps plein de vie, de fils et de mains, mon corps en forme de monde ouvert où se rencontrent des être multiples, mon corps qui se répare avec eux, sans eux, mon corps est une révolution.
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Nastassja Martin (In the Eye of the Wild)
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Le soleil, plus bas, semblait saigner; et une large traînée lumineuse, une route éblouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'Océan jusqu'au sillage de la barque.
Les derniers souffles de vent tombèrent; toute ride s'aplanit; et la voile immobile était rouge. Une accalmie illimitée semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'éléments : tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, la mer, fiancée monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il précipitait sa chute, empourpré comme par le désir de leur embrassement. Il la joignit; et, peu à peu, elle le dévora.
Alors de l'horizon une fraîcheur accourut; un frisson plissa le sein mouvant de l'eau comme si l'astre englouti eût jeté sur le monde un soupir d'apaisement.
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Guy de Maupassant (Une vie)
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L'optimisme est contagieux.
Si c'etait le cas, il suffirait d'aller jusqu'a la personne aimee avec un immense sourire, pleine de projets et d'idees, et de savoir comment les presenter.
Cela fonctionne-il? Non.
Ce qui est contagieux, c'est la peur, la frayeur constante de ne jamais rencontrer quelqu'un qui nous accompagne jusqu'a la fin de nos jours. Et au nom de cette peur, nous sommes capables de faire n'importe quoi, d'accepter la mauvaise personne et de nous convaincre qu'elle est la bonne, l'unique, celle que Dieu a mise sur notre chemin. En tres peu de temps, la recherche de la securite se transforme en amour sincere, les choses sont moins ameres et difficiles, et nos sentiments peuvent etre mis dans une boite et repousses au fond d'une armoire dans notre tete, ou elle restera cachee et invisible a tout jamais.
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La plus violente douleur qu'on puisse éprouver, certes, est la perte d'un enfant pour une mère, et la perte de la mère pour un homme. Cela est violent, terrible, cela bouleverse et déchire; mais on guérit de ces catastrophes comme des larges blessures saignantes. Or, certaines rencontres, certaines choses entr'aperçues, devinées, certains chagrins secrets, certaines perfidies du sort, qui remuent en nous tout un monde douloureux de pensées, qui entr'ouvrent devant nous brusquement la porte mystérieuse des souffrances morales, compliquées, incurables, d'autant plus profondes qu'elles semblent bénignes, d'autant plus cuisantes qu'elles semblent presque insaisissables, d'autant plus tenaces qu'elles semblent factices, nous laissent à l'âme comme une traînée, un goût d'amertume, une sensation de désenchantement dont nous sommes longtemps à nous débarrasser.
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Guy de Maupassant (Contes de la Bécasse)
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Dans un monde d'ultracommunication manipulée, où les peuples sont gouvernés et orientés par les mensonges d'une poignée d'individus qui ne servent que leurs propres intérêts, la paranoïa ne serait-elle pas l'instrument de survie moderne ?
Je rencontre bien gens sur le net. Beaucoup considèrent la race humaine comme un troupeau de moutons qui paît sagement, chaque être faisant comme tous les autres sans se soucier de ce qui l'entoure ou de la direction dans laquelle ll va. Parmi celles et ceux qui parlent ainsi, certains sourient à mes propos, je les appelle les "chiens de berger" car ils pensent avoir suffisamment de connaissances et d'intelligence pour manoeuvrer au-dessus du troupeau. Ils pensent être assez fins pour ne pas se faire manoeuvrer eux-mêmes. L'intelligence n'a rien à voir là -dedans.
C'est de la vigilance qu'il faut. Et cette touche de paranoïa désormais salvatrice.
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Maxime Chattam (Les Arcanes du chaos (Le Cycle de l'homme, #1))
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Moi qui ai eu la chance, malgrĂ© quelques grosses sĂ©quelles, de me relever et de retrouver une autonomie totale, je pense souvent Ă cette incroyable pĂ©riode de ma vie et surtout Ă tous mes compagnons d’infortune. Ă€ part Samia, peut-ĂŞtre, je sais pertinemment que les autres sont toujours dans leurfauteuil, qu’ils sont contraints Ă une assistance permanente, qu’ils ont toujours droit aux sondages urinaires, aux transferts, aux fauteuils-douches, aux sĂ©ances de verticalisation… Ils sont pour toujours confrontĂ©s Ă ces mots qui ont Ă©tĂ© mon quotidien, cette annĂ©e-lĂ
J’ai fait trois autres centres de rééducation par la suite, mais jamais je n’ai autant ressenti la violence de cette immersion dans le monde du handicap que lors de ces quelques mois. Jamais je n’ai retrouvé autant de malheur et autant d’envie de vivre réunis en un même lieu, jamais je n’ai croisé autant de souffrance et d’énergie, autant d’horreur et d’humour. Et jamais plus je n’ai ressenti autant d’intensité dans le rapport des êtres humains à l’incertitude de leur avenir ..
Je ne connaissais rien de ce monde-là avant mon accident. Je me demande même si j’y avais déjà vraiment pensé. Bien sûr, cette expérience aussi difficile pour moi que pour mon entourage proche m’a beaucoup appris sur moi-même, sur la fragilité de l’existence (et celle des vertèbres cervicales). Personne d’autre ne sait mieux que moi aujourd’hui qu’une catastrophe n’arrive pas qu’aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus .
Mais, au-delà de ces lourds enseignements et de ces grandes considérations, ce qui me reste surtout de cette période, ce sont les visages et les regards que j’ai croisés dans ce centre. Ce sont les souvenirs de ces êtres qui, à l’heure où j’écris ces lignes, continuent chaque jour de mener un combat qu’ils n’ont jamais l’impression de gagner.Si cette épreuve m’a fait grandir et progresser, c’est surtout grâce aux rencontres qu’elle m’aura offertes.
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Grand corps malade (Patients)
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Je prendrai par la main les deux petits enfants; J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons, Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches; Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur. Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent, Et que, hors les amours et les nids, tout est vain; Théocrite souvent dans le hallier divin Crut entendre marcher doucement la ménade. C'est là que je ferai ma lente promenade Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour, Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche Que mènent les enfants, je réglerai ma marche Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas, Et sur la petitesse aimable de leurs pas. Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres. Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures ! Avril vient calmer tout, venant tout embaumer. Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.
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Victor Hugo (L'Art d'être grand-père)
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Cette qualité de la joie n’est-elle pas le fruit le plus précieux de la civilisation qui est nôtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matériels. Mais nous ne sommes pas un bétail à l’engrais. La prospérité et le confort ne sauraient suffire à nous combler. Pour nous qui fûmes élevés dans le culte du respect de l’homme, pèsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fêtes merveilleuses…
Respect de l’homme ! Respect de l’homme !… Là est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-même ; il refuse les contradictions créatrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitière. L’ordre pour l’ordre châtre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie.
Il nous semble, à nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous.
Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en péril. Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires. La vérité d’hier est morte, celle de demain est encore à bâtir. Aucune synthèse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne détient qu’une parcelle de la vérité. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel à la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les méthodes, nous risquons de ne plus reconnaître que nous nous hâtons vers le même but.
Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une étoile, s’il se laisse trop absorber par ses problèmes d’escalade, risque d’oublier quelle étoile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisière de cathédrale, à se préoccuper trop âprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, à m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’être au service d’une évidence spirituelle. Nous avons goûté, aux heures de miracle, une certaine qualité des relations humaines : là est pour nous la vérité.
Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stérile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haïrions-nous à l’intérieur d’un même camp ? Aucun d’entre nous ne détient le monopole de la pureté d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les démarches de sa raison. Les démarches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la même étoile.
Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !… Si le respect de l’homme est fondé dans le cœur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le système social, politique ou économique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, désir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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— Vous n'êtes pas sûr de ce que vous dites ? Vous allez de nouveau changer, vous déplacer par rapport aux questions qu'on vous pose, dire que les objections ne pointent pas réellement vers le lieu où vous vous prononcez ? Vous vous préparez à dire encore une fois que vous n'avez jamais été ce qu'on vous reproche d'être ? Vous aménagez déjà l'issue qui vous permettra, dans votre prochain livre, de resurgir ailleurs et de narguer comme vous le faites maintenant : non, non je ne suis pas là où vous me guettez, mais ici d'où je vous regarde en riant.
— Eh quoi, vous imaginez-vous que je prendrais à écrire tant de peine et tant de plaisir, croyez-vous que je m'y serais obstiné, tête baissée, si je ne préparais — d'une main un peu fébrile — le labyrinthe où m'aventurer, déplacer mon propos, lui ouvrir des souterrains, l’enfoncer loin de lui-même, lui trouver des surplombs qui résument et déforment son parcours, où me perdre et apparaître finalement à des yeux que je n'aurai jamais plus à rencontrer. Plus d'un comme moi sans doute, écrivent pour n'avoir plus de visage. Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c'est une morale d'état civil; elle régit nos papiers. Qu'elle nous laisse libres quand il s'agir d'écrire.
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Michel Foucault (The Archaeology of Knowledge and The Discourse on Language)
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C’est ainsi que l’étude des « sciences traditionnelles », quelle que soit leur provenance, s’il en est qui veulent dès maintenant l’entreprendre (non dans leur intégralité, ce qui est présentement impossible, mais dans certains éléments tout au moins), nous parait une chose digne d’être approuvée, mais à la double condition que cette étude soit faite avec des données suffisantes pour ne point s’y égarer, ce qui suppose déjà beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire, et qu’elle ne fasse jamais perdre de vue l’essentiel. Ces deux conditions, d’ailleurs, se tiennent de près : celui qui possède une intellectualité assez développée pour se livrer avec sûreté à une telle étude ne risque plus d’être tenté de sacrifier le supérieur à l’inférieur ; dans quelque domaine qu’il ait à exercer son activité, il n’y verra jamais à faire qu’un travail auxiliaire de celui qui s’accomplit dans la région des principes. Dans les mêmes conditions, s’il arrive parfois que la « philosophie scientifique » rejoigne accidentellement, par certaines de ses conclusions, les anciennes « sciences traditionnelles », il peut y avoir quelque intérêt à le faire ressortir, mais en évitant soigneusement de paraître rendre ces dernières solidaires de n’importe quelle théorie scientifique ou philosophique particulière, car toute théorie de ce genre change et passe, tandis que tout ce qui repose sur une base traditionnelle en reçoit une valeur permanente, indépendante des résultats de toute recherche ultérieure. Enfin, de ce qu’il y a des rencontres ou des analogies, il ne faut jamais conclure à des assimilations impossibles, étant donné qu’il s’agit de modes de pensée essentiellement différents ; et l’on ne saurait être trop attentif à ne rien dire qui puisse être interprété dans ce sens, car la plupart de nos contemporains, par la façon même dont est borné leur horizon mental, ne sont que trop portés à ces assimilations injustifiées.
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René Guénon (East and West)
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Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cour; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personnalité s'affirmera, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres." (Lettres à un jeune poète)
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Rainer Maria Rilke (Letters to a Young Poet)
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13 juillet.
Non, je ne me trompe pas ; je lis dans ses yeux noirs un véritable intérêt pour ma personne et pour mon sort. Je le sens, et, là -dessus, j’ose me fier à mon cœur, elle…. Oh ! pourrai-je, oserai-je exprimer en ces mots le bonheur céleste ?… Je sens que je suis aimé.
Je suis aimé !… Et combien je me deviens cher à moi-même, combien…. J’ose te le dire, tu sauras me comprendre. Combien je suis relevé à mes propres yeux.depuis que j’ai son amour !….
Est-ce de la présomption ou le sentiment de ce que nous sommes réellement l’un pour l’autre ?… Je ne connais pas d’homme dont je craigne quelque chose dans le cœur de Charlotte, et pourtant, lorsqu’elle parle de son fiancé, qu’elle en parle avec tant de chaleur, tant d’amour…. je suis comme le malheureux que l’on dépouille de tous ses honneurs et ses titres, et à qui l’on retire son épée.
16 juillet.
Ah ! quel frisson court dans toutes mes veines, quand, par mégarde, mes doigts touchent les siens, quand nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu, et une force secrète m’attire de nouveau…. Le vertige s’empare de tous mes sens. Et son innocence, son âme candide, ne sent pas combien ces petites familiarités me font souffrir. Si, dans la conversation, elle pose sa main sur la mienne, et si, dans la chaleur de l’entretien, elle s’approche de moi, en sorte que son haleine divine vienne effleurer mes lèvres…. je crois mourir, comme frappé de la foudre…. Wilhelm, et ce ciel, cette confiance, si j’ose jamais…. Tu m’entends…. Non, mon cœur n’est pas si corrompu. Faible ! bien faible !…. Et n’est-ce pas de la corruption ?
Elle est sacrée pour moi. Tout désir s’évanouit en sa présence. Je ne sais jamais ce que j’éprouve, quand je suis auprès d’elle. Je crois sentir mon âme se répandre dans tous mes nerfs…. Elle a une mélodie, qu’elle joue sur le clavecin avec l’expression d’un ange, si simple et si charmante !… C’est son air favori : il chasse loin de moi troubles, peines, soucis, aussitôt qu’elle attaque la première note.
De tout ce qu’on rapporte sur l’antique magie de la musique, rien n’est invraisemblable pour moi. Comme ce simple chant me saisit ! et comme souvent elle sait le faire entendre, à l’instant même où je m’enverrais volontiers une balle dans la tête !… le trouble et les ténèbres de mon âme se dissipent, et je respire plus librement.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Maldoror, écoute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence égale à la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas démenti la confiance que tu m’avais vouée. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai ; mais, grâce à ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abîme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappés de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pâle et voûté, dans les théâtres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maître-fantôme, enveloppé dans un long manteau noir. Abandonne ces pensées, qui rendent ton cœur vide comme un désert ; elles sont plus brûlantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois être dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux ! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance ? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait créée avec tant d’amour ! Tu n’as engendré que des malédictions, plus affreuses que la vue de panthères affamées ! Moi, je préférerais avoir les paupières collées, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassiné un homme, que ne pas être toi ! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractère qui m’étonne ? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dérision ceux qui l’habitent, épave pourrie, ballottée par le scepticisme ? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphères d’où tu viens. Un habitant des cités ne doit pas résider dans les villages, pareil à un étranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphères plus spacieuses que la nôtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons même pas concevoir. Eh bien, va-t’en !… retire-toi de ce sol mobile !… montre enfin ton essence divine, que tu as cachée jusqu’ici ; et, le plus tôt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphère, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es ! Car, je ne suis pas parvenu à reconnaître si tu es un homme ou plus qu’un homme ! Adieu donc ; n’espère plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternité, afin d’implorer ton pardon !
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Comte de Lautréamont
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J’ai remarqué souvent que quand deux amis pétersbourgeois se rencontrent quelque part, après s’être salués, ils demandent en même temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particulière dans leurs voix, quelle qu’ait été l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une désespérance totale est liée à cette question à Pétersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, très souvent, l’homme qui la pose est tout à fait indifférent, un Pétersbourgeois de naissance, qui connaît très bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui répondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posé cette question peut-être mille fois sans aucun succès ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intéresser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi à la vie publique, d’avoir des intérêts publics. Mais les intérêts publics... C’est-à -dire nous ne nions pas que nous ayons des intérêts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher Pétersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se présente. En un mot il y a beaucoup d’intérêts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que Pétersbourg n’est que la réunion d’un nombre considérable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractère national qui a encore peur de la vie publique et tient plutôt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y préparer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on préfère la maison. Là , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous répondra bravement à la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous répond ou par un potin, ou par un bâillement, ou par quelque chose qui vous force vous-même à bâiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traîner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bâillement et le ragot, jusqu’au moment où la grippe, ou bien la fièvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoïquement, avec indifférence, sans savoir comment et pourquoi tout cela était avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscurité, au crépuscule, après une triste journée, plein d’étonnement que tout se soit arrangé ainsi, il semble qu’on ait vécu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout à coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agréable et sans soucis pour émigrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnées se réunissent. On bannit sévèrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la préférence, et, avec un entrain incompréhensible, on parle de différents sujets très importants. Enfin, après avoir bavardé, parlé, résolu quelques questions d’utilité générale, et après avoir réussi à imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence à s’affaiblir considérablement. Finalement, tous se fâchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vérités. Quelques caractères tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu à peu, l’on se réunit de nouveau dans le groupe décrit ci-dessus. Sans doute il est agréable de vivre ainsi. Mais à la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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Et cependant, je me découvris plein de songes.
Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d'abord, la douceur qui m'envahissait. Il n'y eut point de voix, ni d'images, mais le sentiment d'une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et m'abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire.
Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais. Peu importait qu'elle fût éloignée ou proche, qu'elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m'abriter, réduite ici au rôle de songe il suffisait qu'elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n'étais plus ce corps échoué sur une grève, je m'orientais, j'étais l'enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l'avaient animée.
[...]
Non, je ne logeais plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu'un message froid. Et ce goût même d'éternité que j'avais cru tenir de lui, j'en découvrais maintenant l'origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s'entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige. Elles s'entrouvraient sur des provisions glacées de neige. La vieille gouvernante trottait comme un rat de l'une à l'autre, toujours vérifiant, dépliant, repliant, recomptant le linge blanchi, s'écriant : « Ah ! mon Dieu, quel malheur » à chaque signe d'une usure qui menaçait l'éternité de la maison, aussitôt courant se brûler les yeux sous quelque lampe, à réparer la trame de ces nappes d'autel, à ravauder ces voiles de trois-mâts, à servir je ne sais quoi de plus grand qu'elle, un Dieu ou un navire.
Ah ! je te dois bien une page. Quand je rentrais de mes premiers voyages, mademoiselle, je te retrouvais l'aiguille à la main, noyée jusqu'aux genoux dans tes surplis blancs, et chaque année un peu plus ridée, un peu plus blanchie, préparant toujours de tes mains ces draps sans plis pour nos sommeils, ces nappes sans coutures pour nos dîners, ces fêtes de cristaux et de lumière. Je te visitais dans ta lingerie, je m'asseyais en face de toi, je te racontais mes périls de mort pour t'émouvoir, pour t'ouvrir les yeux sur le monde, pour te corrompre. Je n'avais guère changé, disais-tu. Enfant, je trouais déjà mes chemises. - Ah ! quel malheur ! - et je m'écorchais aux genoux ; puis je revenais à la maison pour me faire panser, comme ce soir. Mais non, mais non, mademoiselle ! ce n'était plus du fond du parc que je rentrais, mais du bout du monde, et je ramenais avec moi l'odeur âcre des solitudes, le tourbillon des vents de sable, les lunes éclatantes des tropiques ! Bien sûr, me disais-tu, les garçons courent, se rompent les os, et se croient très forts. Mais non, mais non, mademoiselle, j'ai vu plus loin que ce parc ! Si tu savais comme ces ombrages sont peu de chose ! Qu'ils semblent bien perdus parmi les sables, les granits, les forêts vierges, les marais de la terre. Sais-tu seulement qu'il est des territoires où les hommes, s'ils vous rencontrent, épaulent aussitôt leur carabine ? Sais-tu même qu'il est des déserts où l'on dort, dans la nuit glacée, sans toit, mademoiselle, sans lit, sans draps.
« Ah ! barbare », disais-tu.
Je n'entamais pas mieux sa foi que je n'eusse entamé la foi d'une servante d'église. Et je plaignais son humble destinée qui la faisait aveugle et sourde.
[...]
Mes songes sont plus réels que ces dunes, que cette lune, que ces présences. Ah ! le merveilleux d'une maison n'est point qu'elle vous abrite ou vous réchauffe, ni qu'on en possède les murs. Mais bien qu'elle ait lentement déposé en nous ces provisions de douceur. Qu'elle forme, dans le fond du cœur, ce massif obscur dont naissent, comme des eaux de source, les songes.
Mon Sahara, mon Sahara, te voilà tout entier enchanté par une fileuse de laine !
p64-66
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Antoine de Saint-Exupéry
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Le parc d’État de l’île Saint George me convient parfaitement. Déjà isolé à l’extrémité d’une île protégée des foules par un pont à péage, il est presque désert en cette saison. Je peux courir sur la plage au moins une heure chaque matin sans rencontrer personne.
Seul un héron me voit venir, s’envole à mon approche et va se poser un peu plus loin, pour repartir dès que j’arrive encore trop près à son goût. Après avoir répété quatre ou cinq fois ce manège, il fuit vers la mer, me contourne à bonne distance et revient se poser à son premier point de départ. À mon retour, une demi-heure plus tard, il recommence. Voilà deux jours que cela se passe ainsi, et il n’a pas encore appris à me contourner pour de bon la première fois qu’il m’aperçoit. S’il n’avait pas sa tête ébouriffée et prétentieuse de héron, on pourrait croire qu’il veut jouer.
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François Barcelo (Le voyageur à six roues)
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Le médecin annonce que la tête y est. Une douleur si profonde que je ne sais plus comment m'en délivrer. Il faut que tu arrives.
Aujourd'hui je regrette cette urgence. Je sais qu'elle était le seul intervalle possible de notre rencontre.
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Ariane Bessette (La crue)
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Quelque chose s’était déréglé, je ne savais quoi. Un doute, une lucidité nouvelle et une infinie colère.
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Christophe Tison (Les Amants Ne Se Rencontrent Nulle Part)
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Je ne nie pas que l'amour ait maille à partir avec la vie. Je dis qu'il doit vaincre et pour cela s'être élevé à une telle conscience poétique de lui-même que tout ce qu'il rencontre nécessairement d'hostile se fonde au foyer de sa propre gloire.
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André Breton (Mad Love)
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Qui sourit n'est pas toujours heureux. Il y a des larmes dans le coeur qui n'attigent pas les yeux."
"Ce n'est pas parce qu'il ne peut pas t'aimer comme tu le voudrais qu'il ne t'aime pas de toute sa personne."
"Je t'oublierai lorsqu'un pianiste sourd entendra un pétale de rose se poser sur un sol de cristal"
"-Les gens s'habituent à la beauté. -Je ne me suis pas encore habituée à toi."
"Il y a des rencontres qui changent une vie, des rencontres qui ne sont pas en mesure de vous sauver mais qui peuvent vous accompagner jusqu'au bout du chemin. Comme une lumière dans l'obscurité."
"J'étais si près des autres que j'ai froid près des autres"
"L'amour ne dépend absolument pas de ce qu'on regarde, mais entièrement de la personne qui regarde.
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Morgane Moncomble
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Je m'appelle Pauline et je vais avoir 30 ans. J’aime écrire pour me libérer de toutes sortes d’émotions, tantôt positives tantôt négatives. Je peux passer des heures à écrire sur un sujet que je tiens énormément comme la rencontre, l’amour ou encore le voyage. Concernant ma vie privée, je suis une personne très épanouie en amour. Et c’est pour cette raison que j’ai créé Le French Kiss avec mon partenaire. C’est à travers cette plateforme que je partage mes astuces pour rencontrer l’âme-soeur. Je tiens à préciser que je ne suis pas “un docteur Love” et encore moins un coach de rencontre. En revanche, j’ai décidé de venir en aide aux célibataires qui cherchent un amoureux(se), car tout le monde mérite de trouver le grand amour.
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Le French Kiss
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y a en effet une passion mâle et légitime pour l'égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands, mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l'égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l'égalité dans la servitude à l'inégalité dans la liberté. Ce n'est pas que les peuples dont l'état social est démocratique méprisent naturellement la liberté; ils ont au contraire un goût instinctif pour elle. Mais la liberté n'est pas l'objet principal et continu de leur désir; ce qu'ils aiment d'un amour éternel, c'est l'égalité; ils s'élancent vers la liberté par impulsion rapide et par efforts soudains, et, s'ils manquent le but, ils se résignent; mais rien ne saurait les satisfaire sans l'égalité, et ils consentiraient plutôt à périr qu'à la perdre.
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Alexis de Tocqueville (De La Démocratie En Amérique (INCLUANT TOUS LES TOMES, ANNOTÉ D’UNE BIOGRAPHIE))
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Il est en souvent ainsi dans la vie, ou l'attitude qu'on a avec une femme qu'on vient de rencontrer , les discussions qu'on peut avoir avec elle, et plus tard, qui sait, les tendres attentions et les caresses, et meme les querelles et les brouilles ulterieures, poursuivent ou completent, corrigent ou amendent, celles qu'on a eues avec un'autre femme, comme si, dans notre solipsisme invetere, c'etait toujours a une seule et meme femme, qui englobair toutes les femmes de notre vie, que nous nous adressions. (p.80)
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Jean-Philippe Toussaint (Les émotions)
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Il avait besoin d'être seul, tant il se sentait envahi par cette agitation de toute la pensée et de tout le corps que jette en nous chaque rencontre d'une femme qu'on est sur le point d'aimer
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Alfred de Musset (La confession d'un enfant du siècle (French Edition))
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Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu'il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n'as pas de nageoires? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses? Eh bien, dis-moi!"
Son frère se taisait, et Édouard poursuivit : "Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C'est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t'obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux.
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Milan Kundera (Risibles amours)
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Utiliser son sac avec grace, c'est comme manger avec elegance, marcher avec prestance ou saisir un verre de champagne avec classe.
La beaute se definit en general par la sobriete et l'economie des moyens, par l'adaptation des formes a leur fin, des formes simples, pures et primaires.
Investir dans un sac de qualite, c'est non seulement se faire plaisir mais aussi se revolter contre la mediocrite et la consommation de masse grandissante qui peu a peu detruisent notre culture, notre civilisation et nos sens. Acheter de la qualite, c'est encourager une autre forme de commerce, respecter ce que nous possedons, vivre avec la lenteur d'un cuir qui se patine et pratiquer la simplicite: ne pas toujours chercher a acquerir plus tout en se contentant de ce que l'on a.
Mon conseil est donc celui-ci: ne regardez pas les sacs exposes dans les magasins pour choisir un modele mais ceux portes par les femmes, dans la rue. C'est la meilleure facon de voir comment le cuir se drappe, la forme se bombe, la matiere se patine et s'ils ont, visuellement, une belle architecture une fois portes.
L'argent devrait etre utilise pour vivre dans la qualite, y compris la qualite esthetique. Les belles choses apportent une joie durable.
Le choix d'un sac pour longtemps ne serait-il pas le besoin d'une certaine forme de stabilite, d'harmonie et de confort dans ses besoins materiels?
Affirmer son style, c'est exprimer par ses choix ses gouts et ses valeurs. Les exterioriser ensuite par le bon choix de vetements et de sacs est l'etape suivante.
Etre chic, c'est savoir resister a la tentation.
Faire des economies ce n'est pas acheter au meilleur prix l'objet convoite, c'est apprendre sereinement a s'en passer.
Le voyage est sans doute la meilleure des situations pour apprecier les bienfaits du minimalisme et s'en inspirer pour l'appliquer au quotidien.
Le voyage est l'occasion ideale de "refaire son bagage", c'est-a-dire de repenser la facon dont on vit sa vie et de l'ameliorer. On a tout son temps, en voyage, pour penser, reflechir a ce qui fait le "sel de la vie".
C'est sur la route qu'on apprend a se passer du superflu: pas de television, de distractions, de consommation et de shopping. La vie est simplifiee au profit de la mobilite. On a egalement plus de temps pour soi-meme et/ou les rencontres.
En voyage, on devient, comme le prescrit le zen, prepare a toutes les eventualites de la vie.
le voyage est un retour vers l'essentiel. Proverbe tibetain
Vivre avec peu est comme une invitation au voyage, a un vol interieur qui libere du reel et du poids de l'existence.
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Dominique Loreau (Mon sac, reflet de mon âme. L'art de choisir, ranger et vider son sac (French Edition))
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Il ne voulait pas mourir comme un malade. Pour lui du moins il ne voulait pas que la maladie fût ce qu'elle est souvent, une atténuation et comme une transition vers la mort. Ce qu'il voulait encore inconsciemment, c'était la rencontre de sa vie pleine de sang et de santé avec la mort. Et non la mise en présence de la mort et de ce qui était déjà presque la mort.
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Albert Camus (A Happy Death)
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On pourrait, à la manière de Bachelard qui parlait de « narcissisme cosmique » à propos d’une expérience esthétique de la nature fondée sur la relation « je suis beau parce que la nature est belle et la nature est belle parce que je suis beau24 », appeler narcissisme herméneutique cette forme de rencontre avec les œuvres et les auteurs dans laquelle l’herméneute affirme son intelligence et sa grandeur par son intelligence empathique des grands auteurs.
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Pierre Bourdieu (Les Règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
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– Elle a probablement changé ses titres à la dernière minute. Quant à la quatrième toile, les livreurs l'auront tout simplement oubliée derrière une porte.
– Écoute, David, une huile de douze cent dollars intitulée « La Haye » n'a certainement pas pu se transformer en une aquarelle de trois cent dollars qui s'appelle « Nuit d'été ».
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Dixie Browning (Rencontre au bord de l'eau (Harlequin))
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Il n'y a qu'une chose qui puisse arrêter le cheminement d'un peintre et c'est le succès. Van Gogh a vu cela bien avant moi. La peinture est un cheminement dans l'espace - et non dans le temps. Le peintre cherche en permanence la couleur et le style. S'il rencontre le succès, il bloque son style, il le fige. Pourquoi ? Simplement parce que l'acheteur - le marchand - demande uniquement le style qui se vend, le style qui a du succès. Voyez Pablo Picasso, Salvador Dali ou Bernard Buffet...etc, etc. L'artiste connu et reconnu est condamné, à vie, à se copier lui-même ; à copier un moment de son cheminement. Alphonse Daudet disait que le succès (la gloire), c'était la même chose que de fumer un cigare par l'autre bout. Le bout de la braise; donc. Et il avait raison. Mais comme personne n'a le choix - s'agissant du destin - on se situe ici par-delà le bien et le mal et tout jugement moral n'a ici aucune portée *** There is only one thing that can stop the pathway of an artist and this thing is called : success. Van Gogh wrote it long before me. Painting is a pathway through space - and not through time. The painter is constantly looking for new color and new style. If he meets success, he blocks his style, he freezes it. Why ? Simply because the buyer - the merchant - asks only for the style that can be sold, the style that is successful. See Pablo Picasso, Salvador Dali, Bernard Buffet ... etc, etc. The successful artist is therefore condemned, for life, to copy himself; to copy a moment of his pathway. Alphonse Daudet said that success (glory) was the same as smoking a cigar on the other side. The side of the embers. And he was right. But since no one has the choice - when it comes about fate - we are here beyond good and evil and any moral judgment has no value.
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Jean-Michel Rene Souche
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Le mariage est une des institutions les plus anciennes de notre civilisation, tu sais. Tout le monde rêve de rencontrer quelqu’un qui l’aime au point de vouloir porter une alliance. Tu vois ce que je veux dire ? Se sentir aimé autant qu’on aime, se promettre l’amour jusqu’à la mort et montrer à tout le monde que son cœur est pris.
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Sally Thorne (The Hating Game)
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Une autre fois l’affaire est bien plus sérieuse : Buber-Neumann est au cachot, et Milena se présente devant le chef de la Gestapo du camp ; elle parvient à lui en imposer suffisamment pour qu’il l’écoute et même qu’il lui permette de rencontrer son amie en prison – faveur inouïe. Lorsque la mort approche, Milena se trouve entourée de nombreuses proches. Après, son amie conclut : « La vie a perdu tout sens pour moi » (Milena, 267). Buber-Neumann a aussi cette phrase incroyable : « Je remercie le destin de m’avoir envoyée à Ravensbrück et de m’avoir ainsi permis d’y rencontrer Milena » (Ravensbrück, 73).
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Tzvetan Todorov (Face Ă l'extrĂŞme (COULEUR IDEES) (French Edition))
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Rassemblez tout votre courage Ă deux main .
écoutez-moi : quelque chose est fini.
Maintenant, le plus dur étant fait, écoutez la sure: J'en aime un autre - on ne peut pas dire plus simple, plus brutal et plus juste. Ai-je cessé de vous aimer? Non, vous n'avez pas changé et je n'ai pas changé - non plus. Une seule chose a changé: ma concentration névralgique sur vous. Vous n'avez pas cessé d'exister pour moi, j'ai cessé d'exister en vous. Mon heure avec vous s'est achevée, reste mon éternité avec vous. Oh, attardez: vous un peu là -dessus! En dehors des passions, il y a encore l'immensité. C'est dans l'immensité qu'a lieu time désormais notre rencontre.
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Marina Tsvetaeva (Vivre dans le feu)
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Rassemblez tout votre courage Ă deux mains et
écoutez-moi: quelque chose est fini.
Maintenant, le plus dur étant fait, écoutez la sure: J'en aime un autre - on ne peut pas dire plus simple, plus brutal et plus juste.
Ai-je cessé de vous aimer? Non, vous n'avez pas changé et je n'ai pas changé - non plus. Une seule chose a changé: ma concentration névralgique sur vous. Vous n'avez pas cessé d'exister pour moi, j'ai cessé d'exister en vous. Mon heure avec vous s'est achevée, reste mon éternité avec vous. Oh, attardez: the vous un peu là -dessus! En dehors des passions, il y a encore l'immensité. C'est dans l'immensité qu'a lieu time désormais notre rencontre.
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Marina Tsvetaeva (Vivre dans le feu)
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Rassemblez tout votre courage Ă deux mains et
écoutez-moi: quelque chose est fini.
Maintenant, le plus dur étant fait, écoutez la suite. J'en aime un autre - on ne peut pas dire plus simple, plus brutal et plus juste.
Ai-je cessé de vous aimer? Non, vous n'avez pas changé et je n'ai pas changé - non plus. Une seule chose a changé: ma concentration névralgique sur vous. Vous n'avez pas cessé d'exister pour moi, j'ai cessé d'exister en vous. Mon heure avec vous s'est achevée, reste mon éternité avec vous. Oh, attardez-vous un peu là -dessus! En dehors des passions, il y a encore l'immensité. C'est dans l'immensité qu'a lieu désormais notre rencontre.
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Marina Tsvetaeva (Vivre dans le feu)