Seul Contre Tous Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Seul Contre Tous. Here they are! All 23 of them:

“
Oui, c'est votre idĂ©e, Ă  vous tous, les ouvriers français, dĂ©terrer un trĂ©sor, pour le manger seul ensuite, dans un coin d'Ă©goĂŻsme et de fainĂ©antise. Vous avez beau crier contre les riches, le courage vous manque de rendre aux pauvres l'argent que la fortune vous envoie... Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose Ă  vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragĂ© d'ĂȘtre des bourgeois Ă  leur place.
”
”
Émile Zola (Germinal)
“
Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de dĂ©sinfectant lui monter Ă  la tĂȘte, mais la seule pensĂ©e qui la traversa, stupide et Ă©vidente, fut quenelle avait une botte plantĂ©e dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empĂȘcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les dĂ©sĂ©quilibra tous les deux. La bibliothĂšque dĂ©versa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes. - je vous prĂ©viens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus. Sa voix Ă©tait Ăąpre, mais sous l’autoritĂ© des paroles il y avait comme une fĂȘlure. OphĂ©lie pouvait percevoir le pouls prĂ©cipitĂ© des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaĂźtre que son propre cƓur jouait Ă  la balançoire. Thorn Ă©tait sans doute l’homme le plus dĂ©concertant qu’elle avait jamais rencontrĂ©, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante. - je vous aime, rĂ©pĂ©ta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous rĂ©pondre quand vous vouliez connaĂźtre la raison de ma prĂ©sence Ă  Babel c’est ce que j’en aurais du vous rĂ©pondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment Ă  vous dire. Bien sĂ»r que je dĂ©sire percer les mystĂšres de Dieu et reprendre le contrĂŽle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traitĂ© d’égoĂŻste et Ă  aucun moment je ne me suis mise, moi, Ă  votre place. Je vous demande pardon. 
”
”
Christelle Dabos (La MĂ©moire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
“
L'envie d'ĂȘtre au bord de tuer un amant,de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
”
”
Marguerite Duras (The Malady of Death)
“
Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de dĂ©sinfectant lui monter Ă  la tĂȘte, mais la seule pensĂ©e qui la traversa, stupide et Ă©vidente, fut quenelle avait une botte plantĂ©e dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empĂȘcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les dĂ©sĂ©quilibra tous les deux. La bibliothĂšque dĂ©versa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes. - je vous prĂ©viens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus. Sa voix Ă©tait Ăąpre, mais sous l’autoritĂ© des paroles il y avait comme une fĂȘlure. OphĂ©lie pouvait percevoir le pouls prĂ©cipitĂ© des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaĂźtre que son propre cƓur jouait Ă  la balançoire. Thorn Ă©tait sans doute l’homme le plus dĂ©concertant qu’elle avait jamais rencontrĂ©, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante. - je vous aime, rĂ©pĂ©ta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous rĂ©pondre quand vous vouliez connaĂźtre la raison de ma prĂ©sence Ă  Babel c’est ce que j’en aurais du vous rĂ©pondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment Ă  vous dire. Bien sĂ»r que je dĂ©sire percer les mystĂšres de Dieu et reprendre le contrĂŽle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traitĂ© d’égoĂŻste et Ă  aucun moment je ne me suis mise, moi, Ă  votre place. Je vous demande pardon. 
”
”
Dabos Christelle
“
Augmentez la dose de sports pour chacun, dĂ©veloppez l'esprit d'Ă©quipe, de compĂ©tition, et le besoin de penser est Ă©liminĂ©, non ? Organiser, organisez, super-organisez des super-super-sports. Multipliez les bandes dessinĂ©es, les films; l'esprit a de moins en moins d'appĂ©tits. L'impatience, les autos-trades sillonnĂ©es de foules qui sont ici, lĂ , partout, nulle part. Les rĂ©fugiĂ©s du volant. Les villes se transforment en auberges routiĂšres; les hommes se dĂ©placent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre oĂč tu dormais Ă  midi et moi la veille. (1re partie) On vit dans l'immĂ©diat. Seul compte le boulot et aprĂšs le travail l'embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre quoi que ce soit sinon Ă  presser les boutons, brancher des commutateurs, serrer des vis et des Ă©crous ? Nous n'avons pas besoin qu'on nous laisse tranquilles. Nous avons besoin d'ĂȘtre sĂ©rieusement tracassĂ©s de temps Ă  autre. Il y a combien de temps que tu n'as pas Ă©tĂ© tracassĂ©e sĂ©rieusement ? Pour une raison importante je veux dire, une raison valable ? - Tu dois bien comprendre que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter ou de dĂ©ranger nos minoritĂ©s. Pose-toi la question toi-mĂȘme. Que recherchons-nous, par-dessus tout, dans ce pays ? Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord ? Ne l'as-tu pas entendu rĂ©pĂ©ter toute la vie ? Je veux ĂȘtre heureux, dĂ©clare chacun. Eh bien, sont-ils heureux ? Ne veillons-nous pas Ă  ce qu'ils soient toujours en mouvement, toujours distraits ? Nous ne vivons que pour ça, c'est bien ton avis ? Pour le plaisir, pour l'excitation. Et tu dois admettre que notre civilisation fournit l'un et l'autre Ă  satiĂ©tĂ©. Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous Ă©crase d'impĂŽts, peu importe tant que les gens n'en savent rien. La paix, Montag. Instituer des concours dont les prix supposent la mĂ©moire des paroles de chansons Ă  la mode, des noms de capitales d'État ou du nombre de quintaux de maĂŻs rĂ©coltĂ©s dans l'Iowa l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Gavez les hommes de donnĂ©es inoffensives, incombustibles, qu'ils se sentent bourrĂ©s de "faits" Ă  Ă©clater, renseignĂ©s sur tout. Ensuite, ils s'imagineront qu'ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piĂ©tinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie Ă  quoi confronter leur expĂ©rience. C'est la source de tous les tourments. Tout homme capable de dĂ©monter un Ă©cran mural de tĂ©lĂ©vision et de le remonter et, de nos jours ils le sont Ă  peu prĂšs tous, est bien plus heureux que celui qui essais de mesurer, d'Ă©talonner, de mettre en Ă©quations l'univers ce qui ne peut se faire sans que l'homme prenne conscience de son infĂ©rioritĂ© et de sa solitude. Nous sommes les joyeux drilles, les boute-en-train, toi, moi et les autres. Nous faisons front contre la marĂ©e de ceux qui veulent plonger le monde dans la dĂ©solation en suscitant le conflit entre la thĂ©orie et la pensĂ©e. Nous avons les doigts accrochĂ©s au parapet. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mĂ©lancolie et de la triste philosophie noyer notre monde. Nous comptons sur toi. Je ne crois pas que tu te rendes compte de ton importance, de notre importance pour protĂ©ger l'optimisme de notre monde actuel.
”
”
Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
“
Les riches, en particulier, sont nĂ©cessairement intĂ©ressĂ©s Ă  appuyer un ordre de choses qui seul peut leur assurer la possession de leurs avantages. Des hommes d'une richesse infĂ©rieure se lient Ă  la dĂ©fense de la propriĂ©tĂ© de ceux qui leur sont supĂ©rieurs en richesses, afin que ces derniers se lient Ă  leur tour Ă  la dĂ©fense de leurs petites propriĂ©tĂ©s. Tous les pasteurs et bergers du second ordre sentent que la sĂ»retĂ© de leurs troupeaux dĂ©pend de la sĂ»retĂ© de ceux du grand pasteur ou berger ; que le maintien de la portion d'autoritĂ© dont ils jouissent dĂ©pend du maintien de la portion plus grande dont jouit celui-ci, et que c'est sur leur subordination envers lui que repose le pouvoir de tenir leurs infĂ©rieurs dans une pareille subordination envers eux-mĂȘmes. Ils constituent une espĂšce de petite noblesse qui se sent intĂ©ressĂ©e Ă  dĂ©fendre leur propriĂ©tĂ© et Ă  soutenir l'autoritĂ© de son petit souverain, afin qu'il soit en Ă©tat lui-mĂȘme de dĂ©fendre leur propriĂ©tĂ© et de soutenir leur autoritĂ©.. Le gouvernement civil, en tant qu'il a pour objet la sĂ»retĂ© des propriĂ©tĂ©s, est, dans la rĂ©alitĂ©, instituĂ© pour dĂ©fendre les riches contre les pauvres, ou bien, ceux qui ont quelque propriĂ©tĂ© contre ceux qui n'en ont point.
”
”
Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
“
Quand le soir, aprĂšs avoir conduit ma grand'mĂšre et ĂȘtre restĂ© quelques heures chez son amie, j'eus repris seul le train, du moins je ne trouvai pas pĂ©nible la nuit qui vint ; c'est que je n'avais pas Ă  la passer dans la prison d'une chambre dont l'ensommeillement me tiendrait Ă©veillĂ© ; j'Ă©tais entourĂ© par la calmante activitĂ© de tous ces mouvements du train qui me tenaient compagnie, s'offraient Ă  causer avec moi si je ne trouvais pas le sommeil, me berçaient de leurs bruits que j'accouplais comme le son des cloches Ă  Combray tantĂŽt sur un rythme, tantĂŽt sur un autre (entendant selon ma fantaisie d'abord quatre doubles croches Ă©gales, puis une double croche furieusement prĂ©cipitĂ©e contre une noire) ; ils neutralisaient la force centrifuge de mon insomnie en exerçant sur elle des pressions contraires qui me maintenaient en Ă©quilibre et sur lesquelles mon immobilitĂ© et bientĂŽt mon sommeil se sentirent portĂ©s avec la mĂȘme impression rafraĂźchissante que m'aurait donnĂ©e le repos dĂ» Ă  la vigilance de forces puissantes au sein de la nature et de la vie, si j'avais pu pour un moment m'incarner en quelque poisson qui dort dans la mer, promenĂ© dans son assoupissement par les courants et la vague, ou en quelque aigle Ă©tendu sur le seul appui de la tempĂȘte.
”
”
Marcel Proust (A l'ombre des jeunes filles en fleurs TroisiĂšme partie)
“
moi je suis fĂąchĂ© contre notre cercle patriarcal parce qu’il y vient toujours un homme du type le plus insupportable. Vous tous, messieurs, le connaissez trĂšs bien. Son nom est LĂ©gion. C’est un homme qui a bon coeur, et n’a rien qu’un bon coeur. Comme si c’était une chose rare Ă  notre Ă©poque d’avoir bon coeur ; comme si, enfin, on avait besoin d’avoir bon coeur ; cet Ă©ternel bon coeur ! L’homme douĂ© d’une si belle qualitĂ© a l’air, dans la vie, tout Ă  fait sĂ»r que son bon coeur lui suffira pour ĂȘtre toujours content et heureux. Il est si sĂ»r du succĂšs qu’il nĂ©glige tout autre moyen en venant au monde. Par exemple, il ne connaĂźt ni mesure ni retenue. Tout, chez lui, est dĂ©bordant, Ă  coeur ouvert. Cet homme est enclin Ă  vous aimer soudain, Ă  se lier d’amitiĂ©, et il est convaincu qu’aussitĂŽt, rĂ©ciproquement, tous l’aimeront, par ce seul fait qu’il s’est mis Ă  aimer tout le monde. Son bon coeur n’a mĂȘme jamais pensĂ© que c’est peu d’aimer chaudement, qu’il faut possĂ©der l’art de se faire aimer, sans quoi tout est perdu, sans quoi la vie n’est pas la vie, ni pour son coeur aimant ni pour le malheureux que, naĂŻvement, il a choisi comme objet de son attachement profond. Si cet homme se procure un ami, aussitĂŽt celui-ci se transforme pour lui en un meuble d’usage, quelque chose comme un crachoir. Tout ce qu’il a dans le coeur, n’importe quelle saletĂ©, comme dit Gogol, tout s’envole de la langue et tombe dans le coeur de l’ami. L’ami est obligĂ© de tout Ă©couter et de compatir Ă  tout. Si ce monsieur est trompĂ© par sa maĂźtresse, ou s’il perd aux cartes, aussitĂŽt, comme un ours, il fond, sans y ĂȘtre invitĂ©, sur l’ñme de l’ami et y dĂ©verse tous ses soucis. Souvent il ne remarque mĂȘme pas que l’ami lui-mĂȘme a des chagrins par-dessus la tĂȘte : ou ses enfants sont morts, ou un malheur est arrivĂ© Ă  sa femme, ou il est excĂ©dĂ© par ce monsieur au coeur aimant. Enfin on lui fait dĂ©licatement sentir que le temps est splendide et qu’il faut en profiter pour une promenade solitaire. Si cet homme aime une femme, il l’offensera mille fois par son caractĂšre avant que son coeur aimant le remarque, avant de remarquer (si toutefois il en est capable) que cette femme s’étiole de son amour, qu’elle est dĂ©goĂ»tĂ©e d’ĂȘtre avec lui, qu’il empoisonne toute son existence. Oui, c’est seulement dans l’isolement, dans un coin, et surtout dans un groupe que se forme cette belle oeuvre de la nature, ce « spĂ©cimen de notre matiĂšre brute », comme disent les AmĂ©ricains, en qui il n’y a pas une goutte d’art, en qui tout est naturel. Un homme pareil oublie – il ne soupçonne mĂȘme pas –, dans son inconscience totale, que la vie est un art, que vivre c’est faire oeuvre d’art par soi-mĂȘme ; que ce n’est que dans le lien des intĂ©rĂȘts, dans la sympathie pour toute la sociĂ©tĂ© et ses exigences directes, et non dans l’indiffĂ©rence destructrice de la sociĂ©tĂ©, non dans l’isolement, que son capital, son trĂ©sor, son bon coeur, peut se transformer en un vrai diamant taillĂ©.
”
”
Fyodor Dostoevsky
“
Comme l'impĂŽt est obligatoire pour tous, qu'ils votent ou non, une large proportion de ceux qui votent le font sans aucun doute pour Ă©viter que leur propre argent ne soit utilisĂ© contre eux; alors que, en fait, ils se fussent volontiers abstenus de voter, si par lĂ  ils avaient pu Ă©chapper ne serait-ce qu'Ă  l'impĂŽt, sans parler de toutes les autres usurpations et tyrannies du gouvernement. Prendre le bien d'un homme sans son accord, puis conclure Ă  son consentement parce qu'il tente, en votant, d'empĂȘcher que son bien ne soit utilisĂ© pour lui faire tort, voilĂ  une preuve bien insuffisante de son consentement Ă  soutenir la Constitution. Ce n'est en rĂ©alitĂ© aucunement une preuve. Puisque tous les hommes qui soutiennent la Constitution en votant (pour autant qu'il existe de tels hommes) le font secrĂštement (par scrutin secret), et de maniĂšre Ă  Ă©viter toute responsabilitĂ© personnelle pour l'action de leurs agents ou reprĂ©sentants, on ne saurait dire en droit ou en raison qu'il existe un seul homme qui soutienne la Constitution en votant. Puisque tout vote est secret (par scrutin secret), et puisque tout gouvernement secret est par nĂ©cessitĂ© une association secrĂšte de voleurs, tyrans et assassins, le fait gĂ©nĂ©ral que notre gouvernement, dans la pratique, opĂšre par le moyen d'un tel vote prouve seulement qu'il y a parmi nous une association secrĂšte de voleurs, tyrans et assassins, dont le but est de voler, asservir et -- s'il le faut pour accomplir leurs desseins -- assassiner le reste de la population. Le simple fait qu'une telle association existe ne prouve en rien que "le peuple des Etats-Unis", ni aucun individu parmi ce peuple, soutienne volontairement la Constitution. Les partisans visibles de la Constitution, comme les partisans visibles de la plupart des autres gouvernements, se rangent dans trois catĂ©gories, Ă  savoir: 1. Les scĂ©lĂ©rats, classe nombreuse et active; le gouvernement est pour eux un instrument qu'ils utiliseront pour s'agrandir ou s'enrichir; 2. Les dupes -- vaste catĂ©gorie, sans nul doute, dont chaque membre, parce qu'on lui attribue une voix sur des millions pour dĂ©cider ce qu'il peut faire de sa personne et de ses biens, et parce qu'on l'autorise Ă  avoir, pour voler, asservir et assassiner autrui, cette mĂȘme voix que d'autres ont pour le voler, l'asservir et l'assassiner, est assez sot pour imaginer qu'il est "un homme libre", un "souverain"; assez sot pour imaginer que ce gouvernement est "un gouvernement libre", "un gouvernement de l'Ă©galitĂ© des droits", "le meilleur gouvernement qu'il y ait sur terre", et autres absurditĂ©s de ce genre; 3. Une catĂ©gorie qui a quelque intelligence des vices du gouvernement, mais qui ou bien ne sait comment s'en dĂ©barrasser, ou bien ne choisit pas de sacrifier ses intĂ©rĂȘts privĂ©s au point de se dĂ©vouer sĂ©rieusement et gravement Ă  la tĂąche de promouvoir un changement. Le fait est que le gouvernement, comme un bandit de grand chemin, dit Ă  un individu: "La bourse ou la vie." QuantitĂ© de taxes, ou mĂȘme la plupart, sont payĂ©es sous la contrainte d'une telle menace.
”
”
Lysander Spooner (Outrage À Chefs D'Ă©tat ;Suivi De Le Droit Naturel)
“
Ne serait-ce qu'une ridicule illusion, on est persuadĂ© d'Ă©crire parce qu'on a Ă  dire ce que personne n'a dit...Ecrire , c'est donc le plaisir de contredire, le bonheur d'ĂȘtre seul contre tous, la joie de provoquer ses ennemis et d'irriter ses amis.
”
”
Milan Kundera
“
Les 8 VallĂ©es (les noms des paliers de profondeur du vagin) 1) La Corde du Luth, profonde de 1 pouce (2,5 cm) 2) Les Dents de la ChĂątaigne d’eau, 2 pouces 3) Le Ruisselet, trois pouces 4) La Perle Noire, 4 pouces 5) Le Propre de la VallĂ©e, 5 pouces 6) La Chambre profonde, 6 pouces 7) La Porte IntĂ©rieure, 7 pouces 8) Le PĂŽle Nord, 8 pouces Les 9 maniĂšres d'agiter la Tige de Jade 1) Frapper Ă  gauche et Ă  droite comme un guerrier courageux qui tenterait de disperser les rangs de ses ennemis 2) Mouvoir de haut en bas (la tige de jade) comme un cheval sauvage fit le saut de mouton pour passer une riviĂšre 3) Se retirer et s’enfoncer comme une bande de mouettes jouant sur les vagues 4) Alterner rapidement pĂ©nĂ©trations profondes et pĂ©nĂ©trations superficielles comme un moineau bequetant les grains de riz 5) EnchaĂźner d’une façon rĂ©guliĂšre coups profonds et coups peu profonds comme de grosses pierres s’enfonçant dans la mer 6) Entrer avec lenteur comme un serpent se glisse dans son trou pour hiverner 7) Donner de petits coups rapides Ă  la maniĂšre d’un rat effrayĂ© qui se prĂ©cipite dans son trou 8) S’élever lentement, puis foncer comme l’aigle attrapant une proie fuyante 9) S’élever puis piquer du nez comme un grand voilier bravant le coup de vent Sou NĂŒ, la conseillĂšre de Huang Di (l'Empereur Jaune) ajoute: «Profonde et superficielles, lentes et rapides, directes et obliques, toutes ces poussĂ©es ne sont nullement uniformes, et chacune possĂšde ses propres effets et caractĂ©ristiques. Une poussĂ©e lente doit ressembler au mouvement d’une carpe jouant avec l’hameçon; une poussĂ©e rapide, au vol des oiseaux contre le vent. Introduisant et retirant, remuant de bas en haut, de gauche Ă  droite, marquant des pauses ou bien en une succession rapide, tous ces mouvements doivent se correspondre. Il faut appliquer chacun d’eux au moment voulu et ne pas s’en tenir toujours Ă  un seul et mĂȘme style parce qu’on y trouve son bon plaisir»
”
”
Jolan Chang (The Tao of Love and Sex)
“
– Je ne suis pas comme tous les mecs. Et surtout, je suis ton mari. Du coin de l’Ɠil, Elianor Ă©tudia son visage sans comprendre ce qu’il insinuait. Il roula sur le cĂŽtĂ©, se redressa, plia son coude et reposa sa tĂȘte contre sa paume. – Tu ne peux pleurer qu’à une seule condition. Elianor arqua un sourcil interrogateur. Elle ne le suivait pas du tout. Avec le dos de ses doigts, il caressa le contour de son visage. – Que tu sois dans mes bras pour que je puisse te consoler.
”
”
Elisia Blade (Séduire & Conquérir (Crush Story #5))
“
Longtemps aprĂšs avoir troquĂ© balles et bĂątons contre livres et stylos, j'allais conserver la nostalgie non seulement de ce qui aurait pu ĂȘtre (« Tous mes scribouillages pour une heure sur la glace jadis glorieuse du Forum ou sur les verts paradis de Wimbledon ! ») mais surtout de ce qui fut peut-ĂȘtre mon expĂ©rience la plus totale de la passion. Je devine aisĂ©ment ce que sociologues et psychanalystes pourraient tirer de cet aveu [...]. En effet, comment interprĂ©ter autrement que par une volontĂ© de mort cette dĂ©pense effrĂ©nĂ©e d'Ă©nergie, cette pratique quasi religieuse de l'Ă©puisement ? Le sport m'aura donnĂ© ce que d'autres demandent aux drogues ou aux amours meurtriĂšres : la dissolution du Moi dans la violence du plaisir, la prolifĂ©ration de l'ĂȘtre dans le temps enfin lĂ©zardĂ©, la souverainetĂ© de l'instant. VoilĂ  bien le seul et vĂ©ritable pĂ©chĂ© que mes confesseurs n'aient jamais entendu et Ă  cĂŽtĂ© duquel les traditionnels Ă©carts de la chair semblent de bien innocentes transgressions ! [...] À chacun ses extases, et je remercie le ciel de m'avoir fait naĂźtre Ă  une Ă©poque et dans un milieu qui ne condamnaient que les frasques du samedi soir et la lecture de Zola. Ça ne fait pas des amants et des visionnaires trĂšs forts, me direz-vous. À cela je rĂ©ponds bien modestement qu'« il vaut mieux pĂ©rir dans sa propre loi, mĂȘme imparfaite, que dans la loi d'autrui, mĂȘme bien appliquĂ©e ». J'aurais bien aimĂ© venir Ă  la littĂ©rature par des voies plus prestigieuses (la crucifixion en rose de Miller ou le dĂ©rĂšglement raisonnĂ© de Rimbaud), mais, aprĂšs tout, les chemins qui ne mĂšnent nulle part ne peuvent-ils pas commencer n'importe oĂč ?
”
”
Yvon Rivard
“
L'homo technicus-economicus croit aussi, Ă  sa maniĂšre, se suffire Ă  lui-mĂȘme. Arrogant, dĂ©miurge, autosatisfait, il se frotte les mains, dispose de tout ce qu'offre la planĂšte, s'arroge tous les droits, ignore ses devoirs, coupe les liens qui le relient aux autres humains, Ă  la nature, Ă  l'histoire et au cosmos. Il pousse si loin l'Ă©mancipation qu'il court le risque de dĂ©chirer tous les fils et de dĂ©crocher, de se dĂ©crocher, de s'auto-expulser de la crĂ©ation. Son idĂ©ologie est si simpliste que n'importe quel fondamentalisme religieux apparaĂźt en comparaison subtil et pluriel. Un seul prĂ©cepte, une seule loi, un seul paramĂštre, un seul Ă©talon : le rendement ! Qui dit mieux dans la trivialitĂ© criminelle d'un ordre unique ? Comment ne pas voir que chaque subside retirĂ© Ă  la culture et Ă  l'Ă©ducation devra ĂȘtre multipliĂ© par cent pour renflouer les services mĂ©dicaux, l'aide sociale et la sĂ©curitĂ© policiĂšre ? Car sans connaissances, sans vision et sans fertilitĂ© imaginaire, toute sociĂ©tĂ© sombre tĂŽt ou tard dans le non-sens et l'agression. Il existe Ă  ce jeu macabre un puissant contre-poison. A portĂ©e de la main, Ă  tout instant : c'est la gratitude. Elle seule suspend notre course avide. Elle seule donne accĂšs Ă  une abondance sans rivage. Elle rĂ©vĂšle que tout est don et qui plus est : don immĂ©ritĂ©. Non parce que nous en serions, selon une optique moralisante, indignes, mais parce que notre mĂ©rite ne sera jamais assez grand pour contrebalancer la gĂ©nĂ©rositĂ© de la vie ! (p. 13-14)
”
”
Christiane Singer (N'oublie pas les chevaux écumants du passé)
“
Et, en effet, une fois qu'on a cessĂ© de confondre l'individualisme avec son contraire, c'est-Ă -dire avec l'utilitarisme, toutes ces prĂ©tendues contradictions s'Ă©vanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanitĂ© a tout ce qu'il faut pour parler Ă  ses fidĂšles sur un ton non moins impĂ©ratif que les religions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne Ă  flatter nos instincts, elle nous assigne un idĂ©al qui dĂ©passe infiniment la nature ; car nous ne sommes pas naturellement cette sage et pure raison qui, dĂ©gagĂ©e de tout mobile personnel, lĂ©gifĂ©rerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si la dignitĂ© de l'individu lui venait de ses caractĂšres individuels, des particularitĂ©s qui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermĂąt dans une sorte d'Ă©goĂŻsme moral qui rendrait impossible toute solidaritĂ©. Mais, en rĂ©alitĂ©, il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous les hommes. S'il a droit Ă  ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose de l'humanitĂ©. C'est l'humanitĂ© qui est respectable et sacrĂ©e ; or elle n'est pas toute en lui. Elle est rĂ©pandue chez tous ses semblables ; par suite, il ne peut la prendre pour fin de sa conduite sans ĂȘtre obligĂ© de sortir de soi-mĂȘme et de se rĂ©pandre au-dehors. Le culte dont il est, Ă  la fois, et l'objet et l'agent, ne s'adresse pas Ă  l'ĂȘtre particulier qu'il est et qui porte son nom, mais Ă  la personne humaine, oĂč qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elle s'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessus de toutes les consciences particuliĂšres et peut ainsi leur servir de centre de ralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas Ă©trangĂšre (par cela seul qu'elle est humaine) n'empĂȘche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut aux sociĂ©tĂ©s pour ĂȘtre cohĂ©rentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixĂ©s sur un mĂȘme but, se rencontrent dans une mĂȘme foi, mais il n'est nullement nĂ©cessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien aux natures individuelles. En dĂ©finitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est la glorification, non du moi, mais de l'individu en gĂ©nĂ©ral. Il a pour ressort, non l'Ă©goĂŻsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitiĂ© plus large pour toutes les douleurs, pour toutes les misĂšres humaines, un plus ardent besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'y a-t-il pas lĂ  de quoi faire communier toutes les bonnes volontĂ©s. Sans doute, il peut arriver que l'individualisme soit pratiquĂ© dans un tout autre esprit. Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyen pour couvrir leur Ă©goĂŻsme et se dĂ©rober plus aisĂ©ment Ă  leurs devoirs envers la sociĂ©tĂ©. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve rien contre lui, de mĂȘme que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse ne prouvent rien contre la religion.
”
”
Émile Durkheim (L'individualisme et les intellectuels)
“
L’art comme idĂ©ologie La « justification esthĂ©tique du monde » L’art contre la science et contre la morale Le classicisme Entre bien et mal « L’éternel absent » L’existence L’esprit « Regardez la mĂšre, regardez l’enfant » La politique, l’art, la religion « Tous sont idolĂątres et mĂ©contents de l’ĂȘtre » Un philosophe et un maĂźtre « Noblesse oblige » Un spiritualisme laĂŻque Moralisme et volontarisme « Tout seul, universellement » Les vertus Le bonheur L’action Le philosophe contre les pouvoirs La sociĂ©tĂ©, la famille, l’enfance Bourgeois et prolĂ©taires Le sommeil, la peur Le droit et la force : « Tout pouvoir est militaire » La contradiction : « l’ordre est terrifiant » et nĂ©cessaire L’individu et le groupe : « LĂ©viathan est sot » Individualisme contre totalitarisme L’humanisme : « L’homme est un dieu pour l’homme » L’égoĂŻsme et le marchĂ© Les passions et la guerre La RĂ©publique, la dĂ©mocratie, la gauche ObĂ©ir sans adorer RĂ©sister « Se priver du bonheur de l’union sacrĂ©e » « Il court-circuite l’enthousiasme » Le Dieu et l’idole Spinoza, philosophe du plaisir et de la joie Du monisme au dualisme Refus du matĂ©rialisme et du Dieu-Objet Refus du fatalisme « L’existence n’est pas Dieu » DĂ©sespoir ou idolĂątrie ? Simone Weil et Spinoza Le nĂ©cessaire et le Bien Une idolĂątrie de la nature Humanisme ou dĂ©crĂ©ation L’absurde dans Le Mythe de Sisyphe L’absurde Une pensĂ©e dĂ©livrĂ©e de l’espoir Le refus du suicide RĂ©volte et sagesse De l’absurde Ă  l’amour L’Orientation philosophique de Marcel Conche PRÉFACE Un cheminement philosophique Le mal absolu De l’athĂ©isme au tragique Une philosophie du devenir et de l’apparence Contre la sophistique La vie comme affirmation de la diffĂ©rence
”
”
André Comte-Sponville (Du tragique au matérialisme (et retour): Vingt-six études sur Montaigne, Pascal, Spinoza, Nietzsche et quelques autres)
“
Les bergers qui vivent en Ă©tĂ© sur les sommets de Hășmașul Mare sont tĂ©moins, souvent avec effroi, de certaines tempĂȘtes terrifiantes. Nulle part, aussi loin que se portent les regards et aussi loin que va l’imagination Ă  l’intĂ©rieur des frontiĂšres du pays, il ne pleut, il ne neige et il ne vente tant, et avec autant de fureur, que sur ce colosse de pierre, contre lequel se brisent tous les nuages d’Ardeal. Au bord d’un prĂ©cipice, un sapin se met Ă  vaciller, jusqu’à ce qu’il touche celui de gauche, ensuite celui de droite, comme s’il faisait ses adieux aux frĂšres avec lesquels il avait passĂ© son enfance, et, d’un saut tragique, il se jette dans le vide. D’autres, emportĂ©s par la folie gĂ©nĂ©rale, se prĂ©cipitent Ă  sa suite vers des destinations inconnues et fatales. On les retrouvera plus tard, qui sait oĂč, mordant la poussiĂšre et couverts de blessures profondes, comme des soldats tombĂ©s au combat. Une seule tempĂȘte, qui a fait rage il y a dĂ©jĂ  un certain temps sur ce monde dĂ©vastĂ© par de violents tremblements d’air a arrachĂ© de ses flancs cinquante milliers de sapins, les emportant dans les ravins. On les y aperçoit encore maintenant, tel un amas d’ossements frĂȘles, emmĂȘlĂ©s chaotiquement, qui pourrissent au fond des vallĂ©es perdues. MĂȘme les pics les plus orgueilleux se sentent menacĂ©s par les ouragans qui se dĂ©chaĂźnent contre eux. Aveugles, brutales, les masses d’air les frappent de plein fouet, essayant de les arracher de leur place. Mais les pics, obstinĂ©s, rĂ©sistent. Face Ă  la puissance brute des Ă©lĂ©ments, ils opposent la leur, avec des dizaines d’arĂȘtes tranchantes, qui s’entrechoquent violemment. (traduction Dolores Toma)
”
”
Geo Bogza (Cartea Oltului)
“
Les serpents Sous le dĂ©ploiement majestueux de branches de l’humide taillis Dans l’herbe dorlotĂ©e je me couche, mes tempes sur mes paumes, Je n’autorise pas le sommeil Ă  m’abattre de son vĂ©gĂ©tal baume Car lentement je me mets Ă  siffler le sortilĂšge des serpents gris Qu’ils glissent sous les feuilles aux douces eaux ondulantes, Aux secrĂštes flammes verdĂątres tremblant sous la braise, Qu’ils dirigent vers moi leur tĂȘte triangulaire et mauvaise, OĂč des yeux troubles veillent sous les paupiĂšres transparentes. Avec un sifflement prolongĂ© le chant irrĂ©vĂ©lĂ© commence, Qui les rassemblera de loin et les flattera, trompeur, Et ils ramperont vers moi sur la mousse verte et en fleurs, Hors de l’obscuritĂ© telles des sources qui de la terre s’élancent Et voici que de tous cĂŽtĂ©s j’entends un friselis de forĂȘt, EnroulĂ©s sur les branches comme la chaĂźne du malicieux lierre Ils bĂątissaient leur venin d’ivraie dans l’herbage vert Dans les eaux du bois cachĂ©s sous de gros cailloux somnolaient. Or mon incantation repousse loin leurs premiers frissonnements Soudain chacun d’entre eux quitte du bois son nid dĂ©sertique Aussi, vaincus par le long supplice du sifflement chromatique, Se mesurent-ils en mon rythme Ă©trange par un lent glissement. Venez ĂŽ vous serpents dans l’herbe Ă  plat ventre ondoyant Brins longs comme lances plantĂ©es en pierre, vos visages rĂȘvĂ©s ! Venez ĂŽ vous arc-boutĂ©s comme des chaĂźnes, lors enchaĂźnĂ©s Aux invincibles cadences de mon chant jamais chantĂ© auparavant Venez ĂŽ vous secrets, fastueux, envoĂ»tĂ©s par une voix singuliĂšre ! DĂ©sormais vos Ă©bats seuls dans leurs rythmes se transformeront Et impuissantes contre moi vos dangereuses langues seront, Qui telles de vĂ©nĂ©neuses fleurs lancent leur venin amer. Dans les hautes herbes j’étais couchĂ©e, ĂŽ vous, en vous guettant, Qui Ă  mes pieds dĂ©posez tout le pouvoir cachĂ© du bocage Et son entiĂšre subtilitĂ© m’offrez en d’illusoires virages Tandis que mon sifflement devient chant de victoire Ă  prĂ©sent. AppuyĂ©e contre l’arbre j’attends toutes vos troupes dĂ©cimĂ©es À mes pieds avec leurs corps d’épĂ©es agiles qu’elles se couchent Que j’élance en la roulant sur mon bras ma proie farouche Et que ma taille soit ceinte par ces ceintures animĂ©es. DĂ©pourvu de force contre moi le bois tout entier m’est asservi Lui qui m’enlaçait de son Ăąpre fragrance et de sa terreur DĂ©sormais m’appartient tout son empire de crainte et de peur Et je me pare de son inimitiĂ© empoisonnĂ©e que j’ai anĂ©antie.
”
”
Alice Orient (Textes choisis (Auteurs roumains ecrivant en francais) (Volume 1) (French Edition))
“
« Sois plus gentille avec moi, la prochaine fois ! » s’exclama-t-il en s’approchant d’elle. Il l’envoĂ»tait totalement, « Je suis certain qu’on pourrait vraiment bien s’amuser tous les deux, mais seulement si tu as apprends Ă  ĂȘtre gentille  » murmura-t-il dans le creux de son oreille avant de s’éloigner et de la laisser seule contre le tronc d’arbre.
”
”
Myosotis (Vengeance and Legends (Sex, Secrets & Spells #4))
“
fallait se soumettre Ă  cet indispensable carnaval, seul remĂšde contre la fatalitĂ© de l’amour et le pouvoir dissolvant de la routine que subissent tous les amoureux lorsque, aprĂšs avoir Ă©tĂ© deux amants distincts, ils ne deviennent plus qu’un couple ensemble. C’est le dĂ©but de la grande installation, le grand oubli de soi et de l’autre, la fin du grand mensonge qui leur avait permis, jusqu’alors, d’ĂȘtre parfaits, beaux, impeccables et sentant toujours bon, et qui soudain autorise tous les laisser-aller : vĂȘtements confortables, pantalons Ă©lastiques, bedaine qui pousse, poils disgracieux, mauvaise haleine. « ChĂ©ri, tu peux m’apporter du papier-toilette, s’il te plaĂźt ? » Le plateau-repas devant le film du soir. S’endormir comme deux sacs sur le canapĂ©, la tĂ©lĂ©vision Ă  plein tube, avec bouche ouverte, ronflements et tout le tralala. Jamais ! s’était promis Lev. Pas avec Anastasia ! PlutĂŽt mourir.
”
”
Joël Dicker (L'Enigme de la chambre 622 (French Edition))
“
Si de longues observations et des mĂ©ditations sincĂšres amenaient les hommes de nos jours Ă  reconnaĂźtre que le dĂ©veloppement graduel et progressif de l'Ă©galitĂ© est Ă  la fois le passĂ© et l'avenir de leur histoire, cette seule dĂ©couverte donnerait Ă  ce dĂ©veloppement le caractĂšre sacrĂ© de la volontĂ© du souverain maĂźtre. Vouloir arrĂȘter la dĂ©mocratie paraĂźtrait alors lutter contre Dieu mĂȘme, et il ne resterait aux nations qu'Ă  s'accommoder Ă  l'Ă©tat social que leur impose la Providence.
”
”
Alexis de Tocqueville (De La DĂ©mocratie En AmĂ©rique (INCLUANT TOUS LES TOMES, ANNOTÉ D’UNE BIOGRAPHIE))
“
Une comparaison mathĂ©matique peut aider Ă  comprendre ce que nous voulons dire : si l’on doit faire l’addition d’une indĂ©finitĂ© d’élĂ©ments, on n’y parviendra jamais en prenant ces Ă©lĂ©ments un Ă  un ; la somme ne pourra s’obtenir que par une opĂ©ration unique, qui est l’intĂ©gration, et ainsi il faut que tous les Ă©lĂ©ments soient pris simultanĂ©ment : c’est lĂ  la rĂ©futation de cette conception fausse, si rĂ©pandue en Occident, selon laquelle on ne pourrait arriver Ă  la synthĂšse que par l’analyse, alors que, au contraire, s’il s’agit d’une vĂ©ritable synthĂšse, il est impossible d’y arriver de cette façon. On peut encore prĂ©senter les choses ainsi : si l’on a une sĂ©rie indĂ©finie d’élĂ©ments, le terme final, ou la totalisation de la sĂ©rie, n’est aucun de ces Ă©lĂ©ments ; il ne peut se trouver dans la sĂ©rie, de sorte qu’on n’y parviendra jamais en la parcourant analytiquement ; par contre, on peut atteindre ce but d’un seul coup par l’intĂ©gration, mais peu importe pour cela qu’on ait dĂ©jĂ  parcouru la sĂ©rie jusqu’à tel ou tel de ses Ă©lĂ©ments, puisqu’il n’y a aucune commune mesure entre n’importe quel rĂ©sultat partiel et le rĂ©sultat total.
”
”
René Guénon (The Spiritist Fallacy (Collected Works of Rene Guenon))
“
Un jour, au debut des annees soixante-dix, pendant l'occupation russe du pays, tous les deux chasses de nos emplois, tous les deux en mauvaise sante, ma femme et moi sommes alles voir, dans un hopital de la banlieue de Prague, un grand medicin, ami de tous les opposants, un vieux sage juif, comme nous l'appelions, le professeur Smahel. Nous y avons rencontre E., un journaliste, lui aussi chasse de partout, lui aussi en mauvaise sante, et tous les quatre nous sommes restes longtemps a bavarder, heureux de l'atmosphere de sympathie mutuelle. Pour le retour, E. nous a pris dans sa voiture et s'est mis a parler de Bohumil Hrabal, alors le plus grand ecrivain tcheque vivant; d'une fantaisie sans bornes, feru d'experiences plebeiennes (ses romans sont peuples des gens les plus ordinaires), il etait tres lu et tres aime (toute la vague de la jeune cinematographie tcheque l'a adore comme son saint patron). Il etait profondement apolitique. Ce qui, dans un regime pour lequel 'tout etait politique', n'etait pas innocent: son apolitisme se moquait du monde ou sevissaient les ideologies. C'est pour cela qu'il s'est trouve pendant longtemps dans une relative disgrace (inutilisable qu'il etait pour tous les engagements officiels), mais c'est pour ce meme apolitisme (il ne s'est jamais engage contre le regime non plus) que, pendant l'occupation russe, on l'a laisse en paix et qu'il a pu, comme ci, comme ca, publier quelques livres. E. l'injuriait avec fureur: Comment peut-il accepter qu'on edite ses livres tandis que ses collegues sont interdits de publication? Comment peut-il cautionner ainsi le regime? Sans un seul mot de protestation? Son comportement est detestable et Hrabal est un collabo. J'ai reagi avec le meme fureur: Quelle absurdite de parler de collaboration si l'esprit des livres de Hrabal, leur humour, leur imagination sont le contraire meme de la mentalite qui nous gouverne et veut nous etouffer dans sa camisole de force? Le monde ou l'on peut lire Hrabal est tout a fait different de celui ou sa voix ne serait pas audible. Un seul livre de Hrabal rend un plus grand service aux gens, a leur liberte d'esprit, que nous tous avec nos gestes et nos proclamations protestataires! La discussion dans la voiture s'est vite transformee en querrelle haineuse. En y repensant plus tard, etonne par cette haine (authentique et parfaitement reciproque), je me suis dit: notre entente chez le medicin etait passagere, due aux circonstances historiques particulieres qui faisaient de nous des persecutes; notre desaccord, en revanche, etait fondamental et independant des circonstances; c'etait le desaccord entre ceux pour qui la lutte politique est superieure a la vie concrete, a l'art, a la pensee, et ceux pour qui le sens de la politique est d'etre au service de la vie concrete, de l'art, de la pensee. Ces deux attitudes sont, peut-etre, l'une et l'autre legitimes, mais l'une avec l'autre irreconciliables.
”
”
Milan Kundera (Encounter)