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Nowadays what isn't worth saying is sung.
(Aujourd'hui ce qui ne vaut pas la peine d'ĂȘtre dit, on le chante.)
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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (Le Barbier de SĂ©ville)
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Il n'y a qu'un problĂšme philosophique vraiment sĂ©rieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'ĂȘtre vĂ©cue, c'est rĂ©pondre Ă la question fondamentale de la philosophie.
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Albert Camus (Le Mythe De Sisyphe: Essai Sur L'absurde)
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Quant Ă moi, maintenant, j'ai fermĂ© mon Ăąme. Je ne dis plus Ă personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamnĂ© Ă l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais Ă©mettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis dĂ©sintĂ©ressĂ© de tout. Ma pensĂ©e, invisible, demeure inexplorĂ©e. J'ai des phrases banales pour rĂ©pondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit "oui", quand je ne veux mĂȘme pas prendre la peine de parler.
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Guy de Maupassant (Le Horla et autres nouvelles fantastiques)
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours aprĂšs la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
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Guillaume Apollinaire
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Bien sĂ»r je te ferai mal. Bien sĂ»r tu me feras mal. Bien sĂ»r nous aurons mal. Mais ça, câest la condition de lâexistence. Se faire printemps, câest prendre le risque de lâhiver. Se faire prĂ©sent, câest prendre le risque de lâabsence⊠Câest Ă mon risque de peine que je connais ma joie.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Ariette III
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénÚtre mon coeur ?
Ă bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ă le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'Ă©coeure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
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Paul Verlaine (Romances sans paroles)
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Soyons fermes, purs et fidÚles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé. [Let us be firm, pure and faithful; at the end of our sorrow, there is the greatest glory of the world, that of the men who did not give in.]
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Charles de Gaulle
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Ah! qu'avec peu d'effet on entend la raison,
Quand le cĆur est atteint d'un si charmant poison!
Et lorsque le malade aime sa maladie,
Qu'il a peine à souffrir que l'on y remédie!
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Pierre Corneille (Le Cid)
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Il y a dans la lecture quelque chose qui relĂšve de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracĂ©s sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un ĂȘtre vivant.
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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J'ai connu et je connais encore, dans ma vie, des bonheurs inouĂŻs. Depuis mon enfance, par exemple, j'ai toujours aimĂ© les concombres salĂ©s, pas les cornichons, mais les concombres, les vrais, les seuls et uniques, ceux qu'on appelle concombres Ă la russe. J'en ai toujours trouvĂ© partout. Souvent, je m'en achĂšte une livre, je m'installe quelque part au soleil, au bord de la mer, ou n'importe oĂč, sur un trottoir ou sur un banc, je mords dans mon concombre et me voilĂ complĂštement heureux. Je reste lĂ , au soleil, le cĆur apaisĂ©, en regardant les choses et les hommes d'un Ćil amical et je sais que la vie vaut vraiment la peine d'ĂȘtre vĂ©cue, que le bonheur est accessible, qu'il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner Ă ce qu'on aime avec un abandon total de soi.
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Ne t'est-il jamais arrivé de découvrir quelque chose de trÚs beau, et, soudain, de souffrir trÚs fort, et si vite que tu t'en aperçois à peine, parce que ce fragment de beauté que tu contemples, tu devrais le partager avec quelqu'un et qu'il n'y a que l'absence ?
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Jacques Abeille (Les Jardins statuaires)
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Seule ma peine est ma propriété:
Larmes, sueurs et le plus dur effort.
Je ne suis plus qu'un objet de pitié
Sinon de honte aux yeux d'un monde fort.
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Paul Ăluard (Last Love Poems)
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Quand la femme nâest pas lâambition suprĂȘme de lâhomme, quand elle nâest pas la fin de toute initiative en ce monde, la vie ne mĂ©riterait ni ses joies ni ses peines
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă la nuit)
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Ce qui s'apprend sans peine ne vaut rien et ne demeure pas.
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René Barjavel (L'Enchanteur)
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Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien Ă se dire, ils ne se parlent que de leurs peines Ă eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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L'amour comme moi part en voyage
Un jour je le rencontrerai
A peine j'aurai vu son visage
Tout de suite je le reconnaĂźtrai...
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Ădith Piaf
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Oui je veux vous aimer mais vous aimer Ă peine
Et mon mal est délicieux
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Guillaume Apollinaire
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Vous ĂȘtes tout les deux les personnes que j'ai le plus aimĂ©es au monde et j'ai fait de mon mieux possible, croyez-le.
Serrez bien contre vous vos beaux enfants.
Lucile
PS : [...] Je sais bien que ça va vous faire de la peine mais c'est inéluctable à plus ou moins de temps et je préfÚre mourir vivante.
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Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose Ă la nuit)
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Il y a toujours une histoire, une histoire qui attend. Qui existe à peine. à laquelle on ne s'attache que peu à peu et qu'on nourrit. On découvre la carapace qui contiendra notre personnage et le mettra à l'épreuve. On trouve alors le chemin que sera sa vie. (p.179)
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Michael Ondaatje (The Cat's Table)
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âą Chaque fois, tu monteras au front, la peur au ventre, le cĆur serrĂ©, sans meilleure arme que ton envie de vivre encore. Chaque fois, tu te diras que, quoi quâil puisse tâarriver Ă prĂ©sent, tous ces moments arrachĂ©s Ă la fatalitĂ© valaient la peine dâĂȘtre vĂ©cus. Et que personne ne pourra jamais te les enlever.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Si ce que tu as trouvĂ© est fait de matiĂšre pure, cela ne pourrira jamais. Et tu pourras y revenir un jour. Si ce nâest quâun instant de lumiĂšre, comme lâexplosion dâune Ă©toile, alors tu ne retrouveras rien Ă ton retour. Mais tu auras vu une explosion de lumiĂšre. Et cela seul aura dĂ©jĂ valu la peine dâĂȘtre vĂ©cu.
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Antoine de Saint-Exupéry
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But if revenge is called justice, then that justice breeds yet more revenge... and then becomes a chain of hatred.
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Pein Naruto
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours aprĂšs la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face Ă face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
des Ă©ternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
l'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Les hommes, ils s'enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu'ils cherchent. Alors ils s'agitent et tournent en rond. Ce n'est pas la peine.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer.
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Albert Camus (The Stranger)
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Il n'y a que la mort qui soit simple, et éternelle. Parce que tu vois, la vie, c'est compliqué, et c'est terriblement court. On a l'impression qu'on a tout le temps devant soi, mais en réalité c'est comme une séance de speed-dating : à peine entré dans la bulle, c'est déjà le moment de dégager
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Victor Dixen (Phobos (Phobos, #1))
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Si je pouvais, nature, ĂȘtre seulement un homme devant toi ; alors, cela vaudrait bien la peine dâĂȘtre homme !
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Johann Wolfgang von Goethe (Faust (tomes 1 et 2) (French Edition))
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Les hommes ont la rage de vouloir apprendre ce qui doit leur faire de la peine.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
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Freudvoll
Und leidvoll,
Gedankenvoll sein;
Langen
Und bangen
In schwebender Pein,
Himmelhoch jauchzend,
Zum Tode betrĂŒbt,
GlĂŒcklich allein
Ist die Seele, die liebt.
Johann Wolfgang von Goethe
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Johann Wolfgang von Goethe
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Jâai interrogĂ© les livres et je leur ai demandĂ© quel Ă©tait le sens de la vie, mais ils nâont pas rĂ©pondu. Jâai frappĂ© aux portes du silence, de la musique, et mĂȘme de la mort, mais personne nâa ouvert. Alors jâai cessĂ© de demander. Jâai aimĂ© les livres pour ce quâils Ă©taient, des blocs de paix, des respirations si lentes quâon les entend Ă peine.
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Christian Bobin (Un bruit de balançoire)
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Von Peinâs family was a little known, but highly influential entity within American banking circles. Banking Royalty, some called it. His grandfather had been one of the chief orchestrators of the Federal Reserve Act of 1913, which effectively took ownership of the bank from the American people.
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James Morcan (The Orphan Factory (The Orphan Trilogy, #2))
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De nos jours, lâĂtat nâorganise plus des exĂ©cutions publiques de prĂ©tendues sorciĂšres, mais la peine de mort pour les femmes qui veulent ĂȘtre libres sâest en quelque sorte privatisĂ©e : quand lâune dâelles est tuĂ©e par son compagnon ou son ex-compagnon
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Vivre, c'est d'abord se tenir prĂȘt Ă recevoir le ciel sur la tĂȘte. Si tu pars du principe que l'existence n'est qu'une Ă©preuve, tu es Ă©quipĂ© pour gĂ©rer ses peines et ses surprises. Si tu persistes Ă attendre d'elle ce qu'elle ne peut te donner, c'est la preuve que tu n'as rien compris. Prends les choses comme elles viennent, n'en fais pas un drame ni un plat ; ce n'est pas toi qui mĂšnes ta barque, mais le cours de ton destin.
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Yasmina Khadra (Swallows of Kabul)
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Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armĂ©es du monde. Je nâai dâailleurs pas plus de temps Ă vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se rĂ©veille de sa sieste. Il a dix-sept mois Ă peine, il va manger son goĂ»ter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours, et toute sa vie ce petit garçon vous fera lâaffront dâĂȘtre heureux et libre. Car non, vous nâaurez pas sa haine non plus.
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Antoine Leiris (Vous n'aurez pas ma haine)
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So often our power lies not in ourselves, but in how we help others find their own strength.
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Amy Lee Peine
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Je ne suis ni le maßtre ni l'esclave, Jupiter. Je suis ma liberté! à peine m'as-tu créé que j'ai cessé de t'appartenir
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Jean-Paul Sartre (The Flies (SparkNotes Literature Guide Series))
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Ăpicure a Ă©crit : Chacun sort de la vie comme sâil Ă©tait Ă peine nĂ©.
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Pascal Quignard (Les Ombres Errantes)
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Les joies s'oublient, les peines jamais
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Mikhail Lermontov (A Hero of Our Time)
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Il pouvait à peine placer un mot tellement ça l'excitait de vivre.
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Jack Kerouac (On the Road)
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L'excitation que lui donnaient les peines d'amour de ses héros accélérait son pouls, faisait rougir ses joues et briller ses yeux.
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Robert Musil (Die Verwirrungen des Zöglings TörleĂ)
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«La prunelle de mes yeux.» Lâexpression peine Ă rendre ce qui lie le parent Ă son nouveau-nĂ©. La prunelle de ses yeux, on pouvait la lui arracher sans quâil tombe â la moelle de mes os sâapprocherait davantage, pour dire que ça parcourt tout ce quâon est, et quâil sâagit du lien qui sâĂ©tablit, avant mĂȘme quâon soit capable de reconnaĂźtre son enfant parmi les autres.
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Virginie Despentes (Vernon Subutex 1 (Vernon Subutex, #1))
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Les escarmouches avec les thĂ©ologiens avaient eu leur charme, mais il savait fort bien qu'il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pĂšsent, dissĂšquent, et s'honorent d'ĂȘtre capables de penser demain autrement qu'aujourd'hui, et ceux qui croient ou affirment croire, et obligent sous peine de mort leurs semblables Ă en faire autant.
(L'acte d'accusation)
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Marguerite Yourcenar (L'Ćuvre au noir)
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Fletcher Von Pein was one of the twelve founders of the Omega Agency. He was also a powerful banker and a majority shareholder in the US Federal Reserve which, despite its misleading name, had zero government ownership and was actually a private corporation owned by the global elite.
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James Morcan (The Orphan Conspiracies: 29 Conspiracy Theories from The Orphan Trilogy)
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Quelque sujet quâon traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens sâaccorde avec la rime ;
Lâun lâautre vainement ils semblent se haĂŻr ;
La rime est une esclave et ne doit quâobĂ©ir.
LorsquâĂ la bien chercher dâabord on sâĂ©vertue,
Lâesprit Ă la trouver aisĂ©ment sâhabitue ;
Au joug de la raison sans peine elle fléchit
Et, loin de la gĂȘner, la sert et lâenrichit.
Mais, lorsquâon la nĂ©glige, elle devient rebelle,
Et, pour la rattraper, le sens court aprĂšs elle.
Aimez donc la raison : que toujours vos Ă©crits
Empruntent dâelle seule et leur lustre et leur prix.
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Nicolas Boileau (L'Art Poétique)
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Les hommes ne sont convaincus de vos raisons, de votre sincĂ©ritĂ©, et de la gravitĂ© de vos peines, que par votre mort. Tant que vous ĂȘtes en vie, votre cas est douteux, vous n'avez droit qu'Ă leur scepticisme. Alors, s'il y avait une seule certitude qu'on puisse jouir du spectacle, cela vaudrait la peine de leur prouver ce qu'ils ne veulent pas croire, et de les Ă©tonner. Mais vous vous tuez et qu'importe qu'ils vous croient ou non : vous n'ĂȘtes pas lĂ pour recueillir leur Ă©tonnement et leur contrition, d'ailleurs fugace, pour assister enfin, selon le rĂȘve de chaque homme, Ă vos propres funĂ©railles. Pour cesser d'ĂȘtre douteux, il faut cesser d'ĂȘtre, tout bellement.
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Albert Camus (The Fall)
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J'aurais pu lutter contre la cocaĂŻne et lui rĂ©sister dans un seul cas: celui oĂč la sensation de bonheur aurait Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e chez moi moins par la rĂ©alisation de l'Ă©vĂ©nement extĂ©rieur que par le travail, la peine, les efforts qu'il aurait fallu fournir pour y arriver.
Mais je n'avais pas cela dans ma vie.
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M. Agueev (Novel with Cocaine (European Classics))
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RĂ©sumons en quatre mots le pacte social des deux Ă©tats. Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous ĂȘtes pauvre ; faisons donc un accord entre nous : je permettrai que vous ayez l'honneur de me servir, Ă condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prendrai de vous commander.
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Jean-Jacques Rousseau (A Discourse on Political Economy)
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Le char de la civilisation, semblable Ă celui de l'idole de Jaggernaut, Ă peine retardĂ© par un cĆur moins facile Ă broyer que les autres et qui enraye sa roue, l'a brisĂ© bientĂŽt et continue sa marche glorieuse.
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Honoré de Balzac (PÚre Goriot)
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lâidĂ©e que les femmes sont des individus souverains, et non de simples appendices, des attelages en attente dâun cheval de trait, peine Ă se frayer un chemin dans les esprits â et pas seulement chez les politiciens conservateurs.
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Mona Chollet (SorciĂšres - La puissance invaincue des femmes)
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Sonnet VIII
Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,
Jâai chaud extrĂȘme en endurant froidure ;
La vie mâest et trop molle et trop dure,
Jâai grands ennuis entremĂȘlĂ©s de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment jâendure,
Mon bien sâen va, et Ă jamais il dure,
Tout en un coup je sĂšche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mĂšne
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie ĂȘtre certaine,
Et ĂȘtre en haut de mon dĂ©sirĂ© heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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Louise LabĂ© (Ćuvres complĂštes: Sonnets, Elegies, DĂ©bat de folie et d'amour)
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...J'ai envie de mort, pas d'agonie.La vie, c'est déjà une lente agonie et rien d'autre. Une marche forcée vers l'issue fatale. On vient au monde sans l'avoir demandé, on va à la mort sans l'avoir choisi. Pas la peine d'en rajouter.
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Karine Giébel
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De nos jours, rien n'est plus mensonger que cette étiquette "pro-vie" dont s'affublent les militants antiavortements : un grand nombre d'entre eux sont aussi favorables à la peine de mort ou, aux Etats-Unis, à la libre circulation des armes (plus de quinze mille morts en 2017), et on ne le voit pas militer avec tant d'ardeur contre les guerres ni contre la pollution, dont on estime qu'elle a été responsable d'une mort sur six dans le monde en 2015. La vie ne les passionne que lorsqu'il s'agit de pourrir celles des femmes. Le natalisme est affaire de pouvoir, et non d'amour de l'humanité.
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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To have peace, you have to have Pain
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Pein
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Y-a-t-il rien de plus sot que de vouloir porter continuellement un fardeau qu'on veut toujours jeter par terre?
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Voltaire (Candide)
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Et leur conclusion fut, que vous feriez bien,
De prendre moins de soin des actions des autres,
Et de vous mettre, un peu, plus en peine des vĂŽtres.
Qu'on doit se regarder soi-mĂȘme, un fort long temps,
Avant que de songer Ă condamner les gens
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MoliĂšre (The Misanthrope)
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Elle aimait la vie, il aimait la mort,
Il aimait la mort, et ses sombres promesses,
Avenir incertain d'un garçon en détresse,
Il voulait mourir, laisser partir sa peine,
Oublier tous ces jours Ă la mĂȘme rengaine...
Elle aimait la vie, heureuse d'exister,
Voulait aider les gens et puis grandir en paix,
C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante,
Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente.
Mais un beau jour, la chute commença,
Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix,
Elle aimait la vie et il aimait la mort,
Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort?
Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifié,
Amis et famille, capables de tout renier,
Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or,
Mais elle aimait la vie et il aimait la mort...
Si différents et pourtant plus proches que tout,
Se comprenant pour protéger un amour fou,
L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler,
L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocités...
Fin de l'histoire : obligés de se séparer,
Ils s'étaient promis leur éternelle fidélité.
Aujourd'hui, le garçon torturé vit pour elle,
Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes...
Il aimait la mort, elle aimait la vie,
Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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Quand on a perdu un ĂȘtre cher, on peut fermer son cĆur, ou bien utiliser ce silex de la peine qui le dĂ©chire pour l'ouvrir davantage encore. On aime encore plus intensĂ©ment, et plus profondĂ©ment, lorsque la douleur a creusĂ© et agrandi notre cĆur.
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Frédéric Lenoir
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Les coutures, les modes sont souvent apliquées à couper les corps féminin de a transcendance: la Chinoise aux pieds bandés peut à peine marcher, les griffes vernies de la star d'Hollywood la privent de ses mains, les hauts talons, les corsets, les paniers, les vertugadins, les crinolines étaient destinés moins à accentuer la combrure du corps féminin qu'à en augmenter l'impotence.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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On a tant abusĂ© du regard dans les romans d'amour qu'on a fini par le dĂ©considĂ©rer. C'est Ă peine si l'on ose dire maintenant que deux ĂȘtres se sont aimĂ©s parce qu'ils se sont regardĂ©s. C'est pourtant comme cela qu'on s'aime et uniquement comme cela. Le reste n'est que le reste, et vient aprĂšs. Rien n'est plus rĂ©el que ces grandes secousses que deux Ăąmes se donnent en Ă©changeant cette Ă©tincelle.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Car la nature humaine est ainsi faite, que les peines et les souffrances éprouvées simultanément ne s'additionnent pas totalement dans notre sensibilité, mais se dissimulent les unes derriÚre les autres par ordre de grandeur décroissante selon les lois bien connues de la perspective.
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Primo Levi
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Mais, comme il éprouvait une peine infinie à découvrir des idées, il prit la spécialité des déclamations sur la décadence des moeurs sur l'abaissement des caractÚres, l'affaissement du patriotisme et l'anémie de l'honneur français. (Il avait trouvé le mot "anémie" dont il était fier.)
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Guy de Maupassant (Bel-Ami)
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Il en est toujours ainsi des natures subtiles et raffinées. Il faut que leurs passions ploient ou broient, qu'elles choisissent de tuer ou de mourir. Seules ont la vie longue les peines légÚres et les légÚres amours. Les amours et les peines profondes succombent à leur propre plénitude.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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Le peuple à qui on avait eu tant de peine de démontrer que le marabout ne peut rien à son triste sort, le peuple à peine échappé à l'attrape-nigaud des zaouia, retombait à plein dans le nouveau piÚge administratif, celui de l'élu qui peut tout, du bulletin de vote qui fait des miracles.
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Malek Bennabi (Pourritures)
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Nâimporte ! elle nâĂ©tait pas heureuse, ne lâavait jamais Ă©tĂ©. DâoĂč venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanĂ©e des choses oĂč elle sâappuyait ?⊠Mais, sâil y avait quelque part un ĂȘtre fort et beau, une nature valeureuse, pleine Ă la fois dâexaltation et de raffinements, un coeur de poĂšte sous une forme dâange, lyre aux cordes dâairain, sonnant vers le ciel des Ă©pithalames Ă©lĂ©giaques, pourquoi, par hasard, ne le trouveraitelle pas ? Oh ! quelle impossibilitĂ© ! Rien, dâailleurs, ne valait la peine dâune recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bĂąillement dâennui, chaque joie une malĂ©diction, tout plaisir son dĂ©goĂ»t, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lĂšvre quâune irrĂ©alisable envie dâune voluptĂ© plus haute.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Les gens riches Ă Paris demeurent ensemble, leurs quartiers, en bloc, forment une tranche de gĂąteau urbain dont la pointe vient toucher au Louvre, cependant que le rebord rebondi s'arrĂȘte aux arbres entre le Pont d'Auteuil et la Porte des Ternes. VoilĂ . C'est le bon morceau. Tout le reste n'est que peine et fumier.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Un couple ne coule des jours heureux que lâespace de quelques mois. Ensuite, câest du travail, des compromis, de la frustration, des larmes. Mais ça en vaut la peine, parce que le rĂ©sultat est une unitĂ© qui nâest pas due Ă de la chimie ou de la magie, cette unitĂ©, vous lâavez construite. Lâamour nâexiste pas par lui-mĂȘme, il se bĂątit. (P. 282)
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Joël Dicker (L'Affaire Alaska Sanders)
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L'instruction! Voyez ce que c'est, monsieur, que l'instruction. On apprend quelque chose Ă l'Ă©cole, on se donne mĂȘme du mal, beaucoup de mal, pour apprendre quelque chose Ă l'Ă©cole, et puis vingt ans aprĂšs, ou mĂȘme avant, ce n'est plus ça, les choses ont changĂ©, on ne sait plus rien, alors vraiment ce n'Ă©tait pas la peine. Aussi je prĂ©fĂšre penser qu'apprendre.
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Raymond Queneau (The Blue Flowers)
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PĂšre, maĂźtresse, honneur, amour,
noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
tous mes plaisirs sons morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malhereux, l'autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d'une ùme généreuse,
mais ensemble amoureuse, digne ennemi de mon plus grand bonheur.
Fer qui causes ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur?
M'est-tu donné pour perdre ma ChimÚne?
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Pierre Corneille (Le Cid)
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The best defense against legal criticism and excessive regulatory scrutiny is an enormous bank account. As Uber showed, politicians can be used to minimize any consequences for past misconduct.
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Corey Pein (Live Work Work Work Die: A Journey into the Savage Heart of Silicon Valley)
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Je l'entends toujours. Alors que je repose mon stylographe et que je me dirige vers mon lit, je perçois l'archet qu'on tire sur le chevalet, et la musique qui s'élÚve dans le ciel nocturne. C'est lointain et à peine audible - mais c'est là ! Un pizzicato. Un trémolo. Le style est impossible à à confondre avec un autre. C'est Sherlock Holmes. ll faut que ce soit lui. J'espÚre que c'est pour moi qu'il joue...
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Anthony Horowitz (The House of Silk (Horowitz's Holmes, #1))
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TrĂšs bien, on verra tout ça ce soir, se dit-il, convaincu d'ĂȘtre un Ă©goĂŻste, mais averti par l'usage que les gens qui vous quittent vraiment ne prennent jamais la peine de vous en avertir par une lettre de six pages. Ceux-lĂ s'Ă©clipsent sans parler, et c'est comme ça qu'avait fait la petite chĂ©rie. Et ceux qui dĂ©ambulent en laissant dĂ©passer la crosse d'un pistolet hors de leur poche ne se tuent jamais [...]
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Fred Vargas (L'homme aux cercles bleus (Commissaire Adamsberg, #1))
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Peut-ĂȘtre pouvons-nous mĂȘme reconnaĂźtre les signes presque imperceptibles qui annoncent qu'un monde vient de disparaĂźtre, non pas le sifflement des obus par-dessus les plaines Ă©ventrĂ©es du Nord, mais le dĂ©clenchement d'un obturateur, qui trouble Ă peine la lumiĂšre vibrante de l'Ă©tĂ©, la main fine et abĂźmĂ©e d'une jeune femme qui referme tout doucement, au milieu de la nuit, une porte sur ce qui n'aurait pas dĂ» ĂȘtre sa vie, ou la voile carrĂ©e d'un navire croisant sur les eaux bleues de la MĂ©diterranĂ©e, au large d'Hippone, portant depuis Rome la nouvelle inconcevable que des hommes existent encore, mais que leur monde n'est plus.
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JĂ©rĂŽme Ferrari (Le Sermon sur la chute de Rome)
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âMais, quelle que soit l'importance de l'Ă©vĂ©nement, dĂšs qu'il est Ă©crit sur le papier, il ne fait plus qu'une ou deux lignes. "Mes yeux ne voyaient plus" ou "je n'avais plus un sou", il suffit d'une dizaine ou d'une vingtaine de lettres de l'alphabet. C'est pourquoi, quand on calligraphie des autobiographies, il arrive qu'on soit soulagĂ©. On se dit que ce n'est pas la peine de trop rĂ©flĂ©chir Ă tout ce qui se passe dans le monde.
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YĆko Ogawa (Les Tendres plaintes)
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- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pĂšres nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...
- T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violĂ©s, volĂ©s, Ă©tripĂ©s et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maĂźtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nĂ©s fidĂšles, on en crĂšve nous autres ! Soldats gratuits, hĂ©ros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi MisĂšre. C'est lui qui nous possĂšde ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gĂȘne pour parler, faut faire bien attention si on tient Ă pouvoir manger... Pour des riens, il vous Ă©trangle... C'est pas une vie...
- Il y a l'amour, Bardamu !
- Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds.
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Louis-Ferdinand CĂ©line
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Les amants, en effet, regrettent le bien quâils
ont fait, une fois que leur dĂ©sir est Ă©teint. Ceux qui nâont pas dâamour, au contraire, nâont
jamais occasion seyante au repentir, car ce nâest point par contrainte, mais librement, comme
sâils sâoccupaient excellemment des biens de leurs demeures, quâils font, dans la mesure de
leurs moyens, du bien Ă leurs amis. Les amants considĂšrent en outre, et les dommages que
leur amour fit Ă leurs intĂ©rĂȘts et les largesses quâils ont dĂ» consentir ; puis, en y ajoutant la
peine quâils ont eue, ils pensent depuis longtemps avoir dĂ©jĂ payĂ© Ă leurs aimĂ©s le juste prix
des faveurs obtenues. Par contre, ceux qui ne sont pas épris ne peuvent, ni prétexter les
affaires négligées par amour, ni mettre en ligne de compte les souffrances passées, ni alléguer
les diffĂ©rends familiaux quâils ont eus. Exempts de tous ces maux, il ne leur reste plus quâĂ
sâempresser de mettre en acte tout ce quâils croient devoir leur donner du plaisir.
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Plato (Phaedrus (Hackett Classics))
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Toute ma vie fut la promesse
De cette rencontre avec toi.
Câest Dieu qui tâenvoie, je le sais
Pour me garder jusquâĂ la mortâŠ
Tu apparaissais dans mes rĂȘves ;
Sans te voir je te chérissais
Ton regard me faisait languir,
Ta voix résonnait dans mon ùme
Depuis toujours⊠En vérité
Je tâai reconnu tout de suite.
Ce fut pour moi un froid, un feu,
Et dans mon cĆur, jâai dit : câest lui !
Je tâentendais dans le silence,
Quand jâallais secourir les pauvres
Ou quand la priĂšre apaisait
Lâangoisse de mon Ăąme en peine.
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Alexander Pushkin (Eugene Onegin)
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Un piĂšge.
Dressé non pour Ellana mais pour lui.
Jilano bondit vers la porte.
Verrouillée, elle l'aurait à peine ralenti. Elle s'ouvrit sans difficulté.
Sur un mur de pierre.
Il leva les yeux. La mĂȘme substance huileuse qui l'avait fait glisser recouvrait tous les murs. La gouttiĂšre gisait au sol. Inutile de l'observer pour savoir qu'elle avait Ă©tĂ© sabotĂ©e.
Du joli travail.
Jilano inspira profondément, ralentissant son rythme cardiaque jusqu'à ce que son corps élimine l'injonction de survie induite par le danger.
Ce n'Ă©tait plus la peine.
Il s'assit en tailleur contre un mur et attendit que la silhouette apparaisse au-dessus de lui.
Elle ne tarda pas.
Un sourire pĂąle erra sur les lĂšvres du maĂźtre marchombre lorsquâil reconnut l'assassin. La guilde Ă©tait donc tombĂ©e si bas ?
Il faillit parler, non pas pour tenter de convaincre, encore moins pour supplier, mais pour chercher à comprendre. Il préféra détourner les yeux afin de se concentrer sur l'essentiel.
Alors que l'assassin bandait son arc, les pensées de Jilano s'envolÚrent vers Ellana.
Bonheur.
Gratitude.
Amour.
- Garde-toi, murmura-t-il, et que ta route soit belle.
- Madame ! Que vous arrive-t-il ?
Ellana Ă©tait brusquement devenue livide.
Elle poussa un cri rauque, leva la main Ă son cĆur et, avant qu'Aoro ait pu intervenir, elle s'effondra.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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En dĂ©pit de toutes les profondes diffĂ©rences de leurs natures, tous deux avaient beaucoup appris l'un de l'autre; entre eux, Ă cĂŽtĂ© de la langue de la raison, il s'Ă©tait peu Ă peu formĂ© un parler de l'Ăąme, un langage de signes, de mĂȘme que, entre deux agglomĂ©rations, il y a bien une route sur laquelle circulent les voitures et les cavaliers, mais Ă cĂŽtĂ© se tracent beaucoup de petites sentes, de chemins de traverse, de sentiers dĂ©tournĂ©s; chemins pour les enfants, sentiers pour les amoureux, sentes Ă peine visibles pour les chiens et les chats. (p. 49-50)
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Hermann Hesse (Narcissus and Goldmund)
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Cela pose un problĂšme que...?"
"Que tu ne sois pas juif? Pas le moins du tout, dit maman en riant. Ni mon mari ni moi n'accordons d'importance à la différence de l'autre. Bien au contraire, nous avons toujours pensé que'elle était passionnante et source de multiples bonheurs. Le plus important, quand on veut vivre à deux toute une vie, est d'etre sur que l'on ne s'ennuiera pas ensemble. L'ennui dans un couple, c'est lui qui tue l'amour. Tant que tu feras rire Alice, tant que tu lui donneras l'envie de te retrouver, alors que tu viens à peine de la quitter pour aller travailler, tant que tu seras celui dont elle partage les confidences et à qui elle aime aussi se confier, tant que tu vivras tes reves avec elle, meme ceux que tu ne pourras pas réaliser, alors je suis certaine que quelles que soient tes origines, la seule chose qui sera étrangÚre à votre couple sera le monde et ses jaloux.
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Marc Levy (Les Enfants de la liberté)
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Muerte (Una comedia)
KLEINMAN: ÂżVas... vas a matarme?
MANIACO: Naturalmente. Es mi especialidad.
KLEINMAN: EstĂĄs... estĂĄs loco.
MANIACO: Claro que estoy loco. ÂżCrees que una persona cuerta andarĂa por ahĂ matando gente? Y no robo a nadie. Es la verdad. JamĂĄs me he llevado un centavo de una sola vĂctima. Ni si quiera un peine de bolsillo.
KLEINMAN: ¿Por qué lo haces entonces?
MANIACO: ¿Por qué? Porque, estoy loco.
KLEINMAN: Pero pareces una persona normal.
MANIACO: No te fĂes de la apariencia fĂsica. Soy un maniaco.
KLEINMAN: Ya, pero yo me esperaba una silueta alta, negra, amenazadora...
MANIACO: Esto no es una pelĂcula, Kleinman. Soy un hombre como tĂș. ÂżQuĂ© quieres que tenga, colmillos?
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Woody Allen (Without Feathers)
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Dans lâautomne de lâannĂ©e 1816, John Melmoth, Ă©lĂšve du collĂšge de la TrinitĂ©, Ă Dublin, suspendit momentanĂ©ment ses Ă©tudes pour visiter un oncle mourant, et de qui dĂ©pendaient toutes ses espĂ©rances de fortune. John, qui avait perdu ses parents, Ă©tait le fils dâun cadet de famille, dont la fortune mĂ©diocre suffisait Ă peine pour payer les frais de son Ă©ducation ; mais son oncle Ă©tait vieux, cĂ©libataire et riche. Depuis sa plus tendre enfance, John avait appris, de tous ceux qui lâentouraient, Ă regarder cet oncle avec ce sentiment qui attire et repousse Ă la fois, ce respect mĂȘlĂ© du dĂ©sir de plaire, que lâon Ă©prouve pour lâĂȘtre qui tient en quelque sorte en ses mains le fil de notre existence.
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Charles Robert Maturin (Melmoth, l'homme errant)
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Souvent, pour s'amuser, les hommes d'Ă©quipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traßner à cÎté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguĂšre si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le PoÚte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempĂȘte et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de gĂ©ant l'empĂȘchent de marcher.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Quand je considÚre ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe. L'existence des héros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flÚche. Et la plupart des hommes aiment à résumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une récrimination ; leur mémoire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes...
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les rĂ©gions de montagne, de matĂ©riaux divers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle. J'y rencontre ma nature, dĂ©jĂ composite, formĂ©e en parties Ă©gales d'instinct et de culture. Ăa et lĂ , affleurent les granits de l'inĂ©vitable ; partout, les Ă©boulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'Ă©coulement d'une riviĂšre souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un prĂ©sage, une suite dĂ©finie d'Ă©vĂ©nements, je crois reconnaĂźtre une fatalitĂ©, mais trop de routes ne mĂšnent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mĂ©moire des hommes, ou mĂȘme dans la mienne propre ; puisque c'est peut-ĂȘtre l'impossibilitĂ© de continuer Ă s'exprimer et Ă se modifier par l'action que constitue la diffĂ©rence entre l'Ă©tat de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indĂ©finissable. Et la preuve, c'est que j'Ă©prouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte Ă moi-mĂȘme. Certains travaux qui durĂšrent peu sont assurĂ©ment nĂ©gligeables, mais des occupations qui s'Ă©tendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble Ă peine essentiel, au moment oĂč j'Ă©cris ceci, d'avoir Ă©tĂ© empereur..." (p.214)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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La solitude est une chose bien Ă©trange.
Elle vous envahit, tout doucement et sans faire de bruit, sâassoit Ă vos cĂŽtĂ©s dans le noir, vous caresse les cheveux pendant votre sommeil. Elle sâenroule autour de vous, vous serre si fort que vous pouvez Ă peine respirer, que vous nâentendez presque plus la pulsation du sang dans vos veines, tandis quâelle file sur votre peau et effleure de ses lĂšvres le fin duvet de votre nuque. Elle sâinstalle dans votre cĆur, sâallonge prĂšs de vous la nuit, dĂ©vore comme une sangsue la lumiĂšre dans le moindre recoin. Câest une compagne de chaque instant, qui vous serre la main pour mieux vous tirer vers le bas quand vous luttez pour vous redresser.
Vous vous rĂ©veillez le matin et vous vous demandez qui vous ĂȘtes. Vous nâarrivez pas Ă vous endormir le soir et tremblez comme une feuille. Vous doutez vous doutez vous doutez.
je dois
je ne dois pas
je devrais
pourquoi je ne vais pas
Et mĂȘme quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă lĂącher prise. Quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă vous libĂ©rer. Quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă devenir quelquâun de nouveau. La solitude est une vieille amie debout Ă votre cĂŽtĂ© dans le miroir ; elle vous regarde droit dans les yeux, vous met au dĂ©fi de mener votre vie sans elle. Vous ne pouvez pas trouver les mots pour lutter contre vous-mĂȘme, lutter contre les mots qui hurlent que vous nâĂȘtes pas Ă la hauteur, que vous ne le serez jamais vraiment, jamais vraiment.
La solitude est une compagne cruelle, maudite.
Parfois, elle ne veut simplement pas vous abandonner
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Tahereh Mafi (Unravel Me (Shatter Me, #2))
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Jâaime beaucoup les cimetiĂšres, moi, ça me repose et me mĂ©lancolise jâen ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis lĂ dedans, de ceux quâon ne va plus voir ; et jây vais encore, moi, de temps en temps.
Justement, dans ce cimetiĂšre Montmartre, jâai une histoire de cĆur, une maĂźtresse qui mâavait beaucoup pincĂ©, trĂšs Ă©mu, une charmante petite femme dont le souvenir, en mĂȘme temps quâil me peine Ă©normĂ©ment, me donne des regrets⊠des regrets de toute nature. Et je vais rĂȘver sur sa tombe⊠Câest fini pour elle.
Et puis, jâaime aussi les cimetiĂšres, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitĂ©es. Songez donc Ă ce quâil y a de morts dans ce petit espace, Ă toutes les gĂ©nĂ©rations de Parisiens qui sont logĂ©s lĂ , pour toujours, troglodytes dĂ©finitifs enfermĂ©s dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts dâune pierre ou marquĂ©s dâune croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbĂ©ciles.
Me voici donc entrant dans le cimetiĂšre Montmartre, et tout Ă coup imprĂ©gnĂ© de tristesse, dâune tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, dâailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ăa nâest pas drĂŽle, cet endroit-lĂ , mais le moment nâen est pas encore venu pour moi⊠»
Lâimpression de lâautomne, de cette humiditĂ© tiĂšde qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatiguĂ©, anĂ©mique, aggravait en la poĂ©tisant la sensation de solitude et de fin dĂ©finitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
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Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
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Entonces la Niña de los Peines se levantĂł como una loca, tronchada igual que una llorona medieval, y se bebiĂł de un trago un gran vaso de cazalla como fuego, y se sentĂł a cantar, sin voz, sin aliento, sin matices, con la garganta abrasada, pero... con duende. HabĂa logrado matar todo el andamiaje de la canciĂłn, para dejar paso a un duende furioso y avasallador, amigo de los vientos cargados de arena, que hacĂa que los oyentes se rasgaran el traje, casi con el mismo ritmo con que se los rompen los negros antillanos del rito lucumĂ apelotonados ante la imagen de santa BĂĄrbara.
La Niña de los Peines tuvo que desgarrar su voz porque sabĂa que la estaba oyendo gente exquisita que no pedĂa formas sino tuĂ©tano de formas, mĂșsica pura con el cuerpo sucinto para poder mantenerse en el aire. Se tuvo que empobrecer de facultades y de seguridades es decir, tuvo que alejar a su musa y quedarse desamparada, que su duende viniera y se dignara luchar a brazo partido. ÂĄY cĂłmo cantĂł! Su voz ya no jugaba, su voz era un chorro de sangre, digna, por su dolor y su sinceridad, de abrirse como una mano de diez dedos por los pies clavados, pero llenos de borrasca, de un Cristo de Juan de Juni.
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Federico GarcĂa Lorca
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Pendant le long travail de contraction, ma trĂšs jeune mĂšre observe d'un Ćil distrait flocons et oiseaux se casser silencieusement la gueule par la fenĂȘtre. On dirait une enfant qui joue Ă ĂȘtre enceinte. Sa tĂȘte est pleine de mĂ©lancolie; elle sait qu'elle ne me gardera pas. Elle ose Ă peine baisser les yeux sur son ventre prĂȘt Ă Ă©clore... Elle pleurait dĂ©jĂ en escaladant la colline pour arriver ici. Ses larmes glacĂ©es ont rebondi sur le sol telles les perles d'un collier cassĂ©. Ă mesure qu'elle avançait, un tapis d'Ă©tincelants roulements Ă billes se formait sous ses pieds. Elle a commencĂ© Ă patiner, puis a continuĂ© encore et encore. La cadence de ses pas est devenue trop rapide. Ses talons se sont emmĂȘlĂ©s, ses chevilles ont vacillĂ© et elle a chutĂ© violemment en avant. Ă l'intĂ©rieur, j'ai fait un bruit de tirelire cassĂ©e
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Mathias Malzieu (La MĂ©canique du cĆur)
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C'est dans ma neuviĂšme annĂ©e que j'ai appris le hollandais. A cette Ă©poque-lĂ , j'avais un papa, un chic type dans mon genre, qui voulait que ses enfants rĂ©ussissent dans la vie. Lui n'avait pas beaucoup travaillĂ© Ă l'Ă©cole ; ce qui ne l'empĂȘchait pas, tous les Ă©tĂ©s, de nous acheter Ă ma sĆur Christine et Ă moi des "cahiers de vacances". Le lundi soir, elle avait dĂ©jĂ fait son cahier jusqu'au jeudi. Moi, je n'ai jamais pu terminer le mien.
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Marie-Aude Murail (Le hollandais sans peine)
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Il est un cĂŽtĂ© de la « culture bourgeoise » qui en dĂ©voile toute la petitesse, c'est son aspect de « roulement » conventionnel, de manque d'imagination, bref d'inconscience et de vanitĂ© : on ne se demande pas un instant « Ă quoi bon tout cela » ; aucun auteur ne se demande s'il vaut la peine d'Ă©crire une nouvelle histoire aprĂšs tant d'autres histoires ; on semble en Ă©crire simplement parce que d'autres en ont Ă©crit, et parce qu'on ne voit pas pourquoi on ne le ferait pas et pourquoi on ne gagnerait pas une gloire que d'autres ont gagnĂ©e. C'est un perpetuum mobile que rien ne peut arrĂȘter, sauf une catastrophe ou, moins tragiquement, la disparition progressive des lecteurs ; sans public point de cĂ©lĂ©britĂ©, nous l'avons dit plus haut. Et ceci est arrivĂ© dans une certaine mesure : on ne lit plus d'anciens auteurs dont le prestige paraissait assurĂ© ; le grand public a d'autres besoins, d'autres ressources et d'autres distractions, fussent-elle des plus basses. La culture c'est, de plus en plus, l'absence de culture : la manie de se couper de ses racines et d'oublier d'oĂč l'on vient.
Une des raisons subjectives de ce que nous pouvons appeler le « roulement culturel » est que l'homme n'aime pas se perdre tout seul, qu'il aime par consĂ©quent trouver des complices pour une perdition commune ; c'est ce que fait la culture profane, inconsciemment ou consciemment, mais non innocemment car l'homme porte au fond de lui-mĂȘme l'instinct de sa raison d'ĂȘtre et de sa vocation. On a souvent reprochĂ© aux civilisations orientales leur stĂ©rilitĂ© culturelle, c'est-Ă -dire le fait qu'elles ne comportent pas un fleuve habituel de production littĂ©raire, artistique et philosophique ; nous croyons pouvoir nous dispenser Ă prĂ©sent de la peine d'en expliquer les raisons.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Une trĂšs jolie jeune fille, traitĂ©e avec des Ă©gards constants et des attentions dĂ©mesurĂ©es par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majoritĂ© - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et mĂȘme Ă vrai dire tout particuliĂšrement par eux, avec une Ă©mulation abjecte confinant chez certains quinquagĂ©naires au gĂątisme pur et simple, une trĂšs jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultĂ©s s'aplanissent, accueillie partout comme si elle Ă©tait la reine du monde, devient naturellement une espĂšce de monstre d'Ă©goĂŻsme et de vanitĂ© autosatisfaite. La beautĂ© physique joue ici exactement Ie mĂȘme rĂŽle que la noblesse de sang sous l'Ancien RĂ©gime, et la brĂšve conscience qu'elles pourraient prendre Ă l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cĂšde rapidement la place chez la plupart des trĂšs jolies jeunes filles Ă une sensation de supĂ©rioritĂ© innĂ©e, naturelle, instinctive, qui les place entiĂšrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanitĂ©. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui Ă©viter toute peine, et de prĂ©venir Ie moindre de ses dĂ©sirs, c'est tout uniment (sic) qu'une trĂšs jolie jeune fille en vient Ă considĂ©rer Ie reste du monde comme composĂ© d'autant de serviteurs, elle-mĂȘme n'ayant pour seule tĂąche que d'entretenir sa propre valeur Ă©rotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilitĂ© concrĂšte d'un ĂȘtre plus faible, d'ĂȘtre directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santĂ©, de sa survie - cet ĂȘtre pouvant ĂȘtre un frĂšre ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Les passantes :
Je veux dédier ce poÚme
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait Ă peine
Qu'un destin différent entraine
Et qu'on ne retrouve jamais
......
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font apparaitre court le chemin
Qu'on est seul, peut-ĂȘtre Ă comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main.
....
ChÚres images aperçues
Espérances d'un jour deçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des Ă©pisodes du chemin.
Mais si lon a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.
Alors aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantĂŽmes du souvenir
On pleure les lĂšvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir.
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Antoine Polin
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Her pretty name of Adina seemed to me to have somehow a mystic fitness to her personality.
Behind a cold shyness, there seemed to lurk a tremulous promise to be franker when she knew you better.
Adina is a strange child; she is fanciful without being capricious.
She was stout and fresh-coloured, she laughed and talked rather loud, and generally, in galleries and temples, caused a good many stiff British necks to turn round.
She had a mania for excursions, and at Frascati and Tivoli she inflicted her good-humoured ponderosity on diminutive donkeys with a relish which seemed to prove that a passion for scenery, like all our passions, is capable of making the best of us pitiless.
Adina may not have the shoulders of the Venus of Milo...but I hope it will take more than a bauble like this to make her stoop.
Adina espied the first violet of the year glimmering at the root of a cypress. She made haste to rise and gather it, and then wandered further, in the hope of giving it a few companions. Scrope sat and watched her as she moved slowly away, trailing her long shadow on the grass and drooping her head from side to side in her charming quest. It was not, I know, that he felt no impulse to join her; but that he was in love, for the moment, with looking at her from where he sat. Her search carried her some distance and at last she passed out of sight behind a bend in the villa wall.
I don't pretend to be sure that I was particularly struck, from this time forward, with something strange in our quiet Adina. She had always seemed to me vaguely, innocently strange; it was part of her charm that in the daily noiseless movement of her life a mystic undertone seemed to murmur "You don't half know me! Perhaps we three prosaic mortals were not quite worthy to know her: yet I believe that if a practised man of the world had whispered to me, one day, over his wine, after Miss Waddington had rustled away from the table, that there was a young lady who, sooner or later, would treat her friends to a first class surprise, I should have laid my finger on his sleeve and told him with a smile that he phrased my own thought. .."That beautiful girl," I said, "seems to me agitated and preoccupied."
"That beautiful girl is a puzzle. I don't know what's the matter with her; it's all very painful; she's a very strange creature. I never dreamed there was an obstacle to our happiness--to our union. She has never protested and promised; it's not her way, nor her nature; she is always humble, passive, gentle; but always extremely grateful for every sign of tenderness. Till within three or four days ago, she seemed to me more so than ever; her habitual gentleness took the form of a sort of shrinking, almost suffering, deprecation of my attentions, my petits soins, my lovers nonsense. It was as if they oppressed and mortified her--and she would have liked me to bear more lightly. I did not see directly that it was not the excess of my devotion, but my devotion itself--the very fact of my love and her engagement that pained her. When I did it was a blow in the face. I don't know what under heaven I've done! Women are fathomless creatures. And yet Adina is not capricious, in the common sense...
.So these are peines d'amour?" he went on, after brooding a moment. "I didn't know how fiercely I was in love!"
Scrope stood staring at her as she thrust out the crumpled note: that she meant that Adina--that Adina had left us in the night--was too large a horror for his unprepared sense...."Good-bye to everything! Think me crazy if you will. I could never explain. Only forget me and believe that I am happy, happy, happy! Adina Beati."...
Love is said to be par excellence the egotistical passion; if so Adina was far gone. "I can't promise to forget you," I said; "you and my friend here deserve to be remembered!
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Henry James (Adina)
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O dieses ist das Tier, das es nicht giebt.
Sie wuĂtens nicht und habens jeden Falls
â sein Wandeln, seine Haltung, seinen Hals,
bis in des stillen Blickes Licht â geliebt.
Zwar war es nicht. Doch weil sieâs liebten, ward
ein reines Tier. Sie lieĂen immer Raum.
Und in dem Raume, klar und ausgespart,
erhob es leicht sein Haupt und brauchte kaum
zu sein
Ă questo lâanimale favoloso,
che non esiste. Non veduto mai,
ne amaron le movenze, il collo, il passo:
fino la luce dello sguardo calmo.
Pure ânon eraâ. Ma perchĂš lo amarono,
divenne. Intatto. Gli lasciavan sempre
piĂč spazio. E in quello spazio chiaro, etereo:
serbato a lui â levĂČ, leggiero, il capo.
And here we have the creature that is not.
But they did not allow this , and as it happens
- his gait and bearing, his arched neck,
even the light in his eyes - they loved it all.
Yet truly he was not. But because they loved him
the beast was seen. And always they made room.
And in that space, empty and unbounded,
he raised an elegant head, yet hardly fought
for his existence.
Oh ! C'est elle, la bĂȘte qui n'existe pas.
Eux, ils n'en savaient rien, et de toutes façons
- son allure et son port, son col et mĂȘme la lumiĂšre
calme de son regard - ils l'ont aimée.
Elle, c'est vrai, n'existait point. Mais parce qu'ils l'aimaient
bĂȘte pure, elle fut. Toujours ils lui laissaient l'espace.
Et dans ce clair espace épargné, doucement,
Elle leva la tĂȘte, ayant Ă peine besoin d'ĂȘtre.
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Rainer Maria Rilke
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Un jour il voyait des gens du pays trĂšs occupĂ©s Ă arracher des orties ; il regarda ce tas de plantes dĂ©racinĂ©es Ăšt dĂ©jĂ dessĂ©chĂ©es, et dit : â Câest mort. Cela serait pourtant bon si lâon savait sâen servir. Quant lâortie est jeune, la feuille est un lĂ©gume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile dâortie vaut la toile de chanvre. HachĂ©e, lâortie est bonne pour la volaille ; broyĂ©e, elle est bonne pour lĂšs bĂȘtes Ă cornes, La graine de lâortie mĂȘlĂ©e au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mĂȘlĂ©e au sel produit une belle couleur jaune. Câest du reste un excellent foin quâon peut faucher deux fois. Et que faut-il Ă lâortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe Ă mesure quâelle mĂ»rit, et est difficile Ă rĂ©colter. Avec quelque peine quâon prendrait, lâortie serait utile ; on la nĂ©glige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que dâhommes ressemblent Ă lâortie ! â Il ajouta aprĂšs un silence : Mes amis, retenez ceci, il nây a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il nây a que de mauvais cultivateurs.
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Victor Hugo (Les Misérables, tome I/3)
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Il me semble qu'ils confondent but et moyen ceux qui s'effraient par trop de nos progrÚs techniques. Quiconque lutte dans l'unique espoir de biens matériels, en effet, ne récolte rien qui vaille de vivre. Mais la machine n'est pas un but. L'avion n'est pas un but : c'est un outil, un outil comme la charrue.
Si nous croyons que la machine abĂźme l'homme c'est que, peut-ĂȘtre, nous manquons un peu de recul pour juger les effets de transformations aussi rapides que celles que nous avons subies. Que sont les cent annĂ©es de l'histoire de la machine en regard des deux cent mille annĂ©es de l'histoire de l'homme? C'est Ă peine si nous nous installons dans ce paysage de mines et de centrales Ă©lectriques. C'est Ă peine si nous commençons d'habiter cette maison nouvelle, que nous n'avons mĂȘme pas achevĂ© de bĂątir. Tout a changĂ© si vite autour de nous : rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-mĂȘme a Ă©tĂ© bousculĂ©e dans ses bases les plus intimes. Les notions de sĂ©paration, d'absence, de distance, de retour, si les mots sont demeurĂ©s les mĂȘmes, ne contiennent plus les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s. Pour saisir le monde aujourd'hui, nous usons d'un langage qui fut Ă©tabli pour le monde d'hier. Et la vie du passĂ© nous semble mieux rĂ©pondre Ă notre nature, pour la seule raison qu'elle rĂ©pond mieux Ă notre langage.
Pour le colonial qui fonde un empire, le sens de la vie est de conquĂ©rir. Le soldat mĂ©prise le colon. Mais le but de cette conquĂȘte n'Ă©tait-il pas l'Ă©tablissement de ce colon? Ainsi dans l'exaltation de nos progrĂšs, nous avons fait servir les hommes Ă l'Ă©tablissement des voies ferrĂ©es, Ă l'Ă©rection des usines, au forage de puits de pĂ©trole. Nous avions un peu oubliĂ© que nous dressions ces constructions pour servir les hommes.
(Terre des Hommes, ch. III)
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Antoine de Saint-Exupéry
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Mais il est des gens qui croient que la fiction est limitée par la fiction, et non par l'intelligence ; c'est-à -dire qu'aprÚs avoir feint une chose, et avoir affirmé, par un acte libre de la volonté, l'existence de cette chose, déterminée d'une certaine maniÚre dans la nature, il ne nous est plus possible de la concevoir autrement. Par exemple, aprÚs avoir feint (pour parler leur langage) que la nature du corps est telle ou telle, il ne m'est plus permis de feindre une mouche infinie ; aprÚs avoir feint l'essence de l'ùme, il ne m'est plus permis d'en faire un carré, etc.
Cela a besoin d'ĂȘtre examinĂ©. D'abord, ou bien ils nient, ou bien ils accordent que nous pouvons comprendre quelque chose. L'accordent-ils ; ce qu'ils disent de la fiction, ils devront nĂ©cessairement le dire aussi de l'intelligence. Le nient-ils ; voyons donc, nous qui savons que nous savons quelque chose, ce qu'ils disent. Or, voici ce qu'ils disent : l'Ăąme est capable de sentir et de percevoir de plusieurs maniĂšres, non pas elle-mĂȘme, non pas les choses qui existent, mais seulement les choses qui ne sont ni en elle-mĂȘme ni ailleurs : en un mot, l'Ăąme, par sa seule vertu, peut crĂ©er des sensations, des idĂ©es, sans rapport avec les choses, Ă ce point qu'ils la considĂšrent presque comme un dieu. Ils disent donc que notre Ăąme possĂšde une telle libertĂ© qu'elle a le pouvoir et de nous contraindre et de se contraindre elle-mĂȘme et de contraindre jusqu'Ă sa libertĂ© elle-mĂȘme. En effet, lorsque l'Ăąme a feint quelque chose et qu'elle a donnĂ© son assentiment Ă cette fiction, il ne lui est plus possible de se reprĂ©senter ou de feindre la mĂȘme chose d'une maniĂšre diffĂ©rente ; et en outre, elle se trouve condamnĂ©e Ă se reprĂ©senter toutes choses de façon qu'elles soient en accord avec la fiction primitive. C'est ainsi que nos adversaires se trouvent obligĂ©s par leur propre fiction d'accepter toutes les absurditĂ©s qu'on vient d'Ă©numĂ©rer, et que nous ne prendrons pas la peine de combattre par des dĂ©monstrations .
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Baruch Spinoza (On the Improvement of Understanding)
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On a dit quâune citĂ© dont les membres auront une Ă©gale rĂ©partition de bien et d'Ă©ducation prĂ©sentera aux regards de la DivinitĂ© un spectacle au-dessus du spectacle de la citĂ© de nos pĂšres.
La folie du moment est d'arriver Ă l'unitĂ© des peuples et de ne faire quâun seul homme de l'espĂšce entiĂšre, soit ; mais en acquĂ©rant des facultĂ©s gĂ©nĂ©rales, toute une sĂ©rie de sentiments privĂ©s ne pĂ©rira-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces ĂȘtres blancs, jaunes, noirs, rĂ©putĂ©s vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou dâun frĂšre. Nây avait-il rien dans la vie dâautrefois, rien dans cet espace bornĂ© que vous aperceviez de votre fenĂȘtre encadrĂ©e de lierre ? Au-delĂ de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait Ă peine lâoiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu Ă lâautomne.
CâĂ©tait bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaĂźtraient pas Ă vos yeux ; quâelles renfermeraient vos amitiĂ©s et vos amours ; que le gĂ©missement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre Ăąme ne serait troublĂ©e, que vous y rencontreriez toujours les pensĂ©es qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez oĂč vous Ă©tiez nĂ©, vous saviez oĂč Ă©tait votre tombe ; en pĂ©nĂ©trant dans la forĂȘt vous pouviez dire :
Beaux arbres qui mâavez vu naĂźtre,
BientĂŽt vous me verrez mourir
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François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
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VoilĂ bien la famille : mĂȘme celui qui n'a pas sa place dans le monde, qui n'est ni cĂ©lĂšbre ni riche, Ă qui il n'est venu ni enfants ni idĂ©es, et dont le public ne lira le nom que dans sa notice nĂ©crologique, celui-lĂ , en famille, a pourtant sa place attitrĂ©e. En famille, on est quelqu'un. Vous n'imaginez pas comme Caroline imite bien Chaplin, ni comme Rudi est irritable. Et quel sens de l'humour, dans toute la famille ! Ce qui, partout ailleurs, n'aurait rien d'humoristique dĂ©clenche ici des rires retentissants, on ne saurait dire pourquoi ; c'est drĂŽle, voilĂ tout, n'est-ce pas l'essentiel en matiĂšre d'humour ? Et puis, tous ceux qui ne sont pas de la famille sont bien plus ridicules qu'ils ne s'en doutent. Dieu les a vouĂ©s Ă la caricature ; si vous ĂȘtes seul au monde, sans attaches, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r d'ĂȘtre le summum du ridicule pour les diverses familles qui vous observent. Il est vrai que ces qualitĂ©s, comme tout, peuvent ĂȘtre vues sous leur angle nĂ©gatif : la famille a l'esprit plus petit qu'une petite ville. Plus elle est chaleureuse, plus elle se montre dure pour tout ce qui n'est est pas elle, et elle est toujours plus cruelle qu'un ĂȘtre confrontĂ© seul Ă la souffrance du monde. En cantonnant la gloire dans son cercle restreint, oĂč elle est faceil Ă atteindre (« gloire de la famille »), elle endort l'ambition. Et parce que tous les Ă©vĂ©nements familiaux suscitent une tristesse plus profonde ou une joie plus Ă©clatante qu'ils ne le mĂ©ritent rĂ©ellement, parce qu'en famille ce qui n'a rien d'humoristique devient de l'humour, et des peines insignifiantes Ă l'Ă©chelle collective, un malheur personnel, elle est le berceau de toute l'ineptie qui imprĂšgne notre vie publique. Il y aurait encore long Ă en dire et on l'a dit parfois, mais jamais en des jours comme celui-ci.
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Robert Musil (La maison enchantée)
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Thielâs loathing for government spending did not apply when the government spent money on him. His next big startup, Palantirâa name borrowed from Tolkienâdepended for survival upon the least transparent, least accountable, and most profligate extension of the federal government, the CIA. The agency invested in Thiel through its Silicon Valley VC front, In-Q-Tel. With Palantir, this self-described âcivil libertarianâ became an important player in the growth of a secretive, invasive, and patently unconstitutional global surveillance apparatus. Asked in a 2014 online chat if Palantir was âa front for the CIA,â Thiel replied, âNo, the CIA is a front for Palantir.â With 70 percent of the U.S. intelligence budget going to the private sector, this dismissive wisecrack was not so much an outright denial as it was a sly wink at the extent of corporate dominance over even the most powerful federal agencies.
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Corey Pein (Live Work Work Work Die: A Journey into the Savage Heart of Silicon Valley)
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Cette qualitĂ© de la joie nâest-elle pas le fruit le plus prĂ©cieux de la civilisation qui est nĂŽtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matĂ©riels. Mais nous ne sommes pas un bĂ©tail Ă lâengrais. La prospĂ©ritĂ© et le confort ne sauraient suffire Ă nous combler. Pour nous qui fĂ»mes Ă©levĂ©s dans le culte du respect de lâhomme, pĂšsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fĂȘtes merveilleusesâŠ
Respect de lâhomme ! Respect de lâhomme !⊠LĂ est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-mĂȘme ; il refuse les contradictions crĂ©atrices, ruine tout espoir dâascension, et fonde pour mille ans, en place dâun homme, le robot dâune termitiĂšre. Lâordre pour lâordre chĂątre lâhomme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-mĂȘme. La vie crĂ©e lâordre, mais lâordre ne crĂ©e pas la vie.
Il nous semble, Ă nous, bien au contraire, que notre ascension nâest pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de lâerreur dâhier, et que les contradictions Ă surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parentĂ©Â ! elle se fonde sur lâavenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur lâorigine. Nous sommes lâun pour lâautre des pĂšlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous.
Mais voici quâaujourdâhui le respect de lâhomme, condition de notre ascension, est en pĂ©ril. Les craquements du monde moderne nous ont engagĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. Les problĂšmes sont incohĂ©rents, les solutions contradictoires. La vĂ©ritĂ© dâhier est morte, celle de demain est encore Ă bĂątir. Aucune synthĂšse valable nâest entrevue, et chacun dâentre nous ne dĂ©tient quâune parcelle de la vĂ©ritĂ©. Faute dâĂ©vidence qui les impose, les religions politiques font appel Ă la violence. Et voici quâĂ nous diviser sur les mĂ©thodes, nous risquons de ne plus reconnaĂźtre que nous nous hĂątons vers le mĂȘme but.
Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction dâune Ă©toile, sâil se laisse trop absorber par ses problĂšmes dâescalade, risque dâoublier quelle Ă©toile le guide. Sâil nâagit plus que pour agir, il nâira nulle part. La chaisiĂšre de cathĂ©drale, Ă se prĂ©occuper trop Ăąprement de la location de ses chaises, risque dâoublier quâelle sert un dieu. Ainsi, Ă mâenfermer dans quelque passion partisane, je risque dâoublier quâune politique nâa de sens quâĂ condition dâĂȘtre au service dâune Ă©vidence spirituelle. Nous avons goĂ»tĂ©, aux heures de miracle, une certaine qualitĂ© des relations humaines : lĂ est pour nous la vĂ©ritĂ©.
Quelle que soit lâurgence de lâaction, il nous est interdit dâoublier, faute de quoi cette action demeurera stĂ©rile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de lâhomme. Pourquoi nous haĂŻrions-nous Ă lâintĂ©rieur dâun mĂȘme camp ? Aucun dâentre nous ne dĂ©tient le monopole de la puretĂ© dâintention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route quâun autre a choisie. Je puis critiquer les dĂ©marches de sa raison. Les dĂ©marches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de lâEsprit, sâil peine vers la mĂȘme Ă©toile.
Respect de lâHomme ! Respect de lâHomme !⊠Si le respect de lâhomme est fondĂ© dans le cĆur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le systĂšme social, politique ou Ă©conomique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde dâabord dans la substance. Elle est dâabord, dans lâhomme, dĂ©sir aveugle dâune certaine chaleur. Lâhomme ensuite, dâerreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)