â
Un bon livre, au contraire, ne cherche pas Ă vous captiver, il vous fait regarder vers le haut (le ciel sans nuage d'Ă©tĂ©) tout en plongeant au fond de vous-mĂȘme.
â
â
Dany LaferriĂšre (L'art presque perdu de ne rien faire)
â
Un petit nuage rose descendait de l'air et s'approchait d'eux.
"J'y vais! proposa-t-il.
-vas-y", dit Colin.
Et le nuage les enveloppa. A l'intérieur, il faisait chaud et ça sentait le sucre à la cannelle.
â
â
Boris Vian (L'Ăcume des jours)
â
J'ai souvent pensĂ© alors que si l'on m'avait fait vivre dans un tronc d'arbre sec, sans autre occupaion que de regarder la fleur du ciel au-dessus de ma tĂȘte, je m'y serais peu Ă peu habituĂ©. J'aurais attendu des passages d'oiseaux ou de rencontres de nuages comme j'attendais ici les curieuses cravates de mon avocat et comme, dans un autre monde, je patientais jusqu'au samedi pour Ă©treindre le corps de Marie.
â
â
Albert Camus (The Stranger)
â
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delĂ le soleil, par delĂ les Ă©thers,
Par delà les confins des sphÚres étoilées
â
â
Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
â
Mais lire, jouer, rire, ĂȘtre cruel, ĂȘtre bon, contempler le fleuve, les nuages, tout cela fait partie de la vie, et si vous ne savez pas lire, si vous ne savez pas marcher, si vous ĂȘtes incapable d'apprĂ©cier la beautĂ© d'une feuille, vous n'ĂȘtes pas vivant. Vous devez comprendre la globalitĂ© de la vie, pas simplement une parcelle. VoilĂ pourquoi vous devez lire, voilĂ pourquoi vous devez regarder le ciel, voilĂ pourquoi vous devez chanter, et danser, et Ă©crire des poĂšmes, et souffrir, et comprendre : car c'est tout cela, la vie.
â
â
J. Krishnamurti
â
Le ciel bleu-vert pendait presque jusqu'au pavĂ© et de grandes taches blanches marquaient sur le sol la place oĂč des nuages venaient de se fracasser. (p. 220)
â
â
Boris Vian (L'Ăcume des jours)
â
Le dessin de Man Ray : toujours le désir, non le besoin. Pas un duvet, pas un nuage, mais des ailes, des dents, des griffes.
[...] Man Ray dessine pour ĂȘtre aimĂ©.
â
â
Paul Ăluard (Les Mains Libres)
â
On offre des fleurs parce que dans les fleurs se trouve le sens de l'Amour. Celui qui tente de posséder une fleur verra sa beauté se flétrir. Mais celui qui regarde simplement une fleur dans un champ la gardera pour toujours. Parce qu'elle va avec l'aprÚs-midi, le coucher du soleil, l'odeur de terre mouillée et les nuages sur l'horizon.
â
â
Paulo Coelho (Brida)
â
dans les steppes, on emploie toujours le mot bleu pour dĂ©crire le ciel, mĂȘme s'il est gris, car on sait qu'au dessus des nuages il demeure Bleu
â
â
Paulo Coelho (The Zahir)
â
Une Ă©criture qui ne fait pas rĂȘver, n'est pas une Ă©criture. Toi par example, avec tes mots, tu nous balances dans une vague de nuages bleus, roses et surtout violets.
â
â
Ùۧ۳ÙÙÙ Ű§ÙŰŁŰč۱ۏ (Ű·ÙÙ Ű§ÙÙۧ۳Ù
ÙÙ)
â
Au-dessus des mers de nuages, câest trĂšs Ă©lĂ©gant, mais⊠au-dessous des mers de nuages câest lâĂ©ternitĂ©.
Above the seas of clouds is very elegant, but⊠below the seas of clouds is eternity.
â
â
Antoine de Saint-Exupéry
â
Les gens ne regardent plus le ciel. Ils gardent les yeux baissĂ©s sur leurs petits soucis, ils oublient que le monde peut ĂȘtre plus vaste, qu'il y a des couleurs, des arcs-en-ciel, des nuages et des oiseaux fantastiques qui pourraient changer leurs vies.
â
â
Carina Rozenfeld (Le Brasier des souvenirs (PhĂŠnix, #2))
â
Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expĂ©rience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou dĂ©sirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint Ă observer ses lois, lorsque mon dĂ©sir brise son front contre le monde des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnĂ©es dans les fers implacables des prĂ©jugĂ©s et des cultures, alors je frissonne, je gĂ©mis et je pleure. Espace, je t'ai perdu et je rentre en moi-mĂȘme. Je m'enferme au faite de mon clocher oĂč, la tĂȘte dans les nuages, je fabrique l'art, la science et la folie.
â
â
Henri Laborit (Ăloge de la fuite)
â
Ressaisis-toi, bonhomme. Il n'y a q'un seul dieu sur terre, et c'est toi. Si le monde ne te convient pas, réinventes-en un autre, et ne laisse aucun chagrin te faire descendre de ton nuage. La vie sourit toujours à celui qui sait lui rendre la monnaie de sa piÚce.
â
â
Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă la nuit)
â
Le baiser frappe comme la foudre, l'amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu'avant. Se souvient- on d'un nuage ?
â
â
Guy de Maupassant (Pierre et Jean)
â
Le plus important est ce en quoi vous croyez. Que ce soit la vérité ou pas. La croyance est parfois plus forte que la réalité. Et puis il faut prendre la vie telle qu'elle est. [...]
â
â
Romain Puértolas (La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel)
â
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est mĂȘme plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crĂšvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin trĂšs loin de Brest
Dont il ne reste rien.
â
â
Jacques Prévert (Paroles)
â
C'était une nuit de pleine lune. On y voyait comme en plein jour. Une armée de nuages aussi cotonneux que des flocons vint masquer le ciel. Ils étaient des milliers de guerriers blancs à prendre possession du ciel. C'était l'armée de la neige.
â
â
Maxence Fermine (Snow)
â
Alors que la lumiĂšre s'Ă©puise de faire des trous dans les nuages, je me couche sur la plage, devant un feu de bois, les chiens contre le flanc, la kayak remontĂ© de moitiĂ© sur la rive et, Ă©coutant la musique de la houle, je regarde griller mes poissons embrochĂ©s sur des pics de bois vert en pensant que la vie ne devrait ĂȘtre que cela: l'hommage rendu par l'adulte Ă ses rĂȘves d'enfant.
â
â
Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
â
DâoĂč viennent ces influences mystĂ©rieuses qui changent en dĂ©couragement notre bonheur et notre confiance en dĂ©tresse ? On dirait que lâair, lâair invisible est plein dâinconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystĂ©rieux. Je mâĂ©veille plein de gaietĂ©, avec des envies de chanter dans la gorge. â Pourquoi ? â Je descends le long de lâeau ; et soudain, aprĂšs une courte promenade, je rentre dĂ©solĂ©, comme si quelque malheur mâattendait chez moi. â Pourquoi ? â Est-ce un frisson de froid qui, frĂŽlant ma peau, a Ă©branlĂ© mes nerfs et assombri mon Ăąme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublĂ© ma pensĂ©e ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frĂŽlons sans le connaĂźtre, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idĂ©es, sur notre cĆur lui-mĂȘme, des effets rapides, surprenants et inexplicables ?
â
â
Guy de Maupassant (Le Horla et autres contes fantastiques (Classiques hachette))
â
De l'autre cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre, le vent continue son folklore. Des nuages de neige passent avec une rĂ©gularitĂ© de trains fantĂŽmes. Je pense Ă la mĂ©sange (...) Les mĂ©sanges gardent la forĂȘt dans le gel. Elles n'ont pas le snobisme des hirondelles qui passent l'hiver en Ăgypte.
â
â
Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
â
Voir s'achever le temps de l'angoisse et de la crainte ! Voir se lever puis se dissoudre les nuĂ©es lugubres suspendues au-dessus de nous â ces sombres nuages qui attristent le cĆur et rĂ©duisent le bonheur Ă un vague souvenir ! Rares sont les ĂȘtres qui n'ont jamais Ă©prouvĂ© cette joie-lĂ .
â
â
Richard Adams (Watership Down (Watership Down, #1))
â
Magnolia
C'est un rĂȘve pour l'amour
naissant pas tous les jours
C'est un mythe de printemps
explosant dans l'air du temps
C'est une chanson pour le passée
et son refrain dit d'oublié
C'est simplement un voyage
embrassant les nuages
C'est la fleur qui promĂšsse
La perpetuité de la jeunesse
â
â
Mirela Stancu (O viaÈÄ albastrÄ)
â
L'image la plus simple de la vie organique unie à la rotation est la marée. Du mouvement de la mer, coït uniforme de la terre avec la lune, procÚde le coït polymorphe et organique de la terre et du soleil.
Mais la premiÚre forme de l'amour solaire est un nuage qui s'élÚve au-dessus de l'élément liquide. Le nuage érotique devient parfois orage et reombe vers la terre sous forme de pluie pendant que la foudre défonce les couches de l'atmosphÚre. La pluie se redresse aussitÎt sous forme de plante immobile.
La vie animale est entiÚrement issue du mouvement des mers et, à l'intérieur des corps, la vie continue à sortir de l'eau salée.
La mer a jouée ainsi le rÎle de l'organe femelle qui devient liquide sous l'excitation.
La mer se branle continuellement.
Les éléments solides contenus et brassés par l'eau animée d'un mouvemnet érotique en jaillissent sous forme de poissons volants.
â
â
Georges Bataille (The Solar Anus)
â
- T'as pas apporté des fleurs à Irina?
-Offrir des fleurs aux femmes est une hĂ©rĂ©sie. Les fleurs sont des sexes obscĂšnes, elles symbolisent l'Ă©phĂ©mĂšre et l'infidĂ©litĂ©, elles s'Ă©cartĂšlent sur le bord des chemins, s'offrent Ă tous les vents, Ă la trompe des insectes, aux nuages de graines, aux dents des bĂȘtes; on les foule, on les cueille, on y plonge le nez. A la femme qu'on aime il faudrait offrir des pierres, des fossiles, du gneiss, enfin une de ces choses qui durent Ă©ternellement et survivent Ă la flĂ©trissure.
C'est ce que j'aurai aimé répondre à Volodia mais mon russe est trop faible et je dis:
-Si! mais elles ont fané en route. Le banya, Volodia, tu l'as préparé?
â
â
Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
â
- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie.
La voix Ă©tait douce, lâordre sans appel.
- Je mâappelle Ellana Caldin.
- Ton Ăąge.
Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle nâavait pas intĂ©rĂȘt Ă se vieillir. Les apprentis quâelle avait discernĂ©s dans lâassemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s quâelle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs dâEhrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă la tromper.
- Jâai quinze ans.
Des murmures Ă©tonnĂ©s sâĂ©levĂšrent dans son dos.
Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire.
- Offre-nous le nom de ton maĂźtre.
- Jilano AlhuĂŻn.
Les murmures, qui sâĂ©taient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence quâelle obtint immĂ©diatement.
- Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans lâinstant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours dâeau, la source est ton Ăąme. Câest en remontant tes mots jusquâĂ ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ?
- Oui.
Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© dâEhrlime.
- Quây a-t-il au sommet de la montagne ?
- Le ciel.
- Que dit le loup quand il hurle ?
- Joie, force et solitude.
- Ă qui sâadresse-t-il ?
- Ă la lune.
- OĂč va la riviĂšre ?
LâanxiĂ©tĂ© dâEllana sâĂ©tait dissipĂ©e. Les questions dâEhrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour quâelle ait dâautre solution quây rĂ©pondre ainsi quâon le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle sâimmergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusquâĂ son Ăąme, puisque câĂ©tait ce quâelle dĂ©sirait.
- Remplir la mer.
- Ă qui la nuit fait-elle peur ?
- Ă ceux qui attendent le jour pour voir.
- Combien dâhommes as-tu dĂ©jĂ tuĂ©s ?
- Deux.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Je suis moi.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Vent.
- MĂ©ritaient-ils la mort ?
- Je lâignore.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Je suis moi.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Les deux.
- OĂč se trouve la voie du marchombre ?
- En moi.
Ellana sâexprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant dâelle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage dâEhrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme.
- Que devient une larme qui se brise ?
- Une poussiĂšre dâĂ©toiles.
- Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ?
- Je la traverse.
- Que devient une Ă©toile qui meurt ?
- Un rĂȘve qui vit.
- Offre-moi un mot.
- Silence.
- Un autre.
- Harmonie.
- Un dernier.
- Fluidité.
- Lâours et lâhomme se disputent un territoire. Qui a raison ?
- Le chat qui les observe.
- Marie tes trois mots.
- Marchombre.
â
â
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
â
Tu déchires des nuages et tu les envoies en direction du vent. Et alors?
Il est des nuages trÚs fertiles et cela requiert un sol approprié.
â
â
Mahmoud Darwish
â
Et vif comme la pensée, il m'échappa, dévalant la pente comme l'ombre d'un nuage quand le vent souffle
â
â
Robin Hobb
â
Sans l'Ă©criture, comment entendre la Âneige fondre, les feuilles pousser, et les nuages se promener ?
â
â
Kim ThĂșy
â
â J'aimerais attraper un de ces nuages roses, vous y enfermer, et vous envoyer rouler dans l'espace.
â
â
F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
â
⊠sans que le moindre nuage vĂźnt altĂ©rer lâazur du ciel sous lequel ils vivaient.
â
â
Honoré de Balzac (LA MAISON DU CHAT QUI PELOTE (LANA))
â
Qui t'en empĂȘche, ĂŽ Toi qui rĂšgnes sur ma vie, Toi qui peux presque tout, Toi qui, d'un plissement volontaire de tes sourcils, rapproches dans le ciel les nuages ?
â
â
Colette Gauthier-Villars (Sido / Les vrilles de la vigne)
â
J'ai rĂȘvĂ© que je dormais paisiblement, en suspension dans un petit nuage bien douillet formĂ© par les vapeurs de soufre d'un volcan en Ă©ruption.
â
â
Gaël Faye (Petit pays)
â
Je cheminais à travers une ville transformée, sous des nuages jamais vus, le long de maisons qui me regardaient, à cÎté de gens qui me soupçonnaient.
â
â
Hermann Hesse (Demian)
â
Mon peuple est un peuple de nuages
nous ne les pelletons pas l'hiver
la neige nous Ă©lĂšve en ĂȘtres insurgĂ©s
raquettes aux pieds, joues saillantes
â
â
Natasha Kanapé Fontaine (Bleuets et abricots)
â
Ă lâenvers des nuages, il y a toujours un ciel.
â
â
Ăric-Emmanuel Schmitt (Le Sumo qui ne pouvait pas grossir)
â
- Qui aimes-tu le mieux, homme Ă©nigmatique, dis? ton pĂšre, ta mĂšre, ta soeur ou ton frĂšre?
- Je n'ai ni pĂšre, ni mĂšre, ni soeur, ni frĂšre.
- Tes amis?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle?
- L'or?
- Je le hais comme vous haĂŻssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire Ă©tranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... lĂ -bas... lĂ -bas... les merveilleux nuages!
â
â
Charles Baudelaire
â
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont dâun nuage Ă©pais toujours embarrassĂ©es ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que dâĂ©crire, apprenez Ă penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
Lâexpression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que lâon conçoit bien sâĂ©nonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
â
â
Nicolas Boileau (L'Art Poétique)
â
Ils Ă©taient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumiĂšre, de la nuit. Ils Ă©taient apparus, comme dans un rĂȘve, en haut dâune dune, comme sâils Ă©taient nĂ©s du ciel sans nuages.
â
â
J.M.G. Le Clézio
â
Elle, la voleuse de livres dĂ©pourvue de mots. Mais croyez-moi, les mots allaient venir et, lorsquâils arriveraient, Liesel les prendrait dans sa main, comme les nuages, et elle en exprimerait la substance, comme la pluie.
â
â
Markus Zusak (The Book Thief)
â
Il embrassa ma joue et ferma les yeux. JâĂ©coutai sa respiration pendant que je le tenais. Jâattendais que le regret, lâanxiĂ©tĂ© ou mĂȘme la claustrophobie me fassent tomber de mon nuage et tuent la joie et le sentiment de justesse que je ressentais. Mais ce moment avec Mitch Ă©tait plus fort que les prĂ©cĂ©dents. Je me sentais invincible et en phase avec ma place dans le monde comme jamais auparavant. Quelque chose me disait quâil Ă©tait la clĂ©.
â
â
Lane Hayes
â
EspÚce de saint d'Afrique, pensé-je, tu viens donner ta sagesse à un sauvage d'Europe qui suit la lune sur le calendrier et les nuages d'aprÚs le bulletin de la radio, et qui ne sait lire aucun mot sans un alphabet. (p. 93)
â
â
Erri De Luca (Tre cavalli)
â
Parce que la vie, c'était un peu comme la mayonnaise. Faite de choses simples, comme des jaunes d'oeuf et de l'huile, et qu'il ne fallait surtout pas brusquer mais qu'un effort régulier transformait en le plus savoureux des mélanges.
â
â
Romain Puértolas (La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel)
â
Je les regardais parfois de la fenĂȘtre de ma chambre. Le ciel Ă©tait presque toujours gris, lâĂ©tendue infinie de nuages portait en son ventre des pluies lourdes et interminables. CâĂ©tait le ciel de ma jeunesse : avec une mĂ©tĂ©o pareille, on est condamnĂ© Ă aimer la littĂ©rature.
â
â
Nicolas Ancion (Mondes en VF - La cravate de Simenon - Niv. A2 - Ebook (Mondes en VF Niveau A2) (French Edition))
â
- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ?
- Le ciel.
- Que dit le loup quand il hurle ?
- Joie, force et solitude.
- A qui s'adresse-t-il ?
- A la lune.
- OĂč va la riviĂšre ?
- Remplir la mer.
- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Je suis moi.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Vent.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Je suis moi.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Les deux.
- Que devient une lame qui se brise ?
- Une poussiĂšre d'Ă©toile.
- Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ?
- Je le traverse.
- Que devient une Ă©toile qui meurt ?
- Un rĂȘve qui vit.
- Offre moi un mot.
- Silence.
- Un autre.
- Harmonie.
- Un dernier.
- Fluidité.
- L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ?
- Le chat qui les observe.
- Marie tes trois mots.
- Marchombre.
â
â
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
â
Nicolas Wells rejoignit les autres. De son onde propre, il renrichit la vibration collective : OM. Un instant, il se sentit devenir un nuage immatĂ©riel et lĂ©ger qui s'Ă©levait et traversait les matiĂšres. C'Ă©tait mille fois mieux qu'ĂȘtre dieu parmi les fourmis. Libre ! Il Ă©tait libre.
â
â
Bernard Werber (La Trilogie des Fourmis)
â
des nuages blancs, humides, qui prenaient des formes fantomatiques si lourdes, si froides, si menaçantes qu'il ne fallait pas un grand effort d'imagination pour penser que les esprits des marins morts en mer venaient toucher leurs frÚres en vie et plus d'un marin trembla en sentant l'envelopper des mains humides que semblait former le brouillard marin.
â
â
Bram Stoker
â
L'obscurité était sereine. Pas un nuage au zénith. Qu'importe que la terre soit rouge, la lune reste blanche. Ce sont là les indifférences du ciel. Dans les prairies, des branches d'arbre cassées par la mitraille mais non tombées et retenues par l'écorce se balançaient doucement au vent de la nuit. Une haleine, presque une respiration, remuait les brousailles. Il y avait dans l'herbe des frissons qui ressemblaient à des départs d'ùmes.
â
â
Victor Hugo (Les Misérables)
â
Ce nâĂ©tait pas une larme. Il nây avait plus de larme. Il nây avait plus quâelle, seule Ă Port Maria. Et dĂ©sormais lâĂ©quinoxe, le printemps, la saison des amours, les bourgeons en fleur : tout Ă©tait placĂ© sous le signe du renouveau. Elle inspira profondĂ©ment, humectant lâodeur rafraĂźchissante de lâeau salĂ©e mĂȘlĂ©e Ă la lourdeur dâun ciel dâorage. Au fil des minutes, les nuages, comme elle, effectuaient leur transition, ils Ă©taient sur le dĂ©part.
â
â
Laura P. Sikorski
â
- Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens et nous dans l'autre ?
Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des doigts.
- Il y a deux réponses à ta question. Comme à toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu entendre ?
- Les deux.
-Laquelle en premier alors ?
La fillette plissa le nez.
- Celle du savant.
- Nous allons vers le nord parce que nous cherchons une terre oĂč nous Ă©tablir. Un endroit oĂč construire une belle maison, Ă©lever des coureurs et cultiver des racines de niam. C'est notre rĂȘve depuis des annĂ©es et nous avons quittĂ© Al-Far pour le vivre.
- Je nâaime pas les galettes de niam...
- Nous planterons aussi des fraises, promis. Les nuages, eux, n'ont pas le choix. Ils vont vers le sud parce que le vent les pousse et, comme ils sont trÚs trÚs légers, il sont incapables de lui résister.
- Et la réponse du poÚte ?
- Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassés en avant par un vent mystérieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maßtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent à eux est mille fois plus fort que celui qui souffle là -haut.
La fillette croisa les bras et parut se désintéresser de la conversation afin d'observer un vol de canards au plumage chatoyant qui se posaient sur la riviÚre proche. Indigo, émeraude ou vert pùle, ils se bousculaient dans une cacophonie qui la fit rire aux éclats.
Lorsque les chariots eurent dépassé les volatiles, elle se tourna vers sa mÚre.
- Cette fois, je préfÚre la réponse du savant.
-Pourquoi ? demande Isaya qui avait attendu sereinement la fin de ce qu'elle savait ĂȘtre une intense rĂ©flexion.
- J'aime pas qu'on me pousse en cachette.
â
â
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
â
Les sujets m'obsĂšdent. Quand je ferme les yeux, je vois une armĂ©e, un monde de crĂ©ation se peindre et s'agiter dans mon cerveau. Quand je rouvre les yeux, tout cela disparaĂźt. [...] Et quand je m'approche de cette table maudite, la lave se fige et l'inspiration se refroidit. Pendant le temps d'apprĂȘter une feuille de papier et de tailler ma plume, l'ennui me gagne ; l'odeur de l'encre me donne des nausĂ©es. Et puis cette horrible nĂ©cessitĂ© de traduire par des mots et d'aligner en pĂątes de mouches des pensĂ©es ardentes, vives, mobiles comme les rayons du soleil teignant les nuages de l'air.
â
â
George Sand (Horace)
â
- Tu vois, ce n'Ă©tait pas si difficile.
En guise de réponse, Hurj poussa un grommellement inintelligible.
Il avait failli tomber une dizaine de fois, s'était ouvert les doigts, entaillé le front, meurti les cÎtes et, quand une pierre s'était détachée sous son pied et qu'il s'était senti basculer en arriÚre, il avait couiné.
Couiné.
Lui, Hurj Ingan, fils d'un des clans thĂŒls les plus puissants du nord-ouest, avait couinĂ©.
Il sentait le courroux de ses ancĂȘtres vigilants planer au-dessus de lui tel un nuage sombre, n'attendant qu'un nouveau faux pas pour le plonger dans la honte et le dĂ©shonneur.
Il avait couiné !
â
â
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
â
LE FEU DES DIEUX
à vous-autres voyez comment les années tombent
toutes avec fracas et forment un nuage,
et l'oiseau sur sa branche se moque des rĂȘves
de l'homme, tandis que tout expire comme des Ă©cailles.
Ce feu, que le propre Prométhée ne rédime pas,
douleur mise sur le front pour qu'elle soit Ă©ternelle,
ĂŽ voyez-le croĂźtre sur les ruines,
les cendres qui restent de son brasier muet.
Nous parcourons les heures sans regarder leur visage,
ces lĂšvres qui parfois nous appellent de si loin.
Ă si nous pouvions penser Ă l'autre songe
et si la flamme s'Ă©levait enfin vers le repos
oscillant pour toujours au milieu de la Beauté !
â
â
Juan Rodolfo Wilcock
â
Le soleil, glissant ses derniers rayons sous la masse des nuages amoncelĂ©s, ornait d'une crĂȘte d'or les moindres accidents du sol : arbres gigantesques, herbes arborescentes, mousses Ă ras de terre, tout avait sa part de cet effluve lumineux ; le terrain, lĂ©gĂšrement ondulĂ©, ressautait çà et lĂ en petites collines coniques ; pas de montagnes Ă l'horizon ; d'immenses palissades broussaillĂ©es, des haies impĂ©nĂ©trables, des jungles Ă©pineuses sĂ©paraient les clairiĂšres oĂč s'Ă©talaient de nombreux villages ; les euphorbes gigantesques les entouraient de fortifications naturelles, en s'entremĂȘlant aux branches coralliformes des arbustes.
â
â
Jules Verne (Ćuvres complĂštes)
â
Ceux d'entre nous qui ignorent le secret consistant Ă rĂ©gler au plus juste leur propre existence sur cet ocĂ©an tumultueux de tracas absurdes que nous appelons la vie, ceux-lĂ vivent dans un Ă©tat de souffrance permanente - tout en s'efforçant, mais en vain, de paraĂźtre heureux et satisfaits. Nous chancelons en tentant de conserver notre Ă©quilibre moral, et nous voyons des signes prĂ©curseurs de tempĂȘte dans chaque nuage flottant Ă l'horizon. Quelle joie et quelle beautĂ©; cependant, dans le dĂ©ferlement des vagues qui roulent vers l'Ă©ternitĂ© ! Pourquoi ne pas pĂ©nĂ©trer l'esprit de la vague, ou comme Lie-tseu, chevaucher l'ouragan lui-mĂȘme ?
â
â
KakuzĆ Okakura (The Book of Tea)
â
Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer.
C'est toi.
Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas.
N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi.
Je marche, je marche dans les rues, je tue.
Mais toi, tu n'as rien Ă craindre.
Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancées de la nuit, quand tu es faible, quand tu trébuches, quand tu te voûtes.
Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant.
Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville.
Et de quoi pourrais-tu avoir peur?
De moi?
Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime.
Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal.
N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge.
Pourtant, je souffre aussi.
Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'éclaire. Les nuages me cachent. Le vent me déchire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement.
Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien.
Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps.
Je veux te voir souffrir encore plus.
Je veux que tu en aies assez de tout le reste.
Je veux que tu viennes me supplier de te prendre.
Je veux que tu me désires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles.
Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour.
Je t'emporterai.
Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir.
Tu as peur de tout.
Il ne faut pas avoir peur.
Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ĂternitĂ©.
C'est moi qui fais tourner la grande roue.
Tu ne dois pas avoir peur de moi.
Ni de la grande roue.
La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais déjà .
â
â
Ăgota KristĂłf
â
On servit le souper, Milady sentit quâelle avait besoin de forces, elle ne savait pas ce qui pouvait se passer pendant cette nuit qui sâapprochait menaçante, car de gros nuages roulaient au ciel, et des Ă©clairs lointains annonçaient un orage.
Lâorage Ă©clata vers les dix heures du soir ; milady sentait une consolation Ă voir la nature partager le dĂ©sordre de son cĆur ; la foudre grondait dans lâair comme la colĂšre dans sa pensĂ©e, il lui semblait que la rafale, en passant, Ă©chevelait son front comme les arbres dont elle courbait les branches et enlevait les feuilles ; elle hurlait comme lâouragan, et sa voix se perdait dans la grande voix de la nature, qui, elle aussi, semblait gĂ©mir et se dĂ©sespĂ©rer.
â
â
Alexandre Dumas (The Three Musketeers)
â
Ătes-vous ce quâon appelle un heureux ? Eh bien, vous ĂȘtes triste tous les jours. Chaque jour a son grand chagrin ou son petit souci. Hier, vous trembliez pour une santĂ© qui vous est chĂšre, aujourdâhui vous craignez pour la vĂŽtre, demain ce sera une inquiĂ©tude dâargent, aprĂšs-demain la diatribe dâun calomniateur, lâautre aprĂšs-demain le malheur dâun ami ; puis le temps quâil fait, puis quelque chose de cassĂ© ou de perdu, puis un plaisir que la conscience et la colonne vertĂ©brale vous reprochent ; une autre fois, la marche des affaires publiques. Sans compter les peines de cĆur. Et ainsi de suite. Un nuage se dissipe, un autre se reforme. Ă peine un jour sur cent de pleine joie et de plein soleil. Et vous ĂȘtes de ce petit nombre qui a le bonheur ! Quant aux autres hommes, la nuit stagnante est sur eux.
â
â
Victor Hugo (Les Misérables)
â
Ce vertige, cette terreur, cette chute en ruine de la plus haute bravoure qui ait jamais Ă©tonnĂ© lâhistoire, est-ce que cela est sans causeâŻ? Non. Lâombre dâune droite Ă©norme se projette sur Waterloo. Câest la journĂ©e du destin. La force au-dessus de lâhomme a donnĂ© ce jour-lĂ . De lĂ le pli Ă©pouvantĂ© des tĂȘtesâŻ; de lĂ toutes ces grandes Ăąmes rendant leur Ă©pĂ©e. Ceux qui avaient vaincu lâEurope sont tombĂ©s terrassĂ©s, nâayant plus rien Ă dire ni Ă faire, sentant dans lâombre une prĂ©sence terrible. Hoc erat in fatis. Ce jour-lĂ , la perspective du genre humain a changĂ©. Waterloo, câest le gond du dix-neuviĂšme siĂšcle. La disparition du grand homme Ă©tait nĂ©cessaire Ă lâavĂšnement du grand siĂšcle. Quelquâun Ă qui on ne rĂ©plique pas sâen est chargĂ©. La panique des hĂ©ros sâexplique. Dans la bataille de Waterloo, il y a plus que du nuage, il y a du mĂ©tĂ©ore. Dieu a passĂ©. A la nuit tombante, dans un champ
â
â
Victor Hugo (Les Misérables: Roman (French Edition))
â
NikĂ©, aprĂšs quelques minutes dâescalade, abandonna la compĂ©tition pour admirer les fleurs sauvages qui diapraient la montagne comme une mosaĂŻque.
âŠSi elle tressait une guirlande ?
Elle leva vers Nicias, qui continuait lâascension, son visage lisse comme une olive, ou brillait un regard malicieux :
â Quand tu seras en haut, ne tâenvole pas !
Le garçon sâarrĂȘta :
â Tu ne joues plus ?
â Je prĂ©fĂšre cueillir des fleurs pour ArtĂ©mis.
â La statue de la dĂ©esse ?
â Oui.
Sur le mont Mangone, giroflĂ©es, asphodĂšles, mauves, gĂ©raniums, Ćillets, marjolaines, absinthes, croissaient Ă plaisir. Lâair surchauffĂ© entĂȘtait comme une cassolette.
Niké, les bras surchargés, pensa :
« Ce nâest pas Ă©tonnant que les chiens perdent la trace du gibier quand ils sont en montagne⊠»
Elle hĂ©sita Ă cueillir les ombelles du sĂ©linon en pensant que la plante sĂ©crĂ©tait un suc qui Ă©tait un poison pour les oiseaux. Or, ArtĂ©mis trĂŽnait dans un bois oĂč chardonnerets, pinsons et serins Ă©taient nombreux. Sâils allaient picorer la guirlande ?
La fillette renonça au lĂ©ger nuage des ombelles pour lui prĂ©fĂ©rer une touffe de silĂšnes dâun rose dâaurore. La guirlande devenait ravissante.
â
â
L.N. Lavolle (L'Otage de Rome)
â
JEANNE ENDORMIE. -- I LA SIESTE Elle fait au milieu du jour son petit somme; Car l'enfant a besoin du rĂȘve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche Ă revoir ChĂ©rubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fĂ©es, Et ses mains quand il dort sont par Dieu rĂ©chauffĂ©es. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacrĂ©, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'Ă©toiles qui font signe aux enfants d'ĂȘtre sages, Ces apparitions, ces Ă©blouissements ! Donc, Ă l'heure oĂč les feux du soleil sont calmants, Quand toute la nature Ă©coute et se recueille, Vers midi, quand les nids se taisent, quand la feuille La plus tremblante oublie un instant de frĂ©mir, Jeanne a cette habitude aimable de dormir; Et la mĂšre un moment respire et se repose, Car on se lasse, mĂȘme Ă servir une rose. Ses beaux petits pieds nus dont le pas est peu sĂ»r Dorment; et son berceau, qu'entoure un vague azur Ainsi qu'une aurĂ©ole entoure une immortelle, Semble un nuage fait avec de la dentelle; On croit, en la voyant dans ce frais berceau-lĂ , Voir une lueur rose au fond d'un falbala; On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse, Et c'est un astre, ayant de plus la petitesse; L'ombre, amoureuse d'elle, a l'air de l'adorer; Le vent retient son souffle et n'ose respirer. Soudain, dans l'humble et chaste alcĂŽve maternelle, Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle, Elle ouvre la paupiĂšre, Ă©tend un bras charmant, Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre, Elle gazouille...-Alors, de sa voix la plus tendre, Couvrant des yeux l'enfant que Dieu fait rayonner, Cherchant le plus doux nom qu'elle puisse donner Ă sa joie, Ă son ange en fleur, Ă sa chimĂšre: -Te voilĂ rĂ©veillĂ©e, horreur ! lui dit sa mĂšre.
â
â
Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
â
Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sĆurs nâĂ©tait autour dâelle ; elle sâabandonnait Ă ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă un homme dont elle connaissait lâamour et la fidĂ©litĂ©, Ă qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă fonder, pour la vie, le bonheur dâune honnĂȘte femme ; elle sentait ce quâil serait toujours pour elle et pour sa famille. Dâun autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres sâĂ©tait rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils sâĂ©taient trouvĂ©s, avaient fait sur le cĆur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui lâintĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! quâelle se serait trouvĂ©e heureuse !⊠Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă fait la bonne intelligence entre Albert et lui.
Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă chacune quelque dĂ©faut ; elle nâen voyait aucune Ă qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers.
En faisant toutesâces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se lâexpliquer dâune maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cĆur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps quâelle ne pouvait, quâelle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusquâalors si libre et si courageuse, sentit le poids dâune mĂ©lancolie Ă laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cĆur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
â
â
Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
â
Les brumes sâĂ©paississent sur les cimes du Ć ar. Les versants se dressent face Ă Emina, implacables dans le jour dĂ©clinant. Les paroles de Feti ricochent en elle, par-dessus la musique quâil met plus fort dans la voiture. Elles traversent le scherzo du violon dont les volutes tournoient entre eux, alors quâils arrivent Ă Tetovo. Elles dissipent le sourd espoir qui lâa menĂ©e ici, au-delĂ du dĂ©sir de renouer avec le frĂšre dâYllka. Elle mesure lâampleur de son rĂȘve, de ce quâelle nâa dit Ă personne lĂ -bas en Allemagne. Ils auraient passĂ© leur bras autour de ses Ă©paules. Ils lâauraient entourĂ©e dâune affection mĂȘlĂ©e de pitiĂ©âŠ
Oui, dans lâoutremer des montagnes, elle croit apercevoir la trace dâYllka. Les empreintes fines dâun oiseau sur un sentier couvert de sable. Elles conduiraient Ă une maison de montagne qui sentirait le bois et le foin Ă la fin de lâĂ©tĂ©. Parce quâYllka se serait rĂ©fugiĂ©e quelque part ici. Elle y attendrait Emina, sa fille, Alija, son fils, depuis toutes ces annĂ©es. Elle-mĂȘme mue par la conviction que ses enfants finiront par la rejoindre. Car comment pourrait-elle savoir oĂč ils vivent aujourdâhui, si mĂȘme ils vivent encore ? Comment ? Et câest la raison de son silence. Il ne peut en ĂȘtre autrement. Preuve de vie ou de mort, Emina ne sâen ira pas dâici sans lâavoir obtenue.
« Je peux juste te parler dâelle. Celle quâelle fut ici. Ma sĆur, ta mĂšre⊠» Des mots qui lacĂšrent le ciel trĂšs loin au-dessus dâelle. Feti gare sa voiture le long de la rue bordĂ©e dâimmeubles. Sâil se trompait⊠Si Yllka nâavait pas pu le retrouver lui non plus ?
Les feuillages des arbres flamboient sur les trottoirs. Des traĂźnĂ©es couleur de fer assombrissent les nuages au-dessus des immeubles. Ils se creusent dâun vaste cratĂšre noirĂątre. Des choucas Ă©voluent par centaines sur la ville, alors que le soleil descend Ă lâhorizon. Ils sâinsinuent dans les invisibles couloirs ouverts par de secrĂštes turbulences. Leur vacarme secoue les airs, assourdit Emina. Elle est sur le point de flancher, rattrapĂ©e par le lieu et les cris des oiseaux.
â
â
Cécile Oumhani (Le café d'Yllka)
â
IV
-Oh ! comme ils sont goulus ! dit la mĂšre parfois. Il faut leur donner tout, les cerises des bois, Les pommes du verger, les gĂąteaux de la table; S'ils entendent la voix des vaches dans l'Ă©table Du lait ! vite ! et leurs cris sont comme une forĂȘt De Bondy quand un sac de bonbons apparaĂźt. Les voilĂ maintenant qui rĂ©clament la lune ! Pourquoi pas ? Le nĂ©ant des gĂ©ants m'importune; Moi j'admire, Ă©bloui, la grandeur des petits. Ah ! l'Ăąme des enfants a de forts appĂ©tits, Certes, et je suis pensif devant cette gourmande Qui voit un univers dans l'ombre, et le demande. La lune ! Pourquoi pas ? vous dis-je. Eh bien, aprĂšs ? Pardieu ! si je l'avais, je la leur donnerais. C'est vrai, sans trop savoir ce qu'ils en pourraient faire, Oui, je leur donnerais, lune, ta sombre sphĂšre, Ton ciel, d'oĂč Swedenborg n'est jamais revenu, Ton Ă©nigme, ton puits sans fond, ton inconnu ! Oui, je leur donnerais, en disant: Soyez sages ! Ton masque obscur qui fait le guet dans les nuages, Tes cratĂšres tordus par de noirs aquilons, Tes solitudes d'ombre et d'oubli, tes vallons, Peut-ĂȘtre heureux, peut-ĂȘtre affreux, Ă©dens ou bagnes, Lune, et la vision de tes pĂąles montagnes. Oui, je crois qu'aprĂšs tout, des enfants Ă genoux Sauraient mieux se servir de la lune que nous; Ils y mettraient leurs voeux, leur espoir, leur priĂšre; Ils laisseraient mener par cette aventuriĂšre Leurs petits coeurs pensifs vers le grand Dieu profond. La nuit, quand l'enfant dort, quand ses rĂȘves s'en vont, Certes, ils vont plus loin et plus haut que les nĂŽtres. Je crois aux enfants comme on croyait aux apĂŽtres; Et quand je vois ces chers petits ĂȘtres sans fiel Et sans peur, dĂ©sirer quelque chose du ciel, Je le leur donnerais, si je l'avais. La sphĂšre Que l'enfant veut, doit ĂȘtre Ă lui, s'il la prĂ©fĂšre. D'ailleurs, n'avez-vous rien au delĂ de vos droits ? Oh ! je voudrais bien voir, par exemple, les rois S'Ă©tonner que des nains puissent avoir un monde ! Oui, je vous donnerais, anges Ă tĂȘte blonde, Si je pouvais, Ă vous qui rĂ©gnez par l'amour, Ces univers baignĂ©s d'un mystĂ©rieux jour, Conduits par des esprits que l'ombre a pour ministres, Et l'Ă©norme rondeur des planĂštes sinistres. Pourquoi pas  ? Je me fie Ă vous, car je vous vois, Et jamais vous n'avez fait de mal. Oui, parfois, En songeant Ă quel point c'est grand, l'Ăąme innocente, Quand ma pensĂ©e au fond de l'infini s'absente, Je me dis, dans l'extase et dans l'effroi sacrĂ©, Que peut-ĂȘtre, lĂ -haut, il est, dans l'IgnorĂ©, Un dieu supĂ©rieur aux dieux que nous rĂȘvĂąmes, Capable de donner des astres Ă des Ăąmes.
â
â
Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
â
ROMĂO. â Elle parle : oh, parle encore, ange brillant ! car lĂ oĂč tu es, au-dessus de ma tĂȘte, tu me parais aussi splendide au sein de cette nuit que lâest un messager ailĂ© du ciel aux-regards Ă©tonnĂ©s des mortels ; lorsque rejetant leurs tĂȘtes en arriĂšre, on ne voit plus que le blanc de leurs yeux, tant leurs prunelles sont dirigĂ©es-en haut pour le contempler, pendant quâil chevauche sur les nuages Ă la marche indolente et navigue sur le sein de lâair.
JULIETTE. â Ă RomĂ©o, RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre, ou rejette ton nom ; ou si tu ne veux pas, lie-toi seulement par serment Ă mon amour, et je ne serai pas plus longtemps une Capulet.
ROMĂO, Ă part. â En entendrai-je davantage, ou rĂ©pondrai-je Ă ce quâelle rient de dire
JULIETTE. â Câest ton nom seul qui est mon ennemi. AprĂšs tout tu es toi-mĂȘme, et non un Montaigu. Quâest-ce quâun Montaigu ? Ce nâest ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un, visage, ni toute autre partie du corps appartenant Ă un homme. Oh ! porte un autre nom ! Quây a-t-il dans un nom ? La fleur que nous nommons la rose, sentirait tout aussi bon sous un autre nom ; ainsi RomĂ©o, quand bien mĂȘme il ne serait pas appelĂ© RomĂ©o, nâen garderait pas moins la prĂ©cieuse perfection : quâil possĂšde. Renonce Ă ton nom RomĂ©o, et en place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi toute entiĂšre.
ROMĂO. â Je te prends au mot : appelle-moi seulement : ton amour, et je serai rebaptisĂ©, et dĂ©sormais je ne voudrai plus ĂȘtre RomĂ©o.
JULIETTE. â Qui es-tu, toi qui, protĂ©gĂ© par la nuit, viens ainsi surprendre les secrets de mon Ăąme ?
ROMĂO. â Je ne sais de quel nom me servir pour te dire qui je suis : mon nom, chĂšre sainte, mâest odieux Ă moi-mĂȘme, parce quâil tâest ennemi ; sâil Ă©tait Ă©crit, je dĂ©chirerais le mot quâil forme.
JULIETTE. â Mes oreilles nâont pas encore bu cent paroles de cette voix, et cependant jâen reconnais le son nâes-tu pas RomĂ©o, et un Montaigu ?
ROMĂO. â Ni lâun, ni lâautre, belle vierge, si lâun ou lâautre te dĂ©plaĂźt.
JULIETTE. â Comment es-tu venu ici, dis-le-moi, et pourquoi ? Les murs du jardin sont Ă©levĂ©s et difficiles Ă escalader, et considĂ©rant qui tu es, cette place est mortelle pour toi, si quelquâun de mes parents tây trouve.
ROMĂO. â Jâai franchi ces murailles avec les ailes lĂ©gĂšres de lâamour, car des limites de pierre ne peuvent arrĂȘter lâessor de lâamour ; et quelle chose lâamour peut-il oser quâil ne puisse aussi exĂ©cuter ? tes parents ne me, sont donc pas un obstacle.
JULIETTE. â Sâils te voient, ils tâassassineront.
ROMĂO. â HĂ©las ! il y a plus de pĂ©rils, dans tes yeux que dans vingt de leurs Ă©pĂ©es : veuille seulement abaisser un doux regard sĂ»r moi, et je suis cuirassĂ© contre leur inimitiĂ©.
JULIETTE. â Je ne voudrais pas, pour le monde entier, quâils te vissent ici.
ROMĂO. â Jâai le manteau de la nuit pour me dĂ©rober Ă leur vue et dâailleurs, Ă moins que tu ne mâaimes, ils peuvent me trouver, sâils veulent : mieux vaudrait que leur haine mĂźt fin Ă ma vie, que si ma mort Ă©tait retardĂ©e, sans que jâeusse ton amour ;
JULIETTE. â Quel est celui qui tâa enseignĂ© la direction de cette place ?
ROMĂO. â Câest lâAmour, qui mâa excitĂ© Ă la dĂ©couvrir ; il mâa prĂȘtĂ© ses conseils, et je lui ai prĂȘtĂ© mes yeux. Je ne suis pas pilote ; cependant fusses-tu aussi Ă©loignĂ©e que le vaste rivage baignĂ© par la plus lointaine nier, je mâaventurerais pour une marchandise telle que toi.
â
â
William Shakespeare (Romeo and Juliet)
â
Matt n'avait jamais vu un lieu aussi féérique, une architecture aussi complexe.
C'était un véritable chùteau des temps anciens, tout en verticalité, cherchant son inspiration dans les nuages. Une vision digne des contes pour enfants.
â
â
Maxime Chattam (Neverland (Autre-Monde, #6))
â
Quand j'avais quatre ans, un jour oĂč je regardais les flocons tomber, j'avais demandĂ© Ă mon pĂšre pourquoi la neige Ă©tait blanche. Il m'avait rĂ©pondu que c'Ă©taient les cygnes qui survolaient le ciel et qui, en se heurtant aux nuages, perdaient un peu de leur duvet. Ă cette Ă©poque, mon pĂšre incarnait pour moi le savoir absolu et, pendant longtemps, cette image s'est imposĂ©e Ă moi dĂšs que je me trouvais face Ă un paysage enneigĂ© : je songeais Ă ces milliers de cygnes qui avaient sacrifiĂ© une partie de leurs plumes pour le bonheur de mes yeux.
â
â
Aurelia Demarlier (Le garçon bleu)
â
Aujourd'hui je réalise que j'ai '''#1000 Raisons ''' :
-#1000 Raisons de ne dire que du bien et de m'abstenir de dire du mal.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre discret quant a ma personne... et encore plus quant au autres.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre sage....mĂȘme si tout le monde ne l'est pas.
-#1000 Raisons de descendre des nuages...sans pour autant m'arrĂȘter de voler.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre franc...mĂȘme si le mensonge est a la mode.
-#1000 Raisons de songer au bonheur de ma tite personne ...sans oublier les malheurs de l'humanité!!!
-#1000 Raisons d'ĂȘtre quelqu'un de bien , de libre et de plus authentique...dans le monde corrompue d'aujourd'hui ! *
-#1000 Raisons de chercher la perfection sans ignorer l'imperfection humaine !
-#1000 Raisons d'aimer mon prochain et d'aider autant que je peut !
-#1000 Raisons d'hĂąter mes pas dans le droit chemin peut importe les obstacles
-#1000 Raisons de me réconcilier avec l'amour du savoir et la passion du partage
-#1000 Raisons de conquérir les mers du savoir en admettant mon ignorance *
-#1000 Raisons de d'AGIR* plutĂŽt que de parler ...et de PARLER* quand il le faut!!!
-#1000 Raisons de m'inspirer et inspirer les gens pour un monde meilleur !
''..par se qu'il y'a plein de raisons pour que nous continuons de mûrir et que se monde puisse nous cueillir tels des fruits avant de périr.''
#be_inspired
â
â
#Mohammed_El_Amin_OGGADI
â
MĂȘme il pense parfois, mais sans le dire Ă personne, que le cerveau des hommes a la forme des nuages, et qu'ainsi les nuages sont comme le siĂšge de la pensĂ©e du ciel; ou alors, que le cerveau est ce nuage dans l'homme qui le rattache au ciel.
â
â
Stéphane Audeguy
â
...Aureliano Ă©tait un ĂȘtre hermĂ©tique, entourĂ© d'un nuage de mystĂšre qui devenait plus dense avec le temps.
â
â
Gabriel GarcĂa MĂĄrquez (One Hundred Years of Solitude)
â
à chaque rencontre, on constate qu'une vie s'est épanouie, aussi imprévisible que la forme d'un nuage
â
â
Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
â
Dans son rapport inaugural, le Forum, Ă propos de la mondialisation qu'il a symbolisĂ©e sous ses formes les plus conquĂ©rantes et sĂ»res d'elles-mĂȘmes, Ă©voque avec un sens exquis de l'euphĂ©misme "un risque de dĂ©sillusion". Mais dans les conversations, c'est autre chose. DĂ©sillusion ? Crise ? InĂ©galitĂ©s ? D'accord, si vous y tenez, mais enfin, comme nous le dit le trĂšs cordial et chaleureux PDG de la banque amĂ©ricaine Western Union, soyons clairs : si on ne paie pas les leaders comme ils le mĂ©ritent, ils s'en iront voir ailleurs. Et puis, capitalisme, ça veut dire quoi ? Si vous avez 100 dollars d'Ă©conomies et que vous les mettez Ă la banque en espĂ©rant en avoir bientĂŽt 105, vous ĂȘtes un capitaliste, ni plus ni moins que moi. Et plus ces capitalistes comme vous et moi (il a rĂ©ellement dit "comme vous et moi", et mĂȘme si nous gagnons fort dĂ©cemment notre vie, mĂȘme si nous ne connaissons pas le salaire exact du PDG de la Western Union, pour ne rien dire de ses stock-options, ce "comme vous et moi" mĂ©rite Ă notre sens le pompon de la "brĂšve de comptoir" version Davos), plus ces capitalistes comme vous et moi, donc, gagneront d'argent, plus ils en auront Ă donner, pardon Ă redistribuer, aux pauvres. L'idĂ©e ne semble pas effleurer cet homme enthousiaste, et Ă sa façon, gĂ©nĂ©reux, que ce ne serait pas plus mal si les pauvres Ă©taient en mesure d'en gagner eux-mĂȘms et ne dĂ©pendaient pas des bonnes dispositions des riches. Faire le maximum d'argent, et ensuite le maximum de bien, ou pour les plus sophistiquĂ©s faire le maximum de bien en faisant le maximum d'argent, c'est le mantra du Forum, oĂč on n'est pas grand-chose si on n'a pas sa fondation caritative, et c'est mieux que rien, sans doute "(vous voudriez quoi ? Le communisme ?"). Ce qui est moins bien que rien, en revanche, beaucoup moins bien, c'est l'effarante langue de bois dans laquelle ce mantra se dĂ©cline. Ces mots dont tout le monde se gargarise : prĂ©occupation sociĂ©tale, dimension humaine, conscience globale, changement de paradigme⊠De mĂȘme que l'imagerie marxiste se reprĂ©sentait autrefois les capitalistes ventrus, en chapeau haut de forme et suçant avec voluptĂ© le sang du prolĂ©tariat, on a tendance Ă se reprĂ©senter les super-riches et super-puissants rĂ©unis Ă Davos comme des cyniques, Ă l'image de ces traders de Chicago qui, en rĂ©ponse Ă Occupy Wall Street, ont dĂ©ployĂ© au dernier Ă©tage de leur tour une banderole proclamant : "Nous sommes les 1%". Mais ces petits cyniques-lĂ Ă©taient des naĂŻfs, alors que les grands fauves qu'on cĂŽtoie Ă Davos ne semblent, eux, pas cyniques du tout. Ils semblent sincĂšrement convaincus des bienfaits qu'ils apportent au monde, sincĂšrement convaincus que leur ingĂ©nierie financiĂšre et philanthropique (Ă les entendre, c'est pareil) est la seule façon de nĂ©gocier en douceur le fameux changement de paradigme qui est l'autre nom de l'entrĂ©e dans l'Ăąge d'or. Ăa nous a Ă©tonnĂ©s dĂšs le premier jour, le parfum de new age qui baigne ce jamboree de mĂąles dominants en costumes gris. Au second, il devient entĂȘtant, et au troisiĂšme on n'en peut plus, on suffoque dans ce nuage de discours et de slogans tout droit sortis de manuels de dĂ©veloppement personnel et de positive thinking. Alors, bien sĂ»r, on n'avait pas besoin de venir jusqu'ici pour se douter que l'optimisme est d'une pratique plus aisĂ©e aux heureux du monde qu'Ă ses gueux, mais son inflation, sa dĂ©connexion de toute expĂ©rience ordinaire sont ici tels que l'observateur le plus modĂ©rĂ© se retrouve Ă osciller entre, sur le versant idĂ©aliste, une indignation rĂ©volutionnaire, et, sur le versant misanthrope, le sarcasme le plus noir. (p. 439-441)
â
â
Emmanuel CarrĂšre (Il est avantageux d'avoir oĂč aller)
â
Une chaleur enivrante m'a enveloppĂ©e, comme si je me tenais au cĆur d'un brasier. Je ne connaissais pas cette Ă©motion, j'aurais Ă©tĂ© incapable de la nommer - sans doute parce que personne n'avait jamais cru en moi jusqu'Ă ce jour. Ou alors en une version de moi tout autre, moins capable. Locke, mon pĂšre et Jane avaient tous cru en la January timide qui hantait les couloirs de la Maison Locke, qui avait dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de leur protection. Mais Samuel me regardait Ă prĂ©sent comme s'il s'attendait Ă me voir manger du feu ou danser sur des nuages d'orages. Comme s'il s'attendait Ă me voir accomplir un acte miraculeux, courageux et impossible.
Sa confiance Ă©tait une armure que je revĂȘtais, une paire d'ailes que je dĂ©ployais, un ocĂ©an au-delĂ de mes limites ; sa confiance se rapprochait dangereusement de l'amour.
J'ai encore contemplé son visage l'espace d'une seconde avide, le temps de laisser sa foi pénétrer tous les pores de ma peau, puis je me suis tournée vers la porte. J'ai empli mes poumons d'air chargé d'iode et de fumée, consciente de la confiance de Samuel derriÚre moi tel un vent chaud gonflant la voile d'un navire, et j'ai posé la plume sur la page.
La porte s'ouvre, ais-je écrit, et je croyais à chacune des lettres que j'avais couchées sur le papier.
â
â
Alix E. Harrow (The Ten Thousand Doors of January)
â
Liberté
Sur mes cahiers d'Ă©colier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'Ă©cris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'Ă©cris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'Ă©cris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genĂȘts
Sur l'Ă©cho de mon enfance
J'Ă©cris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'Ă©cris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'Ă©tang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'Ă©cris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'Ă©cris ton nom
Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'Ă©cris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie Ă©paisse et fade
J'Ă©cris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'Ă©cris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'Ă©cris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'Ă©teint
Sur mes raisons réunies
J'Ă©cris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'Ă©cris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'Ă©cris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'Ă©cris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'Ă©cris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lĂšvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'Ă©cris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'Ă©cris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'Ă©cris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'Ă©cris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaßtre
Pour te nommer
Liberté
â
â
Paul Ăluard
â
Et de cet amour le seul bonheur que puissent connaĂźtre deux coeurs insatiables comme les nĂŽtres.
Ăcoute, Ă©coute monter les grandes images vulgaires que nous transfigurons.
Voici l'Océan qui gronde et chante et sur lequel le ciel se tourmente et s'apaise semblable à ton lit.
Voici l'Océan semblable à notre coeur.
Voici le ciel oĂč naufragent les nuages dans l'Ă©clat triste d'un fanal promenĂ© Ă tour de rĂŽle par les Ă©toiles.
Voici le ciel semblable Ă nos deux coeurs.
â
â
Robert Desnos (Fortunes)
â
Nuage. Tinted the palest lavender, the inner petals nearly white, folded tightly, preserving their secrets. The outer petals a pinkish purple, delicately ruffled at the edges, offering up their gift of feminine sensuality. âSmell,â she said, and I bent and inhaled. A bit spicy, a bit sweet. Exactly right. Exactly Hope.
â
â
Rosalind James (Fierce (Not Quite a Billionaire, #1; Escape to New Zealand, #8.5))
â
Elle a l'air triste, un peu abattu, un air que je ne lui ai jamais vu. Elle demande si on peut sortir fumer une cigarette. Elle regarde ses pieds. Il fait un peu froid, dans la nuit noire. Elle recrache la fumée vers le ciel, ça fait un nuage qui rejoint les nuages. Elle plonge ses yeux dans les miens. Elle dit je crois que je suis amoureuse de toi.
â
â
Pauline Delabroy-Allard (Ăa raconte Sarah)
â
L'esprit atteint le climat de la libertĂ© lorsqu'il Ă©volue dans un univers au sein duquel tout systĂšme de rĂ©fĂ©rence est supprimĂ©. Il ressemble alors Ă une structure aĂ©rienne dont le seul soutien est son omniprĂ©sente inanitĂ©. Sans lien, sans racine, sans la superstition d'aucune valeur. Une transparence plus pure et plus calme que l'inexistence ; une dĂ©bauche - de la derniĂšre subtilitĂ© - de l'absence de dĂ©sir, dans l'ultime palpitation de l'instinct Ă©teint. C'est une soif d'extrĂȘme qui vainc toute soif, un ciel sans nuage au-dessus d'une terre qui ne demande plus d'eau, dans une temporalitĂ© guĂ©rie du dĂ©lire de la successivitĂ©. Mais cet univers conserve un systĂšme de rĂ©fĂ©rence ; le dĂ©sert - et l'esprit, libĂ©rĂ© de tout, jusque de lui-mĂȘme, y coĂŻncide par sa fonction avec un mirage.
â
â
Emil M. Cioran (Razne)
â
La maladie
Docteur, je sens un mal mortel
Ici, dans la rĂ©gion de mon ĂȘtre.
Tous mes organes me font mal :
Le jour, câest le soleil,
La nuit, ce sont la lune et les Ă©toiles.
Jâai mal Ă ce nuage dans le ciel,
Que je nâai mĂȘme pas remarquĂ©,
Et je mâĂ©veille tous les matins
Avec un goĂ»t dâhiver.
Câest en vain que jâai pris ces remĂšdes :
Jâai haĂŻ, aimĂ©, appris Ă lire
Lu quelques livres,
Causé aux gens, pensé,
ĂtĂ© bon, Ă©tĂ© beau.
Tout cela est resté sans effet, docteur,
Et jâai dĂ©pensĂ© en vain beaucoup dâannĂ©es.
Je crois ĂȘtre tombĂ© malade de la mort
Le jour
OĂč je suis nĂ©.
(Traduction dâAlain Bosquet)
â
â
Marin Sorescu
â
J'ai continué le tour sous les nuages, identique à ceux dans lesquels volaient les cerfs volants que j'admirais en Indonésie.
â
â
Fachri Maulana (Trabouler)
â
Pour celui qui a traversé la vallée des ténÚbres, l'étincelle est feu d'artifices, le gazouillis est symphonie, le nuage tapis volant et chaque nouveau jour un miracle.
â
â
Yasmina Khadra (Les Vertueux)
â
C'Ă©tait moi qui dormirais ce soir sur ce nuage de plumes, de laine et de crin. Faire partie de ce monde, quelques instants, mĂȘme si c'Ă©tait pour faire semblant. Juste une minute. PitiĂ©. Une toute petite minute qui ne fera de mal Ă personne, volĂ©e Ă un siĂšcle oĂč tout va trop vite.
â
â
Jean-Baptiste Andrea (Veiller sur elle)
â
Rien nâest petit en effet; quiconque est sujet aux pĂ©nĂ©trations profondes de la nature, le sait. Bien quâaucune satisfaction absolue ne soit donnĂ©e Ă la philosophie, pas plus de circonscrire la cause que de limiter lâeffet, le contemplateur tombe dans des extases sans fond Ă cause de toutes ces dĂ©compositions de forces aboutissant Ă lâunitĂ©. Tout travaille Ă tout.
LâalgĂšbre sâapplique aux nuages ; lâirradiation de lâastre profite Ă la rose ; aucun penseur nâoserait dire que le parfum de lâaubĂ©pine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet dâune molĂ©cule? que savons-nous si des crĂ©ations de mondes ne sont point dĂ©terminĂ©es par des chutes de grains de sable? qui donc connaĂźt les flux et les reflux rĂ©ciproques de lâinfiniment grand et de lâinfiniment petit, le retentissement des causes dans les prĂ©cipices de lâĂȘtre, et les avalanches de la crĂ©ation? Un ciron importe ; le petit est grand, le grand est petit ; tout est en Ă©quilibre dans la nĂ©cessitĂ© ; effrayante vision pour lâesprit. Il y a entre les ĂȘtres et les choses des relations de prodige ; dans cet inĂ©puisable ensemble, de soleil Ă puceron, on ne se mĂ©prise pas ; on a besoin les uns des autres. La lumiĂšre nâemporte pas dans lâazur les parfums terrestres sans savoir ce quâelle en fait ; la nuit fait des distributions dâessence stellaire aux fleurs endormies. Tous les oiseaux qui volent ont Ă la patte le fil de lâinfini. La germination se complique de lâĂ©closion dâun mĂ©tĂ©ore et du coup de bec de lâhirondelle brisant lâĆuf, et elle mĂšne de front la naissance dâun ver de terre et lâavĂšnement de Socrate. OĂč finit le tĂ©lescope, le microscope commence. Lequel des deux a la vue la plus grande? Choisissez. Une moisissure est une plĂ©iade de fleurs ; une nĂ©buleuse est une fourmiliĂšre dâĂ©toiles. MĂȘme promiscuitĂ©, et plus inouĂŻe encore, des choses de lâintelligence et des faits de la substance. Les Ă©lĂ©ments et les principes se mĂȘlent, se combinent, sâĂ©pousent, se multiplient les uns par les autres, au point de faire aboutir le monde matĂ©riel et le monde moral Ă la mĂȘme clartĂ©. Le phĂ©nomĂšne est en perpĂ©tuel repli sur lui-mĂȘme. Dans les vastes Ă©changes cosmiques, la vie universelle va et vient en quantitĂ©s inconnues, roulant tout dans lâinvisible mystĂšre des effluves, employant tout, ne perdant pas un rĂȘve de pas un sommeil, semant un animalcule ici, Ă©miettant un astre lĂ , oscillant et serpentant, faisant de la lumiĂšre une force et de la pensĂ©e un Ă©lĂ©ment, dissĂ©minĂ©e et indivisible, dissolvant tout, exceptĂ© ce point gĂ©omĂ©trique, le moi ; ramenant tout Ă lâĂąme atome ; Ă©panouissant tout en Dieu ; enchevĂȘtrant, depuis la plus haute jusquâĂ la plus basse, toutes les activitĂ©s dans lâobscuritĂ© dâun mĂ©canisme vertigineux, rattachant le vol dâun insecte au mouvement de la terre,subordonnant, qui sait? ne fĂ»t-ce que par lâidentitĂ© de la loi, lâĂ©volution de la comĂšte dans le firmament au tournoiement de lâinfusoire dans la goutte dâeau. Machine faite dâesprit. En grenage Ă©norme dont le premier moteur est le moucheron et dont la derniĂšre roue est le zodiaque.
â
â
Victor Hugo
â
LâalgĂšbre sâapplique aux nuages ; lâirradiation de lâastre profite Ă la rose; aucun penseur nâoserait dire que le parfum de lâaubĂ©pine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet dâune molĂ©cule? Que savons-nous si des crĂ©ations de monde ne sont point dĂ©terminĂ©es par des chutes de grains de sable? Qui donc connaĂźt les flux et les reflux rĂ©ciproques de lâinfiniment grand et de lâinfiniment petit, le retentissement des causes dans les prĂ©cipices de lâĂȘtre et les avalanches de la crĂ©ation? [âŠ] Tous les oiseaux qui volent ont Ă la patte le fil de lâinfini. [âŠ] Dans les vastes Ă©changes cosmiques, la vie universelle va et vient en quantitĂ©s inconnues, roulant tout dans lâinvisible mystĂšre des effluves, [âŠ] rattachant le vol dâun insecte au mouvement de la terre, subordonnant, qui sait? ne fĂ»t-ce que par lâidentitĂ© de la loi, lâĂ©volution de la comĂšte dans le firmament au tournoiement de lâinfusoire dans la goutte dâeau. Machine faite dâesprit. Engrenage Ă©norme dont le premier moteur est le moucheron et dont la derniĂšre roue est le zodiaque.
â
â
Victor Hugo (Les Misérables)
â
Je suis cette fille solaire qui court sur le sable tiĂšde de Palombaggia. Je suis le vent qui fait claquer les voiles d'un bateau en partance. La mer infinie de nuages qui donne le vertige derriĂšre le hublot.
Je suis un feu de joie qui brĂ»le Ă la Saint-Jean. Les galets d'Ătretat qui roulent sur la plage. Une lanterne vĂ©nitienne rĂ©sistant aux tempĂȘtes.
Je suis une comÚte qui embrase le ciel. Une feuille d'or que les rafales emportent. Un refrain entraßnant fredonné par la foule.
Je suis les alizés qui caressent les eaux. Les vents chauds qui balaient les dunes. Une bouteille à la mer perdue dans l'Atlantique.
Je suis l'odeur vanille des vacances Ă la mer et l'effluve entĂȘtant de la terre mouillĂ©e.
Je suis le battement d'ailes du Bleu-nacré d'Espagne.
Le feu follet fugace qui court sur les marais.
La poussiÚre d'une étoile blanche et trop tÎt tombée.
â
â
Guillaume Musso
â
DerriĂšre lâhumble croyance Ă un Paradis situĂ© dans les nuages, il y a au moins un fond de vĂ©ritĂ© inaliĂ©nable, et surtout - et cela est sans prix - une rĂ©alitĂ© misĂ©ricordieuse qui ne déçoit jamais
â
â
Frithjof Schuon (Light on the Ancient Worlds: A New Translation with Selected Letters (Library of Perennial Philosophy))
â
Elle a l'impression d'ĂȘtre debout au bord d'une falaise, de voir les nuages blancs qui flottent Ă ses pieds, elle sait qu'au-dessous s'Ă©tend une gorge insondable. Elle se dĂ©bat vraiment, mais lui a perdu toute raison, il est comme une bĂȘte sauvage dĂ©cidĂ©e Ă se battre jusqu'Ă la mort. A bout de forces, elle se dĂ©fend en vain. Parce que son corps est restĂ© si longtemps solitaire, que le dĂ©sespoir a dĂ©truit son dĂ©sir, qu'elle oppose une rĂ©sistance sincĂšre et Ă©nergique, parce qu'Ă cet instant elle n'y est pas prĂ©parĂ©e, de façon inattendue, elle est submergĂ©e par une immense sensation de jouissance telle qu'elle n'en avait jamais connu. Cette plĂ©nitude efface tout ce qu'elle avait vĂ©cu auparavant. On peut mourir sans regret quand on a connu un tel instant. Cette joie irradie jusqu'aux moindres parcelles de son corps, sa jouissance n'a jamais atteint de tels sommets. Elle a un goĂ»t d'Ă©ternitĂ©, comme une cĂ©rĂ©monie d'adieux parfaitement rĂ©ussie.
Lui aussi ressent cet instant comme exceptionnel. Il s'Ă©carte pour s'Ă©tendre sur le dos Ă cĂŽtĂ© d'elle et observe le ciel Ă©toilĂ©. A cet instant, le chant des porteurs d'eau monte de la riviĂšre perdue dans le brouillard comme un chĆur formĂ© de cent voix Ă l'unisson, puissant et pourtant maĂźtrisĂ©. Ătendus l'un prĂšs de l'autre, ils sont saisis par un sentiment Ă©trange et inconnu. Un lourd pressentiment pĂšse sur eux.
p 158-159
â
â
Wang Anyi (Love in a Small Town)
â
« Et toujours seul ? » lui demande-t-elle dâun ton acerbe. Un voile passe sur le visage de Roger. Aussi rapidement quâun aprĂšs-midi dâĂ©tĂ©, quand le ciel sâassombrit, que le froid remplace si vite la brĂ»lure du soleil sur la peau. Un petit nuage poussĂ© par un souffle de vent, un mot qui suspend son vol et qui donne envie de plier sa serviette et de rentrer bien au chaud⊠(p.97)
â
â
Sylvie le Bihan (LĂ oĂč s'arrĂȘte la terre)
â
L'air de la grĂšve refroidit quand on avance vers le large. La nuit est longue, pleine de fumĂ©e, les mouches ont dĂ©sertĂ© la plage: peut-ĂȘtre qu'il est trop tard et que les insectes aussi dorment quand il fait si noir.
NoĂ© marche lentement. L'eau glaciale lui monte au genoux, mais elle sait nager, mĂȘme dans les vagues trĂšs froides ou quand le presbytĂšre brĂ»le. Elle avance Ă reculons â dos aux flots, Ă fixer le village â parce qu'il y a cette ligne, juste sous le nombril: c'est terrible quand le tissu mouille jusque-lĂ . Il vaut mieux se jeter tout le corps Ă l'eau d'un coup, pour ne pas sentir la barre froide monter le long du linge. De dos, le choc est moins vif contre la peau.
La nuit est grise de fumée, les nuages ressemblent à des éponges de mer qui se gonflent d'orage et de pluie. Noé recule, elle s'enfonce vers le large et soudain, des mains se referment sur ses épaules. Elle ne sursaute pas.
â
â
Audrée Wilhelmy (Oss)
â
The dark clouds make the black sea. (Les nuages noirs - Font la mer noire)
â
â
Charles de Leusse
â
Dans le ciel bleu comme les yeux de Stéphanie s'effiloche un nuage, blanc comme un mouchoir d'adieu.
â
â
François-Henri DĂ©sĂ©rable (Ăvariste)
â
Les mots visibles sont comme des points de repĂšre dans l'Ă©tendu. La signification de chacun d'eux est Ă la fois ponctuelle et tourbillonante; le sens nait de leur rapprochement comme l'Ă©clair du choc Ă©lectrique des nuages.
â
â
Jean Tardieu
â
Sa tĂȘte nâĂ©tait plus quâun ouragan, une tempĂȘte noire dĂ©truisant tout sur son passage, un ciel chargĂ© de lourds nuages qui ne laissait plus filtrer aucune lueur. Peu Ă peu il dĂ©rivait, sâĂ©loignant de tout ce qui le constituait autrefois, disparaissant, sâeffaçant peu Ă peu pour devenir un ĂȘtre transparent, nâĂȘtre plus quâune prĂ©sence, une douleur que lâon aperçoit du coin de lâoeil, vers qui lâon voudrait tendre la main, mais qui est tellement enfermĂ©e dans ses murailles de solitude que tout contact nous semble impossible.
â
â
Simon Vandereecken (Temps volés)
â
La premiĂšre de toutes les difficultĂ©s auxquelles il donne lieu Ă cet Ă©gard, câest prĂ©cisĂ©ment la conception des quantitĂ©s nĂ©gatives comme « moindres que zĂ©ro », que Leibnitz rangeait parmi les affirmations qui ne sont que « toleranter verae », mais qui, en rĂ©alitĂ©, est, comme nous le disions tout Ă lâheure, entiĂšrement dĂ©pourvue de toute signification. « Avancer quâune quantitĂ© nĂ©gative isolĂ©e est moindre que zĂ©ro, a dit Carnot, câest couvrir la science des mathĂ©matiques, qui doit ĂȘtre celle de lâĂ©vidence, dâun nuage impĂ©nĂ©trable, et sâengager dans un labyrinthe de paradoxes tous plus bizarres les uns que les autres ». Sur ce point, nous pouvons nous en tenir Ă ce jugement, qui nâest pas suspect et nâa certainement rien dâexagĂ©rĂ© ; on ne devrait dâailleurs jamais oublier, dans lâusage quâon fait de cette notation des nombres nĂ©gatifs, quâil ne sâagit lĂ de rien de plus que dâune simple convention.
â
â
René Guénon (The Metaphysical Principles of the Infinitesimal Calculus)
â
Nous sommes tous des Ă©clopĂ©s de la vie. Nous nous griffons, nous griffons les autres parce que la vie nous a blessĂ©s. Les nuages noirs cachent souvent le soleil, mais nous savons quâil est lĂ et nâattend que de se lever dans nos cĆurs.
â
â
Magda Hollander-Lafon (Quatre petits bouts de pain : Des ténÚbres à la joie (French Edition))
â
Cependant, toutes les histoires â je parle des vraies, hein, pas de celles oĂč des ados Ă grande gueule se transforment en espions-ninjas, ou dont les protagonistes vieillissants renversent leur petite vie privilĂ©giĂ©e sur un coup de tĂȘte et vont ouvrir une librairie dâoccasion Ă Barcelone, oĂč ils dĂ©couvrent enfin lâamour â ont besoin de nous pour survivre. Les ĂȘtres humains sont les nuages dâoĂč pleuvent les histoires, mais nous sommes Ă©galement les Ă©clats de verre qui en rĂ©fractent la lumiĂšre, qui en polarisent les rayons jusquâĂ les rendre brĂ»lants.
â
â
Michael Marshall Smith (La Vie ĂŽ combien ordinaire d'Hannah Green)
â
La blessure apporte l'Ă©lixir,
La nuit apporte la lumiĂšre.
La tempĂȘte offre de la bravoure,
Les nuages donnent du caractĂšre.
â
â
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
â
Lâhomme est ainsi fait que, quand il ne voit pas de nuage, il a besoin dâen trouver un pour se rassurer. Sâil ne voit pas un malheur sâavancer, il se dit que la prochaine catastrophe, pour ĂȘtre aussi bien dissimulĂ©e, elle sera dâampleur, aussi vaut-il mieux tout de suite Ćuvrer Ă mettre des nuages dans le ciel, des nuages quâon connaĂźt, ce nâest pas dâaujourdâhui quâon meurt de faim ou noyĂ© ou lĂ©preux ou bombardĂ© Ă travers le monde, mais le soleil, allez savoir ce que ça cache, dâailleurs si on le regarde en face, ça rend aveugle, câest bien la preuve.
â
â
Fabien Maréchal (Dernier avis avant démolition)
â
Paulin est un costaud Ă la barbe entortillĂ©e dont la conversation achoppe rapidement sur les monosyllabes. Cinq jours par semaine, il est photographe numĂ©rique Ă Paris : il joue des Ă©paules lors de shootings de stars ou de confĂ©rences de presse ministĂ©rielles, et loge dans un hĂŽtel pouilleux qui finira de passe. Le vendredi soir, il monte dans une longue CitroĂ«n CX mangĂ©e par la rouille pour rejoindre lâarriĂšre-campagne oĂč il se retranche chaque week-end.
Trois cents bornes plus tard, des lapins font rebondir leur queue blanche dans le faisceau des phares. Des orniĂšres longent un bosquet de pommiers jusquâĂ une masure paysanne en pierre volcanique. Paulin pousse la porte en bois percĂ©e dâune chatiĂšre. Des poutres de deux empans traversent la piĂšce basse, et on cuirait tout un cochon de lait dans la cheminĂ©e. Quand lâorage fouette le toit dâardoise, ployant la cime des arbres, la maison Ă©voque le refuge dâun gardien de phare Ă jamais Ă©teint.
Le samedi et le dimanche, aprĂšs le dĂ©jeuner, Paulin remonte son prĂ© jusquâaux pommiers. Il emporte le minimum : un vieux reflex Nikon, deux pellicules 100 et 200 iso, un objectif 50 mm, un 300 mm, et deux cannettes de biĂšre.
Son chat gris grimpe Ă un arbre et se couche sur une branche basse. Paulin sâallonge sur le dos, ferme lâĆil gauche, colle le droit au viseur, pointe lâobjectif vers le ciel et sâadonne en argentique Ă la pĂȘche aux nuages. Pour lui les cumulus dessinent des hommes du palais et de la rue, des animaux ordinaires, lĂ©gendaires ou disparus. Sâil fait chaud, Paulin rampe sous le bosquet. Parfois il sent un vaisseau battre dans la paupiĂšre de son Ćil clos, puis celui du viseur se ferme Ă son tour et, petit Ă petit, lâobjectif de lâappareil rejoint lâoseille sauvage et les coquelicots. (« Le Monographe »)
â
â
Fabien Maréchal (Dernier avis avant démolition)
â
Sous la pluie et le tonnerre, Fish leva la tĂȘte en direction des nuages pommelĂ©s, ourlĂ©s de lumiĂšre. Il ne savait pas trop s'il Ă©tait en train de prier, mais ça y ressemblait. Il ne savait pas quoi demander, mais suppliait pourtant, sans paroles, sans intention, sans but. Son coeur gĂ©missait simplement comme la riviĂšre, murmurait comme le ciel.
â
â
Andrew J. Graff