Mon Soleil Quotes

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Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants de soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Adieu, soleil ! s'Ă©cria-t-il. Disparais, astre radieux ! Couche-toi sous cette mer libre, et laisse une nuit de six mois Ă©tendre ses ombres sur mon nouveau domaine !
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Jules Verne (20,000 Leagues Under the Sea)
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The water shines only by the sun. And it is you who are my sun. (L'eau ne brille que par le soleil. - Et c’est toi qui es mon soleil.)
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Charles de Leusse
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J'ai connu et je connais encore, dans ma vie, des bonheurs inouĂŻs. Depuis mon enfance, par exemple, j'ai toujours aimĂ© les concombres salĂ©s, pas les cornichons, mais les concombres, les vrais, les seuls et uniques, ceux qu'on appelle concombres Ă  la russe. J'en ai toujours trouvĂ© partout. Souvent, je m'en achĂšte une livre, je m'installe quelque part au soleil, au bord de la mer, ou n'importe oĂč, sur un trottoir ou sur un banc, je mords dans mon concombre et me voilĂ  complĂštement heureux. Je reste lĂ , au soleil, le cƓur apaisĂ©, en regardant les choses et les hommes d'un Ɠil amical et je sais que la vie vaut vraiment la peine d'ĂȘtre vĂ©cue, que le bonheur est accessible, qu'il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner Ă  ce qu'on aime avec un abandon total de soi.
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Le coucher de soleil, le printemps, le bleu de la mer, les Ă©toiles de la nuit, toutes ces choses que nous disons captivantes n’ont de magie que lorsqu’elles gravitent autour d’une femme, mon garçon
 Car la BeautĂ©, la vraie, l’ unique, la beautĂ© phare, la beautĂ© absolue, c ’est la femme. Le reste, tout le reste n ’est qu ’accessoires de charme.
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Yasmina Khadra
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J'ai tout donné au soleil. Tout sauf mon ombre
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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chaque jour Ă  mon Ăąme tu ajoutes une flamme des fleurs Ă  ma corbeille un rai Ă  mon soleil
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Jean-Robert LĂ©onidas
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Et je riais et criais À faire fondre le soleil Mais je pleurais à faire rire De mon chagrin la terre entiùre
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Paul Éluard (L'enfant qui ne voulait pas grandir)
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Ne savez-vous point que vous ĂȘtes mon soleil pendant le jour et mon Ă©toile pendant la nuit ? En vĂ©ritĂ© je me croyais dans l’obscuritĂ© la plus profonde, lorsque vous avez paru tout Ă  l’heure et avez soudain tout Ă©clairĂ©.
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Alexandre Dumas (La Reine Margot, Tome I)
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Elle Ă©tait mon soleil, mon assurance, mon intelligence. Moi, je n’étais que sa lune. Un soleil peut vivre seul, sans planĂšte. Mais une lune a besoin de tourner autour de quelque chose, sinon elle se dĂ©saxe et se perd dans l’espace
 —Tao
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Victor Dixen (Origines (Phobos #0.5))
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Tu vois, je n'ai pas oubliĂ© Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oubliĂ©, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidĂšle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Tu Ă©tais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis.
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Jacques Prévert
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. C’était le matin; le soleil se leva Ă  l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ  qu’à mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelĂ©: je n’ai pas besoin de ton amitiĂ©." C’était le soir; la nuit commençait Ă  Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles n’est pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă  cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus d’une; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă  moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre Ă  elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, Ă  moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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C’est alors que tout a vacillĂ©. La mer a charriĂ© un souffle Ă©pais et ardent. Il m’a semblĂ© que le ciel s’ouvrait sur toute son Ă©tendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon ĂȘtre s’est tendu et j’ai crispĂ© ma main sur le revolver. La gĂąchette a cĂ©dĂ©, j’ai touchĂ© le ventre poli de la crosse et c’est lĂ , dans le bruit Ă  la fois sec et assourdissant, que tout a commencĂ©. J’ai secouĂ© la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais dĂ©truit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage oĂč j’avais Ă©tĂ© heureux. Alors, j’ai tirĂ© encore quatre fois sur un corps inerte oĂč les balles s’enfonçaient sans qu’il y parĂ»t. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur
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Albert Camus (The Stranger)
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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Si je n'Ă©tais pas amant, j'Ă©tais plus qu'un ami, plus qu'un frĂšre; j'Ă©tais l'arbre auquel, pauvre lierre, elle s'abritait, j'Ă©tais le fleuve qui emportait sa barque Ă  mon courant, j'Ă©tais le soleil d'oĂč lui venait la lumiĂšre; tout ce qui existait d'elle existait par moi, et probablement le jour n'Ă©tait pas loin oĂč ce qui existait par moi existerait aussi pour moi.
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Alexandre Dumas (Pauline)
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Le MĂ©tĂšque Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Avec mes yeux tout dĂ©lavĂ©s, qui me donnent l'air de rĂȘver Moi qui ne rĂȘve plus souvent. Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rĂŽdeur Qui ont pillĂ© tant de jardins Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassĂ© et mordu Sans jamais assouvir sa faim Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec De voleur et de vagabond Avec ma peau qui s'est frottĂ©e au soleil de tous les Ă©tĂ©s Et tout ce qui portait jupon Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu'il a souffert Sans pour cela faire d'histoire Avec mon Ăąme qui n'a plus la moindre chance de salut Pour Ă©viter le purgatoire. Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Je viendrai ma douce captive, mon Ăąme soeur, ma source vive Je viendrai boire tes vingt ans Et je serai prince de sang, rĂȘveur, ou bien adolescent Comme il te plaira de choisir Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir. Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir.
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Georges Moustaki
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Moi qui jadis dansais parmi vous, ĂŽ mes sƓurs, Vive comme le faon, le plus vif des danseurs. Mais, ĂŽ belles, qu’y puis-je ? HĂ©las l’ombre Ă©toilĂ©e Et le jour qui la suit ou bien qui la prĂ©cĂšde Nous traĂźnent Ă  la mort. À la mort chacun cĂšde. Mais je dĂ©sire encor
 Mon Ăąme dĂ©solĂ©e GoĂ»te encor le soleil et les fleurs printaniĂšres. Les bĂȘtes vont mourir au fond de leurs taniĂšres, Mais je veux jusqu’au bout savourer la clartĂ© Et vous aimer.
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Marguerite Yourcenar (La Couronne et la Lyre: Anthologie de la poésie grecque ancienne)
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Mais encore, malgrĂ© ma vie au soleil et mon corps vivant, je reste attirĂ© par les ĂȘtres qu'on appelle tĂ©nĂ©breux, ceux en qui quelque chose me rĂ©vĂšle la nuit, ceux qui sont enveloppĂ©s de nuit, fĂ»t-ce cette nuit qu'est encore l'Ă©clat dont ils rayonnent, ceux qui sont bruns ou blonds avec des yeux noirs, ou avec un visage crispĂ©, un sourire mauvais, des dents mĂ©chantes, un sexe important, une toison Ă©paisse. Je leur crois une Ăąme dangereuse.
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Jean Genet (Funeral Rites)
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Ma surprise fut Ă  son comble, pourtant, quand je dĂ©couvris qu’il ignorait la thĂ©orie de Copernic et la composition du systĂšme solaire. Qu’un ĂȘtre humain civilisĂ©, au dix-neuviĂšme siĂšcle, ne sĂ»t pas que la terre tournĂąt autour du soleil me parut ĂȘtre une chose si extraordinaire que je pouvais Ă  peine le croire. — Vous paraissez Ă©tonnĂ©, me dit-il, en soupirant de ma stupĂ©faction. Mais, maintenant que je le sais, je ferai de mon mieux pour l’oublier. — Pour l’oublier !
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Arthur Conan Doyle (Sherlock Holmes : L'Edition Complete)
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Les sujets m'obsĂšdent. Quand je ferme les yeux, je vois une armĂ©e, un monde de crĂ©ation se peindre et s'agiter dans mon cerveau. Quand je rouvre les yeux, tout cela disparaĂźt. [...] Et quand je m'approche de cette table maudite, la lave se fige et l'inspiration se refroidit. Pendant le temps d'apprĂȘter une feuille de papier et de tailler ma plume, l'ennui me gagne ; l'odeur de l'encre me donne des nausĂ©es. Et puis cette horrible nĂ©cessitĂ© de traduire par des mots et d'aligner en pĂątes de mouches des pensĂ©es ardentes, vives, mobiles comme les rayons du soleil teignant les nuages de l'air.
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George Sand (Horace)
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Qui me reflĂšte sinon toi-mĂȘme Je me vois si peu Sans toi je ne vois rien Qu’une Ă©tendue dĂ©serte Entre autrefois et aujourd’hui Il y a eu toutes ces morts Que j’ai franchies Sur de la paille Je n’ai pas pu percer Le mur de mon miroir Il m’a fallu apprendre Mot par mot la vie Comme on oublie Je t’aime pour ta sagesse Qui n’est pas la mienne Pour la santĂ© je t’aime Contre tout ce qui n’est qu’illusion Pour ce cƓur immortel Que je ne dĂ©tiens pas Que tu crois ĂȘtre le doute Et tu n’es que raison Tu es le grand soleil Qui me monte Ă  la tĂȘte Quand je suis sĂ»r de moi Quand je suis sĂ»r de moi Tu es le grand soleil Qui me monte Ă  la tĂȘte Quand je suis sĂ»r de moi Quand je suis sĂ»r de moi
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Paul Éluard
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d’énergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie m’encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur l’amour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j’ai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles m’appartiennent. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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Rien ne peut t’émouvoir, ĂŽ jeunesse ! Tu sembles possĂ©der tous les trĂ©sors de la terre ; la tristesse elle-mĂȘme te fait sourire, la douleur te pare. Tu es sĂ»re de toi-mĂȘme et, dans ta tĂ©mĂ©ritĂ©, tu clames : « Voyez, je suis seule Ă  vivre !... » Mais les jours s’écoulent, innombrables et sans laisser de trace ; la matiĂšre dont tu es tissĂ©e fond comme cire au soleil, comme de la neige... Et – qui sait ? – il se peut que ton bonheur ne rĂ©side pas dans ta toute-puissance, mais dans ta foi. Ta fĂ©licitĂ© serait de dĂ©penser des Ă©nergies qui ne se trouvent point d’autre issue. Chacun de nous se croit trĂšs sĂ©rieusement prodigue et prĂ©tend avoir le droit de dire : « Oh ! que n’aurais-je fait si je n’avais gaspillĂ© mon temps ! »
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Ivan Turgenev (First Love)
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C’est de lĂ  que je vous Ă©cris, ma porte grande ouverte, au bon soleil. Un joli bois de pins tout Ă©tincelant de lumiĂšre dĂ©gringole devant moi jusqu’au bas de la cĂŽte. À l’horizon, les Alpilles dĂ©coupent leurs crĂȘtes fines
 Pas de bruit
 À peine, de loin en loin, un son de fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mules sur la route
 Tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumiĂšre. Et maintenant, comment voulez-vous que je le regrette, votre Paris bruyant et noir ? Je suis si bien dans mon moulin ! C’est si bien le coin que je cherchais, un petit coin parfumĂ© et chaud, Ă  mille lieues des journaux, des fiacres, du brouillard !
 Et que de jolies choses autour de moi ! Il y a Ă  peine huit jours que je suis installĂ©, j’ai dĂ©jĂ  la tĂȘte bourrĂ©e d’impressions et de souvenirs

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Alphonse Daudet
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L'isolement Souvent sur la montagne, Ă  l'ombre du vieux chĂȘne, Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ; Je promĂšne au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se dĂ©roule Ă  mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues Ă©cumantes ; Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ; LĂ  le lac immobile Ă©tend ses eaux dormantes OĂč l'Ă©toile du soir se lĂšve dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnĂ©s de bois sombres, Le crĂ©puscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit dĂ©jĂ  les bords de l'horizon. Cependant, s'Ă©lançant de la flĂšche gothique, Un son religieux se rĂ©pand dans les airs : Le voyageur s'arrĂȘte, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mĂȘle de saints concerts. Mais Ă  ces doux tableaux mon Ăąme indiffĂ©rente N'Ă©prouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante Le soleil des vivants n'Ă©chauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud Ă  l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense Ă©tendue, Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumiĂšres, Vains objets dont pour moi le charme est envolĂ© ? Fleuves, rochers, forĂȘts, solitudes si chĂšres, Un seul ĂȘtre vous manque, et tout est dĂ©peuplĂ© ! Que le tour du soleil ou commence ou s'achĂšve, D'un oeil indiffĂ©rent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lĂšve, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carriĂšre, Mes yeux verraient partout le vide et les dĂ©serts : Je ne dĂ©sire rien de tout ce qu'il Ă©claire; Je ne demande rien Ă  l'immense univers. Mais peut-ĂȘtre au-delĂ  des bornes de sa sphĂšre, Lieux oĂč le vrai soleil Ă©claire d'autres cieux, Si je pouvais laisser ma dĂ©pouille Ă  la terre, Ce que j'ai tant rĂȘvĂ© paraĂźtrait Ă  mes yeux ! LĂ , je m'enivrerais Ă  la source oĂč j'aspire ; LĂ , je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idĂ©al que toute Ăąme dĂ©sire, Et qui n'a pas de nom au terrestre sĂ©jour ! Que ne puĂźs-je, portĂ© sur le char de l'Aurore, Vague objet de mes voeux, m'Ă©lancer jusqu'Ă  toi ! Sur la terre d'exil pourquoi restĂ©-je encore ? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand lĂ  feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'Ă©lĂšve et l'arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable Ă  la feuille flĂ©trie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
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Alphonse de Lamartine (Antologija francuskog pjesniĆĄtva)
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Quand je vis avec mes semblables, ma pensĂ©e s'occupe d'eux si exclusivement, soit pour les aider Ă  vivre bien, soit pour comprendre pourquoi ils vivent mal, que j'oublie absolument de vivre pour mon compte. Quand je m'aperçois que j'ai fait pour eux mon possible et que je ne leur suis plus nĂ©cessaire, ou, ce qui arrive plus souvent, que je ne leur suis bon Ă  rien, j'Ă©prouve le besoin de vivre avec ce moi intĂ©rieur qui s'identifie Ă  la nature et au rĂȘve de la vie dans l'Ă©ternel et dans l'infini. La nature, je le sais, parle dans l'homme plus que dans les arbres et les rochers; mais elle y parle follement, elle y est plus souvent dĂ©lirante que sage, elle y est pleine d'illusions ou de mensonges. Les animaux sauvages eux-mĂȘmes sont tourmentĂ©s d'un besoin d'existence qui nous empĂȘche de savoir ce qu'ils pensent et si leurs obscures manifestations ne sont pas trompeuses. DĂšs qu'ils subissent des besoins et des passions, ils doivent les satisfaire Ă  tout prix, et toute logique de leur instinct de conservation doit cĂ©der Ă  cette sauvage logique de la faim et de l'amour. OĂč donc trouver, oĂč donc surprendre la voix du vrai absolu dans la nature? HĂ©las, dans le silence des choses inertes, dans le mutisme de ce qui ne ment pas! la face impassible du rocher qui boit le soleil, le front sans ombre du glacier qui regarde la lune, la morne altitude des lieux inaccessibles, exercent sur nous un rassĂ©rĂ©nement inexplicable. LĂ , nous nous sentons comme suspendus entre ciel et terre, dans une rĂ©gion d'idĂ©es oĂč il ne peut y avoir que Dieu ou rien, et, s'il n'y a rien, nous sentons que nous ne sommes rien nous-mĂȘmes et que nous n'existons pas; car rien ne peut se passer de sa raison d'ĂȘtre.
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George Sand (Le dernier amour)
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Cette finesse-lĂ  a Ă©tĂ© trouvĂ©e dĂšs le paradis terrestre. Mes amis, l’invention est vieille, mais elle est toute neuve. Profitez-en. Soyez Daphnis et ChloĂ© en attendant que vous soyiez PhilĂ©mon et Baucis. Faites en sorte que, quand vous ĂȘtes l’un avec l’autre, rien ne vous manque, et que Cosette soit le soleil pour Marius, et que Marius soit l’univers pour Cosette. Cosette, que le beau temps, ce soit le sourire de votre mari ; Marius, que la pluie, ce soit les larmes de ta femme. Et qu’il ne pleuve jamais dans votre mĂ©nage. Vous avez chipĂ© Ă  la loterie le bon numĂ©ro, l’amour dans le sacrement ; vous avez le gros lot, gardez-le bien, mettez-le sous clef, ne le gaspillez pas, adorez-vous, et fichez-vous du reste. Croyez ce que je dis lĂ . C’est du bon sens. Bon sens ne peut mentir. Soyez-vous l’un pour l’autre une religion. Chacun a sa façon d’adorer Dieu. Saperlotte ! la meilleure maniĂšre d’adorer Dieu, c’est d’aimer sa femme. Je t’aime ! voilĂ  mon catĂ©chisme. Quiconque aime est orthodoxe.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Mon esprit Ă©tait tout entier habitĂ© par le souvenir de ma femme. Je l’imaginais avec une prĂ©cision incroyable. Je la voyais. Elle me rĂ©pondait, me souriait, me regardait tendrement; son regard Ă©tait lumineux, aussi lumineux que le soleil qui se levait. J’avais enfin dĂ©couvert la vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© telle qu’elle est proclamĂ©e dans les chants des poĂštes et dans les sages paroles des philosophes: l’amour est le plus grand bien auquel l’ĂȘtre humain peut aspirer. Je comprenais enfin le sens de ce grand secret de la poĂ©sie et de la pensĂ©e humaine: l’ĂȘtre humain trouve son salut Ă  travers et dans l’amour. Je me rendais compte qu’un homme Ă  qui il ne reste rien peut trouver le bonheur, mĂȘme pour de brefs instants, dans la contemplation de sa bien-aimĂ©e. Lorsqu’un homme est extrĂȘmement affligĂ©, lorsqu’il ne peut plus agir de maniĂšre positive, lorsque son seul mĂ©rite consiste peut-ĂȘtre Ă  endurer ses souffrances avec dignitĂ©, il peut Ă©prouver des sentiments de plĂ©nitude en contemplant l’image de sa bien-aimĂ©e. Pour la premiĂšre fois de ma vie, je comprenais le sens de cette parole: «Les anges sont perdus dans l’éternelle contemplation d’une gloire infinie.»
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Viktor E. Frankl
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Wilhelm, que serait pour notre cƓur le monde sans l’amour ? Ce qu’une lanterne magique est sans lumiĂšre. A peine la petite lampe est-elle introduite, que les images les plus variĂ©es apparaissent sur la muraille blanche. Et ne fussent-elles que des fantĂŽmes passagers, cela fait pourtant notre bonheur, lorsque nous nous arrĂȘtons devant, comme des enfants joyeux, nous extasiant sur ces apparitions merveilleuses. Aujourd’hui je n’ai pu aller voir Charlotte : une sociĂ©tĂ© inĂ©vitable m’a retenu. Que faire ? J’ai envoyĂ© chez elle mon domestique, uniquement pour avoir quelqu’un prĂšs de moi qui eĂ»t approchĂ© d’elle aujourd’hui. Avec quelle impatience je l’attendais ! avec quelle joie je l’ai revu ! Je l’aurais embrassĂ©, si j’avais osĂ© m’en croire. On conte que la pierre de Bologne, si on l’expose au soleil, en absorbe les rayons, et qu’elle Ă©claire quelque temps pendant la nuit. Il en Ă©tait de mĂȘme pour moi de ce garçon. L’idĂ©e que les yeux de Charlotte s’étaient arrĂȘtĂ©s sur son visage, sur ses joues, sur les boutons de son habit et le collet de son surtout, me rendait tout cela prĂ©cieux et sacrĂ©. Dans ce moment, je n’aurais pas donnĂ© mon valet pour mille Ă©cus. Sa prĂ©sence nie faisait du bien
. Dieu te garde d’en rire ! Wilhelm, sont-ce lĂ  des fantĂŽmes, si nous sommes heureux ?
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Vous avez Ă©tĂ© enfant, lecteur, et vous ĂȘtes peut-ĂȘtre assez heureux pour l'ĂȘtre encore. Il n'est pas que vous n'ayez plus d'une fois (et pour mon compte j'y ai passĂ© des journĂ©es entiĂšres, les mieux employĂ©es de ma vie) suivi de broussaille en broussaille, au bord d'une eau vive, par un jour de soleil, quelque belle demoiselle verte ou bleue, brisant son vol Ă  angles brusques et baisant le bout de toutes les branches. Vous vous rappelez avec quelle curiositĂ© amoureuse votre pensĂ©e et votre regard s'attachaient Ă  ce petit tourbillon sifflant et bourdonnant, d'ailes de pourpre et d'azur, au milieu duquel flottait une forme insaisissable voilĂ©e par la rapiditĂ© mĂȘme de son mouvement. L'ĂȘtre aĂ©rien qui se dessinait confusĂ©ment Ă  travers ce frĂ©missement d'ailes vous paraissait chimĂ©rique, imaginaire, impossible Ă  toucher, impossible Ă  voir. Mais lorsque enfin la demoiselle se reposait Ă  la pointe d'un roseau et que vous pouviez examiner, en retenant votre souffle, les longues ailes de gaze, la longue robe d'Ă©mail, les deux globes de cristal, quel Ă©tonnement n'Ă©prouviez-vous pas et quelle peur de voir de nouveau la forme s'en aller en ombre et l'ĂȘtre en chimĂšre ! Rappelez-vous ces impressions, et vous vous rendrez aisĂ©ment compte de ce que ressentait Gringoire en contemplant sous sa forme visible et palpable cette Esmeralda qu'il n'avait entrevue jusque-lĂ  qu'Ă  travers un tourbillon de danse, de chant et de tumulte.
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Victor Hugo (Notre-Dame de ParĂ­s)
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Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'Auvergnat qui, sans façon, M'a donnĂ© quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid. Toi qui m'a donnĂ© du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s M'avaient fermĂ©s la porte au nez. Ce n'Ă©tait rien qu'un feu de bois Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un feu de joie... Toi, l'Auvergnat quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'hĂŽtesse qui, sans façon, M'a donnĂ© quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim. Toi qui m'ouvrit ta huche quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s S'amusaient Ă  me voir jeuner. Ce n'Ă©tait rien qu'un peu de pain Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un grand festin... Toi, l'hĂŽtesse quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'Ă©tranger qui, sans façon, D'un air malheureux m'a sourit Lorsque les gendarmes m'ont pris. Toi qui n'a pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s Riaient de me voir rammenĂ©. Ce n'Ă©tait rien qu'un peu de miel Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un grand soleil... Toi, l'Ă©tranger quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Toi, l'Ă©tranger quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Au
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Georges Brassens
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Qu’un galop rapide, coursiers aux pieds brĂ»lants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que PhaĂ©ton vous aurait prĂ©cipitĂ©s vers le couchant et aurait ramenĂ© la sombre Nuit. Étends ton Ă©pais rideau. Nuit qui couronne l’amour; ferme les yeux errants, et que RomĂ©o puisse voler dans mes bras sans qu’on le dise et sans qu’on le voie. La lumiĂšre de leurs mutuelles beautĂ©s suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystĂšres; ou si l’Amour est aveugle, il ne s’en accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vĂȘtements modestes, tout en noir, apprends-moi Ă  perdre au jeu de qui perd gagne, oĂč l’enjeu est deux virginitĂ©s sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues oĂč se rĂ©volte mon sang effarouchĂ©, jusqu’à ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans l’épreuve d’un amour fidĂšle, n’y voie plus qu’un chaste devoir.—Viens, ĂŽ Nuit; viens, RomĂ©o; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus Ă©clatant que n’est sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombĂ©e. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de tĂ©nĂšbres: donne-moi mon RomĂ©o; et quand il aura cessĂ© de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites Ă©toiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! j’ai achetĂ© une demeure d’amour, mais je n’en suis pas encore en possession, et celui qui m’a acquise n’est pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille d’une fĂȘte pour l’enfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Le dĂ©ment - N'avez-vous pas entendu parler de ce dĂ©ment qui, dans la clartĂ© de midi alluma une lanterne, se prĂ©cipita au marchĂ© et cria sans discontinuer : « Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu ! » –Étant donnĂ© qu'il y avait justement lĂ  beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, il dĂ©chaĂźna un Ă©norme Ă©clat de rire. S'est-il donc perdu ? disait l'un. S'est-il Ă©garĂ© comme un enfant ? disait l'autre. Ou bien s'est-il cachĂ© ? A-t-il peur de nous ? S'est-il embarquĂ© ? A-t-il Ă©migrĂ© ?–ainsi criaient-ils en riant dans une grande pagaille. Le dĂ©ment se prĂ©cipita au milieu d'eux et les transperça du regard. « OĂč est passĂ© Dieu ? lança-t-il, je vais vous le dire ! Nous l'avons tuĂ©,–vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment pĂ»mes-nous boire la mer jusqu'Ă  la derniĂšre goutte ? Qui nous donna l'Ă©ponge pour faire disparaĂźtre tout l'horizon ? Que fĂźmes-nous en dĂ©tachant cette terre de son soleil ? OĂč l'emporte sa course dĂ©sormais ? OĂč nous emporte notre course ? Loin de tous les soleils ? Ne nous abĂźmons-nous pas dans une chute permanente ? Et ce en arriĂšre, de cĂŽtĂ©, en avant, de tous les cĂŽtĂ©s ? Est-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme Ă  travers un nĂ©ant infini ? L'espace vide ne rĂ©pand-il pas son souffle sur nous ? Ne s'est-il pas mis Ă  faire plus froid ? La nuit ne tombe-t-elle pas continuellement, et toujours plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer des lanternes Ă  midi ? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la dĂ©composition divine ?–les dieux aussi se dĂ©composent ! Dieu est mort ! Dieu demeure mort ! Et nous l'avons tuĂ© ! Comment nous consolerons-nous, nous, assassins entre les assassins ? Ce que le monde possĂ©dait jusqu'alors de plus saint et de plus puissant, nos couteaux l'ont vidĂ© de son sang,–qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles cĂ©rĂ©monies expiatoires, quels jeux sacrĂ©s nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne nous faut-il pas devenir nous-mĂȘmes des dieux pour apparaĂźtre seulement dignes de lui ? Jamais il n'y eut acte plus grand,–et quiconque naĂźt aprĂšs nous appartient du fait de cet acte Ă  une histoire supĂ©rieure Ă  ce que fut jusqu'alors toute histoire ! » Le dĂ©ment se tut alors et considĂ©ra de nouveau ses auditeurs : eux aussi se taisaient et le regardaient dĂ©concertĂ©s. Il jeta enfin sa lanterne Ă  terre : elle se brisa et s'Ă©teignit. « Je viens trop tĂŽt, dit-il alors, ce n'est pas encore mon heure. Cet Ă©vĂ©nement formidable est encore en route et voyage,–il n'est pas encore arrivĂ© jusqu'aux oreilles des hommes. La foudre et le tonnerre ont besoin de temps, la lumiĂšre des astres a besoin de temps, les actes ont besoin de temps, mĂȘme aprĂšs qu'ils ont Ă©tĂ© accomplis, pour ĂȘtre vus et entendus. Cet acte est encore plus Ă©loignĂ© d'eux que les plus Ă©loignĂ©s des astres,–et pourtant ce sont eux qui l'ont accompli. » On raconte encore que ce mĂȘme jour, le dĂ©ment aurait fait irruption dans diffĂ©rentes Ă©glises et y aurait entonnĂ© son Requiem aeternam deo. ExpulsĂ© et interrogĂ©, il se serait contentĂ© de rĂ©torquer constamment ceci : « Que sont donc encore ces Ă©glises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? »
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Friedrich Nietzsche (The Gay Science: With a Prelude in Rhymes and an Appendix of Songs)
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Alors je lui ai souri, et la réponse de son regard fut un rayon de soleil pour mon coeur fatigué.
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Lea Wiazemski
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Le premier bonheur du jour C'est un ruban de soleil Qui s'enroule sur ta main Et caresse mon épaule C'est le souffle de la mer Et la plage qui attend C'est l'oiseau qui a chanté Sur la branche du figuier Le premier chagrin du jour C'est la porte qui se ferme La voiture qui s'en va Le silence qui s'installe Mais bien vite tu reviens Et ma vie reprend son cours Le dernier bonheur du jour C'est la lampe qui s'éteint.
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Jean Gaston Renard et Frank Gerald
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Il Ă©tait devenu tout mon monde. Ma raison d’ĂȘtre. Le soleil autour duquel je gravitais. Sans lui,(...) je n’étais plus rien.
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Eva Delambre
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En revanche, je crois bien qu'à mon agonie, quand tous mes autres " moi " seront morts, s'il vient à briller un rayon de soleil tandis que je pousserai mes derniers soupirs, le petit personnage barométrique se sentira bien aise, et Îtera son capuchon pour chanter: "ah! Enfin, il fait beau.
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Marcel Proust
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les jours passent vite alors qu’on aurait pu croire le contraire lorsqu’on est lĂ , assis, Ă  attendre je ne sais quoi, Ă  boire et Ă  boire encore jusqu’à devenir le prisonnier des vertiges, Ă  voir la Terre tourner autour d’elle mĂȘme et du Soleil mĂȘme si je n’ai jamais cru Ă  ces thĂ©ories de merde que je rĂ©pĂ©tais Ă  mes Ă©lĂšves lorsque j’étais encore un homme pareil aux autres, faut vraiment ĂȘtre un illuminĂ© pour dĂ©biter des Ă©normitĂ©s de ce genre parce que moi, Ă  vrai dire, quand je bois mon pot,quand je suis assis peinard Ă  l’entrĂ©e du CrĂ©dit a voyagĂ©, je ne rĂ©alise pas que la Terre que je vois lĂ  puisse ĂȘtre ronde, qu’elle puisse s’amuser Ă  tourner au tour d’elle-mĂȘme et autour du Soleil comme si elle n’avait rien d’autre Ă  foutre que de se causer des vertiges d’avion Ă  papier, qu’on me dĂ©montre donc Ă  quel moment elle tourne autour d’elle-mĂȘme, Ă  quel moment elle arrive Ă  tourner autour du Soleil, faut ĂȘtre rĂ©aliste, voyons, ne mous laissons pas embobiner par ces penseurs qui devaient se raser Ă  l’aide d’un vulgaire silex ou d’une pierre maladroitement taillĂ©e pendant que les plus modernes d’entre eux utilisaient de la pierre polie, en fait, grosso modo, si je devais analyser tout ça de trĂšs prĂšs, je dirais qu’on distinguait jadis deux grandes catĂ©gories de penseurs, d’un cĂŽtĂ© y avait ceux qui pĂ©taient dans les baignoires pour crier Ă  plusieurs reprises « j’ai trouvĂ© , j’ai trouvĂ© », mais qu’est-ce qu’on en a foutre qu’ils aient trouvĂ©, ils n’avaient qu’à garder leur dĂ©couverte pour eux, moi j’ai eu Ă  m’immerger quelques fois dans la riviĂšre Tchinouka qui a emportĂ© ma pauvre mĂšre, je n’ai rien trouvĂ© de spectaculaire dans ces eaux grises oĂč tout corps qu’on y plonge ne subit mĂȘme pas la fameuse poussĂ©e verticale de bas en haut, c’est d’ailleurs pour cela que toute la merde de notre quartier Trois – cents est tapie au fond des eaux, qu’on me dise alors comment cette merde arrive Ă  Ă©chapper Ă  la poussĂ©e d’Archimerde, et puis y avait la deuxiĂšme grande catĂ©gorie d’illuminĂ©s qui n’étaient que des oisifs, des vrais fainĂ©ants, ils Ă©taient toujours assis sous un pommier du coin et attendaient de recevoir des pommes sur la tĂȘte pour une histoire d’attraction ou de pesanteur, moi je suis contre ces idĂ©es reçues, et je dis que la Terre est plate comme l’avenue de l’indĂ©pendance qui passe devant Le CrĂ©dit a voyagĂ©, y a rien a rajouter, je proclame que la Terre est tristement immobile, que c’est le Soleil qui s’excite autour de nous parce que je le vois moi-mĂȘme parader au dessus de la toiture de mon bar prĂ©fĂ©rĂ©, qu’on ne me raconte pas d’histoire Ă  dormir debout, et le premier qui vient encore m’expliquer que la Terre est ronde, qu’elle tourne autour d’elle –mĂȘme et autour du Soleil, celui lĂ  je le dĂ©capite sur le champ, mĂȘme s’il s’écrie « et pourtant elle tourne »
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Alain Mabanckou (Broken Glass)
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J'avais surpris mon cher surhomme en flagrant délit d'humanité : je sentis que je l'en aimais davantage. Alors, je chantai la farandole, et je me mis à danser au soleil.
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Marcel Pagnol (La Gloire de mon pĂšre)
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-J'ai trĂšs envie de te dire un truc, DĂ©bo, mais j'ai peur que tu ne t'en remette pas. Que tu me tabasses Ă  coup de brosse Ă  cheveux ou que tu te mettes Ă  chanter Les Moulins de mon cƓur... - Aucun risque. Il se penche vers moi, chuchote comme un honteux secret : - Je crois que Victor est vraiment amoureux de toi. - Comme une pierre que l'on jette - Dans l'eau vive d'un ruisseauuuu! -Et qui laisse derriĂšre elle - Des milliers de ronds dans l'eauu!
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Marie Pavlenko (Je suis ton soleil)
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI) La disette a tuĂ© toute brise de vent. Le soleil s’est fondu et coulĂ© de partout. Le ciel est restĂ© vide et brĂ»lant Les seaux ne tirent des fontaines que de boue. Sur les bois frĂ©quemment feux, toujours feux Dansent sauvages, sataniques jeux. Je poursuis papa en route vers les buttes, Les chardons, les sapins m’écorchent sĂ©chĂ©s. Tous les deux commençons la poursuite des chĂšvres, La chasse d’la famine en montagnes de tout prĂšs. La soif m’accable. Bouillit sur la pierre Le fil d’eau filtrĂ© des ruisseaux. La tempe pĂšse l’épaule, comme si j’erre Une autre planĂšte, immense, Ă©trange, ennuyeux. Nous restons dans l’endroit oĂč encore retentissent Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux. Quand la lune s’élĂšve et le soleil se couche Ici viendront Ă  la fil s’abreuver Une par une, les biches. Je dis Ă  papa que j’ai soif. Il me fait signe de m’ taire. Enivrante eau. Comme tu t’agites limpide ! Je suis liĂ© par soif de cette ĂȘtre qui meurt À l’heure fixĂ© par loi et habitude. La vallĂ©e raisonne en bruissements flĂ©tris. Quel affreux crĂ©puscule flotte dans l’univers ! Le sang Ă  l’horizon. Ma poitrine rouge comme si J’ai essuyĂ© mes mains sur mon poitrail. Comme sur autel fougĂšres brĂ»lent en flammes violĂątres Et les Ă©toiles frappĂ©es parmi celles-ci miroitent. HĂ©las ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas Superbe offrande de mon noble bois ! Elle se monta sautant et s’arrĂȘta Scrutant les alentours avec de crainte Ses minces narines faisaient frĂ©mir l’eau Avec les cercles en cuivre errantes. Dans ses yeux moites brillait un certain indĂ©cis Je savais qu’elle aura mal, qu’elle va mourir. Il me semblait revivre un rĂ©cit Avec la biche, jadis une trĂšs belle fille. D’en haut, la pĂąle lumiĂšre, lunaire, Bruinait sur sa fourrure douces fleurs d’cerisier. HĂ©las ! comme je voudrais que pour la premiĂšre fois Le coup d’fusil d’papa va Ă©chouer. Mais les vallĂ©es rĂ©sonnent. Elle tombe Ă  genoux. Elle lĂšve sa tĂȘte, la tourne vers les Ă©toiles La dĂ©vala alors, en dĂ©clenchant sur eaux Fuyards tourbillons de perles noires. Un oiseau bleu bonda dans les rameaux La vie d’la biche vers l’espace attardĂ© Vola trĂšs lentement, en cris, comme en automne oiseaux Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagĂ©s. En chancelant je suis allĂ© pour lui fermer Ses yeux ombreux comme en engoisse veillĂ©s de cornes Silencieux et blanc j’ai tressailli quand l’pĂšre Me dit de tout son cƓur: “VoilĂ  de la viande !” “J’ai soif”, je dis. Papa m’incite Ă  m’abreuver. Enivrante eau, enveloppĂ© en brume ! Je suis liĂ© par soif de cette biche gaspillĂ©e A l’heure fixĂ©e par loi et par coutume
 Mais la loi nous est dĂ©serte, Ă©trangĂšre Quand la vie en nous trĂšs difficile s’anime Coutumes, compassions sont toutes dĂ©sertes Quand mĂȘme ma sƓur malade est une des victimes. La carabine d’ papa n’ Ă©mane que de fumĂ©e HĂ©las ! Sans vent s’empressent les feuillages en foule Papa prĂ©pare un feu tout effrayĂ© HĂ©las ! comme la forĂȘt se dĂ©nature ! De l’herbe, sans adresse, je prends en mains Une mince clochette d’un cliquetis argentin . Papa tire de la broche avec sa main Le cƓur de la chevreuil et ses chauds reins. C’est quoi le cƓur ?
 J’ai faim. Je veux vivre, j’ voudrais
 Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimĂ©e
 J’ai sommeil
 Comme il est haut le feu ! Et la forĂȘt sauvage ! Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mange
 1954 (cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae LabiƟ (Poezii (Biblioteca Eminescu) (Romanian Edition))
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Dans la mĂȘme collection en numĂ©rique Les MisĂ©rables Le messager d’AthĂšnes Candide L’Etranger RhinocĂ©ros Antigone Le pĂšre Goriot La Peste Balzac et la petite tailleuse chinoise Le Roi Arthur L’Avare Pierre et Jean L’Homme qui a sĂ©duit le soleil Alcools L’Affaire CaĂŻus La gloire de mon pĂšre L’Ordinatueur Le mĂ©decin malgrĂ© lui La riviĂšre Ă  l’envers - Tomek Le Journal d’Anne Frank Le monde perdu Le royaume de KensukĂ© Un Sac De Billes Baby-sitter blues Le fantĂŽme de maĂźtre Guillemin Trois contes Kamo, l’agence Babel Le Garçon en pyjama rayĂ© Les Contemplations Escadrille 80 Inconnu Ă  cette adresse La controverse de Valladolid Les Vilains petits canards Une partie de campagne Cahier d’un retour au pays natal Dora Bruder L’Enfant et la riviĂšre Moderato Cantabile Alice au pays des merveilles Le faucon dĂ©nichĂ© Une vie Chronique des Indiens Guayaki Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part La nuit de Valognes ƒdipe Disparition ProgrammĂ©e Education europĂ©enne L’auberge rouge L’Illiade Le voyage de Monsieur Perrichon LucrĂšce Borgia Paul et Virginie Ursule MirouĂ«t Discours sur les fondements de l’inĂ©galitĂ© L’adversaire La petite Fadette La prochaine fois Le blĂ© en herbe Le MystĂšre de la Chambre Jaune Les Hauts des Hurlevent Les perses Mondo et autres histoires Vingt mille lieues sous les mers 99 francs Arria Marcella Chante Luna Emile, ou de l’éducation Histoires extraordinaires L’homme invisible La bibliothĂ©caire La cicatrice La croix des pauvres La fille du capitaine Le Crime de l’Orient-Express Le Faucon maltĂ© Le hussard sur le toit Le Livre dont vous ĂȘtes la victime Les cinq Ă©cus de Bretagne No pasarĂĄn, le jeu Quand j’avais cinq ans je m’ai tuĂ© Si tu veux ĂȘtre mon amie Tristan et Iseult Une bouteille dans la mer de Gaza Cent ans de solitude Contes Ă  l’envers Contes et nouvelles en vers Dalva Jean de Florette L’homme qui voulait ĂȘtre heureux L’üle mystĂ©rieuse La Dame aux camĂ©lias La petite sirĂšne La planĂšte des singes La Religieuse 35 kilos d’espoir
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Amandine Lilois (Le petit Nicolas: Analyse complĂšte de l'oeuvre (French Edition))
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Le jour passait ainsi, tant bien que mal, Ă  manger beaucoup et boire de mĂȘme ; grand soleil fort ; bagnole pour nous trimbaler ; cigare de temps Ă  autre ; petit somme sur la plage ; revue de dĂ©tail des connasses qui passaient ; bavardages en tous genres ; un peu de rigolade ; quelques chansons aussi – une journĂ©e comme tant et tant d’autres passĂ©es en compagnie de MacGregor. En de pareils jours, j’avais l’impression que la roue cessait de tourner. En surface ce n’était que gaietĂ© et bon temps ; les heures passaient comme un rĂȘve gluant. Mais sous la surface c’était la fatalitĂ©, le domaine des prĂ©monitions qui me laissaient le lendemain dans un Ă©tat d’inquiĂ©tude morbide. Je savais parfaitement qu’il me faudrait rompre un jour, parfaitement que je passais le temps comme on passe une envie de pisser. Mais je savais aussi que je n’y pouvais absolument rien – pour le moment. J’attendais un Ă©vĂ©nement, Ă©norme, qui me ferait perdre l’équilibre. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’ĂȘtre bousculé ; mais il n’y avait qu’une force extĂ©rieure au monde oĂč je vivais qui pĂ»t me donner le choc nĂ©cessaire. De cela j’étais sĂ»r. Je ne pouvais me ronger le cƓur : c’eĂ»t Ă©tĂ© aller contre ma nature. Ma vie durant, tout avait toujours tournĂ© au mieux – Ă  la fin. Il n’était pas Ă©crit dans les cartes que je dusse m’épuiser en effort. Il fallait faire la part de la Providence – part entiĂšre, dans mon cas. J’avais contre moi toutes les apparences : j’étais guignard, eĂ»t-on dit, je ne savais pas mener ma barque ; mais rien ne pouvait m’îter de la tĂȘte que j’étais nĂ© coiffĂ©. Doublement coiffĂ© mĂȘme. Vue de l’extĂ©rieur, la situation n’était pas brillante, d’accord – mais ce qui m’inquiĂ©tait plus encore, c’était la situation intĂ©rieure. Tout en moi m’effrayait : mes appĂ©tits, ma curiositĂ©, ma souplesse, ma permĂ©abilitĂ©, ma mallĂ©abilitĂ©, mon naturel, mon pouvoir d’adaptation. En soi, aucune situation ne me faisait peur : je ne pouvais me voir autrement que prenant toutes mes aises, comme une fleur, ou mieux comme l’abeille sur la fleur, en train de butiner. MĂȘme si je m’étais retrouvĂ© en taule un beau matin, je suis sĂ»r que j’y aurais pris un certain plaisir. La raison, j’imagine, en Ă©tait que je savais opposer la force d’inertie. D’autres s’usaient Ă  tirer sur la corde, Ă  se dĂ©mener, Ă  se tendre Ă  craquer ; ma stratĂ©gie Ă©tait de flotter au grĂ© de la marĂ©e. Je me souciais beaucoup moins de ce qu’on pouvait me faire que du mal que se faisaient les autres Ă  eux-mĂȘmes ou entre eux. Je me sentais si bien, en dedans de moi, que je ne pouvais faire autrement que de prendre Ă  charge et Ă  cƓur le monde entier et ses problĂšmes. C'est pourquoi j’étais tout le temps dans la mouise. Il n’y avait entre ma destinĂ©e et moi aucun synchronisme, pour ainsi dire.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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LibertĂ© Sur mes cahiers d'Ă©colier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige J'Ă©cris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'Ă©cris ton nom Sur les images dorĂ©es Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'Ă©cris ton nom Sur la jungle et le dĂ©sert Sur les nids sur les genĂȘts Sur l'Ă©cho de mon enfance J'Ă©cris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journĂ©es Sur les saisons fiancĂ©es J'Ă©cris ton nom Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'Ă©tang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'Ă©cris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'Ă©cris ton nom Sur chaque bouffĂ©es d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne dĂ©mente J'Ă©cris ton nom Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie Ă©paisse et fade J'Ă©cris ton nom Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vĂ©ritĂ© physique J'Ă©cris ton nom Sur les sentiers Ă©veillĂ©s Sur les routes dĂ©ployĂ©es Sur les places qui dĂ©bordent J'Ă©cris ton nom Sur la lampe qui s'allume Sur la lampe qui s'Ă©teint Sur mes raisons rĂ©unies J'Ă©cris ton nom Sur le fruit coupĂ© en deux Du miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide J'Ă©cris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre Sur ses oreilles dressĂ©es Sur sa patte maladroite J'Ă©cris ton nom Sur le tremplin de ma porte Sur les objets familiers Sur le flot du feu bĂ©ni J'Ă©cris ton nom Sur toute chair accordĂ©e Sur le front de mes amis Sur chaque main qui se tend J'Ă©cris ton nom Sur la vitre des surprises Sur les lĂšvres attendries Bien au-dessus du silence J'Ă©cris ton nom Sur mes refuges dĂ©truits Sur mes phares Ă©croulĂ©s Sur les murs de mon ennui J'Ă©cris ton nom Sur l'absence sans dĂ©sir Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'Ă©cris ton nom Sur la santĂ© revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'Ă©cris ton nom Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis nĂ© pour te connaĂźtre Pour te nommer LibertĂ©
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Paul Éluard
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Être une femme, je dĂ©cide que c'est beau. Je me sens fraĂźche et fragile, mais j'ose tout. Je pars Ă  l'autre bout du monde pour Ă©corcher mon confort de jeune fille, je veux ĂȘtre une femme libre, je veux griller au soleil, manger des noix de coco, aller seule dans les herbes, prendre l'avion puis la pirogue, passer ma timiditĂ© Ă  tabac, devenir qui je sens, qui je suis dessous, lĂ , sous les Ă©paisseurs de l'apprentissage qui ont fait de moi une fille sage. DĂ©sapprentissage, devenir sauvage, devenir soi, femme, soif de ça, ĂȘtre femme soi soif et soie qui vole folle, ĂȘtre enfin soi, assoiffĂ©e, se sauver, je me dĂ©bats. Être femme c'est rabattre les voiles qui emballent mon ĂȘtre depuis toute petite. C'est rabattre les voiles qui me ficellent. C'est chercher tout au fond Ă  nu, oĂč suis-je nue, oĂč suis-je moi, oĂč suis-je femme ?
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Douna Loup (L'affaire clitoris (Bande-dessinée))
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Pour tromper le monde, je m’habille avec Ă©lĂ©gance chaque fois que je sors. J’allume mon sourire. Je maquille un peu ma tristesse puis je mets mes lunettes de soleil pour que personne ne remarque ton absence au fond de mes yeux.
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson
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My Quincey, mon soleil.
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Kayleigh King (Bloody Kingdom (The Crimson Crown, #1))
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Nous mourons pour ne plus mourir nous mourons pour ne plus mourir et nous brĂ»lerons tout entiers sur le bĂ»cher de l’ensoiffement devenus corps immolĂ©s de mystĂšre nous consumant-en-esprit pour ĂȘtre vivants toujours nous mourons vers la vie ou nous mourons vers la mort se flĂ©trissent et meurent, je ne chanterai pas je ne chanterai jamais les feuilles d’automne elles qui se flĂ©trissent et meurent automne des choses ni le jour oĂč les Ă©toiles s’effondreront dans un temps Ă  elles au-dessus de l’abĂźme ces choses-lĂ  ne sont pas celles que j’aimerai et dĂ©sirerai pour mon Ăąme l’éclat des pierres, ni la louange ni les vagues qui sont mortes, demeures des morts lorsqu’une Égypte de pierre Ă©lĂšve d’immenses sarcophages sans rien de plus prĂ©cieux que les pas sur les sables c’est une douleur assurĂ©ment de l’échec Comme si le corps qui souffre et pleure s’il Ă©tait immense, de granite devenait Ă©ternel comment pourrions-nous nous abuser quand mĂȘme ceux qui travaillaient dans le dĂ©sert ne croyaient plus et savaient savaient qu’ils bĂątissaient une ruine dans la voluptĂ© de la mort Égypte de la peur II mais voilĂ  la Parole qui ne s’est jamais couchĂ©e se montre aux dĂ©butants sous la figure d’un esclave et d’un pĂšre Ă  ceux qui peuvent la suivre sur la montagne haute de sa transfiguration en vĂ©ritĂ© et en vie Quand la parole se montre en nous tellement illuminante, tellement claire et Son visage Ă©clate comme le soleil alors ses vĂȘtements deviennent blancs et les vĂȘtements sont la parole de l’Évangile de la victoire absolue sur la mort. (p. 85 et 87)
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Daniel Turcea (L'Épiphanie)
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Comme le ciel est beau ce soir ! On dirait une mer violette, sur une mer rouge sur une mer bleue. Et les maisons : des barques qui s'endorment au fond du port. Mais le soleil est déjà couché. Il commence à faire froid. Il faut que je rentre chez moi.
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Chihiro Iwasaki (Mon anniversaire dans la neige)
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La mort de la prophĂ©tesse Je vous ai laissĂ©s avec le soleil et les eaux aux rames, et je vous retrouve tuĂ©s avec les faux et les lames. C’est Ă  vous et Ă  vous que j’ai laissĂ© ce jardin plein de grenades et de rosĂ©e, pour en faucher l’herbe, pour en cueillir les fruits, et vivre unis ! Mais Ă  peine ai-je fermĂ© la porte, et mes cendres balayĂ©es, le vent les emporte. À peine j’ai franchi le seuil, au dĂ©part, et vous avez dĂ©chirĂ© mon livre et mon Ă©tendard. La cour, je ne l’avais pas encore quittĂ©e, et quelqu’un est sorti pour s’assurer que je n’étais pas de retour. Un autre regardait le ciel par la bouche du four, dans l’espace apercevant ma cheville, sur des ponts d’argent. Suivie par les cyclones qui me mettent en chasse, je reviendrais par la voie des navires, mais elle pĂšse sur moi, la Mer des Sargasses, muraille que l’OcĂ©an seul peut bĂątir. (traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos (Cantarea muntilor)
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J’attends l’an premier J’attends l’an premier d’une autre Ăšre, l’an de la paix sur la terre. On aura dĂ©moli les grands abattoirs de l’Histoire. Mon cƓur murmure dĂ©jĂ  : « FrĂšre, pardonne-moi cet hĂ©ritage de haine, et au nom de la souffrance humaine, prends ma main, frĂšre. Moi aussi j'ai mordu la poussiĂšre et j'ai pleurĂ©. Tous les miens morts, Ă©teint le feu du foyer, dans mon incendiĂ©e patrie
 Aurore Ă©trange, le sang avait lui, Les uns aprĂšs les autres, les horizons tombĂšrent devant moi et derriĂšre. Je franchissais les confins, des riviĂšres et des monts. Et personne n’était plus grand que les grands soldats sans noms. Nous nous frayions une voie Ă  travers les foules grises qui se retiraient, effrayĂ©es, comme l’eau. Les obus tuaient et creusaient du mĂȘme coup le tombeau de la mĂšre et de l’enfant. Et la mort, comme un revenant, traversait les champs dĂ©sertĂ©s. Et cependant, le yacht aux ponts dorĂ©s par le soleil du Midi, comme un oiseau sans tache, flottait. Le milliardaire fumait sa havane: « Ô monde merveilleusement rĂ©glĂ© ! » (Un ver qui grossit dans la plaie qu’il profane, de l’humanitĂ© toujours dans le sang
) FrĂšre, n’ayons plus de ressentiments ni de rĂȘves chauvins. Comme moi, tu travailles de tes mains. Tu laboures la terre. Peut-ĂȘtre, tu Ă©cris. Il y a des foyers pauvres en d’autres lieux aussi. Sur ton visage, je comprends sans mots que tu te rĂ©veilles chaque jour trĂšs tĂŽt, et couches tard chaque soir. Donne-moi ta main, sors de ton cercueil, dĂ©molissons les historiques abattoirs, regarde : le soleil sur le seuil
 (traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos (Cantarea muntilor)
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Si on avait justement partagĂ© Dans les dĂ©filĂ©s des montagnes, je gĂ©mis, la tempe sur la pierre. Et j'aurais voulu, ta lumiĂšre la chanter encore, sommet des montagnes ! Si on avait justement partagĂ© toutes les peines du monde, autant sur mon cƓur que sur le tien, je ne serais pas morte aussi jeune. J’aurais pu me rĂ©jouir encore longtemps, en riant, sous les verts rameaux, j'aurais pu encore longtemps chanter, la tempe collĂ©e Ă  l’orgue des forets. Il y avait encore tant de jardins Ă  cueillir
 J’aurais ornĂ© jusqu’au fond ce plateau rond, avec des Ă©charpes et des pommes. Si on avait justement partagĂ© toutes les peines du monde, beaucoup d’annĂ©es encore, j’aurais moissonnĂ© le soleil de ces terres. Mon ami, apporte-moi des Ă©pis de blĂ©, lĂ -haut, sur le sommet des montagnes, prĂ©s des cieux et des vents, prĂšs du feu silencieux des bergers. Vie, pour les uns tu as Ă©tĂ© un Ă©ternel festin, pour moi — une pluie dĂ©serte, toi et tes balances truquĂ©es
 Et pourtant, je te salue et je pars Ă  regret. (traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos (Cantarea muntilor)
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Sur les bords du Danube Venu du Gange oĂč mon rĂȘve module Midi, mirage au soleil qui rutile, Mon cƓur s'entrouvre en grande campanule, Ma force tient en des frissons subtils. Puits Ă  bascule, auberges et gourdins Pusztas, vacarme, ivrognes qui titubent ; Baisers grossiers, tueurs de rĂȘves vains, Que fais-je ici sur les bords du Danube ? (p. 79, adaptation d'Anne-Marie de Backer)
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Endre Ady (PoÚtes d'aujourd'hui, n°160 : ENDRE ADY)
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Mon peuple fantĂŽme (poĂšme d'Ilarie Voronca) Entre mer et terre. Entre pierres et ciel. Avec le pain jaune de la route. Avec le vin rouillĂ© de la forĂȘt VoilĂ  mon ouvrage accompli. Et les outils de travail Sont devenus des instruments de musique. C’est ainsi Qu’à travers la flamme de la mĂ©moire les objets se changent en paroles. Sur le promontoire, ici, dernier vestige de l’homme. Rencontre. Le vent jette dans l’écume ses Ă©pĂ©es d’eaux. Solitude coupĂ©e gĂ©omĂ©triquement par les oiseaux Qu’ici donc les visages de la vie se montrent. Le soleil tombĂ© dans mon Ɠil salĂ©. Face Aux algues chevelues et aux cortĂšges de poissons Mon visage fĂȘlĂ© par le vent comme le bord d’une tasse, Sur mes lĂšvres serrĂ©es : aube ou crĂ©puscule comme un son. Sans filets, sans armes De chasse. CollĂ© aux rochers. Vers le Sud Les aigles d’écumes. Seul avec mon travail accompli entre terre et larmes. Les cannes Ă  pĂȘche sont devenues des harpes. Les fusils des flĂ»tes. Mais le cƓur est la barque Ă©ternelle d’Ulysse Qui touche dans son rĂȘve tant d’üles, Dans les veines, de nouveaux archipels surgissent, Une parole, un rire, font naĂźtre une ville. LĂ  sur le promontoire j’attendais ces passages D’üles : oiseaux Ă©tranges jaillis d’entre les cordes Je te reconnaĂźtrai fantĂŽme entre ces bĂąches Des terres nomades. LĂ  prĂšs du Peuple Ă©tranger dont la patrie est morte Est ma place. LĂ  sur l’Ile fantĂŽme Je viendrai avec mes instruments de musique. Avec ma journĂ©e accomplie. Temps d’exil ? Non. Fuite Ă  travers les glaciers du sommeil ? Non. Le ver de la souffrance tordu dans la pomme de cette blessure. Mais jusqu’alors : sans armes, sans outils, sur cette Pierre : extrĂȘme limite du continent Entre rochers et flots qui rejettent Le lait blanc de l’écume jusqu’à ma faim, jusqu’au vent, Ici. Loin de l’homme implacable. Loin Des distributeurs de terre. Sans retour. Sans fuite. La voix oubliĂ©e en moi comme une lettre dans un livre J’attends mon peuple fantĂŽme, mon Ăźle-fantĂŽme.
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Ilarie Voronca
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Ma vie s'illumine Tes cheveux au soleil sont encore plus dĂ©colorĂ©s, ma reine de pique et de sel. Le rivage s'est dĂ©tachĂ© de la mer et t'a suivie comme une ombre, comme un serpent dĂ©sarmĂ©. Passent les fantĂŽmes de l'Ă©tĂ© en dĂ©clin, les navires de mon cƓur marin. Et ma vie s'illumine, sous ton Ɠil vert Ă  midi, gris comme la terre au crĂ©puscule. Oh-ho, je cours et bondis et m'Ă©coule. Laisse-moi encore une minute. Laisse-moi encore une seconde. Laisse-moi encore le temps d'une feuille, d'un grain de sable. Laisse-moi encore une brise, une onde. Laisse-moi encore une saison, un un an, un temps.
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Nichita Stănescu (Le grand passage : Une vision des sentiments)
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j’ai passĂ© des jours au lit minĂ©e par la perte j’ai tentĂ© de te faire revenir Ă  force de larmes mais l’eau s’est tarie et tu n’es quand mĂȘme pas revenu je me pince le ventre jusqu’au sang j’ai perdu le fil des jours le soleil se fait lune et la lune se fait soleil et je me fais fantĂŽme une dizaine de pensĂ©es diffĂ©rentes me traversent chaque seconde tu reviens sĂ»rement vers moi mieux vaut peut-ĂȘtre que tu restes oĂč tu es je vais bien non je suis en colĂšre oui je te dĂ©teste peut-ĂȘtre je ne peux pas passer Ă  autre chose je vais passer Ă  autre chose je te pardonne j’ai envie de m’arracher les cheveux et de recommencer encore et encore et encore jusqu’à ce que mon esprit Ă©puisĂ© sombre dans le silence
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Rupi Kaur (The sun and her flowers)
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La maladie Docteur, je sens un mal mortel Ici, dans la rĂ©gion de mon ĂȘtre. Tous mes organes me font mal : Le jour, c’est le soleil, La nuit, ce sont la lune et les Ă©toiles. J’ai mal Ă  ce nuage dans le ciel, Que je n’ai mĂȘme pas remarquĂ©, Et je m’éveille tous les matins Avec un goĂ»t d’hiver. C’est en vain que j’ai pris ces remĂšdes : J’ai haĂŻ, aimĂ©, appris Ă  lire Lu quelques livres, CausĂ© aux gens, pensĂ©, ÉtĂ© bon, Ă©tĂ© beau. Tout cela est restĂ© sans effet, docteur, Et j’ai dĂ©pensĂ© en vain beaucoup d’annĂ©es. Je crois ĂȘtre tombĂ© malade de la mort Le jour OĂč je suis nĂ©. (Traduction d’Alain Bosquet)
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Marin Sorescu
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Je suis le tĂ©nĂ©breux, — le veuf, — l'inconsolĂ©, Le prince d'Aquitaine Ă  la tour abolie : Ma seule Ă©toile est morte, — et mon luth constellĂ© Porte le Soleil noir de la MĂ©lancolie." "I am the Dark One, – the Widower, – the Unconsoled The Aquitaine Prince whose Tower is destroyed: My only star is dead,- and my constellated lute Bears the black Sun of Melancholia.
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GĂ©rard de Nerval
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Je ne te laisserai plus jamais tomber. Je veux ĂȘtre prĂ©sente pour toi chaque seconde et je veux que chaque seconde passĂ©e ensemble compte. Je veux me gorger de tes rires et essuyer tes larmes. [...] Je ne pourrais plus vivre sans toi : tu es mon soleil et mon espoir, ma principale raison de me battre. Un fait ne changera jamais... L'amour absolu que j'Ă©prouve pour toi. Je t'aime, Aube. C'est la seule chose immortelle chez moi. Personne ne me l'enlĂšvera, pas mĂȘme la Mort.
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Anna Triss (La Guerre céleste, Partie 1 (La Guilde des ombres #3A))
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Ici mĂȘme, je sais que jamais je ne m'approcherai assez du monde. Il me faut ĂȘtre nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumĂ© des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-lĂ , et nouer sur ma peau l'Ă©treinte pour laquelle soupirent lĂšvres Ă  lĂšvres depuis si longtemps la terre et la mer. EntrĂ© dans l'eau, c'est le saisissement, la montĂ©e d'une glu froide et opaque, puis le plongeon dans le bourdonnement des oreilles, le nez coulant et la bouche amĂšre - la nage, les bras vernis d'eau sortis de la mer pour se dorer dans le soleil et rabattus dans une torsion de tous les muscles; la course de l'eau sur mon corps, cette possession tumultueuse de l'onde par mes jambes - et l'absence d'horizon. Sur le rivage, c'est la chute dans le sable, abandonnĂ© au monde, rentrĂ© dans ma pesanteur de chair et d'os, abruti de soleil, avec, de loin en loin, un regard pour mes bras oĂč les flaques de peau sĂšche dĂ©couvrent, avec le glissement de l'eau, le duvet blond et la poussiĂšre de sel.
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Albert Camus (Noces suivi de L'été)
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semnele de pe trandafirul japonez la fiecare răsărit sorb din cafea și mă restartez citesc pe frunzele trandafirului japonez buletinul meteorologic Ăźmi strig amintirile de pe străduțele Ăźnguste o lume pestriță forfotește Ăźmprejur fiecare vorbește cu glasul meu zĂźmbește folosind codul meu pentru bună dispoziție dar sună sirena la spitalul din colț o alarmă falsă sau poate o naștere de mult nu s-a mai ĂźntĂąmplat ceva deosebit pe strada mea cercetez ceasul s-a făcut tĂąrziu și o să ĂźntĂąrzii la slujbă prin geamul pătat de muște doi sticleți se holbează cocoțați pe gardul din sĂąrmă ghimpată este locul Ăźn care timpul Ăźmi lasă mereu o gustare * les signes sur l’hibiscus Ă  chaque lever de soleil je sirote mon cafĂ© et je me rĂ©initialise je lis sur les feuilles de l’hibiscus le bulletin mĂ©tĂ©o je hĂšle mes souvenirs Ă©garĂ©s dans les Ă©troites ruelles un monde bigarrĂ© fourmille tout autour chacun parle avec ma propre voix chacun sourit en utilisant mon propre code de bonne humeur mais la sirĂšne sonne Ă  l’hĂŽpital du coin une fausse alerte ou bien une naissance depuis longtemps rien de spĂ©cial n’est advenu dans ma rue j’interroge ma montre il est dĂ©jĂ  tard et je vais me mettre en retard Ă  mon travail Ă  travers la vitre tĂąchĂ©e par les mouches deux chardonnerets observent fixement juchĂ©s sur la clĂŽture en barbelĂ© c’est l’endroit oĂč le temps me dĂ©pose toujours un goĂ»ter (traduit en français par Gabrielle Danoux)
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Ioan Barb
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À une soie Je te revois tendue et sans vent dans les ombres Propice et large soie Ă©talĂ©e sans un pli Tendre comme un discours de musique profonde Et suave de trois cruautĂ©s agrandies. Le morceau appelant mon cƓur Ă©tait le rouge Non pas rouge mais rose en pĂ©tales sĂ©chĂ©s Non pas de fleurs mais par angoisse un peu lilas Des tons exquis du sang longtemps assassinĂ© De Marat. Et le blanc portait comment un soleil Le reflet jaunissant des plus calmes peintures La douceur de la mort Et le travail de lui l’huile Ă  des couchants vermeils. Le bleu seul Ă©tait dur comme les yeux des airs L’opaque ciel qui tient la majestĂ© divine PrisonniĂšre en lui ainsi qu’au premier jour Le ciel terrible et pur Ă  la hampe guerriĂšre. Mais surtout la Parole en sortait la criante La violente importante et parole d’effroi Ou parole d’amour lue la premiĂšre fois À haĂŻr, adorer, Ă  laisser ou Ă  prendre. La parole adorĂ©e dans des lettres dorĂ©es Qui font relief en trĂ©buchante maladresse Qui hĂ©sitent comme en souffrant À retourner d’un soc le monde labourĂ©. Paroles feu riant ! Perspectives humaines Ouvertes par les mots Ă©tranges d’un enfant Et l’histoire achevĂ©e les pierres calcinĂ©es À remettre en poussiĂšre et jeter sur les chaĂźnes ! La parole pour plaire Ă  Dieu disait Justice Sur les bois engluĂ©s d’un holocauste fort L’honneur avait rempli le sacrifice Et le drapeau disait : LibertĂ© ou la Mort.
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Pierre Jean Jouve
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L'écriture, c'est la mémoire. Nous écrivons autour d'une mutilation et du soleil. Il fallait me pendre à mon landau.
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Alain Prique
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C’était l’ivresse de trancher, d’un seul coup, tous les liens : rupture brutale et volontaire avec la discipline qu’on vous impose, le pensionnat, vos maĂźtres, vos camarades de classe. DĂ©sormais, vous n’aurez plus rien Ă  faire avec ces gens-là ; rupture avec vos parents qui n’ont pas su vous aimer et dont vous vous dites qu’il n’y a aucun recours Ă  espĂ©rer d’eux ; sentiment de rĂ©volte et de solitude portĂ© Ă  son incandescence et qui vous coupe le souffle et vous met en Ă©tat d’apesanteur. Sans doute l’une des rares occasions de ma vie oĂč j’ai Ă©tĂ© vraiment moi-mĂȘme et oĂč j’ai marchĂ© Ă  mon pas. Cette extase ne peut durer longtemps. Elle n’a aucun avenir. Vous ĂȘtes trĂšs vite brisĂ© net dans votre Ă©lan. La fugue – paraĂźt-il – est un appel au secours et quelquefois une forme de suicide. Vous Ă©prouvez quand mĂȘme un bref sentiment d’éternitĂ©. Vous n’avez pas seulement tranchĂ© les liens avec le monde, mais aussi avec le temps. Et il arrive qu’à la fin d’une matinĂ©e, le ciel soit d’un bleu lĂ©ger et que rien ne pĂšse plus sur vous. Les aiguilles de l’horloge du jardin des Tuileries sont immobiles pour toujours. Une fourmi n’en finit pas de traverser la tache de soleil. 
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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En haut, au cƓur de la montagne, la Couleuvre rampa et se blottit. LovĂ©e au sein d’une crevasse humide, elle regardait la mer. Le soleil brillait haut dans le ciel. Dans le ciel les sommets exhalaient leur chaleur. A leurs pieds les vagues venaient se briser... Au fond d’une gorge noyĂ©e d’obscuritĂ© et d’embruns, dans un tonnerre de pierres, un torrent se prĂ©cipitait vers la mer
 Tout en Ă©cume blanche, puissant et grisonnant, il fendait la roche et, hurlant de colĂšre, se jetait dans les flots. Soudain du ciel, dans la crevasse oĂč la Couleuvre se blottissait, tomba le Faucon, la poitrine dĂ©chirĂ©e, les plumes ensanglantĂ©es... Dans un cri bref, il s’était Ă©crasĂ©, et, plein de colĂšre impuissante, frappait de sa poitrine l’ñpretĂ© de la pierre... D'abord, la Couleuvre effrayĂ©e recula, mais bientĂŽt elle comprit que l’oiseau blessĂ© n’avait plus longtemps Ă  vivre
 Elle rampa et, fixant le Faucon droit dans les yeux, lui siffla : - Quoi, voilĂ  donc que tu meurs ? - Oui, je meurs ! lui rĂ©pondit l’oiseau dans un profond soupir. Je meurs mais j’ai vĂ©cu dans la gloire !... J'ai connu la fĂ©licitĂ© !
 J’ai combattu vaillamment !
 J'ai vu le ciel comme jamais tu ne sauras t’en approcher !... Pauvre crĂ©ature ! - Le ciel !?
 Qu'est-ce le ciel pour moi ? Un espace vide oĂč je ne puis ramper. Ici je me sens bien : il y fait si douillettement chaud et humide ! Ainsi rĂ©pondit la Couleuvre Ă  l'oiseau Ă©pris de libertĂ©, gloussant au fond d’elle-mĂȘme de devoir Ă©couter de pareilles sornettes. Ainsi pensait l’ophidien : "Qu’on vole ou bien qu’on rampe, chacun connaĂźt ici la fin : tous nous reposerons sous terre et tout finira en poussiĂšre..." Mais le Faucon tenta de se soulever, dressa la tĂȘte et porta son regard alentour. Au fond de cette gorge, dans cette obscuritĂ©, l'eau suintait entre les pierres grises, l’air Ă©tait suffocant et puait la charogne. Alors le Faucon rassemblant toutes ses forces laissa Ă©chapper un cri de douleur et de chagrin : - Oh, que ne puis-je une derniĂšre fois m’envoler et rejoindre le ciel ! LĂ , j’étreindrais mon ennemi
 contre ma poitrine et... il s’étoufferait de mon sang ! Ô, Ivresse de la bataille !... L’entendant ainsi gĂ©mir la Couleuvre se dit : "Comme il doit ĂȘtre bon de vivre dans le ciel !" Elle proposa Ă  l’oiseau Ă©pris de libertĂ© : "Va, approche-toi du gouffre et prĂ©cipite-toi dans le vide. Et qui sait ? tes ailes te porteront. Ainsi te sera-t-il donnĂ© de vivre encore un instant dans ce monde qui est le tien." Le Faucon frĂ©mit et fiĂšrement dans un cri s'approcha de l’abĂźme, s’agrippant de ses griffes, rampant sur la pierre glissante. ArrivĂ© au bord du prĂ©cipice, il dĂ©ploya ses ailes, prit une profonde inspiration ; ses yeux clignĂšrent plusieurs fois et il se jeta dans le vide. Il tomba plus vite qu’une pierre et se brisa les ailes, dĂ©valant et roulant sur les roches, y laissant ses plumes
 Le flot du ruisseau le saisit, le lava de son sang et l’inondant d’écume l’emporta vers la mer. Dans un rugissement de douleur, les vagues amĂšres battaient contre les pierres... Le corps de l’oiseau Ă  tout jamais disparut dans le vaste ocĂ©an
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Maxime Gorki (Le bourg d'Okourov)
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En haut, au cƓur de la montagne, la Couleuvre rampa et se blottit. LovĂ©e au sein d’une crevasse humide, elle regardait la mer. Le soleil brillait haut dans le ciel. Dans le ciel les sommets exhalaient leur chaleur. A leurs pieds les vagues venaient se briser... Au fond d’une gorge noyĂ©e d’obscuritĂ© et d’embruns, dans un tonnerre de pierres, un torrent se prĂ©cipitait vers la mer
 Tout en Ă©cume blanche, puissant et grisonnant, il fendait la roche et, hurlant de colĂšre, se jetait dans les flots. Soudain du ciel, dans la crevasse oĂč la Couleuvre se blottissait, tomba le Faucon, la poitrine dĂ©chirĂ©e, les plumes ensanglantĂ©es... Dans un cri bref, il s’était Ă©crasĂ©, et, plein de colĂšre impuissante, frappait de sa poitrine l’ñpretĂ© de la pierre... D'abord, la Couleuvre effrayĂ©e recula, mais bientĂŽt elle comprit que l’oiseau blessĂ© n’avait plus longtemps Ă  vivre
 Elle rampa et, fixant le Faucon droit dans les yeux, lui siffla : - Quoi, voilĂ  donc que tu meurs ? - Oui, je meurs ! lui rĂ©pondit l’oiseau dans un profond soupir. Je meurs mais j’ai vĂ©cu dans la gloire !... J'ai connu la fĂ©licitĂ© !
 J’ai combattu vaillamment !
 J'ai vu le ciel comme jamais tu ne sauras t’en approcher !... Pauvre crĂ©ature ! - Le ciel !?
 Qu'est-ce le ciel pour moi ? Un espace vide oĂč je ne puis ramper. Ici je me sens bien : il y fait si douillettement chaud et humide ! Ainsi rĂ©pondit la Couleuvre Ă  l'oiseau Ă©pris de libertĂ©, gloussant au fond d’elle-mĂȘme de devoir Ă©couter de pareilles sornettes. Ainsi pensait l’ophidien : "Qu’on vole ou bien qu’on rampe, chacun connaĂźt ici la fin : tous nous reposerons sous terre et tout finira en poussiĂšre..." Mais le Faucon tenta de se soulever, dressa la tĂȘte et porta son regard alentour. Au fond de cette gorge, dans cette obscuritĂ©, l'eau suintait entre les pierres grises, l’air Ă©tait suffocant et puait la charogne. Alors le Faucon rassemblant toutes ses forces laissa Ă©chapper un cri de douleur et de chagrin : - Oh, que ne puis-je une derniĂšre fois m’envoler et rejoindre le ciel ! LĂ , j’étreindrais mon ennemi
 contre ma poitrine et... il s’étoufferait de mon sang ! Ô, Ivresse de la bataille !... L’entendant ainsi gĂ©mir la Couleuvre se dit : "Comme il doit ĂȘtre bon de vivre dans le ciel !" Elle proposa Ă  l’oiseau Ă©pris de libertĂ© : "Va, approche-toi du gouffre et prĂ©cipite-toi dans le vide. Et qui sait ? tes ailes te porteront. Ainsi te sera-t-il donnĂ© de vivre encore un instant dans ce monde qui est le tien." Le Faucon frĂ©mit et fiĂšrement dans un cri s'approcha de l’abĂźme, s’agrippant de ses griffes, rampant sur la pierre glissante. ArrivĂ© au bord du prĂ©cipice, il dĂ©ploya ses ailes, prit une profonde inspiration ; ses yeux clignĂšrent plusieurs fois et il se jeta dans le vide. Il tomba plus vite qu’une pierre et se brisa les ailes, dĂ©valant et roulant sur les roches, y laissant ses plumes
 Le flot du ruisseau le saisit, le lava de son sang et l’inondant d’écume l’emporta vers la mer. Dans un rugissement de douleur, les vagues amĂšres battaient contre les pierres... Le corps de l’oiseau Ă  tout jamais disparut dans le vaste ocĂ©an

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Maxime Gorki
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Le coucher de soleil, le printemps, le bleu de la mer, les étoiles de la nuit, toutes ces choses que nous disons captivantes n'ont de magie que lorsqu'elles gravitent autour d'une femme, mon garçon... Car la Beauté, la vrai, l'unique, la beauté phare, la beauté absolue, c'est la femme. Le reste, tout le reste n'est qu'accessoires de charme.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Il était mon soleil, et je gravitais autour de lui comme une planÚte délaissée. Une planÚte qui, enténébrée par son passé, courait résolument à sa perte.
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Tiphaine Bleuvenn (Sylphide)
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De l'Ă©ternel azure la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poĂ«te impuissant qui maudit son gĂ©nie A travers un dĂ©sert stĂ©rile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermĂ©s, je le sens qui regarde Avec l'intensite d'un remords atterrant, Mon Ăąme vide, OĂč fuir? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mĂ©pris navrant? Brouillards, montez! Versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Qui noiera le marais livide des automnes Et batissez un grand plafond silencieux! Et toi, sors de Ă©tangs lĂ©thĂ©ens et ramasse En t'en venant la vase et les pĂąles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse Les grands trous bleux que font mĂ©chamment les oiseaux. Encor! que sans rĂ©pit les tristes cheminĂ©es Fument, et que de suie une errante prison Èteigne dans l'horreur de ses noires traĂźnĂ©es Le soleil se mourant jaunatre a l'horizon! -Le Ciel est mort. -Vers toi, j'accours! donne, ĂŽ matiĂšre, L'oubli de l'IdĂ©al cruel et du PĂ©chĂ© A ce martyr qui vient partager la litiĂšre Ou le bĂ©tail heureux des hommes est couchĂ©, Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidĂ©e Comme le pot de fard gisant au pied du mur, N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idĂ©e, Lugubrement bĂąiller vers un trĂ©pas obscur. . . En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante Dans les cloches. Mon Ăąme, il se fait voix pour plus Nous faire peur avec sa victoire mĂ©chante, Et du mĂ©tal vivant sort en bleus angĂ©lus! Il roule par la brume, ancien et traverse Ta notive agonie ainsi qu'un glaive sur; Ou fuir dans la rĂ©volte inutle et perverse? Je suis hantĂ©. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur.
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Stéphane Mallarmé
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Le plus mĂ©chant des gangsters, le plus influent des politiques, le plus fort des hommes Ă©tait aprĂšs tout mon semblable, pourvu d'un dĂ©but et d'une fin, Ă©voluant sous le mĂȘme ciel que moi, sous la mĂȘme lune que moi, avec un cƓur comme le mien. Incapable tout comme moi d'Ă©teindre le soleil ou de crĂ©er ne serait-ce qu'un moucheron. Aussi mĂ©chant soit-il, il mourrait tĂŽt ou tard, comme moi.
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MĂ©lanie Georgiades (Diam's: autobiographie)
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Mon climat intĂ©rieur est tropical aujourd'hui : il y a de la pluie, du soleil, des odeurs fortes, et un sentiment de pourriture vĂ©gĂ©tale flotte dans l’air dĂ©bilitant.
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Simone Schwarz-Bart (Adieu Bogota)
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« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais. Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais. Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles reprĂ©sentent. Je dormirais peu, je rĂȘverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, Ă  chaque minute nous perdons 60 secondes de lumiĂšre. Je marcherais quand les autres s'arrĂȘteraient, je me rĂ©veillerais quand les autres dormiraient. Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais Ă  plat ventre au soleil, laissant Ă  dĂ©couvert pas seulement mon corps, mais aussi mon Ăąme. Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'ĂȘtre amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'ĂȘtre amoureux ! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre Ă  voler tout seul. Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli. J'ai appris tant de choses de vous les hommes
 J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la maniĂšre d'y arriver. J'ai appris que lorsqu'un nouveau-nĂ© serre pour la premiĂšre fois, le doigt de son pĂšre, avec son petit poing, il le tient pour toujours. J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables Ă  se relever. J'ai appris tant de choses de vous, mais Ă  la vĂ©ritĂ© cela ne me servira pas Ă  grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir. Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses. Si je savais que c'est peut ĂȘtre aujourd'hui la derniĂšre fois que je te vois dormir, je t'embrasserais trĂšs fort et je prierais pour pouvoir ĂȘtre le gardien de ton Ăąme. Si je savais que ce sont les derniers moments oĂč je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais dĂ©jĂ . Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilitĂ© pour faire les choses bien, mais au cas oĂč elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais. Le lendemain n'est sĂ»r pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux. C'est peut ĂȘtre aujourd'hui que tu vois pour la derniĂšre fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut ĂȘtre demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu Ă©tais trop occupĂ© pour accĂ©der Ă  un de leur dernier dĂ©sir. Garde ceux que tu aimes prĂšs de toi, dis-leur Ă  l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensĂ©es secrĂštes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer. Dis Ă  tes amis et Ă  ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi. Monsieur MĂĄrquez a terminĂ©, disant : Envoie cette lettre Ă  tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passĂ©. Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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Je crois que je suis divisé en trois parties. PremiÚrement je suis fait de mon individualité ; deuxiÚmement je suis le produit de mes parents, de mon éducation, de ma famille et de ma société ; troisiÚmement je suis un représentant du principe de vie en général, c'est-à-dire de cette force, justement, qui fait que les électrons tournent autour du noyau de l'atome, que les fourmis fourmillent et que le soleil se lÚve. Une partie de moi est aussi électron et fourmi et soleil et cela, l'éducation la plus bourgeois ne peut l'abßmer en rien. (p. 295-296)
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Fritz Zorn (Mars)
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Mon efficacitĂ© dans le combat concret et le corps Ă  corps brutal apparaĂźt ridicule en comparaison de celle d'Edo. Certes. Mais moi, je sais creuser des gouffres de peines chez l'ĂȘtre le plus insensible. Je parviens Ă  faire naĂźtre le dĂ©sir cruel, l'envie aliĂ©nante, la frustration implacable. J'obsĂšde, j'Ă©nerve, je tends et j'agace. Je fascine, j'excite, je dĂ©truis et rends dĂ©ment. Je suis le roi de l'artifice. Je fais exploser dans le ciel de ma victime des comĂštes hallucinatoires, des soleils dĂ©lirants et des Ă©clairs de folie avant de laisser tomber sur ses jours une nuit noire Ă©paisse et dense, qui ne prĂ©cĂšde aucune aurore prometteuse. Et si je suis vraiment d'humeur fouillis-souillonne comme maintenant, je peux en tirer un plaisir indĂ©cent quasi onaniste. Que l'on se rassure : je ne vais pas casser le jouet de mes petits camarades. Juste m'amuser un peu avec...
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Eli Esseriam (Oméga (Apocalypsis, #5))
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Au moment oĂč ma conscience revient, il y a toujours quelques secondes pendant lesquelles je ne fais que respirer et apprĂ©cier l’instant, au chaud dans mon lit. En plus, s’il y a un rayon de soleil, je suis presque en extase, Ă  la puissance 10. Pendant ce bref laps de temps, je n’ai pas de nom, pas de passĂ©, pas d’avenir.
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Jean-Philippe Touzeau (La femme sans peur 1)
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Je n'ai plus mĂȘme pitiĂ© de moi Et ne puis exprimer mon tourment de silence Tous les mots que j'avais Ă  dire se sont changĂ©s en Ă©toiles Un Icare tente de s'Ă©lever jusqu'Ă  chacun de mes yeux Et porteur de soleils je brĂ»le au centre de deux nĂ©buleuses Qu'ai-je fait aux bĂȘtes thĂ©ologales de l'intelligence Jadis les morts sont revenus pour m'adorer Et j'espĂ©rais la fin du monde Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Parole aprĂšs parole, le visage de Reine Sans Nom s'amenuisait et je ne savais comment lui dire de se taire, et elle chuchotait Ă  mon oreille, me dĂ©signant d'un doigt la bruine qui tombait doucement du ciel... ce ne sont pas des pleurs, mais une lĂ©gĂšre buĂ©e, car une Ăąme humaine doit regretter la vie... et une douceur extrĂȘme passa dans sa voix tandis qu'elle murmurait encore... Ă©coute, les gens t'Ă©pient, ils comptent toujours sur quelqu'un pour savoir comment vivre... si tu es heureuse, tout le monde peut ĂȘtre heureux et si tu sais souffrir, les autres sauront aussi... chaque jour tu dois te lever et dire Ă  ton cƓur : j'ai assez souffert et il faut maintenant que je vive, car la lumiĂšre du soleil ne doit pas se gaspiller, se perdre sans aucun Ɠil pour l'apprĂ©cier... et si tu n'agis pas ainsi tu n'auras pas le droit de dire : c'est pas ma faute, lorsque quelqu'un cherchera une falaise pour se jeter Ă  la mer...
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Schwarz-Bart Simone
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Dans les commentaires dĂ©lirants auxquels l'article de l'avocat donna lieu, devait revenir sous les formes les plus insolites la comparaison avec le sourire de la Joconde. MaĂźtre Homaire avait, entre autres, Ă©crit : « Dans le voile bleutĂ© du petit matin, confondu avec les voiles des noces, il Ă©manait de la mort d'Hadriana SiloĂ© une espĂšce d'envoĂ»tement sublunaire considĂ©rablement renforcĂ© par l'allĂ©gresse Ă©nigmatique des lĂšvres. Comme chez Mona Lisa, le charme du visage semblait pivoter sur lui-mĂȘme, complĂštement purifiĂ© des contingences consternantes du dĂ©cĂšs et portĂ© Ă  merveille Ă  l'incandescence intĂ©rieure qui sied Ă  l'Ă©ternelle beautĂ© fĂ©minine. » A la fin de 1946, Ă  mon arrivĂ©e Ă  Paris, je me prĂ©cipitai, haletant, au musĂ©e du Louvre, vers la cĂ©lĂšbre toile de Leonardo, comme au premier rendez-vous pris loin de Jacmel avec Nana SiloĂ©. J'en fus profondĂ©ment déçu. La Joconde Ă©tait bien le chef-d'Ɠuvre d'un peintre gĂ©nial, mais, comparĂ©e Ă  la jeune fille de mon souvenir, elle semblait plutĂŽt ricaner, sans aucun feu intĂ©rieur. Dans la trame de ma nostalgie inguĂ©rissable, Hadriana avait son maquillage de mariĂ©e intact ; la peau de son cou et de ses mains Ă©tait aussi lisse et fraĂźche qu'une mangue cueillie juste avant le lever du soleil. La mort avait donnĂ© Ă  sa beautĂ© un air de joyeuse profondeur comme si elle Ă©tait intĂ©rieurement absorbĂ©e par un rĂȘve plus prodigieux que la vie et la mort Ă  la fois. Sa bouche n'Ă©voquait pas un sourire lĂ©gendaire, mais un fruit Ă©clatant de fraĂźcheur auquel toute bouche assoiffĂ©e aurait voulu mordre jusqu'Ă  l'extase.
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RenĂ© Depestre (Hadriana dans tous mes rĂȘves (French Edition))
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la pluie comme le soleil, les temps oĂč l’on peine sur les devoirs comme les temps de rĂ©crĂ©ation... L’un ne va pas sans l’autre. Bref, depuis cette maladie, je me plains beaucoup moins... mais cela m’arrive encore, et mĂȘme peut-ĂȘtre trop souvent, me dit maman ! Pourtant quelque chose a changé : dans ces moments-lĂ , je repense Ă  tout ce que j’ai appris, couchĂ©e sur mon lit Ă  onze ans... et je me remets alors Ă  sourire Ă  la vie !
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Marc Thil (Histoires Ă  lire le soir 2 (French Edition))
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Mon bonheur est d'avoir trouvĂ© le sens de ma prĂ©sence sur terre, et auprĂšs des autres et il a commencĂ© le jour oĂč j'ai ouvert les yeux et le cƓur sur la grandeur et la beautĂ© de la crĂ©ation. Être seulement Ă©mue devant un coucher de soleil, ranger ses angoisses et son Ă©go dans sa poche, contempler ce que la main de l'homme ne peut ni imiter ni gĂącher : les Ă©toiles, la lune, les vents... Se laisser Ă©blouir et envahir par la splendeur d'un paysage. Se sentir petit, modeste devant tant de grandeur mais surtout heureux de pouvoir accueillir ces sentiments dans son cƓur. Heureux d'ĂȘtre encore capable de s'Ă©merveiller. La terre est vaste mais pas plus vaste que nos cƓurs.
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MĂ©lanie Georgiades (Diam's: autobiographie)
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La vie et encore assez douce pour nous
 mĂȘme si nous savons que cela ne tardera pas. Et cela aussi sera un bien. MĂȘme la mort sera un bien, je pense, non parce qu’elle mettra fin aux anciennes amertumes, mais parce qu’à mon avis elle sera la derniĂšre des aigres saveurs qui m’ont signalĂ© que j’étais en vie. Par-dessous toutes choses je continue d’entendre le cri de la terre, mais il n’affecte plus ce que je vois et ce que je fais. Au contraire, il rehausse mes plaisirs, car le lever du soleil est plus Ă©clatant Ă  couse des sombres gouffres au fond de moi, et la sourire de Saranna est plus chaleureux Ă  cause de la cruautĂ© que j’ai connue, et les soins que je prodigue aux gens et aux animaux ont plus de valeur Ă  cause des tueries que j’ai commises.
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Orson Scott Card (A Planet Called Treason)
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— Je suis un demi-dieu, une divinitĂ© mineure, un archange
 Choisis le terme que tu prĂ©fĂšres. Tu peux t’adresser Ă  moi en m’appelant « maĂźtre », car tu n’as pas le droit de connaĂźtre mon nom. (Il se laissa tomber en position assise.) J’ai choisi cette forme parce qu’elle m’amuse et ne t’effraie pas. Wallie ne fut pas impressionnĂ©. — Pourquoi jouer avec moi ? J’aurais pu croire en toi beaucoup plus tĂŽt si tu t’étais prĂ©sentĂ© sous un aspect plus divin – ou mĂȘme avec un simple halo
 Il avait dĂ©passĂ© les bornes. Les joues de l’enfant se gonflĂšrent sous le coup de la colĂšre. — TrĂšs bien, puisque c’est ton souhait. Voici un petit aperçu. Wallie cria et se couvrit les yeux, mais trop tard. La caverne Ă©tait dĂ©jĂ  brillante, mais elle s’enflamma soudain d’un Ă©clat magnificent aussi aveuglant que celui d’un soleil. L’enfant Ă©tait demeurĂ© un enfant, mais une infime partie de sa divinitĂ© flamboya un bref instant – et ce fut assez pour plonger un simple mortel dans une terreur sans nom. Dans ce fragment de majestĂ©, Wallie vit que l’ñge de cet ĂȘtre dĂ©passait l’imagination – il existait bien avant la formation des galaxies et perdurerait bien aprĂšs la disparition de feux d’artifice aussi Ă©phĂ©mĂšres ; son quotient intellectuel se mesurait en trillions et il Ă©tait capable de connaĂźtre chaque pensĂ©e de chaque crĂ©ature dans l’univers ; sa puissance aurait pu dĂ©truire une planĂšte aussi facilement qu’on se cure les ongles ; comparĂ©s Ă  sa noblesse et Ă  sa puretĂ©, les ĂȘtres humains ressemblaient Ă  des bĂȘtes infĂąmes et inutiles ; rien n’était capable de rĂ©sister Ă  ses objectifs froids et inĂ©branlables ; sa compassion dĂ©passait l’entendement humain et connaissait la souffrance des mortels ainsi que leurs raisons d’ĂȘtre, mais il ne pouvait pas la supprimer sans supprimer l’essence mortelle Ă  la base de cette douleur. Wallie sentit aussi quelque chose de plus profond et de plus terrible encore, une prĂ©sence que nul mot ne pouvait dĂ©crire, mais qu’un mortel aurait apparentĂ©e Ă  l’ennui ou Ă  la rĂ©signation. Il y avait des cĂŽtĂ©s nĂ©gatifs Ă  l’immortalité : le fardeau de l’omniscience et l’absence de futur limitĂ©, plus la moindre surprise, plus de fin mĂȘme aprĂšs la fin des temps, Ă  jamais et Ă  jamais
 Wallie rĂ©alisa qu’il Ă©tait Ă  plat
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Dave Duncan (Le Guerrier de la déesse (La septiÚme épée, #1))
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Soldats de plomb
 Soldats de plomb, ĂŽ, toute mon enfance, quand Hetmans aux cheveux blonds, nous dĂ©ployions une cohue De hĂ©ros immortels, oubliĂ©s dans quelque bahut, De preux sans crainte en immobiles rangs. Et, nous les enfants, avec nos sabres en bois, partions nous quereller En portant comme Ă©tendard des serviettes au soleil flottant. Quel corps Ă  corps, quelle raclĂ©e sous les mĂ»riers du verger ! Et aprĂšs la bataille, combien de morts fuyaient en riant
 Ô ! oĂč donc es-tu, guerre, Ă©poque innocente ! Maintenant la lutte hurle et la blessure dĂ©chirĂ©e se lamente, Et les morts meurent vraiment de leur amour de la patrie. Quel dieu-enfant se penche sur les hommes-jouets, Et le soir, les renversant dans les noirs coffrets, Dans les tranchĂ©es les poupĂ©es de cire ensevelit ?
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Ion Pillat (Monostiches et autres poĂšmes (Litterature roumaine traduite) (French Edition))
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Tu es mon soleil dans ce monde de ténÚbres. Merci de m'avoir offert des moments de vie réelle.
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Brenda Drake (Assassin of Truths (Library Jumpers, #3))
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J’avais commandĂ© un Figeac 71, mon saint-Ă©milion prĂ©fĂ©rĂ©. Introuvable. Sublime. Rouge et dorĂ© comme peu de couchers de soleil. Profond comme un la mineur de contrebasse. Éclatant en orgasme au soleil. Plus long en bouche qu’un final de Verdi. Un vin si grand que Dieu existe Ă  sa seule vue. Elle a mis de l’eau dedans. Je ne l’ai plus jamais aimĂ©e.
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Christel Petitcollin (Je pense mieux : Vivre heureux avec un cerveau bouillonnant, c'est possible !)
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On m'a soufflé mon dernier coin de soleil : C'est de la farce.
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Émile Zola (La Faute de l'abbĂ© Mouret (Les Rougon-Macquart, #5))
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un ciel de bain moussant s'approche Ă  pas de loup blanc tu y plonge un moment tu en ressort plus Ă©tincelant
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Nadine Descheneaux (Mon soleil, la lune et moi)
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Mais la plus vieille civilisation du monde, avec sa compréhension souriante de la nature humaine et de ses faillibilités, avec son sens du compromis et des arrangements, vint à mon secours. La Méditerranée vivait depuis trop longtemps avec le soleil pour le traiter en ennemi et elle pencha sur moi son visage aux mille pardons.
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Romain Gary (La promesse de l'aube)