La Pointe Courte Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to La Pointe Courte. Here they are! All 20 of them:

“
We get paid to hang out in this beautiful court! Four puppets on a string, just like those two up there (pointing to the two hanging puppets), waiting for someone to jerk them into life and make them talk.
”
”
Luigi Pirandello (Enrico IV - Diana e la Tuda)
“
The Defendant: I am pleading guilty your honors but I'm doing it because I think it would be a waste of money to have a trial over five dollars worth of crack. What I really need is a drug program because I want to turn my life around and the only reason I was doing what I was doing on the street was to support my habit. The habit has to be fed your honors as you know and I believe in working for my money. I could be out there robbing people but I'm not and I've always worked even though I am disabled. And not always at this your honors, I used to be a mail carrier back in the day but then I started using drugs and that was all I wanted to do. So I'm taking this plea to save the city of New York and the taxpayers money because I can't believe that the DA, who I can see is a very tall man, would take to trial a case involving five dollars worth of crack, especially knowing how much a trial of that nature would cost. But I still think that I should get a chance to do a drug program because I've never been given that chance in any of my cases and the money that will be spent keeping me in jail could be spent addressing my real problem which is that I like, no need, to smoke crack every day and every chance I get, and if I have to point people to somebody who's selling the stuff so I can get one dollar and eventually save up enough to buy a vial then smoke it immediately and start saving up for my next one that I'll gladly do that, and I'll do it even though I know it could land me in jail for years because the only thing that matters at that moment is getting my next vial and I am not a Homo-sapiens-sexual your honors but if I need money to buy crack I will suck. . . .
”
”
Sergio de la Pava (A Naked Singularity)
“
Cher Monsieur Waters, Je reçois votre courrier Ă©lectronique en date du 14 avril dernier et suis comme il se doit impressionnĂ© par la complexitĂ© shakespearienne de votre drame. Chaque personnage dans votre histoire a une harmatia en bĂ©ton. La sienne : ĂȘtre trop malade. La vĂŽtre : ĂȘtre trop bien portant. FĂ»t-ce le contraire, vos Ă©toiles n'auraient pas Ă©tĂ© aussi contrariĂ©es, mais c'est dans la natures des Ă©toiles d'ĂȘtre contrariĂ©es. A ce propos, Shakespeare ne s'est jamais autant trompĂ© qu'en mettant ces mots dans la bouche de Cassius : « La faute, cher Brutus, n'en est pas Ă  nos Ă©toiles ; elle en est Ă  nous-mĂȘmes. » Facile Ă  dire lorsqu'on est un noble romain (ou Shakespeare!), mais nos Ă©toiles ne sont jamais Ă  court de tort. Puisque nous en sommes au chapitre des dĂ©faillances de ce cher vieux William, ce que vous me dites de la jeune Hazel me rappelle le sonnet 55, qui commence, bien entendu ainsi : « Ni le marbre, ni les mausolĂ©es dorĂ©s des princes ne dureront plus longtemps que ma rime puissante. Vous conserverez plus d'Ă©clat dans ces mesures que sous la dalle non balayĂ©e que le temps barbouille de sa lie. (Hors sujet, mais : quel cochon, ce temps ! Il bousille tout le monde.) Un bien joli poĂšme, mais trompeur : nul doute que la rime puissante de Shakespeare nous reste en mĂ©moire, mais que nous rappelons-nous de l'homme qu'il cĂ©lĂšbre ? Rien. Nous sommes certains qu'il Ă©tait de sexe masculin, le reste n'est qu'une hypothĂšse. Shakespeare nous raconte des clopinettes sur l'homme qu'il a enseveli Ă  l'intĂ©rieur de son sarcophage linguistique. (Remarquez que, lorsque nous parlons littĂ©rature, nous utilisons le prĂ©sent. Quand nous parlons d'un mort, nous ne sommes pas aussi gentils.) On ne peut pas immortaliser ceux qui nous ont quittĂ©s en Ă©crivant sur eux. La langue enterre, mais ne ressuscite pas. (Avertissement : je ne suis pas le premier Ă  faire cette observation, cf le poĂšme d'Archibald MacLeish « Ni le marbre, ni les mausolĂ©es dorĂ©s » qui renferme ce vers hĂ©roĂŻque : « Vous mourrez et nul ne se souviendra de vous ») Je m'Ă©loigne du sujet, mais votre le problĂšme : les morts ne sont visibles que dans l’Ɠil dĂ©nuĂ© de paupiĂšre de la mĂ©moire. Dieu merci, les vivants conservent l'aptitude de surprendre et de dĂ©cevoir. Votre Hazel est vivante, Waters, et vous ne pouvez imposer votre volontĂ© contre la dĂ©cision de quelqu'un d'autre, qui plus est lorsque celle-ci est mĂ»rement rĂ©flĂ©chie. Elle souhaite vous Ă©pargner de la peine et vous devriez l'accepter. Il se peut que la logique de la jeune Hazel ne vous convainque pas, mais j'ai parcouru cette vallĂ©e de larmes plus longtemps que vous, et de mon point de vue, Hazel n'est pas la moins saine d'esprit. Bien Ă  vous Peter Van Houten
”
”
John Green (The Fault in Our Stars)
“
Le beau dialogue que Swann entendit entre le piano et le violon au commencement du dernier morceau! La suppression des mots humains, loin d'y laisser rĂ©gner la fantaisie, comme on aurait pu croire, l'en avait Ă©liminĂ©e ; jamais le langage parlĂ© ne fut si inflexiblement nĂ©cessitĂ©, ne connut Ă  ce point la pertinence des questions, l'Ă©vidence des rĂ©ponses. D'abord le piano solitaire se plaignit, comme un oiseau abandonnĂ© de sa compagne ; le violon l'entendit, lui rĂ©pondit comme d'un arbre voisin. C'Ă©tait comme au commencement du monde, comme s'il n'y avait encore eu qu'eux deux sur la terre, ou plutĂŽt dans ce monde fermĂ© Ă  tout le reste, construit par la logique d'un crĂ©ateur et oĂč ils ne seraient jamais que tous les deux : cette sonate. Est-ce un oiseau, est-ce l'Ăąme incomplĂšte encore de la petite phrase, est-ce une fĂ©e, invisible et gĂ©missant dont le piano ensuite redisait tendrement la plainte? Ses cris Ă©taient si soudains que le violoniste devait se prĂ©cipiter sur son archet pour les recueillir. Merveilleux oiseau! le violoniste semblait vouloir le charmer, l'apprivoiser, le capter. DĂ©jĂ  il avait passĂ© dans son Ăąme, dĂ©jĂ  la petite phrase Ă©voquĂ©e agitait comme celui d'un mĂ©dium le corps vraiment possĂ©dĂ© du violoniste. Swann savait qu'elle allait parler encore une fois. Et il s'Ă©tait si bien dĂ©doublĂ© que l'attente de l'instant imminent oĂč il allait se retrouver en face d'elle le secoua d'un de ces sanglots qu'un beau vers ou une triste nouvelle provoquent en nous, non pas quand nous sommes seuls, mais si nous les apprenons Ă  des amis en qui nous nous apercevons comme un autre dont l'Ă©motion probable les attendrit. Elle reparut, mais cette fois pour se suspendre dans l'air et se jouer un instant seulement, comme immobile, et pour expirer aprĂšs. Aussi Swann ne perdait-il rien du temps si court oĂč elle se prorogeait. Elle Ă©tait encore lĂ  comme une bulle irisĂ©e qui se soutient. Tel un arc-en-ciel, dont l'Ă©clat faiblit, s'abaisse, puis se relĂšve et avant de s'Ă©teindre, s'exalte un moment comme il n'avait pas encore fait : aux deux couleurs qu'elle avait jusque-lĂ  laissĂ© paraĂźtre, elle ajouta d'autres cordes diaprĂ©es, toutes celles du prisme, et les fit chanter. Swann n'osait pas bouger et aurait voulu faire tenir tranquilles aussi les autres personnes, comme si le moindre mouvement avait pu compromettre le prestige surnaturel, dĂ©licieux et fragile qui Ă©tait si prĂšs de s'Ă©vanouir.
”
”
Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
“
The mixture of a solidly established Romance aristocracy with the Old English grassroots produced a new language, a “French of England,” which came to be known as Anglo-Norman. It was perfectly intelligible to the speakers of other langues d’oĂŻl and also gave French its first anglicisms, words such as bateau (boat) and the four points of the compass, nord, sud, est and ouest. The most famous Romance chanson de geste, the Song of Roland, was written in Anglo-Norman. The first verse shows how “French” this language was: Carles li reis, nostre emperere magnes, set anz tuz pleins ad estĂ©d en Espaigne, Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne
 King Charles, our great emperor, stayed in Spain a full seven years: and he conquered the high lands up to the sea
 Francophones are probably not aware of how much England contributed to the development of French. England’s court was an important production centre for Romance literature, and most of the early legends of King Arthur were written in Anglo-Norman. Robert Wace, who came from the Channel Island of Jersey, first evoked the mythical Round Table in his Roman de Brut, written in French in 1155. An Englishman, William Caxton, even produced the first “vocabulary” of French and English (a precursor of the dictionary) in 1480. But for four centuries after William seized the English crown, the exchange between Old English and Romance was pretty much the other way around—from Romance to English. Linguists dispute whether a quarter or a half of the basic English vocabulary comes from French. Part of the argument has to do with the fact that some borrowings are referred to as Latinates, a term that tends to obscure the fact that they actually come from French (as we explain later, the English worked hard to push away or hide the influence of French). Words such as charge, council, court, debt, judge, justice, merchant and parliament are straight borrowings from eleventh-century Romance, often with no modification in spelling. In her book Honni soit qui mal y pense, Henriette Walter points out that the historical developments of French and English are so closely related that anglophone students find it easier to read Old French than francophones do. The reason is simple: Words such as acointance, chalenge, plege, estriver, remaindre and esquier disappeared from the French vocabulary but remained in English as acquaintance, challenge, pledge, strive, remain and squire—with their original meanings. The word bacon, which francophones today decry as an English import, is an old Frankish term that took root in English. Words that people think are totally English, such as foreign, pedigree, budget, proud and view, are actually Romance terms pronounced with an English accent: forain, pied-de-grue (crane’s foot—a symbol used in genealogical trees to mark a line of succession), bougette (purse), prud (valiant) and vĂ«ue. Like all other Romance vernaculars, Anglo-Norman evolved quickly. English became the expression of a profound brand of nationalism long before French did. As early as the thirteenth century, the English were struggling to define their nation in opposition to the French, a phenomenon that is no doubt the root of the peculiar mixture of attraction and repulsion most anglophones feel towards the French today, whether they admit it or not. When Norman kings tried to add their French territory to England and unify their kingdom under the English Crown, the French of course resisted. The situation led to the first, lesser-known Hundred Years War (1159–1299). This long quarrel forced the Anglo-Norman aristocracy to take sides. Those who chose England got closer to the local grassroots, setting the Anglo-Norman aristocracy on the road to assimilation into English.
”
”
Jean-BenoĂźt Nadeau (The Story of French)
“
RÉPONSES INTERROGATIVES À UNE QUESTION DE MARTIN HEIDEGGER La poĂ©sie ne rythmera plus l'action. Elle sera en avant. RIMBAUD. Divers sens Ă©troits pourraient ĂȘtre proposĂ©s, compte non tenu du sens qui se crĂ©e dans le mouvement mĂȘme de toute poĂ©sie objective, toujours en chemin vers le point qui signe sa justification et clĂŽt son existence, Ă  l'Ă©cart, en avant de l'existence du mot Dieu : -La poĂ©sie entraĂźnera Ă  vue l'action, se plaçant en avant d'elle. L'en-avant suppose toutefois un alignement d'angle de la poĂ©sie sur l'action, comme un vĂ©hicule pilote aspire Ă  courte distance par sa vitesse un second vĂ©hicule qui le suit. Il lui ouvre la voie, contient sa dispersion, le nourrit de sa lancĂ©e. -La poĂ©sie, sur-cerveau de l’action, telle la pensĂ©e qui commande au corps de l'univers, comme l'imagination visionnaire fournit l'image de ce qui sera Ă  l'esprit forgeur qui la sollicite. De lĂ , l'enavant. -La poĂ©sie sera « un chant de dĂ©part ». PoĂ©sie et action, vases obstinĂ©ment communicants. La poĂ©sie, pointe de flĂšche supposant l'arc action, l'objet sujet Ă©troitement dĂ©pendant, la flĂšche Ă©tant projetĂ©e au loin et ne retombant pas car l'arc qui la suit la ressaisira avant chute, les deux Ă©gaux bien qu'inĂ©gaux, dans un double et unique mouvement de rejonction. -L'action accompagnera la poĂ©sie par une admirable fatalitĂ©, la rĂ©fraction de la seconde dans le miroir brĂ»lant et brouillĂ© de la premiĂšre produisant une contradiction et communiquant le signe plus (+) Ă  la matiĂšre abrupte de l’action. -La poĂ©sie, du fait de la parole mĂȘme, est toujours mise par la pensĂ©e en avant de l'agir dont elle emmĂšne le contenu imparfait en une course perpĂ©tuelle vie-mort-vie. -L'action est aveugle, c'est la poĂ©sie qui voit. L'une est unie par un lien mĂšre-fils Ă  1'autre, le fils en avant de la mĂšre et la guidant par nĂ©cessitĂ© plus que par amour. -La libre dĂ©termination de la poĂ©sie semble lui confĂ©rer sa qualitĂ© conductrice. Elle serait un ĂȘtre action, en avant de Faction. -La poĂ©sie est la loi, l'action demeure le phĂ©nomĂšne. L'Ă©clair prĂ©cĂšde le tonnerre, illuminant de haut en bas son thĂ©Ăątre, lui donnant valeur instantanĂ©e. -La poĂ©sie est le mouvement pur ordonnant le mouvement gĂ©nĂ©ral. Elle enseigne le pays en se dĂ©calant. -La poĂ©sie ne rythme plus l'action, elle se porte en avant pour lui indiquer le chemin mobile. C'est pourquoi la poĂ©sie touche la premiĂšre. Elle songe l'action et, grĂące Ă  son matĂ©riau, construit la Maison, mais jamais une fois pour toutes. _ La poĂ©sie est le moi en avant de l'en soi, « le poĂšte Ă©tant chargĂ© de l'HumanitĂ© » (Rimbaud). - La poĂ©sie serait de « la pensĂ©e chantĂ©e ». Elle serait l'Ɠuvre en avant de Faction, serait sa consĂ©quence finale et dĂ©tachĂ©e. -La poĂ©sie est une tĂȘte chercheuse. L'action est son corps. Accomplissant une rĂ©volution ils font, au terme de celle-ci, coĂŻncider la fin et le commencement. Ainsi de suite selon le cercle. -Dans l'optique de Rimbaud et de la Commune, la poĂ©sie ne servira plus la bourgeoisie, ne la rythmera plus. Elle sera en avant, la bourgeoisie ici supposĂ©e action de conquĂȘte. La poĂ©sie sera alors sa propre maĂźtresse, Ă©tant maĂźtresse de sa rĂ©volution; le signal du dĂ©part donnĂ©, l'action en-vue-de se transformant sans cesse en action voyant.
”
”
René Char (Recherche de la base et du sommet)
“
En tĂȘte de cette cohorte venaient les troupeaux de moutons et de chĂšvres surveillĂ©s par des bergers avec des chiens. Les molosses aux oreilles courtes et au poil jaune imposaient au bĂ©tail le rythme de progression. La vague brune et bĂȘlante, harcelĂ©e, bousculĂ©e sans relĂąche, s’étirait en bordure d’un torrent blanc d’écume, amenant dans l’air une poussiĂšre ocre qui avalait inexorablement les caillasses et les moraines alentour, au point d’en gommer progressivement tous les dĂ©tails.
”
”
Kate McAlistair (Le palais des mille vents, tome 1 : L'héritage des steppes)
“
L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animĂ©e d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abĂźme insondable, attirĂ©e et dominĂ©e par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps cĂ©lestes, incomparablement plus grands et situĂ©s Ă  des distances inimaginables ; il sait que la terre oĂč il vit n’est qu’un grain de poussiĂšre par rapport au soleil, et que le soleil lui-mĂȘme n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents ; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrĂ©gularitĂ© dans cet enchaĂźnement de mouvements sidĂ©raux, l’interfĂ©rence d’un astre Ă©tranger dans le systĂšme planĂ©taire, une dĂ©viation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire vaciller la terre au cours de sa rĂ©volution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphĂšre et dĂ©truire l’humanitĂ©. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles Ă©taient dĂ©chaĂźnĂ©es, pourraient provoquer sur terre une conflagration planĂ©taire presque instantanĂ©e. Tout cela, l’“infiniment petit” et l’“infiniment grand”, apparaĂźt, du point de vue de la science moderne, comme un mĂ©canisme d’une complexitĂ© inimaginable, dont le fonctionnement est dĂ» Ă  des forces aveugles. Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le dĂ©roulement normal et habituel des rythmes de la nature lui Ă©tait garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abĂźmes du monde intersidĂ©ral, ni aux forces terribles que renferme chaque corpuscule de matiĂšre. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voĂ»te cĂ©leste avec le soleil et les Ă©toiles, mais le souvenir des thĂ©ories astronomiques l’empĂȘche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessĂ© de reprĂ©senter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est substituĂ© en lui Ă  cette vision “naĂŻve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supĂ©rieur, dont l’homme serait aussi partie intĂ©grante. Non. Il se sent comme abandonnĂ©, privĂ© d’appui solide face Ă  ces abĂźmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-mĂȘme. Car rien ne lui rappelle plus dĂ©sormais que tout l’univers, en dĂ©finitive, est contenu en lui-mĂȘme, non pas dans son ĂȘtre individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en mĂȘme temps, le dĂ©passe, lui et tout l’univers visible.
”
”
Titus Burckhardt (Science moderne et Sagesse traditionnelle)
“
On ne peut s'empĂȘcher de constater [que l'Occidental religieux] perd en pratique volontiers de vue les tendances fondamentales de sa foi, c'est-Ă -dire qu'il se retranche derriĂšre les alternatives simples de la morale et des exigences de la pratique religieuse tout en trahissant, en sa qualitĂ© de « civilisĂ© », les tendances mĂȘmes qui sont Ă  la base et de ces alternatives et de cette pratique. La machine est une bonne chose, pourvu qu'on aime Dieu ; la rĂ©publique est un bien, pourvu qu'elle favorise la religion ; que la machine tue de facto l'amour de Dieu, et que la rĂ©publique Ă©touffe de facto la religion, ne semble pas effleurer l'esprit de l'immense majoritĂ© des croyants. Si on est finalement obligĂ© de constater ces effets nĂ©fastes, on accusera d'abord la nature humaine et ensuite quelque dĂ©chĂ©ance imaginaire de la religion ; on accusera jamais les causes rĂ©elles, considĂ©rĂ©es a priori comme neutre parce que situĂ©es en dehors des alternatives morales simplistes et des rĂšgles pratiques auxquelles on a rĂ©duit la religion, et en dehors aussi de la pure thĂ©ologie. Et comme le monde de la machine – « chrĂ©tien » selon certains puisque la machine ne commet point d'adultĂšre et puisque toute chose efficace doit provenir du Christianisme –, comme ce monde s'impose partout pour des raisons matĂ©rielles irrĂ©versibles, il favorise partout sur le globe terrestre l'Ă©lĂ©ment mondain et la mondanitĂ© technocratique, laquelle est de tout Ă©vidence l'antipode de tout amour de Dieu. Cette mondanitĂ© utilitaire – franchement impie ou trompeusement chrĂ©tienne – ne saurait s'affirmer par une dialectique normale, elle a besoin d'arguments qui remplacent la rĂ©alitĂ© par des suggestions imaginatives des plus arbitraires. Au moins aussi dĂ©plaisant qu'un hyperbolisme inconsidĂ©rĂ©, et bien davantage suivant les cas, est le biais faussement moralisant si commun au langage moderne : il consiste Ă  vouloir justifier une erreur ou un mal quelconque par des Ă©tiquettes flatteuses et Ă  vouloir compromettre une vĂ©ritĂ© ou un fait positif par des Ă©tiquettes infamantes, souvent en utilisant de fausses valeurs telles que la « jeunesse » et sans que les suggestions avancĂ©es aient le moindre rapport avec les choses auxquelles on les applique (18). Un autre vice de dialectique, ou un autre abus de pensĂ©e, est l'inversion du rapport causal et logique : on dira qu'il est temps d'inventer un idĂ©al nouveau qui puisse enflammer les hommes, ou qu'il faut forger une mentalitĂ© capable de trouver beau le monde des machines et laid celui des sanctuaires, ou une mentalitĂ© capable de prĂ©fĂ©rer la nouvelle messe ou la nouvelle religion Ă  l'ancienne messe ou Ă  la religion de toujours, et ainsi de suite. Comme le biais moralisant, le raisonnement inversant est totalement Ă©tranger Ă  la dialectique orientale et Ă  la dialectique traditionnelle tout court, et pour cause. Nous pourrions signaler Ă©galement, en passant, le raisonnement dynamiste qui subordonne la constatation d'un fait Ă  la proposition d'une solution pratique – comme si la vĂ©ritĂ© n'avait pas sa raison d'ĂȘtre ou sa valeur en elle-mĂȘme – ou le raisonnement utilitariste qui subordonne la vĂ©ritĂ© comme telle aux intĂ©rĂȘts matĂ©riels des hommes physiques. Tout ceci n'est pas incompatible en fait avec un certains sens critique sur quelques plans extĂ©rieurs ; s'il en est ainsi, l'inverse doit ĂȘtre possible Ă©galement, Ă  savoir la disproportion entre un discernement spirituel et un langage inconsidĂ©rĂ©ment impulsif et hyperbolique.[...] (18) La propagande pour les innovations liturgiques et thĂ©ologiques – et contre ceux qui n'en sont pas dupes – est un exemple particuliĂšrement Ă©cƓurant de ce procĂ©dĂ©.
”
”
Frithjof Schuon (Logic & Transcendence)
“
John & Mobay Africa presented their case. Some days John Africa would lean back in his chair and close his eyes. His court appointed attorney told him one day that if he continued to go off to sleep, it would hurt his case. His response was: “I’ll hurt my case if I don’t sleep!” The guy never said anything more to him about sleeping.   No matter what questions were asked of witnesses by the prosecution, there was never an objection made by either John or Mobay Africa. My sister LaVerne and I were asked about this at a later date. We explained that there were no objections made by either of them because that would suggest they only had a problem with the part they were objecting to. When in fact, they objected to all of it! . . . and so it went until it was time for closing arguments. Much of John Africa’s closing is as follows:   “Ona MOVE! Now we have to understand what this case is about. This case is about evidence. Now it’s evident that we’ve got some bottles and pipes and some people sitting around with those bottles and pipes, and we’ ve got some so-call bombs over there that are supposed to belong to myself and my brother. But as you can see, evidently the bombs are on that side of the room. We’ve been charged with terrorizing the city and making threats on civilians and the like. And they want to find us guilty for this, but they don’t want to find us innocent, and that’s tragic because you see, if I were running the system and I wanted to clear up the system, I wouldn’t go around looking for guilty people. I would go around looking for innocent people and if I found some guilty people, I would convert them into being innocent and not guilty. Because when you’re guilty, you’re a criminal, according to the way this man thinks. And when you’re innocent, you’re not. So what will be the point of trying to find somebody guilty and making a criminal out of that person when the only thing a criminal can do is to influence crime. It would seem to me that if you want to solve the problem of somebody, you wouldn’t be looking to find that person guilty, find that person wrong, find that person innocent—or guilty. You would look—would be looking to find that person innocent because innocence is right and guilt is wrong, and you cannot get right from wrong or wrong from right.   What is the point of finding somebody wrong if you’re trying to make somebody right? What is the point of having a society that looks to find somebody criminal if you’re trying to get rid of crime? What is the point of having society convicting people of things they are told that they did, rather than things that they have seen that they have done? Do you know what evidence is? Evidence is what you see before you, and what I see before me are bombs on that man’s table. What I see before me are jugs on that man’s table. What I see before me are charges that that man put on me, but he’s not charging me with what is right. He’s not charging me with innocence. He’s not charging me with substance, he’s charging me with guilt. What did I do with guilt? Why are you charging me with guilt? Charge me with something that has substance, something that’s going to make me well if you feel that I’m sick. Something that’s going to make me healthy if you feel that I’m unhealthy. Something that’s going to make me strong if you feel that I’m not strong. I’m not a guilty man, I’m an innocent man! I didn’t come here to make trouble or bring trouble. But to bring the truth, an goddammit, that’s what I’m gonna do!
”
”
Louise Leaphart James (John Africa...Childhood Untold Until Today)
“
La vĂ©ritĂ© est que entre l’Égypte antique et l’Égypte actuelle, il n’y a qu’une coĂŻncidence gĂ©ographique, sans la moindre continuitĂ© historique ; aussi la tradition dont il s’agit est-elle encore plus complĂštement Ă©trangĂšre, dans le pays oĂč elle exista jadis, que le Druidisme ne l’est pour les peuples qui habitent aujourd’hui les anciens pays celtiques ; et le fait qu’il en subsiste des monuments beaucoup plus nombreux ne change rien Ă  cet Ă©tat de choses. Nous tenons Ă  bien prĂ©ciser ce point une fois pour toutes, afin de couper court Ă  toutes les illusions que se font trop facilement Ă  cet Ă©gard ceux qui n’ont jamais eu l’occasion d’examiner les choses de prĂšs ; et, en mĂȘme temps, cette remarque dĂ©truira encore plus complĂštement les prĂ©tentions des « pseudo-initiĂ©s » qui, tout en se recommandant de l’antique Égypte, voudraient donner Ă  entendre qu’ils se rattachent Ă  quelque chose qui subsisterait en Égypte mĂȘme ; nous savons d’ailleurs que ceci n’est point une supposition purement imaginaire, et que certains, comptant sur l’ignorance gĂ©nĂ©rale, en quoi ils n’ont malheureusement pas tout Ă  fait tort, poussent effectivement leurs prĂ©tentions jusque lĂ .
”
”
René Guénon (Traditional Forms and Cosmic Cycles (Collected Works of Rene Guenon))
“
MalgrĂ© les incertitudes et les difficultĂ©s relevĂ©es, ce qu'on a dit jusqu'ici suffit pour avancer sur un point dĂ©cisif (outre le fait, tout aussi essentiel, que la suppression massive de productions de biens et de services ouvre la voie Ă  une rĂ©duction drastique de la pollution, Ă  un usage raisonnable des ressources naturelles et par consĂ©quent Ă  un tarissement de la contradiction actuelle entre les formes d'organisation des sociĂ©tĂ©s humaines et les conditions Ă©cosystĂ©miques de leur reproduction). Par un calcul peut-ĂȘtre encore trop prudent, on peut estimer que, sous le rĂ©gime d'une logique sociale inĂ©dite, l'essentiel de la production d'aliments et de biens manufacturĂ©s ainsi que les services de base requis par la collectivitĂ© (principalement en matiĂšre de santĂ©, Ă  quoi on peut ajouter une chaĂźne de distribution rĂ©duite, ainsi que la part des transports organisĂ©e collectivement) pourront ĂȘtre assurĂ©s grĂące Ă  une activitĂ© Ă©galement rĂ©partie entre tous ses membres et demeurant infĂ©rieure Ă  12 ou 16 heures par semaine. La maniĂšre d'organiser une telle rĂ©partition pourra donner lieu Ă  diverses options qu'il n'est pas nĂ©cessaire d'Ă©voquer ici, sinon pour suggĂ©rer que chacun devrait pouvoir expĂ©rimenter des tĂąches multiples, soit par une alternance sur des temps courts, soit par des changements au cours de la vie. On peut aussi envisager diffĂ©rentes maniĂšres de combiner des tĂąches productives d'intĂ©rĂȘt commun s'inscrivant Ă  des niveau supralocaux (notamment pour les productions lourdes qui demeureraient nĂ©cessaires) et d'autres ayant un caractĂšre local (notamment pour la production d'aliments et de services). (p. 97-98)
”
”
JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂ­a, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
“
La plume de Jacques Derrida pourrait à son tour nous suggérer une interprétation « disphallique » de la fin textuelle : lorsque Creangă écrit, pour clore son conte, que « le pope court toujours », n'entend-il point par là signifier l'impossibilité radicale, pour le lecteur comme pour le scripteur, de sortir de l'univers phallocentrique ?
”
”
Luca Piƣu (Histoire des histoires ou histoire d'une pine et Histoire des histoires vue par la génération 80)
“
Elle ne se reconnaissait plus. Elle n’avait jamais Ă©tĂ© aussi franche, aussi libĂ©rĂ©e, quasi prĂȘte Ă  coller l’empreinte de son sein sur du papier toilĂ©. Elle se sentait revivre. Parfois, ça faisait du bien de se mettre dans la peau d’une autre. — April, l’interrompit Luc de nouveau et, pour la premiĂšre fois, il prononça son prĂ©nom sans le dĂ©former. Il s’avança si prĂšs qu’elle sentit son odeur et, quand il referma ses mains sur les siennes, elle fut surprise de les dĂ©couvrir moites et tremblantes. — April, je crois que vous perdez la tĂȘte. Ou alors vous avez rĂ©ussi Ă  vendre le cinq-Ă -sept aux AmĂ©ricains finalement ? Certes, nous ne sommes pas loin de 5 heures, mais 5 heures du matin, et je doute que vous soyez parvenue Ă  rĂ©volutionner Ă  ce point la sociĂ©tĂ© en si peu de temps, finit-il, soudain Ă  court de ces plaisanteries qui lui venaient si facilement aux lĂšvres d’habitude.
”
”
Michelle Gable (L'appartement oublié)
“
The Treasury of Spain informed me that the companies (the criminals) had 365 days to pay me my missing salary of 60,000 Euros, according to an official court decision made in Madrid. However, I was well aware that this would only escalate the danger for both Martina and me. I knew they would not fulfill their payment obligations. They would seek cheaper methods to evade payment and would also attempt to eliminate me without facing any consequences. I was unsure whom to turn to for help. Should I ask the King of Spain, or the leaders of Israel, Brussels, Hungary, Interpol, or the Policia Nacional? How could I protect Martina from these criminals? How could I dismantle Adam's mafia? These thoughts were weighing heavily on my mind as my anticipated final departure from Spain drew near. I received a letter, from Zaragoza. The letter informed me that I owed Zaragoza approximately 1800 euros for fines accrued by Adam. It also mentioned that it had been around 1.5 years since the incident on the highway, where I received fines while I was driving the gypsy caravan. Late fees were added without question. Make it 2000. Additionally, it warned that if I failed to make payment within 15 days of receiving the letter in my mailbox, the authorities would visit me with a court order to seize belongings of mine worth at least 1800 euros. Someone disclosed my „new” address to the Zaragoza Authorities. It is possible that the Correo/Post Office/Postal Service were unable to deliver their correspondence to my previous address on Carrer Cantabria due to my absence after the same expo where the fines were incurred on the highway and the unwanted flooding of the apartment. But now. Delivered. It is possible that the biased Catalan Court, which was known by my side at this point for its corruption and/or incompetence, shared my Barcelona address with the Correo/Postal Service to ensure that the fines reached me. The corrupt and/or incompetent Ciutat de la Justicia, the so called „City of Justice”, the Catalan judicial system did not solely reserve the sharing of my home address for the mafia/s. Everything was not a direct result of the criminals’ conspiracy. But.
”
”
Tomas Adam Nyapi (BARCELONA MARIJUANA MAFIA)
“
reĂźntoarcere din timpul steril Ăźnainte de a te pierde Ăźmi zdrobeƟti nopĆŁile de piscurile răsărite sub tĂąmple degetele mĂąinii sub talpa ciocanului decojite zilele ies din miezul steril cu ochii ĂźnchiƟi puii de vrabie din oul Ăźn care au auzit ĂźntĂąia dată strigătul vĂąntului către tunet atunci Ăźmi aduci aminte de actul final punctul scurtei mele figuraĆŁii ca puiul din coaja oului matern voi ieƟi din scenă Ăźn secunda următoare nu mă vor Ăźnjunghia pe la spate voi simĆŁi trecutul carbonizat negativul meu se va atinge de fulgerul deschis Ăźn celălalt ochi va Ăźncepe să te privească. * retour dans le temps stĂ©rile avant de te perdre tu Ă©crases mes nuits contre les sommets surgis sous les tempes les doigts des mains sous la plante du pied du marteau pelĂ©s les jours sortent du noyau stĂ©rile les yeux fermĂ©s oisillons de moineau de l’Ɠuf oĂč ils ont entendu pour la premiĂšre fois le cri du vent adressĂ© au tonnerre c’est alors que tu me rappelles le dernier acte le point de ma courte figuration Ă  l’instar du poussin de l’Ɠuf materne je quitterai la scĂšne l’instant d’aprĂšs ils me poignarderont dans le dos je sentirai mon passĂ© carbonisĂ© mon nĂ©gatif touchera la foudre ouverte dans l’autre Ɠil il se mettra Ă  m’observer. (traduit en français par Gabrielle Danoux)
”
”
Ioan Barb
“
VoilĂ  Ă  quoi je pensais, tandis que je marchais pour rentrer chez moi, lĂ©gĂšrement ivre, aprĂšs avoir quittĂ© L. devant le bar oĂč nous avions bu un troisiĂšme verre. Nous avions bien ri, elle et moi, au fond de la salle, car finalement la conversation avait dĂ©viĂ© sur nos passions adolescentes, avant Barthes et toute la clique, Ă  l’époque oĂč nous accrochions des posters dans notre chambre. J'avais racontĂ© Ă  L. les deux annĂ©es durant lesquelles, vers l'Ăąge de seize ans, j'avais contractĂ© puis developpĂ© une cristallisation spectaculaire sur la personne d'Ivan Lendl, un joueur de tennis tchĂ©coslovaque au physique ingrat dont je percevais la beautĂ© obscure et saisissante, au point que je m'Ă©tais abonnĂ©e Ă  Tennis Magazine (moi que je n'avais jamais touchĂ© une raquette de ma vie) et avais passĂ© des heures devant les retransmissions televisĂ©es du tournoi de Roland Garros et Wimbledon au lieu de rĂ©viser mon bac. L. Ă©tais sidĂ©rĂ©e. Elle aussi l'avait adorĂ©! C'Ă©tait bien la premiĂšre fois que je rencontrais quelqu'un qui avait aimĂ© Ivan Lendl, l'un des joueurs les plus detestĂ©s de l'histoire du tennis, sans doute Ă  cause de son visage austĂšre que rien ne pouvait dĂ©rider, et de son jeu de fond de court, mĂ©thodique et rĂ©barbatif. Selon toute vraisemblance, c'est d'ailleurs pour ces raisons, parce qu'il Ă©tait si grand, maigre et incompris, que je l'ai tant aimĂ©. À la mĂȘme Ă©poque, oui, exactement, L. avait suivi tous les matchs d'Ivan Lendl, elle s'en souvenait parfaitement, notamment de cette fameuse finale de Roland Garros jouĂ©e contre John McEnroe, que Lendl avait gagnĂ© Ă  l'issue d'un combat d'une rare intensitĂ© dramatique. Les images l'avaient alors montrĂ© victorieux, dĂ©figurĂ© pour l'Ă©puisement, et pour la premiĂšre fois le monde entier avait dĂ©couvert son sourire. L. Ă©tait incollable, se souvenait de tous les dĂ©tails de la vie et de la carriĂšre d'Ivan Lendl que j'avais pour ma part oubliĂ©s. C'Ă©tait incroyable, plus de vingt ans aprĂšs, de nous imaginer toutes les deux hypnotisĂ©es devant nos postes de tĂ©levision, elle en banlieue parisienne et mois dans un village de Normandie, souhaitant l'une et l'autre avec la mĂȘme ardeur le sacre de l'homme de l'Est. L. savait auusi ce qu’Ivan Lendl Ă©tait devenu, elle avait suivi tout cela de trĂšs prĂšs, sa carriĂšre comme sa vie privĂ©e. Ivan Lendl Ă©tait mariĂ© et pĂšre de quatre enfants, vivait aux Ètats-Unis, entraĂźnait de jeunes joueurs de tennis et s’était fait refaire les dents. L. dĂ©plorait ce dernier point, la disparition du sourire tchĂ©coslovaque (dents rangĂ©es de maniĂšre inĂ©gale dont on devinait le chevauchement) au profit d’un sourire amĂ©ricain (dents fausses parfaitement alignĂ©es, d’un blanc Ă©clatant), selon elle, il y avait perdu tout son charme, je n’avais qu’à vĂ©rifier sur Internet si je ne la croyais pas. C’était un drĂŽle de coĂŻncidence. Un point commun parmi d’autres, qui nous rapprochait.
”
”
Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
“
Lorsque l’histoire elle-mĂȘme fut Ă  court de prophĂ©ties, on en commanda Ă  des journalistes qui, sur ce point au moins, se montrĂšrent aussi compĂ©tents que leurs modĂšles des siĂšcles passĂ©s.
”
”
Albert Camus (La Peste)
“
Missive 6245 « Ma Reine, Nous sommes toujours Ă  Dingle Ă  ce jour, mais au vu des derniers Ă©vĂšnements que je vais vous rapporter ici, il est possible que nous devions bouger d’ici quelque temps. Je vous laisse prendre connaissance de mon rapport pour le mois qui vient de s’écouler et attends vos instructions. Votre dĂ©vouĂ© serviteur. » Je remis alors de l’ordre dans les notes que j’avais prises au cours du mois passĂ© en les rassemblant devant moi et commençai Ă  rĂ©diger ce Ă©niĂšme compte rendu, qui diffĂ©rait lĂ©gĂšrement des prĂ©cĂ©dents, par les quelques points singuliers qui le parcouraient. J’en profitais pour ajouter quelques mots Ă  mon propre journal de mĂ©moires. Je compte laisser ce dernier Ă  un humain digne de confiance capable de transmettre et d’archiver ce document aussi unique que considĂ©rable dans un endroit sĂ»r loin des mains redoutĂ©es des membres de l’Unseelie Court, notre ennemie jurĂ©e, lorsque ma mission viendra Ă  son terme.
”
”
Virginia Besson Robilliard (L'Irlandais - Ă©pisode 1: La monnaie de sa piĂšce ( L'Irlandais, #1))
“
Voyant quels rĂ©flexes merveilleux il obtenait avec les nerfs faciaux de Danton, immobilisĂ©s dans la mort depuis plus d'un siĂšcle, Canterel avait conÁu l'espoir de donner une complĂšte illusion de la vie en agissant sur de rĂ©cents cadavres, garantis par un froid vif contre la moindre altĂ©ration. Mais la nĂ©cessitĂ© d'une basse tempĂ©rature empĂȘchait d'utiliser l'intense pouvoir Ă©lectrisant de l'aqua-micans, qui, se congelant rapidement, eĂ»t emprisonnĂ© chaque trĂ©passĂ©, dĂšs lors impuissant Ă  se mouvoir. S'esseyant longuement sur des cadavres soumis Ă  temps au froid voulu, le maĂźtre, aprĂšs maints t’tonnements, finit par composer d'une part du vitalium, d'autre part de la rĂ©surrectine, matiĂšre rouge’tre Ă  base d'Ă©rythrite, qui, injectĂ©e liquide dans le cr’ne de tel sujet dĂ©funt, par une ouverture percĂ©e latĂ©ralement, se solidifiait d'elle-mĂȘme autour du cerveau Ă©treint de tous cĂŽtĂ©s. Il suffisait alors de mettre un point de l'enveloppe intĂ©rieure ainsi crĂ©Ă©e en contact avec du vitalium, mĂ©tal brun facile Ă  introduire sous la forme d'une tige courte dans l'orifice d'injection, pour que les deux nouveaux corps, inactifs l'un sans l'autre, dĂ©gageassent Ă  l'instant une Ă©lectricitĂ© puissante, qui, pĂ©nĂ©trant le cerveau, triomphait de la rigiditĂ© cadavĂ©rique et douait le sujet d'une impressionnante vie factice. Par suite d'un curieux Ă©veil de mĂ©moire, ce dernier reproduisait aussitĂŽt, avec une stricte exactitude, les moindres mouvements accomplis par lui durant telles minutes marquantes de son existence ; puis, sans temps de repos, il rĂ©pĂ©tait indĂ©finiment la mĂȘme invariable sĂ©rie de faits et gestes choisie une fois pour toutes. Et l'illusion de la vie Ă©tait absolue : mobilitĂ© du regard, jeu continuel des poumons, parole, agissements divers, marche, rien n'y manquait. Quand la dĂ©couverte fut connue, Canterel reÁut maintes lettres Ă©manant de familles alarmĂ©es, tendrement dĂ©sireuses de voir quel qu'un des leurs, condamnĂ© sans espoir, revivre sous leurs yeux aprĂšs l'instant fatal. Le maĂźtre fit Ă©difier dans son parc, en Ă©largissant partiellement certaine allĂ©e rectiligne afin de se fournir un emplacement favorable, une sorte d'immense salle rectangulaire, simplement formĂ©e d'une charpente mĂ©tallique supportant un plafond et des parois de verre. Il la garnit d'appareils Ă©lectriques rĂ©frigĂ©rants destinĂ©s Ă  y crĂ©er un froid constant, qui, suffisant pour prĂ©server les corps de toute putrĂ©faction, ne risquait cependant pas de durcir leurs tissus. Chaudement couverts, Canterel et ses aides pouvaient sans peine passer lĂ  de longs moments. TransportĂ© dans cette vaste glaciĂšre, chaque sujet dĂ©funt agrĂ©Ă© par le maĂźtre subissait une injection cr’nienne de rĂ©surrectine. L'introduction de la substance avait lieu par un trou mince, qui, pratiquĂ© au-dessus de l'oreille droite, recevait bientĂŽt un Ă©troit bouchon de vitalium. RĂ©surrectine et vitalium une fois en contact, le sujet agissait, tandis qu’auprĂšs de lui un tĂ©moin de sa vie, emmitouflĂ© Ă  souhait, s’employait Ă  reconnaĂźtre, aux gestes ou aux paroles, la scĂšne reproduite - qui pouvait se composer d’un faisceau de plusieurs Ă©pisodes distincts.
”
”
Raymond Roussel (Locus Solus)