La Petite Mort Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to La Petite Mort. Here they are! All 100 of them:

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Passing through the early fog, the fruitseller’s boat nudged the edge of the canal beside the Palazzo Malipiero. All around was stillness. Casanova whispered to me, “This is the type of pause that occurs just in the instant before la petite mort. The breath held before the gasp followed by the exquisite release.
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Harry F. MacDonald (Casanova and the Devil's Doorbell)
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La mort Ă©tait le meilleur remĂšde contre tous les petits maux de l'existence.
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Bernard Werber (Les Thanatonautes)
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La vie de l'homme, avec tous ses projets, s'Ă©lĂšve comme une petite tour dont la mort est le couronnement.
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Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie)
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- [...] On ne doit pas douter de la beautĂ© des choses, mĂȘme sous un ciel tortionnaire. Si tu n'es pas Ă©tonnĂ© par le chant du coq ou par la lumiĂšre au-dessus des crĂȘtes, si tu ne crois pas en la bontĂ© de ton Ăąme, alors tu ne te bats plus, et c'est comme si tu Ă©tais dĂ©jĂ  mort. - Demain, le soleil se lĂšvera et on essaiera encore, a dit ProthĂ© pour conclure.
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Gaël Faye (Petit pays)
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Je ne connaĂźtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit Ă  l'oblitĂ©ration totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passĂ©e, je tournerai mon Ɠil intĂ©rieur sur son chemin. Et lĂ  oĂč elle sera passĂ©e, il n'y aura plus rien. Rien que moi.
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Frank Herbert
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Tout ce temps, tous ces visages, tous ces cris de jouissance, ces Ă©treintes sans Ăąme au petit matin, quand la nuit n'est plus, le jour n'est pas encore, ton orgasme prend fin, et tes yeux se dessillent, ta chambre n'est qu'un bordel, Baudelaire est mort et, dans tes bras, il n'y a qu'une putain...
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Lolita Pille (Hell)
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Have you heard of la petite mort?” “The little death?” “It’s what the French call it. A metaphor, I assure you. I have always thought it more an affirmation of life. Or perhaps a reason for living.” And then, with all the wicked promise he felt in his soul, he looked up at her through his lashes and murmured, “Shall I show you?
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Julia Quinn (The Girl with the Make-Believe Husband (Rokesbys, #2))
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Au cƓur de la ForĂȘt Maison des Petits s'Ă©lĂšve un long cri de dĂ©tresse. Deux petits dĂ©couvrent la rĂ©alitĂ© de la mort. Impuissance. Douleur. DĂ©sespoir. - Ipiu !
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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The French call it la petite mort, the small death. But I don't think it's like that. It's more like life, before I screwed it up so bad.
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Marshall Thornton (From the Ashes (Boystown #6))
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La petite mort' and 'la grande mort' within ten seconds of each other—coming and going in the space of three short breaths.
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Paul Auster (4 3 2 1)
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La vie est toujours au bord de la mort ; les ruelles donnent sur la mĂȘme place que les boulevards, et une petite bougie s’éteint tout comme un flambeau. Je choisis ma propre façon de brĂ»ler.
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Sophie Scholl
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Les feuilles tombent, la figue sĂšche, remplace la figue fraĂźche, le raisin sec la grappe mĂ»re, voilĂ  selon toi des paroles de mauvaise augure ! Mais il n’y a lĂ  que la transformation d’états antĂ©rieurs en d’autres ; il n’y a pas de destruction, mais un amĂ©nagement et une disposition bien rĂ©glĂ©e. L’émigration n’est qu’un petit changement. La mort en est un plus grand, mais il ne va pas de l’ĂȘtre actuel au non-ĂȘtre, mais au non-ĂȘtre de l’ĂȘtre actuel. Alors ne serais-je plus ? Tu ne seras pas ce que tu es mais autre chose dont le monde aura alors besoin.
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Epictetus
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Et la jeune fille s’était dressĂ©e comme pour aller Ă  son tour se tuer, se jeter Ă  son tour dans la mer et aprĂšs elle avait pleurĂ© parce qu’elle avait pensĂ© Ă  cet homme de Cholen et elle n’avait pas Ă©tĂ© sĂ»re tout Ă  coup de ne pas l’avoir aimĂ© d’un amour qu’elle n’avait pas vu parce qu’il s’était perdu dans l’histoire comme l’eau dans le sable et qu’elle le retrouvait seulement maintenant Ă  cet instant de la musique jetĂ©e Ă  travers la mer. Comme plus tard l’éternitĂ© du petit frĂšre Ă  travers la mort
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Marguerite Duras (The Lover)
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Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goĂ»t, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin Ă  Combray (parce que ce jour-lĂ  je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante LĂ©onie m’offrait aprĂšs l’avoir trempĂ© dans son infusion de thĂ© ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelĂ© avant que je n’y eusse goĂ»tĂ© ; peut-ĂȘtre parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pĂątissiers, leur image avait quittĂ© ces jours de Combray pour se lier Ă  d’autres plus rĂ©cents ; peut-ĂȘtre parce que, de ces souvenirs abandonnĂ©s si longtemps hors de la mĂ©moire, rien ne survivait, tout s’était dĂ©sagrĂ©gĂ© ; les formes — et celle aussi du petit coquillage de pĂątisserie, si grassement sensuel sous son plissage sĂ©vĂšre et dĂ©vot — s’étaient abolies, ou, ensommeillĂ©es, avaient perdu la force d’expansion qui leur eĂ»t permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passĂ© ancien rien ne subsiste, aprĂšs la mort des ĂȘtres, aprĂšs la destruction des choses, seules, plus frĂȘles mais plus vivaces, plus immatĂ©rielles, plus persistantes, plus fidĂšles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des Ăąmes, Ă  se rappeler, Ă  attendre, Ă  espĂ©rer, sur la ruine de tout le reste, Ă  porter sans flĂ©chir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Et voilĂ . Maintenant le ressort est bandĂ©. Cela n'a plus qu'Ă  se dĂ©rouler tout seul. C'est cela qui est commode dans la tragĂ©die. On donne le petit coup de pouce pour que cela dĂ©marre, rien, un regard pendant une seconde Ă  une fille qui passe et lĂšve les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au rĂ©veil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu'on se pose un soir
 C'est tout. AprĂšs, on n'a plus qu'Ă  laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est minutieux, bien huilĂ© depuis toujours. La mort, la trahison, le dĂ©sespoir sont lĂ , tout prĂȘts, et les Ă©clats, et les orages, et les silences, tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lĂšve Ă  la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l'un en face de l'autre pour la premiĂšre fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule Ă©clatent autour du vainqueur - et on dirait un film dont le son s'est enrayĂ©, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur, dĂ©jĂ  vaincu, seul au milieu de son silence

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Jean Anouilh
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La petite mort - that's what the French called orgasm. They believed that semen is sort of concentrated blood so that each time a man came he shortened his life a little by spilling blood that couldn't be replenished." "And women?" "Then, as now, men didn't much concern themselves with how women felt.
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Michael Nava (The Little Death (Henry Rios Mystery, #1))
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Peu de vestiges Ă©voquent Ă  prĂ©sent en nous la lumiĂšre. Nous sommes nettement plus proches des tĂ©nĂšbres, nous ne sommes pour ainsi dire que tĂ©nĂšbres, tout ce qui nous reste, ce sont les souvenirs et aussi l’espoir qui s'est pourtant affadi, qui continue de pĂąlir et ressemblera bientĂŽt Ă  une Ă©toile Ă©teinte, Ă  un bloc de roche lugubre. Pourtant, nous savons quelques petits riens Ă  propos de la vie et quelques petits riens Ă  propos de la mort : nous avons parcouru tout ce chemin pour te ravir et remuer le destin. (p.13)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (HimnarĂ­ki og helvĂ­ti)
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Tous les hommes honnĂȘtes sont dangereux. Seules, les canailles sont inoffensives... Parce que les canailles n’agissent que par intĂ©rĂȘt, c’est-Ă -dire petitement.
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Robert Merle (La mort est mon métier)
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Bad' was knowing how sweetly he could kiss her, while seeing just how bitterly the whole thing was a lie.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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It brought him back to another moment long ago; to another bed, another time... another pillow talk confession.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Fighting for her life was an old feeling; a dead one, but it resurrected easily.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Lives are meant to be taken back, not saved.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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How strange it was, being so close to death; looking it in the face, grasping the finery of all its features.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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A kiss that went on for half a moment, endlessly, and lasted infinitesimally, for years. It was trauma and mortality, legend and mythology.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Should anything harm your body, your thoughts will cease. Such is the manner of the living for a mortal.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Love simply lives and dies, like anything else.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Give me a chance to show you that this, whatever exists between us, it's not an accident.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Don't pretend you've earned the right to believe I'm heartless, when you're the one who can't make up your mind.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Death was only another word for annihilation.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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O horårio é um triturador de lembranças
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Hervé Bazin (La Mort du petit cheval)
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Si tu n’es pas Ă©tonnĂ© par le chant du coq ou par la lumiĂšre au-dessus des crĂȘtes, si tu ne crois pas en la bontĂ© de ton Ăąme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu Ă©tais dĂ©jĂ  mort.
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Gaël Faye (Petit pays)
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Vivons-nous donc, nous autres, pour nous débarrasser de la mort? Non, nous vivons pour la crandre et aussi pour l'aimer, et c'est grùce à elle que ce petit bout de vie, quelquegois, l'espace d'une heure, brûle d'une flamme si belle.
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Hermann Hesse (Steppenwolf)
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S'ensuivait une séance de masturbation collective censée nous remonter le moral : tout le monde racontait ses batailles, ses victoires, ses psys et ses scanners. On pouvait aussi parler de la mort, ce qui est à mettre au crédit de Patrick. Mais la plupart des participants n'allaient pas mourir. Ils deviendraient des adultes, comme Patrick. (Ce qui signifiait que la compétition était rude, chacun voulant non seulement vaincre le cancer, mais ses petits camarades aussi.)
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John Green (The Fault in Our Stars)
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La mort de mon enfant, je ne l'ai pas encore comprise, Ce sont les petites choses qui sont dures, ses vĂȘtements que je retrouve, et, si je me rĂ©veille la nuit, cette tendresse qui me monte quand mĂȘme au cƓur, dĂ©sormais inutile, comme mon lait... (p149)
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Antoine de Saint-Exupéry (Night Flight)
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Huh,” I sighed into his mouth, “La petite mort.” He tore his lips from mine, frowning at me. “Say what, now?” “La petite mort,” I repeated. “A brief unconsciousness. A little death, in French. That’s what they call that beat after an orgasm, sometimes.” My French governess had told me that. Sam’s eyes twinkled with so much delight, my chest flared with pride. His smiles were like human handprints. Each one was just different enough to be completely unique. “You, Aisling Fitzpatrick, are a lovely torture.
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L.J. Shen (The Monster (Boston Belles, #3))
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- Tu reviendras quand ? - Il y a deux rĂ©ponses Ă  ta question. Comme Ă  toutes les questions, tu le sais bien. Je commence par laquelle ? À l'extĂ©rieur, un bruit terrifiant s'Ă©leva. Le bruit des armes qui s'entrechoquent, fendent la chair, donnent la mort. La fillette tressaillit mais sa mĂšre, en lui caressant la joue, rĂ©ussit Ă  l'enfermer dans l'univers de son regard. - Laquelle ? - Celle du savant. - Je ne reviendrais peut ĂȘtre jamais, ma princesse. - Elle est nulle cette rĂ©ponse. Donne moi celle du poĂšte. Isaya se pencha pour lui murmurer Ă  l'oreille. - Je serai toujours avec toi. OĂč que tu te trouves, quoi que tu fasses, je serai lĂ . Toujours. Elle avait placĂ© la main sur sa poitrine. La petite la regarda avec attention. - Dans mon cƓur ? - Oui. - D'accord...
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Il y a ceux que le malheur effondre. Il y a ceux qui en deviennent tout rĂȘveurs. Il y a ceux qui parlent de tout et de rien au bord de la tombe, et ça continue dans la voiture, de tout et de rien, pas mĂȘme du mort, de petits propos domestiques, il y a ceux qui se suicideront aprĂšs et ça ne se voit pas sur leur visage, il y a ceux qui pleurent beaucoup et cicatrisent vite, ceux qui se noyent dans les larmes qu'ils versent, il y a ceux qui sont contents, dĂ©barrassĂ©s de quelqu'un, il y a ceux qui ne peuvent plus voir le mort, ils essayent mais ils ne peuvent plus, le mort a emportĂ© son image, il y a ceux qui voient le mort partout, ils voudraient l'effacer, ils vendent ses nippes, brĂ»lent ses photos, dĂ©mĂ©nagent, changent de continent, rebelotent avec un vivant, mais rien Ă  faire, le mort est toujours lĂ , dans le rĂ©troviseur, il y a ceux qui pique-niquent au cimetiĂšre et ceux qui le contournent parce qu'ils ont une tombe creusĂ©e dans la tĂȘte, il y a ceux qui ne mangent plus, il y a ceux qui boivent, il y a ceux qui se demandent si leur chagrin est authentique ou fabriquĂ©, il y a ceux qui se tuent au travail et ceux qui prennent enfin des vacances, il y a ceux qui trouvent la mort scandaleuse et ceux qui la trouvent naturelle avec un Ăąge pour, des circonstances qui font que, c'est la guerre, c'est la maladie, c'est la moto, la bagnole, l'Ă©poque, la vie, il y a ceux qui trouvent que la mort c'est la vie. Et il y a ceux qui font n'importe quoi. Qui se mettent Ă  courrir, par exemple. À courir comme s'ils ne devaient jamais plus s'arrĂȘter. C'est mon cas.
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Daniel Pennac (La fata carabina)
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How does one defeat a monter? Imbue it with humanity, with vice an virtue both. With greed and charity. With patience and warth, with envy and kindness. With blood, with sacrifice. With everything it took to make a human, and then with everything it took to end one, too.
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Olivie Blake (La Petite Mort)
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Un homme vraiment profond s'enfonce, il ne monte pas. Longtemps aprĂšs sa mort, on dĂ©couvre sa colonne enfouie, d'un seul bloc ou, peu Ă  peu, par morceaux. Tandis que ces grandes intelligences mĂ©diocres, faites de coup d'Ɠil et d'ironie, montent sans encombres jusqu'Ă  la petite corniche du pouvoir.
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Jean Cocteau (Thomas l'imposteur)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Mais Ă  cette heure, oĂč suis-je ? Et comment sĂ©parer ce cafĂ© dĂ©sert de cette chambre du passĂ©. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumiĂšres des phares sont lĂ . Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une derniĂšre fois la baie et ses lumiĂšres, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indiffĂ©rence sereine et primitive Ă  tout et Ă  moi-mĂȘme. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma luciditĂ©. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamnĂ© Ă  mort : « Il va payer sa dette Ă  la sociĂ©tĂ© », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite diffĂ©rence. Et puis, il y a des gens qui prĂ©fĂšrent regarder leur destin dans les yeux.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Petite Ăąme, Ăąme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hĂŽte, tu vas descendre dans ces lieux pĂąles, durs et nus, oĂč tu devras renoncer aux jeux d’autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familiĂšres, les objets que sans doute nous ne reverrons plus
 TĂąchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts...
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Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
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« Écoutez, ma petite amie, je ne sais pas exactement ce que vous cherchez, mais si vous voulez attirer l’attention sur votre personne, permettez-moi de prĂ©juger vos chances de succĂšs. Non mais franchement, qui croyez-vous Ă©tonner ? Tout est dĂ©jĂ  vu et revu. Il faut vous y faire ma chĂšre, le monde est vieux, l’originalitĂ©, c’est du passĂ©. »
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Antoine Buéno (Le triptyque de l'asphyxie : Ou chronique de la mort des macchabées)
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J’aime beaucoup les cimetiĂšres, moi, ça me repose et me mĂ©lancolise j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis lĂ  dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps. Justement, dans ce cimetiĂšre Montmartre, j’ai une histoire de cƓur, une maĂźtresse qui m’avait beaucoup pincĂ©, trĂšs Ă©mu, une charmante petite femme dont le souvenir, en mĂȘme temps qu’il me peine Ă©normĂ©ment, me donne des regrets
 des regrets de toute nature. Et je vais rĂȘver sur sa tombe
 C’est fini pour elle. Et puis, j’aime aussi les cimetiĂšres, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitĂ©es. Songez donc Ă  ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, Ă  toutes les gĂ©nĂ©rations de Parisiens qui sont logĂ©s lĂ , pour toujours, troglodytes dĂ©finitifs enfermĂ©s dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marquĂ©s d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbĂ©ciles. Me voici donc entrant dans le cimetiĂšre Montmartre, et tout Ă  coup imprĂ©gnĂ© de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ça n’est pas drĂŽle, cet endroit-lĂ , mais le moment n’en est pas encore venu pour moi
 » L’impression de l’automne, de cette humiditĂ© tiĂšde qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatiguĂ©, anĂ©mique, aggravait en la poĂ©tisant la sensation de solitude et de fin dĂ©finitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
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Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
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contredisez sans cesse cet esprit de nouveautĂ© et de changement, jusque dans les petites choses; laissez pendre sur vos murs les tapisseries enfumĂ©es de vos aĂŻeux; chargez vos tables de leur pesante argenterie. Vous dites: ‘Mon pĂšre est mort dans cette maison, il faut que je la vende !’ AnathĂšme sur ce sophisme de l’insensibilitĂ© ! dites au contraire : ‘Il y est mort, je ne puis plus la vendre’.
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Joseph de Maistre
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Y esto es lo que representa el fantasma en cantidad de películas o en la cultura popular; esa forma blanca y movediza es un muerto envuelto en su mortaja flotante. Es un difunto vestido con una prenda funeraria mal cosida o sin coser. Como le falta un pequeño retoque, el fantasma no puede abandonar este mundo. Se queda aquí retenido y se aparece mientras aguarda el arreglo que le permitirå por fin marcharse.
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Delphine Horvilleur (Vivre avec nos morts : Petit traité de consolation)
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ChĂšres Petites Poucettes, chers Petits Poucets, ne le dites pas Ă  vos vieux dont je suis, c’est tellement mieux aujourd’hui: la paix, la longĂ©vitĂ©, la paix, les antalgiques, la paix, la SĂ©cu, la paix, l’alimentation surveillĂ©e, la paix, l’hygiĂšne et les soins palliatifs, la paix, ni service militaire ni peine de mort, la paix, le contrat naturel, la paix, les voyages, la paix, le travail allĂ©gĂ©, la paix, les communications partagĂ©es, la paix, le gonflement vieilli bouffi des institutions dinosaures...
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Michel Serres (C'Ă©tait mieux avant !)
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Il travaillait en silence, enfermĂ© chez lui, invisible et plein de mĂ©pris pour les petits Ă©crivains dont le talent n'Ă©tait qu'une parure de sociĂ©tĂ© et qui, riches ou pauvres, circulaient, sauvages et dĂ©braillĂ©s, ou bien exhibaient des cravates recherchĂ©es, croyaient ĂȘtre heureux, charmants et artistiques au plus haut point, et ignoraient que les Ɠuvres bonnes ne naissent que sous la pression d'une vie mauvaise, que celui qui vit ne travaille pas, et qu'il faut ĂȘtre mort pour ĂȘtre tout Ă  fait crĂ©ateur.
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Thomas Mann (Tonio Kröger)
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El porvenir no estå frente a nosotros sino detrås, en las huellas de nuestros pasos en la tierra de una montaña que acabamos de ascender, huellas en las que quienes nos siguen y nos sobreviven leerån lo que a nosotros todavía no se nos permite ver. Los judíos afirman que no saben lo que hay después de la muerte. Pero podrían formularlo de otro modo: después de la muerte hay algo que no sabemos. Hay algo que todavía no se nos ha revelado, algo que otros harån, dirån y contarån mejor que nosotros, porque hemos existido.
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Delphine Horvilleur (Vivre avec nos morts : Petit traité de consolation)
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- Je te croyais morte. La voix d'Edwin avait Ă©tĂ© un murmure, le premier souffle hĂ©sitant d'un espoir qui renaissait. Ellana laissa son regard dĂ©river vers le corps ensanglantĂ© d'Essindra. Une flambĂ©e de haine embrasa son cƓur et, durant un bref instant, elle souhaita que la mercenaire soit encore vivante pour pouvoir la tuer Ă  nouveau. Puis Essindra disparut de son esprit et elle embrassa Edwin. Un baiser brĂ»lant Ă  l'improbable parfum de miracle. Un baiser douceur tout en promesses d'Ă©ternitĂ©. Un baiser aveu. Peur, tĂ©nĂšbres et solitude. PassĂ©es. Edwin la serra contre lui, enfouit le visage dans son cou, se perdit dans son parfum et les cheveux fous derriĂšre sa nuque. Sentir son corps, percevoir les battements de son cƓur... Il revint doucement Ă  la vie. - Je t'aime. Ils avaient chuchotĂ© ensemble. Tressaillirent ensemble en entendant l'autre Ă©noncer ce qui Ă©tat l'origine, le centre et l'avenir du monde. - Je t'aime. Autour d'eux l'univers avait pĂąli devant cette Ă©vidence. - Je t'aime. - Ne meurs plus jamais. S'il-te-plaĂźt. Plus jamais. - Je ne peux pas mourir, je t'aime. Leur Ă©treinte devint plus pressante, leurs lĂšvres se cherchĂšrent pour un nouveau baiser, plus intense, plus sensuel, plus... Destan, coincĂ© entre son pĂšre et sa mĂšre, Ă©mit un petit cri de protestation. Sans que leurs Ăąmes ne se dĂ©tachent, Ellana et Edwin s'Ă©cartĂšrent pour contempler leur fils. Peut-on mourir de bonheur ? La question avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©. Si les larmes qui embuaient les yeux d'Ellana et celles qui roulaient sur le visage d'Edwin avaient su parler, elles auraient sans doute rĂ©pondu.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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J’ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d’oĂč venait le petit prince est l’astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n’a Ă©tĂ© aperçu qu’une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un congrĂšs International d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l’astĂ©roĂŻde B 612, un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s’habiller Ă  l’europĂ©enne. L’astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant.
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Antoine de Saint-ExupĂ©ry (Le Petit Prince (70e Édition Anniversaire: entiĂšrement illustrĂ©e avec grandes illustrations) (French Edition))
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Un nouveau rĂ©sident pour mon cimetiĂšre. Un homme de cinquante-cinq ans, mort d’avoir trop fumĂ©. Enfin, ça, c’est qu’ont dit les mĂ©decins. Ils ne disent jamais qu’un homme de cinquante-cinq ans peut mourir de ne pas avoir Ă©tĂ© aimĂ©, de ne pas avoir Ă©tĂ© entendu, d’avoir reçu trop de factures, d’avoir contractĂ© trop de crĂ©dits Ă  la consommation, d’avoir vu ses enfants grandir et puis partir, sans vraiment dire au revoir. Une vie de reproches, une vie de grimaces. Alors sa petite clope et son petit canon pour noyer la boule au ventre, il les aimait bien. On ne dit jamais qu’on peut mourir d’en avoir eu trop souvent marre.
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Valérie Perrin (Fresh Water for Flowers)
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Il serra ses mains en poings et se força Ă  marcher Ă  pas lents et mesurĂ©s vers la tombe et commença Ă  haleter. Bon sang, il ne pouvait pas s’écrouler. Il voulait le faire, il avait besoin de le faire, besoin de voir ce qu’il pourrait retirer de ce rappel physique de sa propre mortalitĂ© Ă©phĂ©mĂšre. Peut-ĂȘtre que cela lui donnerait envie de vivre Ă  nouveau. Il lut les dates de dĂ©cĂšs marquĂ©es sur les pierres tombales, en faisant attention Ă  ne pas marcher sur les tombes des autres pauvres enfants morts, d’annĂ©e en annĂ©e, jusqu’à ce qu’il voit son nom. JULIETTE ANNE MARTIN 14 aoĂ»t 1991-9 octobre 2008 Fille bien-aimĂ©e. Il n’y avait pas d’ours, de plaques ou mĂȘme d’anges comme il en avait vu sur les autres pierres tombales, alors qu’il cherchait la sienne. Elle Ă©tait gris foncĂ©, en marbre et trĂšs Ă©lĂ©gante. Ses jambes se dĂ©robĂšrent sous lui quand il rĂ©alisa que son amie, sa Juliette, gisait Ă  ses pieds, et il atterrit sur la terre molle Ă  cĂŽtĂ© d’elle. Les fleurs oubliĂ©es tombĂšrent au sol et des sanglots secs ravagĂšrent son corps. Il ne pleurerait pas, il le savait. Il Ă©tait incapable de pleurer depuis cette nuit-lĂ . Tout comme il ne supportait plus d’ĂȘtre touchĂ©, il ne pouvait Ă©prouver le plus petit soulagement que les pleurs lui auraient accordĂ©.
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JP Barnaby (Aaron: Histoire d'un survivant #1 (French Edition))
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Place Saint-Germain-des-PrÚs. Devant la sortie de l'église, le jeune homme qui crie son journal. Demandez l'Antijuif! Vient de paraßtre! Donc c'est un nouveau numéro. Non, défense de l'acheter. Il s'approche, son mouchoir contre son nez, demande l'Antijuif, paye le jeune homme qui lui sourit. Otez le mouchoir, lui parler, le convaincre? FrÚre, ne comprends tu pas que tu me tortures? Tu es intelligent, ton visage est beau, aimons nous. Demandez l'Antijuif! Il court, traverse, s'engouffre dans une petite rue, brandit la feuille de haine. Demandez l'Antijuif! crie t il dans la rue déserte. Mort aux juifs! crie t il dans une voix folle. Mort à moi! crie t il, le visage illuminé de larmes.
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Albert Cohen
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Nous aimons des ĂȘtres, nous nous attachons Ă  des choses, et tout ce petit monde grandit en nos coeurs et en nos esprits jusqu'Ă  ce qu'il soit transfigurĂ© par l'Ă©clat de l'immortalitĂ©. Mais quand nous faisons l'expĂ©rience de leur fragilitĂ©, quand nous prenons conscience qu'elles ne sont pasd'airain mais en porcelaine, nos coeurs et nos esprits s'en retrouvent fĂȘlĂ©s, pour toujours. Nous succombons alors Ă  la folle tentation de descendre dans les caves profondes, en quĂȘte des morceaux brisĂ©s, obsĂ©dĂ©s par le dĂ©sir aveugle de les recoller et de les tenir Ă  nouveau entre nos mains. Nous nous risquons d'y demeurer Ă  tout jamais, fragments de porcelaine disparates Ă  notre tour, tels les dĂ©bris d'une civilisation morte au fond de l'ocĂ©an..
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Mohamed Harmel (les rĂȘves perdus de Leyla)
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Et le temps est une chose Ă©tonnante. La plupart d’entre nous ne vivent que pour ce qui est devant eux. Pour quelques jours, quelques semaines, quelques annĂ©es. L’un des moments les plus douloureux dans la vie de chacun est sans doute l’instant oĂč l’on a atteint l’ñge oĂč il y a plus de choses Ă  voir en arriĂšre que vers l’avant. Quand le temps n’est plus devant nous, nous devons trouver d’autres raisons de vivre. Le souvenir, peut-ĂȘtre. Les aprĂšs-midi au soleil, la main d’une autre personne dans la sienne. Le parfum des plates-bandes en fleurs. Les dimanches au cafĂ©. Les petits-enfants, peut-ĂȘtre. Nous trouvons une façon d’exister pour l’avenir d’un autre. Ce n’est pas qu’Ove est mort quand Sonja l’a abandonnĂ©. Il a seulement arrĂȘtĂ© de vivre.
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Fredrik Backman (A Man Called Ove)
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Esther n'Ă©tait certainement pas bien Ă©duquĂ©e au sens habituel du terme, jamais l'idĂ©e ne lui serait venue de vider un cendrier ou de dĂ©barrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gĂȘne qu'elle laissait la lumiĂšre allumĂ©e derriĂšre elle dans les piĂšces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivĂ©, suivant pas Ă  pas son parcours dans ma rĂ©sidence de San Jose, d'avoir Ă  actionner dix-sept commutateurs); il n'Ă©tait pas davantage question de lui demander de penser Ă  faire un achat, de ramener d'un magasin oĂč elle se rendait une course non destinĂ©e Ă  son propre usage, ou plus gĂ©nĂ©ralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les trĂšs jolies jeunes filles elle n'Ă©tait au fond bonne qu'Ă  baiser, et il aurait Ă©tĂ© stupide de l'employer Ă  autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyĂ© et gĂ„tĂ©, protĂ©gĂ© de tout souci comme de toute tĂąche ennuyeuse ou pĂ©nible afin de mieux pouvoir se consacrer Ă  son service exclusivement sexuel. Elle n'en Ă©tait pas moins trĂšs loin d'ĂȘtre ce monstre d'arrogance, d'Ă©goĂŻsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des trĂšs jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, trĂšs belle, infiniment Ă©rotique et dĂ©sirable, Esther n'en Ă©tait pas moins sensible aux infirmitĂ©s animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-lĂ  que j'en pris conscience, et que je me mis vĂ©ritablement Ă  l'aimer. Le dĂ©sir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi Ă  conduire Ă  l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition Ă©trange, d'une compassion pour l'ĂȘtre dĂ©sirĂ© ; tout ĂȘtre vivant, Ă©videmment, mĂ©rite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par lĂ -mĂȘme exposĂ© Ă  des souffrances sans nombre, mais face Ă  un ĂȘtre jeune et en pleine santĂ© c'est une considĂ©ration qui paraĂźt bien thĂ©orique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais rĂ©elle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'Ă©prouver ce sentiment Ă  son Ă©gard. Étant elle-mĂȘme compatissante, ayant mĂȘme des aspirations occasionnelles Ă  la bontĂ©, elle pouvait Ă©galement susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'Ă©difice, car je n'Ă©tais pas un ĂȘtre de passion, pas essentiellement, et si je pouvais dĂ©sirer quelqu'un de parfaitement mĂ©prisable, s'il m'Ă©tait arrivĂ© Ă  plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'Ă©tais mĂȘme allĂ© jusqu'Ă  utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'Ă  manifester une comprĂ©hension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immĂ©diatement aprĂšs avoir disposĂ© de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'Ă©tais senti parfaitement Ă  l'aise dans une relation sexuelle basĂ©e sur la pure attirance Ă©rotique et l'indiffĂ©rence Ă  l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - Ă  dĂ©faut d'amour - de sympathie, d'estime, de comprĂ©hension mutuelle; l'humanitĂ© non, je n'y avais pas renoncĂ©. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Avant le chariot du supermarchĂ©, le qu'est-ce qu'on va manger ce soir, les Ă©conomies pour s'acheter un canapĂ©, une chaĂźne hi-fi, un appart. Avant les couches, le petit seau et la pelle sur la plage, les hommes que je ne vois plus, les revues de consommateurs pour ne pas se faire entuber, le gigot qu'il aime par-dessus tout et le calcul rĂ©ciproque des libertĂ©s perdues. Une pĂ©riode oĂč l'on peut dĂźner d'un yaourt, faire sa valise en une demi-heure pour un week-end impromptu, parler toute une nuit. Lire un dimanche entier sous les couvertures. S'amollir dans un cafĂ©, regarder les gens entrer et sortir, se sentir flotter entre ces existences anonymes. Faire la fĂȘte sans scrupule quand on a le cafard. Une pĂ©riode oĂč les conversations des adultes installĂ©s paraissent venir d'un univers futile, presque ridicule, on se fiche des embouteillages, des morts de la PentecĂŽte, du prix du bifteck et de la mĂ©tĂ©o. Personne ne vous colle aux semelles encore. Toutes les filles l'ont connue, cette pĂ©riode, plus ou moins longue, plus ou moins intense, mais dĂ©fendu de s'en souvenir avec nostalgie. Quelle honte ! Oser regretter ce temps Ă©goĂŻste, oĂč l'on n'Ă©tait responsable que de soi, douteux, infantile. La vie de jeune fille, ça ne s'enterre pas, ni chanson ni folklore lĂ -dessus, ça n'existe pas. Une pĂ©riode inutile.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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MĂȘme quand il ne pensait pas Ă  la petite phrase, elle existait latente dans son esprit au mĂȘme titre que certaines autres notions sans Ă©quivalent, comme les notions de la lumiĂšre, du son, du relief, de la voluptĂ© physique, qui sont les riches possessions dont se diversifie et se pare notre domaine intĂ©rieur. Peut-ĂȘtre les perdrons-nous, peut-ĂȘtre s'effaceront-elles, si nous retournons au nĂ©ant. Mais tant que nous vivons, nous ne pouvons pas plus faire que nous ne les ayons connues que nous ne le pouvons pour quelque objet rĂ©el, que nous ne pouvons par exemple douter de la lumiĂšre de la lampe qu'on allume devant les objets mĂ©tamorphosĂ©s de notre chambre d'oĂč s'est Ă©chappĂ© jusqu'au souvenir de l'obscuritĂ©. Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait [...] Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Son sort Ă©tait liĂ© Ă  l'avenir, Ă  la rĂ©alitĂ© de notre Ăąme dont elle Ă©tait un des ornements les plus particuliers, les mieux diffĂ©renciĂ©s. Peut-ĂȘtre est-ce le nĂ©ant qui est le vrai et tout notre rĂȘve est-il inexistant, mais alors nous sentons qu'il faudra que ces phrases musicales, ces notions qui existent par rapport Ă  lui, ne soient rien non plus. Nous pĂ©rirons, mais nous avons pour otages ces captives divines qui suivront notre chance. Et la mort avec elles a quelque chose de moins amer, de moins inglorieux, peut-ĂȘtre de moins probable.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Les choses auxquelles on tenait le plus, vous vous dĂ©cidez un beau jour Ă  en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s’y mettre. On en a bien marre de s’écouter toujours cau-ser
 On abrĂšge
 On renonce
 Ça dure depuis trente ans qu’on cause
 On ne tient plus Ă  avoir raison. L’envie vous lĂąche de garder mĂȘme la petite place qu’on s’était rĂ©servĂ©e parmi les plaisirs
 On se dĂ©goĂ»te
 Il suffit dĂ©sormais de bouffer un peu, de se faire un peu de chaleur et de dormir le plus qu’on peut sur – 520 – le chemin de rien du tout. Il faudrait pour reprendre de l’intĂ©rĂȘt trouver de nouvelles grimaces Ă  exĂ©cuter devant les autres
 Mais on n’a plus la force de changer son rĂ©pertoire. On bre-douille. On se cherche bien encore des trucs et des excuses pour rester lĂ  avec eux les copains, mais la mort est lĂ  aussi elle, puante, Ă  cĂŽtĂ© de vous, tout le temps Ă  prĂ©sent et moins mystĂ©-rieuse qu’une belote. Vous demeurent seulement prĂ©cieux les menus chagrins, celui de n’avoir pas trouvĂ© le temps pendant qu’il vivait encore d’aller voir le vieil oncle Ă  Bois-Colombes, dont la petite chanson s’est Ă©teinte Ă  jamais un soir de fĂ©vrier. C’est tout ce qu’on a conservĂ© de la vie. Ce petit regret bien atroce, le reste on l’a plus ou moins bien vomi au cours de la route, avec bien des efforts et de la peine. On n’est plus qu’un vieux rĂ©verbĂšre Ă  souvenirs au coin d’une rue oĂč il ne passe dĂ©jĂ  presque plus personne.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Le Roi des Aulnes Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent ? C'est le pĂšre avec son enfant ; Il serre le petit garçon dans son bras, Il le serre bien, il lui tient chaud. « Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage ? — PĂšre, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ? Le Roi des Aulnes avec sa traĂźne et sa couronne ? — Mon fils, c'est un banc de brouillard. — Cher enfant, viens, pars avec moi ! Je jouerai Ă  de trĂšs beaux jeux avec toi, Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage, Et ma mĂšre possĂšde de nombreux habits d'or. — Mon pĂšre, mon pĂšre, et n'entends-tu pas, Ce que le Roi des Aulnes me promet Ă  voix basse ? — Sois calme, reste calme, mon enfant ! C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes. — Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ? Mes filles s'occuperont bien de toi Mes filles mĂšneront la ronde toute la nuit, Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses. — Mon pĂšre, mon pĂšre, et ne vois-tu pas lĂ -bas Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ? — Mon fils, mon fils, je vois bien : Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris. — Je t'aime, ton joli visage me charme, Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force. — Mon pĂšre, mon pĂšre, maintenant il m'empoigne ! Le Roi des Aulnes m'a fait mal ! » Le pĂšre frissonne d'horreur, il galope Ă  vive allure, Il tient dans ses bras l'enfant gĂ©missant, Il arrive Ă  grand-peine Ă  son port ; Dans ses bras l'enfant Ă©tait mort.
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Charles Nodier
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J'ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d'oĂč venait le petit prince est l'astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n'a Ă©tĂ© aperçu qu'une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un CongrĂšs International d'Astronomie. Mais personne ne l'avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l'astĂ©roĂŻde B 612 un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s'habiller Ă  l'EuropĂ©enne. L'astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. Si je vous ai racontĂ© ces dĂ©tails sur l'astĂ©roĂŻde B 612 et si je vous ai confiĂ© son numĂ©ro, c'est Ă  cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: 'Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?' Elles vous demandent: 'Quel Ăąge a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ?' Alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: 'J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit...' elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: 'J'ai vu une maison de cent mille francs.' Alors elles s'Ă©crient: 'Comme c'est joli !
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Depuis que j'ai doue ans, et depuis qu'elle est une terreur, la mort est une marotte. J'en ignorais l'existence jusqu'Ă  ce qu'un camarade de classe, le petit BonnecarĂšre, m'envoyĂąt au cinĂ©ma le Styx, oĂč l'on s'asseyait Ă  l'Ă©poque dans des cercueils, voir L'enterrĂ© vivant, un film de Roger Corman tirĂ© d'un conte 'Edgar Allan Poe. La dĂ©couverte de la mort par le truchement de cette vision horrifique d'un homme qui hurle d'impuissance Ă  l'intĂ©rieur de son cercueil devint une source capiteuse de cauchemars. Par la suite, je ne cessai de rechercher les attributs de les plus spectaculaires de la mort, suppliant mon pĂšre de me cĂ©der le crĂąne qui avait accompagnĂ© ses Ă©tudes de mĂ©decine, m'hypnotisant de films d'Ă©pouvante et commençant Ă  Ă©crire, sous le pseudonyme d'Hector Lenoir, un conte qui racontair les affres d'un fantĂŽmr rnchaĂźnĂ© dans les oubliettes du chĂąteau des Hohenzollern, me grisant de lectures macabres jusqu'aux stories sĂ©lectionnĂ©es par Hitschcock, errant dans les cimetiĂšres et Ă©trennant mon premier appareil avec des photographies de tombes d'enants, me dĂ©plaçant jusqu'Ă  Palerme uniquement pour contempler les momies des Capucins, collectionnant les rapaces empaillĂ©s comme Anthony Perkins dans Psychose, la mort me semblait horriblement belle, fĂ©eriquement atroce, et puis je pris en grippe son bric-Ă -brac, remisai le crĂąne de l'Ă©tudiant de mĂ©decine, fuis les cimetiĂšres comme la peste, j'Ă©tais passĂ© Ă  un autre stade de l'amour de la mort, comme imprĂ©gnĂ© par elle au plus profond je n'avais plus besoin de son dĂ©corum mais d'une intimitĂ© plus grande avec elle, je continuais inlassablement de quĂ©rir son sentiment, le plus prĂ©cieux et le plus haĂŻssable d'entre tous, sa peur et sa convoitise.
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HervĂ© Guibert (À l'ami qui ne m'a pas sauvĂ© la vie)
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Il songea, une nouvelle fois, que, petit, un jour, il portait un lapin par les pattes de derriĂšre. C'Ă©tait en Sicile, les pattes Ă©taient attachĂ©es avec de la ficelle, il marchait Ă  cĂŽtĂ© de son pĂšre, son pĂšre trimbalait un panier de pommes de terre, et il sentait que le sang s'accumulait dans la petite tĂȘte du lapin, le lapin Ă©tait juste dans la posture de Saint-Pierre le jour de sa mort, les yeux du lapin muet avait un vertige infini de souffrance et de terreur, il aurait suffi de mettre l'animal dans l'autre sens, la tĂȘte en haut, alors, au moins, avant la mort inĂ©vitable, il aurait cessĂ© de souffrir, mais il n'osa pas. Par consĂ©quent, lui, petit, dĂ©jĂ  Ă©tait pris dans l'omertĂ  du monde, dans cette complicitĂ© gĂ©nĂ©rale qui nous fait, en gros, accepter des mers et des montagnes de souffrance et de terreur, les reconnaitre pour lĂ©gitimes, nĂ©cessaires, bonnes, justes. Si l'on se mettait, par exemple, Ă  souffrir pour un lapin, il faudrait, tout de suite, souffrir aussi pour les chevaux, les mouches, les rats, les vieillards. C'est pourquoi il avait continuĂ© Ă  tenir l'animal Ă  l'envers, par ses pattes ficelĂ©es, tout en sentant que le regret s'accumulait en lui, s'accumulait jusqu'Ă  former un dĂ©pĂŽt pesant dans la tĂȘte de l'animal, enflammant ses yeux de sang et de terreur, mais l'omertĂ , dĂ©jĂ , Ă©tait la plus forte, la complicitĂ© taciturne des hommes entre eux, des ĂȘtres entre eux. Demandez Ă  qui vous voudrez. Un lapin, pour un trajet donnĂ©, se porte la tĂȘte en bas, ficelĂ© par les pattes de derriĂšre, c'est la loi. Un bambin, sur un chemin, dans la grande Ăźle, dans la Sicile, il ne va pas, de lui-mĂȘme, accomplir la rĂ©volution, tourner l'animal dans l'autre sens, dans le sens du pardon, du bien-ĂȘtre, au risque de troubler le pas de son pĂšre, son pĂšre portait les pommes de terre.
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Jacques Audiberti (Le MaĂźtre De Milan)
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En ce qui concerne l’arabe et le berbĂšre, je ne dirai qu’une chose : j’estime qu’un berbĂšre qui ne connaĂźt pas l’arabe, ne connaĂźt pas le Maroc et l’arabe qui ne sait pas le berbĂšre, non plus. Quant Ă  l’origine des uns et des autres, et puisqu’on parle beaucoup ces derniers temps d’ADN, je voudrais dĂ©plorer le fait que chez nous, on a l’esprit insuffisamment scientifique pour remettre en cause des donnĂ©es historiques hĂ©ritĂ©es, qu’on s’en tient Ă  ce qui a Ă©tĂ© dit il y a mille ans. Or, je peux vous dire que les civilisations berbĂšre et Ă©gyptienne ont une mĂȘme origine, le centre du Grand Sahara. Quand je travaillais sur le dictionnaire berbĂšre (j’y ai consacrĂ© 27 ans de ma vie), il y a eu une racine berbĂšre qui m’a intriguĂ©e. Il s’agit d’un verbe, Sko, qui veut dire dans tous les dialectes berbĂšres, « bĂątir », sauf chez les touaregs oĂč il veut dire « enterrer ». Or, c’est de notoriĂ©tĂ© publique, le touareg est un isolant linguistique, conservateur, qui peut porter les traces d’une signification originelle. Petit Ă  petit, j’ai rĂ©uni suffisamment d’élĂ©ments pour affirmer qu’à l’époque des hordes dans le Grand Sahara, on a commencĂ© Ă  enterrer les morts. Puis, les gens n’étant pas sĂ©dentarisĂ©s, on a Ă©tĂ© obligĂ©s de construire un Ă©difice reconnaissable sur chaque tombe. Par ce dĂ©tail linguistique, je suis arrivĂ© Ă  l’hypothĂšse de l’origine historique commune, saharienne, des BerbĂšres et des Egyptiens. Quand j’ai exposĂ© ma thĂšse Ă  l’AcadĂ©mie Royale du Maroc, elle a Ă©tĂ© accueillie trĂšs froidement. Mais une anthroplogue amĂ©ricaine qui menait une recherche sur les deux civilisations puis un livre paru en 2000 2 ont corroborĂ© mon propos et montrĂ© qu’au moment de la dĂ©sertification, les populations ont Ă©migrĂ© vers l’Ouest (le Maghreb) et l’Est (l’Egypte) au plus proche des points d’eau 3, avec une particularitĂ© bovine du cĂŽtĂ© du Nil et une orientation pastoraliste ovine du cĂŽtĂ© du Maghreb. [Interview Economia, Octobre 2010]
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Mohammed Chafik
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PEER GYNT L'Ăąme, souffle et lumiĂšre du verbe, te viendra plus tard, ma fille Quand, en lettres d'or, sur le fond rose de l'Orient, apparaĂźtront ces mots : Voici le jour, alors commenceront les leçons ; ne crains rien, tu seras instruite. Mais je serais un sot de vouloir, dans le calme de cette tiĂšde nuit,me parer de quelques baillons d'un vieux savoir usĂ©, pour te traiter en maĂźtre d'Ă©cole. AprĂšs tout, le principal, quand on y rĂ©flĂ©chit, ce n'est point l'Ăąme, c'est le cƓur. ANITRA Parle seigneur. Quand tu parles, il me semble voir comme des lueurs d'opale. PBER GYNT La raison poussĂ©e Ă  l'excĂšs est de la bĂȘtise. La poltronnerie s'Ă©panouit en cruautĂ©. L'exagĂ©ration de la vĂ©ritĂ©, c'est de la sagesse Ă  l'envers. Oui, mon enfant, le diable m'emporte s'il n'y a pas de par le monde des ĂȘtres gavĂ©s d'Ăąme qui n'en ont que plus de peine Ă  voir clair. J'ai connu un individu de cette sorte, une vraie perle pourtant, qui a manquĂ© son but et perdu la boussole. Vois-tu ce dĂ©sert qui entoure l'oasis? Je n'aurais qu'Ă  agiter mon turban pour que les flots de l'OcĂ©an en comblassent toute l'Ă©tendue. Mais je serais un imbĂ©cile de crĂ©er ainsi des continents et des mers nouvelles. Sais-tu, ce que c'est que de vivre? ANITRA Enseigne-le-moi. PEER GYNT C'est planer au-dessus du temps qui coule, en descendre le courant sans se mouiller les pieds, et sans jamais rien perdre de soi-mĂȘme. Pour ĂȘtre celui qu'on est, ma petite amie, il faut la force de l'Ăąge! Un vieil aigle perd son piumage, une vieille rosse son allure, une vieille commĂšre ses dents. La peau se ride, et l'Ăąme aussi. Jeunesse ! jeunesse ! Par toi je veux rĂ©gner non sur les palmes et les vignes de quelque Gyntiana, mais sur la pensĂ©e vierge d'une femme dont je serai le sultan ardent et vigoureux. Je t'ai fait, ma petite, la grĂące de te sĂ©duire, d'Ă©lire ton cƓur pour y fonder un kalifat nouveau. Je veux ĂȘtre le maĂźtre de tes soupirs. Dans mon royaume, j'introduirai le rĂ©gime absolu. Nous sĂ©parer sera la mort... pour toi, s'entend. Pas une fibre, pas une parcelle de toi qei ne m'appartienne. Ni oui, ni non, tu n'auras d'autre volontĂ© que la mienne. Ta chevelure, noire comme la nuit, et tout ce qui, chez toi, est doux Ă  nommer, s'inclinera devant mon pouvoir souverain. Ce seront mes jardins de Babylone.
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Henrik Ibsen (Peer Gynt)
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LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce moment. Les prĂȘtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux Ă©toilĂ©s. Car vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă  moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois mystĂ©rieux. Ce doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă  goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă  l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux profonds. Les prĂȘtres vont criant: AnathĂšme ! anathĂšme ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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The shock of orgasm pulls you under the wave you never saw coming. It wrestles you to the point of exhaustion and allows you to breathe only when you’ve died la petite mort. When you’ve given all and received everything in return.
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Megan Mitcham (Stranger Mine (Base Branch #3))
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On vivait dans l'Ăšre des petites libertĂ©s individuelles, oĂč chacun devait se sentir libre, peut-ĂȘtre que ça venait de lĂ ; certains, percevant l'illusion de ce systĂšme, se octrayient une vĂ©ritable libertĂ©, celle de vie et de mort sur autrui.
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Maxime Chattam (Maléfices (La trilogie du Mal, #3))
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Dans les jours d'aprÚs nous distribuerons tes soixante-dix-sept peluches, une par une ou deux par deux, à des fossés dans les campagnes, à des clairiÚres, à des rochers. C'est joli, ces ours, ces lapins, ces petits chats abandonnés sur les tapis de mousse, prenant la pluie sous les marguerites.
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Sophie Daull (Camille, mon envolée)
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Shonsu, les dieux te sont reconnaissants ! Ta rĂ©compense sera fantastique : une vie longue et heureuse, du pouvoir et de grandes rĂ©alisations. (Il ricana.) Et de l'amour, Ă©videmment ! Tu gouverneras lorsque Nnanji sera absent. Tu traceras la carte de ce monde et tu verras les cercles se refermer. Tu imposeras le sens de la justice Ă  Katanji, la raison Ă  Thana et la misĂ©ricorde Ă  Nnanji. Tu voyageras Ă  travers le Monde en tant qu'ambassadeur et tu chevaucheras au cĂŽtĂ© de l'empereur quand il retournera Ă  Hann pour remercier la DĂ©esse et saluer ses parents. » Les autres connaĂźtront gloire et honneur, mais tu gagneras l'amour du Peuple. Et quand l'heure de ta mort sonnera enfin, tes petits-enfants seront prĂšs de toi, une foule immense tiendra une veillĂ©e silencieuse aux portes de ton domaine et le Monde tout entier pleurera. En attendant ce moment, l'amour de Jja t'appartient et sa beautĂ© ne se flĂ©trira jamais. Elle se souciait peu d'ĂȘtre une esclave, mais toi, tu ne le supportais pas. Elle et son fils sont maintenant libres. Personne en dehors de vous deux ne remarquera le changement – un miracle rĂ©troactif et le dernier. Je viens juste de le lui expliquer. Wallie
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Dave Duncan (Le destin de l'épée (La septiÚme épée, #3))
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Oh, merveilleux bonhomme. Tu voyais tout en moi, chaque recoin de mon petit cƓur. La moindre de mes pensĂ©es, qu'elle soit profonde ou mesquine.Tu riais pour Ă©loigner le mal et cĂ©lĂ©brais les moments de joie. Être connu de quelqu'un, profondĂ©ment, de l'intĂ©rieur, c'est ça, l'essence de l'amour. Une existence sans amour n'est que l'ombre de la vie. J'ai errĂ© dans cette pĂ©nombre quand tu es parti pour le camp d'entraĂźnement, Sal. Et elle a failli me submerger lorsque tu es mort. Je le souhaitais, en un sens. Jusqu'au jour oĂč une personne a dĂ©cidĂ© qu'elle me connaissait suffisamment pour me montrer toutes les bonnes raisons que j'avais de rester en vie.
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Suzanne Hayes
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] En faisant ainsi prĂ©valoir les droits de la spontanĂ©itĂ© sur la rĂ©flexion, de l’ignorance sur la science, de l’immĂ©diatetĂ© de la pulsion sur la patience de l’art, de l’éphĂ©mĂšre adolescence sur l’éternelle sagesse, d’instinct le TĂȘtard faisait triompher la paresse de ceux qui estiment que la tradition tient en elle trop d’exigences, et qu’un hĂ©ritage, notamment celui de l’excellence, est bien trop lourd Ă  porter. Ces affalĂ©s prĂ©fĂšrent laisser libre cours Ă  l’interne chimpanzĂ© qu’ils sont fiers de traĂźner, en qui ils entendent se complaire et qui rĂ©clame tyranniquement une culture pour lui tout seul : celle de la luxure de marchĂ©, celle du glauque, de la bigarrure et de l’anomie, celle des veines Ă©pithumiques, d’un dĂ©sir encalibistrĂ© et claustral, petite rĂ©gion Ă©levĂ©e au rang de galaxie et que ces hĂ©domanes rĂȘvent ventromniloque. La culture du bas-jouir prĂȘt Ă  tout. C’est TĂȘtard qui dĂ©clare ainsi l’ouverture du premier gĂ©nocide fƓtal de l’histoire au nom de prĂ©tendus droits reconnus Ă  la salope : tout enfant non dĂ©vaginĂ© est passible de la peine de mort si un couple de robots droguĂ©s ou de ThĂ©nardier jouisseurs se voit contrarier le plan de ses projets hĂ©donistes et mercantiles. MicrocĂ©phalopolis est une citĂ© cohĂ©rente oĂč l’on tue pour finir ses Ă©tudes, pour forniquer plus confortablement, pour partir en vacances, et oĂč l’on dresse simultanĂ©ment des monuments aux victimes des grands massacres historiques. Car MicrocĂ©phalopolis dĂ©termine elle-mĂȘme, au milieu des chialeries, quels sont les gĂ©nocides propres et quels ne sont pas.
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Maxence Caron (Microcéphalopolis: Roman)
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C'est exactement la vieillesse que je nous souhaite, Ă  HĂ©lĂšne et moi. Il y aurait de grandes bibliothĂšques, des divans profonds, les cris des petits-enfants dehors, des confitures de baies, de longues conversations dans des chaises longues. Les ombres s'allongent, la mort approche doucement. La vie a Ă©tĂ© bonne parce qu'on s'est aimĂ©s. Ce n'est peut-ĂȘtre pas comme ça que ça finira, mais c'est comme ça, s'il ne tenait qu'Ă  moi, que j'imaginerais que ça finisse.
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Emmanuel CarrĂšre
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Dans les commentaires dĂ©lirants auxquels l'article de l'avocat donna lieu, devait revenir sous les formes les plus insolites la comparaison avec le sourire de la Joconde. MaĂźtre Homaire avait, entre autres, Ă©crit : « Dans le voile bleutĂ© du petit matin, confondu avec les voiles des noces, il Ă©manait de la mort d'Hadriana SiloĂ© une espĂšce d'envoĂ»tement sublunaire considĂ©rablement renforcĂ© par l'allĂ©gresse Ă©nigmatique des lĂšvres. Comme chez Mona Lisa, le charme du visage semblait pivoter sur lui-mĂȘme, complĂštement purifiĂ© des contingences consternantes du dĂ©cĂšs et portĂ© Ă  merveille Ă  l'incandescence intĂ©rieure qui sied Ă  l'Ă©ternelle beautĂ© fĂ©minine. » A la fin de 1946, Ă  mon arrivĂ©e Ă  Paris, je me prĂ©cipitai, haletant, au musĂ©e du Louvre, vers la cĂ©lĂšbre toile de Leonardo, comme au premier rendez-vous pris loin de Jacmel avec Nana SiloĂ©. J'en fus profondĂ©ment déçu. La Joconde Ă©tait bien le chef-d'Ɠuvre d'un peintre gĂ©nial, mais, comparĂ©e Ă  la jeune fille de mon souvenir, elle semblait plutĂŽt ricaner, sans aucun feu intĂ©rieur. Dans la trame de ma nostalgie inguĂ©rissable, Hadriana avait son maquillage de mariĂ©e intact ; la peau de son cou et de ses mains Ă©tait aussi lisse et fraĂźche qu'une mangue cueillie juste avant le lever du soleil. La mort avait donnĂ© Ă  sa beautĂ© un air de joyeuse profondeur comme si elle Ă©tait intĂ©rieurement absorbĂ©e par un rĂȘve plus prodigieux que la vie et la mort Ă  la fois. Sa bouche n'Ă©voquait pas un sourire lĂ©gendaire, mais un fruit Ă©clatant de fraĂźcheur auquel toute bouche assoiffĂ©e aurait voulu mordre jusqu'Ă  l'extase.
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RenĂ© Depestre (Hadriana dans tous mes rĂȘves (French Edition))
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Je ne connaĂźtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit Ă  l'oblitĂ©ration totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passĂ©e, je tournerai mon Ɠil intĂ©rieur sur son chemin. Et lĂ  oĂč elle sera passĂ©e, il n'y aura plus rien. Rien que moi.
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Frank Herbert (Dune (Dune, #1))
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La mort du concierge, il est possible de le dire, marqua la fin de cette pĂ©riode remplie de signes dĂ©concertants et le dĂ©but d’une autre, relativement plus difficile, oĂč la surprise des premiers temps se transforma peu Ă  peu en panique. Nos concitoyens, ils s’en rendaient compte dĂ©sormais, n’avaient jamais pensĂ© que notre petite ville pĂ»t ĂȘtre un lieu particuliĂšrement dĂ©signĂ© pour que les rats y meurent au soleil et que les concierges y pĂ©rissent de maladies bizarres. De ce point de vue, ils se trouvaient en somme dans l’erreur et leurs idĂ©es Ă©taient Ă  rĂ©viser. Si tout s’était arrĂȘtĂ© lĂ , les habitudes sans doute l’eussent emportĂ©. Mais d’autres parmi nos concitoyens, et qui n’étaient pas toujours concierges ni pauvres, durent suivre la route sur laquelle M. Michel s’était engagĂ© le premier. C’est Ă  partir de ce moment que la peur, et la rĂ©flexion avec elle, commencĂšrent
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Albert Camus
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Notre vie est dĂ©jĂ  pleine de morts, et pour chacun le plus mort des morts est le petit garçon qu'il fut. Et pourtant l'heure venue, c'est lui qui reprendra sa place Ă  la tĂȘte de ma vie, rassemblera mes pauvres annĂ©es jusqu'Ă  la derniĂšre, et comme un jeune chef ses vĂ©tĂ©rans, ralliant la troupe en dĂ©sordre entrera le premier dans la maison du PĂšre.
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Georges Bernanos (7 romans de Georges Bernanos : Sous le soleil de Satan, L’Imposture, La Joie, Un crime, Journal d’un curĂ© de campagne, Nouvelle Histoire de Mouchette, Monsieur Ouine)
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Les pauvres de ThĂšbes auront froid, cet hiver, CrĂ©on. En apprenant la mort de son fils, la reine a posĂ© ses aiguilles, sagement, aprĂšs avoir terminĂ© son rang, posĂ©ment, comme tout ce qu'elle fait, un peu plus tranquillement peut-ĂȘtre que d'habitude. Et puis elle est passĂ©e dans sa chambre, sa chambre Ă  l'odeur de lavande, aux petits napperons brodĂ©s et aux cadres de peluche, pour s'y couper la gorge, CrĂ©on. Elle est Ă©tendue maintenant sur un des petits lits jumeaux dĂ©modĂ©s, Ă  la mĂȘme place oĂč tu l'as vue jeune fille un soir, et avec le mĂȘme sourire, Ă  peine un peu plus triste. Et s'il n'y avait pas cette large tache rouge sur les linges autour de son cou, on pourrait croire qu'elle dort.
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Anouilh, Jean
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La mort des parents ne devient dĂ©finitive que le jour oĂč leur enfants ne sont plus lĂ  pour les Ă©voquer. Alors la mĂ©moire de ce qu'ils Ă©taient vraiment s'abolit. Ils survivront, brumeux, dans les souvenirs de leurs petits-enfants, qui ne les auront connus que vieux
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BenoĂźte Groult (La Touche Ă©toile)
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On s'Ă©tait trompĂ©. L'erreur qu'on avait faite, en quelques secondes, a gagnĂ© tout l'univers. Le scandale Ă©tait Ă  l'echelle de Dieu. Mon petit frĂšre Ă©tait immortel et on ne l'avait pas vu. L'immortalitĂ© avait Ă©tĂ© recelĂ©e par le corps de ce frĂšre tandis qu'il vivait et nous, on n'avait pas vu que c'Ă©tait dans ce corps-lĂ  que se trouvait ĂȘtre logĂ©e l'immortalitĂ©. Le corps de mon frĂšre Ă©tait mort. L'immortalitĂ© Ă©tait morte avec lui. Et ainsi allait le monde maintenant, privĂ© de ce corps visitĂ©, et de cette visite. On s'Ă©tait trompĂ© complĂštement. L'erreur a gagnĂ© tout l'univers, le scandale. [...] Il faudrait prĂ©venir les gens de ces choses-lĂ . Leur apprendre que l'immortalitĂ© est mortelle, qu'elle peut mourrir, que c'est arrivĂ©, que cela arrive encore. Qu'elle ne se signale pas en tant que telle, jamais, qu'elle est la duplicitĂ© absolue. Qu'elle n'existe pas dans le dĂ©tail mais seulement dans le principe. Que certaines personnes peuvent en recĂ©ler la prĂ©sence, Ă  condition qu'elles ignorent le faire. De mĂȘme que certaines autres personnes peuvent en dĂ©celer la prĂ©sence chez ces gens, Ă  la mĂȘme condition, qu'elles ignorent le pouvoir. Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas un question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants : l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne.
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Marguerite Duras (L'Amant)
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HAUT CIEL S'ouvre le ciel touffu au milieu de la nuit Qui roule du silence DĂ©fendant aux Ă©toiles de pousser un seul cri Dans le vertige de leur Ă©ternelle naissance. De soi-mĂȘme prisonniĂšres Elles brĂ»lent une lumiĂšre Qui les attache, les dĂ©livre Et les rattache sans merci. Elles refoulent dans les siĂšcles L'impatience originelle Qu'on reconnaĂźt lĂ©gĂšrement À quelque petit cillement. Le ciel de noires violettes RĂ©pand une odeur d'infini Et va chercher dans leur poussiĂšre Les soleils que la mort bannit. Une ombre longue approche et hume Les astres de son museau de brume. On devine l'ahan des galĂ©riens du ciel Tapis parmi les rames d'un navire sans Ăąge Qui laisse en l'air un murmure de coquillage Et navigue sans but dans la nuit Ă©ternelle, Dans la nuit sans escales, sans rampes ni statues, Sans la douceur de l'avenir Qui nous frĂŽle de ses plumes Et nous dĂ©fend de mourir. Le navire s'Ă©loigne derriĂšre de hautes roches de tĂ©nĂšbres Les Ă©toiles restent seules contractĂ©es au fond de leur fiĂšvre Avec leur aveu dans la gorge Et l'horreur de ne pouvoir Imaginer une rose Dans leur mĂ©moire qui brĂ»le.
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Jules Supervielle (Gravitations précédé de DébarcadÚres)
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Ne faudrait-il pas prendre le temps d’écouter la voix des morts, faire notre deuil dans la tristesse, et en mĂȘme temps, petit Ă  petit, aller de l’avant ? Avec les morts.
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いべうせいこう (Radio Imagination)
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RhinocĂ©ros , EugĂšne Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir Ă  l’une des tables de la terrasse, un peu Ă  droite et derriĂšre Jean et BĂ©renger. BĂ©renger, Ă  Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisĂ©. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pĂšse en rĂ©alitĂ©. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. BĂ©renger, Ă  Jean : Moi, j’ai Ă  peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-ĂȘtre. Le Vieux Monsieur, au Logicien aprĂšs avoir longuement rĂ©flĂ©chi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. BĂ©renger, Ă  Jean : La solitude me pĂšse. La sociĂ©tĂ© aussi. Jean, Ă  BĂ©renger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pĂšse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est trĂšs beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. BĂ©renger, Ă  Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. BĂ©renger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !
 Ah ! ah !
 (Gros rire) Ceux-lĂ  aussi vous pĂšsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? BĂ©renger: Je me demande moi-mĂȘme si j’existe ! Jean, Ă  BĂ©renger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez
 Jean, Ă  BĂ©renger : Vous ĂȘtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intĂ©resse pas. Quelqu’un, cependant, vous intĂ©resse ! BĂ©renger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en ĂȘtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate Ă©tait donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le rĂ©vĂ©ler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste Ă©tat oĂč vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indiffĂ©rent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit sĂ©duite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons Ă  nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous Ă©coute. BĂ©renger, Ă  Jean : De toute façon, je crois qu’elle a dĂ©jĂ  quelqu’un en vue. Jean, Ă  BĂ©renger : Qui donc ? BĂ©renger, Ă  Jean : Dudard. Un collĂšgue du bureau : licenciĂ© en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cƓur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donnĂ© par hypothĂšse. BĂ©renger, Ă  Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothĂšse ! Jean, Ă  BĂ©renger : Et vous renoncez, comme cela
 BĂ©renger, Ă  Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou sĂ©parĂ©ment ? Jean, Ă  BĂ©renger : La vie est une lutte, c’est lĂąche de ne pas combattre !
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EugÚne Ionesco (Rhinocéros)
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Je me souviens, un jour tu m'as dit : je prĂ©fĂšre dormir Ă  cĂŽtĂ© d'un rasoir ouvert qu'Ă  cĂŽtĂ© d'une de ces petites salopes que je paie pour se laisser tripoter. Un rasoir, c'est franc, c'est honnĂȘte, on peut se tuer avec, ou Ă©gorger ses ennemis, c'est pur un rasoir, ça ne raconte pas de balivernes, c'est blanc comme la mort.
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Jean-Pierre Martinet (JĂ©rĂŽme)
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La mort entraĂźne peu de chose dans le nĂ©ant, trĂšs peu. Me suis patiemment appliquĂ© Ă  repĂȘcher des souvenirs. Fautes commises, aventures secrĂštes, petites hontes etc. Pour chacune, je me demandais : « Et ceci, est-ce que ça disparaĂźtra entiĂšrement avec moi ? Est-ce qu’il n’en reste vraiment aucune trace, ailleurs qu’en moi ? » Me suis acharnĂ©, prĂšs d’une heure durant, Ă  retrouver dans mon passĂ© quelque chose, un acte un peu particulier, dont je sois sĂ»r qu’il ne subsiste rien, rien, nulle part ailleurs que dans ma conscience ; pas le moindre prolongement, pas la moindre consĂ©quence matĂ©rielle ou morale, aucun germe de pensĂ©e qui puisse, aprĂšs moi, lever dans la mĂ©moire d’un autre ĂȘtre. Mais, pour chacun de mes souvenirs, je finissais par trouver quelque tĂ©moin possible, quelqu’un qui avait su la chose ou qui avait Ă©tĂ© Ă  mĂȘme de la deviner, - quelqu’un qui vivait peut-ĂȘtre encore, et qui, moi disparu, pourrait un jour, au hasard d’une rĂ©miniscence... Je me tournais et me retournais sur mes oreillers, torturĂ© par un inexplicable sentiment de regret, de mortification, Ă  l’idĂ©e que si je ne parvenais pas Ă  trouver quelque chose, ma mort serait un dĂ©rision, je n’aurais mĂȘme pas cette consolation pour l’orgueil d’emporter dans le nĂ©ant quelque chose m’appartenant en exclusivitĂ©.
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Roger Martin du Gard (Les Thibault III: l'été 1914)
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« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais. Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais. Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles reprĂ©sentent. Je dormirais peu, je rĂȘverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, Ă  chaque minute nous perdons 60 secondes de lumiĂšre. Je marcherais quand les autres s'arrĂȘteraient, je me rĂ©veillerais quand les autres dormiraient. Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais Ă  plat ventre au soleil, laissant Ă  dĂ©couvert pas seulement mon corps, mais aussi mon Ăąme. Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'ĂȘtre amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'ĂȘtre amoureux ! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre Ă  voler tout seul. Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli. J'ai appris tant de choses de vous les hommes
 J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la maniĂšre d'y arriver. J'ai appris que lorsqu'un nouveau-nĂ© serre pour la premiĂšre fois, le doigt de son pĂšre, avec son petit poing, il le tient pour toujours. J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables Ă  se relever. J'ai appris tant de choses de vous, mais Ă  la vĂ©ritĂ© cela ne me servira pas Ă  grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir. Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses. Si je savais que c'est peut ĂȘtre aujourd'hui la derniĂšre fois que je te vois dormir, je t'embrasserais trĂšs fort et je prierais pour pouvoir ĂȘtre le gardien de ton Ăąme. Si je savais que ce sont les derniers moments oĂč je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais dĂ©jĂ . Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilitĂ© pour faire les choses bien, mais au cas oĂč elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais. Le lendemain n'est sĂ»r pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux. C'est peut ĂȘtre aujourd'hui que tu vois pour la derniĂšre fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut ĂȘtre demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu Ă©tais trop occupĂ© pour accĂ©der Ă  un de leur dernier dĂ©sir. Garde ceux que tu aimes prĂšs de toi, dis-leur Ă  l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensĂ©es secrĂštes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer. Dis Ă  tes amis et Ă  ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi. Monsieur MĂĄrquez a terminĂ©, disant : Envoie cette lettre Ă  tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passĂ©. Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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Beccaria - C’est dans un petit traitĂ© intitulĂ© Des dĂ©lits et des peines que l’on trouve la toute premiĂšre argumentation philosophique contre la torture et la peine de mort.
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Christian Godin (La Philosopie Pour Les Nuls)
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Une minute vient de s’écouler. Cela fait environ cent morts et cent nouveau-nĂ©s de plus. Une centaine de vagissements et une centaine de derniers soupirs. Le calcul est fait depuis longtemps. Le compte est exact. C’est la balance du grouillement de l’humanitĂ©. Dans une heure, il y aura six mille cadavres sous votre lit et six mille petits enfants, tout autour de vous, pleureront par lierre ou dans des berceaux.
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LĂ©on Bloy (The Woman Who Was Poor)
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Et si l’on vous raconte qu’il fallait que ça arrivĂąt, qu’il ne pouvait en ĂȘtre autrement, que la France avait fait de son mieux et l’Allemagne aussi, et la petite rĂ©publique du Liberia et le petit Équateur et tous les alliĂ©s donc ! et que depuis la guerre tout le monde a encore fait de son mieux pour raccommoder les choses et passer l’éponge, rĂ©pondez que ce mieux-lĂ  ne suffit pas, qu’il y en a marre de cette logique du « faire du mieux qu’on peut » ; rĂ©pondez que faire pour le mieux, si l’affaire est mauvaise, n’intĂ©resse personne, que les affaires, bonnes ou mauvaises, on s’en fout, comme des monuments aux morts. Il y en a marre de la logique des Ă©vĂ©nements et de toutes les logiques. « Je ne parle pas logique, a dit Montherlant, je parle gĂ©nĂ©rositĂ©. » J'imagine que vous n’avez pas trĂšs bien compris : la citation Ă©tait en français. Je vais donc la rĂ©pĂ©ter dans la langue de Sa MajestĂ© trĂšs britannique : « I’m not talking logic, I’m talking generosity. » C'est de trĂšs mauvais anglais, comme pourrait le parler Sa MajestĂ© mĂȘme, mais c’est clair. GĂ©nĂ©rositĂ©, vous entendez ? Une chose que vous ne pratiquez jamais, tous tant que vous ĂȘtes, Ă  la paix comme Ă  la guerre. Vous ne savez pas ce que ça veut dire. Vous croyez que fournir des canons et des munitions au gagnant, c’est ça la gĂ©nĂ©rosité ; ou envoyer des infirmiĂšres de la Croix-Rouge sur le front, ou l’ArmĂ©e du Salut aussi bien. Vous croyez qu’une prime avec vingt ans de retard c’est ça la gĂ©nĂ©rosité ; une petite pension, un fauteuil roulant ;
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Approche donc et dĂ©couvre, petit dragonnet, Les sept ennemis que tu dois redouter. Prends garde Ă  l'Orgueil qui assombrit l'esprit Et te leurre sur la vraie taille de ton ennemi. N'envie pas aux autres dragons pouvoir, richesses et biens Car intrigues et complots seront la fin des tiens. MĂȘme percĂ© de lances, Ă©vite la ColĂšre Car elle tuera la ruse, qu'il te faudra entiĂšre. Un dragon doit dormir mais, toi, fuis la Paresse Nos assassins profitent des longues annĂ©es de sieste. 'Quel mal Ă  l'avarice ?' dira le dragon sot. Les voleurs de trĂ©sors voleront aussi sa peau. Tu connaĂźtras la faim et devras l'apaiser Mais Gourmandise rend gras, empĂȘche de dĂ©coller. Dragonne, joyaux, gloire ou or, Luxure a conduit bien des draques Ă  la mort. Apprends par cƓur ceci, mon prĂ©cieux dragonnet, Tu seras sĂ»r de vivre encore de longues annĂ©es
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E.E. Knight (Dragon Champion (Age of Fire, #1))
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Selon la lĂ©gende, les anges, messagers du divin, ont le pouvoir d’intercepter toutes nos priĂšres pour les porter vers les sphĂšres cĂ©lestes. Ils seraient capables de comprendre tout ce que l’humanitĂ© formule, dans toutes les langues et les patois qui couvrent la Terre, Ă  l’exception d’un seul : l’aramĂ©en. Allez savoir pourquoi, cette langue-lĂ , ils ne la maĂźtrisent pas.
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Delphine Horvilleur (Vivre avec nos morts: Petit traité de consolation (Essai) (French Edition))
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Testament d’un rebelle donne-moi une plume que je puisse chanter que la vie n’est pas vaine donne-moi une saison pour regarder l'air dans les yeux lorsque le pĂȘcher vomit sa plĂ©nitude blanche une tyrannie s'Ă©croule laisse pleurer les mĂšres laissent les seins dessĂ©cher tarir les girons lorsque l'Ă©chafaud sĂšvre pour la derniĂšre fois donne-moi un amour qui ne pourrisse jamais entre les doigts donne-moi un amour comme celui que je veux te donner donne-moi un cƓur qui batte sans arrĂȘt batte batte plus fort que le battement blanc d’un pigeon craintif dans la nuit battra plus sec que les plombs amers donne-moi un cƓur, une petite fabrique de sang qui peut cracher des fleurs de joie car le sang est doux est beau jamais vrai ou faux je veux mourir avant d'ĂȘtre mort lorsque mon sang est encore fertile et rouge avant que ne tombe la lie noire du doute donne-moi deux lĂšvres et de l’encre claire pour ma langue qui couvrira de lait une grande lettre d’amour pour la terre qui sera de jour en jour plus douce exorcisera toute l'amertume qui brĂ»lera plus doux comme l'Ă©tĂ© laisse alors venir l'Ă©tĂ© sans bandeau ni corbeau laisse le pilori le pĂȘcher donner ses fruits rouges en paix et offre-moi un lai de colombes de satisfaction que je puisse chanter de mon pis que la vie n'est pas vaine car comme je meurs les yeux ouverts ma chanson rouge ne pĂ©rira pas 22.2.66 (pp. 36-37)
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Breyten Breytenbach (Feu froid)
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À nouveau, il n’est pas besoin de croire littĂ©ralement Ă  une vie aprĂšs la mort, ou Ă  la prĂ©sence d’ñmes errant dans nos vieilles maisons pour reconnaĂźtre trĂšs rationnellement que nous vivons tous avec des fantĂŽmes. Il y a ceux de nos histoires personnelles, familiales, ou collectives, ceux des nations qui nous ont vus naĂźtre, des cultures qui nous abritent, des histoires qu’on nous a racontĂ©es (ou pas), et parfois des langues que nous parlons.
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Delphine Horvilleur (Vivre avec nos morts: Petit traité de consolation (Essai) (French Edition))
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Ce n'est pas ma mort qui me rĂ©jouit tant, dit-elle, mais ce qui la suivra... le temps oĂč nous ne nous quitterons plus, mon petit verre en cristal... peux-tu imaginer notre vie, moi te suivant partout, invisible, sans que les gens se doutent jamais qu'ils ont affaire Ă  deux femmes et non pas Ă  une seule? ... peux-tu imaginer cela ? [...] ah maintenant que je t'ai vu souffrir, je peux tranquillement fermer mes deux yeux, car je te laisse avec ton panache sur la terre...
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Simone Schwarz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle
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III. Idiomes 1. Ă  cheval donnĂ© on ne regarde pas les dents | (Prov) don't look a gift horse in the mouth 2. ne pas ĂȘtre un mauvais cheval | not to be such a bad sort 3. monter sur ses grands chevaux | to get on one's high horse 4. ce n'est pas la mort du petit cheval | it's not the end of the world
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Synapse DĂ©veloppement (Oxford Hachette French - English Dictionary (French Edition))
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Elles sont complices de cette graines de violence qu'on sĂšme dans coeurs depuis tout petits... J'entends par-ci par-lĂ  que dans notre cher pays, les femmes sont libres et libĂ©rĂ©es, mais on n'oublie guĂšre de tresser dans la foulĂ©e les louanges de leur libĂ©rateur, de complĂ©ter par un 《C'est grĂące Ă  Bourguiba》. Je n'ai pas connu ce bonhomme. Il est mort bien avant ma naissance. Mais si c'est un homme qui a libĂ©rĂ© toutes ces femmes, c'est qu'elles n'Ă©taient pas prĂȘtes. Il fallait que ces femmes se libĂšrent elles-mĂȘmes et d'elles-mĂȘmes.
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Yamen Manai (Bel abĂźme)
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À Sulina arrivent maintenant tous les dĂ©bris que le Danube transporte. Dans son roman Europolis, qui date de 1933, Jean Bart, alias Eugen P. Botez, voit les destinĂ©es humaines elles-mĂȘmes aborder Ă  Sulina comme les Ă©paves d'un naufrage ; la ville, comme le dit le nom qu'il lui a inventĂ©, vit encore dans un halo d'opulence et de splendeur, c'est un port situĂ© sur de grandes routes, un endroit oĂč se rencontrent des gens venus de pays lointains et oĂč on rĂȘve, en on entrevoit, on manie mais surtout on perd la richesse. Dans ce roman la colonie grecque, avec ses cafĂ©s, est le dĂ©cor de cette splendeur Ă  son dĂ©clin, Ă  laquelle la Commission du Danube confĂšre une dignitĂ© politico-diplomatique, ou du moins un semblant. Le livre, toutefois, est une histoire d'illusion, de dĂ©cadence, de tromperie et de solitude, de malheur et de mort ; une symphonie de la fin, dans laquelle cette ville qui se donne des allures de petite capitale europĂ©enne devient bas-fond, rade abandonnĂ©e. (p. 533)
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Claudio Magris (Danube: A Sentimental Journey from the Source to the Black Sea)