Ensuite Quotes

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Aimer ou avoir aimée, cela suffit. Ne demandez rien ensuite. On n'a pas d'autre perle à trouver dans les plis ténébreux de la vie. Aimer est un accomplissement.
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Victor Hugo (Les Misérables: Marius (Les Misérables, #3))
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Les hommes sont bizarres. Ils commettent le pire sans trop se poser de questions, mais ensuite, ils ne peuvent plus vivre avec le souvenir de ce qu'ils ont fait.
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Philippe Claudel (Brodeck)
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Elle se sentait noyĂ©e dans le mĂ©pris de ces gredins honnĂȘtes qui l'avaient sacrifiĂ©e d'abord, rejetĂ©e ensuite, comme une chose malpropre et inutile.
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Guy de Maupassant (Boule de Suif (21 contes))
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Oui, c'est votre idĂ©e, Ă  vous tous, les ouvriers français, dĂ©terrer un trĂ©sor, pour le manger seul ensuite, dans un coin d'Ă©goĂŻsme et de fainĂ©antise. Vous avez beau crier contre les riches, le courage vous manque de rendre aux pauvres l'argent que la fortune vous envoie... Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose Ă  vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragĂ© d'ĂȘtre des bourgeois Ă  leur place.
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Émile Zola (Germinal)
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Je ne sais pas pour vous mais, au dĂ©but de ma vie, il n'y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celle que j'adorais et celles que je dĂ©testais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prĂȘte Ă  tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite on grandit. Entre le noir et le blanc, on dĂ©couvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l'on aime quand mĂȘme un peu et ceux que l'on prend pour des proches et qui n'arrĂȘtent pas de vous planter des couteaux dans le dos.
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Gilles Legardinier (Demain j'arrĂȘte!)
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I headed out of my en-suite into my room and stopped dead as I spotted a life sized inflatable Pegasus sex doll standing in the middle of my goddamn bed.
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Caroline Peckham (Ruthless Fae (Zodiac Academy, #2))
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La vie est une succession de choix qu’il faut savoir assumer ensuite.
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Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
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En gĂ©nĂ©ral, les malheurs d'autrui suscitent inĂ©vitablement trois sentiments chez les tempĂ©raments mesquins : tout d'abord le saisissement ; ensuite la satisfaction intĂ©rieure de ne pas ĂȘtre concernĂ© ; enfin, une joie maligne et secrĂšte. Tels sont les sombres instincts que recĂšle l'Ăąme humaine dans ses trĂ©fonds.
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ИĐČĐ°Đœ Đ’Đ°Đ·ĐŸĐČ (ĐŸĐŸĐŽ ĐžĐłĐŸŃ‚ĐŸ)
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Pauvre petite femme! Ça baĂźlle aprĂšs l'amour, comme une carpe aprĂšs l'eau sur une table de cuisine. Avec trois mots de galanterie, cela vous adorerait, j'en suis sĂ»r! ce serait tendre! charmannt!... Oui, mais comment s'en dĂ©barresser ensuite? - Rodolphe Boulanger
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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On peut juger de la bonté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur de temps qu'on est ensuite à en revenir.
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Gustave Flaubert (Correspondance)
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Une Faëlle a survécu trois semaines à son compagnon. C'est le temps qu'il lui a fallu pour exterminer les responsables de sa disparition. Ensuite, elle est morte.
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Pierre Bottero (L'ƒil d'Otolep (Les Mondes d'Ewilan, #2))
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Trente chevaux sur une colline rouge; D'abord ils mĂąchonnent, Puis ils frappent leur marque, Ensuite ils restent immobiles. (Les dents)
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J.R.R. Tolkien (The Hobbit, or There and Back Again)
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Mais il était tellement facile de suivre mes impulsions et de me repentir ensuite...
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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À ce moment lĂ , j'ai dĂ» comprendre pour la premiĂšre fois que le mal est irrĂ©mĂ©diable et qu'il est impossible de rĂ©parer un tort quoique l'on fasse ensuite. Le seul remĂšde est de ne pas en commettre et ne pas en commettre est en ce monde l'oeuvre la plus ardue et secrĂšte.
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Erri De Luca (Pas ici, pas maintenant)
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Je suis lùche, c'est pour ça que j'ai besoin de couper les ponts avec tous ceux qui me sont proches, de partir en un lieu totalement inconnu pour revenir ensuite. J'ai l'impression que la vie est toujours neuve comme ça, qu'il reste quelque chose à découvrir. Ca glisse, ça glisse, j'ai l'impression que ça va répondre à toutes les questions. Je me sens tellement vrai quand je m'en vais, j'ai toujours l'impression d'avoir perdu quelque chose quand je reviens. (p224)
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Mian Mian (Candy)
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Le "moment" d’un paysage est aussi unique que celui d’un portrait, et souvent le photographe n’y est pour rien, sinon qu’il a Ă©tĂ© lĂ  au moment oĂč il le fallait. Ensuite l’image vivra sa vie, enrichie par l’imaginaire de ceux qui la regarderont et par la nostalgie de celui qui l’a faite.
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J.L. Sieff
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Le privilÚge économique détenu par les hommes, leur valeur sociale, le prestige du mariage, l'utilité d'un appui masculin, tout engage les femmes à vouloir ardenment plaire aux hommes. Elles sont encore dans l'ensemble en situation de vassalité. Il s'ensuit que la femme se connaßt et se choisit non en tant qu'elle existe pour soi mais telle que l'homme la définit.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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Tu vas voir, le regard des gens sur un mec handicapĂ© se fait en plusieurs temps. Quand les gens te rencontrent la premiĂšre fois, tu n’es rien d’autre qu’un handicapĂ©. Tu n’as pas d’histoire, pas de particularitĂ©s, ton handicap est ta seule identitĂ©. Ensuite, s’ils prennent un peu le temps, ils vont dĂ©couvrir une facette de ton caractĂšre. Ils verront alors si tu as de l’humour, si tu es dĂ©pressif
 Enfin, ils verront presque avec surprise que tu peux avoir une vraie personnalitĂ© qui s’ajoute Ă  ton statut d’handicapé .
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Grand corps malade (Patients)
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En 1878, reçu mĂ©decin Ă  l’UniversitĂ© de Londres, je me rendis Ă  Netley pour suivre les cours prescrits aux chirurgiens de l’armĂ©e ; et lĂ , je complĂ©tai mes Ă©tudes. On me dĂ©signa ensuite, comme aide-major, pour le 5e rĂ©giment de fusiliers de Northumberland en garnison aux Indes.
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Arthur Conan Doyle (A Study in Scarlet (Sherlock Holmes, #1))
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Si on bouge sans cesse, on impose un sens, une direction au temps. Mais si on s'arrĂȘte en se butant comme un Ăąne au milieu du sentier, si on se laisse emporter par la rĂȘverie, alors mĂȘme le temps s'arrĂȘte et n'est plus ce fardeau qui pĂšse sur nos Ă©paules. Si on ne le porte pas il verse, il se rĂ©pand tout autour comme la tache d'encre que ma plume faisait toute seule, droite en Ă©quilibre sur le buvard, pour retomber ensuite, vide.
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Erri De Luca (Pas ici, pas maintenant)
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Pour liquider un peuple, on commence par lui enlever la mĂ©moire. On dĂ©truit ses livres, sa culture, son histoire. Puis quelqu’un d’autre lui Ă©crit d’autres livres, lui donne une autre culture, lui invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence Ă  oublier ce qu’il est, et ce qu’il Ă©tait.
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Léonora Miano (Rouge impératrice)
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« On ne raconte pas aux enfants ce qui s'est passé avant eux. d'abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n'ont plus le temps, aprÚs c'est trop tard. C'et le propre de la vie de famille. On vit cÎte à cÎte comme si on se connaissait mais on ignore tout les uns des autres. On espÚre des miracles de notre consanguinité : des harmonies impossibles, des confidences absolues, des fusions viscérales. On se contente du mensonge rassurant de notre parenté. »
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Jean-Michel Guenassia
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Un couple ne coule des jours heureux que l’espace de quelques mois. Ensuite, c’est du travail, des compromis, de la frustration, des larmes. Mais ça en vaut la peine, parce que le rĂ©sultat est une unitĂ© qui n’est pas due Ă  de la chimie ou de la magie, cette unitĂ©, vous l’avez construite. L’amour n’existe pas par lui-mĂȘme, il se bĂątit. (P. 282)
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Joël Dicker (L'affaire Alaska Sanders (Marcus Goldman, #3))
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Elle Ă©tait amoureuse de LĂ©on, et elle recherchait la solitude, afin de pouvoir plus Ă  l’aise se dĂ©lecter en son image. La vue de sa personne troublait la voluptĂ© de cette mĂ©ditation. Emma palpitait au bruit de ses pas ; puis, en sa prĂ©sence, l’émotion tombait, et il ne lui restait ensuite qu’un immense Ă©tonnement qui se finissait en tristesse.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Comme il naĂźt beaucoup plus d'individus de chaque espĂšce qu'il n'en peut survivre; comme, en consĂ©quence, la lutte pour l'existence se renouvelle Ă  chaque instant, il s'ensuit que tout ĂȘtre qui varie quelque peu que ce soit de façon qui lui est profitable a une plus grande chance de survivre; cet ĂȘtre est ainsi l'objet d'une sĂ©lection naturelle.
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Charles Darwin (The Origin of Species)
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Car l'homme ne vit que durant un clignement de paupiĂšres et ensuite c'est la pourriture Ă  jamais, et chaque jour tu fais un pas de plus vers le trou en terre oĂč tu moisiras en grande stupiditĂ© et silence en la seule compagnie de vers blancs et gras comme ceux de la farine et du fromage, et ils s'introduiront dans tous tes orifices pour s'y nourrir.
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Albert Cohen (Belle du Seigneur)
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Je lui avais dit que j’étais quelqu’un d’autre. Et je me suis mise ensuite Ă  lui en vouloir d’ĂȘtre incapable de voir qui j’étais vraiment.
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Taylor Jenkins Reid (The Seven Husbands of Evelyn Hugo)
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Il est plus dĂ©sirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi. Nous devons ĂȘtre d'abord des hommes et ensuite seulement des sujets
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Henry David Thoreau (Civil Disobedience)
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Je mets pas mal de choses d’abord sur mon papier ; ensuite j’ajoute la simplicitĂ©.
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Anatole France
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Ça, c’est la tragĂ©die de ma vie. D’avoir utilisĂ© mon corps lorsque c’était tout ce que j’avais, et d’avoir ensuite continuĂ© Ă  le faire alors que d’autres options s’offraient Ă  moi.
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Taylor Jenkins Reid (The Seven Husbands of Evelyn Hugo)
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On croit que ce sont des choses extraordinaires. C'est comme le reste. Comme le reste, ça vous arrive. Ensuite ça vous est arrivĂ©. Ça pourrait arriver Ă  n'importe qui.
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Marguerite Duras
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Dans la vie, on voit ce qui peut ĂȘtre accompli, on pĂšse le pour et le contre et ensuite on saisit l’opportunitĂ©. — Henry
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Neal Shusterman (Dry)
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Tous ceux, tous ceux, tous ceux Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'Ă©touffe Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ; Ton nom est dans mon cƓur comme dans un grelot, Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne, Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne ! De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimĂ© : Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clartĂ© ta chevelure Que, comme lorsqu'on a trop fixĂ© le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Surtout, quand j'ai quittĂ© les feux dont tu m'inondes, Mon regard Ă©bloui pose des taches blondes !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Sans doute, rien n’est plus naturel, aujourd’hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au cafĂ©, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre.
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Albert Camus (The Plague)
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C'est pas toujours facile, le soir, d'entrer dans une chambre et de s'asseoir au bord du lit pour défaire tranquillement ses lacets et ensuite se glisser dans les draps et regarder le plafond d'un coeur léger.
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Philippe Djian (Erogene Zone)
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Dans le mot défection, il y a une autre idée  : son pÚre lui a manqué. Et le double sens de ce verbe convient absolument. D'abord, une faute, une infraction, une violation. Il s'est dérobé à ses obligations, écarté des routes droites, il a enfreint les rÚgles non écrites, péché contre l'ordre établi, joué contre son camp, piétiné la confiance placée en lui, offensé ses proches, ses amis, il a trahi. Ensuite, une morsure, une douleur, un chagrin. Il n'a pas été présent alors qu'on comptait sur lui, il a laissé un vide que nul n'est venu combler, des questions auxquelles nul n'a su répondre, une frustration irréductible, une demande affective que nul n'a été en mesure d'étancher.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Si monsieur votre pĂšre daigne Ă©jaculer quelquefois dans votre petite bouche, acceptez cela les yeux baissĂ©s, et comme un grand honneur dont vous n’ĂȘtes pas digne. Surtout n’allez pas ensuite vous en vanter comme une sotte Ă  l’oreille de votre maman.
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Pierre LouĂżs (The Young Girl's Handbook of Good Manners for Use in Educational Establishments (Wakefield Handbooks))
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That was the one thing June had been terrified of having - a standard life, an ordinary life, a life like her parents’ - living in a pink sandstone semi-detached villa in the suburbs with a neat garden and an en-suite master bedroom with fitted wardrobes
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Kate Atkinson (Not the End of the World)
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Lors de la retraite des Napolitains, sa sƓur a Ă©tĂ© violĂ©e par les soldats, qui lui ont ensuite coupĂ© la tĂȘte et ont laissĂ© dans la rue le corps nu et la tĂȘte coupĂ©e. Le corps et la tĂȘte ont Ă©tĂ© trouvĂ©s et pieusement recueillis par les carabiniers gĂ©nois.
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Alexandre Dumas (Alexandre Dumas - Oeuvres ComplÚtes Illustrées - Partie II : Voyages, Histoire, Théùtre, Causeries, Divers lci-5 (Version Illustrée Standard 90Mo) (French Edition))
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Naphta commença Ă  parler de pieux excĂšs de la charitĂ© qu'avait connus le moyen Ăąge, de cas Ă©tonnants de fanatisme et d'exaltation dans les soins donnĂ©s aux malades : des filles de rois avaient baisĂ© les plaies puantes de lĂ©preux, s'Ă©taient volontairement exposĂ©es Ă  la contagion de la lĂȘpre, avaient appelĂ© leurs roses les ulcĂšres qui se formaient sur leur corps, avaient bu l'eau oĂč s'Ă©taient lavĂ©s des malades purulents et avaient dĂ©clarĂ© ensuite que rien ne leur avait jamais semblĂ© meilleur. (ch. VI, operationes spirituales)
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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tu commences par t'inquiĂ©ter, et puis tu commences Ă  piger, et ensuite tu sais. Peut ĂȘtre que tu n'as pas envie de savoir, peut ĂȘtre que tu penses que les amoureux c'est comme les mĂ©decins, ça commet toujours des erreurs de diagnostic fatales, mais au fond de ton coeur, tu sais..
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Stephen King (Joyland)
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Les femelles obtenaient ce qu'elles voulaient, d'abord un compagnon, ensuite un repas, rien qu'en changeant le code de leurs signaux. Kya savait qu'il n'y avait aucune place pour juger. Il n'y avait lĂ  rien de mauvais, c'Ă©tait seulement l'Ă©lan de la vie, mĂȘme aux dĂ©pends de certains des joueurs.
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Delia Owens (Where the Crawdads Sing)
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Lorsque tu entres dans un lieu inconnu, tu es la cible de tous les regards. Ceux-ci se détournent ensuite quelques secondes avant de revenir sur toi pour ne plus te lùcher. Ces secondes durant lesquelles tu es invisible sont les secondes du marchombre. Elles sont ton temps, ton monde, ta liberté.
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Pierre Bottero (L'ƒil d'Otolep (Les Mondes d'Ewilan, #2))
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Je voudrais te rejoindre dans l'idéal d'un art simple, accessible, qui charme d'abord, bouleverse ensuite. Comme toi, je crois que la science, le métier, l'érudition, la virtuosité technique doivent disparaßtre sous l'apparence d'un naturel aimable.Il nous faut plaire avant tout, mais plaire sans complaire, en fuyant les recettes éprouvées. en refusant de flatter les émotions convenues, en élevant, pas en abaissant. Plaire, c'est-à-dire intéresser, intriguer, soutenir l'attention, donner du plaisir, procurer des émotions, du rire aux larmes en passant par les frissons, emmener loin, ailleurs...
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Éric-Emmanuel Schmitt
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Qu'importent nos ennuis, nos défaillances, la lenteur d'exécution et le dégoût de l'oeuvre ensuite, si nous sommes toujours en progrÚs  ! Si nous montons, qu'importe le but  ! Si nous galopons, qu'importe l'auberge  ! Ce perpétuel malaise n'est-il pas une garantie de délicatesse, une preuve de foi  !
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Gustave Flaubert (Correspondance 3e série. 1852-1854 (French Edition))
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Le souper fut comme la plupart des soupers de Paris : d'abord du silence, ensuite un bruit de paroles qu'on ne distingue point, puis des plaisanteries dont la plupart sont insipides, de fausses nouvelles, de mauvais raisonnements, un peu de politique et beaucoup de mĂ©disance ; on parla mĂȘme de livres nouveaux.
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Voltaire (Candide)
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On ne raconte pas aux enfants ce qui s'est passé avant eux. D'abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n'ont plus le temps, aprÚs c'est trop tard. C'est le propre de la vie de famille. On vit cÎte à cÎte comme si on se connaissait mais on ignore tout les uns des autres.
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Jean-Michel Guenassia
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Ceux qui reprochent Ă  nos ancĂȘtres d'avoir Ă©tĂ© sottement crĂ©dules oublient, d'abord qu'on peut Ă©galement ĂȘtre sottement incrĂ©dule, et ensuite qu'en fait de crĂ©dulitĂ©, il n'y a rien de tel que les illusions dont vivent les soi-disant destructeurs d'illusions ; car on peut remplacer une crĂ©dulitĂ© simple par une crĂ©dulitĂ© compliquĂ©e [...]
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Frithjof Schuon (Light on the Ancient Worlds: A New Translation with Selected Letters (The Library of Perennial Philosophy))
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Ce principe Ă©tabli, il s'ensuit que la femme est faite spĂ©cialement pour plaire Ă  l'homme. Si l'homme doit lui plaire Ă  son tour, c'est d'une nĂ©cessitĂ© moins directe : son mĂ©rite est dans sa puissance ; il plaĂźt par cela seul qu'il est fort. Ce n'est pas ici la loi de l'amour, j'en conviens ; mais c'est celle de la nature, antĂ©rieure Ă  l'amour mĂȘme.
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Jean-Jacques Rousseau (Emile, or On Education)
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Et en quoi une vie a-t-elle besoin d'ĂȘtre justifiĂ©e ? La totalitĂ© des animaux, l'Ă©crasante majoritĂ© des hommes vivent sans jamais Ă©prouver le moindre besoin de justification. Ils vivent parce qu'ils vivent et voilĂ  tout, c'est comme ça qu'ils raisonnent ; ensuite je suppose qu'ils meurent parce qu'ils meurent, et que ceci, Ă  leurs yeux, termine l'analyse.
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Michel Houellebecq (Soumission)
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George Armstrong Custer a massacré les Indiens Lakota. Sheridan a exterminé les bisons, pour faire mourir de faim le peuple des grandes plaines. Un crime organisé, froidement pensé et systématiquement mis en ouvre. Arrosé de whisky frelaté. Ensuite, et depuis, il y a eu la Corée, le Vietnam, Cuba, La Grenade, Haïti, le Guatemala, le Nicaragua, l'Irak, l'Afghanistan".
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Sadek Aissat
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Il ne voulait penser qu'à elle, à Darka, comme si c'était pour la revoir qu'il lui fallait foncer à bord d'une vieille guimbarde dans les rues les plus cahoteuses de Lviv, secouer ses passagers pour les libérer de leurs calculs rénaux et aller ensuite la rejoindre, retrouver son guichet éclairé toute la nuit, rempart de lumiÚre protégeant sa magicienne aux longs gants colorés.
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Andrey Kurkov
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Mais quel crime ai-je donc commis ? Ai-je tuĂ© quelqu'un et ensuite perdu la mĂ©moire ? Ai-je tuĂ©, volĂ© ? Non, j’ai fait un choix. Il ne les concerne pas, ce n’est pas eux qui en souffrent, je suis inoffensive. Je les dĂ©teste ceux qui disent que je leur fais du mal en me laissant mourir. Ils ne peuvent pas savoir, je ne leur dirai pas, d'ailleurs ils ne m'aiment plus, ce n'est pas ainsi qu'on aime.
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Valérie ValÚre (Le Pavillon des enfants fous)
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Les hommes ont mĂ©pris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. Pour guĂ©rir cela il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire Ă  la raison. VĂ©nĂ©rable, en donner respect. La rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fut vraie et puis montrer qu’elle est vraie. VĂ©nĂ©rable parce qu’elle a bien connu l’homme. Aimable parce qu’elle promet le vrai bien.
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Blaise Pascal (Pensées)
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des mĂ©chants ou un orage avaient rompu l'une des principales branches du jeune arbre, qui pendait dessĂ©chĂ©e; Fabrice la coupa avec respect, Ă  l'aide de son poignard, et tailla bien net la coupure, afin que l'eau ne pĂ»t pas s'introduire dans le tronc. Ensuite quoique le temps fĂ»t bien prĂ©cieux pour lui, car lĂ© jour allait paraĂźtre, il passa une bonne heure Ă  bĂȘcher la terre autour de l'arbre chĂ©ri. Toutes
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Stendhal (The Charterhouse of Parma)
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Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succĂšs et qu’on le trouve si Ă©norme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On dĂ©compose l’aventure et l’aventurier, et, en laissant Ă  part le parti qu’il tire de son nom et certains faits extĂ©rieurs dont il s’est aidĂ© dans son escalade, on ne trouve au fond de l’homme et de son procĂ©dĂ© que deux choses, la ruse et l’argent.
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Victor Hugo (Napoléon le Petit (French Edition))
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Maldoror fut bon pendant ses premiĂšres annĂ©es, oĂč il vĂ©cut heureux ; c’est fait. Il s’aperçut ensuite qu’il Ă©tait nĂ© mĂ©chant : fatalitĂ© extraordinaire ! Il cacha son caractĂšre tant qu’il put, pendant un grand nombre d’annĂ©es ; mais, Ă  la fin, Ă  cause de cette concentration qui ne lui Ă©tait pas naturelle, chaque jour le sang lui montait Ă  la tĂȘte ; jusqu’à ce que, ne pouvant plus supporter une pareille vie, il se jeta rĂ©solĂ»ment dans la carriĂšre du mal
 atmosphĂšre douce !
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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La conception populiste de la dĂ©mocratie prĂ©sente sur cette base trois caractĂ©ristiques. Elle entend d’abord privilĂ©gier la dĂ©mocratie directe, en appelant notamment Ă  multiplier les rĂ©fĂ©rendums d’initiative populaire ; elle dĂ©fend ensuite le projet d’une dĂ©mocratie polarisĂ©e, dĂ©nonçant le caractĂšre non dĂ©mocratique des autoritĂ©s non Ă©lues et des cours constitutionnelles. Elle exalte enfin, et c’est le point nodal, une conception immĂ©diate et spontanĂ©e de l’expression populaire.
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Pierre Rosanvallon (Le SiÚcle du populisme: Histoire, théorie, critique (French Edition))
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Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix, faute d’armes, de dĂ©fenseurs, que le recours au terrorisme. (...) L’acte de terreur commis Ă  Munich, ai-je dit, se justifiait Ă  deux niveaux : d’abord, parce que tous les athlĂštes israĂ©liens aux Jeux olympiques Ă©taient des soldats, et ensuite, parce qu’il s’agissait d’une action destinĂ©e Ă  obtenir un Ă©change de prisonniers. Quoiqu’il en soit, nous savons dĂ©sormais que tous, IsraĂ©liens et Palestiniens, ont Ă©tĂ© tuĂ©s par la police allemande.
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”
Jean-Paul Sartre
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Nous allons te parler de gens qui vivaient en notre temps, soit il y a plus de cent ans, et ne sont guĂšre plus pour toi que des noms inscrits sur des croix inclinĂ©es ou des pierres tombales fissurĂ©es. D'une vie et de souvenirs qui ont disparu en vertu de l'implacable loi du temps. En cela, nous allons le changer. Nos paroles sont telles des brigades de sauveteurs qui jamais ne renoncent Ă  leur quĂȘte, leur but est d'arracher des Ă©vĂ©nements passĂ©s et des vies Ă©teintes au trou noir de l'oubli et cela n'a rien d'une petite entreprise, mais il se peut aussi qu'elles glanent en chemin quelques rĂ©ponses et qu'elles nous dĂ©livrent de l'endroit oĂč nous nous tenons avant qu'il ne soit trop tard. Contentons-nous de cela pour l'instant, nous t'envoyons ces mots, ces brigades de sauveteurs dĂ©semparĂ©es et Ă©parses. Elles sont incertaines de leur rĂŽle, toutes les boussoles sont hors d'usage, les cartes de gĂ©ographie dĂ©chirĂ©es ou obsolĂštes, mais rĂ©serve-leur tout de mĂȘme bon accueil. Ensuite, nous verrons bien. (p. 4)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (HimnarĂ­ki og helvĂ­ti)
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-Je t'aime, dit tout bas M. Jo. Dans le seul livre qu'elle eĂ»t jamais lu, comme dans les films qu'elle avait vus depuis, les mots: je t'aime n'Ă©taient prononcĂ©s qu'une seule fois au cours de l'entretien de deux amants qui durait quelques minutes Ă  peine mais qui liquidait des mois d'attente, une terrible sĂ©paration, des douleurs infinies. Jamais Suzanne ne les avait encore entendus prononcer qu'au cinĂ©ma. Longtemps, elle avait cru qu'il Ă©tait infiniment plus grave de les dire, que de se livrer Ă  un homme aprĂšs l'avoir dit, qu'on ne pouvait les dire qu'une seule fois de toute sa vie et qu'ensuite on ne le pouvait plus jamais, sa vie durant, sous peine d'encourir un abominable dĂ©shonneur. Mais elle savait maintenant qu'elle se trompait. On pouvait les dire spontanĂ©ment, dans le dĂ©sir et mĂȘme aux putains. CÂŽĂ©tait un besoin qu'avaient quelquefois les hommes de le prononcer, rien que pour en sentir dans le moment la force Ă©puisante. Et de les entendre Ă©tait aussi quelquefois nĂ©cessaire, pour les mĂȘmes raisons.
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”
Marguerite Duras (The Sea Wall (English and French Edition))
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mais je crois qu’elle aurait tout autant de chances d’ĂȘtre heureuse, si elle Ă©pousait Mr. Bingley demain que si elle se met Ă  Ă©tudier son caractĂšre pendant une annĂ©e entiĂšre ; car le bonheur en mĂ©nage est pure affaire de hasard. La fĂ©licitĂ© de deux Ă©poux ne m’apparaĂźt pas devoir ĂȘtre plus grande du fait qu’ils se connaissaient Ă  fond avant leur mariage ; cela n’empĂȘche pas les divergences de naĂźtre ensuite et de provoquer les inĂ©vitables dĂ©ceptions. Mieux vaut, Ă  mon avis, ignorer le plus possible les dĂ©fauts de celui qui partagera votre existence !
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”
Jane Austen
“
N’acceptez jamais qu’une condition requise vienne simplement d’un dĂ©partement, comme « le dĂ©partement juridique » ou « le dĂ©partement sĂ©curité ». Il faut connaĂźtre le nom de la personne prĂ©cise qui a formulĂ© cette demande. Ensuite, si intelligente que soit cette personne, il faut remettre sa demande en question. Les conditions requises des gens intelligents sont les plus dangereuses, parce que les autres sont moins Ă  mĂȘme de les questionner. Ne vous en abstenez jamais, mĂȘme si cette condition vient de moi. Ensuite, rendez cette condition moins stupide.
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”
Walter Isaacson (Elon Musk)
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Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent dĂ©jĂ  que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. DĂ©jĂ , votre souffle s'est envolĂ© comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mĂąchoire commence Ă  galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent Ă  trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux Ă  frĂ©mir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relĂąche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, Ă  sa maniĂšre, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux Ă  bien fonctionner. Ils prĂȘtent toujours pleine attention Ă  la peur. Vous prenez rapidement des dĂ©cisions irrĂ©flĂ©chies. Vous abandonnez vos derniers alliĂ©s: l'espoir et la confiance. VoilĂ  que vous vous ĂȘtes dĂ©fait vous-mĂȘme. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphĂ© de vous. Cette expĂ©rience est difficile Ă  exprimer. Car la peur, la vĂ©ritable peur, celle qui vous Ă©branle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment oĂč vous ĂȘtes face Ă  votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mĂ©moire, comme une gangrĂšne: elle cherche Ă  tout pourrir, mĂȘme les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre trĂšs fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumiĂšre des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous Ă©vitez, que vous parvenez peut-ĂȘtre mĂȘme Ă  oublier, vous vous exposez Ă  d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillĂ© contre l'ennemi qui vous a dĂ©fait.
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Yann Martel (Life of Pi)
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Cette trop grande confiance dans les thĂ©ories, qui cause tout le mal, vient souvent d'une mauvaise Ă©ducation scientifique, dont le savant doit ensuite se corriger. Mieux vaudrait souvent qu'il fĂ»t ignorant. Il n'a plus l'esprit libre ; il est enchaĂźnĂ© par des thĂ©ories qu'il regarde comme vraies absolument. Un des plus grands Ă©cueils que rencontre l'expĂ©rimentateur, c'est donc d'accorder trop de confiance aux thĂ©ories. Ce sont les gens que J'appellerai des systĂ©matiques. L'enseignement contribue beaucoup Ă  produire ce rĂ©sultat. Il arrive gĂ©nĂ©ralement que dans les livres et dans les cours on rend la science plus claire qu'elle n'est en rĂ©alitĂ©. C'est mĂȘme lĂ  le mĂ©rite d'un enseignement de facultĂ© de prĂ©senter la science avec un ensemble systĂ©matique dans lequel on dissimule les lacunes pour ne pas rebuter les commençants dans la science. Or, les Ă©lĂšves prennent le goĂ»t des systĂšmes qui sont plus clairs et plus simples pour l'esprit, parce qu'on a simplifiĂ© sa science et Ă©laguĂ© tout ce qui Ă©tait obscur, et ils emportent de lĂ  l'idĂ©e fausse que les thĂ©ories de la science sont dĂ©finitives et qu'elles reprĂ©sentent des principes absolus dont tous les faits se dĂ©duisent. C'est en effet ainsi qu'on les prĂ©sente systĂ©matiquement.
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Claude Bernard (Principes de Médecine expérimentale (French Edition))
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[...] Ensuite, il est une autre raison pour laquelle l’Oriental, qui n’a pas le moindre esprit de propagande, ne trouvant aucun intĂ©rĂȘt Ă  vouloir rĂ©pandre Ă  tout prix ses conceptions, est rĂ©solument opposĂ© Ă  toute « vulgarisation » : c’est que celle-ci dĂ©forme et dĂ©nature inĂ©vitablement la doctrine, en prĂ©tendant la mettre au niveau de la mentalitĂ© commune sous prĂ©texte de la lui rendre accessible ; ce n’est pas Ă  la doctrine de s’abaisser et de se restreindre Ă  la mesure de l’entendement bornĂ© du vulgaire ; c’est aux individus de s’élever, s’ils le peuvent, Ă  la comprĂ©hension de la doctrine dans sa puretĂ© intĂ©grale.
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René Guénon (Introduction to the Study of the Hindu Doctrines)
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La civilisation occidentale s'est entiĂšrement tournĂ©e, depuis deux ou trois siĂšcles, vers la mise Ă  la disposition de l'homme de moyens mĂ©caniques de plus en plus puissants. Si l'on adopte ce critĂšre, on fera de la quantitĂ© d'Ă©nergie disponible par tĂȘte d'habitant l'expression du plus ou moins haut degrĂ© de dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s humaines. La civilisation occidentale, sous sa forme nord-amĂ©ricaine, occupera la place de tĂȘte, les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes venant ensuite, avec, Ă  la traĂźne, une masse de sociĂ©tĂ©s asiatiques et africaines qui deviendront vite indistinctes. Or ces centaines ou mĂȘme ces milliers de sociĂ©tĂ©s qu'on appelle "insuffisamment dĂ©veloppĂ©es" et "primitives", qui se fondent dans un ensemble confus quand on les envisage sous le rapport que nous venons de citer (et qui n'est guĂšre propre Ă  les qualifier, puisque cette ligne de dĂ©veloppement leur manque ou occupe chez elles une place trĂšs secondaire), elles se placent aux antipodes les unes des autres ; selon le point de vue choisi, on aboutirait donc Ă  des classements diffĂ©rents. Si le critĂšre retenu avait Ă©tĂ© le degrĂ© d'aptitude Ă  triompher des milieux gĂ©ographiques les plus hostiles, il n'y a guĂšre de doute que les Eskimos d'une part, les BĂ©douins de l'autre, emporteraient la palme. (p.36)
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Claude Lévi-Strauss (Race et histoire)
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Le fait de ne pas prolonger l’expĂ©rience amoureuse n’est pas un critĂšre de validitĂ© en soi. Dans la rencontre attentionnĂ©e avec l’autre, l’individu est Ă©lectrisĂ©. Dans la rencontre de deux corps s’exalte une sensation de vie intense. Aussi la passion n’est-elle pas toujours liĂ©e Ă  la suite de l’évĂ©nement : il est frĂ©quent de rencontrer sensuellement quelqu’un sans vivre ensuite avec lui. Il faut disjoindre la grĂące de la rencontre, qui est Ă©blouissement rĂ©ciproque, des suites d’une relation. Deux ĂȘtres peuvent s’estimer trop diffĂ©rents, trop Ă©loignĂ©s, pour dĂ©cider de former une relation durable, malgrĂ© un Ă©change merveilleux. Les partenaires savent que, « sans lendemain », cet Ă©change se suffit Ă  lui-mĂȘme, qu’il procure une Ă©nergie fabuleuse. C’est nĂ©anmoins un moment magique. « Une voluptĂ© vraie est aussi difficile Ă  rĂ©ussir qu’un mariage d’amour », estime Vladimir JankĂ©lĂ©vitch (1949). Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle communĂ©ment l’état amoureux, aussi cette forme de relation est toujours niĂ©e, vulgarisĂ©e, ramenĂ©e Ă  un Ă©change libertin, de pur sexe, instrumental, intĂ©ressĂ©, etc. Pourtant l’apport Ă©motionnel, sensuel, Ă©nergĂ©tique, affectif, amoureux peut avoir des rĂ©percussions plus grandes dans l’histoire de vie de la personne que des annĂ©es de vie conjugale.
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Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
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Ce qui importe avant tout, c'est que le sens gouverne le choix des mots, et non l'inverse. En matiĂšre de prose, la pire des choses que l'on puisse faire avec les mots est de s'abandonner Ă  eux. Quand vous pensez Ă  un objet concret, vous n'avez pas besoin de mots, et si vous voulez dĂ©crire ce que vous venez de visualiser, vous vous mettrez sans doute alors en quĂȘte des termes qui vous paraĂźtront les plus adĂ©quats. Quand vous pensez Ă  une notion abstraite, vous ĂȘtes plus enclin Ă  recourir d'emblĂ©e aux mots, si bien qu'Ă  moins d'un effort conscient pour Ă©viter ce travers, le jargon existant s'impose Ă  vous et fait le travail Ă  votre place, au risque de brouiller ou mĂȘme d'altĂ©rer le sens de votre rĂ©flexion. Sans doute vaut-il mieux s'abstenir, dans la mesure du possible, de recourir aux termes abstraits et et essayer de s'exprimer clairement par le biais de l'image ou de la sensation. On pourra ensuite choisir - et non pas simplement "accepter" - les formulations qui serreront au plus prĂšs la pensĂ©e, puis changer de point de vue et voir quelle impression elles pourraient produire sur d'autres personnes. Ce dernier effort mental Ă©limine toutes les images rebattues ou incohĂ©rentes, toutes les expressions prĂ©fabriquĂ©es, les rĂ©pĂ©titions inutiles et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le flou et la poudre aux yeux. Extrait de "La politique et la langue anglaise
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George Orwell (Such, Such Were the Joys)
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Si nous Ă©tions lucides, instantanĂ©ment l'horreur de ce qui nous entoure nous laisserait stupides. On ne saurait ĂȘtre parfaitement lucide et dĂ©ambuler dans les rues de nos citĂ©s modernes sans en ĂȘtre affectĂ© de façon ou d'autre. Ce qui ne signifie pas que nous devrions avoir envie de les reconstruire, nos citĂ©s, de les faire un peu moins laides - mais de les planter lĂ , de filer pour ne plus revenir, oui. De tout flanquer en l'air, de plaquer le boulot, d'envoyer paĂźtre les obligations, le percepteur, les lois et tout ce qui s'ensuit. Un ĂȘtre humain parfaitement Ă©veillĂ©, croyez-vous qu'il se conduirait en cinglĂ©, comme c'est le cas, comme on le lui demande, Ă  chaque instant de la journĂ©e ?
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Henry Miller (Le Monde du sexe)
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ce qui (...) peut arriver de mieux Ă  un individu c'est d' "avoir la chance d'ĂȘtre nĂ© au sein du peuple qu'il faut au moment de l'histoire qu'il faut" : grec et non barbare, aux siĂšcles de Solon et PĂ©riclĂšs ; romain et non pas grec, au temps d'Auguste et des dĂ©buts de la Pax romana ; chrĂ©tien et non pas juif, ensuite, quand l'Europe se christianise et que commencent les pogromes (...) le mieux qui puisse arriver Ă  un sujet c'est de naĂźtre occidental ; le pire, la catastrophe irrĂ©mĂ©diable, la figure mĂȘme de l'infortune, du tragique, de la damnation, c'est d'ĂȘtre nĂ© burundais, angolais, sud-soudanais, colombien ou, comme la petite Srilaya, sri-lankais. (ch. 15 Arendt, Sarajevo : qu'est-ce qu'ĂȘtre damnĂ© ?)
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Bernard-Henri Lévy (War, Evil, and the End of History)
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Peindre d'abord une cage Avec une porte ouverte peindre ensuite quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau quelque chose d'utile pour l'oiseau placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin dans un bois ou dans une forĂȘt se cacher derriĂšre l'arbre sans rien dire sans bouger... Parfois l'oiseau arrive vite mais il peut aussi bien mettre de longues annĂ©es avant de se dĂ©cider Ne pas se dĂ©courager attendre attendre s’il Ie faut pendant des annĂ©es la vitesse ou la lenteur de l'arrivĂ©e de l'oiseau n’ayant aucun rapport avec la rĂ©ussite du tableau Quand l'oiseau arrive s'il arrive observer le plus profond silence attendre que l'oiseau entre dans la cage et quand il est entrĂ© fermer doucement la porte avec le pinceau puis effacer un Ă  un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau Faire ensuite le portrait de l'arbre en choisissant la plus belle de ses branches pour l'oiseau peindre aussi le vert feuillage et la fraĂźcheur du vent la poussiĂšre du soleil et le bruit des bĂȘtes de l'herbe dans la chaleur de l'Ă©tĂ© et puis attendre que l'oiseau se dĂ©cide Ă  chanter Si l'oiseau ne chante pas c'est mauvais signe signe que le tableau est mauvais mais s'il chante c'est bon signe signe que vous pouvez signer Alors vous arrachez tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous Ă©crivez votre nom dans un coin du tableau.
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Jacques Prévert (Paroles)
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L'Art d’avoir toujours raison La dialectique 1 Ă©ristique est l’art de disputer, et ce de telle sorte que l’on ait toujours raison, donc per fas et nefas (c’est-Ă -dire par tous les moyens possibles)2. On peut en effet avoir objectivement raison quant au dĂ©bat lui-mĂȘme tout en ayant tort aux yeux des personnes prĂ©sentes, et parfois mĂȘme Ă  ses propres yeux. En effet, quand mon adversaire rĂ©fute ma preuve et que cela Ă©quivaut Ă  rĂ©futer mon affirmation elle-mĂȘme, qui peut cependant ĂȘtre Ă©tayĂ©e par d’autres preuves – auquel cas, bien entendu, le rapport est inversĂ© en ce qui concerne mon adversaire : il a raison bien qu’il ait objectivement tort. Donc, la vĂ©ritĂ© objective d’une proposition et la validitĂ© de celle-ci au plan de l’approbation des opposants et des auditeurs sont deux choses bien distinctes. (C'est Ă  cette derniĂšre que se rapporte la dialectique.) D’oĂč cela vient-il ? De la mĂ©diocritĂ© naturelle de l’espĂšce humaine. Si ce n’était pas le cas, si nous Ă©tions fonciĂšrement honnĂȘtes, nous ne chercherions, dans tout dĂ©bat, qu’à faire surgir la vĂ©ritĂ©, sans nous soucier de savoir si elle est conforme Ă  l’opinion que nous avions d’abord dĂ©fendue ou Ă  celle de l’adversaire : ce qui n’aurait pas d’importance ou serait du moins tout Ă  fait secondaire. Mais c’est dĂ©sormais l’essentiel. La vanitĂ© innĂ©e, particuliĂšrement irritable en ce qui concerne les facultĂ©s intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se rĂ©vĂšle fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. Par consĂ©quent, chacun devrait simplement s’efforcer de n’exprimer que des jugements justes, ce qui devrait inciter Ă  penser d’abord et Ă  parler ensuite. Mais chez la plupart des hommes, la vanitĂ© innĂ©e s’accompagne d’un besoin de bavardage et d’une malhonnĂȘtetĂ© innĂ©e. Ils parlent avant d’avoir rĂ©flĂ©chi, et mĂȘme s’ils se rendent compte aprĂšs coup que leur affirmation est fausse et qu’ils ont tort, il faut que les apparences prouvent le contraire. Leur intĂ©rĂȘt pour la vĂ©ritĂ©, qui doit sans doute ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement l’unique motif les guidant lors de l’affirmation d’une thĂšse supposĂ©e vraie, s’efface complĂštement devant les intĂ©rĂȘts de leur vanité : le vrai doit paraĂźtre faux et le faux vrai.
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Arthur Schopenhauer (L'art d'avoir toujours raison (La Petite Collection))
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Moi je ris de tout, mĂȘme de ce que j’aime le mieux. – Il n’est pas de choses, faits, sentiments ou gens, sur lesquels je n’aie passĂ© naĂŻvement ma bouffonnerie, comme un rouleau de fer Ă  lustrer les piĂšces d’étoffes. – C’est une bonne mĂ©thode. – On voit ensuite ce qui en reste. Il est trois fois enracinĂ© dans vous, le sentiment que vous y laissez, en plein vent, sans tuteur, ni fil de fer, et dĂ©barrassĂ© de toutes ces convenances si utiles pour faire tenir debout les pourritures. Est-ce que la parodie mĂȘme siffle jamais ? Il est bon et il peut mĂȘme ĂȘtre beau de rire de la vie, pourvu qu’on vive. – Il faut se placer au-dessus de tout, et placer son esprit au-dessus de soi-mĂȘme, j’entends la libertĂ© de l’idĂ©e, dont je dĂ©clare impie toute limite.
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Gustave Flaubert (GUSTAVE FLAUBERT: Correspondance - Tome 2 -1851-1858 (French Edition))
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Je revenais du lycĂ©e et m'attablais devant le plat. Ma mĂšre, debout, me regardait manger avec cet air apaisĂ© des chiennes qui allaitent leurs petits. Elle refusait d'y toucher elle-mĂȘme et m'assurait qu'elle n'aimait que les lĂ©gumes et que la viande et les graisses lui Ă©taient strictement dĂ©fendues. Un jour, quittant la table, j'allai Ă  la cuisine boire un verre d'eau. Ma mĂšre Ă©tait assise sur un tabouret; elle tenait sur ses genoux la poĂȘle Ă  frire oĂč mon bifteck avait Ă©tĂ© cuit. Elle en essuyait soigneusement le fond graisseux avec des morceaux de pain qu'elle mangeait ensuite avidement et, malgrĂ© son geste rapide pour dissimuler la poĂȘle sous la serviette, je sus soudain, dans un Ă©clair, toute la vĂ©ritĂ© sur les motifs rĂ©els de son rĂ©gime vĂ©gĂ©tarien.
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Tant que la lecture est pour nous l’incitatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mĂȘme la porte des demeures oĂč nous n’aurions pas su pĂ©nĂ©trer, son rĂŽle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous Ă©veiller Ă  la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend Ă  se substituer Ă  elle, quand la vĂ©ritĂ© ne nous apparaĂźt plus comme un idĂ©al que nous ne pouvons rĂ©aliser que par le progrĂšs intime de notre pensĂ©e et par l’effort de notre coeur, mais comme une chose matĂ©rielle, dĂ©posĂ©e entre les feuillets des livres comme un miel tout prĂ©parĂ© par les autres et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothĂšques et de dĂ©guster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d’esprit.
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Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))
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Il sait quelque chose que je ne sais pas  : que je partirai. Que mon existence se jouera ailleurs. Loin, trÚs loin de Barbezieux, de sa langueur, de ses ciels plombés, de son horizon bouché. Que je m'en échapperai comme on s'évade d'une prison, que moi, j'y réussirai. Que je voudrai la ville capitale, que je m'y épanouirai, que j'y trouverai ma place, que j'y ferai ma place. Qu'ensuite, je sillonnerai la planÚte, puisque je ne suis pas fait pour la sédentarité. Il imagine une ascension, une élévation, une épiphanie. Il me croit promis à un destin brillant. Il est convaincu qu'au sein de notre communauté presque oubliée des dieux, il ne peut exister qu'un nombre infime d'élus et que j'en fais partie. Il pense que bientÎt je n'aurai plus rien à voir avec ce monde de mon enfance, que ce sera comme un bloc de glace détaché d'un continent.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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remarqua que si on laisse refroidir de la rĂ©sine qui a Ă©tĂ© fondĂŒe, & que, si, avant qu'elle soit tout-Ă -fait refroidie, on en approche du cuivre en feĂŒilles, elle l'attire Ă  la distance d'un pouce ou deux, sans aucun frottement prĂ©cĂ©dent. M. Gray continua avec succĂšs les recherches Ă©lectriques de Boyle & de HauksbĂ©e; ayant voulu Ă©prouver s'il y avoit quelque diffĂ©rence dans l'attraction du tube lorsqu'il Ă©toit bouchĂ© par les deux bouts & lorsqu'il ne l'Ă©toit pas, il n'en apperçut aucune; mais comme il tenoit une plume ou duvet au-dessus du bouchon de liĂ©ge dont le bout supĂ©rieur du tube Ă©toit bouchĂ©, il remarqua que cette plume Ă©toit attirĂ©e & ensuite repoussĂ©e par le liĂ©ge de la mĂȘme maniĂšre qu'elle a coutume de l'ĂȘtre par le tube. Cette observation le confirma dans une pensĂ©e qu'il avoit euĂ« autrefois, que, comme le tube frottĂ© dans l'obscuritĂ© communique de la lumiĂšre aux autres corps
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Benjamin Franklin (Experiments and observations on electricity. French (French Edition))
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Quant Ă  la question de savoir si un tribunal saisi d'un litige relatif Ă  un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur peut apprĂ©cier d'office le caractĂšre abusif d'une clause de ce contrat, il convient de rappeler que le systĂšme de protection mis en Ɠuvre par la directive europĂ©enne repose sur l'idĂ©e que le consommateur se trouve dans une situation d'infĂ©rioritĂ© Ă  l'Ă©gard du professionnel en ce qui concerne tant le pouvoir de nĂ©gociation que le niveau d'information. L'objectif poursuivi par la directive, qui impose aux États membres de prĂ©voir que des clauses abusives ne lient pas les consommateurs, ne pourrait ĂȘtre atteint si ces derniers se trouvaient dans l'obligation d'en soulever eux-mĂȘmes le caractĂšre abusif. Il s'ensuit qu'une protection efficace du consommateur ne peut ĂȘtre atteinte que si le juge national se voit reconnaĂźtre la facultĂ© d'apprĂ©cier d'office une telle clause.
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Emmanuel CarrĂšre (D'autres vies que la mienne)
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Seeing his daughter slowly die, coupled with his infinite sadness and misery, the clockmaker becomes a recluse to the tower of the castle and begins to build something behind closed doors, not even his daughter knows what he’s up to. For five years, she only sees him briefly at meal-times before locking himself up in the tower once again..." "...Did he have a bathroom in the tower?" "Yes, Jack. A big one! En-suite! Power-shower and spa! Where was I!?
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Jonathan Dunne (Hearts Anonymous)
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Sans doute, rien n'est plus naturel, aujourd'hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au cafĂ©, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre. Mais il est des villes ou des pays oĂč les gens ont, de temps en temps, le soupçon d'autre chose. En gĂ©nĂ©ral, cela ne change pas leur vie. Seulement, il y a eu le soupçon et c'est toujours cela de gagnĂ©. Oran, au contraire, est apparemment une ville sans soupçon, c'est-Ă -dire une ville tout Ă  fauit moderne. Il n'est pas nĂ©cessaire, en consĂ©quence, de prĂ©ciser la façon dont on s'aime chez nous. Les hommes et les femmes, ou bien se dĂ©vorent rapidement dans ce qu'on appelle l'acte d'amour, ou bien s'engagent dans une longue habitude Ă  eux. Entre ces deux extrĂȘmes, il n'y a pas souvent de milieu. Cela non plus n'est pas original. A Oran comme ailleurs, faute de temps et de rĂ©flexion, on est bien obligĂ© de s'aimer sans le savoir.
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Albert Camus (The Plague)
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Mais, dit-on, plusieurs se sont tuĂ©s pour ne pas tomber en la puissance des ennemis. Je rĂ©ponds qu’il ne s’agit pas de ce qui a Ă©tĂ© fait, mais de ce qu’on doit faire. La raison est au-dessus des exemples, et les exemples eux-mĂȘmes s’accordent avec la raison, quand on sait choisir ceux qui sont le plus dignes d’ĂȘtre imitĂ©s, ceux qui viennent de la plus haute piĂ©tĂ©. Ni les Patriarches, ni les ProphĂštes, ni les ApĂŽtres ne nous ont donnĂ© l’exemple du suicide. JĂ©sus-Christ, Notre-Seigneur, qui avertit ses disciples, en cas de persĂ©cution, de fuir de ville en ville, ne pouvait-il pas leur conseiller de se donner la mort, plutĂŽt que de tomber dans les mains de leurs persĂ©cuteurs ? Si donc il ne leur a donnĂ© ni le conseil, ni l’ordre de quitter la vie, lui qui leur prĂ©pare, suivant ses promesses, les demeures de l’éternitĂ©, il s’ensuit que les exemples invoquĂ©s par les Gentils, dans leur ignorance de Dieu, ne prouvent rien pour les adorateurs du seul Dieu vĂ©ritable.
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Augustine of Hippo (Saint Augustin: les 9 oeuvres majeures et complÚtes (Les confessions, La cité de Dieu, De la trinité, Traité du libre arbitre...) (French Edition))
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Face Ă  ces chiffres, comme on ne sait plus quoi faire, on fait n'importe quoi. Le 14 mars, le ministĂšre de la SantĂ© et du Travail augmente la dose maximale autorisĂ©e pour les travailleurs de la centrale de cent millisieverts pour cinq ans... Ă  deux cent cinquante mille millisieverts par an ! C'est vrai, quoi, Ă  quoi bon des normes si ce n'est pour les transgresser ? En avril, il fera encore mieux : il Ă©lĂšvera la dose maximale pour les enfants Ă  vingt millisieverts par an... ce qui est tout simplement le taux maximum en France (et pour la Commission internationale de protection radiologique) auquel on peut exposer les travailleurs du nuclĂ©aire ! Le gouvernement fera ensuite machine arriĂšre sous la pression des parents et de plusieurs associations, mais c'est dire le degrĂ© de cynisme que l'on peut atteindre pour dĂ©fendre Ă  tout prix la filiĂšre : considĂ©rer des gamins sans dĂ©fense au mĂȘme niveau que les spĂ©cialistes du nuclĂ©aire les plus exposĂ©s, il fallait le faire. ils l'ont fait. (p. 234)
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Michaël Ferrier (Fukushima : Récit d'un désastre)
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ScĂšne coupĂ©es ScĂšne 1 Edwin et le Ts'lich : premiĂšre Le Ts'lich s'inclina imperceptiblement et les mots jaillirent de sa gueule aux mandibules acĂ©rĂ©es. - Rien ne saurait me forcer Ă  te combattre, Edwin Til' Illan. Les lĂ©gendes parlent de toi, l'unique humain qui, par quatre fois, a rĂ©ussi l'exploit de dĂ©faire un guerrier ts'lich. Pourtant, mĂȘme le champion des Alaviriens ne pourrait survivre Ă  un affrontement contre deux d'entre nous. L'air se troubla une fraction de seconde et un second Ts'lich apparut Ă  cĂŽtĂ© du premier. - Alors, Edwin Til' Illan, m'accordes-tu ce que je suis venu chercher ou tentes-tu de bouleverser les lĂ©gendes ? Un rictus sardonique vint dĂ©former le visage du maĂźtre d'armes. - Je vais ouvrir vos ventres de sales reptiles puants, rĂ©pandre vos entrailles dans cette clairiĂšre et bouffer vos cƓurs encore fumants. Ensuite je... - COUPEZ ! - Quoi, coupez ? - Edwin, mon chĂ©ri, il s'agit d'un livre jeunesse, pas d'un film gore ! Adapte ton langage s'il te plaĂźt. Allez, on reprend !
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Augmentez la dose de sports pour chacun, dĂ©veloppez l'esprit d'Ă©quipe, de compĂ©tition, et le besoin de penser est Ă©liminĂ©, non ? Organiser, organisez, super-organisez des super-super-sports. Multipliez les bandes dessinĂ©es, les films; l'esprit a de moins en moins d'appĂ©tits. L'impatience, les autos-trades sillonnĂ©es de foules qui sont ici, lĂ , partout, nulle part. Les rĂ©fugiĂ©s du volant. Les villes se transforment en auberges routiĂšres; les hommes se dĂ©placent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre oĂč tu dormais Ă  midi et moi la veille. (1re partie) On vit dans l'immĂ©diat. Seul compte le boulot et aprĂšs le travail l'embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre quoi que ce soit sinon Ă  presser les boutons, brancher des commutateurs, serrer des vis et des Ă©crous ? Nous n'avons pas besoin qu'on nous laisse tranquilles. Nous avons besoin d'ĂȘtre sĂ©rieusement tracassĂ©s de temps Ă  autre. Il y a combien de temps que tu n'as pas Ă©tĂ© tracassĂ©e sĂ©rieusement ? Pour une raison importante je veux dire, une raison valable ? - Tu dois bien comprendre que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter ou de dĂ©ranger nos minoritĂ©s. Pose-toi la question toi-mĂȘme. Que recherchons-nous, par-dessus tout, dans ce pays ? Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord ? Ne l'as-tu pas entendu rĂ©pĂ©ter toute la vie ? Je veux ĂȘtre heureux, dĂ©clare chacun. Eh bien, sont-ils heureux ? Ne veillons-nous pas Ă  ce qu'ils soient toujours en mouvement, toujours distraits ? Nous ne vivons que pour ça, c'est bien ton avis ? Pour le plaisir, pour l'excitation. Et tu dois admettre que notre civilisation fournit l'un et l'autre Ă  satiĂ©tĂ©. Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous Ă©crase d'impĂŽts, peu importe tant que les gens n'en savent rien. La paix, Montag. Instituer des concours dont les prix supposent la mĂ©moire des paroles de chansons Ă  la mode, des noms de capitales d'État ou du nombre de quintaux de maĂŻs rĂ©coltĂ©s dans l'Iowa l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Gavez les hommes de donnĂ©es inoffensives, incombustibles, qu'ils se sentent bourrĂ©s de "faits" Ă  Ă©clater, renseignĂ©s sur tout. Ensuite, ils s'imagineront qu'ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piĂ©tinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie Ă  quoi confronter leur expĂ©rience. C'est la source de tous les tourments. Tout homme capable de dĂ©monter un Ă©cran mural de tĂ©lĂ©vision et de le remonter et, de nos jours ils le sont Ă  peu prĂšs tous, est bien plus heureux que celui qui essais de mesurer, d'Ă©talonner, de mettre en Ă©quations l'univers ce qui ne peut se faire sans que l'homme prenne conscience de son infĂ©rioritĂ© et de sa solitude. Nous sommes les joyeux drilles, les boute-en-train, toi, moi et les autres. Nous faisons front contre la marĂ©e de ceux qui veulent plonger le monde dans la dĂ©solation en suscitant le conflit entre la thĂ©orie et la pensĂ©e. Nous avons les doigts accrochĂ©s au parapet. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mĂ©lancolie et de la triste philosophie noyer notre monde. Nous comptons sur toi. Je ne crois pas que tu te rendes compte de ton importance, de notre importance pour protĂ©ger l'optimisme de notre monde actuel.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Pourquoi n'allez vous pas Ă  l'Ă©cole? Tous les jours je vous vois en train de flĂąner. _ Oh, on se passe fort bien de moi! Je suis insociable, parait-il. Je ne m'intĂšgre pas. C'est vraiment bizarre. Je suis trĂšs sociable, au contraire. Mais tout dĂ©pend de ce qu'on entend par sociable, n'est-ce pas? Pour moi ça veut dire parler de choses et d'autres, comme maintenant. (...) Mais je ne pense pas que ce soit favoriser la sociabilitĂ© que de rĂ©unir tout un tas de gens et de les empĂȘcher ensuite de parler. (...) On ne pose jamais de question, en tout cas la plupart d'entre nous; les rĂ©ponses arrivent toutes seules, bing, bing, bing, et on reste assis quatre heures de plus Ă  Ă©couter le tĂ©lĂ©prof. Ce n'est pas ma conception de la sociabilitĂ©. (...) On nous abrutit tellement qu'Ă  la fin de la journĂ©e on a qu'une envie: se coucher ou aller dans un parc d'attraction bousculer les gens. (...) Au fond, je dois ĂȘtre ce qu'on m'accuse d'ĂȘtre. Je n'ai pas d'amis. C'est sensĂ© prouver que je suis anormale. Mais tous les gens que je connais passent leur temps Ă  brailler, Ă  danser comme des sauvages ou Ă  se taper dessus. Vous avez remarquĂ© Ă  quel point les gens se font du mal aujourd'hui?
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Cette qualitĂ© de la joie n’est-elle pas le fruit le plus prĂ©cieux de la civilisation qui est nĂŽtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matĂ©riels. Mais nous ne sommes pas un bĂ©tail Ă  l’engrais. La prospĂ©ritĂ© et le confort ne sauraient suffire Ă  nous combler. Pour nous qui fĂ»mes Ă©levĂ©s dans le culte du respect de l’homme, pĂšsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fĂȘtes merveilleuses
 Respect de l’homme ! Respect de l’homme !
 LĂ  est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-mĂȘme ; il refuse les contradictions crĂ©atrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitiĂšre. L’ordre pour l’ordre chĂątre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-mĂȘme. La vie crĂ©e l’ordre, mais l’ordre ne crĂ©e pas la vie. Il nous semble, Ă  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en pĂ©ril. Les craquements du monde moderne nous ont engagĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. Les problĂšmes sont incohĂ©rents, les solutions contradictoires. La vĂ©ritĂ© d’hier est morte, celle de demain est encore Ă  bĂątir. Aucune synthĂšse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne dĂ©tient qu’une parcelle de la vĂ©ritĂ©. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel Ă  la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les mĂ©thodes, nous risquons de ne plus reconnaĂźtre que nous nous hĂątons vers le mĂȘme but. Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une Ă©toile, s’il se laisse trop absorber par ses problĂšmes d’escalade, risque d’oublier quelle Ă©toile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisiĂšre de cathĂ©drale, Ă  se prĂ©occuper trop Ăąprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, Ă  m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’ĂȘtre au service d’une Ă©vidence spirituelle. Nous avons goĂ»tĂ©, aux heures de miracle, une certaine qualitĂ© des relations humaines : lĂ  est pour nous la vĂ©ritĂ©. Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stĂ©rile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haĂŻrions-nous Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme camp ? Aucun d’entre nous ne dĂ©tient le monopole de la puretĂ© d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les dĂ©marches de sa raison. Les dĂ©marches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la mĂȘme Ă©toile. Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !
 Si le respect de l’homme est fondĂ© dans le cƓur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le systĂšme social, politique ou Ă©conomique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, dĂ©sir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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Je ne comprends pas que l'on puisse ne pas fumer. C'est se priver de toute façon de la meilleure part de l'existence et en tout cas d'un plaisir tout Ă  fait Ă©minent. Lorsque je m'Ă©veille, je me rĂ©jouis dĂ©jĂ  de pouvoir fumer pendant la journĂ©e, et pendant que je mange, j'ai la mĂȘme pensĂ©e, oui, je peux dire qu'en somme je mange seulement pour pouvoir ensuite fumer, et je crois que j'exagĂšre Ă  peine. Mais un jour sans tabac, ce serait pour moi le comble de la fadeur, ce serait une journĂ©e absolument vide et insipide, et si, le matin, je devais me dire : "aujourd'hui je n'aurai rien Ă  fumer", je crois que je n'aurais pas le courage de me lever, je te jure que je resterais couchĂ©. [...] Dieu merci ! on fume dans le monde entier ; ce plaisir, autant que je sache, n'est inconnu nulle part oĂč l'on pourrait ĂȘtre jetĂ© par les hasards de la vie. MĂȘme les explorateurs qui partent pour le pĂŽle nord se pourvoient largement de provisions de tabac pour la durĂ©e de leurs pĂ©nibles Ă©tapes, et j'ai toujours trouvĂ© cela sympathique lorsque je l'ai lu. Car on peut aller trĂšs mal - supposons par exemple que je sois dans un Ă©tat lamentable -, aussi longtemps que j'aurai mon cigare, je le supporterai, je le sais bien ; il m'aiderait Ă  tout surmonter.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Tch’en ChĂ© (Chen Sheng n.n.) fut le premier Ă  commencer la rĂ©volte ; les braves s’élancĂšrent comme un essaim d’abeilles et se combattirent les uns les autres en nombre incalculable. Cependant (Hiang) Yu (Xiang Yu n.n.) n’avait ni un pied ni un pouce de terre ; profitant de l’occasion, il s’éleva du milieu des sillons’ ; au bout de trois ans, il commandait Ă  cinq seigneurs’, il avait Ă©crasĂ© Ts’in, il partageait l’empire et nommait des rois et des seigneurs ; l’autoritĂ© Ă©manait de (Hiang) Yu ; son titre Ă©tait « roi suprĂȘme ». Quoiqu’il n’ait pas gardĂ© cette dignitĂ© jusqu’au bout, cependant depuis l’antiquitĂ© jusqu’à nos jours, il n’y en a jamais eu de si grande. Ensuite (Hiang) Yu viola (le traitĂ© relatif aux) passes et regretta (le pays de) Tch’ou ; il chassa l’empereur juste et se donna le pouvoir Ă  lui- mĂȘme ; il s’irrita de ce que les rois et les seigneurs se rĂ©voltaient contre lui ; quelles difficultĂ©s (ne s’attirait-il pas !). Il s’enorgueillit de ses exploits guerriers, s’enivra de sa propre sagesse et ne prit pas modĂšle sur l’antiquitĂ©. Sous le prĂ©texte d’agir en roi suprĂȘme, il voulait s’imposer par la force et rĂ©gler Ă  son grĂ© tout l’empire. La cinquiĂšme annĂ©e, il perdit soudain son royaume ; lui-mĂȘme mourut Ă  Tong-tch'eng mais il ne comprit point encore et ne s’incrimina pas lui-mĂȘme ; quelle erreur ! En effet, « c’est le Ciel, dit-il, qui me perd et ce n’est point que j’aie commis aucune faute militaire. » N'est-ce pas lĂ  de l’aveuglement ?
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Sima Qian (Mémoires historiques - DeuxiÚme Section (French Edition))
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Violettes sauvages La fĂ©e du printemps, cette annĂ©e aussi, de banalitĂ©s plein le sac, s’est prĂ©sentĂ©e, malgrĂ© cela, nous nous sommes rĂ©jouis comme si pour la premiĂšre fois elle Ă©tait arrivĂ©e. En me grondant moi-mĂȘme, enfin, car je risquais d’abĂźmer mes souliers dans la boue, je suis allĂ©e voir quelles fleurs Ă©taient en train d’éclore dans le vaste parc, tout prĂšs de chez nous. C’était depuis longtemps que je n’avais plus senti ce dĂ©sir de vivre, cette hĂąte fĂ©brile, j’avais l’impression que sous mes pieds a frĂ©mi la terre que le soleil saurait rendre fertile. Les arbres nus me semblaient tout Ă  fait charmants, j’aurais voulu les prendre dans mes bras, les [embrasser]. Je passais prĂšs d’eux, comme ça, auparavant, autant de fois, mais sans vraiment les regarder. Difficile Ă  dire pourquoi Ă©tait si beau le ciel bleu comme les robes dont se lavent les couleurs, je l’ai regardĂ©, la tĂȘte renversĂ©e vers le dos, et je l’ai trouvĂ© absolument enchanteur. Ensuite, j’ai dĂ©couvert les violettes sauvages, prĂšs d’un chĂȘne : elles Ă©taient dĂ©licates et bleues, des miettes de ciel dont le printemps de passage nous fait don, parmi les troncs ombrageux. Le cƓur battant vite, je me suis inclinĂ©e, j’étais sur le point de toucher Ă  leurs feuilles, et je ne sais pourquoi, par l’esprit m’est passĂ©e l’idĂ©e que le verre n’est pour elles qu’un cercueil. Vers la maison, je suis revenue, les pas alourdis par un fatiguĂ© bonheur, et si mes mains Ă©taient aussi vides qu’au dĂ©but, j’avais des violettes sauvages dans le cƓur. (traduit par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos
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longs & enfin avec un de vingt-quatre pouces, & trouva toujours les mĂȘmes effets. Au lieu de bois M. Gray se servit dans la suite d'un fil de fer, puis d'un fil de laiton, & eut encore le mĂȘme succĂšs; mais comme les vibrations de ces fils de fer, & de laiton, causĂ©es par le frottement du tube, Ă©toient incommodes, surtout lorsque les fils Ă©toient longs de deux ou trois pieds, il imagina de suspendre la boule Ă  l'extrĂ©mitĂ© d'une ficelle nouĂ©e au tube par son autre extrĂ©mitĂ©; Ă©tant sur un balcon Ă©levĂ© de trente-six pieds, il laissa pendre la boule ainsi attachĂ©e au tube par le moyen d'une ficelle de cette longueur; le tube Ă©tant frottĂ©, la boule attira & repoussa du cuivre en feuilles qui Ă©toit au-dessous d'elle. M. Gray essaya ensuite de transmettre en ligne horizontale l'Ă©lectricitĂ© Ă  de bien plus grandes distances; il y rĂ©ussit d'abord en se servant pour cela d'une ficelle soutenuĂ« horizontalement Ă  quelque distance de terre sur des fils de soye, & transmit l'Ă©lectricitĂ© Ă  cent quarante pieds; mais comme il vouloit pousser plus loin son expĂ©rience, les fils de soye s'Ă©tant rompus, il leur substitua des fils-d'archal de la mĂȘme finesse; car il s'imaginoit que le succĂšs de l'expĂ©rience dĂ©pendoit de la finesse de ces fils, qu'il croyoit trop minces pour pouvoir intercepter une partie sensible de la force Ă©lectrique communiquĂ©e par le tube Ă  la ficelle & Ă  la boule. Quand il vint Ă  frotter le tube, l'Ă©lectricitĂ© ne fut point transmise Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la ficelle. Il reconnut de lĂ  que le succĂšs de la premiĂšre expĂ©rience ne venoit pas de la finesse des fils
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Benjamin Franklin (Experiments and observations on electricity. French (French Edition))
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En admettant que l’on ait compris ce qu’il y a de sacrilĂšge dans un pareil soulĂšvement contre la vie, tel qu’il est devenu presque sacro-saint dans la morale chrĂ©tienne, on aura, par cela mĂȘme et heureusement, compris autre chose encore : ce qu’il y a d’inutile, de factice, d’absurde, de mensonger dans un pareil soulĂšvement. Une condamnation de la vie de la part du vivant n’est finalement que le symptĂŽme d’une espĂšce de vie dĂ©terminĂ©e : sans qu’on se demande en aucune façon si c’est Ă  tort ou Ă  raison. Il faudrait prendre position en dehors de la vie et la connaĂźtre d’autre part tout aussi bien que quelqu’un qui l’a traversĂ©e, que plusieurs et mĂȘme tous ceux qui y ont passĂ©, pour ne pouvoir que toucher au problĂšme de la valeur de la vie : ce sont lĂ  des raisons suffisantes pour comprendre que ce problĂšme est en dehors de notre portĂ©e. Si nous parlons de la valeur, nous parlons sous l’inspiration, sous l’optique de la vie : la vie elle-mĂȘme nous force Ă  dĂ©terminer des valeurs, la vie elle-mĂȘme Ă©volue par notre entremise lorsque nous dĂ©terminons des valeurs
 Il s’ensuit que toute morale contre nature qui considĂšre Dieu comme l’idĂ©e contraire, comme la condamnation de la vie, n’est en rĂ©alitĂ© qu’une Ă©valuation de vie, — de quelle vie ? de quelle espĂšce de vie ? Mais j’ai dĂ©jĂ  donnĂ© ma rĂ©ponse : de la vie descendante, affaiblie, fatiguĂ©e, condamnĂ©e. La morale, telle qu’on l’a entendue jusqu’à maintenant — telle qu’elle a Ă©tĂ© formulĂ©e en dernier lieu par Schopenhauer, comme « nĂ©gation de la volontĂ© de vivre » — cette morale est l’instinct de dĂ©cadence mĂȘme, qui se transforme en impĂ©ratif : elle dit : « va Ă  ta perte ! » — elle est le jugement de ceux qui sont dĂ©jĂ  jugĂ©s

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Friedrich Nietzsche (Twilight of the Idols)
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« Je connais son odeur. Ce petit grain de beautĂ© dans son cou quand elle relĂšve ses cheveux. Elle a la lĂšvre supĂ©rieure un peu plus charnue que l’infĂ©rieure. La courbe de son poignet, quand elle tient un stylo. C’est mal, c’est vraiment mal, mais je connais les contours de sa silhouette. J’y pense en me couchant, et puis je me lĂšve, je vais bosser, et elle est lĂ , et c’est insupportable. Je lui dis des trucs avec lesquels je sais qu’elle sera d’accord, juste pour l’entendre me rĂ©pondre : « Hm-hm. » C’est sensuel comme la sensation de l’eau chaude sur mon dos, putain. Elle est mariĂ©e. Elle est brillante. Elle me fait confiance, et la seule chose que j’ai en tĂȘte c’est de l’amener dans mon bureau, la dĂ©shabiller, lui faire des choses inavouables. Et j’ai envie de le lui dire. J’ai envie de lui dire qu’elle est  lumineuse, elle brille d’un tel Ă©clat dans mon esprit que ça m’empĂȘche parfois de me concentrer. Parfois j’oublie pourquoi je suis entrĂ© dans la piĂšce. Je suis distrait. J’ai envie de la pousser contre un mur, et j’ai envie qu’elle se blottisse contre moi. J’ai envie de remonter le temps pour aller mettre un coup de poing Ă  son stupide mari le jour oĂč je l’ai rencontrĂ©, et ensuite repartir dans le futur pour lui en coller un autre. J’ai envie de lui acheter des fleurs, de la nourriture, des livres. J’ai envie de lui tenir la main, et de l’enfermer dans ma chambre. Elle est tout ce que j’ai toujours voulu, et je veux me l’injecter dans les veines, et Ă  la fois ne plus jamais la revoir. Elle est unique, et ces sentiments, ils sont intolĂ©rables, putain. Ils Ă©taient Ă  moitiĂ© en sommeil tant qu’elle Ă©tait absente, mais, maintenant elle est lĂ , et je ne contrĂŽle plus mon corps, comme un putain d’ado, et je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux rien faire, alors je vais juste
 ne rien faire.  »
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Ali Hazelwood (Love on the Brain)
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J'achĂšte un roman marocain d'expression française le vendredi. Je commence Ă  le lire le samedi et dĂšs les premiĂšres pages, je crie: "Encore un qui croit que la littĂ©rature, c'est raconter son enfance et sublimer ou dramatiser son passĂ©. Je me dis; "continue quand mĂȘme, il a ratĂ© le dĂ©but mais tu trouveras sĂ»rement quelque chose de beau plus loin." Rien, walou, nada, niet. chercher des effets de styles, une narration travaillĂ©e, un souffle, une sensibilitĂ©, une sincĂ©ritĂ© est inutile. Tout sonne faux. Le mec continue de nous bassiner avec ses misĂšres et ses amours d'enfance en utilisant la langue la plus plate que j'ai eu Ă  lire ces derniers temps. Pourquoi tant d'Ă©gocentrisme et de nombrilisme? L'HÉGÉMONIE DU "JE" EST DEVENUE UN VÉRITABLE CANCER POUR LA LITTÉRATURE MAROCAINE. Beaucoup de ceux qui s'adonnent Ă  l'Ă©criture au Maroc, surtout en français, croient qu'Ă©crire, c'est reparler de leur mĂšre, leur pĂšre, leurs voisins, leurs frustrations... et surtout LEUR PERSONNE. Si au moins ils avaient l'existence d'un Rimbaud ou d'un DostoĂŻevski. Je continue Ă  lire malgrĂ© tout, d'abord parce que je suis maso, et ensuite pour ne pas ĂȘtre injuste Ă  l'Ă©gard de l'auteur. Peine perdue. Le livre me tombe des mains et je le balance loin de moi Ă  la page 94. MĂȘme le masochisme a des limites. Je n'ai rien contre quelqu'un qui raconte sa vie. Je n'ai rien contre un nombriliste, un Ă©gocentrique, un maniaque, un narcissique, un mĂ©galo, etc, du moment qu'il me propose un objet littĂ©raire, un vrai, avec un style... Oui un style. Je ne dis pas avec une langue parfaite; non; je dis avec sa langue Ă  lui, qui fait ressortir sa sincĂ©ritĂ©, son dilemme, ses tripes, son Ăąme. C'est ça le style qui fait l'oeuvre et non pas le bavardage. Pour le bavardage, le "regardez-moi, je suis beau et je suis devenu Ă©crivain"; le "Admirez-moi!", il y a les JamaĂ€s Fna (avec tous mes respects pour les conteurs de Jamaa Fna) et les Shows. Alors SVP! un peu de respect pour la littĂ©rature.
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Mokhtar Chaoui
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I dial her mum's number, then sit down cross-legged, facing the wall. When she comes on the line, she sounds uncertain, hesitant. 'Hey! Guess where I am?' I ask, my voice loud with false cheer. 'Rami told me. The Wellesly Hospital in Worthing. What's it like?' 'For a loony-bin it's actually quite decent,' I reply. 'I don't have Sky or an en-suite, and the menu isn't exactly Ă  la carte, but you know...' I tail off. There is a silence. 'Do you have your own room?' Jenna asks, 'Oh yeah, yeah. I have a lovely view of the sea between the bars of my window.' She doesn't laugh. 'Have you started' -there is a pause as she searches for the right word -'threatment?' 'Yeah, yeah. We had group therapy today. Tomorrow we'll probably have art therapy - maybe I'll draw you a hourse and a garden. I know, perhaps they'll teach us to make baskets! Isn't that why they call us basket cases?' 'Flynn, stop,' Jennah softly implores. 'And we'll probably have music therapy the day after. Maybe I'll get to play the tambourine. Or the triangle. I've always wanted to play the triangle!' 'Flynn-' 'No, I'm serious! I'll ask for some manuscript paper and see if I can write a composition for tambourine and triangle. Then I can post if off to you to hand in for my next composition assignment.' 'Flynn, listen-' 'Hold on, hold on! I'm making a note to myself now: Find fellow insane musician and start composing the Flynn Laukonen Sonata for Tambourine and Triangle.' 'Flynn-' 'And then, when they let me out, if they ever let me out, perhaps you could pull a few strigns and organize for me and my tambourine buddy to give a recital. I'm not sure where though -how about the subway at Marble Arch tube? Nice and central, good acoustics-' 'What are the other people like?' Jennah cuts in, an edge to her voice. I notice she doesn't use the word patients. Clever Jennah. For a moment there you almost made me forget I was locked up in a mental institution. 'Round the bend, just like me,' I reply. 'I'm in excellent company. We'll be swapping suicide tips in no time at all!' I give a harsh laugh.
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Tabitha Suzuma (A Voice in the Distance (Flynn Laukonen, #2))
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C'est de lĂ -haut qu'il les aperçoit, au fond de la combe Nerre, Ă©crasĂ©s par la perspective : deux insectes minuscules, l'un portant l'autre Ă  travers l'un des endroits les plus inhospitaliers des Causses. Il en oublie la chevrette et, retrouvant l'agilitĂ© de ses vingt ans, se laisse glisser d'Ă©boulis en barres rocheuses jusqu'Ă  les surplomber d'une vingtaine de mĂštres. Deux enfants. Un garçon Ă©puisĂ©, couvert d'Ă©corchures, qui continue Ă  avancer bien qu'Ă  bout de forces, ses jambes menaçant Ă  tout moment de flancher sous lui, tremblant de fatigue et de froid. Une fille, ce doit ĂȘtre une fille mĂȘme si elle n'a plus un cheveu sur le crĂąne, immobile dans les bras du garçon. InanimĂ©e. Ces deux-lĂ  ont souffert, souffrent encore. Maximilien le sent, il sent ces choses-lĂ . Alors, quand le garçon dĂ©pose la fille Ă  l'abri d'un rocher, quand il quitte son tee-shirt dĂ©chirĂ© pour l'en envelopper, quand il se penche pour lui murmurer une priĂšre Ă  l'oreille, alors Maximilien oublie sa promesse de se tenir loin des hommes. Il descend vers eux. Le garçon esquisse un geste de dĂ©fense, mais Maximilien le rassure en lui montrant ses mains vides. Des mains calleuses, puissantes malgrĂ© l'Ăąge. Il se baisse, prend la fille dans ses bras. Un frisson de colĂšre le parcourt. Elle est dans un Ă©tat effroyable, le corps dĂ©charnĂ©, la peau diaphane, une cicatrice rĂ©cente zigzague sur son flanc. Dans une imprĂ©cation silencieuse, Maximilien maudit la folie des hommes, leur cruautĂ© et leur ignorance. Il se met en route, suivi par le garçon qui n'a pas prononcĂ© un mot. Il ne sait pas encore ce qu'il va faire d'eux. Faire d'elle. La soigner, certes, mais ensuite ? Tout en pensant, il marche Ă  grands pas. Tout en marchant, il rĂ©flĂ©chit Ă  grands traits. Il atteint Ombre Blanche au moment oĂč le soleil bascule derriĂšre l'horizon, teintant les Causses d'une somptueuse lumiĂšre orangĂ©e. Un frĂ©missement dans ses bras lui fait baisser la tĂȘte. La fille a bougĂ©. Elle ouvre les yeux. Échange fugace. Échange parfait. Maximilien se noie dans le violet de son regard et en ressort grandi. Le dernier des Caussenards a trouvĂ© son destin.
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Pierre Bottero (La ForĂȘt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
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en vĂ©ritĂ© il est trĂšs agrĂ©able de se rĂ©unir, de s’asseoir et de bavarder des intĂ©rĂȘts publics. Parfois mĂȘme je suis prĂȘt Ă  chanter de joie, quand je rentre dans la sociĂ©tĂ© et vois des hommes solides, sĂ©rieux, trĂšs bien Ă©levĂ©s, qui se sont rĂ©unis, parlent de quelque chose sans rien perdre de leur dignitĂ©. De quoi parlent-ils ? ça c’est une autre question. J’oublie mĂȘme, parfois, de pĂ©nĂ©trer le sens de la conversation, me contentant du tableau seul. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais pu pĂ©nĂ©trer le sens de ce dont s’entretiennent chez nous les gens du monde qui n’appartiennent pas Ă  un certain groupe. Dieu sait ce que c’est. Sans doute quelque chose de charmant, puisque ce sont des gens charmants. Mais tout cela paraĂźt incomprĂ©hensible. On dirait toujours que la conversation vient de commencer ; comme si l’on accordait les instruments. On reste assis pendant deux heures et, tout ce temps, on ne fait que commencer la conversation. Parfois tous ont l’air de parler de choses sĂ©rieuses, de choses qui provoquent la rĂ©flexion. Mais ensuite, quand vous vous demandez de quoi ils ont parlĂ©, vous ĂȘtes incapable de le dire : de gants, d’agriculture, ou de la constance de l’amour fĂ©minin ? De sorte que, parfois, je l’avoue, l’ennui me gagne. On a l’impression de rentrer par une nuit sombre Ă  la maison en regardant tristement de cĂŽtĂ© et d’entendre soudain de la musique. C’est un bal, un vrai bal. Dans les fenĂȘtres brillamment Ă©clairĂ©es passent des ombres ; on entend des murmures de voix, des glissements de pas ; sur le perron se tiennent des agents. Vous passez devant, distrait, Ă©mu ; le dĂ©sir de quelque chose s’est Ă©veillĂ© en vous. Il vous semble avoir entendu le battement de la vie, et, cependant, vous n’emportez avec vous que son pĂąle motif, l’idĂ©e, l’ombre, presque rien. Et l’on passe comme si l’on n’avait pas confiance. On entend autre chose. On entend, Ă  travers les motifs incolores de notre vie courante, un autre motif, pĂ©nĂ©trant et triste, comme dans le bal des Capulet de Berlioz. L’angoisse et le doute rongent votre coeur, comme cette angoisse qui est au fond du motif lent de la triste chanson russe : Écoutez... d’autres sons rĂ©sonnent. Tristesse et orgie dĂ©sespĂ©rĂ©es... Est-ce un brigand qui a entonnĂ©, lĂ -bas, la chanson ? Ou une jeune fille qui pleure Ă  l’heure triste des adieux ? Non ; ce sont les faucheurs qui rentrent de leur travail... Autour sont les forĂȘts et les steppes de Saratov.
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Fyodor Dostoevsky
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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J’ai d’ailleurs un ami qui, ces jours-ci, m’a affirmĂ© que nous ne savons mĂȘme pas ĂȘtre paresseux. Il prĂ©tend que nous paressons lourdement, sans plaisir, ni bĂ©atitude, que notre repos est fiĂ©vreux, inquiet, mĂ©content ; qu’en mĂȘme temps que la paresse, nous gardons notre facultĂ© d’analyse, notre opinion sceptique, une arriĂšre-pensĂ©e, et toujours sur les bras une affaire courante, Ă©ternelle, sans fin. Il dit encore que nous nous prĂ©parons Ă  ĂȘtre paresseux et Ă  nous reposer comme Ă  une affaire dure et sĂ©rieuse et que, par exemple, si nous voulons jouir de la nature, nous avons l’air d’avoir marquĂ© sur notre calendrier, encore la semaine derniĂšre, que tel et tel jour, Ă  telle et telle heure, nous jouirons de la nature. Cela me rappelle beaucoup cet Allemand ponctuel qui, en quittant Berlin, nota tranquillement sur son carnet. « En passant Ă  Nuremberg ne pas oublier de me marier. » Il est certain que l’Allemand avait, avant tout, dans sa tĂȘte, un systĂšme, et il ne sentait pas l’horreur du fait, par reconnaissance pour ce systĂšme. Mais il faut bien avouer que dans nos actes Ă  nous, il n’y a mĂȘme aucun systĂšme. Tout se fait ainsi comme par une fatalitĂ© orientale. Mon ami a raison en partie. Nous semblons traĂźner notre fardeau de la vie par force, par devoir, mais nous avons honte d’avouer qu’il est au-dessus de nos forces, et que nous sommes fatiguĂ©s. Nous avons l’air, en effet, d’aller Ă  la campagne pour nous reposer et jouir de la nature. Regardez avant tout les bagages rien laissĂ© de ce qui est usĂ©, de ce qui a servi l’hiver, au contraire, nous y avons ajoutĂ© des choses nouvelles. Nous vivons de souvenirs et l’ancien potin et la vieille affaire passent pour neufs. Autrement c’est ennuyeux ; autrement il faudra jouer au whist avec l’accompagnement du rossignol et Ă  ciel ouvert. D’ailleurs, c’est ce qui se fait. En outre, nous ne sommes pas bĂątis pour jouir de la nature ; et, en plus, notre nature, comme si elle connaissait notre caractĂšre, a oubliĂ© de se parer au mieux. Pourquoi, par exemple, est-elle si dĂ©veloppĂ©e chez nous l’habitude trĂšs dĂ©sagrĂ©able de toujours contrĂŽler, Ă©plucher nos impressions – souvent sans aucun besoin – et, parfois mĂȘme, d’évaluer le plaisir futur, qui n’est pas encore rĂ©alisĂ©, de le soupeser, d’en ĂȘtre satisfait d’avance en rĂȘve, de se contenter de la fantaisie et, naturellement, aprĂšs, de n’ĂȘtre bon Ă  rien pour une affaire rĂ©elle ? Toujours nous froisserons et dĂ©chirerons la fleur pour sentir mieux son parfum, et ensuite nous nous rĂ©volterons quand, au lieu de parfum, il ne restera plus qu’une fumĂ©e. Et cependant, il est difficile de dire ce que nous deviendrions si nous n’avions pas au moins ces quelques jours dans toute l’annĂ©e et si nous ne pouvions satisfaire par la diversitĂ© des phĂ©nomĂšnes de la nature notre soif Ă©ternelle, inextinguible de la vie naturelle, solitaire. Et enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant Ă©ternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activitĂ© extĂ©rieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en ĂȘtre malade, de ses propres illusions, de ses propres chimĂšres, de sa propre rĂȘverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tĂąche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore. Et la soif d’activitĂ© arrive chez nous jusqu’à l’impatience fĂ©brile. Tous dĂ©sirent des occupations sĂ©rieuses, beaucoup avec un ardent dĂ©sir de faire du bien, d’ĂȘtre utiles, et, peu Ă  peu, ils commencent dĂ©jĂ  Ă  comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilitĂ© sociale de ne rien faire, mais dans l’activitĂ© infatigable, dans le dĂ©veloppement et l’exercice de toutes nos facultĂ©s.
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Fyodor Dostoevsky