“
n'oublie pas, dit le renard, c'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. -c'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de souvenir...
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince: Pangeran Kecil)
“
C'est que je n'ai jamais grand chose à dire. Alors je me tais.
”
”
Albert Camus (The Stranger)
“
Dans la vie,j`ai eu le choix entre l`amour,la drogue et la mort.J`ai choisi les deux premèires et c`est la troisième qui m`a choisi
”
”
Jim Morrison
“
Deviner avant de démontrer! Ai-je besoin de rappeler que c'est ainsi que se sont faites toutes les découvertes importantes.
Guessing before proving! Need I remind you that it is so that all important discoveries have been made?
”
”
Henri Poincaré (The Value of Science: Essential Writings of Henri Poincare (Modern Library Science))
“
Fuir, toujours, et courir sans relâche. Et puis, un jour, s'arrêter pour dire à quelqu'un, en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment. Et le croire.
”
”
Frédéric Beigbeder (L'Égoïste romantique)
“
Quand je suis la, J’ai l’impression que j’habite le cinema, que c’est ma maison, il me semble que j’y ai toujours habite.”
("Cinema is my home. I think I’ve always lived in it.")
”
”
Agnès Varda
“
Longtemps, mon seul but dans la vie était de m'autodétruire. Puis, une fois, j'ai eu envie de bonheur. C'est terrible, j'ai honte, pardonnez-moi : un jour, j'ai eu cette vulgaire tentation d'être heureux. Ce que j'ai appris depuis, c'est que c'était la meilleure manière de me détruire.
”
”
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
“
Quand j'arrive à la gare de l'Est, j'espère toujours secrètement qu'il y aura quelqu'un pour m'attendre. C'est con. J'ai beau savoir que ma mère est encore au boulot à cette heure-là et que Marc est pas du genre à traverser la banlieue pour porter mon sac, j'ai toujours cet espoir débile. [...] Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part... C'est quand même pas compliqué.
”
”
Anna Gavalda (I Wish Someone Were Waiting for Me Somewhere)
“
- Je l'ai tué, dit Angel.
- Non, dit Petitjean. Vous l'avez poussé et il est mort en arrivant sur les cailloux. C'est un hasard.
”
”
Boris Vian (L'automne à Pékin)
“
Nobody but you
Nessuno può salvarti se non
tu stesso.
Sarai continuamente messo
in situazioni praticamente
impossibili.
Ti metteranno continuamente alla prova
con sotterfugi, inganni e
sforzi
per farti capitolare, arrendere e/o morire silenziosamente
dentro.
Nessuno può salvarti se non
tu stesso
e sarà abbastanza facile fallire
davvero facilissimo
ma non farlo, non farlo, non farlo.
Guardali e basta.
Ascoltali.
Vuoi diventare così?
Un essere senza volto, senza cervello, senza cuore?
Vuoi provare
la morte prima della morte?
Nessuno può salvarti se non
tu stesso
e vale la pena di salvarti.
È una guerra non facile da vincere
ma se c’è qualcosa che vale la pena vincere
è questa.
Pensaci su
pensa al fatto di salvare il tuo io.
Il tuo io spirituale.
il tuo io viscerale.
il tuo io magico che canta e
il tuo io bellissimo.
Salvalo.
Non unirti ai morti-di-spirito.
Mantieni il tuo io
con umorismo e benevolenza
e alla fine
se necessario
scommetti sulla tua vita mentre combatti,
fottitene dei pronostici, fottitene
del prezzo.
Solo tu puoi salvare il tuo
io.
Fallo! Fallo!
Allora saprai esattamente di cosa
sto parlando.
”
”
Charles Bukowski
“
J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.
”
”
Alfred de Musset
“
...Je n’ai pas cessé de l’être si c’est d’être jeune que d’aimer toujours !... L’humanité n’est pas un vain mot. Notre vie est faite d’amour, et ne plus aimer c’est ne plus vivre."
(I have never ceased to be young, if being young is always loving... Humanity is not a vain word. Our life is made of love, and to love no longer is to live no longer.)
”
”
George Sand (The George Sand-Gustave Flaubert Letters)
“
Mr. Williams, in your short time boarding with us you’ve seen very little of my home,” Eleanor said. “I’d like you to see the rest of it, starting with my bedroom.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
You have just placed yourself in an untenable position, Mr. Mathews. You have made a threat that you cannot carry out. I’m not intimidated by your gun, so I won’t be going anywhere with you. I think you should re-read the book on successful information gathering techniques.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
It took me all day to get that car out. Well, it wasn’t a car. That’s just what I thought it might be when I spotted part of it jutting out from decades of forest undergrowth, and moss, inside a mound of blackberry bushes.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
Je n'ai jamais osé être ce que je suis vraiment. Toujours enfermée dans ma bulle et dans ma tête, emprisonnée par mes émotions. Je n'ai peut-être jamais su qui j'étais au fond. Je n'ai jamais pris ma place, car je n'ai jamais trop su où elle était. Mais ce que je sais, c'est que je n'arrêterai jamais de la chercher. Et aujourd'hui, j'entrevois mon avenir de façon tout à fait excitante, en pensant que, quoi qu'il arrive, ma place est celle que je déciderai de prendre.
”
”
India Desjardins (Les pieds sur terre (Le journal d'Aurélie Laflamme, #8))
“
J'ai besoin que tu aies besoin de moi, c'est aussi élémentaire que ça. Et je sais pertinemment que, dans ce conflit d'intérêts qui nous oppose, je suis condamné à être le perdant. Parce que je suis plus possessif que tu ne le seras jamais et parce qu'il y a des choses que je ne peux pas remplacer.
”
”
Christelle Dabos (La Tempête des échos (La Passe-Miroir, #4))
“
In science fiction books characters always seem to have a weapon that can be set on stun. Do you have anything like that?” I asked. GERI laughed. He was getting better at it. “Yes, Tom, I have something like that.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
Je suis vide. Je n'ai que gestes, réflexes, habitudes. Je veux me remplir. C'est pourquoi je psychanalyse les gens...Je n'assimile pas. Je leur prends leurs pensées, leurs complexes, leurs hésitations et rien ne m'en reste. Je n'assimile pas; ou j'assimile trop bien..., c'est la même chose. Bien sure, je conserve des mots, des contenants, des étiquettes; je connais les termes sous lesquels on range les passions, les émotions, mais je ne les éprouve pas.
”
”
Boris Vian (L'arrache-coeur)
“
Je crois que c'est moi qui ai changé: c'est la solution la plus simple. La plus désagréable aussi. Mais einfin je dois reconnaître que je suis sujet à ces transformations soudaines. Ce qu'il y a, c'est que je pense très rarement; alors une foule depetites métamorphoses s'accumulent en moi sans que j'y prenne garde et puis, un beau jour, il se produit une véritable révolution. C'est ce qui a donné à ma vie cet aspect huerté, incohérent.
”
”
Jean-Paul Sartre (Nausea)
“
That got to me. I wasn’t communicating with a computer. Inside this machine was a sophisticated, self-aware intelligence, and it wanted me to be its friend.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
Quand j'étais enfant, le luxe c'était pour moi les manteaux de fourrure et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme
”
”
Annie Ernaux (Simple Passion)
“
Peut-être, répondit le docteur, mais vous savez, je me sens plus de solidarité avec les vaincus qu'avec les saints. Je n'ai pas de goût, je crois, pour l'héroïsme et la sainteté. Ce qui m'intéresse, c'est d'être un homme.
”
”
Albert Camus (The Plague)
“
Je passe mes jours et mes nuits à tenter d'oublier Claire. C'est un travail à plein temps. Le matin, en me réveillant, je sais que telle sera ma seule occupation jusqu'au soir. J'ai un nouveau métier: oublieur de Claire. L'autre jour, à déjeuner, Jean Marie Périer m'a asséné :
-Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un , c'est que tu ne l'aimes pas.
”
”
Frédéric Beigbeder (L'Égoïste romantique)
“
Je n'ai jamais imaginé qu'on put être à ce point hanté par une voix, par un cou, par des épaules, par des mains. Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.
”
”
Romain Gary (Promise at Dawn)
“
la vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi
”
”
Louis-Ferdinand Céline (Journey to the End of the Night)
“
L'amour, tu vois, c'est comme l'oxygène, si on en manque trop longtemps on finit par en mourir. Tu m'as tellement aimée en quelques mois que j'ai eu des réserves d'amour pendant des années. Grâce à elles, j'ai pu affronter beaucoup de choses, mais j'arrive au bout de mes réserves, Martin.
”
”
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
“
Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
“
Viața noastră e ca o călătorie pe pământ: prea ușoară și monotonă de-a lungul întinselor câmpii, prea dură și neplăcută pe pantele abrupte; dar pe înălțimile munților te bucuri de o priveliște minunată, te simți exaltat, ochii se umplu de lacrimi, ai vrea să cânți, ai vrea să ai aripi. Dar nu poți să rămâi acolo, trebuie să-ți continui călătoria și începi să cobori pe partea cealaltă, atât de preocupat să alegi locul în care să-ți pui piciorul încât uiți plăcerea încercată pe culmi
”
”
Lloyd C. Douglas (The Robe)
“
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
”
”
Alfred de Musset (On ne badine pas avec l'amour)
“
- CHRISTIAN :
Je tuerais ton bonheur parce que je suis beau ?
C'est trop injuste !
- CYRANO :
Et moi, je mettrais au tombeau
Le tien parce que, grâce au hasard qui fait naître,
J'ai le don d'exprimer... ce que tu sens peut-être ?
”
”
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
“
- Bridget ! Comme tu as maigri !
- C’est vrai ? ai-je commencé, ravie, avant de me rappeler que nous étions au téléphone.
”
”
Helen Fielding (Bridget Jones: The Edge of Reason (Bridget Jones, #2))
“
cela fait si longtemps que ça dure que j'ai cessé de me demander si c'est dans la haine ou dans l'amour que nous trouvons la force de continuer cette vie mensongère, que nous puisons l'énergie formidable qui nous permet encore de souffrir, et d'espérer.
”
”
Georges Perec
“
De temps en temps j'avais envie d'interrompre tout le monde et de dire: 'Mais tout de même, qui est l'accusé? C'est important d'être accusé. Et j'ai quelque chose à dire.' Mais réflexion faite, je n'avais rien à dire.
”
”
Albert Camus (L'Etranger)
“
Adieu, dit-il…
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
- L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
- C’est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
- Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
“
On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature; ce n'est pas ma faute.
Si donc, je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute.
Si, par exemple, j'ai eu juste autant d'amour que toi de vertu, et c'est surement beaucoup dire, il n'est pas étonnant que l'un ait fini en même temps que l'autre. Ce n'est pas ma faute.
Il suit de là, que depuis quelque temps je t'ai trompée: mais aussi ton impitoyable tendresse m'y forçait en quelque sorte! Ce n'est pas ma faute.
Aujourd'hui, une femme que j'aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n'est pas ma faute.
Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure: mais si la Nature n'a accordé aux hommes que la constance, tandis qu'elle donnait aux femmes l'obstination, ce n'est pas ma faute.
Crois-moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une maîtresse. Ce conseil est bon, très bon; si tu le trouve mauvais, ce n'est pas ma faute.
Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regrets: je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n'est pas ma faute.
”
”
Pierre Choderlos de Laclos (Les liaisons dangereuses)
“
Le problème c'est que ma tête n'est jamais reposée. Mon cerveau est une maison de campagne pour démons. Ils y viennent souvent et de plus en plus nombreux. Ils se font des apéros à la liqueur de mes angoisses. Ils se servent de mon stress car ils savent que j'en ai besoin pour avancer. Tout est question de dosage. Trop de stress et mon corps explose. Pas assez, je me paralyse. Mais le démon le plus violent, c'est bien moi. Surtout depuis que j'ai perdu la guerre mondiale de l'amour
”
”
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
“
Vous êtes tout les deux les personnes que j'ai le plus aimées au monde et j'ai fait de mon mieux possible, croyez-le.
Serrez bien contre vous vos beaux enfants.
Lucile
PS : [...] Je sais bien que ça va vous faire de la peine mais c'est inéluctable à plus ou moins de temps et je préfère mourir vivante.
”
”
Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose à la nuit)
“
J'ai consulté mon téléphone: je n'avais aucun message. C'est à cela que servent les téléphones portables, à se rendre compte que personne ne pense à vous. Avant, on pouvait toujours rêver que quelqu'un cherchait à vous joindre, à vous parler, à vous aimer. Nous vivons maintenant avec cet objet qui matérialise notre solitude.
”
”
David Foenkinos (La tête de l'emploi)
“
La patronne était là, j'ai dû la baiser, mais c'était bien par politesse.
”
”
Jean-Paul Sartre (Nausea)
“
en tant que femme je n ai pas de pays.
En tant que femme je ne désire aucun pays.
Mon pays a moi, femme, c est le monde entier.
”
”
Virginia Woolf (Three Guineas)
“
— Je t’ai dit que je t’aimais ? reprit-il d’un ton timide.
— Tu m’as donné des preuves d’amour, dit-elle, c’est beaucoup mieux.
”
”
Marc Levy (Et si c'était vrai)
“
D'après mon amie Kim, ai-je dit, c'est signe de profondeur d'âme. Pour elle, le monde est divisé entre les personnes qui envisagent leurs obsèques et les autres. Les artistes et les gens brillants appartiennent à la première catégorie.
”
”
Gayle Forman (If I Stay (If I Stay, #1))
“
En quelque sorte, on avait l’air de traiter cette affaire en dehors de moi. Tout se déroulait sans mon intervention. Mon sort se réglait sans qu’on prenne mon avis. De temps en temps, j’avais envie d’interrompre tout le monde et de dire : «Mais tout de même, qui est l’accusé ? C’est important d’être l’accusé. Et j’ai quelque chose à dire.» Mais réflexion faite, je n’avais rien à dire.
”
”
Albert Camus (L'étranger)
“
Tom, does this activity that we are undertaking qualify for the moniker cloak-and-dagger?” GERI asked. “I think it does, but I don’t share your enthusiasm for it. I’m the agent on the ground and potentially the one in the line-of-fire.” “Do not worry, Tom. I have got your six,” GERI said, and laughed.
”
”
C.A. Knutsen (Tom and G.E.R.I.)
“
Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres,
Nos silences, nos paroles,
La lumière qui s’en va, la lumière qui revient,
Un seul sourire pour nous deux,
Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d’apparence,
Ô bien-aimé de tous et bien-aimé d’un seul,
En silence ta bouche a promis d’être heureuse,
De loin en loin, ni la haine,
De proche en proche, ni l’amour,
Par la caresse nous sortons de notre enfance,
Je vois de mieux en mieux la forme humaine,
Comme un dialogue amoureux, le cœur ne fait qu’une seule bouche
Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser,
Les sentiments à la dérive, les hommes tournent dans la ville,
Le regard, la parole et le fait que je t’aime,
Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre,
D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime,
J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumière,
Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir,
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
”
”
Paul Éluard
“
Voici ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à la raconter. C'est ce qui dupe les gens : un homme, c'est toujours un conteur d'histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d'autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s'il la racontait.
Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
”
”
Jean-Paul Sartre (Nausea)
“
J'ai lu le Deuxième Sexe. Simone expliquait que si les femmes faisaient pipi debout, leur conception de la vie changerait.
Alors j'ai essayé. Ça coulait légèrement sur ma jambe gauche. C'était un peu dégoutant.
Assise, c'était bien plus simple. De pus, en tant qu'iranienne, avant d'uriner comme un homme, il fallait que j'apprenne à devenir une femme libérée et émancipée.
”
”
Marjane Satrapi (Persepolis, Volume 3)
“
Ne raste te tilla, ajo behej mjaft e bukur. Syte, qe gjer atehere kishin ndjekur tymin e cigares, i dritesoheshin mallengjyeshem. Mollezat, gjithashtu. I binte ne ato caste nje hir qe te trembte,te rrezonte.
Te rrezonte? C'do te thoshte kjo?
Nuk di ta shpjegoj. Desha te them, nje bukuri qe te kepuste ne mes, sic i thone fjales. Ai, gjithashtu dukej sikur permendej. Porosiste nje whiskey tjeter. Pastaj vazhdonin te flisnin prape ne gjuhen e tyre, gjer pas mesnates, atehere kur ngriheshin per t'u ngjitur me lart, ne kat.
”
”
Ismail Kadare (The Accident)
“
Il y a quelque chose que je n'ai jamais compris à propos de cette histoire de péché originel [...] c'est pourquoi nous sommes supposés vivre avec le poids de ce que nos ancêtres auraient commis ? Je veux dire: c'est aussi bête que de mettre un enfant en prison sous prétexte que ses parents sont des criminels
”
”
Maxime Chattam (Malronce (Autre-Monde, #2))
“
J’ai réfléchi, je ne me fais pas d’illusions, je t’aime mais je n’ai pas confiance en toi. Puisque ce que nous vivons n’est pas réel, alors c’est un jeu. Je n’ai plus l’âge de jouer à chat. Ne cherche pas à m’appeler, ni à savoir où je suis, ni comment je vis, je crois que ce n’est plus le problème. J’ai réfléchi, je pense que c’est la meilleure solution, faire comme toi, vivre de mon côté en t’aimant bien mais de loin. Je ne veux pas attendre tes coups de téléphone, je ne veux pas m’empêcher de tomber amoureuse. J’ai réfléchi, je veux bien essayer. C’est à prendre ou à laisser…
”
”
Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
“
Cum adică, băiete! continuă şmecherul, ai două muieri, una mai mişto ca alta, trăieşti gol în mijlocul naturii c-o întreagă bandă de nudişti simpatici, haleşti, bei, vânezi; ai marea, soarele, nisipul cald, până şi perlele le capeţi pe damoaca, şi nu găseşti ceva mai bun de făcut decât să laşi baltă toate astea ca s-o iei din loc? Încotro? Zi! Ca să treci strada în fugă, să nu te calce maşinile, ca să fii nevoit să-ţi plăteşti chiria, croitorul, lumina şi telefonul, iar dacă ţi s-a făcut de-o maşină mică, să faci spargere, sau să munceşti ca un dobitoc pentru vreun patron, câştigând cât să nu mori de foame? Nu te-nţeleg, omule! Erai în cer şi te-ntorci de bunăvoie în iad, unde, pe lângă grijile vieţii, mai trebuie să te fereşti de toţi gaborii din lume care te vânează!
”
”
Henri Charrière (Papillon (Papillon #1 part 1))
“
They know what the “perfumes” are going to say because they
always say the same thing, but they pretend to believe them anyway.
(a)“I could change your life.”
(b)“A lot of women would like to be in your shoes.”
(c)“You’re young now, but what will become of you in a few
years’ time? You need to think about making a longer-term
investment.”
(d)“I’m married, but my wife . . .” (This opening line can have
various endings: “. . . is ill,” “. . . has threatened to commit
suicide if I leave her,” etc.)
(e)“You’re a princess and deserve to be treated like one. I didn’t
know it until now, but I’ve been waiting for you. I don’t believe
in coincidences and I really think we ought to give this relationship a chance.
”
”
Paulo Coelho (The Winner Stands Alone)
“
Lorsque, discutant avec un écrivain qui a trois enfants et qui voyage beaucoup, [Natacha Appanah] lui demande comment il fait, il lui réponde qu'il a « beaucoup de chance ». Elle commente : « "Beaucoup de chance", c'est, je crois, une façon moderne de dire "J'ai une épouse formidable". » Et elle fait les comptes : « Flannery O'Connor, Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Simone de Beauvoir : pas d'enfants. Toni Morrison : deux enfants, a publié son premier roman à trente-neuf ans. Penelope Fitzgerald : trois enfants, a publié son premier roman à soixante ans. Saul Bellow : plusieurs enfants, plusieurs romans. John Updike : plusieurs enfants, plusieurs romans. » (p. 83-84)
”
”
Mona Chollet (Sorcières : La puissance invaincue des femmes)
“
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
”
”
Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-même)
“
Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que je suis avalée, c’est dans mon
ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est parce que je vois que je suis avalée, c’est dans
le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop
haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère.
”
”
Réjean Ducharme (L'avalée des avalés)
“
– C’est ce receveur, expliqua le conducteur.
– Ah ! dit Amadis.
– Il aime pas les voyageurs. Alors, il s’arrange pour
qu’on parte sans voyageur et il ne sonne jamais. Je le sais
bien.
– C’est vrai, dit Amadis.
– Il est fou, vous comprenez, dit le machiniste.
– C’est ça… murmura Amadis. Je le trouvais bizarre.
– Ils sont tous fous à la Compagnie.
– Ça ne m’étonne pas !
– Moi, dit le conducteur, je les possède. Au pays des
aveugles, les borgnes sont rois. Vous avez un couteau ?
– J’ai un canif.
– Prêtez.
”
”
Boris Vian (Autumn in Peking)
“
Moi qui éprouve, comme chacun, le besoin d’être reconnu, je me sens pur en toi et vais à toi. J’ai besoin d’aller là où je suis pur. Ce ne sont point mes formules ni mes démarches qui t’ont jamais instruit sur qui je suis. C’est l’acceptation de qui je suis qui t’a fait, au besoin, indulgent à ces démarches comme à ces formules. Je te sais gré de me recevoir tel que me voici. Qu’ai-je à faire d’un ami qui me juge ? Si j’accueille un ami à ma table, je le prie de s’asseoir, s’il boite, et ne lui demande pas de danser
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
“
- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie.
La voix était douce, l’ordre sans appel.
- Je m’appelle Ellana Caldin.
- Ton âge.
Ellana hésita une fraction de seconde. Elle ignorait son âge exact, se demandait si elle n’avait pas intérêt à se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernés dans l’assemblée étaient tous plus âgés qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considérer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixés sur elle la dissuadèrent de chercher à la tromper.
- J’ai quinze ans.
Des murmures étonnés s’élevèrent dans son dos.
Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire.
- Offre-nous le nom de ton maître.
- Jilano Alhuïn.
Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marqués, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immédiatement.
- Jeune Ellana, je vais te poser une série de questions. A ces questions, tu devras répondre dans l’instant, sans réfléchir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton âme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton âme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prête ?
- Oui.
Une esquisse de sourire traversa le visage ridé d’Ehrlime.
- Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ?
- Le ciel.
- Que dit le loup quand il hurle ?
- Joie, force et solitude.
- À qui s’adresse-t-il ?
- À la lune.
- Où va la rivière ?
L’anxiété d’Ellana s’était dissipée. Les questions d’Ehrlime étaient trop imprévues, se succédaient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y répondre ainsi qu’on le lui avait demandé. Impossible de tricher. Cette évidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son âme, puisque c’était ce qu’elle désirait.
- Remplir la mer.
- À qui la nuit fait-elle peur ?
- À ceux qui attendent le jour pour voir.
- Combien d’hommes as-tu déjà tués ?
- Deux.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Je suis moi.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Vent.
- Méritaient-ils la mort ?
- Je l’ignore.
- Es-tu ombre ou lumière ?
- Je suis moi.
- Es-tu ombre ou lumière ?
- Les deux.
- Où se trouve la voie du marchombre ?
- En moi.
Ellana s’exprimait avec aisance, chaque réponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration après une inspiration. Fluidité. Le sourire sur le visage d’Ehrlime était revenu, plus marqué, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme.
- Que devient une larme qui se brise ?
- Une poussière d’étoiles.
- Que fais-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ?
- Je la traverse.
- Que devient une étoile qui meurt ?
- Un rêve qui vit.
- Offre-moi un mot.
- Silence.
- Un autre.
- Harmonie.
- Un dernier.
- Fluidité.
- L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ?
- Le chat qui les observe.
- Marie tes trois mots.
- Marchombre.
”
”
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
“
La Courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
”
”
Paul Éluard (Capital of Pain)
“
Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en près de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
”
”
Jean-Paul Didierlaurent (Le Liseur du 6h27)
“
«… mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.»
”
”
Alfred de Musset
“
Au lieu de t'acheter un objet que tu aimerais posséder, je te donne un objet qui m'appartiens, vraiment à moi, un cadeau. C'est un témoignage de respect envers celui qui se tient face à moi. une façon de lui faire comprendre combien il importe d'être près de lui. Il possède maintenant une petite part de moi-même, que je lui ai librement et spontanément remise.
”
”
Paulo Coelho (Eleven Minutes)
“
Terre en vacance d'oeuvres d'art. Je méprise ceux qui ne savent reconnaître la beauté que transcrite déjà et toute interprétée. Le peuple arabe a ceci d'admirable que, son art, il le vit, il le chante et le dissipe au jour le jour; il ne le fixe point et ne l'embaume en aucune oeuvre. C'est la cause et l'effet de l'absence de grands artistes. J'ai toujours cru les grands artistes ceux qui osent donner droit de beauté à des choses si naturelles qu'elles font dire après à qui les voit : 'Comment n'avais-je pas compris jusqu'alors que cela était aussi beau?...
”
”
André Gide (The Immoralist)
“
Il y a donc de "bons" et de "mauvais" romans.
Le plus souvent, ce sont les seconds que nous trouvons d'abord sur notre route.
Et ma foi, quand ce fut mon tour d'y passer, j'ai le souvenir d'avoir trouvé ça "vachement bien". J'ai eu beaucoup de chance : on ne s'est pas moqué de moi, on n'a pas levé les yeux au ciel, on ne m'a pas traité de crétin. On a juste laissé traîner sur mon passage quelques "bons" romans en se gardant bien de m'interdire les autres.
C'était la sagesse. (p. 182)
”
”
Daniel Pennac (Comme un roman)
“
- LE VICOMTE, suffoqué :
Ces grands airs arrogants !
Un hobereau qui... qui... n'a même pas de gants !
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !
- CYRANO :
Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet ;
Je ne sortirais pas avec, par négligence,
Un affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune encore de sommeil dans le coin de son oeil,
Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanaché d'indépendance, et de franchise ;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon âme que je cambre ainsi qu'en un corset,
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds,
Sonner les vérités comme des éperons."
(Acte I, scène IV)
”
”
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
“
J'ai dix-sept ans. Je ne sais pas que je n'aurai plus jamais dix-sept ans, je ne sais pas que la jeunesse, ça ne dure pas, que ça n'est qu'un instant, que ça disparaît et quand on s'en rend compte il est trop tard, c'est fini, elle s'est volatilisée, on l'a perdue, certains autour de moi le pressentent et le disent pourtant, les adultes le répètent, mais je ne les écoute pas, leurs paroles roulent sur moi, ne s'accrochent pas, de l'eau sur les plumes d'un canard, je suis un idiot, un idiot insouciant.
”
”
Philippe Besson (« Arrête avec tes mensonges »)
“
Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de désinfectant lui monter à la tête, mais la seule pensée qui la traversa, stupide et évidente, fut quenelle avait une botte plantée dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empêcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les déséquilibra tous les deux. La bibliothèque déversa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes.
- je vous préviens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus.
Sa voix était âpre, mais sous l’autorité des paroles il y avait comme une fêlure. Ophélie pouvait percevoir le pouls précipité des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaître que son propre cœur jouait à la balançoire. Thorn était sans doute l’homme le plus déconcertant qu’elle avait jamais rencontré, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante.
- je vous aime, répéta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous répondre quand vous vouliez connaître la raison de ma présence à Babel c’est ce que j’en aurais du vous répondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment à vous dire. Bien sûr que je désire percer les mystères de Dieu et reprendre le contrôle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traité d’égoïste et à aucun moment je ne me suis mise, moi, à votre place. Je vous demande pardon.
”
”
Christelle Dabos (La Mémoire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
“
Oh! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi.
Et le vent du Nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi,
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie,
Comment veux-tu que je t'oublie?
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets.
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai.
C'est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m'aimais, moi je t'aimais
Et nous vivions, tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.
C'est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.
”
”
Jacques Prévert
“
Je suis trop intelligente, trop exigeante et trop riche pour que personne puisse se charger de moi entièrement. Personne ne me connaît ni ne m'aime tout entière. Je n'ai que moi.
Il ne faut pas que j'essaie de tromper cette solitude en renonçant à ce que je peux seule porter. Il faut que je vive, sachant que personne ne m'aidera à vivre. Ma force, c'est que je m'estime aussi haut que n'importe quel autrui ; je peux bien envier à l'un ou l'autre telle qualité ; de personne la valeur ne me semble dépasser la mienne : je possède autant. Seule je vivrai, forte de ce que je sais être.
”
”
Simone de Beauvoir (Cahiers de jeunesse: 1926-1930)
“
- LE VICOMTE, suffoqué :
Ces grands airs arrogants !
Un hobereau qui... qui... n'a même pas de gants !
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !
- CYRANO :
Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet ;
Je ne sortirais pas avec, par négligence,
Un affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune encore de sommeil dans le coin de son oeil,
Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanaché d'indépendance et de franchise ;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon âme que je cambre ainsi qu'en un corset,
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds,
Sonner les vérités comme des éperons.
”
”
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
“
Elle aura donc menti jusqu'au bout! Où est-elle! Pas là... pas au ciel... pas anéantie...où? Oh! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une prière... je la répète jusqu'à ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais! Tu dis que je t'ai tuée, hante-moi alors! Les victimes hantent leurs meurtrier, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur la terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh! Dieu! c'est indicible! je ne peux pas vivre sans ma vie! je ne peux pas vivre sans mon âme!
”
”
Emily Brontë (Wuthering Heights)
“
Quando i bambini crescono e diventano adulti, capiscono subito che quello che gli avevano detto da bambini non è vero, eppure riciclano ai loro figli l'antica bugia. E cioè che tutti vogliono consegnare ai bambini un mondo migliore, è un passaparola che dura da secoli, e il risultato è questa Terra, questa vescichetta d'odio.
Perciò io, che sono una bambina in scadenza, penso:
a) che i grandi non hanno più nulla da insegnarci;
b) che sarebbe meglio se noi prendessimo le decisioni, e i temi scolastici contro la guerra li scrivessero loro;
c) che dovrebbero smettere di fare i film dove la giustizia trionfa e farla trionfare subito all'uscita del cinema.
Ebbene sì, sono polemica.
”
”
Stefano Benni (Margherita Dolce Vita)
“
most schools also focus too much on providing students with a set of predetermined skills, such as solving differential equations, writing computer code in C++, identifying chemicals in a test tube, or conversing in Chinese. Yet since we have no idea what the world and the job market will look like in 2050, we don’t really know what particular skills people will need. We might invest a lot of effort teaching kids how to write in C++ or speak Chinese, only to discover that by 2050 AI can code software far better than humans, and a new Google Translate app will enable you to conduct a conversation in almost flawless Mandarin, Cantonese, or Hakka, even though you only know how to say “Ni hao.
”
”
Yuval Noah Harari (21 Lessons for the 21st Century)
“
- Dégage je t'ai dit !
- Je te fais une contre-proposition, lança Ellana que le poing brandi du barbu ne paraissait pas impressionner le moins du monde. Tu quittes l'auberge maintenant, sans bruit, avec la promesse de ne plus jamais y remettre les pieds, et je ne te casse pas en mille morceaux.
Le colosse ouvrit la bouche pour un cri ou peut-être un rire, mais la voix de Jilano le lui vola.
- C'est un marché de dupe ! s'écria-t-il sur un ton plein de verve.
- Et pourquoi donc ? fit mine de se fâcher Ellana.
- Parce que même si tu tapes fort, tu lui casseras au maximum une douzaine d'os. Allez, vingt parce que c'est toi. On est loin des mille morceaux que tu revendiques.
Ellana soupira.
- C'est une expression, il ne faut pas la prendre au pied de la lettre.
- Sans doute, mais ce monsieur pourrait s'estimer grugé.
- Très bien. Voilà ma contre-proposition réactualisée. Tu quittes l'auberge maintenant, sans bruit, avec la promesse de ne plus jamais y remettre les pieds et je ne te casse pas en douze morceaux. Peut-être vingt parce que c'est moi.
”
”
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
“
_ (Omar ibn el Khattab) lorsque j'ai entendu le Prophète, que la grâce de Dieu lui soit assurée, nous dire: "Aujourd'hui j'ai parachevé mon bienfait à votre égard", certe oui, j'ai pleuré. Ce même jour d'Arafat, le Prophète m'a demandé la raison de mes pleurs, j'ai répondu: " Ce qui me fait pleurer, c'est que, jusqu'à présent, nous étions dans un accroissement constant dans notre religion, mais si, à présent, elle est achevée, il faut dire qu'il n' y a pas de choses qui atteignent leur plénitude sans que, par la suite, elles ne s'amoindrissent!" Et le Prophète m'ayant écouté a répondu après un long moment: "Certes, Omar, tu as dis vrai!
”
”
Assia Djebar (Loin de Médine)
“
J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire.
Je trouve ça formidable qu’il y ait aussi des femmes qui aiment séduire, qui sachent séduire, d’autres se faire épouser, des qui sentent le sexe et d’autres le gâteau du goûter des enfants qui sortent de l’école. Formidable qu’il y en ait de très douces, d’autres épanouies dans leur féminité, qu’il y en ait de jeunes, très belles, d’autres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles à qui les choses telles qu’elles sont conviennent. C’est dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-là. Bien sûr que je n’écrirais pas ce que j’écris si j’étais belle, belle à changer l’attitude de tous les hommes que je croise.
C’est en tant que prolotte de la féminité que je parle, que j’ai parlé hier et que je recommence aujourd’hui (p. 9-10).
”
”
Virginie Despentes (King Kong théorie)
“
Mes amis, j'écris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fierté de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir été choisi et apprécié par vous, et que notre amitié fut sans doute la plus belle œuvre de ma vie. C'est étrange, l'amitié. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitié. L'amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres. Elle doit être beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les démangeaisons de peau. En mourant, c'est à ce grand mystère silencieux que je songe et je lui rends hommage.
Mes amis, je vous ai vus mal rasés, crottés, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de péter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessé de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu à une femme de m'imposer toutes ses misères, je l'aurais quittée, insultée, répudiée. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnérables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la séduction. Ils jouent un rôle. Pire, ils cherchent chacun le beau rôle. Théâtre. Comédie. Mensonge. Il n'y a pas de sécurité en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut être aimé tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge réussi et constamment renouvelé. Une amitié, c'est une vérité qui s'impose. L'amitié est nue, l'amour fardé.
Mes amis, je vous aime donc tels que vous êtes.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
“
Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tête des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'être un menteur ; ces mensonges-là, si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-là, je ne dissimule rien, avec ces mensonges-là je dis en fait la vérité. Mais il y a des choses à propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais à fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-là. Mentir là-dessus, ce serait m'abaisser moi-même, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.
”
”
Milan Kundera (Laughable Loves)
“
Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c’est un procédé avouable, s’il en fut.
”
”
Boris Vian (L'Écume des jours)
“
- Mais tu sais, l'alcool ne te guérira pas. Il ne faut pas que tu croies ça. Ça apaisera tes blessures, mais cela t'en donnera d'autres, peut-être pires. Tu ne pourras plus te passer de l'alcool, et même si, au début, tu éprouves une euphorie, un bonheur à boire, ça disparaîtra vite pour ne laisser place qu'à la tyrannie de la dépendance et du manque. Ta vie ne sera que brumes, états de sémi-conscience, hallucinations, paranoïa, crises de delirium tremens, violence contre ton entourage. Ta personnalité se désagrégera...
- C'est ce que je veux ! martela Antoine en frappant le comptoir de son petit poing. Je n'ai plus la force d'être moi, plus le courage, plus l'envie d'avoir quelque chose comme une personnalité. Une personnalité, c'est un luxe qui me coûte cher. Je veux être un spectre banal. J'en ai assez de ma liberté de pensée, de toutes mes connaissances, de ma satanée conscience ! ("Comment je suis devenu stupide", p34)
”
”
Martin Page (Comment je suis devenu stupide)
“
Elle devait partir, suivre son propre chemin. Grandir. Mais auparavant, elle voulait lui parler. Lui dire. Ces phrases qu'elle avait si souvent étouffées :
« Tu m'as sauvée, Jilano Alhuïn. Tu m'as tirée de la nuit, tu m'as offert un toit, une protection, une présence. Tu m'as réconciliée avec la vie, avec les hommes, avec moi-même et, lorsque j'ai été guérie, tu t'es ouvert pour que je puise en toi, pour que je comble mes vides, pour que j'avance. Toujours plus loin. Ce que je sais, ce que je suis, je te le dois. Non, c'est plus que cela. Je te dois tout, Jilano Alhuïn. Tout. »
Il lui barra les lèvres d'un doigt avant qu'elle ait prononcé le moindre mot.
— C'est moi qui te remercie, Ellana. Pour la lumière et le sens dont tu as paré ma vie. Le reste n'a aucune importance.
”
”
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
“
[...] quelli che erano nati negli anni venti, e che avevano vent’anni negli anni quaranta, avevan dovuto combattere perché c’era la guerra e servivano dei soldati. Quelli che eran nati negli anni trenta, e avevan vent’anni negli anni cinquanta, avevan dovuto lavorare perché c’era stata la guerra e c’era un paese da ricostruire. Quelli che eran nati negli anni quaranta, e che avevan vent’anni negli anni sessanta, avevan dovuto lavorare anche loro perché c’era il boom economico e una grande richiesta di forza lavoro. Quelli che eran nati negli cinquanta, e che avevan vent’anni negli anni settanta, avevan dovuto contestare perché il mondo cosí com’era stato fino ad allora non era piú adatto alla modernità o non so bene a cosa. Poi eravamo arrivati noi, nati negli anni sessanta e che avevamo vent’anni negli anni ottanta e l’unica cosa che dovevamo fare, era stare tranquilli e non rompere troppo i maroni.
Mi sembrava che noi, avevo detto, fossimo stata la prima generazione che, se ci davano un lavoro, non era perché c’era bisogno, ci facevano un favore.
Cioè era come se il mondo, che per i nostri genitori era stata una cosa da fare, da costruire, per noi fosse già fatto, preconfezionato, e l’unica cosa che potevamo fare era mettere delle crocette, come nei test.
E allora aveva anche senso, che proprio in quel periodo lí, negli anni ottanta, fossero comparsi in Italia i giochi elettronici, perché uno di vent’anni che passava sei o otto ore al giorno a giocare ai giochi elettronici, che negli anni cinquanta sarebbe stato un disadattato (Sei un delinquente, gli avrebbero detto i suoi genitori), a partire dagli anni ottanta andava benissimo, perché rispondeva al compito precipuo della sua generazione, di stare tranquillo e non rompere troppo i maroni.
”
”
Paolo Nori (I malcontenti)
“
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai compris qu'en toutes circonstances,
J’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...
l'Estime de soi.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
N’étaient rien d'autre qu'un signal
Lorsque je vais à l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J'ai cessé de vouloir une vie différente
Et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive
Contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai commencé à percevoir l'abus
Dans le fait de forcer une situation ou une personne,
Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,
Sachant très bien que ni la personne ni moi-même
Ne sommes prêts et que ce n'est pas le moment...
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire, personnes,
situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé d'avoir peur du temps libre
Et j'ai arrêté de faire de grands plans,
J’ai abandonné les méga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime
Quand cela me plait et à mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
Et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai cessé de revivre le passé
Et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent,
Là où toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s'appelle... la Plénitude.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
J’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon coeur,
Elle devient une alliée très précieuse !
Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.
Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.
Du chaos naissent les étoiles.
”
”
Charlie Chaplin
“
Je cherchais une âme qui et me ressemblât, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persévérance était inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvât mon caractère; il fallait quelqu’un qui eût les mêmes idées que moi. C’était le matin; le soleil se leva à l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilà qu’à mes yeux se lève aussi un jeune homme, dont la présence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. Bénissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelé: je n’ai pas besoin de ton amitié."
C’était le soir; la nuit commençait à étendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, étendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumière des étoiles n’est pas assez forte, pour les éclairer à cette distance." Alors, avec une démarche modeste, et les yeux baissés, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon côté. Dès que je la vis: "Je vois que la bonté et la justice ont fait résidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beauté, qui a bouleversé plus d’une; mais, tôt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacré ton amour; car, tu ne connais pas mon âme. Non que je te sois jamais infidèle: celle qui se livre à moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre à elle; mais, mets-le dans ta tête, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux."
Que me fallait-il donc, à moi, qui rejetais, avec tant de dégoût, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanité!
”
”
Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
“
Poétise, poétise, fais-toi le grand cinéma de la liberté passée. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans désespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai réellement prononcé des propos désabusés sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines étudiantes, une connerie, la mort, rien qu'à voir la trombine des couples mariés au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiés. Quand Hélène, licence de philo, concluait que c'était tout de même un mal nécessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drôles d'idées, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternité avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas être seulement intellectuelles, ma fierté devant une mousse au chocolat réussie avait disparu en même temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la même manière qu'un garçon de mon âge, étudiant qui se débrouille avec l'argent de l'État, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquêtes, va au cinéma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idée bouffonne.
”
”
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
“
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler :
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables !
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée :
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens !
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil ; et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein et des bras paternels.
Je respirais, ŒNONE ; et, depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence :
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée.
J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ;
J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ;
Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire,
Et dérober au jour une flamme si noire :
Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats :
Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas.
Pourvu que, de ma mort respectant les approches,
Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches,
Et que tes vains secours cessent de rappeler
Un reste de chaleur tout prêt à s’exhaler.
”
”
Jean Racine (Phèdre)
“
«Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais malgré toute cette chance et toute cette richesse, depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons; la vacuité et l’ineptie de l’existence. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. Même si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d’entre eux. C’est comme ça. Je n’en suis pas spécialement fière parce que je n’y suis pour rien. Mais ce qui est certain, c’est que dans le bocal, je n’irais pas. C’est une décision bien réfléchie. Même pour une personne aussi intelligente que moi, aussi douée pour les études, aussi différente des autres et aussi supérieure à la plupart, la vie est déjà toute tracée et c’est triste à pleurer : personne ne semble avoir songé au fait que si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer. C’est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la lucidité rend le succès amer alors que la médiocrité espère toujours quelque chose.»
”
”
Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
“
Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particulière, que vous dégusterez avec plaisir, même si ce n’est pas le meilleur.
***
Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas à atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout à bout, permettent de tenir la distance… Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend même plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut être plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens à nous. Il faut juste en prendre conscience.
***
Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’âme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait.
***
Au temps des sorcières, les larmes d’homme devaient être très recherchées. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en émotion ? Ou moins poilu ?
***
Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe…
***
Vide. Je me sens vide et éteinte. J’ai l’impression d’être un peu morte, moi aussi. D’être un champ de bataille. Tout a brûlé, le sol est irrégulier, avec des trous béants, des ruines à perte de vue. Le silence après l’horreur. Mais pas le calme après la tempête, quand on se sent apaisé. Moi, j’ai l’impression d’avoir sauté sur une mine, d’avoir explosé en mille morceaux, et de ne même pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous.
***
Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout.
***
Ce n’est pas d’intuition dont est doté Romain, mais d’attention.
***
Ҫa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
”
”
Agnès Ledig (Juste avant le bonheur)
“
Si il y avait bien une chose que l'Occupation nous avait apprise, c'était à nous taire. A ne jamais montrer ce que nous pensions du IIIème Reich et de cette guerre. Nous n'étions que des détenus dans nos propres maisons, dans notre pays. Plus libres d'avoir une opinion. Parce que même nos pensées pouvaient nous enchaîner.
Ce soir, je l'avais oublié.
Pourtant il ne m'arrêta pas. Il ne me demanda pas de le suivre pour un petit interrogatoire. Après tout, il n'y avait que les résistants pour tenir un discours si tranché, non? Il n'y avait qu'eux pour oser dire de telles choses devant un caporal de la Wehrmacht. Alors pourquoi me tendit-il simplement sa fourche? Puisque la mienne était inutilisable...
J'hésitai à la prendre.
Quand je le fis, il refusa de la lâcher.
Nous restâmes là, une seconde. Nos mains se frôlant sur le manche en bois et nos regards accrochés.
- Je ne suis pas innocent c'est vrai, m'avoua-t-il. Je ne le serai jamais plus et je devrai vivre avec toutes mes fautes. J'ai tué, je tuerai sans doute encore. J'ai blessé et je blesserai encore. J'ai menti et je mentirai encore. Non, c'est vrai, il n'y a plus rien d'innocent en moi. Mais je l'ai été. Au début. Avant la guerre. Je l'étais vraiment, vous savez. Innocent.
Sa voix n'était qu'un murmure.
- Pourquoi me dites-vous ça?
- Pour que vous le sachiez.
- Mais pourquoi? demandai-je encore.
Il recula d'un pas.
- Bonne soirée, monsieur Lambert, dit-il sans me répondre.
Il quitta les écuries sans un bruit. Aussi discrètement qu'il était arrivé.
”
”
Lily Haime (À l'ombre de nos secrets)
“
L'Amour qui n'est pas un mot
Mon Dieu jusqu'au dernier moment
Avec ce coeur débile et blême
Quand on est l'ombre de soi-même
Comment se pourrait-il comment
Comment se pourrait-il qu'on aime
Ou comment nommer ce tourment
Suffit-il donc que tu paraisses
De l'air que te fait rattachant
Tes cheveux ce geste touchant
Que je renaisse et reconnaisse
Un monde habité par le chant
Elsa mon amour ma jeunesse
O forte et douce comme un vin
Pareille au soleil des fenêtres
Tu me rends la caresse d'être
Tu me rends la soif et la faim
De vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin
C'est miracle que d'être ensemble
Que la lumière sur ta joue
Qu'autour de toi le vent se joue
Toujours si je te vois je tremble
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble
M'habituer m'habituer
Si je ne le puis qu'on m'en blâme
Peut-on s'habituer aux flammes
Elles vous ont avant tué
Ah crevez-moi les yeux de l'âme
S'ils s'habituaient aux nuées
Pour la première fois ta bouche
Pour la première fois ta voix
D'une aile à la cime des bois
L'arbre frémit jusqu'à la souche
C'est toujours la première fois
Quand ta robe en passant me touche
Prends ce fruit lourd et palpitant
Jettes-en la moitié véreuse
Tu peux mordre la part heureuse
Trente ans perdus et puis trente ans
Au moins que ta morsure creuse
C'est ma vie et je te la tends
Ma vie en vérité commence
Le jour que je t'ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m'as montré la contrée
Que la bonté seule ensemence
Tu vins au coeur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j'ai flambé comme un genièvre
A la Noël entre tes doigts
Je suis né vraiment de ta lèvre
Ma vie est à partir de toi
”
”
Louis Aragon
“
Mais le revenu annuel de toute société est toujours précisément égal à la valeur échangeable de tout le produit annuel de son industrie, ou plutôt c'est précisément la même chose que cette valeur échangeable. Par conséquent, puisque chaque individu tâche, le plus qu'il peut, 1° d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et - 2° de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. A la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir.
”
”
Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
“
J’aime beaucoup les cimetières, moi, ça me repose et me mélancolise j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis là dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps.
Justement, dans ce cimetière Montmartre, j’ai une histoire de cœur, une maîtresse qui m’avait beaucoup pincé, très ému, une charmante petite femme dont le souvenir, en même temps qu’il me peine énormément, me donne des regrets… des regrets de toute nature. Et je vais rêver sur sa tombe… C’est fini pour elle.
Et puis, j’aime aussi les cimetières, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitées. Songez donc à ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, à toutes les générations de Parisiens qui sont logés là, pour toujours, troglodytes définitifs enfermés dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marqués d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbéciles.
Me voici donc entrant dans le cimetière Montmartre, et tout à coup imprégné de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ça n’est pas drôle, cet endroit-là, mais le moment n’en est pas encore venu pour moi… »
L’impression de l’automne, de cette humidité tiède qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatigué, anémique, aggravait en la poétisant la sensation de solitude et de fin définitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
”
”
Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
“
Je me mis dès lors à lire avec avidité et bientôt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations récentes, tous les élans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon âme d’une façon si troublante et qui étaient provoqués par mon développement si précoce, tout cela, soudainement, se précipita dans une direction, parut se satisfaire complètement de ce nouvel aliment et trouver là son cours régulier. Bientôt mon cœur et ma tête se trouvèrent si charmés, bientôt ma fantaisie se développa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourée jusqu’alors. Il semblait que le sort lui même m’arrêtât sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, à laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’où je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinée à vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rêves, les espoirs, la douce émotion de mon esprit juvénile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vécu jusqu’à ce jour était si noble, si austère, qu’une page impure ou mauvaise n’eût pu désormais me séduire. Mon instinct d’enfant, ma précocité, tout mon passé veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passée.
En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était déjà connue, semblait déjà vécue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais déjà éprouvées.
Et comment pouvais-je ne pas être entraînée jusqu’à l’oubli du présent, jusqu’à l’oubli de la réalité, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une même destinée, le même esprit d’aventure qui règnent sur la vie de l’homme, mais qui découlent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tâchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prévenir, comme s’il y avait en mon âme quelque chose de prophétique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en même temps croissait de plus en plus mon désir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai déjà dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vérité, je n’étais très hardie qu’en rêve ; dans la réalité, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
”
”
Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
“
Questo ucciderà quello. Il libro ucciderà l’edificio.
L’invenzione della stampa è il più grande avvenimento della storia. E’ la rivoluzione madre. E’ il completo rinnovarsi del modo di espressione dell’umanità, è il pensiero umano che si spoglia di una forma e ne assume un’altra, è il completo e definitivo mutamento di pelle di quel serpente simbolico che, da Adamo in poi, rappresenta l’intelligenza.
Sotto forma di stampa, il pensiero è più che mai imperituro. E’ volatile, inafferrabile, indistruttibile. Si fonde con l’aria. Al tempo dell’architettura, diveniva montagna e si impadroniva con forza di un secolo e di un luogo. Ora diviene stormo di uccelli, si sparpaglia ai quattro venti e occupa contemporaneamente tutti i punti dell’aria e dello spazio..
Da solido che era, diventa vivo. Passa dalla durata all’ immortalità. Si può distruggere una mole, ma come estirpare l’ubiquità? Venga pure un diluvio, e anche quando la montagna sarà sparita sotto i flutti da molto tempo, gli uccelli voleranno ancora; e basterà che solo un’arca galleggi alla superficie del cataclisma, ed essi vi poseranno, sopravvivranno con quella, con quella assisteranno al decrescere delle acque, e il nuovo mondo che emergerà da questo caos svegliandosi vedrà planare su di sé, alato e vivente, il pensiero del mondo sommerso.
Bisogna ammirare e sfogliare incessantemente il libro scritto dall'architettura, ma non bisogna negare la grandezza dell'edificio che la stampa erige a sua volta.
Questo edificio è colossale. E’ il formicaio delle intelligenze. E’ l’alveare in cui tutte le immaginazioni, queste api dorate, arrivano con il loro miele. L’edificio ha mille piani. Sulle sue rampe si vedono sbucare qua e là delle caverne tenebrose della scienza intrecciantisi nelle sue viscere. Per tutta la sua superficie l’arte fa lussureggiare davanti allo sguardo arabeschi, rosoni, merletti. La stampa, questa macchina gigante che pompa senza tregua tutta la linfa intellettuale della società, vomita incessantemente nuovi materiali per l’opera sua. Tutto il genere umano è sull’ impalcatura. Ogni spirito è muratore. Il più umile tura il suo buco o posa la sua pietra. Certo, è anche questa una costruzione che cresce e si ammucchia in spirali senza fine, anche qui c’è confusione di lingue, attività incessante, lavoro infaticabile, concorso accanito dell’umanità intera, rifugio promesso all’ intelligenza contro un nuovo diluvio, contro un’invasione di barbari. E’ la seconda torre di Babele del genere umano."
- Notre-Dame de Paris, V. Hugo
”
”
Victor Hugo (The Hunchback of Notre-Dame)
“
Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?
- Oui.
J'ai mis le feu là.
- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
- Je ne sais pas lire.
”
”
Victor Hugo
“
Patrice a vingt-quatre ans et, la première fois que je l’ai vu, il était dans son fauteuil incliné très en arrière. Il a eu un accident vasculaire cérébral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une manière très laide, il a l’aspect d’un légume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans réaction, comme s’il était complètement coupé du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le même état. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer à l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupière. Il peut cligner de l’œil. Pour l’aider à s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcée, Patrice cligne de l’œil.
Lorsque j’étais en réanimation, que j’étais complètement paralysé et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procédais de la même manière avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas très au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots.
Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionné la technique. Une fois, il m’est arrivé d’assister à une discussion entre Patrice et sa mère. C’est très impressionnant.La mère demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupière. Elle lui propose différentes consonnes, pas forcément dans l’ordre alphabétique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisées. Dès qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’œil. La mère poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvées, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvés chaque minute.
C’est avec cette technique que Patrice a écrit un texte, une sorte de longue lettre à tous ceux qui sont amenés à le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte où il raconte ce qui lui est arrivé et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une énorme gifle. C’est un texte brillant, écrit dans un français subtil, léger malgré la tragédie du sujet, rempli d’humour et d’autodérision par rapport à l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquée.Jamais je n’aurais imaginé que ce texte si puissant ait été écrit par ce garçon immobile, au regard entièrement vide.
Avec l’expérience acquise ces derniers mois, je pensais être capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grâce à Patrice.Une leçon de courage d’abord, étant donné la vitalité des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori.
Plus jamais dorénavant je ne jugerai une personne handicapée à la vue seule de son physique.
C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues .
”
”
Grand corps malade (Patients)
“
Cea mai minunată femeie din lume este cea care te iubeşte cu adevărat şi pe care-o iubeşti cu adevărat. Nimic altceva nu contează. Odată, pe vremea liceului, umblam pe bulevard cu un prieten, doi puşti zăluzi şi frustraţi care dădeau note «gagicilor» şi vorbeau cu atât mai scabros cu cât erau, de fapt, mai inocenţi erotic. Ce fund are una, ce balcoane are alta... Femeile nu erau nimic altceva pentru noi decât nişte obiecte de lux, ca automobilele lustruite din vitrinele magazinelor «Volvo» sau «Maserati»: nu ne imaginam cu adevărat că vom avea şi noi una vreodată. Prin dreptul cinematografului Patria am zărit o tipă trăznitoare. Am rămas înlemniţi: ce pulpe în ciorapi de plasă neagră, ce fund rotund şi ce mijloc subţire, ce ţoale pe ea, ce plete de sârmă roşie, răsucită în mii de feluri... Ne-am învârtit în jurul ei ca s-o vedem şi din faţă: cum putea avea aşa pereche de ţâţe, aşa de perfecte cum numai în albumele de artă — care pe-atunci ne ţineau loc de Penthouse—mai văzuserăm? Pentru cine era o astfel de fiinţă, cum putea fi o noapte de sex cu ea? Până la urmă ne-am aşezat la coadă la bilete, fără s-o scăpăm din ochi şi fără să-ncetăm comentariile. Când, îl auzim pe unul, un tip destul de jegos care stătea şi el la coadă, mâncând seminţe, înaintea noastră: «E bună paraşuta asta, nu? V-ar place şi vouă, ciutanilor... Da' ascultaţi-mă pe mine, c-am fumat destule ca ea: cât o vedeţi de futeşă, să ştiţi că e pe undeva un bărbat sătul de ea până peste cap! Poa'să fie cea mai mişto din lume, poa'să fie şi Brijibardo, că tot i-e drag vreunuia de ea ca mie de nevastă-mea...» Am fost mult mai şocat de remarcile astea decât mi-aş fi imaginat. Cum să te plictiseşti de frumuseţea însăşi, de neatins şi de neconceput? De cea pentru care ţi-ai da şi pielea de pe tine? Ce ar putea dori un bărbat mai mult decât să-şi poată trece braţul în jurul mijlocului ei, să poată privi minute-n şir în ochii ei, să o întindă încetişor pe pat... Să o scoată din învelişul ei de dantelă mătăsoasă... De-aici încolo imaginaţia mea se bloca, nu-mi puteam închipui cum e să faci dragoste. De câte ori mă gândeam cum ar fi, vedeam doar un ocean roz care se răsuceşte asupra ta şi te sufocă... Am cunoscut apoi femei reale, femei imaginare, femei din vis, femei din cărţi, femei din reclame, femei din filme, femei din videoclipuri. Femei din revistele porno. Fiecare altfel şi fiecare cu altceva de oferit. M-am îndrăgostit de câteva şi de fiecare dată a fost la fel: primul semn că aş putea-o iubi a fost mereu că nu m-am putut gândi, văzând-o, «cât de futeşă e». Chiar dacă era. Bărbaţii au creierul impregnat de hormoni. Nici cel mai distins intelectual nu e altfel, până şi el, la orice vârstă, îşi imaginează cum ar face-o cu fata plictisită, necunoscută, de lângă el. Dar când cunoşti cea mai minunată femeie din lume, care e cea pe care o poţi iubi, semnul este, trebuie să fie, că nici pulpele, nici «balcoanele» nu se mai văd, de parcă hormonii sexului şi-ai agresivităţii s-ar retrage din creierul tău tumefiat şi l-ar lăsa inocent ca un creier de copil şi translucid ca o corniţă de melc. Facem sex cu un creier de bărbat, dar iubim cu unul de copil, încrezător, dependent, dornic de a da şi a primi afecţiune. Femeile minunate din viaţa mea, toate cele pe care le-am iubit cu adevărat şi care-au răspuns cu dragoste dragostei mele, au fost într-un fel necorporale, au fost bucurie pură, nevroză pură, experienţă pură. Senzualitatea, uneori dusă până foarte departe, nu a fost decât un ingredient într-o aventură complexă şi epuizantă a minţii. Pentru mine nu există, deci, «cea mai minunată» în sensul de 90-60-90, nici în cel de blondă, brună sau roşcată, înaltă sau minionă, vânzătoare sau poetă. Cea mai minunată este cea cu care am putut avea un copil virtual numit «cuplul nostru», «dragostea noastră».
”
”
Mircea Cărtărescu (De ce iubim femeile)
“
J’allais ouvrir la bouche et aborder cette fille , quand quelqu’un me toucha l’épaule. Je me retournai, surpris, et j’aperçus un homme d’aspect ordinaire, ni jeune ni vieux, qui me regardait d’un air triste.
— Je voudrais vous parler, dit-il.
Je fis une grimace qu’il vit sans doute, car il ajouta :
— « C’est important. »
Je me levai et le suivis à l’autre bout du bateau :
— « Monsieur, reprit-il, quand l’hiver approche avec les froids, la pluie et la neige, votre médecin vous dit chaque jour : « Tenez-vous les pieds bien chauds, gardez-vous des refroidissements, des rhumes, des bronchites, des pleurésies. » Alors vous prenez mille précautions, vous portez de la flanelle, des pardessus épais, des gros souliers, ce qui ne vous empêche pas toujours de passer deux mois au lit. Mais quand revient le printemps avec ses feuilles et ses fleurs, ses brises chaudes et amollissantes, ses exhalaisons des champs qui vous apportent des troubles vagues, des attendrissements sans cause, il n’est personne qui vienne vous dire : « Monsieur, prenez garde à l’amour ! Il est embusqué partout ; il vous guette à tous les coins ; toutes ses ruses sont tendues, toutes ses armes aiguisées, toutes ses perfidies préparées ! Prenez garde à l’amour !… Prenez garde à l’amour ! Il est plus dangereux que le rhume, la bronchite et la pleurésie ! Il ne pardonne pas, et fait commettre à tout le monde des bêtises irréparables. » Oui, monsieur, je dis que, chaque année, le gouvernement devrait faire mettre sur les murs de grandes affiches avec ces mots : « Retour du printemps. Citoyens français, prenez garde à l’amour ; » de même qu’on écrit sur la porte des maisons : « Prenez garde à la peinture ! » — Eh bien, puisque le gouvernement ne le fait pas, moi je le remplace, et je vous dis : « Prenez garde à l’amour ; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prévenir comme on prévient, en Russie, un passant dont le nez gèle. »
Je demeurai stupéfait devant cet étrange particulier, et, prenant un air digne :
— « Enfin, monsieur, vous me paraissez vous mêler de ce qui ne vous regarde guère. »
Il fit un mouvement brusque, et répondit :
— « Oh ! monsieur ! monsieur ! si je m’aperçois qu’un homme va se noyer dans un endroit dangereux, il faut donc le laisser périr ?
”
”
Guy de Maupassant
“
«Le strade di Fantàsia», disse Graogramàn, «le puoi trovare solo grazie ai tuoi desideri. E ogni volta puoi procedere soltanto da un desiderio al successivo. Quello che non desideri ti rimane inaccessibile. Questo è ciò che qui significano le parole 'vicino' e 'lontano'. E non basta volere soltanto andar via da un luogo. Devi desiderarne un altro. Devi lasciarti guidare dai tuoi desideri.»
«Ma io non desidero affatto andarmene da qui», ribatté Bastiano.
«Dovrai trovare il tuo prossimo desiderio», replicò Graogramàn in tono quasi severo.
«E quando l'avrò trovato», fece Bastiano di rimando, «come potrò andarmene da qui?»
«Ascolta, mio signore», disse Graogramàn a voce bassa, «in Fantàsia c'è un luogo che conduce ovunque e al quale si può giungere da ogni parte. Viene chiamato il Tempio delle Mille Porte. Nessuno lo ha visto dall'esterno, perché non ha un esterno. Il suo interno consiste in un labirinto di porte. Chi lo vuole conoscere deve avere il coraggio di inoltrarsi in quel labirinto.»
«Ma come è possibile, se non ci si può avvicinare dall'esterno?»
«Ogni porta», continuò il leone, «ogni porta in tutta Fantàsia, persino una comunissima porta di cucina o di stalla, sicuro, persino l'anta di un armadio, può in un determinato momento diventare la porta d'ingresso al Tempio delle Mille Porte. Passato quell'attimo, torna a essere quello che era, una porta qualsiasi. Perciò nessuno
può passare per più di una volta dalla stessa porta. E nessuna delle mille porte riconduce là da dove si è venuti. Non esiste ritorno.»
«Ma una volta che si è dentro», domandò Bastiano, «si può uscirne?»
«Sicuro», rispose il leone, «però non è così facile come nei soliti edifici. Perché attraverso il labirinto delle Mille Porte ti può guidare solo un vero desiderio. Chi non lo ha è costretto a continuare a vagarci dentro fino a quando sa esattamente che cosa desidera. E questo talvolta richiede molto tempo.»
«E come si fa a trovare la porta d'ingresso?»
«Bisogna desiderarlo.»
Bastiano rifletté a lungo e poi disse:
«È strano che non si possa semplicemente desiderare quello che si vuole. Ma, per la verità, da dove ci vengono i desideri? E che cos'è un desiderio?»
Graogramàn guardò il ragazzo a occhi spalancati, ma non rispose.
Qualche giorno più tardi ebbero un altro colloquio molto importante.
Bastiano aveva mostrato al leone la scritta sul rovescio dell'amuleto. «Che cosa può significare?» domandò. «FA' CIO' CHE VUOI, questo vuol dire che posso fare tutto quello che mi pare, non credi?»
Il volto di Graogramàn assunse d'improvviso un'espressione di terribile serietà e i suoi occhi divennero fiammanti.
«No», esclamò con quella sua voce profonda e tonante, «vuol dire che devi fare quel che è la tua vera volontà. E nulla è più difficile.»
«La mia vera volontà?» ripeté Bastiano impressionato. «E che cosa sarebbe?»
«È il tuo più profondo segreto, quello che tu non conosci.»
«E come posso arrivare a conoscerlo?»
«Camminando nella strada dei desideri, dall'uno all'altro, e fino all'ultimo. L'ultimo ti condurrà alla tua vera volontà.»
«Ma questo non mi pare tanto difficile.»
«Di tutte le strade è la più pericolosa», replicò il leone.
«Perché?» domandò Bastiano. «Io non ho paura.»
«Non è di questo che si tratta», ruggì Graogramàn, «ciò richiede la massima sincerità e attenzione, perché non c'è altra strada su cui sia tanto facile perdersi definitivamente.»
”
”
Michael Ende