Vivre Sa Vie Quotes

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Why must one talk? Often one shouldn't talk, but live in silence. The more one talks, the less the words mean. (Nana Kleinfrankenheim, Vivre Sa Vie)
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Jean-Luc Godard (La Nouvelle Vague (Spanish Edition))
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Suddenly, I don't know what to say. It happens often to me. I know what I want to say, I think about whether it is what I mean, but when the moment comes to speak, I can't say it. - Nana Kleinfrankenheim, Vivre Sa Vie.
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Jean-Luc Godard
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Cet homme paraissait ĂȘtre tellement fatiguĂ© de sa vie qu'il ne voulait mĂȘme pas vivre ses derniĂšres heures Ă©veillĂ©.
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Patrick SĂŒskind (Perfume: The Story of a Murderer)
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Voici ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à la raconter. C'est ce qui dupe les gens : un homme, c'est toujours un conteur d'histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d'autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s'il la racontait. Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Il ne sert Ă  rien de regretter sa jeunesse, Ni de maudire la vieillesse, Ni d'avoir peur de la mort, Ta vie, c'est la journĂ©e que tu es en train de vivre, Rien d'autre. Alors divertis-toi, sois heureux, Et sois prĂȘt Ă  partir. (p.424)
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Amin Maalouf (OrĂ­genes)
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Il est des moments oĂč il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entiĂšrement, complĂštement, ou traĂźner l'existence dĂ©gradante, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose.
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Oscar Wilde
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Celui qui ressent sa vie et celle d’autres comme dĂ©nuĂ©es de sens est fondamentalement malheureux puisqu’il n’a aucune raison de vivre.
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Albert Einstein (The World As I See It)
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Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des millions d'horizons, mon rÎle consistait à faire suivre l'intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et de ne se préoccuper de rien.
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Olivier Bourdeaut (En attendant Bojangles)
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Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant aprÚs moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitÎt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
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Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-mĂȘme)
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« Ce qu’on doit chercher Ă  savoir, c’est de quelle façon on doit vivre sa vie pour qu’elle soit la meilleure possible. » (Socrate)
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CĂ©cile De Grasse (Le Bonheur - 365 Citations Inspirantes (French Edition))
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Un homme heureux est trop occupé à vivre sa vie. Il croit qu'il ne doit des comptes à personne.
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Madeline Miller (Circe)
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Lorsque j’ai commencĂ© Ă  voyager en Gwendalavir aux cĂŽtĂ©s d'EwĂŹlan et de Salim, je savais que, au fil de mon Ă©criture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou malĂ©fiques... Je savais cela et je m'en rĂ©jouissais. Rien, en revanche, ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  une rencontre qui allait bouleverser ma vie. Rien ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  Ellana. Elle est arrivĂ©e dans la QuĂȘte Ă  sa maniĂšre, tout en finesse tonitruante, en dĂ©licatesse remarquable, en discrĂ©tion Ă©tincelante. Elle est arrivĂ©e Ă  un moment clef, elle qui se moque des serrures, Ă  un moment charniĂšre, elle qui se rit des portes, au sein d’un groupe constituĂ©, elle pourtant pĂ©trie d’indĂ©pendance, son caractĂšre forgĂ© au feu de la solitude. Elle est arrivĂ©e, s'est glissĂ©e dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a captĂ© le regard d’Edwin et son respect, a sĂ©duit Salim, conquis maĂźtre Duom... Je l’ai regardĂ©e agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa prĂ©sence, son charisme, sa beautĂ© tissaient autour de moi. Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentĂ©e d'ĂȘtre et, ce faisant, elle a tranquillement troquĂ© son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblĂ©matique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherchĂ© la lumiĂšre, a Ă©paulĂ© Ewilan dans sa quĂȘte d'identitĂ© puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire. Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvĂ© ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombĂ© Ă  la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle n’en a tirĂ© aucune gloire, trop Ă©quilibrĂ©e pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les Ă©paules d'un groupe de compagnons soudĂ©s par une indĂ©fectible amitiĂ©. Lorsque j'ai posĂ© le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mĂ©ritĂ© le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libĂ©rĂ© par l'auteur aprĂšs une Ă©prouvante aventure littĂ©raire. Chacun ? Pas Ellana. Impossible de la quitter. Elle hante mes rĂȘves, se promĂšne dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochĂšte mes pensĂ©es intimes, escalade mes dĂ©sirs secrets... Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ? Est-ce moi qui ai crĂ©Ă© Ellana ou n'ai-je vraiment commencĂ© Ă  exister que le jour oĂč elle est apparue ? Nos routes sont-elles liĂ©es Ă  jamais ? — Il y a deux rĂ©ponses Ă  ces questions, souffle le vent Ă  mon oreille. Comme Ă  toutes les questions. Celle du savant et celle du poĂšte. — Celle du savant ? Celle du poĂšte ? Qu'est-ce que... — Chut... Écris.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Il faut vivre ses rĂȘves et non rĂȘver sa vie. Faites que le rĂȘve dĂ©vore votre vie afin que la vie ne dĂ©vore pas votre rĂȘve.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Pourquoi, s’écria-t-elle tout-Ă -coup, rester seule dans cette horrible solitude ? pourquoi ne pas suivre mon amant ? la guerre, les combats ne sauraient m’effrayer ; ce qui m’épouvante, ce sont les lieux oĂč il n’est pas. Vivre ou mourir avec lui !... et peut-ĂȘtre pourrai-je mĂȘme, aux dĂ©pens de ma vie, sauver la sienne. Attends Login, attends, ta Lise vole sur tes pas. » DĂ©jĂ  Lise s’élançait vers lui ; mais l’image de sa mĂšre, de sa mĂšre pauvre, souffrante, abandonnĂ©e, se prĂ©sente Ă  elle, et l’arrĂȘte. Elle soupire, tourne ses regards vers la cabane, et s’y traĂźne en silence.
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NikolaĂŻ Karamzine
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J'aimerais pouvoir dire qu'elle ne me manque pas. J'apprends à vivre sans elle, et je n'y mets pas de la bonne volonté. J'espÚre encore me réveiller de ce cauchemar. Je donnerais tout, absolument tout, pour entendre sa voix encore une fois ailleurs que sur les milliers de vidéos que j'ai faites.
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Virginie Grimaldi (Une belle vie)
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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VoilĂ  comment ça se passait au cƓur du cƓur du Dieu : notre groupe de six, sept ou dix arrivait Ă  pied ou en chaise roulante, piochait dans un malheureux assortiment de biscuits et se servait un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vĂ©ritĂ© et d'Ă©couter Patrick dĂ©biter pour la milliĂšme fois le rĂ©cit dĂ©primant de sa vie – comment il avait eu un cancer des testicules et aurait dĂ» en mourir, sauf qu'il n'Ă©tait pas mort et que maintenant il Ă©tait mĂȘme un adulte bien vivant qui se tenait devant nous dans la crypte d'une Ă©glise de la 137e ville d'AmĂ©rique la plus agrĂ©able Ă  vivre, divorcĂ©, accro aux jeux vidĂ©o, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l'exploitation de son passĂ© de super-cancĂ©reux, futur dĂ©tenteur d'un master ne risquant pas d'amĂ©liorer ses perspectives de carriĂšre, et qui attendait, comme nous tous, que l'Ă©pĂ©e de DamoclĂšs lui procure le soulagement auquel il avait Ă©chappĂ© des annĂ©es plus tĂŽt quand le cancer lui avait pris ses couilles, mais avait Ă©pargnĂ© ce que seule une Ăąme charitable aurait pu appeler « sa vie ».
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Pourquoi j’aime la littĂ©rature
 parce qu’elle m’aide Ă  vivre. 
 Plus dense, plus Ă©loquente que la vie quotidienne mais non radicalement diffĂ©rente, la littĂ©rature Ă©largit notre univers, nous incite Ă  imaginer d’autres maniĂšres de la concevoir et de l’organiser. Loin d’ĂȘtre un simple agrĂ©ment, une distraction rĂ©servĂ©e aux personnes Ă©duquĂ©es, elle permet Ă  chacun de mieux rĂ©pondre Ă  sa vocation d’ĂȘtre humain.
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Tzvetan Todorov
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Il n'y a pas d'Ăąge pour rĂ©apprendre Ă  vivre. On dirait mĂȘme qu'on ne fait que ça toute sa vie. Repartir, recommencer, respirer : comme si l'on apprenait jamais rien sur l'existence, sauf, parfois, une caractĂ©ristique de soi-mĂȘme inconnue de nous et de nos amis : une endurance, une vaillance, une lĂ©gĂšretĂ©, quelque chose qui revient au jour dans les pires moments et sur quoi on ne comptait pas... Quand ce n'est pas, bien sĂ»r, hĂ©las, une impuissance, une lĂąchetĂ©, un abandon de tout.
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Françoise Sagan (DerriÚre l'épaule)
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D'oĂč venait l'apitoiement sur soi ? Cette quantitĂ© extraordinaire d'apitoiement sur soi ? Selon presque tous les critĂšres possibles, elle menait une vie trĂšs heureuse. Elle avait toutes ses journĂ©es pour penser Ă  une façon dĂ©cente et satisfaisante de vivre, et pourtant tout ce qu'elle semblait rĂ©colter avec tous ses choix et toute sa libertĂ©, c'Ă©tait de plus en plus de malheur. Du coup, l'autobiographie en arrive presque Ă  la conclusion qu'elle se lamentait d'avoir autant de libertĂ©. (p. 262)
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Jonathan Franzen (Freedom)
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En effet l'Ă©cart que le vice mettait entre la vie rĂ©elle d'Odette et la vie relativement innocente que Swann avait cru, et bien souvent croyait encore, que menait sa maitresse, cet Ă©cart, Odette en ignorait l'Ă©tendue, un ĂȘtre vicieux, affectant toujours la mĂȘme vertu devant les ĂȘtres de qui il ne veut pas que soient soupçonnĂ©s ses vices, n'a pas de contrĂŽle pour se rendre compte combien ceux-ci, dont la croissance continue est insensible pour lui-mĂȘme, l'entrainent peu Ă  peu loin des façons de vivre normales.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Elle sentit de la compassion pour son corps, une compassion si grande qu'elle menaçait de faire exploser son cƓur: parce que son corps Ă©tait lĂ  dans la nuit. Elle voyait ses Ă©paules, ses bras maigres qu'il tenait serrĂ©s contre sa poitrine grelottante, ses genoux adorĂ©s, son front barrĂ© de petites mĂšches humides: elle en aurait presque pleurĂ©. C'Ă©tait son corps, celui qui lui avait Ă©chu, ce corps qui devait vivre, rĂ©sister, grelotter, dĂ©sirer, se rĂ©jouir, c'Ă©tait son corps plein de vie, la seule chose qu'il possĂ©dait vraiment: et il n'avait d'autre choix que d'ĂȘtre lĂ  debout devant elle dans la nuit.
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Klaus Mann (Nouvelle d'enfance)
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— Ma bonne, pourquoi ai-je vĂ©cu jusqu'Ă  prĂ©sent? Conviens-en ; n'ai-je pas gĂąchĂ© ma jeunesse? Passer les meilleures annĂ©es de sa vie Ă  inscrire des dĂ©penses, Ă  servir le thĂ©, Ă  compter des copeks, Ă  amuser des hĂŽtes, et croire qu'il n'y a rien de mieux au monde !... Ma bonne, comprends-moi, j'ai aussi des exigences humaines ! je veux vivre, moi aussi, et on a fait de moi une mĂ©nagĂšre ! C'est affreux, affreux ! Elle jeta son trousseau de clĂ©s Ă  travers la porte et il tomba dans ma chambre. C'Ă©taient les clĂ©s du buffet, de l'armoire de la cuisine, de la cave et de la boĂźte Ă  thĂ©, ces mĂȘmes que portait jadis ma mĂšre.
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Anton Chekhov
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Ce siĂšcle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, DĂ©jĂ  NapolĂ©on perçait sous Bonaparte, Et du premier consul, dĂ©jĂ , par maint endroit, Le front de l'empereur brisait le masque Ă©troit. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, JetĂ© comme la graine au grĂ© de l'air qui vole, Naquit d'un sang breton et lorrain Ă  la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si dĂ©bile qu'il fut, ainsi qu'une chimĂšre, AbandonnĂ© de tous, exceptĂ© de sa mĂšre, Et que son cou ployĂ© comme un frĂȘle roseau Fit faire en mĂȘme temps sa biĂšre et son berceau. Cet enfant que la vie effaçait de son livre, Et qui n'avait pas mĂȘme un lendemain Ă  vivre, C'est moi. -
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Victor Hugo (Les Orientales - Les Feuilles d'automne)
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J’admire qu’on puisse trouver au bord de la MĂ©diterranĂ©e des certitudes et des rĂšgles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait Ă  la mesure de l’homme - mais qui se refer-mait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait Ă  ce qui rĂ©sonnait profondĂ©ment en moi, ce n’est pas parce qu’il rĂ©pondait Ă  mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grĂąces qui pouvaient me monter aux lĂšvres, mais ce Nada qui n’a pu naĂźtre que devant des paysages Ă©crasĂ©s de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans dĂ©sespoir de vivre.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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La raison nous impose des limites bien trop étroites et nous invite à ne vivre que le connu - encore avec bien des restrictions - et dans un cadre connu, comme si nous connaissions la véritable étendue de la vie. De fait, notre vie, jour aprÚs jour, dépasse de beaucoup les limites de notre conscience et, sans que nous le sachions, la vie de l'inconscient accompagne notre existence. Plus la raison critique prédomine, plus la vie s'appauvrit ; mais plus nous sommes aptes à rendre conscient ce qui est inconscient et ce qui est mythe, plus est grande la quantité de vie que nous intégrons. La surestimation de la raison a ceci de commun avec un pouvoir d'état absolu ; sous sa domination, l'individu dépérit. (p. 475)
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C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
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La pensĂ©e de la mort Vivre au milieu de ce dĂ©dale de ruelles, de besoins, de voix suscite en moi un bonheur mĂ©lancolique : que de jouissance, d'impatience, de dĂ©sir, que de vie assoiffĂ©e et d'ivresse de vivre se rĂ©vĂšle ici Ă  chaque instant ! Et pourtant tous ces ĂȘtres bruyants, vivants, assoiffĂ©s de vie plongeront bientĂŽt dans un tel silence ! Comme chacun est suivi par son ombre, le sombre compagnon qu'il emmĂšne avec lui ! Il en est toujours comme Ă  l'ultime moment avant le dĂ©part d'un navire d'Ă©migrants : on a plus de choses Ă  se dire que jamais, l'heure presse, l'ocĂ©an et son mutisme dĂ©solĂ© attend, impatient, derriĂšre tout ce bruit–si avide, si sĂ»r de tenir sa proie. Et tous, tous pensent que le temps Ă©coulĂ© jusqu'alors n'est rien ou peu de chose, que le proche avenir est tout : d'oĂč cette hĂąte, ces cris, cet Ă©tourdissement de soi-mĂȘme, cette duperie de soi-mĂȘme ! Chacun veut ĂȘtre le premier dans cet avenir,–et pourtant c'est la mort et le silence de mort qui est l'unique certitude et le lot commun Ă  tous dans cet avenir ! Qu'il est Ă©trange que cette unique certitude et ce lot commun n'aient presque aucun pouvoir sur les hommes et qu'ils soient Ă  mille lieues de se sentir comme une confrĂ©rie de la mort ! Cela me rend heureux de voir que les hommes ne veulent absolument pas penser la pensĂ©e de la mort ! J'aimerais contribuer en quelque maniĂšre Ă  leur rendre la pensĂ©e de la vie encore cent fois plus digne d'ĂȘtre pensĂ©e.
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Friedrich Nietzsche (The Gay Science: With a Prelude in Rhymes and an Appendix of Songs)
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La mort est une chose Ă©tonnante. Les gens passent leur vie entiĂšre Ă  faire comme si elle n’existait pas, et pourtant elle est la plupart du temps notre principale raison de vivre. Certains d’entre nous prennent conscience de la fragilitĂ© humaine assez tĂŽt pour vivre ensuite plus intensĂ©ment, plus obstinĂ©ment, plus furieusement. Quelques-uns ont besoin de sa prĂ©sence constante pour se sentir vivants. D’autres sont tellement obsĂ©dĂ©s par la mort qu’ils s’assoient dans la salle d’attente bien avant qu’elle n’ait annoncĂ© son arrivĂ©e. Nous la redoutons, et pourtant la plupart d’entre nous ont peur qu’elle n’emporte quelqu’un d’autre plus qu’elle ne nous emporte nous-mĂȘmes. Car la plus grande crainte face Ă  la mort est qu’elle passe Ă  cĂŽtĂ© de nous. Et nous laisse esseulĂ©s.
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Fredrik Backman (A Man Called Ove)
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Quand je vis avec mes semblables, ma pensĂ©e s'occupe d'eux si exclusivement, soit pour les aider Ă  vivre bien, soit pour comprendre pourquoi ils vivent mal, que j'oublie absolument de vivre pour mon compte. Quand je m'aperçois que j'ai fait pour eux mon possible et que je ne leur suis plus nĂ©cessaire, ou, ce qui arrive plus souvent, que je ne leur suis bon Ă  rien, j'Ă©prouve le besoin de vivre avec ce moi intĂ©rieur qui s'identifie Ă  la nature et au rĂȘve de la vie dans l'Ă©ternel et dans l'infini. La nature, je le sais, parle dans l'homme plus que dans les arbres et les rochers; mais elle y parle follement, elle y est plus souvent dĂ©lirante que sage, elle y est pleine d'illusions ou de mensonges. Les animaux sauvages eux-mĂȘmes sont tourmentĂ©s d'un besoin d'existence qui nous empĂȘche de savoir ce qu'ils pensent et si leurs obscures manifestations ne sont pas trompeuses. DĂšs qu'ils subissent des besoins et des passions, ils doivent les satisfaire Ă  tout prix, et toute logique de leur instinct de conservation doit cĂ©der Ă  cette sauvage logique de la faim et de l'amour. OĂč donc trouver, oĂč donc surprendre la voix du vrai absolu dans la nature? HĂ©las, dans le silence des choses inertes, dans le mutisme de ce qui ne ment pas! la face impassible du rocher qui boit le soleil, le front sans ombre du glacier qui regarde la lune, la morne altitude des lieux inaccessibles, exercent sur nous un rassĂ©rĂ©nement inexplicable. LĂ , nous nous sentons comme suspendus entre ciel et terre, dans une rĂ©gion d'idĂ©es oĂč il ne peut y avoir que Dieu ou rien, et, s'il n'y a rien, nous sentons que nous ne sommes rien nous-mĂȘmes et que nous n'existons pas; car rien ne peut se passer de sa raison d'ĂȘtre.
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George Sand (Le dernier amour)
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Je sais que tout ce que tu dis, ĂŽ mon Ăąme, est aussi ma pensĂ©e. Mais j'en tiens Ă  peine compte dans ma vie. L'Ăąme dit : "Comment alors, dis-moi, crois-tu que tes pensĂ©e puissent t'aider ?" Je voudrais toujours exciper du fait que je suis un homme, juste un homme qui est faible et ne fait pas toujours de son mieux. Mais l'Ăąme dit : "Est-ce lĂ  ce que tu penses du fait d'ĂȘtre homme ?" Tu s dure, mon Ăąme, mais tu as raison. Comme nous nous montrons peu habiles quand il s'agit de vivre ! Nous devrions pousser comme un arbre qui ne connaĂźt pas non plus sa loi. Mais nous nous ligotons avec des intentions, sans tenir compte du fait que toute intention restreint, voir mĂȘme exclut la vie. Nous croyons pouvoir, grĂące Ă  une intention, Ă©clairer une obscuritĂ© et, ce faisant, nous passons Ă  cĂŽtĂ© de la lumiĂšre. Comment pouvons-nous avoir l'outrecuidance de vouloir savoir d'avance d'ou nous viendra la lumiĂšre ? (p. 170)
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C.G. Jung (The Red Book: Liber Novus)
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« Je ne veux pas continuer ! Tu ne comprends donc pas ? Personne en ce monde ne veut donc le comprendre, maudits ? Suis-je le seul Ă  ĂȘtre hantĂ© ? » Un trĂ©molo furieux modula son timbre. « Tout ce que j'ai fait – tout ce que j'Ă©tais – tout ce que je suis, c'est Ă  cause de lui. Il Ă©tait dĂ©jĂ  quelqu'un avant moi. Je ne suis personne sans lui. J'en ai marre de vivre sans lui Ă  mes cĂŽtĂ©s. Il m'a dĂ©laissĂ© au profit de ce livre et, par le Saint, je lui en veut profondĂ©ment. Je lui en veux chaque minute de chaque jour. » Sa voie se brisa. « Vous, les Lasians, vous croyez en la vie aprĂšs la mort, n'est-ce-pas ? » Laya le considĂ©ra. « Certains d'entre nous, oui. L'VergĂ© des divinitĂ©s, confirma-t-elle. Il t'attend p'tĂȘt lĂ -bas. Ou Ă  la Grande Table du Saint. Ou p'tĂȘt qu'il est nulle part. Quoi qu'il en soit, toi, t'es encore lĂ . Et c'est pas sans raison. » Elle porta une main cailleuse Ă  sa joue. « T'as un fantĂŽme, Niclays, N'en devient pas un toi-mĂȘme. »
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Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree (The Roots of Chaos, #1))
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Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Celles et ceux qui, aujourd'hui, voient des inconvĂ©nients Ă  vivre dans ce laboratoire se heurtent souvent Ă  l'incomprĂ©hension et Ă  la dĂ©sapprobation de leurs contemporains. On leur reproche de remettre en question une sociĂ©tĂ© technicienne dont ils sont par ailleurs dĂ©pendants et dont ils apprĂ©cient le confort - mĂȘme si cet argument perd de sa portĂ©e au fur et Ă  mesure que la crise Ă©cologique a des effets toujours plus directs et flagrants. Cette logique rappelle les tentatives pour faire taire les patients qui critiquent le systĂšme mĂ©dical, sous prĂ©texte que leur santĂ© et parfois leur vie en dĂ©pendent. Elle nous culpabilise et nous condamne Ă  la soumission, Ă  la rĂ©signation. Pouvons-nous ĂȘtre tenus pour responsables de la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous avons vu le jour et par rapport Ă  laquelle notre marge de manƓuvre est inĂ©vitablement limitĂ©e ? En tirer argument pour nous interdire de la critiquer aboutit Ă  nous lier les mains face Ă  la catastrophe, Ă  dĂ©sarmer la pensĂ©e, et plus largement, Ă  Ă©touffer l'imagination, l'envie et la capacitĂ© de se rappeler que les choses ne sont pas condamnĂ©es Ă  ĂȘtre ce qu'elles sont. (p. 221)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Mais les signes de ce qui m'attendait rĂ©ellement, je les ai tous nĂ©gligĂ©s. Je travaille mon diplĂŽme sur le surrĂ©alisme Ă  la bibliothĂšque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-ĂȘtre mes derniĂšres semaines de fille seule, libre d'aller oĂč je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©e. Je vais perdre dĂ©finitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublĂ©, Ă  deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drĂŽle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idĂ©es de fille unique, Ă©gocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal Ă©levĂ©e au fond. Un jour, il a du travail, il est fatiguĂ©, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se prĂ©cipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hĂ©sitation, comme si elles avaient dans la tĂȘte toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-ĂȘtre, pour quatre personnes ou plus aux goĂ»ts diffĂ©rents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmĂ©e par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarchĂ©. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il Ă©tait en train d'Ă©couter de la musique. Il a tout dĂ©ballĂ© avec un plaisir de gamin. Les poires Ă©taient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournĂ©s au restau universitaire, j'ai oubliĂ©. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai Ă©touffĂ©s. SublimĂ©s. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de libertĂ©, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du mĂ©nage, un peu. Et alors, tu renĂącles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles rĂ©ussissent Ă  tout "concilier", sourire aux lĂšvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libĂ©rĂ©e de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'Ă©quilibre. L'homme, l'Ă©paule solide, anti-mĂ©taphysique, dissipateur d'idĂ©es tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons mĂȘme disparaĂźtront, je ris forcĂ©ment, obscurĂ©ment j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est Ă©goĂŻste et qu'il ne s'intĂ©resse guĂšre Ă  ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient Ă  mon secours : "Tous les hommes sont Ă©goĂŻstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altĂ©ritĂ©", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Si vous voulez vous refermer, il faut arrĂȘter d’accepter de vous ouvrir Ă  contre-cƓur. *** Je veux rester lĂ . Je veux ĂȘtre un chĂąteau dans le sable. Je veux ĂȘtre le sable. Les mouettes. La mer. Les vagues. Je veux ĂȘtre une vague qui court sur la plage. Ou alors la plage, et attendre la dĂ©licatesse des vagues qui viennent me caresser doucement. *** - Tu es tĂȘtue ! - Pragmatique
 - FiĂšre ! - RĂ©aliste
 - ObstinĂ©e ! - DĂ©terminĂ©e
 - O.K. J’abandonne. *** Un proverbe arabe dit 'ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle. *** On devient fou quand on regarde en face ce genre de vĂ©ritĂ©. Il vaut mieux occulter ce qui est trop dur, ne pas y penser, mettre le quotidien au premier plan, vivre les choses sans penser aux consĂ©quences, se nourrir des souvenirs pour ne pas subir le prĂ©sent, et encore moins ce qui risque d’avenir. *** Quand on vie un grand malheur dans sa vie, on a l’impression que le regard des autres ne nous autorise pas Ă  ĂȘtre joyeux, alors que tout au fond de soi, on sent que c’est cela qui permet de se maintenir en vie. Un proverbe japonais dit « Le bonheur va vers ceux qui savent rire » *** On ne se trompe jamais quand on aime. *** Romain est une de ces rares personnes qui, aprĂšs avoir dit bonjour, demandent comment Ò«a va avec un rĂ©el intĂ©rĂȘt pour la rĂ©ponse. On sent dans son regard et dans son attente qu’il est sincĂšrement Ă  l’écoute des autres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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TOUZENBACH Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ? VERCHININE De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle qu’elle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans. TOUZENBACH Eh bien, aprĂšs nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, qu’on dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir. VERCHININE, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi. Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă  peu, que le changement s’accomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, s’établira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais c’est pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, c’est nous qui la crĂ©ons, c’est mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur. Macha rit doucement. TOUZENBACH Pourquoi riez-vous ? MACHA Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin. VERCHININE J’ai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  l’AcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus j’ai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais l’essentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il n’y a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur n’est pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants. TOUZENBACH Alors, d’aprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ? VERCHININE Non. TOUZENBACH, joignant les mains et riant. Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (À Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million d’annĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă  ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes qu’il pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu qu’elles volent... MACHA Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ? TOUZENBACH Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ? MACHA Il me semble que l’homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)
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26 octobre. Oui, mon cher Wilhelm, je me persuade chaque jour davantage que l’existence d’une crĂ©ature est peu de chose, bien peu de chose. Une amie de Charlotte Ă©tait venue la voir, et je passai dans la chambre voisine pour prendre un livre, et je ne pouvais lire : alors je pris une plume pour essayer d’écrire. Je les entendais causer doucement : elles se racontaient l’une Ă  l’autre des choses indiffĂ©rentes, des nouvelles de la ville ; que l’une se mariait, que l’autre Ă©tait malade, trĂšs-malade ; elle avait une toux sĂšche, la figure dĂ©charnĂ©e ; il lui prenait des faiblesses. « Je ne donnerais pas un sou de sa vie, » disait l’une. « N. N. est aussi fort mal, » dit Charlotte. « II est enflĂ©, » reprit l’amie Et mon imagination me transportait vivement au chevet de ces malheureux ; je voyais avec quelle rĂ©pugnance ils tournaient le dos Ă  la vie ; avec quel
. Wilhelm, et mes deux petites dames parlaient de cela prĂ©cisĂ©ment comme on parle d’un Ă©tranger qui meurt
. Et quand je porte les yeux autour de moi, quand je regarde cette chambre et, tout alentour, les habits de.Charlotte et les papiers d’Albert, et ces meubles auxquels je suis maintenant si accoutumĂ©, mĂȘme cet encrier, je me dis : « Vois ce que tu es’pour cette maison ! Tout pour tous. Tes amis te considĂšrent ; tu fais souvent leur joie, et il semble Ă  ton cƓur, qu’il ne pourrait vivre sans eux ; et pourtant
, si tu venais Ă  mourir, si tu disparaissais de ce cercle, sentiraient-ils, combien de temps sentiraient-ils, le vide que ta perte ferait dans leur existence ? combien de temps ?
 » Ah ! l’homme est si Ă©phĂ©mĂšre, qu’aux lieux mĂȘmes oĂč il a l’entiĂšre certitude de son ĂȘtre, oĂč il grave la seule vĂ©ritable impression de sa prĂ©sence dans le souvenir, dans l’ñme de ses amis, lĂ  mĂȘme, il doit s’effacer, disparaĂźtre, disparaĂźtre promptement !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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C’est Ă  Ibn ‘Arabi que l’on attribue le rĂŽle le plus Ă©minent dans cette interprĂ©tation de plus en plus approfondie du principe fĂ©minin. Pour lui non seulement la nafs [Ăąme] est fĂ©minine – comme c’est le cas gĂ©nĂ©ralement – mais aussi dhĂąt, « essence divine », de sorte que la fĂ©minitĂ©, dans son Ɠuvre, est la forme sous laquelle Dieu se manifeste le mieux (
) cette phrase savant exprime, en effet, parfaitement le concept d’Ibn ‘Arabi puisqu’il Ă©crit au sujet de sa comprĂ©hension du divin : « Dieu ne peut ĂȘtre envisagĂ© en dehors de la matiĂšre et il est envisagĂ© plus parfaitement en la matiĂšre humaine que dans toute autre et plus parfaitement en la femme qu’en l’homme. Car Il est envisagĂ© soit comme le principe qui agit soit comme le principe qui subit, soit comme les deux Ă  la fois (
) quand Dieu se manifeste sous la forme de la femme Il est celui qui agit grĂące au fait qu’Il domine totalement l’ñme de l’homme et qu’Il l’incite Ă  se donner et Ă  se soumettre entiĂšrement Ă  Lui (
) c’est pourquoi voir Dieu dans la femme signifie Le voir sous ces deux aspects, une telle vision est plus complĂšte que de Le voir sous toute autre forme par laquelle Il se manifeste. » (
) Des auteurs mystiques postĂ©rieurs Ă  Ibn ‘Arabi dĂ©veloppĂšrent ses idĂ©es et reprĂ©sentĂšrent les mystĂšres de la relation physique entre l’homme et la femme par des descriptions tout Ă  fait concrĂštes. L’opuscule du soufi cachemirien Ya’qub Sarfi (mort en 1594), analysĂ© par Sachiko Murata, en est un exemple typique ; il y explique la nĂ©cessitĂ© des ablutions complĂštes aprĂšs l’acte d’amour par l’expĂ©rience « religieuse » de l’amour charnel : au moment de ce plaisir extatique extrĂȘme – le plus fort que l’on puisse imagine et vivre – l’esprit est tant occupĂ© par les manifestations du divin qu’il perd toute relation avec son corps. Par les ablutions, il ramĂšne ce corps devenu quasiment cadavre Ă  la vie normale. (
) On retrouve des considĂ©rations semblables concernant le « mystĂšre du mariage » chez Kasani, un mystique originaire de Farghana (mort en 1543). Eve, n’avait-elle pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©e afin que « Adam pĂ»t se reposer auprĂšs d’elle », comme il est dit dans le Coran (sourate 7:189) ? Elle Ă©tait le don divin pour le consoler dans sa solitude, la manifestation de cet ocĂ©an divin qu’il avait quittĂ©. La femme est la plus belle manifestation du divin, tel fut le sentiment d’Ibn ‘Arabi.
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Annemarie Schimmel (My Soul Is a Woman: The Feminine in Islam)
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moi je suis fĂąchĂ© contre notre cercle patriarcal parce qu’il y vient toujours un homme du type le plus insupportable. Vous tous, messieurs, le connaissez trĂšs bien. Son nom est LĂ©gion. C’est un homme qui a bon coeur, et n’a rien qu’un bon coeur. Comme si c’était une chose rare Ă  notre Ă©poque d’avoir bon coeur ; comme si, enfin, on avait besoin d’avoir bon coeur ; cet Ă©ternel bon coeur ! L’homme douĂ© d’une si belle qualitĂ© a l’air, dans la vie, tout Ă  fait sĂ»r que son bon coeur lui suffira pour ĂȘtre toujours content et heureux. Il est si sĂ»r du succĂšs qu’il nĂ©glige tout autre moyen en venant au monde. Par exemple, il ne connaĂźt ni mesure ni retenue. Tout, chez lui, est dĂ©bordant, Ă  coeur ouvert. Cet homme est enclin Ă  vous aimer soudain, Ă  se lier d’amitiĂ©, et il est convaincu qu’aussitĂŽt, rĂ©ciproquement, tous l’aimeront, par ce seul fait qu’il s’est mis Ă  aimer tout le monde. Son bon coeur n’a mĂȘme jamais pensĂ© que c’est peu d’aimer chaudement, qu’il faut possĂ©der l’art de se faire aimer, sans quoi tout est perdu, sans quoi la vie n’est pas la vie, ni pour son coeur aimant ni pour le malheureux que, naĂŻvement, il a choisi comme objet de son attachement profond. Si cet homme se procure un ami, aussitĂŽt celui-ci se transforme pour lui en un meuble d’usage, quelque chose comme un crachoir. Tout ce qu’il a dans le coeur, n’importe quelle saletĂ©, comme dit Gogol, tout s’envole de la langue et tombe dans le coeur de l’ami. L’ami est obligĂ© de tout Ă©couter et de compatir Ă  tout. Si ce monsieur est trompĂ© par sa maĂźtresse, ou s’il perd aux cartes, aussitĂŽt, comme un ours, il fond, sans y ĂȘtre invitĂ©, sur l’ñme de l’ami et y dĂ©verse tous ses soucis. Souvent il ne remarque mĂȘme pas que l’ami lui-mĂȘme a des chagrins par-dessus la tĂȘte : ou ses enfants sont morts, ou un malheur est arrivĂ© Ă  sa femme, ou il est excĂ©dĂ© par ce monsieur au coeur aimant. Enfin on lui fait dĂ©licatement sentir que le temps est splendide et qu’il faut en profiter pour une promenade solitaire. Si cet homme aime une femme, il l’offensera mille fois par son caractĂšre avant que son coeur aimant le remarque, avant de remarquer (si toutefois il en est capable) que cette femme s’étiole de son amour, qu’elle est dĂ©goĂ»tĂ©e d’ĂȘtre avec lui, qu’il empoisonne toute son existence. Oui, c’est seulement dans l’isolement, dans un coin, et surtout dans un groupe que se forme cette belle oeuvre de la nature, ce « spĂ©cimen de notre matiĂšre brute », comme disent les AmĂ©ricains, en qui il n’y a pas une goutte d’art, en qui tout est naturel. Un homme pareil oublie – il ne soupçonne mĂȘme pas –, dans son inconscience totale, que la vie est un art, que vivre c’est faire oeuvre d’art par soi-mĂȘme ; que ce n’est que dans le lien des intĂ©rĂȘts, dans la sympathie pour toute la sociĂ©tĂ© et ses exigences directes, et non dans l’indiffĂ©rence destructrice de la sociĂ©tĂ©, non dans l’isolement, que son capital, son trĂ©sor, son bon coeur, peut se transformer en un vrai diamant taillĂ©.
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Fyodor Dostoevsky
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J’ai fait ma visite au lieu natal avec toute la piĂ©tĂ© d’un pĂšlerin, et bien des sentiments inattendus m’ont saisi. Je fis arrĂȘter prĂšs du grand tilleul qui se trouve Ă  un quart de lieue de la ville du cĂŽtĂ© de S
 ; je quittai la voiture, et je l’envoyai en avant, afin de cheminer Ă  pied et de savourer Ă  mon grĂ© chaque souvenir, dans toute sa vie et sa nouveautĂ©. Je m’arrĂȘtai sous le tilleul, qui avait Ă©tĂ©, dans mon enfance, le but et le terme de mes promenades. Quelle diffĂ©rence ! Alors, dans une heureuse ignorance, je m’élançais avec ardeur vers ce monde inconnu, oĂč j’espĂ©rais pour mon cƓur tant de nourriture, tant de jouissances, qui devaient combler et satisfaire l’ardeur de mes dĂ©sirs. Maintenant, j’en reviens de ce vaste monde
. O mon ami, avec combien d’espĂ©rances déçues, avec combien de plans renversĂ©s !
 Les voilĂ  devant moi les montagnes qui mille fois avaient Ă©tĂ© l’objet de mes vƓux. Je pouvais rester des heures assis Ă  cette place, aspirant Ă  franchir ces hauteurs, Ă©garant ma pensĂ©e au sein des bois et des vallons, qui s’offraient Ă  mes yeux dans un gracieux crĂ©puscule, et, lorsqu’au moment fixĂ© il me fallait revenir, avec quel regret ne quittais-je pas cette place chĂ©rie !
 J’approchai de la ville : je saluai tous les anciens pavillons de jardin ; les nouveaux me dĂ©plurent, comme tous les changements qu’on avait faits. Je franchis la porte de la ville, et d’abord je me retrouvai tout Ă  fait. Mon ami, je ne veux pas m’arrĂȘter au dĂ©tail : autant il eut de charme pour moi, autant il serait monotone dans le rĂ©cit. J’avais rĂ©solu de me loger sur la place, tout Ă  cĂŽtĂ© de notre ancienne maison. Je remarquai, sur mon passage, que la chambre d’école, oĂč une bonne vieille femme avait parquĂ© notre enfance, s’était transformĂ©e en une boutique de dĂ©tail. Je me rappelai l’inquiĂ©tude, les chagrins, l’étourdissement, l’angoisse que j’avais endurĂ©s dans ce trou
. Je ne pouvais faire un pas qui ne m’offrĂźt quelque chose de remarquable. Un pĂšlerin ne trouve pas en terre sainte autant de places consacrĂ©es par de religieux souvenirs, et je doute que son ame soit aussi remplie de saintes Ă©motions
. Encore un exemple sur mille : je descendis le long de la riviĂšre, jusqu’à une certaine mĂ©tairie. C’était aussi mon chemin autrefois, et la petite place oĂč les enfants s’exerçaient Ă  qui ferait le plus souvent rebondir les pierres plates Ă  la surface de l’eau. Je me rappelai vivement comme je m’arrĂȘtais quelquefois Ă  suivre des yeux le cours de la riviĂšre ; avec quelles merveilleuses conjectures je l’accompagnais ; quelles Ă©tranges peintures je me faisais des contrĂ©es oĂč elle allait courir ; comme je trouvais bientĂŽt les bornes de mon imagination, et pourtant me sentais entraĂźnĂ© plus loin, toujours plus loin, et finissais par me perdre dans la contemplation d’un vague lointain
. Mon ami, aussi bornĂ©s, aussi heureux, Ă©taient les vĂ©nĂ©rables pĂšres du genre humain ; aussi enfantines, leurs impressions, leur poĂ©sie. Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystĂ©rieux. Que me sert maintenant de pouvoir rĂ©pĂ©ter, avec tous les Ă©coliers, qu’elle est ronde ? Il n’en faut Ă  l’homme que quelques mottes pour vivre heureux dessus, et moins encore pour dormir dessous

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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Être heureux, c’est apprendre Ă  choisir. Non seulement les plaisirs appropriĂ©s, mais aussi sa voie, son mĂ©tier, sa maniĂšre de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre Ă  ne pas rĂ©pondre Ă  toutes les sollicitations, Ă  hiĂ©rarchiser ses prioritĂ©s.
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Frédéric Lenoir (Du bonheur : un voyage philosophique (Documents) (French Edition))
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Hugo Houde est nĂ© et a grandi Ă  Paris. Quand Hugo avait dix ans, sa famille a dĂ» partir vivre Ă  l’étranger pour le travail de son pĂšre. C’est ainsi qu’Hugo a atterri dans la classe numĂ©ro treize oĂč personne ne parlait français. La France lui manquait Ă©normĂ©ment. Comme il ne pouvait pas y retourner, il dĂ©cida d’amener la France Ă  lui. Alors, avec son argent, il acheta la tour Eiffel et la mit dans son jardin. C’est la vie. CHAPTER
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Honest Lee (The Unlucky Lottery Winners of Classroom 13 (Classroom 13 Series Book 1))
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La naissance d’un homme est la naissance de sa douleur. Plus il vit longtemps et plus il devient stupide, parce que son angoisse d’éviter une mort inĂ©vitable s’intensifie sans relĂąche. Quelle amertume ! Il vit pour ce qui est toujours hors de portĂ©e ! Sa soif de survie dans le futur le rend incapable de vivre dans le prĂ©sent.
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Sogyal Rinpoche (Le livre tibétain de la vie et la mort (Les Chemins de la sagesse) (French Edition))
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Je sais aussi que quand votre fils de cinq mois se rĂ©veille Ă  deux heures du matin et pleure avec persistance sans raison apparente vous ne l'aimez pas beaucoup Ă  ce moment-lĂ . Soyez tranquille, il a une raison pour pleurer, mĂȘme si vous ne la dĂ©couvrez pas immĂ©diatement. Si vous ĂȘtes irritĂ©, tĂąchez de ne pas le montrer. La voix d'un homme est plus terrifiante pour un enfant que celle d'une femme et vous ne savez pas quelle peur permanente vous pouvez laisser s'infiltrer dans un bĂ©bĂ© un criant trĂšs fort au mauvais moment. "Ne prenez pas le bĂ©bĂ© dans votre lit", dit le manuel d'instructions aux parents. Oubliez-le. Donnez Ă  votre bĂ©bĂ© autant de baisers et de caresses que vous pouvez. Ne vous servez pas de vos enfants pour vous enorgueillir. Soyez aussi prudent pour louer que pour blĂąmer. C'est mauvais de chanter les louanges d'un enfant en sa prĂ©sence. Oui, bien sĂ»r, Mary travaille trĂšs bien. PremiĂšre de sa classe ce mois-ci. C'est une enfant intelligente. Non pas que vous ne devez pas faire d'Ă©loges Ă  votre enfant. Il est bon de dire Ă  votre fils : "C'est un bien joli cerf-volant que tu as fait lĂ ", mais les Ă©loges au service des autres sont inutiles. Les jeunes oies dressent le cou aussi bien que les cygnes quand on les admire. Par contre, si votre enfant ne rĂ©ussit pas ce qu'il fait, n'enfoncez pas le couteau dans la plaie. MĂȘme si le carnet de notes n'est pas bon, ne dites rien. Et si Billy rentre en pleurant parce qu'il a Ă©tĂ© vaincu dans une bataille avec les copains, ne lui dites pas qu'il est une mauviette. Si jamais vous dites "Quand j'avais ton Ăąge
" vous faites une grande erreur. En somme, acceptez votre enfant tel qu'il est et retenez-vous d'essayer de le faire vous ressembler. Ma devise pour la maison, en toute circonstance, c'est Pour l'amour du ciel, laissez les gens vivre leur vie. C'est une attitude qui sied Ă  toutes les situations. C'est la seule attitude qui encourage la tolĂ©rance. On apprend aux enfants Ă  ĂȘtre tolĂ©rants en leur montrant de la tolĂ©rance. (p. 168-169)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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Nous regardons monter sur la plate-forme ce Russe de vingt ans et les S.S. s'imaginent que nous allons subir sa mort, la sentir fondre sur nous comme une menace ou un avertissement. Mais cette mort, nous sommes en train de l'accepter pour nous-mĂȘmes, le cas Ă©chĂ©ant, nous sommes en train de la choisir pour nous-mĂȘmes. Nous sommes en train de mourir de la mort de ce copain, et par lĂ  mĂȘme nous la nions, nous l'annulons, nous faisons de la mort de ce copain le sense de notre vie. Un projet de vivre parfaitement valable, le seul valable en ce moment prĂ©cis. Mais les S.S. sont de pauvres types et no comprennent james ces choses-lĂ .
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Jorge SemprĂșn (The Long Voyage)
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Faire des listes nous force a reflechir, a questionner, a explorer, a assembler et organiser tout ce que nous avons collectionne d'histoire personnelle, de savoir-faire, de savoir et de sagesse au cours de notre existence. Le but de la lecture et de l'ecriture est de mieux vivre. C'est peut-etre cela, rater sa vie: a chaque jour nouveau preferer les souvenirs, a la poussee de la vie preferer l'immobilisme et la rigidite, a la remise en question preferer les certitudes ancrees. Pour etre heureux, il faut pratiqer le bonheur, se rappeler de se sentir heureux. Plus notre faculte de contemplation se developpe, disait Aristote, plus se developpent nos facultes de bonheur. L'un des fleaux les plus nocifs pour la sante de notre systeme nerveux est la pollution sonore.
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Dominique Loreau (L'art des listes : Simplifier, organiser, enrichir sa vie)
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J'aimerais te donner ce conseil encore une fois: je pense que tu devrais changer radicalement ton style de vie et te mettre à faire courageusement des choses que tu n'aurais jamais pensé faire, ou que tu as trop hésité à essayer. Il y a tant de gens qui ne sont pas heureux et qui, pourtant, ne prendront pas l'initiative de changer leur situation parce qu'ils sont conditionnés à vivre dans la sécurité, le conformisme et le conservatisme, toutes choses qui semblent apporter la paix de l'esprit, mais rien n'est plus nuisible à l'esprit aventureux d'un homme qu'un avenir assuré. Le noyau central de l'esprit vivant d'un homme, c'est sa passion pour l'aventure.
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Christopher McCandless
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Me voici donc prĂȘt Ă  me libĂ©rer de mes anciens attachements pour pouvoir me consacrer pleinement Ă  la recherche du bien suprĂȘme. Un doute pourtant me retient
 Ce choix n’est-il pas dangereux ? Les plaisirs, les richesses et les honneurs ne sont certes pas des biens suprĂȘmes, mais au moins, ils existent
 Ce sont des biens certains. Alors que ce bien suprĂȘme qui est censĂ© me combler en permanence de joie n’est pour l’instant qu’une supposition de mon esprit
 Ne suis-je pas en train de m’engager dans une voie pĂ©rilleuse ? Non : Ă  la rĂ©flexion je vois bien que je ne cours aucun risque en changeant de vie : c’est au contraire en continuant Ă  vivre comme avant que je courrais le plus grand danger. Car l’attachement aux biens relatifs est un mal certain puisque aucun d’eux ne peut m’apporter le bonheur !!! Au contraire, la recherche des moyens du bonheur est un bien certain : elle seule peut m’offrir la possibilitĂ© d’ĂȘtre un jour rĂ©ellement heureux, ou au moins plus heureux
 Le simple fait de comprendre cela me dĂ©termine Ă  prendre dĂ©finitivement et fermement la rĂ©solution de me dĂ©tacher immĂ©diatement de la recherche des plaisirs, des richesses et des honneurs, pour me consacrer en prioritĂ© Ă  la crĂ©ation de mon bonheur, c’est-Ă -dire Ă  la culture des joies les plus solides et les plus durables, par la recherche des biens vĂ©ritables. Au moment mĂȘme oĂč cette pensĂ©e jaillit, je sens apparaĂźtre en moi un immense sentiment d’enthousiasme, une sorte de libĂ©ration de mon esprit. J’éprouve un incroyable soulagement, comme si j’avais attendu ce moment toute ma vie. Une joie toute nouvelle vient de se lever en moi, une joie que je n’avais jamais ressentie auparavant : la joie de la libertĂ© que je viens d’acquĂ©rir en dĂ©cidant de ne vivre dĂ©sormais que pour crĂ©er mon bonheur. J’ai l’impression d’avoir Ă©chappĂ© Ă  immense danger
 Comme si je me trouvais Ă  prĂ©sent en sĂ©curitĂ© sur le chemin du salut
 Car mĂȘme si je ne suis pas encore sauvĂ©, mĂȘme si je ne sais pas encore en quoi consistent exactement ces biens absolus, ni mĂȘme s’il existe rĂ©ellement un bien suprĂȘme, je me sens dĂ©jĂ  sauvĂ© d’une vie insensĂ©e, privĂ©e d’enthousiasme et vouĂ©e Ă  une Ă©ternelle insatisfaction
 J’ai un peu l’impression d’ĂȘtre comme ces malades qui sont proches d’une mort certaine s’ils ne trouvent pas un remĂšde, n’ayant pas d’autre choix que de rassembler leurs forces pour chercher ce remĂšde sauveur. Comme eux je ne suis certes pas certain de le dĂ©couvrir, mais comme eux, je ne peux pas faire autrement que de placer toute mon espĂ©rance dans sa quĂȘte. Je l’ai maintenant compris avec une totale clartĂ©, les plaisirs, les richesses et l’opinion d’autrui sont inutiles et mĂȘme le plus souvent nĂ©fastes pour ĂȘtre dans le bonheur. Mieux : je sais Ă  prĂ©sent que mon dĂ©tachement Ă  leur Ă©gard est ce qu’il y a de plus nĂ©cessaire dans ma vie, si je veux pouvoir vivre un jour dans la joie. Du reste, que de maux ces attachements n’ont-ils pas engendrĂ© sur la Terre, depuis l’origine de l’humanitĂ© ! N’est-ce pas toujours le dĂ©sir de les possĂ©der qui a dressĂ© les hommes les uns contre les autres, engendrant la violence, la misĂšre et mĂȘme parfois la mort des hommes qui les recherchaient, comme en tĂ©moigne chaque jour encore le triste spectacle de l’humanitĂ© ? N’est-ce pas l’impuissance Ă  se dĂ©tacher de ces faux biens qui explique le malheur qui rĂšgne presque partout sur le Terre ? Au contraire, chacun peut voir que les sociĂ©tĂ©s et les familles vraiment heureuses sont formĂ©es d’ĂȘtres forts, paisibles et doux qui passent leur vie Ă  construire leur joie et celle des autres sans accorder beaucoup d’importance ni aux plaisirs, ni aux richesses, ni aux honneurs

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Bruno Giuliani
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L’art dionysien lui aussi veut nous convaincre de l’éternelle joie qui est attachĂ©e Ă  l’existence ; seulement, nous ne devons pas chercher cette joie dans les apparences, mais derriĂšre les apparences. Nous devons reconnaĂźtre que tout ce qui naĂźt doit ĂȘtre prĂȘt pour un douloureux dĂ©clin, nous sommes forcĂ©s de plonger notre regard dans l’horrible de l’existence individuelle — et cependant la terreur ne doit pas nous glacer : une consolation mĂ©taphysique nous arrache momentanĂ©ment Ă  l’engrenage des migrations Ă©phĂ©mĂšres. Nous sommes vĂ©ritablement, pour de courts instants, l’essence primordiale elle-mĂȘme, et nous en ressentons l’appĂ©tence et la joie effrĂ©nĂ©es Ă  l’existence ; la lutte, la torture, l’anĂ©antissement des apparences, nous apparaissent dĂ©sormais comme nĂ©cessaires, en face de l’intempĂ©rante profusion d’innombrables formes de vie qui se pressent et se heurtent, en prĂ©sence de la fĂ©conditĂ© surabondante de l’universelle VolontĂ©. L’aiguillon furieux de ces tourments vient nous blesser au moment mĂȘme oĂč nous nous sommes, en quelque sorte, identifiĂ©s Ă  l’incommensurable joie primordiale Ă  l’existence, oĂč nous pressentons, dans l’extase dionysienne, l’immuabilitĂ© et l’éternitĂ© de cette joie. En dĂ©pit de l’effroi et de la pitiĂ©, nous goĂ»tons la fĂ©licitĂ© de vivre, non pas en tant qu’individus, mais en tant que la vie une, totale, confondus et absorbĂ©s dans sa joie crĂ©atrice.
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Friedrich Nietzsche
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Je soulĂšve donc de mes Ă©paules le fardeau du temps et, par la mĂȘme occasion, celui des performances que l'on exige de moi. Ma vie n'est pas quelque chose que l'on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie humaine n'est pas non plus une performance, mais quelque chose qui grandit et cherche Ă  atteindre la perfection. Et ce qui est parfait n'accomplit pas de performance : ce qui est parfait Ɠuvre en Ă©tat de repos. Il est absurde de prĂ©tendre que la mer soit faite pour porter des armadas et des dauphins. Certes, elle le fait- mais en conservant sa libertĂ©. Il est Ă©galement absurde de prĂ©tendre que l'homme soit fait pour autre chose que pour vivre. Certes, il approvisionne des machines et il Ă©crit des livres, mais il pourrait tout aussi bien faire autre chose. L'important est qu'il fasse ce qu'il fait en toute libertĂ© et en pleine conscience de ce que, comme tout autre dĂ©tail de la crĂ©ation, il est une fin en soi. Il repose en lui-mĂȘme comme une pierre sur le sable.
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Stig Dagerman (Il nostro bisogno di consolazione)
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Se laisser lire, c' est ici se laisser vivre. Quand, en expliquant Ă  ma fille ce que devrait Ăštre un livre d'histoire, je lui dĂ©cris une machine Ă  transporter dans le temps et l'espace, je dĂ©cris l'outil de conquĂȘte du monde des lettres. Quel plus grand achĂšvement ! Je chĂ©ris le jour oĂč ma fille a lu ses premiers mots : l’un d’eux Ă©tait "papa". J’honore l’Ɠuvre bĂ©nie de sa maman puis de sa maĂźtresse qui l’ont accompagnĂ©e dans ce nouvel univers ! Ces premiĂšres phrases, ces paragraphes et ces livres sont les briques dont elle ces disposera pour former sa bibliothĂšque idĂ©ale, le monde intellectuel avec lequel elle affrontera la vie et la mort, construira sa vie de famille et contribuera Ă  sa rĂ©ussite sentimentale.
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Julien PĂ©lissier (Lectures Ă  vivre: suivi de Vies Ă  Ă©crire (French Edition))
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Il avait un curieux sourire et plus j'observais l'expression de son visage, plus je sentais qu'il s'apprĂȘtait Ă  lancer un assaut dont il sortirait vainqueur. Le combat qui opposait l'homme et la femme, cette Ă©trange lutte factice dans laquelle chaque femme Ă©tait seule face Ă  l'homme qui Ă©tait, lui, barricadĂ© derriĂšre la tradition, la loi et la religion, soutenu par des gĂ©nĂ©rations successives et des siĂšcles d'histoires, par une foule d'hommes, de femmes et d'enfants qui avaient les langues aussi acĂ©rĂ©es que des lames, des canons Ă  la place des yeux et de grandes bouches qui s'ouvraient en mitrailleuses. L'homme se tenait prĂšs de la femme, s'appuyant au monde entier. Il tenait entre ses mains le sceptre de la vie. Le passĂ©, le prĂ©sent et l'avenir lui appartenaient. L'honneur, le respect et la morale lui revenaient, Ă  lui et Ă  lui seul, ainsi que les mĂ©dailles de ses conquĂȘtes fĂ©minines. En somme, il rĂ©gnait sur le monde matĂ©riel et spirituel. Il possĂ©dait mĂȘme cette goutte de sperme qui allait croĂźtre dans le ventre de la femme aprĂšs la bataille. Il pouvait choisir de reconnaĂźtre ou non sa crĂ©ation, de lui donner son nom et de l'honorer. Il pouvait la condamner Ă  vivre ou Ă  mourir.
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Nawal El Saadawi (Ù…Ű°ÙƒŰ±Ű§ŰȘ Ű·ŰšÙŠŰšŰ©)
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Chaque jour, le maĂźtre se contentait de le saluer et commençait son cours. Puis il demeurait invisible le reste de la journĂ©e et restait muet lors du dĂźner. Or, ce matin-lĂ , debout prĂšs de la riviĂšre argentĂ©e, le vieil aveugle lui dit : — Yuko, tu deviendras un poĂšte accompli lorsque, dans ton Ă©criture, tu intĂ©greras les notions de peinture, de calligraphie, de musique et de danse. Et surtout lorsque tu maĂźtriseras l’art du funambule. Yuko se mit Ă  sourire. Le maĂźtre n’avait pas oubliĂ©. — Pourquoi l’art du funambule pourrait-il me servir ? Soseki posa sa main sur l’épaule du jeune homme, comme il l’avait dĂ©jĂ  fait un mois plus tĂŽt. — Pourquoi ? En vĂ©ritĂ©, le poĂšte, le vrai poĂšte, possĂšde l’art du funambule. Écrire, c’est avancer mot Ă  mot sur un fil de beautĂ©, le fil d’un poĂšme, d’une Ɠuvre, d’une histoire couchĂ©e sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas Ă  pas, page aprĂšs page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en Ă©quilibre, aidĂ© du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupĂ©e de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point. Non, le plus difficile, pour le poĂšte, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie Ă  hauteur du rĂȘve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vĂ©ritĂ©, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe. Yuko remercia le maĂźtre de lui enseigner l’art d’une façon si subtile, si belle.
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Maxence Fermine
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« Il n’y a que deux façons de vivre sa vie. L’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout Ă©tait un miracle. » — Albert Einstein (1879-1955)
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Eben Alexander (La preuve du paradis - Voyage d'un neurochirurgien dans l'aprĂšs-vie)
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Alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevĂ© en moi. Je me suis mis Ă  crier Ă  plein gosier et je l'ai insultĂ© et je lui ai dit de ne pas prier. Je l'avais pris par le collet de sa soutane. Je dĂ©versais sur lui tout le fond de mon cƓur avec des bondissements mĂȘlĂ©s de joie et de colĂšre. Il avait l'air si certain, n'est-ce pas ? Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme. Il n'Ă©tait mĂȘme pas sĂ»r d'ĂȘtre en vie puisqu'il vivait comme un mort. Moi, j'avais l'air d'avoir les mains vides. Mais j'Ă©tais sĂ»r de moi, sĂ»r de tout, plus sĂ»r que lui, sur de ma vie et de cette mort qui allait venir. Oui, je n'avais que cela. Mais du moins, je tenais cette vĂ©ritĂ© autant qu'elle me tenait. J'avais eu raison, j'avais encore raison, j'avais toujours raison. J'avais vĂ©cu de telle façon et j'aurais pu vivre de telle autre. J'avais fait ceci et je n'avais pas fait cela. Je n'avais pas fait telle chose alors que j'avais fait cette autre. Et aprĂšs ? C'Ă©tait comme si j'avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube oĂč je serais justifiĂ©.
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Albert Camus
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Ainsi on peut ĂȘtre belle et seule. Ainsi on peut ĂȘtre Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus Ă  se rĂ©veiller, seule, seule dans son cƓur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe Ă©tait un produit achevĂ© de la civilisation du bonheur, la nĂŽtre. Ainsi on peut ĂȘtre belle et seule. Riche et seule. CĂ©lĂšbre et seule. Ainsi on peut ĂȘtre Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus Ă  se rĂ©veiller, seule, seule dans son cƓur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe Ă©tait un produit achevĂ© de la civilisation du bonheur, la nĂŽtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-Ă -dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il Ă  manquer? C'est trĂšs simple. Un jour, on ne dĂ©sire plus rien. Un jour, on se dĂ©couvre mort Ă  l'intĂ©rieur. Alors, obliger la machine Ă  tourner quand mĂȘme, Ă  manger, Ă  boire, Ă  dormir, devient un effort immense, totalement disproportionnĂ© avec le but Ă  atteindre: demeurer, extĂ©rieurement, en vie.
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Françoise Giroud
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Ainsi on peut ĂȘtre belle et seule. Riche et seule. CĂ©lĂšbre et seule. Ainsi on peut ĂȘtre Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus Ă  se rĂ©veiller, seule, seule dans son cƓur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe Ă©tait un produit achevĂ© de la civilisation du bonheur, la nĂŽtre. Ainsi on peut ĂȘtre belle et seule. Riche et seule. CĂ©lĂšbre et seule. Ainsi on peut ĂȘtre Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus Ă  se rĂ©veiller, seule, seule dans son cƓur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe Ă©tait un produit achevĂ© de la civilisation du bonheur, la nĂŽtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-Ă -dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il Ă  manquer? C'est trĂšs simple. Un jour, on ne dĂ©sire plus rien. Un jour, on se dĂ©couvre mort Ă  l'intĂ©rieur. Alors, obliger la machine Ă  tourner quand mĂȘme, Ă  manger, Ă  boire, Ă  dormir, devient un effort immense, totalement disproportionnĂ© avec le but Ă  atteindre: demeurer, extĂ©rieurement, en vie.
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Françoise Giroud
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Ainsi on peut ĂȘtre belle et seule. Riche et seule. CĂ©lĂšbre et seule. Ainsi on peut ĂȘtre Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus Ă  se rĂ©veiller, seule, seule dans son cƓur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe Ă©tait un produit achevĂ© de la civilisation du bonheur, la nĂŽtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-Ă -dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il Ă  manquer? C'est trĂšs simple. Un jour, on ne dĂ©sire plus rien. Un jour, on se dĂ©couvre mort Ă  l'intĂ©rieur. Alors, obliger la machine Ă  tourner quand mĂȘme, Ă  manger, Ă  boire, Ă  dormir, devient un effort immense, totalement disproportionnĂ© avec le but Ă  atteindre: demeurer, extĂ©rieurement, en vie.” ― Françoise Giroud, dans l'Express, citĂ©e par sa biographe Laure Adler, dans Françoise, Grasset, 2011.
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Laure Adler cite Françoise Giroud, qui commente dans l'Express la mort de Marilyn Monroe en 1962.
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On connaĂźt la considĂ©rable contribution de la psychanalyse Ă  cette bĂȘtise modernisĂ©e. Le seul effet de la cure psychanalytique Ă©tait dĂ©jĂ  de transformer le patient en analyste, capable de gloser indĂ©finiment sur ses malheurs. Et la psychanalyse peut bien dĂ©cliner en tant que petit commerce,elle s'est pleinement rĂ©alisĂ©e dans la fausse conscience de ce temps: le commentaire perpĂ©tuel et « l'analyse interminable» sont pris en charge par tout un chacun, dans l'impuissance gĂ©nĂ©rale Ă  intervenir sur sa vie, Ă  trancher. A ceux qui ne trouvent pas eux mĂȘmes leurs raisons dans ce qu'ils vivent directement, il faut toujours plus d'idĂ©es pour ne pas vivre: ils perfectionnent sans cesse leur ignorance au prĂšs des experts, c'est-Ă -dire de ceux qu'ils croient tels. L'existence n'est plus alors qu'une longue suite de« stages de formation» au cours desquels on accumule des connaissances, on thĂ©saurise des capacitĂ©s, pour la jouissance d'une vie imaginaire. L'EncyclopĂ©die des Nuisances, N°7.
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Encyclopedie des Nuisances
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It's odd. Suddenly I don't know what to say, it often happens to me. I know what I want to say. I think about whether it is what I mean, but when the moment comes to speak, I can't say it.
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Vivre Sa Vie
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RĂ©ussir sa vie ? Il y a bien longtemps que le sage ne s’en prĂ©occupe plus ! Vivre lui suffit, dans son insuffisance essentielle. Montaigne encore : « Je veux qu’on agisse, et qu’on allonge les offices de la vie tant qu’on peut, et que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d’elle, et encore plus de mon jardin imparfait2845
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André Comte-Sponville (Du tragique au matérialisme (et retour): Vingt-six études sur Montaigne, Pascal, Spinoza, Nietzsche et quelques autres)
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Suivre son intuition est l’art de se laisser guider par l’ange du cƓur
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Melki Rish (Paroles De Mon Âme: Un Dialogue Avec L'Âme Pour Mieux Vivre Sa Vie)
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L'idĂ©e qu'on puisse enseigner sans difficultĂ© tient Ă  une reprĂ©sentation Ă©thĂ©rĂ©e de l'Ă©lĂšve. La sagesse pĂ©dagogique devrait nous reprĂ©sente le cancre comme l'Ă©lĂšve le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout Ă  lui apprendre, Ă  commencer par la nĂ©cessitĂ© mĂȘme d'apprendre ! Or, il n'en est rien. Depuis la nuit des temps scolaires l'Ă©lĂšve considĂ©rĂ© comme normal est l'Ă©lĂšve qui oppose le moins de rĂ©sistance Ă  l'enseignement, celui qui ne douterait pas de notre savoir et ne mettrait pas notre compĂ©tence Ă  l'Ă©preuve, un Ă©lĂšve acquis d'avance, douĂ© d'une comprĂ©hension immĂ©diate, qui nous Ă©pargnerait la recherche des voies d'accĂšs Ă  sa comprenette, un Ă©lĂšve naturellement habitĂ© par la nĂ©cessitĂ© d'apprendre, qui cesserait d'ĂȘtre un gosse turbulent ou un adolescent Ă  problĂšmes pendant notre heure de cours, un Ă©lĂšve convainc dĂšs le berceau qu'il faut juguler ses appĂ©tits et ses Ă©motions par l'exercice de sa raison si on ne veut pas vivre dans une jungle de prĂ©dateurs, un Ă©lĂšve assurĂ© que la vie intellectuelle est une source de plaisirs qu'on peut varier Ă  l'infini, raffiner Ă  l'extrĂȘme, quand la plupart de nos autres plaisirs sont vouĂ©s Ă  la monotonie de la rĂ©pĂ©tition ou Ă  l'usure du corps, bref un Ă©lĂšve qui aurait compris que le savoir est la seule solution : solution Ă  l'esclavage oĂč nous maintiendrait l'ignorance et consolation unique Ă  notre ontologique solitude. (p. 268-269)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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Ce qui est certain, c'est que si le lien se trouve ĂȘtre dĂ©finitivement rompu entre le professeur et ses Ă©lĂšves lorsque celui-lĂ  se retranche derriĂšre sa persona, son statut, sa fonction au sein de l'institution, la fatigue, l'ennui, voire les signes avant-coureurs de la dĂ©pression risquent de s'installer de maniĂšre plus ou moins durable et d'empoisonner la relation professeur-Ă©lĂšve, cette situation faisant obstacle Ă  la transmission optimale des savoirs, cette transmission Ă©tant la raison d'ĂȘtre principale de l'Ă©cole, sa mission. On assiste dĂ©sormais en classe Ă  un vĂ©ritable combat archĂ©typique entre les forces de vie et les forces de mort. Une bonne gestion archĂ©typique suppose que l'enseignant soit au moins sensibilisĂ© Ă  cette dimension autrement que de maniĂšre purement intellectuelle et, surtout, qu'il soit capable de l'animer et de la vivre de maniĂšre relativement harmonieuse, en acceptant d'ĂȘtre provisoirement dĂ©stabilisĂ©, en acceptant de vivre une part inĂ©vitable d'angoisse et d'instabilitĂ© Ă©motionnelle, ainsi que l'imprĂ©visibilitĂ© des rapports avec ses Ă©lĂšves, en mettant en place une gestion de la relation Ă©ducative qui reste au plus prĂšs de la vie et de sa dynamique, des Ă©nergies mises en jeu, sans faire intervenir de maniĂšre exagĂ©rĂ©e la morale, la biensĂ©ance et son confort personnel et en acceptant de prendre une part normale de risque. (p. 92)
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Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
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Être heureux, c’est apprendre Ă  choisir. Non seulement les plaisirs appropriĂ©s, mais aussi sa voie, son mĂ©tier, sa maniĂšre de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre Ă  ne pas rĂ©pondre Ă  toutes les sollicitations, Ă  hiĂ©rarchiser ses prioritĂ©s.
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Frédéric Lenoir (Du bonheur : un voyage philosophique (Documents) (French Edition))
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En vĂ©ritĂ©, le poĂšte, le vrai poĂšte, possĂšde l'art du funambule. Écrire, c'est avancer mot Ă  mot sur un fil de beautĂ©, le fil d'un poĂšme, d'une Ɠuvre, d'une histoire couchĂ©e sur un papier de soie. Écrire, c'est avancer pas Ă  pas, page aprĂšs page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'Ă©lever du sol et de tenir en Ă©quilibre, aidĂ© du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entre-coupĂ©e de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poĂšte, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'Ă©criture, de vivre chaque heure de sa vie Ă  hauteur du rĂȘve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vĂ©ritĂ©, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe.
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Maxence Fermine (Snow)
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C'est le manque de nouvelles sensations qui pousse a consommer plus pour obtenir du plaisir. Tout est question de culture et de gout. Mais accepter de regarder les choses avec les yeux d'une autre culture permet d'enrichir notre propre quotiden. Pour manger beau, bon et sain et en faire un style de vie, il faut enrayer la monotonie et la morosite. Manger beau, bon et sain fait partie des plus grands plaisirs de la vie. La beaute nourrit autant que les vitamines. Les Japonais considerent que la grandeur d'un repas tient a 50% dans sa presentation et a 50% dans son gout. L'esthetique en general et dans chaque detail du quotidien exerce des pouvoirs magiques sur notre moral, notre psychisme, notre bonheur. Il n'est pas necessaire d'avoir beaucoup de moyens, mais d'utiliser ce que l'on possede avec style, elegance et gout. Si les gens etaient davantage entoures de beaute, ils ressentiraient moins le besoin de consommer, de detruire, de gagner de l'argent a tout prix. Selon les Chinois, seul le sauvage et le barbare ne cuisinent pas. Tout Chinois eprouve le besoin de cuisiner pour se sentir vivre et apprivoiser le naturel qui sommeille au coeur de l'Homme. Nul exercice de yoga, nulle meditation dans une chapelle ne vous remontera plus le moral que la simple tache de fabriquer votre propre pain. M.F.K Fisher, The art of eating Le o bento est probablement l'une des formes du zen la plus pratique, populaire et accessible a tous: tout prevoir a l'avance, se prendre en charge sans dependre d'autrui, ne pas gaspiller et soigner sa sante tout en vivant avec art. La lassitude gastronomique conduit a une alimentation malsaine, a la morosite de la vie et a la maladie. Les taches domestiques seront peut-etre revalorisees le jour ou nous comprendrons l'importance qu'elles ont sur notre equilibre physique et psychologique. Il faut etre tres riche pour s'enrichir encore en se depouillant. L'art culinaire est devenu une mode, qui, comme tant d'autres formes de boulimie ( plaisir, bonheur, exotisme, depaysement ), nous susurre constamment: "changez, essayez, achetez". Les habitudes etant une seconde nature, tout ce a quoi nous nous habituons perd de son charme.
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Dominique Loreau (L'art de la frugalité et de la volupté)
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Les secrets du bonheur sont souvent la ou on ne les voit pas: a notre portee. Le vrai luxe se cache au coeur d'un equilibre delicat entre une vie simple et frugale et une vie aussi gaie et legere que des bulles de champagne. Le juste milieu, c'est l'equilibre atteint entre satisfaire ses envies - etre en vie - et ne pas ceder aux exces. Notre attirance envers certaines marques. Lorsque nous nous sommes emotionnellement connectes a une marque, celle-ci devient pour nous unique. Le choix de nos objets, de nos meubles, de nos possessions en general est tres important pour notre equilibre et notre bonheur: ce que nous possedons doit refleter exactement ce que nous sommes et representer les valeurs que nous portons en nous. La beaute est la promesse du bonheur. Stendhal Avoir une bonne image de soi-meme rend la vie infiniment plus simple. Si vous vous aimez, cela se refletera sur votre physionomie. Celles qui sont depourvues d'identite tentent souvent, par le biais de la mode, d'en acquerir une. Celles, au contraire, qui savent qu'elles ont un charme naturel, parlent, marchent avec une certaine aisance. Vivre dans le luxe, c'est surtout vivre libre de tout souci et de toute angoisse pour le futur, etre capable d'apprecier chaque moment de l'existence et avoir assez de sagesse, de connaisance et bon sens pour vivre en paix avec soi. L'education de nos sens et de nos emotions est plus importante que celle de nos idees. Bien vivre, ce n'est pas vivre dans l'abondance materielle mais developper sa creativite, cultiver sa capacite a porter attention a ce qui nous entoure. Vivre avec attention repose sur la sante mentale et la sante mentale repose sur le fait de preter attention. Pour apprecier quelque chose, il faut pouvoir en prendre conscience. Et c'est en cela que la culture et les voyages aident a vivre mieux et plus luxueusement. La pauvrete, c'est le maximum d'effort pour le minimum de resultat. La richesse, c'est le minimum d'effort pour le maximum de resultat. Abraham Lincoln Parvenir a vivre a son propre rythme est le luxe de ceux qui savent veritablement jouir de l'existence. Aimer vivre et decouvrir est un luxe. Lorsque nous sommes en vacances, nous nous autorisons a etre heureux. Il y a dix ans, le luxe c'etait de posseder un portable; aujourd'hui, c'est de pouvoir l'eteindre. Ce n'est qu'en se fondant a la beaute de la nature qu'on peut retrouver la capacite de s'emerveiller devant la vie. Seule la nature peut aider notre mental a ralentir sa course folle et redonner de la vie a nos sens. regarder, observer, sentir, humer - la nature a le pouvoir magique de calmer l'esprit. Mange sans parler. Pas besoin de mots, la vie se vit sans qu'on ait besoin de la dire. La dire, c'est souvent ne pas la vivre. La dire abondamment, c'est souvent la vivre petitement.
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Dominique Loreau (Arta Rafinamentului)
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L'image poétique est est une émergence du langage, elle est toujours un peu au-dessus du langage signifiant. A vivre les poÚmes on a donc l'expérience salutaire de l'émergence. C'est là sans doute de l'émergence à petite portée. Mais ces émergences se renouvellent; la poésie met la langue en état d'émergence. La vie s'y désigne par sa vivacité. Ces états linguistiques qui sortent de la ligne ordinaire du langage pragmatique sont des miniatures de l'élan vital.
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Gaston Bachelard (La poĂ©tique de l'espace: Édition Ă©tablie par Gilles Hieronimus)
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Selon les diseuses de bonne aventure les cartes rouges et noires ne me laissent pas le choix. Dans ma paume, la ligne de vie est creusĂ©e comme une cicatrice. Il n'y aura pas de miracles. Mon sang ne remontera pas sa pente. Ce qui doit m'arriver, m'arrivera implacablement et s'imposera tel un long rĂȘve insupportable. On m'a permis d'espĂ©rer, sans que l'espoir me soit imposĂ© par quiconque. Alors, je ne demande que de vivre en paix entre mes frontiĂšres.
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Dan Pagis
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Le tournage de "La Source des femmes" a Ă©tĂ© un moment inoubliable grĂące aux gens, grĂące Ă  ce lieu majestueux, fĂ©erique, grĂące Ă  un village et Ă  ses habitants qui nous ont accueillis comme des membres de leur famille. J'avais souhaitĂ© que le village ne soit pas un dĂ©cor, qu'on ne l'envahisse pas comme un plateau de cinĂ©ma, mais qu'on le laisse vivre, saisissant sa vie tout en s'adaptant Ă  lui. Dans l'espoir aussi qu'il nous adopte. Nous nous Ă©tions imposĂ© deux conditions : qu'on respecte les traditions et la culture du lieu, qu'on fasse, nous, l'effort de s'y adapter, et qu'on propose du travail Ă  tous les habitants du village –trois cent cinquante– s'ils le dĂ©siraient. Quasiment tous les adultes, femmes comme hommes, ont participĂ© au tournage : dĂ©corations, costumes, production, mise en scĂšne, cantine
 ou ont jouĂ© dans le film. La qualitĂ© d'une Ɠuvre cinĂ©matographique dĂ©pend, je pense, de la qualitĂ© des femmes et des hommes qui y participent et des liens qui se crĂ©ent entre eux. Merci Ă  vous tous, habitants de Warialt et membres de l'Ă©quipe du tournage, marocains, belges, palestiniens, algĂ©riens, français.
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Radu Mihaileanu (La Source des femmes)
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Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, Ă  envahir les sentiments ; il consiste plutĂŽt en une frĂ©quentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible Ă  notre regard. Elle nous le vole, mais elle le complĂšte Ă©galement d'une maniĂšre inĂ©dite. DĂšs le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisaient l'action et les changements constants d'une physionomie, celle-ci nous rĂ©vĂšle souvent pour la premiĂšre fois sa quintessence, l'Ă©lĂ©ment que le dĂ©roulement de l'existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir totalement. Et cette nouvelle connaissance prend la forme d'une expĂ©rience spontanĂ©ment partagĂ©e comme au temps du contact personnel, elle ne rĂ©sulte pas d'un effort de pensĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©, animĂ© par le dĂ©sir de cĂ©lĂ©brer le dĂ©funt ou de trouver consolation. Cette appropriation passionnĂ©e, cette dĂ©couverte pour la premiĂšre fois possible, nulle diversion, nulle autre impression de notre vie ne peut la dĂ©tourner de son cours, il suffit d'Ă©couter le message qui nous parvient de ces lĂšvres muettes : « Écoute ce vent qui souffle! la nouvelle ininterrompue qui se forme dans le silence. » C'est ce qui m'est arrivĂ© durant cet hiver 1926-1927 que Rainer Maria Rilke, dans une lettre Ă©crite de son lit de mort, appelait « un mauvais vent qui souffle ». Alors la bouleversante diffĂ©rence entre survivre et mourir devint mineure. IrrĂ©sistiblement s'imposa la constatation que toute relation humaine tient Ă  la force que nous lui consacrons : toutes ne sont-elles pas, et bien souvent les plus chĂšres, des signes et des images de nos tout premiers Ă©lans amoureux, qui nous ont appris Ă  aimer, avant mĂȘme leur propre naissance? - de mĂȘme que les nuages de l'est brillent grĂące au rayonnement du soleil qui se couche Ă  l'ouest. De leur vivant, nous distinguons mal ceux auxquels nous sommes unis avec le plus d'Ă©clat - d'un Ă©clat qui ne peut cesser de rayonner. Il y a une part de notre amour qui reste enfermĂ©e dans le cercueil, celle que nous pleurons et dont la perte nous endeuille le plus ; et l'autre, qui continue Ă  vivre et Ă  rĂ©agir Ă  tout ce qui nous arrive, en dialogue, une part qui semble toujours sur le point de redevenir rĂ©alitĂ©, parce qu'elle touche Ă  ce qui nous rĂ©unit Ă©ternellement avec la vie et la mort.
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Lou Andreas-Salomé (Rainer Maria Rilke)
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Isabelle n’aimait pas la jouissance, mais Esther n’aimait pas l’amour, elle ne voulait pas ĂȘtre amoureuse, elle refusait ce sentiment d’exclusivitĂ©, de dĂ©pendance, et c’est toute sa gĂ©nĂ©ration qui le refusait avec elle. J’errais parmi eux comme une sorte de monstre prĂ©historique avec mes niaiseries romantiques, mes attachements, mes chaĂźnes. Pour Esther, comme pour toutes les jeunes filles de sa gĂ©nĂ©ration, la sexualitĂ© n’était qu’un divertissement plaisant, guidĂ© par la sĂ©duction et l’érotisme, qui n’impliquait aucun engagement sentimental particulier ; sans doute l’amour n’avait-il jamais Ă©tĂ©, comme la pitiĂ© selon Nietzsche, qu’une fiction inventĂ©e par les faibles pour culpabiliser les forts, pour introduire des limites Ă  leur libertĂ© et Ă  leur fĂ©rocitĂ© naturelles. Les femmes avaient Ă©tĂ© faibles, en particulier au moment de leurs couches, elles avaient eu besoin Ă  leurs dĂ©buts de vivre sous la tutelle d’un protecteur puissant, et Ă  cet effet elles avaient inventĂ© l’amour, mais Ă  prĂ©sent elles Ă©taient devenues fortes, elles Ă©taient indĂ©pendantes et libres, et elles avaient renoncĂ© Ă  inspirer comme Ă  Ă©prouver un sentiment qui n’avait plus aucune justification concrĂšte. Le projet millĂ©naire masculin, parfaitement exprimĂ© de nos jours par les films pornographiques, consistant Ă  ĂŽter Ă  la sexualitĂ© toute connotation affective pour la ramener dans le champ du divertissement pur, avait enfin, dans cette gĂ©nĂ©ration, trouvĂ© Ă  s’accomplir. Ce que je ressentais, ces jeunes gens ne pouvaient ni le ressentir, ni mĂȘme exactement le comprendre, et s’ils l’avaient pu ils en auraient Ă©prouvĂ© une espĂšce de gĂȘne, comme devant quelque chose de ridicule et d’un peu honteux, comme devant un stigmate de temps plus anciens. Ils avaient rĂ©ussi, aprĂšs des dĂ©cennies de conditionnement et d’efforts ils avaient finalement rĂ©ussi Ă  extirper de leur cƓur un des plus vieux sentiments humains, et maintenant c’était fait, ce qui avait Ă©tĂ© dĂ©truit ne pourrait se reformer, pas davantage que les morceaux d’une tasse brisĂ©e ne pourraient se rĂ©assembler d’eux-mĂȘmes, ils avaient atteint leur objectif : Ă  aucun moment de leur vie, ils ne connaĂźtraient l’amour. Ils Ă©taient libres
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Michel Houellebecq (La possibilité d'une ßle (French Edition))
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI) La disette a tuĂ© toute brise de vent. Le soleil s’est fondu et coulĂ© de partout. Le ciel est restĂ© vide et brĂ»lant Les seaux ne tirent des fontaines que de boue. Sur les bois frĂ©quemment feux, toujours feux Dansent sauvages, sataniques jeux. Je poursuis papa en route vers les buttes, Les chardons, les sapins m’écorchent sĂ©chĂ©s. Tous les deux commençons la poursuite des chĂšvres, La chasse d’la famine en montagnes de tout prĂšs. La soif m’accable. Bouillit sur la pierre Le fil d’eau filtrĂ© des ruisseaux. La tempe pĂšse l’épaule, comme si j’erre Une autre planĂšte, immense, Ă©trange, ennuyeux. Nous restons dans l’endroit oĂč encore retentissent Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux. Quand la lune s’élĂšve et le soleil se couche Ici viendront Ă  la fil s’abreuver Une par une, les biches. Je dis Ă  papa que j’ai soif. Il me fait signe de m’ taire. Enivrante eau. Comme tu t’agites limpide ! Je suis liĂ© par soif de cette ĂȘtre qui meurt À l’heure fixĂ© par loi et habitude. La vallĂ©e raisonne en bruissements flĂ©tris. Quel affreux crĂ©puscule flotte dans l’univers ! Le sang Ă  l’horizon. Ma poitrine rouge comme si J’ai essuyĂ© mes mains sur mon poitrail. Comme sur autel fougĂšres brĂ»lent en flammes violĂątres Et les Ă©toiles frappĂ©es parmi celles-ci miroitent. HĂ©las ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas Superbe offrande de mon noble bois ! Elle se monta sautant et s’arrĂȘta Scrutant les alentours avec de crainte Ses minces narines faisaient frĂ©mir l’eau Avec les cercles en cuivre errantes. Dans ses yeux moites brillait un certain indĂ©cis Je savais qu’elle aura mal, qu’elle va mourir. Il me semblait revivre un rĂ©cit Avec la biche, jadis une trĂšs belle fille. D’en haut, la pĂąle lumiĂšre, lunaire, Bruinait sur sa fourrure douces fleurs d’cerisier. HĂ©las ! comme je voudrais que pour la premiĂšre fois Le coup d’fusil d’papa va Ă©chouer. Mais les vallĂ©es rĂ©sonnent. Elle tombe Ă  genoux. Elle lĂšve sa tĂȘte, la tourne vers les Ă©toiles La dĂ©vala alors, en dĂ©clenchant sur eaux Fuyards tourbillons de perles noires. Un oiseau bleu bonda dans les rameaux La vie d’la biche vers l’espace attardĂ© Vola trĂšs lentement, en cris, comme en automne oiseaux Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagĂ©s. En chancelant je suis allĂ© pour lui fermer Ses yeux ombreux comme en engoisse veillĂ©s de cornes Silencieux et blanc j’ai tressailli quand l’pĂšre Me dit de tout son cƓur: “VoilĂ  de la viande !” “J’ai soif”, je dis. Papa m’incite Ă  m’abreuver. Enivrante eau, enveloppĂ© en brume ! Je suis liĂ© par soif de cette biche gaspillĂ©e A l’heure fixĂ©e par loi et par coutume
 Mais la loi nous est dĂ©serte, Ă©trangĂšre Quand la vie en nous trĂšs difficile s’anime Coutumes, compassions sont toutes dĂ©sertes Quand mĂȘme ma sƓur malade est une des victimes. La carabine d’ papa n’ Ă©mane que de fumĂ©e HĂ©las ! Sans vent s’empressent les feuillages en foule Papa prĂ©pare un feu tout effrayĂ© HĂ©las ! comme la forĂȘt se dĂ©nature ! De l’herbe, sans adresse, je prends en mains Une mince clochette d’un cliquetis argentin . Papa tire de la broche avec sa main Le cƓur de la chevreuil et ses chauds reins. C’est quoi le cƓur ?
 J’ai faim. Je veux vivre, j’ voudrais
 Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimĂ©e
 J’ai sommeil
 Comme il est haut le feu ! Et la forĂȘt sauvage ! Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mange
 1954 (cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae LabiƟ (Poezii (Biblioteca Eminescu) (Romanian Edition))
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J’aimais me penser comme celle qui pouvait changer sa vie. À plus d’un Ă©gard — de la littĂ©rature, du thĂ©Ăątre, des usages bourgeois — j’étais son initiatrice mais ce qu’il me faisait vivre Ă©tait aussi une expĂ©rience initiatique. La principale raison que j’avais de vouloir continuer cette histoire, c’est que celle-ci, d’une certaine maniĂšre, avait dĂ©jĂ  eu lieu, que j’en Ă©tais le personnage de fiction.
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Annie Ernaux (Le jeune homme)
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Pour faire le menage, il faut aimer ce qui est beau. L'intelligence est de tirer de chaque situation le meilleur de ce qu'elle peut vous offrir. Dans le zen, qui evite les gestes inutiles, le fer a repasser n'existe pas. Le wabi sabi est un concept esthetique zen, developpe par les maitres de the du XVIeme siecle, qui valorise la beaute de l'imperfection, le gout pour les choses qui ont vieilli, pour la patine des objets. Nettoyer, c'est aussi un moyen de garder le contact avec notre environnement, de le respecter, de reveler sa beaute et sa dimension spirituelle et purifier notre esprit a travers ces objets auxquels nous sommes associes. C'est aussi les soigner, les respecter. L'importance des objets dans la culture japonaise revele l'amour de la beaute et du travail bien fait. Nous pouvons purifier notre esprit a travers les objets que nous possedons. Faire son menage, c'est etre autonome, c'est se connecter a sa propre realite, c'est vivre sa vie. Le menage est une facon de mediter sur le sens de la vie, de "remettre ses pendules a l'heure", de reprendre en main les renes de son destin. Le zen apprend que la meditation en mouvement pendant le travail manuel a beaucoup plus de valeur que la meditation dans les postures statiques. Apprenons a vivre l'instantpresent dans la joie et a apprecier le bonheur qui nous est accessible.
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Dominique Loreau (Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi: Pour soigner son corps et son esprit)
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S’il est une leçon que doit retenir la jeunesse, c’est que la survivance d’un peuple se conquiert beaucoup moins par les beaux coups d’éclat, par les victoires d’éloquence, que par les Ɠuvres constructives. Être fort pour un peuple, c’est l’ĂȘtre d’abord par la vigueur intĂ©rieure de son Ăąme, par sa constitution sociale, Ă©conomique, intellectuelle, morale. Cela mĂȘme est la premiĂšre condition de dĂ©fense contre l’ennemi extĂ©rieur; pour ĂȘtre un bon soldat il faut ĂȘtre physiquement et moralement bien constituĂ©. La fiertĂ© fut bien, dans le passĂ© tout proche, l’une des vertus qui nous ont le plus manquĂ©, quand fort peu pourtant nous Ă©taient aussi nĂ©cessaires. Un peuple faible par le nombre, peut se passer, Ă  la rigueur, de richesse et mĂȘme d’art; il ne saurait se passer d’ĂȘtre fier. Pour vivre il faut d’abord se convaincre que la vie en vaut la peine; et notre peuple n’aura plus de raisons de perpĂ©tuer sa race quand il y aura vu la cause d’une infĂ©rioritĂ©. Pour ĂȘtre fiers, les jeunes n’ont besoin que de savoir qui ils sont. Il n’appartient pas aux fils des grands Français qui ont bĂąti ce chef-d’Ɠuvre d’histoire que fut la Nouvelle-France, de chercher ailleurs que chez eux, les raisons de leur dignitĂ©. Si cette gloire fut entachĂ©e d’une dĂ©faite, nos pĂšres ont empĂȘchĂ© que cette dĂ©faite fĂ»t irrĂ©parable; il y a mĂȘme beau temps qu’ils l’ont rachetĂ©e. Aujourd’hui, dans notre pays, oĂč notre ordre social fait l’envie des autres, nous n’avons que le dĂ©shonneur de nous mal juger nous-mĂȘmes. Nous sommes pourtant la race qui n’a jamais violĂ© le droit d’autrui. PersĂ©cutĂ©s souvent, nous n’avons jamais Ă©tĂ© persĂ©cuteurs. Le service de la civilisation par la propagande de la foi du Christ, plus que personne en AmĂ©rique, nous l’avons pratiquĂ©. Tous ces motifs de fiertĂ© suffiraient Ă  de moins inattentifs.
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Lionel Groulx (Notre maßtre le passé)
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Il continue sa vie, sans embûches, sans répercussions. Il m'a détruite et il a le droit de vivre une vie heureuse. Et moi, je suis brisée à tout jamais.
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Mirion Malle (C'est comme ça que je disparais)
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La fiertĂ© fut bien, dans le passĂ© tout proche, l'une des vertus qui nous ont le plus manquĂ©, quand fort peu pourtant nous Ă©taient aussi nĂ©cessaires. Un peuple faible par le nombre, peut se passer, Ă  la rigueur, de richesse et mĂȘme d'art; il ne saurait se passer d'ĂȘtre fier. Pour vivre il faut d'abord se convaincre que la vie en vaut la peine; et notre peuple n'aura plus de raisons de perpĂ©tuer sa race quand il y aura vu la cause d'une infĂ©rioritĂ©. Pour ĂȘtre fiers, les jeunes n'ont besoin que de savoir qui ils sont. Il n'appartient pas aux fils des grands Français qui ont bĂąti ce chef-d’Ɠuvre d'histoire que fut la Nouvelle-France, de chercher ailleurs que chez eux, les raisons de leur dignitĂ©. Si cette gloire fut entachĂ©e d'une dĂ©faite, nos pĂšres ont empĂȘchĂ© que cette dĂ©faite fĂ»t irrĂ©parable; il y a mĂȘme beau temps qu'ils l'ont rachetĂ©e. Aujourd'hui, dans notre pays, oĂč notre ordre social fait l'envie des autres, nous n'avons que le dĂ©shonneur de nous mal juger nous-mĂȘmes. Nous sommes pourtant la race qui n'a jamais violĂ© le droit d'autrui. PersĂ©cutĂ©s souvent, nous n'avons jamais Ă©tĂ© persĂ©cuteurs. Le service de la civilisation par la propagande de la foi du Christ, plus que personne en AmĂ©rique, nous l'avons pratiquĂ©. Tous ces motifs de fiertĂ© suffiraient Ă  de moins inattentifs.
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Lionel Groulx (Notre maßtre le passé)
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passé et futur. Le principe de la réciprocité : Une personne qui a reçu une aide ou une faveur d'une autre personne se sentira redevable envers elle, et sera donc plus susceptible de lui rendre service à l'avenir. Ces principes sont applicables à toutes les relations sociales, y compris les relations amoureuses. Par exemple, si une personne aide son partenaire à résoudre un problÚme difficile, cette derniÚre sera plus susceptible
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Albert MIRAK (Relation amoureuse saine: Les clés pour construire un amour sain et épanouissant. Comment réussir sa vie de couple, mieux vivre ensemble avec plus d'amour et moins de conflits. (French Edition))
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mĂ©rite pas l’amour d’un homme tel que lui. En venant Ă  Londres, il voulait me prouver que j’étais la femme de sa vie. Je lui ai prouvĂ© le contraire. Cette conclusion me fend le cƓur, me tord les boyaux, l’idĂ©e de l’avoir perdu m’est insupportable. Je ne sais pas, je ne sais plus comment vivre sans lui
 Les yeux ruisselants de larmes et mes escarpins Ă  la main, je pĂ©nĂštre dans notre chambre en espĂ©rant y trouver Marcus. Les sons que je perçois une fois la porte fermĂ©e m’indiquent qu’il est lĂ , mais qu’il n’est pas seul. Apparemment, pendant que je foutais en l’air la plus belle histoire de ma vie, lui invitait un homme dans son lit. N’importe oĂč, n’importe quand, mais pas ici, pas maintenant ! Je n’ose pas m’avancer, mais pendant une demi-seconde, j’hĂ©site Ă  interrompre ce qui semble ĂȘtre une partie de jambes en l’air dĂ©mente (et trĂšs vocale). Finalement, je
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Emma Green (Incandescent (Les 100 Facettes de Mr. Diamonds #11))
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Parce que les scĂ©narios qu'on Ă©labore ne servent Ă  rien. Parce qu'on ne peut rien changer Ă  ce qui s'est passĂ©. Parce qu'on peut passer sa vie Ă  sa culpabiliser, Ă  se dire qu'on aurait dĂ» prendre d'autres dĂ©cisions, au bout du compte la rĂ©alitĂ© sera toujours la mĂȘme. Parce qu'il est inutile d'ajouter de la colĂšre Ă  la tristesse. Parce qu'il est temps de vivre avec cette rĂ©alitĂ©. Parce que vivre avec, ce n'est pas oublier.
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Carùne Ponte (Et ton cƓur qui bat)
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Anchise regardait son maĂźtre avec des yeux pleins de gratitude, on aurait cru qu’il comprenait leur conversation et qu’il Ă©tait en train de vivre le plus beau jour de sa vie.
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Niko Tackian (Avalanche HĂŽtel)
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Être heureux, c’est apprendre Ă  choisir. Non seulement les plaisirs appropriĂ©s mais aussi sa voie, son mĂ©tier, sa maniĂšre de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre Ă  ne pas rĂ©pondre Ă  toutes les sollicitations, Ă  hiĂ©rarchiser ses prioritĂ©s. L’exercice de la raison permet une mise en cohĂ©rence de notre vie en fonction des valeurs ou des buts que nous poursuivons. Nous choisissons de satisfaire tel plaisir ou de renoncer Ă  tel autre parce que nous donnons un sens Ă  notre vie – et ce, aux deux acceptions du terme : nous lui donnons Ă  la fois une direction et une signification.
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SĂ©nĂšque
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Il travaille pour se libĂ©rer de la nĂ©cessitĂ© de travailler, il se rend esclave pour se libĂ©rer de la servitude, et ce tragique paradoxe sera dorĂ©navant la formule de sa vie : Ă©crire pour ĂȘtre dispensĂ© d’écrire ; amasser beaucoup d’argent pour ne plus ĂȘtre contraint de songer Ă  l’argent ; Ă©pargner pour pouvoir dĂ©penser ; se retrancher du monde pour avoir les moyens de le conquĂ©rir ; bĂ»cher, bĂ»cher, bĂ»cher jour et nuit, sans trĂȘve, sans joie, sans vie, pour vivre enfin la vie rĂ©elle

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Jean-Marc Ligny (La Dame Blanche)
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Écrire c'est une façon de connaĂźtre. Dans connaĂźtre il y a le mot naĂźtre. NaĂźtre sans cesse au rĂ©el d'une connaissance jamais intransigeante et dominatrice, mais toujours spĂ©culative. C'est multiplier sa vie dans et par le langage, vivre comme dans un lieu oĂč tout part et revient sans cesse. [...] C'est une autre forme de l'amour fou.
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Marie Uguay (Journal)
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J'attendais en vain Que le monde entier m'acclame Qu'il me dĂ©clare sa flamme... Souvent, je me suis pris pour un autre et j'ai fait des doubles fautes... Si, souvent, sur la sellette, je rĂȘvais de paillettes, long est le chemin qui mĂšne À la faillite en presque tous les domaines Si, souvent, j'ai broyĂ© du noir, du gris, du magenta, du marc, de l'eau-de-vie De l'art de vivre sans personne qui t'aime
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Benjamin Biolay
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Parole aprĂšs parole, le visage de Reine Sans Nom s'amenuisait et je ne savais comment lui dire de se taire, et elle chuchotait Ă  mon oreille, me dĂ©signant d'un doigt la bruine qui tombait doucement du ciel... ce ne sont pas des pleurs, mais une lĂ©gĂšre buĂ©e, car une Ăąme humaine doit regretter la vie... et une douceur extrĂȘme passa dans sa voix tandis qu'elle murmurait encore... Ă©coute, les gens t'Ă©pient, ils comptent toujours sur quelqu'un pour savoir comment vivre... si tu es heureuse, tout le monde peut ĂȘtre heureux et si tu sais souffrir, les autres sauront aussi... chaque jour tu dois te lever et dire Ă  ton cƓur : j'ai assez souffert et il faut maintenant que je vive, car la lumiĂšre du soleil ne doit pas se gaspiller, se perdre sans aucun Ɠil pour l'apprĂ©cier... et si tu n'agis pas ainsi tu n'auras pas le droit de dire : c'est pas ma faute, lorsque quelqu'un cherchera une falaise pour se jeter Ă  la mer...
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Schwarz-Bart Simone
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À chaque porte qui s’ouvrait je voyais un nouveau monstre. Et puis, enfin, je tombai sur un pauvre idiot qui avait vraiment envie de se cultiver, et cela m’acheva. J’eus honte de moi, de mon pays, de ma race, de mon Ă©poque. Il me fallut un temps du diable pour le convaincre de ne pas acheter cette sacrĂ©e EncyclopĂ©die. Il me demanda innocemment pourquoi, dans ce cas, j’avais frappĂ© chez lui – et sans une minute d’hĂ©sitation je lui racontai un mensonge gros comme moi, un mensonge qui devait par la suite se rĂ©vĂ©ler exact : une grande vĂ©ritĂ©. Je lui racontai que je faisais semblant de vendre cette EncyclopĂ©die, Ă  seule fin de rencontrer des gens et d’écrire Ă  leur propos. Cela eut le don de l’intĂ©resser Ă©normĂ©ment, plus mĂȘme que l'EncyclopĂ©die. Il voulut savoir ce que j’écrirais sur son compte – pouvais-je le lui dire ? Il m’a pris vingt ans de ma vie pour rĂ©pondre Ă  cette question. Mais la voici, ma rĂ©ponse. « Si cela vous intĂ©resse encore de le savoir, chez M. X., de Bayonne, voici... Je vous dois beaucoup parce que aprĂšs ce mensonge que je vous avais racontĂ©, en sortant de chez vous, je dĂ©chirai le prospectus que m’avait fourni l'EncyclopĂ©die britannique et le jetai dans le caniveau. Je me dis que jamais plus je n’irais trouver les gens sous de faux prĂ©textes, fĂ»t-ce pour leur distribuer la Sainte Bible. Jamais plus je n’irais rien vendre, dussĂ©-je en crever de faim. Je rentre chez moi maintenant pour m’asseoir Ă  mon bureau et coucher sur le papier ce que je sais des gens. Et si quelqu’un cogne Ă  ma porte et vient me vendre quelque chose, entrez donc, lui dirai-je, pourquoi diable faites-vous ce mĂ©tier ? Et s’il me dit que c’est parce qu’il a besoin de vivre, je lui offrirai tout l’argent que j’ai en poche et le supplierai de rĂ©flĂ©chir encore une fois Ă  ce qu’il fait. Je voudrais empĂȘcher le plus de gens possible de feindre d’avoir Ă  faire ceci ou cela pour gagner leur vie. Rien de plus faux. Mieux vaut encore crever vraiment de faim. Quiconque se laisse volontairement crever de faim ajoute une dent Ă  l’engrenage du processus automatique. J’aimerais mieux voir un homme empoigner son fusil et tuer son prochain pour se procurer la nourriture qui lui manque, que d’entretenir le processus automatique en prĂ©tendant que cet homme doit gagner sa vie. VoilĂ  ma rĂ©ponse, cher M. X. »
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Pourquoi diable me soucierais-je du prix des choses ? Ma raison d’ĂȘtre est de vivre, non de calculer. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que cette bande de vaches ne veut pas que l’on fasse – vivre ! Ce qu’ils veulent c’est que l’on passe sa vie Ă  aligner des chiffres. Ils comprennent ça, les chiffres. Ça vous a un air raisonnable, intelligent. Si c’était moi qui tenais la barre du gouvernail, peut-ĂȘtre l’ordre ne rĂ©gnerait-il pas, mais bon Dieu la vie serait plus drĂŽle ! On ne passerait pas le temps Ă  chier dans sa culotte Ă  propos de choses qui n’en valent pas la peine. Peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de macadam dans les rues, ni de voitures aĂ©rodynamiques, ni de haut-parleurs, ni de trucs ni de machins de mille millions de sortes ; peut-ĂȘtre mĂȘme n’y aurait-il pas de vitres aux fenĂȘtres, peut-ĂȘtre devrait-on dormir Ă  mĂȘme le sol ; peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de cuisine Ă  la française, Ă  l’italienne, Ă  la chinoise ; peut-ĂȘtre les gens s’entretueraient-ils quand ils seraient Ă  bout de patience, et peut-ĂȘtre personne ne les en empĂȘcherait-il parce qu’il n’y aurait pas plus de taule que de flics ni de juges, et qu’il n’y aurait certainement pas de ministres ni de gouvernement, ni de question d’obĂ©ir ou de dĂ©sobĂ©ir Ă  leurs saloperies de lois ;
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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La vie n'est pas belle en soi, pas plus qu'elle n'est aimable en soi. Elle est belle parce que nous savons voir sa beautĂ©. Elle est aimable parce que nous voulons l'aimer. Deux personnes peuvent avoir exactement la mĂȘme existence, faire les mĂȘmes rencontres, vivre les mĂȘmes Ă©vĂšnements. L'une donnera du sens Ă  ce qui lui arrive, aimera la vie et en verra toute la beautĂ©, malgrĂ© la douleur et les obstacles. L'autre peut n'y voir que les difficultĂ©s, ĂȘtre Ă©crasĂ©e par elles, trouver la vie absurde et dĂ©testable. Tout rĂ©side dans notre regard. Tout rĂ©side dans la reprĂ©sentation que nous nous faisons du monde. Tout rĂ©side dans notre libertĂ© Ă  consentir Ă  ce qui est et ou Ă  refuser ce qui est. Tout rĂ©side dans notre dĂ©sir, ou non, de grandir en humanitĂ©, en connaissance et en amour. Si tu as ce dĂ©sir, Hugo, tu sauras utiliser chaque expĂ©rience comme une occasion de t'amĂ©liorer, d'ĂȘtre plus lucide, de quitter tes peurs et d'aimer plus. Et une joie habitera ton Ăąme. Une joie profonde, que rien ni personne ne pourra t'enlever. C'est cette joie qui chante dans mon cƓur depuis si longtemps, malgrĂ© tant d'Ă©preuves et de difficultĂ©s.
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Frédéric Lenoir (La Consolation de l'ange (French Edition))
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Pourquoi diable me soucierais-je du prix des choses ? Ma raison d’ĂȘtre est de vivre, non de calculer. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que cette bande de vaches ne veut pas que l’on fasse – vivre ! Ce qu’ils veulent c’est que l’on passe sa vie Ă  aligner des chiffres. Ils comprennent ça, les chiffres. Ça vous a un air raisonnable, intelligent. Si c’était moi qui tenais la barre du gouvernail, peut-ĂȘtre l’ordre ne rĂ©gnerait-il pas, mais bon Dieu la vie serait plus drĂŽle ! On ne passerait pas le temps Ă  chier dans sa culotte Ă  propos de choses qui n’en valent pas la peine. Peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de macadam dans les rues, ni de voitures aĂ©rodynamiques, ni de haut-parleurs, ni de trucs ni de machins de mille millions de sortes ; peut-ĂȘtre mĂȘme n’y aurait-il pas de vitres aux fenĂȘtres, peut-ĂȘtre devrait-on dormir Ă  mĂȘme le sol ; peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de cuisine Ă  la française, Ă  l’italienne, Ă  la chinoise ; peut-ĂȘtre les gens s’entretueraient-ils quand ils seraient Ă  bout de patience, et peut-ĂȘtre personne ne les en empĂȘcherait-il parce qu’il n’y aurait pas plus de taule que de flics ni de juges, et qu’il n’y aurait certainement pas de ministres ni de gouvernement, ni de question d’obĂ©ir ou de dĂ©sobĂ©ir Ă  leurs saloperies de lois ; peut-ĂȘtre faudrait-il des mois et des annĂ©es pour cheminer d’un lieu Ă  l’autre, mais on n’aurait besoin ni de visa ni de passeport ni de carte d’identitĂ©, parce qu’on n’aurait besoin de figurer sur aucun registre, qu’on ne porterait pas de numĂ©ro et que si l’on avait envie de changer de nom toutes les semaines, qui l’empĂȘcherait ? Ça ne ferait pas la moindre diffĂ©rence vu qu’on ne possĂ©derait rien que ce que l’on pourrait emporter avec soi, et pourquoi diable aurait-on alors envie de possĂ©der quoi que ce soit puisqu’il ne serait plus question de rien possĂ©der ?
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Ou, plutÎt, elle voulait cela aussi, d'une certaine façon. Elle aussi voulait s'étendre prÚs de lui tous les soirs et serrer son corps entre ses bras chaque fois qu'elle en aurait envie, sentir ses mains intelligentes sur elle quand elle se réveillerait le matin et donner naissance à un petit enfant qui lui ressemblerait trait pour trait et qu'elle pourrait aimer et dorloter. Mais elle ne voulait pas des contraintes dont s'accompagnait le mariage : elle ne voulait pas d'un seigneur et maßtre, elle voulait un amant ; elle ne voulait pas consacrer sa vie à un homme, mais vivre à ses cÎtés. C'était un dilemme qu'elle ne voulait pas résoudre et elle tenait rigueur à Merthin de l'y obliger.
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Ken Follett (World Without End (Kingsbridge, #2))
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Chaque personne qui nous fait souffrir peut ĂȘtre rattachĂ©e par nous Ă  une divinitĂ© dont elle n’est qu’un reflet fragmentaire et le dernier degrĂ©, divinitĂ© dont la contemplation en tant qu’idĂ©e nous donne aussitĂŽt de la joie au lieu de la peine que nous avions. Tout l’art de vivre, c’est de ne nous servir des personnes qui nous font souffrir que comme d’un degrĂ© permettant d’accĂ©der Ă  sa forme divine et de peupler ainsi journellement notre vie de divinitĂ©s.
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Marcel Proust
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Dans l'attachement d'un homme Ă  sa vie, il y a quelque chose de plus fort que toutes les misĂšres du monde. Le jugement du corps vaut bien celui de l'esprit et le corps recule devant l'anĂ©antissement. Nous prenons l'habitude de vivre avant d'acquĂ©rir celle de penser. Dans cette course qui nous prĂ©cipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde cette avance irrĂ©parable. Enfin, l'essentiel de cette contradiction rĂ©side dans ce que j'appellerai l'esquive parce qu'elle est Ă  la fois moins et plus que le divertissement au sens pascalien. L'esquive mortelle qui fait le troisiĂšme thĂšme de cet essai, c'est l'espoir. Espoir d'une autre vie qu'il faut « mĂ©riter », ou tricherie de ceux qui vivent non pour la vie elle-mĂȘme, mais pour quelque grande idĂ©e qui la dĂ©passe, la sublime, lui donne un sens et la trahit.
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Albert Camus (The Myth of Sisyphus)
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Utiliser son sac avec grace, c'est comme manger avec elegance, marcher avec prestance ou saisir un verre de champagne avec classe. La beaute se definit en general par la sobriete et l'economie des moyens, par l'adaptation des formes a leur fin, des formes simples, pures et primaires. Investir dans un sac de qualite, c'est non seulement se faire plaisir mais aussi se revolter contre la mediocrite et la consommation de masse grandissante qui peu a peu detruisent notre culture, notre civilisation et nos sens. Acheter de la qualite, c'est encourager une autre forme de commerce, respecter ce que nous possedons, vivre avec la lenteur d'un cuir qui se patine et pratiquer la simplicite: ne pas toujours chercher a acquerir plus tout en se contentant de ce que l'on a. Mon conseil est donc celui-ci: ne regardez pas les sacs exposes dans les magasins pour choisir un modele mais ceux portes par les femmes, dans la rue. C'est la meilleure facon de voir comment le cuir se drappe, la forme se bombe, la matiere se patine et s'ils ont, visuellement, une belle architecture une fois portes. L'argent devrait etre utilise pour vivre dans la qualite, y compris la qualite esthetique. Les belles choses apportent une joie durable. Le choix d'un sac pour longtemps ne serait-il pas le besoin d'une certaine forme de stabilite, d'harmonie et de confort dans ses besoins materiels? Affirmer son style, c'est exprimer par ses choix ses gouts et ses valeurs. Les exterioriser ensuite par le bon choix de vetements et de sacs est l'etape suivante. Etre chic, c'est savoir resister a la tentation. Faire des economies ce n'est pas acheter au meilleur prix l'objet convoite, c'est apprendre sereinement a s'en passer. Le voyage est sans doute la meilleure des situations pour apprecier les bienfaits du minimalisme et s'en inspirer pour l'appliquer au quotidien. Le voyage est l'occasion ideale de "refaire son bagage", c'est-a-dire de repenser la facon dont on vit sa vie et de l'ameliorer. On a tout son temps, en voyage, pour penser, reflechir a ce qui fait le "sel de la vie". C'est sur la route qu'on apprend a se passer du superflu: pas de television, de distractions, de consommation et de shopping. La vie est simplifiee au profit de la mobilite. On a egalement plus de temps pour soi-meme et/ou les rencontres. En voyage, on devient, comme le prescrit le zen, prepare a toutes les eventualites de la vie. le voyage est un retour vers l'essentiel. Proverbe tibetain Vivre avec peu est comme une invitation au voyage, a un vol interieur qui libere du reel et du poids de l'existence.
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Dominique Loreau (Mon sac, reflet de mon Ăąme. L'art de choisir, ranger et vider son sac (French Edition))
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Il faudrait vivre en spectateur de sa propre vie. Pour y ajouter le rĂȘve qui l'achĂšverait. Mais on vit, et les autres rĂȘvent votre vie.
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Albert Camus (The First Man)
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Tu peux rĂ©ussir et obtenir tout ce que tu souhaites. Tu dois le vouloir et le croire avec toute la profusion de ton cƓur et agir avec Ă©nergie vers sa rĂ©alisation
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Melki Rish (Paroles De Mon Âme: Un Dialogue Avec L'Âme Pour Mieux Vivre Sa Vie)
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Pour SĂ©bastien, tout s’était dĂ©cantĂ© comme ça, brusquement. Comme une rupture, mais Ă  l’envers. L’envie de se raccrocher. De mieux faire, de mieux vivre sa vie. De comprendre ce qui avait Ă©chardĂ©, Ă©chappĂ© Ă  son contrĂŽle.
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Olivier Mavré