Une Femme Forte Quotes

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Je serai forte. Comme une femme. Comme un gladiateur.
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Arroum Rawia
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À partir de lĂ , le dialogue de la journĂ©e suivait une pente uniformĂ©ment descendante, mais avec des lĂšvres et des mains chaleureuses et languides flottant sur les surface les plus sensibles du corps, le monde Ă©tait aussi prĂšs que possible de la perfection. Freud appelait cela un Ă©tat de perversitĂ© polymorphe impersonnel et le regardait d'un mauvais oeil, mais je doute fort qu'il ait jamais eu les mains de Lil lui frĂŽlant le corps. Ou mĂȘme celles de sa propre femme dans le mĂȘme rĂŽle. Freud Ă©tait un bien grand homme, mais je n'arrive pas Ă  me faire Ă  l'idĂ©e que quelqu'un lui ait jamais efficacement flattĂ© le pĂ©nis.
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Luke Rhinehart (The Dice Man)
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Une éthique véritablement socialiste, c'est-à-dire qui cherche la justice sans supprimer la liberté, qui impose aux individus des charges mais sans abolir l'individualité, se trouvera fort embarrassée par les problÚmes que pose la condition de la femme.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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— Je pense sincĂšrement que Dieu met les meilleurs Ă  l’épreuve parce qu’il sait qu’ils peuvent le supporter, parce qu’il sait que c’est l’adversitĂ© qui forge les gens bien. Tu ne mĂ©rites pas ce qui t’est arrivĂ©, et putain, je pourrais tuer tout le monde pour cela, mais c’est ce qui a fait de toi une battante. Une femme forte, courageuse et dĂ©terminĂ©e. Une femme que j’admire et respecte
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Morgane Moncomble (Nos ùmes tourmentées)
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– Pou’quoi tu es t’iste ? – Parce que ma femme est morte. – Pou’quoi elle est mo’te ? – Euh, parce qu’elle Ă©tait triste. – Alo’s tu vas mou’i’ aussi ? – Je
 non, pas forcĂ©ment ! – Alo’s pou’quoi tu sou’is jamais si tu vas pas mou’i’ ? JĂ©rĂŽme regarde alors l’enfant et lui sourit. C’est parfois si simple, la vie. *** Toutes les plaies cicatrisent, plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais la peau se referme. On garde une trace, mais la vie est plus forte. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. *** L'intimitĂ© des gens n'est pas inscrite sur leur visage.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ɠuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă  ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage. Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă  une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. ThĂ©Ăątre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©. Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
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Éric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. C’était le matin; le soleil se leva Ă  l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ  qu’à mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelĂ©: je n’ai pas besoin de ton amitiĂ©." C’était le soir; la nuit commençait Ă  Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles n’est pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă  cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus d’une; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă  moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre Ă  elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, Ă  moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Trentaine : Les hommes sont en position de pouvoir. Je pense sincĂšrement que la trentaine est l’ñge le pire pour une femme cĂŽtĂ© rencontres : le tic-tac de l’horloge biologique trĂšs injuste se fait entendre de plus en plus fort.
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Helen Fielding (Mad About the Boy (Bridget Jones, #3))
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Nous n’avons point de Pygmalion comme les Grecs, par consĂ©quent point de GalatĂ©e. Il faudrait donc, mes trĂšs chĂšres sƓurs, ĂȘtre plus indulgentes entre nous pour nos dĂ©fauts, nous les cacher mutuellement, et tĂącher de devenir plus consĂ©quentes en faveur de notre sexe. Est-il Ă©tonnant que les hommes l’oppriment, et n’est-ce pas notre faute ? Peu de femmes sont hommes par la façon de penser, mais il y en a quelques-unes, et malheureusement le plus grand nombre se joint impitoyablement au parti le plus fort, sans prĂ©voir qu’il dĂ©truit lui-mĂȘme les charmes de son empire.
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Olympe de Gouges (DĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne (La Petite Collection) (French Edition))
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Ce principe Ă©tabli, il s'ensuit que la femme est faite spĂ©cialement pour plaire Ă  l'homme. Si l'homme doit lui plaire Ă  son tour, c'est d'une nĂ©cessitĂ© moins directe : son mĂ©rite est dans sa puissance ; il plaĂźt par cela seul qu'il est fort. Ce n'est pas ici la loi de l'amour, j'en conviens ; mais c'est celle de la nature, antĂ©rieure Ă  l'amour mĂȘme.
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Jean-Jacques Rousseau (Emile, or On Education)
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AmputĂ©e!
 O soleil, si c’est vrai que je viens de toi, pourquoi m’as-tu faite amputĂ©e? Pourquoi m’as-tu faite une fille? Pourquoi ces seins, cette faiblesse, cette plaie ouverte au milieu de moi? N’aurait-il pas Ă©tĂ© beau le garçon MĂ©dĂ©e? N’aurait-il pas Ă©tĂ© fort? Le corps dur comme la pierre, fait pour prendre et partir aprĂšs, ferme, intact, entier, lui! Ah! il aurait pu venir, alors, Jason, avec ses grandes mains redoutables, il aurait pu tenter de les poser sur moi! Un couteau, chacun dans la sienne -oui!- et le plus fort tue l’autre et s’en va dĂ©livrĂ©. Pas cette lutte oĂč je ne voulais que toucher les Ă©paules, cette blessure que j’implorais. Femme! Femme! Chienne! Chair faite d’un peu de boue de d’une cĂŽte d’homme! Morceau d’homme! Putain!
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Jean Anouilh (Médée)
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Dans l'attente amoureuse des jeunes femmes, dans cette passion purifiée par l'absence, on touche à quelque chose comme la folie. Aucun homme ne s'aventure dans ces terres isolées de l'amour. Aucun homme ne sait répondre à la parole silencieuse. Les hommes retiennent toujours quelque chose auprÚs d'eux. Jusque dans les ruines, ils maintiennent une certitude - comme l'enfant garde une bille dans le fond de ses poches. Quand ils attendent, c'est quelque chose de précis qu'ils attendent. Quand ils perdent, c'est une seule chose qu'ils perdent. Les femmes espÚrent tout, et puisque tout n'est pas possible elles le perdent en une seule fois - comme une maniÚre de jouir de l'amour dans son manque. Elles continuent d'attendre ce qu'elles ne croient plus. C'est plus fort qu'elles. C'est bien plus fort que toute pensée. (p15)
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Christian Bobin (La part manquante)
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Les mots sont les ombres pĂąlies de noms oubliĂ©s. De mĂȘme que les noms, les mots ont aussi un pouvoir. Les mots peuvent allumer des incendies dans l'esprit des hommes. Les mots peuvent tirer les larmes des cƓurs les plus endurcis. Il y a les sept mots qui rendront une femme amoureuse de toi. Il y a les dix mots qui rĂ©duiront Ă  nĂ©ant la volontĂ© d'un homme fort. Mais un mot n'est rien d'autre que la peinture d'un feu. Un nom, c'est le feu lui-mĂȘme.
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Patrick Rothfuss (The Name of the Wind (The Kingkiller Chronicle, #1))
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Je sortis beaucoup avec lui durant une semaine avec la frĂ©quence et l’imprudence des commencements de l’amour et mon pĂšre, peu fait pour la solitude, en fit autant avec une jeune femme assez ambitieuse. La vie recommença comme avant, comme il Ă©tait prĂ©vu qu’elle recommencerait. Quand nous nous retrouvons, mon pĂšre et moi, nous rions ensemble, nous parlons de nos conquĂȘtes. Il doit bien se douter que mes relations avec Philippe ne sont pas platoniques et je sais bien que sa nouvelle amie lui coĂ»te fort cher. Mais nous sommes heureux. L’hiver touche Ă  sa fin, nous ne relouerons pas la mĂȘme villa, mais une autre, prĂšs de Juan-les-Pins.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Tu as une classe entiĂšre de jeunes hommes et femmes forts et solides, et ils veulent donner leur vie pour quelque chose. La publicitĂ© les fait tous courir aprĂšs des voitures et des vĂȘtements dont ils n'ont pas besoin. Ils travaillent dans des mĂ©tiers qu'ils haĂŻssent, par gĂ©nĂ©rations entiĂšres, uniquement pour pouvoir acheter ce dont ils n'ont pas vraiment besoin.Nous n'avons pas de grande guerre dans notre gĂ©nĂ©ration, ni de grande dĂ©pression, mais si, pourtant, nous avons bien une grande guerre de l'esprit. Nous avons une grande rĂ©volution contre la culture. La grande dĂ©pression, c'est nos existences. Nous avons une grande dĂ©pression spirituelle.
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Chuck Palahniuk (Fight Club)
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Celles qui refusent la maternitĂ© sont aussi confrontĂ©es au prĂ©jugĂ© selon lequel elles dĂ©testent les enfants, telles les sorciĂšres dĂ©vorant Ă  belles dents de petits corps rĂŽtis durant le sabbat ou jetant un sort mortel au fils du voisin. C'est doublement exaspĂ©rant. D'abord, parce que c'est loin d'ĂȘtre toujours le cas : parfois, c'est mĂȘme une forte empathie avec les enfants qui peut vous retenir d'en mettre au monde, alors que d'autres pourront choisir d'en avoir pour des motifs discutables. [...] Par ailleurs, on a le droit de ne pas rechercher la compagnie des enfants, voire de les dĂ©tester franchement, quitte Ă  dĂ©pouiller impitoyablement l'entourage de ses illusions en foulant aux pieds l'image de douceur et de dĂ©vouement qu'il associe Ă  la Femme. LĂ  encore, de toute façon, il n'y a pas de bon comportement possible.
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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L’homme jouit du bonheur qu’il ressent, et la femme de celui qu’elle procure. Cette diffĂ©rence, si essentielle et si peu remarquĂ©e, influe pourtant, d’une maniĂšre bien sensible, sur la totalitĂ© de leur conduite respective. Le plaisir de l’un est de satisfaire ses dĂ©sirs, celui de l’autre est surtout de les faire naĂźtre. Plaire, n’est pour lui qu’un moyen de succĂšs ; tandis que pour elle, c’est le succĂšs lui-mĂȘme. Et la coquetterie, si souvent reprochĂ©e aux femmes, n’est autre chose que l’abus de cette façon de sentir, et par lĂ  mĂȘme en prouve la vĂ©ritĂ©. Enfin ce goĂ»t exclusif, qui caractĂ©rise particuliĂšrement l’amour, n’est dans l’homme qu’une prĂ©fĂ©rence, qui sert, au plus, Ă  graduer un plaisir, qu’un autre objet affaiblirait peut-ĂȘtre, mais ne dĂ©truirait pas ; tandis que dans les femmes, c’est un sentiment profond, qui non seulement anĂ©antit tout dĂ©sir Ă©tranger, mais qui, plus fort que la nature, et soustrait Ă  son empire, ne leur laisse Ă©prouver que rĂ©pugnance et dĂ©goĂ»t, lĂ -mĂȘme oĂč semble devoir naĂźtre la voluptĂ©.
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Laclos Pierre Choderlos De (Les Liaisons dangereuses)
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Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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«DĂ©pĂȘchez-vous, bande d’ordures!» ArrivĂ©s au fossĂ©, nous nous mĂźmes au travail. Sous les coups de pioche, la terre gelĂ©e craquait et les Ă©tincelles jaillissaient. Les hommes Ă©taient silencieux, comme enveloppĂ©s dans une sorte de torpeur. J’étais toujours accrochĂ© Ă  l’image de ma femme. Une idĂ©e me vint Ă  l’esprit: Ă©tait-elle toujours en vie? Je ne savais qu’une chose: l’amour va bien au-delĂ  de l’ĂȘtre physique. Il atteint son sens le plus fort dans l’ĂȘtre spirituel. Que la personne soit prĂ©sente ou non semble avoir peu d’importance. Je ne savais pas si ma femme Ă©tait toujours en vie, et je n’avais aucun moyen de le savoir (nous ne pouvions ni envoyer ni recevoir de courrier); mais cela n’avait aucune importance. Je n’avais pas besoin de le savoir. Rien ne pouvait me dĂ©tourner de mon amour, de mes pensĂ©es et de l’image de ma bien-aimĂ©e. Si l’on m’avait appris, Ă  ce moment-lĂ , qu’elle Ă©tait morte, je ne crois pas que j’aurais cessĂ© pour autant de contempler son image, ou que ma conversation avec elle aurait Ă©tĂ© moins vivante. «Pose-moi comme un sceau sur ton cƓur, car l’amour est plus fort que la mort.»
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Viktor E. Frankl (Man’s Search for Meaning)
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J'entends souvent dire qu'un moyen imbattable contre les regards irrespectueux et dĂ©shabillants serait de regarder certaines parties du corps de l'agresseur avec insistance. Mais le regard ainsi rendu a de fortes chances de ne pas ĂȘtre interprĂ©tĂ© de a mĂȘme façon par l'agresseur que par la victime, et encore moins s'il s'agit d'attouchements dĂ©rangeants... La raison est qu'une agression n'a pas lieu dans le vide, qu'il y a toujours tout un systĂšme sociĂ©tal de normes, de valeurs et de mƓurs qui permettent ou interdisent la transgression et qui font qu'agresseur et victime l'interprĂštent ou non comme une agression. Souvent, il s'agit d'une situation sociale inĂ©gale entre agresseur et victime, comme par exemple dans le cas du harcĂšlement sexuel au travail. Dans ce systĂšme, le renversement de l'agression dans l'autre sens ne peut pas fonctionner car le "miroir" n'est pas soutenu par le mĂȘme systĂšme sociĂ©tal. Nous pouvons comprendre une blague sur les belle-mĂšres mĂ©chantes, mĂȘme quand nous ne la trouvons pas drĂŽle, parce qu'il y a toute une imagerie partagĂ©e sur ce thĂšme. Par contre une blague sur un beau-pĂšre serait incomprĂ©hensible car ce mĂȘme cadre de rĂ©fĂ©rence fait dĂ©faut. Une femme qui regarde avec insistance l'entrejambe d'un homme ne sera que rarement interprĂ©tĂ©e comme Ă©tant une harceleuse sexuelle, mais plutĂŽt comme une nymphomane ou une prostituĂ©e.
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Irene Zeilinger (Non c'est non)
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La CitĂ© de la Puissance Divine Ă©tait d’abord du bruit. Des bruits qui couvraient d’autres bruits. Des projectiles tirĂ©s en plein jour pour effrayer un commerçant qui ne voulait pas s’acquitter de la redevance envers le gang du moment qui rançonnait, des postes de radio dont le volume Ă©tait mis Ă  fond, chacun Ă©mettant un programme diffĂ©rent, des voisins qui s’insultaient, des cris d’enfants qu’on tapait ; des gosses qui Ă©taient en train de courir, jouer, maigres, handicapĂ©s parce qu’ils avaient eu des accidents divers, que leurs parents pendant leur gestation avaient bu trop d’alcool, fumĂ© des substances interdites, qui subissaient la cruautĂ© de leurs camarades ; des mioches trop nombreux qui tĂ©moignaient du taux Ă©levĂ© de la natalitĂ©, nĂ©s d’amours Ă©phĂ©mĂšres, de viols ou des Ɠuvres de Dieu lui-mĂȘme. Des jeunes femmes qui priaient Ă  longueur de journĂ©e, affirmaient trĂšs sĂ©rieusement avoir Ă©tĂ© engrossĂ©es par le Saint-Esprit et racontaient leurs songes Ă  des gens Ă©bahis qui croiraient n’importe quoi tant ils Ă©taient paumĂ©s, dĂ©sespĂ©rĂ©s ; les fous, trop nombreux, les alcooliques, les droguĂ©s, les Ă©clopĂ©s du dernier tremblement de terre ou victimes des gangs, les aveugles, les morts que l’on pleurait, les prĂ©dicateurs qui serraient la main Ă  Dieu plusieurs fois par jour, les marchands ambulants qui vantaient haut et fort leurs produits ; les chiens, maigres, qui se ressemblaient tous, reniflant partout Ă  la recherche de nourriture, sautillant sur trois pattes, avec un Ɠil crevĂ©, une blessure infectĂ©e parce que tout le monde se dĂ©foulait sur les chiens errants, par plaisir, par habitude, par dĂ©sƓuvrement ; les caillasser Ă©tait un rĂ©flexe, chez les enfants et les adultes.
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Emmelie ProphĂšte (Les villages de Dieu)
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Il etait plutot fin, donc, le sable, delie, ne s'agglomerait pas, c'etait de la pierre, en fait, de la pierre pilee, rien a voir ou presque avec la poussiere, c'est ce que je veux dire. Mais plus maintenant. C'est que ca vole, quand meme, le sable. Et il volait, la, sous les pieds des enfants, et partout ca retombait, et pour la premiere fois j'ai vu la plage comme une grande plage de poussiere. Je dis grande parce que j n'avais jamais vu autant de poussiere, meme chez moi, apres le depart de Constance. Et j'ai forcement pense a Laura, mais ce n'est pas ca, je n'ai pas eu a y penser, bien sur, j'y pensais, je ne faisais que ca, mais j'y pensais avec recul, enfin j'essayais, parce que le moins qu'on puisse dire c'est que j'avais besoin de distance, sauf que je n'arrivais pas a' en prendre, de la distance, je souffrais, c'est egalement le moins qu'on puisse dire, et le seul resultat de mes efforts c'etait ca: penser que je m'etais trompe, que Laura en fin de compte n'avait jamais convenu, depuis le debut, ni pour le menage, ni comme femme, donc, comme femme susceptible d'apporter un peu d'order, dans ma vie, et alors j'en trouvais la verfication maintenant, sur le sable, ce sable que je n'avais jamais aime, au fond, pas plus que la poussiere, ou Laura me laissait, jusqu'a la mordre. Et j'ai vu que le gens s'y couchaient, dans ce sable, que n'etait plus que poussiere, maintenant, et je me suis dit je suis comme eux, a cette difference pres qu'ils sont beaucoup plus forts, eux. Parce qu'ils s'entrainen, en fait. A y retourner, donc. A la poussiere, oui. Je pensais ca aussi parce que je me sentais mort, bien sur, mais tout de meme. Et je le pensais encore parce que j n'etais pas pret, moi. Je me sentais mort depuis deux minutes, seulement. Mort, mais supris.
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Christian Oster (Une femme de ménage)
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- Tu as traversĂ© les flammes et j'ai su que tout se passerait bien. Elle a fait un petit pas vers moi et m'a posĂ© la main sur le bras. J'ai senti la chaleur de ses doigts Ă  travers ma chemise. - J'allais mourir et... (Elle s'est tue, embarrassĂ©e.) Je ne fais que me rĂ©pĂ©ter. J'ai secouĂ© la tĂȘte. - C'est faux. Je t'ai vue. Tu cherchais Ă  t'Ă©chapper. - Non, j'Ă©tais figĂ©e, comme une de ces filles idiotes des histoires que me lisait ma mĂšre. Je les ai toujours dĂ©testĂ©es, ces filles. Je me demandais toujours: Mais pourquoi elle ne pousse pas la sorciĂšre Ă  la fenĂȘtre? Pourquoi ne glisse-t-elle pas du poison dans la nourriture de l'ogre? Fela regardait ses pieds, Ă  prĂ©sent. Les cheveux tombaient en pluie sur son visage. Sa voix s'est faite moins forte, jusqu'Ă  ne plus ĂȘtre qu'un murmure. - Pourquoi reste-t-elle assise lĂ  comme une idiote, en attendant qu'on vienne la sauver? Pourquoi ne se sauve-t-elle pas par ses propres moyens? J'ai posĂ© la main sur la sienne en espĂ©rant la rĂ©conforter. J'ai alors remarquĂ© que sa main n'Ă©tait pas la petit chose dĂ©licate et fragile Ă  laquelle je m'Ă©tais attendu. Elle Ă©tait ferme et calleuse. C'Ă©tait celle d'un sculpteur qui a connu des heures de dur labeur Ă  manier le ciseau et le marteau. - On ne dirait pas la main d'une oie blanche, ai-je remarquĂ©. Elle m'a regardĂ©, les yeux brillants de larmes, et a eu un petit rire qui s'est Ă©tranglĂ© en sanglot. - Comment? J'ai rougi en me rendant compte de ce que j'avais dit, mais je suis passĂ© outre. - Ce n'est pas la main d'une princesse sujette aux pĂąmoisons qui se contente de rester assise en triturant son morceau de dentelle en attendant qu'un prince vienne Ă  sa rescousse. C'est la main d'une femme qui, pour s'Ă©vader, grimperait Ă  une corde qu'elle aurait tressĂ©e avec ses propres cheveux. Une femme qui Ă©tranglerait l'ogre dans son sommeil, ai-je dit en la regardant droit dans les yeux. C'est aussi la main d'une femme qui aurait pu Ă©chapper aux flammes par ses propres moyens, si je n'avais pas Ă©tĂ© lĂ . Les vĂȘtements roussis, peut-ĂȘtre, mais saine et sauve.
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Patrick Rothfuss (The Name of the Wind (The Kingkiller Chronicle, #1))
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C’est Ă  Ibn ‘Arabi que l’on attribue le rĂŽle le plus Ă©minent dans cette interprĂ©tation de plus en plus approfondie du principe fĂ©minin. Pour lui non seulement la nafs [Ăąme] est fĂ©minine – comme c’est le cas gĂ©nĂ©ralement – mais aussi dhĂąt, « essence divine », de sorte que la fĂ©minitĂ©, dans son Ɠuvre, est la forme sous laquelle Dieu se manifeste le mieux (
) cette phrase savant exprime, en effet, parfaitement le concept d’Ibn ‘Arabi puisqu’il Ă©crit au sujet de sa comprĂ©hension du divin : « Dieu ne peut ĂȘtre envisagĂ© en dehors de la matiĂšre et il est envisagĂ© plus parfaitement en la matiĂšre humaine que dans toute autre et plus parfaitement en la femme qu’en l’homme. Car Il est envisagĂ© soit comme le principe qui agit soit comme le principe qui subit, soit comme les deux Ă  la fois (
) quand Dieu se manifeste sous la forme de la femme Il est celui qui agit grĂące au fait qu’Il domine totalement l’ñme de l’homme et qu’Il l’incite Ă  se donner et Ă  se soumettre entiĂšrement Ă  Lui (
) c’est pourquoi voir Dieu dans la femme signifie Le voir sous ces deux aspects, une telle vision est plus complĂšte que de Le voir sous toute autre forme par laquelle Il se manifeste. » (
) Des auteurs mystiques postĂ©rieurs Ă  Ibn ‘Arabi dĂ©veloppĂšrent ses idĂ©es et reprĂ©sentĂšrent les mystĂšres de la relation physique entre l’homme et la femme par des descriptions tout Ă  fait concrĂštes. L’opuscule du soufi cachemirien Ya’qub Sarfi (mort en 1594), analysĂ© par Sachiko Murata, en est un exemple typique ; il y explique la nĂ©cessitĂ© des ablutions complĂštes aprĂšs l’acte d’amour par l’expĂ©rience « religieuse » de l’amour charnel : au moment de ce plaisir extatique extrĂȘme – le plus fort que l’on puisse imagine et vivre – l’esprit est tant occupĂ© par les manifestations du divin qu’il perd toute relation avec son corps. Par les ablutions, il ramĂšne ce corps devenu quasiment cadavre Ă  la vie normale. (
) On retrouve des considĂ©rations semblables concernant le « mystĂšre du mariage » chez Kasani, un mystique originaire de Farghana (mort en 1543). Eve, n’avait-elle pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©e afin que « Adam pĂ»t se reposer auprĂšs d’elle », comme il est dit dans le Coran (sourate 7:189) ? Elle Ă©tait le don divin pour le consoler dans sa solitude, la manifestation de cet ocĂ©an divin qu’il avait quittĂ©. La femme est la plus belle manifestation du divin, tel fut le sentiment d’Ibn ‘Arabi.
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Annemarie Schimmel (My Soul Is a Woman: The Feminine in Islam)
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Les deux femmes, vĂȘtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sƓur, elles jetĂšrent dessus des fleurs et de l’eau bĂ©nite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeĂątre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumĂšrent deux petites bougies qui Ă©taient sur la table de nuit, s’agenouillĂšrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien
 LĂ©lia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillĂ©, la tĂȘte sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me dĂ©chirant l’ñme avec des priĂšres et des vƓux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indĂ©cises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, Ă  une place, une forme ronde qui devait ĂȘtre La tĂȘte, et plus bas une autre qui semblait ĂȘtre les pieds. Je croyais, moi, pauvre naĂŻf enfant, je croyais que la priĂšre pouvait rendre la vie Ă  un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passĂ©e Ă  prier sur un cadavre, Ă  pleurer, Ă  vouloir faire renaĂźtre le nĂ©ant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, Ă  la lueur de deux cierges mortuaires, entourĂ© de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vĂ©nales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scĂšne de dĂ©sespoir et de deuil vous remplit le cƓur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de dĂ©sespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença Ă  paraĂźtre, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient Ă  mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissĂšrent seul. Je courus aprĂšs elles, et me traĂźnant Ă  leurs pieds, m’attachant Ă  leurs vĂȘtements : — Ma sƓur ! leur dis-je, eh bien, ma sƓur ! oui, LĂ©lia ! oĂč est-elle ? Elles me regardĂšrent Ă©tonnĂ©es. — Ma sƓur ! vous m’avez dit de prier, j’ai priĂ© pour qu’elle revienne, vous m’avez trompĂ© ! — Mais c’était pour son Ăąme ! Son Ăąme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlĂ© de Dieu, jamais de l’ñme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eĂ»t demandĂ© ce qu’il Ă©tait, eh bien, j’aurais pris La linotte de LĂ©lia, et, lui brisant la tĂȘte entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’ñme ? l’ñme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allĂšrent sans me rĂ©pondre. Son Ăąme ! eh bien, elles m’ont trompĂ©, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était LĂ©lia, LĂ©lia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sƓur aux grands yeux bleus, LĂ©lia qui m’embrassait le soir aprĂšs sa poupĂ©e, aprĂšs son mouton chĂ©ri, aprĂšs sa linotte. Pauvre sƓur ! c’était toi que je demandais Ă  grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me rĂ©pondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as priĂ© non pour elle, mais tu as priĂ© pour son Ăąme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue Ă©trangĂšre ; tu as priĂ© pour un souffle, pour un mot, pour le nĂ©ant, pour son Ăąme enfin ! » Son Ăąme, son Ăąme, je la mĂ©prise, son Ăąme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait Ă  moi, son Ăąme ? savez-vous ce que c’est que son Ăąme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompĂ©, eh bien, je les ai maudites. Cette malĂ©diction est retombĂ©e sur moi, philosophe imbĂ©cile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire Ă  une Ăąme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au PromĂ©thĂ©e d’Eschyle, je brave les coups et que je mĂ©prise trop pour blasphĂ©mer.
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Gustave Flaubert (La derniÚre heure : Conte philosophique inachevé)
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Les adultes passaient leur temps Ă  se comparer Ă  des animaux. Ils se disaient forts comme des chevaux, intelligents comme des souris ou des moineaux, peureux comme des liĂšvres. Ils avaient des tĂȘtes de cochons et des face de bƓufs. Ils cherchaient Ă  s'en diffĂ©rencier aussi. Ses parents lui Ă©taient sympathiques parce qu'ils parlaient souvent plus gentiment des animaux que des gens. Ils aimaient les animaux et disaient en lisant le journal ou en Ă©coutant la tĂ©lĂ© «Un chien ne ferait pas ça» ou «Un cheval ne ferait pas ça» et mĂȘme «Un chat ne ferait pas ça.» Mais ils Ă©taient une exception. Les autres attendaient que l'instinct des animaux les trahisse pour rire de leur stupiditĂ©. On sentait que ça les travaillait de reconnaĂźtre l'amour dans les yeux d'un chien ou leurs propres expressions sur le visage d'un singe. Elle savait exactement ce qui sĂ©parait les hommes des animaux et elle savait que c'Ă©tait une diffĂ©rence trĂšs mince qui n'avait rien Ă  voir avec l'amour ou la tristesse ou la capacitĂ© des gens Ă  Ă©prouver quoi qu ce soit mais tout Ă  voir avec leur capacitĂ© Ă  refuser aux Ă©motions le droit de dĂ©ferler en eux. L'homme n'Ă©tait pas la seule crĂ©ature intelligente mais la seule qui pouvait utiliser son intelligence pour ne plus ressentir et ne plus ĂȘtre une bĂȘte. Elle savait tout ça et elle s'entraĂźnait Ă  ne plus Ă©couter ce qui Ă©manait de son cƓur et de ses entrailles. Elle s'entraĂźnait en ce moment mĂȘme en s'extirpant des couvertures malgrĂ© les supplications de chacune de ses cellules. BientĂŽt elle ressentirait tout mais ne se laisserait plus toucher par rien et elle ne serait plus du tout animale mais complĂštement homme, complĂštement femme.
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Samuel Archibald (Arvida)
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Je voulais me justifier, prouver que je méritais une part de toutes les choses gentilles qui se disaient à mon sujet. Mais il existait des raisons encore plus fortes que celles-ci. Prouver que les femmes peuvent accomplir les choses que les hommes réussissent.
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ArnĂŒ West (Amelia, PremiĂšre dame du ciel)
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Mon pĂšre disait qu'elle Ă©tait forte et je crois qu’une femme peut ĂȘtre plus forte qu’un homme si l’amour habite son cƓur. Une femme qui aime est presque indestructible." ― À l’est d’Eden, 1952
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John Steinbeck (East of Eden)
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Je sais aussi que quand votre fils de cinq mois se rĂ©veille Ă  deux heures du matin et pleure avec persistance sans raison apparente vous ne l'aimez pas beaucoup Ă  ce moment-lĂ . Soyez tranquille, il a une raison pour pleurer, mĂȘme si vous ne la dĂ©couvrez pas immĂ©diatement. Si vous ĂȘtes irritĂ©, tĂąchez de ne pas le montrer. La voix d'un homme est plus terrifiante pour un enfant que celle d'une femme et vous ne savez pas quelle peur permanente vous pouvez laisser s'infiltrer dans un bĂ©bĂ© un criant trĂšs fort au mauvais moment. "Ne prenez pas le bĂ©bĂ© dans votre lit", dit le manuel d'instructions aux parents. Oubliez-le. Donnez Ă  votre bĂ©bĂ© autant de baisers et de caresses que vous pouvez. Ne vous servez pas de vos enfants pour vous enorgueillir. Soyez aussi prudent pour louer que pour blĂąmer. C'est mauvais de chanter les louanges d'un enfant en sa prĂ©sence. Oui, bien sĂ»r, Mary travaille trĂšs bien. PremiĂšre de sa classe ce mois-ci. C'est une enfant intelligente. Non pas que vous ne devez pas faire d'Ă©loges Ă  votre enfant. Il est bon de dire Ă  votre fils : "C'est un bien joli cerf-volant que tu as fait lĂ ", mais les Ă©loges au service des autres sont inutiles. Les jeunes oies dressent le cou aussi bien que les cygnes quand on les admire. Par contre, si votre enfant ne rĂ©ussit pas ce qu'il fait, n'enfoncez pas le couteau dans la plaie. MĂȘme si le carnet de notes n'est pas bon, ne dites rien. Et si Billy rentre en pleurant parce qu'il a Ă©tĂ© vaincu dans une bataille avec les copains, ne lui dites pas qu'il est une mauviette. Si jamais vous dites "Quand j'avais ton Ăąge
" vous faites une grande erreur. En somme, acceptez votre enfant tel qu'il est et retenez-vous d'essayer de le faire vous ressembler. Ma devise pour la maison, en toute circonstance, c'est Pour l'amour du ciel, laissez les gens vivre leur vie. C'est une attitude qui sied Ă  toutes les situations. C'est la seule attitude qui encourage la tolĂ©rance. On apprend aux enfants Ă  ĂȘtre tolĂ©rants en leur montrant de la tolĂ©rance. (p. 168-169)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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Ma seule distraction est d’aller, le dimanche, au sortir de la messe, chez Mme Gouin, l’épiciĂšre
 Le dĂ©goĂ»t m’en Ă©loigne, mais l’ennui, plus fort, m’y ramĂšne. LĂ , du moins, on se retrouve, toutes ensemble
 On potine, on rigole, on fait du bruit, en sirotant des petits verres de mĂȘlĂ©-cassis
 Il y a lĂ , un peu, l’illusion de la vie
 Et le temps passe

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Octave Mirbeau (Le journal d'une femme de chambre)
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J'etais arrete a regarder, dans une exposition d'oeuvres de Rodin, une enorme main de bronze, la ,,Main de Dieu''.La paume en etait a moitie fermee et dans cette paume, extatiques, enlaces, luttaient et se melaient un homme et une femme. Une jeune fille s'approcha et s'arreta a cote de moi.Troublee elle aussi, elle regardait l'inquietant et eternel enlacement de l'homme et de la femme.Elle etait mince, bien habillee, avec d'epais cheveux blonds, un menton fort, des levres etroites.Elle avait quelque chose de decide et de viril.Et moi qui deteste engager des conversations faciles, je ne sais ce qui me poussa.Je me retournai: -A quoi pensez-vous? -Si on pouvait s'echapper! murmura-t-elle avec depit. -Pour aller ou?La main de Dieu est partout.Pas de salut.Vous le regrettez? -Non.Il se peut que l'amour soit la joie la plus intense sur cette terre.C'est possible.Mais maintenant que je vois cette main de bronze, je voudrais m'echapper. -Vous preferez la liberte? -Oui. -Mais si ce n'est que lorsqu'on obeit a la main de bronze qu'on est libres?Si le mot "Dieu" n'avait pas le sens commode que lui donne la masse? Elle me regarda,inquiete.Ses yeux etaient d'un gris metallique, ses levres seches et ameres. -Je ne comprends pas, dit-elle, et elle s'eloigna, comme effrayee. Elle disparut.[...]Oui , je m'etais mal conduit, Zorba avait raison.C'etait un bon pretexte que cette main de bronze, la premiere prise de contact etait reussie, les premieres douces paroles amorcees, et nous aurions pu, sans en prendre conscience ni l'un ni l'autre, noue etreindre et nous unir en toute tranquillite dans la paume de Dieu.Mais moi je m'etais elance brusquement de la terre vers le ciel et la femme effarouchee s'etait enfuie.
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Nikos Kazantzakis
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J’adore servir Ă  table. C’est lĂ  qu’on surprend ses maĂźtres dans toute la saletĂ©, dans toute la bassesse de leur nature intime. Prudents, d’abord, et se surveillant l’un l’autre, ils en arrivent, peu Ă  peu, Ă  se rĂ©vĂ©ler, Ă  s’étaler tels qu’ils sont, sans fard et sans voiles, oubliant qu’il y a autour d’eux quelqu’un qui rĂŽde et qui Ă©coute et qui note leurs tares, leurs bosses morales, les plaies secrĂštes de leur existence, tout ce que peut contenir d’infamies et de rĂȘves ignobles le cerveau respectable des honnĂȘtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les Ă©tiqueter dans notre mĂ©moire, en attendant de s’en faire une arme terrible, au jour des comptes Ă  rendre, c’est une des grandes et fortes joies du mĂ©tier, et c’est la revanche la plus prĂ©cieuse de nos humiliations

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Octave Mirbeau (Le journal d'une femme de chambre)
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Ma seule distraction est d’aller, le dimanche, au sortir de la messe, chez Mme Gouin, l’épiciĂšre
 Le dĂ©goĂ»t m’en Ă©loigne, mais l’ennui, plus fort, m’y ramĂšne.
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Octave Mirbeau (Le Journal d'une Femme de Chambre)
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​ Je ne parle pas pour excuser mes agissements devant vous. Je veux seulement les expliquer. Il est clair que la joie d’un enfant devant ses jouets bariolĂ©s est aussi forte par exemple que celle d’un homme adulte qui a de l’argent ou une femme. Du point de vue de chacun, toute joie ressentie est une joie vĂ©ritable, rĂ©elle. En effet, chacun peut ĂȘtre heureux Ă  sa façon. Donc celui pour qui mourir signifie le bonheur se rĂ©jouit de sa mort autant qu’un autre peut le faire de son argent ou de sa femme. AprĂšs la mort, il n’y a plus de regrets.
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Vladimir Bartol (Alamut)
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La violence au sein du couple profite de la fragilitĂ© de la position des femmes dans al sociĂ©tĂ©. Se rĂ©fĂ©rant aux travaux de sa consƓur amĂ©ricaine Sandra Lee Bartky, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie parle de la honte comme « structurellement fĂ©minine ». Elle la dĂ©finit comment un « sentiment permanent d'inadĂ©quation par lequel les femmes se sentent imparfaites, infĂ©rieures ou diminuĂ©es, ce qui permet aux mĂ©canismes de la domination masculine de perdurer ». Ainsi, « la honte devient un vĂ©ritable mode d'ĂȘtre-au-monde fĂ©minin qui fait le lit de la violence conjugale et des fĂ©minicides ». Il ne s'agit surtout pas de prĂ©tendre que, par leur manque de confiance en elles, les femmes susciteraient les mauvais traitements qu'elles subissent : nous reprocher un conditionnement qui nous dessert reviendrait Ă  nous infliger une double peine. Les seuls responsables des violences sont ceux qui les commettent et la culture qui les y autorise - culture que nous allons tenter d'Ă©tudier ici. Mais de mĂȘme qu'on peut rappeler haut et fort que la seule cause du viol, c'est le violeur, tout en enseignant l'autodĂ©fense physique, on peut chercher Ă  dĂ©veloppe une forme d'autodĂ©fense psychologique. (p. 102)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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[Et] la philosophie pratique du corps masculin comme une sorte de puissance, grande, forte, aux besoins Ă©normes, impĂ©rieux et brutaux, qui s’affirme dans toute la maniĂšre masculine de tenir le corps, et en particulier devant les nourritures, est aussi au principe de la division des nourritures entre les sexes, division reconnue, tant dans les pratiques que dans le discours, par les deux sexes. Il appartient aux hommes de boire et de manger plus, et des nourritures plus fortes, Ă  leur image. Ainsi Ă  l’apĂ©ritif, les hommes seront servis deux fois (et plus si c’est fĂȘte) et par grandes rasades, dans de grands verres (le succĂšs du Ricard ou du Pernod tenant sans doute pour beaucoup au fait qu’il s’agit d’une boisson Ă  la fois forte et abondante – pas un « dĂ© Ă  coudre »), et ils laisseront les amuse-gueule (biscuits salĂ©s, cacahuĂštes, etc.) aux enfants et aux femmes, qui boivent un petit verre (« il faut garder ses jambes ») d’un apĂ©ritif de leur fabrication (dont elles Ă©changent les recettes). De mĂȘme, parmi les entrĂ©es, la charcuterie est plutĂŽt pour les hommes, comme ensuite le fromage, et cela d’autant plus qu’il est plus fort, tandis que les cruditĂ©s sont plutĂŽt pour les femmes, comme la salade : ce sont les uns ou les autres qui se resserviront ou se partageront les fonds de plats. La viande, nourriture nourrissante par excellence, forte et donnant de la force, de la vigueur, du sang, de la santĂ©, est le plat des hommes, qui en prennent deux fois, tandis que les femmes se servent une petite part : ce qui ne signifie pas qu’elles se privent Ă  proprement parler ; elles n’ont rĂ©ellement pas envie de ce qui peut manquer aux autres, et d’abord aux hommes, Ă  qui la viande revient par dĂ©finition, et tirent une sorte d’autoritĂ© de ce qui n’est pas vĂ©cu comme une privation ; plus, elles n’ont pas le goĂ»t des nourritures d’hommes qui, Ă©tant rĂ©putĂ©es nocives lorsqu’elles sont absorbĂ©es en trop grande quantitĂ© par les femmes (par exemple, manger trop de viande fait « tourner le sang », procure une vigueur anormale, donne des boutons, etc.), peuvent mĂȘme susciter une sorte de dĂ©goĂ»t.
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Pierre Bourdieu (Distinction: A Social Critique of the Judgement of Taste)
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Isabelle n’aimait pas la jouissance, mais Esther n’aimait pas l’amour, elle ne voulait pas ĂȘtre amoureuse, elle refusait ce sentiment d’exclusivitĂ©, de dĂ©pendance, et c’est toute sa gĂ©nĂ©ration qui le refusait avec elle. J’errais parmi eux comme une sorte de monstre prĂ©historique avec mes niaiseries romantiques, mes attachements, mes chaĂźnes. Pour Esther, comme pour toutes les jeunes filles de sa gĂ©nĂ©ration, la sexualitĂ© n’était qu’un divertissement plaisant, guidĂ© par la sĂ©duction et l’érotisme, qui n’impliquait aucun engagement sentimental particulier ; sans doute l’amour n’avait-il jamais Ă©tĂ©, comme la pitiĂ© selon Nietzsche, qu’une fiction inventĂ©e par les faibles pour culpabiliser les forts, pour introduire des limites Ă  leur libertĂ© et Ă  leur fĂ©rocitĂ© naturelles. Les femmes avaient Ă©tĂ© faibles, en particulier au moment de leurs couches, elles avaient eu besoin Ă  leurs dĂ©buts de vivre sous la tutelle d’un protecteur puissant, et Ă  cet effet elles avaient inventĂ© l’amour, mais Ă  prĂ©sent elles Ă©taient devenues fortes, elles Ă©taient indĂ©pendantes et libres, et elles avaient renoncĂ© Ă  inspirer comme Ă  Ă©prouver un sentiment qui n’avait plus aucune justification concrĂšte. Le projet millĂ©naire masculin, parfaitement exprimĂ© de nos jours par les films pornographiques, consistant Ă  ĂŽter Ă  la sexualitĂ© toute connotation affective pour la ramener dans le champ du divertissement pur, avait enfin, dans cette gĂ©nĂ©ration, trouvĂ© Ă  s’accomplir. Ce que je ressentais, ces jeunes gens ne pouvaient ni le ressentir, ni mĂȘme exactement le comprendre, et s’ils l’avaient pu ils en auraient Ă©prouvĂ© une espĂšce de gĂȘne, comme devant quelque chose de ridicule et d’un peu honteux, comme devant un stigmate de temps plus anciens. Ils avaient rĂ©ussi, aprĂšs des dĂ©cennies de conditionnement et d’efforts ils avaient finalement rĂ©ussi Ă  extirper de leur cƓur un des plus vieux sentiments humains, et maintenant c’était fait, ce qui avait Ă©tĂ© dĂ©truit ne pourrait se reformer, pas davantage que les morceaux d’une tasse brisĂ©e ne pourraient se rĂ©assembler d’eux-mĂȘmes, ils avaient atteint leur objectif : Ă  aucun moment de leur vie, ils ne connaĂźtraient l’amour. Ils Ă©taient libres
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Michel Houellebecq (La possibilité d'une ßle (French Edition))
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Dans la rue des Santi Apostoli, odeur forte du crottin, lavĂ© rĂ©guliĂšrement par les machines. Une grosse femme est assise sur le trottoir, on voit sa culotte trĂšs propre et blanche, soulignant une vulve proĂ©minente. Depuis que ma mĂšre est morte, je ne dĂ©tourne plus les yeux de telles scĂšnes avec gĂȘne.
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Annie Ernaux (Se perdre (French Edition))
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La rive bleue Dans la chambre parmi les journaux venus de rĂ©gions lointaines doux animal homme merveilleux tu t'aimes assis sur le bord du lit les mains sur les genoux ou encore libĂ©rĂ© de naĂźtre et de mourir tu caresses ta joue de pierre ponce jusqu'Ă  ce que le soleil passe de l'autre cĂŽtĂ© prĂšs de la radieuse photo du gosse qui fait pipi sur une rive bleue Alors tout revient tout se regroupe comme en un brouillard de feu oĂč se refont les choses parmi les obscures plantations du hasard Tandis que tout prĂšs de lĂ  une femme Ă©tend avec soin les vĂȘtements de son amant noyĂ© et leur parle celle-lĂ  mĂȘme qui te cherche dans les ossements noirs des vanesses Et pendant que tu erres dans les brumes d'une forte virilitĂ© prĂšs des avirons oubliĂ©s sur la taupiniĂšre fraĂźche ou que tu regardes osciller les deux pieux fichĂ©s dans la berge ou qu'allongĂ© sur le sol tu sens le vent couvrir ton visage de chardons venu on ne sait d'oĂč une grande tristesse ramĂšne le paysage lunaire de ses Ă©paules lasses il n'y a plus de mots ses murmures se posent partout remplissent le silence dĂ©chirĂ© par le cri du train ils sont l'eau qui demeure dans l'empreinte des pas depuis la derniĂšre averse mais il suffit d'un bruit de clĂ© dans la serrure pour te faire entendre le temps couler sans hĂąte le long de tes chaussettes humides ou la pesante respiration des racines et tu recommences Ă  rĂȘver Ă  la rive bleue du bout du fleuve sur laquelle nous ruminons notre dĂ©laissement fĂ©erique (p. 17 et 19)
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Gellu Naum (Partea cealaltă)
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă  Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. L’armĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armĂ©e de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă  lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers : « Ma force dĂ©racinait les montagnes ; mon Ă©nergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder. Puis le roi Hiang monta Ă  cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă  la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusqu’au jour

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China, Sima Qian, Xiang Yu
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă  Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. L’armĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armĂ©e de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă  lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers : « Ma force dĂ©racinait les montagnes ; mon Ă©nergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder. Puis le roi Hiang monta Ă  cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă  la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusqu’au jour

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Sima Qian (MĂ©moires historiques - DeuxiĂšme Section (French Edition))
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La masculinité dépend d'une cybernétique du pouvoir, d'un systÚme dans lequel le pouvoir circule à travers des fictions performatives partagées qui se transmettent de corps à corps comme des charges électriques. [...] dans la configuration de genre actuelle, n'importe quel homme hétérosexuel établit avec n'importe quel autre, dans une éthique de la masculinité, un rapport de solidarité et d'appui plus fort qu'il n'en établira jamais avec aucune femme.
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Paul B. Preciado (Testo Junkie: Sex, Drugs, and Biopolitics in the Pharmacopornographic Era)
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Et pourtant je suis un homme. C'est ça que je voulais te dire : avant d'ĂȘtre un homme ou une femme, homo ou hĂ©tĂ©ro, on est une personne. Fort ou faible, dominant ou dominĂ©, ça a souvent Ă  voir avec ce qu'on a entre les jambes, mais pas que. C'est pour ça que j'aime Bowie, regarde, il bouscule tous les codes : masculin et fĂ©minin, il couche avec des hommes, avec des femmes, il rĂ©volutionne la musique, se rĂ©invente chaque fois. Et en mĂȘme temps il ne revendique rien, ne veut pas ĂȘtre un porte-drapeau, ne marche pas pour une cause. C'est pas un modĂšle. Il nous ouvre juste des horizons.
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Jessie Magana (Nos elles déployées)
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Horizon - Consommation En toute franchise Regardons sous la banquise Le bien-ĂȘtre consumĂ©riste Joue Ă  l'illusionniste Chaque carte de fidĂ©litĂ© Invite Ă  payer Les frais du grand dĂ©lire Qui ne fait mĂȘme plus rire L'Ă©tendu du ravage Est semblable au gavage Intensif des publicitaires SclĂ©rosant notre imaginaire La quĂȘte du toujours mieux Est un Ă©lixir bien vieux Qui conserve son petit effet De manche, s'il vous plaĂźt Rien qu'une petite piĂšce Ce n'est rien vu de la liesse La solidaritĂ© tient en laisse La convenance en dĂ©tresse Face Ă  cette mascarade On cherche des camarades Dans les immenses queues Qui ne chantent plus leu leu Chacun attend son tour Vivant au jour le jour De gloire, on n'espĂšre plus Elle chĂŽme Ă  son insu Quant au reliquat de conscience Il tire sa rĂ©vĂ©rence Ne voulant pas rater la promotion Ni la moindre occasion De racheter son omniscience Au prix de quelques rĂ©fĂ©rences Soigner son curriculum Est le propre de l'homme Car pour la femme Toujours, elle rame Vers l'Ăźle de l'Ă©galitĂ© Qui est rĂ©guliĂšrement dĂ©placĂ©e La fuite de l'horizon Fait perdre la raison Du plus fort, Ă  qui perd gagne Faisant fi de la hargne Qui anime l'anonyme lambda Face au rayon de n'importe quoi MĂȘme s'il n'en a pas besoin Il en prendra tout de mĂȘme un Car il le vaut bien
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Thierry Moral
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Il est donc facile de prĂ©voir ce que doive devenir, dans cette perspective, les relations entre les sexes, y compris sur le plan matĂ©riel. Ici, comme dans le magnĂ©tisme, plus forte est la polaritĂ©, plus l'homme est vraiment homme et la femme vraiment femme, plus haute et vive est l'Ă©tincelle crĂ©atrice. En revanche, que peut-il y avoir entre ces ĂȘtres mixtes, privĂ©s de tout rapport avec les forces de leur nature la plus profonde ? Entre ces ĂȘtres oĂč la sexualitĂ© commence et finit sur le plan physiologique, Ă  supposer mĂȘme que des inclinations anormales, celle du « troisiĂšme sexe », ne se soient pas dĂ©jĂ  manifestĂ© ? Entre ces ĂȘtres dont l'Ăąme n'est ni masculine, ni fĂ©minine, ou bien qui sont fĂ©minins tout en Ă©tant des hommes et masculins tout en Ă©tant des femmes, et qui exaltent comme un au-delĂ  du sexe ce qui, en fait, est rĂ©gression en-deçà du sexe ? Toute relation ne pourra plus avoir qu'un caractĂšre Ă©quivoque et falot : promiscuitĂ© agrĂ©mentĂ©e d'esprit de camaraderie, morbides sympathies « intellectuelles », banalitĂ© du nouveau rĂ©alisme communiste – ou bien souffrira de complexes nĂ©vrotiques et de tout ce sur quoi Freud a Ă©difiĂ© une « science » qui est vraiment un authentique signe des temps. (1934)
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Julius Evola (Revolt Against the Modern World)
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Marie est la « servante du Seigneur », la servante par excellence, ce qui indique une similitude annonciatrice de la fonction du ProphĂšte de l’islĂąm. Ce caractĂšre servitorial est liĂ© au symbolisme du voile. Selon Michel VĂąlsan : « La RĂ©alitĂ© muhammadienne constitue le mystĂšre du Verbe suprĂȘme et universel, car elle est en mĂȘme temps la ThĂ©ophanie intĂ©grale (de l’Essence, des Attributs et des Actes) et son occultation sous le voile de la Servitude absolue et totale ». C’est parce qu’elle est la servante parfaite que Marie est toujours voilĂ©e, aussi bien dans ses apparitions que dans les reprĂ©sentations de l’Art sacrĂ©, notamment celui des icĂŽnes. Comme elle est, par ailleurs, le modĂšle de toutes les vertus, l’Eglise aurait Ă©tĂ© bien inspirĂ©e de reconnaĂźtre que l’attachement islamique au port du voile pouvait constituer un exemple pour les femmes catholiques. Les querelles et les rĂ©sistances modernes sur ce point sont rĂ©vĂ©latrices d’un Ă©tat d’esprit antitraditionnel. Ibn ArabĂź enseigne que le statut subordonnĂ© de la femme exprime, non pas un abaissement, mais au contraire sa supĂ©rioritĂ© spirituelle sur l’homme qui, crĂ©Ă© directement Ă  l’image de Dieu, a tendance Ă  oublier sa servitude et Ă  se poser en rival de son CrĂ©ateur . Toute forme traditionnelle est fondĂ©e sur une alliance impliquant une soumission Ă  la volontĂ© divine ; c’est ce qu’indique parfaitement le terme « islam » qui apparaĂźt, par lĂ  mĂȘme, comme une dĂ©signation de la Tradition universelle. Au lieu de reconnaĂźtre cette signification traditionnelle du voile de Marie, l’Église, sur cette question comme sur beaucoup d’autres, donne l’impression de suivre l’air du temps et, sans doute pour mieux se dĂ©marquer de l’islĂąm, d’encourager les femmes catholiques, en particulier les souveraines, Ă  se montrer tĂȘte nue ailleurs qu’au Vatican. L’enseignement de saint Paul est cependant fort clair, et semblable Ă  celui de l’islam : « Femmes, soyez soumises Ă  vos maris, comme il se doit dans le Seigneur » (Col, 3, 18) ; « Je ne permets pas Ă  la femme d’enseigner ni de faire la loi Ă  l’homme. Qu’elle se tienne tranquille. C’est Adam en effet qui fut formĂ© le premier, Eve ensuite. Et ce n’est pas Adam qui se laissa sĂ©duire » (I Tim, 2, 12-13).
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Charles-AndrĂ© Gilis (La papautĂ© contre l'Islam - GenĂšse d’une dĂ©rive)
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...] Un trait caractĂ©ristique de la culture occidentale depuis le Moyen Âge finissant est, du reste, une certaine fĂ©minisation : Ă  l'extĂ©rieur, le costume masculin manifeste en effet, du moins dans les classes supĂ©rieures et surtout chez les princes, un besoin excessif de plaire aux femmes – ce qui est rĂ©vĂ©lateur – tandis que dans la culture en gĂ©nĂ©ral nous pouvons observer un accroissement de la sensibilitĂ© imaginative et Ă©motive, bref une expressivitĂ© qui Ă  rigoureusement parler va trop loin et « mondanise » les Ăąmes au lieu de les intĂ©rioriser. La cause lointaine de ce trait pourrait ĂȘtre en partie le respect qu'avaient, selon Tacite, les Germains pour la femme – respect que nous sommes fort loin de blĂąmer –, mais ce trait tout Ă  fait normal et louable eĂ»t Ă©tĂ© sans consĂ©quence problĂ©matique s'il n'y avait pas eu un autre facteur beaucoup plus dĂ©terminant, Ă  savoir la scission chrĂ©tienne de la sociĂ©tĂ© en clercs et laĂŻcs ; de ce fait, la sociĂ©tĂ© laĂŻque devenait une humanitĂ© Ă  part qui croyait de plus en plus avoir droit Ă  la mondanitĂ©, dans laquelle la femme – qu'elle le veuille ou non – joue Ă©videmment un premier rĂŽle (3). Nous mentionnons cet aspect de la culture occidentale parce qu'il explique une certaine allure du gĂ©nie extĂ©riorisĂ© et hypersensible ; et n'oublions pas d'ajouter que tout cela relĂšve du mystĂšre d'Ève et non de celui de Marie, lequel relĂšve de la MĂąyĂą ascendante. 3 – Un signe de cette autocratie laĂŻque et de la mondanitĂ© qui en rĂ©sulte est, parmi les manifestations vestimentaires, le dĂ©colletĂ© des femmes, dĂ©jĂ  blĂąmĂ© par Dante, et paradoxal non seulement au point de vue de l'ascĂ©tisme chrĂ©tien, mais aussi au point de vue du lĂ©galisme sĂ©mitique, lequel ignore prĂ©cisĂ©ment la distinction entre clercs et laĂŻcs puisqu'il sacralise la sociĂ©tĂ© entiĂšre ; ce n'est pas le phĂ©nomĂšne de la dĂ©nudation qui Ă©tonne ici – car il existe lĂ©gitimement dans l'hindouisme et ailleurs – mais c'est le fait que ce phĂ©nomĂšne se produise en milieu chrĂ©tien. On pourrait dire aussi que la frivolitĂ© des mƓurs laĂŻques – les bals notamment – fait pendant au rigorisme exagĂ©rĂ© des couvents, et que cette disparitĂ© trop ostentatoire marque un dĂ©sĂ©quilibre fauteur de toutes sortes d'oscillations subsĂ©quentes. Dans l'Inde, le maharadjah couvert de perles et le yogi couvert de cendre sont certes dissemblables, mais ils sont tous deux des « images divines ».
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))