Une Famille Quotes

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J'ai un problĂšme avec la logique. Je n'ai jamais compris comment on pouvait dire une chose et son contraire. Jurer qu'on aime quelqu'un et le blesser, avoir un ami et l'oublier, se dire de la mĂȘme famille et s'ignorer comme des Ă©trangers, revendiquer des grands principes et ne pas les pratiquer, affirmer qu'on croit en Dieu et agir comme s'il n'existait pas, se prendre pour un hĂ©ros quand on se comporte comme un salaud. (p.173)
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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Mais tu crois que c'est quoi, une famille ! Sinon des gens dont on ne se remet pas ?
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrivent pas à communiquer, mais s'interrompent trÚs bruyamment, s'exaspÚrent mutuellement, comparent les diplÎmes de leurs enfants comme la décoration de leurs maisons, et se déchirent l'héritage de parents dont le cadavre est encore tiÚde.
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Frédéric Beigbeder (Un roman français)
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le racisme est une maladie. Un vice. Une maladie honteuse. Qui se dĂ©veloppe parfois dans le silence des maisons. On murmure puis on ferme les fenĂȘtres. On crie pendant les repas de famille. HaĂŻr l'autre, c'est l'imaginer contre soi. C'est se sentir possĂ©dĂ©. VolĂ©. PĂ©nĂ©trĂ©. Le racisme est un fantasme. C'est imaginer l'odeur de sa peau, la tension de son corps, la force de son sexe. Le racisme est une maladie. Une lĂšpre. Une nĂ©crose.
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Nina Bouraoui
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Dit comme ça, c'Ă©tait un peu cucul Ă©videmment, mais bon, c'Ă©tait la vĂ©ritĂ© et il y avait bien longtemps que le ridicule ne les tuait plus: pour la premiĂšre fois et tous autant qu'ils Ă©taient, ils eurent l'impression d'avoir une vraie famille. Mieux qu'une vraie d'ailleurs, une voulue, une pour laquelle ils s'Ă©taient battus et qui ne leur demandait rien d'autre en Ă©change que d'ĂȘtre heureux ensemble. MĂȘme pas heureux d'ailleurs, ils n'Ă©taient plus si exigeants. D'ĂȘtre ensemble, c'est tout. Et dĂ©jĂ  c'Ă©tait inesperĂ©.
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Anna Gavalda (Hunting and Gathering)
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J’établissais confusĂ©ment un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. PremiĂšre Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais Ă©chappĂ© Ă  l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient rĂ©ussi Ă  dĂ©tourner la fatalitĂ© de la transmission d’une pauvretĂ© dont la fille enceinte Ă©tait, au mĂȘme titre que l’alcoolique, l’emblĂšme. J’étais rattrapĂ©e par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine maniĂšre, l’échec social.
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Annie Ernaux (L'ÉvĂ©nement)
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la moquerie peut avoir du bon pour rĂ©former un caractĂšre vicieux, mais lorsqu’elle s’adresse Ă  l’ignorance, elle est une marque de sottise chez celui qui l’emploie.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Comprends aujourd’hui, mon garçon, que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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La matrone avait du volume et des rondeurs pour toute une famille, de gros seins aveuglants de blancheur capables de nourrir une nichée de petits gargantuas 
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Boualem Sansal (2084: La fin du monde)
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Montre-moi une famille de lecteurs, et je te montrerai les gens qui bougent le monde.
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Napoléon Bonaparte
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Elle ne s'intéressait pas aux livres dans lesquels les enfants grandissaient, car (dans la vie comme en littérature) ce processus entrainait un affaiblissement accéléré et inexplicable du caractÚre ; de façon totalement inattendue, les héros et les héroïnes renonçaient à leurs aventures pour un amour insipide, se mariaient et fondaient une famille, et, en général, se comportaient comme un troupeau de vaches.
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Donna Tartt (The Little Friend)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-pÚre, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothÚque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
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Jean-Paul Sartre
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Elle aimait la vie, il aimait la mort, Il aimait la mort, et ses sombres promesses, Avenir incertain d'un garçon en dĂ©tresse, Il voulait mourir, laisser partir sa peine, Oublier tous ces jours Ă  la mĂȘme rengaine... Elle aimait la vie, heureuse d'exister, Voulait aider les gens et puis grandir en paix, C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante, Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais un beau jour, la chute commença, Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix, Elle aimait la vie et il aimait la mort, Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort? Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifiĂ©, Amis et famille, capables de tout renier, Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or, Mais elle aimait la vie et il aimait la mort... Si diffĂ©rents et pourtant plus proches que tout, Se comprenant pour protĂ©ger un amour fou, L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler, L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocitĂ©s... Fin de l'histoire : obligĂ©s de se sĂ©parer, Ils s'Ă©taient promis leur Ă©ternelle fidĂ©litĂ©. Aujourd'hui, le garçon torturĂ© vit pour elle, Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes... Il aimait la mort, elle aimait la vie, Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carriĂšre, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevĂ©s par une lĂ©vitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie Ă  la mesure de notre faible cƓur.
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Nicolas Bouvier (The Way of the World)
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Et puis un jour, tu meurs. (...) Nous, on est en cocon familial Ă  la campagne. Ce que mes parents ont construit et qui ne te ressemble pas. Une famille qui se colle. (...) Ma mĂšre s'accroche aux murs. C'est Hiroshima dans son ventre. Enfin dĂ©barrassĂ©e de ton absence. Elle deviendra peut-ĂȘtre normale. Une femme, avec une mĂšre enterrĂ©e. (p. 16)
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AnaĂŻs Barbeau-Lavalette (La femme qui fuit)
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Il fut mis dans une maison de charitĂ©, oĂč l’ñge et le regret de se voir loin de sa famille le mirent au tombeau presque en arrivant.
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Jean-Jacques Rousseau (Les Confessions)
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On ne vit pas seul mais avec une absence.
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David Foenkinos (La famille Martin (French Edition))
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Nous sommes une communauté parce que nous avons une mémoire. Parce que nous partageons des souvenirs, des savoirs qui ne nous ont pas été enseignés ou légués par nos familles.
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Vincent Fortier (Les racines secondaires)
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La sociĂ©tĂ© avait beau ĂȘtre lĂ , reprĂ©sentĂ©e par les geĂŽliers et les curieux Ă©pouvantĂ©s, le crime la narguait en face, et de ce chĂątiment horrible faisait une fĂȘte de famille.
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Victor Hugo (Le Dernier Jour D'un Condamné ; Claude Gueux)
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Certaines familles sortent grandies des Ă©preuves qu'elles traversent, Jan. Tandis que d'autres volent en Ă©clats. C'est tout l'un ou tout l'autre. Il n'y a pas une famille au monde oĂč la vie continue normalement aprĂšs un coup dur. Pas une. Et quand une famille ne reste pas unie dans le malheur, c'est en gĂ©nĂ©ral qu'elle avait de bonnes chances d'imploser tĂŽt ou tard.
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Rita Falk (Hannes)
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On comprend facilement qu'un naturaliste qui aborde l'Ă©tude de l'origine des espĂšces et qui observe les affinitĂ©s mutuelles des ĂȘtres organisĂ©s, leurs rapports embryologiques, leur distribution gĂ©ographique, leur succession gĂ©ologique et d'autres faits analogues, en arrive Ă  la conclusion que les espĂšces n'ont pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©es indĂ©pendamment les unes des autres, mais que, comme les variĂ©tĂ©s, elles descendent d'autres espĂšces.
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Charles Darwin (The Origin of Species)
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... je t'emmĂšnerais dans une contrĂ©e resplendissante et prospĂšre, au foyer d'une famille aristocratique des lettrĂ©s, fastueux domaine oĂč abondent les fleurs et les saules, terroir de la douceur, de richesse et d'honneurs, pour t'installer dans la joie et en toute sĂ©curitĂ©. Cao Xueqin, "Le RĂȘve dans le pavillon rouge", trad, fr. par Li Tche-Houa, J. AlĂ©zaĂŻs, rĂ©vision par A. D'Hormon, Paris, Gallimard, "BibliothĂšque de la PlĂ©iade", 1981, vol. 1, p. 8.
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Cao Xueqin (Le RĂȘve dans le pavillon rouge)
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C’est ainsi qu’il dut venir un temps oĂč les yeux du peuple furent fascinĂ©s Ă  tel point que ses conducteurs n’avaient qu’à dire au plus petit des hommes, Sois grand, toi et toute ta race, aussitĂŽt il paraissait grand Ă  tout le monde ainsi qu’à ses propres yeux, et ses descendants s’élevaient encore Ă  mesure qu’ils s’éloignaient de lui ; plus la cause Ă©tait reculĂ©e et incertaine, plus l’effet augmentait ; plus on pouvait compter de fainĂ©ants dans une famille, et plus elle devenait illustre.
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Jean-Jacques Rousseau (Discourse on the Origin of Inequality (Dover Thrift Editions: Philosophy))
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Mary Lou et moi, on est amies depuis qu’on est toutes petites. J’étais le boute-en-train de service, et elle, le cancre de la classe. « Cancre » n’est peut-ĂȘtre pas le mot juste. Disons que ses objectifs n’étaient pas trĂšs hauts. Elle voulait se marier et fonder une famille. Et si elle pouvait Ă©pouser le capitaine d’une Ă©quipe de foot, c’était encore mieux. [...] Moi, Ă  la mĂȘme Ă©poque, je rĂȘvais d’épouser Aladin pour qu’il m’emmĂšne sur son tapis volant. Donc, vous voyez : on n’avait pas les mĂȘmes valeurs.
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Janet Evanovich (Four to Score (Stephanie Plum, #4))
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L'heure s'est dĂ©roulĂ©e rapidement : rĂ©cits de combats ; batailles gagnĂ©es sur des guerres qui seraient forcĂ©ment perdues ; espoirs auxquels se raccrocher ; familles Ă  la fois vantĂ©es et accusĂ©es ; accord gĂ©nĂ©ral sur le fait que les amis n'y pigeaient rien ; larmes versĂ©es ; rĂ©confort prodiguĂ©. (
) - J'ai peur de l'oubli. J'en ai peur comme un aveugle que je connais a peur du noir. - Futur aveugle, a prĂ©cisĂ© Isaac avec une Ă©bauche de sourire. - Je suis trop dur ? a demandĂ© Augustus. C'est vrai qu'il m'arrive d'ĂȘtre aveugle aux sentiments des autres.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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« Et Garp dĂ©couvrit que, quand on est occupĂ© Ă  Ă©crire , tout semble ĂȘtre en rapport avec tout. Vienne se mourrait, le zoo endommagĂ© par la guerre n’avait pas Ă©tĂ© aussi bien reconstruit que les maisons oĂč habitaient les gens ; l’histoire d’une ville Ă©tait pareille Ă  l’histoire d’une famille – on y trouve de l’intimitĂ©, voire mĂȘme de l’affection, mais la mort finit toujours par sĂ©parer le monde. C’est la vigueur de la mĂ©moire qui, seule, prĂȘte aux morts une vie Ă©ternelle ; la tĂąche de l’écrivain est d’imaginer toutes choses de façon si personnelle que la fiction soit empreinte d’autant de vigueur que nos souvenirs personnels. »
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John Irving (Le Monde selon Garp)
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Par JEUNE FILLE DE BONNE FAMILLE, elle entendait une fille recommandable au vu des rÚgles établies par la société. Et par la société, il faut comprendre la famille, les voisins, les professeurs, les éboueurs, les boulangers, les enfants, les imams, les gardiens, les journalistes, les chauffeurs de taxi et enfin, le président.
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Kaouther Adimi (Des pierres dans ma poche)
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Dans un coin de la cuisine, une couronne de fleurs fanĂ©es lutte pour sortir de la poubelle. Will traverse la piĂšce, enfonce le couvercle. À ses pieds, les pĂ©tales qui dĂ©passaient, brisĂ©s, chutent en silence sur le carrelage froid. Il se laisse tomber sur une chaise en leur jetant un regard haineux. On lui a dit que les chrysanthĂšmes ne fanaient pas.
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Mary Fleureau (L'Autre CÎté (French Edition))
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Les familles pauvres se trouvaient ainsi dans une situation trĂšs pĂ©nible, tandis que les familles riches ne manquaient Ă  peu prĂšs de rien. Alors que la peste, par l’impartialitĂ© efficace qu’elle apportait dans son ministĂšre, aurait dĂ» renforcer l’égalitĂ© chez nos concitoyens, par le jeu normal des Ă©goĂŻsmes, au contraire, elle rendait plus aigu dans le cƓur des hommes le sentiment de l’injustice.
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Albert Camus (La peste: une peste inconnue)
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Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle
 Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă  la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm
 magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot
 le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan
 heu
 l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă  fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite
 non, non, parce que c'est la fille de
 non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite
 non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sƓur Anna, qui est restĂ©e Ă  Tintagel avec sa mĂšre Igerne la
 bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille
 Donc c'est des ours, en gros, enfin bref
 Ils sont tous lĂ  et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă  la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est
 c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser
 Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă  la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va
 et voilĂ  et en fait il trouve pas le vase. En fait il est
 il trouve pas
 et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou
 pas

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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psychogénéalogie ni aux phénomÚnes de répétition transmis d'une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J'ignore comment ces choses (l'inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent. Le fait est qu'elles traversent les familles de part en part, comme d'impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni.
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Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose Ă  la nuit)
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RĂ©solvez les deux problĂšmes, encouragez le riche et protĂ©gez le pauvre, supprimez la misĂšre, mettez un terme Ă  l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein Ă  la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivĂ©, ajustez mathĂ©matiquement et fraternellement le salaire au travail, mĂȘlez l’enseignement gratuit et obligatoire Ă  la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilitĂ©, dĂ©veloppez les intelligences tout en occupant les bras, soyez Ă  la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, dĂ©mocratisez la propriĂ©tĂ©, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriĂ©taire, chose plus facile qu’on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la rĂ©partir ; et vous aurez tout ensemble la grandeur matĂ©rielle et la grandeur
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Il n'y avait rien de trĂšs distinguĂ© dans tout ceci. Ce n'Ă©tait pas une belle famille ; ils n'Ă©taient pas bien habillĂ©s ; leurs souliers Ă©taient loin d'ĂȘtre impermĂ©ables ; leur garde-robe Ă©tait limitĂ©e ; et Peter savait peut-ĂȘtre, Ă  coup sĂ»r mĂȘme, Ă  quoi ressemblait une boutique de prĂȘteur sur gages, Ă  l'intĂ©rieur. Mais ils Ă©taient heureux, reconnaissants, contents les uns des autres et trouvaient satisfaction dans le moment prĂ©sent.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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- Sur cette terre qui est la tienne, répliqua l'Esprit, il y a des hommes qui ont la prétention de nous connaßtre et qui se servent de notre nom pour accomplir leurs actes de passion, d'orgueil, de méchanceté, de haine, d'envie, de bigoterie et d'égoïsme. Ces hommes-là nous sont aussi étrangers, à nous et à toute notre famille, que s'ils n'avaient jamais vu le jour. Souviens-toi bien de cela, et une autre fois rends-les responsables de leurs actions, pas nous.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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Et combien de civils tombĂ©s sous les bombes de leurs soi-disant alliĂ©s? Combien d'enfants ne souriront plus jamais? Combien de femmes tuĂ©es Ă  l'aune des tueries? Combien d'hommes perdrons-nous encore? Combien de jeunes conscrits obligerons-nous Ă  aller lĂ -bas? Combien de pĂšres de famille ne verront plus leurs enfants grandir? Une victoire? Non, il n'y a pas de victoire qui soit baignĂ©e d'autant de sang. Il n'y a pas de victoire lĂ  oĂč l'on vole l'Ăąme des innocents.
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Lily R. Davis (Le Journal Rouge)
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Au bout d'un parcours cahoteux, l'appareil décolla et elle ressentit quelque chose d'extraordinaire. Le rugissement du moteur se transforma en bourdonnement et elle eu l'impression de flotter. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils avaient pris de l'altitude et le monde en dessous avait changé de taille. Rassemblés devant la clÎture, toute la famille agitait la main et rapetissait sans cesse. Puis Billy survola la ville direction Milwaukee. Pour Fritzi, ce fut une révélation.
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Fannie Flagg (The All-Girl Filling Station's Last Reunion)
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Les vies gays sont souvent des vies diffĂ©rĂ©es ; elles commencent lorsqu'un individu se rĂ©invente lui-mĂȘme, en sortant de son silence, de sa clandestinitĂ© honteuse, ou en tout cas en s'amĂ©nageant des espaces oĂč il lui est possible d'ĂȘtre ce qu'il est et veut ĂȘtre. Lorsqu'il choisit au lieu de subir, et par exemple, lorsqu'il se compose une autre famille - constituĂ©e de ses amis, de ses amants, de ses anciens amants devenus ses amis et des amis de ses anciens amants - et reconstruit ainsi son identitĂ© aprĂšs avoir quittĂ© le champ clos et Ă©touffant de sa famille d'origine et de ses injonctions tacites ou explicites Ă  l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ©. Une telle fuite ne signifie pas nĂ©cessairement, cela va de soi, la rupture totale avec sa famille, mais plutĂŽt la nĂ©cessitĂ© de s'en tenir Ă©loignĂ© et de la tenir Ă  distance. Avant cela, les vies gays ne sont que des vies vĂ©cues par procuration, des vies imaginĂ©es, ou des vies attendues, espĂ©rĂ©es autant que redoutĂ©es. (p. 46)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Elio avait longuement raconté ses derniÚres péripéties, répondant aux questions avec une simplicité teintée de fierté que personne ne se serait autorisé à critiquer. Quand sa mÚre lui avait fait remarquer qu'il avait pris un risque immense, il s'était contenté de hausser les épaules, l'air fataliste. "Je l'ai fait pour vous" avaient compris ses parents. "C'est de famille" avait traduit Gino. "Un peu tard pour vous inquiéter" avait lu Barthélemy. Tous détenaient une part de vérité.
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Pierre Bottero (La HuitiĂšme Porte (L'Autre, #3))
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Un zoo Ă  Paris. Une mĂšre de famille et deux fillettes assistent, sidĂ©rĂ©es, Ă  une scĂšne incroyable. Une jeune fille aux longs cheveux noirs est agenouillĂ©e prĂšs d'un tigre six fois plus lourd qu'elle. Elle a posĂ© sa tĂȘte sur son Ă©paule massive comme pour le remercier et il la gratifie d'un regard Ă©nigmatique qu'elles on tout de mĂȘme envie de qualifier de tendre. Elles ne comprennent pas comment elle a franchi la grille, mais cela n'a aucune importance. Lorsqu'elles donneront l'alerte, la jeune fille aura disparu. Personne ne les croira.
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Pierre Bottero (Le Souffle de la HyĂšne (L'Autre, #1))
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Pour ce qu’il avait pu en observer l’existence des hommes s’organisait autour du travail, qui occupait la plus grande partie de la vie, et s’accomplissait dans des organisations de dimension variable. A l’issue des annĂ©es de travail s’ouvrait une pĂ©riode plus brĂšve, marquĂ©e par le dĂ©veloppement de diffĂ©rentes pathologies. Certains ĂȘtres humains, pendant la pĂ©riode la plus active de leur vie, tentaient en outre de s’associer dans des micro-regroupements, qualifies de familles, ayant pour but la reproduction de l’espĂšce ; mais ces tentatives, le plus souvent, tournaient court, pour des raisons liĂ©es a la <>.
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Michel Houellebecq
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Ce jeune frĂšre sans pĂšre ni mĂšre, ce petit enfant, qui lui tombait brusquement du ciel sur les bras, fit de lui un homme nouveau, il s'aperçut qu'il y avait autre chose dans le monde que les spĂ©culations de la Sorbonne et les vers d'Homerus, que l'homme avait besoin d'affections, que la vie sans tendresse et sans amour n'Ă©tait qu'un rouage sec, criard et dĂ©chirant ; seulement il se figura, car il Ă©tait dans l'Ăąge oĂč les illusions ne sont encore remplacĂ©es que par des illusions, que les affections de sang et de famille Ă©taient les seules nĂ©cessaires, et qu'un petit frĂšre Ă  aimer suffisait pour remplir toute une existence.
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Victor Hugo (Notre Dame de Paris)
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Les ennemis de l'ordre social profitent de ce contraste pour japper aprÚs la justice et se courroucer au nom du peuple de ce qu'on envoie aux galÚres un voleur de nuit et de poules dans une enceinte habitée, tandis qu'on met en prison, à peine pour quelques mois, un homme qui ruine des familles : mais ces hypocrites savent bien qu'en condamnant le voleur les juges maintiennent la barriÚre entre les pauvres et les riches, qui, renversée, amÚnerait la fin de l'ordre social ; tandis que le banqueroutier, l'adroit capteur de successions, le banquier qui tue une affaire à son profit, ne produisent que des déplacements de fortune. Ainsi,
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Honoré de Balzac (Etudes de moeurs . 2e livre. ScÚnes de la vie de province. T. 4. Illusions perdues. 3. Eve et David (French Edition))
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Sur un panneau figuraient les noms des dizaines de femmes de la ville brĂ»lĂ©es comme sorciĂšres sur la place publique. "Beaucoup d'habitants de Bruges portent toujours ces noms de famille et ignoraient, avant de visiter l'exposition, qu'ils ont peut-ĂȘtre eu une ancĂȘtre accusĂ©e de sorcellerie&, commentait le directeur du musĂ©e. Il disait cela en souriant, comme si le fait de compter dans son arbre gĂ©nĂ©alogique une innocente massacrĂ©e sur la base d'allĂ©gations dĂ©lirantes Ă©tait une petite anecdote trop sympa Ă  raconter Ă  ses amis. Et l'on s'interroge : de quel autre crime de passe, mĂȘme ancien, est-il possible de parler ainsi le sourire aux lĂšvres ?
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Retrouver l'appartement au retour de vacances est dĂ©licieux : il pue un peu, il sent notre famille et c'est une odeur si rassurante, on ne la sent comme ça si concentrĂ©e qu'une fois par an, les fenĂȘtres sont restĂ©es fermĂ©es, les odeurs de cuisine ont eu le temps de s'Ă©vaporer totalement, et il ne subsiste plus qu'un parfum trĂšs dense qui mĂȘle le bois des meubles, leur vernis, une trĂšs lĂ©gĂšre dĂ©composition des rideaux et des dessus de lit, un effritement imperceptible de la peinture des murs. Je me prĂ©cipite dans ma chambre pour vĂ©rifier que tout est lĂ  : je redeviens son propriĂ©taire. J'ouvre un tiroir oĂč une partie de la fameuse odeur est encore plus concentrĂ©e : j'y prends mon album de timbres.
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Hervé Guibert (My Parents (Masks))
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On a dit qu’une citĂ© dont les membres auront une Ă©gale rĂ©partition de bien et d'Ă©ducation prĂ©sentera aux regards de la DivinitĂ© un spectacle au-dessus du spectacle de la citĂ© de nos pĂšres. La folie du moment est d'arriver Ă  l'unitĂ© des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l'espĂšce entiĂšre, soit ; mais en acquĂ©rant des facultĂ©s gĂ©nĂ©rales, toute une sĂ©rie de sentiments privĂ©s ne pĂ©rira-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces ĂȘtres blancs, jaunes, noirs, rĂ©putĂ©s vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frĂšre. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace bornĂ© que vous aperceviez de votre fenĂȘtre encadrĂ©e de lierre ? Au-delĂ  de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait Ă  peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu Ă  l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaĂźtraient pas Ă  vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiĂ©s et vos amours ; que le gĂ©missement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre Ăąme ne serait troublĂ©e, que vous y rencontreriez toujours les pensĂ©es qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez oĂč vous Ă©tiez nĂ©, vous saviez oĂč Ă©tait votre tombe ; en pĂ©nĂ©trant dans la forĂȘt vous pouviez dire : Beaux arbres qui m’avez vu naĂźtre, BientĂŽt vous me verrez mourir
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François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Par curiositĂ©, par dĂ©sƓuvrement, par politesse, des Esseintes frĂ©quenta cette famille et il subit, plusieurs fois, dans son hĂŽtel de la rue de la Chaise, d’écrasantes soirĂ©es oĂč des parentes, antiques comme le monde, s’entretenaient de quartiers de noblesse, de lunes hĂ©raldiques, de cĂ©rĂ©moniaux surannĂ©s. Plus que ces douairiĂšres, les hommes rassemblĂ©s autour d’un whist, se rĂ©vĂ©laient ainsi que des ĂȘtres immuables et nuls ; lĂ , les descendants des anciens preux, les derniĂšres branches des races fĂ©odales, apparurent Ă  des Esseintes sous les traits de vieillards catarrheux et maniaques, rabĂąchant d’insipides discours, de centenaires phrases. De mĂȘme que dans la tige coupĂ©e d’une fougĂšre, une fleur de lis semblait seule empreinte dans la pulpe ramollie de ces vieux crĂąnes.
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Joris-Karl Huysmans (Against Nature)
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Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à prĂ©sent. Elle Ă©tait nĂ©e au bon endroit, Ă  une pĂ©riode plutĂŽt clĂ©mente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu Ă  craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes Ă  la coule, Ă©lĂšves sans difficultĂ©s majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succĂ©dĂ© avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs rĂ©itĂ©rĂ©s. Aussi avait-elle toujours envisagĂ© l’avenir avec une sorte de bonhomme indiffĂ©rence. Et voilĂ  qu’une fois Ă  dĂ©couvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, imprĂ©parĂ©e, avec pour tout bagage quelques idĂ©es naĂŻves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gĂątĂ©e.
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Nicolas Mathieu (Leurs enfants aprĂšs eux)
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Tu veux comprendre ce qu'est une année de vie : pose la question à un étudiant qui vient de rater son examen de fin d'année. Un mois de vie : parles-en à une mÚre qui vient de mettre au monde un enfant prématuré et qui attend qu'il sorte de sa couveuse pour serrer son bébé dans ses bras, sain et sauf. Une semaine : interroge un homme qui travaille dans une usine ou dans une mine pour nourrir sa famille. Un jour : demande à deux amoureux transis qui attendent de se retrouver. Une heure : questionne un claustrophobe, coincé dans un ascenseur en panne. Une seconde : regarde l'expression d'un homme qui vient d'échapper à un accident de voiture, et un milliÚme de seconde : demande à l'athlÚte qui vient de gagner la médaille d'argent aux jeux Olympiques, et non la médaille d'or pour laquelle il s'était entraßné toute sa vie.
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Marc Levy (If Only It Were True)
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La sociĂ©tĂ© secrĂšte est un Ă©chelon intermĂ©diaire sur le chemin de l'individuation : on confie encore Ă  une organisation collective le soin de se laisser diffĂ©rencier par elle ; c'est-Ă -dire que l'on n'a pas encore discernĂ© qu'Ă  proprement parler c'est la tĂąche de l'individu, de se tenir sur ses propres pieds et d'ĂȘtre diffĂ©rent de tous les autres. Toutes les identitĂ©s collectives, qu'elles soient appartenance Ă  des organisations, professions de foi en faveur de tel ou tel -isme, etc., gĂȘnent et contrecarrent l'accomplissement de cette tĂąche. Ces identitĂ©s collectives sont des bĂ©quilles pour des paralytiques, des boucliers pour anxieux, des canapĂ©s pour paresseux, des pouponniĂšres pour irresponsables, mais tout autant des auberges pour des pauvres et des faibles, un havre protecteur pour ceux qui ont fait naufrage, le sein d'une famille pour des orphelins, un but glorieux et ardemment escomptĂ© pour ceux qui ont errĂ© et qui sont déçus, et une terre promise pour les pĂšlerins harassĂ©s, et un troupeau et une clĂŽture sĂ»re pour brebis Ă©garĂ©es, et une mĂšre qui signifie nourriture et croissance. C'est pourquoi il serait erronĂ© de considĂ©rer ce degrĂ© intermĂ©diaire comme un obstacle ; il reprĂ©sente au contraire, et encore pour longtemps, la seule possibilitĂ© d'existence de l'individu qui, aujourd'hui plus que jamais, se retrouve menacĂ© d'anonymat. Cette appartenance Ă  une organisation collective est si importante Ă  notre Ă©poque qu'avec un certain droit elle paraĂźt Ă  beaucoup ĂȘtre un but dĂ©finitif, tandis que toute tentative de suggĂ©rer Ă  l'homme l'Ă©ventualitĂ© d'un pas de plus sur la voie de l'autonomie personnelle est considĂ©rĂ©e comme prĂ©somption ou dĂ©fi promĂ©thĂ©en, comme phantasme ou comme impossibilitĂ©. (p. 537-538)
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C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
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VoilĂ  bien la famille : mĂȘme celui qui n'a pas sa place dans le monde, qui n'est ni cĂ©lĂšbre ni riche, Ă  qui il n'est venu ni enfants ni idĂ©es, et dont le public ne lira le nom que dans sa notice nĂ©crologique, celui-lĂ , en famille, a pourtant sa place attitrĂ©e. En famille, on est quelqu'un. Vous n'imaginez pas comme Caroline imite bien Chaplin, ni comme Rudi est irritable. Et quel sens de l'humour, dans toute la famille ! Ce qui, partout ailleurs, n'aurait rien d'humoristique dĂ©clenche ici des rires retentissants, on ne saurait dire pourquoi ; c'est drĂŽle, voilĂ  tout, n'est-ce pas l'essentiel en matiĂšre d'humour ? Et puis, tous ceux qui ne sont pas de la famille sont bien plus ridicules qu'ils ne s'en doutent. Dieu les a vouĂ©s Ă  la caricature ; si vous ĂȘtes seul au monde, sans attaches, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r d'ĂȘtre le summum du ridicule pour les diverses familles qui vous observent. Il est vrai que ces qualitĂ©s, comme tout, peuvent ĂȘtre vues sous leur angle nĂ©gatif : la famille a l'esprit plus petit qu'une petite ville. Plus elle est chaleureuse, plus elle se montre dure pour tout ce qui n'est est pas elle, et elle est toujours plus cruelle qu'un ĂȘtre confrontĂ© seul Ă  la souffrance du monde. En cantonnant la gloire dans son cercle restreint, oĂč elle est faceil Ă  atteindre (« gloire de la famille »), elle endort l'ambition. Et parce que tous les Ă©vĂ©nements familiaux suscitent une tristesse plus profonde ou une joie plus Ă©clatante qu'ils ne le mĂ©ritent rĂ©ellement, parce qu'en famille ce qui n'a rien d'humoristique devient de l'humour, et des peines insignifiantes Ă  l'Ă©chelle collective, un malheur personnel, elle est le berceau de toute l'ineptie qui imprĂšgne notre vie publique. Il y aurait encore long Ă  en dire et on l'a dit parfois, mais jamais en des jours comme celui-ci.
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Robert Musil (La maison enchantée)
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Je ne vois pas pourquoi l'amour entre une mĂšre et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre, une fois pour toutes, de l'amour, de l'amour prĂ©tendu, de toutes les formes d'amour, mĂȘme de celui-lĂ , pourquoi il faudrait absolument qu'on s'aime, dans les familles et ailleurs, qu'on se le raconte sans cesse, les uns aux autres ou Ă  soi-mĂȘme. Je me demande qui a inventĂ© ça, de quand ça date, si c'est une mode, une nĂ©vrose, un toc, du dĂ©lire, quels sont les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, les ressorts politiques. Je me demande ce qu'on nous cache, ce qu'on veut de nous avec cette grande histoire de l'amour. Je regarde les autres et je ne vois que des mensonges et je ne vois que des fous. Quand est-ce qu'on arrĂȘte avec l'amour ? Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. Je me pose la question.
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Constance Debré (Love Me Tender)
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En chinois, le mot n'a presque jamais de sens absolument dĂ©fini et limitĂ© ; le sens rĂ©sulte trĂšs gĂ©nĂ©ralement de la position dans la phrase, mais avant tout de son emploi dans tel ou tel livre plus ancien et de l'interprĂ©tation admise dans ce cas. Ici, point de « racines » au-delĂ  desquelles on n'atteint plus et qui justifient le sens des dĂ©rivĂ©s dans les divers idiomes ou dialectes d'une mĂȘme famille ; le mot n'a de valeur que par ses acceptions traditionnelles. On n'a pas, Ă  ma connaissance, tirĂ© tout le parti possible de cette particularitĂ© de la langue chinoise, au point de vue de l'Ă©tude et de la recherche de la nature rĂ©elle du langage humain. Le mot chinois nous apparaĂźt «comme si», expression naturelle et spontanĂ©e d'une pensĂ©e abstraite Ă©trangĂšre aux circonstances et aux conditions de la vie animale de l'homme, celui-ci, saisissant dans cette pensĂ©e un rapport avec les circonstances et les conditions de sa vie, avait empruntĂ© le son de cette expression pour crĂ©er sa parole raisonnĂ©e.
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Paul-Louis-FĂ©lix Philastre (Le Yi king)
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'exploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'exploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'ex- ploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Le premier empereur est appelĂ© l'Empereur du Ciel. Il a dĂ©terminĂ© l'ordre du temps qu'il a divisĂ© en dix troncs cĂ©lestes et douze branches terrestres, le tout formant un cycle. Cet empereur vĂ©cut dix-huit mille ans. Le second empereur est l'Empereur de la Terre ; il vĂ©cut aussi dix-huit mille ans : on lui attribue la division du mois en trente jours. Le troisiĂšme empereur est l'Empereur des Hommes. Sous son rĂšgne apparaissent les premiĂšres Ă©bauches de la vie sociale. Il partage son territoire en neuf parties, et Ă  chacune d'elles il donne pour chef un des membres de sa famille. L'histoire cĂ©lĂšbre pour la premiĂšre fois les beautĂ©s de la nature et la douceur du climat. Ce rĂšgne eut quarante-cinq mille cinq cents ans de durĂ©e. Pendant ces trois rĂšgnes qui embrassent une pĂ©riode de quatre-vingt-un mille ans, il n'est question ni de l'habitation, ni du vĂȘtement. L'histoire nous dit que les hommes vivaient dans des cavernes, sans crainte des animaux, et la notion de la pudeur n'existait pas parmi eux. A la suite de quels Ă©vĂ©nements cet Ă©tat de choses se transforma-t-il ? L'histoire n'en dit mot. Mais on remarquera les noms des trois premiers empereurs qui comprennent trois termes, le ciel, la terre, les hommes, gradation qui conduit Ă  l'hypothĂšse d'une dĂ©cadence progressive dans l'Ă©tat de l'humanitĂ©.
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Tcheng-Ki-Tong (Les Chinois peints par eux-mĂȘmes)
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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La misĂšre est ici une matiĂšre, me dit GĂ©rard. Je suis Ă©tonnĂ© de l'accepter comme tout le monde. Avant de m'y intĂ©grer complĂštement, le ressentiment contre les spoliateurs m'Ă©touffait. Je ne rĂȘvais plus que d'explosifs et de sabotages au risque d'en pĂ©rir, avec mĂȘme l'espoir d'en pĂ©rir. Mais lorsque je rejoignais les miens, tout cela se dissipait. Je ne suis pas dupe de moi-mĂȘme : fils d'officier supĂ©rieur, bien pouvur en diplĂŽmes, mon choix est un artifice, un luxe inverse. Quelqu'un m'a dit que les nantis peuvent en plus s'offrir de la bonne conscience comme on s'offre un vĂȘtement de soie ou une pierre prĂ©cieuse. Il n'a pas tout Ă  fait tort. Je ne sais qu'une chose avec clartĂ© : je n'accepte pas le monde tel qu'il est. J'ai en moi, de ce fait, une insurrection permanente avec laquelle je dois composer. Dans mon labyrinthe, trois issues : la premiĂšre, faire ce pour quoi j'ai Ă©tĂ© programmĂ© : bon salaire, petite famille, l'ordre !?... DeuxiĂšme issue : la rĂ©volte ouverte dont je sens les prĂ©mices en sourde germination. J'apparaĂźtrai alors comme porteur d'idĂ©es rouges et il n'y a pas de pire rĂ©pression que celle qui vous catalogue, elle vous enferme dans votre casier et c'est de nouveau l'ordre. TroisiĂšme issue : la sublimation, on est secourable. Dans le naufrage gĂ©nĂ©ral, on prĂȘte un coin de son Ă©pave Ă  d'autres pour une idĂ©e censĂ©e transcender, cela est aussi une cohĂ©rence, j'y trouve mon compte, faute de mieux. Je viens aux hommes dont je m'occupe pour ĂȘtre aidĂ©. C'est du troc, voilĂ  tout.
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Pierre Rabhi (Du Sahara aux Cévennes : Itinéraire d'un homme au service de la Terre-MÚre)
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Un jour vint se loger, dans une des maisons qui sont sur la place, un homme de talent qui avait roulĂ© dans des abĂźmes de misĂšre ; mariĂ©, surcroĂźt de malheur qui ne nous afflige encore ni l’un ni l’autre, Ă  une femme qu’il aimait ; pauvre ou riche, comme vous voudrez, de deux enfants ; criblĂ© de dettes, mais confiant dans sa plume. Il prĂ©sente Ă  l’OdĂ©on une comĂ©die en cinq actes, elle est reçue, elle obtient un tour de faveur, les comĂ©diens la rĂ©pĂštent, et le directeur active les rĂ©pĂ©titions. Ces cinq bonheurs constituent cinq drames encore plus difficiles Ă  rĂ©aliser que cinq actes Ă  Ă©crire. Le pauvre auteur, logĂ© dans un grenier que vous pouvez voir d’ici, Ă©puise ses derniĂšres ressources pour vivre pendant la mise en scĂšne de sa piĂšce, sa femme met ses vĂȘtements au Mont-de-PiĂ©tĂ©, la famille ne mange que du pain. Le jour de la derniĂšre rĂ©pĂ©tition, la veille de la reprĂ©sentation, le mĂ©nage devait cinquante francs dans le quartier, au boulanger, Ă  la laitiĂšre, au portier. Le poĂšte avait conservĂ© le strict nĂ©cessaire : un habit, une chemise, un pantalon, un gilet et des bottes. SĂ»r du succĂšs, il vient embrasser sa femme, il lui annonce la fin de leurs infortunes. « Enfin il n’y a plus rien contre nous ! » s’écrie-t- il. « Il y a le feu, dit la femme, regarde, l’OdĂ©on brĂ»le. » Monsieur, l’OdĂ©on brĂ»lait. Ne vous plaignez donc pas. Vous avez des vĂȘtements, vous n’avez ni femme ni enfants, vous avez pour cent vingt francs de hasard dans votre poche, et vous ne devez rien Ă  personne. La piĂšce a eu cent cinquante reprĂ©sentations au thĂ©Ăątre Louvois. Le roi a fait une pension Ă  l’auteur. Buffon l’a dit, le gĂ©nie, c’est la patience. La patience est en effet ce qui, chez l’homme, ressemble le plus au procĂ©dĂ© que la nature emploie dans ses crĂ©ations.
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Honoré de Balzac (Illusions perdues; Tome 3 (French Edition))
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Bien du chemin, on le voit, a Ă©tĂ© parcouru depuis que l’esclave de Tunis trouva Ă  Dougga des pierres « engravĂ©es es lettres » qu’il pensait ĂȘtre « puniques, ou carthaginoises, ou bien syriaques ». La famille linguistique Ă  laquelle appartiennent ces vieilles Ă©critures ne fait plus guĂšre de doute aujourd’hui, mais nous sommes encore loin de les avoir dĂ©chiffrĂ©es. Aussi chimĂ©rique qu’elle soit, la perspective d’y parvenir un jour ne doit cesser de nous guider. Elle suppose que nous disposions d’un corpus systĂ©matique qui nous permettrait d’établir des sĂ©ries statistiques comparables Ă  celles qui ont mis Ventris sur la voie du dĂ©chiffrement du linĂ©aire B. Il y a dĂ©jĂ  longtemps que Lionel Galand a appelĂ© de ses vƓux la rĂ©alisation d’un tel corpus. La petite Ă©quipe qui l’entoure s’y emploie, et le livre de Mohamed Aghali et Jeannine Drouin s’inscrivait prĂ©cisĂ©ment dans cet effort collectif. Il faut aussi rassembler des donnĂ©es sur les pĂ©riodes plus anciennes, et notamment sur ce que Werner Pichler appelle la phase transitionnelle, dont nous n’avons encore qu’une vision trĂšs floue. On voit cependant des travaux paraĂźtre sur le sujet, l’article de Werner Pichler et Jean-LoĂŻc Le Quellec que j’ai mentionnĂ© incidemment Ă©tant l’un d’eux. Autre domaine qui demande Ă©galement qu’on s’y applique : les datations. Werner Pichler nous a fait lĂ -dessus des propositions originales, qui demandent encore Ă  ĂȘtre Ă©prouvĂ©es. Il n’est pas le seul, au demeurant, car les travaux d’Abdelaziz El Khayari et d’El Hassan Ezziani sont aussi d’un apport prĂ©cieux. En tout cas, tous les chercheurs que je cite dans cette conclusion – et il y en aurait encore quelques autres – sont totalement immuns au militantisme dont les effets sur les recherches berbĂ©risantes sont si dĂ©lĂ©tĂšres. C’est lĂ  une raison d’espĂ©rer dans l’avenir. [DĂ©chiffrages. Quelques rĂ©flexions sur l’écriture libyco-berbĂšre]
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Dominique Casajus
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Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sƓurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait Ă  ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă  un homme dont elle connaissait l’amour et la fidĂ©litĂ©, Ă  qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă  fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnĂȘte femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă  se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres s’était rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils s’étaient trouvĂ©s, avaient fait sur le cƓur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui l’intĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă  les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! qu’elle se serait trouvĂ©e heureuse !
 Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă  fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă  chacune quelque dĂ©faut ; elle n’en voyait aucune Ă  qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers. En faisant toutes’ces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se l’expliquer d’une maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cƓur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mĂ©lancolie Ă  laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cƓur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Une nouvelle gĂ©nĂ©ration, donc, subit simplement l'Ă©tat de choses ; elle ne se pose aucun vrai problĂšme, et de la « libĂ©ration » dont elle jouit, elle fait un usage Ă  tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prĂ©tend qu'elle n'est pas comprise, la seule rĂ©ponse Ă  lui donner c'est qu'il n'y a justement rien Ă  comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre Ă  sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupiditĂ© devient fatigante, envahissante et impertinente. Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalitĂ©, suit du reste une espĂšce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit prĂ©cisĂ©ment du contraire d'une manifestation de libertĂ©. Pour diffĂ©rents phĂ©nomĂšnes envisagĂ©s par nous dans les pages prĂ©cĂ©dentes, tels que par exemple le goĂ»t de la vulgaritĂ© et certaines formes nouvelles des mƓurs, on peut se rĂ©fĂ©rer, dans l'ensemble, Ă  cette jeunesse-lĂ  ; en font partie les fanatiques des deux sexes pour les braillards, les « chanteurs » Ă©pileptiques, au moment oĂč nous Ă©crivons pour les sĂ©ances collectives de marionnettes reprĂ©sentĂ©es par les ye-ye sessions, pour tel ou tel « disque Ă  succĂšs » et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-lĂ , du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser Ă  eux-mĂȘmes et Ă  leur stupiditĂ© et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polĂ©miques en ce qui concerne, par exemple, l'Ă©mancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief. Les annĂ©es passant, la nĂ©cessitĂ©, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problĂšmes matĂ©riels et Ă©conomiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-lĂ , devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simplement d'une forme de nullitĂ© Ă  une autre forme de nullitĂ©. Aucun problĂšme digne de ce nom ne vient se poser.
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Julius Evola (L'arco e la clava)
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À huit heures et demie du soir, deux tables Ă©taient dressĂ©es. La jolie madame des Grassins avait rĂ©ussi Ă  mettre son fils Ă  cĂŽtĂ© d’EugĂ©nie. Les acteurs de cette scĂšne pleine d’intĂ©rĂȘt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolĂ©s, chiffrĂ©s, et de jetons en verre bleu, semblaient Ă©couter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numĂ©ro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraĂźche de madame des Grassins, la tĂȘte martiale du banquier, celle d’Adolphe, le prĂ©sident, l’abbĂ©, le notaire, et se disait intĂ©rieurement : − Ils sont lĂ  pour mes Ă©cus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. HĂ© ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-lĂ  me servent de harpons pour pĂȘcher ! Cette gaietĂ© de famille, dans ce vieux salon gris, mal Ă©clairĂ© par deux chandelles ; ces rires, accompagnĂ©s par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincĂšres que sur les lĂšvres d’EugĂ©nie ou de sa mĂšre ; cette petitesse jointe Ă  de si grands intĂ©rĂȘts ; cette jeune fille qui, semblable Ă  ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquĂ©e, serrĂ©e par des preuves d’amitiĂ© dont elle Ă©tait la dupe ; tout contribuait Ă  rendre cette scĂšne tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scĂšne de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenĂ©e Ă  sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimĂ© par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient lĂ  qu’une place secondaire, ils animaient trois cƓurs purs, ceux de Nanon, d’EugĂ©nie et sa mĂšre. Encore, combien d’ignorance dans leur naĂŻvetĂ© ! EugĂ©nie et sa mĂšre ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pĂąles idĂ©es, et ne prisaient ni ne mĂ©prisaient l’argent, accoutumĂ©es qu’elles Ă©taient Ă  s’en passer. Leurs sentiments, froissĂ©s Ă  leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette rĂ©union de gens dont la vie Ă©tait purement matĂ©rielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment oĂč madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considĂ©rable qui eĂ»t jamais Ă©tĂ© pontĂ© dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit Ă  la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautĂšrent sur leurs chaises.
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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A l'inhibition sexuelle rĂ©sultant directement de la fixation aux parents, viennent s'ajouter les sentiments de culpabilitĂ© qui dĂ©rivent de l'Ă©normitĂ© de la haine accumulĂ©e au cours d'annĂ©es de vie familiale. Si cette haine reste consciente elle peut devenir un puissant facteur rĂ©volutionnaire individuel : elle poussera le sujet Ă  rompre les attaches familiales et pourra servir Ă  promouvoir une action dirigĂ©e contre les conditions productrices de cette haine. Si au contraire cette haine est refoulĂ©e, elle donne naissance aux attitudes inverses de fidĂ©litĂ© aveugle et d'obĂ©issance infantile. Ces attitudes constituent bien entendu un lourd handicap pour celui qui veut militer dans un mouvement libĂ©ral ; un individu de ce genre pourra fort bien ĂȘtre partisan d'une libertĂ© complĂšte, et en mĂȘme temps envoyer ses enfants Ă  l'Ă©cole du dimanche, ou continuer Ă  frĂ©quenter l'Ă©glise "pour ne pas faire de peine Ă  ses vieux parents" ; il prĂ©sentera des symptĂŽmes d'indĂ©cision et de dĂ©pendance, sĂ©quelles de la fixation Ă  la famille ; il ne pourra vraiment combattre pour la libertĂ©. Mais la mĂȘme situation familiale peut aussi produire l'individu "nĂ©vrotiquement rĂ©volutionnaire", spĂ©cimen frĂ©quent chez les intellectuels bourgeois. Les sentiments de culpabilitĂ©, liĂ©s aux sentiments rĂ©volutionnaires, en font un militant peu sĂ»r dans un mouvement rĂ©volutionnaire. (p. 140)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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En somme, la fonction politique de la famille est double : 1. Elle se reproduit elle-mĂȘme en mutilant sexuellement les individus. En se perpĂ©tuant, la famille patriarcale perpĂ©tue la rĂ©pression sexuelle et tout ce qui en dĂ©rive : troubles sexuels, nĂ©vroses, dĂ©mences et crimes sexuels. 2. Elle rend l'individu apeurĂ© par la vie et craintif devant l'autoritĂ©, et renouvelle donc sans cesse la possibilitĂ© de soumettre des populations entiĂšres Ă  la fĂ©rule d'une poignĂ©e de dirigeants. C'est pourquoi la famille revĂȘt pour le conservateur cette signification privilĂ©giĂ©e de rempart de l'ordre social auquel il croit. On s'explique aussi pourquoi la sexologie conservatrice dĂ©fend si opiniĂątrement l'institution familiale. C'est qu'elle "garantit la stabilitĂ© de l'Etat et de la SociĂ©tĂ©", au sens conservateur, rĂ©actionnaire, de ces notions. La valeur attribuĂ©e Ă  la famille devient donc la clĂ© de l'apprĂ©ciation gĂ©nĂ©rale de chaque type d'ordre social. (p. 141)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois! On écoute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'éveille, et toute une famille Vous embrasse, une mÚre, une soeur, une fille!
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Anonymous
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Il nous faut encore expliquer quels liens unissaient Tristana, car tel Ă©tait le nom de la jolie jeune fille, au grand don Lope, seigneur et maĂźtre de ce groupe, qui ne constituait pas Ă  proprement parler une famille. Dans le voisinage, et parmi les rares personnes qui dĂ©barquaient un moment chez don Lope pour faire une visite ou pour espionner, il y avait des versions pour tous les goĂ»ts. On voyait l’emporter tour Ă  tour, sur ce point capital, telle ou telle opinion ; durant un laps de temps de deux ou trois moi on tient pour vĂ©ritĂ© d’Evangile que cette demoiselle Ă©tait la niĂšce de notre personnage, et il se trouva que des voisins qui l’avaient entendu dire « papa », comme les poupĂ©es qui parlent.
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Benito PĂ©rez GaldĂłs (Tristana)
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Je crois que je suis divisé en trois parties. PremiÚrement je suis fait de mon individualité ; deuxiÚmement je suis le produit de mes parents, de mon éducation, de ma famille et de ma société ; troisiÚmement je suis un représentant du principe de vie en général, c'est-à-dire de cette force, justement, qui fait que les électrons tournent autour du noyau de l'atome, que les fourmis fourmillent et que le soleil se lÚve. Une partie de moi est aussi électron et fourmi et soleil et cela, l'éducation la plus bourgeois ne peut l'abßmer en rien. (p. 295-296)
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Fritz Zorn (Mars)
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Haiti Haïti, mon pays, wounded mother I'll never see. Ma famille set me free. Throw my ashes into the sea. Mes cousins jamais nés hantent les nuits de Duvalier. Rien n'arrete nos esprits. Guns can't kill what soldiers can't see. In the forest we lie hiding, unmarked graves where flowers grow. Hear the soldiers angry yelling, in the river we will go. Tous les morts-nés forment une armée, soon we will reclaim the earth. All the tears and all the bodies bring about our second birth.
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Arcade Fire
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BientĂŽt, le soir tombe sur le joli port de MytilĂšne. Tandis que la jeunesse grecque envahit bruyamment les cafĂ©s du front de mer, des dizaines de familles afghanes, syriennes ou africaines s’agglutinent de nouveau autour de la capitainerie pour passer la nuit dans un silence feutrĂ©. Une Ă©trange cohabitation qui se rĂ©pĂšte de jour en jour et laisse le goĂ»t amer d’une vie Ă  deux vitesses.
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Anonymous
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Florentine
 Florentine Lacasse
, moitié peuple, moitié chanson, moitié printemps, moitié misÚre
 Une Florentine détestant servir, détestant chaque minute de son assujettissement à la vie et, cependant, donnant ses payes presque en entier à sa famille. Une jeune fille que consumaient le dégoût du travail quotidien et aussi le dévouement aux siens. Une Florentine inconnue!
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Gabrielle Roy
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Au reste, les Germains ne croient pas que ce soit honorer les dieux, de les peindre comme des hommes, ou de les renfermer dans les temples; ils se contentent de leur consacrer des bois et des forĂȘts, dans l'obscuritĂ© desquels ils imaginent que rĂ©side la divinitĂ©. X. Ils sont fort adonnĂ©s aux augures et aux sorts, et n'y observent pas grande cĂ©rĂ©monie. Ils coupent une branche de quelque arbre fruitier en plusieurs piĂšces, et le marquent de certains caractĂšres. Ils les jettent ensuite, au hasard, sur un drap blanc. Alors le prĂȘtre, si c'est en public, ou le pĂšre de famille, si c'est dans quelque maison particuliĂšre, lĂšve chaque brin trois fois, aprĂšs avoir invoquĂ© les dieux, et les interprĂšte selon les caractĂšres qu'il y a faits. Si l'entreprise se trouve dĂ©fendue, ils ne passent point plus avant; car on ne consulte point deux fois sur un mĂȘme sujet, en un mĂȘme jour; mais si elle est approuvĂ©e, on jette le sort une seconde fois, pour en avoir la confirmation. Ils consultent aussi le vol et le chant des oiseaux: le hennissement des chevaux est encore pour eux un prĂ©sage trĂšs-assurĂ©. Ils en nourrissent de blancs dans leurs bois sacrĂ©s, et ils croiraient faire une profanation s'ils les employaient aux usages ordinaires.
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Anonymous
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Dans une France dĂ©stabilisĂ©e et plus Ă©clatĂ©e que jamais, il est crucial d’entretenir et de dĂ©velopper tous les moments de communion citoyenne. Le dimanche est le jour de la vie commune. Il est celui des fĂȘtes, des repas et promenades en famille, du vote aux Ă©lections, des devoirs faits et revus avec les enfants, des rencontres sportives amicales, du culte et de la pratique de beaucoup d’autres activitĂ©s sociales. Remettre en cause le principe du repos dominical, c'est porter une nouvelle atteinte Ă  cette cohĂ©sion nationale dont l'Ă©quilibre est aujourd'hui si fragile. Comme le disait le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, «la vie n'est pas le travail, travailler sans cesse rend fou ! ». L'Ă©largissement du travail le dimanche n'est pas une libĂ©ration. Invoquer la libertĂ© du travail pour le motiver est une mystification.
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Anonymous
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Je connais bien sa famille, elle habite l'Ă©tage en-dessous du notre. Sa mĂšre est une vielle peau, angoissĂ©e Ă  l'idĂ©e que ses cinq filles ne se marient pas et lui restent sur les bras. Elle prĂ©pare le trousseau de chacune depuis leur naissance : Ă  chaque anniversaire, elle leur achĂšte un drap, des couverts et du tissu. Les cinq filles sont habillĂ©es, emballĂ©es, Ă©tiquetĂ©es, et prĂȘte Ă  recevoir mari, belle-mĂšre et enfants.
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Kaouther Adimi (L'envers des autres)
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Catherine Graciet se consacre alors Ă  l’écriture d’articles pour diverses revues. Elle collabore avec l’avocat William Bourdon, qui dirige l’association Sherpa, dans des recherches documentaires sur le dossier dit des « biens mal acquis » de dictateurs africains. En mars 2012, elle cosigne avec Eric Laurent Le Roi prĂ©dateur, une habile compilation d’enquĂȘtes pour la plupart parues dans Le Journal Hebdomadaire. MalgrĂ© les erreurs factuelles qui Ă©maillent le brulĂŽt, le succĂšs est immĂ©diat. Contre l’avis de Nicolas Beau, Graciet y fait cette fois-ci mention du rapport Kroll. Tout ce qu’elle croit en savoir y est couchĂ©. « Sa portĂ©e y est manifestement exagĂ©rĂ©e », reconnaĂźt Beau. Lorsque Graciet et Laurent concluent un nouveau contrat en dĂ©cembre 2014 avec Le Seuil, ils prĂ©sentent leur projet Histoires de famille comme une suite au Roi prĂ©dateur. L’éditeur y voit naturellement une opportunitĂ© de publier un second best-seller. Selon la presse française, un Ă -valoir de 21 000 euros est versĂ© Ă  chacun d’entre eux. Pourtant, les auteurs savent pertinemment Ă  la signature de ce second contrat que le rapport Kroll n’est pas aussi juteux qu’ils le prĂ©tendront lors de leurs Ă©changes avec l’avocat du roi. « Ils ont fait monter la sauce », observe un journaliste français proche des protagonistes. De dĂ©cembre 2014 Ă  juillet 2015, Graciet et Laurent cherchent « un moyen de transformer le projet de livre en une rente », estime-t-il. Son explication est simple : « Ils savent qu’en octobre 2015, ils doivent remettre un manuscrit au Seuil, qui en a programmĂ© la sortie dĂ©but 2016. A dĂ©faut, ils doivent rembourser les Ă -valoir dĂ©jĂ  perçus ». [Les fausses pĂ©pites du livre de Laurent et Graciet] - Ledesk
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Ali Amar
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Pour aimer cuisiner, nous avons besoin d'en avoir reçu la permission. Cette permission est le plus souvent donnĂ©e par la mĂšre, parce que c'est elle majoritairement dans notre sociĂ©tĂ© qui officie Ă  la cuisine au quotidien. Elle peut aussi, selon les familles, avoir Ă©tĂ© donnĂ©e par un frĂšre, un oncle, une grand-mĂšre ou toute autre figure parentale importante de notre enfance. Évidemment, la permission n'a pas Ă©tĂ© donnĂ©e mot Ă  mot : "Je te permets de cuisiner, de faire de la bonne cuisine et de rĂ©ussir tes plats." Mais la personne qui cuisinait (pĂšre ou mĂšre) vous a autorisĂ©(e) Ă  ĂȘtre lĂ  dans la cuisine, avec elle, Ă  la regarder faire. Alors mĂȘme que vous Ă©tiez trop petit(e) pour comprendre vraiment, elle vous a racontĂ© peut-ĂȘtre ce qu'elle faisait, comment elle maniait les Ɠufs en neige avec prĂ©caution ou pĂ©trissait la pĂąte avec Ă©nergie. Ensuite, elle vous a permis de l'aider, d'apporter le sel, de verser la farine
 de participer de plus en plus Ă  la fabrication du repas. Elle vous a ensuite encouragĂ©(e) Ă  rĂ©aliser un plat seul(e) et vous a fĂ©licitĂ©(e) mĂȘme s'il n'Ă©tait pas aussi rĂ©ussi que vous l'auriez voulu. (p.48-49)
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Isabelle Filliozat (Un zeste de conscience dans la cuisine)
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Le gouvernement (chinois, 1) a toujours manifestĂ©, au sujet de l'islamisme, une opinion plus ou moins favorable, et l'on peut citer de nombreux dĂ©crets, publiĂ©s Ă  diverses Ă©poques, pour rappeler aux populations que la doctrine de Mahomet n'a pas d'autre but que d'enseigner la pratique du bien, ainsi que l'observation des obligations naturelles et des devoirs sociaux, et que si elle prĂ©sente quelques diffĂ©rences avec les autres doctrines, il fallait considĂ©rer ces diffĂ©rences comme de simples questions de pays et de mƓurs parfaitement comprises par son fondateur. « Les mahomĂ©tans », disait l'empereur Yong-Tching, infligeant en 1732 un blĂąme sĂ©vĂšre au grand juge du Ngan-Hoey, qui lui avait adressĂ© contre la religion musulmane un rapport malveillant et mensonger, « sont devenus enfants du pays, et appartiennent, comme tous les autres, Ă  la grande famille chinoise. J'entends qu'on les laisse libres de professer leur religion, et qu'ils soient traitĂ©s comme mes autres sujets, pourvu qu'ils respectent les lois de l'empire. La religion est une affaire de conscience que nul n'a le droit de scruter. » (1) Sous la dynastie des Ming, en l'an 1384, l'empereur Tai-Tsou fit lui-mĂȘme l'Ă©loge de Mahomet en cent caractĂšres gravĂ©s sur une tablette qu'il donna Ă  un de ses ministres mahomĂ©tans. Cette inscription Ă©tait ainsi conçue : « Les livres arabes expliquent la crĂ©ation de l'univers. Le fondateur et le propagateur de la religion musulmane est un grand saint, nĂ© en Occident, il a reçu du ciel 30 volumes d'un livre sacrĂ© qui lui a servi Ă  Ă©clairer le monde entier. C'Ă©tait un grand roi et un grand maĂźtre, c'est le premier des saints ; il coopĂšre aux mouvements du ciel, il protĂšge les royaumes et les peuples, il a prescrit des priĂšres orales qui doivent ĂȘtre rĂ©citĂ©es cinq fois par jour ; il a ordonnĂ© Ă©galement la priĂšre mentale. La base de sa doctrine est l'adoration du vrai Seigneur. Elle augmente le courage du pauvre, console les malheureux, pĂ©nĂštre le cachĂ© et l'obscur, sauve les vivants et dĂ©livre les morts. Cette doctrine, conforme Ă  celle de l'antiquitĂ© et du prĂ©sent, repousse et combat les superstitions. C'est la doctrine pure. Mahomet est rĂ©ellement un grand saint. »
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Philibert Dabry de Thiersant
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Aussi conviendrait-il, pour parvenir Ă  parler sans honte des livres non lus, de nous dĂ©livrer de l’image oppressante d’une culture sans faille, transmise et imposĂ©e par la famille et les institutions scolaires, image avec laquelle nous essayons en vain toute notre vie de venir coĂŻncider. Car la vĂ©ritĂ© destinĂ©e aux autres importe moins que la vĂ©ritĂ© de soi, accessible seulement Ă  celui qui se libĂšre de l’exigence contraignante de paraĂźtre cultivĂ©, qui nous tyrannise intĂ©rieurement et nous empĂȘche d’ĂȘtre nous-mĂȘme.
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Pierre Bayard (How to Talk About Books You Haven't Read)
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Alors que le grand U canalisait les eaux pour assĂ©cher les terres, il s’égara, contourna la mer du nord, et arriva, trĂšs loin, tout au septentrion, dans un pays sans vent ni pluie, sans animaux ni vĂ©gĂ©taux d’aucune sorte, un haut plateau bordĂ© de falaises abruptes, avec une montagne conique au centre. D’un trou sans fond, au sommet du cĂŽne, jaillit une eau d’une odeur Ă©picĂ©e et d’un goĂ»t vineux, qui coule en quatre ruisseaux jusqu’au bas de la montagne, et arrose tout le pays. La rĂ©gion est trĂšs salubre, ses habitants sont doux et simples. Tous habitent en commun, sans distinction d’ñge ni de sexe, sans chefs, sans familles. Ils ne cultivent pas la terre, et ne s’habillent pas. TrĂšs nombreux, ces hommes ne connaissent pas les joies de la jeunesse, ni les tristesses de la vieillesse. Ils aiment la musique, et chantent ensemble tout le long du jour. Ils apaisent leur faim en buvant de l’eau du geyser merveilleux, et rĂ©parent leurs forces par un bain dans ces mĂȘmes eaux. Ils vivent ainsi tous exactement cent ans, et meurent sans avoir jamais Ă©tĂ© malades. Jadis, dans sa randonnĂ©e vers le Nord, l’empereur Mou des Tcheou visita ce pays, et y resta trois ans. Quand il en fut revenu, le souvenir qu’il en conservait, lui fit trouver insipides son empire, son palais, ses festins, ses femmes, et le reste. Au bout de peu de mois, il quitta tout pour y retourner. Koan-tchoung Ă©tant ministre du duc Hoan de Ts’i, l’avait presque dĂ©cidĂ© Ă  conquĂ©rir ce pays. Mais Hien-p’eng ayant blĂąmĂ© le duc de ce qu’il abandonnait Ts’i, si vaste, si peuplĂ©, si civilisĂ©, si beau, si riche, pour exposer ses soldats Ă  la mort et ses feudaÂŹtaires Ă  la tentation de dĂ©serter, et tout cela pour une lubie d’un vieillard, le duc Hoan renonça Ă  l’entreprise, et redit Ă  Koan-tchoung les paroles de Hien-p’eng. Koan-tchoung dit : Hien p’eng n’est pas Ă  la hauteur de mes conceptions. Il est si entichĂ© de Ts’i, qu’il ne voit rien au delĂ . (Lieh-Zi, 5.5) æčŻć•,5: çŠčäč‹æČ»æ°ŽäžŠäčŸïŒŒèż·è€Œć€±ćĄ—ïŒŒèŹŹäč‹äž€ćœ‹ă€‚æż±ćŒ—æ”·äč‹ćŒ—ïŒŒäžçŸ„è·éœŠć·žćčŸćƒèŹé‡ŒïŒŒć…¶ćœ‹ćæ›°ç”‚ćŒ—ïŒŒäžçŸ„際畔äč‹æ‰€éœŠé™ă€‚æ— éąšé›šéœœéœČïŒŒäžç”Ÿéł„ă€çžă€èŸČă€é­šă€è‰ă€æœšäč‹éĄžă€‚ć››æ–č悉ćčłïŒŒć‘šä»„ć–Źé™Ÿă€‚ç•¶ćœ‹äč‹äž­æœ‰ć±±ïŒŒć±±ććŁșé ˜ïŒŒç‹€è‹„ç””ç”„ă€‚é ‚æœ‰ćŁïŒŒç‹€è‹„ć“Ąç’°ïŒŒćæ›°æ»‹ç©Žă€‚æœ‰æ°Žæč§ć‡șïŒŒćæ›°ç„žç€”ïŒŒè‡­éŽè˜­æ€’ïŒŒć‘łéŽé†Ș醮。侀æșćˆ†ç‚șć››ćŸ’ïŒŒæłšæ–Œć±±äž‹ïŒ›ç¶“ç‡Ÿäž€ćœ‹ïŒŒäșĄäžæ‚‰ćŸ§ă€‚ćœŸæ°Łć’ŒïŒŒäșĄæœ­ćŽČ。äșșæ€§ć©‰è€ŒćŸžïŒŒç‰©äžç«¶äžçˆ­ă€‚æŸ”ćżƒè€ŒćŒ±éȘšïŒŒäžé©•äžćżŒïŒ›é•·ćčŒć„•ć±…ïŒŒäžć›äžè‡ŁïŒ›ç”·ć„łé›œæžžïŒŒäžćȘ’äžè˜ïŒ›ç·Łæ°Žè€Œć±…ïŒŒäžè€•äžçšŒïŒ›ćœŸæ°Łæș«é©ïŒŒäžçč”äžèĄŁïŒ›ç™ŸćčŽè€Œæ­»ïŒŒäžć€­äžç—…ă€‚ć…¶æ°‘ć­łé˜œäșĄæ•žïŒŒæœ‰ć–œæš‚äșĄèĄ°è€ć“€è‹Šă€‚ć…¶äż—ć„œèČïŒŒç›žæ”œè€Œèż­èŹ ïŒŒç”‚æ—„äžèŒŸéŸłă€‚é„‘æƒ“ć‰‡éŁČç„žç€”ïŒŒćŠ›ćż—ć’Œćčłă€‚éŽć‰‡é†‰ç¶“æ—Źäčƒé†’。æČæ”Žç„žç€”ïŒŒè†šè‰Čè„‚æŸ€ïŒŒéŠ™æ°Łç¶“æ—Źäčƒæ­‡ă€‚ć‘šç©†çŽ‹ćŒ—éŠïŒŒéŽć…¶ćœ‹ïŒŒäž‰ćčŽćż˜æ­žă€‚æ—ąćć‘šćź€ïŒŒæ…•ć…¶ćœ‹ïŒŒæƒç„¶è‡Șć€±ă€‚äžé€Čé…’è‚‰ïŒŒäžćŹćŹȘćŸĄè€…æ•žæœˆïŒŒäčƒćŸ©ă€‚知ä»Čć‹‰éœŠæĄ“ć…ŹïŒŒć› éŠéŒćŁïŒŒäż±äč‹ć…¶ćœ‹ă€‚ćčŸć‰‹èˆ‰ïŒŒéš°æœ‹è««æ›°ïŒšă€Œć›èˆéœŠćœ‹äč‹ć»ŁïŒŒäșș民äč‹çœŸïŒŒć±±ć·äč‹è§€ïŒŒæź–物äč‹é˜œïŒŒçŠźçŸ©äč‹ç››ïŒŒç« æœäč‹çŸŽïŒŒćŠ–éĄç›ˆćș­ïŒŒćż è‰Żæ»żæœïŒŒè‚†ć’€ć‰‡ćŸ’ć’ç™ŸèŹïŒŒèŠ–æ’ć‰‡è«žäŸŻćŸžć‘œïŒŒäșŠć„šçŸšæ–ŒćœŒïŒŒè€ŒæŁ„éœŠćœ‹äč‹ç€Ÿçš·ïŒŒćŸžæˆŽć€·äč‹ćœ‹äčŽïŒŸæ­€ä»Č父äč‹è€„ïŒŒæŸ°äœ•ćŸžäč‹ïŒŸă€æĄ“ć…Źäčƒæ­ąïŒŒä»„隰朋äč‹èš€ć‘ŠçźĄä»Čä»Čæ›°ïŒšă€Œæ­€ć›ș非朋äč‹æ‰€ćŠäčŸă€‚è‡ŁæćœŒćœ‹äč‹äžćŻçŸ„äč‹äčŸă€‚éœŠćœ‹äč‹ćŻŒć„šæˆ€ïŒŸéš°æœ‹äč‹èš€ć„šéĄ§ïŒŸă€
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Liezi (Lieh-tzu: A Taoist Guide to Practical Living (Shambhala Dragon Editions))
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Ce sont des gosses en Ă©chec scolaire, m'explique-t-il, la mĂšre est seule le plus souvent, certains ont dĂ©jĂ  eu des ennuis avec la police, ils ne veulent pas entendre parler des adultes, ils se retrouvent dans des classes relais, quelque chose comme tes classes amĂ©nagĂ©es des annĂ©es soixante-dix, je suppose. Je prends les caĂŻds, les petits chefs de quinze ou seize ans, je les isole provisoirement du groupe, parce que c'est le groupe qui les tue, toujours, il les empĂȘche des e constituer, je leur colle une camĂ©ra dans les mains et je leur confie un de leurs potes Ă  interviewer, un gars qu'ils choisissent eux-mĂȘmes. Ils font l'interview seuls dans un coin, loin des regards, ils reviennent, et nous visionnons le film tous ensemble, avec le groupe, cette fois. Ça ne rate jamais : l'interviewĂ© joue la comĂ©die habituelle devant l'objectif, et celui qui filme entre dans son jeu. Ils font les mariolles, ils en rajoutent sur leur accent, ils roulent des mĂ©caniques dans leur vocabulaire de quatre sous en gueulant le plus fort possible, comme moi quand j'Ă©tais mĂŽme, ils en font des caisses, comme s'ils s'adressaient au groupe, comme si le seul spectateur possible, c'Ă©tait le groupe, et pendant la projection leurs copains se marrent. Je projette le film une deuxiĂšme, une troisiĂšme, une quatriĂšme fois. Les rires s'espacent, deviennent moins assurĂ©s. L'intervieweur et l'interviewĂ© sentent monter quelque chose de bizarre, qu'ils n'arrivent pas Ă  identifier. À la cinquiĂšme ou Ă  la sixiĂšme projection, une vraie gĂȘne s'installe entre leur public et eux. À la septiĂšme ou Ă  la huitiĂšme (je t'assure, il m'est arrivĂ© de projeter neuf fois le mĂȘme film !), ils ont tous compris, sans que je le leur explique, que ce qui remonte Ă  la surface de ce film, c'est la frime, le ridicule, le faux, leur comĂ©die ordinaire, leurs mimiques de groupe, toutes leurs Ă©chappatoires habituelles, et que ça n'a pas d'intĂ©rĂȘt, zĂ©ro, aucune rĂ©alitĂ©. Quand ils ont atteint ce stade de luciditĂ©, j'arrĂȘte les projections et je les renvoie avec la camĂ©ra refaire l'interview, sans explication supplĂ©mentaire. Cette fois on obtient quelque chose de plus sĂ©rieux, qui a un rapport avec leur vie rĂ©elle ; ils se prĂ©sentent, ils disent leur nom, leur prĂ©nom, ils parlent de leur famille, de leur situation scolaire, il y ades silences, ils cherchent leurs mots, on les voit rĂ©flĂ©chir, celui qui rĂ©pond autant que celui qui questionne, et, petit Ă  petit, on voit apparaĂźtre l'adolescence chez ces adolescents, ils cessent d'ĂȘtre des jeunes quis 'amusent Ă  faire peur, ils redeviennent des garçons et des filles ed leur Ăąge, quinze ans, seize ans, leur adolescence traverse leur apparence, elle s'impose, leurs vĂȘtements, leurs casquettes redeviennent des accessoires, leur gestuelle s'attĂ©nue, instinctivement celui qui filme resserre le cadre, il zoome, c'est leur visage qui compte maintenant, on dirait que l'interviewer Ă©coute le visage de l'autre, et sur ce visage, ce qui apparaĂźt, c'est l'effort de comprendre, comme s'ils s'envisageaient pour la premiĂšre fois tels qu'ils sont : lis font connaissance avec la complexitĂ©. (p. 236-237)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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Aussi loin que je me souvienne, quand les jeunes professeurs sont découragés par une classe, ils se plaignent de n'avoir pas été formés pour ça. Le « ça » d'aujourd'hui, parfaitement réel, recouvre des domaines aussi variés que la mauvaise éducation des enfants par la famille défaillante, les dégùts culturels liés au chÎmage et à l'exclusion, la perte des valeurs civiques qui s'ensuit, la violence dans certains établissements, les disparités linguistiques, le retour du religieux, mais aussi la télévision, les jeux électroniques, bref tout ce qui nourrit plus ou moins le diagnostic social que nous servent chaque matin nos premiers bulletins d'information. (p. 266)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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Je n'ai gardĂ© que d'excellents souvenirs de la maison paternelle; ce sont pour l'homme les plus prĂ©cieux de tous, pourvu que l'amour et la concorde rĂšgnent un tant soit peu dans la famille. On peut mĂȘme conserver un souvenir Ă©mu de la pire des familles, si l'on a une Ăąme capable d'Ă©motion.
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Fyodor Dostoevsky (Les FrĂšres Karamazov)
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Un nouvel Ă©lĂšve de treize ans, qui a dĂ©testĂ© la classe toute sa vie, arrive Ă  Summerhill et flĂąne pendant des semaines. Enfin, mort d'ennui, il vient me voir et me demande : "Dois-je aller en classe ?" Je rĂ©ponds : "Cela ne me regarde pas", parce que c'est Ă  lui seul qu'il appartient de dĂ©couvrir ses besoins intĂ©rieurs. Mais Ă  un autre je rĂ©pliquerai : "Oui, c'est une idĂ©e", parce que sa vie scolaire et sa vie de famille, basĂ©es toutes deux sur des emplois du temps stricts l'ont rendu incapable de dĂ©cider, et je dois lui laisser le temps de dĂ©velopper de la confiance en lui-mĂȘme. (p. 368)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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Les Marseillais n'aiment pas les voyages. Tout le monde les croit marins, aventuriers, que leur pÚre ou leur grand-pÚre a fait le tour du monde, au moins une fois. Au mieux, ils étaient allés jusqu'à Niolon, ou au Cap Croisette. Dans les familles bourgeoises, la mer était interdite aux enfants. Le port permettait les affaires, mais la mer, c'était sale. C'est par là qu'arrivait le vice. Et la peste. DÚs les beaux jours, on partait vivre dans les terres. Aix et sa campagne, ses mas et ses bastides. La mer, on la laissait aux pauvres.
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Jean-Claude Izzo (La trilogie Fabio Montale: Total Khéops, Chourmo, Solea)
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Certes, RenĂ© GuĂ©non, assis en tailleur devant moi, en train de manger avec prĂ©cautions un pigeon frit qu'il tient entre ses doigts, n'a jamais prĂ©tendu Ă  la direction spirituelle, moins encore Ă  la saintetĂ©. Mais jamais je n'ai eu Ă  tel point le sentiment du coup de gomme du sacrĂ© sur un visage. L'homme, dans son effacement, Ă©tait en-deçà ou au-delĂ  de l'individuel, et ceci jusque dans le dĂ©tail le plus banal. Comment le nommer en parlant de lui avec sa famille ? Est-ce M. GuĂ©non ou bien le cheik Abd el-Wahid, le pĂšre de Leila et Khadija, les fillettes qui courent dans le jardin ? J'en suis encore Ă  me demander si sa femme, la fille du cheik Mohammed Ibrahim, Ă©tait consciente de l'existence de M. RenĂ© Guenon, fils de Jean-Baptiste GuĂ©non, architecte Ă  Blois, et de Madame nĂ©e Jolly. « BĂ©ni soit Celui qui efface les noms, prĂ©noms et surnoms.» Tout rĂ©sidu psychique ou mental Ă©tait aboli, il ne restait plus qu'une Ăąme d'une transparence totale. Mais rien de l'ascĂšse ni de l'extase. La puretĂ© Ă©tait sans apprĂȘt, familiĂšre mĂȘme, presque terre Ă  terre. En toute simplicitĂ©, RenĂ© Guenon Ă©tait diaphane. Sa conversation Ă©tait souvent banale, sans effets de style. Dire ce qui est. Les seuls ornements Ă©taient les citations, Ă  la maniĂšre orientale, de proverbes Ă©difiants ou de versets pieux : « Tout passe, sauf le Visage de Dieu. » Pour RenĂ© GuĂ©non, ce qui est, c'est le Visage de Dieu. Dire ce qui est, c'est dĂ©crire les reflets de ce Visage dans les VĂ©das ou le Tao Te King, la Kabbale ou l'Ă©sotĂ©risme musulman, les mythologies ou bien les symboles de l'art chrĂ©tien mĂ©diĂ©val. L'homme disparaissait derriĂšre la doctrine traditionnelle.
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Nadjm Bammate
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Plus d’État mais seulement la sociĂ©tĂ©, plus de principe mais seulement une gestion des pulsions sociales, et au centre un gentil organisateur, un plancton dont les obsessions quantitativo-statistiques abolissent la sphĂšre de la politique et la remplacent par le nĂ©ant d’un babillage dĂ©magogique non si­gnifiant, purement phonique, phatique, autour duquel la presse s’onanise et le public bĂ©e. La vocation intellectuelle, ar­tistique et spirituelle de l’homme disparaĂźt sous les coups du nivellement de masse, car l’homme n’est ici qu'un travailleur, le rouage d’une Ă©nergie productrice qu’il faut rendre opĂ©ra­tionnel le plus rapidement possible ; on lui invente un collĂšge unique dont disparaĂźt progressivement toute connaissance vé­ritable, un lieu d’abrutissement intellectuellement dĂ©finalisĂ©, d’éducation technique de groupe, afin que toutes les espĂšces et catĂ©gories du troupeau puissent parvenir plus largement au degrĂ© de qualification qui les asservira au quantitatif, tandis que le monde entier afflue Ă  MicrocĂ©phalopolis afin de rem­plir les cases laissĂ©es vides. Les chiffres broient l’homme, la matiĂšre est placĂ©e au-dessus de l’esprit, la technique au-dessus du savoir, l’intĂ©rĂȘt au-dessus de toute gratuitĂ© ; plus d’hon­neur, de civilitĂ©, de gĂ©nĂ©rositĂ©, plus de famille, plus d’amitiĂ©. Dans ce contexte le mĂ©lange culturel s’inscrit non comme une louable ouverture mais comme la colonisation d’un espace in­tellectuel vide parce que volontairement dĂ©sertĂ©. MicrocĂ©phalopolis s'identifie Ă  ce dĂ©sert pour devenir jungle, elle veut n’ĂȘtre que friche et fiche, elle veut n’ĂȘtre rien, elle vĂ©nĂšre les raclĂ©es, elle nie ses origines sauf pour s’inventer de mythologiques fautes oĂč peut ainsi s’exercer sa haine de soi, c’est-Ă -dire de la spiritualitĂ© dont elle devrait ĂȘtre porteuse. Elle est cette nation devenue elle-mĂȘme femelle et que ses attitudes de mo­rue exposent continuellement au viol. Refusant de porter un quelque regard sur sa situation, se fĂ©licitant de tout ce qui n'est pas sa nature et dont elle se remplit, elle tend sa croupe Ă  tout vent et enfonce la tĂȘte dans le sable en des maniĂšres d'autruche dĂ©nĂ©gatrice et nymphomane.
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Maxence Caron
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Il suffit de formuler cette pensĂ©e : tu dois vivre toute ta vie avec toi-mĂȘme. Tu peux te trouver une nouvelle compagne, tu peux quitter ta famille et tes amis, partir, dĂ©couvrir d'autres villes, d'autres lieux, tu peux vendre tout ce que tu possĂšdes, te dĂ©barrasser de tout ce que tu n'aimes pas, tu ne pourras jamais - aussi longtemps que tu vivras - te dĂ©barrasser de toi-mĂȘme.
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Tomas Espedal
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Un peuple doit pouvoir compter sur sa diaspora rĂ©partie Ă  travers le globe et, une famille de cƓur sur les membres de sa communautĂ© repartis Ă  travers la ville, la rĂ©gion ou le pays. Le lien entre les membres est essentiel pour mener une lutte sur le plan Ă©conomique ou celui de l’identitĂ© sur l’échiquier international. La notion de peau fait place Ă  celle de l’uniforme plus complexe Ă  dĂ©finir tant qu’elle joue sur des notions subjectives d’attitudes et d’oppression Ă©conomique. La frontiĂšre entre les besoins identitaires et les comportements culturels en voie de disparition reste un art que le monde Ă©conomique ne peut s’illustrer.
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Arnaud Segla (Le Point, quatre saisons pour reconstruire)
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Vivre au sein d’une famille marquĂ©e par un deuil dont on ne garde aucun souvenir est comme d’ĂȘtre assis derriĂšre un spectateur de trĂšs grand taille au cinĂ©ma. Autour de soi, tout le monde rit, pleure et rĂ©agit Ă  des choses dont on ignore tout.
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Shaun Hamill (A Cosmology of Monsters)
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Le mariage est l'institution par laquelle un travail gratuit est extorquĂ© Ă  une catĂ©gorie de la population, les femmes-Ă©pouses. Ce travail est gratuit car il ne donne pas lieu Ă  un salaire mais seulement Ă  l'entretien [...] On doit en conclure que la non-valeur de ce travail est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus prĂ©cisĂ©ment c'est un contrat par lequel le chef de famille - le mari - s'approprie tout le travail effectuĂ© dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marchĂ© comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur [...] Si on avait pu, avec une certaine dose de mauvaise foi, considĂ©rer le contrat de mariage comme un contrat d'Ă©change : travail mĂ©nager contre entretien, l'illusion disparaĂźt quand les femmes-Ă©pouses gagnent elles-mĂȘmes leur vie. Le caractĂšre gratuit du travail mĂ©nager est non pas moins, mais plus marquĂ© encore.
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Christine Delphy (L'ennemi principal (Tome 1) : Ă©conomie politique du patriarcat)
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Nous conservons pieusement la lĂ©gende selon laquelle la transmission se fait « verticalement », d’une gĂ©nĂ©ration Ă  la suivante, au sein des familles, des clans, des nations et des communautĂ©s de croyants ; alors que la vraie transmission est de plus en plus « horizontale », entre contemporains, qu’ils se connaissent ou pas, qu’ils s’aiment ou se dĂ©testent.
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Amin Maalouf (Le naufrage des civilisations)
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Jadis (...) n'importe quel voyageur arrivant dans un village inconnu n'avait qu'Ă  se prĂ©senter au seuil de la premiĂšre maison rencontrĂ©e et dire : "Je suis l'hĂŽte que Dieu vous envoie" pour qu'on le reçoive avec joie. On lui rĂ©servait la meilleure chambre, le meilleur lit et les meilleurs morceaux. Souvent mĂȘme, le chef de famille ou le fils aĂźnĂ© lui abandonnait sa propre chambre pour aller dormir sur une natte dans le vestibule ou dans la cour. En Ă©change, l'Ă©tranger de passage venait enrichir les veillĂ©es en racontant les chroniques historiques de son pays ou en relatant les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s au cours de ses pĂ©rĂ©grinations.
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Amadou Hampùté Bù (Amkoullel, l'enfant Peul)
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Une occasion spĂ©ciale approche vous ĂȘtes encore Ă  la recherche d'une idĂ©e cadeau originale, vous ne savez pas quoi offrir. Vous voulez Ă©viter le cadeau standard, banale. Vous voulez faire plaisir Ă  vos amis, membres de familles en leur offrant un t-shirt original qui reflĂšte leur personnalitĂ© ou Ă  l'Ă©vĂ©nement en question. Vous ne trouvez pas un design de mug ou tshirt Ă  votre goĂ»t ? pas de problĂšme, envoyer nous la photo/le message Ă  imprimer et on vous le prĂ©pare sur mesure. Tous nos articles sont prĂ©parĂ©s et fabriquĂ©s Ă  la demande, sur des supports de haute qualitĂ©.
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Kyqyo
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Voyant quels rĂ©flexes merveilleux il obtenait avec les nerfs faciaux de Danton, immobilisĂ©s dans la mort depuis plus d'un siĂšcle, Canterel avait conÁu l'espoir de donner une complĂšte illusion de la vie en agissant sur de rĂ©cents cadavres, garantis par un froid vif contre la moindre altĂ©ration. Mais la nĂ©cessitĂ© d'une basse tempĂ©rature empĂȘchait d'utiliser l'intense pouvoir Ă©lectrisant de l'aqua-micans, qui, se congelant rapidement, eĂ»t emprisonnĂ© chaque trĂ©passĂ©, dĂšs lors impuissant Ă  se mouvoir. S'esseyant longuement sur des cadavres soumis Ă  temps au froid voulu, le maĂźtre, aprĂšs maints t’tonnements, finit par composer d'une part du vitalium, d'autre part de la rĂ©surrectine, matiĂšre rouge’tre Ă  base d'Ă©rythrite, qui, injectĂ©e liquide dans le cr’ne de tel sujet dĂ©funt, par une ouverture percĂ©e latĂ©ralement, se solidifiait d'elle-mĂȘme autour du cerveau Ă©treint de tous cĂŽtĂ©s. Il suffisait alors de mettre un point de l'enveloppe intĂ©rieure ainsi crĂ©Ă©e en contact avec du vitalium, mĂ©tal brun facile Ă  introduire sous la forme d'une tige courte dans l'orifice d'injection, pour que les deux nouveaux corps, inactifs l'un sans l'autre, dĂ©gageassent Ă  l'instant une Ă©lectricitĂ© puissante, qui, pĂ©nĂ©trant le cerveau, triomphait de la rigiditĂ© cadavĂ©rique et douait le sujet d'une impressionnante vie factice. Par suite d'un curieux Ă©veil de mĂ©moire, ce dernier reproduisait aussitĂŽt, avec une stricte exactitude, les moindres mouvements accomplis par lui durant telles minutes marquantes de son existence ; puis, sans temps de repos, il rĂ©pĂ©tait indĂ©finiment la mĂȘme invariable sĂ©rie de faits et gestes choisie une fois pour toutes. Et l'illusion de la vie Ă©tait absolue : mobilitĂ© du regard, jeu continuel des poumons, parole, agissements divers, marche, rien n'y manquait. Quand la dĂ©couverte fut connue, Canterel reÁut maintes lettres Ă©manant de familles alarmĂ©es, tendrement dĂ©sireuses de voir quel qu'un des leurs, condamnĂ© sans espoir, revivre sous leurs yeux aprĂšs l'instant fatal. Le maĂźtre fit Ă©difier dans son parc, en Ă©largissant partiellement certaine allĂ©e rectiligne afin de se fournir un emplacement favorable, une sorte d'immense salle rectangulaire, simplement formĂ©e d'une charpente mĂ©tallique supportant un plafond et des parois de verre. Il la garnit d'appareils Ă©lectriques rĂ©frigĂ©rants destinĂ©s Ă  y crĂ©er un froid constant, qui, suffisant pour prĂ©server les corps de toute putrĂ©faction, ne risquait cependant pas de durcir leurs tissus. Chaudement couverts, Canterel et ses aides pouvaient sans peine passer lĂ  de longs moments. TransportĂ© dans cette vaste glaciĂšre, chaque sujet dĂ©funt agrĂ©Ă© par le maĂźtre subissait une injection cr’nienne de rĂ©surrectine. L'introduction de la substance avait lieu par un trou mince, qui, pratiquĂ© au-dessus de l'oreille droite, recevait bientĂŽt un Ă©troit bouchon de vitalium. RĂ©surrectine et vitalium une fois en contact, le sujet agissait, tandis qu’auprĂšs de lui un tĂ©moin de sa vie, emmitouflĂ© Ă  souhait, s’employait Ă  reconnaĂźtre, aux gestes ou aux paroles, la scĂšne reproduite - qui pouvait se composer d’un faisceau de plusieurs Ă©pisodes distincts.
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Raymond Roussel (Locus Solus)
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Elle souffrait par ailleurs de claustrophobie, un problÚme sans doute naturel lorsqu'on appartient à une famille éparpillée aux quatres coins de l'Amérique du Nord
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Nicolas Dickner (Nikolski)
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- Excuse-moi de ne pas apprĂ©cier un sport oĂč les joueurs passent leur temps Ă  se cogner dessus ! Cette fois-ci, il ne rit pas et se rapprocha d'elle, la dominant de sa haute taille. - Le rugby ce n'est pas ça. Ce n'est pas une bande de gros bras qui se foncent dessus sans rĂ©flĂ©chir. Le rugby, c'est une mentalitĂ©. C'est tout donner pour son Ă©quipe, encaisser les coups pour aider les copains Ă  marquer, jouer pour les autres, avant de jouer pour soi-mĂȘme. C'est le respect du jeu, de ses rĂšgles complexes, de l'arbitre, de l'adversaire. C'est tout donner pour les autres, sur le prĂ© et en dehors. Le rugby, ce n'est pas juste une Ă©quipe de joueurs, c'est une famille, un clan une tribu. Il n'y a pas que les joueurs, il y a la famille, les amis, les supporters. On ne gagne pas un match pour nous, mais pour tout le monde. Si tu ne comprends pas ça, inutile d'apprendre les rĂšgles, tu ne comprendras jamais rien au jeu.
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Amanda Bayle (Numéro 10)
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la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Des familles entiĂšres Ă©taient pliĂ©es en deux et tordues de rire. L’agent toisait d’un air avantageux la salle et ses occupants qui hoquetaient, leurs dentiers claquant, leurs perruques glissant, leurs pacemakers peinant, leurs boyaux glougloutant. C’était d’un ridicule sans bornes – une vĂ©ritable « rĂ©gression anthropoĂŻde », selon l’expression de John. Il se mit Ă  crier Ă  son tour, leur disant qu’ils n’y comprenaient rien. Personne ne l’écouta. Ils lui jetĂšrent des gobelets en plastique et lui firent des grimaces. L’agent lui dit de la boucler.
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Le Seigneur des porcheries