Une Famille Quotes

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J’établissais confusĂ©ment un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. PremiĂšre Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais Ă©chappĂ© Ă  l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient rĂ©ussi Ă  dĂ©tourner la fatalitĂ© de la transmission d’une pauvretĂ© dont la fille enceinte Ă©tait, au mĂȘme titre que l’alcoolique, l’emblĂšme. J’étais rattrapĂ©e par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine maniĂšre, l’échec social.
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Annie Ernaux (L'événement)
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J'ai un problĂšme avec la logique. Je n'ai jamais compris comment on pouvait dire une chose et son contraire. Jurer qu'on aime quelqu'un et le blesser, avoir un ami et l'oublier, se dire de la mĂȘme famille et s'ignorer comme des Ă©trangers, revendiquer des grands principes et ne pas les pratiquer, affirmer qu'on croit en Dieu et agir comme s'il n'existait pas, se prendre pour un hĂ©ros quand on se comporte comme un salaud. (p.173)
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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Mais tu crois que c'est quoi, une famille ! Sinon des gens dont on ne se remet pas ?
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Une famille, c'est un groupe de gens qui n'arrivent pas à communiquer, mais s'interrompent trÚs bruyamment, s'exaspÚrent mutuellement, comparent les diplÎmes de leurs enfants comme la décoration de leurs maisons, et se déchirent l'héritage de parents dont le cadavre est encore tiÚde.
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Frédéric Beigbeder (Un roman français)
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le racisme est une maladie. Un vice. Une maladie honteuse. Qui se dĂ©veloppe parfois dans le silence des maisons. On murmure puis on ferme les fenĂȘtres. On crie pendant les repas de famille. HaĂŻr l'autre, c'est l'imaginer contre soi. C'est se sentir possĂ©dĂ©. VolĂ©. PĂ©nĂ©trĂ©. Le racisme est un fantasme. C'est imaginer l'odeur de sa peau, la tension de son corps, la force de son sexe. Le racisme est une maladie. Une lĂšpre. Une nĂ©crose.
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Nina Bouraoui
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Comprends aujourd’hui, mon garçon, que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Dit comme ça, c'Ă©tait un peu cucul Ă©videmment, mais bon, c'Ă©tait la vĂ©ritĂ© et il y avait bien longtemps que le ridicule ne les tuait plus: pour la premiĂšre fois et tous autant qu'ils Ă©taient, ils eurent l'impression d'avoir une vraie famille. Mieux qu'une vraie d'ailleurs, une voulue, une pour laquelle ils s'Ă©taient battus et qui ne leur demandait rien d'autre en Ă©change que d'ĂȘtre heureux ensemble. MĂȘme pas heureux d'ailleurs, ils n'Ă©taient plus si exigeants. D'ĂȘtre ensemble, c'est tout. Et dĂ©jĂ  c'Ă©tait inesperĂ©.
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Anna Gavalda (Hunting and Gathering)
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la moquerie peut avoir du bon pour rĂ©former un caractĂšre vicieux, mais lorsqu’elle s’adresse Ă  l’ignorance, elle est une marque de sottise chez celui qui l’emploie.
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Hector Malot (Sans Famille)
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La matrone avait du volume et des rondeurs pour toute une famille, de gros seins aveuglants de blancheur capables de nourrir une nichée de petits gargantuas 
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Boualem Sansal (2084: La fin du monde)
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Montre-moi une famille de lecteurs, et je te montrerai les gens qui bougent le monde.
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Napoléon Bonaparte
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Elle ne s'intéressait pas aux livres dans lesquels les enfants grandissaient, car (dans la vie comme en littérature) ce processus entrainait un affaiblissement accéléré et inexplicable du caractÚre ; de façon totalement inattendue, les héros et les héroïnes renonçaient à leurs aventures pour un amour insipide, se mariaient et fondaient une famille, et, en général, se comportaient comme un troupeau de vaches.
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Donna Tartt (The Little Friend)
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Elle aimait la vie, il aimait la mort, Il aimait la mort, et ses sombres promesses, Avenir incertain d'un garçon en dĂ©tresse, Il voulait mourir, laisser partir sa peine, Oublier tous ces jours Ă  la mĂȘme rengaine... Elle aimait la vie, heureuse d'exister, Voulait aider les gens et puis grandir en paix, C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante, Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais un beau jour, la chute commença, Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix, Elle aimait la vie et il aimait la mort, Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort? Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifiĂ©, Amis et famille, capables de tout renier, Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or, Mais elle aimait la vie et il aimait la mort... Si diffĂ©rents et pourtant plus proches que tout, Se comprenant pour protĂ©ger un amour fou, L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler, L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocitĂ©s... Fin de l'histoire : obligĂ©s de se sĂ©parer, Ils s'Ă©taient promis leur Ă©ternelle fidĂ©litĂ©. Aujourd'hui, le garçon torturĂ© vit pour elle, Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes... Il aimait la mort, elle aimait la vie, Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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Mais quelqu'un est venu qui m'a enlevé à tous ces plaisirs d'enfant paisible. Quelqu'un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu'un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon pÚre avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élÚves appelÚrent bientÎt le grand Meaulnes.
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Alain-Fournier (Le Grand Meaulnes)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-pÚre, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothÚque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
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Jean-Paul Sartre
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Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carriĂšre, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevĂ©s par une lĂ©vitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie Ă  la mesure de notre faible cƓur.
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Nicolas Bouvier (The Way of the World)
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Et puis un jour, tu meurs. (...) Nous, on est en cocon familial Ă  la campagne. Ce que mes parents ont construit et qui ne te ressemble pas. Une famille qui se colle. (...) Ma mĂšre s'accroche aux murs. C'est Hiroshima dans son ventre. Enfin dĂ©barrassĂ©e de ton absence. Elle deviendra peut-ĂȘtre normale. Une femme, avec une mĂšre enterrĂ©e. (p. 16)
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AnaĂŻs Barbeau-Lavalette (La femme qui fuit)
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On ne vit pas seul mais avec une absence.
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David Foenkinos (La famille Martin (French Edition))
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La sociĂ©tĂ© avait beau ĂȘtre lĂ , reprĂ©sentĂ©e par les geĂŽliers et les curieux Ă©pouvantĂ©s, le crime la narguait en face, et de ce chĂątiment horrible faisait une fĂȘte de famille.
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Victor Hugo (Le Dernier Jour D'un Condamné ; Claude Gueux)
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Nous sommes une communauté parce que nous avons une mémoire. Parce que nous partageons des souvenirs, des savoirs qui ne nous ont pas été enseignés ou légués par nos familles.
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Vincent Fortier (Les racines secondaires)
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Il fut mis dans une maison de charitĂ©, oĂč l’ñge et le regret de se voir loin de sa famille le mirent au tombeau presque en arrivant.
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Jean-Jacques Rousseau (Les Confessions)
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Certaines familles sortent grandies des Ă©preuves qu'elles traversent, Jan. Tandis que d'autres volent en Ă©clats. C'est tout l'un ou tout l'autre. Il n'y a pas une famille au monde oĂč la vie continue normalement aprĂšs un coup dur. Pas une. Et quand une famille ne reste pas unie dans le malheur, c'est en gĂ©nĂ©ral qu'elle avait de bonnes chances d'imploser tĂŽt ou tard.
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Rita Falk (Hannes)
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Les faits ne pĂ©nĂštrent pas dans le monde oĂč vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naĂźtre celles-ci, ils ne les dĂ©truisent pas; ils peuvent leur infliger les plus constants dĂ©mentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succĂ©dant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bontĂ© de son Dieu ou du talent de son mĂ©decin.
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Marcel Proust (Swann’s Way (In Search of Lost Time, #1))
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On comprend facilement qu'un naturaliste qui aborde l'Ă©tude de l'origine des espĂšces et qui observe les affinitĂ©s mutuelles des ĂȘtres organisĂ©s, leurs rapports embryologiques, leur distribution gĂ©ographique, leur succession gĂ©ologique et d'autres faits analogues, en arrive Ă  la conclusion que les espĂšces n'ont pas Ă©tĂ© créées indĂ©pendamment les unes des autres, mais que, comme les variĂ©tĂ©s, elles descendent d'autres espĂšces.
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Charles Darwin (The Origin of Species)
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... je t'emmĂšnerais dans une contrĂ©e resplendissante et prospĂšre, au foyer d'une famille aristocratique des lettrĂ©s, fastueux domaine oĂč abondent les fleurs et les saules, terroir de la douceur, de richesse et d'honneurs, pour t'installer dans la joie et en toute sĂ©curitĂ©. Cao Xueqin, "Le RĂȘve dans le pavillon rouge", trad, fr. par Li Tche-Houa, J. AlĂ©zaĂŻs, rĂ©vision par A. D'Hormon, Paris, Gallimard, "BibliothĂšque de la PlĂ©iade", 1981, vol. 1, p. 8.
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Cao Xueqin (Le RĂȘve dans le pavillon rouge)
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Et combien de civils tombĂ©s sous les bombes de leurs soi-disant alliĂ©s? Combien d'enfants ne souriront plus jamais? Combien de femmes tuĂ©es Ă  l'aune des tueries? Combien d'hommes perdrons-nous encore? Combien de jeunes conscrits obligerons-nous Ă  aller lĂ -bas? Combien de pĂšres de famille ne verront plus leurs enfants grandir? Une victoire? Non, il n'y a pas de victoire qui soit baignĂ©e d'autant de sang. Il n'y a pas de victoire lĂ  oĂč l'on vole l'Ăąme des innocents.
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Lily R. Davis (Le Journal Rouge)
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C’est ainsi qu’il dut venir un temps oĂč les yeux du peuple furent fascinĂ©s Ă  tel point que ses conducteurs n’avaient qu’à dire au plus petit des hommes, Sois grand, toi et toute ta race, aussitĂŽt il paraissait grand Ă  tout le monde ainsi qu’à ses propres yeux, et ses descendants s’élevaient encore Ă  mesure qu’ils s’éloignaient de lui ; plus la cause Ă©tait reculĂ©e et incertaine, plus l’effet augmentait ; plus on pouvait compter de fainĂ©ants dans une famille, et plus elle devenait illustre.
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Jean-Jacques Rousseau (Discourse on the Origin of Inequality)
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Mary Lou et moi, on est amies depuis qu’on est toutes petites. J’étais le boute-en-train de service, et elle, le cancre de la classe. « Cancre » n’est peut-ĂȘtre pas le mot juste. Disons que ses objectifs n’étaient pas trĂšs hauts. Elle voulait se marier et fonder une famille. Et si elle pouvait Ă©pouser le capitaine d’une Ă©quipe de foot, c’était encore mieux. [...] Moi, Ă  la mĂȘme Ă©poque, je rĂȘvais d’épouser Aladin pour qu’il m’emmĂšne sur son tapis volant. Donc, vous voyez : on n’avait pas les mĂȘmes valeurs.
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Janet Evanovich (Four to Score (Stephanie Plum, #4))
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L'heure s'est dĂ©roulĂ©e rapidement : rĂ©cits de combats ; batailles gagnĂ©es sur des guerres qui seraient forcĂ©ment perdues ; espoirs auxquels se raccrocher ; familles Ă  la fois vantĂ©es et accusĂ©es ; accord gĂ©nĂ©ral sur le fait que les amis n'y pigeaient rien ; larmes versĂ©es ; rĂ©confort prodiguĂ©. (
) - J'ai peur de l'oubli. J'en ai peur comme un aveugle que je connais a peur du noir. - Futur aveugle, a prĂ©cisĂ© Isaac avec une Ă©bauche de sourire. - Je suis trop dur ? a demandĂ© Augustus. C'est vrai qu'il m'arrive d'ĂȘtre aveugle aux sentiments des autres.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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« Et Garp dĂ©couvrit que, quand on est occupĂ© Ă  Ă©crire , tout semble ĂȘtre en rapport avec tout. Vienne se mourrait, le zoo endommagĂ© par la guerre n’avait pas Ă©tĂ© aussi bien reconstruit que les maisons oĂč habitaient les gens ; l’histoire d’une ville Ă©tait pareille Ă  l’histoire d’une famille – on y trouve de l’intimitĂ©, voire mĂȘme de l’affection, mais la mort finit toujours par sĂ©parer le monde. C’est la vigueur de la mĂ©moire qui, seule, prĂȘte aux morts une vie Ă©ternelle ; la tĂąche de l’écrivain est d’imaginer toutes choses de façon si personnelle que la fiction soit empreinte d’autant de vigueur que nos souvenirs personnels. »
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John Irving (Le Monde selon Garp)
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Je ne vois pas pourquoi l'amour entre une mĂšre et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre, une fois pour toutes, de l'amour, de l'amour prĂ©tendu, de toutes les formes d'amour, mĂȘme de celui-lĂ , pourquoi il faudrait absolument qu'on s'aime, dans les familles et ailleurs, qu'on se le raconte sans cesse, les uns aux autres ou Ă  soi-mĂȘme. Je me demande qui a inventĂ© ça, de quand ça date, si c'est une mode, une nĂ©vrose, un toc, du dĂ©lire, quels sont les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, les ressorts politiques. Je me demande ce qu'on nous cache, ce qu'on veut de nous avec cette grande histoire de l'amour. Je regarde les autres et je ne vois que des mensonges et je ne vois que des fous. Quand est-ce qu'on arrĂȘte avec l'amour ? Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. Je me pose la question.
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Constance Debré (Love Me Tender)
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Par JEUNE FILLE DE BONNE FAMILLE, elle entendait une fille recommandable au vu des rÚgles établies par la société. Et par la société, il faut comprendre la famille, les voisins, les professeurs, les éboueurs, les boulangers, les enfants, les imams, les gardiens, les journalistes, les chauffeurs de taxi et enfin, le président.
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Kaouther Adimi (Des pierres dans ma poche)
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Dans un coin de la cuisine, une couronne de fleurs fanĂ©es lutte pour sortir de la poubelle. Will traverse la piĂšce, enfonce le couvercle. À ses pieds, les pĂ©tales qui dĂ©passaient, brisĂ©s, chutent en silence sur le carrelage froid. Il se laisse tomber sur une chaise en leur jetant un regard haineux. On lui a dit que les chrysanthĂšmes ne fanaient pas.
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Mary Fleureau (L'Autre CÎté (French Edition))
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Nous conservons pieusement la lĂ©gende selon laquelle la transmission se fait « verticalement », d’une gĂ©nĂ©ration Ă  la suivante, au sein des familles, des clans, des nations et des communautĂ©s de croyants ; alors que la vraie transmission est de plus en plus « horizontale », entre contemporains, qu’ils se connaissent ou pas, qu’ils s’aiment ou se dĂ©testent.
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Amin Maalouf (Le naufrage des civilisations)
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Les familles pauvres se trouvaient ainsi dans une situation trĂšs pĂ©nible, tandis que les familles riches ne manquaient Ă  peu prĂšs de rien. Alors que la peste, par l’impartialitĂ© efficace qu’elle apportait dans son ministĂšre, aurait dĂ» renforcer l’égalitĂ© chez nos concitoyens, par le jeu normal des Ă©goĂŻsmes, au contraire, elle rendait plus aigu dans le cƓur des hommes le sentiment de l’injustice.
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Albert Camus (La peste: une peste inconnue)
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Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle
 Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă  la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm
 magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot
 le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan
 heu
 l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă  fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite
 non, non, parce que c'est la fille de
 non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite
 non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sƓur Anna, qui est restĂ©e Ă  Tintagel avec sa mĂšre Igerne la
 bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille
 Donc c'est des ours, en gros, enfin bref
 Ils sont tous lĂ  et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă  la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est
 c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser
 Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă  la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va
 et voilĂ  et en fait il trouve pas le vase. En fait il est
 il trouve pas
 et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou
 pas

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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psychogénéalogie ni aux phénomÚnes de répétition transmis d'une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J'ignore comment ces choses (l'inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent. Le fait est qu'elles traversent les familles de part en part, comme d'impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni.
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Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose Ă  la nuit)
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RĂ©solvez les deux problĂšmes, encouragez le riche et protĂ©gez le pauvre, supprimez la misĂšre, mettez un terme Ă  l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein Ă  la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivĂ©, ajustez mathĂ©matiquement et fraternellement le salaire au travail, mĂȘlez l’enseignement gratuit et obligatoire Ă  la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilitĂ©, dĂ©veloppez les intelligences tout en occupant les bras, soyez Ă  la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, dĂ©mocratisez la propriĂ©tĂ©, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriĂ©taire, chose plus facile qu’on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la rĂ©partir ; et vous aurez tout ensemble la grandeur matĂ©rielle et la grandeur
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Il n'y avait rien de trĂšs distinguĂ© dans tout ceci. Ce n'Ă©tait pas une belle famille ; ils n'Ă©taient pas bien habillĂ©s ; leurs souliers Ă©taient loin d'ĂȘtre impermĂ©ables ; leur garde-robe Ă©tait limitĂ©e ; et Peter savait peut-ĂȘtre, Ă  coup sĂ»r mĂȘme, Ă  quoi ressemblait une boutique de prĂȘteur sur gages, Ă  l'intĂ©rieur. Mais ils Ă©taient heureux, reconnaissants, contents les uns des autres et trouvaient satisfaction dans le moment prĂ©sent.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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VoilĂ  bien la famille : mĂȘme celui qui n'a pas sa place dans le monde, qui n'est ni cĂ©lĂšbre ni riche, Ă  qui il n'est venu ni enfants ni idĂ©es, et dont le public ne lira le nom que dans sa notice nĂ©crologique, celui-lĂ , en famille, a pourtant sa place attitrĂ©e. En famille, on est quelqu'un. Vous n'imaginez pas comme Caroline imite bien Chaplin, ni comme Rudi est irritable. Et quel sens de l'humour, dans toute la famille ! Ce qui, partout ailleurs, n'aurait rien d'humoristique dĂ©clenche ici des rires retentissants, on ne saurait dire pourquoi ; c'est drĂŽle, voilĂ  tout, n'est-ce pas l'essentiel en matiĂšre d'humour ? Et puis, tous ceux qui ne sont pas de la famille sont bien plus ridicules qu'ils ne s'en doutent. Dieu les a vouĂ©s Ă  la caricature ; si vous ĂȘtes seul au monde, sans attaches, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r d'ĂȘtre le summum du ridicule pour les diverses familles qui vous observent. Il est vrai que ces qualitĂ©s, comme tout, peuvent ĂȘtre vues sous leur angle nĂ©gatif : la famille a l'esprit plus petit qu'une petite ville. Plus elle est chaleureuse, plus elle se montre dure pour tout ce qui n'est est pas elle, et elle est toujours plus cruelle qu'un ĂȘtre confrontĂ© seul Ă  la souffrance du monde. En cantonnant la gloire dans son cercle restreint, oĂč elle est faceil Ă  atteindre (« gloire de la famille »), elle endort l'ambition. Et parce que tous les Ă©vĂ©nements familiaux suscitent une tristesse plus profonde ou une joie plus Ă©clatante qu'ils ne le mĂ©ritent rĂ©ellement, parce qu'en famille ce qui n'a rien d'humoristique devient de l'humour, et des peines insignifiantes Ă  l'Ă©chelle collective, un malheur personnel, elle est le berceau de toute l'ineptie qui imprĂšgne notre vie publique. Il y aurait encore long Ă  en dire et on l'a dit parfois, mais jamais en des jours comme celui-ci.
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Robert Musil (La maison enchantée)
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- Sur cette terre qui est la tienne, répliqua l'Esprit, il y a des hommes qui ont la prétention de nous connaßtre et qui se servent de notre nom pour accomplir leurs actes de passion, d'orgueil, de méchanceté, de haine, d'envie, de bigoterie et d'égoïsme. Ces hommes-là nous sont aussi étrangers, à nous et à toute notre famille, que s'ils n'avaient jamais vu le jour. Souviens-toi bien de cela, et une autre fois rends-les responsables de leurs actions, pas nous.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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Au bout d'un parcours cahoteux, l'appareil décolla et elle ressentit quelque chose d'extraordinaire. Le rugissement du moteur se transforma en bourdonnement et elle eu l'impression de flotter. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils avaient pris de l'altitude et le monde en dessous avait changé de taille. Rassemblés devant la clÎture, toute la famille agitait la main et rapetissait sans cesse. Puis Billy survola la ville direction Milwaukee. Pour Fritzi, ce fut une révélation.
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Fannie Flagg (The All-Girl Filling Station's Last Reunion)
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Les vies gays sont souvent des vies diffĂ©rĂ©es ; elles commencent lorsqu'un individu se rĂ©invente lui-mĂȘme, en sortant de son silence, de sa clandestinitĂ© honteuse, ou en tout cas en s'amĂ©nageant des espaces oĂč il lui est possible d'ĂȘtre ce qu'il est et veut ĂȘtre. Lorsqu'il choisit au lieu de subir, et par exemple, lorsqu'il se compose une autre famille - constituĂ©e de ses amis, de ses amants, de ses anciens amants devenus ses amis et des amis de ses anciens amants - et reconstruit ainsi son identitĂ© aprĂšs avoir quittĂ© le champ clos et Ă©touffant de sa famille d'origine et de ses injonctions tacites ou explicites Ă  l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ©. Une telle fuite ne signifie pas nĂ©cessairement, cela va de soi, la rupture totale avec sa famille, mais plutĂŽt la nĂ©cessitĂ© de s'en tenir Ă©loignĂ© et de la tenir Ă  distance. Avant cela, les vies gays ne sont que des vies vĂ©cues par procuration, des vies imaginĂ©es, ou des vies attendues, espĂ©rĂ©es autant que redoutĂ©es. (p. 46)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Elio avait longuement raconté ses derniÚres péripéties, répondant aux questions avec une simplicité teintée de fierté que personne ne se serait autorisé à critiquer. Quand sa mÚre lui avait fait remarquer qu'il avait pris un risque immense, il s'était contenté de hausser les épaules, l'air fataliste. "Je l'ai fait pour vous" avaient compris ses parents. "C'est de famille" avait traduit Gino. "Un peu tard pour vous inquiéter" avait lu Barthélemy. Tous détenaient une part de vérité.
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Pierre Bottero (La HuitiĂšme Porte (L'Autre, #3))
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Un zoo Ă  Paris. Une mĂšre de famille et deux fillettes assistent, sidĂ©rĂ©es, Ă  une scĂšne incroyable. Une jeune fille aux longs cheveux noirs est agenouillĂ©e prĂšs d'un tigre six fois plus lourd qu'elle. Elle a posĂ© sa tĂȘte sur son Ă©paule massive comme pour le remercier et il la gratifie d'un regard Ă©nigmatique qu'elles on tout de mĂȘme envie de qualifier de tendre. Elles ne comprennent pas comment elle a franchi la grille, mais cela n'a aucune importance. Lorsqu'elles donneront l'alerte, la jeune fille aura disparu. Personne ne les croira.
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Pierre Bottero (Le Souffle de la HyĂšne (L'Autre, #1))
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Pour ce qu’il avait pu en observer l’existence des hommes s’organisait autour du travail, qui occupait la plus grande partie de la vie, et s’accomplissait dans des organisations de dimension variable. A l’issue des annĂ©es de travail s’ouvrait une pĂ©riode plus brĂšve, marquĂ©e par le dĂ©veloppement de diffĂ©rentes pathologies. Certains ĂȘtres humains, pendant la pĂ©riode la plus active de leur vie, tentaient en outre de s’associer dans des micro-regroupements, qualifies de familles, ayant pour but la reproduction de l’espĂšce ; mais ces tentatives, le plus souvent, tournaient court, pour des raisons liĂ©es a la <>.
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Michel Houellebecq
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Ce jeune frĂšre sans pĂšre ni mĂšre, ce petit enfant, qui lui tombait brusquement du ciel sur les bras, fit de lui un homme nouveau, il s'aperçut qu'il y avait autre chose dans le monde que les spĂ©culations de la Sorbonne et les vers d'Homerus, que l'homme avait besoin d'affections, que la vie sans tendresse et sans amour n'Ă©tait qu'un rouage sec, criard et dĂ©chirant ; seulement il se figura, car il Ă©tait dans l'Ăąge oĂč les illusions ne sont encore remplacĂ©es que par des illusions, que les affections de sang et de famille Ă©taient les seules nĂ©cessaires, et qu'un petit frĂšre Ă  aimer suffisait pour remplir toute une existence.
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Victor Hugo (Notre Dame de Paris)
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Les ennemis de l'ordre social profitent de ce contraste pour japper aprÚs la justice et se courroucer au nom du peuple de ce qu'on envoie aux galÚres un voleur de nuit et de poules dans une enceinte habitée, tandis qu'on met en prison, à peine pour quelques mois, un homme qui ruine des familles : mais ces hypocrites savent bien qu'en condamnant le voleur les juges maintiennent la barriÚre entre les pauvres et les riches, qui, renversée, amÚnerait la fin de l'ordre social ; tandis que le banqueroutier, l'adroit capteur de successions, le banquier qui tue une affaire à son profit, ne produisent que des déplacements de fortune. Ainsi,
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Honoré de Balzac (Etudes de moeurs . 2e livre. ScÚnes de la vie de province. T. 4. Illusions perdues. 3. Eve et David (French Edition))
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Sur un panneau figuraient les noms des dizaines de femmes de la ville brĂ»lĂ©es comme sorciĂšres sur la place publique. "Beaucoup d'habitants de Bruges portent toujours ces noms de famille et ignoraient, avant de visiter l'exposition, qu'ils ont peut-ĂȘtre eu une ancĂȘtre accusĂ©e de sorcellerie&, commentait le directeur du musĂ©e. Il disait cela en souriant, comme si le fait de compter dans son arbre gĂ©nĂ©alogique une innocente massacrĂ©e sur la base d'allĂ©gations dĂ©lirantes Ă©tait une petite anecdote trop sympa Ă  raconter Ă  ses amis. Et l'on s'interroge : de quel autre crime de passe, mĂȘme ancien, est-il possible de parler ainsi le sourire aux lĂšvres ?
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Retrouver l'appartement au retour de vacances est dĂ©licieux : il pue un peu, il sent notre famille et c'est une odeur si rassurante, on ne la sent comme ça si concentrĂ©e qu'une fois par an, les fenĂȘtres sont restĂ©es fermĂ©es, les odeurs de cuisine ont eu le temps de s'Ă©vaporer totalement, et il ne subsiste plus qu'un parfum trĂšs dense qui mĂȘle le bois des meubles, leur vernis, une trĂšs lĂ©gĂšre dĂ©composition des rideaux et des dessus de lit, un effritement imperceptible de la peinture des murs. Je me prĂ©cipite dans ma chambre pour vĂ©rifier que tout est lĂ  : je redeviens son propriĂ©taire. J'ouvre un tiroir oĂč une partie de la fameuse odeur est encore plus concentrĂ©e : j'y prends mon album de timbres.
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Hervé Guibert (My Parents (Masks))
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On a dit qu’une citĂ© dont les membres auront une Ă©gale rĂ©partition de bien et d'Ă©ducation prĂ©sentera aux regards de la DivinitĂ© un spectacle au-dessus du spectacle de la citĂ© de nos pĂšres. La folie du moment est d'arriver Ă  l'unitĂ© des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l'espĂšce entiĂšre, soit ; mais en acquĂ©rant des facultĂ©s gĂ©nĂ©rales, toute une sĂ©rie de sentiments privĂ©s ne pĂ©rira-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces ĂȘtres blancs, jaunes, noirs, rĂ©putĂ©s vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frĂšre. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace bornĂ© que vous aperceviez de votre fenĂȘtre encadrĂ©e de lierre ? Au-delĂ  de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait Ă  peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu Ă  l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaĂźtraient pas Ă  vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiĂ©s et vos amours ; que le gĂ©missement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre Ăąme ne serait troublĂ©e, que vous y rencontreriez toujours les pensĂ©es qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez oĂč vous Ă©tiez nĂ©, vous saviez oĂč Ă©tait votre tombe ; en pĂ©nĂ©trant dans la forĂȘt vous pouviez dire : Beaux arbres qui m’avez vu naĂźtre, BientĂŽt vous me verrez mourir
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François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
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Je pourrais me tromper, croire que je suis belle comme les femmes belles, comme les femmes regardĂ©es, parce qu’on me regarde vraiment beaucoup. Mais moi je sais que ce n’est pas une question de beautĂ© mais d’autre chose, par exemple, oui, d’autre chose, par exemple d’esprit. Ce que je veux paraĂźtre je le parais, belle aussi si c’est ce que l’on veut que je sois, belle, ou jolie, jolie par exemple pour la famille, pour la famille, pas plus, tout ce que l’on veut de moi je peux le devenir. Et le croire. Croire que je suis charmante aussi bien. DĂšs que je le crois, que cela devienne vrai pour celui qui me voit et qui dĂ©sire que je sois selon son goĂ»t, je le sais aussi. Ainsi, en toute conscience je peux ĂȘtre charmante mĂȘme si je suis hantĂ©e.
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Marguerite Duras (The Lover)
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Par curiositĂ©, par dĂ©sƓuvrement, par politesse, des Esseintes frĂ©quenta cette famille et il subit, plusieurs fois, dans son hĂŽtel de la rue de la Chaise, d’écrasantes soirĂ©es oĂč des parentes, antiques comme le monde, s’entretenaient de quartiers de noblesse, de lunes hĂ©raldiques, de cĂ©rĂ©moniaux surannĂ©s. Plus que ces douairiĂšres, les hommes rassemblĂ©s autour d’un whist, se rĂ©vĂ©laient ainsi que des ĂȘtres immuables et nuls ; lĂ , les descendants des anciens preux, les derniĂšres branches des races fĂ©odales, apparurent Ă  des Esseintes sous les traits de vieillards catarrheux et maniaques, rabĂąchant d’insipides discours, de centenaires phrases. De mĂȘme que dans la tige coupĂ©e d’une fougĂšre, une fleur de lis semblait seule empreinte dans la pulpe ramollie de ces vieux crĂąnes.
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Joris-Karl Huysmans (Against Nature)
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Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à prĂ©sent. Elle Ă©tait nĂ©e au bon endroit, Ă  une pĂ©riode plutĂŽt clĂ©mente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu Ă  craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes Ă  la coule, Ă©lĂšves sans difficultĂ©s majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succĂ©dĂ© avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs rĂ©itĂ©rĂ©s. Aussi avait-elle toujours envisagĂ© l’avenir avec une sorte de bonhomme indiffĂ©rence. Et voilĂ  qu’une fois Ă  dĂ©couvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, imprĂ©parĂ©e, avec pour tout bagage quelques idĂ©es naĂŻves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gĂątĂ©e.
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Nicolas Mathieu (Leurs enfants aprĂšs eux)
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Tu veux comprendre ce qu'est une année de vie : pose la question à un étudiant qui vient de rater son examen de fin d'année. Un mois de vie : parles-en à une mÚre qui vient de mettre au monde un enfant prématuré et qui attend qu'il sorte de sa couveuse pour serrer son bébé dans ses bras, sain et sauf. Une semaine : interroge un homme qui travaille dans une usine ou dans une mine pour nourrir sa famille. Un jour : demande à deux amoureux transis qui attendent de se retrouver. Une heure : questionne un claustrophobe, coincé dans un ascenseur en panne. Une seconde : regarde l'expression d'un homme qui vient d'échapper à un accident de voiture, et un milliÚme de seconde : demande à l'athlÚte qui vient de gagner la médaille d'argent aux jeux Olympiques, et non la médaille d'or pour laquelle il s'était entraßné toute sa vie.
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Marc Levy (If Only It Were True)
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Les efforts de tous les hommes intelligents tendent au mĂȘme but, et toutes les grandes volontĂ©s s'attellent au mĂȘme principe : soyons bons, soyons jeunes, soyons vrais ! Le mal n'est qu'une vanitĂ©, ayons l'orgueil du bien, et surtout ne dĂ©sespĂ©rons pas. Ne mĂ©prisons pas la femme qui n'est ni mĂšre, ni sƓur, ni fille, ni Ă©pouse. Ne rĂ©duisons pas l'estime Ă  la famille, l'indulgence Ă  l'Ă©goĂŻsme. Puisque le ciel est plus en joie pour le repentir d'un pĂ©cheur que pour cent justes qui n'ont jamais pĂ©chĂ©, essayons de rĂ©jouir le ciel. Il peut nous le rendre avec usure. Laissons sur notre chemin l'aumĂŽne de notre pardon Ă  ceux que les dĂ©sirs terrestres ont perdus, que sauvera peut-ĂȘtre une espĂ©rance divine, et, comme disent les bonnes vieilles femmes quand elles conseillent un remĂšde de leur façon, si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
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La sociĂ©tĂ© secrĂšte est un Ă©chelon intermĂ©diaire sur le chemin de l'individuation : on confie encore Ă  une organisation collective le soin de se laisser diffĂ©rencier par elle ; c'est-Ă -dire que l'on n'a pas encore discernĂ© qu'Ă  proprement parler c'est la tĂąche de l'individu, de se tenir sur ses propres pieds et d'ĂȘtre diffĂ©rent de tous les autres. Toutes les identitĂ©s collectives, qu'elles soient appartenance Ă  des organisations, professions de foi en faveur de tel ou tel -isme, etc., gĂȘnent et contrecarrent l'accomplissement de cette tĂąche. Ces identitĂ©s collectives sont des bĂ©quilles pour des paralytiques, des boucliers pour anxieux, des canapĂ©s pour paresseux, des pouponniĂšres pour irresponsables, mais tout autant des auberges pour des pauvres et des faibles, un havre protecteur pour ceux qui ont fait naufrage, le sein d'une famille pour des orphelins, un but glorieux et ardemment escomptĂ© pour ceux qui ont errĂ© et qui sont déçus, et une terre promise pour les pĂšlerins harassĂ©s, et un troupeau et une clĂŽture sĂ»re pour brebis Ă©garĂ©es, et une mĂšre qui signifie nourriture et croissance. C'est pourquoi il serait erronĂ© de considĂ©rer ce degrĂ© intermĂ©diaire comme un obstacle ; il reprĂ©sente au contraire, et encore pour longtemps, la seule possibilitĂ© d'existence de l'individu qui, aujourd'hui plus que jamais, se retrouve menacĂ© d'anonymat. Cette appartenance Ă  une organisation collective est si importante Ă  notre Ă©poque qu'avec un certain droit elle paraĂźt Ă  beaucoup ĂȘtre un but dĂ©finitif, tandis que toute tentative de suggĂ©rer Ă  l'homme l'Ă©ventualitĂ© d'un pas de plus sur la voie de l'autonomie personnelle est considĂ©rĂ©e comme prĂ©somption ou dĂ©fi promĂ©thĂ©en, comme phantasme ou comme impossibilitĂ©. (p. 537-538)
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C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
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En chinois, le mot n'a presque jamais de sens absolument dĂ©fini et limitĂ© ; le sens rĂ©sulte trĂšs gĂ©nĂ©ralement de la position dans la phrase, mais avant tout de son emploi dans tel ou tel livre plus ancien et de l'interprĂ©tation admise dans ce cas. Ici, point de « racines » au-delĂ  desquelles on n'atteint plus et qui justifient le sens des dĂ©rivĂ©s dans les divers idiomes ou dialectes d'une mĂȘme famille ; le mot n'a de valeur que par ses acceptions traditionnelles. On n'a pas, Ă  ma connaissance, tirĂ© tout le parti possible de cette particularitĂ© de la langue chinoise, au point de vue de l'Ă©tude et de la recherche de la nature rĂ©elle du langage humain. Le mot chinois nous apparaĂźt «comme si», expression naturelle et spontanĂ©e d'une pensĂ©e abstraite Ă©trangĂšre aux circonstances et aux conditions de la vie animale de l'homme, celui-ci, saisissant dans cette pensĂ©e un rapport avec les circonstances et les conditions de sa vie, avait empruntĂ© le son de cette expression pour crĂ©er sa parole raisonnĂ©e.
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Paul-Louis-Félix Philastre (Le Yi king)
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'exploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'exploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui pour rĂ©habiliter les lapidĂ©s et les accablĂ©s, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guĂ©risse, oui, pour transformer la charitĂ© en fraternitĂ©, l'aumĂŽne en assistance, la fainĂ©antise en travail, l'oisivetĂ© en utilitĂ©, la centralisation en famille, l'iniquitĂ© en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanitĂ©, la guerre en amour, le prĂ©jugĂ© en examen, les frontiĂšres en soudures, les limites en ouvertures, les orniĂšres en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volontĂ© du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ĂŽter des religions l'enfer et des sociĂ©tĂ©s le bagne, oui, pour ĂȘtre frĂšre du misĂ©rable, du serf, du fellah, du prolĂ©taire, du dĂ©shĂ©ritĂ©, de l'ex- ploitĂ©, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaĂźnĂ©, du sacrifiĂ©, de la prostituĂ©e, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nĂšgre, du condamnĂ© et du damnĂ©, oui, nous sommes tes fils, RĂ©volution !
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Victor Hugo (Shakespeare : une vie de génie et d'amertume (French Edition))
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Le premier empereur est appelĂ© l'Empereur du Ciel. Il a dĂ©terminĂ© l'ordre du temps qu'il a divisĂ© en dix troncs cĂ©lestes et douze branches terrestres, le tout formant un cycle. Cet empereur vĂ©cut dix-huit mille ans. Le second empereur est l'Empereur de la Terre ; il vĂ©cut aussi dix-huit mille ans : on lui attribue la division du mois en trente jours. Le troisiĂšme empereur est l'Empereur des Hommes. Sous son rĂšgne apparaissent les premiĂšres Ă©bauches de la vie sociale. Il partage son territoire en neuf parties, et Ă  chacune d'elles il donne pour chef un des membres de sa famille. L'histoire cĂ©lĂšbre pour la premiĂšre fois les beautĂ©s de la nature et la douceur du climat. Ce rĂšgne eut quarante-cinq mille cinq cents ans de durĂ©e. Pendant ces trois rĂšgnes qui embrassent une pĂ©riode de quatre-vingt-un mille ans, il n'est question ni de l'habitation, ni du vĂȘtement. L'histoire nous dit que les hommes vivaient dans des cavernes, sans crainte des animaux, et la notion de la pudeur n'existait pas parmi eux. A la suite de quels Ă©vĂ©nements cet Ă©tat de choses se transforma-t-il ? L'histoire n'en dit mot. Mais on remarquera les noms des trois premiers empereurs qui comprennent trois termes, le ciel, la terre, les hommes, gradation qui conduit Ă  l'hypothĂšse d'une dĂ©cadence progressive dans l'Ă©tat de l'humanitĂ©.
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Tcheng-Ki-Tong (Les Chinois peints par eux-mĂȘmes)
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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La misĂšre est ici une matiĂšre, me dit GĂ©rard. Je suis Ă©tonnĂ© de l'accepter comme tout le monde. Avant de m'y intĂ©grer complĂštement, le ressentiment contre les spoliateurs m'Ă©touffait. Je ne rĂȘvais plus que d'explosifs et de sabotages au risque d'en pĂ©rir, avec mĂȘme l'espoir d'en pĂ©rir. Mais lorsque je rejoignais les miens, tout cela se dissipait. Je ne suis pas dupe de moi-mĂȘme : fils d'officier supĂ©rieur, bien pouvur en diplĂŽmes, mon choix est un artifice, un luxe inverse. Quelqu'un m'a dit que les nantis peuvent en plus s'offrir de la bonne conscience comme on s'offre un vĂȘtement de soie ou une pierre prĂ©cieuse. Il n'a pas tout Ă  fait tort. Je ne sais qu'une chose avec clartĂ© : je n'accepte pas le monde tel qu'il est. J'ai en moi, de ce fait, une insurrection permanente avec laquelle je dois composer. Dans mon labyrinthe, trois issues : la premiĂšre, faire ce pour quoi j'ai Ă©tĂ© programmĂ© : bon salaire, petite famille, l'ordre !?... DeuxiĂšme issue : la rĂ©volte ouverte dont je sens les prĂ©mices en sourde germination. J'apparaĂźtrai alors comme porteur d'idĂ©es rouges et il n'y a pas de pire rĂ©pression que celle qui vous catalogue, elle vous enferme dans votre casier et c'est de nouveau l'ordre. TroisiĂšme issue : la sublimation, on est secourable. Dans le naufrage gĂ©nĂ©ral, on prĂȘte un coin de son Ă©pave Ă  d'autres pour une idĂ©e censĂ©e transcender, cela est aussi une cohĂ©rence, j'y trouve mon compte, faute de mieux. Je viens aux hommes dont je m'occupe pour ĂȘtre aidĂ©. C'est du troc, voilĂ  tout.
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Pierre Rabhi (Du Sahara aux Cévennes : Itinéraire d'un homme au service de la Terre-MÚre)
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Un jour vint se loger, dans une des maisons qui sont sur la place, un homme de talent qui avait roulĂ© dans des abĂźmes de misĂšre ; mariĂ©, surcroĂźt de malheur qui ne nous afflige encore ni l’un ni l’autre, Ă  une femme qu’il aimait ; pauvre ou riche, comme vous voudrez, de deux enfants ; criblĂ© de dettes, mais confiant dans sa plume. Il prĂ©sente Ă  l’OdĂ©on une comĂ©die en cinq actes, elle est reçue, elle obtient un tour de faveur, les comĂ©diens la rĂ©pĂštent, et le directeur active les rĂ©pĂ©titions. Ces cinq bonheurs constituent cinq drames encore plus difficiles Ă  rĂ©aliser que cinq actes Ă  Ă©crire. Le pauvre auteur, logĂ© dans un grenier que vous pouvez voir d’ici, Ă©puise ses derniĂšres ressources pour vivre pendant la mise en scĂšne de sa piĂšce, sa femme met ses vĂȘtements au Mont-de-PiĂ©tĂ©, la famille ne mange que du pain. Le jour de la derniĂšre rĂ©pĂ©tition, la veille de la reprĂ©sentation, le mĂ©nage devait cinquante francs dans le quartier, au boulanger, Ă  la laitiĂšre, au portier. Le poĂšte avait conservĂ© le strict nĂ©cessaire : un habit, une chemise, un pantalon, un gilet et des bottes. SĂ»r du succĂšs, il vient embrasser sa femme, il lui annonce la fin de leurs infortunes. « Enfin il n’y a plus rien contre nous ! » s’écrie-t- il. « Il y a le feu, dit la femme, regarde, l’OdĂ©on brĂ»le. » Monsieur, l’OdĂ©on brĂ»lait. Ne vous plaignez donc pas. Vous avez des vĂȘtements, vous n’avez ni femme ni enfants, vous avez pour cent vingt francs de hasard dans votre poche, et vous ne devez rien Ă  personne. La piĂšce a eu cent cinquante reprĂ©sentations au théùtre Louvois. Le roi a fait une pension Ă  l’auteur. Buffon l’a dit, le gĂ©nie, c’est la patience. La patience est en effet ce qui, chez l’homme, ressemble le plus au procĂ©dĂ© que la nature emploie dans ses crĂ©ations.
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Honoré de Balzac (Illusions perdues; Tome 3 (French Edition))
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Bien du chemin, on le voit, a Ă©tĂ© parcouru depuis que l’esclave de Tunis trouva Ă  Dougga des pierres « engravĂ©es es lettres » qu’il pensait ĂȘtre « puniques, ou carthaginoises, ou bien syriaques ». La famille linguistique Ă  laquelle appartiennent ces vieilles Ă©critures ne fait plus guĂšre de doute aujourd’hui, mais nous sommes encore loin de les avoir dĂ©chiffrĂ©es. Aussi chimĂ©rique qu’elle soit, la perspective d’y parvenir un jour ne doit cesser de nous guider. Elle suppose que nous disposions d’un corpus systĂ©matique qui nous permettrait d’établir des sĂ©ries statistiques comparables Ă  celles qui ont mis Ventris sur la voie du dĂ©chiffrement du linĂ©aire B. Il y a dĂ©jĂ  longtemps que Lionel Galand a appelĂ© de ses vƓux la rĂ©alisation d’un tel corpus. La petite Ă©quipe qui l’entoure s’y emploie, et le livre de Mohamed Aghali et Jeannine Drouin s’inscrivait prĂ©cisĂ©ment dans cet effort collectif. Il faut aussi rassembler des donnĂ©es sur les pĂ©riodes plus anciennes, et notamment sur ce que Werner Pichler appelle la phase transitionnelle, dont nous n’avons encore qu’une vision trĂšs floue. On voit cependant des travaux paraĂźtre sur le sujet, l’article de Werner Pichler et Jean-LoĂŻc Le Quellec que j’ai mentionnĂ© incidemment Ă©tant l’un d’eux. Autre domaine qui demande Ă©galement qu’on s’y applique : les datations. Werner Pichler nous a fait lĂ -dessus des propositions originales, qui demandent encore Ă  ĂȘtre Ă©prouvĂ©es. Il n’est pas le seul, au demeurant, car les travaux d’Abdelaziz El Khayari et d’El Hassan Ezziani sont aussi d’un apport prĂ©cieux. En tout cas, tous les chercheurs que je cite dans cette conclusion – et il y en aurait encore quelques autres – sont totalement immuns au militantisme dont les effets sur les recherches berbĂ©risantes sont si dĂ©lĂ©tĂšres. C’est lĂ  une raison d’espĂ©rer dans l’avenir. [DĂ©chiffrages. Quelques rĂ©flexions sur l’écriture libyco-berbĂšre]
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Dominique Casajus
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Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sƓurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait Ă  ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă  un homme dont elle connaissait l’amour et la fidĂ©litĂ©, Ă  qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă  fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnĂȘte femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă  se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres s’était rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils s’étaient trouvĂ©s, avaient fait sur le cƓur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui l’intĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă  les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! qu’elle se serait trouvĂ©e heureuse !
 Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă  fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă  chacune quelque dĂ©faut ; elle n’en voyait aucune Ă  qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers. En faisant toutes’ces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se l’expliquer d’une maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cƓur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mĂ©lancolie Ă  laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cƓur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Une nouvelle gĂ©nĂ©ration, donc, subit simplement l'Ă©tat de choses ; elle ne se pose aucun vrai problĂšme, et de la « libĂ©ration » dont elle jouit, elle fait un usage Ă  tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prĂ©tend qu'elle n'est pas comprise, la seule rĂ©ponse Ă  lui donner c'est qu'il n'y a justement rien Ă  comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre Ă  sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupiditĂ© devient fatigante, envahissante et impertinente. Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalitĂ©, suit du reste une espĂšce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit prĂ©cisĂ©ment du contraire d'une manifestation de libertĂ©. Pour diffĂ©rents phĂ©nomĂšnes envisagĂ©s par nous dans les pages prĂ©cĂ©dentes, tels que par exemple le goĂ»t de la vulgaritĂ© et certaines formes nouvelles des mƓurs, on peut se rĂ©fĂ©rer, dans l'ensemble, Ă  cette jeunesse-lĂ  ; en font partie les fanatiques des deux sexes pour les braillards, les « chanteurs » Ă©pileptiques, au moment oĂč nous Ă©crivons pour les sĂ©ances collectives de marionnettes reprĂ©sentĂ©es par les ye-ye sessions, pour tel ou tel « disque Ă  succĂšs » et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-lĂ , du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser Ă  eux-mĂȘmes et Ă  leur stupiditĂ© et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polĂ©miques en ce qui concerne, par exemple, l'Ă©mancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief. Les annĂ©es passant, la nĂ©cessitĂ©, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problĂšmes matĂ©riels et Ă©conomiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-lĂ , devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simplement d'une forme de nullitĂ© Ă  une autre forme de nullitĂ©. Aucun problĂšme digne de ce nom ne vient se poser.
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Julius Evola (L'arco e la clava)
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À huit heures et demie du soir, deux tables Ă©taient dressĂ©es. La jolie madame des Grassins avait rĂ©ussi Ă  mettre son fils Ă  cĂŽtĂ© d’EugĂ©nie. Les acteurs de cette scĂšne pleine d’intĂ©rĂȘt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolĂ©s, chiffrĂ©s, et de jetons en verre bleu, semblaient Ă©couter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numĂ©ro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraĂźche de madame des Grassins, la tĂȘte martiale du banquier, celle d’Adolphe, le prĂ©sident, l’abbĂ©, le notaire, et se disait intĂ©rieurement : − Ils sont lĂ  pour mes Ă©cus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. HĂ© ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-lĂ  me servent de harpons pour pĂȘcher ! Cette gaietĂ© de famille, dans ce vieux salon gris, mal Ă©clairĂ© par deux chandelles ; ces rires, accompagnĂ©s par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincĂšres que sur les lĂšvres d’EugĂ©nie ou de sa mĂšre ; cette petitesse jointe Ă  de si grands intĂ©rĂȘts ; cette jeune fille qui, semblable Ă  ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquĂ©e, serrĂ©e par des preuves d’amitiĂ© dont elle Ă©tait la dupe ; tout contribuait Ă  rendre cette scĂšne tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scĂšne de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenĂ©e Ă  sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimĂ© par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient lĂ  qu’une place secondaire, ils animaient trois cƓurs purs, ceux de Nanon, d’EugĂ©nie et sa mĂšre. Encore, combien d’ignorance dans leur naĂŻvetĂ© ! EugĂ©nie et sa mĂšre ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pĂąles idĂ©es, et ne prisaient ni ne mĂ©prisaient l’argent, accoutumĂ©es qu’elles Ă©taient Ă  s’en passer. Leurs sentiments, froissĂ©s Ă  leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette rĂ©union de gens dont la vie Ă©tait purement matĂ©rielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment oĂč madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considĂ©rable qui eĂ»t jamais Ă©tĂ© pontĂ© dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit Ă  la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautĂšrent sur leurs chaises.
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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banquet oifert Ă  un dĂ©putĂ© par ses Ă©lecteurs reconnaissants. La cheminĂ©e est ornĂ©e d’une pendule d’un goĂ»t atrocement troubadour, reprĂ©sentant le templier Bois-Guilbert enlevant une RĂ©becca dorĂ©e sur un cheval argentĂ©. A droite et Ă  gauche de cette odieuse horloge sont placĂ©s deux flambeaux de plaquĂ© sous un globe. Ces magnificences sont l’objet de la secrĂšte envie de plus d’une mĂ©nagĂšre de Pont-de-Arche, et la servante elle-mĂȘme ne les essuie qu’en tremblant. Je ne parle pas de quelques caniches en verre filĂ©, d’un petit saint Jean en pĂąte de sucre, d’un NapolĂ©on en chocolat, d’un cabaret chargĂ© de porcelaines communes et pompeusement installĂ© sur une table ronde, de gravures reprĂ©sentant les Adieux de Fontainebleau, Souvenirs et regrets, la Famille du marin, les Petits Braconniers et autres vulgaritĂ©s du mĂȘme genre. — Concevez-vous rien de pareil ? Je n’ai jamais su comprendre, pour ma part, cet amour du commun et du laid. Je conçois que tout le monde n’ait pas pour logement des Alhambras, des Louvres ou des ParthĂ©nons ; mais il est toujours si facile de ne pas avoir de pendule ! de laisser les murailles nues, et de se priver de lithographies de Maurin ou d’aquatintes de Jazet ! Les gens qui remplissaient ce salon me semblaient, Ă  force de vulgaritĂ©, les plus Ă©tranges du monde ; ils avaient des façons de parler incroyables, et s’exprimaient en style fleuri, comme feu Prudhomme, Ă©lĂšve de Brard et Saint-Omer. Leurs tĂȘtes, Ă©panouies sur leurs cravates blanches, et leurs cols de chemise gigantesques faisaient penser Ă  certains produits de la famille des cucurbitacĂ©s. Quelques hommes ressemblent Ă  des animaux, au lion, au cheval, Ă  l’ñne ; ceux-ci, tout bien considĂ©rĂ©, avaient l’air encore plus vĂ©gĂ©tal que bestial. Des femmes, je n’en dirai rien, m’étant promis de ne jamais tourner en ridicule ce sexe charmant. Au milieu de ces lĂ©gumes humains, Louise faisait l’effet d’une rose dans un carrĂ© de choux. Elle portait une simple robe blanche serrĂ©e Ă  la taille par un ruban bleu ; ses cheveux, sĂ©parĂ©s en bandeaux, encadraient harmonieusement son front pur. Une grosse natte se tordait derriĂšre sa nuque, couverte de cheveux follets et d’un duvet de pĂȘche. Une quakeresse n’aurait rien trouvĂ© Ă  redire Ă  cette mise, qui faisait paraĂźtre d’un grotesque et d’un ridicule achevĂ©s les harnais et les plumets de corbillard. des autres femmes ; il Ă©tait impossible d’ĂȘtre de meilleur goĂ»t. J’avais peur que mon infante ne profitĂąt de la circonstance pour dĂ©ployer quelque toilette excessive et prĂ©tentieuse, achetĂ©e d’occasion. Cette pauvre robe de mousseline qui n’a jamais vu l’Inde, et qu’elle a probablement faite elle-mĂȘme, m’a touchĂ© et sĂ©duit ; je ne tiens pas Ă  la parure. J’ai eu pour maĂźtresse une gitana grenadine qui n’avait pour tout vĂȘtement que des pantoufles bleues et un collier de grains d’ambre ; mais rien ne me contrarie comme un fourreau mal taillĂ© et d’une couleur hostile. Les dandies bourgeois prĂ©fĂ©rant de
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Théophile Gautier (La Croix de Berny: Roman steeple-chase (French Edition))
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Être aimĂ© d'une jeune fille chaste, lui rĂ©vĂ©ler le premier cet Ă©trange mystĂšre de l'amour, certes, c'est une grande fĂ©licitĂ©, mais c'est la chose du monde la plus simple. S'emparer d'un cƓur qui n'a pas l'habitude des attaques, c'est entrer dans une ville ouverte et sans garnison. L'Ă©ducation, le sentiment des devoirs et la famille sont de trĂšs fortes sentinelles ; mais il n'y a sentinelles si vigilantes que ne trompe une fille de seize ans, Ă  qui, par la voix de l'homme qu'elle aime, la nature donne ses premiers conseils d'amour qui sont d'autant plus ardents qu'ils paraissent plus purs. Plus la jeune fille croit au bien, plus elle s'abandonne facilement, sinon Ă  l'amant, du moins Ă  l'amour, car Ă©tant sans dĂ©fiance, elle est sans force, et se faire aimer d'elle est un triomphe que tout homme de vingt-cinq ans pourra se donner quand il voudra. Et cela est si vrai que voyez comme on entoure les jeunes filles de surveillance et de remparts ! Les couvents n'ont pas de murs assez hauts, les mĂšres de serrures assez fortes, la religion de devoirs assez continus pour renfermer tous ces charmants oiseaux dans leur cage, sur laquelle on ne se donne mĂȘme pas la peine de jeter des fleurs. Aussi comme elles doivent dĂ©sirer ce monde qu'on leur cache, comme elles doivent croire qu'il est tentant, comme elles doivent Ă©couter la premiĂšre voix qui, Ă  travers les barreaux, vient leur en raconter les secrets, et bĂ©nir la main qui lĂšve, la premiĂšre, un coin du voile mystĂ©rieux. Mais ĂȘtre rĂ©ellement aimĂ© d'une courtisane, c'est une victoire bien autrement difficile. Chez elles, le corps a usĂ© l'Ăąme, les sens ont brĂ»lĂ© le cƓur, la dĂ©bauche a cuirassĂ© les sentiments. Les mots qu'on leur dit, elles les savent depuis longtemps ; les moyens que l'on emploie, elles les connaissent, l'amour mĂȘme qu'elles inspirent, elles l'ont vendu. Elles aiment par mĂ©tier et non par entraĂźnement. Elles sont mieux gardĂ©es par leurs calculs qu'une vierge par sa mĂšre et son couvent ; aussi ont-elles inventĂ© le mot caprice pour ces amours sans trafic qu'elles se donnent de temps en temps comme repos, comme excuse, ou comme consolation ; semblables Ă  ces usuriers qui rançonnent mille individus, et qui croient tout racheter en prĂȘtant un jour vingt francs Ă  quelque pauvre diable qui meurt de faim, sans exiger d'intĂ©rĂȘt et sans lui demander de reçu. Puis, quand Dieu permet l'amour Ă  une courtisane, cet amour, qui semble d'abord un pardon, devient presque toujours pour elle un chĂątiment. Il n'y a pas d'absolution sans pĂ©nitence. Quand une crĂ©ature, qui a tout son passĂ© Ă  se reprocher, se sent tout Ă  coup prise d'un amour profond, sincĂšre, irrĂ©sistible, dont elle ne se fĂ»t jamais crue capable ; quand elle a avouĂ© cet amour, comme l'homme aimĂ© ainsi la domine ! Comme il se sent fort avec ce droit cruel de lui dire : « vous ne faites pas plus pour de l'amour que vous n'avez fait pour de l'argent. » Alors elles ne savent quelles preuves donner. Un enfant, raconte la fable, aprĂšs s'ĂȘtre longtemps amusĂ© dans un champ Ă  crier : « au secours ! » Pour dĂ©ranger des travailleurs, fut dĂ©vorĂ© un jour par un ours, sans que ceux qu'il avait trompĂ©s si souvent crussent cette fois aux cris rĂ©els qu'il poussait. Il en est de mĂȘme de ces malheureuses filles, quand elles aiment sĂ©rieusement. Elles ont menti tant de fois qu'on ne veut plus les croire, et elles sont, au milieu de leurs remords, dĂ©vorĂ©es par leur amour. De lĂ , ces grands dĂ©vouements, ces austĂšres retraites dont quelques-unes ont donnĂ© l'exemple. Mais, quand l'homme qui inspire cet amour rĂ©dempteur a l'Ăąme assez gĂ©nĂ©reuse pour l'accepter sans se souvenir du passĂ©, quand il s'y abandonne, quand il aime enfin, comme il est aimĂ©, cet homme Ă©puise d'un coup toutes les Ă©motions terrestres, et aprĂšs cet amour son cƓur sera fermé à tout autre.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
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la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Jadis (...) n'importe quel voyageur arrivant dans un village inconnu n'avait qu'Ă  se prĂ©senter au seuil de la premiĂšre maison rencontrĂ©e et dire : "Je suis l'hĂŽte que Dieu vous envoie" pour qu'on le reçoive avec joie. On lui rĂ©servait la meilleure chambre, le meilleur lit et les meilleurs morceaux. Souvent mĂȘme, le chef de famille ou le fils aĂźnĂ© lui abandonnait sa propre chambre pour aller dormir sur une natte dans le vestibule ou dans la cour. En Ă©change, l'Ă©tranger de passage venait enrichir les veillĂ©es en racontant les chroniques historiques de son pays ou en relatant les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s au cours de ses pĂ©rĂ©grinations.
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Amadou Hampùté Bù (Amkoullel, l'enfant Peul)
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Des familles entiĂšres Ă©taient pliĂ©es en deux et tordues de rire. L’agent toisait d’un air avantageux la salle et ses occupants qui hoquetaient, leurs dentiers claquant, leurs perruques glissant, leurs pacemakers peinant, leurs boyaux glougloutant. C’était d’un ridicule sans bornes – une vĂ©ritable « rĂ©gression anthropoĂŻde », selon l’expression de John. Il se mit Ă  crier Ă  son tour, leur disant qu’ils n’y comprenaient rien. Personne ne l’écouta. Ils lui jetĂšrent des gobelets en plastique et lui firent des grimaces. L’agent lui dit de la boucler.
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Le Seigneur des porcheries
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Une communauté formée de personnes qui se considÚrent comme une famille, qui avance aves ses fans et non par les succés dont témoigneraient les chiffres, ni par les preuves que constitueraient les récompenses accumulées. Ou le processus par lequel des individus forment une communauté et partagent joies et peines. Le passé, le présent et l'avenir de BTS.
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Myeongseok Kang (Beyond The Story: 10-Year Record of BTS)
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Mais, grand-frÚre, nous le savons tous les deux que ça ne veut rien dire, faire son deuil, que c'est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d'autre. Nous le savons que, chaque matin, il faut se rassembler, se lever, se mettre en marche, quoi qu'il en coûte. Que la douleur est un archipel dont on n'a jamais fini d'explorer les passes et les courants. Qu'elle est inépuisable. Lente, féroce et patiente comme un fauve.
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Gaëlle Josse (La nuit des pÚres)
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A cet Ă©gard , je trouve cela curieux l’amour d’une mĂšre. C’est quelque chose qui vous contient tout entier, durant neuf mois - puis qui vous lĂąche. Pas le choix – ni pour elle, ni pour vous. Ensuite, c’est du soin constant, puis du souci. De la joie aussi – enfin j’imagine
 Puis un jour, plus rien. Je veux dire : l’un des deux corps disparaĂźt, le regard par lequel on Ă©tait sans doute attachĂ© l’une Ă  l’autre, la mĂšre et l’enfant, n’a plus lieu d’ĂȘtre, plus rien Ă  quoi s’accrocher. C’est l’espace qui s’ouvre Ă  la place – tout entier. C’est une libĂ©ration peut ĂȘtre. Je n’en sais rien en fait.
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BérengÚre Cournut (Zizi Cabane)
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DevisMutuelleEnLigne.info est votre ressource en ligne pour trouver la meilleure mutuelle adaptĂ©e Ă  vos besoins. Nous vous aidons Ă  naviguer dans le monde complexe des assurances santĂ© en vous fournissant des informations dĂ©taillĂ©es et des comparaisons de diffĂ©rentes offres. Que vous recherchiez une couverture pour vous-mĂȘme, votre famille ou votre entreprise, notre objectif est de rendre le processus aussi simple que possible.
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Devis Mutuelle En Ligne
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Dans ces sortes de sociĂ©tĂ©s, oĂč rien n'est fixe, chacun se sent aiguillonnĂ© sans cesse par la crainte de descendre et l'ardeur de monter; et comme l'argent, en mĂȘme temps qu'il y est devenu la principale marque qui classe et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilitĂ© singuliĂšre, passant de mains en mains sans cesse, transformant la condition des individus, Ă©levant ou abaissant les familles, il n'y a presque personne qui ne soit obligĂ© d'y faire un effort dĂ©sespĂ©rĂ© et continu pour le conserver ou pour l'acquĂ©rir. L'envie de s'enrichir Ă  tout prix, le goĂ»t des affaires, l'amour du gain, la recherche du bien-ĂȘtre et des jouissances matĂ©rielles y sont donc les passions les plus communes.
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Alexis de Tocqueville (The Old Regime and the French Revolution)
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Les faits ne pĂ©nĂštrent pas dans le monde oĂč vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naĂźtre celles-ci, ils ne les dĂ©truisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants dĂ©mentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succĂ©dant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bontĂ© de son Dieu ou du talent de son mĂ©decin.
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Marcel Proust (À la recherche du temps perdu: (complùte) (French Edition))
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Nous savons aujourd'hui que les peuples qualifiĂ©s de "primitifs", ignorant l'agriculture et l'Ă©levage, ou ne pratiquant qu'une agriculture rudimentaire, parfois sans connaissance de la poterie et du tissage, vivant principalement de chasse et de pĂȘche, de cueillette et de ramassage des produits sauvages, ne sont pas tenaillĂ©s par la crainte de mourir de faim et l'angoisse de ne pouvoir survivre dans un milieu hostile. Leur petit effectif dĂ©mographique, leur connaissance prodigieuse des ressources naturelles leur permettent de vivre dans ce que nous hĂ©siterions sans doute Ă  nommer l'abondance. Et pourtant -des Ă©tudes minutieuses l'ont montrĂ© en Australie, en AmĂ©rique du Sud, en MĂ©lanĂ©sie et en Afrique-, de deux Ă  quatre heures de travail quotidien suffisent amplement Ă  leurs membres actifs pour assurer la subsistance de toutes les familles, y compris les enfants et les vieillards qui ne participent pas encore ou ne participent plus Ă  la production alimentaire. Quelle diffĂ©rence avec le temps que nos contemporains passent Ă  l'usine ou au bureau ! Il serait donc faux de croire ces peuples esclaves des impĂ©ratifs du milieu. Bien au contraire, ils jouissent vis-Ă -vis du milieu d'une plus grande indĂ©pendance que les cultivateurs et les Ă©leveurs. Ils disposent de plus de loisirs qui leur permettent de faire une large place Ă  l'imaginaire, d'interposer entre eux et le monde extĂ©rieur, comme des coussins amortisseurs, des croyances, des rĂȘveries, des rites, en un mot toutes ces formes d'activitĂ© que nous appellerions religieuse et artistique.
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Claude Lévi-Strauss (DISCOURS PRONONCES DANS LA SEANCE PUBLIQUE Signed 1st ed)
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2 accros de film commencent une discussion autour d’un film culte. - A ton avis, c’est quoi le retour de Jedi ? - C’est entre mercredaille et vendredaille
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Nathan Pretzel (Blagues de Papa que vous devriez absolument connaĂźtre: Livre de blagues de papa - Blagues droles pour toute la famille - Parfait pour un cadeau ou pour ... Blagues de Nathan t. 1) (French Edition))
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Être une digne mĂšre de famille ou ĂȘtre une putain. Lorsqu’on Ă©tait une femme dans la Rome antique, on appartenait nĂ©cessairement Ă  l’une de ces deux catĂ©gories antagoniques.
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Virginie Girod (Les femmes et le sexe dans la Rome antique)
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Il y a un autre raison qui fait dĂ©railler un bon pĂšre de famille. À moins d'ĂȘtre d'un cynisme intĂ©gral, il sait que son existence, ce joli bagne prĂ©disposant au suicide, est un immense privilĂšge face aux milliards d'affamĂ©s. Au moment oĂč ses enfants sont traĂźnĂ©s, crochet aux fesses, vers les neiges immaculĂ©es des pistes, d'autres enfants, Ă  quelques heures d'avion, sont dĂ©membrĂ©s par les bombes. Il sait que son sĂ©jour de ski est une façon de lĂ©gitimer cette monde-lĂ , cette synchronie de guerres et de fĂȘtes, de famines et de populations d'obĂšses. Et, plus dĂ©sespĂ©rant encore : cette milliards de pauvres, une fois repĂȘchĂ©s de la misĂšre, se transforment en prĂ©dateurs, pressĂ©s de rejoindre la « civilization » – celle qui fabrique un homme capable de consacrer sa vie Ă  « la commercialisation des dĂ©rivĂ©s financiers et de la titrisation des actifs (215).
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AndreĂŻ Makine (Au-delĂ  des frontiĂšres)
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Joie de Conscience (Le Sonnet) La conscience apporte de la joie, elle apporte du soulagement. C'est une autre sorte de joie, sanctifiĂ©e par des accĂšs de chagrin. La conscience engendre le contenu, au-delĂ  de toute excitation matĂ©rielle. GrĂące Ă  une modĂ©ration consciencieuse, nous surmontons l’obsession superficielle. Les matĂ©riaux sont nĂ©cessaires Ă  la subsistance, au-delĂ  de ce point, ils deviennent un poison. Encombrant l’esprit de dĂ©chets toxiques, il sĂ©pare l’humain de l’humain. La conscience apporte la joie, non contaminĂ©e par une fĂȘte Ă©goĂŻste. EntourĂ©e de compromis rituels, la conscience apporte la libertĂ© civilisĂ©e.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Des Livres, pas Des Bombes (Le Sonnet) Les bombes tuent les terroristes, Les livres tuent le terrorisme. Les missiles tuent les extrĂ©mistes, La pleine conscience tue l'extrĂ©misme. Les balles tuent les fanatiques, La bontĂ© tue l'intolĂ©rance. La loi enchaĂźne les gens violents, L’amour rĂ©forme la violence. Le Sarin ne paralyse que les mĂ©chants, Le service guĂ©rit la mĂ©chancetĂ©. C4 ne fait que retarder les prĂ©jugĂ©s, La curiositĂ© guĂ©rit les prĂ©jugĂ©s. La violence ne peut plus ĂȘtre une rĂ©volution. La gentillesse est le remĂšde Ă  toute dĂ©gradation.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Chant de la Nouvelle-France La Nouvelle-France est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. La Nouvelle-France est une terre de promesses, pas une terre d'indifférence. La Nouvelle-France est une France meilleure, on n'a plus soif de sang. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intégrante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous égaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolérance. Les mesures primitives sont inutiles, Le caractÚre triomphe en Nouvelle-France. La Nouvelle-France est un art d'aimer, hors de portée des singes haineux. La Nouvelle-France est célébration de la vie, pas une validation de préjugés ruineux.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Hymne du Nouveau Canada Le Nouveau-Canada est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. Le Nouveau Canada est une terre de promesses et non une terre d’indiffĂ©rence. Le Nouveau Canada est un Canada meilleur, Notre vrai Nord est l’amour. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intĂ©grante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous Ă©gaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolĂ©rance. Le caractĂšre triomphe au Nouveau-Canada, Les traditions primitives sont insignifiantes. Le Nouveau-Canada est un art d'aimer, hors de portĂ©e des singes haineux. Le Nouveau-Canada est cĂ©lĂ©bration de la vie, pas une validation de prĂ©jugĂ©s ruineux.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Khalsa n'est pas Khalistan (Le Sonnet) Khalsa signifie ĂȘtre libre de la haine, Khalistan signifie nationaliser la haine. Le Christ reprĂ©sente l'amour et la lumiĂšre, Le nationalisme chrĂ©tien est tout sauf chrĂ©tien. Sanatana Dharma est l'advaita sanskriti, une culture de non-sectarisme, Hindutva signifie safranisation insensĂ©e. L'Islam signifie paix et bien-ĂȘtre, L'islamisme est la ruine de l'harmonie. L'intolĂ©rance est une pandĂ©mie mondiale, seules les terminologies varient d'une culture Ă  l'autre. Le vaccin contre la haine la plus fĂ©roce est la douce lumiĂšre d’un cƓur indivis.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Khalsa signifie ĂȘtre libre de la haine, Khalistan signifie nationaliser la haine. Le Christ reprĂ©sente l'amour et la lumiĂšre, Le nationalisme chrĂ©tien est tout sauf chrĂ©tien. Sanatana Dharma est l'advaita sanskriti, une culture de non-sectarisme, Hindutva signifie safranisation insensĂ©e. L'Islam signifie paix et bien-ĂȘtre, L'islamisme est la ruine de l'harmonie.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Le principe de malheur Le travail nourrit une aliĂ©nation masculine, soit parce que le surinvestissement productif finit par Ă©puiser le mĂąle alpha, soit parce que le chĂŽmage et la prĂ©caritĂ© brisent des hommes conditionnĂ©s pour ĂȘtre des soutiens de famille. J'en arrive Ă  la question de la surmortalitĂ© masculine, imputable Ă  des facteurs sociaux : mauvaise hygiĂšne de vie, tabagisme, alcoolisme, addiction, stress, accident de la route, accident professionnel, prise de risques, suicide. Deux principes donc, domination et malheur. Mais n'y a-t-il pour les hommes, que ces deux destins, tuer ou se tuer ? Jouer Ă  shoot' em up ou se foutre en l'air ? D'une certaine maniĂšre, je n'ai pas Ă©chappĂ© Ă  ces violences. Je domine, je suis dominĂ©. Un peu reconnu, trop inquiet. Le jeu n'en valait pas la chandelle.
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Ivan Jablonka (Un garçon comme vous et moi)
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Les gens ne se supportent pas tout le reste de l'année, mais lorsqu'une guirlande apparaßt, ils font tous semblant de s'aimer. La famille est certainement la plus grosse supercherie jamais inventée. Ce n'est pas parce que l'on partage un morceau d'ADN avec une personne qu'on l'aimera quoi qu'il arrive. L'attachement n'est pas dû au lien de sang. J'en sais quelque chose !
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Louisa Méonis (Tu aimeras Noël, que tu le veuilles ou non !)
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Chacune a son tour prit la parole pour la conseille. L’ainĂ©e des tantes commença : « Ma fille, tu dois te soumettre Ă  ton mari, quoi qu’il arrive. Donne-lui raison pour la paix de ton couple. Qu’il ne manque jamais Ă  manger ni Ă  boire dans ton futur foyer. Sois toujours lĂ  pour l’accueillir, dans une maison propre, qui sente bon, et toujours avec le sourire aux lĂšvres mĂȘme si ta journĂ©e s’est mal passĂ©e. Masse-le et fais-lui de beaux enfants. Beaucoup d’enfants. Fais en sorte de ne jamais le dĂ©cevoir. Respecte ses parents et sa famille comme si c’étaient les tiens. Sois bĂ©nie, ma fille.
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Roukiata Ouedraogo (Le petit mari)
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Le dĂ©sastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n'est plus Évelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d'Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu'il est arrivĂ© chez Évelyne et Jacques. Le parent Ă©merveillĂ© fait circuler sur Internet des photos de famille miĂšvres, montre Ă  qui veut (et qui ne veut pas) des films vidĂ©o de son enfant prenant le bain ou dĂ©ballant des cadeaux de NoĂ«l. Il circule avec un badge « bĂ©bĂ© Ă  bord » sur la lunette arriĂšre de son auto : une sorte d'image pieuse des temps modernes, aussi utile qu'un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort. Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « Comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcĂ©ment de rĂ©ponse. Car le parent gaga se sent obligĂ© de tenir la terre entiĂšre au courant des progrĂšs fulgurants de sa progĂ©niture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « NoĂ© a dessinĂ© un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « Hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »).
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Corinne Maier (No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant)
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En attendant, il lui faut lutter contre la mandarine, avec les armes que la nature a bien voulu lui donner : son courage, sa force, sa détermination, son intelligence aussi. Sa famille, ses enfants, ses amis. Et puis les médecins, les infirmiÚres, les oncologues, les radiologues, les pharmaciens, qui se battent, chaque jour, pour elle, à ses cÎtés. Il lui semble soudain qu'elle est au début d'une épopée pharaonique, qu'une formidable énergie est déployée autour d'elle. [...] Elle se dit alors que l'univers travaille de concert à sa guérison. Elle songe à cette phrase du Talmud : "Celui qui sauve une vie sauve le monde entier." Aujourd'hui, le monde entier la sauve, et Sarah voudrait lui dire merci.
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Colombani Laetitia
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Je n'aime pas les parents. Tous. Pour se reproduire aujourd'hui, il faut ĂȘtre une drĂŽle de pourriture. Et d'ailleurs les parents n'aiment pas non plus. Ils aiment l'exercice du pouvoir, ils aiment qu'on les aime, ils peuvent parfois avoir de la gratitude pour l'amour Ă©norme des enfants, mais ils n'aiment pas. Ils aiment ĂȘtre obĂ©is, ils aiment dĂ©tenir le savoir, ĂȘtre la justice et la raison. Ils aiment impressionner. Ils aiment que l'on dĂ©pende de leur protection. Ils aiment savoir qu'ils peuvent, Ă  tout moment s'ils le souhaitent, dĂ©truire ce qu'ils ont créé. Les enfants leur appartiennent. Cela dit, je n'aime pas les enfants non plus. Ils sont souvent trĂšs cons et m'emmerdent considĂ©rablement Ă  vouloir appuyer sur les touches des balances Ă  lĂ©gumes, les boutons d'ascenseurs ou ceux des portes du mĂ©tro. Pour rĂ©sumer, la notion de famille, au sens biologique et nuclĂ©aire, me dĂ©goĂ»te.
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Simon Johannin (Ici commence un amour)
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Autrefois, quelqu’un m’avait dit que les dieux et les temples Ă©taient l’invention de ceux qui ne croyaient pas en la science mais qu’en savait-elle rĂ©ellement, cette personne qui aimait ouvrir grande sa bouche et qui n’avait pas Ă©coutĂ© quand on lui avait dit qu’elle mettait sa famille en danger ? Peut-ĂȘtre que ces endroits-lĂ , oĂč des hommes et des femmes viennent rendre grĂące Ă  des ĂȘtres imaginaires, offrent ce que la science ne peut pas donner – une matiĂšre impalpable, indicible, qui permet d’affronter le jour qui vient ?
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Nathacha Appanah (Rien ne t'appartient)
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Une érosion, un ignoble déferlement de déluges qui laissent notre famille déformée pour toujours. Les épaisseurs de perte donnent le sentiment que la vie est mince comme du papier.
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Chimamanda Ngozi Adichie (Notes on Grief)
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... au dĂ©part, les ZaĂŻrois aimaient pourtant George Foreman: il avait la peau plus noire que Mohammed Ali, donc il Ă©tait le vrai Africain. Ali Ă©tait trop clair de peau comme notre camarade de classe Adriano, et c'Ă©tait suspect pour les ZaĂŻrois d'avoir une peau comme ça et de prĂ©tendre qu'on est noir. Mais quand Foreman est descendu Ă  l'aĂ©roport de Kinshasa avec son grand chien qui avait la langue dehors et les oreilles droites on dirait les antennes de Radio-Congo, tout le monde a eu peur. Les ZaĂŻrois ont dit: Ce chien a la mĂȘme figure que les chiens des Belges qui nous commandaient pendant la colonisation! Comment un Noir peut avoir un chien de la mĂȘme famille que les chiens des colonisateurs? Comment il peut emmener jusqu'ici un chien qui nous rappelle ces chiens Ă©duquĂ©s pour sentir l'odeur du Noir et le retrouver en brousse, dans la nuite profonde, lorsqu'il essayait de fuir les brimades des Blancs? Les ZaĂŻrois se sont encore dit: Ce Foreman n'est pas un vrai Noir comme nous, il veut devenir comme les Blancs, il faut donc qu'Ali le mettre K-O pour venger nos parents et nos grands-parents qui ont Ă©tĂ© mordus par les chiens des Belges.
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Alain Mabanckou (Demain j'aurai vingt ans)