Tes Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Tes. Here they are! All 100 of them:

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-Tu crois que c'est comme tes mines de crayon ? Tu crois que ça s'use quand on s'en sert ? - De quoi ? -Les sentiments.
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Anna Gavalda (Hunting and Gathering)
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On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles annĂ©es, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mĂ©rites, jusqu'Ă  ta derniĂšre chemise. Il te restera toujours tes rĂȘves pour rĂ©inventer le monde que l'on t'a confisquĂ©...
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Yasmina Khadra (The Attack)
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But Lila went to Kell’s side. She knelt beside his sleeping body, and whispered something in his ear, and if Tes had been standing farther back, she’d never have heard it. But she did. “There is nowhere you go,” said the Antari to her prince, “that I cannot follow.
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Victoria E. Schwab (The Fragile Threads of Power (Threads of Power, #1))
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Paris at Night Trois allumettes une à une allumées dans la nuit La premiÚre pour voir ton visage tout entier La seconde pour voir tes yeux La derniÚre pour voir ta bouche Et l'obscurité tout entiÚre pour me rappeler tout cela En te serrant dans mes bras
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Jacques Prévert (Paroles)
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OĂč tu veux, Camille, chuchota-t-il. J'irai oĂč tu voudras. Je te suivrai partout, mĂȘme dans les Ă©toiles... Je veux juste que tu saches que vivre sans toi m'est impossible. Alors je t'en supplie, ne meurs plus, parce que sinon, moi, je vais mourir pour de bon... Parce que sans tes yeux, je suis aveugle. Sans tes mots, je me perds. Parce que sans toi, mon Ăąme est nue. Sans toi, je ne suis rien... Parce que... je t'aime...
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Pierre Bottero (Les FrontiĂšres de glace (La QuĂȘte d'Ewilan, #2))
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Si je dois mourir dans cette belle vie, je veux que ça soit fait par tes belles mains.
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Roman Payne (Rooftop Soliloquy)
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Dans ta tĂȘte, tu avais donnĂ© un nom au maĂźtre. Tu n’osais l’employer en sa prĂ©sence, bien entendu. Tu l’appelais «Mygale», en souvenir de tes terreurs passĂ©es. Mygale, un nom Ă  consonance fĂ©minine, un nom d’animal rĂ©pugnant qui ne cadrait pas Ă  son sexe ni au raffinement extrĂȘme qu’il savait montrer dans le choix de tes cadeaux
 Mais Mygale car il Ă©tait telle l’araignĂ©e, lente et secrĂšte, cruelle et fĂ©roce, avide et insaisissable dans ses desseins, cachĂ© quelque part dans cette demeure oĂč il te sĂ©questrait depuis des mois, une toile de luxe, un piĂšge dorĂ© dont il Ă©tait le geĂŽlier et toi le dĂ©tenu.
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Thierry Jonquet (Mygale)
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En fin de compte, l'amour n'a été possible que parce qu'il m'a vu non pas tel que j'étais, mais tel que j'allais devenir.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas: la solitude, l'indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout: d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as cÎtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traßner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancoeur opportuniste et lùche des liaisons qui s'effilochent.
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Georges Perec (Un Homme qui dort)
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Il te restera toujours tes rÚves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué.
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Yasmina Khadra
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L'oubli puissant habite sur ta bouche, Et le Léthé coule dans tes baisers.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Mais la nature est lĂ  qui t'invite et qui t'aime ; Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours Quand tout change pour toi, la nature est la mĂȘme, Et le mĂȘme soleil se lĂšve sur tes jours.
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Alphonse de Lamartine (ƒuvres PoĂ©tiques ComplĂštes)
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Le Chat Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, MĂȘlĂ©s de mĂ©tal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent Ă  loisir Ta tĂȘte et ton dos Ă©lastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps Ă©lectrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bĂȘte, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques Ă  la tĂȘte, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Je me demande si la froideur des pĂšres fait l'extrĂȘme sensibilitĂ© des fils.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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Tu seras aimĂ© le jour oĂč tu pourras montrer tes faiblesses sans que l'autre s'en serve pour augmenter sa force.
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Cesare Pavese
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Je dis : pourquoi moi ? Il dit  : parce tu n'es pas du tout comme les autres, parce qu'on ne voit que toi sans que tu t'en rendes compte. Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable  : parce que tu partiras et que nous resterons.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Ne désire jamais, Nathanaël, regoûter les eaux du passé...Ne cherche pas, dans l'avenir, à retrouver jamais le passé. Saisis de chaque instant la nouveauté irressemblable et ne prépare pas tes joies, ou sache qu'en son lieu préparé te surprendra une joie autre.
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André Gide
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Mets tes peurs entre paranthĂšses et prends le risque d'ĂȘtre heureux.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Il me rend à la solitude. La plus profonde, celle qu'on ressent au cƓur d'une foule.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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L'Ă©criture doit ĂȘtre une recherche de vĂ©ritĂ©, sinon elle n'est rien. Si Ă  travers l'Ă©criture tu ne cherches pas Ă  te connaitre, Ă  fouiller ce qui t'habite, ce qui te constitue, Ă  rouvrir tes blessures, Ă  gratter, creuser avec les mains, si tu ne mets pas en question ta personne, ton origine, ton milieu, cela n'a pas de sens. Il n'y a d'Ă©criture que l'Ă©criture de soi. Le reste ne compte pas.
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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Rien n'est tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gangne. Les hommes et leurs Ăąmes, c'est pareil... T'es une Ăąme grise, joliment grise, comme nous tous...
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Philippe Claudel (Grey Souls)
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Consacre tes loisirs à essuyer la poussiùre qui ternit le miroir de ton cƓur.
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Saadi (ŰšÙˆŰłŰȘŰ§Ù† ŰłŰčŰŻÛŒ)
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Tu ne souhaites pas réellement sa mort ai je pensé en m'étirant sur le siÚge arriÚre. Car si elle meurt tu perds tout espoir de la tuer de tes propres mains. Et ça ce serait vraiment dommage.
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Lauren Weisberger (The Devil Wears Prada (The Devil Wears Prada, #1))
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Le serpent qui danse Que j'aime voir, chĂšre indolente, De ton corps si beau, Comme une Ă©toffe vacillante, Miroiter la peau! Sur ta chevelure profonde Aux acres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns, Comme un navire qui s'Ă©veille Au vent du matin, Mon Ăąme rĂȘveuse appareille Pour un ciel lointain. Tes yeux oĂč rien ne se rĂ©vĂšle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids oĂč se mĂȘlent L’or avec le fer. A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bĂąton. Sous le fardeau de ta paresse Ta tĂȘte d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune Ă©lĂ©phant, Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau. Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents, Je crois boire un vin de bohĂȘme, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsĂšme D’étoiles mon coeur!
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lĂšvres, Nos silences, nos paroles, La lumiĂšre qui s’en va, la lumiĂšre qui revient, Un seul sourire pour nous deux, Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit crĂ©er le jour sans que nous changions d’apparence, Ô bien-aimĂ© de tous et bien-aimĂ© d’un seul, En silence ta bouche a promis d’ĂȘtre heureuse, De loin en loin, ni la haine, De proche en proche, ni l’amour, Par la caresse nous sortons de notre enfance, Je vois de mieux en mieux la forme humaine, Comme un dialogue amoureux, le cƓur ne fait qu’une seule bouche Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser, Les sentiments Ă  la dĂ©rive, les hommes tournent dans la ville, Le regard, la parole et le fait que je t’aime, Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre, D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime, J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumiĂšre, Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir, Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
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Paul Éluard
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-En fait, tu te donnes des airs comme ça mais t'es un gentil, toi... -Ta gueule.
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Anna Gavalda (Hunting and Gathering)
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Et que j'aime ĂŽ saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forĂȘt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille Ă  feuille Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'Ă©coule
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Je sentis frissonner sur mes lÚvres muettes la douceur et l'effroi de ton premier baiser. Sous tes pas, j'entendis les lyres se briser, en criant vers le ciel l'ennui fier des poÚtes, parmi des flots de sons languissamment décrus.
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Renée Vivien (Poems De Renee Vivien)
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Parfois, tu rĂȘves que le sommeil est une morte lente qui te gagne, une anestĂ©sie douce et terrible Ă  la fois, une nĂ©crose heureuse : le froid monte le long de tes jambes, le long de tes bras, monte lentement, t'engourdit, t'annihile. Ton orteil est une montagne lointaine, ta jambe un fleuve, ta joue est ton oreiller, tu loges tout entier dans ton pouce, tu fonds, tu coules comme du sable, comme du mercure.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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Tu peux marcher sur mon cƓur car mon cƓur est à tes pieds.
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Sniper
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Il n'est qu'un bien, c'est le tendre plaisir. Quelle immortalité vaut une nuit heureuse ? Pour tes baisers je vendrais l'avenir.
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François-René de Chateaubriand
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soudain ! tu découvert que tous tes relations sont qu'un mirage et que tous les gens ont deux visages
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Younes
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Parle, n'aie pas honte de ce que tu ressens, exprime tes doutes, tes peurs. Dis à ceux que tu aimes ce que tu as dans le cƓur, ils te seront à jamais reconnaissants.
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Joris Chamblain (Le Livre d'Hector (Les Carnets de Cerise, #2))
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LibĂšre la lumiĂšre captive de tes mains Peut-ĂȘtre ton souci se dissipera-t-il
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ŰŁŰłÙ…Ű§ŰĄ Ű§Ù„ŰŹÙ„Ű§Ű”ÙŠ
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– Tu t'es beaucoup ennuyĂ©e? – Soixante-quatre voitures sont passĂ©es dans ta rue, dont dix-neuf vertes!
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Marc Levy (Seven Days for an Eternity)
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Une Ă©criture qui ne fait pas rĂȘver, n'est pas une Ă©criture. Toi par example, avec tes mots, tu nous balances dans une vague de nuages bleus, roses et surtout violets.
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ÙˆŰ§ŰłÙŠÙ†ÙŠ Ű§Ù„ŰŁŰč۱ۏ (Ű·ÙˆÙ‚ Ű§Ù„ÙŠŰ§ŰłÙ…ÙŠÙ†)
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The question that imposed itself: Why me? The image doesn't fit: my thick glasses, my stretched-out blue Nordic sweater, the student head slaps, the too-good grades, the feminine gestures. Why me? He says: Because you are not like all the others, because I don't see anyone but you and you don't even realize it.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Certains ont l’air honnĂȘte, mais quand ils te serrent la main, tu as intĂ©rĂȘt Ă  recompter tes doigts. Some may look honest, but when you shake their hand, you had better count your fingers.
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Coluche
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J’ai rĂ©flĂ©chi, je ne me fais pas d’illusions, je t’aime mais je n’ai pas confiance en toi. Puisque ce que nous vivons n’est pas rĂ©el, alors c’est un jeu. Je n’ai plus l’ñge de jouer Ă  chat. Ne cherche pas Ă  m’appeler, ni Ă  savoir oĂč je suis, ni comment je vis, je crois que ce n’est plus le problĂšme. J’ai rĂ©flĂ©chi, je pense que c’est la meilleure solution, faire comme toi, vivre de mon cĂŽtĂ© en t’aimant bien mais de loin. Je ne veux pas attendre tes coups de tĂ©lĂ©phone, je ne veux pas m’empĂȘcher de tomber amoureuse. J’ai rĂ©flĂ©chi, je veux bien essayer. C’est Ă  prendre ou Ă  laisser

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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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Cozy was a fun night by a fireplace with marshmallows. Cozy was a grandmother knitting Christmas sweaters. Cozy was new puppies in a litter. Cozy was not what he had in mind to do in that tent with Tes.
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Susannah Scott (Stop Dragon My Heart Around (Las Vegas Dragons, #2))
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Le temps n'existe plus pour moi, Niniane. Je t'attendais. Je t'attends. Je t'attendrai.OĂč que tu sois, je suis Ă  tes cĂŽtĂ©s. Ma prison a un centre mais n'a pas de frontiĂšres. Tu es le centre de mon ETERNITE.
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Valérie Guinot (Le sortilÚge du vent (Azilis, #3))
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Elle se répÚte: "change de tactique, ma fille, cesse de souffrir, t'es pas obligée de ramasser autant." Mais rien n'y fait. Il y a des gens qui se torturent mieux que d'autres. Dans cette catégorie, au moins, elle se sent championne absolue.
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Virginie Despentes (Bye Bye Blondie)
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Emporte dans ta mémoire, pour le reste de ton existence, les choses positives qui ont surgi au milieu des difficultés. Elles seront une preuve de tes capacités et te redonneront confiance devant tous les obstacles.
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Paulo Coelho
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E.T., je comprends pourquoi tu t'es barré à vélo en plein ciel. A ta place j'aurais continué de pédaler jusqu'à Pluton sans me retourner.
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Mathias Malzieu (MĂ©tamorphose en bord de ciel)
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De ton rĂȘve trop plein, fleur en dedans nombreuse, mouillĂ©e comme une pleureuse, tu te penches sur le matin. Tes douces forces qui dorment, dans un dĂ©sir incertain, dĂ©veloppent ces tendres formes entre joues et seins.
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Rainer Maria Rilke (The Complete French Poems of Rainer Maria Rilke)
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Percy mangeait une Ă©norme pile de pancakes bleus (c’était quoi, son dĂ©lire de ne manger que des trucs bleus ?) et Annabeth lui reprochait de mettre trop de sirop. – Tu les noies, lĂ , tes pauvres pancakes ! – HĂ©, je suis un enfant de PosĂ©idon, je peux pas me noyer, et mes pancakes non plus.
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Rick Riordan (The Blood of Olympus (The Heroes of Olympus, #5))
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Tout ce temps, tous ces visages, tous ces cris de jouissance, ces Ă©treintes sans Ăąme au petit matin, quand la nuit n'est plus, le jour n'est pas encore, ton orgasme prend fin, et tes yeux se dessillent, ta chambre n'est qu'un bordel, Baudelaire est mort et, dans tes bras, il n'y a qu'une putain...
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Lolita Pille (Hell)
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Tout ce qui nous Ă©meut, tu le partages. Mais ce qui t'arrive, nous l'ignorons. Il faudrait ĂȘtre cent papillons pour lire toutes tes pages. Il y en a d'entre vous qui sont comme des dictionnaires; ceux qui les cueillent ont envie de faire relier toutes ces feuilles. Moi, j'aime les roses Ă©pistolaires.
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Rainer Maria Rilke (The Complete French Poems of Rainer Maria Rilke)
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Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence trÚs pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la maniÚre d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas  ; c'est cela qui nous est arrivé.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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J'ai connu moi aussi, plus d'une fois, la douleur de la perte. Je sais le voluptueux vertige qu'elle procure. Il faut te faire violence et déposer le masque de pleurs à tes pieds. Ne cÚde pas à l'orgueil de celui qui a tout perdu.
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Laurent Gaudé (La Mort du roi Tsongor)
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Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant aprÚs moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitÎt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
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Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-mĂȘme)
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Je t'ai vu en companie de cet homme, et le regard que tu lui portais Ă©tait celui que j'aurais rĂȘvĂ© voir dans tes yeux alors que tu me regardais. Il avait l'air si grand Ă  tes cĂŽtĂ©s, et moi si petit dans cette allĂ©e. Si j'avais pu ĂȘtre cet homme, je t'aurais tout donnĂ©, mais je n'Ă©tais que moi, l'ombre de celui que tu avais aimĂ© alors que nous Ă©tions enfants, l'ombre de l'adulte que j'Ă©tais devenu.
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Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
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La Courbe de tes yeux La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumiÚre, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gßt toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.
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Paul Éluard (Capital of Pain)
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Ne pleure jamais pour quelqu'un qui ne mérite pas t'es larmes rappelle toi la vie est jolie tout comme toi.
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Ariadna Athanasopulos
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Tu agonises parce que tu as tout recouvert, tes Ă©motions, tes problĂšmes, ton histoire. Tu ne sais pas qui tu es, donc tu ne te construit pas Ă  partir de toi
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Éric-Emmanuel Schmitt (Le Sumo qui ne pouvait pas grossir)
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Avec tes veines chargĂ©es de nuits, tu n’as pas plus ta place parmi les hommes qu’une Ă©pitaphe au milieu d’un cirque. / [Syllogismes de l’amertume]
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Emil M. Cioran
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Je sais que Thomas n'a consenti à cette unique photo que parce qu'il avait compris (décidé) que c'était notre dernier moment ensemble. Il sourit pour que j'emporte son sourire avec moi.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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- Descendre, descendre... On va changer de verbe, histoire d'enrichir ton vocabulaire, annonça le garçon sur un ton presque joyeux. Toi, crĂąne d’Ɠuf, tu conjugues "pas bouger" et tes copines conjuguent "reculer jusqu'au bout du wagon". A la moindre erreur je vous explique "Ă©gorger" et "baigner dans son sang". ExĂ©cution ! Il se tourna vers Bruno Vignol alors que les boneheads obtempĂ©raient en maugrĂ©ant. - Je m'appelle Salim, m'sieur, et je descends Ă  la prochaine. Ça vous dit ?
”
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Pierre Bottero (La ForĂȘt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
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Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lÚvres sans le dire Cette rose ne l'interromps Qu'à verser un silence pire Jamais de chants ne lancent prompts Le scintillement du sourire Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lÚvres sans le dire Muet muet entre les ronds Sylphe dans la pourpre d'empire Un baiser flambant se déchire Jusqu'aux pointe des ailerons Si tu veux nous nous aimerons.
”
”
Stéphane Mallarmé
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– J'ai du mal Ă  comprendre tes raisonnements parfois. Mais si la solitude et l'inactivitĂ© te font du bien... – Je ne suis pas toujours seule et loin d'ĂȘtre inactive. – Tu ne comprends pas... – Si. Tu penses qu'on est moins seul au milieu d'inconnus et qu'on est actif si on rapporte un revenu
”
”
MĂ©lissa Da Costa (Les Lendemains)
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O grande ville! c' est dans ton sein palpitant que j'ai trouve ce que je cherchais; mineur patient, j'ai remue tes entrailles pour en faire sortir le mal; maintenant, mon oeuvre est accomplie, ma mission est terminee; maintenant tu ne peux plus m'ofrir ni joies ni douleurs. Adieu, Paris,! adieu!
”
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Alexandre Dumas (Le Comte de Monte-Cristo: Tome 1)
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J'ai dix-sept ans. Je ne sais pas que je n'aurai plus jamais dix-sept ans, je ne sais pas que la jeunesse, ça ne dure pas, que ça n'est qu'un instant, que ça disparaßt et quand on s'en rend compte il est trop tard, c'est fini, elle s'est volatilisée, on l'a perdue, certains autour de moi le pressentent et le disent pourtant, les adultes le répÚtent, mais je ne les écoute pas, leurs paroles roulent sur moi, ne s'accrochent pas, de l'eau sur les plumes d'un canard, je suis un idiot, un idiot insouciant.
”
”
Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
“
Je ne vois rien, dit Josette, mais si je voyais, je haĂŻrais tout ce que je vois. Je haĂŻrais les hortensias rouges sur mon passage, et je haĂŻrais les pochettes de disques, je haĂŻrais les images de la tĂ©lĂ©vision, je haĂŻrais le visage de mon pĂšre et de ma mĂšre, je haĂŻrais le ciel et je haĂŻrais la nuit, je haĂŻrais la transparence des larmes, je n’aimerais aucune couleur que celle de tes yeux dĂ©colorĂ©s, je n’aimerais voir que toi.
”
”
Hervé Guibert
“
À l'horloge de tes baisers, le temps se ramollit. Le jour met son pyjama d'Ă©toiles en cachette et s'Ă©vapore. L'orchestre Ă  moteur qui fulmine au feu rouge joue en sourdine. La lune te regarde Ă  travers la fenĂȘtre. Elle va peindre ses reflets sur ta peau. Du bout de mes doigts, je m'efforcerai d'ĂȘtre un tout petit peu plus que son pinceau.
”
”
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
“
je finirai bien par te rencontrer quelque part bon dieu! et contre tout ce qui me rend absent et douloureux par le mince regard qui me reste au fond du froid j'affirme ĂŽ mon amour que tu existes je corrige notre vie nous n'irons plus mourir de langueur Ă  des milles de distance dans nos rĂȘves bourrasques des filets de sang dans la soif craquelĂ©e de nos lĂšvres les Ă©paules baignĂ©es de vols de mouettes non j'irai te chercher nous vivrons sur la terre la dĂ©tresse n'est pas incurable qui fait de moi une Ă©pave de dĂ©rision, un ballon d'indĂ©cence un pitre aux larmes d'Ă©tincelles et de lĂ©sions profondes frappe l'air et le feu de mes soifs coule-moi dans tes mains de ciel de soie la tĂȘte la premiĂšre pour ne plus revenir
”
”
Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
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Tout ça sentait les économies de bout de chandelle, pas la misÚre mais la médiocrité, ce qui est indéniablement beaucoup plus impardonnable.
”
”
Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Sophie, gare-toi et suis-le Ă  pied. — Quoi ? Mais t’es malade ! — Si j’y vais et qu’il tombe sur moi, je suis fichue. — Alors que moi, au mieux, il va me prendre pour une prostituĂ©e de la cordillĂšre des Andes qui fait le tapin en attendant une Ă©clipse. Merci bien.
”
”
Gilles Legardinier (Demain j'arrĂȘte!)
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Il pleut, c'est merveilleux. Je t'aime Nous resterons Ă  la maison Rien ne nous plait plus ue nous-mĂȘmes Par ce temps d'arriĂšre-saison Il pleut. Les taxis vont et viennent On voit rouler les autobus Et les remorqueurs sur le Seine Font un bruit ... qu'onne s'entend plus. C'est merveilleux: il pleut. J'Ă©coute La pluie dont le crĂ©pitement Heurte la vitre goutte Ă  goutte ... Et tu me souris tendrement. Je t'aime. Oh! ce bruit d'eau qui pleure, Qui sanglote comme un adieu. Tu vas me quitter tout Ă  l'heure: On dirait qu'il pleut dans tes yeux.
”
”
Francis Carco
“
Supprime donc en toi toute aversion pour ce qui ne dĂ©pend pas de nous et, cette aversion, reporte-la sur ce qui dĂ©pend de nous et n’est pas en accord avec la nature. Quant au dĂ©sir, pour le moment, supprime-le complĂštement. Car si tu dĂ©sires une chose qui ne dĂ©pend pas de nous, tu ne pourras qu’échouer, sans compter que tu te mettras dans l’impossibilitĂ© d’atteindre ce qui est Ă  notre portĂ©e et qu’il est plus sage de dĂ©sirer. Borne-toi Ă  suivre tes impulsions, tes rĂ©pulsions, mais fais-le avec lĂ©gĂšretĂ©, de façon non systĂ©matique et sans effort excessif.
”
”
Epictetus (The Discourses)
“
...Hiver bouclé comme un bison, Hiver crispé comme la mousse de crin blanc, Hiver aux puits d'arsenic rouge, aux poches d'huile et de bitume, Hiver au goût de skunk et de carabe fumée de bois de hickory, Hiver aux prismes et aux critaux dans les carrefours de diamant noir, Hiver sans thyrses ni flambeaux, Hiver sans roses ni piscines, Hiver ! Hiver! tes pommes de cÚdre de vieux fer! tes fruits de pierre! tes insectes de cuivre !
”
”
Saint-John Perse (Vents suivi de Chronique)
“
Je resterai assis à cÎté de toi tant que tu seras devant cette riviÚre. Et si tu vas dormir, je dormirai devant ta porte. Et si tu t'en vas loin, je suivrai tes pas. Jusqu'à ce que tu me dises: Va-t'en. Alors je m'en irai. Mais je ne pourrai cesser de t'aimer jusqu'à la fin de mes jours.
”
”
Paulo Coelho
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Te t'es arrĂȘtĂ© Ă  parler et seul le silence t'a rĂ©pondu. Mais ces mots, ces milliers, ces millions de mots qui se sont arrĂȘtĂ©s dans ta gorge, les mots sans suite, les cris de joie, les mots d'amour, les rires idiots, quand donc les retrouveras-tu? Maintenant tu vis dans le terreur du silence. Mais n'es-tu pas le plus silencieux de tous?
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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- Offre ton identitĂ© au Conseil, jeune apprentie. La voix Ă©tait douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton Ăąge. Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernĂ©s dans l’assemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă  la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures Ă©tonnĂ©s s’élevĂšrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maĂźtre. - Jilano AlhuĂŻn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immĂ©diatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans l’instant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton Ăąme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - OĂč va la riviĂšre ? L’anxiĂ©tĂ© d’Ellana s’était dissipĂ©e. Les questions d’Ehrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y rĂ©pondre ainsi qu’on le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son Ăąme, puisque c’était ce qu’elle dĂ©sirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu dĂ©jĂ  tuĂ©s ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - MĂ©ritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - OĂč se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage d’Ehrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussiĂšre d’étoiles. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton pÚre, ta mÚre, ta soeur ou ton frÚre? - Je n'ai ni pÚre, ni mÚre, ni soeur, ni frÚre. - Tes amis? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle? - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
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Charles Baudelaire
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Si que­da­ba al­gu­na es­pe­ran­za, debĂ­a estar en los pro­les, por­que solo en esas masas des­pre­cia­das, que cons­ti­tuĂ­an el ochen­ta y cinco por cien­to de la po­bla­ciĂłn de Ocea­nĂ­a, podĂ­a ge­ne­rar­se la fuer­za ne­ce­sa­ria para des­truir al Par­ti­do. Este no podĂ­a de­rro­car­se desde den­tro. Sus enemi­gos, si es que los habĂ­a, no te­nĂ­an forma de unir­se o si­quie­ra de re­co­no­cer­se mu­tua­men­te. In­clu­so en caso de que exis­tie­ra la le­gen­da­ria Her­man­dad —lo cual no era del todo im­po­si­ble— re­sul­ta­ba in­con­ce­bi­ble que sus miem­bros pu­die­ran re­unir­se en gru­pos de mĂĄs de dos o tres. La re­be­liĂłn se li­mi­ta­ba a un cruce de mi­ra­das, una in­fle­xiĂłn de la voz o, como mucho, una pa­la­bra su­su­rra­da oca­sio­nal­men­te. En cam­bio los pro­les, si pu­die­ran ser cons­cien­tes de su fuer­za, no ten­drĂ­an ne­ce­si­dad de cons­pi­rar. Bas­ta­rĂ­a con que se en­ca­bri­ta­ran como un ca­ba­llo que se sa­cu­de las mos­cas. Si qui­sie­ran, po­drĂ­an volar el Par­ti­do en pe­da­zos a la ma­ña­na si­guien­te. Tarde o tem­prano tenĂ­a que ocu­rrĂ­r­se­les. Y sin em­bar­go

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George Orwell (1984)
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Un ami te déçoit ? Il cesse d’ĂȘtre ton ami. Le pays te déçoit ? Il cesse d’ĂȘtre ton pays. Et comme tu as la dĂ©ception facile, tu finiras par te retrouver sans amis, sans patrie. J’aimerais tant que mes paroles aient un quelconque effet sur toi. Qu’elles puissent te persuader de te montrer tolĂ©rant avec ce pays, de l’accepter comme il est. Ce sera toujours un pays de factions, de dĂ©sordre, de passe-droits, de nĂ©potisme, de corruption. Mais c’est aussi le pays de la douceur de vivre, de la chaleur humaine, de la gĂ©nĂ©rositĂ©. Et de tes amis les plus vrais.
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Amin Maalouf (Ű§Ù„ŰȘŰ§ŰŠÙ‡ÙˆÙ†)
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- Mais tu sais, l'alcool ne te guĂ©rira pas. Il ne faut pas que tu croies ça. Ça apaisera tes blessures, mais cela t'en donnera d'autres, peut-ĂȘtre pires. Tu ne pourras plus te passer de l'alcool, et mĂȘme si, au dĂ©but, tu Ă©prouves une euphorie, un bonheur Ă  boire, ça disparaĂźtra vite pour ne laisser place qu'Ă  la tyrannie de la dĂ©pendance et du manque. Ta vie ne sera que brumes, Ă©tats de sĂ©mi-conscience, hallucinations, paranoĂŻa, crises de delirium tremens, violence contre ton entourage. Ta personnalitĂ© se dĂ©sagrĂ©gera... - C'est ce que je veux ! martela Antoine en frappant le comptoir de son petit poing. Je n'ai plus la force d'ĂȘtre moi, plus le courage, plus l'envie d'avoir quelque chose comme une personnalitĂ©. Une personnalitĂ©, c'est un luxe qui me coĂ»te cher. Je veux ĂȘtre un spectre banal. J'en ai assez de ma libertĂ© de pensĂ©e, de toutes mes connaissances, de ma satanĂ©e conscience ! ("Comment je suis devenu stupide", p34)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide (French Edition))
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Dans le mot défection, il y a une autre idée  : son pÚre lui a manqué. Et le double sens de ce verbe convient absolument. D'abord, une faute, une infraction, une violation. Il s'est dérobé à ses obligations, écarté des routes droites, il a enfreint les rÚgles non écrites, péché contre l'ordre établi, joué contre son camp, piétiné la confiance placée en lui, offensé ses proches, ses amis, il a trahi. Ensuite, une morsure, une douleur, un chagrin. Il n'a pas été présent alors qu'on comptait sur lui, il a laissé un vide que nul n'est venu combler, des questions auxquelles nul n'a su répondre, une frustration irréductible, une demande affective que nul n'a été en mesure d'étancher.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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La Lo­te­rĂ­a, con su re­par­to se­ma­nal de enor­mes pre­mios, era el Ășnico acon­te­ci­mien­to pĂș­bli­co al que los pro­les pres­ta­ban ver­da­de­ra aten­ciĂłn. Era pro­ba­ble que hu­bie­se mi­llo­nes de pro­les para quie­nes la Lo­te­rĂ­a fuese la razĂłn prin­ci­pal, si no la Ășnica, para se­guir con vida. Era su de­lei­te, su lo­cu­ra, su anal­gé­si­co, su es­ti­mu­lan­te in­te­lec­tual. En lo que se re­fe­rĂ­a a la Lo­te­rĂ­a, hasta quie­nes ape­nas sa­bĂ­an leer y es­cri­bir eran ca­pa­ces de lle­var a cabo in­trin­ca­dos cĂĄlcu­los y sor­pren­den­tes lo­gros me­mo­rĂ­s­ti­cos. HabĂ­a toda una tribu de in­di­vi­duos que se ga­na­ban la vida ven­dien­do sis­te­mas, pre­dic­cio­nes y amu­le­tos de la suer­te. Wins­ton no tenĂ­a nada que ver con la Lo­te­rĂ­a, que se ges­tio­na­ba desde el Mi­nis­te­rio de la Abun­dan­cia, pero sabĂ­a (como cual­quier otro miem­bro del Par­ti­do) que los pre­mios eran casi todos ima­gi­na­rios. Solo se pa­ga­ban pe­que­ñas sumas y los ga­na­do­res de los pre­mios gor­dos en reali­dad no exis­tĂ­an. En au­sen­cia de ver­da­de­ra co­mu­ni­ca­ciĂłn entre una parte de Ocea­nĂ­a y otra, no re­sul­ta­ba di­fí­cil ama­ñar­lo.
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George Orwell (1984)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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Je le vis, je rougis, je pĂąlis Ă  sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon Ăąme Ă©perdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler; Je sentis tout mon corps et transir et brĂ»ler : Je reconnus VĂ©nus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inĂ©vitables ! Par des vƓux assidus je crus les dĂ©tourner : Je lui bĂątis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi-mĂȘme Ă  toute heure entourĂ©e, Je cherchais dans leurs flancs ma raison Ă©garĂ©e : D’un incurable amour remĂšdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brĂ»lait l’encens ! Quand ma bouche implorait le nom de la dĂ©esse, J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, MĂȘme au pied des autels que je faisais fumer, J’offrais tout Ă  ce dieu que je n’osais nommer. Je l’évitais partout. Ô comble de misĂšre ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son pĂšre. Contre moi-mĂȘme enfin j’osai me rĂ©volter : J’excitai mon courage Ă  le persĂ©cuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolĂątre, J’affectai les chagrins d’une injuste marĂątre ; Je pressai son exil ; et mes cris Ă©ternels L’arrachĂšrent du sein et des bras paternels. Je respirais, ƒNONE ; et, depuis son absence, Mes jours moins agitĂ©s coulaient dans l’innocence : Soumise Ă  mon Ă©poux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines prĂ©cautions ! Cruelle destinĂ©e ! Par mon Ă©poux lui-mĂȘme Ă  TrĂ©zĂšne amenĂ©e, J’ai revu l’ennemi que j’avais Ă©loignĂ© : Ma blessure trop vive aussitĂŽt a saignĂ©. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachĂ©e : C’est VĂ©nus tout entiĂšre Ă  sa proie attachĂ©e. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire, Et dĂ©rober au jour une flamme si noire : Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats : Je t’ai tout avouĂ© ; je ne m’en repens pas. Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prĂȘt Ă  s’exhaler.
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Jean Racine (PhĂšdre)
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PlĂ»t au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanĂ©ment fĂ©roce comme ce qu’il lit, trouve, sans se dĂ©sorienter, son chemin abrupt et sauvage, Ă  travers les marĂ©cages dĂ©solĂ©s de ces pages sombres et pleines de poison ; car, Ă  moins qu'il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit Ă©gale au moins Ă  sa dĂ©fiance, les Ă©manations mortelles de ce livre imbiberont son Ăąme comme l’eau le sucre. Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par consĂ©quent, Ăąme timide, avant de pĂ©nĂ©trer plus loin dans de pareilles landes inexplorĂ©es, dirige tes talons en arriĂšre et non en avant. Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arriĂšre et non en avant.
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - A qui s'adresse-t-il ? - A la lune. - OĂč va la riviĂšre ? - Remplir la mer. - A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - Que devient une lame qui se brise ? - Une poussiĂšre d'Ă©toile. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je le traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Cela pose un problÚme que...?" "Que tu ne sois pas juif? Pas le moins du tout, dit maman en riant. Ni mon mari ni moi n'accordons d'importance à la différence de l'autre. Bien au contraire, nous avons toujours pensé que'elle était passionnante et source de multiples bonheurs. Le plus important, quand on veut vivre à deux toute une vie, est d'etre sur que l'on ne s'ennuiera pas ensemble. L'ennui dans un couple, c'est lui qui tue l'amour. Tant que tu feras rire Alice, tant que tu lui donneras l'envie de te retrouver, alors que tu viens à peine de la quitter pour aller travailler, tant que tu seras celui dont elle partage les confidences et à qui elle aime aussi se confier, tant que tu vivras tes reves avec elle, meme ceux que tu ne pourras pas réaliser, alors je suis certaine que quelles que soient tes origines, la seule chose qui sera étrangÚre à votre couple sera le monde et ses jaloux.
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Marc Levy (Les Enfants de la liberté)
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But, you will say, what a dreadful person you are, with your impossible religious notions and idiotic scruples. If my ideas are impossible or idiotic then I would like nothing better than to be rid of them. But this is roughly the way I actually see things. In Le philosophe sous les toits by Souvestre you can read what a man of the people, a simple craftsman, pitiful if you will, thinks of his country: ‘Tu n’as peut-ĂȘtre jamais pensĂ© ĂĄ ce que c’est la patrie, reprit-il, en me posant une main sur l’épaule; c’est tout ce qui t’entoure, tout ce qui t’a Ă©levĂ© et nourri, tout ce que tu as aimĂ©. Cette campagne que tu vois, ces maisons, ces arbres, ces jeunes filles qui passent lĂĄ en riant, c’est la patrie! Les lois qui te protĂ©gent, le pain qui paye ton travail, les paroles que tu Ă©changes, la joie et la tristesse qui te viennent des hommes et des choses parmi lesquels tu vis, c’est la patrie! La petite chambre oĂș tu as autrefois vu ta mere, les souvenirs qu’elle t’a laisses, la terre oĂș elle repose, c’est la patrie! Tu la vois, tu la respires partout! Figure toi, tes droits et tes devoirs, tes affections et tes besoins, tes souvenirs et ta reconnaissance, rĂ©unis tout ça sous un seul nom et ce nom sera la patrie.
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Vincent van Gogh
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Sagesse (I,X) Non. Il fut gallican, ce siĂšcle, et jansĂ©niste ! C'est vers le Moyen Age Ă©norme et dĂ©licat Qu'il faudrait que mon cƓur en panne naviguĂąt, Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste. Roi, politicien, moine, artisan, chimiste, Architecte, soldat, mĂ©decin, avocat, Quel temps ! Oui, que mon cƓur naufragĂ© rembarquĂąt Pour toute cette force ardente, souple, artiste ! Et lĂ  que j'eusse part - quelconque, chez les rois Ou bien ailleurs, n'importe, - Ă  la chose vitale, Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits, Haute thĂ©ologie et solide morale, GuidĂ© par la folie unique de la Croix Sur tes ailes de pierre, ĂŽ folle CathĂ©drale !
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Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
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Je dĂ©couvre la morsure de l'attente. Parce qu'il y a ce refus de s'avouer vaincu, de croire que c'est sans lendemain, que ça ne se reproduira pas. Je me persuade qu'il accomplira un geste dans ma direction, que c'est impossible autrement, que la mĂ©moire des corps emmĂȘlĂ©s vaincra sa rĂ©sistance. Je me dis que ce n'Ă©tait pas seulement une histoire de corps, mais de nĂ©cessitĂ©. Qu'on ne lutte pas contre la nĂ©cessitĂ©. Ou, si on lutte, elle finit par avoir raison de nous. Je dĂ©couvre la morsure du manque.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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Ma libertĂ© Longtemps je t'ai gardĂ©e Comme une perle rare Ma libertĂ© c'est toi qui m'as aidĂ© A larguer les amarres Pour aller n'importe oĂč Pour aller jusqu'au bout Des chemins de fortune Pour cueillir en rĂȘvant Une rose des vents Sur un rayon de lune Ma libertĂ© Devant tes volontĂ©s Mon Ăąme Ă©tait soumise Ma libertĂ© je t'avais tout donnĂ© Ma derniĂšre chemise Et combien j'ai souffert Pour pouvoir satisfaire Tes moindres exigences J'ai changĂ© de pays J'ai perdu mes amis Pour gagner ta confiance Ma libertĂ© Tu as su dĂ©sarmer Toutes mes habitudes Ma libertĂ© toi qui m'as fait aimer MĂȘme la solitude Toi qui m'as fait sourire Quand je voyais finir Une belle aventure Toi qui m'as protĂ©gĂ© Quand j'allais me cacher Pour soigner mes blessures Ma libertĂ© Pourtant je t'ai quittĂ©e Une nuit de dĂ©cembre J'ai dĂ©sertĂ© les chemins Ă©cartĂ©s Que nous suivions ensemble Lorsque sans me mĂ©fier Les pieds et poings liĂ©s Je me suis laissĂ© faire Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre
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Georges Moustaki
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A un moment j’ai mĂȘme laissĂ© Ă©chapper un son qui s’est prolongĂ© malgrĂ© moi en prenant de plus en plus de force, un son qui avait attendu ce jour prĂ©cis pour partir du fond de mes annĂ©es de tĂ©nĂšbres Ă  mal aimer des hommes qui m’ont mal aimĂ©e en retour et recouvrir ta poitrine comme une brĂ»lure ; c’était d’abord un son rauque et traĂźnant, une plainte animale qui n’avait rien du sanglot et qui en un vĂ©ritable appel Ă  la mort. A ce moment tout s’est arrĂȘtĂ©, je me suis soudain rappelĂ© cette mĂȘme scĂšne vĂ©cu avec toi alors qu’on venait de se rencontrer ; ce hurlement avait dĂ©jĂ  eu lieu et sa rĂ©pĂ©tition implacable m’a fait taire une fois pour toute. A ce moment aussi tu t’es Ă©cartĂ© de moi, sans doute pour la mĂȘme raison, tu t’es levĂ© dans une brusquerie qui a dĂ©logĂ© OrĂ©o de la chaise de ton bureau. Ne voulant pas te regarder dans les yeux, j’ai regardĂ© tes pieds. Mon hurlement avait tracĂ© une ligne infranchissable entre nous, en hurlant je venais de sonner le glas de notre histoire. Tu as dit des paroles que tu avais dĂ©jĂ  prononcĂ©es en d’autres circonstances et je suis partie, je savais que plus jamais on ne se reparlerait.
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Nelly Arcan (Folle)
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Le MĂ©tĂšque Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Avec mes yeux tout dĂ©lavĂ©s, qui me donnent l'air de rĂȘver Moi qui ne rĂȘve plus souvent. Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rĂŽdeur Qui ont pillĂ© tant de jardins Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassĂ© et mordu Sans jamais assouvir sa faim Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec De voleur et de vagabond Avec ma peau qui s'est frottĂ©e au soleil de tous les Ă©tĂ©s Et tout ce qui portait jupon Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu'il a souffert Sans pour cela faire d'histoire Avec mon Ăąme qui n'a plus la moindre chance de salut Pour Ă©viter le purgatoire. Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Je viendrai ma douce captive, mon Ăąme soeur, ma source vive Je viendrai boire tes vingt ans Et je serai prince de sang, rĂȘveur, ou bien adolescent Comme il te plaira de choisir Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir. Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir.
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Georges Moustaki
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Elle devait partir, suivre son propre chemin. Grandir. Mais auparavant, elle voulait lui parler. Lui dire. Ces phrases qu'elle avait si souvent Ă©touffĂ©es : « Tu m'as sauvĂ©e, Jilano AlhuĂŻn. Tu m'as tirĂ©e de la nuit, tu m'as offert un toit, une protection, une prĂ©sence. Tu m'as rĂ©conciliĂ©e avec la vie, avec les hommes, avec moi-mĂȘme et, lorsque j'ai Ă©tĂ© guĂ©rie, tu t'es ouvert pour que je puise en toi, pour que je comble mes vides, pour que j'avance. Toujours plus loin. Ce que je sais, ce que je suis, je te le dois. Non, c'est plus que cela. Je te dois tout, Jilano AlhuĂŻn. Tout. » Il lui barra les lĂšvres d'un doigt avant qu'elle ait prononcĂ© le moindre mot. — C'est moi qui te remercie, Ellana. Pour la lumiĂšre et le sens dont tu as parĂ© ma vie. Le reste n'a aucune importance.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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Tu viens d'incendier la BibliothĂšque ? - Oui. J'ai mis le feu lĂ . - Mais c'est un crime inouĂŻ ! Crime commis par toi contre toi-mĂȘme, infĂąme ! Mais tu viens de tuer le rayon de ton Ăąme ! C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! Ce que ta rage impie et folle ose brĂ»ler, C'est ton bien, ton trĂ©sor, ta dot, ton hĂ©ritage Le livre, hostile au maĂźtre, est Ă  ton avantage. Le livre a toujours pris fait et cause pour toi. Une bibliothĂšque est un acte de foi Des gĂ©nĂ©rations tĂ©nĂ©breuses encore Qui rendent dans la nuit tĂ©moignage Ă  l'aurore. Quoi! dans ce vĂ©nĂ©rable amas des vĂ©ritĂ©s, Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartĂ©s, Dans ce tombeau des temps devenu rĂ©pertoire, Dans les siĂšcles, dans l'homme antique, dans l'histoire, Dans le passĂ©, leçon qu'Ă©pelle l'avenir, Dans ce qui commença pour ne jamais finir, Dans les poĂštes! quoi, dans ce gouffre des bibles, Dans le divin monceau des Eschyles terribles, Des HomĂšres, des jobs, debout sur l'horizon, Dans MoliĂšre, Voltaire et Kant, dans la raison, Tu jettes, misĂ©rable, une torche enflammĂ©e ! De tout l'esprit humain tu fais de la fumĂ©e ! As-tu donc oubliĂ© que ton libĂ©rateur, C'est le livre ? Le livre est lĂ  sur la hauteur; Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine, Il dĂ©truit l'Ă©chafaud, la guerre, la famine Il parle, plus d'esclave et plus de paria. Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria. Lis ces prophĂštes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille L'Ăąme immense qu'ils ont en eux, en toi s'Ă©veille ; Ébloui, tu te sens le mĂȘme homme qu'eux tous ; Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ; Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croĂźtre, Ils t'enseignent ainsi que l'aube Ă©claire un cloĂźtre À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant, Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ; Ton Ăąme interrogĂ©e est prĂȘte Ă  leur rĂ©pondre ; Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre, Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs, Le mal, les prĂ©jugĂ©s, les rois, les empereurs ! Car la science en l'homme arrive la premiĂšre. Puis vient la libertĂ©. Toute cette lumiĂšre, C'est Ă  toi comprends donc, et c'est toi qui l'Ă©teins ! Les buts rĂȘvĂ©s par toi sont par le livre atteints. Le livre en ta pensĂ©e entre, il dĂ©fait en elle Les liens que l'erreur Ă  la vĂ©ritĂ© mĂȘle, Car toute conscience est un noeud gordien. Il est ton mĂ©decin, ton guide, ton gardien. Ta haine, il la guĂ©rit ; ta dĂ©mence, il te l'ĂŽte. VoilĂ  ce que tu perds, hĂ©las, et par ta faute ! Le livre est ta richesse Ă  toi ! c'est le savoir, Le droit, la vĂ©ritĂ©, la vertu, le devoir, Le progrĂšs, la raison dissipant tout dĂ©lire. Et tu dĂ©truis cela, toi ! - Je ne sais pas lire.
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Victor Hugo
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Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable  : parce que tu partiras et que nous resterons. J'ai les larmes aux yeux en recopiant les mots. Je demeure fascinĂ© que cette phrase ait Ă©tĂ© prononcĂ©e un jour, qu'elle m'ait Ă©tĂ© adressĂ©e. Qu'on me comprenne  : ce n'est pas l'Ă©ventuelle prĂ©monition qu'elle contient qui me fascine, ni mĂȘme qu'elle ait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Ce n'est pas non plus la maturitĂ© ou la fulgurance qu'elle suppose. Ce n'est pas davantage l'agencement des mots, mĂȘme si je prendrai conscience que je n'aurais sans doute pas pu les trouver alors, ni plus tard les Ă©crire. C'est la violence de ce qu'ils signifient, de ce qu'ils charrient  : l'infĂ©rioritĂ© qu'ils racontent en mĂȘme temps que l'amour sous-jacent dont ils tĂ©moignent, l'amour rendu nĂ©cessaire par la disparition prochaine, inĂ©vitable, l'amour rendu possible par elle aussi.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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I will say this about the upper echelon in France: they know how to spend money. From what I saw living in America, wealth is dedicated to elevating the individual experience. If you’re a well-off child, you get a car, or a horse. You go to summer camps that cost as much as college. And everything is monogrammed, personalized, and stamped, to make it that much easier for other people to recognize your net worth. 
The French bourgeois don’t pine for yachts or garages with multiple cars. They don’t build homes with bowling alleys or spend their weekends trying to meet the quarterly food and beverage limit at their country clubs: they put their savings into a vacation home that all their family can enjoy, and usually it’s in France. They buy nice food, they serve nice wine, and they wear the same cashmere sweaters over and over for years. I think the wealthy French feel comfortable with their money because they do not fear it. It’s the fearful who put money into houses with even bedrooms and fifteen baths. It’s the fearful who drive around in yellow Hummers during high-gas-price months becasue if they’re going to lose their money tomorrow, at least other people will know that they are rich today. The French, as with almost all things, privilege privacy and subtlety and they don’t feel comfortable with excess. This is why one of their favorite admonishments is tu t’es laisse aller. You’ve lost control of yourself. You’ve let yourself go.
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Courtney Maum (I Am Having So Much Fun Here Without You)
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J'ai Ă©crit le mot  : amour. J'ai bien envisagĂ© d'en employer un autre. Au moins parce que c'est une notion curieuse, l'amour  ; difficile Ă  dĂ©finir, Ă  cerner, Ă  Ă©tablir. Il en existe tant de degrĂ©s, tant de variations. J'aurais pu me contenter d'affirmer que j'Ă©tais attendri (et il est exact que T.   savait Ă  merveille me faire faiblir, flĂ©chir), ou charmĂ© (il s'y entendait comme personne pour attirer Ă  lui, conquĂ©rir, flatter, et mĂȘme ensorceler), ou troublĂ© (il provoquait souvent un mĂ©lange de perplexitĂ© et d'Ă©moi, renversait les situations), ou sĂ©duit (il m'attirait dans ses filets, me bluffait, me gagnait Ă  ses causes), ou Ă©pris (j'Ă©tais bĂȘtement enjouĂ©, je pouvais m'enflammer pour un rien)  ; ou mĂȘme aveuglĂ© (je mettais de cĂŽtĂ© ce qui m'embarrassait, je minimisais ses dĂ©fauts, portais aux nues ses qualitĂ©s), perturbĂ© (je n'Ă©tais plus tout Ă  fait moi-mĂȘme), ce qui aurait un sens moins favorable. J'aurais pu expliquer qu'il ne s'agissait que d'affection, que je me contentais d'avoir le «  bĂ©guin  », une formulation suffisamment floue pour englober n'importe quoi. Mais ce serait me payer de mots. La vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© toute nue, c'est que j'Ă©tais amoureux. Autant employer les mots prĂ©cis.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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« Écoute, Egor PĂ©trovitch, lui dit-il. Qu’est ce que tu fais de toi ? Tu te perds seulement avec ton dĂ©sespoir. Tu n’as ni patience ni courage. Maintenant, dans un accĂšs de tristesse, tu dis que tu n’as pas de talent. Ce n’est pas vrai. Tu as du talent ; je t’assure que tu en as. Je le vois rien qu’à la façon dont tu sens et comprends l’art. Je te le prouverai par toute ta vie. Tu m’as racontĂ© ta vie d’autrefois. À cette Ă©poque aussi le dĂ©sespoirte visitait sans que tu t’en rendisses compte. À cette Ă©poque aussi, ton premier maĂźtre, cet homme Ă©trange, dont tu m’as tant parlĂ©, a Ă©veillĂ© en toi, pour la premiĂšre fois, l’amour de l’art et a devinĂ© ton talent. Tu l’as senti alors aussi fortement que maintenant. Mais tu ne savais pas ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais pas vivre dans la maison du propriĂ©taire, et tu ne savais toi-mĂȘme ce que tu dĂ©sirais. Ton maĂźtre est mort trop tĂŽt. Il t’a laissĂ© seulement avec des aspirations vagues et, surtout, il ne t’a pas expliquĂ© toimĂȘme. Tu sentais le besoin d’une autre route plus large, tu pressentais que d’autres buts t’étaient destinĂ©s, mais tu ne comprenais pas comment tout cela se ferait et, dans ton angoisse, tu as haĂŻ tout ce qui t’entourait alors. Tes six annĂ©es de misĂšre ne sont pas perdues. Tu as travaillĂ©, pensĂ©, tu as reconnu et toi-mĂȘme et tes forces ; tu comprends maintenant l’art et ta destination. Mon ami, il faut avoir de la patience et du courage. Un sort plus enviĂ© que le mien t’est rĂ©servĂ©. Tu es cent fois plus artiste que moi, mais que Dieu te donne mĂȘme la dixiĂšme partie de ma patience. Travaille, ne bois pas, comme te le disait ton bonpropriĂ©taire, et, principalement, commence par l’a, b, c. « Qu’est-ce qui te tourmente ? La pauvretĂ©, la misĂšre ? Mais la pauvretĂ© et la misĂšre forment l’artiste. Elles sont insĂ©parables des dĂ©buts. Maintenant personne n’a encore besoin de toi ; personne ne veut te connaĂźtre. Ainsi va le monde. Attends, ce sera autre chose quand on saura que tu as du talent. L’envie, la malignitĂ©, et surtout la bĂȘtise t’opprimeront plus fortement que la misĂšre. Le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne. Et toi, tu verras quelles gens t’entoureront quand tu approcheras du but. Ils tĂącheront de regarder avec mĂ©pris ce qui s’est Ă©laborĂ© en toi au prix d’un pĂ©nible travail, des privations, des nuits sans sommeil. Tes futurs camarades ne t’encourageront pas, ne te consoleront pas. Ils ne t’indiqueront pas ce qui en toi est bon et vrai. Avec une joie maligne ils relĂšveront chacune de tes fautes. Ils te montreront prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a de mauvais en toi, ce en quoi tu te trompes, et d’un air calme et mĂ©prisant ils fĂȘteront joyeusement chacune de tes erreurs. Toi, tu esorgueilleux et souvent Ă  tort. Il t’arrivera d’offenser une nullitĂ© qui a de l’amour-propre, et alors malheur Ă  toi : tu seras seul et ils seront plusieurs. Ils te tueront Ă  coups d’épingles. Moi mĂȘme, je commence Ă  Ă©prouver tout cela. Prends donc des forces dĂšs maintenant. Tu n’es pas encore si pauvre. Tu peux encore vivre ; ne nĂ©glige pas les besognes grossiĂšres, fends du bois, comme je l’ai fait un soir chez de pauvres gens. Mais tu es impatient ; l’impatience est ta maladie. Tu n’as pas assez de simplicitĂ© ; tu ruses trop, tu rĂ©flĂ©chis trop, tu fais trop travailler ta tĂȘte. Tu es audacieux en paroles et lĂąche quand il faut prendra l’archet en main. Tu as beaucoup d’amour-propre et peu de hardiesse. Sois plus hardi, attends, apprends, et si tu ne comptes pas sur tes forces, alors va au hasard ; tu as de la chaleur, du sentiment, peut-ĂȘtre arriveras-tu au but. Sinon, va quand mĂȘme au hasard. En tout cas tu ne perdras rien, si le gain est trop grand. Vois-tu, aussi, le hasard pour nous est une grande chose. »
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Un aveu. Je fais autre chose encore, autre chose que visualiser la scĂšne, autre chose que convoquer un souvenir, je me dis  : Ă  quoi Thomas a-t-il pensĂ©, quand ça a Ă©tĂ© le dernier moment  ? aprĂšs avoir passĂ© la corde autour de son cou  ? avant de renverser la chaise  ? et d'abord, combien de temps cela a-t-il durĂ©  ? une poignĂ©e de secondes  ? puisqu'il ne servait Ă  rien de perdre du temps, la dĂ©cision avait Ă©tĂ© prise, il fallait la mettre Ă  exĂ©cution, une minute  ? mais c'est interminable, une minute, dans ces circonstances, et alors comment l'a-t-il remplie  ? avec quelles pensĂ©es  ? et j'en reviens Ă  ma question. A-t-il fermĂ© les yeux et revu des Ă©pisodes de son passĂ©, de la tendre enfance, par exemple son corps Ă©tendu en croix dans l'herbe fraĂźche, tournĂ© vers le bleu du ciel, la sensation de chaleur sur sa joue et sur ses bras  ? de son adolescence  ? une chevauchĂ©e Ă  moto, la rĂ©sistance de l'air contre son torse  ? a-t-il Ă©tĂ© rattrapĂ© par des dĂ©tails auxquels il ne s'attendait pas  ? des choses qu'il croyait avoir oubliĂ©es  ? ou bien a-t-il fait dĂ©filer des visages ou des lieux, comme s'il s'agissait de les emporter avec lui  ? (À la fin, je suis convaincu qu'en tout cas, il n'a pas envisagĂ© de renoncer, que sa dĂ©termination n'a pas flĂ©chi, qu'aucun regret, s'il y en a eu, n'est venu contrarier sa volontĂ©.) Je traque cette ultime image formĂ©e dans son esprit, surgie de sa mĂ©moire, non pas pour escompter y avoir figurĂ© mais pour croire qu'en la dĂ©couvrant, je renouerais avec notre intimitĂ©, je serais Ă  nouveau ce que nul autre n'a Ă©tĂ© pour lui.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Mais les signes de ce qui m'attendait rĂ©ellement, je les ai tous nĂ©gligĂ©s. Je travaille mon diplĂŽme sur le surrĂ©alisme Ă  la bibliothĂšque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-ĂȘtre mes derniĂšres semaines de fille seule, libre d'aller oĂč je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©e. Je vais perdre dĂ©finitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublĂ©, Ă  deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drĂŽle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idĂ©es de fille unique, Ă©gocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal Ă©levĂ©e au fond. Un jour, il a du travail, il est fatiguĂ©, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se prĂ©cipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hĂ©sitation, comme si elles avaient dans la tĂȘte toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-ĂȘtre, pour quatre personnes ou plus aux goĂ»ts diffĂ©rents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmĂ©e par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarchĂ©. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il Ă©tait en train d'Ă©couter de la musique. Il a tout dĂ©ballĂ© avec un plaisir de gamin. Les poires Ă©taient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournĂ©s au restau universitaire, j'ai oubliĂ©. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai Ă©touffĂ©s. SublimĂ©s. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de libertĂ©, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du mĂ©nage, un peu. Et alors, tu renĂącles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles rĂ©ussissent Ă  tout "concilier", sourire aux lĂšvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libĂ©rĂ©e de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'Ă©quilibre. L'homme, l'Ă©paule solide, anti-mĂ©taphysique, dissipateur d'idĂ©es tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons mĂȘme disparaĂźtront, je ris forcĂ©ment, obscurĂ©ment j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est Ă©goĂŻste et qu'il ne s'intĂ©resse guĂšre Ă  ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient Ă  mon secours : "Tous les hommes sont Ă©goĂŻstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altĂ©ritĂ©", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)