Sans Soleil Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Sans Soleil. Here they are! All 100 of them:

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I will have spent my life trying to understand the function of remembering, which is not the opposite of forgetting, but rather its lining. We do not remember. We rewrite memory much as history is rewritten. How can one remember thirst?
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Chris Marker
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Who said that time heals all wounds? It would be better to say that time heals everything - except wounds. With time, the hurt of separation loses its real limits. With time, the desired body will soon disappear, and if the desiring body has already ceased to exist for the other, then what remains is a wound, disembodied.
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Chris Marker
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J'exige un vrai bonheur, un vrai amour, une vraie contrĂ©e oĂč le soleil alterne avec la lune, oĂč les saisons se dĂ©roulent en ordre, oĂč de vrais arbres portent de vrais fruits, oĂč de vrais poissons habitent les riviĂšres, et de vrais oiseaux le ciel, oĂč la vrai neige dĂ©couvre de vraies fleurs, oĂč tout sort est vrai, vrai, vĂ©ritable. J’en ai assez de cette lumiĂšre morne, de ces campagnes stĂ©riles, sans jour, sans nuit, oĂč ne survivent que les bĂȘtes fĂ©roces et rapaces, oĂč les lois de la nature ne fonctionnent pas.
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Jean Cocteau
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Il y a des journĂ©es illuminĂ©es de petites choses, des riens du tout qui vous rendent incroyablement heureux ; un aprĂšs-midi Ă  chiner, un jouet qui surgit de l’enfance sur l’étal d’un brocanteur, une main qui s’attache Ă  la votre, un appel que l’on attendait pas, une parole douce, vote enfant qui vous prend dans ses bras sans rien vous demander d’autre qu’un moment d’amour. Il y a des journĂ©es illuminĂ©es de petits moments de grĂące, une odeur qui vous met l’ñme en joie, un rayon de soleil qui entre par la fenĂȘtre, le bruit de l’averse alors qu’on est encore au lit, les trottoirs enneigĂ©s ou l’arrivĂ©e du printemps et ses premiers bourgeons.
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Marc Levy (Le premier jour)
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Ce fut le temps d'un battement de paupiÚre et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiÚde et sa transparence prÚs du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde était né.
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Albert Cohen (Belle du Seigneur)
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Une maison sans chat, c'est la vie sans soleil. (A house without a cat is like live without sunshine.) -- One of Julia Child's favorite sayings.
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Therese Burson
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Une maison sans chat, c’est la vie sans soleil!” (“A house without a cat is like life without sunshine!”)
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Julia Child (My Life in France)
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Tu vois, je n'ai pas oubliĂ© Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oubliĂ©, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidĂšle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Tu Ă©tais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis.
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Jacques Prévert
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Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă  vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă  eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă  fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă  respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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Quand la mort nous regarde calmement dans les yeux, nous nous rendons compte qu'il y a eu dans notre vie quelques heures, de soleil ou de nuit, quelques visages auxquels nous revenons sans cesse, et qu'en fait ce qui nous rendait vivants, c'est les simple espoir de les retrouver...
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AndreĂŻ Makine (L'Amour humain)
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Les hiboux Sous les ifs noirs qui les abritent, Les hiboux se tiennent rangĂ©s, Ainsi que des dieux Ă©trangers, Dardant leur oeil rouge. Ils mĂ©ditent. Sans remuer ils se tiendront Jusqu'Ă  l'heure mĂ©lancolique OĂč, poussant le soleil oblique, Les tĂ©nĂšbres s'Ă©tabliront. Leur attitude au sage enseigne Qu'il faut en ce monde qu'il craigne Le tumulte et le mouvement, L'homme ivre d'une ombre qui passe Porte toujours le chĂątiment D'avoir voulu changer de place.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Lucien ne reconnut pas sa Louise dans cette chambre froide, sans soleil, Ă  rideaux passĂ©s, dont le carreau frottĂ© semblait misĂ©rable, oĂč le meuble Ă©tait usĂ©, de mauvais goĂ»t, vieux ou d'occasion. Il est en effet certaines personnes qui n'ont plus ni le mĂȘme aspect ni la mĂȘme valeur, une fois sĂ©parĂ©es des figures, des choses, des lieux qui leur servent de cadre. Les
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Honoré de Balzac (Etudes de moeurs. 2e livre. ScÚnes de la vie de province. T. 4. Illusions perdues. 2. Un grand homme de province à Paris (French Edition))
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Les levers de soleil sont un accompagnement des longs voyages en chemin de fer, comme les Ɠufs durs, les journaux illustrĂ©s, les jeux de cartes, les riviĂšres oĂč des barques s’évertuent sans avancer.
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Marcel Proust (A la recherche du temps perdu)
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Lorsqu'on se baigne dans le Langage Universel, il est facile de comprendre qu'il y a toujours dans le monde une personne qui en attend une autre, que ce soit en plein dĂ©sert ou au cƓur des grandes villes. Et quand ces deux personnes se rencontrent, et que leurs regards se croisent, tout le passĂ© et tout le futur sont dĂ©sormais sans la moindre importance, seul existe ce moment prĂ©sent, et cette incroyable certitude que toute chose sous la voĂ»te du ciel a Ă©tĂ© Ă©crite par la mĂȘme Main. La Main qui fait naĂźtre l'Amour, et qui a crĂ©Ă© une Ăąme sƓur pour chaque ĂȘtre qui travaille, se repose, et cherche des trĂ©sors sous la lumiĂšre du soleil.
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Paulo Coelho (The Alchemist)
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C’est alors que tout a vacillĂ©. La mer a charriĂ© un souffle Ă©pais et ardent. Il m’a semblĂ© que le ciel s’ouvrait sur toute son Ă©tendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon ĂȘtre s’est tendu et j’ai crispĂ© ma main sur le revolver. La gĂąchette a cĂ©dĂ©, j’ai touchĂ© le ventre poli de la crosse et c’est lĂ , dans le bruit Ă  la fois sec et assourdissant, que tout a commencĂ©. J’ai secouĂ© la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais dĂ©truit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage oĂč j’avais Ă©tĂ© heureux. Alors, j’ai tirĂ© encore quatre fois sur un corps inerte oĂč les balles s’enfonçaient sans qu’il y parĂ»t. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur
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Albert Camus (The Stranger)
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Le soleil brille pour tout le monde, la lune et son cortĂšge d'Ă©toiles sans nombre guident vers leur nourriture mĂȘme les bĂȘtes fĂ©roces, et peut-on trouver plus de beautĂ© qu'aux eaux jaillissantes, oĂč chacun pourtant puise Ă  sa guise ?
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Petronius
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Elle Ă©tait mon soleil, mon assurance, mon intelligence. Moi, je n’étais que sa lune. Un soleil peut vivre seul, sans planĂšte. Mais une lune a besoin de tourner autour de quelque chose, sinon elle se dĂ©saxe et se perd dans l’espace
 —Tao
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Victor Dixen (Origines (Phobos #0.5))
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Tous ceux, tous ceux, tous ceux Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'Ă©touffe Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ; Ton nom est dans mon cƓur comme dans un grelot, Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne, Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne ! De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimĂ© : Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clartĂ© ta chevelure Que, comme lorsqu'on a trop fixĂ© le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Surtout, quand j'ai quittĂ© les feux dont tu m'inondes, Mon regard Ă©bloui pose des taches blondes !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Pourquoi promenez-vous ces spectres de lumiÚre Devant le rideau noir de nos nuits sans sommeil, Puisqu'il faut qu'ici-bas tout songe ait son réveil, Et puisque le désir se sent cloué sur terre, Comme un aigle blessé qui meurt dans la poussiÚre, L'aile ouverte, et les yeux fixés sur le soleil ?
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Alfred de Musset (PremiÚres Poésies: 1829-1835)
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Parfois, le destin ressemble Ă  une tempĂȘte de sable qui se dĂ©place sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui Ă©chapper. Mais la tempĂȘte modifie aussi la sienne. Tu changes Ă  nouveau le rythme de ta marche, et la tempĂȘte change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se rĂ©pĂšte un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempĂȘte n'est pas un phĂ©nomĂšne venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi mĂȘme et rien d'autre. elle vient de l'intĂ©rieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pĂ©nĂ©trer dĂ©libĂ©rĂ©ment dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empĂȘcher le sable d'y entrer, et la traverser pas Ă  pas. Au coeur de cette tempĂȘte, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repĂšre dans l'espace ; par moments, mĂȘme, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyĂ©s qui tourbillonne haut dans le ciel. VoilĂ  la tempĂȘte de sable que tu dois imaginer.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Le MĂ©tĂšque Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Avec mes yeux tout dĂ©lavĂ©s, qui me donnent l'air de rĂȘver Moi qui ne rĂȘve plus souvent. Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rĂŽdeur Qui ont pillĂ© tant de jardins Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassĂ© et mordu Sans jamais assouvir sa faim Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec De voleur et de vagabond Avec ma peau qui s'est frottĂ©e au soleil de tous les Ă©tĂ©s Et tout ce qui portait jupon Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu'il a souffert Sans pour cela faire d'histoire Avec mon Ăąme qui n'a plus la moindre chance de salut Pour Ă©viter le purgatoire. Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Je viendrai ma douce captive, mon Ăąme soeur, ma source vive Je viendrai boire tes vingt ans Et je serai prince de sang, rĂȘveur, ou bien adolescent Comme il te plaira de choisir Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir. Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir.
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Georges Moustaki
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L’EternitĂ© Elle est retrouvĂ©e. Quoi ? – L’EternitĂ©. C’est la mer allĂ©e Avec le soleil. Ame sentinelle, Murmurons l’aveu De la nuit si nulle Et du jour en feu. Des humains suffrages, Des communs Ă©lans LĂ  tu te dĂ©gages Et voles selon. Puisque de vous seules, Braises de satin, Le Devoir s’exhale Sans qu’on dise : enfin. LĂ  pas d’espĂ©rance, Nul orietur. Science avec patience, Le supplice est sĂ»r. Elle est retrouvĂ©e. Quoi ? – L’EternitĂ©. C’est la mer allĂ©e Avec le soleil.
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Arthur Rimbaud
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Attends. Laisse-moi dire adieu Ă  cette lĂ©gĂšretĂ© sans tache qui fut la mienne. Laisse-moi dire adieu Ă  ma jeunesse. Il y a des soirs, des soirs de Corinthe ou d'AthĂšnes, pleins de chants et d'odeurs qui ne m'appartiendront plus jamais. Des matins, pleins d'espoir aussi... Allons adieu! adieu! (Il vient vers Electre.) Viens, Electre, regarde notre ville. Elle est lĂ , rouge sous le soleil, bourdonnante d'hommes et de mouches, dans l'engourdissement tĂȘtu d'un aprĂšs-midi d'Ă©tĂ©; elle me repousse de tous ses murs, de tous ses toits, de toutes ses portes closes. Et pourtant elle est Ă  prendre, je le sens depuis ce matin. Et toi aussi, Electre, tu es Ă  prendre. Je vous prendrai. Je deviendrai hache et je fendrai en deux ces murailles obstinĂ©es, j'ouvrirai le ventre de ces maisons bigotes, elles exhaleront par leurs plaies bĂ©antes une odeur de mangeaille et d'encens; je deviendrai cognĂ©e et je m enfoncerai dans le cƓur de cette ville comme la cognĂ©e dans le cƓur d'un chĂȘne.
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Jean-Paul Sartre (The Flies (SparkNotes Literature Guide Series))
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Elle souriait quelques fois, arrĂȘtant sur lui ses yeux, une minute. Alors, il sentait ses regards pĂ©nĂ©trer son Ăąme, comme ces grands rayons de soleil qui descendent jusqu’au fond de l’eau. Il l’aimait sans arriĂšre-pensĂ©e, sans espoir de retour, absolument ; et, dans ces muets transports, pareils Ă  des Ă©lans de reconnaissance, il aurait voulu couvrir son front d’une pluie de baisers. Cependant, un soufflant intĂ©rieur l’enlevait comme hors de lui ; c’était une envie de se sacrifier, un besoin de dĂ©vouement immĂ©diat, et d’autant plus fort qu’il ne pouvait l’assouvir.
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Gustave Flaubert (L’Éducation Sentimentale (French Edition))
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Les Poets de Sept ans Et la MĂšre, fermant le livre du devoir, S'en allait satisfaite et trĂšs fiĂšre sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d'Ă©minences, L'Ăąme de son enfant livrĂ©e aux rĂ©pugnances. Tout le jour, il suait d'obĂ©issance ; trĂšs Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d'Ăącres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermĂ©s voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir : Ă  la lampe On le voyait, lĂ -haut, qui rĂąlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L'Ă©tĂ© Surtout, vaincu, stupide, il Ă©tait entĂȘtĂ© A se renfermer dans la fraĂźcheur des latrines: Il pensait lĂ , tranquille et livrant ses narines. Quand, lavĂ© des odeurs du jour, le jardinet DerriĂšre la maison, en hiver, s'illunait , Gisant au pied d'un mur, enterrĂ© dans la marne Et pour des visions Ă©crasant son oeil darne, Il Ă©coutait grouiller les galeux espaliers. PitiĂ© ! Ces enfants seuls Ă©taient ses familiers Qui, chĂ©tifs, fronts nus, oeil dĂ©teignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l'ayant surpris Ă  des pitiĂ©s immondes, Sa mĂšre s'effrayait, les tendresses profondes, De l'enfant se jetaient sur cet Ă©tonnement. C'Ă©tait bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment! A sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand dĂ©sert oĂč luit la LibertĂ© ravie, ForĂȘts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrĂ©s oĂč, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes, -Huit ans -la fille des ouvriers d'Ă  cĂŽtĂ©, La petite brutale, et qu'elle avait sautĂ©, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il Ă©tait sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre. Il craignait les blafards dimanches de dĂ©cembre, OĂč, pommadĂ©, sur un guĂ©ridon d'acajou, Il lisait une Bible Ă  la tranche vert-chou; Des rĂȘves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcĂŽve. Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg OĂč les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des Ă©dits rire et gronder les foules. - Il rĂȘvait la prairie amoureuse, oĂč des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or, Font leur remuement calme et prennent leur essor ! Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, Ăącrement prise d'humiditĂ©, Il lisait son roman sans cesse mĂ©ditĂ©, Plein de lourds ciels ocreux et de forĂȘts noyĂ©es, De fleurs de chair aux bois sidĂ©rals dĂ©ployĂ©es, Vertige, Ă©croulement, dĂ©routes et pitiĂ© ! - Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, - seul et couchĂ© sur des piĂšces de toile Écrue et pressentant violemment la voile!
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Arthur Rimbaud
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Ces gens-lĂ , les profs, il faut les Ă©viter. Ils sont si habituĂ©s Ă  s'Ă©couter parler et Ă  se mettre en scĂšne qu'il n'y a rien Ă  faire avec eux. Aucun Ă©change n'est possible. En plus, ils sont champions toutes catĂ©gories de l'art subtil du humble-brag: « La semaine prochaine, je ne serai pas disponible. Je serai Ă  San Francisco Ă  me dorer la fraise au soleil aprĂšs avoir lu ma communication de vingt minutes devant quatre personnes qui ne m'auront pas Ă©coutĂ©. J'ai prĂ©sentĂ© le mĂȘme texte le mois dernier Ă  DubaĂŻ, Ă  SĂ©oul et Ă  Istanbul. Dans quelques annĂ©es, je pourrai le publier dans un livre qui va moisir sur les rayons.
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Julie Boulanger (Albertine ou La férocité des orchidées)
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C’est aprĂšs cette soirĂ©e que vous avez commencĂ© Ă  m’écrire des lettres. Beaucoup de lettres. Quelquefois une chaque jour. C’était des lettres trĂšs courtes, dessortes de billets, c’était, oui, des sortes d’appels criĂ©s d’un lieu invivable, mortel, d’une sorte de dĂ©sert. Ces appels Ă©taient d’une Ă©vidente beautĂ©. Je ne vous rĂ©pondais pas. Je gardais toutes les lettres. Il y avait en haut des pages le nom de l’endroit oĂč elles avaient Ă©tĂ© Ă©crites et l’heure ou le temps : Soleil ou Pluie. Ou Froid. Ou : Seul. Et puis une fois, vous ĂȘtes restĂ© longtemps sans Ă©crire. Un mois peut-ĂȘtre, je ne sais plus pour ce temps-lĂ  ce qu’il avait durĂ©
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Marguerite Duras (Yann Andrea Steiner)
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J'ai une passion pour les tulipes, plus que pour aucune autre fleur de printemps; gaies, robustes, gracieuses, elles semblent de jeunes filles sortant du bain à cÎté des jacinthes, ces femmes aux formes opulentes dont chaque mouvement sature l'air de patchouli. Leur parfum, délicat et léger, est un comble de raffinement. Existe-t-il au monde rien de plus charmant que l'ardeur avec laquelle elles tendent leurs petits visages vers le soleil ? On les a taxées de prétention, et de vanité, alors que pour moi elles sont toute grùce et modestie, et ne sont coupables que de vouloir jouir de la vie sans craindre de regarder le soleil en face.
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Elizabeth von Arnim (Elizabeth and Her German Garden (Elizabeth))
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J’admire qu’on puisse trouver au bord de la MĂ©diterranĂ©e des certitudes et des rĂšgles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait Ă  la mesure de l’homme - mais qui se refer-mait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait Ă  ce qui rĂ©sonnait profondĂ©ment en moi, ce n’est pas parce qu’il rĂ©pondait Ă  mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grĂąces qui pouvaient me monter aux lĂšvres, mais ce Nada qui n’a pu naĂźtre que devant des paysages Ă©crasĂ©s de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans dĂ©sespoir de vivre.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Qui me reflĂšte sinon toi-mĂȘme Je me vois si peu Sans toi je ne vois rien Qu’une Ă©tendue dĂ©serte Entre autrefois et aujourd’hui Il y a eu toutes ces morts Que j’ai franchies Sur de la paille Je n’ai pas pu percer Le mur de mon miroir Il m’a fallu apprendre Mot par mot la vie Comme on oublie Je t’aime pour ta sagesse Qui n’est pas la mienne Pour la santĂ© je t’aime Contre tout ce qui n’est qu’illusion Pour ce cƓur immortel Que je ne dĂ©tiens pas Que tu crois ĂȘtre le doute Et tu n’es que raison Tu es le grand soleil Qui me monte Ă  la tĂȘte Quand je suis sĂ»r de moi Quand je suis sĂ»r de moi Tu es le grand soleil Qui me monte Ă  la tĂȘte Quand je suis sĂ»r de moi Quand je suis sĂ»r de moi
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Paul Éluard
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Peindre d'abord une cage Avec une porte ouverte peindre ensuite quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau quelque chose d'utile pour l'oiseau placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin dans un bois ou dans une forĂȘt se cacher derriĂšre l'arbre sans rien dire sans bouger... Parfois l'oiseau arrive vite mais il peut aussi bien mettre de longues annĂ©es avant de se dĂ©cider Ne pas se dĂ©courager attendre attendre s’il Ie faut pendant des annĂ©es la vitesse ou la lenteur de l'arrivĂ©e de l'oiseau n’ayant aucun rapport avec la rĂ©ussite du tableau Quand l'oiseau arrive s'il arrive observer le plus profond silence attendre que l'oiseau entre dans la cage et quand il est entrĂ© fermer doucement la porte avec le pinceau puis effacer un Ă  un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau Faire ensuite le portrait de l'arbre en choisissant la plus belle de ses branches pour l'oiseau peindre aussi le vert feuillage et la fraĂźcheur du vent la poussiĂšre du soleil et le bruit des bĂȘtes de l'herbe dans la chaleur de l'Ă©tĂ© et puis attendre que l'oiseau se dĂ©cide Ă  chanter Si l'oiseau ne chante pas c'est mauvais signe signe que le tableau est mauvais mais s'il chante c'est bon signe signe que vous pouvez signer Alors vous arrachez tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous Ă©crivez votre nom dans un coin du tableau.
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Jacques Prévert (Paroles)
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d’énergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie m’encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur l’amour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j’ai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles m’appartiennent. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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Rien ne peut t’émouvoir, ĂŽ jeunesse ! Tu sembles possĂ©der tous les trĂ©sors de la terre ; la tristesse elle-mĂȘme te fait sourire, la douleur te pare. Tu es sĂ»re de toi-mĂȘme et, dans ta tĂ©mĂ©ritĂ©, tu clames : « Voyez, je suis seule Ă  vivre !... » Mais les jours s’écoulent, innombrables et sans laisser de trace ; la matiĂšre dont tu es tissĂ©e fond comme cire au soleil, comme de la neige... Et – qui sait ? – il se peut que ton bonheur ne rĂ©side pas dans ta toute-puissance, mais dans ta foi. Ta fĂ©licitĂ© serait de dĂ©penser des Ă©nergies qui ne se trouvent point d’autre issue. Chacun de nous se croit trĂšs sĂ©rieusement prodigue et prĂ©tend avoir le droit de dire : « Oh ! que n’aurais-je fait si je n’avais gaspillĂ© mon temps ! »
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Ivan Turgenev (First Love)
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Pourquoi ce chemin plutĂŽt que cet autre ? OĂč mĂšne-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derriĂšre l’horizon de ses pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car lĂ  oĂč nous Ă©tions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus il a fallu partir
 Et ce chemin, qui ressemblait Ă  un long squelette, nous a conduits Ă  un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinĂ©es entre le crĂ©puscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinĂ©e, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beautĂ©.
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René Char (La Postérité du soleil)
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Et le temps est une chose Ă©tonnante. La plupart d’entre nous ne vivent que pour ce qui est devant eux. Pour quelques jours, quelques semaines, quelques annĂ©es. L’un des moments les plus douloureux dans la vie de chacun est sans doute l’instant oĂč l’on a atteint l’ñge oĂč il y a plus de choses Ă  voir en arriĂšre que vers l’avant. Quand le temps n’est plus devant nous, nous devons trouver d’autres raisons de vivre. Le souvenir, peut-ĂȘtre. Les aprĂšs-midi au soleil, la main d’une autre personne dans la sienne. Le parfum des plates-bandes en fleurs. Les dimanches au cafĂ©. Les petits-enfants, peut-ĂȘtre. Nous trouvons une façon d’exister pour l’avenir d’un autre. Ce n’est pas qu’Ove est mort quand Sonja l’a abandonnĂ©. Il a seulement arrĂȘtĂ© de vivre.
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Fredrik Backman (A Man Called Ove)
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Un jour il y a plus de quatre milles annĂ©es de cela, l'empereur Chen Nung voyageait avec son escorte dans une contrĂ©e Ă©loignĂ©e de son vaste pays. Comme la route Ă©tait longue et harassante, il demanda Ă  prendre un peu de repos Ă  l'ombre d'arbres qui le protĂ©gerait du soleil. Le convoi s'arrĂȘta et l'empereur s'assit en tailleur sous un arbuste inconnu. Il rĂ©clama aussitĂŽt un bol d'eau bouillante car il avait grand soif et ne connaissait que ce breuvage pour se dĂ©saltĂ©rer. On s'empressa de lui apporter. C'est alors qu'une feuille tomba dans le bol de l'empereur. Chen Nung but sans s'en rendre compte et un parfum Ă  la fois doux et amer lui emplit la gorge. IntriguĂ©, il inspecta le fond de son bol et y trouva la feuille au parfum si envoĂ»tant. Le thĂ© venait de naĂźtre.
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Maxence Fermine (Opium)
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Êtes-vous ce qu’on appelle un heureux ? Eh bien, vous ĂȘtes triste tous les jours. Chaque jour a son grand chagrin ou son petit souci. Hier, vous trembliez pour une santĂ© qui vous est chĂšre, aujourd’hui vous craignez pour la vĂŽtre, demain ce sera une inquiĂ©tude d’argent, aprĂšs-demain la diatribe d’un calomniateur, l’autre aprĂšs-demain le malheur d’un ami ; puis le temps qu’il fait, puis quelque chose de cassĂ© ou de perdu, puis un plaisir que la conscience et la colonne vertĂ©brale vous reprochent ; une autre fois, la marche des affaires publiques. Sans compter les peines de cƓur. Et ainsi de suite. Un nuage se dissipe, un autre se reforme. À peine un jour sur cent de pleine joie et de plein soleil. Et vous ĂȘtes de ce petit nombre qui a le bonheur ! Quant aux autres hommes, la nuit stagnante est sur eux.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Quand je vis avec mes semblables, ma pensĂ©e s'occupe d'eux si exclusivement, soit pour les aider Ă  vivre bien, soit pour comprendre pourquoi ils vivent mal, que j'oublie absolument de vivre pour mon compte. Quand je m'aperçois que j'ai fait pour eux mon possible et que je ne leur suis plus nĂ©cessaire, ou, ce qui arrive plus souvent, que je ne leur suis bon Ă  rien, j'Ă©prouve le besoin de vivre avec ce moi intĂ©rieur qui s'identifie Ă  la nature et au rĂȘve de la vie dans l'Ă©ternel et dans l'infini. La nature, je le sais, parle dans l'homme plus que dans les arbres et les rochers; mais elle y parle follement, elle y est plus souvent dĂ©lirante que sage, elle y est pleine d'illusions ou de mensonges. Les animaux sauvages eux-mĂȘmes sont tourmentĂ©s d'un besoin d'existence qui nous empĂȘche de savoir ce qu'ils pensent et si leurs obscures manifestations ne sont pas trompeuses. DĂšs qu'ils subissent des besoins et des passions, ils doivent les satisfaire Ă  tout prix, et toute logique de leur instinct de conservation doit cĂ©der Ă  cette sauvage logique de la faim et de l'amour. OĂč donc trouver, oĂč donc surprendre la voix du vrai absolu dans la nature? HĂ©las, dans le silence des choses inertes, dans le mutisme de ce qui ne ment pas! la face impassible du rocher qui boit le soleil, le front sans ombre du glacier qui regarde la lune, la morne altitude des lieux inaccessibles, exercent sur nous un rassĂ©rĂ©nement inexplicable. LĂ , nous nous sentons comme suspendus entre ciel et terre, dans une rĂ©gion d'idĂ©es oĂč il ne peut y avoir que Dieu ou rien, et, s'il n'y a rien, nous sentons que nous ne sommes rien nous-mĂȘmes et que nous n'existons pas; car rien ne peut se passer de sa raison d'ĂȘtre.
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George Sand (Le dernier amour)
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Parfois, le destin ressemble Ă  une tempĂȘte de sable qui se dĂ©place sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui Ă©chapper. Mais la tempĂȘte modifie aussi la sienne. Tu changes Ă  nouveau le rythme de ta marche, et la tempĂȘte change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se rĂ©pĂšte un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi? Parce que cette tempĂȘte n'est pas un phĂ©nomĂšne venu d'ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle est toi-mĂȘme, et rien d'autre. Elle vient de l'intĂ©rieur de toi. Alors, la seule chose que tu puisses faire, c'est pĂ©nĂ©trer dĂ©libĂ©rĂ©ment dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d"empĂȘcher le sale d'y rentrer, et la traverser pas Ă  pas. Au coeur de cette tempĂȘte, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repĂšres dans l'espace ; par moments, mĂȘme le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyĂ©s qui tourbillonne haut dans le ciel. VoilĂ  la tempĂȘte de sable que tu dois imaginer.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Wilhelm, que serait pour notre cƓur le monde sans l’amour ? Ce qu’une lanterne magique est sans lumiĂšre. A peine la petite lampe est-elle introduite, que les images les plus variĂ©es apparaissent sur la muraille blanche. Et ne fussent-elles que des fantĂŽmes passagers, cela fait pourtant notre bonheur, lorsque nous nous arrĂȘtons devant, comme des enfants joyeux, nous extasiant sur ces apparitions merveilleuses. Aujourd’hui je n’ai pu aller voir Charlotte : une sociĂ©tĂ© inĂ©vitable m’a retenu. Que faire ? J’ai envoyĂ© chez elle mon domestique, uniquement pour avoir quelqu’un prĂšs de moi qui eĂ»t approchĂ© d’elle aujourd’hui. Avec quelle impatience je l’attendais ! avec quelle joie je l’ai revu ! Je l’aurais embrassĂ©, si j’avais osĂ© m’en croire. On conte que la pierre de Bologne, si on l’expose au soleil, en absorbe les rayons, et qu’elle Ă©claire quelque temps pendant la nuit. Il en Ă©tait de mĂȘme pour moi de ce garçon. L’idĂ©e que les yeux de Charlotte s’étaient arrĂȘtĂ©s sur son visage, sur ses joues, sur les boutons de son habit et le collet de son surtout, me rendait tout cela prĂ©cieux et sacrĂ©. Dans ce moment, je n’aurais pas donnĂ© mon valet pour mille Ă©cus. Sa prĂ©sence nie faisait du bien
. Dieu te garde d’en rire ! Wilhelm, sont-ce lĂ  des fantĂŽmes, si nous sommes heureux ?
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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MOI, TROUBADOUR Moi troubadour et la fille d'amour Nous errons la nuit autour des lanternes ; Signes de mouchoir, adieu sans retour À toi notre Ă©toile, astre de dĂ©veine. Nous allons ailleurs vers un sort meilleur Avant que le blĂ© ne sorte des graines Avant que les fleurs ne perdent couleur. Moi troubadour et la fille d'amour Qui de son caveau tirons la beautĂ© Marcherons Ă  prĂ©sent rompus, hĂ©bĂ©tĂ©s Par la vie, par l'astre et par la rengaine. Aux portes de l'ombre allons-nous buter Avant que le blĂ© ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne ? Et dans le cƓur blanc des nuits de septembre Nous nous blottirons, icĂŽnes sans voix, Dans les coins perdus, dans l'oubli des chambres Nous rappellerons, frappant de nos doigts, Que de notre vie sont mortes les branches Avant que le blĂ© ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne. Vous entendrez des mots silencieux Assis pensifs dans l'ombre et dans l'absence Mille soleils brĂ»leront dans vos cieux Hommes Ă  genoux dans un rĂȘve immense, Et ce jour viendra pour tous ceux, tous ceux Dont la vie fleurit, dont la vie commence Avant que le blĂ© ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne. (p. 406-407 de L'Anthologie de la poĂ©sie yiddish de Charles Dobzynski)
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Itzik Manger
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Je ne crois pas qu’il y ait rien au monde de plus riant que les idĂ©es qui s’éveillent dans le cƓur d’une mĂšre Ă  la vue du petit soulier de son enfant. Surtout si c’est le soulier de fĂȘte, des dimanches, du baptĂȘme, le soulier brodĂ© jusque sous la semelle, un soulier avec lequel l’enfant n’a pas encore fait un pas. Ce soulier-lĂ  a tant de grĂące et de petitesse, il lui est si impossible de marcher, que c’est pour la mĂšre comme si elle voyait son enfant. Elle lui sourit, elle le baise, elle lui parle. Elle se demande s’il se peut en effet qu’un pied soit si petit ; et, l’enfant fĂ»t-il absent, il suffit du joli soulier pour lui remettre sous les yeux la douce et fragile crĂ©ature. Elle croit le voir, elle le voit, tout entier, vivant, joyeux, avec ses mains dĂ©licates, sa tĂȘte ronde, ses lĂšvres pures, ses yeux sereins dont le blanc est bleu. Si c’est l’hiver, il est lĂ , il rampe sur le tapis, il escalade laborieusement un tabouret, et la mĂšre tremble qu’il n’approche du feu. Si c’est l’étĂ©, il se traĂźne dans la cour, dans le jardin, arrache l’herbe d’entre les pavĂ©s, regarde naĂŻvement les grands chiens, les grands chevaux, sans peur, joue avec les coquillages, avec les fleurs, et fait gronder le jardinier qui trouve le sable dans les plates-bandes et la terre dans les allĂ©es. Tout rit, tout brille, tout joue autour de lui comme lui, jusqu’au souffle d’air et au rayon de soleil qui s’ébattent Ă  l’envi dans les boucles follettes de ses cheveux. Le soulier montre tout cela Ă  la mĂšre et lui fait fondre le cƓur comme le feu une cire.
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Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
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Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'Auvergnat qui, sans façon, M'a donnĂ© quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid. Toi qui m'a donnĂ© du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s M'avaient fermĂ©s la porte au nez. Ce n'Ă©tait rien qu'un feu de bois Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un feu de joie... Toi, l'Auvergnat quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'hĂŽtesse qui, sans façon, M'a donnĂ© quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim. Toi qui m'ouvrit ta huche quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s S'amusaient Ă  me voir jeuner. Ce n'Ă©tait rien qu'un peu de pain Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un grand festin... Toi, l'hĂŽtesse quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Elle est Ă  toi cette chanson Toi l'Ă©tranger qui, sans façon, D'un air malheureux m'a sourit Lorsque les gendarmes m'ont pris. Toi qui n'a pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnĂ©s Riaient de me voir rammenĂ©. Ce n'Ă©tait rien qu'un peu de miel Mais il m'avait chauffĂ© le corps Et dans mon Ăąme, il brĂ»le encore À la maniĂšre d'un grand soleil... Toi, l'Ă©tranger quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Toi, l'Ă©tranger quand tu mourras Quand le croc-mort t'emportera Qu'il te conduise Ă  travers ciel Au pĂšre Ă©ternel. Au
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Georges Brassens
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Qu’un galop rapide, coursiers aux pieds brĂ»lants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que PhaĂ©ton vous aurait prĂ©cipitĂ©s vers le couchant et aurait ramenĂ© la sombre Nuit. Étends ton Ă©pais rideau. Nuit qui couronne l’amour; ferme les yeux errants, et que RomĂ©o puisse voler dans mes bras sans qu’on le dise et sans qu’on le voie. La lumiĂšre de leurs mutuelles beautĂ©s suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystĂšres; ou si l’Amour est aveugle, il ne s’en accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vĂȘtements modestes, tout en noir, apprends-moi Ă  perdre au jeu de qui perd gagne, oĂč l’enjeu est deux virginitĂ©s sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues oĂč se rĂ©volte mon sang effarouchĂ©, jusqu’à ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans l’épreuve d’un amour fidĂšle, n’y voie plus qu’un chaste devoir.—Viens, ĂŽ Nuit; viens, RomĂ©o; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus Ă©clatant que n’est sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombĂ©e. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de tĂ©nĂšbres: donne-moi mon RomĂ©o; et quand il aura cessĂ© de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites Ă©toiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! j’ai achetĂ© une demeure d’amour, mais je n’en suis pas encore en possession, et celui qui m’a acquise n’est pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille d’une fĂȘte pour l’enfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Les brumes s’épaississent sur les cimes du Ć ar. Les versants se dressent face Ă  Emina, implacables dans le jour dĂ©clinant. Les paroles de Feti ricochent en elle, par-dessus la musique qu’il met plus fort dans la voiture. Elles traversent le scherzo du violon dont les volutes tournoient entre eux, alors qu’ils arrivent Ă  Tetovo. Elles dissipent le sourd espoir qui l’a menĂ©e ici, au-delĂ  du dĂ©sir de renouer avec le frĂšre d’Yllka. Elle mesure l’ampleur de son rĂȘve, de ce qu’elle n’a dit Ă  personne lĂ -bas en Allemagne. Ils auraient passĂ© leur bras autour de ses Ă©paules. Ils l’auraient entourĂ©e d’une affection mĂȘlĂ©e de pitié  Oui, dans l’outremer des montagnes, elle croit apercevoir la trace d’Yllka. Les empreintes fines d’un oiseau sur un sentier couvert de sable. Elles conduiraient Ă  une maison de montagne qui sentirait le bois et le foin Ă  la fin de l’étĂ©. Parce qu’Yllka se serait rĂ©fugiĂ©e quelque part ici. Elle y attendrait Emina, sa fille, Alija, son fils, depuis toutes ces annĂ©es. Elle-mĂȘme mue par la conviction que ses enfants finiront par la rejoindre. Car comment pourrait-elle savoir oĂč ils vivent aujourd’hui, si mĂȘme ils vivent encore ? Comment ? Et c’est la raison de son silence. Il ne peut en ĂȘtre autrement. Preuve de vie ou de mort, Emina ne s’en ira pas d’ici sans l’avoir obtenue. « Je peux juste te parler d’elle. Celle qu’elle fut ici. Ma sƓur, ta mĂšre
 » Des mots qui lacĂšrent le ciel trĂšs loin au-dessus d’elle. Feti gare sa voiture le long de la rue bordĂ©e d’immeubles. S’il se trompait
 Si Yllka n’avait pas pu le retrouver lui non plus ? Les feuillages des arbres flamboient sur les trottoirs. Des traĂźnĂ©es couleur de fer assombrissent les nuages au-dessus des immeubles. Ils se creusent d’un vaste cratĂšre noirĂątre. Des choucas Ă©voluent par centaines sur la ville, alors que le soleil descend Ă  l’horizon. Ils s’insinuent dans les invisibles couloirs ouverts par de secrĂštes turbulences. Leur vacarme secoue les airs, assourdit Emina. Elle est sur le point de flancher, rattrapĂ©e par le lieu et les cris des oiseaux.
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Cécile Oumhani (Le café d'Yllka)
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Ses visites Ă©taient la grande distraction de ma tante LĂ©onie qui ne recevait plus guĂšre personne d’autre, en dehors de M. le CurĂ©. Ma tante avait peu Ă  peu Ă©vincĂ© tous les autres visiteurs parce qu’ils avaient le tort Ă  ses yeux de rentrer tous dans l’une ou l’autre des deux catĂ©gories de gens qu’elle dĂ©testait. Les uns, les pires et dont elle s’était dĂ©barrassĂ©e les premiers, Ă©taient ceux qui lui conseillaient de ne pas « s’écouter » et professaient, fĂ»t-ce nĂ©gativement et en ne la manifestant que par certains silences de dĂ©sapprobation ou par certains sourires de doute, la doctrine subversive qu’une petite promenade au soleil et un bon bifteck saignant (quand elle gardait quatorze heures sur l’estomac deux mĂ©chantes gorgĂ©es d’eau de Vichy !) lui feraient plus de bien que son lit et ses mĂ©decines. L’autre catĂ©gorie se composait des personnes qui avaient l’air de croire qu’elle Ă©tait plus gravement malade qu’elle ne pensait, qu’elle Ă©tait aussi gravement malade qu’elle le disait. Aussi, ceux qu’elle avait laissĂ© monter aprĂšs quelques hĂ©sitations et sur les officieuses instances de Françoise et qui, au cours de leur visite, avaient montrĂ© combien ils Ă©taient indignes de la faveur qu’on leur faisait en risquant timidement un : « Ne croyez-vous pas que si vous vous secouiez un peu par un beau temps », ou qui, au contraire, quand elle leur avait dit : « Je suis bien bas, bien bas, c’est la fin, mes pauvres amis », lui avaient rĂ©pondu : « Ah ! quand on n’a pas la santĂ© ! Mais vous pouvez durer encore comme ça », ceux-lĂ , les uns comme les autres, Ă©taient sĂ»rs de ne plus jamais ĂȘtre reçus. Et si Françoise s’amusait de l’air Ă©pouvantĂ© de ma tante quand de son lit elle avait aperçu dans la rue du Saint-Esprit une de ces personnes qui avait l’air de venir chez elle ou quand elle avait entendu un coup de sonnette, elle riait encore bien plus, et comme d’un bon tour, des ruses toujours victorieuses de ma tante pour arriver Ă  les faire congĂ©dier et de leur mine dĂ©confite en s’en retournant sans l’avoir vue, et, au fond admirait sa maĂźtresse qu’elle jugeait supĂ©rieure Ă  tous ces gens puisqu’elle ne voulait pas les recevoir. En somme, ma tante exigeait Ă  la fois qu’on l’approuvĂąt dans son rĂ©gime, qu’on la plaignĂźt pour ses souffrances et qu’on la rassurĂąt sur son avenir.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Le dĂ©ment - N'avez-vous pas entendu parler de ce dĂ©ment qui, dans la clartĂ© de midi alluma une lanterne, se prĂ©cipita au marchĂ© et cria sans discontinuer : « Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu ! » –Étant donnĂ© qu'il y avait justement lĂ  beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, il dĂ©chaĂźna un Ă©norme Ă©clat de rire. S'est-il donc perdu ? disait l'un. S'est-il Ă©garĂ© comme un enfant ? disait l'autre. Ou bien s'est-il cachĂ© ? A-t-il peur de nous ? S'est-il embarquĂ© ? A-t-il Ă©migrĂ© ?–ainsi criaient-ils en riant dans une grande pagaille. Le dĂ©ment se prĂ©cipita au milieu d'eux et les transperça du regard. « OĂč est passĂ© Dieu ? lança-t-il, je vais vous le dire ! Nous l'avons tuĂ©,–vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment pĂ»mes-nous boire la mer jusqu'Ă  la derniĂšre goutte ? Qui nous donna l'Ă©ponge pour faire disparaĂźtre tout l'horizon ? Que fĂźmes-nous en dĂ©tachant cette terre de son soleil ? OĂč l'emporte sa course dĂ©sormais ? OĂč nous emporte notre course ? Loin de tous les soleils ? Ne nous abĂźmons-nous pas dans une chute permanente ? Et ce en arriĂšre, de cĂŽtĂ©, en avant, de tous les cĂŽtĂ©s ? Est-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme Ă  travers un nĂ©ant infini ? L'espace vide ne rĂ©pand-il pas son souffle sur nous ? Ne s'est-il pas mis Ă  faire plus froid ? La nuit ne tombe-t-elle pas continuellement, et toujours plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer des lanternes Ă  midi ? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la dĂ©composition divine ?–les dieux aussi se dĂ©composent ! Dieu est mort ! Dieu demeure mort ! Et nous l'avons tuĂ© ! Comment nous consolerons-nous, nous, assassins entre les assassins ? Ce que le monde possĂ©dait jusqu'alors de plus saint et de plus puissant, nos couteaux l'ont vidĂ© de son sang,–qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles cĂ©rĂ©monies expiatoires, quels jeux sacrĂ©s nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne nous faut-il pas devenir nous-mĂȘmes des dieux pour apparaĂźtre seulement dignes de lui ? Jamais il n'y eut acte plus grand,–et quiconque naĂźt aprĂšs nous appartient du fait de cet acte Ă  une histoire supĂ©rieure Ă  ce que fut jusqu'alors toute histoire ! » Le dĂ©ment se tut alors et considĂ©ra de nouveau ses auditeurs : eux aussi se taisaient et le regardaient dĂ©concertĂ©s. Il jeta enfin sa lanterne Ă  terre : elle se brisa et s'Ă©teignit. « Je viens trop tĂŽt, dit-il alors, ce n'est pas encore mon heure. Cet Ă©vĂ©nement formidable est encore en route et voyage,–il n'est pas encore arrivĂ© jusqu'aux oreilles des hommes. La foudre et le tonnerre ont besoin de temps, la lumiĂšre des astres a besoin de temps, les actes ont besoin de temps, mĂȘme aprĂšs qu'ils ont Ă©tĂ© accomplis, pour ĂȘtre vus et entendus. Cet acte est encore plus Ă©loignĂ© d'eux que les plus Ă©loignĂ©s des astres,–et pourtant ce sont eux qui l'ont accompli. » On raconte encore que ce mĂȘme jour, le dĂ©ment aurait fait irruption dans diffĂ©rentes Ă©glises et y aurait entonnĂ© son Requiem aeternam deo. ExpulsĂ© et interrogĂ©, il se serait contentĂ© de rĂ©torquer constamment ceci : « Que sont donc encore ces Ă©glises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? »
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Friedrich Nietzsche (The Gay Science: With a Prelude in Rhymes and an Appendix of Songs)
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Les deux femmes, vĂȘtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sƓur, elles jetĂšrent dessus des fleurs et de l’eau bĂ©nite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeĂątre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumĂšrent deux petites bougies qui Ă©taient sur la table de nuit, s’agenouillĂšrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien
 LĂ©lia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillĂ©, la tĂȘte sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me dĂ©chirant l’ñme avec des priĂšres et des vƓux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indĂ©cises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, Ă  une place, une forme ronde qui devait ĂȘtre La tĂȘte, et plus bas une autre qui semblait ĂȘtre les pieds. Je croyais, moi, pauvre naĂŻf enfant, je croyais que la priĂšre pouvait rendre la vie Ă  un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passĂ©e Ă  prier sur un cadavre, Ă  pleurer, Ă  vouloir faire renaĂźtre le nĂ©ant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, Ă  la lueur de deux cierges mortuaires, entourĂ© de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vĂ©nales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scĂšne de dĂ©sespoir et de deuil vous remplit le cƓur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de dĂ©sespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença Ă  paraĂźtre, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient Ă  mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissĂšrent seul. Je courus aprĂšs elles, et me traĂźnant Ă  leurs pieds, m’attachant Ă  leurs vĂȘtements : — Ma sƓur ! leur dis-je, eh bien, ma sƓur ! oui, LĂ©lia ! oĂč est-elle ? Elles me regardĂšrent Ă©tonnĂ©es. — Ma sƓur ! vous m’avez dit de prier, j’ai priĂ© pour qu’elle revienne, vous m’avez trompĂ© ! — Mais c’était pour son Ăąme ! Son Ăąme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlĂ© de Dieu, jamais de l’ñme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eĂ»t demandĂ© ce qu’il Ă©tait, eh bien, j’aurais pris La linotte de LĂ©lia, et, lui brisant la tĂȘte entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’ñme ? l’ñme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allĂšrent sans me rĂ©pondre. Son Ăąme ! eh bien, elles m’ont trompĂ©, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était LĂ©lia, LĂ©lia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sƓur aux grands yeux bleus, LĂ©lia qui m’embrassait le soir aprĂšs sa poupĂ©e, aprĂšs son mouton chĂ©ri, aprĂšs sa linotte. Pauvre sƓur ! c’était toi que je demandais Ă  grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me rĂ©pondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as priĂ© non pour elle, mais tu as priĂ© pour son Ăąme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue Ă©trangĂšre ; tu as priĂ© pour un souffle, pour un mot, pour le nĂ©ant, pour son Ăąme enfin ! » Son Ăąme, son Ăąme, je la mĂ©prise, son Ăąme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait Ă  moi, son Ăąme ? savez-vous ce que c’est que son Ăąme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompĂ©, eh bien, je les ai maudites. Cette malĂ©diction est retombĂ©e sur moi, philosophe imbĂ©cile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire Ă  une Ăąme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au PromĂ©thĂ©e d’Eschyle, je brave les coups et que je mĂ©prise trop pour blasphĂ©mer.
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Gustave Flaubert (La derniÚre heure : Conte philosophique inachevé)
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C'Ă©tait aussi jour de lessive, et dans les cours les gens Ă©tendaient leurs caleçons sur les cordes Ă  linge pour profiter du soleil. Partout les poulies grinçaient et la chanson sĂ©duisait les mouettes qui s'envolaient des poubelles pour rappliquer en vitesse vers les cordes. Rendues Ă  destination les plus bĂȘtes draguaient les poulies, mais la plupart restaient sur les poteaux et riaient de voir tous ces caleçons sans humains Ă  l'intĂ©rieur. D'autres encore restaient indiffĂ©rentes parce qu'au fond un caleçon sans personne dedans c'est comme un homme ou une femme sans famille, ça flotte au vent et c'est tout.
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Jean-François Beauchemin (Garage Molinari (Littérature d'Amérique) (French Edition))
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Au moment oĂč ma conscience revient, il y a toujours quelques secondes pendant lesquelles je ne fais que respirer et apprĂ©cier l’instant, au chaud dans mon lit. En plus, s’il y a un rayon de soleil, je suis presque en extase, Ă  la puissance 10. Pendant ce bref laps de temps, je n’ai pas de nom, pas de passĂ©, pas d’avenir.
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Jean-Philippe Touzeau (La femme sans peur 1)
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Quelle diffĂ©rence cela faisait-il qu’ils soient heureux ou malheureux, qu’ils agissent bien ou mal, quand le soleil et la lune continuaient Ă  se lever au mĂȘme rythme, avec ou sans eux ?
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Elif Shafak (L'Architecte du sultan)
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À l’image du soleil qui brille de maniĂšre Ă©gale sur les « bons » comme sur les « mĂ©chants », sur un paysage magnifique comme sur un tas d’ordures, l’impartialitĂ© s’étend Ă  tous les ĂȘtres sans distinction. Lorsque la compassion ainsi conçue se porte sur une personne malfaisante, elle ne consiste pas Ă  tolĂ©rer, encore moins Ă  encourager par l’inaction son attitude malveillante et ses actes nuisibles, mais Ă  considĂ©rer cette personne comme gravement malade ou atteinte de folie, et Ă  souhaiter qu’elle soit libĂ©rĂ©e de l’ignorance et de l’hostilitĂ© qui l’habitent. Autrement dit, il ne s’agit pas de contempler les actes nuisibles avec Ă©quanimitĂ©, voire avec indiffĂ©rence, mais de comprendre qu’il est possible d’éradiquer leurs causes comme on peut Ă©liminer les causes d’une maladie.
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Matthieu Ricard (Plaidoyer pour l'altruisme: La force de la bienveillance)
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La coutume voulait qu’autrefois le soleil ne se couche pas sans que quelques MostaganĂ©mois soient passĂ©s par le relais de diligences, puis plus tard par la gare, pour vĂ©rifier qu’il n’y avait pas lĂ  un Ă©tranger Ă©garĂ© sans couvert ni logis pour la nuit. C’est toujours vrai aujourd’hui pendant la pĂ©riode du RamadĂąn
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Khaled Bentounes (La Fraternité en héritage: Histoire d'une confrérie soufie)
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Mais si c'Ă©tait l'exil, dans la majoritĂ© des cas c'Ă©tait l'exil chez soi. Et quoique le narrateur n'ait connu que l'exil de tout le monde, il ne doit pas oublier ceux, comme le journaliste Rambert ou d'autres, pour qui, au contraire, les peines de la sĂ©paration s'amplifiĂšrent du fait que, voyageurs surpris par la peste et retenus dans la ville, ils se trouvaient Ă©loignĂ©s Ă  la fois de l'ĂȘtre qu'ils ne pouvaient rejoindre et du pays qui Ă©tait le leur. Dans l'exil gĂ©nĂ©ral, ils Ă©taient les plus exilĂ©s, car si le temps suscitait chez eux, comme chez tous, l'angoisse qui lui est propre, ils Ă©taient attachĂ©s aussi Ă  l'espace et se heurtaient sans cesse aux murs qui sĂ©paraient leur refuge empestĂ© de leur patrie perdue. C'Ă©tait eux sans doute qu'on voyait errer Ă  toute heure du jour dans la ville poussiĂ©reuse, appelant en silence des soirs qu'ils Ă©taient seuls Ă  connaĂźtre, et les matins de leur pays. Ils nourrissaient alors leur mal de signes impondĂ©rables et de messages dĂ©concertants comme un vol d'hirondelles, une rosĂ©e de couchant, ou ces rayons bizarres que le soleil abandonne parfois dans les rues dĂ©sertes. Ce monde extĂ©rieur qui peut toujours sauver de tout, ils fermaient les yeux sur lui, entĂȘtĂ©s qu'ils Ă©taient Ă  caresser leurs chimĂšres trop rĂ©elles et Ă  poursuivre de toutes leurs forces les images d'une terre oĂč une certaine lumiĂšre, deux ou trois collines, l'arbre favori et des visages de femmes composaient un climat pour eux irremplaçable.
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Albert Camus (The Plague)
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Working on a shoestring, which in my case is more often a matter of circumstance than of choice, never appeared to me as a cornerstone for aesthetics, and Dogme-type stuff just bores me. So it’s rather in order to bring some comfort to young filmmakers in need that I mention these few technical details: The material for La Jetee was created with a Pentax 24x36, and the only “cinema” part (the blinking of the eyes) with an Arriflex 35mm film camera, borrowed for one hour. Sans Soleil was entirely shot with a 16mm Beaulieu silent film camera (not one sync take within the whole film), with 100-foot reels – 2'44" autonomy! –and a small cassette recorder (not even a Walkman; they didn’t exist yet). The only “sophisticated” device – given the time – was the spectre image synthesizer, also borrowed for a few days. This is to say that the basic tools for these two films were literally available to anyone. No silly boasting here, just the conviction that today, with the advent of computer and small DV cameras (unintentional homage to Dziga Vertov), would-be directors need no longer submit their fate to the unpredictability of producers or the arthritis of televisions, and that by following their whims or passions, they perhaps see one day their tinkering elevated to DVD status by honorable men.
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Chris Marker
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En 1871, Louis Figuier publie Le Lendemain de la mort ou la vie future selon la science, un gros volume dans lequel il se propose de dĂ©montrer scientifiquement l'immortalitĂ© de l'Ăąme! Selon lui, le corps et la pensĂ©e (ou l'Ăąme) sont deux entitĂ©s distinctes. Puisque d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre, la matiĂšre ne disparaĂźt pas et ne fait que changer d'Ă©tat, il en est de mĂȘme pour la pensĂ©e: 'Comme la matiĂšre, ell doit se transformer, sans jamais se dĂ©truire.' Il balaie donc tous les 'traitĂ©s de l'Ăąme' Ă©crits depuis l'AntiquitĂ©, puisque ce 'fait de l'immortalitĂ©' est 'Ă©vident pour lui-mĂȘme'. Le vrai problĂšme, c'est ce que devient l'Ăąme aprĂšs la mort: 'Il nous importerait fort peu, au fond, que l'Ăąme fĂ»t immortelle ou non, si notre Ăąme, Ă©tant rĂ©ellement, indestructible et immortelle, allait servir Ă  un autre que nous-mĂȘmes, ou seulement, si revenant en nous, elle ne conservait point la mĂ©moire de son passĂ©. La rĂ©surrection de l'Ăąme, sans la mĂ©moire du passĂ©, serait un vĂ©ritable anĂ©antissement, ce serait le nĂ©ant des matĂ©rialistes.' Louis Figuier cherche donc Ă  dĂ©montrer que notre Ăąme nous sera conservĂ©e 'dans l'autre vie'. Selon lui, aprĂšs la mort, elle devient un ĂȘtre surhumain, ce que l'on nomme d'habitude un ange. 'Si l'atmosphĂšre est le milieu, l'habitat, de l'homme, le fluide Ă©thĂ©rĂ© est le milieu, l'habitat, de l'ĂȘtre surhumain. Ce passage successif en deux milieus diffĂ©rents d'un ĂȘtre, qui subit une mĂ©tamorphose quand il pĂ©nĂštre dans le nouveau milieu, n'est pas aussi extraordinaire, aussi anormal, aussi contraire aux lois de la nature, que l'on pourrait le croire.' C'est simplement une mĂ©tamorphose, semblable Ă  celle qui voit 'la larve more et noirĂątre rampant dans la fange des Ă©tangs devenir la gracieuse libellule traversant l'air avec grĂące et vigueur... On peut dire, de ce point de vue, que l'homme est la larve ou la chenille de l'ĂȘtre surhumain.' Cet ĂȘtre va occuper un nouvel humain, dĂšs sa naissance, Ă  moins que l'homme dont il provient n'ait eu une existence vertueuse. Dans ce cas il subit une autre mĂ©tamorphose et se transforme en archange. Louis Figuier dĂ©crit alors un prodigieux cycle thĂ©ologico-Ă©cologique. À la suite d'une sĂ©rie de mĂ©tamorphose qui l'amĂšnent Ă  proximitĂ© du soleil, l'esprit en devient la matiĂšre mĂȘme, qui revient sur Terre sous forme de rayons bienfaisants. Ceux-ci dĂ©posent dans les plantes les germes des Ăąmes qui mĂ»riront ensuite peu Ă  peu, passant des vĂ©gĂ©taux aux animaux infĂ©rieurs, puis aux oiseaux et aux mammifĂšres, jusqu'Ă  l'homme. TrĂšs catholique, Figuier estimait pourtant que cette forme de mĂ©tempsycose Ă©tait bien prĂ©fĂ©rable aux dogmes chrĂ©tiens sur l'enfer et le paradis, qu'il trouvait profondĂ©ment injustes, et donc incompatibles avec la bienveillance divine: 'Le retour Ă  une seconde vie terrestre est, en effet, une punition moins cruelle, plus raisonnable et plus juste que la condamnation aux tourment Ă©ternels. Ici la peine n'est qu'en proportion du pĂ©chĂ©; elle est Ă©quitable et indulgente, comme le chĂątiment d'un pĂšre.' Son livre mis Ă  l'Index par l'Église Catholique, sera rĂ©imprimĂ© dix fois jusqu'en 1904, dix ans aprĂšs la mort de son auteur et, peut-ĂȘtre, sa propre mĂ©tamorphose.
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Jean-Baptiste de Panafieu (MĂ©tamorphoses Deyrolle)
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LibertĂ© Sur mes cahiers d'Ă©colier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige J'Ă©cris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'Ă©cris ton nom Sur les images dorĂ©es Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'Ă©cris ton nom Sur la jungle et le dĂ©sert Sur les nids sur les genĂȘts Sur l'Ă©cho de mon enfance J'Ă©cris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journĂ©es Sur les saisons fiancĂ©es J'Ă©cris ton nom Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'Ă©tang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'Ă©cris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'Ă©cris ton nom Sur chaque bouffĂ©es d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne dĂ©mente J'Ă©cris ton nom Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie Ă©paisse et fade J'Ă©cris ton nom Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vĂ©ritĂ© physique J'Ă©cris ton nom Sur les sentiers Ă©veillĂ©s Sur les routes dĂ©ployĂ©es Sur les places qui dĂ©bordent J'Ă©cris ton nom Sur la lampe qui s'allume Sur la lampe qui s'Ă©teint Sur mes raisons rĂ©unies J'Ă©cris ton nom Sur le fruit coupĂ© en deux Du miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide J'Ă©cris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre Sur ses oreilles dressĂ©es Sur sa patte maladroite J'Ă©cris ton nom Sur le tremplin de ma porte Sur les objets familiers Sur le flot du feu bĂ©ni J'Ă©cris ton nom Sur toute chair accordĂ©e Sur le front de mes amis Sur chaque main qui se tend J'Ă©cris ton nom Sur la vitre des surprises Sur les lĂšvres attendries Bien au-dessus du silence J'Ă©cris ton nom Sur mes refuges dĂ©truits Sur mes phares Ă©croulĂ©s Sur les murs de mon ennui J'Ă©cris ton nom Sur l'absence sans dĂ©sir Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'Ă©cris ton nom Sur la santĂ© revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'Ă©cris ton nom Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis nĂ© pour te connaĂźtre Pour te nommer LibertĂ©
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Paul Éluard
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Je suis nĂ© sur une terre qui comptait deux milliards d'habitants, pour la plupart des paysans qui se nourrissaient eux-mĂȘmes. Je vais mourir alors qu'elle va bientĂŽt en compter 8 milliards. Ce n'est plus la mĂȘme terre
' On ne le ferait pas dĂ©mordre de l'idĂ©e que c'Ă©tait ça aussi qui nous mettait dans le pĂ©trin. L'humanitĂ© prenait trop de place. Elle ne savait pas se satisfaire de peu, et elle ravageait le monde.
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Vincent Message (Les Années sans soleil)
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C’était l’ivresse de trancher, d’un seul coup, tous les liens : rupture brutale et volontaire avec la discipline qu’on vous impose, le pensionnat, vos maĂźtres, vos camarades de classe. DĂ©sormais, vous n’aurez plus rien Ă  faire avec ces gens-là ; rupture avec vos parents qui n’ont pas su vous aimer et dont vous vous dites qu’il n’y a aucun recours Ă  espĂ©rer d’eux ; sentiment de rĂ©volte et de solitude portĂ© Ă  son incandescence et qui vous coupe le souffle et vous met en Ă©tat d’apesanteur. Sans doute l’une des rares occasions de ma vie oĂč j’ai Ă©tĂ© vraiment moi-mĂȘme et oĂč j’ai marchĂ© Ă  mon pas. Cette extase ne peut durer longtemps. Elle n’a aucun avenir. Vous ĂȘtes trĂšs vite brisĂ© net dans votre Ă©lan. La fugue – paraĂźt-il – est un appel au secours et quelquefois une forme de suicide. Vous Ă©prouvez quand mĂȘme un bref sentiment d’éternitĂ©. Vous n’avez pas seulement tranchĂ© les liens avec le monde, mais aussi avec le temps. Et il arrive qu’à la fin d’une matinĂ©e, le ciel soit d’un bleu lĂ©ger et que rien ne pĂšse plus sur vous. Les aiguilles de l’horloge du jardin des Tuileries sont immobiles pour toujours. Une fourmi n’en finit pas de traverser la tache de soleil. 
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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La maladie Docteur, je sens un mal mortel Ici, dans la rĂ©gion de mon ĂȘtre. Tous mes organes me font mal : Le jour, c’est le soleil, La nuit, ce sont la lune et les Ă©toiles. J’ai mal Ă  ce nuage dans le ciel, Que je n’ai mĂȘme pas remarquĂ©, Et je m’éveille tous les matins Avec un goĂ»t d’hiver. C’est en vain que j’ai pris ces remĂšdes : J’ai haĂŻ, aimĂ©, appris Ă  lire Lu quelques livres, CausĂ© aux gens, pensĂ©, ÉtĂ© bon, Ă©tĂ© beau. Tout cela est restĂ© sans effet, docteur, Et j’ai dĂ©pensĂ© en vain beaucoup d’annĂ©es. Je crois ĂȘtre tombĂ© malade de la mort Le jour OĂč je suis nĂ©. (Traduction d’Alain Bosquet)
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Marin Sorescu
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C'est la mÚre qui nous fait naßtre au monde. Lové en son sein, le foetus découvre ses premiÚres sensations, épurées, adoucies. LumiÚres, sons, caresses. Il baigne dans un univers d'éther dont il est le soleil, soudé à une chair qui lui est vouée et dévolue. Le ventre maternel, la matrice. Un état sans conscience, délivré du désir et de la peur.
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Christelle SaĂŻani (LumiĂšre (French Edition))
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je rentre ---------- (grains d’amour tremblements des vagues) allez viens ma belle boire un café jusqu’à ce que ce vent mordant quitte la ville allez viens boire ce jus aux copeaux de chocolat tu es toute glacée et ton foulard est minuscule les chiens aboient et pourtant tu dois être sereine pendant que les voitures passent mais elle s’enveloppait encore et encore dans son petit foulard sans fin ne te perds pas dedans je lui ai dit et doucement je lui ai enserré les épaules et elle a esquissé un sourire doux comme un coucher de soleil qui tombe de fatigue des journaux jaunis volaient dans les rues et au tournant une paire de chaussures grinçait des dents ne regarde pas je lui ai dit le monde est ainsi fait le café n’est plus loin et il y fera chaud elle a acquiescé de sa main gantée je te crois je lui ai dit pour la rassurer allez viens sauter ce fossé par lequel passaient les grecs et les romains de la cité d’autrefois d’un pas leste elle fut de l’autre côté et sur ma rive est restée son odeur laisse le parfum à dieu et vas-y je me suis dit il y a encore deux rues à parcourir comme deux contes de fées voilà on y est le café est bondé on voit comme dans un rêve la buée dans laquelle se drapent les gens tu t’installes ma belle et tu m’appelles quand tu deviens réelle d’ici là je rentre sur la terre ferme d’une nébuleuse molle comme un caramel (traduit du roumain par Radu Bata)
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Mircea Țuglea
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L'honneur que donne l'argent est comme une plante sans racines; certainement celle-ci sÚche quand le soleil ardent s'élÚve ! Mais l'honneur que Jésus-Christ donne à ceux qui croient en Lui, subsiste, et conduit à l'humilité et douceur.
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Bruce Mbanzabugabo
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...le Roi-Soleil, construisant Versailles et obligeant les nobles Ă  le suivre Ă  la Cour, les a enfermĂ©s dans une cage toujours plus stricte de cĂ©rĂ©monies et de petits privilĂšges pour les priver, presque sans qu’ils s’en rendent compte, de leur libertĂ© et mĂȘme, dans la plupart des cas, de la dignitĂ© la plus Ă©lĂ©mentaire. Dans la scĂšne finale, on voit le roi se dĂ©pouiller de tous ses ornements, ses objets de luxe : les habits somptueux n’étaient qu’artifice, des instruments pour lui permettre d’affirmer son pouvoir afin, comme il le dit Ă  son ministre, que chacun dans le royaume dĂ©pende pour toute chose du monarque, comme la nature dĂ©pend en toute chose du soleil.
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Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
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Je pourrais mordre le soleil Pour empĂȘcher le feu de mourir en moi Je pourrais avaler la mer orageuse Pour que ma colĂšre ne reflue pas Je saisirais tous les moyens De te voir sans restriction
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Carol Sansour (A la saison des abricots)
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Rien n’est petit en effet; quiconque est sujet aux pĂ©nĂ©trations profondes de la nature, le sait. Bien qu’aucune satisfaction absolue ne soit donnĂ©e Ă  la philosophie, pas plus de circonscrire la cause que de limiter l’effet, le contemplateur tombe dans des extases sans fond Ă  cause de toutes ces dĂ©compositions de forces aboutissant Ă  l’unitĂ©. Tout travaille Ă  tout. L’algĂšbre s’applique aux nuages ; l’irradiation de l’astre profite Ă  la rose ; aucun penseur n’oserait dire que le parfum de l’aubĂ©pine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet d’une molĂ©cule? que savons-nous si des crĂ©ations de mondes ne sont point dĂ©terminĂ©es par des chutes de grains de sable? qui donc connaĂźt les flux et les reflux rĂ©ciproques de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le retentissement des causes dans les prĂ©cipices de l’ĂȘtre, et les avalanches de la crĂ©ation? Un ciron importe ; le petit est grand, le grand est petit ; tout est en Ă©quilibre dans la nĂ©cessitĂ© ; effrayante vision pour l’esprit. Il y a entre les ĂȘtres et les choses des relations de prodige ; dans cet inĂ©puisable ensemble, de soleil Ă  puceron, on ne se mĂ©prise pas ; on a besoin les uns des autres. La lumiĂšre n’emporte pas dans l’azur les parfums terrestres sans savoir ce qu’elle en fait ; la nuit fait des distributions d’essence stellaire aux fleurs endormies. Tous les oiseaux qui volent ont Ă  la patte le fil de l’infini. La germination se complique de l’éclosion d’un mĂ©tĂ©ore et du coup de bec de l’hirondelle brisant l’Ɠuf, et elle mĂšne de front la naissance d’un ver de terre et l’avĂšnement de Socrate. OĂč finit le tĂ©lescope, le microscope commence. Lequel des deux a la vue la plus grande? Choisissez. Une moisissure est une plĂ©iade de fleurs ; une nĂ©buleuse est une fourmiliĂšre d’étoiles. MĂȘme promiscuitĂ©, et plus inouĂŻe encore, des choses de l’intelligence et des faits de la substance. Les Ă©lĂ©ments et les principes se mĂȘlent, se combinent, s’épousent, se multiplient les uns par les autres, au point de faire aboutir le monde matĂ©riel et le monde moral Ă  la mĂȘme clartĂ©. Le phĂ©nomĂšne est en perpĂ©tuel repli sur lui-mĂȘme. Dans les vastes Ă©changes cosmiques, la vie universelle va et vient en quantitĂ©s inconnues, roulant tout dans l’invisible mystĂšre des effluves, employant tout, ne perdant pas un rĂȘve de pas un sommeil, semant un animalcule ici, Ă©miettant un astre lĂ , oscillant et serpentant, faisant de la lumiĂšre une force et de la pensĂ©e un Ă©lĂ©ment, dissĂ©minĂ©e et indivisible, dissolvant tout, exceptĂ© ce point gĂ©omĂ©trique, le moi ; ramenant tout Ă  l’ñme atome ; Ă©panouissant tout en Dieu ; enchevĂȘtrant, depuis la plus haute jusqu’à la plus basse, toutes les activitĂ©s dans l’obscuritĂ© d’un mĂ©canisme vertigineux, rattachant le vol d’un insecte au mouvement de la terre,subordonnant, qui sait? ne fĂ»t-ce que par l’identitĂ© de la loi, l’évolution de la comĂšte dans le firmament au tournoiement de l’infusoire dans la goutte d’eau. Machine faite d’esprit. En grenage Ă©norme dont le premier moteur est le moucheron et dont la derniĂšre roue est le zodiaque.
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Victor Hugo
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— Je suis un demi-dieu, une divinitĂ© mineure, un archange
 Choisis le terme que tu prĂ©fĂšres. Tu peux t’adresser Ă  moi en m’appelant « maĂźtre », car tu n’as pas le droit de connaĂźtre mon nom. (Il se laissa tomber en position assise.) J’ai choisi cette forme parce qu’elle m’amuse et ne t’effraie pas. Wallie ne fut pas impressionnĂ©. — Pourquoi jouer avec moi ? J’aurais pu croire en toi beaucoup plus tĂŽt si tu t’étais prĂ©sentĂ© sous un aspect plus divin – ou mĂȘme avec un simple halo
 Il avait dĂ©passĂ© les bornes. Les joues de l’enfant se gonflĂšrent sous le coup de la colĂšre. — TrĂšs bien, puisque c’est ton souhait. Voici un petit aperçu. Wallie cria et se couvrit les yeux, mais trop tard. La caverne Ă©tait dĂ©jĂ  brillante, mais elle s’enflamma soudain d’un Ă©clat magnificent aussi aveuglant que celui d’un soleil. L’enfant Ă©tait demeurĂ© un enfant, mais une infime partie de sa divinitĂ© flamboya un bref instant – et ce fut assez pour plonger un simple mortel dans une terreur sans nom. Dans ce fragment de majestĂ©, Wallie vit que l’ñge de cet ĂȘtre dĂ©passait l’imagination – il existait bien avant la formation des galaxies et perdurerait bien aprĂšs la disparition de feux d’artifice aussi Ă©phĂ©mĂšres ; son quotient intellectuel se mesurait en trillions et il Ă©tait capable de connaĂźtre chaque pensĂ©e de chaque crĂ©ature dans l’univers ; sa puissance aurait pu dĂ©truire une planĂšte aussi facilement qu’on se cure les ongles ; comparĂ©s Ă  sa noblesse et Ă  sa puretĂ©, les ĂȘtres humains ressemblaient Ă  des bĂȘtes infĂąmes et inutiles ; rien n’était capable de rĂ©sister Ă  ses objectifs froids et inĂ©branlables ; sa compassion dĂ©passait l’entendement humain et connaissait la souffrance des mortels ainsi que leurs raisons d’ĂȘtre, mais il ne pouvait pas la supprimer sans supprimer l’essence mortelle Ă  la base de cette douleur. Wallie sentit aussi quelque chose de plus profond et de plus terrible encore, une prĂ©sence que nul mot ne pouvait dĂ©crire, mais qu’un mortel aurait apparentĂ©e Ă  l’ennui ou Ă  la rĂ©signation. Il y avait des cĂŽtĂ©s nĂ©gatifs Ă  l’immortalité : le fardeau de l’omniscience et l’absence de futur limitĂ©, plus la moindre surprise, plus de fin mĂȘme aprĂšs la fin des temps, Ă  jamais et Ă  jamais
 Wallie rĂ©alisa qu’il Ă©tait Ă  plat
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Dave Duncan (Le Guerrier de la déesse (La septiÚme épée, #1))
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Abraham fut avant MoĂŻse ; Mohammed dĂ»t par consĂ©quent apparaĂźtre aprĂšs JĂ©sus ; le « cycle miraculeux » allant du SinaĂŻ au Christ se trouve comme encadrĂ© – temporellement parlant – par un autre cycle parallĂšle et d'un caractĂšre trĂšs diffĂ©rent c'est-Ă -dire marquĂ© davantage par la seule VĂ©ritĂ© monothĂ©iste, dans tout ce qu'elle comporte d'absolu et de salvateur par sa nature mĂȘme, et Ă©pris de simplicitĂ© primordiale et de transcendance « platonicienne » ; l'Islam comme l'Abrahamisme sont fondamentalement des religions nomades sans histoire, et brĂ»lĂ©s par ce Soleil divin toujours prĂ©sent et toujours Ă©ternel. Devant ce Soleil, l'homme n'est rien : que le Khalif Omar conquiĂšre une partie du monde antique ou que le ProphĂšte traie sa chĂšvre, revient presque au mĂȘme ; c'est dire qu'il n'y a pas de « grandeur humaine » au sens profane et titanesque, qu'il n'y a donc pas d'humanisme fauteur de vaines gloires ; la seule grandeur admise et durable est la saintetĂ©, et celle-ci appartient Ă  Dieu.
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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Il Ă©tait devenu tout mon monde. Ma raison d’ĂȘtre. Le soleil autour duquel je gravitais. Sans lui,(...) je n’étais plus rien.
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Eva Delambre
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De l'Ă©ternel azure la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poĂ«te impuissant qui maudit son gĂ©nie A travers un dĂ©sert stĂ©rile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermĂ©s, je le sens qui regarde Avec l'intensite d'un remords atterrant, Mon Ăąme vide, OĂč fuir? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mĂ©pris navrant? Brouillards, montez! Versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Qui noiera le marais livide des automnes Et batissez un grand plafond silencieux! Et toi, sors de Ă©tangs lĂ©thĂ©ens et ramasse En t'en venant la vase et les pĂąles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse Les grands trous bleux que font mĂ©chamment les oiseaux. Encor! que sans rĂ©pit les tristes cheminĂ©es Fument, et que de suie une errante prison Èteigne dans l'horreur de ses noires traĂźnĂ©es Le soleil se mourant jaunatre a l'horizon! -Le Ciel est mort. -Vers toi, j'accours! donne, ĂŽ matiĂšre, L'oubli de l'IdĂ©al cruel et du PĂ©chĂ© A ce martyr qui vient partager la litiĂšre Ou le bĂ©tail heureux des hommes est couchĂ©, Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidĂ©e Comme le pot de fard gisant au pied du mur, N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idĂ©e, Lugubrement bĂąiller vers un trĂ©pas obscur. . . En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante Dans les cloches. Mon Ăąme, il se fait voix pour plus Nous faire peur avec sa victoire mĂ©chante, Et du mĂ©tal vivant sort en bleus angĂ©lus! Il roule par la brume, ancien et traverse Ta notive agonie ainsi qu'un glaive sur; Ou fuir dans la rĂ©volte inutle et perverse? Je suis hantĂ©. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur.
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Stéphane Mallarmé
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L'institut sans le SuprĂȘme. La fin d'une Ă©poque, le passage sans transition du Roi-Soleil Ă  la Terreur de Robespierre, en sautant Marie-Antoinette.
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Alessia Gazzola (Un Secret n'est jamais bien gardé)
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The Exotic Erotic Cirque Without moving a single muscle, I sat mesmerized in my seat. At that tender age, I had never observed anything like it. This fervent performance was thirty years before Cirque De Soleil’s human circus made its mark in our popular culture. It was also precisely thirty-two years prior to the last movie Stanley Kubrick directed, “Eyes Wide Shut.” The exotic erotic cirque was already playing at Sfera Mascherata di San Valentino di Conte Mario Conti, and I had the opportunity to witness this spectacular extravaganza first hand. At 2:00 A.M., the night was young. My partners in crime, exploring the upstairs, were The Raven King and The Twins (Oscar and Devaj).
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Young (Unbridled (A Harem Boy's Saga, #2))
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La primautĂ© de l’intention divine — donc du message — dans l’ordre des apparences, implique une consĂ©quence fort paradoxale, mais nĂ©anmoins pertinente, Ă  savoir l’existence d’une « double rĂ©alitĂ© » qui fait penser Ă  la « double vĂ©ritĂ© » des scolastiques. C’est-Ă -dire qu'il faut distinguer, dans certains cas, entre une « rĂ©alitĂ© de fait » et une « rĂ©alitĂ© d’apparence » : que la terre soit ronde et qu’elle tourne autour du soleil, c’est un fait, mais qu’elle soit plate et que le soleil voyage d'un horizon Ă  l’autre, n’en est pas moins, dans l’intention divine, une rĂ©alitĂ© pour nous ; sans quoi l’expĂ©rience de l’homme — crĂ©ature centrale et partant « omnisciente » — ne se bornerait pas, a priori et « naturellement », Ă  ces constatations physiquement illusoires mais symboliquement pleines de sens. Encore que l’illusion physique soit relative, Ă  un certain point de vue, car la terre, pour l’homme, est incontestablement faite de rĂ©gions plates dont seulement la somme — imperceptible aux crĂ©atures terrestres — constitue une sphĂšre ; si bien qu’on devrait dire que la terre est plate et ronde Ă  la fois. Quant au symbolisme traditionnel, il implique une portĂ©e morale, ce qui nous permet de conclure que l’homme n’a droit, en principe et a priori, qu’à une connaissance qu’il supporte, c’est-Ă -dire qu’il est capable d’assimiler ; donc d’intĂ©grer dans la connaissance totale et spirituelle qu’il est censĂ© possĂ©der en sa qualitĂ© d’homo sapiens (19)". 19. Incontestablement, la science moderne regorge de connaissances, mais la preuve est faite que l’homme ne les supporte pas, ni intellectuellement ni moralement. Ce n’est pas pour rien que les Écritures sacrĂ©es sont volontiers aussi naĂŻves que possible, ce qui excite sans doute la moquerie des sceptiques mais n’empĂȘche ni les simples ni les sages de dormir tranquilles.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Soldats de plomb
 Soldats de plomb, ĂŽ, toute mon enfance, quand Hetmans aux cheveux blonds, nous dĂ©ployions une cohue De hĂ©ros immortels, oubliĂ©s dans quelque bahut, De preux sans crainte en immobiles rangs. Et, nous les enfants, avec nos sabres en bois, partions nous quereller En portant comme Ă©tendard des serviettes au soleil flottant. Quel corps Ă  corps, quelle raclĂ©e sous les mĂ»riers du verger ! Et aprĂšs la bataille, combien de morts fuyaient en riant
 Ô ! oĂč donc es-tu, guerre, Ă©poque innocente ! Maintenant la lutte hurle et la blessure dĂ©chirĂ©e se lamente, Et les morts meurent vraiment de leur amour de la patrie. Quel dieu-enfant se penche sur les hommes-jouets, Et le soir, les renversant dans les noirs coffrets, Dans les tranchĂ©es les poupĂ©es de cire ensevelit ?
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Ion Pillat (Monostiches et autres poĂšmes (Litterature roumaine traduite) (French Edition))
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Jour aprĂšs jour, la puanteur disparaĂźt des rues, remplacĂ©e par le suave parfum des fleurs de sophoras. Arrive l'Ă©tĂ©, avec une chaleur normale, un franc soleil baigne toutes les plantes qui croissent, verdoyantes. Dans les champs des environs, les beaux lĂ©gumes poussent Ă  vue d'Ɠil. Une centaine de magnĂ©tophones apparaissent dans les rues de la ville; ils diffusent tous les jours des chansons cĂ©lĂšbres Ă  TaĂŻwan ou sur le continent, sans que l'on sache trĂšs bien si ce sont les chansons populaires qui font se multiplier les magnĂ©tophones ou les magnĂ©tophones qui propagent les chansons. Quand une nouvelle boutique s'ouvre, pour attirer l'attention, elle diffuse Ă  la porte des chansons qui soupirent de façon incongrue sur l'inconstance de l'amour, sans aucun rapport avec le commerce en question MĂȘme dans les cortĂšges de funĂ©railles, on entend des enregistrements de chansons d'amour. Les chansons Ă  la mode ne peuvent Ă©chapper au thĂšme de l'amour, de mĂȘme que la vie des gens ne peut Ă©chapper au sujet de l'amour. Ces chansons d'amour font perdre sa tranquillitĂ© Ă  la petite ville qui devient bruyante. p 153-154
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Wang Anyi (Love in a Small Town)
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« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais. Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais. Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles reprĂ©sentent. Je dormirais peu, je rĂȘverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, Ă  chaque minute nous perdons 60 secondes de lumiĂšre. Je marcherais quand les autres s'arrĂȘteraient, je me rĂ©veillerais quand les autres dormiraient. Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais Ă  plat ventre au soleil, laissant Ă  dĂ©couvert pas seulement mon corps, mais aussi mon Ăąme. Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'ĂȘtre amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'ĂȘtre amoureux ! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre Ă  voler tout seul. Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli. J'ai appris tant de choses de vous les hommes
 J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la maniĂšre d'y arriver. J'ai appris que lorsqu'un nouveau-nĂ© serre pour la premiĂšre fois, le doigt de son pĂšre, avec son petit poing, il le tient pour toujours. J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables Ă  se relever. J'ai appris tant de choses de vous, mais Ă  la vĂ©ritĂ© cela ne me servira pas Ă  grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir. Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses. Si je savais que c'est peut ĂȘtre aujourd'hui la derniĂšre fois que je te vois dormir, je t'embrasserais trĂšs fort et je prierais pour pouvoir ĂȘtre le gardien de ton Ăąme. Si je savais que ce sont les derniers moments oĂč je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais dĂ©jĂ . Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilitĂ© pour faire les choses bien, mais au cas oĂč elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais. Le lendemain n'est sĂ»r pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux. C'est peut ĂȘtre aujourd'hui que tu vois pour la derniĂšre fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut ĂȘtre demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu Ă©tais trop occupĂ© pour accĂ©der Ă  un de leur dernier dĂ©sir. Garde ceux que tu aimes prĂšs de toi, dis-leur Ă  l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensĂ©es secrĂštes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer. Dis Ă  tes amis et Ă  ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi. Monsieur MĂĄrquez a terminĂ©, disant : Envoie cette lettre Ă  tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passĂ©. Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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Il te semble que tu pourrais passer ta vie devant un arbre, sans l'Ă©puiser, sans le comprendre, parce que tu n'as rien Ă  comprendre, seulement Ă  regarder : tout ce que tu peux dire de cet arbre, aprĂšs tout, c'est qu'il est un arbre ; tout ce que cet arbre peut te dire, c'est qu'il est un arbre, racine, puis tronc, puis branches, puis feuilles. Tu ne peux en attendre d'autre vĂ©ritĂ©. L’arbre n’a pas de morale Ă  te proposer, n’a pas de message Ă  te dĂ©livrer. Sa force, sa majestĂ©, sa vie — si tu espĂšres encore tirer quelque sens, quelque courage, de ces anciennes mĂ©taphores — ce ne sont jamais que des images, des bons points, aussi vains que la paix des champs, que la traĂźtrise de l'eau qui dort, la vaillance des petits sentiers qui grimpent pas bien haut mais tous seuls, le sourire des cĂŽteaux oĂč les grappes mĂ»rissent au soleil.
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Georges Perec
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Mais il faut la quitter. La lune doit se coucher. Le soleil, ce 16 novembre, se lĂšve sur notre nouvel "il Ă©tait une fois...". L'histoire d'un pĂšre et d'un fils qui s'Ă©lĂšvent seuls , sans l'aide de l'astre auquel ils ont prĂȘtĂ© allĂ©geance.
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Antoine Leiris (Vous n'aurez pas ma haine)
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Impossible de décrire ce sourire-là sans plonger dans le monde merveilleux des vieux standards de bal musette. Dedans il y avait du soleil, des fraises des bois, des gazouillis d'oiseaux et des reflets sur un lac de montagne.
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Katarina Mazetti (Benny & Shrimp)
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À une soie Je te revois tendue et sans vent dans les ombres Propice et large soie Ă©talĂ©e sans un pli Tendre comme un discours de musique profonde Et suave de trois cruautĂ©s agrandies. Le morceau appelant mon cƓur Ă©tait le rouge Non pas rouge mais rose en pĂ©tales sĂ©chĂ©s Non pas de fleurs mais par angoisse un peu lilas Des tons exquis du sang longtemps assassinĂ© De Marat. Et le blanc portait comment un soleil Le reflet jaunissant des plus calmes peintures La douceur de la mort Et le travail de lui l’huile Ă  des couchants vermeils. Le bleu seul Ă©tait dur comme les yeux des airs L’opaque ciel qui tient la majestĂ© divine PrisonniĂšre en lui ainsi qu’au premier jour Le ciel terrible et pur Ă  la hampe guerriĂšre. Mais surtout la Parole en sortait la criante La violente importante et parole d’effroi Ou parole d’amour lue la premiĂšre fois À haĂŻr, adorer, Ă  laisser ou Ă  prendre. La parole adorĂ©e dans des lettres dorĂ©es Qui font relief en trĂ©buchante maladresse Qui hĂ©sitent comme en souffrant À retourner d’un soc le monde labourĂ©. Paroles feu riant ! Perspectives humaines Ouvertes par les mots Ă©tranges d’un enfant Et l’histoire achevĂ©e les pierres calcinĂ©es À remettre en poussiĂšre et jeter sur les chaĂźnes ! La parole pour plaire Ă  Dieu disait Justice Sur les bois engluĂ©s d’un holocauste fort L’honneur avait rempli le sacrifice Et le drapeau disait : LibertĂ© ou la Mort.
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Pierre Jean Jouve
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Violettes sauvages La fĂ©e du printemps, cette annĂ©e aussi, de banalitĂ©s plein le sac, s’est prĂ©sentĂ©e, malgrĂ© cela, nous nous sommes rĂ©jouis comme si pour la premiĂšre fois elle Ă©tait arrivĂ©e. En me grondant moi-mĂȘme, enfin, car je risquais d’abĂźmer mes souliers dans la boue, je suis allĂ©e voir quelles fleurs Ă©taient en train d’éclore dans le vaste parc, tout prĂšs de chez nous. C’était depuis longtemps que je n’avais plus senti ce dĂ©sir de vivre, cette hĂąte fĂ©brile, j’avais l’impression que sous mes pieds a frĂ©mi la terre que le soleil saurait rendre fertile. Les arbres nus me semblaient tout Ă  fait charmants, j’aurais voulu les prendre dans mes bras, les [embrasser]. Je passais prĂšs d’eux, comme ça, auparavant, autant de fois, mais sans vraiment les regarder. Difficile Ă  dire pourquoi Ă©tait si beau le ciel bleu comme les robes dont se lavent les couleurs, je l’ai regardĂ©, la tĂȘte renversĂ©e vers le dos, et je l’ai trouvĂ© absolument enchanteur. Ensuite, j’ai dĂ©couvert les violettes sauvages, prĂšs d’un chĂȘne : elles Ă©taient dĂ©licates et bleues, des miettes de ciel dont le printemps de passage nous fait don, parmi les troncs ombrageux. Le cƓur battant vite, je me suis inclinĂ©e, j’étais sur le point de toucher Ă  leurs feuilles, et je ne sais pourquoi, par l’esprit m’est passĂ©e l’idĂ©e que le verre n’est pour elles qu’un cercueil. Vers la maison, je suis revenue, les pas alourdis par un fatiguĂ© bonheur, et si mes mains Ă©taient aussi vides qu’au dĂ©but, j’avais des violettes sauvages dans le cƓur. (traduit par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos
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Nous sommes seulement quatorze, mais nous sommes portĂ©s par des milliers et sans doute par des millions d’hommes. Pour nous protĂ©ger, des groupes de combat veillent sur tous les accĂšs qui mĂšnent Ă  cette retraite. Et se feront tuer avant que de laisser arriver jusqu’à nous. Cependant, personne ici n’a l’orgueil ni mĂȘme le sentiment de la puissance. Nous savons que nos soldats changent cent fois de nom et qu’ils ne possĂšdent ni abri ni visage. Ils vont en secret dans des chaussures informes sur des chemins sans soleil et sans gloire. Nous savons que notre armĂ©e est famĂ©lique et pure. Qu’elle est une armĂ©e d’ombres. L’armĂ©e miraculeuse de l’amour et du malheur. Et j’ai pris conscience ici que nous Ă©tions seulement les ombres de ces ombres et le reflet de cet amour et de ce malheur. Cela surtout, Gerbier, valait la peine.
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Joseph Kessel (L'Armée des ombres)
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Nous mourons pour ne plus mourir nous mourons pour ne plus mourir et nous brĂ»lerons tout entiers sur le bĂ»cher de l’ensoiffement devenus corps immolĂ©s de mystĂšre nous consumant-en-esprit pour ĂȘtre vivants toujours nous mourons vers la vie ou nous mourons vers la mort se flĂ©trissent et meurent, je ne chanterai pas je ne chanterai jamais les feuilles d’automne elles qui se flĂ©trissent et meurent automne des choses ni le jour oĂč les Ă©toiles s’effondreront dans un temps Ă  elles au-dessus de l’abĂźme ces choses-lĂ  ne sont pas celles que j’aimerai et dĂ©sirerai pour mon Ăąme l’éclat des pierres, ni la louange ni les vagues qui sont mortes, demeures des morts lorsqu’une Égypte de pierre Ă©lĂšve d’immenses sarcophages sans rien de plus prĂ©cieux que les pas sur les sables c’est une douleur assurĂ©ment de l’échec Comme si le corps qui souffre et pleure s’il Ă©tait immense, de granite devenait Ă©ternel comment pourrions-nous nous abuser quand mĂȘme ceux qui travaillaient dans le dĂ©sert ne croyaient plus et savaient savaient qu’ils bĂątissaient une ruine dans la voluptĂ© de la mort Égypte de la peur II mais voilĂ  la Parole qui ne s’est jamais couchĂ©e se montre aux dĂ©butants sous la figure d’un esclave et d’un pĂšre Ă  ceux qui peuvent la suivre sur la montagne haute de sa transfiguration en vĂ©ritĂ© et en vie Quand la parole se montre en nous tellement illuminante, tellement claire et Son visage Ă©clate comme le soleil alors ses vĂȘtements deviennent blancs et les vĂȘtements sont la parole de l’Évangile de la victoire absolue sur la mort. (p. 85 et 87)
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Daniel Turcea (L'Épiphanie)
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Le sentier est, peut-ĂȘtre, le premier tĂ©moignage de la place que l’homme allait prendre dans l’univers, et, dans les temps les plus reculĂ©s, il Ă©tait probablement riche de significations importantes. Avec lui, l’errance et le chaos prenaient fin, pour faire place Ă  une Ăšre nouvelle, celle de la certitude. De la grotte Ă  la riviĂšre, et de la riviĂšre Ă  la grotte, une gĂ©nĂ©ration finit par coucher l’herbe, et les suivantes hĂ©ritĂšrent du sentier battu, et le conservĂšrent, comme un trĂ©sor lĂ©guĂ© par les ancĂȘtres. Aujourd’hui encore, au fond des bois dans lesquels le rĂšgne des temps immĂ©moriaux n’a pas Ă©tĂ© troublĂ©, rien n’a autant d’importance que cette corde poudreuse, la seule capable de chasser des cƓurs l’inquiĂ©tude et la peur de s’égarer. Pour les premiers hommes, mis brusquement face Ă  l’immensitĂ© et Ă  l’énigme de l’espace, le sentier a dĂ» ĂȘtre plus important que la hache ou que l’arc pour la chasse. Telle une liane infinie, il liait un horizon Ă  un autre, permettant aux hommes de s’agripper les uns aux autres, pour ne pas sombrer dans l’inconnu, comme dans un gouffre sans fond. À des Ă©poques totalement oubliĂ©es, un sentier aura signifiĂ© toute une civilisation. Une civilisation pour la conquĂȘte de laquelle de nombreuses gĂ©nĂ©rations d’hommes et de femmes, dont personne ne se rappelle plus l’origine, n’ont cessĂ© de durcir la plante de leurs pieds en parcourant des sols vierges et rudes. MillĂ©naire aprĂšs millĂ©naire, Ăšre aprĂšs Ăšre, des tribus et des peuplades ont parcouru la terre de long en large, guidĂ©es par le soleil et les Ă©toiles, jusqu’à ce qu’elles eussent rĂ©ussi Ă  la marquer de l’empreinte de leurs pieds, imprimant en elle les mĂ©ridiens de leur audace et de leur opiniĂątretĂ©. (traduction Dolores Toma)
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Geo Bogza (Cartea Oltului)
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Entrez, (m'sieur) dans l'humanité Entrez, m'sieur dans l'humanité! Gagnez la foire aux vanités Hùtez-vous, préparez vos glandes Bousculez femmes et enfants Réclamez vos dividendes Faites main basse sur les premiers rangs Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! Les langes noués, les lits défaits Amours de pissotiÚre Ou coeurs purs à la boutonniÚre Vautrez-vous en simple appareil Choisissez votre place au soleil Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! L'échelle est mise, les crasses permises Les dents longues, le sourire douillet Laissez vos frÚres dans la mouise Vous serez sans inconvenance Tartempion, roi de la finance Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! Le genou sur un prie-Dieu
 (chanson sur une musique de Jacques Dutronc)
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Linda LĂȘ
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La rive bleue Dans la chambre parmi les journaux venus de rĂ©gions lointaines doux animal homme merveilleux tu t'aimes assis sur le bord du lit les mains sur les genoux ou encore libĂ©rĂ© de naĂźtre et de mourir tu caresses ta joue de pierre ponce jusqu'Ă  ce que le soleil passe de l'autre cĂŽtĂ© prĂšs de la radieuse photo du gosse qui fait pipi sur une rive bleue Alors tout revient tout se regroupe comme en un brouillard de feu oĂč se refont les choses parmi les obscures plantations du hasard Tandis que tout prĂšs de lĂ  une femme Ă©tend avec soin les vĂȘtements de son amant noyĂ© et leur parle celle-lĂ  mĂȘme qui te cherche dans les ossements noirs des vanesses Et pendant que tu erres dans les brumes d'une forte virilitĂ© prĂšs des avirons oubliĂ©s sur la taupiniĂšre fraĂźche ou que tu regardes osciller les deux pieux fichĂ©s dans la berge ou qu'allongĂ© sur le sol tu sens le vent couvrir ton visage de chardons venu on ne sait d'oĂč une grande tristesse ramĂšne le paysage lunaire de ses Ă©paules lasses il n'y a plus de mots ses murmures se posent partout remplissent le silence dĂ©chirĂ© par le cri du train ils sont l'eau qui demeure dans l'empreinte des pas depuis la derniĂšre averse mais il suffit d'un bruit de clĂ© dans la serrure pour te faire entendre le temps couler sans hĂąte le long de tes chaussettes humides ou la pesante respiration des racines et tu recommences Ă  rĂȘver Ă  la rive bleue du bout du fleuve sur laquelle nous ruminons notre dĂ©laissement fĂ©erique (p. 17 et 19)
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Gellu Naum (Partea cealaltă)
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D’une prison Ă  l’autre, le mitard se prĂ©sentait diffĂ©remment. Celui de Ghencea Ă©tait une simple et redoutable guĂ©rite : surchauffĂ©e en Ă©tĂ©, parce que en plein soleil (une fois, ils y ont entassĂ© dix ou douze tsiganes : la guĂ©rite a fini par tomber, et les femmes y sont restĂ©es ainsi, couchĂ©es en sandwich, une journĂ©e entiĂšre...), elle se transformait, l’hiver, en congĂ©lateur. Debout, Ă  trois, nous y Ă©tions Ă  l’aise, mais nous ne pouvions nous asseoir que deux par deux. De toute façon, il faisait beaucoup trop froid, nous ne pouvions pas rester sans bouger. Au-dessus de nous, un mirador.
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Oana Orlea (Les années volées: Dans le goulag roumain à 16 ans (French Edition))
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J’attends l’an premier J’attends l’an premier d’une autre Ăšre, l’an de la paix sur la terre. On aura dĂ©moli les grands abattoirs de l’Histoire. Mon cƓur murmure dĂ©jĂ  : « FrĂšre, pardonne-moi cet hĂ©ritage de haine, et au nom de la souffrance humaine, prends ma main, frĂšre. Moi aussi j'ai mordu la poussiĂšre et j'ai pleurĂ©. Tous les miens morts, Ă©teint le feu du foyer, dans mon incendiĂ©e patrie
 Aurore Ă©trange, le sang avait lui, Les uns aprĂšs les autres, les horizons tombĂšrent devant moi et derriĂšre. Je franchissais les confins, des riviĂšres et des monts. Et personne n’était plus grand que les grands soldats sans noms. Nous nous frayions une voie Ă  travers les foules grises qui se retiraient, effrayĂ©es, comme l’eau. Les obus tuaient et creusaient du mĂȘme coup le tombeau de la mĂšre et de l’enfant. Et la mort, comme un revenant, traversait les champs dĂ©sertĂ©s. Et cependant, le yacht aux ponts dorĂ©s par le soleil du Midi, comme un oiseau sans tache, flottait. Le milliardaire fumait sa havane: « Ô monde merveilleusement rĂ©glĂ© ! » (Un ver qui grossit dans la plaie qu’il profane, de l’humanitĂ© toujours dans le sang
) FrĂšre, n’ayons plus de ressentiments ni de rĂȘves chauvins. Comme moi, tu travailles de tes mains. Tu laboures la terre. Peut-ĂȘtre, tu Ă©cris. Il y a des foyers pauvres en d’autres lieux aussi. Sur ton visage, je comprends sans mots que tu te rĂ©veilles chaque jour trĂšs tĂŽt, et couches tard chaque soir. Donne-moi ta main, sors de ton cercueil, dĂ©molissons les historiques abattoirs, regarde : le soleil sur le seuil
 (traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos (Cantarea muntilor)
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Mon peuple fantĂŽme (poĂšme d'Ilarie Voronca) Entre mer et terre. Entre pierres et ciel. Avec le pain jaune de la route. Avec le vin rouillĂ© de la forĂȘt VoilĂ  mon ouvrage accompli. Et les outils de travail Sont devenus des instruments de musique. C’est ainsi Qu’à travers la flamme de la mĂ©moire les objets se changent en paroles. Sur le promontoire, ici, dernier vestige de l’homme. Rencontre. Le vent jette dans l’écume ses Ă©pĂ©es d’eaux. Solitude coupĂ©e gĂ©omĂ©triquement par les oiseaux Qu’ici donc les visages de la vie se montrent. Le soleil tombĂ© dans mon Ɠil salĂ©. Face Aux algues chevelues et aux cortĂšges de poissons Mon visage fĂȘlĂ© par le vent comme le bord d’une tasse, Sur mes lĂšvres serrĂ©es : aube ou crĂ©puscule comme un son. Sans filets, sans armes De chasse. CollĂ© aux rochers. Vers le Sud Les aigles d’écumes. Seul avec mon travail accompli entre terre et larmes. Les cannes Ă  pĂȘche sont devenues des harpes. Les fusils des flĂ»tes. Mais le cƓur est la barque Ă©ternelle d’Ulysse Qui touche dans son rĂȘve tant d’üles, Dans les veines, de nouveaux archipels surgissent, Une parole, un rire, font naĂźtre une ville. LĂ  sur le promontoire j’attendais ces passages D’üles : oiseaux Ă©tranges jaillis d’entre les cordes Je te reconnaĂźtrai fantĂŽme entre ces bĂąches Des terres nomades. LĂ  prĂšs du Peuple Ă©tranger dont la patrie est morte Est ma place. LĂ  sur l’Ile fantĂŽme Je viendrai avec mes instruments de musique. Avec ma journĂ©e accomplie. Temps d’exil ? Non. Fuite Ă  travers les glaciers du sommeil ? Non. Le ver de la souffrance tordu dans la pomme de cette blessure. Mais jusqu’alors : sans armes, sans outils, sur cette Pierre : extrĂȘme limite du continent Entre rochers et flots qui rejettent Le lait blanc de l’écume jusqu’à ma faim, jusqu’au vent, Ici. Loin de l’homme implacable. Loin Des distributeurs de terre. Sans retour. Sans fuite. La voix oubliĂ©e en moi comme une lettre dans un livre J’attends mon peuple fantĂŽme, mon Ăźle-fantĂŽme.
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Ilarie Voronca
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La transpiration de l’ñme CĂŽtoyer les arbres et leur mĂ©moire, le vent et les tempĂȘtes, les lumiĂšres et les ombres, puis les sons convaincants simplement pour me nourrir. Je marche sans mesure et sans intention. Ces errances m’offrent toujours cette conscience d’exister. Sans rien attendre, je continue. Les chemins et les routes me dĂ©plaisent. C’est lĂ -bas, au fond de la forĂȘt que je souhaite dessiner. Ce dessin, ce grand dessin sera offert au vent, au soleil, Ă  l’hiver comme aux parfum des saisons pour plusieurs annĂ©es. Ce dessin comme une lettre, une missive sans destinataire, dĂ©posĂ©e lĂ , au milieu des arbres immenses. De mes errements et de mes hĂ©sitations vont surgir des formes des images. Je ne garderai de ces traces que quelques bonheurs, des signaux, des sentiments profonds. Les moments les plus riches sont ceux qui m’échappent, ceux que je dĂ©couvre. Le dessin et la peinture sont issus de cette transpiration de l’ñme. (Charles Belle, le 22 fĂ©vrier 2022)
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MBA Besançon (Charles Belle)
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI) La disette a tuĂ© toute brise de vent. Le soleil s’est fondu et coulĂ© de partout. Le ciel est restĂ© vide et brĂ»lant Les seaux ne tirent des fontaines que de boue. Sur les bois frĂ©quemment feux, toujours feux Dansent sauvages, sataniques jeux. Je poursuis papa en route vers les buttes, Les chardons, les sapins m’écorchent sĂ©chĂ©s. Tous les deux commençons la poursuite des chĂšvres, La chasse d’la famine en montagnes de tout prĂšs. La soif m’accable. Bouillit sur la pierre Le fil d’eau filtrĂ© des ruisseaux. La tempe pĂšse l’épaule, comme si j’erre Une autre planĂšte, immense, Ă©trange, ennuyeux. Nous restons dans l’endroit oĂč encore retentissent Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux. Quand la lune s’élĂšve et le soleil se couche Ici viendront Ă  la fil s’abreuver Une par une, les biches. Je dis Ă  papa que j’ai soif. Il me fait signe de m’ taire. Enivrante eau. Comme tu t’agites limpide ! Je suis liĂ© par soif de cette ĂȘtre qui meurt À l’heure fixĂ© par loi et habitude. La vallĂ©e raisonne en bruissements flĂ©tris. Quel affreux crĂ©puscule flotte dans l’univers ! Le sang Ă  l’horizon. Ma poitrine rouge comme si J’ai essuyĂ© mes mains sur mon poitrail. Comme sur autel fougĂšres brĂ»lent en flammes violĂątres Et les Ă©toiles frappĂ©es parmi celles-ci miroitent. HĂ©las ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas Superbe offrande de mon noble bois ! Elle se monta sautant et s’arrĂȘta Scrutant les alentours avec de crainte Ses minces narines faisaient frĂ©mir l’eau Avec les cercles en cuivre errantes. Dans ses yeux moites brillait un certain indĂ©cis Je savais qu’elle aura mal, qu’elle va mourir. Il me semblait revivre un rĂ©cit Avec la biche, jadis une trĂšs belle fille. D’en haut, la pĂąle lumiĂšre, lunaire, Bruinait sur sa fourrure douces fleurs d’cerisier. HĂ©las ! comme je voudrais que pour la premiĂšre fois Le coup d’fusil d’papa va Ă©chouer. Mais les vallĂ©es rĂ©sonnent. Elle tombe Ă  genoux. Elle lĂšve sa tĂȘte, la tourne vers les Ă©toiles La dĂ©vala alors, en dĂ©clenchant sur eaux Fuyards tourbillons de perles noires. Un oiseau bleu bonda dans les rameaux La vie d’la biche vers l’espace attardĂ© Vola trĂšs lentement, en cris, comme en automne oiseaux Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagĂ©s. En chancelant je suis allĂ© pour lui fermer Ses yeux ombreux comme en engoisse veillĂ©s de cornes Silencieux et blanc j’ai tressailli quand l’pĂšre Me dit de tout son cƓur: “VoilĂ  de la viande !” “J’ai soif”, je dis. Papa m’incite Ă  m’abreuver. Enivrante eau, enveloppĂ© en brume ! Je suis liĂ© par soif de cette biche gaspillĂ©e A l’heure fixĂ©e par loi et par coutume
 Mais la loi nous est dĂ©serte, Ă©trangĂšre Quand la vie en nous trĂšs difficile s’anime Coutumes, compassions sont toutes dĂ©sertes Quand mĂȘme ma sƓur malade est une des victimes. La carabine d’ papa n’ Ă©mane que de fumĂ©e HĂ©las ! Sans vent s’empressent les feuillages en foule Papa prĂ©pare un feu tout effrayĂ© HĂ©las ! comme la forĂȘt se dĂ©nature ! De l’herbe, sans adresse, je prends en mains Une mince clochette d’un cliquetis argentin . Papa tire de la broche avec sa main Le cƓur de la chevreuil et ses chauds reins. C’est quoi le cƓur ?
 J’ai faim. Je veux vivre, j’ voudrais
 Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimĂ©e
 J’ai sommeil
 Comme il est haut le feu ! Et la forĂȘt sauvage ! Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mange
 1954 (cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae LabiƟ (Poezii (Biblioteca Eminescu) (Romanian Edition))
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la pluie comme le soleil, les temps oĂč l’on peine sur les devoirs comme les temps de rĂ©crĂ©ation... L’un ne va pas sans l’autre. Bref, depuis cette maladie, je me plains beaucoup moins... mais cela m’arrive encore, et mĂȘme peut-ĂȘtre trop souvent, me dit maman ! Pourtant quelque chose a changé : dans ces moments-lĂ , je repense Ă  tout ce que j’ai appris, couchĂ©e sur mon lit Ă  onze ans... et je me remets alors Ă  sourire Ă  la vie !
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Marc Thil (Histoires Ă  lire le soir 2 (French Edition))
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Lui dire le matin, le soir, la nuit, la poĂ©sie, l'amour que le soleil a versĂ© dans son cƓur, lui dire sa gaĂźtĂ©, ses langueurs, sa folie, et sans jamais rien quĂ©mander, s'envoler.
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Burnat-provins Marguerite (Vous)
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C'est facile de se dorer au soleil, moins de profiter de la pluie. Pourtant, l'un ne va pas sans l'autre. Le temps change. La tristesse et le bonheur ont le droit au mĂȘme temps d'Ă©cran mental.
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Tom Felton (Beyond the Wand: The Magic & Mayhem of Growing Up a Wizard)
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Vous vous demandez, avec un doute plein de terreur, si c’est vous qui ĂȘtes sans yeux ou si c’est le monde qui est sans soleil. Question terrible. Chacun se la pose. Personne ne rĂ©pond.
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Victor Hugo (Choses Vues 1830-1848)
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Je ne te laisserai plus jamais tomber. Je veux ĂȘtre prĂ©sente pour toi chaque seconde et je veux que chaque seconde passĂ©e ensemble compte. Je veux me gorger de tes rires et essuyer tes larmes. [...] Je ne pourrais plus vivre sans toi : tu es mon soleil et mon espoir, ma principale raison de me battre. Un fait ne changera jamais... L'amour absolu que j'Ă©prouve pour toi. Je t'aime, Aube. C'est la seule chose immortelle chez moi. Personne ne me l'enlĂšvera, pas mĂȘme la Mort.
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Anna Triss (La Guerre céleste, Partie 1 (La Guilde des ombres #3A))
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La mort du concierge, il est possible de le dire, marqua la fin de cette pĂ©riode remplie de signes dĂ©concertants et le dĂ©but d’une autre, relativement plus difficile, oĂč la surprise des premiers temps se transforma peu Ă  peu en panique. Nos concitoyens, ils s’en rendaient compte dĂ©sormais, n’avaient jamais pensĂ© que notre petite ville pĂ»t ĂȘtre un lieu particuliĂšrement dĂ©signĂ© pour que les rats y meurent au soleil et que les concierges y pĂ©rissent de maladies bizarres. De ce point de vue, ils se trouvaient en somme dans l’erreur et leurs idĂ©es Ă©taient Ă  rĂ©viser. Si tout s’était arrĂȘtĂ© lĂ , les habitudes sans doute l’eussent emportĂ©. Mais d’autres parmi nos concitoyens, et qui n’étaient pas toujours concierges ni pauvres, durent suivre la route sur laquelle M. Michel s’était engagĂ© le premier. C’est Ă  partir de ce moment que la peur, et la rĂ©flexion avec elle, commencĂšrent
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Albert Camus
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Mes hivers monochromes d'aujourd'hui sont peints en noir et blanc. Ce paysage oĂč tout semble avoir pĂ©ri mais qui ressuscite au printemps, ce paysage est quand mĂȘme inondĂ© de soleil et de ciels grecs, d'une lumiĂšre qui guĂ©rit. InfiltrĂ© de couleurs plus subtiles, du calme de la neige et de la beautĂ© qu'elle Ă©tend sans compter.
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Françoise PĂȘtre (Nos mĂšres avant nous)