Sans Famille Quotes

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Mais il y a des moments oĂč le cƓur voit mieux et plus loin que les yeux les plus perçants
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Hector Malot (Sans Famille)
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Comprends aujourd’hui, mon garçon, que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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la moquerie peut avoir du bon pour rĂ©former un caractĂšre vicieux, mais lorsqu’elle s’adresse Ă  l’ignorance, elle est une marque de sottise chez celui qui l’emploie.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Seul le voyage sans billet de retour peut nous sauver de la famille, du sang et de l'esprit de clocher.
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Dany Laferriùre (L'Énigme du retour)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-pÚre, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothÚque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
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Jean-Paul Sartre
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Le monde se retrouvera sans humanité, si nous ne sommes pas disposés à évoluer.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Mais quelle famille solitaire avais-je donc ! J'Ă©tais mĂȘme Ă©bahi que deux de ses membres avaient pu s'assembler pour engendrer les deux suivants. Seulement, des solitaires qui feignent de ne pas l'ĂȘtre... voilĂ  sans doute comment les familles se construisent, et comment la race des gens seuls est devenue si nombreuse.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Les faits ne pĂ©nĂštrent pas dans le monde oĂč vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naĂźtre celles-ci, ils ne les dĂ©truisent pas; ils peuvent leur infliger les plus constants dĂ©mentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succĂ©dant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bontĂ© de son Dieu ou du talent de son mĂ©decin.
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Marcel Proust (Swann’s Way (In Search of Lost Time, #1))
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VoilĂ  bien la famille : mĂȘme celui qui n'a pas sa place dans le monde, qui n'est ni cĂ©lĂšbre ni riche, Ă  qui il n'est venu ni enfants ni idĂ©es, et dont le public ne lira le nom que dans sa notice nĂ©crologique, celui-lĂ , en famille, a pourtant sa place attitrĂ©e. En famille, on est quelqu'un. Vous n'imaginez pas comme Caroline imite bien Chaplin, ni comme Rudi est irritable. Et quel sens de l'humour, dans toute la famille ! Ce qui, partout ailleurs, n'aurait rien d'humoristique dĂ©clenche ici des rires retentissants, on ne saurait dire pourquoi ; c'est drĂŽle, voilĂ  tout, n'est-ce pas l'essentiel en matiĂšre d'humour ? Et puis, tous ceux qui ne sont pas de la famille sont bien plus ridicules qu'ils ne s'en doutent. Dieu les a vouĂ©s Ă  la caricature ; si vous ĂȘtes seul au monde, sans attaches, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r d'ĂȘtre le summum du ridicule pour les diverses familles qui vous observent. Il est vrai que ces qualitĂ©s, comme tout, peuvent ĂȘtre vues sous leur angle nĂ©gatif : la famille a l'esprit plus petit qu'une petite ville. Plus elle est chaleureuse, plus elle se montre dure pour tout ce qui n'est est pas elle, et elle est toujours plus cruelle qu'un ĂȘtre confrontĂ© seul Ă  la souffrance du monde. En cantonnant la gloire dans son cercle restreint, oĂč elle est faceil Ă  atteindre (« gloire de la famille »), elle endort l'ambition. Et parce que tous les Ă©vĂ©nements familiaux suscitent une tristesse plus profonde ou une joie plus Ă©clatante qu'ils ne le mĂ©ritent rĂ©ellement, parce qu'en famille ce qui n'a rien d'humoristique devient de l'humour, et des peines insignifiantes Ă  l'Ă©chelle collective, un malheur personnel, elle est le berceau de toute l'ineptie qui imprĂšgne notre vie publique. Il y aurait encore long Ă  en dire et on l'a dit parfois, mais jamais en des jours comme celui-ci.
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Robert Musil (La maison enchantée)
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Au bout d'un parcours cahoteux, l'appareil décolla et elle ressentit quelque chose d'extraordinaire. Le rugissement du moteur se transforma en bourdonnement et elle eu l'impression de flotter. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils avaient pris de l'altitude et le monde en dessous avait changé de taille. Rassemblés devant la clÎture, toute la famille agitait la main et rapetissait sans cesse. Puis Billy survola la ville direction Milwaukee. Pour Fritzi, ce fut une révélation.
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Fannie Flagg (The All-Girl Filling Station's Last Reunion)
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Je ne vois pas pourquoi l'amour entre une mĂšre et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre, une fois pour toutes, de l'amour, de l'amour prĂ©tendu, de toutes les formes d'amour, mĂȘme de celui-lĂ , pourquoi il faudrait absolument qu'on s'aime, dans les familles et ailleurs, qu'on se le raconte sans cesse, les uns aux autres ou Ă  soi-mĂȘme. Je me demande qui a inventĂ© ça, de quand ça date, si c'est une mode, une nĂ©vrose, un toc, du dĂ©lire, quels sont les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, les ressorts politiques. Je me demande ce qu'on nous cache, ce qu'on veut de nous avec cette grande histoire de l'amour. Je regarde les autres et je ne vois que des mensonges et je ne vois que des fous. Quand est-ce qu'on arrĂȘte avec l'amour ? Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. Je me pose la question.
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Constance Debré (Love Me Tender)
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Un pays exclusivement occupĂ© d'intĂ©rĂȘts matĂ©riels, sans patriotisme, sans conscience, oĂč le pouvoir est sans force, oĂč l'Élection, fruit du libre arbitre et de la libertĂ© politique, n'Ă©lĂšve que les mĂ©diocritĂ©s, oĂč la force brutale est devenue nĂ©cessaire contre les violences populaires, et oĂč la discussion, Ă©tendue aux moindres choses, Ă©touffe toute action du corps politique ; oĂč l'argent domine toutes les questions, et oĂč l'individualisme, produit horrible de la division Ă  l'infini des hĂ©ritages qui supprime la famille, dĂ©vorera tout, mĂȘme la nation,
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Honoré de Balzac (Oeuvres complÚtes: 101 titres La Comédie humaine)
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Te caches-tu de tes enfants et d’Estelle pour me lire, aux toilettes, la nuit trĂšs tard, dĂšs qu’ils ont le dos tournĂ© ? Ou bien tiens-tu Monsieur comme on tient un SAS, nĂ©gligemment, les doigts enduits d’huile solaire ? Suis-je dĂ©jĂ  cornĂ©e, craquelante du sable que tes bambins m’ont envoyĂ© entre les pages en jouant au beach-ball ? Ai-je enfin rĂ©ussi, Ă  ma maniĂšre, Ă  pĂ©nĂ©trer un peu de vos vacances en famille ? Est-ce que tu as peur ? Quelle est la part de haine dans toutes les Ă©motions, contradictoires sans doute, que je t’inspire de maniĂšre – disons – posthume ? Est-ce que tu te souviens de tout ? Y compris de ce jour ?
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Emma Becker (Monsieur)
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Ce jeune frĂšre sans pĂšre ni mĂšre, ce petit enfant, qui lui tombait brusquement du ciel sur les bras, fit de lui un homme nouveau, il s'aperçut qu'il y avait autre chose dans le monde que les spĂ©culations de la Sorbonne et les vers d'Homerus, que l'homme avait besoin d'affections, que la vie sans tendresse et sans amour n'Ă©tait qu'un rouage sec, criard et dĂ©chirant ; seulement il se figura, car il Ă©tait dans l'Ăąge oĂč les illusions ne sont encore remplacĂ©es que par des illusions, que les affections de sang et de famille Ă©taient les seules nĂ©cessaires, et qu'un petit frĂšre Ă  aimer suffisait pour remplir toute une existence.
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Victor Hugo (Notre Dame de Paris)
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Combien de parents ont-ils oubliĂ© d’ĂȘtre amoureux pour Ă©viter les turbulences prĂ©judiciables Ă  leur vie de famille ? Ainsi, nombre de couples apaisĂ©s, pacifiĂ©s, parce que l’état amoureux s’est estompĂ©, deviennent parents. Pourtant, en reconnaissant la sĂ©paration de corps, ils pourraient poursuivre la douce relation amicale et parentale et redĂ©couvrir les contrĂ©es de l’amour. Il faut pour cela affirmer clairement que la sexualitĂ© n’a pas nĂ©cessairement lieu d’ĂȘtre entre les conjoints et qu’elle peut exulter ailleurs. [
] Ainsi est-il possible de continuer Ă  vivre ensemble, sans se dĂ©tester, sans avoir besoin de se quitter dans le conflit, la douleur et la rancune. Il est possible d’ĂȘtre amis et parents, mais aussi amants ailleurs.
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Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à prĂ©sent. Elle Ă©tait nĂ©e au bon endroit, Ă  une pĂ©riode plutĂŽt clĂ©mente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu Ă  craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes Ă  la coule, Ă©lĂšves sans difficultĂ©s majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succĂ©dĂ© avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs rĂ©itĂ©rĂ©s. Aussi avait-elle toujours envisagĂ© l’avenir avec une sorte de bonhomme indiffĂ©rence. Et voilĂ  qu’une fois Ă  dĂ©couvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, imprĂ©parĂ©e, avec pour tout bagage quelques idĂ©es naĂŻves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gĂątĂ©e.
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Nicolas Mathieu (Leurs enfants aprĂšs eux)
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RĂ©solvez les deux problĂšmes, encouragez le riche et protĂ©gez le pauvre, supprimez la misĂšre, mettez un terme Ă  l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein Ă  la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivĂ©, ajustez mathĂ©matiquement et fraternellement le salaire au travail, mĂȘlez l’enseignement gratuit et obligatoire Ă  la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilitĂ©, dĂ©veloppez les intelligences tout en occupant les bras, soyez Ă  la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, dĂ©mocratisez la propriĂ©tĂ©, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriĂ©taire, chose plus facile qu’on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la rĂ©partir ; et vous aurez tout ensemble la grandeur matĂ©rielle et la grandeur
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Le premier empereur est appelĂ© l'Empereur du Ciel. Il a dĂ©terminĂ© l'ordre du temps qu'il a divisĂ© en dix troncs cĂ©lestes et douze branches terrestres, le tout formant un cycle. Cet empereur vĂ©cut dix-huit mille ans. Le second empereur est l'Empereur de la Terre ; il vĂ©cut aussi dix-huit mille ans : on lui attribue la division du mois en trente jours. Le troisiĂšme empereur est l'Empereur des Hommes. Sous son rĂšgne apparaissent les premiĂšres Ă©bauches de la vie sociale. Il partage son territoire en neuf parties, et Ă  chacune d'elles il donne pour chef un des membres de sa famille. L'histoire cĂ©lĂšbre pour la premiĂšre fois les beautĂ©s de la nature et la douceur du climat. Ce rĂšgne eut quarante-cinq mille cinq cents ans de durĂ©e. Pendant ces trois rĂšgnes qui embrassent une pĂ©riode de quatre-vingt-un mille ans, il n'est question ni de l'habitation, ni du vĂȘtement. L'histoire nous dit que les hommes vivaient dans des cavernes, sans crainte des animaux, et la notion de la pudeur n'existait pas parmi eux. A la suite de quels Ă©vĂ©nements cet Ă©tat de choses se transforma-t-il ? L'histoire n'en dit mot. Mais on remarquera les noms des trois premiers empereurs qui comprennent trois termes, le ciel, la terre, les hommes, gradation qui conduit Ă  l'hypothĂšse d'une dĂ©cadence progressive dans l'Ă©tat de l'humanitĂ©.
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Tcheng-Ki-Tong (Les Chinois peints par eux-mĂȘmes)
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sƓurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait Ă  ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă  un homme dont elle connaissait l’amour et la fidĂ©litĂ©, Ă  qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă  fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnĂȘte femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă  se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres s’était rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils s’étaient trouvĂ©s, avaient fait sur le cƓur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui l’intĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă  les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! qu’elle se serait trouvĂ©e heureuse !
 Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă  fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă  chacune quelque dĂ©faut ; elle n’en voyait aucune Ă  qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers. En faisant toutes’ces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se l’expliquer d’une maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cƓur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mĂ©lancolie Ă  laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cƓur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Une nouvelle gĂ©nĂ©ration, donc, subit simplement l'Ă©tat de choses ; elle ne se pose aucun vrai problĂšme, et de la « libĂ©ration » dont elle jouit, elle fait un usage Ă  tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prĂ©tend qu'elle n'est pas comprise, la seule rĂ©ponse Ă  lui donner c'est qu'il n'y a justement rien Ă  comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre Ă  sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupiditĂ© devient fatigante, envahissante et impertinente. Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalitĂ©, suit du reste une espĂšce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit prĂ©cisĂ©ment du contraire d'une manifestation de libertĂ©. Pour diffĂ©rents phĂ©nomĂšnes envisagĂ©s par nous dans les pages prĂ©cĂ©dentes, tels que par exemple le goĂ»t de la vulgaritĂ© et certaines formes nouvelles des mƓurs, on peut se rĂ©fĂ©rer, dans l'ensemble, Ă  cette jeunesse-lĂ  ; en font partie les fanatiques des deux sexes pour les braillards, les « chanteurs » Ă©pileptiques, au moment oĂč nous Ă©crivons pour les sĂ©ances collectives de marionnettes reprĂ©sentĂ©es par les ye-ye sessions, pour tel ou tel « disque Ă  succĂšs » et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-lĂ , du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser Ă  eux-mĂȘmes et Ă  leur stupiditĂ© et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polĂ©miques en ce qui concerne, par exemple, l'Ă©mancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief. Les annĂ©es passant, la nĂ©cessitĂ©, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problĂšmes matĂ©riels et Ă©conomiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-lĂ , devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simplement d'une forme de nullitĂ© Ă  une autre forme de nullitĂ©. Aucun problĂšme digne de ce nom ne vient se poser.
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Julius Evola (L'arco e la clava)
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À huit heures et demie du soir, deux tables Ă©taient dressĂ©es. La jolie madame des Grassins avait rĂ©ussi Ă  mettre son fils Ă  cĂŽtĂ© d’EugĂ©nie. Les acteurs de cette scĂšne pleine d’intĂ©rĂȘt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolĂ©s, chiffrĂ©s, et de jetons en verre bleu, semblaient Ă©couter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numĂ©ro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraĂźche de madame des Grassins, la tĂȘte martiale du banquier, celle d’Adolphe, le prĂ©sident, l’abbĂ©, le notaire, et se disait intĂ©rieurement : − Ils sont lĂ  pour mes Ă©cus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. HĂ© ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-lĂ  me servent de harpons pour pĂȘcher ! Cette gaietĂ© de famille, dans ce vieux salon gris, mal Ă©clairĂ© par deux chandelles ; ces rires, accompagnĂ©s par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincĂšres que sur les lĂšvres d’EugĂ©nie ou de sa mĂšre ; cette petitesse jointe Ă  de si grands intĂ©rĂȘts ; cette jeune fille qui, semblable Ă  ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquĂ©e, serrĂ©e par des preuves d’amitiĂ© dont elle Ă©tait la dupe ; tout contribuait Ă  rendre cette scĂšne tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scĂšne de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenĂ©e Ă  sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimĂ© par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient lĂ  qu’une place secondaire, ils animaient trois cƓurs purs, ceux de Nanon, d’EugĂ©nie et sa mĂšre. Encore, combien d’ignorance dans leur naĂŻvetĂ© ! EugĂ©nie et sa mĂšre ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pĂąles idĂ©es, et ne prisaient ni ne mĂ©prisaient l’argent, accoutumĂ©es qu’elles Ă©taient Ă  s’en passer. Leurs sentiments, froissĂ©s Ă  leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette rĂ©union de gens dont la vie Ă©tait purement matĂ©rielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment oĂč madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considĂ©rable qui eĂ»t jamais Ă©tĂ© pontĂ© dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit Ă  la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautĂšrent sur leurs chaises.
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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C'Ă©tait aussi jour de lessive, et dans les cours les gens Ă©tendaient leurs caleçons sur les cordes Ă  linge pour profiter du soleil. Partout les poulies grinçaient et la chanson sĂ©duisait les mouettes qui s'envolaient des poubelles pour rappliquer en vitesse vers les cordes. Rendues Ă  destination les plus bĂȘtes draguaient les poulies, mais la plupart restaient sur les poteaux et riaient de voir tous ces caleçons sans humains Ă  l'intĂ©rieur. D'autres encore restaient indiffĂ©rentes parce qu'au fond un caleçon sans personne dedans c'est comme un homme ou une femme sans famille, ça flotte au vent et c'est tout.
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Jean-François Beauchemin (Garage Molinari (Littérature d'Amérique) (French Edition))
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En somme, la fonction politique de la famille est double : 1. Elle se reproduit elle-mĂȘme en mutilant sexuellement les individus. En se perpĂ©tuant, la famille patriarcale perpĂ©tue la rĂ©pression sexuelle et tout ce qui en dĂ©rive : troubles sexuels, nĂ©vroses, dĂ©mences et crimes sexuels. 2. Elle rend l'individu apeurĂ© par la vie et craintif devant l'autoritĂ©, et renouvelle donc sans cesse la possibilitĂ© de soumettre des populations entiĂšres Ă  la fĂ©rule d'une poignĂ©e de dirigeants. C'est pourquoi la famille revĂȘt pour le conservateur cette signification privilĂ©giĂ©e de rempart de l'ordre social auquel il croit. On s'explique aussi pourquoi la sexologie conservatrice dĂ©fend si opiniĂątrement l'institution familiale. C'est qu'elle "garantit la stabilitĂ© de l'Etat et de la SociĂ©tĂ©", au sens conservateur, rĂ©actionnaire, de ces notions. La valeur attribuĂ©e Ă  la famille devient donc la clĂ© de l'apprĂ©ciation gĂ©nĂ©rale de chaque type d'ordre social. (p. 141)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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Pour l'homme de loi, le mariage est l'union de deux personnes de sexe opposĂ© fondĂ©e sur un document officiel ; pour le psychiatre, c'est un lien affectif fondĂ© sur une union sexuelle, accompagnĂ© d'habitude d'un dĂ©sir de paternitĂ©. Pour le psychiatre, il n'y a pas de mariage dĂšs lors que les partenaires possĂšdent simplement les papiers, mais ne vivent pas ensemble. L'acte de mariage n'est pas en lui-mĂȘme un mariage. Il y a mariage pour le psychiatre, lorsque deux individus de sexe opposĂ© s'aiment, s'occupent l'un de l'autre, vivent ensemble et, pour la progĂ©niture, font de cette union une famille. Pour le psychiatre, le mariage est une union rĂ©elle et pratique de nature sexuelle, sans considĂ©ration d'une Ă©ventuelle inscription sur les registres d'Ă©tat civil. Pour le psychiatre, l'acte de mariage n'est que la confirmation officielle d'une relation sexuelle dĂ©cidĂ©e, entreprise et vĂ©cue par les partenaires ; il considĂšre que ce sont les partenaires, et non les reprĂ©sentants de la loi, qui font qu'un mariage est ou n'est pas. (p. 188)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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ÎœÏŒÎœÎż Î±Ï…Ï„ÎżÎŻ Ï€ÎżÏ… έζησαΜ στηΜ Î”Ï€Î±ÏÏ‡ÎŻÎ± ΌΔ Ï„ÎżÏ…Ï‚ Î±ÎłÏÏŒÏ„Î”Ï‚ ÎŸÎ­ÏÎżÏ…Îœ πόση ÎžÎ»ÎŻÏˆÎ· ÎșαÎč πόσα ÎČÎŹÏƒÎ±ÎœÎ± πΔρÎčÎșÎ»Î”ÎŻÎżÏ…Îœ ÎżÎč τέσσΔρÎčς αυτές λέΟΔÎčς: "Μα Ï€ÎżÏ…Î»Î·ÎžÎ”ÎŻ η αγΔλΏΎα". ΓÎčα Ï„Îż φυσÎčÎżÎŽÎŻÏ†Î·, η γΔλΏΎα Î”ÎŻÎœÎ±Îč ΌηρυÎșαστÎčÎșό· ÎłÎčα Ï„ÎżÎœ πΔρÎčÏ€Î±Ï„Î·Ï„Îź, Î”ÎŻÎœÎ±Îč ÏƒÏ„ÎżÎ»ÎŻÎŽÎč Ï„ÎżÏ… Ï„ÎżÏ€ÎŻÎżÏ…, όταΜ αΜασηÎșώΜΔÎč απ' τα Ï‡ÎżÏÏ„ÎŹÏÎčα Ï„Îż ÎŒÎ±ÏÏÎż ÎŒÎżÏ…ÏƒÎżÏÎŽÎč της Ï…ÎłÏÏŒ απ΄τη ÎŽÏÎżÏƒÎčΏ· ÎłÎčα Ï„Îż παÎčÎŽÎŻ της πόλης, Î”ÎŻÎœÎ±Îč η Ï€Î·ÎłÎź Ï„ÎżÏ… γΏλαÎșÏ„ÎżÏ‚ ÎșαÎč Ï„ÎżÏ… τυρÎčÎżÏÂ· αλλΏ ÎłÎčα Ï„ÎżÎœ Î±ÎłÏÏŒÏ„Î·, Î”ÎŻÎœÎ±Îč Ï€ÎżÎ»Ï πΔρÎčσσότΔρα. ÎŒÏƒÎż φτωχός ÎșÎč αΜ Î”ÎŻÎœÎ±Îč, ÏŒÏƒÎż Ï€ÎżÎ»Ï…ÎŹÏÎčΞΌη ÎșÎč αΜ Î”ÎŻÎœÎ±Îč η Ï†Î±ÎŒÎŻÎ»Îčα Ï„ÎżÏ…, ΎΔ Ξα Ï€Î”ÎžÎŹÎœÎ”Îč Ï€ÎżÏ„Î­ απ' τη Ï€Î”ÎŻÎœÎ± Î­Ï‡ÎżÎœÏ„Î±Ï‚ αγΔλΏΎα ÏƒÏ„Îż ÏƒÏ„ÎŹÎČλο Ï„ÎżÏ…. Μ' έΜα ÏƒÏ‡ÎżÎčÎœÎŻ ÎŽÎ”ÎŒÎ­ÎœÎż στα Îșέρατα, Ï„Îż παÎčÎŽÎŻ ÎČόσÎșΔÎč τηΜ αγΔλΏΎα στα λÎčÎČÎŹÎŽÎčα, ΔÎșΔί Ï€ÎżÏ… η ÎČÎżÏƒÎșÎź ΎΔΜ Î±ÎœÎźÎșΔÎč σΔ ÎșαΜέΜαΜ, ÎșαÎč Ï„Îż ÎČÏÎŹÎŽÏ… η ÎżÎčÎșÎżÎłÎ­ÎœÎ”Îčα έχΔÎč ÎČÎżÏÏ„Ï…ÏÎż στη ÏƒÎżÏÏ€Î± ÎșαÎč γΏλα ÎłÎčα Μα ÎŒÎżÏ…Î»ÎčÎŹÏƒÎ”Îč τÎčς Ï€Î±Ï„ÎŹÏ„Î”Ï‚Â· Îż πατέρας, η Όητέρα, τα παÎčÎŽÎčÎŹ, ÎŒÎ”ÎłÎŹÎ»ÎżÎč ÎșαÎč ÎŒÎčÎșÏÎżÎŻ, ÏŒÎ»ÎżÏ‚ Îż ÎșÏŒÏƒÎŒÎżÏ‚ ζΔÎč απ' τηΜ αγΔλΏΎα.
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Hector Malot (Sans Famille (French Edition))
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Quand une ferme et ses habitants connaissent une crise grave, l'une des rĂ©ponses possibles est la sorcellerie. Il est communĂ©ment admis (du moins en privĂ©, car en public on le dĂ©savoue) d'invoquer les "sorts" pour expliquer une catĂ©gorie particuliĂšre de malheurs, ceux qui se rĂ©pĂštent sans raison dans une exploitation : les bĂȘtes et les gens deviennent stĂ©riles, tombent malades ou meurent, les vaches avortent ou tarissent, les vĂ©gĂ©taux pourrissent ou sĂšchent, les bĂątiments brĂ»lent ou s'effondrent, les machines se dĂ©traquent, le ventes ratent... Les fermiers ont beau recourir aux spĂ©cialistes — mĂ©decin, vĂ©tĂ©rinaire, mĂ©canicien... —, ceux-ci dĂ©clarent n'y rien comprendre. Tous ces malheurs sont considĂ©rĂ©s comme une perte de "force" pour le chef d'exploitation et de famille. C'est Ă  lui seul que s'adresse l'annonce rituelle de l'Ă©tat d'ensorcellement — "N'y en aurait-il pas, par hasard, qui te voudraient du mal ?" —, c'est lui qu'on dit ensorcelĂ©, mĂȘme s'il ne souffre personnellement de rien. Vaches, betteraves, tracteurs, enfants, porcheries, Ă©pouses et jardins ne sont jamais atteints pour eux-mĂȘmes, mais pour leur relation au chef d'exploitation et de famille, parce que ce sont ses cultures, ses bĂȘtes, ses machines, sa famille. Bref, ses possessions.
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Jeanne Favret-Saada (Désorceler (PENSER-REVER) (French Edition))
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Les chiffres Ă©taient impressionnants : plus de douze mille personnes, en France, chaque annĂ©e, choisissaient de disparaĂźtre, d’abandonner leur famille et de refaire leur vie, parfois Ă  l’autre bout du monde, parfois sans changer de ville.
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Michel Houellebecq (Sérotonine)
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il Ă©tait interdit Ă  la police ou Ă  la gendarmerie de communiquer sa nouvelle adresse sans son consentement ; et, en 2013, la procĂ©dure de recherche dans l’intĂ©rĂȘt des familles avait Ă©tĂ© supprimĂ©e. Il Ă©tait stupĂ©fiant que, dans un pays oĂč les libertĂ©s individuelles avaient d’annĂ©e en annĂ©e tendance Ă  se restreindre, la lĂ©gislation ait conservĂ© celle-ci, fondamentale, et mĂȘme plus fondamentale Ă  mes yeux, et philosophiquement plus troublante, que le suicide.
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Michel Houellebecq (Sérotonine)
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-Demain, levier 9h30. On va Ă  la messe. LĂ , on reste sans voix. Notre famille est catholique, et Jonas et moi on est passĂ© scrupuleusement par toutes les Ă©tapes [...]. Mais la messe en famille, franchement, on ne le fait plus qu’à NoĂ«l et Ă  PĂąques [...]. D’ailleurs, mon frĂšre hausse un sourcil et commente. - La vache, l’annĂ©e passe vite, je ne savais pas qu’on Ă©tait dĂ©jĂ  NoĂ«l.
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Lily ArcƓur (Jonas)
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-Demain, lever 9h30. On va Ă  la messe. LĂ , on reste sans voix. Notre famille est catholique, et Jonas et moi on est passĂ© scrupuleusement par toutes les Ă©tapes [...]. Mais la messe en famille, franchement, on ne le fait plus qu’à NoĂ«l et Ă  PĂąques [...]. D’ailleurs, mon frĂšre hausse un sourcil et commente. - La vache, l’annĂ©e passe vite, je ne savais pas qu’on Ă©tait dĂ©jĂ  NoĂ«l.
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Lily ArcƓur (Jonas)
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Note culinaire : quand une police réduit un manifestant en guacamole, ça se fait sans avocat.
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Fred Dubé (L'apocalypse durable: Pamphlet à l'usage des écoanxieux pour radicaliser leur famille (French Edition))
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À la fin du seiziĂšme siĂšcle, un moine d’Italie, Campanella, dans le fond d’une prison, imagine une nouvelle humanitĂ©. La communautĂ© des biens, l’abolition de la famille, du foyer domestique, de la patrie, de la nationalitĂ©, l’agriculture pratiquĂ©e en commun, la hiĂ©rarchie de haut en bas, la distribution des richesses suivant la capacitĂ© et le travail de chacun, la papautĂ© au faĂźte ; telle est l’utopie catholique dans son expression la plus nue. Le monastĂšre en est le fond. Campanella dit lui-mĂȘme qu’il l’emprunte Ă  l’Église ; et, pour rĂ©aliser la monarchie du Christ, il demande le bras sĂ©culier de l’Espagne. L’idĂ©e grande qui saisit dans cette rĂ©publique idĂ©ale, est le principe de l’association, l’ñme du catholicisme ; mais, d’autre part, que devient l’individu ? il n’existe pas. Au contraire, voici dans une Ăźle dĂ©serte, un homme, Robinson, jetĂ©, par le naufrage, sur un rocher. Nu, sans dĂ©fense, il ne lui reste que la Bible ; il est seul, et il tire tout de lui-mĂȘme et du livre sacrĂ© ; c’est l’extrĂ©mitĂ© et l’utopie du protestantisme. Entre ces deux rĂȘves, le monde cherche son chemin.
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Edgar Quinet (Le Christianisme Et La Révolution Française (Classic Reprint) (French Edition))
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Mais il faut le voir Ă  table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjuguĂ©. D'oĂč vient-elle donc cette crĂ©ature ? Pr les mots dans sa bouche, ces idĂ©es qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce dĂ©sir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet Ă©lan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ? Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible mĂ©tier de parents, donner Ă  cette gamine les moyens de son Ă©vasion. On a si peu de raison de se rĂ©jouir dans ces endroits qui n’ont ni la mĂšre ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout oĂč la soirĂ©e s’achĂšvent Ă  20 heures en semaine et dans les talus le week-end Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix Ă  sa place. Ils en sont rĂ©duits ça, faire confiance, croiser les doigts, espĂ©rer quils l'ont Ă©levĂ©e comme il faut et que ça suffira. L'adolescence est un assassinat prĂ©mĂ©ditĂ© de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git dĂ©jĂ  sur le bord du chemin. Il faut dĂ©sormais rĂ©inventer des rĂŽles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruositĂ©s et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses Ă©videntes, le rĂšgne indiscutĂ© des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances Ă  La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. Et puis il aimait bien aller Ă  l'hĂŽtel, dont elle rĂ©glait toujours la note. Il apprĂ©ciait la simplicitĂ© des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrĂȘme propretĂ© des serviettes de bain, le sol neutre et le tĂ©lĂ©viseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis prĂ©cis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi prĂ©cisĂ© sur un petit carton Ă  cĂŽtĂ© de la bouilloire, tout ce confort limitĂ© mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami, elle se disait ouais, les mecs de son espĂšce n'ont pas de rĂ©pit, soumis au travail, paumĂ©s dans leurs familles recomposĂ©es, sans mĂȘme assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goĂ»t du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. AprĂšs des siĂšcles de rĂšgne relatif, ces pauvres types semblaient bien gĂȘnĂ©s aux entournures tout Ă  coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillĂ© Ă  leur mesure. Leur nombre ne faisait rien Ă  l'affaire. Ils se sentaient acculĂ©s, passĂ©s de mode, fonciĂšrement inadĂ©quats, insultĂ©s par l'Ă©poque. Des hommes Ă©levĂ©s comme des hommes, basiques et fĂȘlĂ©s, une survivance au fond. Toute la journĂ©e il dirigeait 20 personnes, gĂ©rait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer Ă  la maison et demander cent fois Ă  Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employĂ©. Effectivement. Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dĂ©rida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvĂšrent. - T'aurais pu venir plus tĂŽt, dit GĂ©rard, aprĂšs avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle. Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tĂȘte dodelinant d'une Ă©paule Ă  l'autre. C'Ă©tait une concession bien suffisante et le pĂšre ne poussa pas plus loin son avantage. Pour motiver son petit frĂšre, Julien a l'idĂ©e d'un entraĂźnement spĂ©cial, qui dĂ©bute par un lavage de cerveau en rĂšgle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, KaratĂ© Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la mĂȘme chose : des acteurs torse nu et des sĂ©quences d'entraĂźnement qui transforment de parfaits losers en machines Ă  gagner.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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A cet Ă©gard , je trouve cela curieux l’amour d’une mĂšre. C’est quelque chose qui vous contient tout entier, durant neuf mois - puis qui vous lĂąche. Pas le choix – ni pour elle, ni pour vous. Ensuite, c’est du soin constant, puis du souci. De la joie aussi – enfin j’imagine
 Puis un jour, plus rien. Je veux dire : l’un des deux corps disparaĂźt, le regard par lequel on Ă©tait sans doute attachĂ© l’une Ă  l’autre, la mĂšre et l’enfant, n’a plus lieu d’ĂȘtre, plus rien Ă  quoi s’accrocher. C’est l’espace qui s’ouvre Ă  la place – tout entier. C’est une libĂ©ration peut ĂȘtre. Je n’en sais rien en fait.
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BérengÚre Cournut (Zizi Cabane)
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Me voici donc prĂȘt Ă  me libĂ©rer de mes anciens attachements pour pouvoir me consacrer pleinement Ă  la recherche du bien suprĂȘme. Un doute pourtant me retient
 Ce choix n’est-il pas dangereux ? Les plaisirs, les richesses et les honneurs ne sont certes pas des biens suprĂȘmes, mais au moins, ils existent
 Ce sont des biens certains. Alors que ce bien suprĂȘme qui est censĂ© me combler en permanence de joie n’est pour l’instant qu’une supposition de mon esprit
 Ne suis-je pas en train de m’engager dans une voie pĂ©rilleuse ? Non : Ă  la rĂ©flexion je vois bien que je ne cours aucun risque en changeant de vie : c’est au contraire en continuant Ă  vivre comme avant que je courrais le plus grand danger. Car l’attachement aux biens relatifs est un mal certain puisque aucun d’eux ne peut m’apporter le bonheur !!! Au contraire, la recherche des moyens du bonheur est un bien certain : elle seule peut m’offrir la possibilitĂ© d’ĂȘtre un jour rĂ©ellement heureux, ou au moins plus heureux
 Le simple fait de comprendre cela me dĂ©termine Ă  prendre dĂ©finitivement et fermement la rĂ©solution de me dĂ©tacher immĂ©diatement de la recherche des plaisirs, des richesses et des honneurs, pour me consacrer en prioritĂ© Ă  la crĂ©ation de mon bonheur, c’est-Ă -dire Ă  la culture des joies les plus solides et les plus durables, par la recherche des biens vĂ©ritables. Au moment mĂȘme oĂč cette pensĂ©e jaillit, je sens apparaĂźtre en moi un immense sentiment d’enthousiasme, une sorte de libĂ©ration de mon esprit. J’éprouve un incroyable soulagement, comme si j’avais attendu ce moment toute ma vie. Une joie toute nouvelle vient de se lever en moi, une joie que je n’avais jamais ressentie auparavant : la joie de la libertĂ© que je viens d’acquĂ©rir en dĂ©cidant de ne vivre dĂ©sormais que pour crĂ©er mon bonheur. J’ai l’impression d’avoir Ă©chappĂ© Ă  immense danger
 Comme si je me trouvais Ă  prĂ©sent en sĂ©curitĂ© sur le chemin du salut
 Car mĂȘme si je ne suis pas encore sauvĂ©, mĂȘme si je ne sais pas encore en quoi consistent exactement ces biens absolus, ni mĂȘme s’il existe rĂ©ellement un bien suprĂȘme, je me sens dĂ©jĂ  sauvĂ© d’une vie insensĂ©e, privĂ©e d’enthousiasme et vouĂ©e Ă  une Ă©ternelle insatisfaction
 J’ai un peu l’impression d’ĂȘtre comme ces malades qui sont proches d’une mort certaine s’ils ne trouvent pas un remĂšde, n’ayant pas d’autre choix que de rassembler leurs forces pour chercher ce remĂšde sauveur. Comme eux je ne suis certes pas certain de le dĂ©couvrir, mais comme eux, je ne peux pas faire autrement que de placer toute mon espĂ©rance dans sa quĂȘte. Je l’ai maintenant compris avec une totale clartĂ©, les plaisirs, les richesses et l’opinion d’autrui sont inutiles et mĂȘme le plus souvent nĂ©fastes pour ĂȘtre dans le bonheur. Mieux : je sais Ă  prĂ©sent que mon dĂ©tachement Ă  leur Ă©gard est ce qu’il y a de plus nĂ©cessaire dans ma vie, si je veux pouvoir vivre un jour dans la joie. Du reste, que de maux ces attachements n’ont-ils pas engendrĂ© sur la Terre, depuis l’origine de l’humanitĂ© ! N’est-ce pas toujours le dĂ©sir de les possĂ©der qui a dressĂ© les hommes les uns contre les autres, engendrant la violence, la misĂšre et mĂȘme parfois la mort des hommes qui les recherchaient, comme en tĂ©moigne chaque jour encore le triste spectacle de l’humanitĂ© ? N’est-ce pas l’impuissance Ă  se dĂ©tacher de ces faux biens qui explique le malheur qui rĂšgne presque partout sur le Terre ? Au contraire, chacun peut voir que les sociĂ©tĂ©s et les familles vraiment heureuses sont formĂ©es d’ĂȘtres forts, paisibles et doux qui passent leur vie Ă  construire leur joie et celle des autres sans accorder beaucoup d’importance ni aux plaisirs, ni aux richesses, ni aux honneurs

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Bruno Giuliani
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(Lu en traduction française: ZĂ©ro dĂ©chet.) La nourriture de qualitĂ© se paie, c'est certain, mais, Ă  long terme, elle est meilleure pour nous et pour l'environnement: c'est un investissement que je suis prĂȘte Ă  faire pour la santĂ© de ma famille et celle de la planĂšte. Plus nous achetons de produits bio, plus il y a de chances que leur prix baisse. Chaque fois que je fais les courses, je vote rĂ©solument "Oui aux aliments en vrac!" et "Oui aux produits biologiques!" Pour mes enfants, je rĂȘve d'un avenir plus sain et sans dĂ©chet: je suis heureuse d'y investir mon argent chaque semaine.
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Bea Johnson (Zero Waste Home: The Ultimate Guide to Simplifying Your Life by Reducing Your Waste)
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Aussi conviendrait-il, pour parvenir Ă  parler sans honte des livres non lus, de nous dĂ©livrer de l’image oppressante d’une culture sans faille, transmise et imposĂ©e par la famille et les institutions scolaires, image avec laquelle nous essayons en vain toute notre vie de venir coĂŻncider. Car la vĂ©ritĂ© destinĂ©e aux autres importe moins que la vĂ©ritĂ© de soi, accessible seulement Ă  celui qui se libĂšre de l’exigence contraignante de paraĂźtre cultivĂ©, qui nous tyrannise intĂ©rieurement et nous empĂȘche d’ĂȘtre nous-mĂȘme.
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Pierre Bayard (How to Talk About Books You Haven't Read)
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Il y a une logique dans la succession de ces plaies. Le Nil devient rouge comme le sang. Sans doute une crue inhabituelle du Nil a drainĂ© des argiles rouges polluant l’eau au point d’y tuer les poissons. AprĂšs ce phĂ©nomĂšne, il y a une invasion de grenouilles. Ces gentils batraciens fuyaient sans doute le Nil polluĂ©. Puis, autre plaie, les mouches et les moustiques pullulent. Les cadavres de poissons et autres animaux empoisonnĂ©s au bord du Nil y sont sans doute pour quelque chose. AprĂšs quoi, c’est le bĂ©tail qui est malade et les hommes qui attrapent des furoncles. Responsables, les insectes piquants. Parce qu’un malheur n’arrive jamais seul, aprĂšs six plaies, la septiĂšme : la grĂȘle. LĂ , c’est la mĂ©tĂ©o qui se dĂ©chaĂźne. Cette grĂȘle hache les cultures, et ce qu’il en reste est ensuite attaquĂ© par l’invasion de sauterelles comme ces pays en connaissent parfois. Est-ce un vent venant d’Éthiopie qui amena les sauterelles avant d’amener des poussiĂšres telles que, durant trois jours, on n’y voyait plus rien ? Enfin, derniĂšre et terrifiante plaie : la mort des premiers-nĂ©s mĂąles de chaque famille Ă©gyptienne ! Un Ă©cho affreux Ă  tous ces garçons hĂ©breux jetĂ©s dans le Nil.
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Eric Denimal (La Bible pour les Nuls (French Edition))
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Chap. II – Les origines du spiritisme : « On sait que c’est en AmĂ©rique que le spiritisme, comme beaucoup d’autres mouvements analogues, eut son point de dĂ©part : les premiers phĂ©nomĂšnes se produisirent en dĂ©cembre 1847 Ă  Hydesville, dans l’État de New-York, dans une maison oĂč venait de s’installer la famille Fox, qui Ă©tait d’origine allemande, et dont le nom Ă©tait primitivement Voss. Si nous mentionnons cette origine allemande, c’est que, si l’on veut un jour Ă©tablir complĂštement les causes rĂ©elles du mouvement spirite, on ne devra pas nĂ©gliger de diriger certaines recherches du cĂŽtĂ© de l’Allemagne ; nous dirons pourquoi tout Ă  l’heure. Il semble bien, d’ailleurs, que la famille Fox n’ait jouĂ© lĂ -dedans, au dĂ©but du moins, qu’un rĂŽle tout involontaire, et que, mĂȘme par la suite, ses membres n’aient Ă©tĂ© que des instruments passifs d’une force quelconque, comme le sont tous les mĂ©diums. Quoi qu’il en soit, les phĂ©nomĂšnes en question, qui consistaient en bruits divers et en dĂ©placements d’objets, n’avaient en somme rien de nouveau ni d’inusitĂ© ; ils Ă©taient semblables Ă  ceux que l’on a observĂ©s de tout temps dans ce qu’on appelle les « maisons hantĂ©es » ; ce qu’il y eut de nouveau, c’est le parti qu’on en tira ultĂ©rieurement. Au bout de quelques mois, on eut l’idĂ©e de poser au frappeur mystĂ©rieux quelques questions auxquelles il rĂ©pondit correctement ; pour commencer, on ne lui demandait que des nombres, qu’il indiquait par des sĂ©ries de coups rĂ©guliers ; ce fut un Quaker nommĂ© Isaac Post qui s’avisa de nommer les lettres de l’alphabet en invitant l’« esprit » Ă  dĂ©signer par un coup celles qui composaient les mots qu’il voulait faire entendre, et qui inventa ainsi le moyen de communication qu’on appela spiritual telegraph. L’« esprit » dĂ©clara qu’il Ă©tait un certain Charles B. Rosna, colporteur de son vivant, qui avait Ă©tĂ© assassinĂ© dans cette maison et enterrĂ© dans le cellier, oĂč l’on trouva effectivement quelques dĂ©bris d’ossements. D’autre part, on remarqua que les phĂ©nomĂšnes se produisaient surtout en prĂ©sence des demoiselles Fox, et c’est de lĂ  que rĂ©sulta la dĂ©couverte de la mĂ©diumnitĂ© ; parmi les visiteurs qui accouraient de plus en plus nombreux, il y en eut qui crurent, Ă  tort ou Ă  raison, constater qu’ils Ă©taient douĂ©s du mĂȘme pouvoir. DĂšs lors, le modern spiritualism, comme on l’appela tout d’abord, Ă©tait fondĂ© ; sa premiĂšre dĂ©nomination Ă©tait en somme la plus exacte, mais, sans doute pour abrĂ©ger, on en est arrivĂ©, dans les pays anglo-saxons, Ă  employer le plus souvent le mot spiritualism sans Ă©pithĂšte ; quant au nom de « spiritisme », c’est en France qu’il fut inventĂ© un peu plus tard.
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René Guénon (The Spiritist Fallacy (Collected Works of Rene Guenon))
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Alors que le grand U canalisait les eaux pour assĂ©cher les terres, il s’égara, contourna la mer du nord, et arriva, trĂšs loin, tout au septentrion, dans un pays sans vent ni pluie, sans animaux ni vĂ©gĂ©taux d’aucune sorte, un haut plateau bordĂ© de falaises abruptes, avec une montagne conique au centre. D’un trou sans fond, au sommet du cĂŽne, jaillit une eau d’une odeur Ă©picĂ©e et d’un goĂ»t vineux, qui coule en quatre ruisseaux jusqu’au bas de la montagne, et arrose tout le pays. La rĂ©gion est trĂšs salubre, ses habitants sont doux et simples. Tous habitent en commun, sans distinction d’ñge ni de sexe, sans chefs, sans familles. Ils ne cultivent pas la terre, et ne s’habillent pas. TrĂšs nombreux, ces hommes ne connaissent pas les joies de la jeunesse, ni les tristesses de la vieillesse. Ils aiment la musique, et chantent ensemble tout le long du jour. Ils apaisent leur faim en buvant de l’eau du geyser merveilleux, et rĂ©parent leurs forces par un bain dans ces mĂȘmes eaux. Ils vivent ainsi tous exactement cent ans, et meurent sans avoir jamais Ă©tĂ© malades. Jadis, dans sa randonnĂ©e vers le Nord, l’empereur Mou des Tcheou visita ce pays, et y resta trois ans. Quand il en fut revenu, le souvenir qu’il en conservait, lui fit trouver insipides son empire, son palais, ses festins, ses femmes, et le reste. Au bout de peu de mois, il quitta tout pour y retourner. Koan-tchoung Ă©tant ministre du duc Hoan de Ts’i, l’avait presque dĂ©cidĂ© Ă  conquĂ©rir ce pays. Mais Hien-p’eng ayant blĂąmĂ© le duc de ce qu’il abandonnait Ts’i, si vaste, si peuplĂ©, si civilisĂ©, si beau, si riche, pour exposer ses soldats Ă  la mort et ses feudaÂŹtaires Ă  la tentation de dĂ©serter, et tout cela pour une lubie d’un vieillard, le duc Hoan renonça Ă  l’entreprise, et redit Ă  Koan-tchoung les paroles de Hien-p’eng. Koan-tchoung dit : Hien p’eng n’est pas Ă  la hauteur de mes conceptions. Il est si entichĂ© de Ts’i, qu’il ne voit rien au delĂ . (Lieh-Zi, 5.5) æčŻć•,5: çŠčäč‹æČ»æ°ŽäžŠäčŸïŒŒèż·è€Œć€±ćĄ—ïŒŒèŹŹäč‹äž€ćœ‹ă€‚æż±ćŒ—æ”·äč‹ćŒ—ïŒŒäžçŸ„è·éœŠć·žćčŸćƒèŹé‡ŒïŒŒć…¶ćœ‹ćæ›°ç”‚ćŒ—ïŒŒäžçŸ„際畔ä苿‰€éœŠé™ă€‚æ— éąšé›šéœœéœČïŒŒäžç”Ÿéł„ă€çžă€èŸČă€é­šă€è‰ă€æœšäč‹éĄžă€‚ć››æ–č悉ćčłïŒŒć‘šä»„ć–Źé™Ÿă€‚ç•¶ćœ‹äč‹äž­æœ‰ć±±ïŒŒć±±ććŁșé ˜ïŒŒç‹€è‹„ç””ç”„ă€‚é ‚æœ‰ćŁïŒŒç‹€è‹„ć“Ąç’°ïŒŒćæ›°æ»‹ç©Žă€‚æœ‰æ°Žæč§ć‡șïŒŒćæ›°ç„žç€”ïŒŒè‡­éŽè˜­æ€’ïŒŒć‘łéŽé†Ș醮。侀æșćˆ†ç‚șć››ćŸ’ïŒŒæłšæ–Œć±±äž‹ïŒ›ç¶“ç‡Ÿäž€ćœ‹ïŒŒäșĄäžæ‚‰ćŸ§ă€‚ćœŸæ°Łć’ŒïŒŒäșĄæœ­ćŽČ。äșșæ€§ć©‰è€ŒćŸžïŒŒç‰©äžç«¶äžçˆ­ă€‚æŸ”ćżƒè€ŒćŒ±éȘšïŒŒäžé©•äžćżŒïŒ›é•·ćčŒć„•ć±…ïŒŒäžć›äžè‡ŁïŒ›ç”·ć„łé›œæžžïŒŒäžćȘ’äžè˜ïŒ›ç·Łæ°Žè€Œć±…ïŒŒäžè€•äžçšŒïŒ›ćœŸæ°Łæș«é©ïŒŒäžçč”äžèĄŁïŒ›ç™ŸćčŽè€Œæ­»ïŒŒäžć€­äžç—…ă€‚ć…¶æ°‘ć­łé˜œäșĄæ•žïŒŒæœ‰ć–œæš‚äșĄèĄ°è€ć“€è‹Šă€‚ć…¶äż—ć„œèČïŒŒç›žæ”œè€Œèż­èŹ ïŒŒç”‚æ—„äžèŒŸéŸłă€‚é„‘æƒ“ć‰‡éŁČç„žç€”ïŒŒćŠ›ćż—ć’Œćčłă€‚éŽć‰‡é†‰ç¶“æ—Źäčƒé†’。æČæ”Žç„žç€”膚è‰Čè„‚æŸ€ïŒŒéŠ™æ°Łç¶“æ—Źä胿­‡ă€‚ć‘šç©†çŽ‹ćŒ—éŠïŒŒéŽć…¶ćœ‹ïŒŒäž‰ćčŽćż˜æ­žă€‚æ—ąćć‘šćź€ïŒŒæ…•ć…¶ćœ‹ïŒŒæƒç„¶è‡Șć€±ă€‚äžé€Čé…’è‚‰ïŒŒäžćŹćŹȘćŸĄè€…æ•žæœˆïŒŒäčƒćŸ©ă€‚知ä»Čć‹‰éœŠæĄ“ć…ŹïŒŒć› éŠéŒćŁïŒŒäż±äč‹ć…¶ćœ‹ă€‚ćčŸć‰‹èˆ‰ïŒŒéš°æœ‹è««æ›°ïŒšă€Œć›èˆéœŠćœ‹äč‹ć»ŁïŒŒäșș民äč‹çœŸïŒŒć±±ć·äč‹è§€ïŒŒæź–物äč‹é˜œïŒŒçŠźçŸ©äč‹ç››ïŒŒç« æœäč‹çŸŽïŒŒćŠ–éĄç›ˆćș­ïŒŒćż è‰Żæ»żæœïŒŒè‚†ć’€ć‰‡ćŸ’ć’ç™ŸèŹïŒŒèŠ–æ’ć‰‡è«žäŸŻćŸžć‘œïŒŒäșŠć„šçŸšæ–ŒćœŒïŒŒè€ŒæŁ„éœŠćœ‹äč‹ç€Ÿçš·ïŒŒćŸžæˆŽć€·äč‹ćœ‹äčŽïŒŸæ­€ä»Č父äč‹è€„ïŒŒæŸ°äœ•ćŸžäč‹ïŒŸă€æĄ“ć…Źä胿­ąïŒŒä»„隰朋äč‹èš€ć‘ŠçźĄä»Čä»Čæ›°ïŒšă€Œæ­€ć›ș非朋ä苿‰€ćŠäčŸă€‚è‡ŁæćœŒćœ‹äč‹äžćŻçŸ„äč‹äčŸă€‚éœŠćœ‹äč‹ćŻŒć„šæˆ€ïŒŸéš°æœ‹äč‹èš€ć„šéĄ§ïŒŸă€
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Liezi (Lieh-tzu: A Taoist Guide to Practical Living (Shambhala Dragon Editions))
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Certes, RenĂ© GuĂ©non, assis en tailleur devant moi, en train de manger avec prĂ©cautions un pigeon frit qu'il tient entre ses doigts, n'a jamais prĂ©tendu Ă  la direction spirituelle, moins encore Ă  la saintetĂ©. Mais jamais je n'ai eu Ă  tel point le sentiment du coup de gomme du sacrĂ© sur un visage. L'homme, dans son effacement, Ă©tait en-deçà ou au-delĂ  de l'individuel, et ceci jusque dans le dĂ©tail le plus banal. Comment le nommer en parlant de lui avec sa famille ? Est-ce M. GuĂ©non ou bien le cheik Abd el-Wahid, le pĂšre de Leila et Khadija, les fillettes qui courent dans le jardin ? J'en suis encore Ă  me demander si sa femme, la fille du cheik Mohammed Ibrahim, Ă©tait consciente de l'existence de M. RenĂ© Guenon, fils de Jean-Baptiste GuĂ©non, architecte Ă  Blois, et de Madame nĂ©e Jolly. « BĂ©ni soit Celui qui efface les noms, prĂ©noms et surnoms.» Tout rĂ©sidu psychique ou mental Ă©tait aboli, il ne restait plus qu'une Ăąme d'une transparence totale. Mais rien de l'ascĂšse ni de l'extase. La puretĂ© Ă©tait sans apprĂȘt, familiĂšre mĂȘme, presque terre Ă  terre. En toute simplicitĂ©, RenĂ© Guenon Ă©tait diaphane. Sa conversation Ă©tait souvent banale, sans effets de style. Dire ce qui est. Les seuls ornements Ă©taient les citations, Ă  la maniĂšre orientale, de proverbes Ă©difiants ou de versets pieux : « Tout passe, sauf le Visage de Dieu. » Pour RenĂ© GuĂ©non, ce qui est, c'est le Visage de Dieu. Dire ce qui est, c'est dĂ©crire les reflets de ce Visage dans les VĂ©das ou le Tao Te King, la Kabbale ou l'Ă©sotĂ©risme musulman, les mythologies ou bien les symboles de l'art chrĂ©tien mĂ©diĂ©val. L'homme disparaissait derriĂšre la doctrine traditionnelle.
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Nadjm Bammate
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Dans une France dĂ©stabilisĂ©e et plus Ă©clatĂ©e que jamais, il est crucial d’entretenir et de dĂ©velopper tous les moments de communion citoyenne. Le dimanche est le jour de la vie commune. Il est celui des fĂȘtes, des repas et promenades en famille, du vote aux Ă©lections, des devoirs faits et revus avec les enfants, des rencontres sportives amicales, du culte et de la pratique de beaucoup d’autres activitĂ©s sociales. Remettre en cause le principe du repos dominical, c'est porter une nouvelle atteinte Ă  cette cohĂ©sion nationale dont l'Ă©quilibre est aujourd'hui si fragile. Comme le disait le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, «la vie n'est pas le travail, travailler sans cesse rend fou ! ». L'Ă©largissement du travail le dimanche n'est pas une libĂ©ration. Invoquer la libertĂ© du travail pour le motiver est une mystification.
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Anonymous
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Ce sont des gosses en Ă©chec scolaire, m'explique-t-il, la mĂšre est seule le plus souvent, certains ont dĂ©jĂ  eu des ennuis avec la police, ils ne veulent pas entendre parler des adultes, ils se retrouvent dans des classes relais, quelque chose comme tes classes amĂ©nagĂ©es des annĂ©es soixante-dix, je suppose. Je prends les caĂŻds, les petits chefs de quinze ou seize ans, je les isole provisoirement du groupe, parce que c'est le groupe qui les tue, toujours, il les empĂȘche des e constituer, je leur colle une camĂ©ra dans les mains et je leur confie un de leurs potes Ă  interviewer, un gars qu'ils choisissent eux-mĂȘmes. Ils font l'interview seuls dans un coin, loin des regards, ils reviennent, et nous visionnons le film tous ensemble, avec le groupe, cette fois. Ça ne rate jamais : l'interviewĂ© joue la comĂ©die habituelle devant l'objectif, et celui qui filme entre dans son jeu. Ils font les mariolles, ils en rajoutent sur leur accent, ils roulent des mĂ©caniques dans leur vocabulaire de quatre sous en gueulant le plus fort possible, comme moi quand j'Ă©tais mĂŽme, ils en font des caisses, comme s'ils s'adressaient au groupe, comme si le seul spectateur possible, c'Ă©tait le groupe, et pendant la projection leurs copains se marrent. Je projette le film une deuxiĂšme, une troisiĂšme, une quatriĂšme fois. Les rires s'espacent, deviennent moins assurĂ©s. L'intervieweur et l'interviewĂ© sentent monter quelque chose de bizarre, qu'ils n'arrivent pas Ă  identifier. À la cinquiĂšme ou Ă  la sixiĂšme projection, une vraie gĂȘne s'installe entre leur public et eux. À la septiĂšme ou Ă  la huitiĂšme (je t'assure, il m'est arrivĂ© de projeter neuf fois le mĂȘme film !), ils ont tous compris, sans que je le leur explique, que ce qui remonte Ă  la surface de ce film, c'est la frime, le ridicule, le faux, leur comĂ©die ordinaire, leurs mimiques de groupe, toutes leurs Ă©chappatoires habituelles, et que ça n'a pas d'intĂ©rĂȘt, zĂ©ro, aucune rĂ©alitĂ©. Quand ils ont atteint ce stade de luciditĂ©, j'arrĂȘte les projections et je les renvoie avec la camĂ©ra refaire l'interview, sans explication supplĂ©mentaire. Cette fois on obtient quelque chose de plus sĂ©rieux, qui a un rapport avec leur vie rĂ©elle ; ils se prĂ©sentent, ils disent leur nom, leur prĂ©nom, ils parlent de leur famille, de leur situation scolaire, il y ades silences, ils cherchent leurs mots, on les voit rĂ©flĂ©chir, celui qui rĂ©pond autant que celui qui questionne, et, petit Ă  petit, on voit apparaĂźtre l'adolescence chez ces adolescents, ils cessent d'ĂȘtre des jeunes quis 'amusent Ă  faire peur, ils redeviennent des garçons et des filles ed leur Ăąge, quinze ans, seize ans, leur adolescence traverse leur apparence, elle s'impose, leurs vĂȘtements, leurs casquettes redeviennent des accessoires, leur gestuelle s'attĂ©nue, instinctivement celui qui filme resserre le cadre, il zoome, c'est leur visage qui compte maintenant, on dirait que l'interviewer Ă©coute le visage de l'autre, et sur ce visage, ce qui apparaĂźt, c'est l'effort de comprendre, comme s'ils s'envisageaient pour la premiĂšre fois tels qu'ils sont : lis font connaissance avec la complexitĂ©. (p. 236-237)
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Daniel Pennac (Chagrin d'école)
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L’art comme idĂ©ologie La « justification esthĂ©tique du monde » L’art contre la science et contre la morale Le classicisme Entre bien et mal « L’éternel absent » L’existence L’esprit « Regardez la mĂšre, regardez l’enfant » La politique, l’art, la religion « Tous sont idolĂątres et mĂ©contents de l’ĂȘtre » Un philosophe et un maĂźtre « Noblesse oblige » Un spiritualisme laĂŻque Moralisme et volontarisme « Tout seul, universellement » Les vertus Le bonheur L’action Le philosophe contre les pouvoirs La sociĂ©tĂ©, la famille, l’enfance Bourgeois et prolĂ©taires Le sommeil, la peur Le droit et la force : « Tout pouvoir est militaire » La contradiction : « l’ordre est terrifiant » et nĂ©cessaire L’individu et le groupe : « LĂ©viathan est sot » Individualisme contre totalitarisme L’humanisme : « L’homme est un dieu pour l’homme » L’égoĂŻsme et le marchĂ© Les passions et la guerre La RĂ©publique, la dĂ©mocratie, la gauche ObĂ©ir sans adorer RĂ©sister « Se priver du bonheur de l’union sacrĂ©e » « Il court-circuite l’enthousiasme » Le Dieu et l’idole Spinoza, philosophe du plaisir et de la joie Du monisme au dualisme Refus du matĂ©rialisme et du Dieu-Objet Refus du fatalisme « L’existence n’est pas Dieu » DĂ©sespoir ou idolĂątrie ? Simone Weil et Spinoza Le nĂ©cessaire et le Bien Une idolĂątrie de la nature Humanisme ou dĂ©crĂ©ation L’absurde dans Le Mythe de Sisyphe L’absurde Une pensĂ©e dĂ©livrĂ©e de l’espoir Le refus du suicide RĂ©volte et sagesse De l’absurde Ă  l’amour L’Orientation philosophique de Marcel Conche PRÉFACE Un cheminement philosophique Le mal absolu De l’athĂ©isme au tragique Une philosophie du devenir et de l’apparence Contre la sophistique La vie comme affirmation de la diffĂ©rence
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André Comte-Sponville (Du tragique au matérialisme (et retour): Vingt-six études sur Montaigne, Pascal, Spinoza, Nietzsche et quelques autres)
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Ludwig Wittgenstein, issu d’une trĂšs riche famille autrichienne, a Ă©tĂ© tour Ă  tour dans le dĂ©sordre ermite en NorvĂšge, mĂ©cĂšne d’artistes sans le sou, combattant volontaire de l’armĂ©e austro-hongroise durant la PremiĂšre Guerre mondiale, prisonnier de guerre en Italie, jardinier dans un couvent, maĂźtre d’école dans des villages de Basse-Autriche, architecte, Ă©tudiant (Ă  l’ñge de 40 ans), serveur dans une cantine, portier, brancardier dans un hĂŽpital londonien, technicien dans un laboratoire d’analyses mĂ©dicales.
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Christian Godin (La Philosopie Pour Les Nuls)
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Comment en est-on arrivĂ© lĂ ? Comment le mouvement de libĂ©ration gay, que Huey P. Newton, prĂ©sident des Black Panthers, avait cru “peut-ĂȘtre le plus rĂ©volutionnaire”....un mouvement dont les slogans Ă©taient “DĂ©molissons la famille, dĂ©molissons l’état” et “une armĂ©e d’amants ne peut pas perdre”...une collectivitĂ© qui envisageait une rĂ©volution totale des rĂŽles de genre et de sexe, une nouvelle responsabilitĂ© sociale et communautaire
.une communautĂ© qui faisait face Ă  la crise du SIDA avec une unitĂ© et une imagination sans limites...comment cette force radicale, vivante et crĂ©atrice a-t-elle (...) pu dĂ©gĂ©nĂ©rer en un groupe de couples racistes, refoulĂ©s, aisĂ©s, privatisĂ©s, prĂȘts Ă  sacrifier tout leur hĂ©ritage juste pour se marier? Et Ă©chouer ?
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Sarah Schulman (The Gentrification of the Mind: Witness to a Lost Imagination)
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la foi au coeur et la santé au corps et une bonne tite famille ac qui partager le bonheur, c'est sa la vie sans malheur '' #be_inspired
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Mohammed El Amin OGGADI
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– Le centre de gravitĂ© de l’Europe va se dĂ©placer. Vers le monde anglo-saxon et, finalement, vers l’AmĂ©rique. Vous voyez bien aujourd’hui comment la francophonie s’éteint Ă  petit feu
 La dĂ©rive nordique Ă©loignera la France de son histoire originelle, de sa parentĂ© affective, la MĂ©diterranĂ©e – mare nostrum. J’étais fascinĂ© par sa vaste culture et son sens de l’Histoire. Il me dit que, si elle se faisait, l’Europe de Maastricht se dĂ©tournerait de l’Afrique. Seule une Europe latine pouvait comprendre et fixer les populations sur place. Comme ces paroles rĂ©sonnent aujourd’hui ! Il me confia l’avoir rĂ©pĂ©tĂ© Ă  Roland Dumas : « Vous avez tort de soutenir ce sinistre traitĂ©. Il fera obstacle Ă  ce que la MĂ©diterranĂ©e puisse devenir, autour de la France, de l’Espagne et du Maroc, une zone d’équilibre, un lac de TibĂ©riade, autour duquel les trois religions et les fils d’Abraham pourraient trouver des points d’harmonie et prĂ©venir les grandes transhumances de la misĂšre et de l’envie. » Le roi paraissait fort mobilisĂ© sur ce sujet. Presque intarissable : – Vos Ă©lites sont ballotĂ©es sur des mers sans rivage, elles ont perdu toutes les boussoles. – De quelles boussoles parlez-vous ? – De celles qui nous conduisent dans l’espace et le temps : celles des cartes, des aiguilles et de la pĂ©rennitĂ©. La gĂ©ographie, qui est la seule composante invariable de l’Histoire ; et la famille, qui en est le principe et la sĂšve. Je ne vous envie pas. Il Ă©tait redevenu le souverain impĂ©rieux. Me voyant surpris, il lĂącha brutalement : – Vous parquez vos vieux. Dans des maisons de retraite. Vous exilez la sagesse. Vous avez aboli la gratitude, et donc l’espoir. Il n’y pas d’avenir pour un peuple qui perd ses livres vivants et n’a plus d’amour-propre. Qui abhorre son propre visage. Si vous ne retrouvez pas la fiertĂ©, vous ĂȘtes perdus. L’entretien dura encore quelque temps. Le roi Hassan II parlait beaucoup. Il se dĂ©solait de voir la France choir dans la haine de soi. Je n’ignorais pas qu’il dirigeait son pays d’une main de fer. Mais son amour sincĂšre pour la France me toucha. Il rĂ©pĂ©ta plusieurs fois le mot de PĂ©guy : « Quand une sociĂ©tĂ© ne peut plus enseigner, c’est que cette sociĂ©tĂ© ne peut pas s’enseigner. »" pp. 146-147
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Philippe de Villiers (Le moment est venu de dire ce que j'ai vu)
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Chant de la Nouvelle-France La Nouvelle-France est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. La Nouvelle-France est une terre de promesses, pas une terre d'indifférence. La Nouvelle-France est une France meilleure, on n'a plus soif de sang. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intégrante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous égaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolérance. Les mesures primitives sont inutiles, Le caractÚre triomphe en Nouvelle-France. La Nouvelle-France est un art d'aimer, hors de portée des singes haineux. La Nouvelle-France est célébration de la vie, pas une validation de préjugés ruineux.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Hymne du Nouveau Canada Le Nouveau-Canada est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. Le Nouveau Canada est une terre de promesses et non une terre d’indiffĂ©rence. Le Nouveau Canada est un Canada meilleur, Notre vrai Nord est l’amour. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intĂ©grante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous Ă©gaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolĂ©rance. Le caractĂšre triomphe au Nouveau-Canada, Les traditions primitives sont insignifiantes. Le Nouveau-Canada est un art d'aimer, hors de portĂ©e des singes haineux. Le Nouveau-Canada est cĂ©lĂ©bration de la vie, pas une validation de prĂ©jugĂ©s ruineux.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Qui vit Ă  l’étranger marche dans un espace vide au-dessus de la terre sans le filet de protection que tend Ă  tout ĂȘtre humain le pays qui est son propre pays, oĂč il a sa famille, ses collĂšgues, ses amis, et oĂč il se fait comprendre sans peine dans la langue qu’il connaĂźt depuis l’enfance.
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Milan Kundera (L'insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l'ĂȘtre (French Edition))
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Mieux vaut ĂȘtre un amant fou qu'un dĂ©couvreur sans cƓur. Soyez un humain vivant, pas un ordinateur sans cƓur.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Sans responsabilité, il n'y a pas de civilisation.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Seuls ceux qui ont ressenti une douleur atroce peuvent aider les autres sans aucun gain.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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La nation Naskar est nation mondiale, La culture Naskar est l'intĂ©gration. La planĂšte Naskar est sans frontiĂšres, Le paradigme Naskar est l’indivision.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Il n'y a pas de croissance sans inconfort.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Une nation sans étroitesse est une terre universelle.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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L’humain sans l’humanitĂ© est une tragĂ©die divine.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Il n'y a pas d'amour sans larmes.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Je me souviens de l'atelier de mon pĂšre. Je ne peux pas passer devant l’échoppe d'un cordonnier sans croire que mon pĂšre est encore vivant, quelque part dans l'au-delĂ  du monde, assis devant une table de fumĂ©e, avec son tablier bleu, son tranchet, ses ligneuls, ses alĂšnes, en train de faire des souliers en cuir d'ange pour quelque dieu Ă  mille pieds. Jean le bleu.
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Jean Giono (Blue Boy)
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Si, comme l’écrit Dominique Viart, le roman de la famille creuse une « faille que le mot famille porte en lui », le mot couple porte en lui une autre faille, une cĂ©sure, une coupe dĂ©finitivement sans L.
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Frédéric Clamens-Nanni (Regarder Son Amour Se Defaire: Sur Le Roman De La Fin Du Couple 1989-2013 (Etudes De Litterature Des Xxe Et Xxie Siecles, 113) (French Edition))
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Des familles entiĂšres Ă©taient pliĂ©es en deux et tordues de rire. L’agent toisait d’un air avantageux la salle et ses occupants qui hoquetaient, leurs dentiers claquant, leurs perruques glissant, leurs pacemakers peinant, leurs boyaux glougloutant. C’était d’un ridicule sans bornes – une vĂ©ritable « rĂ©gression anthropoĂŻde », selon l’expression de John. Il se mit Ă  crier Ă  son tour, leur disant qu’ils n’y comprenaient rien. Personne ne l’écouta. Ils lui jetĂšrent des gobelets en plastique et lui firent des grimaces. L’agent lui dit de la boucler.
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Le Seigneur des porcheries
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FrĂ©quenter un garçon hors mariage, Ă  mon Ăąge de surcroĂźt, serait jeter l’opprobre sur l’honorabilitĂ© des Beaumont ; a fortiori, un conquĂ©rant de notre nation. Ce serait une indĂ©lĂ©bile souillure pour ma famille. Comment lui infliger pareil chĂątiment ? Pour quel motif s’entĂȘter dans une folie ? À mon questionnement sans relĂąche, la rĂ©ponse est immuable : Il me le faut !
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Carine Alexandre (Je me souviens)
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Ce qu'elle prend pour de vraies pensĂ©es lui vient quand elle est seule ou en promenant l'enfant. Les vraies pensĂ©es ne sont pas pour elle des rĂ©flexions sur les façons de parler et de s'habiller des gens, la hauteur des trottoirs pour la poussette, l'interdiction des Paravents de Jean Genet et la guerre au Vietnam, mais des questions sur elle-mĂȘme, l'ĂȘtre et l'avoir, l'existence. C'est l'approfondissement de sensations fugitives, impossibles Ă  communiquer aux autres, tout ce que, si elle avait le temps d'Ă©crire - elle n'a mĂȘme plus celui de lire -, serait la matiĂšre de son livre. Dans son journal intime, qu'elle ouvre trĂšs rarement comme s'il constituait une menace contre la cellule familiale, qu'elle n'ait plus le droit Ă  l'intĂ©rioritĂ©, elle a notĂ© : "Je n'ai plus d'idĂ©es du tout. Je n'essaie plus d'expliquer ma vie" et "je suis une petite-bourgeoise arrivĂ©e." Elle a l'impression d'avoir dĂ©viĂ© de ses buts antĂ©rieurs, de n'ĂȘtre plus que dans une progression matĂ©rielle. "J'ai peur de m'installer dans cette vie calme et confortable, d'avoir vĂ©cu sans m'en rendre compte". Au moment mĂȘme oĂč elle fait ce constat, elle sait qu'elle n'est pas prĂȘte Ă  renoncer Ă  tout ce qui ne figure jamais dans ce journal intime, cette vie ensemble, cette intimitĂ© partagĂ©e dans un mĂȘme endroit, l'appartement qu'elle a hĂąte de retrouver les cours finis, le sommeil Ă  deux, le grĂ©sillement du rasoir Ă©lectrique le matin, le conte des Trois petits cochons le soir, cette rĂ©pĂ©tition qu'elle croit dĂ©tester et qui l'attache, dont un Ă©loignement momentanĂ© de trois jours pour passer le Capes lui a fait sentir le manque - tout ce qui, quand elle en imagine la perte accidentelle, lui serre le coeur.
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Annie Ernaux (Les Années)
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Le dĂ©sastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n'est plus Évelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d'Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu'il est arrivĂ© chez Évelyne et Jacques. Le parent Ă©merveillĂ© fait circuler sur Internet des photos de famille miĂšvres, montre Ă  qui veut (et qui ne veut pas) des films vidĂ©o de son enfant prenant le bain ou dĂ©ballant des cadeaux de NoĂ«l. Il circule avec un badge « bĂ©bĂ© Ă  bord » sur la lunette arriĂšre de son auto : une sorte d'image pieuse des temps modernes, aussi utile qu'un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort. Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « Comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcĂ©ment de rĂ©ponse. Car le parent gaga se sent obligĂ© de tenir la terre entiĂšre au courant des progrĂšs fulgurants de sa progĂ©niture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « NoĂ© a dessinĂ© un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « Hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »).
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Corinne Maier (No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant)
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Le jeĂ»ne et les festins deviennent un chƓur futile si la vie est Ă©loignĂ©e de la vie. La cĂ©lĂ©bration du Ramadan est la cĂ©lĂ©bration du rahmat*, le Ramadan sans la *compassion est le Ramadan sans vie. Le Ramadan n'est pas une fĂȘte musulmane, c'est une fĂȘte humaine. Le Ramadan est un rappel pour raviver notre lumiĂšre, Le Ramadan met fin Ă  tous les sentiments peu charitables.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Ramadan Sonnet Le jeĂ»ne et les festins deviennent un chƓur futile si la vie est Ă©loignĂ©e de la vie. La cĂ©lĂ©bration du Ramadan est la cĂ©lĂ©bration du rahmat*, le Ramadan sans la *compassion est le Ramadan sans vie. Le Ramadan n'est pas une fĂȘte musulmane, c'est une fĂȘte humaine. Le Ramadan est un rappel pour raviver notre lumiĂšre, Le Ramadan met fin Ă  tous les sentiments peu charitables. Le plus grand iftar est de rompre le jeĂ»ne de l’apathie, avec la fĂȘte de l’affection. Pour celui qui vit avec bontĂ©, chaque jour est le Ramadan.
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Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
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Dans ces sortes de sociĂ©tĂ©s, oĂč rien n'est fixe, chacun se sent aiguillonnĂ© sans cesse par la crainte de descendre et l'ardeur de monter; et comme l'argent, en mĂȘme temps qu'il y est devenu la principale marque qui classe et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilitĂ© singuliĂšre, passant de mains en mains sans cesse, transformant la condition des individus, Ă©levant ou abaissant les familles, il n'y a presque personne qui ne soit obligĂ© d'y faire un effort dĂ©sespĂ©rĂ© et continu pour le conserver ou pour l'acquĂ©rir. L'envie de s'enrichir Ă  tout prix, le goĂ»t des affaires, l'amour du gain, la recherche du bien-ĂȘtre et des jouissances matĂ©rielles y sont donc les passions les plus communes.
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Alexis de Tocqueville (The Old Regime and the French Revolution)
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Les faits ne pĂ©nĂštrent pas dans le monde oĂč vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naĂźtre celles-ci, ils ne les dĂ©truisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants dĂ©mentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succĂ©dant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bontĂ© de son Dieu ou du talent de son mĂ©decin.
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Marcel Proust (À la recherche du temps perdu: (complùte) (French Edition))
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On ment aux enfants [...] Parfois, on leur ment sans le savoir. Lorsqu'on quitte tout, lorsqu'on trouve la force en soi de se lever et de partir, de quitter son pays, sa langue, sa famille, comme l'a fait mon pĂšre, pour se rĂ©inventer, pour ĂȘtre Ă  la fois son propre parent et son propre enfant - puisqu'on s'Ă©lĂšve, seul, sur un terre Ă©trangĂšre, puisqu'on s'apprend Ă  vivre -, lorsqu'on quitte tout, l'histoire qu'on se raconte et qu'on raconte Ă  ses enfants est celle d'une table rase. Mais cette renaissance aussi est un mensonge. Lorsqu'on quitte tout, comment se transmet ce qu'on fuit et qui malgrĂ© cela ne lĂąche pas, qui malgrĂ© cela nous suit ? Car, lorsqu'on part, il est dĂ©jĂ  trop tard.
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Jakuta Alikavazovic (Comme un ciel en nous)
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Nous savons aujourd'hui que les peuples qualifiĂ©s de "primitifs", ignorant l'agriculture et l'Ă©levage, ou ne pratiquant qu'une agriculture rudimentaire, parfois sans connaissance de la poterie et du tissage, vivant principalement de chasse et de pĂȘche, de cueillette et de ramassage des produits sauvages, ne sont pas tenaillĂ©s par la crainte de mourir de faim et l'angoisse de ne pouvoir survivre dans un milieu hostile. Leur petit effectif dĂ©mographique, leur connaissance prodigieuse des ressources naturelles leur permettent de vivre dans ce que nous hĂ©siterions sans doute Ă  nommer l'abondance. Et pourtant -des Ă©tudes minutieuses l'ont montrĂ© en Australie, en AmĂ©rique du Sud, en MĂ©lanĂ©sie et en Afrique-, de deux Ă  quatre heures de travail quotidien suffisent amplement Ă  leurs membres actifs pour assurer la subsistance de toutes les familles, y compris les enfants et les vieillards qui ne participent pas encore ou ne participent plus Ă  la production alimentaire. Quelle diffĂ©rence avec le temps que nos contemporains passent Ă  l'usine ou au bureau ! Il serait donc faux de croire ces peuples esclaves des impĂ©ratifs du milieu. Bien au contraire, ils jouissent vis-Ă -vis du milieu d'une plus grande indĂ©pendance que les cultivateurs et les Ă©leveurs. Ils disposent de plus de loisirs qui leur permettent de faire une large place Ă  l'imaginaire, d'interposer entre eux et le monde extĂ©rieur, comme des coussins amortisseurs, des croyances, des rĂȘveries, des rites, en un mot toutes ces formes d'activitĂ© que nous appellerions religieuse et artistique.
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Claude Lévi-Strauss (DISCOURS PRONONCES DANS LA SEANCE PUBLIQUE Signed 1st ed)
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Le service militaire rĂ©unit matĂ©riellement les hommes et crĂ©e une unitĂ© apparente autour d'un critĂšre prĂ©cis : avoir un pĂ©nis "qui fonctionne". BasĂ© sur une idĂ©ologie patriotique valorisĂ©e par les familles, il rassemble ceux qui ont le "pouvoir de baiser" pour former le corps principal de la nation. Il donne l'image d'une piscine dans laquelle des hommes, se situant Ă  diffĂ©rents niveaux de la hiĂ©rarchie sociale et issus de milieux culturels trĂšs divers, nagent maladroitement, mais tous ensemble. Sortir de cette piscine est impossible, tout comme fermer les yeux, s'arrĂȘter ou s'isoler. Les hommes restent, continuant Ă  nager sans savoir pourquoi. Pourtant, d'autres gardent en mĂ©moire l'image d'un chaudron plutĂŽt que celle d'une piscine. Cuire ensemble est un processus de co-construction.
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Pınar Selek (Le chaudron militaire turc : Un exemple de production de la violence masculine)
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Cette raison [de l'innocence de son pĂšre] tient au poids de l'Ă©migration, un poids que porte, en partie, la gĂ©nĂ©ration suivante - la mienne -, celle qui ne devrait rien connaĂźtre de la mĂ©lancolie des origines mais qui, trop souvent, l'Ă©prouve. Comme une gĂȘne. Comme une incapacitĂ© Ă  tenir en place, Ă  se sentir pleinement chez soi. Cette raison-ci tient Ă  ce que se sont imposĂ© tant de familles immigrĂ©es : le fardeau de l'exemplaritĂ©. Ne pas faire de vagues, ne pas dĂ©roger, ne pas faire honte - ne jamais donner Ă  quiconque la moindre raison de dire ce que, trop souvent, on entend sans raison: Ah, ces Ă©trangers.
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Jakuta Alikavazovic (Comme un ciel en nous)
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Elle souffrait par ailleurs de claustrophobie, un problÚme sans doute naturel lorsqu'on appartient à une famille éparpillée aux quatres coins de l'Amérique du Nord
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Nicolas Dickner (Nikolski)
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Khi tĂŽi sống một thĂąn một mĂŹnh, tĂŽi láșĄi tháș„y Ă­t dáș±n váș·t hÆĄn, Ă­t khổ sở hÆĄn ngĂ y nay. LĂșc áș„y, lĂșc tĂŽi buồn thĂŹ tĂŽi khĂłc vĂŹ khĂŽng cĂł gia đình, ai cĂł thể nĂłi trước ráș±ng khi tĂŽi cĂł gia đình thĂŹ tĂŽi sáșœ khĂłc vĂŹ tháș„t vọng. Ánh sĂĄng sáșœ từ phÆ°ÆĄng nĂ o đáșżn? Do ai đem láșĄi?
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Hector Malot (Sans Famille)
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La non-valeur de ce travail [mĂ©nager] est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus prĂ©cisĂ©ment c'est un contrat par lequel le chef e famille - le mari - s'approprie tout le travail effectuĂ© dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marchĂ© comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement le travail de la femme est sans valeur parce qu'il ne peut pas ĂȘtre portĂ© sur le marchĂ©, et il ne peut l'ĂȘtre en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriĂ©e par son mari. Cependant, le tiers environ des femmes mariĂ©es travaillent Ă  l'extĂ©rieure. On constate que ceci va de pair avec l'extension de la production industrielle - et donc du salariat - et la diminution de la production familiale, artisanale ou commerciale. DĂšs lors que la production destinĂ©e Ă  l'Ă©change (au marchĂ©) est effectuĂ©e hors de la famille, sur le mode du salariat, dĂšs lors que l'homme ne vend plus un produit mais son travail, la production marchande ne peut plus incorporer le travail gratuit des femmes. Celui-ci ne peut plus ĂȘtre utilisĂ© que dans la production destinĂ©e Ă  l'autoconsommation : la production de services domestiques et d'Ă©levage des enfants. (p. 123-124)
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Christine Delphy (L'ennemi principal (Tome 1) : économie politique du patriarcat)
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la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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L'action et la persĂ©vĂ©rance font partie de la mĂȘme famille, car la foi sans les Ɠuvres est nulle.
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Schadrac Grahouan
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Madge s'approcha du buffet, oĂč trĂŽnaient une cruche et des bols. Les yeux fixĂ©s au mur, elle enchaĂźna : "Voulez-vous savoir le plus Ă©trange ? AprĂšs leur mort, je ne pouvais plus rĂ©citer le Notre PĂšre... Fiat voluntas tua : 'Que votre volontĂ© soit faite.' Ces mots, je les comprends, ajouta-t-elle la gorge nouĂ©e ; mon pĂšre m'a appris le latin. J'Ă©tais incapable de les prononcer ! Dieu m'avait enlevĂ© ma famille. La torture Ă©tait suffisante sans que j'y rajoute de mon propre chef celle de l'approuver." Ses yeux s'embuĂšrent de larmes au souvenir de cette terrible Ă©preuve. "Je n'avais pas envie que la volontĂ© de Dieu s'accomplisse ; je voulais retrouver mes enfants. 'Que votre volontĂ© soit faite !' A la fin de la priĂšre, je ne pouvais me rĂ©soudre Ă  dire : 'Ainsi soit-il', quitte Ă  aller en enfer.
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Ken Follett (World Without End (Kingsbridge, #2))
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Et dĂšs que ma mĂšre s’est aperçue qu’il y poussait comme des petits boutons, elle m’a dit de cacher ça. Elle m’a dit de ne pas montrer cela aux hommes. MĂȘme pas Ă  mon pĂšre. Elle m’a donnĂ© une vielle chemise d’un de mes frĂšres. Elle m’a montrĂ© comment je devais m’asseoir. Et surtout baisser les yeux quand on m’adressait la parole. « Il n’y a que les filles sans pudeur et les Ă©voluĂ©es de Kigali qui regardent un homme en face », me rĂ©pĂ©tait-elle. Cela a dĂ» ĂȘtre la mĂȘme chose pour toi. Mais Ă  prĂ©sent nous devrions nous rĂ©jouir de voir notre sang chaque mois. Cela veut dire aussi que nous sommes des femmes, de vraies femmes qui aurons des enfants. Tu sais bien que, pour devenir de vraies femmes, il faut avoir des enfants. Quand on te marie, c’est ce qu’on attend de toi. Tu n’es rien dans ta nouvelle famille et pour ton mari, si tu n’as pas d’enfants. Il faut que tu aies des enfants, des garçons, surtout des garçons. C’est quand tu as des fils que tu es une vraie femme, une mĂšre, celle que l’on respecte.
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Scholastique Mukasonga (Our Lady of the Nile)
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- Excuse-moi de ne pas apprĂ©cier un sport oĂč les joueurs passent leur temps Ă  se cogner dessus ! Cette fois-ci, il ne rit pas et se rapprocha d'elle, la dominant de sa haute taille. - Le rugby ce n'est pas ça. Ce n'est pas une bande de gros bras qui se foncent dessus sans rĂ©flĂ©chir. Le rugby, c'est une mentalitĂ©. C'est tout donner pour son Ă©quipe, encaisser les coups pour aider les copains Ă  marquer, jouer pour les autres, avant de jouer pour soi-mĂȘme. C'est le respect du jeu, de ses rĂšgles complexes, de l'arbitre, de l'adversaire. C'est tout donner pour les autres, sur le prĂ© et en dehors. Le rugby, ce n'est pas juste une Ă©quipe de joueurs, c'est une famille, un clan une tribu. Il n'y a pas que les joueurs, il y a la famille, les amis, les supporters. On ne gagne pas un match pour nous, mais pour tout le monde. Si tu ne comprends pas ça, inutile d'apprendre les rĂšgles, tu ne comprendras jamais rien au jeu.
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Amanda Bayle (Numéro 10)
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Voyant quels rĂ©flexes merveilleux il obtenait avec les nerfs faciaux de Danton, immobilisĂ©s dans la mort depuis plus d'un siĂšcle, Canterel avait conÁu l'espoir de donner une complĂšte illusion de la vie en agissant sur de rĂ©cents cadavres, garantis par un froid vif contre la moindre altĂ©ration. Mais la nĂ©cessitĂ© d'une basse tempĂ©rature empĂȘchait d'utiliser l'intense pouvoir Ă©lectrisant de l'aqua-micans, qui, se congelant rapidement, eĂ»t emprisonnĂ© chaque trĂ©passĂ©, dĂšs lors impuissant Ă  se mouvoir. S'esseyant longuement sur des cadavres soumis Ă  temps au froid voulu, le maĂźtre, aprĂšs maints t’tonnements, finit par composer d'une part du vitalium, d'autre part de la rĂ©surrectine, matiĂšre rouge’tre Ă  base d'Ă©rythrite, qui, injectĂ©e liquide dans le cr’ne de tel sujet dĂ©funt, par une ouverture percĂ©e latĂ©ralement, se solidifiait d'elle-mĂȘme autour du cerveau Ă©treint de tous cĂŽtĂ©s. Il suffisait alors de mettre un point de l'enveloppe intĂ©rieure ainsi créée en contact avec du vitalium, mĂ©tal brun facile Ă  introduire sous la forme d'une tige courte dans l'orifice d'injection, pour que les deux nouveaux corps, inactifs l'un sans l'autre, dĂ©gageassent Ă  l'instant une Ă©lectricitĂ© puissante, qui, pĂ©nĂ©trant le cerveau, triomphait de la rigiditĂ© cadavĂ©rique et douait le sujet d'une impressionnante vie factice. Par suite d'un curieux Ă©veil de mĂ©moire, ce dernier reproduisait aussitĂŽt, avec une stricte exactitude, les moindres mouvements accomplis par lui durant telles minutes marquantes de son existence ; puis, sans temps de repos, il rĂ©pĂ©tait indĂ©finiment la mĂȘme invariable sĂ©rie de faits et gestes choisie une fois pour toutes. Et l'illusion de la vie Ă©tait absolue : mobilitĂ© du regard, jeu continuel des poumons, parole, agissements divers, marche, rien n'y manquait. Quand la dĂ©couverte fut connue, Canterel reÁut maintes lettres Ă©manant de familles alarmĂ©es, tendrement dĂ©sireuses de voir quel qu'un des leurs, condamnĂ© sans espoir, revivre sous leurs yeux aprĂšs l'instant fatal. Le maĂźtre fit Ă©difier dans son parc, en Ă©largissant partiellement certaine allĂ©e rectiligne afin de se fournir un emplacement favorable, une sorte d'immense salle rectangulaire, simplement formĂ©e d'une charpente mĂ©tallique supportant un plafond et des parois de verre. Il la garnit d'appareils Ă©lectriques rĂ©frigĂ©rants destinĂ©s Ă  y crĂ©er un froid constant, qui, suffisant pour prĂ©server les corps de toute putrĂ©faction, ne risquait cependant pas de durcir leurs tissus. Chaudement couverts, Canterel et ses aides pouvaient sans peine passer lĂ  de longs moments. TransportĂ© dans cette vaste glaciĂšre, chaque sujet dĂ©funt agréé par le maĂźtre subissait une injection cr’nienne de rĂ©surrectine. L'introduction de la substance avait lieu par un trou mince, qui, pratiquĂ© au-dessus de l'oreille droite, recevait bientĂŽt un Ă©troit bouchon de vitalium. RĂ©surrectine et vitalium une fois en contact, le sujet agissait, tandis qu’auprĂšs de lui un tĂ©moin de sa vie, emmitouflĂ© Ă  souhait, s’employait Ă  reconnaĂźtre, aux gestes ou aux paroles, la scĂšne reproduite - qui pouvait se composer d’un faisceau de plusieurs Ă©pisodes distincts.
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Raymond Roussel (Locus Solus)
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Si Eul-che (Qin Er Shi n.n.) s’était conduit comme un souverain ordinaire et avait confiĂ© les charges aux hommes loyaux et sages, si les sujets et le souverain avaient eu les mĂȘmes sentiments et avaient pris en pitiĂ© le malheur du monde, si, quand il Ă©tait encore vĂȘtu de blanc, (Eul-che) avait rĂ©parĂ© les fautes de l’empereur son prĂ©dĂ©cesseur, s’il avait divisĂ© son territoire et distribuĂ© son peuple de façon Ă  donner des fiefs aux descendants des plus mĂ©ritants entre ses sujets, s'il avait fondĂ© des royaumes et Ă©tabli des princes de maniĂšre Ă  honorer l'empire, s'il avait vidĂ© les prisons et Ă©pargnĂ© les supplices, relĂąchĂ© ceux qui avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s comme parents complices' et ceux qui avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s comme calomniateurs, et renvoyĂ© chacun dans son village, s'il avait rĂ©pandu le contenu de ses greniers et distribuĂ© ses richesses afin de secourir les personnes abandonnĂ©es et misĂ©rables, s'il avait restreint les taxes et diminuĂ© les corvĂ©es afin d'aider le peuple en dĂ©tresse, s'il avait adouci les lois et modĂ©rĂ© les chĂątiments afin de sauve- garder l'avenir, il aurait fait que tous les habitants de l'empire auraient pu se corriger, qu'ils auraient redoublĂ© de vertu et auraient rĂ©formĂ© leurs actions, que chacun aurait veille sur sa propre conduite, que les espĂ©rances de la multitude du peuple auraient Ă©tĂ© satisfaites; puis, grĂące au prestige et Ă  la bienfaisance qu'il aurait exercĂ©s sur l'empire, l'empire tout entier se serait rassemblĂ© autour de lui. Alors, Ă  l’intĂ©rieur des mers, tous auraient Ă©tĂ© contents et chacun se serait trouvĂ© heureux de son sort ; on n’aurait eu qu’une crainte, celle d’un changement ; mĂȘme s’il y avait eu des fourbes dans le peuple, ils n’auraient pu distraire le cƓur du souverain ; mĂȘme s’il y avait eu des ministres dĂ©shonnĂȘtes, ils n’auraient pu dĂ©cevoir son intelligence ; le flĂ©au des cruautĂ©s et des troubles aurait donc pris fin. Eul-che ne suivit point cette ligne de conduite, mais aggrava la situation par son manque de raison. Il ruina le temple ancestral aux yeux du peuple ; il recommença Ă  construire le palais Ngo-pang; il multiplia les chĂątiments et aggrava les supplices ; ses officiers gouvernĂšrent avec la derniĂšre rigueur ; les rĂ©compenses et les punitions furent injustes; les taxes et les impĂŽts furent immodĂ©rĂ©s ; l'empire fut accablĂ© de corvĂ©e; les officiers ne purent maintenir l'ordre ; les cent familles se trouvĂšrent Ă  toute extrĂ©mitĂ© et le souverain ne les recueillit pas et n'eut pas pitiĂ© d'elles. A la suite de cela, la perversitĂ© surgit de toutes parts et l’empereur et ses sujets se trompĂšrent mutuellement. Ceux qui avaient encouru des condamnations Ă©taient en foule ; ceux qui avaient Ă©tĂ© mutilĂ©s et suppliciĂ©s s’apercevaient de loin les uns les autres sur les routes, et l’empire en souffrait. Depuis, les princes et les hauts dignitaires jus- qu'au commun peuple, tous Ă©taient tourmentĂ©s de l’idĂ©e de leur propre danger et se trouvaient personnellement dans une situation trĂšs pĂ©nible. Aucun d’eux ne se sentait Ă  l’aise dans la place qu’il occupait ; aussi Ă©tait-il facile de les Ă©branler. C’est pourquoi Tch’en ChĂ© (Chen Sheng n.n.) sans avoir besoin d’ĂȘtre sage comme T’ang et Ou' (Wu n.n.), sans ĂȘtre au prĂ©alable Ă©levĂ© en dignitĂ© comme les ducs ou les marquis, n’eut qu’à agiter, le bras Ă  Ta-tsĂ© pour que l’empire entier lui rĂ©pondit comme l’écho, car son peu-pie Ă©tait en danger.
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Sima Qian (Mémoires historiques - DeuxiÚme Section (French Edition))
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DĂ©couvrez Le Monde des Marmottes, votre partenaire pour le bien-ĂȘtre de bĂ©bĂ© de 0 Ă  3 ans et leurs parents. Nos box mensuelles contiennent une sĂ©lection de produits bio, naturels et fabriquĂ©s en Europe : jouets, soins, et surprises apaisantes pour toute la famille. Sans engagement, elles offrent des moments de complicitĂ© et de dĂ©tente. Chaque box est pensĂ©e pour crĂ©er des souvenirs inoubliables avec des articles certifiĂ©s respectueux de l’environnement et de la santĂ©.
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Le Monde des Marmottes
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Je m'appelle Ficuța–diminutif roumain de Sophie–ou plutĂŽt, je m'appelais ainsi, car je suis morte. Disparue de ce monde depuis plus d'un demi-siĂšcle dĂ©jĂ , assassinĂ©e sans pitiĂ© par des Allemands en mer Noire. Je dis bien : par des Allemands et non par des Nazis, car le carnage a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ© par une unitĂ© de la marine germanique, froidement et en pleine connaissance de ce qu'elle anĂ©antissait ainsi plus de 300 vies d'enfants et d'adultes–pour l'unique raison de notre naissance dans des familles juives
 Les morts ne vivent plus, physiologiquement du moins. Mais moi, je suis privilĂ©giĂ©e – je ne suis certainement pas la seule dans ce cas. J'ai vĂ©cu intensĂ©ment depuis cette nuit terrible du 5 aoĂ»t 1944, Ă  travers mes parents et mon frĂšre que j'ai torturĂ©s malgrĂ© moi par le souvenir, rappel constant des conditions atroces dans lesquelles j'ai quittĂ© la vie terrestre. Je ne suis mĂȘme pas sous terre, puisque je n'ai pas de tombe. Mon corps n'avait vĂ©cu que 19 ans lorsqu'il fut dĂ©chiquetĂ© par des bombes allemandes, trouĂ© par des balles des mitrailleuses maniĂ©es par des marins germaniques, consumĂ© par les flammes de l'embrassement qu'avaient dĂ©clenchĂ© Ă  bord du Mekfure les projectiles allemands, noyĂ©, englouti par les flots de la mer Noire, dĂ©vorĂ© par les poissons
 Je ne suis nulle part, mais j'ai habitĂ© ensuite Ă  tel point mes parents et mon frĂšre qu'il me semble avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un prolongement quasi-physiologique. Ce dernier dur encore aujourd'hui Ă  travers mon frĂšre aprĂšs la disparition de nos parents qui ont quittĂ©, eux aussi, ce monde, meurtris qu'ils Ă©taient, atrocement affligĂ©s par mon assassinat, malheureux comme les mots ne peuvent le dire, jusqu'Ă  leur propre fin. Je m'appelle donc Ficuța. Je suis venue au monde un soir de 1925, le 21 mars, jour du printemps, Ă  Bucarest, strada Justiției (rue de la Justice, nom que je n’appellerai pas « prĂ©destiné »). Et voici le tĂ©moignage que je voudrais confier Ă  tous ceux qui ont la chance de vivre en paix dans un monde meilleur que celui damnĂ© qui fut le mien, le nĂŽtre. N'oubliez pas que ce qu'est le passĂ© pour vous fut le prĂ©sent pour nous, ĂȘtres disparus dans la tourmente. Pour nous, l'indicible souffrance n'appartient pas Ă  l'histoire. Nous l'avons vĂ©cue et en sommes morts. Je donne maintenant mandat Ă  mon frĂšre pour dĂ©vider devant vous le fil de ma triste histoire, de mon existence et de ma mise Ă  mort. (Mandat posthume)
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Albert Finkelstein (Etre Ou Ne Pas Naitre: Chronique de L'Holocauste En Roumanie)
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les choses dont j'ai peur je me rĂ©veillerai un beau jour sans avoir rien rĂȘvĂ© contente sĂ»re de moi j'aurai des plans des solutions pour tous les problĂšmes le manque de confiance ne me rongera plus comme un ver je serai un fruit arrosĂ© d'insecticides une petite roue dans un engrenage efficace je serai mĂąchĂ© par la grande machine sans le sentir super la vie est belle je dirai tout Ă  fait convaincue je ne pleurerai plus en pensant Ă  mon pĂšre je rĂ©pĂ©terai que nous nous en allons tous un jour je serai « socialy correct » je ne ferai que des choses sensĂ©es Ă  significations profondes qui sait si j'Ă©crirai toujours occupĂ©e Ă  polir mon image j'aurai enfin plein d'amis ils m'apporteront pour mon anniversaire des appareils Ă©lectromĂ©nagers pour rendre mon travail plus facile pour qu'il me reste le temps pour les choses plus importantes la retouche la promotion de mes idĂ©es Ă  servir d'exemple aux jeunes hommes en train de se former je ne serai entourĂ©e que de choses utiles j'aurai des plans quotidiens mensuels annuels que je suivrai avec acharnement selon des graphiques je ne perdrai plus mon temps je m'endormirai de bonne heure je me rĂ©veillerai tĂŽt bien reposĂ©e aprĂšs un sommeil sans rĂȘves j'aurai une famille comme il faut fondĂ©e sur des principes sains protĂ©gĂ©e par l'Ă©tat je serai la « succesfull woman » du dĂ©but du millĂ©naire peut-ĂȘtre un jour je ne m'apitoierai plus sur les chiens errants je ne connaĂźtrai plus la solitude je serai acclamĂ©e par la foule peut-ĂȘtre ce jour n'est pas trop lointain qu'est-ce que je peux faire comment me dĂ©fendre avec mon bouclier en chiffons mon armĂ©e en peluche j'ai trĂšs peur je sens que ça va commencer cette nuit je n'ai aucun cauchemar aujourd'hui je n'ai pas rongĂ© mes ongles je n'ai pas fait craquer mes doigts je n'ai pas fumĂ© trop j'ai trouvĂ© normal tout ce que l'on a dit autour de moi j'ai Ă©tĂ© d'accord j'ai trĂšs peur que vienne plus vite la griffe dans mon estomac les hommes sans tĂȘte aux marteaux piqueurs les griffons les charognes qui habitent mon sommeil avec eux je me dĂ©brouille plus facilement si j'Ă©cris sur les choses dont j'ai peur elles ne deviendront pas plus pĂąles si je raconte le rĂȘve oĂč je ne peux plus attendre mon pĂšre on en dĂ©duira que nous deux n'avons jamais su grand chose l'un de l'autre un poĂšme sur la crainte de ne plus Ă©crire a toutes les chances d'ĂȘtre un mauvais poĂšme les choses dont j'ai peur ne sont pas des maladies vaincues ce sont des maladies inguĂ©rissables des miroirs dont je ne peux plus dĂ©tourner mon regard (traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letiția Ilea
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HĂ©lĂšne, l'Ă©pouse sinon tout Ă  fait la femme de Georges, nĂ©e princesse Sturdza (une des grandes familles de la Roumanie), avait de grandes qualitĂ©s de cƓur et d'esprit, vite obnubilĂ©es par un insupportable orgueil (sans doute de caste, mais cela n'est pas le plus dĂ©terminant). Elle connut aussi la souffrance et l'humiliation, donc la route des victimes comme l'a si bien vu Marie-HĂ©lĂšne. Sans autre prĂ©texte que son origine d'une classe « pourrie, exploiteuse du peuple », elle fut en mĂȘme temps que son Ă©poux incarcĂ©rĂ©e en 1950, mais dans un autre pĂ©nitencier, plus proche de Bucarest. Elle y resta presque quatre ans. Les « feuilles mortes » font allusion Ă  la corvĂ©e Ă  laquelle elle Ă©tait astreinte de ramasser, une Ă  une et sans s'arrĂȘter, les feuilles tombĂ©es dans la cour. (p. 8)
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Marie-HélÚne Fabra-Bratianu (La mémoire des feuilles mortes (French Edition))
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[en cours d'anthropologie] Un de mes professeurs me conseille de me suicider parce que, sans famille et sans argent, il est certain que je n'arriverai jamais à rien. Je ne dis alors que le progrÚs en bonté de l'humanité n'était pas tellement grand depuis le Pithecanthropus erectus dont on venait de découvrir le crùne. Madeleine Pelletier
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Christine Bard (Mémoires d'une féministe intégrale)
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Être aimĂ© d'une jeune fille chaste, lui rĂ©vĂ©ler le premier cet Ă©trange mystĂšre de l'amour, certes, c'est une grande fĂ©licitĂ©, mais c'est la chose du monde la plus simple. S'emparer d'un cƓur qui n'a pas l'habitude des attaques, c'est entrer dans une ville ouverte et sans garnison. L'Ă©ducation, le sentiment des devoirs et la famille sont de trĂšs fortes sentinelles ; mais il n'y a sentinelles si vigilantes que ne trompe une fille de seize ans, Ă  qui, par la voix de l'homme qu'elle aime, la nature donne ses premiers conseils d'amour qui sont d'autant plus ardents qu'ils paraissent plus purs. Plus la jeune fille croit au bien, plus elle s'abandonne facilement, sinon Ă  l'amant, du moins Ă  l'amour, car Ă©tant sans dĂ©fiance, elle est sans force, et se faire aimer d'elle est un triomphe que tout homme de vingt-cinq ans pourra se donner quand il voudra. Et cela est si vrai que voyez comme on entoure les jeunes filles de surveillance et de remparts ! Les couvents n'ont pas de murs assez hauts, les mĂšres de serrures assez fortes, la religion de devoirs assez continus pour renfermer tous ces charmants oiseaux dans leur cage, sur laquelle on ne se donne mĂȘme pas la peine de jeter des fleurs. Aussi comme elles doivent dĂ©sirer ce monde qu'on leur cache, comme elles doivent croire qu'il est tentant, comme elles doivent Ă©couter la premiĂšre voix qui, Ă  travers les barreaux, vient leur en raconter les secrets, et bĂ©nir la main qui lĂšve, la premiĂšre, un coin du voile mystĂ©rieux. Mais ĂȘtre rĂ©ellement aimĂ© d'une courtisane, c'est une victoire bien autrement difficile. Chez elles, le corps a usĂ© l'Ăąme, les sens ont brĂ»lĂ© le cƓur, la dĂ©bauche a cuirassĂ© les sentiments. Les mots qu'on leur dit, elles les savent depuis longtemps ; les moyens que l'on emploie, elles les connaissent, l'amour mĂȘme qu'elles inspirent, elles l'ont vendu. Elles aiment par mĂ©tier et non par entraĂźnement. Elles sont mieux gardĂ©es par leurs calculs qu'une vierge par sa mĂšre et son couvent ; aussi ont-elles inventĂ© le mot caprice pour ces amours sans trafic qu'elles se donnent de temps en temps comme repos, comme excuse, ou comme consolation ; semblables Ă  ces usuriers qui rançonnent mille individus, et qui croient tout racheter en prĂȘtant un jour vingt francs Ă  quelque pauvre diable qui meurt de faim, sans exiger d'intĂ©rĂȘt et sans lui demander de reçu. Puis, quand Dieu permet l'amour Ă  une courtisane, cet amour, qui semble d'abord un pardon, devient presque toujours pour elle un chĂątiment. Il n'y a pas d'absolution sans pĂ©nitence. Quand une crĂ©ature, qui a tout son passĂ© Ă  se reprocher, se sent tout Ă  coup prise d'un amour profond, sincĂšre, irrĂ©sistible, dont elle ne se fĂ»t jamais crue capable ; quand elle a avouĂ© cet amour, comme l'homme aimĂ© ainsi la domine ! Comme il se sent fort avec ce droit cruel de lui dire : « vous ne faites pas plus pour de l'amour que vous n'avez fait pour de l'argent. » Alors elles ne savent quelles preuves donner. Un enfant, raconte la fable, aprĂšs s'ĂȘtre longtemps amusĂ© dans un champ Ă  crier : « au secours ! » Pour dĂ©ranger des travailleurs, fut dĂ©vorĂ© un jour par un ours, sans que ceux qu'il avait trompĂ©s si souvent crussent cette fois aux cris rĂ©els qu'il poussait. Il en est de mĂȘme de ces malheureuses filles, quand elles aiment sĂ©rieusement. Elles ont menti tant de fois qu'on ne veut plus les croire, et elles sont, au milieu de leurs remords, dĂ©vorĂ©es par leur amour. De lĂ , ces grands dĂ©vouements, ces austĂšres retraites dont quelques-unes ont donnĂ© l'exemple. Mais, quand l'homme qui inspire cet amour rĂ©dempteur a l'Ăąme assez gĂ©nĂ©reuse pour l'accepter sans se souvenir du passĂ©, quand il s'y abandonne, quand il aime enfin, comme il est aimĂ©, cet homme Ă©puise d'un coup toutes les Ă©motions terrestres, et aprĂšs cet amour son cƓur sera fermé à tout autre.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)