Sans Famille Quotes

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Mais il y a des moments où le cœur voit mieux et plus loin que les yeux les plus perçants
Hector Malot (Sans Famille)
Comprends aujourd’hui, mon garçon, que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
Hector Malot (Sans Famille)
la moquerie peut avoir du bon pour réformer un caractère vicieux, mais lorsqu’elle s’adresse à l’ignorance, elle est une marque de sottise chez celui qui l’emploie.
Hector Malot (Sans Famille)
Seul le voyage sans billet de retour peut nous sauver de la famille, du sang et de l'esprit de clocher.
Dany Laferrière (L'Énigme du retour)
Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas très compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une manière très personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es très en dessous de la vérité, soupirai-je...
Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
Jean-Paul Sartre
Le monde se retrouvera sans humanité, si nous ne sommes pas disposés à évoluer.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Mais quelle famille solitaire avais-je donc ! J'étais même ébahi que deux de ses membres avaient pu s'assembler pour engendrer les deux suivants. Seulement, des solitaires qui feignent de ne pas l'être... voilà sans doute comment les familles se construisent, et comment la race des gens seuls est devenue si nombreuse.
Benjamin Kunkel (Indecision)
Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin.
Marcel Proust (Du côté de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
Au bout d'un parcours cahoteux, l'appareil décolla et elle ressentit quelque chose d'extraordinaire. Le rugissement du moteur se transforma en bourdonnement et elle eu l'impression de flotter. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils avaient pris de l'altitude et le monde en dessous avait changé de taille. Rassemblés devant la clôture, toute la famille agitait la main et rapetissait sans cesse. Puis Billy survola la ville direction Milwaukee. Pour Fritzi, ce fut une révélation.
Fannie Flagg (The All-Girl Filling Station's Last Reunion)
Je ne vois pas pourquoi l'amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre, une fois pour toutes, de l'amour, de l'amour prétendu, de toutes les formes d'amour, même de celui-là, pourquoi il faudrait absolument qu'on s'aime, dans les familles et ailleurs, qu'on se le raconte sans cesse, les uns aux autres ou à soi-même. Je me demande qui a inventé ça, de quand ça date, si c'est une mode, une névrose, un toc, du délire, quels sont les intérêts économiques, les ressorts politiques. Je me demande ce qu'on nous cache, ce qu'on veut de nous avec cette grande histoire de l'amour. Je regarde les autres et je ne vois que des mensonges et je ne vois que des fous. Quand est-ce qu'on arrête avec l'amour ? Pourquoi on ne pourrait pas ? Il faudrait que je sache. Je me pose la question.
Constance Debré (Love Me Tender)
Un pays exclusivement occupé d'intérêts matériels, sans patriotisme, sans conscience, où le pouvoir est sans force, où l'Élection, fruit du libre arbitre et de la liberté politique, n'élève que les médiocrités, où la force brutale est devenue nécessaire contre les violences populaires, et où la discussion, étendue aux moindres choses, étouffe toute action du corps politique ; où l'argent domine toutes les questions, et où l'individualisme, produit horrible de la division à l'infini des héritages qui supprime la famille, dévorera tout, même la nation,
Honoré de Balzac (Oeuvres complètes: 101 titres La Comédie humaine)
Te caches-tu de tes enfants et d’Estelle pour me lire, aux toilettes, la nuit très tard, dès qu’ils ont le dos tourné ? Ou bien tiens-tu Monsieur comme on tient un SAS, négligemment, les doigts enduits d’huile solaire ? Suis-je déjà cornée, craquelante du sable que tes bambins m’ont envoyé entre les pages en jouant au beach-ball ? Ai-je enfin réussi, à ma manière, à pénétrer un peu de vos vacances en famille ? Est-ce que tu as peur ? Quelle est la part de haine dans toutes les émotions, contradictoires sans doute, que je t’inspire de manière – disons – posthume ? Est-ce que tu te souviens de tout ? Y compris de ce jour ?
Emma Becker (Monsieur)
Ce jeune frère sans père ni mère, ce petit enfant, qui lui tombait brusquement du ciel sur les bras, fit de lui un homme nouveau, il s'aperçut qu'il y avait autre chose dans le monde que les spéculations de la Sorbonne et les vers d'Homerus, que l'homme avait besoin d'affections, que la vie sans tendresse et sans amour n'était qu'un rouage sec, criard et déchirant ; seulement il se figura, car il était dans l'âge où les illusions ne sont encore remplacées que par des illusions, que les affections de sang et de famille étaient les seules nécessaires, et qu'un petit frère à aimer suffisait pour remplir toute une existence.
Victor Hugo (Notre Dame de Paris)
Combien de parents ont-ils oublié d’être amoureux pour éviter les turbulences préjudiciables à leur vie de famille ? Ainsi, nombre de couples apaisés, pacifiés, parce que l’état amoureux s’est estompé, deviennent parents. Pourtant, en reconnaissant la séparation de corps, ils pourraient poursuivre la douce relation amicale et parentale et redécouvrir les contrées de l’amour. Il faut pour cela affirmer clairement que la sexualité n’a pas nécessairement lieu d’être entre les conjoints et qu’elle peut exulter ailleurs. […] Ainsi est-il possible de continuer à vivre ensemble, sans se détester, sans avoir besoin de se quitter dans le conflit, la douleur et la rancune. Il est possible d’être amis et parents, mais aussi amants ailleurs.
Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce étroit avec les esprits, épousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considérées dans le monde où elle se réfugiait. Un petit héritage lui échut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivés à la fin d’une vie, se révélèrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficulté commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidèle à elle-même. Près de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une véritable occasion s’offrait à elle. Au cimetière de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriétaires avaient érigé un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trésor à tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était là une valeur sûre, à l’abri des fluctuations boursières et des événements politiques. Elle fit aménager la fosse intérieure, la tint prête à recevoir son propre corps. Et, tout achevé, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondément qu’elle fut prise d’un véritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au début les progrès des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches après-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’après-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville où se trouvait le cimetière. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en présence d’elle-même, confrontant ce qu’elle était et ce qu’elle devait être, retrouvant l’anneau d’une chaîne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit même un jour qu’elle était morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivée plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonché de violettes. Par une délicate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissée sans fleurs, avaient partagé les leurs et honoré la mémoire de ce mort abandonné à lui-même.
Albert Camus (L'envers et l'endroit)
Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à présent. Elle était née au bon endroit, à une période plutôt clémente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu à craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes à la coule, élèves sans difficultés majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succédé avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs réitérés. Aussi avait-elle toujours envisagé l’avenir avec une sorte de bonhomme indifférence. Et voilà qu’une fois à découvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, impréparée, avec pour tout bagage quelques idées naïves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gâtée.
Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux)
Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit, en deux mots sachez produire la richesse et sachez la répartir ; et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur
Victor Hugo (Les Misérables)
Voilà bien la famille : même celui qui n'a pas sa place dans le monde, qui n'est ni célèbre ni riche, à qui il n'est venu ni enfants ni idées, et dont le public ne lira le nom que dans sa notice nécrologique, celui-là, en famille, a pourtant sa place attitrée. En famille, on est quelqu'un. Vous n'imaginez pas comme Caroline imite bien Chaplin, ni comme Rudi est irritable. Et quel sens de l'humour, dans toute la famille ! Ce qui, partout ailleurs, n'aurait rien d'humoristique déclenche ici des rires retentissants, on ne saurait dire pourquoi ; c'est drôle, voilà tout, n'est-ce pas l'essentiel en matière d'humour ? Et puis, tous ceux qui ne sont pas de la famille sont bien plus ridicules qu'ils ne s'en doutent. Dieu les a voués à la caricature ; si vous êtes seul au monde, sans attaches, vous pouvez être sûr d'être le summum du ridicule pour les diverses familles qui vous observent. Il est vrai que ces qualités, comme tout, peuvent être vues sous leur angle négatif : la famille a l'esprit plus petit qu'une petite ville. Plus elle est chaleureuse, plus elle se montre dure pour tout ce qui n'est est pas elle, et elle est toujours plus cruelle qu'un être confronté seul à la souffrance du monde. En cantonnant la gloire dans son cercle restreint, où elle est faceil à atteindre (« gloire de la famille »), elle endort l'ambition. Et parce que tous les événements familiaux suscitent une tristesse plus profonde ou une joie plus éclatante qu'ils ne le méritent réellement, parce qu'en famille ce qui n'a rien d'humoristique devient de l'humour, et des peines insignifiantes à l'échelle collective, un malheur personnel, elle est le berceau de toute l'ineptie qui imprègne notre vie publique. Il y aurait encore long à en dire et on l'a dit parfois, mais jamais en des jours comme celui-ci.
Robert Musil (La maison enchantée)
Le premier empereur est appelé l'Empereur du Ciel. Il a déterminé l'ordre du temps qu'il a divisé en dix troncs célestes et douze branches terrestres, le tout formant un cycle. Cet empereur vécut dix-huit mille ans. Le second empereur est l'Empereur de la Terre ; il vécut aussi dix-huit mille ans : on lui attribue la division du mois en trente jours. Le troisième empereur est l'Empereur des Hommes. Sous son règne apparaissent les premières ébauches de la vie sociale. Il partage son territoire en neuf parties, et à chacune d'elles il donne pour chef un des membres de sa famille. L'histoire célèbre pour la première fois les beautés de la nature et la douceur du climat. Ce règne eut quarante-cinq mille cinq cents ans de durée. Pendant ces trois règnes qui embrassent une période de quatre-vingt-un mille ans, il n'est question ni de l'habitation, ni du vêtement. L'histoire nous dit que les hommes vivaient dans des cavernes, sans crainte des animaux, et la notion de la pudeur n'existait pas parmi eux. A la suite de quels événements cet état de choses se transforma-t-il ? L'histoire n'en dit mot. Mais on remarquera les noms des trois premiers empereurs qui comprennent trois termes, le ciel, la terre, les hommes, gradation qui conduit à l'hypothèse d'une décadence progressive dans l'état de l'humanité.
Tcheng-Ki-Tong (Les Chinois peints par eux-mêmes)
Papa-bobo précipité avec inquiétude sur mon genou saignant, qui va chercher les médicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bête qu'elle", dit-elle. Toujours prêt à m'emmener à la foire, aux films de Fernandel, à me fabriquer une paire d'échasses et à m'initier à l'argot d'avant la guerre, pépédéristal et autres cezigue pâteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire à l'école et m'attendre midi et soir, le vélo à la main, un peu à l'écart de la cohue des mères, les jambes de son pantalon resserrées en bas par des pinces en fer. Affolé par le moindre retard. Après, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un père déjà vieux émerveillé d'avoir une fille. Lumière jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tête baissée à cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend à enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans réplique, grandes gueules domestiques, héros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai été la fille de cet homme-là.
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frères et sœurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait à ses réflexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie à un homme dont elle connaissait l’amour et la fidélité, à qui elle était dévouée, dont le calme, la solidité, semblaient destinés par le ciel même à fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnête femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre côté, Werther lui était devenu bien cher ; dès le premier moment où ils avaient appris à se connaître, la sympathie de leurs caractères s’était révélée de la manière la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses où ils s’étaient trouvés, avaient fait sur le cœur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensées qui l’intéressaient, elle était accoutumée à les partager avec lui, et le départ de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus être comblé. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frère ! qu’elle se serait trouvée heureuse !… Si elle avait osé le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espérer de rétablir tout à fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passé en revue toutes ses amies, et trouvait à chacune quelque défaut ; elle n’en voyait aucune à qui elle eût donné Werther volontiers. En faisant toutes’ces réflexions, elle finit par sentir profondément, sans se l’expliquer d’une manière bien claire, que le secret désir, de son cœur était de le garder pour elle, et elle se disait en même temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son âme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mélancolie à laquelle est fermée la perspective du bonheur. Son cœur était oppressé, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
Une nouvelle génération, donc, subit simplement l'état de choses ; elle ne se pose aucun vrai problème, et de la « libération » dont elle jouit, elle fait un usage à tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prétend qu'elle n'est pas comprise, la seule réponse à lui donner c'est qu'il n'y a justement rien à comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre à sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupidité devient fatigante, envahissante et impertinente. Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalité, suit du reste une espèce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit précisément du contraire d'une manifestation de liberté. Pour différents phénomènes envisagés par nous dans les pages précédentes, tels que par exemple le goût de la vulgarité et certaines formes nouvelles des mœurs, on peut se référer, dans l'ensemble, à cette jeunesse-là ; en font partie les fanatiques des deux sexes pour les braillards, les « chanteurs » épileptiques, au moment où nous écrivons pour les séances collectives de marionnettes représentées par les ye-ye sessions, pour tel ou tel « disque à succès » et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-là, du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser à eux-mêmes et à leur stupidité et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polémiques en ce qui concerne, par exemple, l'émancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief. Les années passant, la nécessité, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problèmes matériels et économiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-là, devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simplement d'une forme de nullité à une autre forme de nullité. Aucun problème digne de ce nom ne vient se poser.
Julius Evola (L'arco e la clava)
À huit heures et demie du soir, deux tables étaient dressées. La jolie madame des Grassins avait réussi à mettre son fils à côté d’Eugénie. Les acteurs de cette scène pleine d’intérêt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolés, chiffrés, et de jetons en verre bleu, semblaient écouter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numéro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraîche de madame des Grassins, la tête martiale du banquier, celle d’Adolphe, le président, l’abbé, le notaire, et se disait intérieurement : − Ils sont là pour mes écus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. Hé ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-là me servent de harpons pour pêcher ! Cette gaieté de famille, dans ce vieux salon gris, mal éclairé par deux chandelles ; ces rires, accompagnés par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincères que sur les lèvres d’Eugénie ou de sa mère ; cette petitesse jointe à de si grands intérêts ; cette jeune fille qui, semblable à ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquée, serrée par des preuves d’amitié dont elle était la dupe ; tout contribuait à rendre cette scène tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scène de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenée à sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimé par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient là qu’une place secondaire, ils animaient trois cœurs purs, ceux de Nanon, d’Eugénie et sa mère. Encore, combien d’ignorance dans leur naïveté ! Eugénie et sa mère ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pâles idées, et ne prisaient ni ne méprisaient l’argent, accoutumées qu’elles étaient à s’en passer. Leurs sentiments, froissés à leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette réunion de gens dont la vie était purement matérielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment où madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considérable qui eût jamais été ponté dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit à la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautèrent sur leurs chaises.
Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
C'était aussi jour de lessive, et dans les cours les gens étendaient leurs caleçons sur les cordes à linge pour profiter du soleil. Partout les poulies grinçaient et la chanson séduisait les mouettes qui s'envolaient des poubelles pour rappliquer en vitesse vers les cordes. Rendues à destination les plus bêtes draguaient les poulies, mais la plupart restaient sur les poteaux et riaient de voir tous ces caleçons sans humains à l'intérieur. D'autres encore restaient indifférentes parce qu'au fond un caleçon sans personne dedans c'est comme un homme ou une femme sans famille, ça flotte au vent et c'est tout.
Jean-François Beauchemin (Garage Molinari (Littérature d'Amérique) (French Edition))
En somme, la fonction politique de la famille est double : 1. Elle se reproduit elle-même en mutilant sexuellement les individus. En se perpétuant, la famille patriarcale perpétue la répression sexuelle et tout ce qui en dérive : troubles sexuels, névroses, démences et crimes sexuels. 2. Elle rend l'individu apeuré par la vie et craintif devant l'autorité, et renouvelle donc sans cesse la possibilité de soumettre des populations entières à la férule d'une poignée de dirigeants. C'est pourquoi la famille revêt pour le conservateur cette signification privilégiée de rempart de l'ordre social auquel il croit. On s'explique aussi pourquoi la sexologie conservatrice défend si opiniâtrement l'institution familiale. C'est qu'elle "garantit la stabilité de l'Etat et de la Société", au sens conservateur, réactionnaire, de ces notions. La valeur attribuée à la famille devient donc la clé de l'appréciation générale de chaque type d'ordre social. (p. 141)
Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
Pour l'homme de loi, le mariage est l'union de deux personnes de sexe opposé fondée sur un document officiel ; pour le psychiatre, c'est un lien affectif fondé sur une union sexuelle, accompagné d'habitude d'un désir de paternité. Pour le psychiatre, il n'y a pas de mariage dès lors que les partenaires possèdent simplement les papiers, mais ne vivent pas ensemble. L'acte de mariage n'est pas en lui-même un mariage. Il y a mariage pour le psychiatre, lorsque deux individus de sexe opposé s'aiment, s'occupent l'un de l'autre, vivent ensemble et, pour la progéniture, font de cette union une famille. Pour le psychiatre, le mariage est une union réelle et pratique de nature sexuelle, sans considération d'une éventuelle inscription sur les registres d'état civil. Pour le psychiatre, l'acte de mariage n'est que la confirmation officielle d'une relation sexuelle décidée, entreprise et vécue par les partenaires ; il considère que ce sont les partenaires, et non les représentants de la loi, qui font qu'un mariage est ou n'est pas. (p. 188)
Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
Μόνο αυτοί που έζησαν στην επαρχία με τους αγρότες ξέρουν πόση θλίψη και πόσα βάσανα περικλείουν οι τέσσερις αυτές λέξεις: "να πουληθεί η αγελάδα". Για το φυσιοδίφη, η γελάδα είναι μηρυκαστικό· για τον περιπατητή, είναι στολίδι του τοπίου, όταν ανασηκώνει απ' τα χορτάρια το μαύρο μουσούδι της υγρό απ΄τη δροσιά· για το παιδί της πόλης, είναι η πηγή του γάλακτος και του τυριού· αλλά για τον αγρότη, είναι πολύ περισσότερα. Όσο φτωχός κι αν είναι, όσο πολυάριθμη κι αν είναι η φαμίλια του, δε θα πεθάνει ποτέ απ' τη πείνα έχοντας αγελάδα στο στάβλο του. Μ' ένα σχοινί δεμένο στα κέρατα, το παιδί βόσκει την αγελάδα στα λιβάδια, εκεί που η βοσκή δεν ανήκει σε κανέναν, και το βράδυ η οικογένεια έχει βούτυρο στη σούπα και γάλα για να μουλιάσει τις πατάτες· ο πατέρας, η μητέρα, τα παιδιά, μεγάλοι και μικροί, όλος ο κόσμος ζει απ' την αγελάδα.
Hector Malot (Sans Famille (French Edition))
Quand une ferme et ses habitants connaissent une crise grave, l'une des réponses possibles est la sorcellerie. Il est communément admis (du moins en privé, car en public on le désavoue) d'invoquer les "sorts" pour expliquer une catégorie particulière de malheurs, ceux qui se répètent sans raison dans une exploitation : les bêtes et les gens deviennent stériles, tombent malades ou meurent, les vaches avortent ou tarissent, les végétaux pourrissent ou sèchent, les bâtiments brûlent ou s'effondrent, les machines se détraquent, le ventes ratent... Les fermiers ont beau recourir aux spécialistes — médecin, vétérinaire, mécanicien... —, ceux-ci déclarent n'y rien comprendre. Tous ces malheurs sont considérés comme une perte de "force" pour le chef d'exploitation et de famille. C'est à lui seul que s'adresse l'annonce rituelle de l'état d'ensorcellement — "N'y en aurait-il pas, par hasard, qui te voudraient du mal ?" —, c'est lui qu'on dit ensorcelé, même s'il ne souffre personnellement de rien. Vaches, betteraves, tracteurs, enfants, porcheries, épouses et jardins ne sont jamais atteints pour eux-mêmes, mais pour leur relation au chef d'exploitation et de famille, parce que ce sont ses cultures, ses bêtes, ses machines, sa famille. Bref, ses possessions.
Jeanne Favret-Saada (Désorceler (PENSER-REVER) (French Edition))
Les chiffres étaient impressionnants : plus de douze mille personnes, en France, chaque année, choisissaient de disparaître, d’abandonner leur famille et de refaire leur vie, parfois à l’autre bout du monde, parfois sans changer de ville.
Michel Houellebecq (Sérotonine)
il était interdit à la police ou à la gendarmerie de communiquer sa nouvelle adresse sans son consentement ; et, en 2013, la procédure de recherche dans l’intérêt des familles avait été supprimée. Il était stupéfiant que, dans un pays où les libertés individuelles avaient d’année en année tendance à se restreindre, la législation ait conservé celle-ci, fondamentale, et même plus fondamentale à mes yeux, et philosophiquement plus troublante, que le suicide.
Michel Houellebecq (Sérotonine)
-Demain, levier 9h30. On va à la messe. Là, on reste sans voix. Notre famille est catholique, et Jonas et moi on est passé scrupuleusement par toutes les étapes [...]. Mais la messe en famille, franchement, on ne le fait plus qu’à Noël et à Pâques [...]. D’ailleurs, mon frère hausse un sourcil et commente. - La vache, l’année passe vite, je ne savais pas qu’on était déjà Noël.
Lily Arcœur (Jonas)
-Demain, lever 9h30. On va à la messe. Là, on reste sans voix. Notre famille est catholique, et Jonas et moi on est passé scrupuleusement par toutes les étapes [...]. Mais la messe en famille, franchement, on ne le fait plus qu’à Noël et à Pâques [...]. D’ailleurs, mon frère hausse un sourcil et commente. - La vache, l’année passe vite, je ne savais pas qu’on était déjà Noël.
Lily Arcœur (Jonas)
Note culinaire : quand une police réduit un manifestant en guacamole, ça se fait sans avocat.
Fred Dubé (L'apocalypse durable: Pamphlet à l'usage des écoanxieux pour radicaliser leur famille (French Edition))
À la fin du seizième siècle, un moine d’Italie, Campanella, dans le fond d’une prison, imagine une nouvelle humanité. La communauté des biens, l’abolition de la famille, du foyer domestique, de la patrie, de la nationalité, l’agriculture pratiquée en commun, la hiérarchie de haut en bas, la distribution des richesses suivant la capacité et le travail de chacun, la papauté au faîte ; telle est l’utopie catholique dans son expression la plus nue. Le monastère en est le fond. Campanella dit lui-même qu’il l’emprunte à l’Église ; et, pour réaliser la monarchie du Christ, il demande le bras séculier de l’Espagne. L’idée grande qui saisit dans cette république idéale, est le principe de l’association, l’âme du catholicisme ; mais, d’autre part, que devient l’individu ? il n’existe pas. Au contraire, voici dans une île déserte, un homme, Robinson, jeté, par le naufrage, sur un rocher. Nu, sans défense, il ne lui reste que la Bible ; il est seul, et il tire tout de lui-même et du livre sacré ; c’est l’extrémité et l’utopie du protestantisme. Entre ces deux rêves, le monde cherche son chemin.
Edgar Quinet (Le Christianisme Et La Révolution Française (Classic Reprint) (French Edition))
Mais il faut le voir à table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjugué. D'où vient-elle donc cette créature ? Pr les mots dans sa bouche, ces idées qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce désir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet élan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ? Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible métier de parents, donner à cette gamine les moyens de son évasion. On a si peu de raison de se réjouir dans ces endroits qui n’ont ni la mère ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout où la soirée s’achèvent à 20 heures en semaine et dans les talus le week-end Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix à sa place. Ils en sont réduits ça, faire confiance, croiser les doigts, espérer quils l'ont élevée comme il faut et que ça suffira. L'adolescence est un assassinat prémédité de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git déjà sur le bord du chemin. Il faut désormais réinventer des rôles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruosités et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses évidentes, le règne indiscuté des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances à La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. Et puis il aimait bien aller à l'hôtel, dont elle réglait toujours la note. Il appréciait la simplicité des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrême propreté des serviettes de bain, le sol neutre et le téléviseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis précis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi précisé sur un petit carton à côté de la bouilloire, tout ce confort limité mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami, elle se disait ouais, les mecs de son espèce n'ont pas de répit, soumis au travail, paumés dans leurs familles recomposées, sans même assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goût du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. Après des siècles de règne relatif, ces pauvres types semblaient bien gênés aux entournures tout à coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillé à leur mesure. Leur nombre ne faisait rien à l'affaire. Ils se sentaient acculés, passés de mode, foncièrement inadéquats, insultés par l'époque. Des hommes élevés comme des hommes, basiques et fêlés, une survivance au fond. Toute la journée il dirigeait 20 personnes, gérait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer à la maison et demander cent fois à Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employé. Effectivement. Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dérida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvèrent. - T'aurais pu venir plus tôt, dit Gérard, après avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle. Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tête dodelinant d'une épaule à l'autre. C'était une concession bien suffisante et le père ne poussa pas plus loin son avantage. Pour motiver son petit frère, Julien a l'idée d'un entraînement spécial, qui débute par un lavage de cerveau en règle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, Karaté Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la même chose : des acteurs torse nu et des séquences d'entraînement qui transforment de parfaits losers en machines à gagner.
Nicolas Mathieu (Connemara)
A cet égard , je trouve cela curieux l’amour d’une mère. C’est quelque chose qui vous contient tout entier, durant neuf mois - puis qui vous lâche. Pas le choix – ni pour elle, ni pour vous. Ensuite, c’est du soin constant, puis du souci. De la joie aussi – enfin j’imagine… Puis un jour, plus rien. Je veux dire : l’un des deux corps disparaît, le regard par lequel on était sans doute attaché l’une à l’autre, la mère et l’enfant, n’a plus lieu d’être, plus rien à quoi s’accrocher. C’est l’espace qui s’ouvre à la place – tout entier. C’est une libération peut être. Je n’en sais rien en fait.
Bérengère Cournut (Zizi Cabane)
Me voici donc prêt à me libérer de mes anciens attachements pour pouvoir me consacrer pleinement à la recherche du bien suprême. Un doute pourtant me retient… Ce choix n’est-il pas dangereux ? Les plaisirs, les richesses et les honneurs ne sont certes pas des biens suprêmes, mais au moins, ils existent… Ce sont des biens certains. Alors que ce bien suprême qui est censé me combler en permanence de joie n’est pour l’instant qu’une supposition de mon esprit… Ne suis-je pas en train de m’engager dans une voie périlleuse ? Non : à la réflexion je vois bien que je ne cours aucun risque en changeant de vie : c’est au contraire en continuant à vivre comme avant que je courrais le plus grand danger. Car l’attachement aux biens relatifs est un mal certain puisque aucun d’eux ne peut m’apporter le bonheur !!! Au contraire, la recherche des moyens du bonheur est un bien certain : elle seule peut m’offrir la possibilité d’être un jour réellement heureux, ou au moins plus heureux… Le simple fait de comprendre cela me détermine à prendre définitivement et fermement la résolution de me détacher immédiatement de la recherche des plaisirs, des richesses et des honneurs, pour me consacrer en priorité à la création de mon bonheur, c’est-à-dire à la culture des joies les plus solides et les plus durables, par la recherche des biens véritables. Au moment même où cette pensée jaillit, je sens apparaître en moi un immense sentiment d’enthousiasme, une sorte de libération de mon esprit. J’éprouve un incroyable soulagement, comme si j’avais attendu ce moment toute ma vie. Une joie toute nouvelle vient de se lever en moi, une joie que je n’avais jamais ressentie auparavant : la joie de la liberté que je viens d’acquérir en décidant de ne vivre désormais que pour créer mon bonheur. J’ai l’impression d’avoir échappé à immense danger… Comme si je me trouvais à présent en sécurité sur le chemin du salut… Car même si je ne suis pas encore sauvé, même si je ne sais pas encore en quoi consistent exactement ces biens absolus, ni même s’il existe réellement un bien suprême, je me sens déjà sauvé d’une vie insensée, privée d’enthousiasme et vouée à une éternelle insatisfaction… J’ai un peu l’impression d’être comme ces malades qui sont proches d’une mort certaine s’ils ne trouvent pas un remède, n’ayant pas d’autre choix que de rassembler leurs forces pour chercher ce remède sauveur. Comme eux je ne suis certes pas certain de le découvrir, mais comme eux, je ne peux pas faire autrement que de placer toute mon espérance dans sa quête. Je l’ai maintenant compris avec une totale clarté, les plaisirs, les richesses et l’opinion d’autrui sont inutiles et même le plus souvent néfastes pour être dans le bonheur. Mieux : je sais à présent que mon détachement à leur égard est ce qu’il y a de plus nécessaire dans ma vie, si je veux pouvoir vivre un jour dans la joie. Du reste, que de maux ces attachements n’ont-ils pas engendré sur la Terre, depuis l’origine de l’humanité ! N’est-ce pas toujours le désir de les posséder qui a dressé les hommes les uns contre les autres, engendrant la violence, la misère et même parfois la mort des hommes qui les recherchaient, comme en témoigne chaque jour encore le triste spectacle de l’humanité ? N’est-ce pas l’impuissance à se détacher de ces faux biens qui explique le malheur qui règne presque partout sur le Terre ? Au contraire, chacun peut voir que les sociétés et les familles vraiment heureuses sont formées d’êtres forts, paisibles et doux qui passent leur vie à construire leur joie et celle des autres sans accorder beaucoup d’importance ni aux plaisirs, ni aux richesses, ni aux honneurs…
Bruno Giuliani
(Lu en traduction française: Zéro déchet.) La nourriture de qualité se paie, c'est certain, mais, à long terme, elle est meilleure pour nous et pour l'environnement: c'est un investissement que je suis prête à faire pour la santé de ma famille et celle de la planète. Plus nous achetons de produits bio, plus il y a de chances que leur prix baisse. Chaque fois que je fais les courses, je vote résolument "Oui aux aliments en vrac!" et "Oui aux produits biologiques!" Pour mes enfants, je rêve d'un avenir plus sain et sans déchet: je suis heureuse d'y investir mon argent chaque semaine.
Bea Johnson (Zero Waste Home: The Ultimate Guide to Simplifying Your Life by Reducing Your Waste)
Aussi conviendrait-il, pour parvenir à parler sans honte des livres non lus, de nous délivrer de l’image oppressante d’une culture sans faille, transmise et imposée par la famille et les institutions scolaires, image avec laquelle nous essayons en vain toute notre vie de venir coïncider. Car la vérité destinée aux autres importe moins que la vérité de soi, accessible seulement à celui qui se libère de l’exigence contraignante de paraître cultivé, qui nous tyrannise intérieurement et nous empêche d’être nous-même.
Pierre Bayard (How to Talk About Books You Haven't Read)
Il y a une logique dans la succession de ces plaies. Le Nil devient rouge comme le sang. Sans doute une crue inhabituelle du Nil a drainé des argiles rouges polluant l’eau au point d’y tuer les poissons. Après ce phénomène, il y a une invasion de grenouilles. Ces gentils batraciens fuyaient sans doute le Nil pollué. Puis, autre plaie, les mouches et les moustiques pullulent. Les cadavres de poissons et autres animaux empoisonnés au bord du Nil y sont sans doute pour quelque chose. Après quoi, c’est le bétail qui est malade et les hommes qui attrapent des furoncles. Responsables, les insectes piquants. Parce qu’un malheur n’arrive jamais seul, après six plaies, la septième : la grêle. Là, c’est la météo qui se déchaîne. Cette grêle hache les cultures, et ce qu’il en reste est ensuite attaqué par l’invasion de sauterelles comme ces pays en connaissent parfois. Est-ce un vent venant d’Éthiopie qui amena les sauterelles avant d’amener des poussières telles que, durant trois jours, on n’y voyait plus rien ? Enfin, dernière et terrifiante plaie : la mort des premiers-nés mâles de chaque famille égyptienne ! Un écho affreux à tous ces garçons hébreux jetés dans le Nil.
Eric Denimal (La Bible pour les Nuls (French Edition))
Chap. II – Les origines du spiritisme : « On sait que c’est en Amérique que le spiritisme, comme beaucoup d’autres mouvements analogues, eut son point de départ : les premiers phénomènes se produisirent en décembre 1847 à Hydesville, dans l’État de New-York, dans une maison où venait de s’installer la famille Fox, qui était d’origine allemande, et dont le nom était primitivement Voss. Si nous mentionnons cette origine allemande, c’est que, si l’on veut un jour établir complètement les causes réelles du mouvement spirite, on ne devra pas négliger de diriger certaines recherches du côté de l’Allemagne ; nous dirons pourquoi tout à l’heure. Il semble bien, d’ailleurs, que la famille Fox n’ait joué là-dedans, au début du moins, qu’un rôle tout involontaire, et que, même par la suite, ses membres n’aient été que des instruments passifs d’une force quelconque, comme le sont tous les médiums. Quoi qu’il en soit, les phénomènes en question, qui consistaient en bruits divers et en déplacements d’objets, n’avaient en somme rien de nouveau ni d’inusité ; ils étaient semblables à ceux que l’on a observés de tout temps dans ce qu’on appelle les « maisons hantées » ; ce qu’il y eut de nouveau, c’est le parti qu’on en tira ultérieurement. Au bout de quelques mois, on eut l’idée de poser au frappeur mystérieux quelques questions auxquelles il répondit correctement ; pour commencer, on ne lui demandait que des nombres, qu’il indiquait par des séries de coups réguliers ; ce fut un Quaker nommé Isaac Post qui s’avisa de nommer les lettres de l’alphabet en invitant l’« esprit » à désigner par un coup celles qui composaient les mots qu’il voulait faire entendre, et qui inventa ainsi le moyen de communication qu’on appela spiritual telegraph. L’« esprit » déclara qu’il était un certain Charles B. Rosna, colporteur de son vivant, qui avait été assassiné dans cette maison et enterré dans le cellier, où l’on trouva effectivement quelques débris d’ossements. D’autre part, on remarqua que les phénomènes se produisaient surtout en présence des demoiselles Fox, et c’est de là que résulta la découverte de la médiumnité ; parmi les visiteurs qui accouraient de plus en plus nombreux, il y en eut qui crurent, à tort ou à raison, constater qu’ils étaient doués du même pouvoir. Dès lors, le modern spiritualism, comme on l’appela tout d’abord, était fondé ; sa première dénomination était en somme la plus exacte, mais, sans doute pour abréger, on en est arrivé, dans les pays anglo-saxons, à employer le plus souvent le mot spiritualism sans épithète ; quant au nom de « spiritisme », c’est en France qu’il fut inventé un peu plus tard.
René Guénon (The Spiritist Fallacy (Collected Works of Rene Guenon))
Alors que le grand U canalisait les eaux pour assécher les terres, il s’égara, contourna la mer du nord, et arriva, très loin, tout au septentrion, dans un pays sans vent ni pluie, sans animaux ni végétaux d’aucune sorte, un haut plateau bordé de falaises abruptes, avec une montagne conique au centre. D’un trou sans fond, au sommet du cône, jaillit une eau d’une odeur épicée et d’un goût vineux, qui coule en quatre ruisseaux jusqu’au bas de la montagne, et arrose tout le pays. La région est très salubre, ses habitants sont doux et simples. Tous habitent en commun, sans distinction d’âge ni de sexe, sans chefs, sans familles. Ils ne cultivent pas la terre, et ne s’habillent pas. Très nombreux, ces hommes ne connaissent pas les joies de la jeunesse, ni les tristesses de la vieillesse. Ils aiment la musique, et chantent ensemble tout le long du jour. Ils apaisent leur faim en buvant de l’eau du geyser merveilleux, et réparent leurs forces par un bain dans ces mêmes eaux. Ils vivent ainsi tous exactement cent ans, et meurent sans avoir jamais été malades. Jadis, dans sa randonnée vers le Nord, l’empereur Mou des Tcheou visita ce pays, et y resta trois ans. Quand il en fut revenu, le souvenir qu’il en conservait, lui fit trouver insipides son empire, son palais, ses festins, ses femmes, et le reste. Au bout de peu de mois, il quitta tout pour y retourner. Koan-tchoung étant ministre du duc Hoan de Ts’i, l’avait presque décidé à conquérir ce pays. Mais Hien-p’eng ayant blâmé le duc de ce qu’il abandonnait Ts’i, si vaste, si peuplé, si civilisé, si beau, si riche, pour exposer ses soldats à la mort et ses feuda¬taires à la tentation de déserter, et tout cela pour une lubie d’un vieillard, le duc Hoan renonça à l’entreprise, et redit à Koan-tchoung les paroles de Hien-p’eng. Koan-tchoung dit : Hien p’eng n’est pas à la hauteur de mes conceptions. Il est si entiché de Ts’i, qu’il ne voit rien au delà. (Lieh-Zi, 5.5) 湯問,5: 禹之治水上也,迷而失塗,謬之一國。濱北海之北,不知距齊州幾千萬里,其國名曰終北,不知際畔之所齊限。无風雨霜露,不生鳥、獸、蟲、魚、草、木之類。四方悉平,周以喬陟。當國之中有山,山名壺領,狀若甔甄。頂有口,狀若員環,名曰滋穴。有水湧出,名曰神瀵,臭過蘭椒,味過醪醴。一源分為四埒,注於山下;經營一國,亡不悉徧。土氣和,亡札厲。人性婉而從,物不競不爭。柔心而弱骨,不驕不忌;長幼儕居,不君不臣;男女雜游,不媒不聘;緣水而居,不耕不稼;土氣溫適,不織不衣;百年而死,不夭不病。其民孳阜亡數,有喜樂,亡衰老哀苦。其俗好聲,相攜而迭謠,終日不輟音。饑惓則飲神瀵,力志和平。過則醉經旬乃醒。沐浴神瀵,膚色脂澤,香氣經旬乃歇。周穆王北遊,過其國,三年忘歸。既反周室,慕其國,惝然自失。不進酒肉,不召嬪御者數月,乃復。管仲勉齊桓公,因遊遼口,俱之其國。幾剋舉,隰朋諫曰:「君舍齊國之廣,人民之眾,山川之觀,殖物之阜,禮義之盛,章服之美,妖靡盈庭,忠良滿朝,肆咤則徒卒百萬,視撝則諸侯從命,亦奚羨於彼,而棄齊國之社稷,從戎夷之國乎?此仲父之耄,柰何從之?」桓公乃止,以隰朋之言告管仲,仲曰:「此固非朋之所及也。臣恐彼國之不可知之也。齊國之富奚戀?隰朋之言奚顧?」
Liezi (Lieh-tzu: A Taoist Guide to Practical Living (Shambhala Dragon Editions))
Certes, René Guénon, assis en tailleur devant moi, en train de manger avec précautions un pigeon frit qu'il tient entre ses doigts, n'a jamais prétendu à la direction spirituelle, moins encore à la sainteté. Mais jamais je n'ai eu à tel point le sentiment du coup de gomme du sacré sur un visage. L'homme, dans son effacement, était en-deçà ou au-delà de l'individuel, et ceci jusque dans le détail le plus banal. Comment le nommer en parlant de lui avec sa famille ? Est-ce M. Guénon ou bien le cheik Abd el-Wahid, le père de Leila et Khadija, les fillettes qui courent dans le jardin ? J'en suis encore à me demander si sa femme, la fille du cheik Mohammed Ibrahim, était consciente de l'existence de M. René Guenon, fils de Jean-Baptiste Guénon, architecte à Blois, et de Madame née Jolly. « Béni soit Celui qui efface les noms, prénoms et surnoms.» Tout résidu psychique ou mental était aboli, il ne restait plus qu'une âme d'une transparence totale. Mais rien de l'ascèse ni de l'extase. La pureté était sans apprêt, familière même, presque terre à terre. En toute simplicité, René Guenon était diaphane. Sa conversation était souvent banale, sans effets de style. Dire ce qui est. Les seuls ornements étaient les citations, à la manière orientale, de proverbes édifiants ou de versets pieux : « Tout passe, sauf le Visage de Dieu. » Pour René Guénon, ce qui est, c'est le Visage de Dieu. Dire ce qui est, c'est décrire les reflets de ce Visage dans les Védas ou le Tao Te King, la Kabbale ou l'ésotérisme musulman, les mythologies ou bien les symboles de l'art chrétien médiéval. L'homme disparaissait derrière la doctrine traditionnelle.
Nadjm Bammate
Dans une France déstabilisée et plus éclatée que jamais, il est crucial d’entretenir et de développer tous les moments de communion citoyenne. Le dimanche est le jour de la vie commune. Il est celui des fêtes, des repas et promenades en famille, du vote aux élections, des devoirs faits et revus avec les enfants, des rencontres sportives amicales, du culte et de la pratique de beaucoup d’autres activités sociales. Remettre en cause le principe du repos dominical, c'est porter une nouvelle atteinte à cette cohésion nationale dont l'équilibre est aujourd'hui si fragile. Comme le disait le général de Gaulle, «la vie n'est pas le travail, travailler sans cesse rend fou ! ». L'élargissement du travail le dimanche n'est pas une libération. Invoquer la liberté du travail pour le motiver est une mystification.
Anonymous
Ce sont des gosses en échec scolaire, m'explique-t-il, la mère est seule le plus souvent, certains ont déjà eu des ennuis avec la police, ils ne veulent pas entendre parler des adultes, ils se retrouvent dans des classes relais, quelque chose comme tes classes aménagées des années soixante-dix, je suppose. Je prends les caïds, les petits chefs de quinze ou seize ans, je les isole provisoirement du groupe, parce que c'est le groupe qui les tue, toujours, il les empêche des e constituer, je leur colle une caméra dans les mains et je leur confie un de leurs potes à interviewer, un gars qu'ils choisissent eux-mêmes. Ils font l'interview seuls dans un coin, loin des regards, ils reviennent, et nous visionnons le film tous ensemble, avec le groupe, cette fois. Ça ne rate jamais : l'interviewé joue la comédie habituelle devant l'objectif, et celui qui filme entre dans son jeu. Ils font les mariolles, ils en rajoutent sur leur accent, ils roulent des mécaniques dans leur vocabulaire de quatre sous en gueulant le plus fort possible, comme moi quand j'étais môme, ils en font des caisses, comme s'ils s'adressaient au groupe, comme si le seul spectateur possible, c'était le groupe, et pendant la projection leurs copains se marrent. Je projette le film une deuxième, une troisième, une quatrième fois. Les rires s'espacent, deviennent moins assurés. L'intervieweur et l'interviewé sentent monter quelque chose de bizarre, qu'ils n'arrivent pas à identifier. À la cinquième ou à la sixième projection, une vraie gêne s'installe entre leur public et eux. À la septième ou à la huitième (je t'assure, il m'est arrivé de projeter neuf fois le même film !), ils ont tous compris, sans que je le leur explique, que ce qui remonte à la surface de ce film, c'est la frime, le ridicule, le faux, leur comédie ordinaire, leurs mimiques de groupe, toutes leurs échappatoires habituelles, et que ça n'a pas d'intérêt, zéro, aucune réalité. Quand ils ont atteint ce stade de lucidité, j'arrête les projections et je les renvoie avec la caméra refaire l'interview, sans explication supplémentaire. Cette fois on obtient quelque chose de plus sérieux, qui a un rapport avec leur vie réelle ; ils se présentent, ils disent leur nom, leur prénom, ils parlent de leur famille, de leur situation scolaire, il y ades silences, ils cherchent leurs mots, on les voit réfléchir, celui qui répond autant que celui qui questionne, et, petit à petit, on voit apparaître l'adolescence chez ces adolescents, ils cessent d'être des jeunes quis 'amusent à faire peur, ils redeviennent des garçons et des filles ed leur âge, quinze ans, seize ans, leur adolescence traverse leur apparence, elle s'impose, leurs vêtements, leurs casquettes redeviennent des accessoires, leur gestuelle s'atténue, instinctivement celui qui filme resserre le cadre, il zoome, c'est leur visage qui compte maintenant, on dirait que l'interviewer écoute le visage de l'autre, et sur ce visage, ce qui apparaît, c'est l'effort de comprendre, comme s'ils s'envisageaient pour la première fois tels qu'ils sont : lis font connaissance avec la complexité. (p. 236-237)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
L’art comme idéologie La « justification esthétique du monde » L’art contre la science et contre la morale Le classicisme Entre bien et mal « L’éternel absent » L’existence L’esprit « Regardez la mère, regardez l’enfant » La politique, l’art, la religion « Tous sont idolâtres et mécontents de l’être » Un philosophe et un maître « Noblesse oblige » Un spiritualisme laïque Moralisme et volontarisme « Tout seul, universellement » Les vertus Le bonheur L’action Le philosophe contre les pouvoirs La société, la famille, l’enfance Bourgeois et prolétaires Le sommeil, la peur Le droit et la force : « Tout pouvoir est militaire » La contradiction : « l’ordre est terrifiant » et nécessaire L’individu et le groupe : « Léviathan est sot » Individualisme contre totalitarisme L’humanisme : « L’homme est un dieu pour l’homme » L’égoïsme et le marché Les passions et la guerre La République, la démocratie, la gauche Obéir sans adorer Résister « Se priver du bonheur de l’union sacrée » « Il court-circuite l’enthousiasme » Le Dieu et l’idole Spinoza, philosophe du plaisir et de la joie Du monisme au dualisme Refus du matérialisme et du Dieu-Objet Refus du fatalisme « L’existence n’est pas Dieu » Désespoir ou idolâtrie ? Simone Weil et Spinoza Le nécessaire et le Bien Une idolâtrie de la nature Humanisme ou décréation L’absurde dans Le Mythe de Sisyphe L’absurde Une pensée délivrée de l’espoir Le refus du suicide Révolte et sagesse De l’absurde à l’amour L’Orientation philosophique de Marcel Conche PRÉFACE Un cheminement philosophique Le mal absolu De l’athéisme au tragique Une philosophie du devenir et de l’apparence Contre la sophistique La vie comme affirmation de la différence
André Comte-Sponville (Du tragique au matérialisme (et retour): Vingt-six études sur Montaigne, Pascal, Spinoza, Nietzsche et quelques autres)
Ludwig Wittgenstein, issu d’une très riche famille autrichienne, a été tour à tour dans le désordre ermite en Norvège, mécène d’artistes sans le sou, combattant volontaire de l’armée austro-hongroise durant la Première Guerre mondiale, prisonnier de guerre en Italie, jardinier dans un couvent, maître d’école dans des villages de Basse-Autriche, architecte, étudiant (à l’âge de 40 ans), serveur dans une cantine, portier, brancardier dans un hôpital londonien, technicien dans un laboratoire d’analyses médicales.
Christian Godin (La Philosopie Pour Les Nuls)
Comment en est-on arrivé là? Comment le mouvement de libération gay, que Huey P. Newton, président des Black Panthers, avait cru “peut-être le plus révolutionnaire”....un mouvement dont les slogans étaient “Démolissons la famille, démolissons l’état” et “une armée d’amants ne peut pas perdre”...une collectivité qui envisageait une révolution totale des rôles de genre et de sexe, une nouvelle responsabilité sociale et communautaire….une communauté qui faisait face à la crise du SIDA avec une unité et une imagination sans limites...comment cette force radicale, vivante et créatrice a-t-elle (...) pu dégénérer en un groupe de couples racistes, refoulés, aisés, privatisés, prêts à sacrifier tout leur héritage juste pour se marier? Et échouer ?
Sarah Schulman (The Gentrification of the Mind: Witness to a Lost Imagination)
la foi au coeur et la santé au corps et une bonne tite famille ac qui partager le bonheur, c'est sa la vie sans malheur '' #be_inspired
Mohammed El Amin OGGADI
– Le centre de gravité de l’Europe va se déplacer. Vers le monde anglo-saxon et, finalement, vers l’Amérique. Vous voyez bien aujourd’hui comment la francophonie s’éteint à petit feu… La dérive nordique éloignera la France de son histoire originelle, de sa parenté affective, la Méditerranée – mare nostrum. J’étais fasciné par sa vaste culture et son sens de l’Histoire. Il me dit que, si elle se faisait, l’Europe de Maastricht se détournerait de l’Afrique. Seule une Europe latine pouvait comprendre et fixer les populations sur place. Comme ces paroles résonnent aujourd’hui ! Il me confia l’avoir répété à Roland Dumas : « Vous avez tort de soutenir ce sinistre traité. Il fera obstacle à ce que la Méditerranée puisse devenir, autour de la France, de l’Espagne et du Maroc, une zone d’équilibre, un lac de Tibériade, autour duquel les trois religions et les fils d’Abraham pourraient trouver des points d’harmonie et prévenir les grandes transhumances de la misère et de l’envie. » Le roi paraissait fort mobilisé sur ce sujet. Presque intarissable : – Vos élites sont ballotées sur des mers sans rivage, elles ont perdu toutes les boussoles. – De quelles boussoles parlez-vous ? – De celles qui nous conduisent dans l’espace et le temps : celles des cartes, des aiguilles et de la pérennité. La géographie, qui est la seule composante invariable de l’Histoire ; et la famille, qui en est le principe et la sève. Je ne vous envie pas. Il était redevenu le souverain impérieux. Me voyant surpris, il lâcha brutalement : – Vous parquez vos vieux. Dans des maisons de retraite. Vous exilez la sagesse. Vous avez aboli la gratitude, et donc l’espoir. Il n’y pas d’avenir pour un peuple qui perd ses livres vivants et n’a plus d’amour-propre. Qui abhorre son propre visage. Si vous ne retrouvez pas la fierté, vous êtes perdus. L’entretien dura encore quelque temps. Le roi Hassan II parlait beaucoup. Il se désolait de voir la France choir dans la haine de soi. Je n’ignorais pas qu’il dirigeait son pays d’une main de fer. Mais son amour sincère pour la France me toucha. Il répéta plusieurs fois le mot de Péguy : « Quand une société ne peut plus enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner. »" pp. 146-147
Philippe de Villiers (Le moment est venu de dire ce que j'ai vu)
Chant de la Nouvelle-France La Nouvelle-France est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. La Nouvelle-France est une terre de promesses, pas une terre d'indifférence. La Nouvelle-France est une France meilleure, on n'a plus soif de sang. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intégrante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous égaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolérance. Les mesures primitives sont inutiles, Le caractère triomphe en Nouvelle-France. La Nouvelle-France est un art d'aimer, hors de portée des singes haineux. La Nouvelle-France est célébration de la vie, pas une validation de préjugés ruineux.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Hymne du Nouveau Canada Le Nouveau-Canada est un art d'amour, pas une tache de haine et d'ignorance. Le Nouveau Canada est une terre de promesses et non une terre d’indifférence. Le Nouveau Canada est un Canada meilleur, Notre vrai Nord est l’amour. Nous travaillons ensemble sans division, pour faire partie intégrante du monde. Le Hijab, l'habit, le turban, tous égaux - Ce qui est inacceptable, c'est l'intolérance. Le caractère triomphe au Nouveau-Canada, Les traditions primitives sont insignifiantes. Le Nouveau-Canada est un art d'aimer, hors de portée des singes haineux. Le Nouveau-Canada est célébration de la vie, pas une validation de préjugés ruineux.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Qui vit à l’étranger marche dans un espace vide au-dessus de la terre sans le filet de protection que tend à tout être humain le pays qui est son propre pays, où il a sa famille, ses collègues, ses amis, et où il se fait comprendre sans peine dans la langue qu’il connaît depuis l’enfance.
Milan Kundera (L'insoutenable légèreté de l'être (French Edition))
Mieux vaut être un amant fou qu'un découvreur sans cœur. Soyez un humain vivant, pas un ordinateur sans cœur.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Sans responsabilité, il n'y a pas de civilisation.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Seuls ceux qui ont ressenti une douleur atroce peuvent aider les autres sans aucun gain.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
La nation Naskar est nation mondiale, La culture Naskar est l'intégration. La planète Naskar est sans frontières, Le paradigme Naskar est l’indivision.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Il n'y a pas de croissance sans inconfort.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Une nation sans étroitesse est une terre universelle.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
L’humain sans l’humanité est une tragédie divine.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Il n'y a pas d'amour sans larmes.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Je me souviens de l'atelier de mon père. Je ne peux pas passer devant l’échoppe d'un cordonnier sans croire que mon père est encore vivant, quelque part dans l'au-delà du monde, assis devant une table de fumée, avec son tablier bleu, son tranchet, ses ligneuls, ses alènes, en train de faire des souliers en cuir d'ange pour quelque dieu à mille pieds. Jean le bleu.
Jean Giono (Blue Boy)
Si, comme l’écrit Dominique Viart, le roman de la famille creuse une « faille que le mot famille porte en lui », le mot couple porte en lui une autre faille, une césure, une coupe définitivement sans L.
Frédéric Clamens-Nanni (Regarder Son Amour Se Defaire: Sur Le Roman De La Fin Du Couple 1989-2013 (Etudes De Litterature Des Xxe Et Xxie Siecles, 113) (French Edition))
Des familles entières étaient pliées en deux et tordues de rire. L’agent toisait d’un air avantageux la salle et ses occupants qui hoquetaient, leurs dentiers claquant, leurs perruques glissant, leurs pacemakers peinant, leurs boyaux glougloutant. C’était d’un ridicule sans bornes – une véritable « régression anthropoïde », selon l’expression de John. Il se mit à crier à son tour, leur disant qu’ils n’y comprenaient rien. Personne ne l’écouta. Ils lui jetèrent des gobelets en plastique et lui firent des grimaces. L’agent lui dit de la boucler.
Le Seigneur des porcheries
Fréquenter un garçon hors mariage, à mon âge de surcroît, serait jeter l’opprobre sur l’honorabilité des Beaumont ; a fortiori, un conquérant de notre nation. Ce serait une indélébile souillure pour ma famille. Comment lui infliger pareil châtiment ? Pour quel motif s’entêter dans une folie ? À mon questionnement sans relâche, la réponse est immuable : Il me le faut !
Carine Alexandre (Je me souviens)
Ce qu'elle prend pour de vraies pensées lui vient quand elle est seule ou en promenant l'enfant. Les vraies pensées ne sont pas pour elle des réflexions sur les façons de parler et de s'habiller des gens, la hauteur des trottoirs pour la poussette, l'interdiction des Paravents de Jean Genet et la guerre au Vietnam, mais des questions sur elle-même, l'être et l'avoir, l'existence. C'est l'approfondissement de sensations fugitives, impossibles à communiquer aux autres, tout ce que, si elle avait le temps d'écrire - elle n'a même plus celui de lire -, serait la matière de son livre. Dans son journal intime, qu'elle ouvre très rarement comme s'il constituait une menace contre la cellule familiale, qu'elle n'ait plus le droit à l'intériorité, elle a noté : "Je n'ai plus d'idées du tout. Je n'essaie plus d'expliquer ma vie" et "je suis une petite-bourgeoise arrivée." Elle a l'impression d'avoir dévié de ses buts antérieurs, de n'être plus que dans une progression matérielle. "J'ai peur de m'installer dans cette vie calme et confortable, d'avoir vécu sans m'en rendre compte". Au moment même où elle fait ce constat, elle sait qu'elle n'est pas prête à renoncer à tout ce qui ne figure jamais dans ce journal intime, cette vie ensemble, cette intimité partagée dans un même endroit, l'appartement qu'elle a hâte de retrouver les cours finis, le sommeil à deux, le grésillement du rasoir électrique le matin, le conte des Trois petits cochons le soir, cette répétition qu'elle croit détester et qui l'attache, dont un éloignement momentané de trois jours pour passer le Capes lui a fait sentir le manque - tout ce qui, quand elle en imagine la perte accidentelle, lui serre le coeur.
Annie Ernaux (Les Années)
Le désastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n'est plus Évelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d'Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu'il est arrivé chez Évelyne et Jacques. Le parent émerveillé fait circuler sur Internet des photos de famille mièvres, montre à qui veut (et qui ne veut pas) des films vidéo de son enfant prenant le bain ou déballant des cadeaux de Noël. Il circule avec un badge « bébé à bord » sur la lunette arrière de son auto : une sorte d'image pieuse des temps modernes, aussi utile qu'un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort. Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « Comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcément de réponse. Car le parent gaga se sent obligé de tenir la terre entière au courant des progrès fulgurants de sa progéniture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « Noé a dessiné un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « Hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »).
Corinne Maier (No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant)
Le jeûne et les festins deviennent un chœur futile si la vie est éloignée de la vie. La célébration du Ramadan est la célébration du rahmat*, le Ramadan sans la *compassion est le Ramadan sans vie. Le Ramadan n'est pas une fête musulmane, c'est une fête humaine. Le Ramadan est un rappel pour raviver notre lumière, Le Ramadan met fin à tous les sentiments peu charitables.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Ramadan Sonnet Le jeûne et les festins deviennent un chœur futile si la vie est éloignée de la vie. La célébration du Ramadan est la célébration du rahmat*, le Ramadan sans la *compassion est le Ramadan sans vie. Le Ramadan n'est pas une fête musulmane, c'est une fête humaine. Le Ramadan est un rappel pour raviver notre lumière, Le Ramadan met fin à tous les sentiments peu charitables. Le plus grand iftar est de rompre le jeûne de l’apathie, avec la fête de l’affection. Pour celui qui vit avec bonté, chaque jour est le Ramadan.
Abhijit Naskar (L'humain Impossible: Cent Sonnets pour Ma Famille Mondiale (French Edition))
Dans ces sortes de sociétés, où rien n'est fixe, chacun se sent aiguillonné sans cesse par la crainte de descendre et l'ardeur de monter; et comme l'argent, en même temps qu'il y est devenu la principale marque qui classe et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilité singulière, passant de mains en mains sans cesse, transformant la condition des individus, élevant ou abaissant les familles, il n'y a presque personne qui ne soit obligé d'y faire un effort désespéré et continu pour le conserver ou pour l'acquérir. L'envie de s'enrichir à tout prix, le goût des affaires, l'amour du gain, la recherche du bien-être et des jouissances matérielles y sont donc les passions les plus communes.
Alexis de Tocqueville (The Old Regime and the French Revolution)
Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin.
Marcel Proust (À la recherche du temps perdu: (complète) (French Edition))
On ment aux enfants [...] Parfois, on leur ment sans le savoir. Lorsqu'on quitte tout, lorsqu'on trouve la force en soi de se lever et de partir, de quitter son pays, sa langue, sa famille, comme l'a fait mon père, pour se réinventer, pour être à la fois son propre parent et son propre enfant - puisqu'on s'élève, seul, sur un terre étrangère, puisqu'on s'apprend à vivre -, lorsqu'on quitte tout, l'histoire qu'on se raconte et qu'on raconte à ses enfants est celle d'une table rase. Mais cette renaissance aussi est un mensonge. Lorsqu'on quitte tout, comment se transmet ce qu'on fuit et qui malgré cela ne lâche pas, qui malgré cela nous suit ? Car, lorsqu'on part, il est déjà trop tard.
Jakuta Alikavazovic (Comme un ciel en nous)
Nous savons aujourd'hui que les peuples qualifiés de "primitifs", ignorant l'agriculture et l'élevage, ou ne pratiquant qu'une agriculture rudimentaire, parfois sans connaissance de la poterie et du tissage, vivant principalement de chasse et de pêche, de cueillette et de ramassage des produits sauvages, ne sont pas tenaillés par la crainte de mourir de faim et l'angoisse de ne pouvoir survivre dans un milieu hostile. Leur petit effectif démographique, leur connaissance prodigieuse des ressources naturelles leur permettent de vivre dans ce que nous hésiterions sans doute à nommer l'abondance. Et pourtant -des études minutieuses l'ont montré en Australie, en Amérique du Sud, en Mélanésie et en Afrique-, de deux à quatre heures de travail quotidien suffisent amplement à leurs membres actifs pour assurer la subsistance de toutes les familles, y compris les enfants et les vieillards qui ne participent pas encore ou ne participent plus à la production alimentaire. Quelle différence avec le temps que nos contemporains passent à l'usine ou au bureau ! Il serait donc faux de croire ces peuples esclaves des impératifs du milieu. Bien au contraire, ils jouissent vis-à-vis du milieu d'une plus grande indépendance que les cultivateurs et les éleveurs. Ils disposent de plus de loisirs qui leur permettent de faire une large place à l'imaginaire, d'interposer entre eux et le monde extérieur, comme des coussins amortisseurs, des croyances, des rêveries, des rites, en un mot toutes ces formes d'activité que nous appellerions religieuse et artistique.
Claude Lévi-Strauss (DISCOURS PRONONCES DANS LA SEANCE PUBLIQUE Signed 1st ed)
Le service militaire réunit matériellement les hommes et crée une unité apparente autour d'un critère précis : avoir un pénis "qui fonctionne". Basé sur une idéologie patriotique valorisée par les familles, il rassemble ceux qui ont le "pouvoir de baiser" pour former le corps principal de la nation. Il donne l'image d'une piscine dans laquelle des hommes, se situant à différents niveaux de la hiérarchie sociale et issus de milieux culturels très divers, nagent maladroitement, mais tous ensemble. Sortir de cette piscine est impossible, tout comme fermer les yeux, s'arrêter ou s'isoler. Les hommes restent, continuant à nager sans savoir pourquoi. Pourtant, d'autres gardent en mémoire l'image d'un chaudron plutôt que celle d'une piscine. Cuire ensemble est un processus de co-construction.
Pınar Selek (Le chaudron militaire turc : Un exemple de production de la violence masculine)
Cette raison [de l'innocence de son père] tient au poids de l'émigration, un poids que porte, en partie, la génération suivante - la mienne -, celle qui ne devrait rien connaître de la mélancolie des origines mais qui, trop souvent, l'éprouve. Comme une gêne. Comme une incapacité à tenir en place, à se sentir pleinement chez soi. Cette raison-ci tient à ce que se sont imposé tant de familles immigrées : le fardeau de l'exemplarité. Ne pas faire de vagues, ne pas déroger, ne pas faire honte - ne jamais donner à quiconque la moindre raison de dire ce que, trop souvent, on entend sans raison: Ah, ces étrangers.
Jakuta Alikavazovic (Comme un ciel en nous)
Elle souffrait par ailleurs de claustrophobie, un problème sans doute naturel lorsqu'on appartient à une famille éparpillée aux quatres coins de l'Amérique du Nord
Nicolas Dickner (Nikolski)
Khi tôi sống một thân một mình, tôi lại thấy ít dằn vặt hơn, ít khổ sở hơn ngày nay. Lúc ấy, lúc tôi buồn thì tôi khóc vì không có gia đình, ai có thể nói trước rằng khi tôi có gia đình thì tôi sẽ khóc vì thất vọng. Ánh sáng sẽ từ phương nào đến? Do ai đem lại?
Hector Malot (Sans Famille)
La non-valeur de ce travail [ménager] est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus précisément c'est un contrat par lequel le chef e famille - le mari - s'approprie tout le travail effectué dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marché comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement le travail de la femme est sans valeur parce qu'il ne peut pas être porté sur le marché, et il ne peut l'être en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriée par son mari. Cependant, le tiers environ des femmes mariées travaillent à l'extérieure. On constate que ceci va de pair avec l'extension de la production industrielle - et donc du salariat - et la diminution de la production familiale, artisanale ou commerciale. Dès lors que la production destinée à l'échange (au marché) est effectuée hors de la famille, sur le mode du salariat, dès lors que l'homme ne vend plus un produit mais son travail, la production marchande ne peut plus incorporer le travail gratuit des femmes. Celui-ci ne peut plus être utilisé que dans la production destinée à l'autoconsommation : la production de services domestiques et d'élevage des enfants. (p. 123-124)
Christine Delphy (L'ennemi principal (Tome 1) : économie politique du patriarcat)
la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
Hector Malot (Sans Famille)
L'action et la persévérance font partie de la même famille, car la foi sans les œuvres est nulle.
Schadrac Grahouan
Madge s'approcha du buffet, où trônaient une cruche et des bols. Les yeux fixés au mur, elle enchaîna : "Voulez-vous savoir le plus étrange ? Après leur mort, je ne pouvais plus réciter le Notre Père... Fiat voluntas tua : 'Que votre volonté soit faite.' Ces mots, je les comprends, ajouta-t-elle la gorge nouée ; mon père m'a appris le latin. J'étais incapable de les prononcer ! Dieu m'avait enlevé ma famille. La torture était suffisante sans que j'y rajoute de mon propre chef celle de l'approuver." Ses yeux s'embuèrent de larmes au souvenir de cette terrible épreuve. "Je n'avais pas envie que la volonté de Dieu s'accomplisse ; je voulais retrouver mes enfants. 'Que votre volonté soit faite !' A la fin de la prière, je ne pouvais me résoudre à dire : 'Ainsi soit-il', quitte à aller en enfer.
Ken Follett (World Without End (Kingsbridge, #2))
Et dès que ma mère s’est aperçue qu’il y poussait comme des petits boutons, elle m’a dit de cacher ça. Elle m’a dit de ne pas montrer cela aux hommes. Même pas à mon père. Elle m’a donné une vielle chemise d’un de mes frères. Elle m’a montré comment je devais m’asseoir. Et surtout baisser les yeux quand on m’adressait la parole. « Il n’y a que les filles sans pudeur et les évoluées de Kigali qui regardent un homme en face », me répétait-elle. Cela a dû être la même chose pour toi. Mais à présent nous devrions nous réjouir de voir notre sang chaque mois. Cela veut dire aussi que nous sommes des femmes, de vraies femmes qui aurons des enfants. Tu sais bien que, pour devenir de vraies femmes, il faut avoir des enfants. Quand on te marie, c’est ce qu’on attend de toi. Tu n’es rien dans ta nouvelle famille et pour ton mari, si tu n’as pas d’enfants. Il faut que tu aies des enfants, des garçons, surtout des garçons. C’est quand tu as des fils que tu es une vraie femme, une mère, celle que l’on respecte.
Scholastique Mukasonga (Our Lady of the Nile)
- Excuse-moi de ne pas apprécier un sport où les joueurs passent leur temps à se cogner dessus ! Cette fois-ci, il ne rit pas et se rapprocha d'elle, la dominant de sa haute taille. - Le rugby ce n'est pas ça. Ce n'est pas une bande de gros bras qui se foncent dessus sans réfléchir. Le rugby, c'est une mentalité. C'est tout donner pour son équipe, encaisser les coups pour aider les copains à marquer, jouer pour les autres, avant de jouer pour soi-même. C'est le respect du jeu, de ses règles complexes, de l'arbitre, de l'adversaire. C'est tout donner pour les autres, sur le pré et en dehors. Le rugby, ce n'est pas juste une équipe de joueurs, c'est une famille, un clan une tribu. Il n'y a pas que les joueurs, il y a la famille, les amis, les supporters. On ne gagne pas un match pour nous, mais pour tout le monde. Si tu ne comprends pas ça, inutile d'apprendre les règles, tu ne comprendras jamais rien au jeu.
Amanda Bayle (Numéro 10)
Voyant quels réflexes merveilleux il obtenait avec les nerfs faciaux de Danton, immobilisés dans la mort depuis plus d'un siècle, Canterel avait conÁu l'espoir de donner une complète illusion de la vie en agissant sur de récents cadavres, garantis par un froid vif contre la moindre altération. Mais la nécessité d'une basse température empêchait d'utiliser l'intense pouvoir électrisant de l'aqua-micans, qui, se congelant rapidement, eût emprisonné chaque trépassé, dès lors impuissant à se mouvoir. S'esseyant longuement sur des cadavres soumis à temps au froid voulu, le maître, après maints t’tonnements, finit par composer d'une part du vitalium, d'autre part de la résurrectine, matière rouge’tre à base d'érythrite, qui, injectée liquide dans le cr’ne de tel sujet défunt, par une ouverture percée latéralement, se solidifiait d'elle-même autour du cerveau étreint de tous côtés. Il suffisait alors de mettre un point de l'enveloppe intérieure ainsi créée en contact avec du vitalium, métal brun facile à introduire sous la forme d'une tige courte dans l'orifice d'injection, pour que les deux nouveaux corps, inactifs l'un sans l'autre, dégageassent à l'instant une électricité puissante, qui, pénétrant le cerveau, triomphait de la rigidité cadavérique et douait le sujet d'une impressionnante vie factice. Par suite d'un curieux éveil de mémoire, ce dernier reproduisait aussitôt, avec une stricte exactitude, les moindres mouvements accomplis par lui durant telles minutes marquantes de son existence ; puis, sans temps de repos, il répétait indéfiniment la même invariable série de faits et gestes choisie une fois pour toutes. Et l'illusion de la vie était absolue : mobilité du regard, jeu continuel des poumons, parole, agissements divers, marche, rien n'y manquait. Quand la découverte fut connue, Canterel reÁut maintes lettres émanant de familles alarmées, tendrement désireuses de voir quel qu'un des leurs, condamné sans espoir, revivre sous leurs yeux après l'instant fatal. Le maître fit édifier dans son parc, en élargissant partiellement certaine allée rectiligne afin de se fournir un emplacement favorable, une sorte d'immense salle rectangulaire, simplement formée d'une charpente métallique supportant un plafond et des parois de verre. Il la garnit d'appareils électriques réfrigérants destinés à y créer un froid constant, qui, suffisant pour préserver les corps de toute putréfaction, ne risquait cependant pas de durcir leurs tissus. Chaudement couverts, Canterel et ses aides pouvaient sans peine passer là de longs moments. Transporté dans cette vaste glacière, chaque sujet défunt agréé par le maître subissait une injection cr’nienne de résurrectine. L'introduction de la substance avait lieu par un trou mince, qui, pratiqué au-dessus de l'oreille droite, recevait bientôt un étroit bouchon de vitalium. Résurrectine et vitalium une fois en contact, le sujet agissait, tandis qu’auprès de lui un témoin de sa vie, emmitouflé à souhait, s’employait à reconnaître, aux gestes ou aux paroles, la scène reproduite - qui pouvait se composer d’un faisceau de plusieurs épisodes distincts.
Raymond Roussel (Locus Solus)
Si Eul-che (Qin Er Shi n.n.) s’était conduit comme un souverain ordinaire et avait confié les charges aux hommes loyaux et sages, si les sujets et le souverain avaient eu les mêmes sentiments et avaient pris en pitié le malheur du monde, si, quand il était encore vêtu de blanc, (Eul-che) avait réparé les fautes de l’empereur son prédécesseur, s’il avait divisé son territoire et distribué son peuple de façon à donner des fiefs aux descendants des plus méritants entre ses sujets, s'il avait fondé des royaumes et établi des princes de manière à honorer l'empire, s'il avait vidé les prisons et épargné les supplices, relâché ceux qui avaient été condamnés comme parents complices' et ceux qui avaient été condamnés comme calomniateurs, et renvoyé chacun dans son village, s'il avait répandu le contenu de ses greniers et distribué ses richesses afin de secourir les personnes abandonnées et misérables, s'il avait restreint les taxes et diminué les corvées afin d'aider le peuple en détresse, s'il avait adouci les lois et modéré les châtiments afin de sauve- garder l'avenir, il aurait fait que tous les habitants de l'empire auraient pu se corriger, qu'ils auraient redoublé de vertu et auraient réformé leurs actions, que chacun aurait veille sur sa propre conduite, que les espérances de la multitude du peuple auraient été satisfaites; puis, grâce au prestige et à la bienfaisance qu'il aurait exercés sur l'empire, l'empire tout entier se serait rassemblé autour de lui. Alors, à l’intérieur des mers, tous auraient été contents et chacun se serait trouvé heureux de son sort ; on n’aurait eu qu’une crainte, celle d’un changement ; même s’il y avait eu des fourbes dans le peuple, ils n’auraient pu distraire le cœur du souverain ; même s’il y avait eu des ministres déshonnêtes, ils n’auraient pu décevoir son intelligence ; le fléau des cruautés et des troubles aurait donc pris fin. Eul-che ne suivit point cette ligne de conduite, mais aggrava la situation par son manque de raison. Il ruina le temple ancestral aux yeux du peuple ; il recommença à construire le palais Ngo-pang; il multiplia les châtiments et aggrava les supplices ; ses officiers gouvernèrent avec la dernière rigueur ; les récompenses et les punitions furent injustes; les taxes et les impôts furent immodérés ; l'empire fut accablé de corvée; les officiers ne purent maintenir l'ordre ; les cent familles se trouvèrent à toute extrémité et le souverain ne les recueillit pas et n'eut pas pitié d'elles. A la suite de cela, la perversité surgit de toutes parts et l’empereur et ses sujets se trompèrent mutuellement. Ceux qui avaient encouru des condamnations étaient en foule ; ceux qui avaient été mutilés et suppliciés s’apercevaient de loin les uns les autres sur les routes, et l’empire en souffrait. Depuis, les princes et les hauts dignitaires jus- qu'au commun peuple, tous étaient tourmentés de l’idée de leur propre danger et se trouvaient personnellement dans une situation très pénible. Aucun d’eux ne se sentait à l’aise dans la place qu’il occupait ; aussi était-il facile de les ébranler. C’est pourquoi Tch’en Ché (Chen Sheng n.n.) sans avoir besoin d’être sage comme T’ang et Ou' (Wu n.n.), sans être au préalable élevé en dignité comme les ducs ou les marquis, n’eut qu’à agiter, le bras à Ta-tsé pour que l’empire entier lui répondit comme l’écho, car son peu-pie était en danger.
Sima Qian (Mémoires historiques - Deuxième Section (French Edition))