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[…] comme l’exprime Ibn Arabi « la faim procure la connaissance de Satan » ; ceci n’est pas sans rapport avec la forme serpentine des intestins, localisation du « moi » inférieur, le python que l’on doit combattre. Le jeûne est appelé en Islam la mort blanche. Le jeûne constitue non seulement une purification mais une domination, un piétinement des tendances inférieures. L’homme en tant que microcosme doit se délivrer de toutes les impuretés comme Jésus chassa les marchands du Temple selon l’enseignement de l’excellentissime Maître Eckhart.
On retrouve différentes allusions à tout cela, dans des expressions familières sans que le sens profond en soit perçu : « se sentir le cœur léger » et pour le ventre les « lourdeurs » d’estomac. Les intestins deviennent un support, un cheval de Troie dans l’organisme. « Avoir l’estomac noué » symptôme de l’angoisse qui ouvre une faille laissant le passage aux démons, conduisant à la folie et à la possession démoniaque. Le possédé est « fermé » à recevoir toute nourriture spirituelle, bloqué par les anneaux de Python, il est rempli de bile. Le Temple est soumis au pillage, au lieu d’être rempli d’or (influences spirituelles) et devient peu à peu submergé par la boue.
Parodie du jeûne et du majdhûb, le possédé devient d'une maigreur effrayante. Quant Dante arrive au troisième cercle de l’Enfer, il y trouve ceux dont les appétits ne furent jamais rassasiés, qu’il nomme les « maudits profanes ».
[…] Le Prophète de l’Islam déclara dans un sermon : « Même si on lui donnait une vallée pleine d’or, le fils d’Adam en voudrait une seconde, et si on lui en donnait une seconde, il en voudrait une troisième. La terre de la tombe seule donne la satiété au ventre du fils d’Adam. Il est cependant d’autres qui se tournent vers Dieu. »
L’Envoyé définit le jeûne ainsi : « Toute chose a son aumône purificatrice, l’aumône purificatrice du corps est le jeûne. »
On peut mesurer toute l’importance du jeûne que l’on présente comme les restes d’un fanatisme décadent voire d’une tendance au « masochisme ». Il reste aux médisants, aux « je-sais-tout » le jogging ou les cures d’amaigrissement et les produits « naturels ». Le tout pouvant être accompagné de mouvements blasphématoires récemment baptisés (à rebours) de prière à Allah !
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