Pris Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Pris. Here they are! All 100 of them:

You mean old books?" "Stories written before space travel but about space travel." "How could there have been stories about space travel before --" "The writers," Pris said, "made it up.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Man vill bli älskad, i brist därpå beundrad, i brist därpå fruktad, i brist därpå avskydd och föraktad. Man vill ingiva människorna något slags känsla. Själen ryser för tomrummet och vill kontakt till vad pris som helst.
Hjalmar Söderberg
Si vous êtes pris dans le rêve de l‘autre; vous êtez foutus.
Gilles Deleuze
En Algérie il était pris dans cette alternative : ou devenir instituteur ,ce qui signifiait l'aisance pour toute la famille , ou redevenir berger
Mouloud Feraoun (Le fils du pauvre)
Je n'ai jamais osé être ce que je suis vraiment. Toujours enfermée dans ma bulle et dans ma tête, emprisonnée par mes émotions. Je n'ai peut-être jamais su qui j'étais au fond. Je n'ai jamais pris ma place, car je n'ai jamais trop su où elle était. Mais ce que je sais, c'est que je n'arrêterai jamais de la chercher. Et aujourd'hui, j'entrevois mon avenir de façon tout à fait excitante, en pensant que, quoi qu'il arrive, ma place est celle que je déciderai de prendre.
India Desjardins (Les pieds sur terre (Le journal d'Aurélie Laflamme, #8))
Au grand jeu de la vie, les plus malheureux sont ceux qui n’ont pas pris le risque d’être heureux.
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
C'est vrai ce qu'on dit, vous êtes le fils d'un démon et d'une pucelle? Vous avez plus pris de la pucelle. (Arthur à Merlin)
Alexandre Astier (Kaamelott, livre 1, première partie : Épisodes 1 à 50)
Même les manifestations et les initiatives féminines n'ont pris de valeur que lorsqu'une décision masculine les a efficacement prolongées.
Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe, I)
On ne retombe pas en enfance, on n'en sort jamais. Vieux, moi? Qu'est-ce qu'un vieillard sinon un enfant qui a pris de l'âge ou du vendre ?...
Yasmina Khadra (Ce que le jour doit à la nuit)
On veut gagner de l'argent pour vivre heureux et tout l'effort et le meilleur d'une vie se concentrent pour le gain de cet argent. le bonheur est oublié, le moyen pris pour la fin.
Albert Camus (The Myth of Sisyphus)
Et puis, surtout, c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on n'a plus qu'à crier, - pas à gémir, non, pas à se plaindre, à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on n'avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l'apprendre, soi.
Jean Anouilh (Antigone)
Les roses de Saadi J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ; La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Marceline Desbordes-Valmore
There is no Pris,” he said. “Only Rachael Rosen, over and over again.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Des marchands de sang humain criaient a tue-tête : "Qui veut des places ?". Une rage m'a pris contre ce peuple. J'ai eu envie de leur crier : "Qui veut la mienne ?
Victor Hugo (Le Dernier Jour d'un Condamné (French Edition))
Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas étudié. J'ai pleuré, j'ai crié. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps.
Violette Leduc
Déjeuner du matin Il a mis le café Dans la tasse Il a mis le lait Dans la tasse de café Il a mis le sucre Dans le café au lait Avec la petite cuiller Il a tourné Il a bu le café au lait Et il a reposé la tasse Sans me parler Il a allumé Une cigarette Il a fait des ronds Avec la fumée Il a mis les cendres Dans le cendrier Sans me parler Sans me regarder Il s’est levé Il a mis Son chapeau sur sa tête Il a mis Son manteau de pluie Parce qu’il pleuvait Et il est parti Sous la pluie Sans une parole Sans me regarder Et moi j’ai pris Ma tête dans ma main Et j’ai pleuré
Jacques Prévert (Paroles)
Voyager, c'est vivre dans toute la plénitude du mot; c'est oublier le passé et l'avenir pour le présent; c'est respirer à pleine poitrine, jouir de tout, s'emparer de la création comme d'une chose qui est sienne, c'est chercher dans la terre des mines d'or que personne n'a fouillées, dans l'air des merveilles que personne n'a vues, c'est passer après la foule et ramasser sous l'herbe les perles et les diamants qu'elle a pris, ignorante et insoucieuse qu'elle est, pour des flocons de neige et des gouttes de rosée.
Alexandre Dumas
Sonnez, grelots; sonnez, clochettes; sonnez, cloches! Car mon rêve impossible a pris corps et je l’ai Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé Voyageur qui de l’Homme évite les approches, - Sonnez grelots; sonnez, clochettes, sonnez, cloches! Le Bonheur a marché côte à côte avec moi; Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve : Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve, Et le remords est dans l’amour : telle est la loi. - Le Bonheur a marché côte à côte avec moi.
Paul Verlaine (Poèmes saturniens)
Ma vie avait pris une autre tournure, le vieillissement m'ayant porté à d'autres affections, d'autres élans du coeur.
Hervé Guibert (La Piqûre d'amour et autres textes, suivi de, La Chair fraîche)
L'action des femmes n'a jamais été qu'une agitation symbolique; elles n'ont gagné que ce que les hommes ont bien voulu leur concéder; elles n'ont rien pris: elles ont reçu.
Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe, I)
Thus like a Captive in an Isle confin'd, Man walks at large, a Pris'ner of the Mind
John Dryden (Four Plays by Dryden: The Conquest of Granada parts 1 and 2, Marriage-a-la-Mode, and The Assignation)
C'est vrai, la vie est comme ça... Tantôt un tourbillon qui nous émerveille, comme un tour de manège pendant l'enfance. Tantôt un tourbillon d'amour et d'ivresse, lorsqu'on s'endort dans les bras l'un de l'autre dans un lit trop étroit puis qu'on prend son petit déjeuner à midi parce qu'on a fait l'amour longtemps. Tantôt un tourbillon dévastateur, un typhon violent qui cherche à nous entraîner vers le fnd lorsque, pris par la tempête dans une coquille de noix, on comprend qu'on sera seul pour affronter la vague. Et que l'on a peur.
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
Les choses se seraient arrêtées là s'il n'y avait pas eu ce coup de vent. Si on m'avait dit qu'un simple coup de vent pouvait changer le cours d'une vie, j'aurais peut-être pris les devant. Mais à dix-sept ans, on se sent en mesure de retomber sur ses pattes quoi qu'il arrive.
Yasmina Khadra (Ce que le jour doit à la nuit)
Luc m'a pris dans ses bras. Je crois qu'il pleurait un peu, et je crois que moi aussi. C'est idiot, deux hommes qui sanglotent dans les bras l'un de l'autre. Peut-être pas, finalement, quand ce sont deux amis qui s'aiment comme des frères.
Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
Le matin, quand tu te réveilles et que ça ne va pas fort, cherche la petite lumière qui éclairera ta journée: un café pris avec une amie, une balade, quelques pages d'un bon livre, un instant de musique… Si tu ne la trouves pas, invente-la
Janine Boissard
Spring is singing in my blood today, and the lure of April is abroad on the air. I'm seeing visions and dreaming dreams, Pris. That's because the wind is from the west. I do love the west wind. It sings of hope and gladness, doesn't it? When the east wind blows I always think of sorrowful rain on the eaves and sad waves on a gray shore. When I get old I shall have rheumatism when the wind is east." "And
L.M. Montgomery (Anne of the Island (Anne of Green Gables, #3))
A qui écris-tu? -A toi. En fait, je ne t'écris pas vraiment, j'écris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, à ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une rivière, manger des pêches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lécher les vitrines, prendre le métro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, étendre le linge, aller à l'Opéra, faire des barbecues, râler parce que tu as oublié le charbon, me laver les dents en même temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton épaule, t'empêcher de manger trop de cacahuètes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mûres, cuisiner, jardiner, te réveiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, à Paris, à Londres, te chanter des chansons, arrêter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bêtises, des choses qui ne servent à rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux échecs, écouter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indécents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures à table à discuter avec des gens intéressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre à tricoter, te tricoter une écharpe, défaire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des éléphants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas à l'ombre, tricher, apprendre à me servir d'un fer à repasser, jeter le fer à repasser par la fenêtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vérité, me souvenir que toute vérité n'est pas bonne à dire, t'écouter, te donner la main, récupérer mon fer à repasser, écouter les paroles des chansons, mettre le réveil, oublier nos valises, m'arrêter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des étiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
Markboen tapte ikke hodet. Han fandt ikke luften usund for sig, han hadde publikum nok til sine nye klær, han savnet ikke diamanter, vin kjendte han fra bryllupet i Kana. Markboen gjorde sig ikke ondt av de herligheter han ikke fik: kunst, aviser, luksus, politik var værd nøiagtig det som menneskene vilde betale for det, ikke mere; markens grøde derimot den måtte skaffes til hvilkensomhelst pris, den var altings ophav, den eneste kilde.
Knut Hamsun (Growth of the Soil)
Il est mort, tue qu il a ete, quelque temps plus tard, en sortant d un village qu on avait pris pour un autre, par des Français qui nous avaient pris pour des autres.
Louis-Ferdinand Céline (Journey to the End of the Night)
Min sønn gå ut i stormen og gi ditt liv til pris. Det gjelder kun at finne formen for sitt skibsforlis.
Olaf Bull
Que ce coeur vous plaise ou vous fâche, n'importe, il a pris sa secousse, il est à vous.
Pierre de Marivaux (Journaux et oeuvres diverses (French Edition))
He who sells what isn't his'n, must buy it back or go to pris'n.
Daniel Drew
On a pris le métro. Il filait jusqu'au bout de rien puis virait de bord et nous emportait jusqu'à l'autre bout de rien.
Réjean Ducharme
Tu crois que des fois la vie redonne pour se faire pardonner d’avoir trop pris ?
Valérie Perrin (Trois)
sachez-le, si vous êtes pessimiste, c’est qu’intérieurement vous n’avez pas encore pris la bonne orientation, vos pieds ne sont pas encore engagés sur le chemin de la science spirituelle, car dès le seuil de cette science, vous auriez dû discerner que le véritable avenir de l’être humain, c’est la lumière, la beauté, la joie, l’épanouissement de son âme. en chemin, bien sûr, vous rencontrerez des difficultés, vous vous heurterez à des obstacles, mais justement, pour les surmonter vous ne devez pas perdre le but de vue, mais vous réjouir par avance de ce bonheur qui vous attend.
Omraam Mikhaël Aïvanhov (Le rire du sage (Izvor, #243))
The silence, all at once, penetrated; he felt his arms grow vague. In the absence of the Batys and Pris he found himself fading out, becoming strangely like the inert television set which he had just unplugged. You have to be with other people, he thought. In order to live at all. I mean, before they came here I could stand it, being alone in the building. But now it’s changed. You can’t go back, he thought. You can’t go from people to nonpeople. In panic he thought, I’m dependent on them. Thank god they stayed.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Le savant a pris la science, le renonçant a pris le renoncement, le dévot a pris les dévotions, et tous s'en est allés ainsi à Sa rencontre. Prends la pureté et cours à Sa rencontre car c'est Lui le plus pur.
Abû'l-Hasan Kharaqânî (Paroles d'un soufi (960-1033))
It was wonderful, Pris." "What was, honey? The meeting? The champagne?" "The eclipse," said Ricki. "It was probably the most real thing I've ever seen, but it was also like a dream. You know what I mean? Real and unreal, beautiful and strange, like a dream. It got me high as a kite, but it didn't last long enough. It ended too soon and left nothing behind." "That's how it is with dreams," said Priscilla. "They're the perfect crime.
Tom Robbins (Jitterbug Perfume)
- C'est pénible, n'est ce pas ? lui demanda Gino. - Quoi ? - De ne pas pouvoir convaincre l'autre de quelque chose dont on est persuade. Pris au piège par ses propres paroles, Elio hésita une seconde puis éclata de rire.
Pierre Bottero (La Huitième Porte (L'Autre, #3))
Ce qui avait pris fin, au fond, c'était la redoutable contradiction dans laquelle elle s'était enfermée : n'aimer que pour être aimée, s'offrir mais pour acquérir celui qui vous reçoit, enchaîner l'autre dans le sacrifice qu'on prétend faire pour lui.
Jean-Christophe Rufin (La Salamandre)
L'amour ne devrait pas s'expliquer. On ne devrait pas pouvoir le rationaliser ; on devrait être pris dans son tourbillon, un raz de marée qui te submerge et qui t'emporte loin de tes certitudes, sauf de celle de savoir que c'est avec cette personne que tu veux être.
Nine Gorman (Ashes falling for The Sky 2 (Ashes falling for the sky, #2))
Contrairement à la plupart des hommes un peu réfléchis, je n'ai pas plus l'habitude du mépris de soi que de l'amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nécessaire et inévitable, bien qu'imprévu à la minute qui précède, et dépassé à la minute qui suit. Pris dans une série de décisions toutes définitives, pas plus qu'un animal, je n'avais eu le temps d'être un problème à mes propres yeux. (p. 158-159)
Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grâce)
Depuis une éternité j'étais rongé par un tourment opaque - une espèce de conviction floue qu'on m'avait pris quelque chose et que j'avais cheminé comme un somnambule pendant une partie de mon existence au bord d'un abîme sans fond. Et jamais je n'étais parvenu à en élucider l'origine.
Gustav Meyrink (Le Golem)
À ce moment-là, je crois, j’ai pris conscience qu’aucune existence, si heureuse ou brillante fût-elle, ne me suffirait jamais. Il vient toujours un moment où le rêveur, qui d’ordinaire se croit heureux parce que ses songes l’emportent sans cesse ailleurs, prend conscience de son malheur.
Jean-Christophe Rufin (Le Grand Cœur)
C’est une feuille qui ondoie, portée par la brise d’automne. Le vent a pris tout son temps. Il l’a tourmentée depuis les premières chaleurs du printemps, quand elle n’était encore qu’un brin de verdure au bout d’une longue branche. Chaque jour, le vent faisait danser la fine tige. Insouciante.
Michel Jean (Tiohtiá : ke)
On était dans son bureau obscur, décoré avec des affiches à visée éducative. L'une d'elles représentait des oies sauvages volant en formation, avec une légende qui disait : << Si tu sais où tu vas, tu iras loin. >>Pour ma part, je ne risquais pas d'aller bien loin, car on m'avait pris mes vêtements et mes chaussures.
Gayle Forman (Sisters in Sanity)
Joseph Voilà c'que c'est, mon vieux Joseph Que d'avoir pris la plus jolie Parmi les filles de Galilée Celle qu'on appelait Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Prendre Sarah ou Déborah Et rien ne serait arrivé Mais tu as préféré Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Rester chez toi, tailler ton bois Plutôt que d'aller t'exiler Et te cacher avec Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Faire des petits avec Marie Et leur apprendre ton métier Comme ton père te l'avait appris Pourquoi a-t-il fallu, Joseph Que ton enfant, cet innocent Ait eu ces étranges idées Qui ont tant fait pleurer Marie Parfois je pense à toi, Joseph Mon pauvre ami, lorsque l'on rit De toi qui n'avais demandé Qu'à vivre heureux avec Marie
Georges Moustaki
J’ai claqué la porte en laissant sur mon bureau la lettre de démission la plus courte de l’histoire. « Mes dossiers, tu peux te les fourrer dans le cul. Joyeuses Fêtes ! »
Catherine Bourgault (On est pris avec le père Noël !)
Tiga är guld, sägs det. Kanske det. Vet inte om det är så mycket värt. I alla fall har det sitt pris. Det kostar att tiga.
Andrzej Sapkowski (The Last Wish (The Witcher, #0.5))
Pris had now cut three legs from the spider, which crept about miserably on the kitchen table, seeking a way out, a path to freedom. It found none.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
In the absence of the Batys and Pris he found himself fading out, becoming strangely like the inert television set which he had just unplugged. You have to be with other people, he thought. In order to live at all. I mean, before they came here I could stand it, being alone in the building. But now it's changed. You can't go back, he thought. You can't go from people to nonpeople.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Aussi, préférant mille fois la mort à une arrestation, j'accomplissais des choses étonnantes, et qui, plus d'une fois, me donnèrent cette preuve que le trop grand soin que nous prenons de notre corps est à peu près le seul obstacle à la réussite de ceux de nos projets qui ont besoin d'une décision rapide et d'une exécution vigoureuse et déterminée. En effet, une fois qu'on a fait le sacrifice de sa vie, on n'est plus l'égal des autres hommes, ou plutôt les autres hommes ne sont plus vos égaux, et quiconque a pris cette résolution sent, à l'instant même, décupler ses forces et s'agrandir son horizon. (p. 556)
Alexandre Dumas (The Count of Monte Cristo, V1 (The Count of Monte Cristo, part 1 of 2))
Et quand vint l'heure du courrier, je me dis ce soir-la comme tous les autres: Je vais recevoir une lettre de Gilberte, elle va me dire enfin qu'elle n'a jamais cessé de m'aimer, et m'expliquera la raison mysterieuse pour laquelle elle a été forcée de ma le cacher jusqu'ici, de faire semblant de pouvoir être heureuse sans me voir, la raison pour laquelle elle a pris l'apparence de la Gilberte simple camarade.
Marcel Proust (Du côté de chez Swann)
Et il y a des gens qui trouvent que tout cela ne grouille pas assez, qui font des vers, de la poésie, de la surréalité, qui en rajoutent. [...] Les réincarnations, les paradis, les enfers, enfin quoi : après la vie, la mort encore à vivre !
Francis Ponge (Le Parti pris des choses suivi de Proêmes)
Tous ceux, tous ceux, tous ceux Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'étouffe Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ; Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot, Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne, Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne ! De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimé : Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure Que, comme lorsqu'on a trop fixé le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Surtout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes, Mon regard ébloui pose des taches blondes !
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler; Je sentis tout mon corps et transir et brûler : Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables ! Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : D’un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l’encens ! Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer, J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer. Je l’évitais partout. Ô comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j’osai me révolter : J’excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre, J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ; Je pressai son exil ; et mes cris éternels L’arrachèrent du sein et des bras paternels. Je respirais, ŒNONE ; et, depuis son absence, Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence : Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui-même à Trézène amenée, J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné : Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire, Et dérober au jour une flamme si noire : Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats : Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas. Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s’exhaler.
Jean Racine (Phèdre)
We came back [from Mars]," Pris said, "because nobody should have to live there. It wasn't conceived for habitation, at least not within the last billion years. It's so old. You feel it in the stones, the terrible old age. Anyhow, at first I got drugs from Roy; I lived for that new synthetic pain-killer, that silenizine. And then I met Horst Hartman, who at that time ran a stamp store, rare postage stamps; there's so much time on your hands that you've got to have a hobby, something you can pore over endlessly. And Horst got me interested in pre-colonial fiction." "You mean old books?" "Stories written before space travel but about space travel." "How could there have been stories about space travel before - " "The writers," Pris said, "made it up." "Based on what?" "On imagination. A lot of times they turned out wrong [...] Anyhow, there's a fortune to be made in smuggling pre-colonial fiction, the old magazines and books and films, to Mars. Nothing is as exciting. To read about cities and huge industrial enterprises, and really successful colonization. You can imagine what it might have been like. What Mars ought to be like. Canals." "Canals?" Dimly, he remembered reading about that; in the olden days they had believed in canals on Mars. "Crisscrossing the planet," Pris said. "And beings from other stars. With infinite wisdom. And stories about Earth, set in our time and even later. Where there's no radioactive dust." [...] "Did you bring any of that pre-colonial reading material back with you?" It occurred to him that he ought to try some. "It's worthless, here, because here on Earth the craze never caught on. Anyhow there's plenty here, in the libraries; that's where we get all of ours - stolen from libraries here on Earth and shot by autorocket to Mars. You're out at night humbling across the open space, and all of a sudden you see a flare, and there's a rocket, cracked open, with old pre-colonial fiction magazines spilling out everywhere. A fortune. But of course you read them before you sell them." She warmed to her topic. "Of all -
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Chers Amis, Ce que vous avez pris pour mes oeuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas. Que mon mal depuis lors ait reculé ou avancé, la question pour moi n’est pas là, elle est dans la douleur et la sidération persistante de mon esprit. Me voici de retour à M..., où j’ai retrouvé la sensation d’engourdissement et de vertige, ce besoin brusque et fou de sommeil, cette perte soudaine de mes forces avec un sentiment de vaste douleur, d’abrutissement instantané.
Antonin Artaud (L'Ombilic des Limbes: suivi de Le Pèse-nerfs et autres textes)
C'est drôle, la vie, il y a parfois de toutes petites décisions qui ont des conséquences incroyables sur le cours de votre existence. Et, des années plus tard, on se demande comment elle se serait déroulée si l'on n'avait pas pris, à l'époque, cette toute petite décision mais une autre ... Combien d'occasions de ce genre avais-je ainsi laissé passer sans même le savoir ? Combien de fois, dans les milliers de petits croisements de ma vie, avais-je opté malencontreusement pour le chemin banal, alors que l'autre se serait avéré merveilleux ?
Laurent Gounelle (L'homme qui voulait être heureux)
Les Siciliens sont, après ou même avant les Napolitains, le peuple le plus criard de la Terre. Cette loquacité fait le désespoir d’un brave colonel anglais qui a pris du service dans l’armée de Garibaldi et qui s’est chargé de l’instruction de deux ou trois cents recrues.
Alexandre Dumas (Alexandre Dumas - Oeuvres Complètes Illustrées - Partie II : Voyages, Histoire, Théâtre, Causeries, Divers lci-5 (Version Illustrée Standard 90Mo) (French Edition))
Je la pris près de la rivière Car je la croyais sans mari Tandis qu'elle était adultère Ce fut la Saint Jacques la nuit Par rendez vous et compromis Quand s'éteignirent les lumiéres Et s'allumèrent les cri-cri Au coin des dernières enceintes Je touchai ses seins endormis Sa poitrine pour moi s'ouvrit Comme des branches de jacinthes Et dans mes oreilles l'empois De ses jupes amidonnées Crissait comme soie arrachée Par dix couteaux à la fois Les cimes d'arbres sans lumière Grandissaient au bord du chemin Et tout un horizon de chiens Aboyaient loin de la rivière Quand nous avons franchi les ronces Les épines et les ajoncs Sous elle son chignon s'enfonce Et fait untrou dans le limon Quand ma cravate fut otée Elle retira son jupon Puis quand j'otai mon ceinturon Quatre corsages d'affilée Ni le nard ni les escargots N'eurent jamais la peau si fine Ni sous la lune les cristaux N'ont de lueur plus cristalline Ses cuisses s'enfuyaient sous moi Comme des truites effrayées L'une moitié toute embrasée L'autre moitié pleine de froid Cette nuit me vit galoper De ma plus belle chevauchée Sur une pouliche nacrée Sans bride et sans étriers ......
Federico García Lorca
Écrire sur soi-même c'est écrire sur les autres, puisque vos problèmes, vos souffrances, vos plaisirs, vos émotions -et vos idées extraordinaires et remarquables- ne peuvent pas n'appartenir qu'à vous. La façon de régler le problème de la "subjectivité", cette affreuse tendance à se préoccuper de l'infime individu qui se trouve en même temps pris dans une explosion de possibilités terribles et merveilleuses, consiste à voir en lui un microcosme et ainsi à dépasser le personnel général, comme le fait évidemment la vie, transformant une expérience intime -du moins le croyez-vous- lorsque vous êtes encore enfant, "je suis amoureuse", "j'éprouve telle ou telle émotion, je pense telle ou telle chose" -en quelque chose de plus ample: grandir consiste en fin de compte à comprendre que sa propre expérience incroyable et unique est ce que tout le monde partage.
Doris Lessing (The Golden Notebook)
Ça m'a pris presque un an pour réaliser qu'elle n'est nulle part, l'aventure. L'aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expédition prévue pour ça. L'aventure est une porte qui s'ouvre par en-dedans. Le reste dépend de vous. Ça peut se passer à Bombay, à Brossard ou dans la prison de Tanguay. L'aventure débute avec la fin de la peur: de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d'être nu, ridicule et vulnérable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d'échouer. Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter à une tâche impossible à réaliser? Kick ass, baby! L'aventure a la tête dure. L'aventure n'apprend pas de ses erreurs, sinon qu'elle n'en a jamais assez commises. Et toujours, l'aventure prend des fucking de drôles de tournures. Même que, parfois, elle commence où on croit qu'elle finit...
Bruno Blanchet
Il paraît qu'à soixante-dix ans, c'est le meilleur souvenir qu'il vous reste. Le sexe. C'est ma grand-mère qui m'a dit ça. Elle m'a dit, tu sais quand on a mon âge, les plus beaux souvenirs qu'il vous reste ce sont les nuits d'amour. C'est ses mots à elle, mais je sais bien ce que ça veut dire. Ça veut dire qu'il n'y a rien de tel, après avoir bien pris son pied, que de se coller contre un homme en lui tenant la bite encore toute chaude comme un petit écureuil endormi. Tricote-toi des souvenirs, elle me dit, ma grand-mère, alors moi, je fais comme elle me dit et je me tricote des souvenirs pour me faire des pulls et des pulls pour quand je serai vieille et que j'aurai toujours froid. Parce que les vieux, ils ont toujours froid. Ils ont froid de ne plus pouvoir vivre les choses. C'est ça, qui donne froid, c'est de plus pouvoir s'assouvir, de plus pouvoir se donner à fond à ce qu'on a envie de vivre.
David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
Je sentis que le seul homme avec qui je pouvais parler sur cet objet, sans me compromettre, était mon Contesseur. Aussitôt je pris mon parti; je surmontai ma petite honte; et me vantant d'une faute que je n'avais pas commise, je m'accusai d'avoir fait tout ce que font les femmes. Ce fut mon expression; mais en parlant ainsi je ne savais en vérité quelle idée j'exprimais. Mon espoir ne fut ni tout à fait trompé, ni entièrement rempli; la crainte de me trahir m'empêchait de m'éclairer : mais le bon Père me fit le mal si grand que j'en conclus que le plaisir devait être extrême; et au désir de le connaitre succéda celui de le goûter.
Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l’empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs précautions.
Albert Camus (The Plague)
A force de se dire à lui-même, à propos de ses ennemis, que le calme était la mort, et qu'à celui qui veut punir cruellement il faut d'autres moyens que la mort, il tomba dans l'immobilité morne des idées de suicide ; malheur à celui qui, sur la pente du malheur, s'arrête à ces sombres idées ! C'est une de ces mers mortes qui s'étendent comme l'azur des flots purs, mais dans lesquelles le nageur sent de plus en plus s'engluer ses pieds dans une vase bitumineuse qui l'attire à elle, l'aspire, l'engloutit. Une fois pris ainsi, si le secours divin ne vient point à son aide, tout est fini, et chaque effort qu'il tente l'enfonce plus avant dans la mort. (p. 144)
Alexandre Dumas (The Count of Monte Cristo, V1 (The Count of Monte Cristo, part 1 of 2))
Voilà comment ça se passait au cœur du cœur du Dieu : notre groupe de six, sept ou dix arrivait à pied ou en chaise roulante, piochait dans un malheureux assortiment de biscuits et se servait un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d'écouter Patrick débiter pour la millième fois le récit déprimant de sa vie – comment il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf qu'il n'était pas mort et que maintenant il était même un adulte bien vivant qui se tenait devant nous dans la crypte d'une église de la 137e ville d'Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l'exploitation de son passé de super-cancéreux, futur détenteur d'un master ne risquant pas d'améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l'épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait pris ses couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable aurait pu appeler « sa vie ».
John Green (The Fault in Our Stars)
Le Goût du néant Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L’Espoir, dont l’épéron attisait ton ardeur, Ne veut plus t’enfourcher! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute. Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute. Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur, L’amour n’a plus de goût, non plus que la dispute; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte! Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur! Le Printemps adorable a perdu son odeur! Et le Temps m’engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur; Je contemple d’en haut le globe en sa rondeur Et je n’y cherche plus l’abri d’une cahute. Avalance, veux-tu m’emporter dans ta chute?
Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
I think you’re asking too much. You know what I have? Toward this Pris android?” “Empathy,” he said. “Something like that. Identification; there goes I. My god; maybe that’s what’ll happen. In the confusion you’ll retire me, not her. And she can go back to Seattle and live my life. I never felt this way before. We are machines, stamped out like bottle caps. It’s an illusion that I—I personally—really exist; I’m just representative of a type.” He could not help being amused; Rachael had become so mawkishly morose. “Ants don’t feel like that,” he said, “and they’re physically identical.” “Ants. They don’t feel period.” “Identical human twins. They don’t—” “But they identify with each other; I understand they have an empathic, special bond.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
And in a nasty war, where's the best place to be? Apart from on the moon, o' course? No one?" Slowly, Jade raised a hand. "Go on, then," said the sergeant. "In the army, sarge," said the troll. "'cos..." She began to count on her fingers. "One, you got weapons an' armour an' dat. Two, you are surrounded by other armed men. Er... Many, youse gettin' paid and gettin' better grub than the people in Civilian Street. Er... Lots, if'n you gives up, you getting taken pris'ner and dere's rules about that like Not Kicking Pris'ners Inna Head and stuff, 'cos if you kick their pris'ners inna head they'll kick your pris'ners inna head so dat's, like, you're kickin' your own head, but dere's no rule say you can't kick enemy civilians inna head. There's other stuff too, but I ran outa numbers.
Terry Pratchett (Monstrous Regiment (Discworld, #31; Industrial Revolution, #3))
It's a dream," Pris said. "Induced by drugs that Roy gave me." "P-pardon?" "You really think that bounty hunters exist?" "Mr. Baty said they killed your friends." "Roy Baty is as crazy as I am," Pris said. "Our trip was between a mental hospital on the East Coast and here. We're all schizophrenic, with defective emotional lives — flattening of affect, it's called. And we have group hallucinations.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
J'ai toujours pris un plaisir extrême à penser, sans trop me soucier du tracé de la frontière entre l'imagination et la certitude. L'intérieur de ma tête comme un bordel dont je serai l'unique client d'un soir, l'habitué occasionnel. Pas si seul, car les pensées pensionnaires viennent au-devant de mes désirs : les nobles, cendrées et hautaines, les belles, toutes nues mais poudrées, les ingénues, les petites, les perverses, les noires, les folles, les honteuses. Et les vulgaires, et les très vulgaires, champagne, échancrure et langues qui s'agitent. "Mes pensées ce sont mes catins", comme c'est exact. Luxure mentale. Dehors, le froid. Et les autres, tous les autres, se tiennent dans ce froid. Proches et lointains. Et je les regarde, jumelles, fenêtres sur cou. Nous communiquons par interphones et répondeurs.
Pierre Péju (La Vie courante)
En la forest de Longue Attente chevauchant par divers sentiers m'en voys, ceste année présente où voyage de Desiriers. Devant sont aller mes fourriers pour appareiller mon logis en la Cité de Destinée. Et pout mon cœur et moy ont pris l'ostellerie de Pensée. Dedans mon livre de pensée j'ay trouvé escripvant mon cœur la vraie histoire de douleur de larmes toute enluminée. In het Woud van Lang Verwachten te paard op pad, dolenderwijs, zie ik mijzelf dit jaar bij machte tot Verlangens' verre reis. Mijn knechtstoet is vooruitgegaan om 't nachtverblijf vast te bereiden, vond in Bestemming's Stad gereed voor dit mijn hart, en mij ons beiden, de herberg, die Gedachte heet. In 't boek van mijn gepeinzen al vond ik dan, schrijvende, mijn hart; het waar verhaal van bitt're smart verlucht met tranen zonder tal. Charles d'Orléans
Hella S. Haasse (In a Dark Wood Wandering: A Novel of the Middle Ages)
Une autre soif lui était venue, celle des femmes, du luxe et de tout ce que comporte l’existence parisienne. Il se sentait quelque peu étourdi, comme un homme qui descend d’un vaisseau; et, dans l’hallucination du premier sommeil, il voyait passer et repasser continuellement les épaules de la Poissarde, les reins de la Débardeuse, les mollets de la Polonaise, la chevelure de la Sauvagesse. Puis deux grands yeux noirs, qui n’étaient pas dans le bal, parurent; et légers comme des papillons, ardents comme des torches, ils allaient, venaient, vibraient, montaient dans la corniche, descendaient jusqu’à sa bouche. Frédéric s’acharnait à reconnaître ces yeux sans y parvenir. Mais déjà le rêve l’avait pris; il lui semblait qu’il était attelé près d’Arnoux, au timon d’un fiacre, et que la Maréchale, à califourchon sur lui, l’éventrait avec ses éperons d’or. (©BeQ)
Gustave Flaubert (Sentimental Education)
Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? - Oui. J'ai mis le feu là. - Mais c'est un crime inouï ! Crime commis par toi contre toi-même, infâme ! Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme ! C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! Ce que ta rage impie et folle ose brûler, C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage Le livre, hostile au maître, est à ton avantage. Le livre a toujours pris fait et cause pour toi. Une bibliothèque est un acte de foi Des générations ténébreuses encore Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore. Quoi! dans ce vénérable amas des vérités, Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés, Dans ce tombeau des temps devenu répertoire, Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire, Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir, Dans ce qui commença pour ne jamais finir, Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles, Dans le divin monceau des Eschyles terribles, Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon, Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison, Tu jettes, misérable, une torche enflammée ! De tout l'esprit humain tu fais de la fumée ! As-tu donc oublié que ton libérateur, C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur; Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine, Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine Il parle, plus d'esclave et plus de paria. Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria. Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ; Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ; Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ; Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître, Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant, Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ; Ton âme interrogée est prête à leur répondre ; Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre, Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs, Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs ! Car la science en l'homme arrive la première. Puis vient la liberté. Toute cette lumière, C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins ! Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints. Le livre en ta pensée entre, il défait en elle Les liens que l'erreur à la vérité mêle, Car toute conscience est un noeud gordien. Il est ton médecin, ton guide, ton gardien. Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte. Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute ! Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir, Le droit, la vérité, la vertu, le devoir, Le progrès, la raison dissipant tout délire. Et tu détruis cela, toi ! - Je ne sais pas lire.
Victor Hugo
Patrice a vingt-quatre ans et, la première fois que je l’ai vu, il était dans son fauteuil incliné très en arrière. Il a eu un accident vasculaire cérébral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une manière très laide, il a l’aspect d’un légume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans réaction, comme s’il était complètement coupé du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le même état. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer à l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupière. Il peut cligner de l’œil. Pour l’aider à s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcée, Patrice cligne de l’œil.  Lorsque j’étais en réanimation, que j’étais complètement paralysé et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procédais de la même manière avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas très au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionné la technique. Une fois, il m’est arrivé d’assister à une discussion entre Patrice et sa mère. C’est très impressionnant.La mère demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupière. Elle lui propose différentes consonnes, pas forcément dans l’ordre alphabétique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisées. Dès qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’œil. La mère poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvées, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvés chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a écrit un texte, une sorte de longue lettre à tous ceux qui sont amenés à le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte où il raconte ce qui lui est arrivé et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une énorme gifle. C’est un texte brillant, écrit dans un français subtil, léger malgré la tragédie du sujet, rempli d’humour et d’autodérision par rapport à l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquée.Jamais je n’aurais imaginé que ce texte si puissant ait été écrit par ce garçon immobile, au regard entièrement vide.  Avec l’expérience acquise ces derniers mois, je pensais être capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grâce à Patrice.Une leçon de courage d’abord, étant donné la vitalité des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorénavant je ne jugerai une personne handicapée à la vue seule de son physique. C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues .
Grand corps malade (Patients)
« — Tu as entendu parler de Marcion, Martin ? Marcion était un chrétien qui vivait il y a mille huit cents ans à Rome. En regardant autour de lui, en regardant cet univers traversé de souffrances, de massacres, de maladies, de guerres et de violence, Marcion l’hérétique en conclut que le Dieu qui avait créé tout ça ne pouvait pas être bon, que le mal était une composante de sa création. Les scénaristes de la chrétienté trouvèrent un rebondissement assez vaseux pour répondre à la question du mal : ils inventèrent Lucifer. Mais la version de Marcion était bien meilleure : Dieu est responsable du mal comme de tout le reste, il est responsable de la maladie de Gustav aussi. Non seulement le mal fait partie de sa création, mais il en est un des leviers. C’est grâce à la violence et au conflit que la création évolue vers des formes toujours supérieures. Regarde Rome. Selon Plutarque, Jules César a pris plus de huit cents villes, soumis trois cents nations, fait un million de prisonniers et tué un autre million de ses ennemis. Rome était une société vicieuse, avec un goût certain pour la cruauté. Pourtant, son ascension a permis au monde d’évoluer[…] »
Bernard Minier
Après le choc des mauvaises nouvelles, on est tenté de revenir à la flaque des habitudes. Il existe forcément un petit coin du monde où l'on s'est vaguement installé, où l'on a pris des responsabilités dérisoires. Nom de pays ou de quartier. Nom de rue. Nom de ville ou de village. Métier, fonctions et fonctionnements. Odeurs familières, clapotis des paroles maintes fois répétées, tiédeur exacte des corps, gestes connus par cœur jusqu'à l'écœurement. Le bonheur et l'angoisse assis dans le même fauteuil. La vie dans les délaissés. La vie sur sa seule pente et épousant ses plis.
Pierre Péju (La Vie courante)
Ce n’est point la pauvreté qui valait aux émigrants ce léger dédain du personnel. Ce n’est point d’argent qu’ils manquaient, mais de densité. Ils n’étaient plus l’homme de telle maison, de tel ami, de telle responsabilité. Ils jouaient le rôle, mais ce n’était plus vrai. Personne n’avait besoin d’eux, personne ne s’apprêtait à faire appel à eux. Quelle merveille que ce télégramme qui vous bouscule, vous fait lever au milieu de la nuit, vous pousse vers la gare : « Accours ! J’ai besoin de toi ! » Nous nous découvrons vite des amis qui nous aident. Nous méritons lentement ceux qui exigent d’être aidés. Certes, mes revenants, personne ne les haïssait, personne ne les jalousait, personne ne les importunait. Mais personne ne les aimait du seul amour qui comptât. Je me disais : « ils seront pris, dès l’arrivée, dans les cocktails de bienvenue, les dîners de consolation. » Mais qui ébranlera leur porte en exigeant d’être reçu : « Ouvre ! C’est moi ! » Il faut allaiter longtemps un enfant avant qu’il exige. Il faut longtemps cultiver un ami avant qu’il réclame son dû d’amitié. Il faut s’être ruiné durant des générations à réparer le vieux château qui croule, pour apprendre à l’aimer.
Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
finalement, éperdu d'amour et au comble de la frénésie érotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc. — Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sûr qu'elle le voulait, voyons! C'était une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire. — Tu vas le manger cru ? — Oui. J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondément, soufflant un peu, entre les bouchées, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'à ce qu'une sueur froide me montât au front. Je continuai même un peu au-delà, serrant les dents, luttant contre la nausée, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon métier d'homme. Je fus très malade, on me transporta à l'hôpital, ma mère sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'étais très fier de moi. Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Éducation européenne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire. Pendant longtemps, à travers mes pérégrinations, j'ai transporté avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamé au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier était toujours là, à portée de la main. J'étais toujours prêt à m'y attabler, à donner, une fois de plus, le meilleur de moi-même. Ça ne s'est pas trouvé. Finalement, j'ai abandonné le soulier quelque part derrière moi. On ne vit pas deux fois. (La promesse de l'aube, ch. XI)
Romain Gary (Promise at Dawn)
John Isidore said, “I found a spider.” The three androids glanced up, momentarily moving their attention from the TV screen to him. “Let’s see it,” Pris said. She held out her hand. Roy Baty said, “Don’t talk while Buster is on.” “I’ve never seen a spider,” Pris said. She cupped the medicine bottle in her palms, surveying the creature within. “All those legs. Why’s it need so many legs, J. R.?” “That’s the way spiders are,” Isidore said, his heart pounding; he had difficulty breathing. “Eight legs.” Rising to her feet, Pris said, “You know what I think, J. R.? I think it doesn’t need all those legs.” “Eight?” Irmgard Baty said. “Why couldn’t it get by on four? Cut four off and see.” Impulsively opening her purse, she produced a pair of clean, sharp cuticle scissors, which she passed to Pris. A weird terror struck at J. R. Isidore. Carrying the medicine bottle into the kitchen, Pris seated herself at J. R. Isidore’s breakfast table. She removed the lid from the bottle and dumped the spider out. “It probably won’t be able to run as fast,” she said, “but there’s nothing for it to catch around here anyhow. It’ll die anyway.” She reached for the scissors. “Please,” Isidore said. Pris glanced up inquiringly. “Is it worth something?” “Don’t mutilate it,” he said wheezingly. Imploringly. With the scissors, Pris snipped off one of the spider’s legs. In the living room Buster Friendly on the TV screen said, “Take a look at this enlargement of a section of background. This is the sky you usually see. Wait, I’ll have Earl Parameter, head of my research staff, explain their virtually world-shaking discovery to you.” Pris clipped off another leg, restraining the spider with the edge of her hand. She was smiling. “Blowups of the video pictures,” a new voice from the TV said, “when subjected to rigorous laboratory scrutiny, reveal that the gray backdrop of sky and daytime moon against which Mercer moves is not only not Terran—it is artificial.” “You’re missing it!” Irmgard called anxiously to Pris; she rushed to the kitchen door, saw what Pris had begun doing. “Oh, do that afterward,” she said coaxingly. “This is so important, what they’re saying; it proves that everything we believed—” “Be quiet,” Roy Baty said. “—is true,” Irmgard finished. The TV set continued, “The ‘moon’ is painted; in the enlargements, one of which you see now on your screen, brush strokes show. And there is even some evidence that the scraggly weeds and dismal, sterile soil—perhaps even the stones hurled at Mercer by unseen alleged parties—are equally faked. It is quite possible in fact that the ‘stones’ are made of soft plastic, causing no authentic wounds.” “In other words,” Buster Friendly broke in, “Wilbur Mercer is not suffering at all.” The research chief said, “We at last managed, Mr. Friendly, to track down a former Hollywood special-effects man, a Mr. Wade Cortot, who flatly states, from his years of experience, that the figure of ‘Mercer’ could well be merely some bit player marching across a sound stage. Cortot has gone so far as to declare that he recognizes the stage as one used by a now out-of-business minor moviemaker with whom Cortot had various dealings several decades ago.” “So according to Cortot,” Buster Friendly said, “there can be virtually no doubt.” Pris had now cut three legs from the spider, which crept about miserably on the kitchen table, seeking a way out, a path to freedom. It found none.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
I don’t think we have to worry about Mr. Isidore,” she said earnestly; she walked swiftly toward him, looked up into his face. “They don’t treat him very well either, as he said. And what we did on Mars he isn’t interested in; he knows us and he likes us and an emotional acceptance like that—it’s everything to him. It’s hard for us to grasp that, but it’s true.” To Isidore she said, standing very close to him once again and peering up at him, “You could get a lot of money by turning us in; do you realize that?” Twisting, she said to her husband, “See, he realizes that but still he wouldn’t say anything.” “You’re a great man, Isidore,” Pris said. “You’re a credit to your race.” “If he was an android,” Roy said heartily, “he’d turn us in about ten tomorrow morning. He’d take off for his job and that would be it. I’m overwhelmed with admiration.” His tone could not be deciphered; at least Isidore could not crack it. “And we imagined this would be a friendless world, a planet of hostile faces, all turned against us.” He barked out a laugh. “I’m not at all worried,” Irmgard said. “You ought to be scared to the soles of your feet,” Roy said. “Let’s vote,” Pris said. “As we did on the ship, when we had a disagreement.” “Well,” Irmgard said, “I won’t say anything more. But if we turn this down, I don’t think we’ll find any other human being who’ll take us in and help us. Mr. Isidore is—” She searched for the word. “Special,” Pris said.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
So all that took place at the hotel,” he said, “consisted of a—” “The association,” Rachael said, “wanted to reach the bounty hunters here and in the Soviet Union. This [having sex] seemed to work…for reasons which we do not fully understand. Our limitation again, I guess.” “I doubt if it works as often or as well as you say,” he said thickly. “But it has with you.” “We’ll see.” “I already know,” Rachael said. “When I saw that expression on your face, that grief. I look for that.” “How many times have you done this?” “I don’t remember. Seven, eight. No, I believe it’s nine.” She—or rather it—nodded. “Yes, nine times.” “The idea is old-fashioned,” Rick said. Startled, Rachael said, “W-What?” Pushing the steering wheel away from him, he put the car into a gliding decline. “Or anyhow that’s how it strikes me. I’m going to kill you,” he said. “And go on to Roy and Irmgard Baty and Pris Stratton alone.” “That’s why you’re landing?” Apprehensively, she said, “There’s a fine; I’m the property, the legal property, of the association. I’m not an escaped android who fled here from Mars; I’m not in the same class as the others.” “But,” he said, “if I can kill you then I can kill them.” Her hands dived for her bulging, overstuffed, kipple-filled purse; she searched frantically, then gave up. “Goddamn this purse,” she said with ferocity. “I never can lay my hands on anything in it. Will you kill me in a way that won’t hurt? I mean, do it carefully. If I don’t fight; okay? I promise not to fight. Do you agree?” Rick said, “I understand now why Phil Resch said what he said. He wasn’t being cynical; he had just learned too much. Going through this—I can’t blame him. It warped him.” “But the wrong way.” She seemed more externally composed now. But still fundamentally frantic and tense. Yet, the dark fire waned; the life force oozed out of her, as he had so often witnessed before with other androids. The classic resignation. Mechanical, intellectual acceptance of that which a genuine organism—with two billion years of the pressure to live and evolve hagriding it—could never have reconciled itself to. “I can’t stand the way you androids give up,” he said savagely.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Lorsque cinq semaines plus tard ces hommes quittèrent Moscou, ils ne formaient plus une armée; c'était une foule de maraudeurs, chacun portait sur lui ou transportait en voiture quantité d'objets qui lui sembaient précieux ou nécessaires. Leur but à tous en quittant Moscou n'était pas de conquérir, comme autrefois, mais de garder ce qu'ils avaient pris. Comme un singe qui, ayant introduit sa main dans l'étroit col d'une cruche et saisi une poignée de noix, se refuse à ouvrir son poing pour ne pas lâcher ce qu'il a saisi, et par là périt, ainsi les Français devaient périr parce qu'ils traînaient avec eux leur butin, et qu'abandonner ce butin leur était aussi impossible qu'au singe de lâcher la poignée de noix. (Guerre et Paix, livre troisième, 3ième partie, ch. XXVI)
Leo Tolstoy
Et, assurément, la réalité est plus sombre encore que n'osait la prévoir le savant [F. Schrader] qui formulait en 1911 ces conclusions, dont les technocrates et les promoteurs de l'époque ont dû sourire. Il ne pouvait imaginer ni les pluies acides, ni la pollution des rivières et des mers par le mercure et les autres déchets de l'industrie chimique et atomique, ou par l'élévation artificielle de la température de l'eau due aux usines riveraines. Il n'avait pas prévu que plus de deux mille espèces animales seraient exterminées avant la fin du siècle ; il ne savait encore rien de l'usage des herbicides, ni des sournois dépotoirs atomiques, cachés dans des endroits écartés, quand ce n'est pas aux abords des villes, ou transportés secrètement à prix d'or pour continuer leur cycle millénaire de nuisance dans le sous-sol des continents pauvres. Il n'eût même pas été capable d'imaginer le désastre de nos marées noires, fruit de l'incurie et de l'avidité, car une construction plus solide et plus rationnelle des pétroliers obligerait à en éliminer la plupart. Il ne pouvait pas prévoir non plus la destruction de la stratosphère, la raréfaction de l'oxygène et de l'ozone, la calotte thermique obscurcissant la lumière solaire et élevant artificiellement la température au ras du sol. On voit du moins qu'il en savait assez pour signaler le chemin pris par nos apprentis sorciers et par nos marchands du Temple, qui de nos jours n'encombrent plus seulement les abords des sanctuaires mais la terre entière. Ce qu'il disait, avec quelques autres (Albert Schweitzer, un peu plus tard, en Afrique, était alerté lui aussi par les trop soudains changements de climat), nous le crions aujourd'hui. (p. 275)
Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
No, it’s that empathy,” Irmgard said vigorously. Fists clenched, she roved into the kitchen, up to Isidore. “Isn’t it a way of proving that humans can do something we can’t do? Because without the Mercer experience we just have your word that you feel this empathy business, this shared, group thing. How’s the spider?” She bent over Pris’s shoulder. With the scissors, Pris snipped off another of the spider’s legs. “Four now,” she said. She nudged the spider. “He won’t go. But he can.” Roy Baty appeared at the doorway, inhaling deeply, an expression of accomplishment on his face. “It’s done. Buster said it out loud, and nearly every human in the system heard him say it. ‘Mercerism is a swindle.’ The whole experience of empathy is a swindle.” He came over to look curiously at the spider. “It won’t try to walk,” Irmgard said. “I can make it walk.” Roy Baty got out a book of matches, lit a match; he held it near the spider, closer and closer, until at last it crept feebly away. “I was right,” Irmgard said. “Didn’t I say it could walk with only four legs?” She peered up expectantly at Isidore. “What’s the matter?” Touching his arm she said, “You didn’t lose anything; we’ll pay you what that—what’s it called?—that Sidney’s catalogue says. Don’t look so grim. Isn’t that something about Mercer, what they discovered? All that research? Hey, answer.” She prodded him anxiously. “He’s upset,” Pris said. “Because he has an empathy box. In the other room. Do you use it, J. R.?” she asked Isidore. Roy Baty said, “Of course he uses it. They all do—or did. Maybe now they’ll start wondering.” “I don’t think this will end the cult of Mercer,” Pris said. “But right this minute there’re a lot of unhappy human beings.” To Isidore she said, “We’ve waited for months; we all knew it was coming, this pitch of Buster’s.” She hesitated and then said, “Well, why not. Buster is one of us.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
This assembly," Roy continued, "has a Penfield unit built into it. When the alarm has been triggered it radiates a mood of panic to the — intruder. Unless he acts very fast, which he may. Enormous panic; I have the gain turned all the way up. No human being can remain in the vicinity more than a matter of seconds. That's the nature of panic: it leads to random circus-motions, purposeless flight, and muscle and neural spasms." He concluded, "Which will give us an opportunity to get him. Possibly. Depending on how good he is." Isidore said, "Won't the alarm affect us?" "That's right," Pris said to Roy Baty. "It'll affect Isidore." "Well, so what," Roy said. And resumed his task of installation. "So they both go racing out of here panic-stricken. It'll still give us time to react. And they won't kill Isidore; he's not on their list. That's why he's usable as a cover." Pris said brusquely, "You can't do any better, Roy?" "No," he answered, "I can't.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Buster Friendly said, “We may never know. Nor can we fathom the peculiar purpose behind this swindle. Yes, folks, swindle. Mercerism is a swindle!” “I think we know,” Roy Baty said. “It’s obvious. Mercerism came into existence—” “But ponder this,” Buster Friendly continued. “Ask yourselves what is it that Mercerism does. Well, if we’re to believe its many practitioners, the experience fuses—” “It’s that empathy that humans have,” Irmgard said. “—men and women throughout the Sol System into a single entity. But an entity which is manageable by the so-called telepathic voice of ‘Mercer.’ Mark that. An ambitious politically minded would-be Hitler could—” “No, it’s that empathy,” Irmgard said vigorously. Fists clenched, she roved into the kitchen, up to Isidore. “Isn’t it a way of proving that humans can do something we can’t do? Because without the Mercer experience we just have your word that you feel this empathy business, this shared, group thing. How’s the spider?” She bent over Pris’s shoulder. With the scissors, Pris snipped off another of the spider’s legs. “Four now,” she said. She nudged the spider. “He won’t go. But he can.” Roy Baty appeared at the doorway, inhaling deeply, an expression of accomplishment on his face. “It’s done. Buster said it out loud, and nearly every human in the system heard him say it. ‘Mercerism is a swindle.’ The whole experience of empathy is a swindle.” He came over to look curiously at the spider. “It won’t try to walk,” Irmgard said. “I can make it walk.” Roy Baty got out a book of matches, lit a match; he held it near the spider, closer and closer, until at last it crept feebly away. “I was right,” Irmgard said. “Didn’t I say it could walk with only four legs?” She peered up expectantly at Isidore. “What’s the matter?” Touching his arm she said, “You didn’t lose anything; we’ll pay you what that—what’s it called?—that Sidney’s catalogue says. Don’t look so grim. Isn’t that something about Mercer, what they discovered? All that research? Hey, answer.” She prodded him anxiously. “He’s upset,” Pris said. “Because he has an empathy box. In the other room. Do you use it, J. R.?” she asked Isidore. Roy Baty said, “Of course he uses it. They all do—or did. Maybe now they’ll start wondering.” “I don’t think this will end the cult of Mercer,” Pris said. “But right this minute there’re a lot of unhappy human beings.” To Isidore she said, “We’ve waited for months; we all knew it was coming, this pitch of Buster’s.” She hesitated and then said, “Well, why not. Buster is one of us.” “An android,” Irmgard explained. “And nobody knows. No humans, I mean.” Pris, with the scissors, cut yet another leg from the spider. All at once John Isidore pushed her away and lifted up the mutilated creature. He carried it to the sink and there he drowned it. In him, his mind, his hopes, drowned, too. As swiftly as the spider.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
An android,” Irmgard explained. “And nobody knows. No humans, I mean.” Pris, with the scissors, cut yet another leg from the spider. All at once John Isidore pushed her away and lifted up the mutilated creature. He carried it to the sink and there he drowned it. In him, his mind, his hopes, drowned, too. As swiftly as the spider. “He’s really upset,” Irmgard said nervously. “Don’t look like that, J. R. And why don’t you say anything?” To Pris and to her husband she said, “It makes me terribly upset, him just standing there by the sink and not speaking; he hasn’t said anything since we turned on the TV.” “It’s not the TV,” Pris said. “It’s the spider. Isn’t it, John R. Isidore? He’ll get over it,” she said to Irmgard, who had gone into the other room to shut off the TV. Regarding Isidore with easy amusement, Roy Baty said, “It’s all over now, Iz. For Mercerism, I mean.” With his nails he managed to lift the corpse of the spider from the sink. “Maybe this was the last spider,” he said. “The last living spider on Earth.” He reflected. “In that case it’s all over for spiders, too.” “I—don’t feel well,” Isidore said. From the kitchen cupboard he got a cup; he stood holding it for an interval—he did not know exactly how long. And then he said to Roy Baty, “Is the sky behind Mercer just painted? Not real?” “You saw the enlargements on the TV screen,” Roy Baty said. “The brush strokes.” “Mercerism isn’t finished,” Isidore said. Something ailed the three androids, something terrible. The spider, he thought. Maybe it had been the last spider on Earth, as Roy Baty said. And the spider is gone; Mercer is gone; he saw the dust and the ruin of the apartment as it lay spreading out everywhere—he heard the kipple coming, the final disorder of all forms, the absence which would win out. It grew around him as he stood holding the empty ceramic cup; the cupboards of the kitchen creaked and split and he felt the floor beneath his feet give.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Ce qui est tout à fait extraordinaire, c’est la rapidité avec laquelle la civilisation du Moyen-Âge tomba dans le plus complet oubli ; les hommes du XVIIe siècle n’en avaient plus la moindre notion, et les monuments qui en subsistaient ne représentaient plus rien à leurs yeux, ni dans l’ordre intellectuel, ni même dans l’ordre esthétique ; on peut juger par là combien la mentalité avait été changée dans l’intervalle. Nous n’entreprendrons pas de rechercher ici les facteurs, certainement fort complexes, qui concoururent à ce changement, si radical qu’il semble difficile d’admettre qu’il ait pu s’opérer spontanément et sans l’intervention d’une volonté directrice dont la nature exacte demeure forcément assez énigmatique ; il y a, à cet égard, des circonstances bien étranges, comme la vulgarisation, à un moment déterminé, et en les présentant comme des découvertes nouvelles, de choses qui étaient connues en réalité depuis fort longtemps, mais dont la connaissance, en raison de certains inconvénients qui risquaient d’en dépasser les avantages, n’avait pas été répandue jusque là dans le domaine public (1). Il est bien invraisemblable aussi que la légende qui fit du moyen âge une époque de « ténèbres », d’ignorance et de barbarie, ait pris naissance et se soit accréditée d’elle-même, et que la véritable falsification de l’histoire à laquelle les modernes se sont livrés ait été entreprise sans aucune idée préconçue ; mais nous n’irons pas plus avant dans l’examen de cette question, car, de quelque façon que ce travail se soit accompli, c’est, pour le moment, la constatation du résultat qui, en somme, nous importe le plus. (1) Nous ne citerons que deux exemples, parmi les faits de ce genre qui devaient avoir les plus graves conséquences : la prétendue invention de l’imprimerie, que les Chinois connaissaient antérieurement à l’ère chrétienne et la découverte « officielle » de l’Amérique, avec laquelle des communications beaucoup plus suivies qu’on ne le pense avaient existé durant tout le moyen âge.
René Guénon (The Crisis of the Modern World)
Il y a une extase qui nous porte au point le plus haut de la vie, au delà duquel la vie ne peut s'élever. Le paradoxe est qu'elle se produit alors qu'on est - sans s'en rendre compte- pleinement vivant. Cette extase, cette inconscience d'exister appartiennent à l'artiste, saisi et projeté hors de lui même dans une nappe de feu; au soldat, pris de folie guerrière sur le champ de bataille, qui refuse de faire quartier. Elles appartenaient aussi à Buck, en tête de la meute, poussant le cri du loup, tendu vers la proie vivante qui fuyait à toute allure devant lui au clair de lune. Il exprimait ainsi le tréfonds de lui même, de cette partie de son être plus ancienne que lui, et qui remonte à l'origine des temps. Le flot de la vie le subjuguait, tel un raz de marrée; il était tout à la joie immense de sentir jouer ses muscles, ses articulations, ses tendons, qui n'avaient rien de la mort, débordaient de vigueur et de puissance, et trouvaient leur expression dans le mouvement, volant triomphalement entre les étoiles et la surface inanimée de la terre.
Jack London (The Call of the Wild)
Esther n'était certainement pas bien éduquée au sens habituel du terme, jamais l'idée ne lui serait venue de vider un cendrier ou de débarrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gêne qu'elle laissait la lumière allumée derrière elle dans les pièces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivé, suivant pas à pas son parcours dans ma résidence de San Jose, d'avoir à actionner dix-sept commutateurs); il n'était pas davantage question de lui demander de penser à faire un achat, de ramener d'un magasin où elle se rendait une course non destinée à son propre usage, ou plus généralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les très jolies jeunes filles elle n'était au fond bonne qu'à baiser, et il aurait été stupide de l'employer à autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyé et gåté, protégé de tout souci comme de toute tâche ennuyeuse ou pénible afin de mieux pouvoir se consacrer à son service exclusivement sexuel. Elle n'en était pas moins très loin d'être ce monstre d'arrogance, d'égoïsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des très jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, très belle, infiniment érotique et désirable, Esther n'en était pas moins sensible aux infirmités animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-là que j'en pris conscience, et que je me mis véritablement à l'aimer. Le désir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi à conduire à l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition étrange, d'une compassion pour l'être désiré ; tout être vivant, évidemment, mérite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par là-même exposé à des souffrances sans nombre, mais face à un être jeune et en pleine santé c'est une considération qui paraît bien théorique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais réelle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'éprouver ce sentiment à son égard. Étant elle-même compatissante, ayant même des aspirations occasionnelles à la bonté, elle pouvait également susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'édifice, car je n'étais pas un être de passion, pas essentiellement, et si je pouvais désirer quelqu'un de parfaitement méprisable, s'il m'était arrivé à plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'étais même allé jusqu'à utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'à manifester une compréhension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immédiatement après avoir disposé de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'étais senti parfaitement à l'aise dans une relation sexuelle basée sur la pure attirance érotique et l'indifférence à l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - à défaut d'amour - de sympathie, d'estime, de compréhension mutuelle; l'humanité non, je n'y avais pas renoncé. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)
Michel Houellebecq
« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonné dans le silence de la nuit s’il l’avait laissée s’échapper. Il semblait surexcité et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les âmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelée. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maître. » Le poète répondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c’est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. À votre âge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l’ai sentie peu à peu, mois par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais à trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une âme désespérée qu’elle enlèvera bientôt aussi. » « Oui, elle m’a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
Guy de Maupassant
Depuis la naissance de l'amour courtois, c'est un lieu commun que le mariage tue l'amour. Trop méprisée ou trop respectée, trop quotidienne, l'épouse n'est plus un objet érotique. Les rites du mariage sont primitivement destinés à défendre l'homme contre la femme ; elle devient sa propriété : mais tout ce que nous possédons en retour nous possède ; le mariage est pour l'homme aussi une servitude ; c'est alors qu'il est pris au piège tendu par la nature : pour avoir désiré une fraîche jeune fille, le mâle doit pendant toute sa vie nourrir une épaisse matrone, une vieillarde desséchée ; le délicat joyau destiné à embellir son existence devient un odieux fardeau : Xanthippe est un des types féminins dont les hommes ont toujours parlé avec le plus d'horreur. Mais lors même que la femme est jeune il y a dans le mariage une mystification puisque prétendant socialiser l'érotisme, il n'a réussi qu'à le tuer. C'est que l'érotisme implique une revendication de l'instant contre le temps, de l'individu contre la collectivité ; il affirme la séparation contre la communication ; il est rebelle à toute réglementation ; il contient un principe hostile à la société. Jamais les mœurs ne sont pliées à la rigueur des institutions et des lois : c'est contre elles que l'amour s'est de tout temps affirmé. Sous sa figure sensuelle, il s'adresse en Grèce et à Rome à des jeunes gens ou à des courtisanes ; charnel et platonique à la fois, l'amour courtois est toujours destiné à l'épouse d'un autre.
Simone de Beauvoir
No, it’s that empathy,” Irmgard said vigorously. Fists clenched, she roved into the kitchen, up to Isidore. “Isn’t it a way of proving that humans can do something we can’t do? Because without the Mercer experience we just have your word that you feel this empathy business, this shared, group thing. How’s the spider?” She bent over Pris’s shoulder. With the scissors, Pris snipped off another of the spider’s legs. “Four now,” she said. She nudged the spider. “He won’t go. But he can.” Roy Baty appeared at the doorway, inhaling deeply, an expression of accomplishment on his face. “It’s done. Buster said it out loud, and nearly every human in the system heard him say it. ‘Mercerism is a swindle.’ The whole experience of empathy is a swindle.” He came over to look curiously at the spider. “It won’t try to walk,” Irmgard said. “I can make it walk.” Roy Baty got out a book of matches, lit a match; he held it near the spider, closer and closer, until at last it crept feebly away. “I was right,” Irmgard said. “Didn’t I say it could walk with only four legs?” She peered up expectantly at Isidore. “What’s the matter?” Touching his arm she said, “You didn’t lose anything; we’ll pay you what that—what’s it called?—that Sidney’s catalogue says. Don’t look so grim. Isn’t that something about Mercer, what they discovered? All that research? Hey, answer.” She prodded him anxiously. “He’s upset,” Pris said. “Because he has an empathy box. In the other room. Do you use it, J. R.?” she asked Isidore.
Philip K. Dick (Do Androids Dream of Electric Sheep?)
Nous nous tûmes l'un et l'autre ; pendant que nous attendions, je l'examinai. Un homme petit et râblé, brun comme un grain de café, ayant peut-être une tendance à engraisser, mais pour le moment excessivement mince. Les rides profondes de son visage et de son cou n'étaient pas seulement dues aux années et aux intempéries : elles indiquaient à ne pas s'y tromper les endroits où la chair ou la graisse avait fondu et où la peau s'était détendue. Le cou était simplement une surface où s'entrecroisaient les sillons et les rides et portait les traces laissées par le soleil brûlant du désert. L'Extrême-Orient, les Tropiques, le désert, chaque région laissait sa marque colorée. Mais toutes les trois étaient différentes ; et un œil qui avait su une fois pouvait ainsi les distinguer aisément. La pâleur bistrée pour le premier ; le brun rouge et violent pour la seconde ; et pour le troisième, le hâle sombre et profond qui avait pris, semblait-il, le caractère d'une coloration permanente. Mr. Corbeck avait une grosse tête pleine et massive ; avec des cheveux en désordre, d'un brun-rouge foncé, dégarnis sur les tempes. Son front était beau, haut et large ; et pour employer les termes de la physiognomonie, le sinus frontal était hardiment marqué. Sa forme carrée traduisait l'esprit raisonneur ; et la plénitude sous les yeux le don des langues. Il avait le nez court et large qui dénote l'énergie ; le menton carré - qu'on discernait malgré la barbe épaisse et non soignée - et la mâchoire massive qui montrent l'esprit de décision. « Un homme pas mal pour le désert ! » me disais-je en le regardant.
Bram Stoker (Oeuvres)
Caligula! Toi aussi, toi aussi, tu es coupable. Alors, n'est-ce pas, un peu plus, un peu moins! Mais qui oserait me condamner dans ce monde sans juge, où personne n'est innocent! (Avec tout l'accent de la détresse, se pressant contre le miroir.) Tu le vois bien, Hélicon n'est pas venu. Je n'aurai pas la lune. Mais qu'il est amer d'avoir raison et de devoir aller jusqu'à la consommation. Car j'ai peur de la consommation. Des bruits d'armes! C'est l'innocence qui prépare son triomphe. Que ne suis-je à leur place! J'ai peur. Quel dé-goût, après avoir méprisé les autres, de se sentir la même lâcheté dans l'âme. Mais cela ne fait rien. La peur non plus ne dure pas. Je vais retrouver ce grand vide où le coeur s'apaise. Tout a l'air si compliqué. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changé. Mais où étancher cette soif ? Quel coeur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac ? (S'agenouillant et pleu-rant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit à ma me-sure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible! Je l'ai cherché aux limites du monde, aux confins de moi-même. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis à rien. Ma liberté n'est pas la bonne. Hélicon! Hélicon! Rien! rien encore. Oh, cette nuit est lourde! Hélicon ne viendra pas: nous serons coupa-bles à jamais! Cette nuit est lourde comme la douleur hu-maine.
Albert Camus (Caligula)
je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant : — Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste. C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignées de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu'à neuf ans, c'est-à-dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, à ma connaissance, n'est jamais venu égaler. Je mangeai pour ma bien-aimée un soulier en caoutchouc. Ici, je dois ouvrir une parenthèse. Je sais bien que, lorsqu'il s'agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portés à la vantardise. A les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limite, et ils ne vous font grâce d'aucun détail. Je ne demande donc à personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimée, je consommai encore un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises — Valentine me mâchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux — et trois poissons rouges, que nous étions allés pêcher dans l'aquarium de son professeur de musique. Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable. C'était une Messaline doublée d'une Théodora de Byzance. Après cette expérience, on peut dire que je connaissais tout de l'amour. Mon éducation était faite. Je n'ai fait, depuis, que continuer sur ma lancée. Mon adorable Messaline n'avait que huit ans, mais son exigence physique dépassait tout ce qu'il me fut donné de connaître au cours de mon existence. Elle courait devant moi, dans la cour, me désignait du doigt tantôt un tas de feuilles, tantôt du sable, ou un vieux bouchon, et je m'exécutais sans murmurer. Encore bougrement heureux d'avoir pu être utile. A un moment, elle s'était mise à cueillir un bouquet de marguerites, que je voyais grandir dans sa main avec appréhension — mais je mangeai les marguerites aussi, sous son oeil attentif — elle savait déjà que les hommes essayent toujours de tricher, dans ces jeux-là — où je cherchais en vain une lueur d'admiration. Sans une marque d'estime ou de gratitude, elle repartit en sautillant, pour revenir, au bout d'un moment, avec quelques escargots qu'elle me tendit dans le creux de la main. Je mangeai humblement les escargots, coquille et tout. A cette époque, on n'apprenait encore rien aux enfants sur le mystère des sexes et j'étais convaincu que c'était ainsi qu'on faisait l'amour. J'avais probablement raison. Le plus triste était que je n'arrivais pas à l'impressionner. J'avais à peine fini les escargots qu'elle m'annonçait négligemment : — Josek a mangé dix araignées pour moi et il s'est arrêté seulement parce que maman nous a appelés pour le thé. Je frémis. Pendant que j'avais le dos tourné, elle me trompait avec mon meilleur ami. Mais j'avalai cela aussi. Je commençais à avoir l'habitude. (La promesse de l'aube, ch.XI)
Romain Gary (Promise at Dawn)
Les deux femmes, vêtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sœur, elles jetèrent dessus des fleurs et de l’eau bénite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeâtre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumèrent deux petites bougies qui étaient sur la table de nuit, s’agenouillèrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien… Lélia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillé, la tête sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me déchirant l’âme avec des prières et des vœux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indécises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, à une place, une forme ronde qui devait être La tête, et plus bas une autre qui semblait être les pieds. Je croyais, moi, pauvre naïf enfant, je croyais que la prière pouvait rendre la vie à un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passée à prier sur un cadavre, à pleurer, à vouloir faire renaître le néant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, à la lueur de deux cierges mortuaires, entouré de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vénales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scène de désespoir et de deuil vous remplit le cœur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de désespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença à paraître, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient à mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissèrent seul. Je courus après elles, et me traînant à leurs pieds, m’attachant à leurs vêtements : — Ma sœur ! leur dis-je, eh bien, ma sœur ! oui, Lélia ! où est-elle ? Elles me regardèrent étonnées. — Ma sœur ! vous m’avez dit de prier, j’ai prié pour qu’elle revienne, vous m’avez trompé ! — Mais c’était pour son âme ! Son âme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlé de Dieu, jamais de l’âme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eût demandé ce qu’il était, eh bien, j’aurais pris La linotte de Lélia, et, lui brisant la tête entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’âme ? l’âme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allèrent sans me répondre. Son âme ! eh bien, elles m’ont trompé, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était Lélia, Lélia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sœur aux grands yeux bleus, Lélia qui m’embrassait le soir après sa poupée, après son mouton chéri, après sa linotte. Pauvre sœur ! c’était toi que je demandais à grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me répondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as prié non pour elle, mais tu as prié pour son âme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue étrangère ; tu as prié pour un souffle, pour un mot, pour le néant, pour son âme enfin ! » Son âme, son âme, je la méprise, son âme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait à moi, son âme ? savez-vous ce que c’est que son âme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompé, eh bien, je les ai maudites. Cette malédiction est retombée sur moi, philosophe imbécile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire à une âme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au Prométhée d’Eschyle, je brave les coups et que je méprise trop pour blasphémer.
Gustave Flaubert (La dernière heure : Conte philosophique inachevé)