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Confession
Je me rappelle les gros godillots lourds avec lesquels j'ai fait les premiers pas dans la vie,
Les godillots que je chaussais Ă quatorze ans
Et avec lesquels je descendais au port aux grands bateaux,
Piétinant la boue et la neige, évitant de marcher dans les caillots de sang.
Je portais alors une capote noire de marin, qui sentait l'Ă©tuve,
Et les godillots Ă©taient grands et lourds pour mes pieds de quatorze ans,
Je marchais péniblement avec eux dans les rues sales du port,
Entre des marins, des porteurs et des prostituées.
J'Ă©tais un grand gars, maigre et timide, qui pouvait faire rire bien des gens,
Et ils en riaient.
Que serais-je devenu si je n'avais pas eu les godillots ?
Ils m'aidaient à ne pas pleurer, à ne pas trébucher de timidité,
Me donnant un Ă©norme et douloureux Ă©quilibre.
Ils Ă©taient gros et lourds et me tenaient les pieds sur la terre,
Ils étaient mes amis et mes alliés et mes anges gardiens,
Avec eux je faisais mes premiers pas dans la vie.
Dans la capote noire de marin, qui sentait l'Ă©tuve,
Avec eux je marchais dans les rues sales du port,
RĂŞvant d'Ă©craser son mes pas toute la laideur du monde.
(traduit du roumain par Ileana Vulpescu)
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