Peur Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Peur. Here they are! All 100 of them:

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C'est drÎlement dangereux de s'attacher à quelqu'un. C'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse.
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Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
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De quoi ai-je peur? De toi, enfin de moi sans toi.
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Mathias Malzieu (La MĂ©canique du cƓur)
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- A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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N'ayez jamais peur de fermer les vieilles portes, d'ouvrir de nouvelles portes, et d'aller découvrir de nouveaux mondes et explorer de nouveaux horizons.
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Mouloud Benzadi
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On rĂȘve d'un idĂ©al, on le prie, on l'appelle, on le guette, et puis le jour oĂč il se dessine, on dĂ©couvre la peur de le vivre, celle de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur de ses propres rĂȘves, celle encore de les marier Ă  une rĂ©alitĂ© dont on devient responsable.
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Marc Levy (OĂč es-tu ?)
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Il y a des moments rares dans l’existence oĂč une porte s’ouvre et oĂč la vie vous offre une rencontre que vous n’attendiez plus. Celle de l’ĂȘtre complĂ©mentaire qui vous accepte tel que vous ĂȘtes, qui vous prend dans votre globalitĂ©, qui devine et admet vos contradictions, vos peurs, votre ressentiment, votre colĂšre, le torrent de boue sombre qui coule dans votre tĂȘte. Et qui l’apaise. Celui qui vous tend un miroir dans lequel vous n’avez plus peur de vous regarder.
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Guillaume Musso (Central Park)
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On some such night as this she remembered promising to herself to live as brave and noble a life as any heroine she ever read or heard of in romance, a life sans peur et sans reproche; it had seemed to her then that she had only to will, and such a life would be accomplished. And now she had learnt that not only to will, but also to pray, was a necessary condition in the truly heroic. Trusting to herself, she had fallen.
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Elizabeth Gaskell (North and South)
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Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c’est passer de l’ignorance à la connaissance, de la peur à l’amour.
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Frédéric Lenoir (Petit traité de vie intérieure)
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C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur.
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Émile Ajar (La vie devant soi)
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Craignez les anxieux, le jour oĂč ils n’auront plus peur, ils seront les maĂźtres du monde.
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Tonino Benacquista (Quelqu'un d'autre)
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L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l,autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrÚne qui ne demande qu'à se propager.
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Philippe Claudel (Brodeck)
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My name is Jean sans Peur. I was handsomer, healthier and stronger than you when I first came to the bagne. Look at what ten years have done to me.
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Henri CharriĂšre (Papillon)
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Un peu, beaucoup, passionnément. Une femme veut toujours son enfant. Mais elle en a peur quand l'amour rassurant n'est pas là. Cet amour qui pousse les poussettes, qui cueille des noisettes et s'inquiÚte à la premiÚre rougeole.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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N'ayons pas peur des mots. Ils n'ont pas peur de nous.
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Jean-Claude CarriĂšre (Les mots et la chose : le grand livre des petits mots inconvenants)
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Il y a des moments dans l’existence oĂč une porte s’ouvre et oĂč votre vie dĂ©rape dans la lumiĂšre. De rares instants oĂč quelque chose se dĂ©verrouille en vous. Vous flottez en apesanteur, vous filez sur une autoroute sans radar. Les choix deviennent limpides, les rĂ©ponses remplacent les questions, la peur cĂšde la place Ă  l’amour. Il faut avoir connu ces moments. Ils durent rarement.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Il ne sert Ă  rien de regretter sa jeunesse, Ni de maudire la vieillesse, Ni d'avoir peur de la mort, Ta vie, c'est la journĂ©e que tu es en train de vivre, Rien d'autre. Alors divertis-toi, sois heureux, Et sois prĂȘt Ă  partir. (p.424)
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Amin Maalouf (OrĂ­genes)
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Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu m’aimes alors moi j’ai peur.
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Jean Cocteau
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Mets tes peurs entre paranthĂšses et prends le risque d'ĂȘtre heureux.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Penser Ă  toi, c'est comme jeter des flocons dans un feu. Il est une certaine forme de bonheur qui me fait peur Ă  peu prĂšs pour toujours.
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Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
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Je me presse de rire de tout, de peur d’ĂȘtre obligĂ© d’en pleurer.
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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (Le Barbier de SĂ©ville)
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Tous les chagrins sont mĂ©prisants, imprenables, perchĂ©s Ă  des hauteurs que personne ne peux rejoindre. Peut-ĂȘtre a-t-on trop peur qu'une consolation efface ce qu'il reste des souvenirs.
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Timothée de Fombelle (Un prince sans royaume (Vango, #2))
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‱ Chaque fois, tu monteras au front, la peur au ventre, le cƓur serrĂ©, sans meilleure arme que ton envie de vivre encore. Chaque fois, tu te diras que, quoi qu’il puisse t’arriver Ă  prĂ©sent, tous ces moments arrachĂ©s Ă  la fatalitĂ© valaient la peine d’ĂȘtre vĂ©cus. Et que personne ne pourra jamais te les enlever.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Non. Tu n'es plus le maĂźtre anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir.Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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Le meilleur moyen pour ne plus avoir peur, c'est d'éliminer celui ou ceux qui ont provoqué cette peur.
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Cassandra O'Donnell (Traquée (Rebecca Kean, #1))
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Il n'avait pas peur de mourir, il n'avait pas peur de vivre et il n'avait pas peur de croire.
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Stephenie Meyer (The Host (The Host, #1))
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Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrĂ©e d'ĂȘtre au monde. Je n'ai pas travaillĂ©, je n'ai pas Ă©tudiĂ©. J'ai pleurĂ©, j'ai criĂ©. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps.
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Violette Leduc
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Las pieles cambian, pero la amistad de las almas posee reflejos de eternidad.
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Sylvie Folmer (Les Loups: LĂ©gendes, peurs bleues, fables et fantaisies du temps oĂč ils Ă©taient Ă  nos portes)
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L’amour, c’est trĂšs compliquĂ©. C’est Ă  la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le dĂ©couvrirez un jour. L’amour, ça peut faire trĂšs mal. Vous ne devez pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber amoureux, car l’amour, c’est aussi trĂšs beau, mais comme tout ce qui est beau, ça vous Ă©blouit et ça vous fait mal aux yeux. C’est pour ça que souvent, on pleure aprĂšs.
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Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
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Le souvenir de cette nuit me hante encore, comme celui d'un moment d'intimitĂ© oĂč nous chassions la mort; je savais dĂ©jĂ  qu'aucune autre compagne de m'offrirait semblable Ă©treinte, et cette pensĂ©e me fit peur.
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Marc Levy (Le premier jour)
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Tu finiras sĂ»rement par le trouver le truc qui leur fait si peur, Ă  eux tous, Ă  tous ces salauds lĂ , autant qu'ils sont et qui doit ĂȘtre au bout de la nuit, et c'est pour ça qu'ils n'y vont pas, au bout de la nuit.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Si tu as peur de te faire mal, tu augmentes les chances, justement, de te faire mal. Regarde les funambules, tu crois qu'ils pensent au fait qu'ils vont peut-ĂȘtre tomber lorsqu'ils marchent sur la corde raide ? Non, ils acceptent ce risque, et goĂ»tent le plaisir que braver le danger leur procure. Si tu passes ta vie Ă  faire attention de ne rien te casser, tu vas terriblement t'ennuyer tu sais...
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Mathias Malzieu (La MĂ©canique du cƓur)
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Qui craint de souffrir souffre dĂ©jĂ  de ce qu’il craint.
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Michel de Montaigne
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La peur du lendemain est une plaisanterie comparée a celle de la veille. Et le destin n'est rien qu'un peu de passé en retard.
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Tonino Benacquista
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N'aie pas peur de mes paroles: une morte ne veut plus rien, elle ne veut ni amour, ni pitié, ni réconfort.
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Stefan Zweig (Letter from an Unknown Woman and Other Stories)
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Le monde a tant de choses Ă  offrir que tu n'as aucune raison d'avoir peur, si seulement tu ouvrais les yeux...
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Leigh Bardugo (Crooked Kingdom (Six of Crows, #2))
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Parle, n'aie pas honte de ce que tu ressens, exprime tes doutes, tes peurs. Dis à ceux que tu aimes ce que tu as dans le cƓur, ils te seront à jamais reconnaissants.
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Joris Chamblain (Le Livre d'Hector (Les Carnets de Cerise, #2))
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Quand tu as peur, empoigne ce courage et libÚre-le car tu sais désormais qu'il sommeille en toi, comme je l'ai toujours su.
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Lori Nelson Spielman (The Life List)
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Puis ce fut la ronde de l'amour: la peur qui donne la main au désir, la tendresse et la rage, et cette souffrance brutale qui suivait, triomphant, le plaisir.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Je sens en moi quelque chose de trouble qui me fait peur, une violence qui m’épuise. Mais j’accepte la grande aventure d’ĂȘtre moi.
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Simone de Beauvoir
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‱ On peut ĂȘtre avec quelqu’un pour fuir sa solitude, on peut partager son quotidien pour digĂ©rer une rupture en continuant d’entretenir le souvenir d’un autre. On peut parler Ă  quelqu’un en Ă©coutant la voix d’un autre, regarder quelqu’un dans les yeux en voyant ceux d’un autre.
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Marc Levy (Un sentiment plus fort que la peur)
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Nous accueillons la peur, lui avait-il dit. Nous saluons ce visiteur inopinĂ© et Ă©coutons ce qu’il a Ă  nous raconter. Quand la peur est lĂ , c’est que quelque chose va arriver. (pĂšre d'Inej)
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Leigh Bardugo (La Cité corrompue (Six of Crows, #2))
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C'est vrai, la vie est comme ça... TantĂŽt un tourbillon qui nous Ă©merveille, comme un tour de manĂšge pendant l'enfance. TantĂŽt un tourbillon d'amour et d'ivresse, lorsqu'on s'endort dans les bras l'un de l'autre dans un lit trop Ă©troit puis qu'on prend son petit dĂ©jeuner Ă  midi parce qu'on a fait l'amour longtemps. TantĂŽt un tourbillon dĂ©vastateur, un typhon violent qui cherche Ă  nous entraĂźner vers le fnd lorsque, pris par la tempĂȘte dans une coquille de noix, on comprend qu'on sera seul pour affronter la vague. Et que l'on a peur.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Mais Colin ne savait pas, il courait, il avait peur, pourquoi ça ne suffit pas de toujours rester ensemble, il faut encore qu’on ait peur, peut-ĂȘtre est-ce un accident, une auto l’a Ă©crasĂ©e, elle serait sur son lit, je ne pourrais la voir, ils m’empĂȘcheraient d’entrer, mais vous croyez donc peut-ĂȘtre que j’ai peur de ma ChloĂ©, je la verrai malgrĂ© vous, mais non, Colin, n’entre pas. Elle est peut-ĂȘtre blessĂ©e, seulement, alors, il n’y aura rien du tout, demain, nous irons ensemble au Bois, pour revoir le banc, j’avais sa main dans la mienne et ses cheveux prĂšs des miens, son parfum sur l’oreiller. Je prends toujours son oreiller, nous nous battrons encore le soir, le mien, elle le trouve trop bourrĂ©, il reste tout rond sous sa tĂȘte, et moi, je le reprends aprĂšs, il sent l’odeur de ses cheveux.
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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La foi n'est pas la peur. Le suicide n'est pas une solution. L'Ă©preuve est un dĂ©fi. La rĂ©sistance est un devoir, pas une obligation. Garder sa dignitĂ© est un impĂ©ratif absolu. C'est ça : la dignitĂ©, c'est ce qui me reste, ce qui nous reste. Chacun fait ce qu'il peut pour que sa dignitĂ© ne soit pas atteinte. VoilĂ  ma mission. Rester debout, ĂȘtre un homme, jamais une loque, une serpillĂšre, une erreur.
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Tahar Ben Jelloun (ŰȘلك Ű§Ù„ŰčŰȘÙ…Ű© Ű§Ù„ŰšŰ§Ù‡Ű±Ű©)
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Nos vies sont les mĂȘmes. Nos vies se dĂ©battent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu oĂč le vent siffle moins fort. Un endroit oĂč aller. Et cet abri est un visage, et ce visage nous suffit.
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Olivier Adam
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quel guillochis oeuvre par la providence que la vie de l'homme! par combien de voies secretes et contraires les circonstances diverses ne precipitent-elles pas nos affections! aujourd'hui nous aimons ce que demain nous hairons,aujourd'hui nous recherchons ce que nous fuirons demain,aujourd'hui nous desirons ce que demain nous fera peur...
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Daniel Defoe (Robinson Crusoe.)
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Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lÚvent la main. Personne n'a levé la main. Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n'arrive qu'une fois. J'ai eu deux fins du monde.
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Jean-Louis Fournier (Where We Going, Daddy? Life with Two Sons Unlike Any Other)
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Si nous n'avions pas peur de la mort , je ne crois pas que serait jamais née l'idée d'immortalité.
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Bertrand Russell (Why I Am Not a Christian and Other Essays on Religion and Related Subjects)
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Comment se réjouir de la victoire sur un ennemi hideux si pour le vaincre il a fallu devenir comme lui? ("La peur des barbares")
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Tzvetan Todorov
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LUC Peureux C't une fille TI-JACQUES Une fille Une fille C'est pas une raison pour pas avoir peur
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Fabien Cloutier (La guerre des tuques)
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Rien n'est aussi fort que la peur, dit-il avec regret. C'est la consĂ©quence de lois objectives et immuables. Vivre, c'est ĂȘtre vulnĂ©rable. Aimer, c'est avoir peur.
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Marina Diatchenko (Vita Nostra (S F ET FANTASTI) (French Edition))
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la peur a été cent fois pire que le mal.
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Stendhal (La Chartreuse de Parme)
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Comment oublier le monde? Peut-on chercher le bonheur quand tout parle de destruction? Le monde est jaloux, il vient vous prendre, il vient vous retrouver lĂ  oĂč vous ĂȘtes, au fond d'un ravin, il fait entendre sa rumeur de peur et de haine, il mĂȘle sa violence Ă  tout ce qui vous entoure, il transforme la lumiĂšre, la mer, le vent, mĂȘme les cris des oiseaux. Le monde est dans votre coeur alors, sa douleur vous rĂ©veille de votre rĂȘve et vous dĂ©couvrez que la terre mĂȘme oĂč vous avez voulu crĂ©er votre royaume vous expulse et vous jette Ă  la mer.
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J.M.G. Le Clézio
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Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait - Estienne; C'est de quoi j'ai le plus de peur que la peur - Montaigne; (...) L'histoire, cette vieille dame exaltée et menteuse - de Maupassant.
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Margaret Atwood (The Blind Assassin)
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Aimer, ça ne veut pas dire se ressembler. Aimer, ça ne veut pas dire ĂȘtre pareils, se conduire comme des jumeux, croire qu’on est insĂ©parables. Aimer, c’est ne pas avoir peur de se quitter ou de cesser de s’aimer. Aimer c’est accepter de tomber, tout seul, et de se relever, tout seul.
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Justine LĂ©vy (Nothing Serious)
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L'action, pour certains hommes, est d'autant plus impraticable que le dĂ©sir est plus fort. La mĂ©fiance d'eux-mĂȘmes les embarrasse, la crainte de dĂ©plaire les Ă©pouvante; d’ailleurs, les affections profondes ressemblent aux honnĂȘtes femmes; elles ont peur d’ĂȘtre dĂ©couvertes, et passent dans la vie les yeux baissĂ©s.
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Gustave Flaubert (Sentimental Education)
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Maintenant tu n'as plus de refuges. Tu as peur, tu attends que tout s'arrĂȘte, la pluie, les heures, le flot des voitures, la vie, les hommes, le monde, que tout s'Ă©croule, les murailles, les tours, les planchers et les plafonds; que les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants, les chiens, les chevaux, les oiseaux, un Ă  un, tombent Ă  terre, paralysĂ©s, pestifĂ©rĂ©s, Ă©pileptiques; que le marbre s'effrite, que le bois se pulvĂ©rise, que les maisons s'abattent en silence, que les pluies diluviennes dissolvent les peintures, disjoignent les chevilles des armoires centenaires, dĂ©chiquettent les tissus, fassent fondre l'encre des journaux; q'un feu sans flammes ronge les marches des escaliers; que les rues s'effondrent en leur exact milieu, dĂ©couvrant le labyrinthe bĂ©ant des Ă©gouts; que la rouille et la brume envahissent la ville.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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voici maintenant ma vieille angoisse, là, au creux de mon corps, comme une mauvaise blessure que chaque mouvement irrite. Je connais son nom. Elle est peur de la solitude éter-nelle, crainte qu'il n'y ait pas de réponse.
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Albert Camus
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Je ne connaĂźtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit Ă  l'oblitĂ©ration totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passĂ©e, je tournerai mon Ɠil intĂ©rieur sur son chemin. Et lĂ  oĂč elle sera passĂ©e, il n'y aura plus rien. Rien que moi.
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Frank Herbert
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Quand je panique la mĂ©canique de mon cƓur dĂ©raille au point que je me prends pour une locomotive Ă  vapeur dont les roues dĂ©collent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.
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Mathias Malzieu
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Mais surtout, surtout Jonathan, un matin oĂč passait le facteur, un petit matin gros et froid, un matin oĂč il ouvrait sa grande sacoche jaune et pleine; soufflant de la buĂ©e en cherchant le courrier, j'ai ressenti un frisson qui a couru tout mon corps et m'a effarĂ©e. Un frisson qui m'a gelĂ©e sur place, un frisson qui s'est transformĂ© en Ă©clair et m'a foudroyĂ© la nuque : j'ai compris que j'attendais vos lettres, j'attendais vos mots, j'attendais vos descriptions d'auberges, de routes, de famille française, de soupe au chou... J'Ă©tais en train de vous attendre. J'allais donc souffrir de vous. Et je ne veux plus souffrir Jonathan. En ce mois de dĂ©cembre, j'ai couru Ă  Paris, j'ai couru dans FĂ©camps, j'ai couru dans ma maison, j'ai couru dans la librairie pour me sauver de vous, vous abandonner sur vos petites routes aux arbres secs et noirs. J'avais peur
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Katherine Pancol (Un homme Ă  distance)
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On some such night as this she remembered promising to herself to live as brave and noble a life as any heroine she ever read or heard of in romance, a life sans peur et sans reproche; it had seemed to her then that she had only to will, and such a life would be accomplished. And now she had learnt that not only to will, but also to pray, was a necessary condition in the truly heroic.
”
”
Elizabeth Gaskell (North and South)
“
L'homme lutte contre la peur mais, contrairement Ă  ce qu'on rĂ©pĂšte toujours, cette peur n'est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l'Ă©prouve pas, certains n'ayant aucune imagination, d'autres se croyant immortels, d'autres encore espĂ©rant des rencontres merveilleuses aprĂšs leur trĂ©pas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensĂ©es, car la peur de n'ĂȘtre rien. Parce que chaque individu a Ă©prouvĂ© ceci, ne fĂ»t-ce qu'une seconde au cours d'une journĂ©e : se rendre compte que, par nature, ne lui appartient aucune des identitĂ©s qui le dĂ©finissent, qu'il aurait pu ne pas ĂȘtre dotĂ© de ce qui le caractĂ©rise, qu'il s'en est fallu d'un cheveu qu'il naisse ailleurs, apprenne une autre langue, reçoive une Ă©ducation religieuse diffĂ©rente, qu'on l'Ă©lĂšve dans une autre culture, qu'on l'instruise dans une autre idĂ©ologie, avec d'autres parents, d'autres tuteurs, d'autres modĂšles. Vertige !
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Éric-Emmanuel Schmitt
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- Toi d'abord. - Non, toi. - Pourquoi ? - J'ai peur. - Peur de quoi Sassenach ? - De ne plus pouvoir m'arrĂȘter de le dire. Il lança un regard vers la ligne d'horizon oĂč se levait la faucille de la lune. - C'est bientĂŽt l'hiver et les nuits rallongent, mo duinne. SerrĂ©e contre lui, je sentais son cƓur battre. - Je t'aime.
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Diana Gabaldon (Outlander (Outlander, #1))
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Tout ce qui est tissĂ© de l'ombre de la nuit est parĂ© d'un charme inĂ©galable aux yeux des ĂȘtres de MortalitĂ©. Pourquoi pas ? Nous aimons ce qui nous fait peur, ĂȘtres de chair et de sang dans un monde aux angles durs, ĂȘtres d'Ăąme et d'esprit dans un univers sans lignes droites. Nous aimons ce qui nous dĂ©tourne du chemin d'Ă©pine de nos vies rigides, la transgression et le doute ; eh oui, mĂȘme cette douleur qui nous vient parfois de marcher sur les chemins escarpĂ©s de la noirceur de nos propres veines, nous l'aimons.
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LĂ©a Silhol
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J’écris donc d’ici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crĂąne rasĂ©e, celles qui ne savent pas s’habiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savent pas s’y prendre, celles Ă  qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient n’importe qui voulant bien d’elles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes Ă  chatte toujours sĂšche, celles qui ont un gros bides, celles qui voudraient ĂȘtre des hommes, celles qui se prennent pour des hommes, celles qui rĂȘvent de faire hardeuses, celles qui n’en ont rien Ă  foutre des mecs mais que leurs copines intĂ©ressent, celles qui ont un gros cul, celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se faire Ă©piler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui cassent tout sur leur passage, celles qui n’aiment pas les parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des chaudasses mais qui en crĂšvent d’envie, celles qui veulent porter des fringues d’hommes et la barbe dans la rue, celles qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles qu’on enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font pitiĂ©, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau flasque, des rides plein la face, celles qui rĂȘvent de se faire lifter, liposucer, pĂ©ter le nez pour le refaire mais qui n’ont pas l’argent pour le faire, celles qui ne ressemblent Ă  rien, celles qui ne comptent que sur elles-mĂȘmes pour se protĂ©ger, celles qui ne savent pas ĂȘtre rassurantes, celles qui s’en foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusqu’à se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se tenir.
”
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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- Offre ton identitĂ© au Conseil, jeune apprentie. La voix Ă©tait douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton Ăąge. Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernĂ©s dans l’assemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă  la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures Ă©tonnĂ©s s’élevĂšrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maĂźtre. - Jilano AlhuĂŻn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immĂ©diatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans l’instant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton Ăąme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - OĂč va la riviĂšre ? L’anxiĂ©tĂ© d’Ellana s’était dissipĂ©e. Les questions d’Ehrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y rĂ©pondre ainsi qu’on le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son Ăąme, puisque c’était ce qu’elle dĂ©sirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu dĂ©jĂ  tuĂ©s ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - MĂ©ritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - OĂč se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage d’Ehrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussiĂšre d’étoiles. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Tu as l’ñge de comprendre, mais pas de tout voir.
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Adam Roy (Peur Sur La Ville. Lire En Francais Facile A1/A2 (French Edition))
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Moi, je n'ai pas envie de parler aux vedettes. J'ai peur d'ĂȘtre déçue. Les vedettes, je prĂ©fĂšre les admirer de loin, les mettre sur un piĂ©destal, en faire des statues gĂ©antes et brĂ»ler des cierges en les priant ou faire des incantations vaudou en les condamnant Ă  mort. Je suis une iconoclaste, je suis une adoratrice, j'ai besoin d'idoles, de hĂ©ros et de haines.
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Catherine Mavrikakis
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Encore sous le choc, nous étions en train de comprendre que faire ce que nous avions toujours fait pouvait désormais nous valoir une condamnation, qu'il suffisait d'une blague, d'un bon mot, d'une seule phrase, pour que la police déboule à l'aube et nous embarque. Face au vague et à l'immensité de cette menace nouvelle, il ne nous restait que la peur, une peur muette, collective.
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Ahmet Altan (Madame Hayat)
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Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris qu'en toutes circonstances, J’étais Ă  la bonne place, au bon moment. Et alors, j'ai pu me relaxer. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle N’étaient rien d'autre qu'un signal Lorsque je vais Ă  l'encontre de mes convictions. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'AuthenticitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J'ai cessĂ© de vouloir une vie diffĂ©rente Et j'ai commencĂ© Ă  voir que tout ce qui m'arrive Contribue Ă  ma croissance personnelle. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la MaturitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  percevoir l'abus Dans le fait de forcer une situation ou une personne, Dans le seul but d'obtenir ce que je veux, Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment... Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie. Au dĂ©but, ma raison appelait cela de l'Ă©goĂŻsme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© d'avoir peur du temps libre Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans, J’ai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur. Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime Quand cela me plait et Ă  mon rythme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la SimplicitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de chercher Ă  avoir toujours raison, Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©. Aujourd'hui, j'ai dĂ©couvert ... l'HumilitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de revivre le passĂ© Et de me prĂ©occuper de l'avenir. Aujourd'hui, je vis au prĂ©sent, LĂ  oĂč toute la vie se passe. Aujourd'hui, je vis une seule journĂ©e Ă  la fois. Et cela s'appelle... la PlĂ©nitude. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur, Elle devient une alliĂ©e trĂšs prĂ©cieuse ! Tout ceci, c'est... le Savoir vivre. Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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La VĂ©ritĂ© n'a pas de sentier, et c'est cela sa beautĂ© : elle est vivante. Une chose morte peut avoir un sentier menant Ă  elle, car elle est statique. Mais lorsque vous voyez que la vĂ©ritĂ© est vivante, mouvante, qu'elle n'a pas de lieu oĂč se reposer, qu'aucun temple, aucune mosquĂ©e ou Ă©glise, qu'aucune religion, qu'aucun maĂźtre ou philosophe, bref que rien ne peut vous y conduire . alors vous verrez aussi que cette chose vivante est ce que vous ĂȘtes en toute rĂ©alitĂ© : elle est votre colĂšre, votre brutalitĂ©, votre violence, votre dĂ©sespoir. Elle est l'agonie et la douleur que vous vivez. La vĂ©ritĂ© est en la comprĂ©hension de tout cela, vous ne pouvez le comprendre qu'en sachant le voir dans votre vie. Il est impossible de le voir Ă  travers uneidĂ©ologie, Ă  travers un Ă©cran de mots, Ă  travers l'espoir et la peur.
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J. Krishnamurti (Freedom from the Known)
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Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s'en fait un tuteur en lui lĂ©chant l'Ă©corce, Grimper par ruse au lieu de s'Ă©lever par force ? Non, merci ! DĂ©dier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre, NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci ! DĂ©jeuner, chaque jour, d'un crapaud ? Avoir un ventre usĂ© par la marche ? une peau Qui plus vite, Ă  l'endroit des genoux, devient sale ? ExĂ©cuter des tours de souplesse dorsale ?... Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, Et donneur de sĂ©nĂ© par dĂ©sir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon Ă©diteur de Sercy Faire Ă©diter ses vers en payant ? Non, merci ! S'aller faire nommer pape par les conciles Que dans des cabarets tiennent des imbĂ©ciles ? Non, merci ! Travailler Ă  se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non, Merci ! Ne dĂ©couvrir du talent qu'aux mazettes ? Être terrorisĂ© par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François" ?... Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme, PrĂ©fĂ©rer faire une visite qu'un poĂšme, RĂ©diger des placets, se faire prĂ©senter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter, RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre, Avoir l'Ɠil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N'Ă©crire jamais rien qui de soi ne sortĂźt, Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles, Si c'est dans ton jardin Ă  toi que tu les cueilles ! Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă  CĂ©sar, Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite, Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite, Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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La mort ? Un rendez-vous inĂ©luctable et Ă©ternellement manquĂ© puisque sa prĂ©sence signifiait notre absence. Elle s'installe Ă  l'instant oĂč nous cessons d'ĂȘtre. C'est elle ou nous. Nous pouvons en toute conscience aller au-devant d'elle, mais pouvons-nous la connaĂźtre, ne fĂ»t-ce que le temps d'un Ă©clair ? J'allais ĂȘtre Ă  tout jamais sĂ©parĂ©e de qui j'aimais le mieux au monde. Le "jamais plus" Ă©tait Ă  notre porte. Je savais que nul lien, sauf mon amour, ne nous relierait . Si certaines cellules plus subtiles que l'on appelle Ăąme continuent Ă  exister, je me disais qu'elles ne pouvaient ĂȘtre douĂ©es de mĂ©moire et que notre sĂ©paration serait Ă©ternelle. Je me rĂ©pĂ©tais que la mort n'est rien, que seules la peur, la souffrance physique et la douleur de quitter ceux que l'on aime ou l'oeuvre entreprise rendent son approche atroce et que cela te serait Ă©pargnĂ©. Mais ne plus ĂȘtre prĂ©sent au monde !
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Anne Philipe (Le Temps d'un Soupir)
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Il y a des personnes Ă  qui on n'ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point ; et, n'osant leur faire paraĂźtre qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut ĂȘtre aimĂ© de personne. L'on voudrait qu'elles sussent qu'il n'y a point de beautĂ©, dans quelques rang qu'elle pĂ»t ĂȘtre, que l'on ne regardĂąt avec indiffĂ©rence, et qu'il n'y a point de couronne que l'on voulĂ»t acheter au prix de ne les voir jamais. Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables ; ce qui est difficile, c'est de ne s'abandonner pas au plaisir de les suivre ; c'est de les Ă©viter, par peur de laisser paraĂźtre au public, et quasi Ă  elles-mĂȘmes, les sentiments que l'on a pour elles.
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Madame de La Fayette (Madame de La Fayette: la princesse de ClĂšves)
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ConnectĂ©s Ă  nous-mĂȘmes, nous plongeons en apnĂ©e dans notre intĂ©rioritĂ© pour trouver Ă  nos problĂšmes une solution qui n'existe que hors de nous, Ă  l'air libre, dans ce qui nous arrache et nous excentre. L'individualisme ne fait qu'amplifier ce repli maladif, cette peur du mal connu, du "pas de chez nous" puis du "pas comme moi", de l'Ă©trange puis de l'Ă©tranger, jusqu'Ă  redouter le tout proche, avec lequel on n'ose dĂ©sormais partager ses dĂ©sirs et ses flux.
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Alain Damasio (La Zone du dehors)
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Ah! je voulais te dire aussi, n'aie pas peur de leur sabir. Le sabir du pauvre d'aujourd'hui, c'est l'argot du pauvre d'hier, ni plus ni moins. Depuis toujours le pauvre parle argot. Sais-tu pourquoi? Pour faire croire au riche qu'il a quelque chose à lui cacher. Il n'a rien à cacher, bien sûr, il est beaucoup trop pauvre, rien que des petits trafics par-ci par-là, des broutilles, mais il tient à faire croire que c'est un monde entier qu'il cache, un univers qui nous serait interdit, et si vaste qu'il aurait besoin de toute une langue pour l'exprimer. Mais il n'y a pas de monde, bien sûr, et pas de langue. Rien qu'un petit lexique de connivence, histoire de se tenir chaud, de camoufler le désespoir.
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Daniel Pennac
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Il n'Ă©tait pas prĂȘt Ă  lui dire qu'il essayerait de tout son ĂȘtre d'ĂȘtre assez bien pour l'aider Ă  Ă©lever un enfant. Il n'Ă©tait pas prĂȘt Ă  lui dire qu'il Ă©tait absolument terrifiĂ© Ă  l'idĂ©e de reproduire les erreurs de son pĂšre et pas prĂȘt Ă  admettre qu'il avait peur d'Ă©chouer.Il ne connaissait pas les mots qui lui permettraient de lui dire qu'il ne voulait pas rentrer Ă  la maison bourrĂ© et que ses enfants le fuient pour se cacher de lui comme lui l'avait fait avec son propre pĂšre. Il voulait l'Ă©pouser, passer sa vie Ă  ses cĂŽtĂ©s, se vautrer dans sa bontĂ©. Il ne pouvait s'imaginer de vie sans elle et il essayait de trouver un moyen de le lui dire, de lui montrer qu'il pouvait vraiment changer et qu'il pouvait ĂȘtre digne d'elle.
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Anna Todd (After Saison 1 Episode 5)
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Notre plus grande peur est la peur d'aimer. Toute souffrance a commencĂ© par l'amour ; l'amour bafouĂ©, reniĂ©, ignorĂ©. L'abandon ou les cris dans une chambre d'enfant. Si c'est cette peur qui nous fait souhaiter construire un univers oĂč nous n'aurons plus peur - oĂč rĂ©gnera une atmosphĂšre de sĂ©curitĂ©- , alors l'impulsion crĂ©atrice n'est pas la bonne. Si c'est la peur qui nous fait rĂȘver d'un monde sans violence, nous y programmons aussitĂŽt la violence. "Qui prĂ©fĂšre la sĂ©curitĂ© Ă  la libertĂ© aura vite fait de perdre les deux." Il faut sortir de l'illusion sĂ©curisante. L'amour, par nature, met en danger. L'amour nous emporte au large, loin des estuaires et des ports de plaisance. Il dĂ©coiffe les anxieux, les craintifs, les inquiets. (p. 79-80)
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Christiane Singer (N'oublie pas les chevaux écumants du passé)
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Quand on aime, quand on ressent de l’amour, que ce soit pour un ĂȘtre humain, un animal, une fleur ou un coucher du soleil, on est portĂ© au-delĂ  de soi. Nos dĂ©sirs, nos peurs et nos doutes se dissipent. Nos besoins de reconnaissance s’évanouissent. On ne cherche plus Ă  se comparer, Ă  exister plus que les autres. Notre Ăąme s’élĂšve tandis que nous sommes tout entier emplis de ce sentiment, de cet Ă©lan du cƓur qui s’étend alors naturellement pour embrasser tous les ĂȘtres et toutes les choses de la vie.
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Laurent Gounelle (Et tu trouveras le trésor qui dort en toi)
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La guerre est la soumission la plus difficile de la libertĂ© de l'homme aux lois de Dieu. La simplicitĂ© est la soumission Ă  Dieu. On n'Ă©chappe pas Ă  lui. Et EUX ils ne parlent pas, ils agissent. La parole prononcĂ©e est d'argent, celle qui n'est pas prononcĂ©e est d'or. L'homme n'a pouvoir sur rien tant qu'il a peur de la mort. Et celui qui n'a pas peur de la mort possĂšde tout. Si la souffrance n'existait pas, l'homme ne se connaĂźtrait pas de limites, il ne se connaĂźtrait pas lui-mĂȘme. (Guerre et Paix, livre troisiĂšme, 3Ăšme partie, ch. IX)
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Leo Tolstoy
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Le Chaos Ă©tait tenu en Ă©chec par l'Harmonie. L'Harmonie. Salim ne combattait plus. Porteur de lumiĂšre, il Ă©tait trop prĂ©cieux pour risquer sa vie. Immobile dans le cercle de marchombres, les yeux Ă©carquillĂ©s par la stupĂ©faction et l'incrĂ©dulitĂ©, il la dĂ©couvrait. L'Harmonie. Le Chaos grogna, se dĂ©chaĂźna, libĂ©rant jusqu'Ă  l'ultime parcelle de son essence incontrĂŽlable. Violence, haine, peur, fanatisme... L'Harmonie rĂ©pondit en se mettant a danser. Ouverture, temps, respect... Le Chaos rugit. L'Harmonie virevolta. Le Chaos enfla. L'Harmonie ondoya. Salim leva les mains au-dessus de sa tĂȘte. La lumiĂšre qui jaillissait de ses paumes inondait la grotte, nourrissait les corps, faisait vibrer les cƓurs, pulsait avec les Ăąmes. L'Harmonie. Le Chaos tressaillit. Nia. Cogna. DĂ©roba. Mentit. Tortura. Viola. L'Harmonie s'offrit.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - A qui s'adresse-t-il ? - A la lune. - OĂč va la riviĂšre ? - Remplir la mer. - A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - Que devient une lame qui se brise ? - Une poussiĂšre d'Ă©toile. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je le traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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L'heure s'est dĂ©roulĂ©e rapidement : rĂ©cits de combats ; batailles gagnĂ©es sur des guerres qui seraient forcĂ©ment perdues ; espoirs auxquels se raccrocher ; familles Ă  la fois vantĂ©es et accusĂ©es ; accord gĂ©nĂ©ral sur le fait que les amis n'y pigeaient rien ; larmes versĂ©es ; rĂ©confort prodiguĂ©. (
) - J'ai peur de l'oubli. J'en ai peur comme un aveugle que je connais a peur du noir. - Futur aveugle, a prĂ©cisĂ© Isaac avec une Ă©bauche de sourire. - Je suis trop dur ? a demandĂ© Augustus. C'est vrai qu'il m'arrive d'ĂȘtre aveugle aux sentiments des autres.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Ça m'a pris presque un an pour rĂ©aliser qu'elle n'est nulle part, l'aventure. L'aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expĂ©dition prĂ©vue pour ça. L'aventure est une porte qui s'ouvre par en-dedans. Le reste dĂ©pend de vous. Ça peut se passer Ă  Bombay, Ă  Brossard ou dans la prison de Tanguay. L'aventure dĂ©bute avec la fin de la peur: de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d'ĂȘtre nu, ridicule et vulnĂ©rable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d'Ă©chouer. Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter Ă  une tĂąche impossible Ă  rĂ©aliser? Kick ass, baby! L'aventure a la tĂȘte dure. L'aventure n'apprend pas de ses erreurs, sinon qu'elle n'en a jamais assez commises. Et toujours, l'aventure prend des fucking de drĂŽles de tournures. MĂȘme que, parfois, elle commence oĂč on croit qu'elle finit...
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Bruno Blanchet
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Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'Ă©tait : peu Ă  peu mes diffĂ©rentes rĂ©ponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-mĂȘmes, ouais, c'est cool, lĂ -bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue Ă  la rĂ©alitĂ© du souvenir. Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiĂšre, soudainement intense et sincĂšre, qu'une fois toute sensation Ă©chappĂ©e de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un clichĂ©. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait : - C'Ă©tait comment ? - Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous trĂšs sympas quand mĂȘme. Et ça serait tout. (...) Et j'ai dĂ©cidĂ© de raconter quelque chose de nouveau sur mon sĂ©jour Ă  chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me rĂ©pĂ©ter une seule fois.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Le chien est un animal si difforme, d’un caractĂšre si dĂ©sordonnĂ©, que de tout temps il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un monstre, nĂ© et formĂ© en dĂ©pit de toutes les lois. En effet, lorsque le repos est l’état naturel, comment expliquer qu’un animal soit toujours remuant, affairĂ©, et cela sans but ni besoin, lors mĂȘme qu’il est repu et n’a point peur ? Lorsque la beautĂ© consiste universellement dans la souplesse, la grĂące et la prudence, comment admettre qu’un animal soit toujours brutal, hurlant, fou, se jetant au nez des gens, courant aprĂšs les coups de pied et les rebuffades ? Lorsque le favori et le chef-d’oeuvre de la crĂ©ation est le chat, comment comprendre qu’un animal le haĂŻsse, coure sur lui sans en avoir reçu une seule Ă©gratignure, et lui casse les reins sans avoir envie de manger sa chair ? Ces contrariĂ©tĂ©s prouvent que les chien sont des damnĂ©s ; trĂšs certainement les Ăąmes coupables et punies passent dans leurs corps. Elles y souffrent : c’est pourquoi ils se tracassent et s’agitent sans cesse. Elles ont perdu la raison : c’est pourquoi ils gĂątent tout, se font battre, et sont enchaĂźnĂ©s les trois quarts du jour. Elles haĂŻssent le beau et le bien : c’est pourquoi ils tĂąchent de nous Ă©trangler.
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Hippolyte Taine
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Elle venait de se rendre compte qu'il existe deux choses qui empĂȘchent une personne de rĂ©aliser ses rĂȘves : croire qu'ils sont irrĂ©alisables, ou bien, quand la roue du destin tourne Ă  l'improviste, les voir se changer en possible au moment oĂč l'on s'y attend le moins. En effet, en ce cas surgit la peur de s'engager sur un chemin dont on ne connaĂźt pas l'issue, dans une vie tissĂ©e de dĂ©fis inconnus, dans l'Ă©ventualitĂ© que les chose auxquelles nous sommes habituĂ©es disparaissent Ă  jamais. Les gens veulent tout changer, et , en mĂȘme temps, souhaitent que tout continue uniformĂ©ment." (Le DĂ©mon et mademoiselle Prym)
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Paulo Coelho
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LE PRINCE Est-ce de l’époux ou de l’amant que vous avez peur ? LAURETTE C’est de la nuit. LE PRINCE Elle est perfide aussi, mais elle est discrĂšte. Qu’oserez-vous lui confier ?... La rĂ©ponse au billet ? LAURETTE Qu’en dirait-elle ? LE PRINCE Elle n’en laissera rien voir Ă  l’époux. Elle lui donne le billet ; il le dĂ©chire. Ne la craignez pas, Laurette. Le secret d’une jeune fiancĂ©e est fait pour la nuit ; elle seule renferme les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l’oubli. LAURETTE Mais le chagrin ? LE PRINCE C’est une rĂ©flexion ; et il est si facile de la perdre ! LAURETTE Est-ce aussi un secret ?
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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Nous, les ĂȘtres humains, somme ce que nous avons Ă©tĂ© pendant des millions d'annĂ©es, colossalement avides, envieux, agressifs, jaloux, angoissĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s, avec d'occasionnels Ă©clairs de joie et d'amour. Nous sommes une Ă©trange mixture de haine, de peur et de gentillesse ; nous sommes Ă  la fois violents et en paix. Il y a eu un progrĂšs extĂ©rieur depuis le char Ă  boeufs jusqu'Ă  l'avion Ă  rĂ©action, mais psychologiquement l'individu n'a pas du tout changĂ© et c'est l'individu qui, dans le monde entier, a crĂ©Ă© les structures des sociĂ©tĂ©s. Les structures sociales extĂ©rieures sont les rĂ©sultantes des structures intĂ©rieures, psychologiques, qui constituent nos relations humaines, car l'individu est le rĂ©sultat de l'expĂ©rience totale de l'homme, de sa connaissance et de son comportement. Chacun de nous est l'entrepĂŽt de tout le passĂ©. L'individu est l'humain qui est toute l'humanitĂ©. L'histoire entiĂšre de l'homme est Ă©crite en nous-mĂȘmes.
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J. Krishnamurti
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Ils niaient tranquillement, contre toute évidence, que nous ayons jamais connu ce monde insensé où le meurtre d’un homme était aussi quotidien que celui des mouches, cette sauvagerie bien définie, ce délire calculé, cet emprisonnement qui apportait avec lui une affreuse liberté à l’égard de tout ce qui n’était pas le présent, cette odeur de mort qui stupéfiait tous ceux qu’elle ne tuait pas, ils niaient enfin que nous ayons été ce peuple abasourdi dont tous les jours une par- tie, entassée dans la gueule d’un four, s’évaporait en fumées grasses, pendant que l’autre, chargée des chaînes de l’impuissance et de la peur, attendait son tour.
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Albert Camus (The Plague)
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Je dois dire un mot sur la peur. C'est le seul adversaire rĂ©el de la vie. Il n'y a que la peur qui puisse vaincre la vie. C'est une ennemie habile et perfide, et je le sais bien. Elle n'a aucune dĂ©cence, ne respecte ni lois ni conventions, ne manifeste aucune clĂ©mence. Elle attaque votre point le plus faible, qu'elle trouve avec une facilitĂ© dĂ©concertante. Elle naĂźt d'abord et invariablement dans votre esprit. Un moment vous vous sentez calme, en plein contrĂŽle, heureux. Puis la peur, dĂ©guisĂ©e en lĂ©ger doute, s'immisce dans votre pensĂ©e comme un espion. Ce lĂ©ger doute rencontre l'incrĂ©dulitĂ© et celle-ci tente de le repousser. Mais l'incrĂ©dulitĂ© est un simple fantassin. Le doute s'en dĂ©barrasse sans se donner de mal. Vous devenez inquiet. La raison vient Ă  votre rescousse. Vous ĂȘtes rassurĂ©. La raison dispose de tous les instruments de pointe de la technologie moderne. Mais, Ă  votre surprise et malgrĂ© des tactiques supĂ©rieures et un nombre impressionnant de victoires, la raison est mise K.- O. Vous sentez que vous vous affaiblissez, que vous hĂ©sitez. Votre inquiĂ©tude devient frayeur.
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Yann Martel (Life of Pi)
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Je peux exĂ©crer ce shah, mais ce n'est pas contre lui que je me bats. Triompher d'un despote ne peut ĂȘtre le but ultime, je me bats pour que les Persans aient conscience d'ĂȘtre des hommes libres, des fils d'Adam, comme nous disons ici, qu'ils aient foi en eux-mĂȘmes, en leur force, qu'ils retrouvent une place dans le monde d'aujourd'hui. C'est ce que j'ai voulu rĂ©ussir ici. Cette ville a rejetĂ© la tutelle du monarque et des chefs religieux, elle a dĂ©fiĂ© les Puissances, partout elle a suscitĂ© la solidaritĂ© et l'admiration des hommes de coeur. Les gens de Tabriz Ă©taient sur le point de gagner, mais on ne veut pas les laisser gagner, on a trop peur de leur exemple, on veut les humilier, cette population fiĂšre devra se prosterner devant les soldats du tsar pour obtenir son pain. Toi qui es nĂ© libre dans un pays libre, tu devrais comprendre.
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Amin Maalouf (Samarkand)
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- Je te croyais morte. La voix d'Edwin avait Ă©tĂ© un murmure, le premier souffle hĂ©sitant d'un espoir qui renaissait. Ellana laissa son regard dĂ©river vers le corps ensanglantĂ© d'Essindra. Une flambĂ©e de haine embrasa son cƓur et, durant un bref instant, elle souhaita que la mercenaire soit encore vivante pour pouvoir la tuer Ă  nouveau. Puis Essindra disparut de son esprit et elle embrassa Edwin. Un baiser brĂ»lant Ă  l'improbable parfum de miracle. Un baiser douceur tout en promesses d'Ă©ternitĂ©. Un baiser aveu. Peur, tĂ©nĂšbres et solitude. PassĂ©es. Edwin la serra contre lui, enfouit le visage dans son cou, se perdit dans son parfum et les cheveux fous derriĂšre sa nuque. Sentir son corps, percevoir les battements de son cƓur... Il revint doucement Ă  la vie. - Je t'aime. Ils avaient chuchotĂ© ensemble. Tressaillirent ensemble en entendant l'autre Ă©noncer ce qui Ă©tat l'origine, le centre et l'avenir du monde. - Je t'aime. Autour d'eux l'univers avait pĂąli devant cette Ă©vidence. - Je t'aime. - Ne meurs plus jamais. S'il-te-plaĂźt. Plus jamais. - Je ne peux pas mourir, je t'aime. Leur Ă©treinte devint plus pressante, leurs lĂšvres se cherchĂšrent pour un nouveau baiser, plus intense, plus sensuel, plus... Destan, coincĂ© entre son pĂšre et sa mĂšre, Ă©mit un petit cri de protestation. Sans que leurs Ăąmes ne se dĂ©tachent, Ellana et Edwin s'Ă©cartĂšrent pour contempler leur fils. Peut-on mourir de bonheur ? La question avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©. Si les larmes qui embuaient les yeux d'Ellana et celles qui roulaient sur le visage d'Edwin avaient su parler, elles auraient sans doute rĂ©pondu.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent dĂ©jĂ  que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. DĂ©jĂ , votre souffle s'est envolĂ© comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mĂąchoire commence Ă  galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent Ă  trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux Ă  frĂ©mir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relĂąche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, Ă  sa maniĂšre, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux Ă  bien fonctionner. Ils prĂȘtent toujours pleine attention Ă  la peur. Vous prenez rapidement des dĂ©cisions irrĂ©flĂ©chies. Vous abandonnez vos derniers alliĂ©s: l'espoir et la confiance. VoilĂ  que vous vous ĂȘtes dĂ©fait vous-mĂȘme. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphĂ© de vous. Cette expĂ©rience est difficile Ă  exprimer. Car la peur, la vĂ©ritable peur, celle qui vous Ă©branle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment oĂč vous ĂȘtes face Ă  votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mĂ©moire, comme une gangrĂšne: elle cherche Ă  tout pourrir, mĂȘme les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre trĂšs fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumiĂšre des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous Ă©vitez, que vous parvenez peut-ĂȘtre mĂȘme Ă  oublier, vous vous exposez Ă  d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillĂ© contre l'ennemi qui vous a dĂ©fait.
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Yann Martel (Life of Pi)
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Oh ! aimer une femme ! ĂȘtre prĂȘtre ! ĂȘtre haĂŻ ! l’aimer de toutes les fureurs de son Ăąme, sentir qu’on donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommĂ©e, son salut, l’immortalitĂ© et l’éternitĂ©, cette vie et l’autre ; regretter de ne pas ĂȘtre roi, gĂ©nie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; l’étreindre nuit et jour de ses rĂȘves et de ses pensĂ©es ; et la voir amoureuse d’une livrĂ©e de soldat ! et n’avoir Ă  lui offrir qu’une sale soutane de prĂȘtre dont elle aura peur et dĂ©goĂ»t ! Être prĂ©sent, avec sa jalousie et sa rage, tandis qu’elle prodigue Ă  un misĂ©rable fanfaron imbĂ©cile des trĂ©sors d’amour et de beautĂ© ! Voir ce corps dont la forme vous brĂ»le, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers d’un autre ! Ô ciel ! aimer son pied, son bras, son Ă©paule, songer Ă  ses veines bleues, Ă  sa peau brune, jusqu’à s’en tordre des nuits entiĂšres sur le pavĂ© de sa cellule, et voir toutes les caresses qu’on a rĂȘvĂ©es pour elle aboutir Ă  la torture ! N’avoir rĂ©ussi qu’à la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! ce sont lĂ  les vĂ©ritables tenailles rougies au feu de l’enfer ! Oh ! bienheureux celui qu’on scie entre deux planches, et qu’on Ă©cartĂšle Ă  quatre chevaux ! — Sais-tu ce que c’est que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artĂšres qui bouillonnent, votre cƓur qui crĂšve, votre tĂȘte qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnĂ©s qui vous retournent sans relĂąche, comme sur un gril ardent, sur une pensĂ©e d’amour, de jalousie et de dĂ©sespoir ! Jeune fille, grĂące ! trĂȘve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je t’en conjure, la sueur qui ruisselle Ă  grosses gouttes de mon front ! Enfant ! torture-moi d’une main, mais caresse-moi de l’autre ! Aie pitiĂ©, jeune fille ! aie pitiĂ© de moi !
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Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
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Le culte des sens a Ă©tĂ© souvent dĂ©criĂ©, et Ă  juste titre : un instinct naturel inspire aux hommes la terreur de passions et de sensations qui leur semblent plus fortes qu'eux-mĂȘmes, et qu'ils ont conscience de partager avec les formes infĂ©rieures du monde organique. Mais Dorian Gray estimait que la vraie nature des sens n'avait jamais Ă©tĂ© bien comprise, qu'ils avaient gardĂ© leur animalitĂ© sauvage uniquement parce qu'on avait voulu les soumettre par la famine ou les tuer Ă  force de souffrance, au lieu de chercher Ă  en faire les Ă©lĂ©ments d'une spiritualitĂ© nouvelle, ayant pour trait dominant une sĂ»re divination de la beautĂ©. Quand il considĂ©rait la marche de l'homme Ă  travers l'Histoire, il Ă©tait poursuivi par une impression d'irrĂ©parable dommage. Que de choses on avait sacrifiĂ©es, et combien vainement ! Des privations sauvages, obstinĂ©es, des formes monstrueuses de martyre et d'immolation de soi, nĂ©es de la peur, avaient abouti Ă  une dĂ©gradation plus Ă©pouvantable que la dĂ©gradation tout imaginaire qu'avaient voulu fuir de pauvres ignorants : la Nature, dans sa merveilleuse ironie, avait amenĂ© les anachorĂštes Ă  vivre dans le dĂ©sert, mĂȘlĂ©s aux animaux sauvages ; aux ermites, elle avait donnĂ© pour compagnons les bĂȘtes des champs.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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Revenons donc Ă  nos poncifs, ou plutĂŽt Ă  quelques-uns d’entre eux : 1° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la science. 2° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle du progrĂšs. 3° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la dĂ©mocratie, qui est progrĂšs et progrĂšs continu. 4° Les tĂ©nĂšbres du moyen Ăąge. 5° La RĂ©volution est sainte, et elle a Ă©mancipĂ© le peuple français. 6° La dĂ©mocratie, c’est la paix. Si tu veux la paix, prĂ©pare la paix. 7° L’avenir est Ă  la science. La Science est toujours bienfaisante. 8° L’instruction laĂŻque, c’est l’émancipation du peuple. 9° La religion est la fille de la peur. 10° Ce sont les États qui se battent. Les peuples sont toujours prĂȘts Ă  s’accorder. 11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. 12° Les relations de peuple Ă  peuple vont sans cesse en s’amĂ©liorant. Nous courons aux États-Unis d’Europe. 13° La science n’a ni frontiĂšres, ni patrie. 14° Le peuple a soif d’égalitĂ©. 15° Nous sommes Ă  l’aube d’une Ăšre nouvelle de fraternitĂ© et de justice. 16° La propriĂ©tĂ©, c’est le vol. Le capital, c’est la guerre. 17° Toutes les religions se valent, du moment qu’on admet le divin. 18° Dieu n’existe que dans et par la conscience humaine. Cette conscience crĂ©e Dieu un peu plus chaque jour. 19° L’évolution est la loi de l’univers. 20° Les hommes naissent naturellement bons. C’est la sociĂ©tĂ© qui les pervertit. 21° Il n’y a que des vĂ©ritĂ©s relatives, la vĂ©ritĂ© absolue n’existe pas. 22° Toutes les opinions sont bonnes et valables, du moment que l’on est sincĂšre. Je m’arrĂȘte Ă  ces vingt-deux Ăąneries, auxquelles il serait aisĂ© de donner une suite, mais qui tiennent un rang majeur par les innombrables calembredaines du XIXe siĂšcle, parmi ce que j’appellerai ses idoles. Idoles sur chacune desquelles on pourrait mettre un ou plusieurs noms.
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LĂ©on Daudet (Le Stupide XIXe siĂšcle (French Edition))
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Sans doute, l’amitiĂ©, l’amitiĂ© qui a Ă©gard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitiĂ©. Mais du moins c’est une amitiĂ© sincĂšre, et le fait qu’elle s’adresse Ă  un mort, Ă  un absent, lui donne quelque chose de dĂ©sintĂ©ressĂ©, de presque touchant. C’est de plus une amitiĂ© dĂ©barrassĂ©e de tout ce qui fait la laideur des autres. Comme nous ne sommes tous, nous les vivants, que des morts qui ne sont pas encore entrĂ©s en fonctions, toutes ces politesses, toutes ces salutations dans le vestibule que nous appelons dĂ©fĂ©rence, gratitude, dĂ©vouement et oĂč nous mĂȘlons tant de mensonges, sont stĂ©riles et fatigantes. De plus, – dĂšs les premiĂšres relations de sympathie, d’admiration, de reconnaissance, – les premiĂšres paroles que nous prononçons, les premiĂšres lettres que nous Ă©crivons, tissent autour de nous les premiers fils d’une toile d’habitudes, d’une vĂ©ritable maniĂšre d’ĂȘtre, dont nous ne pouvons plus nous dĂ©barrasser dans les amitiĂ©s suivantes ; sans compter que pendant ce temps-lĂ  les paroles excessives que nous avons prononcĂ©es restent comme des lettres de change que nous devons payer, ou que nous paierons plus cher encore toute notre vie des remords de les avoir laissĂ© protester. Dans la lecture, l’amitiĂ© est soudain ramenĂ©e Ă  sa puretĂ© premiĂšre. Avec les livres, pas d’amabilitĂ©. Ces amis-lĂ , si nous passons la soirĂ©e avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret. Et quand nous les avons quittĂ©s, aucune de ces pensĂ©es qui gĂątent l’amitiĂ© : Qu’ont-ils pensĂ© de nous ? – N’avons-nous pas manquĂ© de tact ? – Avons-nous plu ? – et la peur d’ĂȘtre oubliĂ© pour tel autre. Toutes ces agitations de l’amitiĂ© expirent au seuil de cette amitiĂ© pure et calme qu’est la lecture. Pas de dĂ©fĂ©rence non plus ; nous ne rions de ce que dit MoliĂšre que dans la mesure exacte oĂč nous le trouvons drĂŽle ; quand il nous ennuie nous n’avons pas peur d’avoir l’air ennuyĂ©, et quand nous avons dĂ©cidĂ©ment assez d’ĂȘtre avec lui, nous le remettons Ă  sa place aussi brusquement que s’il n’avait ni gĂ©nie ni cĂ©lĂ©britĂ©. L’atmosphĂšre de cette pure amitiĂ© est le silence, plus pur que la parole. Car nous parlons pour les autres, mais nous nous taisons pour nous-mĂȘmes. Aussi le silence ne porte pas, comme la parole, la trace de nos dĂ©fauts, de nos grimaces. Il est pur, il est vraiment une atmosphĂšre. Entre la pensĂ©e de l’auteur et la nĂŽtre il n’interpose pas ces Ă©lĂ©ments irrĂ©ductibles, rĂ©fractaires Ă  la pensĂ©e, de nos Ă©goĂŻsmes diffĂ©rents. Le langage mĂȘme du livre est pur (si le livre mĂ©rite ce nom), rendu transparent par la pensĂ©e de l’auteur qui en a retirĂ© tout ce qui n’était pas elle-mĂȘme jusqu’à le rendre son image fidĂšle, chaque phrase, au fond, ressemblant aux autres, car toutes sont dites par l’inflexion unique d’une personnalitĂ© ; de lĂ  une sorte de continuitĂ©, que les rapports de la vie et ce qu’ils mĂȘlent Ă  la pensĂ©e d’élĂ©ments qui lui sont Ă©trangers excluent et qui permet trĂšs vite de suivre la ligne mĂȘme de la pensĂ©e de l’auteur, les traits de sa physionomie qui se reflĂštent dans ce calme miroir. Nous savons nous plaire tour Ă  tour aux traits de chacun sans avoir besoin qu’ils soient admirables, car c’est un grand plaisir pour l’esprit de distinguer ces peintures profondes et d’aimer d’une amitiĂ© sans Ă©goĂŻsme, sans phrases, comme en soi-mĂȘme.
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Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))