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Hast du schon mal den Spruch gehört, dass BĂŒcher Orte sind, die man besucht...und wenn man Leute kennenlernt, die dieselben BĂŒcher gelesen haben, dann ist es so, als wĂ€re man am selben Ort gewesen? Wir wissen etwas ĂŒber den anderen, weil er in derselben Welt gewesen ist wie wir. Wir wissen, wofĂŒr er lebt.
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J.P. Monninger (The Map That Leads to You)
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C'est un immense privilÚge que d'avoir un objectif précis. Nombreux sont ceux qui traversent la vie sans ne serait-ce qu'en apercevoir briÚvement le sens. Ils avancent tant bien que mal, transportés d'un hasard jusqu'au suivant, un baiser ici, une larme là , quelques caresses, la solitude, les déceptions. Ils n'ont jamais la moindre idée d'un pourquoi, d'un but, d'une destination. Celui qui vit ainsi son existence peut certes connaitre quelques heures de bonheur, mais elles sont le fruit du hasard, elles adviennent d'aventure, relÚvent de la chance et non de la récolte. (p. 308-309)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Harmur englanna)
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C'est ce que je veux, je veux d'autres tourments, des maux réels, des manifestations physiques d'un comportement précis. La cause de mon mal sera l'alcool ; pas la vérité, l'alcool. Je préfÚre une maladie qui tient dans les limites d'une bouteille plutÎt qu'une maladie immatérielle et toute-puissante sur laquelle je ne peux pas mettre de nom ("Comment je suis devenu stupide", p37)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide)
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JâĂ©cris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisĂ©es, les imbaisables, les hystĂ©riques, les tarĂ©es, toutes les exclues du grand marchĂ© Ă la bonne meuf. Et je commence par lĂ pour que les choses soient claires : je ne mâexcuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je nâĂ©changerais ma place contre aucune autre parce quâĂȘtre Virginie Despentes me semble ĂȘtre une affaire plus intĂ©ressante Ă mener que nâimporte quelle autre affaire.
Je trouve ça formidable quâil y ait aussi des femmes qui aiment sĂ©duire, qui sachent sĂ©duire, dâautres se faire Ă©pouser, des qui sentent le sexe et dâautres le gĂąteau du goĂ»ter des enfants qui sortent de lâĂ©cole. Formidable quâil y en ait de trĂšs douces, dâautres Ă©panouies dans leur fĂ©minitĂ©, quâil y en ait de jeunes, trĂšs belles, dâautres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles Ă qui les choses telles quâelles sont conviennent. Câest dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-lĂ . Bien sĂ»r que je nâĂ©crirais pas ce que jâĂ©cris si jâĂ©tais belle, belle Ă changer lâattitude de tous les hommes que je croise.
Câest en tant que prolotte de la fĂ©minitĂ© que je parle, que jâai parlĂ© hier et que je recommence aujourdâhui (p. 9-10).
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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« Les hommes ne font jamais le mal aussi complÚtement et ardemment que lorsqu'ils le font par conviction religieuse. » (p. 26)
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Umberto Eco (The Prague Cemetery)
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Les uns auront envie d'augmenter la vie, d'accueillir ce qui vient, en assumant le bordel joyeux ou moins joyeux qui en dĂ©coulera ; d'autres choisiront une existence plus concentrĂ©e, plus ramassĂ©e, plus calme - deux formes diffĂ©rentes d'intensitĂ©. [âŠ] Il y ade la place pour toutes les conceptions, me semble-t-il. J'ai seulement du mal Ă comprendre pourquoi celle Ă laquelle j'adhĂšre est si peu admissible et pourquoi un consensus inentamable persiste autour de l'idĂ©e que, pour tous, rĂ©ussir sa vie implique d'avoir une descendance. (p. 99)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Os sentimentos que mais doem, as emoçÔes que mais pungem, sĂŁo os que sĂŁo absurdos â a Ăąnsia de coisas impossĂveis, precisamente porque sĂŁo impossĂveis, a saudade do que nunca houve, o desejo do que poderia ter sido, a mĂĄgoa de nĂŁo ser outro, a insatisfação da existĂȘncia do mundo. Todos estes meios-tons da consciĂȘncia da alma criam em nĂłs uma paisagem dolorida, um eterno sol-pĂŽr do que somos. O sentirmo-nos Ă© entĂŁo um campo deserto a escurecer, triste de juncos ao pĂ© de um rio sem barcos, nĂ©grejando claramente entre margens afastadas.
NĂŁo sei se estes sentimentos sĂŁo uma loucura lenta do desconsolo, se sĂŁo reminiscĂȘncia de qualquer outro mundo em que houvĂ©ssemos estado â reminiscĂȘncias cruzadas e misturadas, como coisas vistas em sonhos, absurdas na figura que vemos mas nĂŁo na origem se a soubĂ©ssemos. NĂŁo sei se houve outros seres que fomos, cuja maior completidĂŁo sentimos hoje, na sombra que deles somos, de uma maneira incompleta â perdida a solidez e nĂłs figurando-no-la mal nas sĂł duas dimensĂ”es da sombra que vivemos.
Fernando Pessoa : Livro do Desassossego...p. 190
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Fernando Pessoa
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Je ne vous donnerai qu'une seule formule : Personne ne sait de quoi vous souffrez, si ce n'est vous-mĂȘme. Personne d'autre que vous ne peut trouver remĂšde Ă votre mal. Personne, en dehors de vous, ne peut se rendre compte si le remĂšde agit.
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Theodore Sturgeon (Les plus qu'humains (French Edition))
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For even more âsizzle,â instead of simply leading the goats out to graze as we usually did, I raced out in front of them, hollering an improvisational goat call that made me sound like a yodeling hillbilly. I turned back toward the barn and aw that the goats had stayed back, huddled together in fear in the barn doorway. They obviously preferred to skip dinner rather than get too close to the retard scarecrow suffering a grand mal seizure.
~The Bocolic Plauge, by Josh Kilmer-Purcell (2010), P. 214-215
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Josh Kilmer-Purcell (The Bucolic Plague: How Two Manhattanites Became Gentlemen Farmers: An Unconventional Memoir)
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Uma noite, pouco antes das dez horas, escapou-se para Trinity e aguardou no Grande Claustro que os portĂ”es se fechassem atrĂĄs dele. (...) Estava no meio de homens de Trinity - todos de imensa inteligĂȘncia e cultura. O grupo de Maurice gozava com Trinity, mas nĂŁo podiam ignorar o seu esplendor arrogante, ou negar a superioridade que mal se dĂĄ ao trabalho de se afirmar.
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P.38, MAURICE, E.M. FORSTER
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E.M. Forster (Maurice)
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Nace esto de la destemplanza del ĂĄnimo y de la timidez y poco resultado de los deseos, que o no se atreven a tanto como apetecen o no lo consiguen y se levantan tan sĂłlo en esperanza; siempre son inestables y movedizos, lo que por fuerza ha de suceder a los que penden de algo. Por todos los caminos tratan de realizar sus deseos y se adoctrinan y obligan en cosas honestas y difĂciles, pero cuando sus trabajos no tienen resultados, los atormenta su deshonra infructuosa y no se arrepienten de haber querido el mal, sino de haberlo querido en vano. P.14
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Seneca (de tranquillitate animi)
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Quel est le cours actuel d'un homme honnĂȘte? D'un patriote? Ils tergiversent, et ils dĂ©plorent, et parfois ils dĂ©posent une requĂȘte. Mais ils ne font rien de sĂ©rieux, rien d'efficace. Ils attendent, pleins de bonnes dispositions, que d'autres remĂ©dient au mal pour qu'enfin ils n'aient plus matiĂšre Ă regrets. Au mieux, lorsqu'ils voient la justice se prĂ©senter Ă eux, ils se fendent Ă son Ă©gard d'un vote qui ne leur coĂ»te rien, puis l'encouragent piteusement Ă poursuivre son chemin en lui souhaitant bon vent. Il existe neuf cent quatre-vingt-dix-neuf champions de la vertu pour chaque homme vertueux.
P.13
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Henry David Thoreau (Civil Disobedience)
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J'ai paru tout Ă l'heure expliquer mes penchants par des influences extĂ©rieures ; elles ont certainement contribuĂ© Ă les fixer ; mais je vois bien qu'on doit toujours en revenir Ă des raisons beaucoup plus intimes, beaucoup plus obscures, que nous comprenons mal parce qu'elles se cachent en nous-mĂȘmes. Il ne suffit pas d'avoir de tels instincts pour en Ă©claircir la cause, et personne, aprĂšs tout, ne peut l'expliquer tout Ă fait ; ainsi, je n'insisterai pas. Je voulais seulement montrer que ceux-ci, justement parce qu'ils m'Ă©taient naturels, pouvaient longtemps se dĂ©velopper Ă mon insu. Les gens qui parlent par ouĂŻ-dire se trompent presque toujours, parce qu'ils voient du dehors, et qu'ils voient grossiĂšrement. Ils ne se figurent pas que des actes qu'ils jugent rĂ©prĂ©hensibles puissent ĂȘtre Ă la fois faciles et spontanĂ©s, comme le sont pourtant la plupart des actes humains. Ils accusent l'exemple, la contagion morale et reculent seulement la difficultĂ© d'expliquer. Ils ne savent pas que la nature est plus diverse qu'on ne suppose ; ils ne veulent pas le savoir, car il leur est plus facile de s'indigner que de penser. Ils font l'Ă©loge de la puretĂ© ; ils ne savent pas combien la puretĂ© peut contenir de trouble ; ils ignorent surtout la candeur de la faute. (p. 40)
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Marguerite Yourcenar
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Onde tudo é obscuro e inconcebido, a melhor comparação é o sonho. Maurice teve dois sonhos quando andou no colégio; eles irão explicå-lo.
(...)
O segundo sonho Ă© mais difĂcil de contar. NĂŁo aconteceu nada. Mal viu um rosto, mal ouviu uma voz dizer «Aquele Ă© o teu amigo», e acabou assim, tendo-o enchido de beleza e ensinado ternura. Ele podia morrer por um amigo assim, deixaria que um amigo assim morresse por ele; fariam qualquer sacrifĂcio um pelo outro, e nĂŁo haveria nada no mundo, nem a morte, nem a distĂąncia, nem o sofrimento, que os pudesse separar, pois «este Ă© o meu amigo».
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p.23, MAURICE, E.M. FORSTER
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E.M. Forster (Maurice)
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Chaque fois que je vais dans un super-market, ce qui du reste m'arrive rarement, je me crois en Russie. C'est la mĂȘme nourriture imposĂ©e d'en haut, pareille oĂč qu'on aille, imposĂ©e par des trusts au lieu de l'ĂȘtre par des organismes dâĂtat. Les Ătats-Unis, en un sens, sont aussi totalitaires que l'URSS, et dans l'un comme dans l'autre pays, et comme partout d'ailleurs, le progrĂšs (c'est-Ă -dire l'accroissement de l'immĂ©diat bien-ĂȘtre humain) ou mĂȘme le maintien du prĂ©sent Ă©tat de choses dĂ©pend de structures de plus en plus complexes et de plus en plus fragiles. Comme l'humanisme un peu bĂ©at du bourgeois de 1900, le progrĂšs Ă jet continu est un rĂȘve d'hier. Il faut rĂ©apprendre Ă aimer la condition humaine telle qu'elle est, accepter ses limitations et ses dangers, se remettre de plain-pied avec les choses, renoncer Ă nos dogmes de partis, de pays, de classes, de religions, tous intransigeants et donc tous mortels. Quand je pĂ©tris la pĂąte, je pense aux gens qui ont fait pousser le blĂ©, je pense aux profiteurs qui en font monter artificiellement le prix, aux technocrates qui en ont ruinĂ© la qualitĂ© - non que les techniques rĂ©centes soient nĂ©cessairement un mal, mais parce qu'elles se sont mises au service de l'aviditĂ© qui en est un, et parce que la plupart ne peuvent s'exercer qu'Ă l'aide de grandes concentrations de forces, toujours pleines de potentiels pĂ©rils. Je pense aux gens qui n'ont pas de pain, et Ă ceux qui en ont trop, je pense Ă la terre et au soleil qui font pousser les plantes. Je me sens Ă la fois idĂ©aliste et matĂ©rialiste. Le prĂ©tendu idĂ©aliste ne voit pas le pain, ni le prix du pain, et le matĂ©rialiste, par un curieux paradoxe, ignore ce que signifie cette chose immense et divine que nous appelons "la matiĂšre". (p. 242)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Clive não teve uma infùncia confusa. A sua mente sincera, com o seu sentido apurado do certo e do errado, provocou-lhe antes a sensação de que tinha sido amaldiçoado. Profundamente religioso, com um desejo vivo de alcançar Deus e de O agradar, foi bastante novo cruzado por este outro desejo, obviamente de Sodoma.
(..)
O rapaz foi sempre um intelectual, atento Ă palavra impressa, e os horrores que a BĂblia despertou nele seriam exorcizados por PlatĂŁo. Nunca iria esquecer a sua emoção ao ler pela primeira vez o Fedro. Viu aĂ a sua doença descrita perfeita e claramente, como uma paixĂŁo que podemos dirigir, como qualquer outra, para o bem ou para o mal.
(...) Depois viu que aquele pagĂŁo comedido compreendia-o de facto e, deslizando ao lado da BĂblia em vez de se opor a ela, oferecia-lhe uma nova orientação para a vida.
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P.80, MAURICE, E.M. FORSTER
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E.M. Forster (Maurice)
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- EntĂŁo nĂŁo adivinhou -, disse, com um pouco de escĂĄrnio no seu terror. - Sou um indizĂvel do tipo Oscar Wilde. - Os seus olhos fecharam-se, e levando os punhos cerrados atĂ© eles, ficou sentado imĂłvel, tendo apelado a CĂ©sar.
Por fim, veio a sentença. Mal conseguia acreditar no que ouvia. Era «Tolices, tolices!». Estava à espera de muita coisa, mas não disto; pois se as suas palavras eram tolices, a sua vida era um sonho.
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P.181, MAURICE, E.M. FORSTER
"So you've never guessed," he said, with a touch of scorn in his terror. "I'm an unspeakable of the Oscar Wilde sort." His eyes closed, and driving clenched fists against them he sat motionless, having appealed to Caesar.
At last judgement came. He could scarcely believe his ears. It was "Rubbish, rubbish!" He had expected many things, but not this; for if his words were rubbish his life was a dream.
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E.M. Forster (Maurice)
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On atteint [l'Ă©quanimitĂ©] lorsqu'on est capable d'accueillir le bon comme le moins bon avec la mĂȘme acceptation, la mĂȘme Ă©coute. En fait, ce n'est mĂȘme pas le bon et le moins bon, puisqu'il y a accueil de ce qui est sans jugement. Outre que cela nous permet d'explorer de nouvelle associations en cuisine, de libĂ©rer notre crĂ©ativitĂ© et de dĂ©couvrir de nouveaux plats, l'Ă©quanimitĂ© est un stade de sagesse qui permet de vivre vraiment mieux ! Vous connaissez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ cette histoire de l'homme et de son cheval, [âŠ].
L'homme, donc, possĂšde un cheval⊠lequel un jour se sauve. Les voisins viennent et plaignent notre homme qui rĂ©pond avec bonhomie : "De la malchance ? Je ne sais pas." Quelques jours plus tard, le cheval revient accompagnĂ© d'une horde d'Ă©quidĂ©s sauvages. Les voisins se prĂ©cipitent : "Quelle chance !" Ă quoi le vieil homme rĂ©torque : "De la chance ? Je ne sais pas." Le fils de l'homme tente de dompter et de monter ces chevaux. Il se casse la jambe. Les voisins arrivent et y vont de leurs commentaires sur la malchance qui survient, Ă quoi l'homme rĂ©pond : "De la malchance ? Je ne sais pas." Le lendemain, des affiches placardĂ©es sur les murs annoncent la guerre et l'appel de tous les jeunes gens sous les drapeaux. Le fils ayant la jambe cassĂ©e est bien sĂ»r exemptĂ©âŠ
Bref, gardons-nous de juger les événements comme bons ou mauvais. Les choses ne sont ni bien ni mal, elles ont des conséquences. Ce n'est pas "mal" de mettre des meringues à 230°C dans le four, elles seront brûlées. C'est tout. (p.33-34)
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Isabelle Filliozat (Un zeste de conscience dans la cuisine)
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Je me rappelle mon entrĂ©e sur la scĂšne, Ă mon premier concert. [âŠ] Je n'aimais pas ce public pour qui l'art n'est qu'une vanitĂ© nĂ©cessaire, ces visage composĂ©s dissimulant les Ăąmes, l'absence des Ăąmes. Je concevais mal qu'on pĂ»t jouer devant des inconnus, Ă heure fixe, pour un salaire versĂ© d'avance. Je devinais les apprĂ©ciations toutes faites, qu'ils se croyaient obligĂ©s de formuler en sortant ; je haĂŻssais leur goĂ»t pour l'emphase inutile, l'intĂ©rĂȘt mĂȘme qu'ils me portaient, parce que j'Ă©tais de leur monde, et l'Ă©clat factice dont se paraient les femmes. Je prĂ©fĂ©rais encore les auditeurs de concerts populaires, donnĂ©s le soir dans quelque salle misĂ©rable, oĂč j'acceptais parfois de jouer gratuitement. Des gens venaient lĂ dans l'espoir de s'instruire. Ils n'Ă©taient pas plus intelligents que les autres, ils Ă©taient seulement de meilleur volontĂ©. Ils avaient dĂ», aprĂšs leur repas, s'habiller le mieux possible ; ils avaient dĂ» consentir Ă avoir froid, pendant deux longues heures, dans une salle presque noire. Les gens qui vont au théùtre cherchent Ă s'oublier eux-mĂȘmes ; ceux qui vont au concert cherchent plutĂŽt Ă se retrouver. Entre la dispersion du jour et la dissolution du sommeil, ils se retrempent dans ce qu'ils sont. Visage fatiguĂ©s des auditeurs du soir, visages qui se dĂ©tendent dans leurs rĂȘves et semblent s'y baigner. Mon visage⊠En ne suis-je pas aussi trĂšs pauvre, moi qui n'ai ni amour, ni foi, ni dĂ©sir avouable, moi qui n'ai que moi-mĂȘme sur qui compter, et qui me suis presque toujours infidĂšle ? (p. 82-83)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Asunto: EstĂĄs totalmente imaginĂĄndome desnudo ahora mismo
Missy,
Entonces, ÂżquĂ© tal si tĂș y yo nos adentramos entre las pilas para hacer algo de "estanterĂa"?
FulminĂł con la mirada el mensaje antes de golpear la respuesta.
Asunto: Este es un entorno de trabajo y esto es acoso.
Sr. Zaccadelli,
Me dirijo a usted para informarle que su propuesta ha sido rechazada. Debido al hecho de que somos compañeros de trabajo, asĂ como compañeros de cuarto, me parece inapropiado visitar las estanterĂas con usted. Voy a rechazar todas las nuevas ofertas en este momento. Si, en el futuro, me decido a entretener dicha oferta, le informaremos a travĂ©s de correspondencia.
Respetuosamente (no) tuya,
Señorita Taylor Caldwell
PD: Deja de enviarme jodidos correo electrĂłnico.
Vi sus ojos echarle una ojeada al mensaje y una sonrisa en su rostro. Me MirĂł fijamente a los ojos mientras escribĂa, nunca mirando el teclado.
GolpeĂł la tecla enter con una leve inclinaciĂłn de cabeza.
Ping.
Asunto: No es una casualidad
Missy,
Acepto el reto, y te recuerdo que si quieres que te deje en paz, esta esta pequeña apuesta que tenemos. Gånala, y me voy.
Impacientemente (y descaradamente) tuyo,
Sr. Hunter Aaron Zaccadelli, escudero.
PD: Demuéstralo
Oh, Ă©l no estaba recibiendo la Ășltima palabra. Baje el volumen en mi computadora e hice un rĂĄpido barrido visual en la habitaciĂłn para asegurarme de que no Ăbamos a quedar arrestados. Todo el mundo estaba absorto en lo que estaban haciendo.
Asunto: DesafĂo aceptado
Sr. Zaccadelli,
Si sigues asĂ, te voy a reportar a la lĂnea directa de trabajo para el acoso. Ellos no tienen la amabilidad por los tatuajes, tocar la guitarra-amigos avanzando hacia las niñas dulces e inocentes. El Juego comienza.
Atentamente,
La chica que nunca tendrĂĄs
PD: Escudero? EstĂĄs tan lleno de mierda.
Escuché una risa ahogada del lado de Hunter en la mesa, pero mantuve mis ojos pegados a la pantalla del ordenador. Escaleras. Las precauciones de seguridad cuando trabaje con escaleras...
Ping.
Mire a la computadora con irritaciĂłn. Supongo que no podĂa apagar el sonido.
Asunto: Vuelve al trabajo
Missy,
Me estĂĄs distrayendo de los mĂĄs importantes tĂłpicos de seguridad en el trabajo. ÂżCĂłmo te sentirĂas si yo subiera mal una escalera por no aprender el procedimiento adecuado y luego cayera a mi muerte?
Siempre,
El chico sobre el que sueñas.
P.D: Yo tambiĂ©n soy un prĂncipe perdido en una tierra lejana. ÂżQuĂ© quieres hacerme ahora?
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Chelsea M. Cameron
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Llego, pues, a la conclusiĂłn de que un prĂncipe, cuando es apreciado por el pueblo, debe cuidarse muy poco de las conspiraciones; pero que debe temer todo y a todos cuando lo tienen por enemigo y es aborrecido por Ă©l. Los Estados bien organizados y los prĂncipes sabios siempre han procurado no exasperar a los nobles y, a la vez, tener satisfecho y contento al pueblo. Es este uno de los puntos a que mĂĄs debe atender un prĂncipe. (p. 33)
SĂłlo quien sea capaz de cortar, como suele decirse, un cabello en el aire, podrĂĄ hallar alguna diferencia entre âexcusaâ y âjustificaciĂłnâ. (p. 50)
Sucede lo que los mĂ©dicos dicen del tĂsico: que al principio su mal es difĂcil de conocer, pero fĂĄcil de curar, mientras que, con el transcurso del tiempo, al no haber sido conocido ni atajado, se vuelve fĂĄcil de conocer, pero difĂcil de curar. (p. 4)
Como quiera que haya sido, lo cierto es que nadie probablemente ha sido, tanto como Maquiavelo, signo de contradicciĂłn. Nadie ha tenido tan varia y tempestuosa fortuna, como suelen decir los italianos; y vale recordar algunas por lo menos de sus mĂĄs sonadas peripecias. (p. 11)
Maquiavelo puede pasar casi como un santo. Que una u otra vez sacrificĂł en los altares de Afrodita (de la Pandemia siempre, porque fue varĂłn a carta cabal), parece ser lo mĂĄs probable pero fueron pasiones o pasioncillas que no alteraron la paz de su hogar, ni sobrepusieron en modo alguno (la carta a Vettori lo estĂĄ diciendo) a su labor intelectual. (p. 25)
⊠y si no perseverĂł mĂĄs en el gĂ©nero dramĂĄtico -un entretenimiento para Ă©l, en fin de cuentas- fue por la simple razĂłn de que lo que ante todo le absorbĂa era el homo politicus, o como Ă©l decĂa, el ragionar dello stato, y en esto hubo de consumirse lo mejor de su energĂa espiritual. (p. 11)
En la concepciĂłn de Maquiavelo, el PrĂncipe es el Estado⊠En cuanto al pueblo, es algo que no ha podido definirse jamĂĄs. Como entidad polĂtica, es una entidad puramente abstracta. No se sabe exactamente ni dĂłnde comienza ni dĂłnde acaba. El adjetivo de soberano aplicado al pueblo es una farsa trĂĄgica⊠Al pueblo no le queda ni un monosĂlabo para afirmar y obedecer. (p. 15)
En los Discursos sobre Tito Livio abundan declaraciones semejantes. âHay que partir del presupuesto de que los hombres son todos perversos (tutti gli uomini rei), y que siempre que se les presente ocasiĂłn, harĂĄn uso de la malignidad de su ĂĄnimo⊠Los hombres no obran jamĂĄs el bien, a no ser por necesidadâ. (p. 32)
La libertad, por tanto, es para Maquiavelo el supremo bien a cuya consecuciĂłn debe ordenarse la comunidad polĂtica, y por esta consideraciĂłn censura severamente a Julio CĂ©sar, por haber sido el exterminador de las libertades pĂșblicas y, en suma, de la RepĂșblica romana. (p. 28)
Ha de notarse, pues, que a los hombres hay que conquistarlos o eliminarlos, porque si se vengan de las ofensas leves, de las graves no pueden; asĂ que la ofensa que se haga al hombre debe ser tal, que le resulte imposible vengarse. (p. 3)
⊠no sin haberle colgado previamente una inscripciĂłn segĂșn la cual Maquiavelo habrĂa sido un hombre astuto y pĂ©rfido, coadjutor de los demonios e incomparable artĂfice de maquinaciones diabĂłlicas: âHomo vafer ac subdolus, diabolicarum cogitationum faber optimus, cacodaemonis auxiliatorâ. (p. 12)
Quien confĂa en el pueblo edifica sobre arena. (se me olvidĂł colocar la pĂĄgina)
Y Traiano Boccalini, por su parte, decĂa lo siguiente: âNo vemos por quĂ© ha de condenarse la lectura de Maquiavelo, cuando se recomienda la lectura de la Historiaâ. (p. 38)
⊠en esto acabĂł por convertirse, segĂșn dice Macaulay, el odiado polĂtico florentino. (p. 13)
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NiccolĂČ Machiavelli (El Principe)
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Voici quelques types de rĂ©actions anormales : mourir de faim face Ă l'abondance ; rester exposĂ© au froid, Ă la pluie et Ă la neige, en prĂ©sence de charbon, de matĂ©riel de construction et de place pour bĂątir ; croire qu'une puissance divine Ă longue barbe blanche rĂ©git toutes choses et que l'on est Ă la merci de cette puissance pour le bien comme pour le mal ; massacrer d'innocentes personnes avec enthousiasme, et croire que l'on doit conquĂ©rir une rĂ©gion dont on n'avait jamais entendu parler auparavant ; marcher en haillons et se considĂ©rer en mĂȘme temps comme le reprĂ©sentant de la "grandeur de la nation" ; oublier ce qu'un politicien avait promis avant de devenir chef de l'Etat ; dĂ©lĂ©guer Ă quelque individu que ce soit, fussent-ils hommes d'Etat, un pouvoir quasi absolu sur sa propre vie et son propre destin ; ĂȘtre incapable de comprendre que les soi-disant grands timoniers de l'Etat doivent eux aussi dormir, manger, rĂ©pondre Ă l'appel de la nature, qu'eux aussi sont gouvernĂ©s par des pulsions affectives inconscientes et incontrĂŽlables, et souffrent de dĂ©rangements sexuels comme tout autre mortel ; considĂ©rer comme Ă©vident qu'il faut battre les enfants dans l'intĂ©rĂȘt de la "culture" ; refuser aux adolescents, qui sont dans la fleur de l'Ăąge, le bonheur de l'union sexuelle ; et l'on peut multiplier les exemples Ă l'infini. (p. 29-30, PrĂ©face de la deuxiĂšme Ă©dition)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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Ellen White explica: âAs pessoas abnegadas e consagradas que devolvem a Deus o que Lhe pertence, como Ele requer, serĂŁo recompensadas segundo as suas obras. Ainda que os recursos assim consagrados sejam mal aplicados, de modo que nĂŁo venham a preencher os fins que o ofertante tinha em vista â a glĂłria de Deus e a salvação de almas â aqueles que fizeram o sacrifĂcio em sinceridade de coração, com a Ășnica finalidade de glorificar a Deus, nĂŁo perderĂŁo sua recompensaâ (Testemunhos Para a Igreja, vol. 2, p. 519).
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Alberto R. Timm (MeditaçÔes DiĂĄrias 2018 - Um Dia InesquecĂvel (Portuguese Edition))
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D'autre part la langue écrite, la langue littéraire, surchargée, pompeuse, pùteuse, prétentieuse, gorgée de digressions ineptes, absconse, évasive, allusive, ne réussissait qu'à lui transmettre un vilain bruit et de vilaines évidences trÚs mal formulées (Black Village p. 123)
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Antoine Volodine
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Viendo la desenvoltura y la seguridad en que vivĂan aquellas gentes, comprendĂ que aquel estrecho parecido de los sexos era, despuĂ©s de todo, lo que podĂa esperarse; pues la fuerza de un hombre y la delicadeza de una mujer, la instituciĂłn de la familia y la diferencia de ocupaciones son simples necesidades militantes de una edad de fuerza fĂsica. AllĂ donde la poblaciĂłn es equilibrada y abundante, muchos nacimientos llegan a ser un mal mĂĄs que un beneficio para el Estado; allĂ donde la violencia es rara y la prole es segura, hay menos necesidad -realmente no existe la necesidad- de una familia eficaz, y la especializaciĂłn de los sexos con referencia a las necesidades de sus hijos desaparece (p.49).
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H.G. Wells (The Time Machine)
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Plus la banque de donnĂ©es de l'enfant est riche, plus il pourra faire de connexions ensuite, donc assimiler de nouveaux savoirs. Ă l'inverse, un enfant peu stimulĂ©, pas trĂšs curieux de nature, va se constituer une trĂšs petite banque de donnĂ©es et aura du mal Ă faire des ponts entre un nouvel apprentissage et son matĂ©riau personnel de base. [âŠ]
L'enfant petit doit vivre des expĂ©rimentations qui vont lui permettre, des annĂ©es plus tard, de passer de la pensĂ©e concrĂšte Ă la pensĂ©e abstraite. En voici un exemple frappant. Le petit enfant aime jouer avec de la pĂąte Ă modeler. Vers 4-6 ans, il dĂ©couvre un concept essentiel sans le savoir : la conservation de la quantitĂ©. C'est un test qui est fait chez l'orthophoniste pour un enfant en difficultĂ© mathĂ©matique. Il joue avec sa pĂąte Ă modeler. Elle est en boule ; puis on lui propose de l'Ă©taler et d'en faire un long serpentin. Si on lui demande : "Est-ce que tu as autant de pĂąte Ă modeler que tout Ă l'heure ?", il peut rĂ©pondre par l'affirmative. Mais certains enfants n'imaginent pas que la mĂȘme quantitĂ© puisse changer de forme. Donc, il rĂ©pondent : "Pas du tout, lĂ , il y en a beaucoup plus. Tu ne vois pas comment c'est long ?" Tant que l'enfant n'a pas compris ce concept de conservation de la quantitĂ© (ou du nombre), il ne peut pas faire des conversions ; il ne peut pas concevoir que des centimĂštres deviennent des mĂštres, et qu'une mĂȘme quantitĂ© puisse s'appeler de diffĂ©rentes façons. ArrivĂ© Ă l'Ăąge des opĂ©rations concrĂštes, comme dirait Jean Piaget, il bute sur des concepts qu'il ne comprend pas, parce que le "terrain" n'a pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ© en lui pour qu'il les intĂšgre. (p. 74-75)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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Les Ă©tudiants sont nombreux Ă avoir l'impression de ne rien avoir retenu de leurs annĂ©es d'Ă©cole. Et je les trouve, en effet, assez peu dotĂ©s en matiĂšre de culture gĂ©nĂ©rale. Je me souviens d'une stagiaire de master 2 ; en classe, nous prĂ©parions ensemble la prochaine leçon d'histoire. La sentant mal Ă l'aise, je lui demande : "Tu t'en souviens quand mĂȘme un peu, des Gaulois et des Romains ?" "Non, je ne me souviens de rien. J'ai l'impression de n'avoir rien appris. J'ai travaillĂ© bĂȘtement : j'ai ingurgitĂ© par cĆur des leçons que j'ai su restituer. Mais en fait, je ne sais rien." Ce n'est pas de sa faute : le type d'apprentissage qu'on lui a demandĂ© (le par cĆur avec restitution Ă court terme) fait travailler une mĂ©moire qui n'est pas efficace Ă long terme puisqu'elle n'oblige pas l'apprenant Ă faire du sens en faisant des liens avec d'autres savoirs acquis antĂ©rieurement. Donc, ne s'accrochant Ă rien, les connaissance s'effacent.
[âŠ]
Le plus grave ? Ce modĂšle scolaire donne l'illusion aux Ă©lĂšves qu'ils sont bons en classe. C'est ce que remarquait la stagiaire citĂ© plus haut : "On m'a donnĂ© l'illusion que j'Ă©tais forte mais en fait, je suis un Ăąne, j'apprends bĂȘtement." J'ai eu beau lui rĂ©pondre qu'elle avait fait preuve d'intelligence d'avoir appris ainsi, en s'adaptant Ă la demande de l'Ă©cole, je ne l'ai pas rassurĂ©e. Mais au fond, quelle Ă©nergie dĂ©pensĂ©e pour ne rien retenir de ces annĂ©es d'Ă©cole⊠Sans compter que cette dĂ©couverte est une sacrĂ©e dĂ©ception, sur le plan de l'estime de soi. (p. 48-49)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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Dans son rapport inaugural, le Forum, Ă propos de la mondialisation qu'il a symbolisĂ©e sous ses formes les plus conquĂ©rantes et sĂ»res d'elles-mĂȘmes, Ă©voque avec un sens exquis de l'euphĂ©misme "un risque de dĂ©sillusion". Mais dans les conversations, c'est autre chose. DĂ©sillusion ? Crise ? InĂ©galitĂ©s ? D'accord, si vous y tenez, mais enfin, comme nous le dit le trĂšs cordial et chaleureux PDG de la banque amĂ©ricaine Western Union, soyons clairs : si on ne paie pas les leaders comme ils le mĂ©ritent, ils s'en iront voir ailleurs. Et puis, capitalisme, ça veut dire quoi ? Si vous avez 100 dollars d'Ă©conomies et que vous les mettez Ă la banque en espĂ©rant en avoir bientĂŽt 105, vous ĂȘtes un capitaliste, ni plus ni moins que moi. Et plus ces capitalistes comme vous et moi (il a rĂ©ellement dit "comme vous et moi", et mĂȘme si nous gagnons fort dĂ©cemment notre vie, mĂȘme si nous ne connaissons pas le salaire exact du PDG de la Western Union, pour ne rien dire de ses stock-options, ce "comme vous et moi" mĂ©rite Ă notre sens le pompon de la "brĂšve de comptoir" version Davos), plus ces capitalistes comme vous et moi, donc, gagneront d'argent, plus ils en auront Ă donner, pardon Ă redistribuer, aux pauvres. L'idĂ©e ne semble pas effleurer cet homme enthousiaste, et Ă sa façon, gĂ©nĂ©reux, que ce ne serait pas plus mal si les pauvres Ă©taient en mesure d'en gagner eux-mĂȘms et ne dĂ©pendaient pas des bonnes dispositions des riches. Faire le maximum d'argent, et ensuite le maximum de bien, ou pour les plus sophistiquĂ©s faire le maximum de bien en faisant le maximum d'argent, c'est le mantra du Forum, oĂč on n'est pas grand-chose si on n'a pas sa fondation caritative, et c'est mieux que rien, sans doute "(vous voudriez quoi ? Le communisme ?"). Ce qui est moins bien que rien, en revanche, beaucoup moins bien, c'est l'effarante langue de bois dans laquelle ce mantra se dĂ©cline. Ces mots dont tout le monde se gargarise : prĂ©occupation sociĂ©tale, dimension humaine, conscience globale, changement de paradigme⊠De mĂȘme que l'imagerie marxiste se reprĂ©sentait autrefois les capitalistes ventrus, en chapeau haut de forme et suçant avec voluptĂ© le sang du prolĂ©tariat, on a tendance Ă se reprĂ©senter les super-riches et super-puissants rĂ©unis Ă Davos comme des cyniques, Ă l'image de ces traders de Chicago qui, en rĂ©ponse Ă Occupy Wall Street, ont dĂ©ployĂ© au dernier Ă©tage de leur tour une banderole proclamant : "Nous sommes les 1%". Mais ces petits cyniques-lĂ Ă©taient des naĂŻfs, alors que les grands fauves qu'on cĂŽtoie Ă Davos ne semblent, eux, pas cyniques du tout. Ils semblent sincĂšrement convaincus des bienfaits qu'ils apportent au monde, sincĂšrement convaincus que leur ingĂ©nierie financiĂšre et philanthropique (Ă les entendre, c'est pareil) est la seule façon de nĂ©gocier en douceur le fameux changement de paradigme qui est l'autre nom de l'entrĂ©e dans l'Ăąge d'or. Ăa nous a Ă©tonnĂ©s dĂšs le premier jour, le parfum de new age qui baigne ce jamboree de mĂąles dominants en costumes gris. Au second, il devient entĂȘtant, et au troisiĂšme on n'en peut plus, on suffoque dans ce nuage de discours et de slogans tout droit sortis de manuels de dĂ©veloppement personnel et de positive thinking. Alors, bien sĂ»r, on n'avait pas besoin de venir jusqu'ici pour se douter que l'optimisme est d'une pratique plus aisĂ©e aux heureux du monde qu'Ă ses gueux, mais son inflation, sa dĂ©connexion de toute expĂ©rience ordinaire sont ici tels que l'observateur le plus modĂ©rĂ© se retrouve Ă osciller entre, sur le versant idĂ©aliste, une indignation rĂ©volutionnaire, et, sur le versant misanthrope, le sarcasme le plus noir. (p. 439-441)
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Emmanuel CarrĂšre (Il est avantageux d'avoir oĂč aller)
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L'erreur est souvent mal interprétée. Lorsqu'un enfant se trompe, il se dit facilement : "Je suis nul, je n'y arrive pas, mes copains vont le voir", alors qu'il serait plus juste qu'il se dire : "Je me suis trompée⊠C'est normal puisque je suis en train d'apprendre. Pourquoi est-ce que ne j'y arrive pas ? Comment pourrais-je procéder autrement ?" (p. 46)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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Balder el Hermoso, el Cristo escandinavo, era el hijo bienamado de OdĂn. Balder no era guerrero; su espĂritu amable y encantador llevĂł paz y alegrĂa a los corazones de los dioses y todos lo querĂan, menos uno. Del mismo modo en que JesĂșs tuvo a Judas entre Sus doce discĂpulos, uno de los doce dioses era falso: Loki, la personificaciĂłn del mal. Loki hizo que Höor, el dios ciego del destino, disparara contra Balder una flecha de muĂ©rdago. Al morir Balder, la luz y la alegrĂa desaparecieron de la vida de los demĂĄs dioses, que, desconsolados, se reunieron para buscar un mĂ©todo que les permitiera resucitar aquel espĂritu de vida y juventud eternas. El resultado fue el establecimiento de los Misterios
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Manly P. Hall (Las enseñanzas secretas de todos los tiempos)
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Alma desalentada: lo que alegra al enemigo no son tanto vuestras faltas como el abatimiento y la desconfianza en la misericordia divina que os producen. «Este es, dice el P. de la Colombiére, éste es el mayor mal que puede sobrevenir a una criatura.
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Claude-Joseph Tissot (El arte de aprovechar nuestras faltas)
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NĂŁo hĂĄ mais barreiras a atravessar. Tudo o que tenho em comum com o incontrolĂĄvel e o insano, o cruel e o mal, todo o caos que causei e minha total indiferença em relação a isso, agora superei. Minha dor Ă© constante e aguda e nĂŁo espero um mundo melhor para ninguĂ©m. De fato, quero que minha dor seja infligida a outras pessoas. NĂŁo quero que ninguĂ©m escape, mas mesmo depois de admitir isso, nĂŁo hĂĄ catarse. Meu castigo continua a me iludir e nĂŁo ganho conhecimento mais profundo de mim mesmo. Nenhum conhecimento novo pode ser extraĂdo da minha narrativa. Essa confissĂŁo nĂŁo significou nada."
Easton Ellis, Psicopata Americano
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F.P. Trotta (Bromance: Baseado em Fatos Reais)
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On parle de bien par amour de mal et de progrÚs par mépris des gens. Nul ne sait quelle mouche a piqué ses voisins pour les détruire ou les épargner en connaissance de cause." P 19
L'enfant fou de l'arbre creux - Boualem Sansal
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Boualem Sansal (L'Enfant fou de l'arbre creux)
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BUENO Y MALO (bonum-malum) Es bueno lo que favorece la relaciĂłn de movimiento y reposo (M-R) que articula las partes del cuerpo humano (E3P39); lo que ayuda a acercarse al modelo ideal de naturaleza humana elegido como guĂa estratĂ©gica de la conducta (E4Praef.); lo que concuerda con la propia naturaleza, especialmente en tĂ©rminos racionales (E4P40); tambiĂ©n lo es cuanto promueve el desarrollo de la racionalidad (E4P27 y A5); y, finalmente, todo lo que reporta con certeza alguna utilidad, mientras que es nocivo aquello que lo impide (E4Def1 y 2). Como es obvio, se llama malo a lo contrario en los cinco sentidos mencionados, toda vez que es algo derivado y estĂĄ en funciĂłn de lo bueno. No hay un bien o un mal absolutos, sino unas relaciones valorativas adaptadas a la situaciĂłn (E4Praef.), lo que no supone un puro relativismo, sino una inteligencia flexible de lo que conviene.
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Baruch Spinoza (Spinoza (Biblioteca Grandes Pensadores nÂș 15) (Spanish Edition))
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Of the rise of this singular people few authentic records appear to exist. It is, however, probable that they represent a later wave of that race, whether true Sudras, or a later wave of immigrants from Central Asia, which is found farther south as Mahratta; and perhaps they had, in remote times, a Scythian origin like the earlier and nobler Rajputs. They affect Rajput ways, although the Rajputs would disdain their kinship; and they give to their chiefs the Rajput title of "Thakur," a name common to the Deity and to great earthly lords, and now often used to still lower persons. So much has this practice indeed extended, that some tribes use the term generically, and speak of themselves as of the "Thakur" race. These, however, are chiefly pure Rajputs. It is stated, by an excellent authority, that even now the Jats "can scarcely be called pure Hindus, for they have many observances, both domestic and religious, not consonant with Hindu precepts. There is a disposition also to reject the fables of the Puranic Mythology, and to acknowledge the unity of the Godhead." (Elliot's Glossary, in voce "Jat.") Wherever they are found, they are stout yeomen; able to cultivate their fields, or to protect them, and with strong administrative habits of a somewhat republican cast. Within half a century, they have four times tried conclusions with the might of Britain. The Jats of Bhartpur fought Lord Lake with success, and Lord Combermere with credit; and their "Sikh" brethren in the Panjab shook the whole fabric of British India on the Satlaj, in 1845, and three years later on the field of Chillianwala. The Sikh kingdom has been broken up, but the Jat principality of Bhartpur still exists, though with contracted limits, and in a state of complete dependence on the British Government. There is also a thriving little principality â that of Dholpur â between Agra and Gwalior, under a descendant of the Jat Rana of Gohad, so often met with in the history of the times we are now reviewing (v. inf. p. 128.) It is interesting to note further, that some ethnologists have regarded this fine people as of kin to the ancient GetŸ, and to the Goths of Europe, by whom not only Jutland, but parts of the south-east of England and Spain were overrun, and to some extent peopled. It is, therefore, possible that the yeomen of Kent and Hampshire have blood relations in the natives of Bhartpur and the Panjab. The area of the Bhartpur State is at present 2,000 square miles, and consists of a basin some 700 feet above sea level, crossed by a belt of red sandstone rocks. It is hot and dry; but in the skilful hands that till it, not unfertile; and the population has been estimated at near three-quarters of a million. At the time at which our history has arrived, the territory swayed by the chiefs of the Jats was much more extensive, and had undergone the fate of many another military republic, by falling into the hands of the most prudent and daring of a number of competent leaders. It has already been shown (in Part I.) how Suraj Mal, as Raja of the Bhartpur Jats, joined the Mahrattas in their resistance to the great Musalman combination of 1760. Had his prudent counsels been followed, it is possible that this resistance would have been more successful, and the whole history of Hindustan far otherwise than what it has since been. But the haughty leader of the Hindus, Sheodasheo Rao Bhao, regarded Suraj Mal as a petty landed chief not accustomed to affairs on a grand scale, and so went headlong on his fate.
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H.G. Keene (Fall of the Moghul Empire of Hindustan)
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(...)
Meu coração Ă© um sapo rajado, viscoso e cansado, Ă espera do beijo prometido capaz de transformĂĄ-lo em prĂncipe.
Meu coração Ă© um ĂĄlbum de retratos tĂŁo antigos que suas faces mal se adivinham. RoĂdas de traça, amareladas de tempo, faces desfeitas, imĂłveis, cristalizadas em poses rĂgidas para o fotĂłgrafo invisĂvel. Este apertava os olhos quando sorria. Aquela tinha um jeito peculiar de inclinar a cabeça. Eu viro as folhas, o pĂł resta nos dedos, o vento sopra.
Meu coração é um mendigo mais faminto da rua mais miseråvel.
Meu coração Ă© um ideograma desenhado a tinta lavĂĄvel em papel de seda onde caiu uma gota dâĂĄgua. Olhado assim, de cima, pode ser Wu Wang, a InocĂȘncia. Mas tĂŁo manchado que talvez seja Ming I, o Obscurecimento da Luz. Ou qualquer um, ou qualquer outro: indecifrĂĄvel.
Meu coração nĂŁo tem forma, apenas som. Um noturno de Chopin (serĂĄ o nĂșmero 5?) em que Jim Morrison colocou uma letra falando em morte, desejo e desamparo, gravado por uma banda punk. Couro negro, prego e piano.
Meu coração Ă© um bordel gĂłtico em cujos quartos prostituem-se ninfetas decaĂdas, cafetĂ”es sensuais, deusas lĂ©sbicas, anĂ”es tarados, michĂȘs baratos, centauros gays e virgens loucas de todos os sexos.
Meu coração Ă© um traço seco. Vertical, pĂłs-moderno, coloridĂssimo de neon, gravado em fundo preto. Puro artifĂcio, definitivo.
Meu coração é um entardecer de verão, numa cidadezinha à beira-mar. A brisa sopra, saiu a primeira estrela. Hå moças na janela, rapazes pela praça, tules violetas sobre os montes onde o sol se p6os. A lua cheia brotou do mar. Os apaixonados suspiram. E se apaixonam ainda mais.
Meu coração é um anjo de pedra de asa quebrada.
Meu coração Ă© um bar de uma Ășnica mesa, debruçado sobre a qual um Ășnico bĂȘbado bebe um Ășnico copo de bourbon, contemplado por um Ășnico garçom. Ao fundo, Tom Waits geme um Ășnico verso arranhado. Rouco, louco.
Meu coração é um sorvete colorido de todas as cores, é saboroso de todos os sabores. Quem dele provar, serå feliz para sempre.
Meu coração Ă© uma sala inglesa com paredes cobertas por papel de florzinhas miĂșdas. Lareira acesa, poltronas fundas, macias, quadros com gramados verdes e casas pacĂficas cobertas de hera. Sobre a renda branca da toalha de mesa, o chĂĄ repousa em porcelana da China. No livro aberto ao lado, alguĂ©m sublinhou um verso de Sylvia Plath: "Im too pure for you or anyone". NĂŁo hĂĄ ninguĂ©m nessa sala de janelas fechadas.
Meu coração Ă© um filme noir projetado num cinema de quinta categoria. A platĂ©ia joga pipoca na tela e vaia a histĂłria cheia de clichĂȘs.
Meu coração é um deserto nuclear varrido por ventos radiativos.
Meu coração Ă© um cĂĄlice de cristal purĂssimo transbordante de licor de strega. Flambado, dourado. Pode-se ter visĂ”es, anunciaçÔes, pressentimentos, ver rostos e paisagens dançando nessa chama azul de ouro.
Meu coração é o laboratório de um cientista louco varrido, criando sem parar Frankensteins monstruosos que sempre acabam destruindo tudo.
Meu coração Ă© uma planta carnĂvora morta de fome.
Meu coração é uma velha carpideira portuguesa, coberta de preto, cantando um fado lento e cheia de gemidos - ai de mim! ai, ai de mim!
Meu coração é um poço de mel, no centro de um jardim encantado, alimentando beija-flores que, depois de provå-lo, transformam-se magicamente em cavalos brancos alados que voam para longe, em direção à estrela Veja. Levam junto quem me ama, me levam junto também.
Faquir involuntĂĄrio, cascata de champanha, pĂșrpura rosa do Cairo, sapato de sola furada, verso de MĂĄrio Quintana, vitrina vazia, navalha afiada, figo maduro, papel crepom, cĂŁo uivando pra lua, ruĂna, simulacro, varinha de incenso. Acesa, aceso - vasto, vivo: meu coração teu.
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Caio Fernando Abreu
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The more Christocentric one's theology, the more offensive this OT punisher-god appearsâand if we are honest, he does appear. If, as the NT insists, the true God is exactly like Jesus, and always has been (Mal 3:6; Heb 13:8), then what has the Father-God of Jesus to do with Joshua or Samuel's Warrior God (1 Sam 15), demanding the extermination or enslavement of whole races? Thus, Weil draws a stark boundary between Jehovah's power and Jesus' refusal of power:
Jehovah made the same promises to Israel that the Devil made to Christ. God is only all-powerful here below for saving those who desire to be saved by Him. He has abandoned all the rest of his power to the Prince of this world and to inert matter. He has no power other than spiritual.
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Bradley Jersak (Red Tory, Red Virgin: Essays on Simone Weil and George P. Grant)
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â Quer dizer que vocĂȘ vai mandar em mim? â disse, testando o companheiro.
â Isso significa que, se eu assim quisesse, poderia fazer vocĂȘ sambar aqui na minha frente que nem a Globeleza. Agorinha mesmo. â Segurou-se para nĂŁo gargalhar diante a expressĂŁo mortificada de Raul. âDefinitivamente, nĂŁo sirvo pra ser lobo alfaâ, pensou, e engoliu o riso. â EntĂŁo, nunca mais erga a voz quando se dirigir a mim, entendeu? E agradeça por ter sido justamente este velho aqui a ter te encontrado primeiro. Poderia ser muito pior.
Raul permaneceu calado, o rabo fantasma enfiado entre as pernas.
â Foi mal â murmurou Raul. â Mas eu nĂŁo sou bicha â acrescentou, urgente.
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Jana P. Bianchi (Lobo de Rua (A Galeria Creta, #0.5))
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Porém uma tarde em que estava o padre e estava o João de Adão, o doqueiro disse que a culpa (p. 102) era da sociedade mal organizada, era dos ricos... Que enquanto tudo não mudasse, os meninos não poderiam ser homens de bem.
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Anonymous
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Au royaume qui est le nĂŽtre, nous ne connaissons aucune distinction de rang, d'honneur, d'Ăąge ou de force. Ce qui nous est commun, c'est un corps en proie Ă l'insoutenable torture de brĂ»lants dĂ©sirs, un coeur souffrant Ă la folie de la solitude. Ces cĆurs affolĂ©s deviennent Ă minuit comme des bĂȘtes fĂ©roces Ă©chappĂ©es de leur cage qui se lancent Ă la poursuite de leur proie toutes griffes dehors. A la lueur de la lune rougeoyante nous ressemblons Ă des somnambules, marchant sur l'ombre des uns et des autres, entamant une course insensĂ©e autour du bassin, sans trĂȘve ni repos, tournant et retournant Ă la poursuite de l'Ă©norme monstre de ce cauchemar jamais achevĂ© d'amour et de dĂ©sir.
Dans les ténÚbres, je posai le pied sur les marches de la terrasse qui surplombait le bassin et entrai dans le rang comme saisi d'une transe hypnotique ; sans le vouloir, je tournai autour de la piÚce d'eau, encore et encore. Dans le noir, je vis défiler des paires d'yeux assoiffés d'espoir, enflammés de désir, consumés d'angoisse et de peur, comme autant de lucioles se heurtant les unes aux autres.
Si épaisse, si sombre que fut la nuit, je sentis avec acuité un regard qui se portait chaque fois sur mon visage, telle une comÚte qui m'aurait heurté de plein fouet et brûlé la face. Je me sentis mal à l'aise, mon coeur palpitait, mais je n'avais aucun moyen d'éviter ces yeux. Le regard pénétrant se montrait si soutenu, si pressant, comme s'il attendait de moi le salut, comme s'il me suppliait pour je ne sais quoi.
~ p 33-34
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Pai Hsien-yung (Crystal Boys)
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Je suis pourtant convaincu que la force de persuasion de la secte chrĂ©tienne tenait en grande partie Ă sa capacitĂ© d'inspirer des gestes sidĂ©rants, des gestes - et pas seulement des paroles - qui allaient Ă l'inverse du comportement humain normal. Les hommes sont ainsi faits qu'ils veulent - pour les meilleurs d'entre eux, ce n'est dĂ©jĂ pas rien - du bien Ă leurs amis et, tous, du mal Ă leurs ennemis. Qu'ils aiment mieux ĂȘtre forts que faibles, riches que pauvres, grands que petits, dominants plutĂŽt que dominĂ©s. C'est ainsi, c'est normal, personne n'a jamais dit que c'Ă©tait mal. La sagesse grecque ne le dit pas, la piĂ©tĂ© juive non plus. Or voici que des hommes non seulement disent mais font exactement le contraire. D'abord on ne comprend pas, on ne voit pas l'intĂ©rĂȘt de cette extravagante inversion des valeurs. Et puis on commence Ă comprendre. On commence Ă voir l'intĂ©rĂȘt, c'est-Ă -dire la joie, la force, l'intensitĂ© de vie qu'ils tirent de cette conduite en apparence aberrante. Et alors on n'a plus qu'un dĂ©sir, c'est de faire comme eux. (p. 204)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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Le premier point Ă prendre en compte est le fait que la production globale actuelle est quantitativement suffisante pour assurer l'alimentation de l'ensemble de la population mondiale. La disponibilitĂ© alimentaire mondiale est de 2 790 calories par jour et par personne (donnĂ©es de 2001-2003), ce qui pourrait ĂȘtre suffisant. La sous-alimentation qui affecte aujourd'hui un milliard d'individus pourrait ĂȘtre Ă©radiquĂ©e par ure rĂ©organisation de la production, notamment avec une rĂ©orientation vers la multiplicitĂ© des cultures vivriĂšres et par un rééquilibrage du stock calorique, fort mal distribuĂ© (3 490 calories par jour et par personne dans les pays dĂ©veloppĂ©s, contre 2 254 en Afrique subsaharienne). Quant Ă la malnutrition (carences en vitamines et minĂ©raux) et Ă son envers, l'obĂ©sitĂ© et le surpoids (provoquĂ©s essentiellement par la diffusion des habitudes alimentaires promues par le secteur agroalimentaire et la grande distribution), qui affectent chacune un milliard d'individus, ils pourraient ĂȘtre rĂ©sorbĂ©s, sans augmentation quantitative globale, par une rĂ©orientation vers une agriculture paysanne dĂ©veloppant des pratiques agro-Ă©cologiques. Si l'agriculture industrielle actuelle fait valoir de maniĂšre tronquĂ©e sa supĂ©rioritĂ©, notamment en termes de productivitĂ© par hectare, une Ă©valuation plus globale, incluant l'ensemble des coĂ»ts directs et indirects (notamment Ă©cologiques), invite Ă faire pencher la balance de l'efficacitĂ© du cĂŽtĂ© de l'agriculture paysanne. De fait, l'agriculture industrialisĂ©e est entraĂźnĂ©e dans un cercle vicieux, marquĂ© notamment par l'Ă©puisement et la salinisation des sols, la multiplication des insectes rĂ©sistant aux pesticides, la hausse des pathologies du bĂ©tail ; en outre, elle provoque une baisse du pouvoir nutritif des produits, notamment des fruits et lĂ©gumes Ă croissance rapide. Enfin, il faut indiquer que les surfaces agricoles consacrĂ©es Ă des cultures non alimentaires (agrocarburants notamment) doivent ĂȘtre restituĂ©es Ă leur vocation initiale, ce qui offre une marge de manĆuvre importante pour assurer Ă l'ensemble de l'humanitĂ© une alimentation quantitativement et qualitativement satisfaisante. On dispose Ă©galement de deux leviers importants pour atteindre et maintenir cet impĂ©ratif Ă©lĂ©mentaire : d'une part, une limitation de l'Ă©levage, particuliĂšrement glouton en Ă©nergie et en surfaces (40 % des grains actuellement produits sont destinĂ©s Ă l'alimentation animale) et Ă©cologiquement dangereux (importantes Ă©missions de gaz Ă effet de serre) ; d'autre part, une Ă©limination du gĂąchis alimentaire (Ă©valuĂ© Ă 30 % au moins dans le systĂšme alimentaire industriel mondial, et Ă 100 milliards de dollars par an uniquement aux Ătats-Unis). (p. 190-192)
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JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂa, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
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The Kahn spoke to his disfigured expert. Mal-Greb, confused at first, listened, nodded and bowed his head like the slave he was. Jani Beg momentarily seized with energy grabbed the smaller man by the shoulders and breathed into his face âHurl them back to Hell!â
The wild look in the Kahnâs eyes was something that Mal-Greb understood.
And so they began.
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Karl P.T. Walsh (The Rat King)
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Comme on sait, les tumeurs cancĂ©reuses ne font pas mal par elles-mĂȘmes ; ce qui fait mal, ce sont les organes sains en eux-mĂȘmes, qui sont comprimĂ©s par les tumeurs cancĂ©reuses. Je crois que la mĂȘme chose s'applique Ă la maladie de l'Ăąme : partout oĂč ça fait mal, c'est moi. L'hĂ©ritage de mes parents en moi est comme une gigantesque tumeur cancĂ©reuse ; tout ce qui en souffre, ma misĂšre et mon tourment et mon dĂ©sespoir, c'est moi. Je ne suis pas seulement comme mes parents, je suis aussi diffĂ©rent de mes parents : mon individualitĂ© consiste en la souffrance que j'Ă©prouve. (p. 249)
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Fritz Zorn (Mars)
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La gĂȘne que me donnait ce manque de lien entre mon corps et la nature s'exprimait par une pudeur exagĂ©rĂ©e. Non seulement les expressions franchement dĂ©goĂ»tantes ne passaient pas mes lĂšvres mais les rĂ©alitĂ©s du corps les plus anodines m'inspiraient de la honte et du dĂ©goĂ»t. MĂȘme des mots comme "poitrine", "nu", "parties", j'avais du mal Ă les prononcer ; avec la pruderie victorienne hĂ©ritĂ©e de mon milieu, j'Ă©vitais mĂȘme de parler de "jambe" et de "pantalon". MĂȘme le mot "corps" Ă©tait tabou ; mĂȘme le mot dĂ©signant l'ensemble de ce qui m'Ă©pouvantait ne devait pas ĂȘtre prononcĂ©. Mais la plus grande honte, je l'Ă©prouvais devant ma propre nuditĂ©. (p. 85)
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Fritz Zorn (Mars)
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Un certain groupe de mĂ©tiers â se caractĂ©risant par lâusage quâils font du feu pour transformer ou ennoblir des matiĂšres comme le mĂ©tal ou les minĂ©raux dont on fait du verre et des Ă©maux â sert de base Ă une tradition spirituelle qui se rattache Ă HermĂšs TrismĂ©giste dont le nom Ă©gyptien est Thot et que beaucoup de musulmans comptent au nombre des anciens prophĂštes. Lâart hermĂ©tiste par excellence, câest lâalchimie ; le plus souvent mal comprise, parce que la transmutation qui est son but et quâelle traduit en termes artisanaux, se situe en rĂ©alitĂ© au niveau de lâĂąme. Que lâalchimie ait Ă©tĂ© pratiquĂ©e par beaucoup dâartisans du feu, ne fait aucun doute ; son emblĂšme, le couple de dragons entrelacĂ©s â forme mĂ©diĂ©vale du caducĂ©e â orne de nombreux rĂ©cipients en cĂ©ramique ou en mĂ©tal.
Nombre dâartisans ou dâartistes, quâils aient reçu ou non une initiation correspondant Ă leur entrĂ©e dans une corporation professionnelle, adhĂ©raient ou adhĂšrent encore Ă un Ordre soufi (...) on peut Ă©galement dire que le soufisme se situe lĂ oĂč lâamour et la connaissance convergent. Or, lâobjet ultime et commun de lâamour comme de la connaissance nâest autre que la BeautĂ© divine. On comprendra dĂšs lors comment lâart, dans une civilisation thĂ©ocentrique comme celle de lâIslam, se rattache Ă lâĂ©sotĂ©risme, dimension la plus intĂ©rieure de la tradition.
Art et contemplation : lâart a pour objet la beautĂ© formelle, alors que lâobjet de la contemplation est la beautĂ© au-delĂ de la forme qui rĂ©vĂšle qualitativement lâordre formel, tout en le dĂ©passant infiniment. Dans la mesure oĂč lâart sâapparente Ă la contemplation, il est connaissance, la beautĂ© Ă©tant un aspect de la RĂ©alitĂ©, au sens absolu du terme.
Cela nous ramĂšne au phĂ©nomĂšne de scission entre art et artisanat, dâune part, et art et science, dâautre part, phĂ©nomĂšne qui a profondĂ©ment marquĂ© la civilisation europĂ©enne moderne : si lâart nâest plus considĂ©rĂ© comme une science, câest-Ă -dire comme une connaissance, câest que la beautĂ©, objet de contemplation Ă divers degrĂ©s, nâest plus reconnue comme un aspect du rĂ©el. En fait, lâordre normal des choses a Ă©tĂ© renversĂ© Ă un point tel quâon identifie volontiers la laideur Ă la rĂ©alitĂ©, la beautĂ© nâĂ©tant plus que l'objet dâun esthĂ©tisme aux contours parfaitement subjectifs et changeants.
Les consĂ©quences de cette dichotomie de lâexpĂ©rience du rĂ©el sont des plus graves : car câest finalement la beautĂ© â subtilement rattachĂ©e Ă lâorigine mĂȘme des choses â qui jugera de la valeur ou de la futilitĂ© dâun monde.
Ainsi que le ProphĂšte lâa dit :
« Dieu est beau et II aime la beauté. » p. 296-298
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Titus Burckhardt (Art of Islam: Language and Meaning (English and French Edition))
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Le plus grand mal que tu puisses leur faire, c'est de promettre et de ne pas tenir.
D'ailleurs tu le paieras cher et ce sera justice. (p. 14)
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Fernand Deligny (Graine de crapule)
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- (...) si Dios no existe, nosotros somos las criaturas de mayor conciencia del universo. SĂłlo nosotros comprendemos el paso del tiempo y el valor de cada minuto de vida humana. Y lo que constituye el mal, el verdadero mal, es el asesinato de una sola vida humana. No tiene la menor importancia que un hombre pueda morir mañana o pasado mañana o con el tiempo... Porque si Dios no existe, esta vida... cada segundo de la misma... es lo Ășnico que tenemos (p.268)
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Anne Rice (Interview With the Vampire)
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D'une façon gĂ©nĂ©rale, chaque fois que je m'arrĂȘte pour faire le point depuis maintenant sept ans, c'est pour me fĂ©liciter d'ĂȘtre contre toute attente devenu un homme heureux. C'est pour m'Ă©merveiller de ce que j'ai dĂ©jĂ accompli, me figurer ce que je vais accomplir encore, me rĂ©pĂ©ter que je suis sur la bonne voie. Une grande partie de mes rĂȘveries suit cette pente - et je m'y abandonne en invoquant la rĂšgle fondamentale de la mĂ©ditation comme de la psychanalyse : consentir Ă penser ce qu'on pense, Ă ĂȘtre traversĂ© par ce qui vous traverse. Ne pas se dire : c'est bien, ou c'est mal, mais : cela est, et c'est dans ce qui est que je dois m'Ă©tablir.
Cependant, une petite voix tĂȘtue vient rĂ©guliĂšrement troubler ces concerts d'autosatisfaction pharisienne. Cette petite voix dit que les richesses dont je me rĂ©jouis, la sagesse dont je me flatte, l'espoir confiant que j'ai d'ĂȘtre sur la bonne voie, c'est tout cela qui empĂȘche l'accomplissement vĂ©ritable. Je n'arrĂȘte pas de gagner, alors que pour gagner vraiment il faudrait perdre. Je suis riche, douĂ©, louĂ©, mĂ©ritant et conscient de ce mĂ©rite : pour tout cela, malheur Ă moi !
Quand se fait entendre cette petite voix, celles de la psychanalyse et de la mĂ©ditation essayent de la couvrir : pas de dolorisme, pas de culpabilitĂ© mal placĂ©e. Ne pas se flageller. Commencer par ĂȘtre bienveillant avec soi-mĂȘme. Tout cela est plus cool, et me convient mieux. Pourtant je crois que la petite voix de l'Ăvangile dit vrai. Et comme le jeune homme riche, je m'en vais songeur et triste parce que j'ai de grands biens. (p. 414)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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La plupart des adultes de son entourage Ă©taient encore en train de rĂ©soudre tant bien que mal leurs propres Ă©nigmes personnelles. Elle trouvait un peu excessif dâexiger de Theo que tout soit en ordre dans sa vie Ă quinze ans simplement parce quâelle Ă©tait trans. De lâavis de Niamh, lâutilisation de pronoms diffĂ©rents ne faisait pas la moindre p*tain de diffĂ©rence pour une seule Ăąme dans ce monde Ă lâexception de Theo. Et pour elle, ça semblait signifier Ă©normĂ©ment.
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Juno Dawson (The Royal Coven (Tome 1) (French Edition))
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Ma rĂ©solution de devenir Ă©crivain s'affermit en lisant les grands auteurs â Flaubert, DostoĂŻevski, Shakespeare â l'un aprĂšs l'autre. Mais je commençais Ă ressentir profondĂ©ment ma diffĂ©rence. Auparavant, j'Ă©tais une Vietnamienne qui parlait mal ma langue et avait la tĂȘte farcie de culture française. Maintenant, j'Ă©tais une Ă©trangĂšre qui aspirait Ă Ă©crire aussi bien que l'indigĂšne. Il y avait en moi une fĂȘlure que j'essayais de comprendre en me tournant vers les Ă©crivains qui ont trahi leur langue natale : Conrad le Polonais Ă©crivant en anglais, Cioran le Roumain et Beckett l'Irlandais Ă©crivant en français. Chacun, en investissant la langue qu'il a choisie, m'apparaissait Ă la fois comme un voleur et un donateur.
(p. 41)
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Linda LĂȘ (Le Complexe de Caliban)
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VĂąrsta de aur a dragostei/LâĂąge dâor de lâamour
Mes mains sont amoureuses,
hélas, ma bouche aime,
et voilĂ que, soudain,
les choses sont tellement proches de moi,
que je peux Ă peine marcher parmi elles
sans me blesser.
Ce sentiment est doux,
c'est celui d'un Ă©veil, une rĂȘverie,
et voilĂ que je vois les dieux d'ivoire,
de mes propres yeux, grands ouverts,
je les prends dans la main et,
en riant, je les visse Ă la lune,
telles des poignées sculptées,
comme devaient ĂȘtre autrefois,
parées, les barres des navires.
Jupiter est jaune, et Héra
la merveilleuse est argentée.
Je frappe la barre de la main gauche et elle se met Ă tourner.
C'est une danse, ma bien-aimée, des sentiments,
dĂ©esses de lâair, entre nous deux.
Et moi, les voiles de lâĂąme
gonflĂ©es du mal dâamour,
je te cherche partout, et les choses viennent
de plus en plus prĂšs,
et elles m'écrasent la poitrine et me font mal.
[MĂąinile mele sunt ĂźndrÄgostite,
vai, gura mea iubeĆte,
Ći iatÄ, m-am trezit
cÄ lucrurile sunt atĂąt de aproape de mine,
ĂźncĂąt abia pot merge printre ele
fÄrÄ sÄ mÄ rÄnesc.
E un sentiment dulce acesta,
de trezire, de visare,
Ći iatÄ-mÄ fÄrÄ sÄ dorm,
aievia vÄd zeii de fildeĆ,
Ăźi iau Ăźn mĂąnÄ Ći
Ăźi ĂźnĆurubez rĂązĂąnd, Ăźn lunÄ,
ca pe niĆte mĂąnere sculptate,
cum trebuie cÄ erau pe vremuri,
Ăźmpodobite, roĆŁile de cĂąrmÄ ale corÄbiilor.
Jupiter e galben, Ći Hera
cea minunatÄ e argintie.
Izbesc cu stĂąnca-n roatÄ Ći ea se urneĆte.
E un dans iubito, al sentimentelor,
zeiĆŁe-ale aerului, dintre noi doi.
Ći eu, cu pĂąnzele sufletului
umflate de dor,
te caut pretutindeni, Ći lucrurile vin
tot mai aproape,
Ći pieptul mi-l strĂąng Ći mÄ dor.]
(p. 52, traduction de Roxana Ologeanu)
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Nichita StÄneascu (Poeme de dragoste /Fals jurnal intim)
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Aussi ai-je dĂ©cidĂ© d'emprunter, pour intituler cet ouvrage, une formule utilisĂ©e par AndrĂ© Glucksmann ["La double vie de Chaperon rouge", in "Le Bien et le Mal. Lettres immorales d'Allemagne et de France", Hachette, Paris, 1997] dans un contexte tout Ă fait diffĂ©rent et l'associer ainsi Ă la traduction, "lĂ oĂč tout est pareil et rien n'est semblable" ; mais s'il me fallait la paraphraser, procĂ©dant Ă une adaptation outrageusement libre, j'aimerais rĂ©cupĂ©rer (en essayant de la traduire) une autre belle formule qui, elle, se rapporte directement Ă la traduction et qui appartient Ă Ion Heliade RÄdulescu (1802-1872), le premier prĂ©sident de l'AcadĂ©mie roumaine : la traduction ou un "acquis gĂ©nĂ©ral, nuisible Ă personne".
(p. 31, extrait de l'avant-propos)
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Magda Jeanrenaud (La Traduction : lĂ oĂč tout est pareil et rien n'est semblable)
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Cette petite fille nâavait de mot
que le prénom de sa maßtresse
quâelle a eu en maternelle
pendant deux ans
en CP la nommant encore et toujours
quand on lui demande qui est ta maĂźtresse
lâinstitution dĂ©cide de la faire retourner en maternelle
quelques heures par jour
la maĂźtresse est toujours lĂ
la maĂźtresse vit trĂšs mal
tombe malade
elle adore cette petite fille
elle pleure son abandon
elle pleure chaque jour quand Ă la sortie de lâĂ©cole
la petite fille lui saute dans les bras et la serre tellement fort
elle dit non Ă lâinstitution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dĂ©gĂ©nĂšre dans sa tĂȘte
elle comprend quâon lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de cÎté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maĂźtresse sorte des cadres affectifs
donne Ă la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maĂźtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier
(p. 50)
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Aline Recoura (La cloche a sonné)
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Cela me revient : Jonas. Je suis Jonas. (Silence)
Et, veux-tu que je te dise, câest moi qui ai eu raison. Je ne me suis pas trompĂ© de route, câest la route qui a mal tournĂ©. Elle aurait dĂ» aller dans lâautre sens.
(Hurlant) Jonas, Jonaaas ! Ă lâenvers, tout est Ă lâenvers. Mais on ne mâaura pas comme ça ! Je repars. Et, cette fois je tâemmĂšne. Chance ou pas chance. Câest trop dur dâĂȘtre seul.
(Il sort son couteau) PrĂȘt, Jonas ? (S'ouvrant le ventre) Nous parviendrons quand mĂȘme Ă la lumiĂšre !
(fin de "Jonas", p. 51)
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Marin Sorescu (La soif de la montagne de sel)
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI)
La disette a tué toute brise de vent.
Le soleil sâest fondu et coulĂ© de partout.
Le ciel est resté vide et brûlant
Les seaux ne tirent des fontaines que de boue.
Sur les bois fréquemment feux, toujours feux
Dansent sauvages, sataniques jeux.
Je poursuis papa en route vers les buttes,
Les chardons, les sapins mâĂ©corchent sĂ©chĂ©s.
Tous les deux commençons la poursuite des chÚvres,
La chasse dâla famine en montagnes de tout prĂšs.
La soif mâaccable. Bouillit sur la pierre
Le fil dâeau filtrĂ© des ruisseaux.
La tempe pĂšse lâĂ©paule, comme si jâerre
Une autre planÚte, immense, étrange, ennuyeux.
Nous restons dans lâendroit oĂč encore retentissent
Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux.
Quand la lune sâĂ©lĂšve et le soleil se couche
Ici viendront Ă la fil sâabreuver
Une par une, les biches.
Je dis Ă papa que jâai soif. Il me fait signe de mâ taire.
Enivrante eau. Comme tu tâagites limpide !
Je suis liĂ© par soif de cette ĂȘtre qui meurt
Ă lâheure fixĂ© par loi et habitude.
La vallée raisonne en bruissements flétris.
Quel affreux crĂ©puscule flotte dans lâunivers !
Le sang Ă lâhorizon. Ma poitrine rouge comme si
Jâai essuyĂ© mes mains sur mon poitrail.
Comme sur autel fougÚres brûlent en flammes violùtres
Et les étoiles frappées parmi celles-ci miroitent.
Hélas ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas
Superbe offrande de mon noble bois !
Elle se monta sautant et sâarrĂȘta
Scrutant les alentours avec de crainte
Ses minces narines faisaient frĂ©mir lâeau
Avec les cercles en cuivre errantes.
Dans ses yeux moites brillait un certain indécis
Je savais quâelle aura mal, quâelle va mourir.
Il me semblait revivre un récit
Avec la biche, jadis une trĂšs belle fille.
Dâen haut, la pĂąle lumiĂšre, lunaire,
Bruinait sur sa fourrure douces fleurs dâcerisier.
Hélas ! comme je voudrais que pour la premiÚre fois
Le coup dâfusil dâpapa va Ă©chouer.
Mais les vallées résonnent. Elle tombe à genoux.
Elle lĂšve sa tĂȘte, la tourne vers les Ă©toiles
La dévala alors, en déclenchant sur eaux
Fuyards tourbillons de perles noires.
Un oiseau bleu bonda dans les rameaux
La vie dâla biche vers lâespace attardĂ©
Vola trĂšs lentement, en cris, comme en automne oiseaux
Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagés.
En chancelant je suis allé pour lui fermer
Ses yeux ombreux comme en engoisse veillés de cornes
Silencieux et blanc jâai tressailli quand lâpĂšre
Me dit de tout son cĆur: âVoilĂ de la viande !â
âJâai soifâ, je dis. Papa mâincite Ă mâabreuver.
Enivrante eau, enveloppé en brume !
Je suis lié par soif de cette biche gaspillée
A lâheure fixĂ©e par loi et par coutumeâŠ
Mais la loi nous est déserte, étrangÚre
Quand la vie en nous trĂšs difficile sâanime
Coutumes, compassions sont toutes désertes
Quand mĂȘme ma sĆur malade est une des victimes.
La carabine dâ papa nâ Ă©mane que de fumĂ©e
HĂ©las ! Sans vent sâempressent les feuillages en foule
Papa prépare un feu tout effrayé
HĂ©las ! comme la forĂȘt se dĂ©nature !
De lâherbe, sans adresse, je prends en mains
Une mince clochette dâun cliquetis argentin .
Papa tire de la broche avec sa main
Le cĆur de la chevreuil et ses chauds reins.
Câest quoi le cĆur ?⊠Jâai faim. Je veux vivre, jâ voudraisâŠ
Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimĂ©eâŠ
Jâai sommeil⊠Comme il est haut le feu ! Et la forĂȘt sauvage !
Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mangeâŠ
1954
(cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae LabiĆ (Poezii (Biblioteca Eminescu) (Romanian Edition))
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Des partenaires qui se confirment à la lettre à leurs scripts de genre respectifs ont toutes les chances de se rendre trÚs malheureux. Ces scripts produisent d'un cÎté une créature sentimentale et dépendante, aux demandes tyranniques, qui surinvestit la sphÚre affective et amoureuse, et de l'autre un escogriffe mutique et mal dégrossi, barricadé dans l'illusion d'une autonomie farouche, qui semble toujours se demander par quel dramatique manque de vigilance il a bien pu tomber dans ce traquenard. (p. 15)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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« Les femmes aussi sont violentes, au moins psychologiquement » ; tel est l'argument classiquement utilisĂ© pour nier la dimension de genre des violences au sein du couple. Il suggĂšre que les victimes chercheraient les coups en maltraitant Ă©motionnellement leur compagnon, en visant lĂ oĂč ça fait mal, au point de le faire sortir de ses gonds. Or il existe d'autres situations oĂč les hommes peuvent subir des brimades et des humiliations, Ă commencer par le travail. Pour autant, les coups infligĂ©s Ă un supĂ©rieur hiĂ©rarchique, un contremaĂźtre ou un patron ne sont pas un flĂ©au social, et nous ne tenons pas un dĂ©compte d'homicides dont ceux-ci seraient rĂ©guliĂšrement victimes. Pourquoi serait-il possible de rĂ©frĂ©ner ses pulsions dans le contexte professionnel, et pas face Ă une femme ? Et, plus largement, pourquoi les hommes seraient-ils les seuls Ă ne pas pouvoir se maĂźtriser quand ils subissent un affront ou une humiliation ? Ce prĂ©jugĂ© empĂȘche aussi de voir les nombreux cas oĂč la violence physique est exercĂ©e de maniĂšre froide et rĂ©flĂ©chie. Par ailleurs, cette image des femmes comme des crĂ©atures Ă la parole venimeuse, capables de faire du mal de façon sournoise, comme on jette un mauvais sort, me rappelle la dĂ©fiance Ă l'Ă©gard de la parole fĂ©minine qui se manifestait Ă l'Ă©poque des chasses aux sorciĂšres. Quoi qu'il en soit, Ă©voquer l'oppression subie dans une trĂšs grande majoritĂ© des cas par des femmes au sein du couple n'implique pas qu'elles seraient pour leur part incapables de la moindre violence, physique ou psychique. Cependant, du fait qu'elles sont structurellement en position de faiblesse, que la sociĂ©tĂ© autorise et favorise la violence chez les hommes et la dĂ©courage chez elles, le plus probable est que ces actes ou ces paroles restent dĂ©risoires, et essentiellement rĂ©actifs ou dĂ©fensifs. (p. 106-107)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Adam passa la main dans ses cheveux ras. Il sentit qu'en faisant cela, il ressemblait à un Américain.
'Vous savez quoi?' dit-il; 'vous savez quoi? Nous passons notre temps Ă faire de la saloperie de cinĂ©ma. Du cinĂ©ma, oui. Du théùtre aussi, et du roman psychologique. Nous nâavons plus grand-chose de simple, nous sommes des cafards, des demi-portions. De vieilles loques. On dirait que nous sommes nĂ©s sous la plume dâun Ă©crivain des annĂ©es trente, prĂ©cieux, beaux, raffinĂ©s, pleins de culture, pleins de cette saloperie de culture. Ăa me colle dans les dos comme un manteau mouillĂ©. Ăa me colle partout.'
'Eh - qu'est-ce qui est simple, à ce compte-là ?' intervint, assez mal à propos, l'étudiant à lunettes.
'Comment, qu'est-ce qui est simple? Vous ne le savez pas? Vous ne vous en doutez donc pas quand mĂȘme un peu, vous?' Adam eut un geste vers sa poche pour prendre le paquet de cigarettes, mais, nerveusement, sa main s'arrĂȘta.
'Vous ne la voyez donc pas, cette vie, cette putain de vie, autour de vous? Vous ne voyez pas que les gens vivent, qu'ils vivent, qu'ils mangent, etc? Qu'ils sont heureux? Vous ne voyez pas que celui qui a Ă©crit, "la terre est bleue comme une orange" est un fou, ou un imbĂ©cile? - Mais non , vous vous dites, c'est un gĂ©nie, il a disloquĂ© la rĂ©alitĂ© en deux mots. Ăa dĂ©colle de la rĂ©alitĂ©. C'est un charme infantile. Pas de maturitĂ©. Tout ce que vous voudrez. Mais moi, j'ai besoin de systĂšmes, ou alors je deviens fou. Ou bien la terre est orange, ou bien l'orange est bleue. Mais dans le systĂšme qui consiste Ă se servir de la parole, la terre est bleu et les oranges sont orange. Je suis arrivĂ© Ă un point oĂč je ne peux plus souffrir d'incartades. Vous comprenez, j'ai trop de mal Ă trouver la rĂ©alitĂ©. Je manque d'humour? Parce que d'aprĂšs vous il faut de l'humour pour comprendre ça? Vous savez ce que je dis? Je manque si peu d'humour que je suis allĂ© beaucoup plus loin que vous. Et voilĂ . J'en reviens ruinĂ©. Mon humour, Ă moi, il Ă©tait dans l'indicible. Il Ă©tait cachĂ© et je ne pouvais le dire. Et comme je ne pouvais le mettre en mots, il Ă©tait beaucoup plus Ă©norme que le vĂŽtre. Hein. En fait il n'avait pas de dimensions. Vous savez. Moi je fais tout comme ça. La terre est bleue comme une orange, mais le ciel est nu comme une pendule, l'eau rouge comme un grĂȘlon. Et mĂȘme mieux: le ciel colĂ©optĂšre inonde les bractĂ©es. Vouloir dormir. Cigarette cigare galvaude les Ăąmes. 11Ăš. 887. A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z. et Cie.'
'Attendez, attendez un moment, je -' commença la jeune fille. Adam continua:
'Je voudrais arrĂȘter ce jeu stupide. Si vous saviez comme je voudrais. Je suis Ă©crasĂ©, bientĂŽt presque Ă©crasĂ©..." dit-il, la voix non pas plus faible, mais plus impersonnelle.
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J.M.G. Le Clézio (Le Proces-Verbal (Collection Folio) (French Edition) by Jean-Marie Gustave Le Clezio(1973-03-16))
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Todos estamos esperanzados y deseamos que esto mejore pronto, pero me parece que estamos aĂșn en el letargo de un mal sueño del que todos deseamos despertar.â
Fragmento de Miguel Quevedo, (Q.E.P.D) del libro El Arte y yo en tiempos de pandemia en El Salvador.
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Dacxilia S. Deras (EL ARTE Y YO EN TIEMPOS DE PANDEMIA EN EL SALVADOR: AntologĂa de Narraciones)
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Nous sommes si liĂ©s au monde du travail que nous ne voyons guĂšre le mal qu'il nous fait. Il nous faut compter sur des observateurs venus d'autres Ăąges ou d'autres cultures pour apprĂ©cier lâextrĂȘme gravitĂ© pathologique de notre situation prĂ©sente.
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Bob Black (Travailler, moi ? Jamais !)
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Quiero vivir entregando el futuro cada dĂa. SĂ© que es el camino. Es el poder en blanco que le entrego a MarĂa confiando en que todo serĂĄ para mi bien. Es la actitud de la inscriptio, cuando le pido a JesĂșs que me inscriba en su corazĂłn herido tal como soy. Para sentir como Ăl siente. Para mirar la vida como Ăl la mira. Quiero vivir confiado sin angustiarme ante los dĂas que aĂșn no conozco. Vivir en presente, cada dĂa, hasta mi muerte. Sin pensar que algo puede salir mal. ÂżCuĂĄl es mi incertidumbre, mi miedo al futuro, mi temor ante lo que desconozco? Ante el futuro quiero vivir con libertad plena. Eso sĂłlo sucede en mĂ como una gracia de Dios. Como un don divino. Nunca es fruto de mi esfuerzo. Pero sĂ© que vivir asĂ implica madurez en la fe que todavĂa no tengo. Me gustarĂa vivir siempre asĂ. Confiando en el hoy. Sin miedo al mañana. Abrazado a Dios que siempre va conmigo y me sostiene. Me acompaña en el paso de hoy y me acompañarĂĄ en el de mañana. Hoy quiero poner en las manos de Dios ese futuro que no controlo. Como Pedro esa noche que temĂa lo que desconocĂa. Como JesĂșs en el huerto que puso su vida en las manos de su Padre.
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P. Carlos Padilla (Del miedo a la confianza: El proceso en el corazĂłn del padre Kentenich (Spanish Edition))
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Le couple, assez fortunĂ©, logeait dans un vieil hĂŽtel chic, P. et moi dans une petite pension. Nous faisions peu lâamour, et rapidement, ne profitant pas de lâavantage que procurait mon Ă©tat â le mal Ă©tait fait â pas plus sans doute que le chĂŽmeur ne profite du temps et de la libertĂ© que lui accorde lâabsence de travail, ou le malade perdu de la permission de manger et boire de tout.
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Annie Ernaux (L'événement)
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Quoi qu'elles entreprennent, on doit pouvoir dĂ©montrer qu'elles s'y sont mal prises. Il n'y a pas dâattitude correcte, on a forcĂ©ment commis une erreur dans nos choix, on est tenues pour responsables d'une faillite qui est en rĂ©alitĂ© collective, et mixte. Les armes contre notre genre sont spĂ©cifiques, mais la mĂ©thode s'applique aux hommes. Un bon consommateur est un consommateur insĂ©cure.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Le terme de gĂ©nocide est souvent employĂ© pour qualifier la traite et l'esclavage pratiquĂ©s par l'Occident. Alors qu'il convient de reconnaĂźtre que dans la traite transatlantique un esclave, mĂȘme dĂ©shumanisĂ©, avait une valeur vĂ©nale pour son propriĂ©taire. Ce dernier le voulait d'abord efficace, mais aussi rentable dans le temps, mĂȘme si son espĂ©rance de vie Ă©tait des plus limitĂ©es. Il est sans doute difficile d'apprĂ©cier l'importance de la saignĂ©e subie par l'Afrique noire au cours de la traite transatlantique. Du Bois l'estime Ă environ quinze Ă vingt millions d'individues. P. Curtin, quant Ă lui, en faisant une synthĂšse des travaux esistants, aboutit en 1969 Ă un total d'environ neuf millions six cent mille escales importĂ©s, surtout dans le Nouveau Monde, plus faiblement en Europe et Ă SĂŁo TomĂ©, pour l'ensemble de la pĂ©riode 1451-1870. Mais quelle que fĂ»t l'ampleur de cette traite, il suffit d'observer la dynamique de la diaspora noire qui s'est formĂ©e au BrĂ©sil, aux Antilles et aux Ătats-Unis, pour reconnaĂźtre qu'une entreprise de destruction froidement et mĂ©thodiquement programmĂ©e des peuples noirs, au sens d'un gĂ©nocide â comme celui des Juifs, des ArmĂ©niens, des Cambodgiens ou autres Rwandais â, n'y est pas prouvĂ©e.
Dans le Nouveau Monde la plupart des dĂ©portĂ©s ont assurĂ© une descendance. De nos jours, plus de soixante-dix millions de descendants ou de mĂ©tis d'Africains y vivent. VoilĂ pourquoi nous avons choisi d'employer le terme d'«holocauste» pour la traite transatlantique. Car ce mot signifie bien sacrifice d'hommes pour le bien-ĂȘtre des autres hommes, mĂȘme si cela a pu entraĂźner un nombre incalculable de victimes. En outre, la plupart des nations occidentales impliquĂ©es dans le commerce triangulaire ont aujourd'hui reconnu leur responsabilitĂ© et prononcĂ© leur aggiornamento. La France, entre autres, l'a fait une loi â qualifiant la traite nĂ©griĂšre et l'esclavage de «crime contre l'humanité» â votĂ©e au Parlement le 10 mai 2001. Ce qui a marquĂ© clairement un changement d'attitude chez les Français face Ă une page de leur histoire jusqu'alors mal assumĂ©e. D'autres voix se sont Ă©levĂ©es pour prĂ©senter les excuses d'un pays, telle celle du prĂ©sident Clinton, ou demander «pardon pour les pĂ©chĂ©s commis par l'Europe chrĂ©tienne contre l'Afrique» (Jean-Paul II, en 1991, Ă GorĂ©e).
[...]
Seul le gĂ©nocide des peuples noirs par les nations arabo-musulmanes n'a toujours pas fait l'objet de reconnaissance aussi nette. Alors que ce crime est historiquement, juridiquement et moralement imprescriptible. Car bien qu'il n'y ait pas de victimes ni de coupables hĂ©rĂ©diatires, les descendants des peuples impliquĂ©s ne peuvent refuser d'assumer une certaine responsabilitĂ©. On pouvait cependant espĂ©rer que les rĂ©solutions adoptĂ©es par la confĂ©rence de l'ONU Ă Durban (2-9 septembre 2001) iraeient dans ce sense. Mais dans l'esprit, l'acte, si solennel fĂ»t-il, n'Ă©tait qu'une entreprise fallacieusement orientĂ©e, doublĂ©e d'une dĂ©nonciation sĂ©lective. Durban n'a pas donnĂ© une vision d'ensemble honnĂȘte et objective de la terrible «tragĂ©die noire» passĂ©e. Puisque, de nos jours encore, beaucoup associent par rĂ©flexe traite nĂ©griĂšre au seul traffic transatlantique organisĂ© Ă partie de l'Europe et des AmĂ©riquees, qui a conduit Ă la mort ou Ă la dĂ©portation de millions d'Africains dans le Nouveau Monde.
La confusion vient du fait que la colonisation européenne de l'Afrique noire avec son systÚme de travail forcé a suivi la fin de la traite transatlantique, ce qui incite à assimiler les deux évÚnements. Alors que la traite et le travail forcé des peuples noirs n'ont pas été une invention des nations européennes.
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Tidiane N'Diaye (Le gĂ©nocide voilĂ©: EnquĂȘte historique)
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6/40 En algĂșn sitio de ahĂ abajo, en uno de esos momentos de ahĂ lejos, alguien hizo las cosas bien para que yo las hiciera mal, alguien pagĂł todas mis deudas. Alguien allĂ, muy lejos muy abajo, me dijo que no debĂa contar nunca mi historia porque una historia mal contada es una deuda que nunca se cierra (p. 354).
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Antonio Muñoz Quintana (Lupa y navaja)
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Ordres
Ne piétinez pas les fourmiliÚres, ni les nids des oiseaux ne les cassez pas !
Ne dérangez pas les escargots dans leurs maisonnettes
roulottes ayant roulé et si péniblement portées !
Ne brisez pas les fleurs, ni les ailes des insectes,
Ne torturez pas les plus petits que vous ! â on nous disait
quand nous étions enfants.
La pluie dâobus dĂ©truit les petites mains de lâUNICEF
étreignant la terre de maniÚre protectrice.
De glaise tu as été pétri, à la glaise tu retourneras !
Les missiles font exploser les traités de paix !
Je veux des fleurs au printemps!
Quelque part, je pense que Dieu nâest pas mort,
mais quâil attend simplement le score du combat entre le Bien et le Mal.
(p. 31)
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Indira SpÄtaru (Poeme glazurate Èi cafea/ PoĂšmes Ă enrobage et cafĂ©)
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p.360
- Suffit-il de manquer la messe un dimanche, ou de mùcher l'hostie de la communion, de voler une miche de pain, ou de séduire la femme de son voisin ?
- Non, ai-je rĂ©pondu en secouant la tĂȘte, non. - -- Mais s'il n'y a pas d'hierarchie dans le mal, alors un seul pĂ©chĂ© suffit. C'est bien ce que vous dites, non ? Que Dieu existe, et...
- je ne sais pas si Dieu existe. Et pour ceux que j'en ai vus, je dirais qu'il n'existe pas.
- Alors, aucun péché n'a d'importance, aucun péché ne peut mener au mal.
- C'est faux. Car si Dieu n'existe pas, cela signifie que nous sommes les créatures les plus douées de conscience de tout l'univers. Nous seuls comprenons le passage du temps et la valeur de chaque minute d'une vie humaine. Et le mal, le mal véritable, s'est doté d'une seule vie humaine. Qu'un homme meure demain, aprÚs-demain, ou plus tard encore, cela ne change rien. Car si Dieu n'existe pas, alors cette vie, la moindre des secondes qui la compose, représente tout ce que nous possédons.
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Anne Rice (1. Interview With the Vampire â 2. The Vampire Lestat â 3. The Queen of the Damned â 4. The Tale of the Body Thief â 5. Memnoch the Devil (The Vampire Chronicles 1 to 5 of 10))
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Mon testament. Le gĂ©nĂ©reux legs que je destine Ă mes semblables. L'expression d'une Ă©poque de dĂ©sespoir, non, pas d'une Ă©poque. D'un instant, d'une seconde comme il y en a dĂ©jĂ eu beaucoup. La vie existait bien avant nous, elle existera aprĂšs nous. TantĂŽt meilleure, tantĂŽt pire. Les lendemains seront peut-ĂȘtre plus clairs. Il suffirait d'une seule secousse imperceptible, d'un spasme du subtil univers qu'enferme la gigantesque banque de sensibilitĂ© contemporaine. Des Ă©pidĂ©mies de dĂ©pressions et de doutes Ă©clatent puis s'en vont, balayĂ©es par un vent solaire vivifiant. Nous sommes tout simplement mal tombĂ©s, dans un mauvais compartiment de la durĂ©e ou de l'existence.
Mon corps est d'origine animale, mais mes aspirations d'essence divine. Il arrive que les hormones dĂ©passent les frontiĂšres fixĂ©es par la biologie et par les lois du monde animal. Nos hormones fabriquent les enzymes des faims insatiables, des rĂȘves irrĂ©alisables, des nostalgies que nul ne saurait apaiser. Je suis lĂ , au centre mĂȘme de ce fourrĂ© de dĂ©sirs, avec ma grande tĂȘte vide, un cĆur enflĂ© et privĂ© de son sang, une Ăąme diluĂ©e dans l'Ă©ther. Las de moi-mĂȘme et de mon temps. FatiguĂ© de mes limites et de mon impuissance Ă comprendre. Moi - la moyenne statistique du Grand Nombre.
Que puis-je léguer aux vivants, hormis mes dettes impayées? Les testaments des grands intellectuels vont aux archives, indéchiffrés jusqu'au bout. De grands appels de conscience deviennent paroles de chansons. Moi, je veux donner ma tendresse à tous les empotés, à tous les éclopés de la vie. J'aimerais pouvoir leur glisser à l'oreille un bon conseil, une parole mobilisatrice qui les encouragerait à faire face au destin.
p292-p293
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Tadeusz Konwicki (MaĆa apokalipsa)
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[âŠ] qu'est-ce qu'il y a ? Rien, un peu mal au ventre, tout le monde sait que l'amour passe par le ventre et que l'Ăąme se loge aussi dans ces coins-lĂ , on ne sait pas Ă quel endroit prĂ©cis, mais c'est sĂ»rement ça, puisque ça fait si mal.
(p. 34)
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Alina Nelega (ca Èi cum nimic nu s-ar fi ĂźntĂąmplat)
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5Â mars 1941 (extrait)
Je sens sâaccroĂźtre mon goĂ»t pour la dĂ©chĂ©ance, et jây voisâje le comprends mieux aujourdâhuiâlâultime Ă©tape dâun certain niveau de la culture. Câest le livre de Matei Caragiale[Les Seigneurs du Vieux-Castel] qui a rallumĂ© en moi cette conviction que dâautres lectures dĂ©jĂ avaient Ă©veillĂ©e. AprĂšs « Les Enfants terribles » jâai fini, hier soir, « Le Grand Meulnes ». ArrivĂ© aux derniĂšres pages, je me demandais avec inquiĂ©tude oĂč je pourrais encore trouver de tels livres. En fait, ce goĂ»t aigre-doux pour la pĂ©riode frĂȘle et pourrie de lâadolescence doit me venir de plus loin, de ma propre adolescence, quand je suis tombĂ© malade, pour mâeffilocher entre quinze et vingt ans. Câest de cette Ă©poque-lĂ que date mon penchant pour la poĂ©sie et pour la solitude, pour les amours qui finissent mal, pour la musique simple, gauche et nostalgique des premiers tangos. Il y a cependant quelque chose de rĂ©confortant dans le livre dâAlain Fournier : son entĂȘtement paysan Ă poursuivre le mĂȘme fil, sans relĂąche.
(p. 70-71)
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Miron Radu Paraschivescu (Journal d'un heretique)
â
Ăpitaphe
Ci-gĂźt recouvert de poĂšmes
Isaac Laquedem,
un peu trop portĂ© sur l'extrĂȘme,
enfant du vieux Sem,
ayant fait le tour de la terre,
le tour des vivants,
oĂč tout lui parut Ă©phĂ©mĂšre,
et tout captivant,
bon bougre aprĂšs tout âmais instable
(le mal des aĂŻeux),
partout écrivant dans le sable
la langue des cieux.
(p.239-240)
â
â
Benjamin Fondane (Le mal des fantĂŽmes)
â
Je donne raison Ă toutes les bonnes femmes qui rĂ©pĂštent que la santĂ© passe avant tout : y a-t-il quelque chose de plus vrai ici bas, une sagesse de philosophes ou de penseur, dans toute lâhistoire millĂ©naire de lâhumanitĂ©, plus profonde que cette formule Ă la portĂ©e du dernier crĂ©tin ? Lâesprit ne triomphe jamais du corps, le corps est comme Chuck Norris, il est imbattable. Lorsque le corps souffre, lâesprit se fait tout petit et nâa plus le courage de dire quoi que ce soit. Un pauvre lĂąche, lâesprit. Lorsque le corps dĂ©cline, il entraĂźne lâesprit avec lui. Ce nâest que lorsque mon corps est mal en point et malade que je dĂ©couvre lâabsence de sens de tout ce qui existe.
(p. 265)
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â
Bogdan Costin (Un plan mortel (French Edition))
â
Le mauvais Ćil, qui joue un rĂŽle important chez Virgile, Horace, envie et surtout plus tard, et la facultĂ© qu'ont certaines personnes de faire du mal aux ĂȘtres vivants, plantes, aux objets, etc. Il peut rendre malade ou tuer les hommes, surtout les enfants, les animaux, dĂ©truire une maison, ruiner une vie, casser une bouteille. Bien des gens possĂšdent deux des de naissance le pouvoir de nuire sans le vouloir : il regarde aimablement avec admiration une personne et lui nuisent. D'autres doivent acquĂ©rir cette facultĂ©. Le mauvais Ćil peut-ĂȘtre aussi dĂ» Ă des paroles, par exemple quand on exprime son admiration pour les qualitĂ©s de quelqu'un ; on peut mĂȘme se causer du tort Ă soi-mĂȘme quand on est trĂšs content d'une situation.
Selon les Roumains, certains individus peuvent possĂ©der le mauvais Ćil : ceux qui ont les yeux bleus ou verts, dont les sourcils se rejoignent, les roues, ce qui fera l'Ă©tĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© sauverai, ce qui se sont dans un miroir avant d'avoir un amant. MĂȘme les oiseaux et les quadrupĂšdes, lĂ©chant les forĂȘts, les sourcils et puis, les chemins et les sentiers, la maison est lĂ et, social, vent, soleil et la lune peuvent avoir le mauvais Ćil. Ces victimes sont des petits-enfants, de beaux adolescents, des fillettes, les fiancĂ©s, les femmes en couches et tous les animaux domestiques, les abeilles, vers Ă soie, mĂȘme les cĂ©rĂ©ales, les arbres et les fleurs. Le mauvais elle provoque de fortes cĂ©phalĂ©es, l'insomnie, la fiĂšvre, les pics les pistes axis, manque d'appĂ©tit chez les hommes et les bĂȘtes. Les plantes et les arbres se dessĂšchent, les objets ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©s. On traite la personne touchĂ©e par le mauvais Ćil Ă l'aide de charme tandis que les braises sont plongĂ©es dans la premiĂšre eau que l'on a retirĂ©e du puits avec un verre ce jour-lĂ .
(p. 145-146)
â
â
Ion TaloÈ (Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine (Ateliers de l'imaginaire) (French Edition))
â
ASSEYEZ-VOUS, PEUPLE DE LOUPS...
Asseyez-vous, peuple de loups, sur les frontiĂšres
et négociez la paix des roses, des ruisseaux,
lâaurore partagĂ©e.
Que les larmes, les armes
sâĂ©garent dans la rouille et la poussiĂšre.
Que la haine crachée soit bue par le soleil.
La terre ouvre sa robe de ténÚbres,
sa nudité enchante les oiseaux,
le jour se fend comme fille amoureuse.
Sous un ciel ébloui
viennent alors aprĂšs tant de saccage
les épousailles de la terre et du feu,
le temps des sources,
des naissances.
AprĂšs le sang, la traĂźtrise et le cri,
ah, tant rĂȘvĂ©!
le rĂšgne des moissons
pour le bonheur des granges.
Ă nous qui hĂ©bergeons lâaube de la parole
de rassembler le grain,
les mots de lâespĂ©rance.
Un jour dâĂ©tĂ©, lâenfant plonge dans la riviĂšre,
joue avec le soleil
sous le regard apaisĂ© dâune mĂšre,
le héron danse sur son nid de sable,
le renard ouvre des ailes dâange
et le serpent, le mal aimé, forçat de la poussiÚre,
sauvĂ©, sâĂ©tire entre les seins du jour.
Â
[in « Autre Sud, Poésie d'aujourd'hui : Roumanie - France : Voix croisées », 2005, p. 118]
â
â
Jean-Max Tixier
â
â Lâamour⊠Ton tourment est le mien, je songe brusquement que le bonheur est bien mal rĂ©parti, il touche au hasard et dĂ©daigne sans quâon sache pourquoi des Ăąmes pourtant belles. Ah, heureux celui capable de percer les mystĂšres de sa gĂ©nĂ©rositĂ©.
(p. 138)
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Gilles La Carbona (L'éconduit)
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Certaines Ă©poques de la condition de lâhomme subissent lâassaut glacĂ© dâun mal qui prend appui sur les points les plus dĂ©shonorĂ©s de la nature humaine. Au centre de cet ouragan, le poĂšte complĂ©tera par le refus de soi le sens de son message, puis se joindra au parti de ceux qui, ayant ĂŽtĂ© Ă la souffrance son masque de lĂ©gitimitĂ©, assurent le retour Ă©ternel de lâentĂȘtĂ© portefaix, passeur de justice.
(Fureur et mystĂšre, Feuillets dâHypnos, « Partage formel », LI, p. 168)
â
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RenĂ© Char (Ćuvres ComplĂštes)
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SĂ, puede cambiar el nombre en un boleto de Southwest Airlines, +52-800-953-1397 (MĂ©xico) / +1-888-372-6486 (EE. UU.), pero existen algunas limitaciones. AsĂ es como funciona:
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