Oublier Quotes

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Oublier les morts, c'Ă©tait un peu comme les tuer une seconde fois.
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Christelle Dabos (Les Fiancés de l'hiver (La Passe-Miroir, #1))
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J'ai eu du mal Ă  te laisser partir, et aujourd'hui, penser Ă  toi me fait souffrir. Je ne suis pas comme toi, je ne peux pas tout oublier et recommencer une nouvelle fois.
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Mouloud Benzadi
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I was the lucky one because I was protected by my youth. Je pouvais oublier. I still had the luxury of forgetting. He did not.
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Khaled Hosseini (And the Mountains Echoed)
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Le seul fait de rĂȘver est dĂ©jĂ  trĂšs important, Je vous souhaite des rĂȘves Ă  n’en plus finir, Et l’envie furieuse d’en rĂ©aliser quelques- uns, Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer, Je vous souhaite d’oublier ce qu’il faut oublier, Je vous souhaite des chants d’oiseaux au rĂ©veil, Je vous souhaite des rires d’enfants, Je vous souhaite des silences, Je vous souhaite de rĂ©sister Ă  l’enlisement, À l’indiffĂ©rence, aux vertus nĂ©gatives de notre Ă©poque. Je vous souhaite surtout d’ĂȘtre vous.
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Jacques Brel
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Les gens, au fond, admirent les fous. Oui, les gens admirent la folie. On finit toujours par oublier. On oublie la boucherie, on oublie la barbarie et on admire la folie.
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Michel Bussi (Les Nymphéas noirs)
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Je passe mes jours et mes nuits à tenter d'oublier Claire. C'est un travail à plein temps. Le matin, en me réveillant, je sais que telle sera ma seule occupation jusqu'au soir. J'ai un nouveau métier: oublieur de Claire. L'autre jour, à déjeuner, Jean Marie Périer m'a asséné : -Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un , c'est que tu ne l'aimes pas.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ÉgoĂŻste romantique)
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C'est triste d'oublier un ami.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Adieu, dit-il
 - Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est trĂšs simple : on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. - L’essentiel est invisible pour les yeux, rĂ©pĂ©ta le petit prince, afin de se souvenir. - C’est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. - C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose
 fit le petit prince, afin de se souvenir. - Les hommes ont oubliĂ© cette vĂ©ritĂ©, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisĂ©. Tu es responsable de ta rose
 - Je suis responsable de ma rose
 rĂ©pĂ©ta le petit prince, afin de se souvenir.
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Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
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Rien n'imprime si vivement quelque chose à notre souvenance que le désir de l'oublier.
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Michel de Montaigne
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J'ai un problĂšme avec la logique. Je n'ai jamais compris comment on pouvait dire une chose et son contraire. Jurer qu'on aime quelqu'un et le blesser, avoir un ami et l'oublier, se dire de la mĂȘme famille et s'ignorer comme des Ă©trangers, revendiquer des grands principes et ne pas les pratiquer, affirmer qu'on croit en Dieu et agir comme s'il n'existait pas, se prendre pour un hĂ©ros quand on se comporte comme un salaud. (p.173)
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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C'est triste d'oublier un ami. Tout le monde n'a pas eu un ami.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince: [French Edition])
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Voyager, c'est vivre dans toute la plénitude du mot; c'est oublier le passé et l'avenir pour le présent; c'est respirer à pleine poitrine, jouir de tout, s'emparer de la création comme d'une chose qui est sienne, c'est chercher dans la terre des mines d'or que personne n'a fouillées, dans l'air des merveilles que personne n'a vues, c'est passer aprÚs la foule et ramasser sous l'herbe les perles et les diamants qu'elle a pris, ignorante et insoucieuse qu'elle est, pour des flocons de neige et des gouttes de rosée.
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Alexandre Dumas
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Je voulais vous faire sourire, et mes larmes ont coulé. Je voulais vous faire oublier, et la mort m'a rattrapé. Je voulais vous offrir ce que vous m'avez donné. On ne sait jamais n'est-ce pas ? Il se peut qu'un bien soit notre mal, et qu'un mal soit notre bien. Sait-on jamais ? Je vous offre donc ce sourire, louange à l'Unique de toutes les façons, et que la Paix vous accompagne, et Sa lumiÚre, et Sa chaleur.
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Tariq Ramadan
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Croire qu’il lui appartient de dĂ©passer sa condition et de s’orienter vers celle de surhomme, c’est oublier qu’il a du mal Ă  tenir le coup en tant qu’homme, et qu’il n’y parvient qu’à force de tendre sa volontĂ©, son ressort, au maximum.
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Emil M. Cioran (The Fall into Time)
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J'aurais préféré tourner la page. Tu ne décides pas d'aimer ou d'oublier. C'est une idée qui ne t'abandonne jamais.
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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A qui Ă©cris-tu? -A toi. En fait, je ne t'Ă©cris pas vraiment, j'Ă©cris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, Ă  ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une riviĂšre, manger des pĂȘches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lĂ©cher les vitrines, prendre le mĂ©tro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, Ă©tendre le linge, aller Ă  l'OpĂ©ra, faire des barbecues, rĂąler parce que tu as oubliĂ© le charbon, me laver les dents en mĂȘme temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton Ă©paule, t'empĂȘcher de manger trop de cacahuĂštes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mĂ»res, cuisiner, jardiner, te rĂ©veiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, Ă  Paris, Ă  Londres, te chanter des chansons, arrĂȘter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bĂȘtises, des choses qui ne servent Ă  rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux Ă©checs, Ă©couter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indĂ©cents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures Ă  table Ă  discuter avec des gens intĂ©ressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre Ă  tricoter, te tricoter une Ă©charpe, dĂ©faire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des Ă©lĂ©phants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas Ă  l'ombre, tricher, apprendre Ă  me servir d'un fer Ă  repasser, jeter le fer Ă  repasser par la fenĂȘtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vĂ©ritĂ©, me souvenir que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire, t'Ă©couter, te donner la main, rĂ©cupĂ©rer mon fer Ă  repasser, Ă©couter les paroles des chansons, mettre le rĂ©veil, oublier nos valises, m'arrĂȘter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des Ă©tiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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En effet, si les premiers amours paraissent, en gĂ©nĂ©ral, plus honnĂȘtes, et comme on dit plus purs ; s'ils sont au moins plus lents dans leur marche, ce n'est pas, comme on le pense, dĂ©licatesse ou timiditĂ©, c'est que le cƓur, Ă©tonnĂ© par un sentiment inconnu, s'arrĂȘte pour ainsi dire Ă  chaque pas, pour jouir du charme qu'il Ă©prouve, et que ce charme est si puissant sur un cƓur neuf, qu'il l'occupe au point de lui faire oublier tout autre plaisir.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
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Le nombre de mauvais romans ne doit pas faire oublier la grandeur des meilleurs.
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Albert Camus (The Myth of Sisyphus)
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Certains se battent pour ne pas oublier, d'autres plus nombreux, pour ne pas ĂȘtre oubliĂ©s.
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Anne Vergne (Egaré dans la Via Veneto (French Edition))
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Comment oublier le monde? Peut-on chercher le bonheur quand tout parle de destruction? Le monde est jaloux, il vient vous prendre, il vient vous retrouver lĂ  oĂč vous ĂȘtes, au fond d'un ravin, il fait entendre sa rumeur de peur et de haine, il mĂȘle sa violence Ă  tout ce qui vous entoure, il transforme la lumiĂšre, la mer, le vent, mĂȘme les cris des oiseaux. Le monde est dans votre coeur alors, sa douleur vous rĂ©veille de votre rĂȘve et vous dĂ©couvrez que la terre mĂȘme oĂč vous avez voulu crĂ©er votre royaume vous expulse et vous jette Ă  la mer.
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J.M.G. Le Clézio
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dans toute manifestation extĂ©rieure de douleur, il y a presque toujours une certaine dose d’effet thĂ©Ăątral : l’homme mĂȘme le plus sincĂšrement attristĂ© ne peut oublier que les autres le regardent.
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Aleksey Apukhtin (Entre la mort et la vie : suivi de Les Archives de la comtesse D*** & Le Journal de Pavlik Dolsky)
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Je détestais lui faire du mal. La plupart du temps, je parvenais à oublier cette inéluctable vérité : certes, mes parents étaient heureux de m'avoir auprÚs d'eux, mais j'étais aussi à moi seule leur souffrance.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Elle aimait la vie, il aimait la mort, Il aimait la mort, et ses sombres promesses, Avenir incertain d'un garçon en dĂ©tresse, Il voulait mourir, laisser partir sa peine, Oublier tous ces jours Ă  la mĂȘme rengaine... Elle aimait la vie, heureuse d'exister, Voulait aider les gens et puis grandir en paix, C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante, Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais un beau jour, la chute commença, Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix, Elle aimait la vie et il aimait la mort, Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort? Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifiĂ©, Amis et famille, capables de tout renier, Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or, Mais elle aimait la vie et il aimait la mort... Si diffĂ©rents et pourtant plus proches que tout, Se comprenant pour protĂ©ger un amour fou, L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler, L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocitĂ©s... Fin de l'histoire : obligĂ©s de se sĂ©parer, Ils s'Ă©taient promis leur Ă©ternelle fidĂ©litĂ©. Aujourd'hui, le garçon torturĂ© vit pour elle, Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes... Il aimait la mort, elle aimait la vie, Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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ah ! tu m'as appris Ă  comprendre bien des choses ! le visage d'une jeune fille, d'une femme, est forcĂ©ment pour un homme un objet extrĂȘmement variable ; le plus souvent, il n'est qu'un miroir, oĂč se reflĂšte tantĂŽt une passion, tantĂŽt un enfantillage, tantĂŽt une lassitude, et il s'efface si vite, comme une image dans une glace, qu'un homme peut sans difficultĂ© oublier le visage d'une femme, d'autant mieux que l'Ăąge y fait alterner l'ombre et la lumiĂšre et que des costumes nouveaux l'encadrent diffĂ©remment.
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Stefan Zweig (Letter from an Unknown Woman and Other Stories)
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Et combien faut-il de ces petites garces pour faire 2,5kg à votre avis? Je vais vous le dire : il en faut 300, c'est-à-dire, une fois coupées, 600 morceaux baignant dans leur jus, des pépins à Îter 600 fois à la pointe du couteau, avec l'inquiétude d'en oublier.
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Julian Barnes (The Pedant in the Kitchen)
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Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă  vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă  eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă  fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă  respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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Vouloir oublier quelqu'un , c'est y penser
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Jean de La BruyĂšre
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Faire rire, c'est faire oublier.
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Victor Hugo (The Man Who Laughs)
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Tu as remarquĂ© comme on oublie vite les vivants et comme les morts ne se laissent jamais oublier ? MoralitĂ©, si tu veux accĂ©der Ă  l’éternitĂ©, mieux vaut commencer par mourir.
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SolĂšne Bakowski (Un sac)
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- Alors il n'y a pas que moi qui perd la mémoire, le pays tout entier est en train d'oublier son passé!
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Khaled Osman (Le Caire Ă  corps perdu)
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Ne jamais oublier d'aimer exagérément : c'est la seule bonne mesure.
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Christiane Singer
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Oublier que la terre est la seule garantie de notre vie et de notre survie condamne tous nos efforts et toutes nos prouesses technologiques à n’avoir aucun lendemain.
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Pierre Rabhi (La part du colibri: L'EspĂšce humaine face Ă  son devenir)
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Ah c'est que tu as vingt ans, toi, et que tu peux oublier le passé, j'en ai cinquante, et je suis bien forcé de m'en souvenir
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Alexandre Dumas (The Count of Monte Cristo)
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Le manque peut ĂȘtre une chose terrible quand il nous tient Ă©veillĂ© la nuit, et voir les autres nous oublier plus vite qu’on ne voudrait ĂȘtre oubliĂ© n’est pas mieux

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André Aciman (Call Me By Your Name (Call Me By Your Name, #1))
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J'arrivais presque à oublier la caverne qui s'était creusée à l'intérieur de mon corps.
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Haruki Murakami (Norwegian Wood)
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Tu sais ce qu'il dit, mon papa? Il dit que, tant que le vent souffle, il faut se rappeler qu'il y a quelqu'un quelque part qui nous aime et qu'il ne faut pas l'oublier.
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Étienne Poirier (Qu'est-ce qui fait courir Mamadi ?)
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Mais un bon baiser a cet effet : permettre à une fille de s’oublier un instant.
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Ali Hazelwood (The Love Hypothesis)
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Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi.
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David Foenkinos (Charlotte)
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Oui, la beauté ne saurait jamais nous faire oublier notre condition tragique. Il y a une beauté proprement humaine, ce feu d'esprit qui brûle, s'il brûle, au-delà du tragique.
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François Cheng (Cinq méditations sur la beauté)
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La grande défaite, en tout, c'est d'oublier, et surtout ce qui vous a fait crever.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Frida est trop intense parfois, impossible Ă  son contact d'oublier que l'on va tous mourir et que notre passage ici est une sorte de violence magique, futile, essentielle et grotesque
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Claire Berest (Rien n'est noir)
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Là, enfin, tous furent heureux, unis dans le présent comme ils l'avaient été dans le passé; mais jamais ils ne devaient oublier cette ßle, sur laquelle ils étaient arrivés, pauvres et nus, cette ßle qui, pendant quatre ans, avait suffi à leurs besoins, et dont il ne restait plus qu'un morceau de granit battu par les lames du Pacifique, tombe de celui qui fut le capitaine Nemo!
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Jules Verne (L'Île mystĂ©rieuse)
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Accepter que tel ou tel ĂȘtre, que nous aimions, soit mort. Accepter que tel et tel, vivants, aient eu leurs faiblesses, leurs bassesses, leurs erreurs, que nous essayons vainement de recourvrir de pieux mensonges, un peu par respect et par pitiĂ© pour eux, beaucoup par pitiĂ© pour nous-mĂȘmes, et pour la vaine gloire d’avoir aimĂ© seulement la perfection, l’intelligence ou la beautĂ©. Accepter qu’ils soient morts avant leur temps, parce qu’il n’y a pas de temps. Accepter de les oublier, puisque l’oubli fait partie de l’ordre des choses. Accepter de s’en souvenir, puisqu’en secret la mĂ©moire se cĂąche au fond de l’oubli. Accepter mĂȘme, mais en se promettant de faire mieux la prochaine fois, et Ă  la prochaine rencontre, de les avoir maladroitement ou mĂ©diocrement aimĂ©s.
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Marguerite Yourcenar (Pellegrina e straniera)
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De grands pans du monde ressemblaient à une mélodie que l'on croit ne pouvoir oublier, hors de laquelle cependant l'on glisse, désormais contraint de la rechercher sans relùche et douloureusement .
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Hermann Broch
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. C’était le matin; le soleil se leva Ă  l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ  qu’à mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelĂ©: je n’ai pas besoin de ton amitiĂ©." C’était le soir; la nuit commençait Ă  Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles n’est pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă  cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus d’une; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă  moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre Ă  elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, Ă  moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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On sait pas comment faire pour jamais oublier parce que j'pense que le vrai problÚme c'est ça c'est pas qu'on s'aime pus c'est qu'on oublie pis qu'on a pas appris comment faire vieillir la maniÚre de se dire qu'on s'aime.
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Steve Gagnon (Ventre)
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Antonio José Bolivar Îta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d'or, tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes.
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Luis SepĂșlveda (The Old Man Who Read Love Stories)
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MĂȘme les pires souvenirs finissent par s'oublier, si on en empile d'autres par-dessus, beaucoup d'autres. MĂȘme ceux qui vous ont cisaillĂ© le coeur, ceux qui vous ont rayĂ© le cerveau, mĂȘme les plus intimes. Surtout les plus intimes.
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Michel Bussi (Le temps est assassin)
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Et j'ai pleuré devant la joie bleue du monde. Pendant deux heures je n'ai vu que le bleu. L'Atlantique et son ciel. Et puis mes larmes qui coloraient le paysage, Comment oublier le bleu du ciel ? Comment oublier la coagulation de l'azur ?
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Catherine Mavrikakis
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J’aurai cette femme; je l’enlĂšverai au mari qui la profane; j’oserai la ravir au Dieu mĂȘme qu’elle adore. Quel dĂ©lice d’ĂȘtre tour Ă  tour l’objet et le vainqueur de ses remords! Loin de moi l’idĂ©e de dĂ©truire les prĂ©jugĂ©s qui l’affligent! ils ajouteront Ă  mon bonheur et Ă  ma gloire. Qu’elle croie Ă  la vertu, mais qu’elle me la sacrifie; que ses fautes l’épouvantent sans pouvoir l’arrĂȘter, et qu’agitĂ©e de mille terreurs elle ne puisse les oublier, les vaincre que dans mes bras.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons Dangereuses)
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Je vais t’enseigner Ă  aimer la mort. Je vais te faire oublier le chagrin, la culpabilitĂ© et l’apitoiement, et t’inculquer la haine, la ruse, la fourberie, et l’esprit de vengeance. Je vais accomplir ma derniĂšre mission ici, Benjamin Thomas Parish.
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Rick Yancey (La 5e vague (La 5e vague, #1))
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Nous devons devenir capables d'Ă©changer nos mĂ©moires nationales ou ethniques et d’exercer les uns Ă  l’égard des autres Ă  la fois la volontĂ© de ne pas oublier et celle de pardonner, c’est-Ă -dire de libĂ©rer la mĂ©moire des autres de sa charge de culpabilitĂ©
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Paul RicƓur (Philosophie, Ă©thique et politique. Entretiens et dialogues (COULEUR IDEES) (French Edition))
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Tu n'auras peut-ĂȘtre plus jamais l'occasion d'aller Ă  l'Ă©cole, et que tu aimes ou pas les matiĂšres qu'on y enseigne, tu dois tout absorber sans en laisser une goutte. Tu dois ĂȘtre un vĂ©ritable buvard. Par la suite, tu feras le tri entre ce qu'il faut garder et ce que tu peux oublier.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Pour liquider un peuple, on commence par lui enlever la mĂ©moire. On dĂ©truit ses livres, sa culture, son histoire. Puis quelqu’un d’autre lui Ă©crit d’autres livres, lui donne une autre culture, lui invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence Ă  oublier ce qu’il est, et ce qu’il Ă©tait.
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Léonora Miano (Rouge impératrice)
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Nous passons notre temps à oublier, à oublier que nous vivons sur un planÚte limitée à laquelle nous appliquons un principe illimité, ce qui accélÚre le processus d'épuisement des ressources et d'accroissement des inégalités structurelles, source de mécontentements, de frustrations et de conflits.
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Pierre Rabhi (La part du colibri: L'EspĂšce humaine face Ă  son devenir)
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Ceux qui ne pourront pas assumer leur propre diversitĂ© se retrouveront parfois parmi les plus virulents des tueurs identitaires, s'acharnant sur ceux qui reprĂ©sentent cette part d'eux-mĂȘmes qu'ils voudraient faire oublier. Une "haine de soi" dont on a vu de nombreux exemples Ă  travers l'Histoire...
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Amin Maalouf (Ű§Ù„Ù‡ÙˆÙŠŰ§ŰȘ Ű§Ù„Ù‚Ű§ŰȘÙ„Ű©)
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La rĂ©volution n'a pas de coeur, non. C'est une pute Ă  la jupe fendue qui se fait attendre pendant des siĂšcles et qui vous plante lĂ , au moment oĂč vous ommenciez Ă  ĂȘtre excitĂ©. Une pute Ă  la jupe fendue, et perverse au point de vous laisser voir tous ses appĂąts, pour que jamais plus vous ne puissiez les oublier.
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”
François Gravel
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J'ai fermĂ© les yeux, et j'ai mis les mains dessus, et j'ai tĂąchĂ© d'oublier, d'oublier le prĂ©sent dans le passĂ©. Tandis que je rĂȘve, les souvenirs de mon enfance et de ma jeunesse me reviennent un Ă  un, doux, calmes, riants, comme des Ăźles de fleurs sur ce gouffre de pensĂ©es noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.
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Victor Hugo (Le Dernier Jour D'un Condamné ; Claude Gueux)
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Au moment oĂč je commençais Ă  oublier, l'oiseau sinistre est venu battre des ailes autour de moi et il a donnĂ© du bec dans la plaie de la blessure des souvenirs. Subitement la honte du passer, la mĂ©moire de mes fautes ont surgi devant mes yeux. En proie Ă  une frayeur qui me donnait envie de crier, je ne pouvais plus rester en place.
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Osamu Dazai (No Longer Human)
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Je me mis dĂšs lors Ă  lire avec aviditĂ© et bientĂŽt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations rĂ©centes, tous les Ă©lans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon Ăąme d’une façon si troublante et qui Ă©taient provoquĂ©s par mon dĂ©veloppement si prĂ©coce, tout cela, soudainement, se prĂ©cipita dans une direction, parut se satisfaire complĂštement de ce nouvel aliment et trouver lĂ  son cours rĂ©gulier. BientĂŽt mon cƓur et ma tĂȘte se trouvĂšrent si charmĂ©s, bientĂŽt ma fantaisie se dĂ©veloppa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourĂ©e jusqu’alors. Il semblait que le sort lui mĂȘme m’arrĂȘtĂąt sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, Ă  laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’oĂč je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinĂ©e Ă  vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rĂȘves, les espoirs, la douce Ă©motion de mon esprit juvĂ©nile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vĂ©cu jusqu’à ce jour Ă©tait si noble, si austĂšre, qu’une page impure ou mauvaise n’eĂ»t pu dĂ©sormais me sĂ©duire. Mon instinct d’enfant, ma prĂ©cocitĂ©, tout mon passĂ© veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passĂ©e. En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était dĂ©jĂ  connue, semblait dĂ©jĂ  vĂ©cue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es. Et comment pouvais-je ne pas ĂȘtre entraĂźnĂ©e jusqu’à l’oubli du prĂ©sent, jusqu’à l’oubli de la rĂ©alitĂ©, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une mĂȘme destinĂ©e, le mĂȘme esprit d’aventure qui rĂšgnent sur la vie de l’homme, mais qui dĂ©coulent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tĂąchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prĂ©venir, comme s’il y avait en mon Ăąme quelque chose de prophĂ©tique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en mĂȘme temps croissait de plus en plus mon dĂ©sir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vĂ©ritĂ©, je n’étais trĂšs hardie qu’en rĂȘve ; dans la rĂ©alitĂ©, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Mais comment? Comment fais-tu pour surmonter ça, mon chĂ©ri? lui avait-elle demandĂ©. Tu as endurĂ© tellement d'Ă©preuves, mais tu es toujours content. Comment fais-tu? -J'ai choisi de l'ĂȘtre, avait-il rĂ©pondu. Je peux laisser ruiner mon passĂ©, consacrer mon temps Ă  haĂŻr les gens pourc e qu'ils m'ont fait, comme mon pĂšre l'a fait, ou je peux pardonner et oublier. -Mais ce n'est pas si facile." Il avait sourit, de son sourire de Franck. "Oui, mais, TrĂ©sor, c'est tellement moins fatigant; Il suffit de pardonner une fois. Tandis que la rancune, il faut l'entretenir Ă  longueur de journĂ©e, et recommencer tous les jours. Il faudrait que je fasse une liste pour m'assurer que je hais bien tous ceux qui m'ont causĂ© du tort. Non, avait-il ajoutĂ©, on a tous la possibilitĂ© de pardonner.
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M.L. Stedman (The Light Between Oceans)
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« Je ne veux pas oublier d’ajouter que RenĂ© GuĂ©non m’a Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ© un certain rĂŽle subtil qu'il a jouĂ© dans la carriĂšre de Frithjof Schuon et il a conclu : "Vous voyez que dans tout cela je pourrais bien dire, sans exagĂ©ration, que sans moi il n’y aurait jamais eu de Sh. A. ! [AĂŻssa, Schuon]".» Michel VĂąlsan, lettre Ă  Vasile Lovinescu, 17 dĂ©cembre 1950 (traduite du roumain en français).
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Michel VĂąlsan
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Moi je vole, je plane, tandis qu'il y a pleins de gens qui sont morts de l'interieur. [
] L'argent qu'ils gagnent, ils le dépensent dans une télévision neuve, alors que l'ancienne marche encore, dans une nouvelle voiture, parce que la précédente est trop vielle, ou dans des vacances pour se distraire et oublier cet affreux boulot qu'ils sont obligés de faire parce qu'ils ont besoin de cet argent

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Melvin Burgess
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Si je savais quelque chose qui me fĂ»t utile, et qui fĂ»t prĂ©judiciable Ă  ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile Ă  ma famille et qui ne le fĂ»t pas Ă  ma patrie, je chercherais Ă  l’oublier. Si je savais quelque chose utile Ă  ma patrie et qui fĂ»t prĂ©judiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime car je suis nĂ©cessairement homme et français que par hasard.
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Montesquieu (Cahiers : 1716-1755 (Littérature) (French Edition))
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Je me suis figurĂ© qu’une femme devait faire plus de cas de son Ăąme que de son corps, contre l’usage gĂ©nĂ©ral qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trĂ©sor de son coeur avant de consentir Ă  la plus lĂ©gĂšre prise sur celui de sa beautĂ©. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveautĂ© est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensĂ© les autels, m’ont vainement laissĂ© parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait Ă  moi. Peut-ĂȘtre je m’explique mal. J’ai eu la singuliĂšre idĂ©e d’ĂȘtre l’époux d’une femme avant d’ĂȘtre son amant. J’ai voulu voir si rĂ©ellement il existait une Ăąme assez orgueilleuse pour demeurer fermĂ©e lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche Ă  des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force Ă  la froideur. Dans toutes les contrĂ©es qu’aime le soleil, j’ai cherchĂ© les traits les plus capables de rĂ©vĂ©ler qu’une Ăąme ardente y Ă©tait enfermĂ©e : j’ai cherchĂ© la beautĂ© dans tout son Ă©clat, cet amour qu’un regard fait naĂźtre ; j’ai dĂ©sirĂ© un visage assez beau pour me faire oublier qu’il Ă©tait moins beau que l’ĂȘtre invisible qui l’anime ; insensible Ă  tout, j’ai rĂ©sistĂ© Ă  tout,... exceptĂ© Ă  une femme, – Ă  vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mĂ©pris dans mes idĂ©es orgueilleuses ; Ă  vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’aprĂšs ĂȘtre devenu votre Ă©poux. – Vous me l’avez arrachĂ©, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser. ( Le prince )
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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– Vous apprendrez que le temps guĂ©rit bien des blessures
 – Le temps donne du recul, c’est tout. Il aide Ă  oublier, seulement je n’oublierai jamais ce qui s’est passĂ©, alors comment voulez-vous qu’il me guĂ©risse ? – Bien sĂ»r que vous n’allez pas oublier l’accident, il fait partie de votre parcours. Mais je peux vous affirmer ceci : ça ira mieux. Ce revers vous paraĂźt insurmontable actuellement, car vous ĂȘtes jeune.
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Nina de Pass (The Year After You)
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Le but de la fĂȘte est de nous faire oublier que nous sommes solitaires, misĂ©rables et promis Ă  la mort. Autrement dit, de nous transformer en animaux. C'est pourquoi le primitif a un sens de la fĂȘte trĂšs dĂ©veloppĂ©. Une bonne flambĂ©e de plantes hallucinogĂšnes, trois tambourins, et le tour est jouĂ© : un rien l'amuse. À l’opposĂ©, l'Occidental moyen n'aboutit Ă  une extase insuffisante qu'Ă  l'issue de raves interminables dont il ressort sourd et droguĂ© : il n'a pas du tout le sens de la fĂȘte. ProfondĂ©ment conscient de lui-mĂȘme, radicalement Ă©tranger aux autres, terrorisĂ© par l’idĂ©e de la mort, il est bien incapable d’accĂ©der Ă  une quelconque fusion. Cependant, il s'obstine. La perte de sa condition animale l'attriste, il en conçoit honte et dĂ©pit ; il aimerait ĂȘtre un fĂȘtard, ou du moins passer pour tel. Il est dans une sale situation.
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Michel Houellebecq (Interventions 2020)
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Elle passa la main sur son front, s’obligeant Ă  respirer avec lenteur pour chasser le cauchemar qui pulsait encore dans chacune des fibres de son corps. Elle se leva sans bruit. — Que t’arrive-t-il ? murmura Salim prĂšs d’elle. — Un mauvais rĂȘve. Je vais marcher un peu. Pour oublier... — Je viens. Ce n’était pas une question ni mĂȘme une proposition. Aussi silencieux l’un que l’autre, ils s’éloignĂšrent du tas de cendres qui rougeoyait toujours. Ils n’avaient pas fait trois pas que la voix d’Edwin s’éleva. Parfaitement Ă©veillĂ©e. — Ne dĂ©passez pas la limite des arbres. Puis celle d’Ellana. Gouailleuse. — Ni les autres. Salim n’eut pas le temps de trouver une rĂ©plique. — Les limites exister pour ĂȘtre dĂ©passĂ©es ! — Et si vous fichiez la paix Ă  ces jeunes gens ? Chiam et Erylis ! Son cauchemar eĂ»t-il Ă©tĂ© moins prĂ©gnant, Ewilan aurait Ă©clatĂ© de rire.
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Pierre Bottero (L'ƒil d'Otolep (Les Mondes d'Ewilan, #2))
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Il est un cĂŽtĂ© de la « culture bourgeoise » qui en dĂ©voile toute la petitesse, c'est son aspect de « roulement » conventionnel, de manque d'imagination, bref d'inconscience et de vanitĂ© : on ne se demande pas un instant « Ă  quoi bon tout cela » ; aucun auteur ne se demande s'il vaut la peine d'Ă©crire une nouvelle histoire aprĂšs tant d'autres histoires ; on semble en Ă©crire simplement parce que d'autres en ont Ă©crit, et parce qu'on ne voit pas pourquoi on ne le ferait pas et pourquoi on ne gagnerait pas une gloire que d'autres ont gagnĂ©e. C'est un perpetuum mobile que rien ne peut arrĂȘter, sauf une catastrophe ou, moins tragiquement, la disparition progressive des lecteurs ; sans public point de cĂ©lĂ©britĂ©, nous l'avons dit plus haut. Et ceci est arrivĂ© dans une certaine mesure : on ne lit plus d'anciens auteurs dont le prestige paraissait assurĂ© ; le grand public a d'autres besoins, d'autres ressources et d'autres distractions, fussent-elle des plus basses. La culture c'est, de plus en plus, l'absence de culture : la manie de se couper de ses racines et d'oublier d'oĂč l'on vient. Une des raisons subjectives de ce que nous pouvons appeler le « roulement culturel » est que l'homme n'aime pas se perdre tout seul, qu'il aime par consĂ©quent trouver des complices pour une perdition commune ; c'est ce que fait la culture profane, inconsciemment ou consciemment, mais non innocemment car l'homme porte au fond de lui-mĂȘme l'instinct de sa raison d'ĂȘtre et de sa vocation. On a souvent reprochĂ© aux civilisations orientales leur stĂ©rilitĂ© culturelle, c'est-Ă -dire le fait qu'elles ne comportent pas un fleuve habituel de production littĂ©raire, artistique et philosophique ; nous croyons pouvoir nous dispenser Ă  prĂ©sent de la peine d'en expliquer les raisons.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Plus tard, j'Ă©crirai sur le manque. Sur la privation insupportable de l'autre. Sur le dĂ©nuement provoquĂ© par cette privation  ; une pauvretĂ© qui s'abat. J'Ă©crirai sur la tristesse qui ronge, la folie qui menace. Cela deviendra la matrice de mes livres, presque malgrĂ© moi. Je me demande quelquefois si j'ai mĂȘme jamais Ă©crit sur autre chose. Comme si je ne m'Ă©tais jamais remis de ça  : l'autre devenu inaccessible. Comme si ça occupait tout l'espace mental. La mort de beaucoup de mes amis, dans le plus jeune Ăąge, aggravera ce travers, cette douleur. Leur disparition prĂ©maturĂ©e me plongera dans des abĂźmes de chagrin et de perplexitĂ©. Je devrai apprendre Ă  leur survivre. Et l'Ă©criture peut ĂȘtre un bon moyen pour survivre. Et pour ne pas oublier les disparus. Pour continuer le dialogue avec eux. Mais le manque prend probablement sa source dans cette premiĂšre dĂ©fection, dans une imbĂ©cile brĂ»lure amoureuse.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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Vieux bureaucrate, mon camarade ici prĂ©sent, nul jamais ne t'a fait Ă©vader et tu n'en es point responsable. Tu as construit ta paix Ă  force d'aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les Ă©chappĂ©es vers la lumiĂšre. Tu t'es roulĂ© en boule dans ta sĂ©curitĂ© bourgeoise, tes routines, les rites Ă©touffants de ta vie provinciale, tu as Ă©levĂ© cet humble rempart contre les vents et les marĂ©es et les Ă©toiles. Tu ne veux point t'inquiĂ©ter des grands problĂšmes, tu as eu bien assez de mal Ă  oublier ta condition d'homme. Tu n'es point l'habitant d'une planĂšte errante, tu ne te poses point de questions sans rĂ©ponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t'a saisi par les Ă©paules quand il Ă©tait temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formĂ© a sĂ©chĂ©, et s'est durcie, et nul en toi ne saurait dĂ©sormais rĂ©veiller le musicien endormi ou le poĂšte, ou l'astronome qui peut-ĂȘtre t'habitait d'abord.
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Antoine de Saint-Exupéry (Wind, Sand and Stars)
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Ma surprise fut Ă  son comble, pourtant, quand je dĂ©couvris qu’il ignorait la thĂ©orie de Copernic et la composition du systĂšme solaire. Qu’un ĂȘtre humain civilisĂ©, au dix-neuviĂšme siĂšcle, ne sĂ»t pas que la terre tournĂąt autour du soleil me parut ĂȘtre une chose si extraordinaire que je pouvais Ă  peine le croire. — Vous paraissez Ă©tonnĂ©, me dit-il, en soupirant de ma stupĂ©faction. Mais, maintenant que je le sais, je ferai de mon mieux pour l’oublier. — Pour l’oublier !
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Arthur Conan Doyle (Sherlock Holmes : L'Edition Complete)
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Place Saint-Sulpice, la main dans la main de ma tante Marguerite qui ne savait pas trÚs bien me parler, je me suis demandé soudain: "Comment me voit-elle?" et j'éprouvai un sentiment aigu de supériorité : car je connaissais mon for intérieur, et elle l'ignorait; trompée par les apparences, elle ne doutait pas, voyant mon corps inachevé, qu'au-dedans de moi rien ne manquait; je me promis, lorsque je serais grande, de ne pas oublier qu'on est à cinq ans un individu complet.
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Simone de Beauvoir (Memoirs of a Dutiful Daughter)
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Frida est trop intense parfois, impossible Ă  son contact d'oublier que l'on va tous mourir et que notre passage ici est une sorte de violence magique, futile, essentielle et grotesque, interdit d'oublier que nous sommes tous reins et peau d'inconsolables incendies, c'est trop de tension, il est sorti ce soir, il a besoin d'ĂȘtre seul parfois, souvent. Mais une vie sans elle serait une pĂąle Ă©toile. Une longue et more promenade bordĂ©e de rĂ©verbĂšres perpĂ©tuellement allumĂ©s. Il s'effondre de chagrin.
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Claire Berest (Rien n'est noir)
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Accordons-lui une plus grande capacitĂ© Ă  comprendre et Ă  parler le patois jamaĂŻquain, une tolĂ©rance accrue pour la flamme vive du rhum blanc, et davantage de respect pour les difficultĂ©s qu'on rencontre lorsqu'on veut comprendre quelqu'un d'une autre culture, d'une autre race, d'une autre gĂ©ographie, d'une autre Ă©conomie et d'une autre langue - et cela mĂȘme alors que je me familiarisais tous les jours davantage avec les subtilitĂ©s de cette culture, de cette race, de cette gĂ©ographie, de cette Ă©conomie et de cette langue. J'ai appris le nom des arbres, des fleurs et des aliments qui m'entouraient ; j'ai appris Ă  jouer aux dominos avec autant de fĂ©rocitĂ© qu'un JamaĂŻquain, et j'ai mĂȘme appris Ă  parler assez bien avec des JamaĂŻquaines pour qu'elles puissent oublier pendant de longs moments l'extraordinaire avantage financier que je reprĂ©sentais pour elles, et qu'il leur arrive briĂšvement d'arrĂȘter de me raconter uniquement ce qu'elles croyaient que je voulais entendre. Ce qui ne veut pas dire que je comprenais alors ce qu'elles me disaient. (p.47)
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Russell Banks (Book of Jamaica)
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Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent dĂ©jĂ  que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. DĂ©jĂ , votre souffle s'est envolĂ© comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mĂąchoire commence Ă  galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent Ă  trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux Ă  frĂ©mir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relĂąche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, Ă  sa maniĂšre, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux Ă  bien fonctionner. Ils prĂȘtent toujours pleine attention Ă  la peur. Vous prenez rapidement des dĂ©cisions irrĂ©flĂ©chies. Vous abandonnez vos derniers alliĂ©s: l'espoir et la confiance. VoilĂ  que vous vous ĂȘtes dĂ©fait vous-mĂȘme. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphĂ© de vous. Cette expĂ©rience est difficile Ă  exprimer. Car la peur, la vĂ©ritable peur, celle qui vous Ă©branle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment oĂč vous ĂȘtes face Ă  votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mĂ©moire, comme une gangrĂšne: elle cherche Ă  tout pourrir, mĂȘme les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre trĂšs fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumiĂšre des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous Ă©vitez, que vous parvenez peut-ĂȘtre mĂȘme Ă  oublier, vous vous exposez Ă  d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillĂ© contre l'ennemi qui vous a dĂ©fait.
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Yann Martel (Life of Pi)
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« Dans nos Ă©coles on nous enseigne le doute et l’art d’oublier. Avant tout l’oubli de ce qui est personnel et localisĂ©. » « — Personne ne peut lire deux mille livres. Depuis quatre siĂšcles que je vis je n’ai pas dĂ» en lire plus d’une demi-douzaine. D’ailleurs ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire. L’imprimerie, maintenant abolie, a Ă©tĂ© l’un des pires flĂ©aux de l’humanitĂ©, car elle a tendu Ă  multiplier jusqu’au vertige des textes inutiles. — De mon temps Ă  moi, hier encore, rĂ©pondis-je, triomphait la superstition que du jour au lendemain il se passait des Ă©vĂ©nements qu’on aurait eu honte d’ignorer. » « — À cent ans, l’ĂȘtre humain peut se passer de l’amour et de l’amitiĂ©. Les maux et la mort involontaire ne sont plus une menace pour lui. Il pratique un art quelconque, il s’adonne Ă  la philosophie, aux mathĂ©matiques ou bien il joue aux Ă©checs en solitaire. Quand il le veut, il se tue. MaĂźtre de sa vie, l’homme l’est aussi de sa mort[30]. — Il s’agit d’une citation ? lui demandai-je. — Certainement. Il ne nous reste plus que des citations. Le langage est un systĂšme de citations. » Extrait de: Borges,J.L. « Le livre de sable. » / Utopie d’un homme qui est fatiguĂ©
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Jorge Luis Borges (The Book of Sand and Shakespeare's Memory)
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Tout Ă©tait possible aprĂšs tout, dans une soirĂ©e si peu protocolaire, n'importe quel imprĂ©vu romanesque, totalement Ă©tranger au monde oĂč elle vivait. Qu'y avait-il, dans le secret de cette valse, qui l'attirait ainsi vers l'intĂ©rieur de la maison? qu'allait)il arriver maintenant, au cours de ces heures indĂ©cises? Quelqu'un peut-ĂȘtre? Une invitĂ©e inattendue, une crĂ©ature irrĂ©elle, d'une essence si rare qu'elle ne pouvait qu'Ă©blouir, une jeune fille au rayonnement intact, qui d'un seul regard vers Gatsby, un regard neuf, en un bref instant d'affrontement magique, lui ferait oublier cinq ans d'absolue dĂ©votion.
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F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
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FRENCH original Il y a trois sortes de violence. La premiĂšre, mĂšre de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui lĂ©galise et perpĂ©tue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui Ă©crase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilĂ©s. La seconde est la violence rĂ©volutionnaire, qui naĂźt de la volontĂ© d’abolir la premiĂšre. La troisiĂšme est la violence rĂ©pressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la premiĂšre violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la premiĂšre, qui la fait naĂźtre, et la troisiĂšme qui la tue. ENGLISH translation There are three kinds of violence. The first, mother of all the others, is institutional violence. It legalises and perpetuates domination, oppression, and exploitation. It crushes and eliminates millions of people in its silent and well-oiled cogs. The second is revolutionary violence, which is born of the will to abolish the first. The third is repressive violence, which stifles the second, by making itself the helper and accomplice of the first violence- the one that causes all the others. There is no worse hypocrisy than only calling the second 'violence', while pretending to forget the first one, that gives it life, and the third, that kills it.
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HĂ©lder CĂąmara (Spiral of Violence)
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Il avait pris le temps de l’analyser sous tous les angles et il aurait pu la reconnaĂźtre parmi des milliers de personnes. Il ne pouvait pas nier qu’il la trouvait intrigante
 Et il n’était pas du genre Ă  refouler ses fantasmes. Il savait que Lee le dĂ©testait, mais lui, il ne l’avait pas oubliĂ©e. Comment pourrait-il l’oublier ? Depuis le tournoi, il n’avait jamais oubliĂ© la flamme qu’il avait vue dans ses yeux au moment de sa dĂ©faite. Il l’avait Ă©crasĂ©e et il n’éprouvait pas une once de culpabilité  Elle le mĂ©ritait, ce n’était qu’une petite vantarde. Ce dĂ©sir qu’il Ă©prouvait pour elle aurait dĂ» se dissiper depuis autant d’annĂ©es, et pourtant, il brĂ»lait toujours en lui. Il Ă©tait mĂȘme devenu plus intense, plus fou. Il se rĂ©jouissait de pouvoir la traquer, il adorait jouer.
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Myosotis (Vices et Maléfices (Sexe, Secrets & SortilÚges #1))
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Je m'efforce de ressaisir un instant des boucles de fumĂ©e, les bulles d'air irisĂ©es d'un jeu d'enfant. Mais il est facile d'oublier... Tant de choses ont passĂ© depuis ces lĂ©gĂšres amours que j'en mĂ©connais sans doute la saveur ; il me plaĂźt surtout de nier qu'elles m'aient jamais fait souffrir. Et pourtant, parmi ces maĂźtresses, il en est une au moins que j'ai dĂ©licieusement aimĂ©e. Elle Ă©tait Ă  la fois plus fine et plus ferme, plus tendre et plus dure que les autres : ce mince torse rond faisait penser Ă  un roseau. J'ai toujours goĂ»tĂ© la beautĂ© des chevelures, cette partie soyeuse et ondoyante d'un corps, mais les chevelures de la plupart de nos femmes sont des tours, des labyrinthes, des barques, ou des noeuds de vipĂšres. La sienne consentait Ă  ĂȘtre ce que j'aime qu'elles soient : la grappe de raisin des vendanges, ou l'aile.
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Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
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Mon ami, vous m'avez facilement appris Ă  ne vivre que pour vous ; apprenez-moi maintenant Ă  vivre loin de vous... Non, ce n'est pas lĂ  ce que je veux dire, c'est plutĂŽt que, loin de vous, je voudrais ne point vivre, ou au moins oublier mon existence. AbandonnĂ©e Ă  moi-mĂȘme, je ne puis supporter ni mon bonheur, ni ma peine; je sens le besoin du repos, et tout repos m'est impossible; j'ai vainement appelĂ© le sommeil, le sommeil a fui de moi; je ne puis ni m'occuper ni rester oisive; tour-Ă -tour un feu brĂ»lant me dĂ©vore, un frisson mortel m'anĂ©antit: tout mouvement me fatigue et je ne saurais rester en place. Enfin ! que dirai-je ? je souffrirais moins dans l'ardeur de la plus violente fiĂšvre, et, sans que je puisse ni l'expliquer ni le concevoir, je sens trĂšs bien pourtant que cet Ă©tat de souffrance ne vient que de mon impuissance Ă  contenir ou diriger une foule de sentiments au charme desquels cependant je me trouverais heureuse de pouvoir livrer mon Ăąme toute entiĂšre.
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Laclos Pierre Choderlos De (Les Liaisons dangereuses)
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Ellana. Le prĂ©nom voletait au-dessus d'elle. Sans qu'elle parvienne Ă  l’attraper. Sans qu'il s’éloigne tout Ă  fait. Ellana. Comment s'appelait-elle avant ? Pourquoi son passĂ© lui Ă©tait-il devenu Ă©tranger ? Qui Ă©tait-elle dĂ©sormais ? Ellana. Elle ferma les yeux, tentant d'oublier l'odeur rance qui flottait dans la grande salle. Ellana. Les enfants Ă©taient partis. RentrĂ©s chez eux puisque tous avaient un chez eux. "À demain, Ellana." Ellana. Elle avait rĂ©sistĂ© Ă  l'envie de courir vers le large, vers la MĂšre Nature qui la guidait autrefois. Ne pas se retourner, aller de l'avant. Toujours. Elle s'Ă©tait arrangĂ© un coin dans la grande salle dĂ©serte, s'Ă©tait allongĂ©e. Ellana. Elle avait 18 ans. Des milliers de choses Ă  raconter. Et mille fois plus Ă  vivre. Elle s'endormit sans s'en apercevoir. Ellana. Doucement le prĂ©nom se posa sur ses paupiĂšres closes, se glissa le long de sa respiration rĂ©guliĂšre, se coula dans son cƓur, son Ăąme et chacune des cellules de son corps. Il devint elle. Elle devint lui. Ellana.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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– Je crois que je comprends pourquoi vous aimez voler dans cette rĂ©gion, ajouta-t-elle. On se sent comme un oiseau. Il lui jeta un regard surpris. – C'est vrai ; vous avez raison, c'est pour cela que j'aime voler. Mais je suis encore plus proche de l'oiseau quand je fais de la chute libre. – Vous voulez dire du parachute ? – Pas tout Ă  fait. Vous ne vous contentez pas de sauter d'un avion et de tirer sur un cordon. Les premiĂšres centaines de mĂštres se font sans le parachute. Pendant que vous tombez, vous vous mouvez en tous sens. On dirait un ballet dans le ciel. C'est une sensation indescriptible. On se sent libre. – Ce doit ĂȘtre trĂšs dangereux, remarqua-t-elle. – Oui, trĂšs... On joue avec la mort. On peut mĂȘme ĂȘtre fascinĂ© par ce sentiment intense de libertĂ© au point d'oublier de tirer sur le cordon et d'ouvrir le parachute. – Cela vous est-il arrivé ? – Plusieurs fois. J'ai attendu jusqu'au dernier instant, pour voir ce qu'il se passerait si je ne faisais rien ; mais Ă  chaque fois j'ai reculĂ© devant la mort.
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Flora Kidd (Marriage in Mexico)
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Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Mais maintenant je dirai tout, afin que tu saches qui tu quittes, de quel homme tu te sĂ©pares. Sais-tu comment d’abord je t’ai comprise ? La passion m’a saisi comme le feu, elle s’est infiltrĂ©e dans mon sang comme le poison et a troublĂ© toutes mes pensĂ©es, tous mes sentiments. J’étais enivrĂ©. J’étais comme Ă©tourdi, et Ă  ton amour pur, misĂ©ricordieux, j’ai rĂ©pondu non d’égal Ă  Ă©gal, non comme si j’étais digne de ton amour, mais sans comprendre ni sentir. Je ne t’ai pas comprise. Je t’ai rĂ©pondu comme Ă  la femme qui, Ă  mon point de vue, s’oubliait jusqu’à moi et non comme Ă  celle qui voulait m’élever jusqu’à elle. « Sais-tu de quoi je t’ai soupçonnĂ©e, ce que signifiait, s’oublier jusqu’à moi » ? Mais non, je ne t’offenserai pas par mon aveu. Je te dirai seulement que tu t’es profondĂ©ment trompĂ©e sur moi ! Jamais jamais, je n’aurais pu m’élever jusqu’à toi. Je ne pouvais que te contempler dans ton amour illimitĂ©, une fois que je t’eus comprise. Mais cela n’efface pas ma faute. Ma passion rehaussĂ©e par toi n’était pas l’amour. L’amour, je ne le craignais pas. Je n’osais pas t’aimer. Dans l’amour il y a rĂ©ciprocitĂ©, Ă©galité ; et j’en Ă©tais indigne. Je ne savais pas ce qui Ă©tait en moi !
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Cette qualitĂ© de la joie n’est-elle pas le fruit le plus prĂ©cieux de la civilisation qui est nĂŽtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matĂ©riels. Mais nous ne sommes pas un bĂ©tail Ă  l’engrais. La prospĂ©ritĂ© et le confort ne sauraient suffire Ă  nous combler. Pour nous qui fĂ»mes Ă©levĂ©s dans le culte du respect de l’homme, pĂšsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fĂȘtes merveilleuses
 Respect de l’homme ! Respect de l’homme !
 LĂ  est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-mĂȘme ; il refuse les contradictions crĂ©atrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitiĂšre. L’ordre pour l’ordre chĂątre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-mĂȘme. La vie crĂ©e l’ordre, mais l’ordre ne crĂ©e pas la vie. Il nous semble, Ă  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en pĂ©ril. Les craquements du monde moderne nous ont engagĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. Les problĂšmes sont incohĂ©rents, les solutions contradictoires. La vĂ©ritĂ© d’hier est morte, celle de demain est encore Ă  bĂątir. Aucune synthĂšse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne dĂ©tient qu’une parcelle de la vĂ©ritĂ©. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel Ă  la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les mĂ©thodes, nous risquons de ne plus reconnaĂźtre que nous nous hĂątons vers le mĂȘme but. Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une Ă©toile, s’il se laisse trop absorber par ses problĂšmes d’escalade, risque d’oublier quelle Ă©toile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisiĂšre de cathĂ©drale, Ă  se prĂ©occuper trop Ăąprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, Ă  m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’ĂȘtre au service d’une Ă©vidence spirituelle. Nous avons goĂ»tĂ©, aux heures de miracle, une certaine qualitĂ© des relations humaines : lĂ  est pour nous la vĂ©ritĂ©. Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stĂ©rile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haĂŻrions-nous Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme camp ? Aucun d’entre nous ne dĂ©tient le monopole de la puretĂ© d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les dĂ©marches de sa raison. Les dĂ©marches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la mĂȘme Ă©toile. Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !
 Si le respect de l’homme est fondĂ© dans le cƓur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le systĂšme social, politique ou Ă©conomique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, dĂ©sir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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Dans tout mon langage, dans tout mon langage avec toi, il y a eu dĂšs le dĂ©but ce noyau de silence. Je ne dis pas cela pour me charger ni pour dĂ©charger qui que ce soit. L’effort que me coĂ»te d’écrire ces mots me garantit une sorte de paix, au-delĂ  de tout jugement. C’est ainsi, ce noyau de silence Ă©tait en moi, il faisait partie de moi. Je l’ai, lui aussi, apportĂ© avec tout le reste dans notre histoire et comme je ne pouvais rien contre lui, il y a pris sa place, s’est installĂ© et s’est imposĂ©. Je faisais naturellement semblant de ne pas le voir mais il Ă©tait lĂ . Je le recouvrais de discours de protection, diversion, il Ă©tait toujours lĂ , parfois invisible, parfois tacitement oubliĂ©, mais toujours lĂ . Il ne trompait personne parmi les intĂ©ressĂ©s. Il ne te trompait pas, en tout cas malgrĂ© tous les efforts pour conclure avec lui et moi Ă  demi-mots, un pacte d’oubli. Au fond de tout tu l’as acceptĂ© avec moi, mais tu ne l’as jamais acceptĂ© ; tu ne pouvais pas. Tu as fait tout ton possible en ton pouvoir pour le rĂ©duire, puis pour l’oublier. Un moment est venu oĂč tu n’as plus pu rĂ©sister au silence que par le silence, par un second silence sans aucun rapport avec le premier mais un silence. Un silenzio l’unico modo di non tacere.
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Louis Althusser
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Nous avons coutume de considĂ©rer que nous formons un grand corps dĂ©mocratique dont les membres sont liĂ©s entre eux par une communautĂ© de sang et de langage, et dont l'unitĂ© indissoluble est assurĂ©e par tous les modes de communication qu'ait pu tramer l'ingĂ©niositĂ© de l'homme ; nos vĂȘtements, notre alimentation sont identiques ; nous lisons les mĂȘmes journaux (exactement, titre, poids et tirage mis Ă  part) ; nous sommes le peuple le plus collectiviste du monde, hormis quelques peuplades primitives que nous tenons arriĂ©rĂ©s dans leur dĂ©veloppement. Et pourtant... Pourtant, malgrĂ© tant d'apparences qui sembleraient prouver que nous sommes Ă©troitement liĂ©s et apparentĂ©s ; que nous vivons en bons voisins ; que nous avons bon caractĂšre ; que nous sommes serviables, compatissants, fraternels presque, nous sommes un peuple solitaire, un troupeau morbide et dĂ©ment, se dĂ©menant de tous cĂŽtĂ©s dans une rage frĂ©nĂ©tique et jalouse ; un peuple qui voudrait oublier qu'il n'est pas ce qu'il croit, un peuple qui n'est pas rĂ©ellement uni ; dont les individus n'ont, les uns pour les autres, aucun dĂ©vouement rĂ©el, aucune attention rĂ©elle, ne sont, en vĂ©ritĂ©, que des unitĂ©s brassĂ©es par Dieu sait quelle main invisible, selon une arithmĂ©tique qui n'est pas notre affaire.
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Henry Miller (Sexus (The Rosy Crucifixion, #1))
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Moi, le clandestin, je leur rappelle cela. Le vide. Le hasard qui les fonde. A tous. C’est pour ça qu’ils me haĂŻssent. Parce que je rode dans leurs villes, parce que je squatte leurs bĂątiments dĂ©saffectĂ©s, parce que j’accepte le travail qu’ils refusent, je leur dis, aux EuropĂ©ens, que j’aimerais ĂȘtre Ă  leur place, que les privilĂšges que le sort aveugle leur a donnĂ©s, je voudrais les acquĂ©rir : en face de moi, ils rĂ©alisent qu’ils ont de la chance, qu’ils ont tirĂ© un bon numĂ©ro, que le couperet fatal leur est passĂ© au ras des fesses, et se souvenir de cette premiĂšre et constitutive fragilitĂ© les glace, les paralyse. Car les hommes tentent, pour oublier le vide, de se donner de la consistance, de croire qu’ils appartiennent pour des raisons profondes, immuables, Ă  une langue, une nation, une rĂ©gion, une race, une histoire, une morale, une histoire, une idĂ©ologie, une religion. Or malgrĂ© ces maquillages, chaque fois que l’homme s’analyse, ou chaque fois qu’un clandestin s’approche de lui, les illusions s’effacent, il aperçoit le vide : il aurait pu ne pas ĂȘtre ainsi, ne pas ĂȘtre italien, ne pas ĂȘtre chrĂ©tien, ne pas
 Les identitĂ©s qu’il cumule et qui lui accordent de la densitĂ©, il sait au fond de lui qu’il s’est bornĂ© Ă  les recevoir, puis Ă  les transmettre. Il n’est que le sable qu’on a versĂ© en lui ; de lui-mĂȘme, il n’est rien.
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Éric-Emmanuel Schmitt (Ulysse from Bagdad)
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JULIETTE. — A quelle heure enverrai-je vers toi, demain ? ROMÉO. — À neuf heures. JULIETTE. — Je n’y manquerai pas. D’ici Ă  ce moment, il va s’écouler vingt ans. J’ai oubliĂ© pourquoi je t’avais rappelĂ©. ROMÉO.— Permets-moi de rester ici jusqu’à ce que tu te le rappelles. JULIETTE. — J’oublierai encore, afin de te faire rester, et ne me souviendrai que de l’amour que j’ai pour ta compagnie. ROMÉO. — Et moi je resterai, pour te faire oublier encore, oublieux moi-mĂȘme que j’ai un autre logis que ce jardin JULIETTE. — Il est presque matin ; je voudrais que tu fusses parti, et cependant pas plus loin que l’oiseau d’une jeune folle qui le laisse s’éloigner un peu de sa main, pareil Ă  un pauvre prisonnier dans ses entraves, et qui le ramĂšne avec un fil de soie, tant elle est amoureusement jalouse de sa libertĂ©. ROMÉO. — Je voudrais ĂȘtre ton oiseau. JULIETTE. — ChĂ©ri, je le voudrais aussi : cependant, je te tuerais par trop de caresses. Ronne nuit ! bonne nuit ! la sĂ©paration est une si dĂ©licieuse douleur que je dirais bonne nuit jusqu’à demain. (Elle, se retire de la fenĂȘtre.) ROMÉO. — Que le sommeil descende sur tes yeux et la paix dans ton sein ! Que ne suis-je le sommeil et la paix pour goĂ»ter un si doux repos ! Je vais d’ici me rentre Ă  la cellule de mon pieux confesseur, pour implorer son aide, et lui dire mon heureuse fortune. (Il sort.)
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William Shakespeare (Romeo & Juliet)
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Je me rappelle mon entrĂ©e sur la scĂšne, Ă  mon premier concert. [
] Je n'aimais pas ce public pour qui l'art n'est qu'une vanitĂ© nĂ©cessaire, ces visage composĂ©s dissimulant les Ăąmes, l'absence des Ăąmes. Je concevais mal qu'on pĂ»t jouer devant des inconnus, Ă  heure fixe, pour un salaire versĂ© d'avance. Je devinais les apprĂ©ciations toutes faites, qu'ils se croyaient obligĂ©s de formuler en sortant ; je haĂŻssais leur goĂ»t pour l'emphase inutile, l'intĂ©rĂȘt mĂȘme qu'ils me portaient, parce que j'Ă©tais de leur monde, et l'Ă©clat factice dont se paraient les femmes. Je prĂ©fĂ©rais encore les auditeurs de concerts populaires, donnĂ©s le soir dans quelque salle misĂ©rable, oĂč j'acceptais parfois de jouer gratuitement. Des gens venaient lĂ  dans l'espoir de s'instruire. Ils n'Ă©taient pas plus intelligents que les autres, ils Ă©taient seulement de meilleur volontĂ©. Ils avaient dĂ», aprĂšs leur repas, s'habiller le mieux possible ; ils avaient dĂ» consentir Ă  avoir froid, pendant deux longues heures, dans une salle presque noire. Les gens qui vont au thĂ©Ăątre cherchent Ă  s'oublier eux-mĂȘmes ; ceux qui vont au concert cherchent plutĂŽt Ă  se retrouver. Entre la dispersion du jour et la dissolution du sommeil, ils se retrempent dans ce qu'ils sont. Visage fatiguĂ©s des auditeurs du soir, visages qui se dĂ©tendent dans leurs rĂȘves et semblent s'y baigner. Mon visage
 En ne suis-je pas aussi trĂšs pauvre, moi qui n'ai ni amour, ni foi, ni dĂ©sir avouable, moi qui n'ai que moi-mĂȘme sur qui compter, et qui me suis presque toujours infidĂšle ? (p. 82-83)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Dans la critique de la preuve ontologique de Dieu, l'erreur consiste Ă  ne pas voir qu'imaginer un objet quelconque n'est nullement la mĂȘme chose que concevoir de l'absolu, ou l'Absolu en soi : car ce qui prime ici, ce n'est pas le jeu subjectif de notre esprit, c'est essentiellement l'Objet absolu qui le dĂ©termine et qui constitue mĂȘme, en derniĂšre analyse, la raison d'ĂȘtre de l'intelligence humaine. Sans un Dieu rĂ©el, point d'homme possible. En parlant de l'argument ontologique, nous pensons Ă  la thĂšse essentielle et non aux raisonnements en partie problĂ©matiques qui sont censĂ©s l'Ă©tayer. Au fond, la base de l'argument est l'analogie entre le mĂ©ta-macrocosme et le microcosme, ou entre Dieu et l'Ăąme : sous un certain rapport, nous somme ce qui est et par consĂ©quent nous pouvons connaĂźtre tout ce qui est, donc l'Être en soi ; car s'il y a le rapport d'incommensurabilitĂ©, il y a aussi celui d'analogie et mĂȘme celui d'identitĂ©, sans quoi nous serions le nĂ©ant pur et simple. Le principe de connaissance n'implique par lui-mĂȘme aucune limitation ; connaĂźtre, c'est connaĂźtre tout le connaissable, et celui-ci coincide avec le rĂ©el Ă©tant donnĂ© qu'a priori et dans l'Absolu le sujet et l'objet se confondent : connaĂźtre c'est ĂȘtre, et inversement. Ce qui nous ramĂšne Ă  la sentence arabe : « Qui connaĂźt son Ăąme, connaĂźt son Seigneur. » ; sans oublier la formule du sanctuaire de Delphe : « Connais-toi toi-mĂȘme »... Si l'on nous dit que l'Absolu est inconnaissable, cela se rapporte non Ă  notre facultĂ© intellective de principe mais Ă  telle modalitĂ© de facto de cette facultĂ© ; Ă  telle Ă©corce, non Ă  la substance.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Et les champs de l'art, de l'histoire, des sciences humaines, du savoir Ă©thique, de la philosophie et, en ultime instance, du langage lui-mĂȘme ont voulu montrer que l'immersion de l'interprĂšte dans le sens qui le concernait ne portait pas prĂ©judice Ă  la justesse, Ă  l'adĂ©quation de la comprĂ©hension, mais qu'elle en Ă©tait une condition essentielle. Fermer les yeux sur cet ''aspect hermĂ©neutique'' du sens, c'est succomber au fĂ©tichisme de la science moderne et Ă  un simulacre d'objectivitĂ©. C'est manquer le ''lĂ '' essentiel de la comprĂ©hension et se refuser Ă  la vigilance qui incombe nĂ©cessairement Ă  l'ĂȘtre situĂ© dans le temps. [...] L'aspect universel de l'hermĂ©neutique est donc celui de la finitude. Banal, dira-t-on ? Peut-ĂȘtre, mais il se pourrait que les plus grandes vĂ©ritĂ©s de la philosophie (il y en a peu) soient aussi trĂšs banales. Mais ce rappel de la finitude est important si l'on veut contrer la propension de la comprĂ©hension Ă  se laisser sĂ©duire par des simulacres d'infinitĂ© qui lui font oublier sa finitude. L'objectivation de la science moderne est une des figures de cet oubli de la finitude. Le savoir d'objectivation veut justement effacer le « lĂ  » de toute comprĂ©hension et de tout Ă©veil Ă  l'ĂȘtre au nom d'un savoir dominateur et certain, et certain parce que dominateur. Il serait dĂ©risoire de vouloir s'objecter Ă  ce modĂšle de savoir lĂ  oĂč il est lĂ©gitime. Il est cependant nĂ©cessaire de contester son universalisation lorsqu'elle dĂ©forme les modes de savoir et d'expĂ©rience qui sont ceux oĂč la finitude du « lĂ  » est constitutive du sens Ă  comprendre et de la vigilance qu'exige sa pĂ©nĂ©tration. C'est le sens du rapport de la finitude chez Gadamer.
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Jean Grondin (INTRODUCTION À HANS-GEORG GADAMER)
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L'engagement du disciple dans la voie initiatique consiste Ă  prendre progressivement conscience du « Regard » divin qui transcende celui des hommes. Bien au-delĂ  des rĂŽles sociaux, ce Regard se pose sur la vie intĂ©rieure de l'homme. « Dieu ne regarde pas vos formes ni vos actes, mais Il regarde ce qui se trouve dans vos cƓurs », dit un hadith attribuĂ© au ProphĂšte Muhammad. C'est dans la mesure oĂč l'homme agit pour Dieu, c'est-Ă -dire conformĂ©ment Ă  sa nature vĂ©ritable, et non pas seulement en vue d'un effet attendu chez les autres, qu'il devient intĂ©rieurement monothĂ©iste et Ă©vite le polythĂ©isme cachĂ© qui consiste Ă  associer au Regard de Dieu celui des autres humains. C'est par la grĂące de ce Regard auquel rien n'Ă©chappe que le disciple revient vers son propre moi et apprend Ă  se connaĂźtre avec toujours plus de finesse et de discernement. Le Regard de Dieu n'est pas seulement celui qui dĂ©voile, il est aussi celui qui transforme. C'est par la grĂące de ce Regard se posant sur l'Ăąme du disciple que celle-ci pourra ĂȘtre libĂ©rĂ©e de l'illusion des tĂ©nĂšbres dans laquelle elle se trouve, puis entrer dans un monde de lumiĂšre, celui de l'amour et de la connaissance. « L'Amour divin est comme une flamme, disait RĂ»mĂź, lorsqu'il entre dans le cƓur du disciple, il brĂ»le tout et Dieu seul reste. » Celui qui a goĂ»tĂ© Ă  cet Amour ne peut plus l'oublier et n'a de cesse de le retrouver. Cette flamme sacrĂ©e constitue un mystĂšre si profond que personne ne peut en parler sans le galvauder. En fait, on ne peut Ă©voquer que des conditions ou des effets de l'Amour, mas nul ne peut parler de sa rĂ©alitĂ©, car il est justement au-delĂ  de toute parole : il ne peut ĂȘtre qu'une expĂ©rience, une saveur, un vĂ©cu.
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Faouzi Skali (Le Souvenir de l'Être Profond)
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Les auteurs musulmans considĂšrent la personnalitĂ© comme le produit de la constitution innĂ©e modifiĂ©e par les facteurs de l’environnement. La constitution innĂ©e inclue l’hĂ©rĂ©ditĂ© physique et psychologique, la combinaison des quatre Ă©lĂ©ments, c’est-Ă -dire le feu, l’air, l’eau, et la terre, dans leurs mode de chaud, sec, froid, et humide, et la correspondance de cette combinaison avec les signes du zodiaque et les diffĂ©rentes planĂštes. C’est une question trĂšs complexe en raison du nombre indĂ©fini de permutations possibles. La source de confusion pour les esprits modernes vient du matĂ©rialisme ambiant qui les pousse Ă  tout prendre au pied de la lettre et Ă  oublier que l’intention derriĂšre les quatre Ă©lĂ©ments n’a jamais Ă©tĂ© de les identifier avec leurs Ă©quivalents familiers dans le monde visible. S’ils sont appelĂ©s feu, air, eau et terre, c’est simplement pour indiquer une correspondance entre eux et les Ă©lĂ©ments visibles. Ces quatre Ă©lĂ©ments sont Ă  l’origine de toute matiĂšre et eux-mĂȘmes originaires d’un principe commun, l’HylĂ© indiffĂ©renciĂ© (hayĂ»lĂą, c’est-Ă -dire la matiĂšre primordiale.) Il en est de mĂȘme de la correspondance entre les sept cieux et les sept planĂštes. Chaque ciel est dĂ©signĂ© par le nom de la planĂšte qui lui correspond le mieux, mais les cieux ne peuvent nullement ĂȘtre identifiĂ©s avec les orbites de ces planĂštes, car les planĂštes sont dans le ciel visible alors que les cieux sont dans le domaine subtile et invisible. Ces termes ne sont pris dans un sens littĂ©ral que si on perd de vue la correspondance entre les diffĂ©rents degrĂ©s, ou dimensions, de l’existence. Ces correspondances et leurs implications pour la mĂ©decine, la psychologie et les autres sciences, furent comprises par de nombreuses civilisations antĂ©rieures Ă  l’islam, et ne sont pas spĂ©cifiquement islamiques. Les musulmans, qu’ils fussent savants, religieux, philosophes ou soufis, les percevaient comme possĂ©dant une base de vĂ©ritĂ© et les adoptĂšrent avec quelques diffĂ©rences mineures selon les Ă©coles. Un tel point de vue est nĂ©anmoins devenu si Ă©tranger Ă  la mentalitĂ© d’aujourd’hui, et il est si peu probable qu’elle prĂ©sente un intĂ©rĂȘt en pratique, que nous n’en poursuivrons pas l’étude ici.
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Mostafa al-Badawi (Man and the Universe: An Islamic Perspective)
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J’ai d’ailleurs un ami qui, ces jours-ci, m’a affirmĂ© que nous ne savons mĂȘme pas ĂȘtre paresseux. Il prĂ©tend que nous paressons lourdement, sans plaisir, ni bĂ©atitude, que notre repos est fiĂ©vreux, inquiet, mĂ©content ; qu’en mĂȘme temps que la paresse, nous gardons notre facultĂ© d’analyse, notre opinion sceptique, une arriĂšre-pensĂ©e, et toujours sur les bras une affaire courante, Ă©ternelle, sans fin. Il dit encore que nous nous prĂ©parons Ă  ĂȘtre paresseux et Ă  nous reposer comme Ă  une affaire dure et sĂ©rieuse et que, par exemple, si nous voulons jouir de la nature, nous avons l’air d’avoir marquĂ© sur notre calendrier, encore la semaine derniĂšre, que tel et tel jour, Ă  telle et telle heure, nous jouirons de la nature. Cela me rappelle beaucoup cet Allemand ponctuel qui, en quittant Berlin, nota tranquillement sur son carnet. « En passant Ă  Nuremberg ne pas oublier de me marier. » Il est certain que l’Allemand avait, avant tout, dans sa tĂȘte, un systĂšme, et il ne sentait pas l’horreur du fait, par reconnaissance pour ce systĂšme. Mais il faut bien avouer que dans nos actes Ă  nous, il n’y a mĂȘme aucun systĂšme. Tout se fait ainsi comme par une fatalitĂ© orientale. Mon ami a raison en partie. Nous semblons traĂźner notre fardeau de la vie par force, par devoir, mais nous avons honte d’avouer qu’il est au-dessus de nos forces, et que nous sommes fatiguĂ©s. Nous avons l’air, en effet, d’aller Ă  la campagne pour nous reposer et jouir de la nature. Regardez avant tout les bagages rien laissĂ© de ce qui est usĂ©, de ce qui a servi l’hiver, au contraire, nous y avons ajoutĂ© des choses nouvelles. Nous vivons de souvenirs et l’ancien potin et la vieille affaire passent pour neufs. Autrement c’est ennuyeux ; autrement il faudra jouer au whist avec l’accompagnement du rossignol et Ă  ciel ouvert. D’ailleurs, c’est ce qui se fait. En outre, nous ne sommes pas bĂątis pour jouir de la nature ; et, en plus, notre nature, comme si elle connaissait notre caractĂšre, a oubliĂ© de se parer au mieux. Pourquoi, par exemple, est-elle si dĂ©veloppĂ©e chez nous l’habitude trĂšs dĂ©sagrĂ©able de toujours contrĂŽler, Ă©plucher nos impressions – souvent sans aucun besoin – et, parfois mĂȘme, d’évaluer le plaisir futur, qui n’est pas encore rĂ©alisĂ©, de le soupeser, d’en ĂȘtre satisfait d’avance en rĂȘve, de se contenter de la fantaisie et, naturellement, aprĂšs, de n’ĂȘtre bon Ă  rien pour une affaire rĂ©elle ? Toujours nous froisserons et dĂ©chirerons la fleur pour sentir mieux son parfum, et ensuite nous nous rĂ©volterons quand, au lieu de parfum, il ne restera plus qu’une fumĂ©e. Et cependant, il est difficile de dire ce que nous deviendrions si nous n’avions pas au moins ces quelques jours dans toute l’annĂ©e et si nous ne pouvions satisfaire par la diversitĂ© des phĂ©nomĂšnes de la nature notre soif Ă©ternelle, inextinguible de la vie naturelle, solitaire. Et enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant Ă©ternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activitĂ© extĂ©rieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en ĂȘtre malade, de ses propres illusions, de ses propres chimĂšres, de sa propre rĂȘverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tĂąche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore. Et la soif d’activitĂ© arrive chez nous jusqu’à l’impatience fĂ©brile. Tous dĂ©sirent des occupations sĂ©rieuses, beaucoup avec un ardent dĂ©sir de faire du bien, d’ĂȘtre utiles, et, peu Ă  peu, ils commencent dĂ©jĂ  Ă  comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilitĂ© sociale de ne rien faire, mais dans l’activitĂ© infatigable, dans le dĂ©veloppement et l’exercice de toutes nos facultĂ©s.
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Fyodor Dostoevsky
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JULIETTE.—Oh! manque, mon coeur! Pauvre banqueroutier, manque pour toujours; emprisonnez-vous, mes yeux; ne jetez plus un seul regard sur la libertĂ©. Terre vile, rends-toi Ă  la terre; que tout mouvement s’arrĂȘte, et qu’une mĂȘme biĂšre presse de son poids et RomĂ©o et toi. LA NOURRICE.—O Tybalt, Tybalt! le meilleur ami que j’eusse! O aimable Tybalt, honnĂȘte cavalier, faut-il que j’aie vĂ©cu pour te voir mort! JULIETTE.—Quelle est donc cette tempĂȘte qui souffle ainsi dans les deux sens contraires? RomĂ©o est-il tuĂ©, et Tybalt est-il mort? Mon cousin chĂ©ri et mon Ă©poux plus cher encore? Que la terrible trompette sonne donc le jugement universel. Qui donc est encore en vie, si ces deux-lĂ  sont morts? LA NOURRICE.—Tybalt est mort, et RomĂ©o est banni: RomĂ©o, qui l’a tuĂ©, est banni. JULIETTE.—O Dieu! la main de RomĂ©o a-t-elle versĂ© le sang de Tybalt? LA NOURRICE.—Il l’a fait, il l’a fait! O jour de malheur! il l’a fait! JULIETTE.—O coeur de serpent cachĂ© sous un visage semblable Ă  une fleur! jamais dragon a-t-il choisi un si charmant repaire? Beau tyran, angĂ©lique dĂ©mon, corbeau couvert des plumes d’une colombe, agneau transportĂ© de la rage du loup, mĂ©prisable substance de la plus divine apparence, toi, justement le contraire de ce que tu paraissais Ă  juste titre, damnable saint, traĂźtre plein d’honneur! O nature, qu’allais-tu donc chercher en enfer, lorsque de ce corps charmant, paradis sur la terre, tu fis le berceau de l’ñme d’un dĂ©mon? Jamais livre contenant une aussi infĂąme histoire porta-t-il une si belle couverture? et se peut-il que la trahison habite un si brillant palais? LA NOURRICE.—Il n’y a plus ni sincĂ©ritĂ©, ni foi, ni honneur dans les hommes; tous sont parjures, corrompus, hypocrites. Ah! oĂč est mon valet? Donnez-moi un peu d’aqua vité
.. Tous ces chagrins, tous ces maux, toutes ces peines me vieillissent. Honte soit Ă  RomĂ©o! JULIETTE.—Maudite soit ta langue pour un pareil souhait! Il n’est pas nĂ© pour la honte: la honte rougirait de s’asseoir sur son front; c’est un trĂŽne oĂč on peut couronner l’honneur, unique souverain de la terre entiĂšre. Oh! quelle brutalitĂ© me l’a fait maltraiter ainsi? LA NOURRICE.—Quoi! vous direz du bien de celui qui a tuĂ© votre cousin? JULIETTE.—Eh! dirai-je du mal de celui qui est mon mari? Ah! mon pauvre Ă©poux, quelle langue soignera ton nom, lorsque moi, ta femme depuis trois heures, je l’ai ainsi dĂ©chirĂ©? Mais pourquoi, traĂźtre, as-tu tuĂ© mon cousin? Ah! ce traĂźtre de cousin a voulu tuer mon Ă©poux.—Rentrez, larmes insensĂ©es, rentrez dans votre source; c’est au malheur qu’appartient ce tribut que par mĂ©prise vous offrez Ă  la joie. Mon Ă©poux vit, lui que Tybalt aurait voulu tuer; et Tybalt est mort, lui qui aurait voulu tuer mon Ă©poux. Tout ceci est consolant, pourquoi donc pleurĂ©-je? Ah! c’est qu’il y a lĂ  un mot, plus fatal que la mort de Tybalt, qui m’a assassinĂ©e.—Je voudrais bien l’oublier; mais, ĂŽ ciel! il pĂšse sur ma mĂ©moire comme une offense digne de la damnation sur l’ñme du pĂ©cheur. Tybalt est mort, et RomĂ©o est
.. banni! Ce banni, ce seul mot banni, a tuĂ© pour moi dix mille Tybalt. La mort de Tybalt Ă©tait un assez grand malheur, tout eĂ»t-il fini lĂ ; ou si les cruelles douleurs se plaisent Ă  marcher ensemble, et qu’il faille nĂ©cessairement que d’autres peines les accompagnent, pourquoi, aprĂšs m’avoir dit: «Tybalt est mort,» n’a-t-elle pas continuĂ©: «ton pĂšre aussi, ou ta mĂšre, ou tous les deux?» cela eĂ»t excitĂ© en moi les douleurs ordinaires. Mais par cette arriĂšre-garde qui a suivi la mort de Tybalt, RomĂ©o est banni; par ce seul mot, pĂšre, mĂšre, Tybalt, RomĂ©o, Juliette, tous sont assassinĂ©s, tous morts. RomĂ©o banni! Il n’y a ni fin, ni terme, ni borne, ni mesure dans la mort qu’apporte avec lui ce mot, aucune parole ne peut sonder ce malheur.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Voici quelques types de rĂ©actions anormales : mourir de faim face Ă  l'abondance ; rester exposĂ© au froid, Ă  la pluie et Ă  la neige, en prĂ©sence de charbon, de matĂ©riel de construction et de place pour bĂątir ; croire qu'une puissance divine Ă  longue barbe blanche rĂ©git toutes choses et que l'on est Ă  la merci de cette puissance pour le bien comme pour le mal ; massacrer d'innocentes personnes avec enthousiasme, et croire que l'on doit conquĂ©rir une rĂ©gion dont on n'avait jamais entendu parler auparavant ; marcher en haillons et se considĂ©rer en mĂȘme temps comme le reprĂ©sentant de la "grandeur de la nation" ; oublier ce qu'un politicien avait promis avant de devenir chef de l'Etat ; dĂ©lĂ©guer Ă  quelque individu que ce soit, fussent-ils hommes d'Etat, un pouvoir quasi absolu sur sa propre vie et son propre destin ; ĂȘtre incapable de comprendre que les soi-disant grands timoniers de l'Etat doivent eux aussi dormir, manger, rĂ©pondre Ă  l'appel de la nature, qu'eux aussi sont gouvernĂ©s par des pulsions affectives inconscientes et incontrĂŽlables, et souffrent de dĂ©rangements sexuels comme tout autre mortel ; considĂ©rer comme Ă©vident qu'il faut battre les enfants dans l'intĂ©rĂȘt de la "culture" ; refuser aux adolescents, qui sont dans la fleur de l'Ăąge, le bonheur de l'union sexuelle ; et l'on peut multiplier les exemples Ă  l'infini. (p. 29-30, PrĂ©face de la deuxiĂšme Ă©dition)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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« Ce qui est important, c'est de ne pas ĂȘtre aigri par les dĂ©ceptions de la vie. Apprendre Ă  oublier le passĂ© et savoir que chaque journĂ©e ne sera pas ensoleillĂ©e. Et quand vous vous retrouvez perdu dans l'obscuritĂ© du dĂ©sespoir, il faut se souvenir que c'est seulement dans la nuit noire que vous pouvez voir les Ă©toiles, et ces Ă©toiles vous reconduiront chez vous. »
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CĂ©cile De Grasse (Le Bonheur - 365 Citations Inspirantes (French Edition))