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Je pense de manière toujours plus intense–et plus résignée–à ces deux Roumains, sinon ignorés, à tout le moins restés quasi anonymes : Enescu et Lipatti. Quand on parle d’eux, la plupart du temps, on évoque les interprètes. Et même dans ce cas, peu de Français savent ou acceptent que leur façon d’interpréter Bach, Mozart, Chopin (et pas seulement), il y a un demi-siècle, était aussi novatrice que juste. La meilleure preuve, c’est qu’aujourd’hui on revient à leur vision de Bach, de Mozart et de Chopin. Mais, si l’on se souvient du compositeur Enescu une fois de temps en temps, personne n’a gardé le souvenir de Lipatti. Et surtout pas de son sublime, de son extraordinaire (je mesure mes qualificatifs) Concert pour orgue et piano. Quand a-t-il été écrit ? Dédié à Nadia Boulanger–elle devait jouer la partie d’orgue –, il a sans doute été composé au cours de la première moitié des années quarante.
(p. 37)
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