â
Je suis sa reine, mais il nâest pas mon roi. (I am his queen, but he is not my king)
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Charlotte Brontë (Villette)
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Je confiai mes peines Ă un vieil Arabe qui me dit: Mon fils, ne dĂ©sespĂ©rez pas; il y avait autrefois un grain de sable qui se lamentait d'ĂȘtre un atome ignorĂ© dans les dĂ©serts; au bout de quelques annĂ©es il devint diamant, et il est Ă prĂ©sent le plus bel ornement de la couronne du roi des Indes.
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â
Voltaire (Zadig ou La Destinée: Voltaire (French Edition))
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Mon cĆur s'est Ă©garĂ© sur une Ă©toile ; comment pourrait-il se plaire avec la lune ? Celui Ă qui convient la poussiĂšre ne regarde pas la rose, quoique la rose soit plus prisĂ©e que la poussiĂšre ; et quiconque trouve pour son cĆur un remĂšde dans le vinaigre ne trouverait dans le miel qu'une augmentation de douleur.
â
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Abolqasem Ferdowsi (ShĂąhnĂąmeh : Le Livre des Rois persans)
â
Sagesse (I,X)
Non. Il fut gallican, ce siÚcle, et janséniste !
C'est vers le Moyen Age énorme et délicat
Qu'il faudrait que mon cĆur en panne naviguĂąt,
Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste.
Roi, politicien, moine, artisan, chimiste,
Architecte, soldat, médecin, avocat,
Quel temps ! Oui, que mon cĆur naufragĂ© rembarquĂąt
Pour toute cette force ardente, souple, artiste !
Et lĂ que j'eusse part - quelconque, chez les rois
Ou bien ailleurs, n'importe, - Ă la chose vitale,
Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits,
Haute théologie et solide morale,
Guidé par la folie unique de la Croix
Sur tes ailes de pierre, Î folle Cathédrale !
â
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Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
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Dans le royaume des aveugles les borgnes sont rois. Tous ces gens-lĂ , voyez-vous, sont des mĂ©diocres, parce quâils ont lâesprit entre deux murs, â lâargent et la politique. â Ce sont des cuistres, mon cher, avec qui il est impossible de parler de rien, de rien de ce que nous aimons. Leur intelligence est Ă fond de vase, ou plutĂŽt Ă fond de dĂ©potoir, comme la Seine Ă AsniĂšres.
â
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Guy de Maupassant (Bel-Ami)
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Je suis un de ces ĂȘtres exceptionnels, oui, monsieur, et je crois que, jusqu'Ă ce jour, aucun homme ne s'est trouvĂ© dans une position semblable Ă la mienne. Les royaumes des rois sont limitĂ©s, soit par des montagnes, soit par des riviĂšres, soit par un changement de mĆurs, soit par une mutation de langage. Mon royaume, Ă moi, est grand comme le monde, car je ne suis ni Italien, ni Français, ni Indou, ni AmĂ©ricain, ni Espagnol: je suis cosmopolite.
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Alexandre Dumas (The Son of Monte-Cristo; Volume I)
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Les rois, comme les femmes, croient que tout leur est dĂ». Quelque triste que soit ce principe, il est vrai, mais ne dĂ©flore point l'Ăąme. Placez vos sentiments purs en des lieux inaccessibles oĂč leurs fleurs soient passionnĂ©ment admirĂ©es, oĂč l'artiste rĂȘvera presque amoureusement au chef-d'Ćuvre. Les devoirs, mon ami, ne sont pas des sentiments. Faire ce qu'on doit n'est pas faire ce qui plaĂźt. Un homme doit aller mourir froidement pour son pays, et peut donner avec bonheur sa vie Ă une femme.
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â
Honoré de Balzac (Le Lys dans la vallée)
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«Regardez, regardez, continua le comte en saisissant chacun des deux jeunes gens par la main, regardez, car, sur mon Ăąme, c'est curieux, voilĂ un homme qui Ă©tait rĂ©signĂ© Ă son sort, qui marchait Ă l'Ă©chafaud, qui allait mourir comme un lĂąche, c'est vrai, mais enfin il allait mourir sans rĂ©sistance et sans rĂ©crimination: savez-vous ce qui lui donnait quelque force? savez-vous ce qui le consolait? savez-vous ce qui lui faisait prendre son supplice en patience? c'est qu'un autre partageait son angoisse; c'est qu'un autre allait mourir comme lui; c'est qu'un autre allait mourir avant lui! Menez deux moutons Ă la boucherie, deux bĆufs Ă l'abattoir, et faites comprendre Ă l'un d'eux que son compagnon ne mourra pas, le mouton bĂȘlera de joie, le bĆuf mugira de plaisir mais l'homme, l'homme que Dieu a fait Ă son image, l'homme Ă qui Dieu a imposĂ© pour premiĂšre, pour unique, pour suprĂȘme loi, l'amour de son prochain, l'homme Ă qui Dieu a donnĂ© une voix pour exprimer sa pensĂ©e, quel sera son premier cri quand il apprendra que son camarade est sauvĂ©? un blasphĂšme. Honneur Ă l'homme, ce chef-d'Ćuvre de la nature, ce roi de la crĂ©ation!»
â
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Alexandre Dumas (Le Comte de Monte-Cristo, Tome II (The Count of Monte Cristo, part 2 of 4))
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Oh ! aimer une femme ! ĂȘtre prĂȘtre ! ĂȘtre haĂŻ ! lâaimer de toutes les fureurs de son Ăąme, sentir quâon donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommĂ©e, son salut, lâimmortalitĂ© et lâĂ©ternitĂ©, cette vie et lâautre ; regretter de ne pas ĂȘtre roi, gĂ©nie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; lâĂ©treindre nuit et jour de ses rĂȘves et de ses pensĂ©es ; et la voir amoureuse dâune livrĂ©e de soldat ! et nâavoir Ă lui offrir quâune sale soutane de prĂȘtre dont elle aura peur et dĂ©goĂ»t ! Ătre prĂ©sent, avec sa jalousie et sa rage, tandis quâelle prodigue Ă un misĂ©rable fanfaron imbĂ©cile des trĂ©sors dâamour et de beautĂ© ! Voir ce corps dont la forme vous brĂ»le, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers dâun autre ! Ă ciel ! aimer son pied, son bras, son Ă©paule, songer Ă ses veines bleues, Ă sa peau brune, jusquâĂ sâen tordre des nuits entiĂšres sur le pavĂ© de sa cellule, et voir toutes les caresses quâon a rĂȘvĂ©es pour elle aboutir Ă la torture ! Nâavoir rĂ©ussi quâĂ la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! ce sont lĂ les vĂ©ritables tenailles rougies au feu de lâenfer ! Oh ! bienheureux celui quâon scie entre deux planches, et quâon Ă©cartĂšle Ă quatre chevaux ! â Sais-tu ce que câest que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artĂšres qui bouillonnent, votre cĆur qui crĂšve, votre tĂȘte qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnĂ©s qui vous retournent sans relĂąche, comme sur un gril ardent, sur une pensĂ©e dâamour, de jalousie et de dĂ©sespoir ! Jeune fille, grĂące ! trĂȘve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je tâen conjure, la sueur qui ruisselle Ă grosses gouttes de mon front ! Enfant ! torture-moi dâune main, mais caresse-moi de lâautre ! Aie pitiĂ©, jeune fille ! aie pitiĂ© de moi !
â
â
Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
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Jusqu'à présent, lecteur, suivant l'antique usage,
Je te disais bonjour Ă la premiĂšre page.
Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;
En vérité, ce siÚcle est un mauvais moment.
Tout s'en va, les plaisirs et les moeurs d'un autre Ăąge,
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.
La politique, hélas ! voilà notre misÚre.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire.
Ătre rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.
Je veux, quand on m'a lu, qu'on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s'embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.
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Alfred de Musset
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Seigneur, voyez lâĂ©tat oĂč vous me rĂ©duisez.
Jâai vu mon pĂšre mort, et nos murs embrasĂ©s;
Jâai vu trancher les jours de ma famille entiĂšre,
Et mon époux sanglant traßné sur la poussiÚre,
Son fils seul avec moi, réservé pour les fers.
Mais que ne peut un fils! Je respire, je sers.
Jâai fait plus; je me suis quelquefois consolĂ©e
Quâici, plutĂŽt quâailleurs, le sort mâeĂ»t exilĂ©e;
Quâheureux dans son malheur, le fils de tant de rois,
Puisquâil devait servir, fĂ»t tombĂ© sous vos lois;
Jâai cru que sa prison deviendrait son asile.
Jadis Priam soumis fut respectĂ© dâAchille:
Jâattendais de son fils encor plus de bontĂ©.
Pardonne, cher Hector, à ma crédulité!
Je nâai pu soupçonner ton ennemi dâun crime :
MalgrĂ© lui-mĂȘme enfin je lâai cru magnanime.
Ah! sâil lâĂ©tait assez pour nous laisser du moins
Au tombeau quâĂ ta cendre ont Ă©levĂ© mes soins,
Et que, finissant lĂ sa haine et nos misĂšres,
Il ne séparùt point des dépouilles si chÚres!
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Jean Racine (Andromaque)
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Mais oui, maĂźtresse... Tenez ! juste au-dessus de nous, voilĂ le Chemin de saint Jacques (la Voie lactĂ©e). Il va de France droit sur lâEspagne. Câest saint Jacques de Galice qui lâa tracĂ© pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsquâil faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des Ames (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois Ă©toiles qui vont devant sont les Trois BĂȘtes, et cette toute petite contre la troisiĂšme câest le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie dâĂ©toiles qui tombent ? Ce sont les Ăąmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le RĂąteau ou les Trois Rois (Orion). Câest ce qui nous sert dâhorloge, Ă nous autres. Rien quâen les regardant, je sais maintenant quâil est minuit passĂ©. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette Ă©toile-lĂ , voici ce que les bergers racontent. Il paraĂźt quâune nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la PoussiniĂšre (la PlĂ©iade), furent invitĂ©s Ă la noce dâune Ă©toile de leurs amies. PoussiniĂšre, plus pressĂ©e, partit, dit-on, la premiĂšre, et prit le chemin haut. Regardez-la, lĂ -haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupĂšrent plus bas et la rattrapĂšrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout Ă fait derriĂšre, et furieux, pour les arrĂȘter, leur jeta son bĂąton. Câest pourquoi les Trois Rois sâappellent aussi le BĂąton de Jean de Milan... Mais la plus belle de toutes les Ă©toiles, maĂźtresse, câest la nĂŽtre, câest lâEtoile du Berger, qui nous Ă©claire Ă lâaube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court aprĂšs Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans
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Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
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Le Roi des Aulnes
Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent ?
C'est le pĂšre avec son enfant ;
Il serre le petit garçon dans son bras,
Il le serre bien, il lui tient chaud.
« Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage ?
â PĂšre, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le Roi des Aulnes avec sa traĂźne et sa couronne ?
â Mon fils, c'est un banc de brouillard.
â Cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai Ă de trĂšs beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mĂšre possĂšde de nombreux habits d'or.
â Mon pĂšre, mon pĂšre, et n'entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet Ă voix basse ?
â Sois calme, reste calme, mon enfant !
C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.
â Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ?
Mes filles s'occuperont bien de toi
Mes filles mĂšneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses.
â Mon pĂšre, mon pĂšre, et ne vois-tu pas lĂ -bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ?
â Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.
â Je t'aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force.
â Mon pĂšre, mon pĂšre, maintenant il m'empoigne !
Le Roi des Aulnes m'a fait mal ! »
Le pĂšre frissonne d'horreur, il galope Ă vive allure,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant,
Il arrive Ă grand-peine Ă son port ;
Dans ses bras l'enfant était mort.
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Charles Nodier
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Ainsi, j'avais appris comment mon pays avait été conquis par la France. On ne m'en avait jamais parlé. Ce n'était pas que nos aßnés voulaient dissimuler ce pan de notre histoire peu glorieux mais ils en étaient ignorants. Un coup d'éventail. Le dey Hussein d'Alger - sorte d'administrateur -, qui gérait l'Algérie pour le compte de l'empire ottoman, avait exigé du représentant du roi Charles X qu'il honore la dette de son pays. à l'époque, l'Algérie était le premier exportateur de céréales pour la France. Le représentant de Charles X avait méprisé Hussein, arguant qu'un sous-fifre ne donnait pas d'ordre au roi de France. Hussein, humilié et ridiculisé devant sa cour, l'avait souffleté trois fois avec son éventail. Quelques mois plus tard, Charles X envoyait son armada corriger la piÚtre armée du Dey Hussein. Battu sans livrer combat, il avait été chassé comme un malpropre d'Alger. Quatre-vingt-dix ans plus tard, des hommes comme moi se retrouvaient à porter l'uniforme pour défendre cette France qui nous avait mis à genoux.
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Akli Tadjer (d'Amour et de Guerre)
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Parce que j'ai toujours rĂȘvĂ© qu'on vienne m'arracher de ma solitude depuis toute petite, et que c'est exactement ce qu'il a fait. Son geste a recollĂ© quelques morceaux Ă©pars de mon cĆur meurtri.
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Maloria Cassis (Mon beau sapin roi des embrouilles)
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Va jusqu'en leur pays leur reporter la guerre,
Commander mon armée, et ravager leur terre :
A ce nom seul de Cid ils tremblerons d'effroi ;
Ils t'ont nommé Seigneur, et te voudront pour roi. - Don Fernand à Don Rodrigue.
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Pierre Corneille (Le Cid)
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Va jusqu'en leur pays leur reporter la guerre,
Commander mon armée, et ravager leur terre,
A ce nom seul de Cid ils tremblerons d'effroi,
Ils t'ont nommé Seigneur, et te voudront pour roi.
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Pierre Corneille (Le Cid)
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AprĂšs cela, la situation a empirĂ© plus que jamais. Ma reine avait disparu de ma vie, dĂ©trĂŽnĂ©e par un roi nommĂ© Bacchus. La vĂ©ritĂ© est que je nâai guĂšre de souvenirs de cet hiver-lĂ , et que je ne me suis jamais comportĂ© aussi misĂ©rablement, avant ni aprĂšs. Faut croire que câĂ©tait dĂ» au fait que le courage dâen finir mâa manquĂ©. Je me suis couvert de honte ici, dans la rĂ©gion, et je ne te cacherai pas que lâamertume me rongeait jusquâĂ lâos. De braves gens de la commune ont Ă©tĂ© charitables Ă mon Ă©gard, mais je mâen battais lâĆil de leur bontĂ©, Helga, et des bĂȘtes pareillement. BĂ©nie soit la bontĂ© humaine. De mĂȘme que jâai prĂ©fĂ©rĂ© mâattarder sur les Ă©claircies plutĂŽt que sur les averses en tâĂ©crivant ces lignes, je ne dirai rien de plus sur cette pĂ©riode humiliante, mais jâĂ©voquerai la façon dont je suis revenu Ă moi-mĂȘme.
Quand ta lettre est arrivée.
â
â
Bergsveinn Birgisson
â
Pourtant, aujourd'hui encore, quand la douleur se fait trop prĂ©sente et qu'aucun simple ne parvient Ă l'apaiser, quand je regarde le corps qui enferme mon esprit, je me rappelle mes jours de Loup ; pour moi ils ne durĂšrent pas quelques journĂ©es mais toute une saison de vie. Leur souvenir me rĂ©conforte et me tente aussi. Viens, viens chasser avec moi, souffle une voix dans mon cĆur ; dĂ©pouille-toi de ta souffrance, que ta vie soit tienne Ă nouveau ; il est un lieu oĂč tout temps est maintenant, oĂč les choix sont simples et ne sont jamais ceux d'un autre.
Les Loups n'ont pas de roi.
â
â
Robin Hobb
â
Liberté
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genĂȘts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lĂšvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaßtre
Pour te nommer
Liberté
â
â
Paul Ăluard
â
Je suis un ĂȘtre trĂšs ancien, voyez-vous. J'ai provoquĂ© la chute d'empires et me suis tenu au chevet de rois sur leur lit de mort. Des nations qui ont disparu dans les limbes de l'Histoire se sont affrontĂ©es pour le secret de mon nom.
â
â
Margaret Rogerson (Sorcery of Thorns (Sorcery of Thorns, #1))
â
â Vous n'irez nulle part, ma dame, gronda Sorente dans son dos. Vous allez d'abord vous retourner et vous prosterner Ă mes pieds pour prier mon pardon.
Entre eux, le jeu de la séduction était terminé, l'amant redevenu roi réclamait justice.
Le cĆur battant Ă tout rompre, LiamarĂ« dĂ©glutit, ferma les yeux avant de les rouvrir, prĂȘte Ă l'affronter, quoi qu'il lui en coĂ»te.
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Julianna Hartcourt (Le chant des Ăąmes (Fantasy - Elixir of Dragon) (French Edition))
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Non, c'est un désir d'homme, de vampire, et je ne souhaite pas salir cette beauté. Ma marque sera suffisante, mon sort tout autant.
â
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Victoria Chopin (Noël avec un vampire: une romance de Noël avec un vampire grumpy face à une humaine sunshine pleine de surprises ! (Les secrets du Roi brisé) (French Edition))
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Mon efficacitĂ© dans le combat concret et le corps Ă corps brutal apparaĂźt ridicule en comparaison de celle d'Edo. Certes. Mais moi, je sais creuser des gouffres de peines chez l'ĂȘtre le plus insensible. Je parviens Ă faire naĂźtre le dĂ©sir cruel, l'envie aliĂ©nante, la frustration implacable. J'obsĂšde, j'Ă©nerve, je tends et j'agace. Je fascine, j'excite, je dĂ©truis et rends dĂ©ment. Je suis le roi de l'artifice. Je fais exploser dans le ciel de ma victime des comĂštes hallucinatoires, des soleils dĂ©lirants et des Ă©clairs de folie avant de laisser tomber sur ses jours une nuit noire Ă©paisse et dense, qui ne prĂ©cĂšde aucune aurore prometteuse. Et si je suis vraiment d'humeur fouillis-souillonne comme maintenant, je peux en tirer un plaisir indĂ©cent quasi onaniste. Que l'on se rassure : je ne vais pas casser le jouet de mes petits camarades. Juste m'amuser un peu avec...
â
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Eli Esseriam (Oméga (Apocalypsis, #5))
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9 juin 1992, Ă Rabat, Alexandre de Marenches, ancien patron des Services secrets français [ et proche dâHassan II ] me dit : Sa MajestĂ© chĂ©rifienne vous attend ⊠Pressez-vous !
Le roi mâattend, debout dans la salle du trĂŽne et aprĂšs quelques propos sur la formation de techniciens marocains pour la gestion des ressources en eau, il attaque un tout autre sujet :
- Pourquoi nâaimez-vous pas Lyautey ?
- Sire, jâaime Lyautey !
- Pas vous, mais les Ă©lites françaises âŠ
- Câest Ă cause du colonialisme âŠ
- Mais Lyautey, ce nâest pas le colonialisme ! Câest la colonisation ! Le marĂ©chal fut un colonisateur tombĂ© amoureux du colonisĂ©. Nous, les Marocains, nous aimons Lyautey. Quand il mourut en 1934, mon pĂšre pleura et tint Ă aller Ă Thorey**, en Lorraine, sâincliner devant sa dĂ©pouille. Lyautey Ă©tait lâami de la dynastie alaouite. Il avait de la grandeur. Ce fut un seigneur. »
â
â
Philippe de Villiers (Le moment est venu de dire ce que j'ai vu)
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paroxysme de mon affection pour le roi ne correspond pas Ă lâĂ©treinte ni mĂȘme Ă sa prĂ©sence, mais aux heures suivant son dĂ©part durant lesquelles je pense ne pas survivre tant le manque est violent.
â
â
Elizabeth Lemay (Daddy Issues (French Edition))
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Je croyais savoir ce que ça signifiait d'ĂȘtre dĂ©passĂ©e par la beautĂ© des choses, quand j'Ă©tais plus jeune, de m'Ă©touffer sur elle comme on mange une vague en pleine face, mais j'avais pas encore appris que, derriĂšre le chaos, il y avait l'harmonie. Que mĂȘme si j'arrivais pas encore Ă la trouver, j'avais forcĂ©ment une place, juste Ă moi, dans la chorĂ©graphie incomprĂ©hensible de l'univers. Pas une place importante, on s'entend, du moins pas plus que n'importe quelle grenouille qui pondait de la glu dans le ruisseau longeant mon terrain, mais une place quand mĂȘme, qui ne prenait son sens que lorsqu'on regardait la Terre de trĂšs haut, de trĂšs loin, et que par consĂ©quent j'avais le droit d'exister.
â
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Gabrielle Lisa Collard (La mort de Roi)
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. LâarmĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans lâarmĂ©e de Han, on chantait des chants de Tchâou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă lui toute la population de Tchâou ? Comment va-t-il tant de gens de Tchâou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours lâaccompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers :
« Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ;
Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ;
Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ?
Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? »
Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait dâabondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun dâeux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder.
Puis le roi Hiang monta Ă cheval, et, avec une escorte dâenviron huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui lâenserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusquâau jourâŠ
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China, Sima Qian, Xiang Yu
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. LâarmĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans lâarmĂ©e de Han, on chantait des chants de Tchâou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă lui toute la population de Tchâou ? Comment va-t-il tant de gens de Tchâou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours lâaccompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers :
« Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ;
Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ;
Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ?
Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? »
Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait dâabondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun dâeux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder.
Puis le roi Hiang monta Ă cheval, et, avec une escorte dâenviron huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui lâenserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusquâau jourâŠ
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Sima Qian (Mémoires historiques - DeuxiÚme Section (French Edition))
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Si j'examine crûment mes forces et mes faiblesses, je n'ai d'autre arme que mon esprit. Mon frÚre a son épée, le Roi Robert sa masse d'armes, moi mon esprit... et l'esprit a autant besoin de livres qu'une épée de pierre à aiguiser pour conserver son tranchant.
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George R.R. Martin (A Game of Thrones 1: Le TrÎne De Fer L'intégrale)
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Cendrillon
Ă mon intime amour, timide Cendrillon
Qui chante dans mon Ăąme au cri-cri du grillon,
Seule prÚs du foyer désert ! quand par le monde
Les passions, tes sĆurs, mĂšnent leur folle ronde,
J'entends fluer le bruit tournant de ton fuseau
Comme un gazouillement d'onde autour du roseau.
Dans l'ombre que ta robe en haillons illumine,
Ta quenouille s'appuie au creux de ta poitrine,
Tu prends la cendre et l'or épars dans tes cheveux
Pour les mĂȘler au fil de ton travail frileux ;
Le froid ne te fait rien ni l'obscure demeure,
Car, lorsque le clocher s'émeut et te dit l'heure,
Ta marraine la fée apparaßt sur le seuil ;
Tu dĂ©pouilles alors tes vĂȘtements de deuil,
Et par ton doux désir tendrement poursuivie
Tu marches dans la fĂȘte et l'ardeur de la Vie.
Mignonne ! Il est minuit, de grĂące, hĂąte-toi !
Car il t'attend lĂ -bas, le pĂąle fils du roi,
Il s'accoude au balcon de son palais de songe
Pour voir venir vers lui le radieux mensonge,
Ton char aĂ©rien et tes frĂȘles coursiers,
Et, tel un rais de lune au front bleu des glaciers,
Le frisson de ta robe oĂč la neige se joue.
L'attente de l'aurore attriste un peu ta joue,
Et, comme un noble amour qui souffre d'ĂȘtre humain,
Ta grĂące sait cacher la crainte du destin.
Ă ma Cendrillon, cours vers la fĂȘte rapide,
Ris de voir scintiller ta parure évanide,
Et tourne sous les yeux des passions, tes sĆurs !
Toi qui flottes en moi par les soirs oppresseurs,
Belle création de mon ùme enfantine,
Symbole dont le sens Ă m'enivrer s'obstine,
Rien ne t'empĂȘchera d'ĂȘtre reine et d'aimer.
Quand les étoiles sont au céleste verger
Comme des fruits pendus Ă d'invisibles branches,
Tu passes dans l'air noir avec des robes blanches.
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Elena VÄcÄrescu (CĂźntec RomĂąnesc)
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La grenouille (prĂ©cipitamment) : AmĂšne-moi Ă la cour du roi, je suis lĂ depuis un siĂšcle, c'est humide tu ne peux pas savoir, nausĂ©abond avec ça, et trĂšs mal frĂ©quentĂ© ! Ăa grouille de cracra lĂ -dedans, ça chante, ça s'empiffre de petites bĂȘtes immondes !
Marie : O joie ! Vite, mon prince donne ta bouche que je la baise et te délivre.
La grenouille : Non non non non, je préfÚre qu'on fasse cela dans les rÚgles en présence de la cour, du roi et de la princesse.
Marie : Le roi, hélas, est mort ce soir.
La grenouille : Chouette, ainsi régnerai-je illico. Comment est la fille du roi ? A-t-elle beau visage et large croupe ? La dote ? Comment est la dote ? Le royaume est-il bien prospÚre ?
Marie (l'interrompant) : La fille du roi, c'est moi.
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Jean-Claude Grumberg (Marie des Grenouilles)
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â Laisse-moi rejoindre ma femme et mes hommes : il n'y a pas de place pour deux rois sur mon trĂŽne.
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Olivia Gometz (Les Carmidor : Trahir et Survivre (Les Carmidor, #1))
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Dans la mĂȘme collection en numĂ©rique Les MisĂ©rables Le messager dâAthĂšnes Candide LâEtranger RhinocĂ©ros Antigone Le pĂšre Goriot La Peste Balzac et la petite tailleuse chinoise Le Roi Arthur LâAvare Pierre et Jean LâHomme qui a sĂ©duit le soleil Alcools LâAffaire CaĂŻus La gloire de mon pĂšre LâOrdinatueur Le mĂ©decin malgrĂ© lui La riviĂšre Ă lâenvers - Tomek Le Journal dâAnne Frank Le monde perdu Le royaume de KensukĂ© Un Sac De Billes Baby-sitter blues Le fantĂŽme de maĂźtre Guillemin Trois contes Kamo, lâagence Babel Le Garçon en pyjama rayĂ© Les Contemplations Escadrille 80 Inconnu Ă cette adresse La controverse de Valladolid Les Vilains petits canards Une partie de campagne Cahier dâun retour au pays natal Dora Bruder LâEnfant et la riviĂšre Moderato Cantabile Alice au pays des merveilles Le faucon dĂ©nichĂ© Une vie Chronique des Indiens Guayaki Je voudrais que quelquâun mâattende quelque part La nuit de Valognes Ćdipe Disparition ProgrammĂ©e Education europĂ©enne Lâauberge rouge LâIlliade Le voyage de Monsieur Perrichon LucrĂšce Borgia Paul et Virginie Ursule MirouĂ«t Discours sur les fondements de lâinĂ©galitĂ© Lâadversaire La petite Fadette La prochaine fois Le blĂ© en herbe Le MystĂšre de la Chambre Jaune Les Hauts des Hurlevent Les perses Mondo et autres histoires Vingt mille lieues sous les mers 99 francs Arria Marcella Chante Luna Emile, ou de lâĂ©ducation Histoires extraordinaires Lâhomme invisible La bibliothĂ©caire La cicatrice La croix des pauvres La fille du capitaine Le Crime de lâOrient-Express Le Faucon maltĂ© Le hussard sur le toit Le Livre dont vous ĂȘtes la victime Les cinq Ă©cus de Bretagne No pasarĂĄn, le jeu Quand jâavais cinq ans je mâai tuĂ© Si tu veux ĂȘtre mon amie Tristan et Iseult Une bouteille dans la mer de Gaza Cent ans de solitude Contes Ă lâenvers Contes et nouvelles en vers Dalva Jean de Florette Lâhomme qui voulait ĂȘtre heureux LâĂźle mystĂ©rieuse La Dame aux camĂ©lias La petite sirĂšne La planĂšte des singes La Religieuse 35 kilos dâespoir
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Amandine Lilois (Le petit Nicolas: Analyse complĂšte de l'oeuvre (French Edition))
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Le Roi est mort, Vivre Dieu et mon pĂšre!
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Petra Hermans
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La poésie est fille de la nuit. NOIRE. pou la voir il faut ou braquer sur elle une lampe de poche --- c'est pourquoi, figée dans sa surprise, elle apparaßt à nombre de poÚtes comme une statue --- ou bien, fermer les teux por épouser la nuit. Invisibble, puisque noire dans le noir, pour se manifester à nous, la poésie fera usage alors, de sa voix. Le poÚte se laissera fléchir par elle. Il ne s'étonnera plus lorque, confiante, cette voix, pour lui, prendra la forme d'une main: il lui tendra les siennes.
[...]
Le poÚte est son poÚme. Il incarne l'aventure offerte au langage. Il est, dans l'immense coquillage de l'univers, la tentative absurde et toujours renouvelée de l'hußtre, de perler l'infini.
[...]
Le mot hante le mot. Prisonnier des lettres qui le forment --- comme l'homme de son corps ou de sa condition --- une immense espĂ©rance, en pleine mer oisive, l'anime. Que de problĂšmes d'Ă©criture l'hostilitĂ© de l'Ă©quiĂĄge soulĂšve. Et d'abord celle de la communication, de la circulation des idĂ©es. Le mot est l'ennemi de l'idĂ©e. L'idĂ©e, c'est le pĂ©chĂ© originel. Le besoin de libertĂ© du mot grandit Ă mesure que l'Ă©crivain prend conscience de son art. Il y a un appel Ă©mouvant, entĂȘtĂ© du mot. Le poĂšte y rĂ©pond, considĂšre essentiel son rĂ”le d'y rĂ©pondre. La libertĂ© y est en jeu.
Il y a le mot pour mot
Enfant en mal
de croissance
Il y a le mal
du mot-enfant
"Mon Dieu, faites qu'Ă l'Ă©cole, demain, je sache orthographier 'ChrysanthĂšme'; qu'entre les diffĂ©rentes façons d'Ă©crire ce mot, je tombe sur la bonne. Mon Dieu, faites que les lettres qui le livrent me viennent en aide, que je n'en mette pas plus ni moins. Mon Dieu, faites que mon maĂźtre comprenne qu'il s'agit bien de la fleur qu'il affectionne et non de la pyxide dont je puis Ă volontĂ© colorier la carcasse, denteler l'ombre et le fond des yeux et qui hante mes rĂȘveries."
Il y a le mot-mélomane
festival des passions
Il y a le mot-musique
clé des rois
Art de vivre dans la pierre
il y a le mot-architecte
[...]
Le poÚte est rivé au poÚme, comme le mot à la mort du monde qui le projette
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Edmond JabĂšs (Je bĂątis ma demeure : PoĂšmes 1943-1957)
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â Alors, dit-il, ça ne vous fait rien de penser que ce meuble a peut-ĂȘtre vu la reine Marie-Antoinette en chemise de nuit ? â DâaprĂšs son Ă©tat, dit mon pĂšre, ça ne mâĂ©tonnerait pas quâil ait vu le roi HĂ©rode en caleçons !
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Marcel Pagnol (La Gloire de mon pĂšre)
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à rage ! Î désespoir ! Î viellesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trÎne de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi
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Pierre Corneille (Le Cid)
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Quand aux traditions «prĂ©-hindoues» dans lâInde, je me suis sans doute insuffisamment expliquĂ©. Il est bien entendu que tous les peuples sont ou ont Ă©tĂ© en possession de traditions qui dĂ©rivent dâune source unique, mais de façon plus ou moins distincte. Les traditions summĂ©riennes, dravidiennes, etc., paraissent procĂ©der de formes se rattachant plus spĂ©cialement Ă certains centres secondaires, tandis que la tradition «hindoue», venue du Nord, est celle qui provient le plus directement de la Tradition primordiale (pour notre Manvantara), indiquĂ© partout comme «polaire» Ă lâorigine. Ceci a naturellement un lien direct avec la question du «Paradis Terrestre» Ă laquelle vous faĂźtes allusion, et dont jâai dĂ©jĂ parlĂ© dans mon livre «Le Roi du Monde», ce qui nâempĂȘche que jây reviendrai peut-ĂȘtre encore quelque jour comme vous le me suggĂ©rez. - Pour ce qui est de lâanalogie des Ă©vĂ©nements historiques avec les principes, dâoĂč leur valeur symbolique (qui nâexclue aucunement leur rĂ©alitĂ© de fait), jây ai insistĂ© souvent; câest lĂ une chose que les occidentaux semblent avoir beaucoup de peine Ă comprendre en gĂ©nĂ©ral.
[lettre Ă Ananda Coomaraswamy 24 juin 1935]
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René Guénon
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C'est alors que Samilia descendit de cheval et s'avança vers Sango Kerim. Il Ă©tait blĂȘme. Il ne pouvait croire qu'elle Ă©tait lĂ . Devant lui.
- Ne souris pas en ton Ăąme, Sango Kerim, lui dit-elle, car c'est le malheur qui se prĂ©sente Ă toi. Si tu m'offres l'hospitalitĂ© de ton campement, il n'y aura plus de trĂȘve. La guerre sera fĂ©roce. Et Kouame, comme un sanglier furieux, n'aura de cesse qu'il ne t'ouvre le ventre et ne fourrage tes viscĂšres. Il me l'a dit. Et il faut le croire. Je me prĂ©sente Ă toi et te demande l'hospitalitĂ© mais je ne serai pas ta femme. Pas avant que cette guerre ne s'achĂšve. Je serai lĂ . Je partagerai ces instants avec toi. Je veillerai sur toi, mais tu ne pourras jouir de moi avant que tout cela soit fini. Tu le vois, Sango Kerim, c'est le malheur qui se prĂ©sente Ă toi et te demande l'hospitalitĂ©. Tu peux me chasser. Il n'y aurait pas de honte Ă cela. Cela serait mĂȘme le geste d'un grand roi car tu sauverais ainsi la vie de milliers d'hommes.
Sango Kerim s'agenouilla et baisa la terre qui était entre lui et Samilia. Puis, en regardant cette femme avec le désir de toutes ces années accumulées, il lui dit :
- Ce campement est à toi. Tu y régneras comme ton pÚre régnait sur Massaba. Je t'offre mon armée. Je t'offre mon corps. Et chacune de mes pensées. Et si tu t'appelles malheur, alors oui, je veux étreindre le malheur tout entier et ne vivre que de cela.
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Laurent Gaudé (La Mort du roi Tsongor)
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Dans lâintemporel, la libertĂ© prĂȘtĂ©e aux ĂȘtres individuels retourne Ă sa source divine ; en « ce jour-là », Dieu seul est le « Roi absolu » : lâessence mĂȘme du libre arbitre », son fond inconditionnĂ©, sâidentifie dĂšs lors Ă lâActe divin. Câest en Dieu seul que la libertĂ©, lâacte et la vĂ©ritĂ© coĂŻncident, et câest pour cela que certains Soufis disent que les ĂȘtres, au jugement dernier, se jugeront eux-mĂȘmes en Dieu, conformĂ©ment dâailleurs Ă un texte coranique selon lequel ce sont les membres de lâhomme qui accusent ce dernier.
Lâhomme est jugĂ© dâaprĂšs sa tendance essentielle ; celle-ci peut ĂȘtre conforme Ă lâattraction divine, elle peut ĂȘtre opposĂ©e Ă elle ou encore indĂ©cise entre les deux directions ; ce sont lĂ respectivement les voies de « ceux sur lesquels est Ta grĂące », de « ceux qui subissent Ta colĂšre », et de « ceux qui errent », câest-Ă -dire qui se dispersent dans lâindĂ©finitĂ© de lâexistence, oĂč ils tournent pour ainsi dire en rond. En parlant de ces trois tendances, le ProphĂšte dessina une croix : la « voie droite » est la verticale ascendante ; la « colĂšre divine » agit en sens inverse ; la dispersion de ceux qui « errent » est dans lâhorizontale. Les mĂȘmes tendances fondamentales se retrouvent dans tout lâunivers ; elles constituent les dimensions ontologiques de la « hauteur » (at-tĂ»l), de la « profondeur » (al-âumq) et de lâ« ampleur » (al-âurd). LâHindouisme dĂ©signe ces trois tendances cosmiques (gĂ»nas) par les noms de sattva, rajas et tamas, sattva exprimant la conformitĂ© au Principe, rajas la dispersion centrifuge et tamas la chute, non seulement dans un sens dynamique et cyclique, bien entendu, mais aussi dans un sens statique et existentiel.
On peut dire Ă©galement quâil nây a, pour lâhomme, quâune seule tendance essentielle, celle qui le ramĂšne vers sa propre Essence Ă©ternelle ; toutes les autres tendances ne sont que lâexpression de lâignorance crĂ©aturielle, aussi seront-elles retranchĂ©es, jugĂ©es. La demande que Dieu nous conduise sur la voie droite nâest donc rien dâautre que lâaspiration vers notre propre Essence prĂ©temporelle. Selon lâexĂ©gĂšse Ă©sotĂ©rique, la « voie droite » (aç-çirĂąt al-mustaqĂźm) est lâEssence unique des ĂȘtres, comme lâindique ce verset de la sourate HĂ»d : « Il nây a pas dâĂȘtre vivant que Lui (Dieu) ne tienne par la mĂšche de son front ; en vĂ©ritĂ©, mon Seigneur est sur une voie droite ». Ainsi cette priĂšre correspond Ă la demande essentielle et fonciĂšre de toute crĂ©ature ; elle est exaucĂ©e par lĂ mĂȘme quâelle est profĂ©rĂ©e.
Lâaspiration de lâhomme vers Dieu comporte les deux aspects quâexprime le verset: « Câest Toi que nous adorons [ou servons], et câest auprĂšs de Toi que nous cherchons refuge [ou aide] » ; lâadoration, câest lâeffacement de la volontĂ© individuelle devant la VolontĂ© divine, qui se rĂ©vĂšle extĂ©rieurement par la Loi sacrĂ©e et intĂ©rieurement par les mouvements de la GrĂące ; le recours Ă lâaide divine, câest la participation Ă la RĂ©alitĂ© divine par la GrĂące et, plus directement, par la Connaissance. En derniĂšre analyse, les mots : « Câest Toi que nous adorons » correspondent Ă lâ« extinction » (al-fanĂą), et les mots « câest auprĂšs de Toi que nous cherchons refuge » Ă la « subsistance » (al-baqĂą) dans lâĂtre pur. Le verset que nous venons de mentionner est ainsi lâ« isthme » (al-barzakh) entre les deux « ocĂ©ans » de lâĂtre (absolu) et de lâexistence (relative).
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Titus Burckhardt (Introduction to Sufi Doctrine (The Spiritual Classics))
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Viens mon roi. Ceins ta couronne de flammes blanches et de soufre bleu d'ou s'échappe une pluie étincelante de diamants et de saphyrs
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George Sande
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Câest ma fiertĂ© et ma joie. Je suis au service dâun maĂźtre infaillible. Je ne me place pas sous la conduite des hommes, sujette aux lois imparfaites et au contrĂŽle dĂ©voyĂ© de ces faibles vers de terre, mes semblables : mon roi, mon lĂ©gislateur, mon capitaine est lâinfiniment parfait.
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Charlotte Brontë (Jane Eyre)
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- Quel homme heureux je suis ! Il y a quelques jours encore, je n'Ă©tais rien. J'avais quittĂ© mon village et mes amours mortes pour partir Ă l'assaut de ma propre existence, ne sachant oĂč aller. Il aura donc suffi d'un besoin pressant Ă assouvir, d'une caverne providentielle, d'une tĂȘte de princesse flottant çà et lĂ , d'un mauvais sort Ă rompre et de seulement trois nuits de bastonnade pour que ma vie change du tout au tout ! Je n'Ă©tait qu'un conteur errant sans feu ni lieu, et par le miracle de l'amour, je serai bientĂŽt prince et sans doute roi du royaume de Bambulua
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Jean-Paul Delfino