Mes Amours Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Mes Amours. Here they are! All 100 of them:

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Tous mes anciens amours vont me revenir.' - All my old loves will be returned to me
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Carolyn Turgeon (Godmother: The Secret Cinderella Story)
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laisser entrer quelqu'un dans sa vie, c'est abattre les murs qu'on a construits pour se protéger, pas attendre que l'autre les enfonce !
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Je passe mes jours et mes nuits à tenter d'oublier Claire. C'est un travail à plein temps. Le matin, en me réveillant, je sais que telle sera ma seule occupation jusqu'au soir. J'ai un nouveau métier: oublieur de Claire. L'autre jour, à déjeuner, Jean Marie Périer m'a asséné : -Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un , c'est que tu ne l'aimes pas.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ÉgoĂŻste romantique)
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L'amour, tu vois, c'est comme l'oxygÚne, si on en manque trop longtemps on finit par en mourir. Tu m'as tellement aimée en quelques mois que j'ai eu des réserves d'amour pendant des années. Grùce à elles, j'ai pu affronter beaucoup de choses, mais j'arrive au bout de mes réserves, Martin.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Moi, je veux montrer mes qualitĂ©s; mais, je ne suis pas assez hypocrite pour cacher mes vices! Le rire, le mal, l'orgueil, la folie, paraitront, tour Ă  tour, entre la sensibilitĂ© et l'amour de la justice, et serviront d'exemple Ă  la stupĂ©faction humaine; chacun s'y reconnaitra, non pas tel qu'il devrait ĂȘtre, mais tel qu'il est.
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Au-dessus de mes mots maladroits, au-dessus des raisonnements qui me peuvent tromper, tu considÚres en moi simplement l'Homme. Tu honores en moi l'ambassadeur de croyances, de coutumes, d'amours particuliÚres. Si je diffÚre de toi, loin de te léser, je t'augmente. Tu m'interroges comme l'on interroge le voyageur.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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Dejar entrar a alguien en la vida de uno es abatir los muros construidos para protegerse, no esperar a que el otro los derribe.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Le problĂšme c'est que ma tĂȘte n'est jamais reposĂ©e. Mon cerveau est une maison de campagne pour dĂ©mons. Ils y viennent souvent et de plus en plus nombreux. Ils se font des apĂ©ros Ă  la liqueur de mes angoisses. Ils se servent de mon stress car ils savent que j'en ai besoin pour avancer. Tout est question de dosage. Trop de stress et mon corps explose. Pas assez, je me paralyse. Mais le dĂ©mon le plus violent, c'est bien moi. Surtout depuis que j'ai perdu la guerre mondiale de l'amour
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Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
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A partir de ahora, la vida te pertenece; nada te resultarĂĄ imposible, si lo deseas verdaderamente.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Sonnez, grelots; sonnez, clochettes; sonnez, cloches! Car mon rĂȘve impossible a pris corps et je l’ai Entre mes bras pressĂ© : le Bonheur, cet ailĂ© Voyageur qui de l’Homme Ă©vite les approches, - Sonnez grelots; sonnez, clochettes, sonnez, cloches! Le Bonheur a marchĂ© cĂŽte Ă  cĂŽte avec moi; Mais la FATALITÉ ne connaĂźt point de trĂȘve : Le ver est dans le fruit, le rĂ©veil dans le rĂȘve, Et le remords est dans l’amour : telle est la loi. - Le Bonheur a marchĂ© cĂŽte Ă  cĂŽte avec moi.
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Paul Verlaine (PoĂšmes saturniens)
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N'aie pas peur de mes paroles: une morte ne veut plus rien, elle ne veut ni amour, ni pitié, ni réconfort.
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Stefan Zweig (Letter from an Unknown Woman and Other Stories)
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Si la felicidad llama a tu puerta, no la dejes escapar.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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English: Ô, take this eager dance you fool, don’t brandish your stick at me. I have several reasons to travel on, on to the endless sea: I have lost my love. I’ve drunk my purse. My girl has gone, and left me rags to sleep upon. These old man’s gloves conceal the hands with which I’ve killed but one! Francais: Idiot, prends cette danse ardente, au lieu de tendre ton bĂąton. J'en ai des raisons de voyager encore sur la mer infinie: J'ai perdu l'amour et j'ai bu ma bourse. Ma belle m'a quittĂ©, j'ai ses haillons pour m'abriter. Mes gants de vieillard cachent les mains d'un fameux assassin!
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Roman Payne (The Basement Trains: A 21st Century Poem (English and French Edition))
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Amour de ma vie ... ton image hante mes nuits, me poursuit le jour, elle remplit ma vie .. " Love of my life, your image haunts my nights, follows me all the day, fulfills my life.
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Rachel L. Demeter (The Frost of Springtime)
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Ce sentiment est−il donc le seul que vous puissiez connaĂźtre, et l'amour aura−t−il ce tort de plus Ă  mes yeux, d'exclure l'amitiĂ© ?
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
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Je suis si persuadée que l'amour est une chose incommode que j'ai de la joie que mes amis et moi en soyons exempts.
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Madame de La Fayette
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«La prunelle de mes yeux.» L’expression peine Ă  rendre ce qui lie le parent Ă  son nouveau-nĂ©. La prunelle de ses yeux, on pouvait la lui arracher sans qu’il tombe – la moelle de mes os s’approcherait davantage, pour dire que ça parcourt tout ce qu’on est, et qu’il s’agit du lien qui s’établit, avant mĂȘme qu’on soit capable de reconnaĂźtre son enfant parmi les autres.
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Virginie Despentes (Vernon Subutex 1 (Vernon Subutex, #1))
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Je prĂ©fĂšre au constance, Ă  l’opium, au nuits, L’élixir de ta bouche oĂč l’amour se pavane ; Quand vers toi mes dĂ©sirs partent en caravane, Tes yeux sont la citerne oĂč boivent mes ennuis.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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L’homme que j’aime, dont l’amour se heurte parfois Ă  mes absences, s’est inquiĂ©tĂ©, il y a quelque temps, de me voir entreprendre ce travail. C’est ainsi en tout cas que j’ai interprĂ©tĂ© sa question, posĂ©e avec une certaine prudence : avais-je besoin d’écrire ça ? Ce Ă  quoi, sans hĂ©sitation, j’ai rĂ©pondu que non. J’avais besoin d’écrire et ne pouvais Ă©crire rien d’autre, rien d’autre que ça. La nuance est de taille !
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Delphine de Vigan
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je finirai bien par te rencontrer quelque part bon dieu! et contre tout ce qui me rend absent et douloureux par le mince regard qui me reste au fond du froid j'affirme ĂŽ mon amour que tu existes je corrige notre vie nous n'irons plus mourir de langueur Ă  des milles de distance dans nos rĂȘves bourrasques des filets de sang dans la soif craquelĂ©e de nos lĂšvres les Ă©paules baignĂ©es de vols de mouettes non j'irai te chercher nous vivrons sur la terre la dĂ©tresse n'est pas incurable qui fait de moi une Ă©pave de dĂ©rision, un ballon d'indĂ©cence un pitre aux larmes d'Ă©tincelles et de lĂ©sions profondes frappe l'air et le feu de mes soifs coule-moi dans tes mains de ciel de soie la tĂȘte la premiĂšre pour ne plus revenir
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Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
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Contrairement Ă  la plupart des hommes un peu rĂ©flĂ©chis, je n'ai pas plus l'habitude du mĂ©pris de soi que de l'amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nĂ©cessaire et inĂ©vitable, bien qu'imprĂ©vu Ă  la minute qui prĂ©cĂšde, et dĂ©passĂ© Ă  la minute qui suit. Pris dans une sĂ©rie de dĂ©cisions toutes dĂ©finitives, pas plus qu'un animal, je n'avais eu le temps d'ĂȘtre un problĂšme Ă  mes propres yeux. (p. 158-159)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ɠuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă  ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage. Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă  une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. ThĂ©Ăątre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©. Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
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Éric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
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La curiosité de l'autre est toujours désespérément moins grande que la préservation de mon identité et de mes certitudes.
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Claire Legendre (Vérité et amour)
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Mes souffrances me sont chùres ; elles me prouveront l’excùs de mon amour.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons Dangereuses)
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¥Ah! ¥La soledad, qué hermosa y triste cosa! ¥Qué hermosa cuando la escogemos! ¥Qué triste cuando nos es impuesta durante años!
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Emmanuel Bove (EMMANUEL BOVE : MES AMIS + L'AMOUR DE PIERRE NEUHART + LE MEURTRE DE SUZY POMMIER + LE PRESSENTIMENT (Ed. intégrale annotée) (French Edition))
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Quand mes mains te prennent, elles ne tiennent qu'un rien de ton ĂȘtre... OĂč es-tu donc tout entiĂšre, pour que j'aille t'y chercher ?
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Émile Zola (La Faute de l'abbĂ© Mouret (Les Rougon-Macquart, #5))
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Mes moqueries continues étaient ma façon de tordue de dire « Charles, je t'aime », ça y est, c'est dit, je ne le répéterai jamais, une fois par vie suffit.
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Frédéric Beigbeder (Un roman français)
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PÚre, maßtresse, honneur, amour, noble et dure contrainte, aimable tyrannie, tous mes plaisirs sons morts, ou ma gloire ternie. L'un me rend malhereux, l'autre indigne du jour. Cher et cruel espoir d'une ùme généreuse, mais ensemble amoureuse, digne ennemi de mon plus grand bonheur. Fer qui causes ma peine, M'es-tu donné pour venger mon honneur? M'est-tu donné pour perdre ma ChimÚne?
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Pierre Corneille (Le Cid)
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Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris qu'en toutes circonstances, J’étais Ă  la bonne place, au bon moment. Et alors, j'ai pu me relaxer. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle N’étaient rien d'autre qu'un signal Lorsque je vais Ă  l'encontre de mes convictions. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'AuthenticitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J'ai cessĂ© de vouloir une vie diffĂ©rente Et j'ai commencĂ© Ă  voir que tout ce qui m'arrive Contribue Ă  ma croissance personnelle. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la MaturitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  percevoir l'abus Dans le fait de forcer une situation ou une personne, Dans le seul but d'obtenir ce que je veux, Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment... Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie. Au dĂ©but, ma raison appelait cela de l'Ă©goĂŻsme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© d'avoir peur du temps libre Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans, J’ai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur. Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime Quand cela me plait et Ă  mon rythme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la SimplicitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de chercher Ă  avoir toujours raison, Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©. Aujourd'hui, j'ai dĂ©couvert ... l'HumilitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de revivre le passĂ© Et de me prĂ©occuper de l'avenir. Aujourd'hui, je vis au prĂ©sent, LĂ  oĂč toute la vie se passe. Aujourd'hui, je vis une seule journĂ©e Ă  la fois. Et cela s'appelle... la PlĂ©nitude. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur, Elle devient une alliĂ©e trĂšs prĂ©cieuse ! Tout ceci, c'est... le Savoir vivre. Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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Lui qui aurait voulu pouvoir offrir le ciel Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel BrodĂ© de lumiĂšre d'or et de reflets d'argents Le mystĂ©rieux secret, le secret Ă©ternel De la nuit et du jour, de la vie et du temps Avec tout mon amour je le mettrais Ă  tes pieds Mais tu sais je suis pauvre et je n'ai que mes rĂȘves Alors c'est de mes rĂȘves qu'il faut te contenter Marche doucement, car tu marches sur mes rĂȘves
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W.B. Yeats
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. C’était le matin; le soleil se leva Ă  l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ  qu’à mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelĂ©: je n’ai pas besoin de ton amitiĂ©." C’était le soir; la nuit commençait Ă  Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles n’est pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă  cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus d’une; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă  moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre Ă  elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, Ă  moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Et par contre, si je communique Ă  mes hommes l’amour de la marche sur la mer, et que chacun d’eux soit ainsi en pente Ă  cause d’un poids dans le cƓur, alors tu les verras bientĂŽt se diversifier selon leurs mille qualitĂ©s particuliĂšres. Celui-lĂ  tissera des toiles, l’autre dans la forĂȘt par l’éclair de sa hache couchera l’arbre. L’autre, encore, forgera des clous, et il en sera quelque part qui observeront les Ă©toiles afin d’apprendre Ă  gouverner. Et tous cependant ne seront qu’un. CrĂ©er le navire ce n’est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goĂ»t de la mer qui est un, et Ă  la lumiĂšre duquel il n’est plus rien qui soit contradictoire mais communautĂ© dans l’amour.
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Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
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Donc, en résumant, si Alix Alix fendait l'écume sinistre d'un orage au guidon d'un engin formaté "Rencontre du troisiÚme type", il le devait à Bella Bonifaci. Initiales B.B., oui. Coincidence écoeurante. Bella Bonifaci, l'amour de sa vie.
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Jean-Paul Noziere (Adieu mes jolies)
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Il m'arrive de relire mes romans prĂ©fĂ©rĂ©s en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je relis Ă  rebours jusqu'au premier. Quand on lit de cette maniĂšre, les personnages vont de l'espoir vers le dĂ©sespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d'amour, les couples sont d'abord amants avant de devenir des Ă©trangers. Les rĂ©cits d'initiation se transforment en rĂ©cit d'Ă©garement. Des personnages reviennent mĂȘme Ă  la vie. Si ma vie Ă©tait un roman qu'on lisait Ă  l'envers, rien ne changerait.
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Nicola Yoon (Everything, Everything)
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On est tous seuls, ici, Ă  Paris, ou ailleurs. On peut essayer de fuir la solitude, dĂ©mĂ©nagĂ©, faire tout pour rencontrer des gens, cela ne change rien. A la fin de la journĂ©e, chacun rentre chez soi. Ceux qui vivent en couple ne se rendent pas compte de leur chance. Ils ont oubliĂ© les soirĂ©es devant un plateau-repas, l’angoisse du week-end qui arrive, le dimanche Ă  espĂ©rer que le tĂ©lĂ©phone sonne. Nous sommes des millions comme ça dans toutes les capitales du monde. La seule bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas de quoi se sentir si diffĂ©rents des autres.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Quand je mets Ă  vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d'un cƓur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux. [ Alfred de Musset a George Sand ] "Cette insigne faveur que votre cƓur rĂ©clame Nuit a ma renommĂ©e et rĂ©pugne a mon Ăąme." [ George Sand a Alfred de Musset ] [ lisez le premier mot de chaque ligne ]
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George Sand (Correspondance de George Sand et d'Alfred de Musset)
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Je le vis, je rougis, je pĂąlis Ă  sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon Ăąme Ă©perdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler; Je sentis tout mon corps et transir et brĂ»ler : Je reconnus VĂ©nus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inĂ©vitables ! Par des vƓux assidus je crus les dĂ©tourner : Je lui bĂątis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi-mĂȘme Ă  toute heure entourĂ©e, Je cherchais dans leurs flancs ma raison Ă©garĂ©e : D’un incurable amour remĂšdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brĂ»lait l’encens ! Quand ma bouche implorait le nom de la dĂ©esse, J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, MĂȘme au pied des autels que je faisais fumer, J’offrais tout Ă  ce dieu que je n’osais nommer. Je l’évitais partout. Ô comble de misĂšre ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son pĂšre. Contre moi-mĂȘme enfin j’osai me rĂ©volter : J’excitai mon courage Ă  le persĂ©cuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolĂątre, J’affectai les chagrins d’une injuste marĂątre ; Je pressai son exil ; et mes cris Ă©ternels L’arrachĂšrent du sein et des bras paternels. Je respirais, ƒNONE ; et, depuis son absence, Mes jours moins agitĂ©s coulaient dans l’innocence : Soumise Ă  mon Ă©poux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines prĂ©cautions ! Cruelle destinĂ©e ! Par mon Ă©poux lui-mĂȘme Ă  TrĂ©zĂšne amenĂ©e, J’ai revu l’ennemi que j’avais Ă©loignĂ© : Ma blessure trop vive aussitĂŽt a saignĂ©. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachĂ©e : C’est VĂ©nus tout entiĂšre Ă  sa proie attachĂ©e. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire, Et dĂ©rober au jour une flamme si noire : Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats : Je t’ai tout avouĂ© ; je ne m’en repens pas. Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prĂȘt Ă  s’exhaler.
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Jean Racine (PhĂšdre)
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Cette histoire est celle d'Arthur ValÚs et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte. Si quelqu'un, un jour, tombe sur mes cahiers, qu'il n'ait pas de doute puisque tout cela est la vérité, qu'il n'ait pas de honte puisque nous n'en avons pas, qu'il livre nos noms à la postérité plutÎt que d'avoir le réflexe de les dissimuler aux regards, qu'il ait conscience qu'il s'agit bien d'une histoire d'amour et pas d'une exaltation passagÚre et non maßtrisée puisque nous savons ce que nous faisons. Cette histoire est celle d'Arthur ValÚs et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte
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Philippe Besson (In the Absence of Men)
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Une fois, il m'a dit que j'Ă©tais belle. Il y a plus de vingt ans et j'avais un peu plus de vingt ans. J'Ă©tais joliment vĂȘtue, un faux air de Dior; il voulait coucher avec moi. Son compliment eut raison de mes jolis vĂȘtements. Vous voyez, on se ment toujours. Parce que l'amour ne rĂ©sisterait pas Ă  la vĂ©ritĂ©.
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Grégoire Delacourt (La liste de mes envies)
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Ma bohĂšme Je m'en allais, les poings dans mes poches crevĂ©es ; Mon paletot aussi devenait idĂ©al ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'Ă©tais ton fĂ©al ; Oh ! lĂ  ! lĂ  ! que d'amours splendides j'ai rĂȘvĂ©es ! Mon unique culotte avait un large trou. - Petit-Poucet rĂȘveur, j'Ă©grenais dans ma course Des rimes. Mon auberge Ă©tait Ă  la Grande-Ourse. - Mes Ă©toiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les Ă©coutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre oĂč je sentais des gouttes De rosĂ©e Ă  mon front, comme un vin de vigueur ; OĂč, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les Ă©lastiques De mes souliers blessĂ©s, un pied prĂšs de mon coeur !
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Arthur Rimbaud (Poésies)
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Ma libertĂ© Longtemps je t'ai gardĂ©e Comme une perle rare Ma libertĂ© c'est toi qui m'as aidĂ© A larguer les amarres Pour aller n'importe oĂč Pour aller jusqu'au bout Des chemins de fortune Pour cueillir en rĂȘvant Une rose des vents Sur un rayon de lune Ma libertĂ© Devant tes volontĂ©s Mon Ăąme Ă©tait soumise Ma libertĂ© je t'avais tout donnĂ© Ma derniĂšre chemise Et combien j'ai souffert Pour pouvoir satisfaire Tes moindres exigences J'ai changĂ© de pays J'ai perdu mes amis Pour gagner ta confiance Ma libertĂ© Tu as su dĂ©sarmer Toutes mes habitudes Ma libertĂ© toi qui m'as fait aimer MĂȘme la solitude Toi qui m'as fait sourire Quand je voyais finir Une belle aventure Toi qui m'as protĂ©gĂ© Quand j'allais me cacher Pour soigner mes blessures Ma libertĂ© Pourtant je t'ai quittĂ©e Une nuit de dĂ©cembre J'ai dĂ©sertĂ© les chemins Ă©cartĂ©s Que nous suivions ensemble Lorsque sans me mĂ©fier Les pieds et poings liĂ©s Je me suis laissĂ© faire Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre
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Georges Moustaki
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J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et dĂ©licates racines, qui attachent un homme Ă  la terre oĂč sont nĂ©s et morts ses aĂŻeux, qui l’attachent Ă  ce qu’on pense et Ă  ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-mĂȘme.
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Guy de Maupassant (Guy de Maupassant - Le Horla (Annotée))
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Mes compagnes, mes "accompagnatrices", ne sont jamais restées longtemps: trÚs vite elles s'en allaient, dÚs qu'elles comprenaient que ce qu'elles avaient d'abord pris chez moi pour du détachement était du vide; or les femmes savent que le vide engendre le vide, alors elles me quittaient, avec douceur, sans oser me dire quoi que ce soit: car que peut-on dire à un naufragé?
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Laurence Tardieu (Puisque rien ne dure)
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Le MĂ©tĂšque Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Avec mes yeux tout dĂ©lavĂ©s, qui me donnent l'air de rĂȘver Moi qui ne rĂȘve plus souvent. Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rĂŽdeur Qui ont pillĂ© tant de jardins Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassĂ© et mordu Sans jamais assouvir sa faim Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec De voleur et de vagabond Avec ma peau qui s'est frottĂ©e au soleil de tous les Ă©tĂ©s Et tout ce qui portait jupon Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu'il a souffert Sans pour cela faire d'histoire Avec mon Ăąme qui n'a plus la moindre chance de salut Pour Ă©viter le purgatoire. Avec ma gueule de mĂ©tĂšque, de juif errant, de pĂątre grec Et mes cheveux aux quatre vents Je viendrai ma douce captive, mon Ăąme soeur, ma source vive Je viendrai boire tes vingt ans Et je serai prince de sang, rĂȘveur, ou bien adolescent Comme il te plaira de choisir Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir. Et nous ferons de chaque jour, toute une Ă©ternitĂ© d'amour Que nous vivrons Ă  en mourir.
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Georges Moustaki
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Je me suis figurĂ© qu’une femme devait faire plus de cas de son Ăąme que de son corps, contre l’usage gĂ©nĂ©ral qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trĂ©sor de son coeur avant de consentir Ă  la plus lĂ©gĂšre prise sur celui de sa beautĂ©. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveautĂ© est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensĂ© les autels, m’ont vainement laissĂ© parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait Ă  moi. Peut-ĂȘtre je m’explique mal. J’ai eu la singuliĂšre idĂ©e d’ĂȘtre l’époux d’une femme avant d’ĂȘtre son amant. J’ai voulu voir si rĂ©ellement il existait une Ăąme assez orgueilleuse pour demeurer fermĂ©e lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche Ă  des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force Ă  la froideur. Dans toutes les contrĂ©es qu’aime le soleil, j’ai cherchĂ© les traits les plus capables de rĂ©vĂ©ler qu’une Ăąme ardente y Ă©tait enfermĂ©e : j’ai cherchĂ© la beautĂ© dans tout son Ă©clat, cet amour qu’un regard fait naĂźtre ; j’ai dĂ©sirĂ© un visage assez beau pour me faire oublier qu’il Ă©tait moins beau que l’ĂȘtre invisible qui l’anime ; insensible Ă  tout, j’ai rĂ©sistĂ© Ă  tout,... exceptĂ© Ă  une femme, – Ă  vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mĂ©pris dans mes idĂ©es orgueilleuses ; Ă  vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’aprĂšs ĂȘtre devenu votre Ă©poux. – Vous me l’avez arrachĂ©, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser. ( Le prince )
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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[...] Et ma fiĂšvre ? D'oĂč vient-elle ? - Allons donc, c'est un incident sans consĂ©quence qui passera vite. - Non, Clawdia, tu sais bien que ce que tu dis lĂ  n'est pas vrai, et tu le dis sans conviction, j'en suis sĂ»r. La fiĂšvre de mon corps et le battement de mon cƓur harassĂ© et le frissonnement de mes membres, c'est le commencement d'un incident, car ce n'est rien d'autre [...], rien d'autre que mon amour pour toi [...].
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Quand j'ai cessĂ© de voir trouble, j'ai aperçu une belle brune qui m'observait. Alice m'avait vu dĂ©gouliner. Je ne sais pas si c'est l'Ă©motion, ou le contraste avec le lieu, mais j'ai ressenti une immense attirance pour cette mystĂ©rieuse apparition en pull moulant noir. Plus tard, Alice m'avoua qu'elle m'avait trouvĂ© trĂšs beau: mettons cette erreur d'apprĂ©ciation sur le compte de l'instinct maternel. L'essentiel, c'est que mon attirance Ă©tait rĂ©ciproque - elle avait envie de me consoler, cela se voyait. Cette rencontre m'a appris que la meilleure chose Ă  faire dans un enterrement, c'est de tomber amoureux. C'Ă©tait une amie d'une cousine. Elle me prĂ©senta son mari, Antoine, trĂšs sympa, trop, peut-ĂȘtre. Pendant qu'elle embrassait mes joues mouillĂ©es, elle comprit que j'avais compris qu'elle avait vu que j'avais vu qu'elle m'avait regardĂ© comme elle m'avait regardĂ©. Je me souviendrai toujours de la premiĂšre chose que je lui ai dite: — J'aime bien la structure osseuse de ton visage.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Que ce soit dimanche ou lundi Soir ou matin minuit midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'Ă©tait hier que je t'ai dit Nous dormirons ensemble C'Ă©tait hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon cƓur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai refermĂ© sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble.
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Louis Aragon (Le fou d'Elsa)
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[...] Les natures du genre de la tienne, les hommes douĂ©s de sens dĂ©licats, ceux qui ont de l'Ăąme, les poĂštes, ceux pour qui toute la vie est amour nous sont presque toujours supĂ©rieurs, Ă  nous, chez qui domine l'intellect. Vous ĂȘtes, par votre origine, du cĂŽtĂ© de la mĂšre. Vous vivez dans la plĂ©nitude de l'ĂȘtre. La force de l'amour, la capacitĂ© de vivre intensĂ©ment les choses est votre lot. Nous autres, hommes d'intellect, bien que nous ayons l'air souvent de vous diriger et de vous gouverner, nous ne vivons pas dans l'intĂ©gritĂ© de l'ĂȘtre, nous vivons dans les abstractions. A vous la plĂ©nitude de la vie, le suc des fruits, Ă  vous le jardin de l'amour, le beau pays de l'art. Vous ĂȘtes chez vous sur terre, nous dans le monde des idĂ©es. Vous courez le risque de sombrer dans la sensualitĂ©, nous d'Ă©touffer dans le vide. Tu es artiste, je suis penseur. Tu dors sur le cƓur d'une mĂšre, je veille dans le dĂ©sert. Moi, c'est le soleil qui m'Ă©claire, pour toi brillent la lune et les Ă©toiles. Ce sont des jeunes filles qui hantent tes rĂȘves; moi, ce sont mes Ă©coliers... (p. 54-55)
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Hermann Hesse (Narcissus and Goldmund)
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Ce n’est point la pauvretĂ© qui valait aux Ă©migrants ce lĂ©ger dĂ©dain du personnel. Ce n’est point d’argent qu’ils manquaient, mais de densitĂ©. Ils n’étaient plus l’homme de telle maison, de tel ami, de telle responsabilitĂ©. Ils jouaient le rĂŽle, mais ce n’était plus vrai. Personne n’avait besoin d’eux, personne ne s’apprĂȘtait Ă  faire appel Ă  eux. Quelle merveille que ce tĂ©lĂ©gramme qui vous bouscule, vous fait lever au milieu de la nuit, vous pousse vers la gare : « Accours ! J’ai besoin de toi ! » Nous nous dĂ©couvrons vite des amis qui nous aident. Nous mĂ©ritons lentement ceux qui exigent d’ĂȘtre aidĂ©s. Certes, mes revenants, personne ne les haĂŻssait, personne ne les jalousait, personne ne les importunait. Mais personne ne les aimait du seul amour qui comptĂąt. Je me disais : « ils seront pris, dĂšs l’arrivĂ©e, dans les cocktails de bienvenue, les dĂźners de consolation. » Mais qui Ă©branlera leur porte en exigeant d’ĂȘtre reçu : « Ouvre ! C’est moi ! » Il faut allaiter longtemps un enfant avant qu’il exige. Il faut longtemps cultiver un ami avant qu’il rĂ©clame son dĂ» d’amitiĂ©. Il faut s’ĂȘtre ruinĂ© durant des gĂ©nĂ©rations Ă  rĂ©parer le vieux chĂąteau qui croule, pour apprendre Ă  l’aimer.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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finalement, Ă©perdu d'amour et au comble de la frĂ©nĂ©sie Ă©rotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc. — Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sĂ»r qu'elle le voulait, voyons! C'Ă©tait une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire. — Tu vas le manger cru ? — Oui. J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondĂ©ment, soufflant un peu, entre les bouchĂ©es, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'Ă  ce qu'une sueur froide me montĂąt au front. Je continuai mĂȘme un peu au-delĂ , serrant les dents, luttant contre la nausĂ©e, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon mĂ©tier d'homme. Je fus trĂšs malade, on me transporta Ă  l'hĂŽpital, ma mĂšre sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'Ă©tais trĂšs fier de moi. Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Éducation europĂ©enne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire. Pendant longtemps, Ă  travers mes pĂ©rĂ©grinations, j'ai transportĂ© avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamĂ© au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier Ă©tait toujours lĂ , Ă  portĂ©e de la main. J'Ă©tais toujours prĂȘt Ă  m'y attabler, Ă  donner, une fois de plus, le meilleur de moi-mĂȘme. Ça ne s'est pas trouvĂ©. Finalement, j'ai abandonnĂ© le soulier quelque part derriĂšre moi. On ne vit pas deux fois. (La promesse de l'aube, ch. XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Je sortis beaucoup avec lui durant une semaine avec la frĂ©quence et l’imprudence des commencements de l’amour et mon pĂšre, peu fait pour la solitude, en fit autant avec une jeune femme assez ambitieuse. La vie recommença comme avant, comme il Ă©tait prĂ©vu qu’elle recommencerait. Quand nous nous retrouvons, mon pĂšre et moi, nous rions ensemble, nous parlons de nos conquĂȘtes. Il doit bien se douter que mes relations avec Philippe ne sont pas platoniques et je sais bien que sa nouvelle amie lui coĂ»te fort cher. Mais nous sommes heureux. L’hiver touche Ă  sa fin, nous ne relouerons pas la mĂȘme villa, mais une autre, prĂšs de Juan-les-Pins.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Je te jure, Eidan, je te jure que tout ça, c'est terminĂ©. Je m'en vais, et tu ne sauras pas oĂč. Je te ferme mes portes, celles de mes pensĂ©es, de mon cƓur et de mon Ăąme. Je ne reviendrai pas. Jamais. Je te le jure. Je mourrai, un jour, et dans ma prochaine vie, j'aurai tout oubliĂ©. Qui je suis, qui tu es, qui nous sommes. Il n'y aura plus de Phaenix, plus d'AnaĂŻa et d'Eidan, plus d'amour et d'Ă©ternitĂ©. Je vais rayer notre histoire et, d'ici lĂ , mon ĂȘtre entier te dĂ©testera. Tu n'existes plus pour moi, Eidan. Tu es le synonyme de la trahison, de la douleur, de la destruction et tu le resteras, mĂȘme si je dois te recroiser, sans savoir qui tu es.
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Carina Rozenfeld (Le Brasier des souvenirs (PhĂŠnix, #2))
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J’admire qu’on puisse trouver au bord de la MĂ©diterranĂ©e des certitudes et des rĂšgles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait Ă  la mesure de l’homme - mais qui se refer-mait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait Ă  ce qui rĂ©sonnait profondĂ©ment en moi, ce n’est pas parce qu’il rĂ©pondait Ă  mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grĂąces qui pouvaient me monter aux lĂšvres, mais ce Nada qui n’a pu naĂźtre que devant des paysages Ă©crasĂ©s de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans dĂ©sespoir de vivre.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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- Quand j'aurai trouvĂ© une rĂ©ponse pour Roy, j'aurai l'esprit plus clair, plus libĂ©rĂ©. Tant que je n'aurai pas de certitude Ă  son sujet, j'aurai des doutes sur moi. Et quand on doute de soi-mĂȘme, on doute de tout, tu le sais... Assise loin de moi, elle approuve de la tĂȘte, mais je vois ses yeux s'emplir de larmes. Je ressens tout Ă  coup une vĂ©ritable bouffĂ©e d'Ă©motion pour elle, trĂšs intense. Je me lĂšve et vais la prendre dans mes bras. Elle pleure doucement sur mon Ă©paule. Je crois bien avoir pleurĂ©. Un peu. Nous faisons l'amour. Pour la premiĂšre fois depuis des mois, je me rends jusqu'au bout. Mais il y a quelque chose de dĂ©sespĂ©rĂ© dans cette communication, comme si nous le faisions pour la derniĂšre fois.
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Patrick Senécal (Sur le Seuil)
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d’énergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie m’encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur l’amour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j’ai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles m’appartiennent. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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L'isolement Souvent sur la montagne, Ă  l'ombre du vieux chĂȘne, Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ; Je promĂšne au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se dĂ©roule Ă  mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues Ă©cumantes ; Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ; LĂ  le lac immobile Ă©tend ses eaux dormantes OĂč l'Ă©toile du soir se lĂšve dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnĂ©s de bois sombres, Le crĂ©puscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit dĂ©jĂ  les bords de l'horizon. Cependant, s'Ă©lançant de la flĂšche gothique, Un son religieux se rĂ©pand dans les airs : Le voyageur s'arrĂȘte, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mĂȘle de saints concerts. Mais Ă  ces doux tableaux mon Ăąme indiffĂ©rente N'Ă©prouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante Le soleil des vivants n'Ă©chauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud Ă  l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense Ă©tendue, Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumiĂšres, Vains objets dont pour moi le charme est envolĂ© ? Fleuves, rochers, forĂȘts, solitudes si chĂšres, Un seul ĂȘtre vous manque, et tout est dĂ©peuplĂ© ! Que le tour du soleil ou commence ou s'achĂšve, D'un oeil indiffĂ©rent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lĂšve, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carriĂšre, Mes yeux verraient partout le vide et les dĂ©serts : Je ne dĂ©sire rien de tout ce qu'il Ă©claire; Je ne demande rien Ă  l'immense univers. Mais peut-ĂȘtre au-delĂ  des bornes de sa sphĂšre, Lieux oĂč le vrai soleil Ă©claire d'autres cieux, Si je pouvais laisser ma dĂ©pouille Ă  la terre, Ce que j'ai tant rĂȘvĂ© paraĂźtrait Ă  mes yeux ! LĂ , je m'enivrerais Ă  la source oĂč j'aspire ; LĂ , je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idĂ©al que toute Ăąme dĂ©sire, Et qui n'a pas de nom au terrestre sĂ©jour ! Que ne puĂźs-je, portĂ© sur le char de l'Aurore, Vague objet de mes voeux, m'Ă©lancer jusqu'Ă  toi ! Sur la terre d'exil pourquoi restĂ©-je encore ? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand lĂ  feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'Ă©lĂšve et l'arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable Ă  la feuille flĂ©trie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
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Alphonse de Lamartine (Antologija francuskog pjesniĆĄtva)
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-Tu est amoureux, prononce-t-elle. -Hein? -Tu as beau jouer les machos, tu est amoureux de moi. What? -T'as fumĂ©, qu'est-ce que tu racontes? -MalgrĂ© les dangers, tu restes toujours prĂšs de moi.J'essaie de te dĂ©courager, et tu ne pars pas.C'est une belle dĂ©finition de l'amour. -Euh non, c'est une dĂ©finition de merde. Elle tourne sur elle-mĂȘme, me tire la langue, toute fiĂšre. -Tu peux me dire ce que tu voudras.Je le sais, maintenant.J'en suis convaincue. -Et? -Et ça fait du bien. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'elle est complĂštement folle, et qu'est-ce que c'est cette maniĂšre de prĂ©tendre que je suis amoureux, et elle se prend pour qui, et de toute façon c'est quoi l'amour, et si ça se trouve je vais me barrer demain et elle l'aura cherchĂ©, quand elle se glisse dans mes bras pour m'embrasser. Bon, d'accord, je suis peut-ĂȘtre amoureux.
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Olivier Gay (L'Évasion (Le noir est ma couleur, #4))
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Quand je vis avec mes semblables, ma pensĂ©e s'occupe d'eux si exclusivement, soit pour les aider Ă  vivre bien, soit pour comprendre pourquoi ils vivent mal, que j'oublie absolument de vivre pour mon compte. Quand je m'aperçois que j'ai fait pour eux mon possible et que je ne leur suis plus nĂ©cessaire, ou, ce qui arrive plus souvent, que je ne leur suis bon Ă  rien, j'Ă©prouve le besoin de vivre avec ce moi intĂ©rieur qui s'identifie Ă  la nature et au rĂȘve de la vie dans l'Ă©ternel et dans l'infini. La nature, je le sais, parle dans l'homme plus que dans les arbres et les rochers; mais elle y parle follement, elle y est plus souvent dĂ©lirante que sage, elle y est pleine d'illusions ou de mensonges. Les animaux sauvages eux-mĂȘmes sont tourmentĂ©s d'un besoin d'existence qui nous empĂȘche de savoir ce qu'ils pensent et si leurs obscures manifestations ne sont pas trompeuses. DĂšs qu'ils subissent des besoins et des passions, ils doivent les satisfaire Ă  tout prix, et toute logique de leur instinct de conservation doit cĂ©der Ă  cette sauvage logique de la faim et de l'amour. OĂč donc trouver, oĂč donc surprendre la voix du vrai absolu dans la nature? HĂ©las, dans le silence des choses inertes, dans le mutisme de ce qui ne ment pas! la face impassible du rocher qui boit le soleil, le front sans ombre du glacier qui regarde la lune, la morne altitude des lieux inaccessibles, exercent sur nous un rassĂ©rĂ©nement inexplicable. LĂ , nous nous sentons comme suspendus entre ciel et terre, dans une rĂ©gion d'idĂ©es oĂč il ne peut y avoir que Dieu ou rien, et, s'il n'y a rien, nous sentons que nous ne sommes rien nous-mĂȘmes et que nous n'existons pas; car rien ne peut se passer de sa raison d'ĂȘtre.
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George Sand (Le dernier amour)
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J'ai craint les liens d'habitude, faits d'attendrissements factices, de duperie sensuelle et d'accoutumance paresseuse. Je n'aurais pu, ce me semble, aimer qu'un ĂȘtre parfait ; je serais trop mĂ©diocre pour mĂ©riter qu'il m'accueille, mĂȘme s'il m'Ă©tait possible de le trouver un jour. [
] Notre Ăąme, notre esprit, notre corps, ont des exigences le plus souvent contradictoires ; je crois malaisĂ© de joindre des satisfactions si diverses sans avilir les unes et sans dĂ©courager les autres. Ainsi, j'ai dissociĂ© l'amour. Je ne veux pas flatter mes actes d'explications mĂ©taphysiques, quand ma timiditĂ© est une cause suffisante. Je me suis presque toujours bornĂ© Ă  des complicitĂ©s banales, par une obscure terreur de m'attacher et de souffrir. C'est assez d'ĂȘtre le prisonnier d'un instinct, sans l'ĂȘtre aussi d'une passion ; et je crois sincĂšrement n'avoir jamais aimĂ©. (p. 70)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Bien que Terron fĂ»t un homme qu'apparemment je ne pouvais appeler autrement qu'un fanatique religieux ; bien qu'il menĂąt sa vie d'une maniĂšre qui m'Ă©tait encore plus Ă©trangĂšre que celle de M. Mann ; et bien que souvent je fusse arrivĂ© Ă  conclure, presque contre ma volontĂ©, qu'il n'Ă©tait qu'un arnaqueur rusĂ© de campagne en train d'exploiter mon curieux mĂ©lange de culpabilitĂ© (le raciste amĂ©ricain en moi) et d'amour pour l'Ă©sotĂ©rique (l'intellectuel branchĂ© en moi), il semblait malgrĂ© tout capable de me prĂ©voir, de connaĂźtre bien plus prĂ©cisĂ©ment que le vieil homme mes besoins, mes questions et mes inquiĂ©tudes. De fait, c'Ă©tait cette capacitĂ© d'anticiper sur moi et le bien-ĂȘtre qu'elle me procurait qui me ramenaient sans cesse Ă  croire qu'il Ă©tait en train de me rouler. En tant que vieux puritain, je me devais de me mĂ©fier de tout ce qui m'apportait du bien-ĂȘtre. (p. 201)
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Russell Banks (Book of Jamaica)
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Je me souviens d'un coin de rue Aujourd'hui disparu Mon enfance jouait par lĂ  Je me souviens de cela Il y avait une palissade Un taillis d'embuscades Les voyous de mon quartier V’naient s'y batailler À prĂ©sent, il y a un cafĂ©, Un comptoir flambant qui fait d’ l'effet Une fleuriste qui vend ses fleurs aux amants Et mĂȘme aux enterrements Je revois mon coin de rue Aujourd'hui disparu Je me souviens d'un triste soir OĂč le cƓur sans espoir Je pleurais en attendant Un amour de quinze ans Un amour qui fut perdu Juste Ă  ce coin de rue Et depuis, j'ai beaucoup voyagĂ© Trop souvent en pays Ă©trangers Mondes neufs, constructions ou dĂ©molitions Vous m’ donnez des visions Je crois voir mon coin de rue Et soudain apparus Je retrouve ma palissade Mes copains, mes glissades Mon muguet de deux sous d’ printemps Mes quinze ans... mes vingt ans Tout c’ qui fut et qui n'est plus Tout mon vieux coin de rue.
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Charles Trenet (les plus belles chansons de Charles Trenet (Collection Grands InterprĂštes))
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Cette finesse-lĂ  a Ă©tĂ© trouvĂ©e dĂšs le paradis terrestre. Mes amis, l’invention est vieille, mais elle est toute neuve. Profitez-en. Soyez Daphnis et ChloĂ© en attendant que vous soyiez PhilĂ©mon et Baucis. Faites en sorte que, quand vous ĂȘtes l’un avec l’autre, rien ne vous manque, et que Cosette soit le soleil pour Marius, et que Marius soit l’univers pour Cosette. Cosette, que le beau temps, ce soit le sourire de votre mari ; Marius, que la pluie, ce soit les larmes de ta femme. Et qu’il ne pleuve jamais dans votre mĂ©nage. Vous avez chipĂ© Ă  la loterie le bon numĂ©ro, l’amour dans le sacrement ; vous avez le gros lot, gardez-le bien, mettez-le sous clef, ne le gaspillez pas, adorez-vous, et fichez-vous du reste. Croyez ce que je dis lĂ . C’est du bon sens. Bon sens ne peut mentir. Soyez-vous l’un pour l’autre une religion. Chacun a sa façon d’adorer Dieu. Saperlotte ! la meilleure maniĂšre d’adorer Dieu, c’est d’aimer sa femme. Je t’aime ! voilĂ  mon catĂ©chisme. Quiconque aime est orthodoxe.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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«DĂ©pĂȘchez-vous, bande d’ordures!» ArrivĂ©s au fossĂ©, nous nous mĂźmes au travail. Sous les coups de pioche, la terre gelĂ©e craquait et les Ă©tincelles jaillissaient. Les hommes Ă©taient silencieux, comme enveloppĂ©s dans une sorte de torpeur. J’étais toujours accrochĂ© Ă  l’image de ma femme. Une idĂ©e me vint Ă  l’esprit: Ă©tait-elle toujours en vie? Je ne savais qu’une chose: l’amour va bien au-delĂ  de l’ĂȘtre physique. Il atteint son sens le plus fort dans l’ĂȘtre spirituel. Que la personne soit prĂ©sente ou non semble avoir peu d’importance. Je ne savais pas si ma femme Ă©tait toujours en vie, et je n’avais aucun moyen de le savoir (nous ne pouvions ni envoyer ni recevoir de courrier); mais cela n’avait aucune importance. Je n’avais pas besoin de le savoir. Rien ne pouvait me dĂ©tourner de mon amour, de mes pensĂ©es et de l’image de ma bien-aimĂ©e. Si l’on m’avait appris, Ă  ce moment-lĂ , qu’elle Ă©tait morte, je ne crois pas que j’aurais cessĂ© pour autant de contempler son image, ou que ma conversation avec elle aurait Ă©tĂ© moins vivante. «Pose-moi comme un sceau sur ton cƓur, car l’amour est plus fort que la mort.»
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Viktor E. Frankl (Man’s Search for Meaning)
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Quelque part dans mon cƓur une voix indistincte et pourtant dĂ©sespĂ©rĂ©e Ă©levait une protestation : « Non, je n'avais poussĂ© personne Ă  la mort, je n'avais pas extorquĂ© d'argent ! » Mais cette voix fut Ă©touffĂ©e par cette pesĂ©e habituelle que j'Ă©tais un homme mauvais. Quoi que je fasse, il m'est impossible de faire tĂȘte dans une discussion. RĂ©primant de toutes mes forces un sentiment dangereux que l'ivresse sombre de l'eau-de-vie faisait monter en moi, je dis comme dans un soliloque : — Cependant le seul fait d'ĂȘtre mis en prison n'est pas un crime. Si l'on connaĂźt l'antonyme de « crime », on s'imagine qu'on a saisi l'essence de « crime », mais... Dieu... le salut... l'amour... la lumiĂšre... Mais Dieu a pour antonyme Satan, l'antonyme de salut doit ĂȘtre : souffrance, celui de l'amour : la haine, celui de la lumiĂšre : les tĂ©nĂšbres, celui du bien : le mal ; le crime et la priĂšre, le crime et le repentir, le crime et la confession, le crime et... les gĂ©missement, tous ces mots ne sont-ils pas synonymes ? Quel est l'antonyme de crime ? — L'antonyme de « crime », c'est « miel ». Quelque chose de doux comme le miel. J'ai faim tu sais ! Apporte quelque chose Ă  manger.
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Osamu Dazai (No Longer Human)
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Mais maintenant je dirai tout, afin que tu saches qui tu quittes, de quel homme tu te sĂ©pares. Sais-tu comment d’abord je t’ai comprise ? La passion m’a saisi comme le feu, elle s’est infiltrĂ©e dans mon sang comme le poison et a troublĂ© toutes mes pensĂ©es, tous mes sentiments. J’étais enivrĂ©. J’étais comme Ă©tourdi, et Ă  ton amour pur, misĂ©ricordieux, j’ai rĂ©pondu non d’égal Ă  Ă©gal, non comme si j’étais digne de ton amour, mais sans comprendre ni sentir. Je ne t’ai pas comprise. Je t’ai rĂ©pondu comme Ă  la femme qui, Ă  mon point de vue, s’oubliait jusqu’à moi et non comme Ă  celle qui voulait m’élever jusqu’à elle. « Sais-tu de quoi je t’ai soupçonnĂ©e, ce que signifiait, s’oublier jusqu’à moi » ? Mais non, je ne t’offenserai pas par mon aveu. Je te dirai seulement que tu t’es profondĂ©ment trompĂ©e sur moi ! Jamais jamais, je n’aurais pu m’élever jusqu’à toi. Je ne pouvais que te contempler dans ton amour illimitĂ©, une fois que je t’eus comprise. Mais cela n’efface pas ma faute. Ma passion rehaussĂ©e par toi n’était pas l’amour. L’amour, je ne le craignais pas. Je n’osais pas t’aimer. Dans l’amour il y a rĂ©ciprocitĂ©, Ă©galité ; et j’en Ă©tais indigne. Je ne savais pas ce qui Ă©tait en moi !
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La dĂ©solation de mes parents devant une situation incertaine, "on aimerait bien savoir oĂč ça va te mener tout ça". ObligĂ© que l'amour mĂšne quelque part. Leur peine sourde aussi. Ce serait tellement plus agrĂ©able, plus tranquille pour eux de voir se dĂ©rouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on rĂ©pond avec fiertĂ©, un jeune homme de Bordeaux, bientĂŽt professeur, l'Ă©glise, la mairie, le mĂ©nage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espĂ©rances traditionnelles. L'affolement de ma mĂšre quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gĂącher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles sĂ©duites qu'on n'Ă©pouse pas, abandonnĂ©es avec un mĂŽme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux. Je ne sais pas encore qu'au moment oĂč l'on me pousse Ă  liquider ma libertĂ©, ses parents Ă  lui jouent un scĂ©nario tout aussi traditionnel mais inverse, "tu as bien le temps d'avoir un fil Ă  la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus !", bien chouchoutĂ©e la libertĂ© des mĂąles.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Sept ans plus tĂŽt, elle m’avait expliquĂ© qu’elle n’avait jamais ressenti un tel sentiment avec personne, une telle Ă©motion, une telle vague de douce et chaude mĂ©lancolie qui l’avait envahie en me voyant faire ce geste si simple, si apparemment anodin, de rapprocher trĂšs lentement mon verre Ă  pied du sien pendant le repas, trĂšs prudemment, et de façon tout Ă  fait incongrue en mĂȘme temps pour deux personnes qui ne se connaissaient pas encore trĂšs bien, qui ne s’étaient rencontrĂ©es qu’une seule fois auparavant, de rapprocher mon verre Ă  pied du sien pour aller caresser le galbe de son verre, l’incliner pour le heurter dĂ©licatement dans un simulacre de trinquer sitĂŽt entamĂ© qu’interrompu, il Ă©tait impossible d’ĂȘtre Ă  la fois plus entreprenant, plus dĂ©licat et plus explicite, m’avait-elle expliquĂ©, un concentrĂ© d’intelligence, de douceur et de style. Elle m’avait souri, elle m’avait avouĂ© par la suite qu’elle Ă©tait tombĂ©e amoureuse de moi dĂšs cet instant. Ce n’était donc pas par des mots que j’étais parvenu Ă  lui communiquer ce sentiment de beautĂ© de la vie et d’adĂ©quation au monde qu’elle ressentait si intensĂ©ment en ma prĂ©sence, non plus par mes regards ou par mes actes, mais par l’élĂ©gance de ce simple geste de la main qui s’était lentement dirigĂ©e vers elle avec une telle dĂ©licatesse mĂ©taphorique qu’elle s’était sentie soudain Ă©troitement en accord avec le monde jusqu’à me dire quelques heures plus tard, avec la mĂȘme audace, la mĂȘme spontanĂ©itĂ© naĂŻve et culottĂ©e, que la vie Ă©tait belle, mon amour.
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Jean-Philippe Toussaint (Making Love)
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Qu’un galop rapide, coursiers aux pieds brĂ»lants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que PhaĂ©ton vous aurait prĂ©cipitĂ©s vers le couchant et aurait ramenĂ© la sombre Nuit. Étends ton Ă©pais rideau. Nuit qui couronne l’amour; ferme les yeux errants, et que RomĂ©o puisse voler dans mes bras sans qu’on le dise et sans qu’on le voie. La lumiĂšre de leurs mutuelles beautĂ©s suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystĂšres; ou si l’Amour est aveugle, il ne s’en accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vĂȘtements modestes, tout en noir, apprends-moi Ă  perdre au jeu de qui perd gagne, oĂč l’enjeu est deux virginitĂ©s sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues oĂč se rĂ©volte mon sang effarouchĂ©, jusqu’à ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans l’épreuve d’un amour fidĂšle, n’y voie plus qu’un chaste devoir.—Viens, ĂŽ Nuit; viens, RomĂ©o; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus Ă©clatant que n’est sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombĂ©e. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de tĂ©nĂšbres: donne-moi mon RomĂ©o; et quand il aura cessĂ© de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites Ă©toiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! j’ai achetĂ© une demeure d’amour, mais je n’en suis pas encore en possession, et celui qui m’a acquise n’est pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille d’une fĂȘte pour l’enfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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J'achĂšte un roman marocain d'expression française le vendredi. Je commence Ă  le lire le samedi et dĂšs les premiĂšres pages, je crie: "Encore un qui croit que la littĂ©rature, c'est raconter son enfance et sublimer ou dramatiser son passĂ©. Je me dis; "continue quand mĂȘme, il a ratĂ© le dĂ©but mais tu trouveras sĂ»rement quelque chose de beau plus loin." Rien, walou, nada, niet. chercher des effets de styles, une narration travaillĂ©e, un souffle, une sensibilitĂ©, une sincĂ©ritĂ© est inutile. Tout sonne faux. Le mec continue de nous bassiner avec ses misĂšres et ses amours d'enfance en utilisant la langue la plus plate que j'ai eu Ă  lire ces derniers temps. Pourquoi tant d'Ă©gocentrisme et de nombrilisme? L'HÉGÉMONIE DU "JE" EST DEVENUE UN VÉRITABLE CANCER POUR LA LITTÉRATURE MAROCAINE. Beaucoup de ceux qui s'adonnent Ă  l'Ă©criture au Maroc, surtout en français, croient qu'Ă©crire, c'est reparler de leur mĂšre, leur pĂšre, leurs voisins, leurs frustrations... et surtout LEUR PERSONNE. Si au moins ils avaient l'existence d'un Rimbaud ou d'un DostoĂŻevski. Je continue Ă  lire malgrĂ© tout, d'abord parce que je suis maso, et ensuite pour ne pas ĂȘtre injuste Ă  l'Ă©gard de l'auteur. Peine perdue. Le livre me tombe des mains et je le balance loin de moi Ă  la page 94. MĂȘme le masochisme a des limites. Je n'ai rien contre quelqu'un qui raconte sa vie. Je n'ai rien contre un nombriliste, un Ă©gocentrique, un maniaque, un narcissique, un mĂ©galo, etc, du moment qu'il me propose un objet littĂ©raire, un vrai, avec un style... Oui un style. Je ne dis pas avec une langue parfaite; non; je dis avec sa langue Ă  lui, qui fait ressortir sa sincĂ©ritĂ©, son dilemme, ses tripes, son Ăąme. C'est ça le style qui fait l'oeuvre et non pas le bavardage. Pour le bavardage, le "regardez-moi, je suis beau et je suis devenu Ă©crivain"; le "Admirez-moi!", il y a les JamaĂ€s Fna (avec tous mes respects pour les conteurs de Jamaa Fna) et les Shows. Alors SVP! un peu de respect pour la littĂ©rature.
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Mokhtar Chaoui
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Quand elle Ă©tait petite, elle voulait m’épouser. J’étais son prince charmant. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, j’avais bien vu dans son regard que le mythe s’était Ă©parpillĂ© dans les affres de la rĂ©alitĂ©. J’étais tombĂ© de mon piĂ©destal et, si je ne cherchais pas Ă  mentir sur qui j’étais, j’avais toujours eu envie qu’elle me voie au meilleur de ma forme. Au fond, je pouvais dire que nous n’avions jamais rĂ©ellement eu une relation saine. La preuve : cette incapacitĂ© physique d’aller voir son appartement, ce lieu oĂč elle vivait en femme. Il faudrait des siĂšcles pour admettre que nos enfants sont devenus adultes. On dit souvent qu’il est difficile de vieillir ; moi, je pourrais vieillir indĂ©finiment du moment que mes enfants, eux, ne grandiraient pas. Je ne sais pas pourquoi j’éprouvais tant de difficultĂ©s Ă  vivre cette transition que tout parent connaĂźt. Je n’avais pas l’impression qu’autour de moi les gens avaient les mĂȘmes. Pire, j’entendais des parents soulagĂ©s du dĂ©part de leurs enfants. Enfin, ils allaient retrouver la libertĂ©, disaient-ils. Il y avait ce film oĂč le garçon, Tanguy, s’éternisait chez ses parents, prolongeant sans cesse ses Ă©tudes. Le mien Ă©tait parti Ă  l’autre bout du monde dĂšs ses dix-huit ans. C’est toujours comme ça : ceux qui veulent se dĂ©barrasser de leurs enfants hĂ©ritent de boulets, tandis que ceux qui veulent couver Ă  loisir leur progĂ©niture se retrouvent avec des prĂ©coces de l’autonomie. Mon fils me manquait atrocement. Et je ne supportais plus d’échanger avec lui des messages par Skype, ou par e-mails. D’ailleurs, ces messages et ces moments virtuels Ă©taient de plus en plus courts. Nous n’avions rien Ă  nous dire. L’amour entre un parent et un enfant n’est pas dans les mots, pas dans la discussion. Ce que j’aimais, c’était simplement que mon fils soit lĂ , Ă  la maison. On pouvait ne pas se parler de la journĂ©e, ce n’était pas grave, je sentais sa prĂ©sence, ça me suffisait. Étais-je si tordu ? Je ne sais pas. Je ne peux qu’essayer de mettre des mots sur mes sentiments. Et je peux affirmer maintenant ce que je sais depuis le dĂ©but : je vis mal la sĂ©paration avec mes enfants. Elle me paraĂźt normale, justifiĂ©e, humaine, biologique, tout ce que vous voulez, pourtant elle me fait mal.
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David Foenkinos (Je vais mieux)
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13 juillet. Non, je ne me trompe pas ; je lis dans ses yeux noirs un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt pour ma personne et pour mon sort. Je le sens, et, lĂ -dessus, j’ose me fier Ă  mon cƓur, elle
. Oh ! pourrai-je, oserai-je exprimer en ces mots le bonheur cĂ©leste ?
 Je sens que je suis aimĂ©. Je suis aimĂ© !
 Et combien je me deviens cher Ă  moi-mĂȘme, combien
. J’ose te le dire, tu sauras me comprendre. Combien je suis relevĂ© Ă  mes propres yeux.depuis que j’ai son amour !
. Est-ce de la prĂ©somption ou le sentiment de ce que nous sommes rĂ©ellement l’un pour l’autre ?
 Je ne connais pas d’homme dont je craigne quelque chose dans le cƓur de Charlotte, et pourtant, lorsqu’elle parle de son fiancĂ©, qu’elle en parle avec tant de chaleur, tant d’amour
. je suis comme le malheureux que l’on dĂ©pouille de tous ses honneurs et ses titres, et Ă  qui l’on retire son Ă©pĂ©e. 16 juillet. Ah ! quel frisson court dans toutes mes veines, quand, par mĂ©garde, mes doigts touchent les siens, quand nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu, et une force secrĂšte m’attire de nouveau
. Le vertige s’empare de tous mes sens. Et son innocence, son Ăąme candide, ne sent pas combien ces petites familiaritĂ©s me font souffrir. Si, dans la conversation, elle pose sa main sur la mienne, et si, dans la chaleur de l’entretien, elle s’approche de moi, en sorte que son haleine divine vienne effleurer mes lĂšvres
. je crois mourir, comme frappĂ© de la foudre
. Wilhelm, et ce ciel, cette confiance, si j’ose jamais
. Tu m’entends
. Non, mon cƓur n’est pas si corrompu. Faible ! bien faible !
. Et n’est-ce pas de la corruption ? Elle est sacrĂ©e pour moi. Tout dĂ©sir s’évanouit en sa prĂ©sence. Je ne sais jamais ce que j’éprouve, quand je suis auprĂšs d’elle. Je crois sentir mon Ăąme se rĂ©pandre dans tous mes nerfs
. Elle a une mĂ©lodie, qu’elle joue sur le clavecin avec l’expression d’un ange, si simple et si charmante !
 C’est son air favori : il chasse loin de moi troubles, peines, soucis, aussitĂŽt qu’elle attaque la premiĂšre note. De tout ce qu’on rapporte sur l’antique magie de la musique, rien n’est invraisemblable pour moi. Comme ce simple chant me saisit ! et comme souvent elle sait le faire entendre, Ă  l’instant mĂȘme oĂč je m’enverrais volontiers une balle dans la tĂȘte !
 le trouble et les tĂ©nĂšbres de mon Ăąme se dissipent, et je respire plus librement.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce moment. Les prĂȘtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux Ă©toilĂ©s. Car vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă  moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois mystĂ©rieux. Ce doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă  goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă  l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux profonds. Les prĂȘtres vont criant: AnathĂšme ! anathĂšme ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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ROMÉO. — Elle parle : oh, parle encore, ange brillant ! car lĂ  oĂč tu es, au-dessus de ma tĂȘte, tu me parais aussi splendide au sein de cette nuit que l’est un messager ailĂ© du ciel aux-regards Ă©tonnĂ©s des mortels ; lorsque rejetant leurs tĂȘtes en arriĂšre, on ne voit plus que le blanc de leurs yeux, tant leurs prunelles sont dirigĂ©es-en haut pour le contempler, pendant qu’il chevauche sur les nuages Ă  la marche indolente et navigue sur le sein de l’air. JULIETTE. — Ô RomĂ©o, RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre, ou rejette ton nom ; ou si tu ne veux pas, lie-toi seulement par serment Ă  mon amour, et je ne serai pas plus longtemps une Capulet. ROMÉO, Ă  part. — En entendrai-je davantage, ou rĂ©pondrai-je Ă  ce qu’elle rient de dire JULIETTE. — C’est ton nom seul qui est mon ennemi. AprĂšs tout tu es toi-mĂȘme, et non un Montaigu. Qu’est-ce qu’un Montaigu ? Ce n’est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un, visage, ni toute autre partie du corps appartenant Ă  un homme. Oh ! porte un autre nom ! Qu’y a-t-il dans un nom ? La fleur que nous nommons la rose, sentirait tout aussi bon sous un autre nom ; ainsi RomĂ©o, quand bien mĂȘme il ne serait pas appelĂ© RomĂ©o, n’en garderait pas moins la prĂ©cieuse perfection : qu’il possĂšde. Renonce Ă  ton nom RomĂ©o, et en place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi toute entiĂšre. ROMÉO. — Je te prends au mot : appelle-moi seulement : ton amour, et je serai rebaptisĂ©, et dĂ©sormais je ne voudrai plus ĂȘtre RomĂ©o. JULIETTE. — Qui es-tu, toi qui, protĂ©gĂ© par la nuit, viens ainsi surprendre les secrets de mon Ăąme ? ROMÉO. — Je ne sais de quel nom me servir pour te dire qui je suis : mon nom, chĂšre sainte, m’est odieux Ă  moi-mĂȘme, parce qu’il t’est ennemi ; s’il Ă©tait Ă©crit, je dĂ©chirerais le mot qu’il forme. JULIETTE. — Mes oreilles n’ont pas encore bu cent paroles de cette voix, et cependant j’en reconnais le son n’es-tu pas RomĂ©o, et un Montaigu ? ROMÉO. — Ni l’un, ni l’autre, belle vierge, si l’un ou l’autre te dĂ©plaĂźt. JULIETTE. — Comment es-tu venu ici, dis-le-moi, et pourquoi ? Les murs du jardin sont Ă©levĂ©s et difficiles Ă  escalader, et considĂ©rant qui tu es, cette place est mortelle pour toi, si quelqu’un de mes parents t’y trouve. ROMÉO. — J’ai franchi ces murailles avec les ailes lĂ©gĂšres de l’amour, car des limites de pierre ne peuvent arrĂȘter l’essor de l’amour ; et quelle chose l’amour peut-il oser qu’il ne puisse aussi exĂ©cuter ? tes parents ne me, sont donc pas un obstacle. JULIETTE. — S’ils te voient, ils t’assassineront. ROMÉO. — HĂ©las ! il y a plus de pĂ©rils, dans tes yeux que dans vingt de leurs Ă©pĂ©es : veuille seulement abaisser un doux regard sĂ»r moi, et je suis cuirassĂ© contre leur inimitiĂ©. JULIETTE. — Je ne voudrais pas, pour le monde entier, qu’ils te vissent ici. ROMÉO. — J’ai le manteau de la nuit pour me dĂ©rober Ă  leur vue et d’ailleurs, Ă  moins que tu ne m’aimes, ils peuvent me trouver, s’ils veulent : mieux vaudrait que leur haine mĂźt fin Ă  ma vie, que si ma mort Ă©tait retardĂ©e, sans que j’eusse ton amour ; JULIETTE. — Quel est celui qui t’a enseignĂ© la direction de cette place ? ROMÉO. — C’est l’Amour, qui m’a excitĂ© Ă  la dĂ©couvrir ; il m’a prĂȘtĂ© ses conseils, et je lui ai prĂȘtĂ© mes yeux. Je ne suis pas pilote ; cependant fusses-tu aussi Ă©loignĂ©e que le vaste rivage baignĂ© par la plus lointaine nier, je m’aventurerais pour une marchandise telle que toi.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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JULIETTE.—Oh! manque, mon coeur! Pauvre banqueroutier, manque pour toujours; emprisonnez-vous, mes yeux; ne jetez plus un seul regard sur la libertĂ©. Terre vile, rends-toi Ă  la terre; que tout mouvement s’arrĂȘte, et qu’une mĂȘme biĂšre presse de son poids et RomĂ©o et toi. LA NOURRICE.—O Tybalt, Tybalt! le meilleur ami que j’eusse! O aimable Tybalt, honnĂȘte cavalier, faut-il que j’aie vĂ©cu pour te voir mort! JULIETTE.—Quelle est donc cette tempĂȘte qui souffle ainsi dans les deux sens contraires? RomĂ©o est-il tuĂ©, et Tybalt est-il mort? Mon cousin chĂ©ri et mon Ă©poux plus cher encore? Que la terrible trompette sonne donc le jugement universel. Qui donc est encore en vie, si ces deux-lĂ  sont morts? LA NOURRICE.—Tybalt est mort, et RomĂ©o est banni: RomĂ©o, qui l’a tuĂ©, est banni. JULIETTE.—O Dieu! la main de RomĂ©o a-t-elle versĂ© le sang de Tybalt? LA NOURRICE.—Il l’a fait, il l’a fait! O jour de malheur! il l’a fait! JULIETTE.—O coeur de serpent cachĂ© sous un visage semblable Ă  une fleur! jamais dragon a-t-il choisi un si charmant repaire? Beau tyran, angĂ©lique dĂ©mon, corbeau couvert des plumes d’une colombe, agneau transportĂ© de la rage du loup, mĂ©prisable substance de la plus divine apparence, toi, justement le contraire de ce que tu paraissais Ă  juste titre, damnable saint, traĂźtre plein d’honneur! O nature, qu’allais-tu donc chercher en enfer, lorsque de ce corps charmant, paradis sur la terre, tu fis le berceau de l’ñme d’un dĂ©mon? Jamais livre contenant une aussi infĂąme histoire porta-t-il une si belle couverture? et se peut-il que la trahison habite un si brillant palais? LA NOURRICE.—Il n’y a plus ni sincĂ©ritĂ©, ni foi, ni honneur dans les hommes; tous sont parjures, corrompus, hypocrites. Ah! oĂč est mon valet? Donnez-moi un peu d’aqua vité
.. Tous ces chagrins, tous ces maux, toutes ces peines me vieillissent. Honte soit Ă  RomĂ©o! JULIETTE.—Maudite soit ta langue pour un pareil souhait! Il n’est pas nĂ© pour la honte: la honte rougirait de s’asseoir sur son front; c’est un trĂŽne oĂč on peut couronner l’honneur, unique souverain de la terre entiĂšre. Oh! quelle brutalitĂ© me l’a fait maltraiter ainsi? LA NOURRICE.—Quoi! vous direz du bien de celui qui a tuĂ© votre cousin? JULIETTE.—Eh! dirai-je du mal de celui qui est mon mari? Ah! mon pauvre Ă©poux, quelle langue soignera ton nom, lorsque moi, ta femme depuis trois heures, je l’ai ainsi dĂ©chirĂ©? Mais pourquoi, traĂźtre, as-tu tuĂ© mon cousin? Ah! ce traĂźtre de cousin a voulu tuer mon Ă©poux.—Rentrez, larmes insensĂ©es, rentrez dans votre source; c’est au malheur qu’appartient ce tribut que par mĂ©prise vous offrez Ă  la joie. Mon Ă©poux vit, lui que Tybalt aurait voulu tuer; et Tybalt est mort, lui qui aurait voulu tuer mon Ă©poux. Tout ceci est consolant, pourquoi donc pleurĂ©-je? Ah! c’est qu’il y a lĂ  un mot, plus fatal que la mort de Tybalt, qui m’a assassinĂ©e.—Je voudrais bien l’oublier; mais, ĂŽ ciel! il pĂšse sur ma mĂ©moire comme une offense digne de la damnation sur l’ñme du pĂ©cheur. Tybalt est mort, et RomĂ©o est
.. banni! Ce banni, ce seul mot banni, a tuĂ© pour moi dix mille Tybalt. La mort de Tybalt Ă©tait un assez grand malheur, tout eĂ»t-il fini lĂ ; ou si les cruelles douleurs se plaisent Ă  marcher ensemble, et qu’il faille nĂ©cessairement que d’autres peines les accompagnent, pourquoi, aprĂšs m’avoir dit: «Tybalt est mort,» n’a-t-elle pas continuĂ©: «ton pĂšre aussi, ou ta mĂšre, ou tous les deux?» cela eĂ»t excitĂ© en moi les douleurs ordinaires. Mais par cette arriĂšre-garde qui a suivi la mort de Tybalt, RomĂ©o est banni; par ce seul mot, pĂšre, mĂšre, Tybalt, RomĂ©o, Juliette, tous sont assassinĂ©s, tous morts. RomĂ©o banni! Il n’y a ni fin, ni terme, ni borne, ni mesure dans la mort qu’apporte avec lui ce mot, aucune parole ne peut sonder ce malheur.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Caligula! Toi aussi, toi aussi, tu es coupable. Alors, n'est-ce pas, un peu plus, un peu moins! Mais qui oserait me condamner dans ce monde sans juge, oĂč personne n'est innocent! (Avec tout l'accent de la dĂ©tresse, se pressant contre le miroir.) Tu le vois bien, HĂ©licon n'est pas venu. Je n'aurai pas la lune. Mais qu'il est amer d'avoir raison et de devoir aller jusqu'Ă  la consommation. Car j'ai peur de la consommation. Des bruits d'armes! C'est l'innocence qui prĂ©pare son triomphe. Que ne suis-je Ă  leur place! J'ai peur. Quel dĂ©-goĂ»t, aprĂšs avoir mĂ©prisĂ© les autres, de se sentir la mĂȘme lĂąchetĂ© dans l'Ăąme. Mais cela ne fait rien. La peur non plus ne dure pas. Je vais retrouver ce grand vide oĂč le coeur s'apaise. Tout a l'air si compliquĂ©. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changĂ©. Mais oĂč Ă©tancher cette soif ? Quel coeur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac ? (S'agenouillant et pleu-rant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit Ă  ma me-sure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible! Je l'ai cherchĂ© aux limites du monde, aux confins de moi-mĂȘme. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis Ă  rien. Ma libertĂ© n'est pas la bonne. HĂ©licon! HĂ©licon! Rien! rien encore. Oh, cette nuit est lourde! HĂ©licon ne viendra pas: nous serons coupa-bles Ă  jamais! Cette nuit est lourde comme la douleur hu-maine.
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Albert Camus (Caligula)
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L'amour ne peut pas se passer d'Ă©change, de petits billets doux que l'on s'adresse et se renvoie. L'amour est peut-ĂȘtre la plus belle forme du dialogue que l'homme a inventĂ© pour se rĂ©pondre Ă  lui-mĂȘme. Et c'est lĂ  justement que l'art du ventriloque a un rĂŽle immense Ă  jouer. Les grands ventriloques ont Ă©tĂ© avant tout des libĂ©rateurs : ils nous permettent de sortir de nos cachots solitaires et de fraterniser avec l'univers. C'est nous qui faisons parler le monde, la matiĂšre inanimĂ©e, c'est ce qu'on appelle la culture, qui fait parler le nĂ©ant et le silence. La libĂ©ration, tout est lĂ . Je donne des leçons Ă  Fresnes; les prisonniers apprennent Ă  faire parler les barreaux, les murs, Ă  humaniser le monde. Philoloque a dit qu'une seule dĂ©finition de l'homme est possible : l'homme est une dĂ©claration d'intention, et j'ajouterais qu'il fait qu'elle soit faite hors du contexte. Je reçois ici toutes sortes de muets intĂ©rieurs pour causes extĂ©rieures, pour cause de contexte, et je les aide Ă  se libĂ©rer. Tous mes clients cachent honteusement une voix secrĂšte, car ils savent que la sociĂ©tĂ© se dĂ©fend. Par exemple, elle ferme les bordels, pour fermer les yeux. C'est ce qu'on appelle morale, bonnes moeurs et suppression de la prostitution authentique et noble, celle qui ne se sert pas du cul mais des principes, des idĂ©es, du parlement, de la grandeur, de l'espoir, du peuple, puisse continuer par des voies officielles. Il vient donc un moment oĂč vous n'en pouvez plus et oĂč vous ĂȘtes dĂ©vorĂ© par le besoin de vĂ©ritĂ© et d'authenticitĂ©, de poser des questions et de recevoir des rĂ©ponses, bref, de communiquer - de communiquer avec tout, avec le tout, et c'est lĂ  qu'il convient de faire appel Ă  l'art. C'est lĂ  que le ventriloque entre en jeu et rend la crĂ©ation possible. Je suis reconnu d'utilitĂ© publique par monsieur Marcellin, notre ancien Ministre de l'IntĂ©rieur, et monsieur Druon, notre ancien Ministre de la Culture et j'ai reçu l'autorisation d'exercer de l'Ordre des MĂ©decins, car il n'y a aucun risque. Tout demeure comme avant, mais on se sent mieux.
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Romain Gary (Gros-CĂąlin)
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Deixar entrar alguém na nossa vida é deitar abaixo as paredes que construímos para nos protegermos, não ficando à espera que o outro as derrube!
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Le droit de me lire ne donne pas au lecteur le droit de m'agresser s'il n'aime pas mes idées. Ce genre d'attitudes appartiennent à un autre ùge, à une autre époque, celle de l'inquisition, celle du rÚgne de la volonté du groupe, le rÚgne de la négation de l'individu.
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Fatema Mernissi (L'Amour dans les pays musulmans : A travers le miroir des textes anciens)
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Sans doute n'y a-t-il qu'une chance sur un million pour que tu lises cette lettre, mais ça ne m'empĂȘche pas de l'Ă©crire avec le fol espoir que tu finisses par la recevoir .. Alors voilĂ  : Je voulais seulement te dire .. Te dire que ma vie est toujours pleine de toi et que mille fois par jour, je t'envoie mes pensĂ©es dans l'espoir qu'elles t'atteignent. Te dire que sans toi je meurs Ă  petit feu, parce que tu es mon vĂ©ritable point d'ancrage. Te dire que j'ai tout gardĂ© de nous : nos chassĂ©s-croisĂ©s, nos souffles qui s'emmĂȘlent, nos abandons, notre lumiĂšre, et que tout reste en moi et me contamine comme une infection dont je refuse de guĂ©rir.Te dire que j'ai essayĂ© de te fuir, mais que tout me ramĂšne Ă  toi et si je devais ne jamais te revoir, j'aimerais que tu saches que je ne regrettes rien. Que les morsures cruelles de la douleur pĂšsent de peu de poids face Ă  la parenthĂšse de notre amour.
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Guillaume Musso (Je reviens te chercher)
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J'Ă©tais si heureux de sentir mon cƓur capable d'un amour nouveau !... J'empruntais, dans cet enthousiasme factice, les formules mĂȘmes qui, si peu de temps auparavant, m'avaient servi pour peindre un amour vĂ©ritable et longtemps Ă©prouvĂ©. La lettre partie, j'aurais voulu la retenir, et j'allais rĂȘver dans la solitude Ă  ce qui me semblait une profanation de mes souvenirs.
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Gérard de Nerval (Aurélia)
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Oh, merveilleux bonhomme. Tu voyais tout en moi, chaque recoin de mon petit cƓur. La moindre de mes pensĂ©es, qu'elle soit profonde ou mesquine.Tu riais pour Ă©loigner le mal et cĂ©lĂ©brais les moments de joie. Être connu de quelqu'un, profondĂ©ment, de l'intĂ©rieur, c'est ça, l'essence de l'amour. Une existence sans amour n'est que l'ombre de la vie. J'ai errĂ© dans cette pĂ©nombre quand tu es parti pour le camp d'entraĂźnement, Sal. Et elle a failli me submerger lorsque tu es mort. Je le souhaitais, en un sens. Jusqu'au jour oĂč une personne a dĂ©cidĂ© qu'elle me connaissait suffisamment pour me montrer toutes les bonnes raisons que j'avais de rester en vie.
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Suzanne Hayes
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Nous sommes prisonniers des images, des reprĂ©sentations, dirait Sarah, et seuls ceux qui, comme elle ou comme le colporteur, font le choix de se dĂ©faire de leur vie (si une telle chose est rĂ©ellement possible) peuvent parvenir Ă  autrui. Je me rappelle le bruit de mon urine tombant sur les pierres dans le silence enivrant du dĂ©sert ; je me rappelle mes petites pensĂ©es, bien futiles au regard de l'infinitĂ© des ĂȘtres ; je n'avais pas conscience des fourmis et des araignĂ©es que je noyais dans l'urĂ©e. Nous sommes condamnĂ©s, comme dit Montaigne dans son dernier Essai, Ă  penser comme on pisse, en chemin, vite et furtivement, en espions. Seul l'amour, pensai-je en regagnant la tente, en frĂ©missant de froid et de dĂ©sir au souvenir de la nuit prĂ©cĂ©dente, nous ouvre vers autrui ; l'amour comme renoncement, comme fusion - rien d'Ă©tonnant Ă  ce que ces deux absolus, le dĂ©sert et l'amour, se soient rencontrĂ©s pour donner un des monuments les plus importants de la littĂ©rature universelle, la folie de Majnoun qui hurla sa passion pour Leyla aux cailloux et aux vipĂšres Ă  cornes, Leyla qu'il aima, aux environs de l'an 750, dans une tente toute pareille.
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Mathias Énard
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Unlike Pierre de Ronsard’s poem on that classical theme, “Quand tu seras bien vielle” (When You Are Very Old), however, Baudelaire’s meditation is prompted by a human cadaver whose guts spill across the page, the poem graphically detailing the flies, vermin, and stink. The speaker instructs his beloved that when she, too, is a rotting corpse, she should tell the vermin—who will eat her with kisses—that “j’ai gardĂ© la forme et l’essence divine / De mes amours dĂ©composĂ©s!” (I have maintained the form and divine essence / Of my decomposed loves!). Just as he exploits grotesque physical details only to extract from them an “essence divine,” so Baudelaire uses poetic convention while transforming it.
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Anonymous
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Immobilisé, je me mis à vivre avec moi, ce qui n'était pas dans mes habitudes ; et cette intimité nouvelle me fit découvrir le miracle de se cÎtoyer réellement, préambule à tout amour réel.
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Alexandre Jardin (L'Île des gauchers)
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Je vois des hommes plongĂ©s dans les tĂ©nĂšbres de la superstition, harcelĂ©s par un essaim de fantĂŽmes. Si je cherche, dans la mesure de mes forces Ă  projeter la lumiĂšre du jour sur ces apparitions de la nuit, croyez-vous que j'obĂ©isse Ă  mon amour pour vous ? J'Ă©cris peut-ĂȘtre par amour pour les hommes ? Eh non! j'Ă©cris parce que je veux faire Ă  des idĂ©es qui sont mes idĂ©es une place dans le monde [...] Faites-en ce que vous voudrez, c'est votre affaire et je ne m'en inquiĂšte pas [...] Non seulement ce n'est pas pour l'amour de vous j'exprime ce que je pense, mais ce n'est pas mĂȘme pour l'amour de la vĂ©ritĂ©.
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Max Stirner
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Une enveloppe fermĂ©e promet toujours tant de choses... C'est comme si elle pouvait tout contenir... vraiment tout. Bon, tout, Ă  partir du moment oĂč ça tient dans une enveloppe, bien sĂ»r. Mais la lettre elle-mĂȘme pourrait tout contenir ! Une dĂ©claration d'amour, des excuses, un "remet-toi vite !". Mes lettres entrent un peut dans ces trois catĂ©gories, je crois.
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Cat Clarke (Undone)
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Vous voyez, déjà à l'époque, je savais. Il n'y avait pas de truc. Ce n'était pas un tour. Parfois le jour et la nuit s'inversent. Parfois ce qui doit se lever se couche et vice versa. L'amour se transforme en haine, les choses sur lesquelles vous vous appuyez se dérobent sous vos pieds et vous vous retrouvez à pédaler dans le vide. Parfois, les gens cessent de vous aimer. Ce genre de nuit-là ne disparaßt pas, peu importe le nombre de lunes qui se lÚvent à nouveau et emplissent le ciel d'un vague ersatz de lumiÚre.
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Laurence Werner David (A mes yeux)
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Tu habites mon armure, la fragilitĂ© de mon cƓur. Expose-moi Ă  ton Amour qu’il transperce mes peurs
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Arnaud Segla (Le Cri de la Calebasse: II. Perles d’exil (French Edition))
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Tu te mets Ă  donner, par bĂȘtise, par amour. Les gens, ils te prennent tout. Et tu te retrouves tout dessĂ©chĂ©, sec comme mes mains. Les gens, ils savent pas rendre.
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Lyonel Trouillot (Ne m'appelle pas capitaine)
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Les phrases amoureuses que j'aurais voulu entendre depuis quatre ans, voilà qu'il me les disait alors que je n'écoutais plus. Et voilà qu'il m'écrivait quand il partait en reportage des lettres qu'il croyait d'amour. [...]« Je t'embrasse comme je t'aime», ne valaient pas à mes yeux le petit « je t'I » de Pierre. Il me semblait à moi qu'on aime plus quand on le dit mieux.
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BenoĂźte Groult (My Escape: An Autobiography)
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J’ai trouvĂ©, dans une de mes chemises, un de tes cheveux. Il est long et doux, bouclĂ©. Je l’ai observĂ© longtemps et caressĂ©. Je me suis demandĂ© si j’allais le jeter. Je l’ai gardĂ© jusqu’à ce matin. Profitant de la brise, je viens de le lĂącher au vent. Il a retrouvĂ© sa libertĂ© et moi ma tristesse. Pour un peu, je l’aurais cherchĂ©. J’ai presque pleurĂ© pour un cheveu de toi. Pas de reliques, l’amour n’a pas besoin de cela.
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Jean-Louis Grosmaire (Lettres Ă  deux mains)
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J'ai peur parfois de ces idées qui s'emballent, de cette clarté terrible de mes pensées qui s'étalent sans ombre, éclatantes sous la violence des projecteurs.
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Patrick Cauvin (E=mcÂČ, mon amour)
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Noyé par les affres entreposées, l'oxygÚne, pur, inexistant de mes axones. Délivré par une manque de contact humain, consommé par des choix incandescentes. Consommé par la vie, l'amour et la perte.
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Stephen Clayworth
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MĂ©tamorphoses la nuit je veux l'enrouler autour de moi comme un drap chaud elle avec ses Ă©toiles blanches, avec sa malĂ©diction grise avec ses bouts ondoyants, qui traquent les coqs des jours, je pends dans les charpentes aussi raide qu'une chauve-souris, je me laisse tomber dans l'air et je pars en chasse. Homme, j'ai rĂȘvĂ© de ton sang, je te mords jusqu'Ă  la blessure, je me love dans tes cheveux et j'aspire ta bouche. Au-dessus des tours Ă©mondĂ©es les cimes du ciel sont noires. De leurs troncs dĂ©nudĂ©s suinte de la rĂ©sine vitreuse vers des coupes invisibles de porto. Dans mes yeux marron demeure le reflet, Avec mes yeux marron dorĂ© je pars chercher ma proie, je capture poisson dans les tombes, celles qui se tiennent entre les maisons je capture poisson dans la mer : et la mer est une place plus loin avec des mats brisĂ©s, des amours noyĂ©s. Les lourdes cloches du navire sonnent venant de la forĂȘt des algues. Sous la forme du navire se fige une forme d'enfant, dans ses mains du limon, au front une lumiĂšre. Entre nous les eaux voyagent, je ne te garde pas. DerriĂšre des vitres gelĂ©es luisent des lampes bariolĂ©es et blanches, des cuillĂšres livides coulent dans le bol, glace multicolore ; je vous appĂąte avec des fruits rouges, faits avec mes lĂšvres je suis un petit en-cas dans le gobelet de la nuit.
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Gertrud Kolmar
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AveuglĂ© par ta lumiĂšre, SubmergĂ© par mes tĂ©nĂšbres, Quelle Ă©trange atmosphĂšre.. Pour mes dĂ©sirs funĂšbres. Prends-la, prends-la, prends-la. Quand nous Ă©tions enfants, Ta beautĂ© me faisait dĂ©jĂ  pleurer, Tes yeux me faisaient dĂ©jĂ  saigner, Tu flottais comme une plume, Dans un monde merveilleux. Et je tombais comme une enclume, Dans un univers dangereux. Soumets-la, soumets-la, soumets-la. Rasoir, couteau et corde, Pour te saigner jusqu'Ă  veine. Étrangler, brise et mordre, Je t'aurai quoiqu'il advienne... Tue-la, tue-la, tue-la. Ça m'est Ă©gale si ça fait mal, Je veux prendre le contrĂŽle, De ton corps affamĂ©, De ton cƓur cadenassĂ©, De ton Ăąme dĂ©chirĂ©e, Et surtout, je veux que tu me remarques, Que mon absence te marque. Être spĂ©cial pour toi, Comme tu l'es pour moi. Rose de toute clartĂ©, fanĂ©e par mes pĂ©chĂ©s. Pour te voler ton souffle, Mes mains te serrent le cou. Pour te dĂ©rober ton Ă©ternitĂ©, Mes doigts t'Ă©crasent la gorge. GĂ©mir, prier, supplier. Je n'ai pas de pitiĂ©, L'abandon dans la perte, La soif dans le sang, Ton nom sur une tombe... C'est l'Ă©pitaphe de mon amour. Avec ta mort, Mon fantasme devient rĂ©alitĂ©. Et moi, j'en veux encore... Plus personne ne peut m'arrĂȘter.
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Océane Ghanem (Serial Fucker)
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Combien d’amours ont fait crier ton lit ? Combien d’annĂ©es ont ridĂ© tes yeux ? Qui a vidĂ© tes seins Ă©puisĂ©s ? Je t’ai regardĂ© avec mes yeux de plomb Et mes illusions ont Ă©clatĂ© Laissant derriĂšre elles Ta vieillesse Qui ne peut rĂ©pondre Ă  mes questions.
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Joyce Mansour
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À votre sujet, Ă©crit-elle, il me sembloit que mes os se dĂ©boitoient et qu’ils quittoient leur lieu, pour la peine que le sentiment naturel avoit de cet abandonnement : Mais Ă  mon Ă©gard mon cƓur fondoit de joye dans la fidĂ©litĂ© que je voulois rendre Ă  Dieu et Ă  son Fils, luy donnant vie pour vie, amour pour amour, tout pour tout, puisque cette divine MajestĂ© m’en rendoit digne, et me mettoit dans l’occasion, moy qui Ă©tois la lie du monde.
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Carl Bergeron (Grande Marie ou le luxe de sainteté (La))
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n'ai obéi qu'à une exigence, d'ailleurs non formulée, celle de donner à entendre ma voix, et cela, si je puis dire, à mes propres oreilles : ma voix, comme si je craignais, aprÚs tant d'années consacrées à écouter les voix des autres, de perdre la mienne
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Jean-Bertrand Pontalis (L'amour des commencements)