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Tous mes anciens amours vont me revenir.'
- All my old loves will be returned to me
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Carolyn Turgeon (Godmother: The Secret Cinderella Story)
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laisser entrer quelqu'un dans sa vie, c'est abattre les murs qu'on a construits pour se protéger, pas attendre que l'autre les enfonce !
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Je passe mes jours et mes nuits à tenter d'oublier Claire. C'est un travail à plein temps. Le matin, en me réveillant, je sais que telle sera ma seule occupation jusqu'au soir. J'ai un nouveau métier: oublieur de Claire. L'autre jour, à déjeuner, Jean Marie Périer m'a asséné :
-Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un , c'est que tu ne l'aimes pas.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ĂgoĂŻste romantique)
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L'amour, tu vois, c'est comme l'oxygÚne, si on en manque trop longtemps on finit par en mourir. Tu m'as tellement aimée en quelques mois que j'ai eu des réserves d'amour pendant des années. Grùce à elles, j'ai pu affronter beaucoup de choses, mais j'arrive au bout de mes réserves, Martin.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Moi, je veux montrer mes qualitĂ©s; mais, je ne suis pas assez hypocrite pour cacher mes vices! Le rire, le mal, l'orgueil, la folie, paraitront, tour Ă tour, entre la sensibilitĂ© et l'amour de la justice, et serviront d'exemple Ă la stupĂ©faction humaine; chacun s'y reconnaitra, non pas tel qu'il devrait ĂȘtre, mais tel qu'il est.
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Au-dessus de mes mots maladroits, au-dessus des raisonnements qui me peuvent tromper, tu considÚres en moi simplement l'Homme. Tu honores en moi l'ambassadeur de croyances, de coutumes, d'amours particuliÚres. Si je diffÚre de toi, loin de te léser, je t'augmente. Tu m'interroges comme l'on interroge le voyageur.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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Dejar entrar a alguien en la vida de uno es abatir los muros construidos para protegerse, no esperar a que el otro los derribe.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Le problĂšme c'est que ma tĂȘte n'est jamais reposĂ©e. Mon cerveau est une maison de campagne pour dĂ©mons. Ils y viennent souvent et de plus en plus nombreux. Ils se font des apĂ©ros Ă la liqueur de mes angoisses. Ils se servent de mon stress car ils savent que j'en ai besoin pour avancer. Tout est question de dosage. Trop de stress et mon corps explose. Pas assez, je me paralyse. Mais le dĂ©mon le plus violent, c'est bien moi. Surtout depuis que j'ai perdu la guerre mondiale de l'amour
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Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
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A partir de ahora, la vida te pertenece; nada te resultarĂĄ imposible, si lo deseas verdaderamente.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Sonnez, grelots; sonnez, clochettes; sonnez, cloches!
Car mon rĂȘve impossible a pris corps et je lâai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
Voyageur qui de lâHomme Ă©vite les approches,
- Sonnez grelots; sonnez, clochettes, sonnez, cloches!
Le Bonheur a marché cÎte à cÎte avec moi;
Mais la FATALITĂ ne connaĂźt point de trĂȘve :
Le ver est dans le fruit, le rĂ©veil dans le rĂȘve,
Et le remords est dans lâamour : telle est la loi.
- Le Bonheur a marché cÎte à cÎte avec moi.
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Paul Verlaine (PoĂšmes saturniens)
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N'aie pas peur de mes paroles: une morte ne veut plus rien, elle ne veut ni amour, ni pitié, ni réconfort.
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Stefan Zweig (Letter from an Unknown Woman and Other Stories)
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Si la felicidad llama a tu puerta, no la dejes escapar.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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English:
Ă, take this eager dance you fool,
donât brandish your stick at me.
I have several reasons to travel on,
on to the endless sea:
I have lost my love. Iâve drunk my purse.
My girl has gone, and left me rags to sleep upon.
These old manâs gloves conceal the hands with which Iâve killed but one!
Francais:
Idiot, prends cette danse ardente, au lieu de tendre ton bĂąton.
J'en ai des raisons de voyager encore sur la mer infinie:
J'ai perdu l'amour et j'ai bu ma bourse.
Ma belle m'a quitté, j'ai ses haillons pour m'abriter.
Mes gants de vieillard cachent les mains d'un fameux assassin!
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Roman Payne (The Basement Trains: A 21st Century Poem (English and French Edition))
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Amour de ma vie ... ton image hante mes nuits, me poursuit le jour, elle remplit ma vie .. " Love of my life, your image haunts my nights, follows me all the day, fulfills my life.
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Rachel L. Demeter (The Frost of Springtime)
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Je suis si persuadée que l'amour est une chose incommode que j'ai de la joie que mes amis et moi en soyons exempts.
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â
Madame de La Fayette
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Quand mes mains te prennent, elles ne tiennent qu'un rien de ton ĂȘtre... OĂč es-tu donc tout entiĂšre, pour que j'aille t'y chercher ?
â
â
Ămile Zola (La Faute de l'abbĂ© Mouret (Les Rougon-Macquart, #5))
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Ce sentiment estâil donc le seul que vous puissiez connaĂźtre, et l'amour auraâtâil ce tort de plus Ă mes yeux, d'exclure l'amitiĂ© ?
â
â
Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
â
«La prunelle de mes yeux.» Lâexpression peine Ă rendre ce qui lie le parent Ă son nouveau-nĂ©. La prunelle de ses yeux, on pouvait la lui arracher sans quâil tombe â la moelle de mes os sâapprocherait davantage, pour dire que ça parcourt tout ce quâon est, et quâil sâagit du lien qui sâĂ©tablit, avant mĂȘme quâon soit capable de reconnaĂźtre son enfant parmi les autres.
â
â
Virginie Despentes (Vernon Subutex 1 (Vernon Subutex, #1))
â
Je prĂ©fĂšre au constance, Ă lâopium, au nuits,
LâĂ©lixir de ta bouche oĂč lâamour se pavane ;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne oĂč boivent mes ennuis.
â
â
Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
â
Lâhomme que jâaime, dont lâamour se heurte parfois Ă mes absences, sâest inquiĂ©tĂ©, il y a quelque temps, de me voir entreprendre ce travail. Câest ainsi en tout cas que jâai interprĂ©tĂ© sa question, posĂ©e avec une certaine prudence : avais-je besoin dâĂ©crire ça ? Ce Ă quoi, sans hĂ©sitation, jâai rĂ©pondu que non. Jâavais besoin dâĂ©crire et ne pouvais Ă©crire rien dâautre, rien dâautre que ça. La nuance est de taille !
â
â
Delphine de Vigan
â
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ĂŽ mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n'irons plus mourir de langueur
Ă des milles de distance dans nos rĂȘves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lÚvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tĂȘte la premiĂšre pour ne plus revenir
â
â
Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
â
Contrairement Ă la plupart des hommes un peu rĂ©flĂ©chis, je n'ai pas plus l'habitude du mĂ©pris de soi que de l'amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nĂ©cessaire et inĂ©vitable, bien qu'imprĂ©vu Ă la minute qui prĂ©cĂšde, et dĂ©passĂ© Ă la minute qui suit. Pris dans une sĂ©rie de dĂ©cisions toutes dĂ©finitives, pas plus qu'un animal, je n'avais eu le temps d'ĂȘtre un problĂšme Ă mes propres yeux. (p. 158-159)
â
â
Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
â
Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ćuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage.
Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. ThĂ©Ăątre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©.
Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
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Ăric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
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¥Ah! ¥La soledad, qué hermosa y triste cosa! ¥Qué hermosa cuando la escogemos! ¥Qué triste cuando nos es impuesta durante años!
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Emmanuel Bove (EMMANUEL BOVE : MES AMIS + L'AMOUR DE PIERRE NEUHART + LE MEURTRE DE SUZY POMMIER + LE PRESSENTIMENT (Ed. intégrale annotée) (French Edition))
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Mes moqueries continues étaient ma façon de tordue de dire « Charles, je t'aime », ça y est, c'est dit, je ne le répéterai jamais, une fois par vie suffit.
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Frédéric Beigbeder (Un roman français)
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La curiosité de l'autre est toujours désespérément moins grande que la préservation de mon identité et de mes certitudes.
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Claire Legendre (Vérité et Amour)
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Mes souffrances me sont chĂšres ; elles me prouveront lâexcĂšs de mon amour.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons Dangereuses)
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PĂšre, maĂźtresse, honneur, amour,
noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
tous mes plaisirs sons morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malhereux, l'autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d'une ùme généreuse,
mais ensemble amoureuse, digne ennemi de mon plus grand bonheur.
Fer qui causes ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur?
M'est-tu donné pour perdre ma ChimÚne?
â
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Pierre Corneille (Le Cid)
â
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris qu'en toutes circonstances,
JâĂ©tais Ă la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...
l'Estime de soi.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle
NâĂ©taient rien d'autre qu'un signal
Lorsque je vais Ă l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
J'ai cessé de vouloir une vie différente
Et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive
Contribue Ă ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă percevoir l'abus
Dans le fait de forcer une situation ou une personne,
Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,
Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme
Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment...
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes,
situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© d'avoir peur du temps libre
Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans,
Jâai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime
Quand cela me plait et Ă mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de chercher Ă avoir toujours raison,
Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©.
Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de revivre le passĂ©
Et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent,
LĂ oĂč toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s'appelle... la Plénitude.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir.
Mais si je la mets au service de mon coeur,
Elle devient une alliée trÚs précieuse !
Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.
Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.
Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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Lui qui aurait voulu pouvoir offrir le ciel
Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel
Brodé de lumiÚre d'or et de reflets d'argents
Le mystérieux secret, le secret éternel
De la nuit et du jour, de la vie et du temps
Avec tout mon amour je le mettrais Ă tes pieds
Mais tu sais je suis pauvre et je n'ai que mes rĂȘves
Alors c'est de mes rĂȘves qu'il faut te contenter
Marche doucement, car tu marches sur mes rĂȘves
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W.B. Yeats
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelquâun qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelquâun qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. CâĂ©tait le matin; le soleil se leva Ă lâhorizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ quâĂ mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il sâapprocha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-tâen; je ne tâai pas appelĂ©: je nâai pas besoin de ton amitiĂ©."
CâĂ©tait le soir; la nuit commençait Ă Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle nâosait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles nâest pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula lâherbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus dâune; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de mâavoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă moi avec tant dâabandon et de confiance, avec autant de confiance et dâabandon, je me livre Ă elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais lâoublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux."
Que me fallait-il donc, Ă moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce quâil y avait de plus beau dans lâhumanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Et par contre, si je communique Ă mes hommes lâamour de la marche sur la mer, et que chacun dâeux soit ainsi en pente Ă cause dâun poids dans le cĆur, alors tu les verras bientĂŽt se diversifier selon leurs mille qualitĂ©s particuliĂšres. Celui-lĂ tissera des toiles, lâautre dans la forĂȘt par lâĂ©clair de sa hache couchera lâarbre. Lâautre, encore, forgera des clous, et il en sera quelque part qui observeront les Ă©toiles afin dâapprendre Ă gouverner. Et tous cependant ne seront quâun. CrĂ©er le navire ce nâest point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goĂ»t de la mer qui est un, et Ă la lumiĂšre duquel il nâest plus rien qui soit contradictoire mais communautĂ© dans lâamour.
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Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
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Donc, en résumant, si Alix Alix fendait l'écume sinistre d'un orage au guidon d'un engin formaté "Rencontre du troisiÚme type", il le devait à Bella Bonifaci. Initiales B.B., oui. Coincidence écoeurante. Bella Bonifaci, l'amour de sa vie.
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Jean-Paul Noziere (Adieu mes jolies)
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Je le vis, je rougis, je pĂąlis Ă sa vue ;
Un trouble sâĂ©leva dans mon Ăąme Ă©perdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler :
Je reconnus VĂ©nus et ses feux redoutables,
Dâun sang quâelle poursuit tourments inĂ©vitables !
Par des vĆux assidus je crus les dĂ©tourner :
Je lui bĂątis un temple, et pris soin de lâorner ;
De victimes moi-mĂȘme Ă toute heure entourĂ©e,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée :
Dâun incurable amour remĂšdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brĂ»lait lâencens !
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
Jâadorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse,
MĂȘme au pied des autels que je faisais fumer,
Jâoffrais tout Ă ce dieu que je nâosais nommer.
Je lâĂ©vitais partout. Ă comble de misĂšre !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son pĂšre.
Contre moi-mĂȘme enfin jâosai me rĂ©volter :
Jâexcitai mon courage Ă le persĂ©cuter.
Pour bannir lâennemi dont jâĂ©tais idolĂątre,
Jâaffectai les chagrins dâune injuste marĂątre ;
Je pressai son exil ; et mes cris Ă©ternels
LâarrachĂšrent du sein et des bras paternels.
Je respirais, ĆNONE ; et, depuis son absence,
Mes jours moins agitĂ©s coulaient dans lâinnocence :
Soumise Ă mon Ă©poux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon Ă©poux lui-mĂȘme Ă TrĂ©zĂšne amenĂ©e,
Jâai revu lâennemi que jâavais Ă©loignĂ© :
Ma blessure trop vive aussitÎt a saigné.
Ce nâest plus une ardeur dans mes veines cachĂ©e :
Câest VĂ©nus tout entiĂšre Ă sa proie attachĂ©e.
Jâai conçu pour mon crime une juste terreur ;
Jâai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ;
Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire,
Et dérober au jour une flamme si noire :
Je nâai pu soutenir tes larmes, tes combats :
Je tâai tout avouĂ© ; je ne mâen repens pas.
Pourvu que, de ma mort respectant les approches,
Tu ne mâaffliges plus par dâinjustes reproches,
Et que tes vains secours cessent de rappeler
Un reste de chaleur tout prĂȘt Ă sâexhaler.
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Jean Racine (PhĂšdre)
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Il m'arrive de relire mes romans préférés en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je relis à rebours jusqu'au premier.
Quand on lit de cette maniĂšre, les personnages vont de l'espoir vers le dĂ©sespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d'amour, les couples sont d'abord amants avant de devenir des Ă©trangers. Les rĂ©cits d'initiation se transforment en rĂ©cit d'Ă©garement. Des personnages reviennent mĂȘme Ă la vie.
Si ma vie Ă©tait un roman qu'on lisait Ă l'envers, rien ne changerait.
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Nicola Yoon (Everything, Everything)
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Quand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturĂ© les sentiments d'un cĆur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux.
[ Alfred de Musset a George Sand ]
"Cette insigne faveur que votre cĆur rĂ©clame
Nuit a ma renommée et répugne a mon ùme."
[ George Sand a Alfred de Musset ]
[ lisez le premier mot de chaque ligne ]
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George Sand (Correspondance de George Sand et d'Alfred de Musset)
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On est tous seuls, ici, Ă Paris, ou ailleurs. On peut essayer de fuir la solitude, dĂ©mĂ©nagĂ©, faire tout pour rencontrer des gens, cela ne change rien. A la fin de la journĂ©e, chacun rentre chez soi. Ceux qui vivent en couple ne se rendent pas compte de leur chance. Ils ont oubliĂ© les soirĂ©es devant un plateau-repas, lâangoisse du week-end qui arrive, le dimanche Ă espĂ©rer que le tĂ©lĂ©phone sonne. Nous sommes des millions comme ça dans toutes les capitales du monde. La seule bonne nouvelle câest quâil nây a pas de quoi se sentir si diffĂ©rents des autres.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Cette histoire est celle d'Arthur ValÚs et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte. Si quelqu'un, un jour, tombe sur mes cahiers, qu'il n'ait pas de doute puisque tout cela est la vérité, qu'il n'ait pas de honte puisque nous n'en avons pas, qu'il livre nos noms à la postérité plutÎt que d'avoir le réflexe de les dissimuler aux regards, qu'il ait conscience qu'il s'agit bien d'une histoire d'amour et pas d'une exaltation passagÚre et non maßtrisée puisque nous savons ce que nous faisons. Cette histoire est celle d'Arthur ValÚs et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte
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Philippe Besson (In the Absence of Men)
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Une fois, il m'a dit que j'Ă©tais belle. Il y a plus de vingt ans et j'avais un peu plus de vingt ans. J'Ă©tais joliment vĂȘtue, un faux air de Dior; il voulait coucher avec moi. Son compliment eut raison de mes jolis vĂȘtements.
Vous voyez, on se ment toujours.
Parce que l'amour ne résisterait pas à la vérité.
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Grégoire Delacourt (La liste de mes envies)
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Ma bohĂšme
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! lĂ ! lĂ ! que d'amours splendides j'ai rĂȘvĂ©es !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rĂȘveur, j'Ă©grenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge Ă©tait Ă la Grande-Ourse.
- Mes Ă©toiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les Ă©coutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre oĂč je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
OĂč, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les Ă©lastiques
De mes souliers blessés, un pied prÚs de mon coeur !
â
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Arthur Rimbaud (Poésies)
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Ma liberté
Longtemps je t'ai gardée
Comme une perle rare
Ma liberté
c'est toi qui m'as aidé
A larguer les amarres
Pour aller n'importe oĂč
Pour aller jusqu'au bout
Des chemins de fortune
Pour cueillir en rĂȘvant
Une rose des vents
Sur un rayon de lune
Ma liberté
Devant tes volontés
Mon Ăąme Ă©tait soumise
Ma liberté
je t'avais tout donné
Ma derniĂšre chemise
Et combien j'ai souffert
Pour pouvoir satisfaire
Tes moindres exigences
J'ai changé de pays
J'ai perdu mes amis
Pour gagner ta confiance
Ma liberté
Tu as su désarmer
Toutes mes habitudes
Ma liberté
toi qui m'as fait aimer
MĂȘme la solitude
Toi qui m'as fait sourire
Quand je voyais finir
Une belle aventure
Toi qui m'as protégé
Quand j'allais me cacher
Pour soigner mes blessures
Ma liberté
Pourtant je t'ai quittée
Une nuit de décembre
J'ai déserté les chemins écartés
Que nous suivions ensemble
Lorsque sans me méfier
Les pieds et poings liés
Je me suis laissé faire
Et je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geĂŽliĂšre
Et je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geĂŽliĂšre
â
â
Georges Moustaki
â
Jâaime ce pays, et jâaime y vivre parce que jây ai mes racines, ces profondes et dĂ©licates racines, qui attachent un homme Ă la terre oĂč sont nĂ©s et morts ses aĂŻeux, qui lâattachent Ă ce quâon pense et Ă ce quâon mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de lâair lui-mĂȘme.
â
â
Guy de Maupassant (Guy de Maupassant - Le Horla (Annotée))
â
Mes compagnes, mes "accompagnatrices", ne sont jamais restées longtemps: trÚs vite elles s'en allaient, dÚs qu'elles comprenaient que ce qu'elles avaient d'abord pris chez moi pour du détachement était du vide; or les femmes savent que le vide engendre le vide, alors elles me quittaient, avec douceur, sans oser me dire quoi que ce soit: car que peut-on dire à un naufragé?
â
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Laurence Tardieu (Puisque rien ne dure)
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Le MĂ©tĂšque
Avec ma gueule de métÚque, de juif errant, de pùtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout dĂ©lavĂ©s, qui me donnent l'air de rĂȘver
Moi qui ne rĂȘve plus souvent.
Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rĂŽdeur
Qui ont pillé tant de jardins
Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassé et mordu
Sans jamais assouvir sa faim
Avec ma gueule de métÚque, de juif errant, de pùtre grec
De voleur et de vagabond
Avec ma peau qui s'est frottée au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu'il a souffert
Sans pour cela faire d'histoire
Avec mon Ăąme qui n'a plus la moindre chance de salut
Pour Ă©viter le purgatoire.
Avec ma gueule de métÚque, de juif errant, de pùtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai ma douce captive, mon Ăąme soeur, ma source vive
Je viendrai boire tes vingt ans
Et je serai prince de sang, rĂȘveur, ou bien adolescent
Comme il te plaira de choisir
Et nous ferons de chaque jour, toute une éternité d'amour
Que nous vivrons Ă en mourir.
Et nous ferons de chaque jour, toute une éternité d'amour
Que nous vivrons Ă en mourir.
â
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Georges Moustaki
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J'aimais cette idĂ©e d'un homme qui voit clair en vous et qui prend l'initiative du rapprochement ; ce qui, probablement, rĂ©vĂšle surtout Ă quel point j'Ă©tais tĂ©tanisĂ©e Ă la perspective de devoir formuler ou assumer mes dĂ©sirs, ou de devoir prendre moi-mĂȘme une initiative quelconque - revoilĂ le rĂȘve d'ĂȘtre prise en charge par un homme providentiel, que j'Ă©voquais au chapitre prĂ©cĂ©dent. (p. 236)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Je me suis figurĂ© quâune femme devait faire plus de cas de son Ăąme que de son corps, contre lâusage gĂ©nĂ©ral qui veut quâelle permette quâon lâaime avant dâavouer quâelle aime, et quâelle abandonne ainsi le trĂ©sor de son coeur avant de consentir Ă la plus lĂ©gĂšre prise sur celui de sa beautĂ©. Jâai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveautĂ© est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont jâaie jamais encensĂ© les autels, mâont vainement laissĂ© parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne sâoffrait Ă moi. Peut-ĂȘtre je mâexplique mal. Jâai eu la singuliĂšre idĂ©e dâĂȘtre lâĂ©poux dâune femme avant dâĂȘtre son amant. Jâai voulu voir si rĂ©ellement il existait une Ăąme assez orgueilleuse pour demeurer fermĂ©e lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche Ă des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force Ă la froideur. Dans toutes les contrĂ©es quâaime le soleil, jâai cherchĂ© les traits les plus capables de rĂ©vĂ©ler quâune Ăąme ardente y Ă©tait enfermĂ©e : jâai cherchĂ© la beautĂ© dans tout son Ă©clat, cet amour quâun regard fait naĂźtre ; jâai dĂ©sirĂ© un visage assez beau pour me faire oublier quâil Ă©tait moins beau que lâĂȘtre invisible qui lâanime ; insensible Ă tout, jâai rĂ©sistĂ© Ă tout,... exceptĂ© Ă une femme, â Ă vous, Laurette, qui mâapprenez que je me suis un peu mĂ©pris dans mes idĂ©es orgueilleuses ; Ă vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes quâaprĂšs ĂȘtre devenu votre Ă©poux. â Vous me lâavez arrachĂ©, je vous supplie de me pardonner, si jâai pu vous offenser.
( Le prince )
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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[...] Et ma fiĂšvre ? D'oĂč vient-elle ?
- Allons donc, c'est un incident sans conséquence qui passera vite.
- Non, Clawdia, tu sais bien que ce que tu dis lĂ n'est pas vrai, et tu le dis sans conviction, j'en suis sĂ»r. La fiĂšvre de mon corps et le battement de mon cĆur harassĂ© et le frissonnement de mes membres, c'est le commencement d'un incident, car ce n'est rien d'autre [...], rien d'autre que mon amour pour toi [...].
â
â
Thomas Mann (The Magic Mountain)
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LâEsclave
Captive et peut-ĂȘtre oubliĂ©e,
Je songe Ă mes jeunes amours,
Ă mes beaux jours,
Et par la fenĂȘtre grillĂ©e
Je regarde lâoiseau joyeux
Fendant les cieux.
Douce et pĂąle consolatrice,
EspĂ©rance, rayon dâen haut,
Dans mon cachot
Fais-moi, sous ta clarté propice,
Ă ton miroir faux et charmant
Voir mon amant !
AuprÚs de lui, belle Espérance,
Porte-moi sur tes ailes dâor,
Sâil mâaime encor,
Et, pour endormir ma souffrance,
Suspends mon Ăąme sur son cĆur
Comme une fleur !
â
â
Théophile Gautier (Poésies diverses (French Edition))
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Quand j'ai cessé de voir trouble, j'ai aperçu une belle brune qui m'observait. Alice m'avait vu dégouliner. Je ne sais
pas si c'est l'émotion, ou le contraste avec le lieu, mais j'ai ressenti une immense attirance pour cette mystérieuse
apparition en pull moulant noir. Plus tard, Alice m'avoua qu'elle m'avait trouvé trÚs beau: mettons cette erreur
d'appréciation sur le compte de l'instinct maternel. L'essentiel, c'est que mon attirance était réciproque - elle avait
envie de me consoler, cela se voyait. Cette rencontre m'a appris que la meilleure chose Ă faire dans un enterrement,
c'est de tomber amoureux.
C'Ă©tait une amie d'une cousine. Elle me prĂ©senta son mari, Antoine, trĂšs sympa, trop, peut-ĂȘtre. Pendant qu'elle
embrassait mes joues mouillées, elle comprit que j'avais compris qu'elle avait vu que j'avais vu qu'elle m'avait
regardé comme elle m'avait regardé. Je me souviendrai toujours de la premiÚre chose que je lui ai dite:
â J'aime bien la structure osseuse de ton visage.
â
â
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
â
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'Ă©tait hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'Ă©tait hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cĆur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
â
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Louis Aragon (Le fou d'Elsa)
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[...] Les natures du genre de la tienne, les hommes douĂ©s de sens dĂ©licats, ceux qui ont de l'Ăąme, les poĂštes, ceux pour qui toute la vie est amour nous sont presque toujours supĂ©rieurs, Ă nous, chez qui domine l'intellect. Vous ĂȘtes, par votre origine, du cĂŽtĂ© de la mĂšre. Vous vivez dans la plĂ©nitude de l'ĂȘtre. La force de l'amour, la capacitĂ© de vivre intensĂ©ment les choses est votre lot. Nous autres, hommes d'intellect, bien que nous ayons l'air souvent de vous diriger et de vous gouverner, nous ne vivons pas dans l'intĂ©gritĂ© de l'ĂȘtre, nous vivons dans les abstractions. A vous la plĂ©nitude de la vie, le suc des fruits, Ă vous le jardin de l'amour, le beau pays de l'art. Vous ĂȘtes chez vous sur terre, nous dans le monde des idĂ©es. Vous courez le risque de sombrer dans la sensualitĂ©, nous d'Ă©touffer dans le vide. Tu es artiste, je suis penseur. Tu dors sur le cĆur d'une mĂšre, je veille dans le dĂ©sert. Moi, c'est le soleil qui m'Ă©claire, pour toi brillent la lune et les Ă©toiles. Ce sont des jeunes filles qui hantent tes rĂȘves; moi, ce sont mes Ă©coliers... (p. 54-55)
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Hermann Hesse (Narcissus and Goldmund)
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Ce nâest point la pauvretĂ© qui valait aux Ă©migrants ce lĂ©ger dĂ©dain du personnel. Ce nâest point dâargent quâils manquaient, mais de densitĂ©. Ils nâĂ©taient plus lâhomme de telle maison, de tel ami, de telle responsabilitĂ©. Ils jouaient le rĂŽle, mais ce nâĂ©tait plus vrai. Personne nâavait besoin dâeux, personne ne sâapprĂȘtait Ă faire appel Ă eux. Quelle merveille que ce tĂ©lĂ©gramme qui vous bouscule, vous fait lever au milieu de la nuit, vous pousse vers la gare : « Accours ! Jâai besoin de toi ! » Nous nous dĂ©couvrons vite des amis qui nous aident. Nous mĂ©ritons lentement ceux qui exigent dâĂȘtre aidĂ©s. Certes, mes revenants, personne ne les haĂŻssait, personne ne les jalousait, personne ne les importunait. Mais personne ne les aimait du seul amour qui comptĂąt. Je me disais : « ils seront pris, dĂšs lâarrivĂ©e, dans les cocktails de bienvenue, les dĂźners de consolation. » Mais qui Ă©branlera leur porte en exigeant dâĂȘtre reçu : « Ouvre ! Câest moi ! » Il faut allaiter longtemps un enfant avant quâil exige. Il faut longtemps cultiver un ami avant quâil rĂ©clame son dĂ» dâamitiĂ©. Il faut sâĂȘtre ruinĂ© durant des gĂ©nĂ©rations Ă rĂ©parer le vieux chĂąteau qui croule, pour apprendre Ă lâaimer.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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finalement, éperdu d'amour et au comble de la frénésie érotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc.
â Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sĂ»r qu'elle le voulait, voyons! C'Ă©tait une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire.
â Tu vas le manger cru ?
â Oui.
J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondĂ©ment, soufflant un peu, entre les bouchĂ©es, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'Ă ce qu'une sueur froide me montĂąt au front. Je continuai mĂȘme un peu au-delĂ , serrant les dents, luttant contre la nausĂ©e, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon mĂ©tier d'homme.
Je fus trĂšs malade, on me transporta Ă l'hĂŽpital, ma mĂšre sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'Ă©tais trĂšs fier de moi.
Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Ăducation europĂ©enne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire.
Pendant longtemps, Ă travers mes pĂ©rĂ©grinations, j'ai transportĂ© avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamĂ© au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier Ă©tait toujours lĂ , Ă portĂ©e de la main. J'Ă©tais toujours prĂȘt Ă m'y attabler, Ă donner, une fois de plus, le meilleur de moi-mĂȘme. Ăa ne s'est pas trouvĂ©. Finalement, j'ai abandonnĂ© le soulier quelque part derriĂšre moi. On ne vit pas deux fois.
(La promesse de l'aube, ch. XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Je sortis beaucoup avec lui durant une semaine avec la frĂ©quence et lâimprudence des commencements de lâamour et mon pĂšre, peu fait pour la solitude, en fit autant avec une jeune femme assez ambitieuse. La vie recommença comme avant, comme il Ă©tait prĂ©vu quâelle recommencerait. Quand nous nous retrouvons, mon pĂšre et moi, nous rions ensemble, nous parlons de nos conquĂȘtes. Il doit bien se douter que mes relations avec Philippe ne sont pas platoniques et je sais bien que sa nouvelle amie lui coĂ»te fort cher. Mais nous sommes heureux. Lâhiver touche Ă sa fin, nous ne relouerons pas la mĂȘme villa, mais une autre, prĂšs de Juan-les-Pins.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Je te jure, Eidan, je te jure que tout ça, c'est terminĂ©. Je m'en vais, et tu ne sauras pas oĂč. Je te ferme mes portes, celles de mes pensĂ©es, de mon cĆur et de mon Ăąme. Je ne reviendrai pas. Jamais. Je te le jure. Je mourrai, un jour, et dans ma prochaine vie, j'aurai tout oubliĂ©. Qui je suis, qui tu es, qui nous sommes. Il n'y aura plus de Phaenix, plus d'AnaĂŻa et d'Eidan, plus d'amour et d'Ă©ternitĂ©. Je vais rayer notre histoire et, d'ici lĂ , mon ĂȘtre entier te dĂ©testera. Tu n'existes plus pour moi, Eidan. Tu es le synonyme de la trahison, de la douleur, de la destruction et tu le resteras, mĂȘme si je dois te recroiser, sans savoir qui tu es.
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Carina Rozenfeld (Le Brasier des souvenirs (PhĂŠnix, #2))
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Jâadmire quâon puisse trouver au bord de la MĂ©diterranĂ©e des certitudes et des rĂšgles de vie, quâon y satisfasse sa raison et quâon y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce nâĂ©tait pas un monde fait Ă la mesure de lâhomme - mais qui se refer-mait sur lâhomme. Non, si le langage de ces pays sâaccordait Ă ce qui rĂ©sonnait profondĂ©ment en moi, ce nâest pas parce quâil rĂ©pondait Ă mes questions, mais parce quâil les rendait inutiles. Ce nâĂ©tait pas des actions de grĂąces qui pouvaient me monter aux lĂšvres, mais ce Nada qui nâa pu naĂźtre que devant des paysages Ă©crasĂ©s de soleil. Il nây a pas dâamour de vivre sans dĂ©sespoir de vivre.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer.
C'est toi.
Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas.
N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi.
Je marche, je marche dans les rues, je tue.
Mais toi, tu n'as rien Ă craindre.
Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancées de la nuit, quand tu es faible, quand tu trébuches, quand tu te voûtes.
Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant.
Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville.
Et de quoi pourrais-tu avoir peur?
De moi?
Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime.
Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal.
N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge.
Pourtant, je souffre aussi.
Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'éclaire. Les nuages me cachent. Le vent me déchire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement.
Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien.
Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps.
Je veux te voir souffrir encore plus.
Je veux que tu en aies assez de tout le reste.
Je veux que tu viennes me supplier de te prendre.
Je veux que tu me désires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles.
Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour.
Je t'emporterai.
Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir.
Tu as peur de tout.
Il ne faut pas avoir peur.
Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ĂternitĂ©.
C'est moi qui fais tourner la grande roue.
Tu ne dois pas avoir peur de moi.
Ni de la grande roue.
La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais déjà .
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Ăgota KristĂłf
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- Quand j'aurai trouvĂ© une rĂ©ponse pour Roy, j'aurai l'esprit plus clair, plus libĂ©rĂ©. Tant que je n'aurai pas de certitude Ă son sujet, j'aurai des doutes sur moi. Et quand on doute de soi-mĂȘme, on doute de tout, tu le sais...
Assise loin de moi, elle approuve de la tĂȘte, mais je vois ses yeux s'emplir de larmes. Je ressens tout Ă coup une vĂ©ritable bouffĂ©e d'Ă©motion pour elle, trĂšs intense. Je me lĂšve et vais la prendre dans mes bras. Elle pleure doucement sur mon Ă©paule. Je crois bien avoir pleurĂ©. Un peu.
Nous faisons l'amour. Pour la premiÚre fois depuis des mois, je me rends jusqu'au bout. Mais il y a quelque chose de désespéré dans cette communication, comme si nous le faisions pour la derniÚre fois.
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Patrick Senécal (Sur le Seuil)
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine dâĂ©nergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie mâencercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur lâamour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, jâai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles mâappartiennent. Depuis ce jour, je nâai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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L'isolement
Souvent sur la montagne, Ă l'ombre du vieux chĂȘne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promĂšne au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues Ă©cumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
LĂ le lac immobile Ă©tend ses eaux dormantes
OĂč l'Ă©toile du soir se lĂšve dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flÚche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrĂȘte, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mĂȘle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon ùme indifférente
N'Ă©prouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'Ă©chauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud Ă l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense Ă©tendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumiĂšres,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forĂȘts, solitudes si chĂšres,
Un seul ĂȘtre vous manque, et tout est dĂ©peuplĂ© !
Que le tour du soleil ou commence ou s'achĂšve,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lĂšve,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carriĂšre,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien Ă l'immense univers.
Mais peut-ĂȘtre au-delĂ des bornes de sa sphĂšre,
Lieux oĂč le vrai soleil Ă©claire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rĂȘvĂ© paraĂźtrait Ă mes yeux !
LĂ , je m'enivrerais Ă la source oĂč j'aspire ;
LĂ , je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute ùme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne pußs-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'Ă©lancer jusqu'Ă toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand lĂ feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'Ă©lĂšve et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
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Alphonse de Lamartine (Antologija francuskog pjesniĆĄtva)
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-Tu est amoureux, prononce-t-elle.
-Hein?
-Tu as beau jouer les machos, tu est amoureux de moi.
What?
-T'as fumé, qu'est-ce que tu racontes?
-Malgré les dangers, tu restes toujours prÚs de moi.J'essaie de te décourager, et tu ne pars pas.C'est une belle définition de l'amour.
-Euh non, c'est une définition de merde.
Elle tourne sur elle-mĂȘme, me tire la langue, toute fiĂšre.
-Tu peux me dire ce que tu voudras.Je le sais, maintenant.J'en suis convaincue.
-Et?
-Et ça fait du bien.
Je n'ai pas le temps de lui dire qu'elle est complÚtement folle, et qu'est-ce que c'est cette maniÚre de prétendre que je suis amoureux, et elle se prend pour qui, et de toute façon c'est quoi l'amour, et si ça se trouve je vais me barrer demain et elle l'aura cherché, quand elle se glisse dans mes bras pour m'embrasser.
Bon, d'accord, je suis peut-ĂȘtre amoureux.
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Olivier Gay (L'Ăvasion (Le noir est ma couleur, #4))
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Quand je vis avec mes semblables, ma pensĂ©e s'occupe d'eux si exclusivement, soit pour les aider Ă vivre bien, soit pour comprendre pourquoi ils vivent mal, que j'oublie absolument de vivre pour mon compte. Quand je m'aperçois que j'ai fait pour eux mon possible et que je ne leur suis plus nĂ©cessaire, ou, ce qui arrive plus souvent, que je ne leur suis bon Ă rien, j'Ă©prouve le besoin de vivre avec ce moi intĂ©rieur qui s'identifie Ă la nature et au rĂȘve de la vie dans l'Ă©ternel et dans l'infini. La nature, je le sais, parle dans l'homme plus que dans les arbres et les rochers; mais elle y parle follement, elle y est plus souvent dĂ©lirante que sage, elle y est pleine d'illusions ou de mensonges. Les animaux sauvages eux-mĂȘmes sont tourmentĂ©s d'un besoin d'existence qui nous empĂȘche de savoir ce qu'ils pensent et si leurs obscures manifestations ne sont pas trompeuses. DĂšs qu'ils subissent des besoins et des passions, ils doivent les satisfaire Ă tout prix, et toute logique de leur instinct de conservation doit cĂ©der Ă cette sauvage logique de la faim et de l'amour. OĂč donc trouver, oĂč donc surprendre la voix du vrai absolu dans la nature? HĂ©las, dans le silence des choses inertes, dans le mutisme de ce qui ne ment pas! la face impassible du rocher qui boit le soleil, le front sans ombre du glacier qui regarde la lune, la morne altitude des lieux inaccessibles, exercent sur nous un rassĂ©rĂ©nement inexplicable. LĂ , nous nous sentons comme suspendus entre ciel et terre, dans une rĂ©gion d'idĂ©es oĂč il ne peut y avoir que Dieu ou rien, et, s'il n'y a rien, nous sentons que nous ne sommes rien nous-mĂȘmes et que nous n'existons pas; car rien ne peut se passer de sa raison d'ĂȘtre.
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George Sand (Le dernier amour)
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J'ai craint les liens d'habitude, faits d'attendrissements factices, de duperie sensuelle et d'accoutumance paresseuse. Je n'aurais pu, ce me semble, aimer qu'un ĂȘtre parfait ; je serais trop mĂ©diocre pour mĂ©riter qu'il m'accueille, mĂȘme s'il m'Ă©tait possible de le trouver un jour. [âŠ] Notre Ăąme, notre esprit, notre corps, ont des exigences le plus souvent contradictoires ; je crois malaisĂ© de joindre des satisfactions si diverses sans avilir les unes et sans dĂ©courager les autres. Ainsi, j'ai dissociĂ© l'amour. Je ne veux pas flatter mes actes d'explications mĂ©taphysiques, quand ma timiditĂ© est une cause suffisante. Je me suis presque toujours bornĂ© Ă des complicitĂ©s banales, par une obscure terreur de m'attacher et de souffrir. C'est assez d'ĂȘtre le prisonnier d'un instinct, sans l'ĂȘtre aussi d'une passion ; et je crois sincĂšrement n'avoir jamais aimĂ©. (p. 70)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Bien que Terron fĂ»t un homme qu'apparemment je ne pouvais appeler autrement qu'un fanatique religieux ; bien qu'il menĂąt sa vie d'une maniĂšre qui m'Ă©tait encore plus Ă©trangĂšre que celle de M. Mann ; et bien que souvent je fusse arrivĂ© Ă conclure, presque contre ma volontĂ©, qu'il n'Ă©tait qu'un arnaqueur rusĂ© de campagne en train d'exploiter mon curieux mĂ©lange de culpabilitĂ© (le raciste amĂ©ricain en moi) et d'amour pour l'Ă©sotĂ©rique (l'intellectuel branchĂ© en moi), il semblait malgrĂ© tout capable de me prĂ©voir, de connaĂźtre bien plus prĂ©cisĂ©ment que le vieil homme mes besoins, mes questions et mes inquiĂ©tudes. De fait, c'Ă©tait cette capacitĂ© d'anticiper sur moi et le bien-ĂȘtre qu'elle me procurait qui me ramenaient sans cesse Ă croire qu'il Ă©tait en train de me rouler. En tant que vieux puritain, je me devais de me mĂ©fier de tout ce qui m'apportait du bien-ĂȘtre. (p. 201)
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Russell Banks (Book of Jamaica)
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Je me souviens d'un coin de rue
Aujourd'hui disparu
Mon enfance jouait par lĂ
Je me souviens de cela
Il y avait une palissade
Un taillis d'embuscades
Les voyous de mon quartier
Vânaient s'y batailler
à présent, il y a un café,
Un comptoir flambant qui fait dâ l'effet
Une fleuriste qui vend ses fleurs aux amants
Et mĂȘme aux enterrements
Je revois mon coin de rue
Aujourd'hui disparu
Je me souviens d'un triste soir
OĂč le cĆur sans espoir
Je pleurais en attendant
Un amour de quinze ans
Un amour qui fut perdu
Juste Ă ce coin de rue
Et depuis, j'ai beaucoup voyagé
Trop souvent en pays Ă©trangers
Mondes neufs, constructions ou démolitions
Vous mâ donnez des visions
Je crois voir mon coin de rue
Et soudain apparus
Je retrouve ma palissade
Mes copains, mes glissades
Mon muguet de deux sous dâ printemps
Mes quinze ans... mes vingt ans
Tout câ qui fut et qui n'est plus
Tout mon vieux coin de rue.
â
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Charles Trenet (les plus belles chansons de Charles Trenet (Collection Grands InterprĂštes))
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Cette finesse-lĂ a Ă©tĂ© trouvĂ©e dĂšs le paradis terrestre. Mes amis, lâinvention est vieille, mais elle est toute neuve. Profitez-en. Soyez Daphnis et ChloĂ© en attendant que vous soyiez PhilĂ©mon et Baucis. Faites en sorte que, quand vous ĂȘtes lâun avec lâautre, rien ne vous manque, et que Cosette soit le soleil pour Marius, et que Marius soit lâunivers pour Cosette. Cosette, que le beau temps, ce soit le sourire de votre mari ; Marius, que la pluie, ce soit les larmes de ta femme. Et quâil ne pleuve jamais dans votre mĂ©nage. Vous avez chipĂ© Ă la loterie le bon numĂ©ro, lâamour dans le sacrement ; vous avez le gros lot, gardez-le bien, mettez-le sous clef, ne le gaspillez pas, adorez-vous, et fichez-vous du reste. Croyez ce que je dis lĂ . Câest du bon sens. Bon sens ne peut mentir. Soyez-vous lâun pour lâautre une religion. Chacun a sa façon dâadorer Dieu. Saperlotte ! la meilleure maniĂšre dâadorer Dieu, câest dâaimer sa femme. Je tâaime ! voilĂ mon catĂ©chisme. Quiconque aime est orthodoxe.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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«DĂ©pĂȘchez-vous, bande dâordures!» ArrivĂ©s au fossĂ©, nous nous mĂźmes au travail. Sous les coups de pioche, la terre gelĂ©e craquait et les Ă©tincelles jaillissaient. Les hommes Ă©taient silencieux, comme enveloppĂ©s dans une sorte de torpeur. JâĂ©tais toujours accrochĂ© Ă lâimage de ma femme. Une idĂ©e me vint Ă lâesprit: Ă©tait-elle toujours en vie? Je ne savais quâune chose: lâamour va bien au-delĂ de lâĂȘtre physique. Il atteint son sens le plus fort dans lâĂȘtre spirituel. Que la personne soit prĂ©sente ou non semble avoir peu dâimportance. Je ne savais pas si ma femme Ă©tait toujours en vie, et je nâavais aucun moyen de le savoir (nous ne pouvions ni envoyer ni recevoir de courrier); mais cela nâavait aucune importance. Je nâavais pas besoin de le savoir. Rien ne pouvait me dĂ©tourner de mon amour, de mes pensĂ©es et de lâimage de ma bien-aimĂ©e. Si lâon mâavait appris, Ă ce moment-lĂ , quâelle Ă©tait morte, je ne crois pas que jâaurais cessĂ© pour autant de contempler son image, ou que ma conversation avec elle aurait Ă©tĂ© moins vivante. «Pose-moi comme un sceau sur ton cĆur, car lâamour est plus fort que la mort.»
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Viktor E. Frankl (Manâs Search for Meaning)
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Quelque part dans mon cĆur une voix indistincte et pourtant dĂ©sespĂ©rĂ©e Ă©levait une protestation : « Non, je n'avais poussĂ© personne Ă la mort, je n'avais pas extorquĂ© d'argent ! » Mais cette voix fut Ă©touffĂ©e par cette pesĂ©e habituelle que j'Ă©tais un homme mauvais.
Quoi que je fasse, il m'est impossible de faire tĂȘte dans une discussion. RĂ©primant de toutes mes forces un sentiment dangereux que l'ivresse sombre de l'eau-de-vie faisait monter en moi, je dis comme dans un soliloque :
â Cependant le seul fait d'ĂȘtre mis en prison n'est pas un crime. Si l'on connaĂźt l'antonyme de « crime », on s'imagine qu'on a saisi l'essence de « crime », mais... Dieu... le salut... l'amour... la lumiĂšre... Mais Dieu a pour antonyme Satan, l'antonyme de salut doit ĂȘtre : souffrance, celui de l'amour : la haine, celui de la lumiĂšre : les tĂ©nĂšbres, celui du bien : le mal ; le crime et la priĂšre, le crime et le repentir, le crime et la confession, le crime et... les gĂ©missement, tous ces mots ne sont-ils pas synonymes ? Quel est l'antonyme de crime ?
â L'antonyme de « crime », c'est « miel ». Quelque chose de doux comme le miel. J'ai faim tu sais ! Apporte quelque chose Ă manger.
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Osamu Dazai (No Longer Human)
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Mais maintenant je dirai tout, afin que tu saches qui tu quittes, de quel homme tu te sĂ©pares. Sais-tu comment dâabord je tâai comprise ? La passion mâa saisi comme le feu, elle sâest infiltrĂ©e dans mon sang comme le poison et a troublĂ© toutes mes pensĂ©es, tous mes sentiments. JâĂ©tais enivrĂ©. JâĂ©tais comme Ă©tourdi, et Ă ton amour pur, misĂ©ricordieux, jâai rĂ©pondu non dâĂ©gal Ă Ă©gal, non comme si jâĂ©tais digne de ton amour, mais sans comprendre ni sentir. Je ne tâai pas comprise. Je tâai rĂ©pondu comme Ă la femme qui, Ă mon point de vue, sâoubliait jusquâĂ moi et non comme Ă celle qui voulait mâĂ©lever jusquâĂ elle.
« Sais-tu de quoi je tâai soupçonnĂ©e, ce que signifiait, sâoublier jusquâĂ moi » ? Mais non, je ne tâoffenserai pas par mon aveu. Je te dirai seulement que tu tâes profondĂ©ment trompĂ©e sur moi ! Jamais jamais, je nâaurais pu mâĂ©lever jusquâĂ toi. Je ne pouvais que te contempler dans ton amour illimitĂ©, une fois que je tâeus comprise. Mais cela nâefface pas ma faute. Ma passion rehaussĂ©e par toi nâĂ©tait pas lâamour. Lâamour, je ne le craignais pas. Je nâosais pas tâaimer. Dans lâamour il y a rĂ©ciprocitĂ©, Ă©galitĂ©Â ; et jâen Ă©tais indigne. Je ne savais pas ce qui Ă©tait en moi !
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La dĂ©solation de mes parents devant une situation incertaine, "on aimerait bien savoir oĂč ça va te mener tout ça". ObligĂ© que l'amour mĂšne quelque part. Leur peine sourde aussi. Ce serait tellement plus agrĂ©able, plus tranquille pour eux de voir se dĂ©rouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on rĂ©pond avec fiertĂ©, un jeune homme de Bordeaux, bientĂŽt professeur, l'Ă©glise, la mairie, le mĂ©nage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espĂ©rances traditionnelles. L'affolement de ma mĂšre quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gĂącher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles sĂ©duites qu'on n'Ă©pouse pas, abandonnĂ©es avec un mĂŽme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux. Je ne sais pas encore qu'au moment oĂč l'on me pousse Ă liquider ma libertĂ©, ses parents Ă lui jouent un scĂ©nario tout aussi traditionnel mais inverse, "tu as bien le temps d'avoir un fil Ă la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus !", bien chouchoutĂ©e la libertĂ© des mĂąles.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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On veut confondre de tels hommes avec les torĂ©adors ou les joueurs. On vante leur mĂ©pris de la mort. Mais je me moque bien du mĂ©pris de la mort. Sâil ne tire pas ses racines dâune responsabilitĂ© acceptĂ©e, il nâest que signe de pauvretĂ© ou dâexcĂšs de jeunesse. Jâai connu un suicidĂ© jeune. Je ne sais plus quel chagrin dâamour lavait poussĂ© Ă se tirer soigneusement une balle dans le cĆur. Je ne sais Ă quelle tentation littĂ©raire il avait cĂ©dĂ© en habillant ses mains de gants blancs, mais je me souviens dâavoir ressenti en face de cette triste parade une impression non de noblesse mais de misĂšre. Ainsi, derriĂšre ce visage aimable, sous ce crĂąne dâhomme, il nây avait rien eu, rien. Sinon lâimage de quelque sotte petite fille semblable Ă dâautres. Face Ă cette destinĂ©e maigre, je me rappelai une vraie mort dâhomme. Celle dâun jardinier, qui me disait « Vous savez.., parfois je suais quand je bĂȘchais. Mon rhumatisme me tirait la jambe, et je pestais contre cet esclavage. Eh bien, aujourdâhui, je voudrais bĂȘcher, bĂȘcher dans la terre. BĂȘcher ça me paraĂźt tellement beau ! On est tellement libre quand on bĂȘche ! Et puis, qui va tailler aussi mes arbres ? » Il laissait une terre en friche. Il laissait une planĂšte en friche. Il Ă©tait liĂ© dâamour Ă toutes les terres et Ă tous les arbres de la terre. CâĂ©tait lui le gĂ©nĂ©reux, le prodigue, le grand seigneur !  CâĂ©tait lui, comme Guillaumet, lâhomme courageux, quand il luttait au nom de sa CrĂ©ation, contre la mort.
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Antoine de Saint-Exupéry (Terre des hommes (French Edition))
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Sept ans plus tĂŽt, elle mâavait expliquĂ© quâelle nâavait jamais ressenti un tel sentiment avec personne, une telle Ă©motion, une telle vague de douce et chaude mĂ©lancolie qui lâavait envahie en me voyant faire ce geste si simple, si apparemment anodin, de rapprocher trĂšs lentement mon verre Ă pied du sien pendant le repas, trĂšs prudemment, et de façon tout Ă fait incongrue en mĂȘme temps pour deux personnes qui ne se connaissaient pas encore trĂšs bien, qui ne sâĂ©taient rencontrĂ©es quâune seule fois auparavant, de rapprocher mon verre Ă pied du sien pour aller caresser le galbe de son verre, lâincliner pour le heurter dĂ©licatement dans un simulacre de trinquer sitĂŽt entamĂ© quâinterrompu, il Ă©tait impossible dâĂȘtre Ă la fois plus entreprenant, plus dĂ©licat et plus explicite, mâavait-elle expliquĂ©, un concentrĂ© dâintelligence, de douceur et de style. Elle mâavait souri, elle mâavait avouĂ© par la suite quâelle Ă©tait tombĂ©e amoureuse de moi dĂšs cet instant. Ce nâĂ©tait donc pas par des mots que jâĂ©tais parvenu Ă lui communiquer ce sentiment de beautĂ© de la vie et dâadĂ©quation au monde quâelle ressentait si intensĂ©ment en ma prĂ©sence, non plus par mes regards ou par mes actes, mais par lâĂ©lĂ©gance de ce simple geste de la main qui sâĂ©tait lentement dirigĂ©e vers elle avec une telle dĂ©licatesse mĂ©taphorique quâelle sâĂ©tait sentie soudain Ă©troitement en accord avec le monde jusquâĂ me dire quelques heures plus tard, avec la mĂȘme audace, la mĂȘme spontanĂ©itĂ© naĂŻve et culottĂ©e, que la vie Ă©tait belle, mon amour.
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Jean-Philippe Toussaint (Making Love)
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Caligula! Toi aussi, toi aussi, tu es coupable. Alors, n'est-ce pas, un peu plus, un peu moins! Mais qui oserait me condamner dans ce monde sans juge, oĂč personne n'est innocent! (Avec tout l'accent de la dĂ©tresse, se pressant contre le miroir.) Tu le vois bien, HĂ©licon n'est pas venu. Je n'aurai pas la lune. Mais qu'il est amer d'avoir raison et de devoir aller jusqu'Ă la consommation. Car j'ai peur de la consommation. Des bruits d'armes! C'est l'innocence qui prĂ©pare son triomphe. Que ne suis-je Ă leur place! J'ai peur. Quel dĂ©-goĂ»t, aprĂšs avoir mĂ©prisĂ© les autres, de se sentir la mĂȘme lĂąchetĂ© dans l'Ăąme. Mais cela ne fait rien. La peur non plus ne dure pas. Je vais retrouver ce grand vide oĂč le coeur s'apaise.
Tout a l'air si compliquĂ©. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changĂ©. Mais oĂč Ă©tancher cette soif ? Quel coeur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac ? (S'agenouillant et pleu-rant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit Ă ma me-sure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible! Je l'ai cherchĂ© aux limites du monde, aux confins de moi-mĂȘme. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis Ă rien. Ma libertĂ© n'est pas la bonne. HĂ©licon! HĂ©licon! Rien! rien encore. Oh, cette nuit est lourde! HĂ©licon ne viendra pas: nous serons coupa-bles Ă jamais! Cette nuit est lourde comme la douleur hu-maine.
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Albert Camus (Caligula)
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Quâun galop rapide, coursiers aux pieds brĂ»lants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que PhaĂ©ton vous aurait prĂ©cipitĂ©s vers le couchant et aurait ramenĂ© la sombre Nuit. Ătends ton Ă©pais rideau. Nuit qui couronne lâamour; ferme les yeux errants, et que RomĂ©o puisse voler dans mes bras sans quâon le dise et sans quâon le voie. La lumiĂšre de leurs mutuelles beautĂ©s suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystĂšres; ou si lâAmour est aveugle, il ne sâen accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vĂȘtements modestes, tout en noir, apprends-moi Ă perdre au jeu de qui perd gagne, oĂč lâenjeu est deux virginitĂ©s sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues oĂč se rĂ©volte mon sang effarouchĂ©, jusquâĂ ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans lâĂ©preuve dâun amour fidĂšle, nây voie plus quâun chaste devoir.âViens, ĂŽ Nuit; viens, RomĂ©o; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus Ă©clatant que nâest sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombĂ©e. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de tĂ©nĂšbres: donne-moi mon RomĂ©o; et quand il aura cessĂ© de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites Ă©toiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! jâai achetĂ© une demeure dâamour, mais je nâen suis pas encore en possession, et celui qui mâa acquise nâest pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille dâune fĂȘte pour lâenfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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J'achÚte un roman marocain d'expression française le vendredi.
Je commence Ă le lire le samedi et dĂšs les premiĂšres pages, je crie: "Encore un qui croit que la littĂ©rature, c'est raconter son enfance et sublimer ou dramatiser son passĂ©. Je me dis; "continue quand mĂȘme, il a ratĂ© le dĂ©but mais tu trouveras sĂ»rement quelque chose de beau plus loin." Rien, walou, nada, niet. chercher des effets de styles, une narration travaillĂ©e, un souffle, une sensibilitĂ©, une sincĂ©ritĂ© est inutile. Tout sonne faux.
Le mec continue de nous bassiner avec ses misĂšres et ses amours d'enfance en utilisant la langue la plus plate que j'ai eu Ă lire ces derniers temps.
Pourquoi tant d'Ă©gocentrisme et de nombrilisme?
L'HĂGĂMONIE DU "JE" EST DEVENUE UN VĂRITABLE CANCER POUR LA LITTĂRATURE MAROCAINE.
Beaucoup de ceux qui s'adonnent à l'écriture au Maroc, surtout en français, croient qu'écrire, c'est reparler de leur mÚre, leur pÚre, leurs voisins, leurs frustrations... et surtout LEUR PERSONNE. Si au moins ils avaient l'existence d'un Rimbaud ou d'un Dostoïevski.
Je continue Ă lire malgrĂ© tout, d'abord parce que je suis maso, et ensuite pour ne pas ĂȘtre injuste Ă l'Ă©gard de l'auteur. Peine perdue. Le livre me tombe des mains et je le balance loin de moi Ă la page 94. MĂȘme le masochisme a des limites.
Je n'ai rien contre quelqu'un qui raconte sa vie. Je n'ai rien contre un nombriliste, un égocentrique, un maniaque, un narcissique, un mégalo, etc, du moment qu'il me propose un objet littéraire, un vrai, avec un style... Oui un style. Je ne dis pas avec une langue parfaite; non; je dis avec sa langue à lui, qui fait ressortir sa sincérité, son dilemme, ses tripes, son ùme. C'est ça le style qui fait l'oeuvre et non pas le bavardage.
Pour le bavardage, le "regardez-moi, je suis beau et je suis devenu écrivain"; le "Admirez-moi!", il y a les JamaÀs Fna (avec tous mes respects pour les conteurs de Jamaa Fna) et les Shows.
Alors SVP! un peu de respect pour la littérature.
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Mokhtar Chaoui
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Quand elle Ă©tait petite, elle voulait mâĂ©pouser. JâĂ©tais son prince charmant. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, jâavais bien vu dans son regard que le mythe sâĂ©tait Ă©parpillĂ© dans les affres de la rĂ©alitĂ©. JâĂ©tais tombĂ© de mon piĂ©destal et, si je ne cherchais pas Ă mentir sur qui jâĂ©tais, jâavais toujours eu envie quâelle me voie au meilleur de ma forme. Au fond, je pouvais dire que nous nâavions jamais rĂ©ellement eu une relation saine. La preuve : cette incapacitĂ© physique dâaller voir son appartement, ce lieu oĂč elle vivait en femme. Il faudrait des siĂšcles pour admettre que nos enfants sont devenus adultes. On dit souvent quâil est difficile de vieillir ; moi, je pourrais vieillir indĂ©finiment du moment que mes enfants, eux, ne grandiraient pas. Je ne sais pas pourquoi jâĂ©prouvais tant de difficultĂ©s Ă vivre cette transition que tout parent connaĂźt. Je nâavais pas lâimpression quâautour de moi les gens avaient les mĂȘmes. Pire, jâentendais des parents soulagĂ©s du dĂ©part de leurs enfants. Enfin, ils allaient retrouver la libertĂ©, disaient-ils. Il y avait ce film oĂč le garçon, Tanguy, sâĂ©ternisait chez ses parents, prolongeant sans cesse ses Ă©tudes. Le mien Ă©tait parti Ă lâautre bout du monde dĂšs ses dix-huit ans. Câest toujours comme ça : ceux qui veulent se dĂ©barrasser de leurs enfants hĂ©ritent de boulets, tandis que ceux qui veulent couver Ă loisir leur progĂ©niture se retrouvent avec des prĂ©coces de lâautonomie. Mon fils me manquait atrocement. Et je ne supportais plus dâĂ©changer avec lui des messages par Skype, ou par e-mails. Dâailleurs, ces messages et ces moments virtuels Ă©taient de plus en plus courts. Nous nâavions rien Ă nous dire. Lâamour entre un parent et un enfant nâest pas dans les mots, pas dans la discussion. Ce que jâaimais, câĂ©tait simplement que mon fils soit lĂ , Ă la maison. On pouvait ne pas se parler de la journĂ©e, ce nâĂ©tait pas grave, je sentais sa prĂ©sence, ça me suffisait. Ătais-je si tordu ? Je ne sais pas. Je ne peux quâessayer de mettre des mots sur mes sentiments. Et je peux affirmer maintenant ce que je sais depuis le dĂ©but : je vis mal la sĂ©paration avec mes enfants. Elle me paraĂźt normale, justifiĂ©e, humaine, biologique, tout ce que vous voulez, pourtant elle me fait mal.
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David Foenkinos (Je vais mieux)
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13 juillet.
Non, je ne me trompe pas ; je lis dans ses yeux noirs un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt pour ma personne et pour mon sort. Je le sens, et, lĂ -dessus, jâose me fier Ă mon cĆur, elleâŠ. Oh ! pourrai-je, oserai-je exprimer en ces mots le bonheur cĂ©leste ?⊠Je sens que je suis aimĂ©.
Je suis aimĂ© !⊠Et combien je me deviens cher Ă moi-mĂȘme, combienâŠ. Jâose te le dire, tu sauras me comprendre. Combien je suis relevĂ© Ă mes propres yeux.depuis que jâai son amour !âŠ.
Est-ce de la prĂ©somption ou le sentiment de ce que nous sommes rĂ©ellement lâun pour lâautre ?⊠Je ne connais pas dâhomme dont je craigne quelque chose dans le cĆur de Charlotte, et pourtant, lorsquâelle parle de son fiancĂ©, quâelle en parle avec tant de chaleur, tant dâamourâŠ. je suis comme le malheureux que lâon dĂ©pouille de tous ses honneurs et ses titres, et Ă qui lâon retire son Ă©pĂ©e.
16 juillet.
Ah ! quel frisson court dans toutes mes veines, quand, par mĂ©garde, mes doigts touchent les siens, quand nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu, et une force secrĂšte mâattire de nouveauâŠ. Le vertige sâempare de tous mes sens. Et son innocence, son Ăąme candide, ne sent pas combien ces petites familiaritĂ©s me font souffrir. Si, dans la conversation, elle pose sa main sur la mienne, et si, dans la chaleur de lâentretien, elle sâapproche de moi, en sorte que son haleine divine vienne effleurer mes lĂšvresâŠ. je crois mourir, comme frappĂ© de la foudreâŠ. Wilhelm, et ce ciel, cette confiance, si jâose jamaisâŠ. Tu mâentendsâŠ. Non, mon cĆur nâest pas si corrompu. Faible ! bien faible !âŠ. Et nâest-ce pas de la corruption ?
Elle est sacrĂ©e pour moi. Tout dĂ©sir sâĂ©vanouit en sa prĂ©sence. Je ne sais jamais ce que jâĂ©prouve, quand je suis auprĂšs dâelle. Je crois sentir mon Ăąme se rĂ©pandre dans tous mes nerfsâŠ. Elle a une mĂ©lodie, quâelle joue sur le clavecin avec lâexpression dâun ange, si simple et si charmante !⊠Câest son air favori : il chasse loin de moi troubles, peines, soucis, aussitĂŽt quâelle attaque la premiĂšre note.
De tout ce quâon rapporte sur lâantique magie de la musique, rien nâest invraisemblable pour moi. Comme ce simple chant me saisit ! et comme souvent elle sait le faire entendre, Ă lâinstant mĂȘme oĂč je mâenverrais volontiers une balle dans la tĂȘte !⊠le trouble et les tĂ©nĂšbres de mon Ăąme se dissipent, et je respire plus librement.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce moment. Les prĂȘtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux Ă©toilĂ©s. Car vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois mystĂ©rieux. Ce doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux profonds. Les prĂȘtres vont criant: AnathĂšme ! anathĂšme ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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ROMĂO. â Elle parle : oh, parle encore, ange brillant ! car lĂ oĂč tu es, au-dessus de ma tĂȘte, tu me parais aussi splendide au sein de cette nuit que lâest un messager ailĂ© du ciel aux-regards Ă©tonnĂ©s des mortels ; lorsque rejetant leurs tĂȘtes en arriĂšre, on ne voit plus que le blanc de leurs yeux, tant leurs prunelles sont dirigĂ©es-en haut pour le contempler, pendant quâil chevauche sur les nuages Ă la marche indolente et navigue sur le sein de lâair.
JULIETTE. â Ă RomĂ©o, RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre, ou rejette ton nom ; ou si tu ne veux pas, lie-toi seulement par serment Ă mon amour, et je ne serai pas plus longtemps une Capulet.
ROMĂO, Ă part. â En entendrai-je davantage, ou rĂ©pondrai-je Ă ce quâelle rient de dire
JULIETTE. â Câest ton nom seul qui est mon ennemi. AprĂšs tout tu es toi-mĂȘme, et non un Montaigu. Quâest-ce quâun Montaigu ? Ce nâest ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un, visage, ni toute autre partie du corps appartenant Ă un homme. Oh ! porte un autre nom ! Quây a-t-il dans un nom ? La fleur que nous nommons la rose, sentirait tout aussi bon sous un autre nom ; ainsi RomĂ©o, quand bien mĂȘme il ne serait pas appelĂ© RomĂ©o, nâen garderait pas moins la prĂ©cieuse perfection : quâil possĂšde. Renonce Ă ton nom RomĂ©o, et en place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi toute entiĂšre.
ROMĂO. â Je te prends au mot : appelle-moi seulement : ton amour, et je serai rebaptisĂ©, et dĂ©sormais je ne voudrai plus ĂȘtre RomĂ©o.
JULIETTE. â Qui es-tu, toi qui, protĂ©gĂ© par la nuit, viens ainsi surprendre les secrets de mon Ăąme ?
ROMĂO. â Je ne sais de quel nom me servir pour te dire qui je suis : mon nom, chĂšre sainte, mâest odieux Ă moi-mĂȘme, parce quâil tâest ennemi ; sâil Ă©tait Ă©crit, je dĂ©chirerais le mot quâil forme.
JULIETTE. â Mes oreilles nâont pas encore bu cent paroles de cette voix, et cependant jâen reconnais le son nâes-tu pas RomĂ©o, et un Montaigu ?
ROMĂO. â Ni lâun, ni lâautre, belle vierge, si lâun ou lâautre te dĂ©plaĂźt.
JULIETTE. â Comment es-tu venu ici, dis-le-moi, et pourquoi ? Les murs du jardin sont Ă©levĂ©s et difficiles Ă escalader, et considĂ©rant qui tu es, cette place est mortelle pour toi, si quelquâun de mes parents tây trouve.
ROMĂO. â Jâai franchi ces murailles avec les ailes lĂ©gĂšres de lâamour, car des limites de pierre ne peuvent arrĂȘter lâessor de lâamour ; et quelle chose lâamour peut-il oser quâil ne puisse aussi exĂ©cuter ? tes parents ne me, sont donc pas un obstacle.
JULIETTE. â Sâils te voient, ils tâassassineront.
ROMĂO. â HĂ©las ! il y a plus de pĂ©rils, dans tes yeux que dans vingt de leurs Ă©pĂ©es : veuille seulement abaisser un doux regard sĂ»r moi, et je suis cuirassĂ© contre leur inimitiĂ©.
JULIETTE. â Je ne voudrais pas, pour le monde entier, quâils te vissent ici.
ROMĂO. â Jâai le manteau de la nuit pour me dĂ©rober Ă leur vue et dâailleurs, Ă moins que tu ne mâaimes, ils peuvent me trouver, sâils veulent : mieux vaudrait que leur haine mĂźt fin Ă ma vie, que si ma mort Ă©tait retardĂ©e, sans que jâeusse ton amour ;
JULIETTE. â Quel est celui qui tâa enseignĂ© la direction de cette place ?
ROMĂO. â Câest lâAmour, qui mâa excitĂ© Ă la dĂ©couvrir ; il mâa prĂȘtĂ© ses conseils, et je lui ai prĂȘtĂ© mes yeux. Je ne suis pas pilote ; cependant fusses-tu aussi Ă©loignĂ©e que le vaste rivage baignĂ© par la plus lointaine nier, je mâaventurerais pour une marchandise telle que toi.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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JULIETTE.âOh! manque, mon coeur! Pauvre banqueroutier, manque pour toujours; emprisonnez-vous, mes yeux; ne jetez plus un seul regard sur la libertĂ©. Terre vile, rends-toi Ă la terre; que tout mouvement sâarrĂȘte, et quâune mĂȘme biĂšre presse de son poids et RomĂ©o et toi.
LA NOURRICE.âO Tybalt, Tybalt! le meilleur ami que jâeusse! O aimable Tybalt, honnĂȘte cavalier, faut-il que jâaie vĂ©cu pour te voir mort!
JULIETTE.âQuelle est donc cette tempĂȘte qui souffle ainsi dans les deux sens contraires? RomĂ©o est-il tuĂ©, et Tybalt est-il mort? Mon cousin chĂ©ri et mon Ă©poux plus cher encore? Que la terrible trompette sonne donc le jugement universel. Qui donc est encore en vie, si ces deux-lĂ sont morts?
LA NOURRICE.âTybalt est mort, et RomĂ©o est banni: RomĂ©o, qui lâa tuĂ©, est banni.
JULIETTE.âO Dieu! la main de RomĂ©o a-t-elle versĂ© le sang de Tybalt?
LA NOURRICE.âIl lâa fait, il lâa fait! O jour de malheur! il lâa fait!
JULIETTE.âO coeur de serpent cachĂ© sous un visage semblable Ă une fleur! jamais dragon a-t-il choisi un si charmant repaire? Beau tyran, angĂ©lique dĂ©mon, corbeau couvert des plumes dâune colombe, agneau transportĂ© de la rage du loup, mĂ©prisable substance de la plus divine apparence, toi, justement le contraire de ce que tu paraissais Ă juste titre, damnable saint, traĂźtre plein dâhonneur! O nature, quâallais-tu donc chercher en enfer, lorsque de ce corps charmant, paradis sur la terre, tu fis le berceau de lâĂąme dâun dĂ©mon? Jamais livre contenant une aussi infĂąme histoire porta-t-il une si belle couverture? et se peut-il que la trahison habite un si brillant palais?
LA NOURRICE.âIl nây a plus ni sincĂ©ritĂ©, ni foi, ni honneur dans les hommes; tous sont parjures, corrompus, hypocrites. Ah! oĂč est mon valet? Donnez-moi un peu dâaqua vitĂŠâŠ.. Tous ces chagrins, tous ces maux, toutes ces peines me vieillissent. Honte soit Ă RomĂ©o!
JULIETTE.âMaudite soit ta langue pour un pareil souhait! Il nâest pas nĂ© pour la honte: la honte rougirait de sâasseoir sur son front; câest un trĂŽne oĂč on peut couronner lâhonneur, unique souverain de la terre entiĂšre. Oh! quelle brutalitĂ© me lâa fait maltraiter ainsi?
LA NOURRICE.âQuoi! vous direz du bien de celui qui a tuĂ© votre cousin?
JULIETTE.âEh! dirai-je du mal de celui qui est mon mari? Ah! mon pauvre Ă©poux, quelle langue soignera ton nom, lorsque moi, ta femme depuis trois heures, je lâai ainsi dĂ©chirĂ©? Mais pourquoi, traĂźtre, as-tu tuĂ© mon cousin? Ah! ce traĂźtre de cousin a voulu tuer mon Ă©poux.âRentrez, larmes insensĂ©es, rentrez dans votre source; câest au malheur quâappartient ce tribut que par mĂ©prise vous offrez Ă la joie. Mon Ă©poux vit, lui que Tybalt aurait voulu tuer; et Tybalt est mort, lui qui aurait voulu tuer mon Ă©poux. Tout ceci est consolant, pourquoi donc pleurĂ©-je? Ah! câest quâil y a lĂ un mot, plus fatal que la mort de Tybalt, qui mâa assassinĂ©e.âJe voudrais bien lâoublier; mais, ĂŽ ciel! il pĂšse sur ma mĂ©moire comme une offense digne de la damnation sur lâĂąme du pĂ©cheur. Tybalt est mort, et RomĂ©o estâŠ.. banni! Ce banni, ce seul mot banni, a tuĂ© pour moi dix mille Tybalt. La mort de Tybalt Ă©tait un assez grand malheur, tout eĂ»t-il fini lĂ ; ou si les cruelles douleurs se plaisent Ă marcher ensemble, et quâil faille nĂ©cessairement que dâautres peines les accompagnent, pourquoi, aprĂšs mâavoir dit: «Tybalt est mort,» nâa-t-elle pas continuĂ©: «ton pĂšre aussi, ou ta mĂšre, ou tous les deux?» cela eĂ»t excitĂ© en moi les douleurs ordinaires. Mais par cette arriĂšre-garde qui a suivi la mort de Tybalt, RomĂ©o est banni; par ce seul mot, pĂšre, mĂšre, Tybalt, RomĂ©o, Juliette, tous sont assassinĂ©s, tous morts. RomĂ©o banni! Il nây a ni fin, ni terme, ni borne, ni mesure dans la mort quâapporte avec lui ce mot, aucune parole ne peut sonder ce malheur.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Chanson de la minuit
Sur ton Ă©paule jâai mis mes rĂȘves,
Doucement, pour pas te déranger,
Et jâai cherchĂ©e timide tes lĂšvres,
Pour les donner un chaud baiser.
J'aurais voulu te caresser,
Mais les etoiles ont vu mon entreprise
Et mes pensées commencent à s'envoler,
Comment te rendre une surprise.
J'ai attendu la lune montante
Ses rayons embrasser ton Ăąme,
Et ton visage, brillant charmante,
Et sourisant, l'amour proclame.
Maintenant je sais que cette musique,
C'est la chanson de la minuit,
Quand le coeur chante mélancolique,
En partageant désirs inassouvis.
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Mirela Stancu
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Je me redisais en Ă©touffant mes sanglots les mots oĂč Gilberte avait laissĂ© Ă©clater sa joie de ne pas venir de longtemps aux Champs-ĂlysĂ©es. Mais dĂ©jĂ le charme dont, par son simple fonctionnement, se remplissait mon esprit dĂšs qu'il songeait Ă elle, la position particuliĂšre, unique,âfĂ»t elle affligeante,âoĂč me plaçait inĂ©vitablement par rapport Ă Gilberte, la contrainte interne d'un pli mental, avaient commencĂ© Ă ajouter, mĂȘme Ă cette marque d'indiffĂ©rence, quelque chose de romanesque, et au milieu de mes larmes se formait un sourire qui n'Ă©tait que l'Ă©bauche timide d'un baiser. Et quand vint l'heure du courrier, je me dis ce soir-lĂ comme tous les autres: Je vais recevoir une lettre de Gilberte, elle va me dire enfin qu'elle n'a jamais cessĂ© de m'aimer, et m'expliquera la raison mystĂ©rieuse pour laquelle elle a Ă©tĂ© forcĂ©e de me le cacher jusqu'ici, de faire semblant de pouvoir ĂȘtre heureuse sans me voir, la raison pour laquelle elle a pris l'apparence de la Gilberte simple camarade.
Tous les soirs je me plaisais Ă imaginer cette lettre, je croyais la lire, je m'en rĂ©citais chaque phrase. Tout d'un coup je m'arrĂȘtais effrayĂ©. Je comprenais que si je devais recevoir une lettre de Gilberte, ce ne pourrait pas en tous cas ĂȘtre celle-lĂ puisque c'Ă©tait moi qui venais de la composer. Et dĂšs lors, je m'efforçais de dĂ©tourner ma pensĂ©e des mots que j'aurais aimĂ© qu'elle m'Ă©crivĂźt, par peur en les Ă©nonçant, d'exclure justement ceux-lĂ ,âles plus chers, les plus dĂ©sirĂ©sâ, du champ des rĂ©alisations possibles. MĂȘme si par une invraisemblable coĂŻncidence, c'eĂ»t Ă©tĂ© justement la lettre que j'avais inventĂ©e que de son cĂŽtĂ© m'eĂ»t adressĂ©e Gilberte, y reconnaissant mon Ćuvre je n'eusse pas eu l'impression de recevoir quelque chose qui ne vĂźnt pas de moi, quelque chose de rĂ©el, de nouveau, un bonheur extĂ©rieur Ă mon esprit, indĂ©pendant de ma volontĂ©, vraiment donnĂ© par l'amour.
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Marcel Proust
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Aujourd'hui je réalise que j'ai '''#1000 Raisons ''' :
-#1000 Raisons de ne dire que du bien et de m'abstenir de dire du mal.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre discret quant a ma personne... et encore plus quant au autres.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre sage....mĂȘme si tout le monde ne l'est pas.
-#1000 Raisons de descendre des nuages...sans pour autant m'arrĂȘter de voler.
-#1000 Raisons d'ĂȘtre franc...mĂȘme si le mensonge est a la mode.
-#1000 Raisons de songer au bonheur de ma tite personne ...sans oublier les malheurs de l'humanité!!!
-#1000 Raisons d'ĂȘtre quelqu'un de bien , de libre et de plus authentique...dans le monde corrompue d'aujourd'hui ! *
-#1000 Raisons de chercher la perfection sans ignorer l'imperfection humaine !
-#1000 Raisons d'aimer mon prochain et d'aider autant que je peut !
-#1000 Raisons d'hĂąter mes pas dans le droit chemin peut importe les obstacles
-#1000 Raisons de me réconcilier avec l'amour du savoir et la passion du partage
-#1000 Raisons de conquérir les mers du savoir en admettant mon ignorance *
-#1000 Raisons de d'AGIR* plutĂŽt que de parler ...et de PARLER* quand il le faut!!!
-#1000 Raisons de m'inspirer et inspirer les gens pour un monde meilleur !
''..par se qu'il y'a plein de raisons pour que nous continuons de mûrir et que se monde puisse nous cueillir tels des fruits avant de périr.''
#be_inspired
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#Mohammed_El_Amin_OGGADI
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Un journal Incarnat de penser d'amour
L'esprit rougeùtre d'un poison appelée sentiments.
Mon encre diluée par deux moitiés encrées sur une ßle délabrée de penser pour se réconforter.
Le coeur fauché comme le blé lacéré des deux cÎtés imprégné de stupidité par le mot aimé.
Marchant devant sans jamais avoir, trouver une femme de confiance, as qui susurre le verbe aimé.
Désert l'esprit sur terre, assis sur mon rocher je peux altérer ma pensée et continué as escaladé la montagne créée.
Par un flaut d'eau retentissant, rugissants par cent beaucoup de personnes comme des dehiscent sur leur téléphone.
Blessants d'ĂȘtre vue comme inconvĂ©nient, mais ce qui blesse le plus de l'intĂ©rieur est de ne pas s'effondrer et l'extĂ©rieur est la façade qui sert de pillier.et ce que tu as soudĂ©,
mes tout peut se fendre en une nuitée emplie d'obscurité
et vil sournois ris marchent sans aucun dénié
ne prend par aucun raccourci la vie n'a aucun repris
suit un ami mais ne te laisse aveugler prend garde ton esprit est la clé
ne sois jamais fourvoyé par une histoire falsifiée
qui peut ĂȘtre mensonger pour t'utiliser.
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Garde ton coeur vrai, reste vrai reste magique.
Stay True, Stay Magic.
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Marty Bisson milo
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Ton amour est comme la lune, il me déprive d'oxygÚne à chaque fois je pense à toi.
Tu es partout mon chéri. Dans mes pensées, mes écritures et mes peintures.
Je t'aime, et je n'oserai jamais à aimer une autre personne de telle façon que je t'aime.
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Johaina Hachad
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La vie me paraĂźt si lĂ©gĂšre Ă cet instant. Lâamour change la palette de couleurs qui dessinent notre quotidien. Tout prend une importance diffĂ©rente. Jâaime lâeffet grisant que ça fait courir dans mes veines. Jâai le sentiment dâavoir gagnĂ© des ailes.
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Cherylin A. Nash (Un amour au goût de miel)
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C'est une histoire d'amour comme toutes mes autres
un autobus écrit Spécial
avec personne dedans
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Marie-Andree Gill (Chauffer le dehors)
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De ta petite oreille j'oublie les longs secrets,
ton sourire d'enfantelet, l'éphémÚre
qu'on ose pas baiser, tes paupiĂšres
aveuglées par mes lÚvres, sources claires du destin,
froides, chaudes comme la lune en juin.
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Max Jacob (Derniers poĂšmes en vers et en prose)
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Sers-toi, mes jambes son mortes depuis longtemps, fais pleuvoir ta transpiration sur mon front, ça mouillera mes larmes, ça me donnera le spectacle de l'amour et puis c'est gratuit.
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Claire Berest (Rien n'est noir)
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Son beau prĂ©nom abĂźmĂ© par mes cris dâamante amoureuse rĂ©sonne dans ma chambre trop petite pendant que je mâacharne Ă nous fabriquer une histoire dâamour avec une histoire de cul.
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Elizabeth Lemay (Daddy Issues (French Edition))
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Une chaleur enivrante m'a enveloppĂ©e, comme si je me tenais au cĆur d'un brasier. Je ne connaissais pas cette Ă©motion, j'aurais Ă©tĂ© incapable de la nommer - sans doute parce que personne n'avait jamais cru en moi jusqu'Ă ce jour. Ou alors en une version de moi tout autre, moins capable. Locke, mon pĂšre et Jane avaient tous cru en la January timide qui hantait les couloirs de la Maison Locke, qui avait dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de leur protection. Mais Samuel me regardait Ă prĂ©sent comme s'il s'attendait Ă me voir manger du feu ou danser sur des nuages d'orages. Comme s'il s'attendait Ă me voir accomplir un acte miraculeux, courageux et impossible.
Sa confiance Ă©tait une armure que je revĂȘtais, une paire d'ailes que je dĂ©ployais, un ocĂ©an au-delĂ de mes limites ; sa confiance se rapprochait dangereusement de l'amour.
J'ai encore contemplé son visage l'espace d'une seconde avide, le temps de laisser sa foi pénétrer tous les pores de ma peau, puis je me suis tournée vers la porte. J'ai empli mes poumons d'air chargé d'iode et de fumée, consciente de la confiance de Samuel derriÚre moi tel un vent chaud gonflant la voile d'un navire, et j'ai posé la plume sur la page.
La porte s'ouvre, ais-je écrit, et je croyais à chacune des lettres que j'avais couchées sur le papier.
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Alix E. Harrow (The Ten Thousand Doors of January)
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Je m'appelle Pauline et je vais avoir 30 ans. Jâaime Ă©crire pour me libĂ©rer de toutes sortes dâĂ©motions, tantĂŽt positives tantĂŽt nĂ©gatives. Je peux passer des heures Ă Ă©crire sur un sujet que je tiens Ă©normĂ©ment comme la rencontre, lâamour ou encore le voyage. Concernant ma vie privĂ©e, je suis une personne trĂšs Ă©panouie en amour. Et câest pour cette raison que jâai crĂ©Ă© Le French Kiss avec mon partenaire. Câest Ă travers cette plateforme que je partage mes astuces pour rencontrer lâĂąme-soeur. Je tiens Ă prĂ©ciser que je ne suis pas âun docteur Loveâ et encore moins un coach de rencontre. En revanche, jâai dĂ©cidĂ© de venir en aide aux cĂ©libataires qui cherchent un amoureux(se), car tout le monde mĂ©rite de trouver le grand amour.
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Le French Kiss
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Plus dĂ©sireux maintenant de « donner », comme moi j'ai envie de donner, bien qu'il conserve une certaine brutalitĂ© significative d'un manque d'expĂ©rience. Impression qu'il dĂ©couvre vraiment ce que peut ĂȘtre l'amour, qu'il dĂ©sire tout faire (ainsi sa demande Ă propos de faire l'amour entre les seins, mes seins). Il est parti, j'ai comme dormi dans son corps. Le mercredi 26 octobre a Ă©tĂ© une journĂ©e parfaite.
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Annie Ernaux (Se perdre (French Edition))
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Longtemps aprĂšs avoir troquĂ© balles et bĂątons contre livres et stylos, j'allais conserver la nostalgie non seulement de ce qui aurait pu ĂȘtre (« Tous mes scribouillages pour une heure sur la glace jadis glorieuse du Forum ou sur les verts paradis de Wimbledon ! ») mais surtout de ce qui fut peut-ĂȘtre mon expĂ©rience la plus totale de la passion. Je devine aisĂ©ment ce que sociologues et psychanalystes pourraient tirer de cet aveu [...]. En effet, comment interprĂ©ter autrement que par une volontĂ© de mort cette dĂ©pense effrĂ©nĂ©e d'Ă©nergie, cette pratique quasi religieuse de l'Ă©puisement ? Le sport m'aura donnĂ© ce que d'autres demandent aux drogues ou aux amours meurtriĂšres : la dissolution du Moi dans la violence du plaisir, la prolifĂ©ration de l'ĂȘtre dans le temps enfin lĂ©zardĂ©, la souverainetĂ© de l'instant. VoilĂ bien le seul et vĂ©ritable pĂ©chĂ© que mes confesseurs n'aient jamais entendu et Ă cĂŽtĂ© duquel les traditionnels Ă©carts de la chair semblent de bien innocentes transgressions ! [...] Ă chacun ses extases, et je remercie le ciel de m'avoir fait naĂźtre Ă une Ă©poque et dans un milieu qui ne condamnaient que les frasques du samedi soir et la lecture de Zola. Ăa ne fait pas des amants et des visionnaires trĂšs forts, me direz-vous. Ă cela je rĂ©ponds bien modestement qu'« il vaut mieux pĂ©rir dans sa propre loi, mĂȘme imparfaite, que dans la loi d'autrui, mĂȘme bien appliquĂ©e ». J'aurais bien aimĂ© venir Ă la littĂ©rature par des voies plus prestigieuses (la crucifixion en rose de Miller ou le dĂ©rĂšglement raisonnĂ© de Rimbaud), mais, aprĂšs tout, les chemins qui ne mĂšnent nulle part ne peuvent-ils pas commencer n'importe oĂč ?
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Yvon Rivard
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Je lis avec mes souvenirs, mes yeux faibles, mes colÚres, et je relis, je fouille chez moi, puisque dehors m'est devenu indéchiffrable.
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Marceline Loridan-Ivens (L'Amour aprĂšs)
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Par ce baiser elle avait fait entrer en moi son souffle, son Ăąme, l'esprit de son esprit ă
Ą comme si, sortant de ses lĂšvres rondes, un voile de lĂ©gĂšres particules d'or en suspension dans l'air avait pĂ©nĂ©trĂ© dans ma bouche, tapissant mon palais et, peu Ă peu, heure aprĂšs heure, l'intĂ©rieur de ma gorge, de mes poumons et de mes veines jusque dans leurs extrĂ©mitĂ©s les plus fines. Pendant une semaine je fus ainsi radicalement coupĂ© du monde : pour m'atteindre ă
Ą mais c'Ă©tait impossible ă
Ą il eĂ»t fallu traverser ce sarcophage intĂ©rieur peint Ă la feuille d'or dans laquelle je reposais, mes mains jointes autour du nom et de l'image brĂ»lante de Louise Amour.
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Christian Bobin (Louise Amour)
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Je pense Ă toi. Et cela monte comme une marĂ©e en moi. Je t'aime, avec toute la profondeur de l'ĂȘtre. Je t'attends avec dĂ©cision et certitude, sĂ»r que nous pouvons ĂȘtre heureux, dĂ©cidĂ© Ă t'aider de toutes mes forces et Ă te donner confiance en toi. Que tu m'aides un peu, trĂšs peu, et cela suffira pour que j'aie de quoi soulever les montagnes.
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Albert Camus (Correspondance (1944-1959))
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Je vois des hommes plongĂ©s dans les tĂ©nĂšbres de la superstition, harcelĂ©s par un essaim de fantĂŽmes. Si je cherche, dans la mesure de mes forces Ă projeter la lumiĂšre du jour sur ces apparitions de la nuit, croyez-vous que j'obĂ©isse Ă mon amour pour vous ? J'Ă©cris peut-ĂȘtre par amour pour les hommes ? Eh non! j'Ă©cris parce que je veux faire Ă des idĂ©es qui sont mes idĂ©es une place dans le monde [...] Faites-en ce que vous voudrez, c'est votre affaire et je ne m'en inquiĂšte pas [...] Non seulement ce n'est pas pour l'amour de vous j'exprime ce que je pense, mais ce n'est pas mĂȘme pour l'amour de la vĂ©ritĂ©.
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Max Stirner
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Oh, merveilleux bonhomme. Tu voyais tout en moi, chaque recoin de mon petit cĆur. La moindre de mes pensĂ©es, qu'elle soit profonde ou mesquine.Tu riais pour Ă©loigner le mal et cĂ©lĂ©brais les moments de joie.
Ătre connu de quelqu'un, profondĂ©ment, de l'intĂ©rieur, c'est ça, l'essence de l'amour. Une existence sans amour n'est que l'ombre de la vie. J'ai errĂ© dans cette pĂ©nombre quand tu es parti pour le camp d'entraĂźnement, Sal. Et elle a failli me submerger lorsque tu es mort. Je le souhaitais, en un sens.
Jusqu'au jour oĂč une personne a dĂ©cidĂ© qu'elle me connaissait suffisamment pour me montrer toutes les bonnes raisons que j'avais de rester en vie.
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Suzanne Hayes
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Elle ne sait pas dire. Mais, ne disant pas, elle fait naßtre en moi les paroles tues, car elle sait la science des gestes, la science des silences, la science des divinations secrÚtes qui font que ses pensées suscitent mes pensées dans un langage intraduisible.
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Franz Weyergans (Mon amour dans l'Ăźle)