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Love, hatred, you have only to choose; they all sleep under the same roof; you can double your existence, caress with one hand and strike with the other.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
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La double pensée est le pouvoir de garder à l'esprit simultanément deux croyances contradictoires, et de les accepter toutes deux.
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George Orwell (1984)
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La solitude offre Ă l'homme intellectuellement haut placĂ© un double avantage : le premier, d'ĂȘtre avec soi-mĂȘme, et le second de n'ĂȘtre pas avec les autres.
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Arthur Schopenhauer (The Wisdom of Life)
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On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d'hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu.
Kill a man, and you are a murderer. Kill millions of men and you are a conqueror. Kill everyone, and you are a god.
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Jean Rostand (Pensées d'un biologiste)
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Happy, even in anguish, is he to whom God has given a soul worthy of love and grief! He who has not seen the things of this world, and the heart of men in this double light, has seen nothing, and knows noting of the truth.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Man is not a circle with a single centre; he is an ellipse with a double focus. Facts form one of these, and ideas the other.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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She talked thus, bent double, shaken with sobs, blinded by tears, her neck bare, clenching her hands, coughing with a dry and short cough, stammering very feebly with an agonised voice. Great grief is a divine and terrible radiance which transfigures the wretched. At that moment Fantine had again become beautiful. At certain instants she stopped and tenderly kissed the policemanâs coat. She would have softened a heart of granite; but you cannot soften a heart of wood
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Que les poĂštes morts laissent la place aux autres. Et nous pourrions tout de mĂȘme voir que c'est notre vĂ©nĂ©ration devant ce qui a Ă©tĂ© dĂ©jĂ fait, si beau et si valable que ce soit, qui nous pĂ©trifie, qui nous stabilise et nous empĂȘche de prendre contact avec la force qui est dessous, que l'on appelle l'Ă©nergie pensante, la force vitale, le dĂ©terminisme des Ă©changes, les menstrues de la lune ou tout ce qu'on voudra.
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Antonin Artaud (The Theater and Its Double)
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Il ne faut pas me dire deux fois les choses ; il ne faut pas me les dire deux fois.
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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
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Stop. J'en suis sorti. Des souvenirs. Du passĂ©. Mais tĂŽt ou tard les choses que tu as laissĂ© derriĂšre toi te rattrapent. Et les choses les plus simples, quand tu es amoureux, te semblent les plus belles. Parce que leur simplicitĂ© n'a pas d'Ă©gal. Et j'ai envie de crier. Dans ce silence qui fait mal. Stop. Laisse tomber. Reprends-toi. VoilĂ . FermĂ©. A double tour. Au fond du cĆur, bien au fond. Dans ce jardin. Quelques fleurs, un peu d'ombre et puis la douleur. Mets-les lĂ , cache les bien surtout, lĂ oĂč personne ne peut les voir. LĂ oĂč toi tu ne peux pas les voir.
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Federico Moccia (Ho voglia di te)
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Happy, even in the midst of anguish, is he to whom God has given a soul worthy of love and of unhappiness! He who has not viewed the things of this world and the heart of man under this double light has seen nothing and knows nothing of the true.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Traduire, ce nâest jamais simple. Traduire, câest trahir sur les bords, câest maquignonner, câest marchander une phrase pour une autre. Traduire est une des seules activitĂ©s humaines oĂč lâon est obligĂ© de mentir sur les dĂ©tails pour rapporter le vrai en gros. Traduire, câest prendre le risque de comprendre mieux que les autres que la vĂ©ritĂ© de la parole nâest pas une, mais double, voire triple, quadruple ou quintuple. Traduire, câest sâĂ©loigner de la vĂ©ritĂ© de Dieu, qui, comme chacun sait ou croit le savoir, est une.
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David Diop (At Night All Blood is Black)
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Scully nodded. Of course. It made sense. Complete sense. No question about it. Mulder was perfectly sane in telling her all this. And she was perfectly sane in listening to it and nodding and urging him to tell her more. It was the rest of the world that was-
She doubled over as a wave of laughter hit her.
Mulder looked at her and started laughing too.
They stood there in the cemetery in the darkness and the drizzle, laughing their heads off.
'You know we're crazy,' Scully finally said.
'Of course we are,' Mulder gasped out.
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Les Martin (X Marks the Spot (The X-Files: Middle Grade, #1))
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He mused on this village of his, which had sprung up in this place, amid the stones, like the gnarled undergrowth of the valley. All Artaud's inhabitants were inter-related, all bearing the same surname to such an extent that they used double-barrelled names from the cradle up, to distinguish one from another. At some antecedent date an ancestral Artaud had come like an outcast, to establish himself in this waste land. His family had grown with the savage vitality of the vegetation, drawing nourishment from this stone till it had become a tribe, then the tribe turned to a community, till they could not sort out their cousinage, going back for generations. They inter-married with unblushing promiscuity.
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Ămile Zola (La Faute de l'abbĂ© Mouret (Les Rougon-Macquart, #5))
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Parce que les ivrognes voient double. Alors le gĂ©ographe noterait deux montagnes, lĂ oĂč il n'y en a qu'un seule.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince: [French Edition])
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Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme, est un sentiment qui manque à l'amour, la certitude.
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Honoré de Balzac
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Ăl, que ya tenĂa edad para no andar corriendo detrĂĄs de quimeras, lo que le dolĂa, como les sucede siempre a los ingenuos, era eso mismo, su ingenuidad.
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José Saramago (The Double)
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Les despotes sont pour quelque chose dans les penseurs. Parole enchaßnée, c'est parole terrible. L'écrivain double et triple son style quand le silence est imposé par un maßtre au peuple.
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Victor Hugo (Les Misérables, Tome IV: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis (Les Misérables, #4))
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La MĂ©diterranĂ©e nâest quâun lac, comparĂ©e aux vastes plaines liquides du Pacifique, mais câest un lac capricieux, aux flots changeants, aujourdâhui propice et caressant pour la frĂȘle tartane qui semble flotter entre le double outremer des eaux et du ciel, demain, rageur, tourmentĂ©, dĂ©montĂ© par les vents, brisants les plus forts navires de ses lames courtes qui les frappent Ă coups prĂ©cipitĂ©s.
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Jules Verne (VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS (2))
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Lorsque jâai commencĂ© Ă voyager en Gwendalavir aux cĂŽtĂ©s d'EwĂŹlan et de Salim, je savais que, au fil de mon Ă©criture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou malĂ©fiques... Je savais cela et je m'en rĂ©jouissais.
Rien, en revanche, ne m'avait préparé à une rencontre qui allait bouleverser ma vie.
Rien ne m'avait préparé à Ellana.
Elle est arrivĂ©e dans la QuĂȘte Ă sa maniĂšre, tout en finesse tonitruante, en dĂ©licatesse remarquable, en discrĂ©tion Ă©tincelante. Elle est arrivĂ©e Ă un moment clef, elle qui se moque des serrures, Ă un moment charniĂšre, elle qui se rit des portes, au sein dâun groupe constituĂ©, elle pourtant pĂ©trie dâindĂ©pendance, son caractĂšre forgĂ© au feu de la solitude.
Elle est arrivĂ©e, s'est glissĂ©e dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a captĂ© le regard dâEdwin et son respect, a sĂ©duit Salim, conquis maĂźtre Duom... Je lâai regardĂ©e agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa prĂ©sence, son charisme, sa beautĂ© tissaient autour de moi.
Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentĂ©e d'ĂȘtre et, ce faisant, elle a tranquillement troquĂ© son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblĂ©matique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherchĂ© la lumiĂšre, a Ă©paulĂ© Ewilan dans sa quĂȘte d'identitĂ© puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire.
Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvĂ© ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombĂ© Ă la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle nâen a tirĂ© aucune gloire, trop Ă©quilibrĂ©e pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les Ă©paules d'un groupe de compagnons soudĂ©s par une indĂ©fectible amitiĂ©.
Lorsque j'ai posé le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mérité le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libéré par l'auteur aprÚs une éprouvante aventure littéraire.
Chacun ?
Pas Ellana.
Impossible de la quitter. Elle hante mes rĂȘves, se promĂšne dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochĂšte mes pensĂ©es intimes, escalade mes dĂ©sirs secrets...
Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ?
Est-ce moi qui ai crĂ©Ă© Ellana ou n'ai-je vraiment commencĂ© Ă exister que le jour oĂč elle est apparue ? Nos routes sont-elles liĂ©es Ă jamais ?
â Il y a deux rĂ©ponses Ă ces questions, souffle le vent Ă mon oreille. Comme Ă toutes les questions. Celle du savant et celle du poĂšte.
â Celle du savant ? Celle du poĂšte ? Qu'est-ce que...
â Chut... Ăcris.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Dans le mot défection, il y a une autre idée  : son pÚre lui a manqué. Et le double sens de ce verbe convient absolument. D'abord, une faute, une infraction, une violation. Il s'est dérobé à ses obligations, écarté des routes droites, il a enfreint les rÚgles non écrites, péché contre l'ordre établi, joué contre son camp, piétiné la confiance placée en lui, offensé ses proches, ses amis, il a trahi. Ensuite, une morsure, une douleur, un chagrin. Il n'a pas été présent alors qu'on comptait sur lui, il a laissé un vide que nul n'est venu combler, des questions auxquelles nul n'a su répondre, une frustration irréductible, une demande affective que nul n'a été en mesure d'étancher.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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We all lead double lives. It's a privilege for the artist and a curse for the ordinary man. One has to get used to it."
"It's a terrible thing to know too much. In life, our words are improvisations and our actions careless mistakes that end up by becoming habits. Fate beign the distraction of the gods, I distract myself by evading questions that I never asked myself in the past. We are in the hands of the improbable, are we not, my dear Cosette?"
- Monsieur Verjat-
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Let it be said in passing, success is a fairly hideous thing. Its false resemblance to merit deceives men. For the masses, success has almost the same profile as supremacy. Success, talentâs seeming double, has a dupe: history. Juvenal and Tacitus alone decry it.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Be fair, my friends! To be the empire of such an emperor, what a splendid destiny for a nation, when that nation is France, and when it adds its genius to the genius of such a man ! To appear and to reign, to march and to triumph, to have every capital for a staging area, to take his grenadiers and make kings of them, to decree the downfall of dynasties, to transfigure Europe at a double quickstep, so men feel, when you threaten, that you are laying your hand on the hilt of Godâs sword, to follow in one man Hannibal , Caesar, and Charlemagne, to be the people of a man who mingles with your every dawn the glorious announcement of a battle won, to be wakened in the morning by the cannon of the Invalides, to hurl into the vault of day mighty words that blaze forever, Marengo, Arcola, Austerlitz, lena, Wagram ! To repeatedly call forth constellations of victories at the zenith of the centuries, to make the French Empire the successor of the Roman Empire, to be the grand nation and to bring forth the Grand Army, to send your legions flying across the whole earth as a mountain sends out its eagles, to vanquish, to rule, to strike thunder, to be for Europe a kind of golden people through glory, to sound through history a Titanâs fanfare, to conquer the world twice, by conquest and by resplendence, that is sublime. What could be greater?"
"To be free," said Combeferre.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Dans les temps comme ceux oĂč nous vivons, il faut ĂȘtre trois fois pur, trois fois brave, trois fois juste pour nâĂȘtre quâun peu calomniĂ©. En se conduisant ainsi, au bout de dix ou douze ans, on commence Ă ĂȘtre apprĂ©ciĂ© par ses ennemis, et il ne faut guĂšre que le double de ce temps pour lâĂȘtre par ceux auxquels on a rendu service.
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Alexandre Dumas (Alexandre Dumas - Oeuvres ComplÚtes Illustrées - Partie II : Voyages, Histoire, Théùtre, Causeries, Divers lci-5 (Version Illustrée Standard 90Mo) (French Edition))
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In this state of mind nothing escaped him, nothing deceived him, and he constantly saw the basis of life, humanity, and destiny. Happy, even in anguish, is he to whom God has given a soul worthy of love and grief! He who has not seen the things of this world, and the hearts of men in this double light, has seen nothing, and knows nothing of the truth.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Nothing escaped or deceived him in his present frame of mind; he saw into the depths of life, mankind and destiny. Happy is he, even though he suffers, whom God has endowed with a spirit worthy of both love and misfortune. Those for whom human affairs and the hearts of men have not been informed by this double light have seen and learned nothing. The state of the soul that loves and suffers is sublime.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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La Mort des Amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légÚres,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'Ă©tranges fleurs sur des Ă©tagĂšres,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant Ă l'envi leurs chaleurs derniĂšres,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumiÚres
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous Ă©changerons un Ă©clair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidĂšle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
We will have beds which exhale odours soft,
We will have divans profound as the tomb,
And delicate plants on the ledges aloft,
Which under the bluest of skies for us bloom.
Exhausting our hearts to their last desires,
They both shall be like unto two glowing coals,
Reflecting the twofold light of their fires
Across the twin mirrors of our two souls.
One evening of mystical azure skies,
We'll exchange but one single lightning flash,
Just like a long sob â replete with good byes.
And later an angel shall joyously pass
Through the half-open doors, to replenish and wash
The torches expired, and the tarnished glass.
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Charles Baudelaire
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LA ROSE ET LE RESADA
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
PrisonniĂšre des soldats
Lequel montait Ă l'Ă©chelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobùt
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux Ă©taient fidĂšles
Des lĂšvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blĂ©s sont sous la grĂȘle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe Ă ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gĂšle
Lequel préfÚre les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
MĂȘme couleur mĂȘme Ă©clat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mĂȘle
Ă la terre qu'il aima
Pour qu'Ă la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
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Louis Aragon
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Pauvre Gringoire ! le fracas de tous les gros doubles pĂ©tards de la Saint-Jean, la dĂ©charge de vingt arquebuses Ă croc, la dĂ©tonation de cette fameuse serpentine de la Tour de Billy, qui, lors du siĂšge de Paris, le dimanche 29 septembre 1465, tua sept Bourguignons dâun coup, lâexplosion de toute la poudre Ă canon emmagasinĂ©e Ă la porte du Temple, lui eĂ»t moins rudement dĂ©chirĂ© les oreilles, en ce moment solennel et dramatique, que ce peu de paroles tombĂ©es de la bouche dâun huissier : Son Ăminence monseigneur le cardinal de Bourbon. Ce nâest pas
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Victor Hugo (Victor Hugo: Oeuvres complÚtes - 122 titres (Annotés et illustrés) - Arvensa Editions (French Edition))
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C'est sous la pression de l'Histoire et de la tradition, que s'Ă©tablissent les Ă©critures possibles d'un Ă©crivain donnĂ©: il y a une Histoire de l'Ă©criture; mais cette Histoire est double: au moment mĂȘme oĂč l'Histoire gĂ©nĂ©rale propose -- ou impose -- une nouvelle problĂ©matique du langage littĂ©raire, l'Ă©criture reste encore pleine du souvenir de ses usages antĂ©rieurs, car le langage n'est jamais innocent: les mots ont une mĂ©moire seconde qui se prolonge mystĂ©rieusement au milieu des significations nouvelles. L'Ă©criture est prĂ©cisĂ©ment ce compromis entre une libertĂ© et un souvenir, elle est cette libertĂ© souvenante qui n'est libertĂ© que dans le geste du choix, mais dĂ©ja plus dans sa durĂ©e.
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Roland Barthes
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C'est sous la pression de l'Histoire et de la tradition, que s'Ă©tablissent les Ă©critures possibles d'un Ă©crivain donnĂ©: il y a une Histoire de l'Ă©criture; mais cette Histoire est double: au moment mĂȘme oĂč l'Histoire gĂ©nĂ©rale propose -- ou impose -- une nouvelle problĂ©matique du langage littĂ©raire, l'Ă©criture reste encore pleine du souvenir de ses usages antĂ©rieurs, car le langage n'est jamais innocent: les mots ont une mĂ©moire seconde qui se prolonge mystĂ©rieusement au milieu des significations nouvelles. L'Ă©criture est prĂ©cisĂ©ment ce compromis entre une libertĂ© et une souvenir, elle est cette libertĂ© souvenante qui n'est libertĂ© que dans le geste du choix, mais dĂ©ja plus dans sa durĂ©e.
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Roland Barthes
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  Trompe-la-Mort dßnait chez les Grandlieu, se glissait dans le boudoir des grandes dames, aimait Esther par procuration. Enfin, il voyait en Lucien un Jacques Collin, beau, jeune, noble, arrivant au poste d'ambassadeur.   Trompe-la-Mort avait réalisé la superstition allemande DU DOUBLE par un phénomÚne de paternité morale que concevront les femmes qui, dans leur vie, ont aimé véritablement, qui ont senti leur ùme passée dans celle de l'homme aimé, qui ont vécu de sa vie, noble ou infùme, heureuse ou malheureuse, obscure ou glorieuse, qui ont éprouvé, malgré les distances, du mal à leur jambe, s'il s'y faisait une blessure, qui ont senti qu'il se battait en duel, et qui, pour tout dire en un mot, n'ont pas eu besoin d'apprendre une infidélité pour la savoir.
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Honoré de Balzac (Splendeurs et MisÚres des courtisanes)
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Ce nom a dâailleurs un double sens, qui se rĂ©fĂšre encore Ă un autre symbolisme : dru ou deru, comme le latin robur, dĂ©signe Ă la fois la force et le chĂȘne (en grec ÎŽÏÏ
Ï) ; dâautre part, vid est, comme en sanscrit, la sagesse ou la connaissance, assimilĂ©e Ă la vision, mais câest aussi le gui ; ainsi, dru-vid est le gui du chĂȘne, qui Ă©tait en effet lâun des principaux symboles du Druidisme, et il est en mĂȘme temps lâhomme en qui rĂ©side la sagesse appuyĂ©e sur la force. De plus, la racine dru, comme on le voit par les formes sanscrites Ă©quivalentes dhru et dhri comporte encore lâidĂ©e de stabilitĂ©, qui est dâailleurs un des sens du symbole de lâarbre en gĂ©nĂ©ral et du chĂȘne en particulier ; et ce sens de stabilitĂ© correspond ici trĂšs exactement Ă lâattitude du Sphinx au repos.
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René Guénon (Spiritual Authority & Temporal Power)
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A l'opposĂ©, les "apostates du conjugal" ont toujours cultivĂ© une distance critique, voire une dĂ©fiance totale Ă l'Ă©gard de ces rĂŽles [de la bonne Ă©pouse ou de la bonne mĂšre]. Ce sont aussi des femmes crĂ©atives, qui lisent beaucoup et qui ont une vie intĂ©rieure intense [...]. Elles se conçoivent comme des individus et non comme des reprĂ©sentantes d'archĂ©types fĂ©minins. Loin de l'isolement misĂ©rable que les prĂ©jugĂ©s associent au fait de vivre seule, cet affinement inlassable de leur identitĂ© produit un double effet : il leur permet d'apprivoiser et mĂȘme de savourer cette solitude Ă laquelle la plupart des gens, mariĂ©s ou pas, sont confrontĂ©s, au moins par pĂ©riodes, au cours de leurs vies, mais aussi de nouer des relations particuliĂšrement intenses, car Ă©manant du cĆur de leur personnalitĂ© plutĂŽt que de rĂŽles sociaux convenus. En ce sens, la connaissance de soi n'est pas un "Ă©goĂŻsme", un repli sur soi, mais une voie royale vers les autres.
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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La Solitude offre Ă l'homme intellectuellement haut placĂ© un double avantage : le premier, d'ĂȘtre avec soi-mĂȘme, et le second, de ne pas ĂȘtre avec les autres. On apprĂ©ciera hautement ce dernier si l'on rĂ©flĂ©chit Ă tout ce que le commerce du monde apporte avec soi de contraintes, de peines et mĂȘme de dangers. "Tout notre malheur vient de ne pouvoir ĂȘtre seuls", a dit La BruyĂšre.
La sociabilitĂ© appartient aux penchants dangereux et pernicieux, car elle nous met en contact avec des ĂȘtres qui en grande majoritĂ© sont moralement mauvais et intellectuellement bornĂ©s ou dĂ©traquĂ©s. L'homme insociable est celui qui n'a pas besoin de tous ces gens-lĂ . Avoir suffisamment en soi pour pouvoir se passer de sociĂ©tĂ© est dĂ©jĂ un grand bonheur, par la mĂȘme que presque tous nos mauvais dĂ©rivent de la sociĂ©tĂ©, et que la tranquilitĂ© d'esprit qui, aprĂšs la santĂ©, forme l'essentiel de notre bonheur, y est mise en pĂ©ril et ne peut exister sans de longs moments de solitude.
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Arthur Schopenhauer
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Enfin ! seul ! On nâentend plus que le roulement de quelques fiacres attardĂ©s et Ă©reintĂ©s. Pendant quelques heures, nous possĂ©derons le silence, sinon le repos. Enfin ! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-mĂȘme.
Enfin ! il mâest donc permis de me dĂ©lasser dans un bain de tĂ©nĂšbres ! Dâabord, un double tour Ă la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me sĂ©parent actuellement du monde. Horrible vie ! Horrible ville !
...MĂ©content de tous et mĂ©content de moi, je voudrais bien me racheter et mâenorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Ămes de ceux que jâai aimĂ©s, Ăąmes de ceux que jâai chantĂ©s, fortifiez-moi, soutenez-moi, Ă©loignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grĂące de produire quelques beaux vers qui me prouvent Ă moi-mĂȘme que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas infĂ©rieur Ă ceux que je mĂ©prise !
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Charles Baudelaire (Petits poĂšmes en prose ; Les paradis artificiels)
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A la fin du XIXe siĂšcle, le double engagement des femmes, Ă la fois fĂ©ministe et antivivisectionniste, s'explique par une volontĂ© de contrecarrer la doxa de la supĂ©rioritĂ© biologique des hommes. Un autre raison pour laquelle l'antivivisectionnisme touche particuliĂšrement les femmes relĂšve du fait qu'elles-mĂȘmes ont longtemps Ă©tĂ© les cobayes de l'histoire. On songe par exemple Ă Anarcha Wescott, Betsy et Lucy, trois femmes noires esclaves, victimes des expĂ©rimentations de l'inventeur du spĂ©culum J. Marion Sims, considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la gynĂ©cologie amĂ©ricaine. Anarcha est la plus cĂ©lĂšbre des trois. On estime qu'elle a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e trente fois entre 1845 et 1849, le plus souvent sans anesthĂ©sie. On pense Ă©galement aux hystĂ©rectomies non consenties, longtemps pratiquĂ©es dans les hĂŽpitaux psychiatriques en Europe. Ou plus rĂ©cemment aux violences obstĂ©tricales, aux Ă©pisiotomies et cĂ©sariennes Ă vif. Si les antivivisectionnistes sont majoritairement des femmes, c'est parce qu'elles savent qu'elles sont les suivantes sur la liste.
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Ovidie (Assise, debout, couchée)
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« Aujourdâhui, vers trois heures, les Ă©preuves sont arrivĂ©es de chez lâimprimeur. Lâexercice consiste en la moitiĂ© dâun chapitre de Thucydide. Je dois le relire avec attention car le texte doit ĂȘtre rigoureusement correct. Ă quatre heures trente, ma tĂąche nâĂ©tait pas achevĂ©e. Jâavais, cependant, promis Ă un ami de prendre le thĂ© avec lui, jâai donc laissĂ© les Ă©preuves sur mon bureau. Je me suis absentĂ© Ă peine plus dâune heure. « Vous savez, Mr. Holmes, que les portes de notre universitĂ© sont doubles : une matelassĂ©e Ă lâintĂ©rieur et une lourde porte en chĂȘne Ă lâextĂ©rieur. De retour, en approchant de ma porte extĂ©rieure, je mâĂ©tonnai de voir une clef dans la serrure. Jâai pensĂ© une seconde que câĂ©tait la mienne que jâavais oubliĂ©e lĂ . Mais en tĂątant ma poche, je constatai que ça nâĂ©tait pas le cas. Le seul double existant, pour autant que je sache, est celui de mon domestique, Bannister â un homme qui sâoccupe de mon domicile depuis dix ans et dont lâhonnĂȘtetĂ© est absolument hors de soupçon. Je dĂ©couvris que la clef Ă©tait cependant la
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Arthur Conan Doyle (Les Trois Ătudiants (French Edition))
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that he had been appointed Bishop of Dââ What truth was there, after all, in the stories which were invented as to the early portion of M. Myrielâs life? No one knew. Very few families had been acquainted with the Myriel family before the Revolution. M. Myriel had to undergo the fate of every newcomer in a little town, where there are many mouths which talk, and very few heads which think. He was obliged to undergo it although he was a bishop, and because he was a bishop. But after all, the rumors with which his name was connected were rumors only,â noise, sayings, words; less than words â palabres, as the energetic language of the South expresses it. However that may be, after nine years of episcopal power and of residence in Dââ, all the stories and subjects of conversation which engross petty towns and petty people at the outset had fallen into profound oblivion. No one would have dared to mention them; no one would have dared to recall them. M. Myriel had arrived at Dââ accompanied by an elderly spinster, Mademoiselle Baptistine, who was his sister, and ten years his junior. Their only domestic was a female servant of the same age as Mademoiselle Baptistine, and named Madame Magloire, who, after having been the servant of M. le Cure, now assumed the double title of maid to Mademoiselle and housekeeper to Monseigneur. Mademoiselle Baptistine was a long, pale, thin, gentle creature; she realized the ideal expressed by the word ârespectableâ; for it seems that a woman must needs be a mother in order to be venerable. She had never been pretty; her whole life, which had been nothing but a succession of holy deeds, had finally conferred upon her a sort of pallor and transparency; and as she advanced in years she had acquired what may be called the beauty of goodness. What had been leanness in her youth had become transparency in her maturity; and this diaphaneity allowed the angel to be seen. She was a soul rather than a virgin. Her person seemed made of a shadow; there was hardly sufficient body to provide for sex; a little matter enclosing a light; large eyes forever drooping;â a mere
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Quand le soir, aprĂšs avoir conduit ma grand'mĂšre et ĂȘtre restĂ© quelques heures chez son amie, j'eus repris seul le train, du moins je ne trouvai pas pĂ©nible la nuit qui vint ; c'est que je n'avais pas Ă la passer dans la prison d'une chambre dont l'ensommeillement me tiendrait Ă©veillĂ© ; j'Ă©tais entourĂ© par la calmante activitĂ© de tous ces mouvements du train qui me tenaient compagnie, s'offraient Ă causer avec moi si je ne trouvais pas le sommeil, me berçaient de leurs bruits que j'accouplais comme le son des cloches Ă Combray tantĂŽt sur un rythme, tantĂŽt sur un autre (entendant selon ma fantaisie d'abord quatre doubles croches Ă©gales, puis une double croche furieusement prĂ©cipitĂ©e contre une noire) ; ils neutralisaient la force centrifuge de mon insomnie en exerçant sur elle des pressions contraires qui me maintenaient en Ă©quilibre et sur lesquelles mon immobilitĂ© et bientĂŽt mon sommeil se sentirent portĂ©s avec la mĂȘme impression rafraĂźchissante que m'aurait donnĂ©e le repos dĂ» Ă la vigilance de forces puissantes au sein de la nature et de la vie, si j'avais pu pour un moment m'incarner en quelque poisson qui dort dans la mer, promenĂ© dans son assoupissement par les courants et la vague, ou en quelque aigle Ă©tendu sur le seul appui de la tempĂȘte.
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Marcel Proust (A l'ombre des jeunes filles en fleurs TroisiĂšme partie)
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Tracklist: de international
International
Va Bene
Hola ft Boef
Bambina
Les 4 Fantastiques ft Soprano, Naps et Alonzo
Tape dans le mille
Adios ft Soolking
Andale
Les menottes
Fefe en double fil
Y a des mots qu'on peut pas se dire
L'hacienda
La tete dans les etoiles
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l'Algerino international
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La parentĂ© de l'Ă©gyptien ancien et du berbĂšre n'est plus Ă dĂ©montrer. Bien que les affinitĂ©s lexicales entre ces langues sĆurs aient Ă©tĂ© profondĂ©ment affectĂ©e par le temps, des dizaines de vocables peuvent encore y ĂȘtre mis en parallĂšle sur le double plan phonĂ©tique et sĂ©mantique. Citons-en quelques-un : sin et sny (deux) ; ashem et shem (s'en aller) ; awey et iyw (venir, apporter) ; mmis-n et ms-n (fils de) ; ighs et qs (l'os) ; sew et syw (boire); ishirr et shri, ou aherrud et hrd (enfant) ; fud et pd (genou). Mais ce sont les pronoms et les particules - les mots outils en quelque sorte - qui tĂ©moignent bien de la communautĂ© de souche entre l'Ă©gyptien et le berbĂšre ; nekk et ink (moi, je) ; i et i (moi, Ă moi) ; k et k (toi, Ă toi) ; s et s (lui, Ă lui, elle, Ă elle) ; n et n (nous); sn et sn (eux, Ă eux) [...] Des comparatistes ont observĂ© que le dialecte berbĂšre le plus proche de l'Ă©gyptien ancien est le touareg. De fait, il est plus conservateur en raison du confinement sĂ©culaire des Targuis dans leur isolat montagneux au cĆur du Sahara. Curieusement, les Touaregs aussi bien que les oasiens de Siwa se disent originaires du Maghreb. Il s'agit lĂ , Ă notre sens, des rĂ©miniscences d'un passĂ© trĂšs lointain dont l'image s'est inversĂ©e. (p45)
[21] - Gustave Lefebvre , Grammaire de l'Ă©gyptien classique, pp 55, 116, 238, 240, 361, 384, 391
(Elements Lexicaux BerbĂšres in Mohammed Chafik, Ù
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Marx, en ignorant la rĂ©alitĂ© de la pluralitĂ© des modes de civilisation et en considĂ©rant que la voie universelle du progrĂšs Ă©tait celle de lâEurope, a conclu, sâagissant de lâInde par exemple, que la Grande-Bretagne y avait une double mission historique : dĂ©truire les vieilles structures traditionnelles et y implanter la civilisation europĂ©enne. LâhypothĂšse selon laquelle la destruction des structures civilisationnelles et du systĂšme social traditionnel des peuples non europĂ©ens et la greffe de la civilisation europĂ©enne signifiait le progrĂšs et la naissance du capitalisme nâa pas Ă©tĂ© confirmĂ©e par les Ă©vĂšnements ultĂ©rieurs. Au contraire, les consĂ©quences rĂ©elles de ce processus ont conduit Ă la construction de systĂšmes occidentalisĂ©s dĂ©pendant des mĂ©tropoles capitalistes et impĂ©rialistes. La destruction des systĂšmes sociaux traditionnels Ă©tait la condition pour saper les fondements de lâindĂ©pendance des peuples non europĂ©ens et leur imposer un Ă©tat de dĂ©pendance permanente qui allait se perpĂ©tuer aprĂšs mĂȘme les indĂ©pendances politiques... Dans lâune des phases de notre rĂ©flexion, nous avons affirmĂ© que les processus rĂ©volutionnaires sont toujours singuliers, quâils sont liĂ©s aux spĂ©cificitĂ©s des sociĂ©tĂ©s qui les engendrent. IndĂ©pendamment de nos convictions et de nos v ?ux, la question qui se posait Ă©tait : Quel type de rĂ©volution sera engendrĂ© par la nation arabe ?... En Ă©tudiant les spĂ©cificitĂ©s de nos pays, nous avons constatĂ© que le seul systĂšme portĂ© en germe par nos sociĂ©tĂ©s Ă©tait lâislam.
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Mohammed Bassem Sultan, Mohammed BohaĂŻss
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L'attitude des modernes Ă l'Ă©gard du passĂ© comporte en effet trop souvent une double erreur : d'une part, ils jugeront que telles formes ayant un contenu intemporel sont inconciliables avec les conditions mentales de ce qu'ils appellent « notre temps » ; d'autre part, ils se rĂ©fĂšrent volontiers, pour introduire telle rĂ©forme ou telle simplification, Ă ce qui a Ă©tĂ© fait dans l'AntiquitĂ© ou au Moyen Age, comme si les conditions cycliques Ă©taient toujours les mĂȘmes et qu'il n'y avait pas, du point de vue de la fluiditĂ© spirituelle et de l'inspiration, un appauvrissement â ou un abaissement â progressif des possibilitĂ©s. La religion â car c'est d'elle qu'il s'agit dans la plupart des cas â est pareille Ă un arbre qui croĂźt, qui a une racine, un tronc, des branches, des feuilles, oĂč il n'y a pas de hasard â un chĂȘne ne produisant jamais autre chose que des glands â et oĂč on ne peut Ă l'aveuglette intervertir l'ordre de croissance ; celle-ci n'est point une « Ă©volution » au sens progressiste du mot, bien qu'il y ait Ă©videmment â parallĂšlement Ă la descente vers l'extĂ©riorisation et le durcissement â un dĂ©ploiement sur le plan de la formulation mentale et des arts.
Le soi-disant retour Ă la simplicitĂ© originelle est l'antipode de cette simplicitĂ©, prĂ©cisĂ©ment parce que nous ne sommes plus Ă l'origine et que, en outre, l'homme moderne est affectĂ© d'un singulier manque du sens des proportions ; nos ancĂȘtres ne se seraient jamais doutĂ©s qu'il suffit de voir dans une erreur « notre temps » pour lui reconnaĂźtre des droits non seulement sur les choses, mais mĂȘme sur l'intelligence.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Câest ainsi que lâĂ©tude des « sciences traditionnelles », quelle que soit leur provenance, sâil en est qui veulent dĂšs maintenant lâentreprendre (non dans leur intĂ©gralitĂ©, ce qui est prĂ©sentement impossible, mais dans certains Ă©lĂ©ments tout au moins), nous parait une chose digne dâĂȘtre approuvĂ©e, mais Ă la double condition que cette Ă©tude soit faite avec des donnĂ©es suffisantes pour ne point sây Ă©garer, ce qui suppose dĂ©jĂ beaucoup plus quâon ne pourrait le croire, et quâelle ne fasse jamais perdre de vue lâessentiel. Ces deux conditions, dâailleurs, se tiennent de prĂšs : celui qui possĂšde une intellectualitĂ© assez dĂ©veloppĂ©e pour se livrer avec sĂ»retĂ© Ă une telle Ă©tude ne risque plus dâĂȘtre tentĂ© de sacrifier le supĂ©rieur Ă lâinfĂ©rieur ; dans quelque domaine quâil ait Ă exercer son activitĂ©, il nây verra jamais Ă faire quâun travail auxiliaire de celui qui sâaccomplit dans la rĂ©gion des principes. Dans les mĂȘmes conditions, sâil arrive parfois que la « philosophie scientifique » rejoigne accidentellement, par certaines de ses conclusions, les anciennes « sciences traditionnelles », il peut y avoir quelque intĂ©rĂȘt Ă le faire ressortir, mais en Ă©vitant soigneusement de paraĂźtre rendre ces derniĂšres solidaires de nâimporte quelle thĂ©orie scientifique ou philosophique particuliĂšre, car toute thĂ©orie de ce genre change et passe, tandis que tout ce qui repose sur une base traditionnelle en reçoit une valeur permanente, indĂ©pendante des rĂ©sultats de toute recherche ultĂ©rieure. Enfin, de ce quâil y a des rencontres ou des analogies, il ne faut jamais conclure Ă des assimilations impossibles, Ă©tant donnĂ© quâil sâagit de modes de pensĂ©e essentiellement diffĂ©rents ; et lâon ne saurait ĂȘtre trop attentif Ă ne rien dire qui puisse ĂȘtre interprĂ©tĂ© dans ce sens, car la plupart de nos contemporains, par la façon mĂȘme dont est bornĂ© leur horizon mental, ne sont que trop portĂ©s Ă ces assimilations injustifiĂ©es.
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René Guénon (East and West)
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Quant Ă lâoeuvre, les problĂšmes quâelle soulĂšve sont plus difficiles encore. En apparence pourtant, quoi de plus simple ? Une somme de textes qui peuvent ĂȘtre dĂ©notĂ©s par le signe dâun nom propre. Or cette dĂ©notation (mĂȘme si on laisse de cĂŽtĂ© les problĂšmes de lâattribution) nâest pas une fonction homogĂšne : le nom dâun auteur dĂ©note-t-il de la mĂȘme façon un texte quâil a lui-mĂȘme publiĂ© sous son nom, un texte quâil a prĂ©sentĂ© sous un pseudonyme, un autre quâon aura retrouvĂ© aprĂšs sa mort Ă lâĂ©tat dâĂ©bauche, un autre encore qui nâest quâun griffonnage, un carnet de notes, un « papier » ? La constitution dâune oeuvre complĂšte ou dâun opus suppose un certain nombre de choix quâil nâest pas facile de justifier ni mĂȘme de formuler : suffit-il dâajouter aux textes publiĂ©s par lâauteur ceux quâil projetait de donner Ă lâimpression, et qui ne sont restĂ©s inachevĂ©s quer par le fait de la mort ? Faut-il intĂ©grer aussi tout ce qui est brouillon, fait de la mort ? Faut-il intĂ©grer aussi tout ce qui est brouillon, premier dessein, corrections et ratures des livres ? Faut-il ajouter les esquisses abandonnĂ©es? Et quel status donner aux lettres, aux notes, aux conversations rapportĂ©es, aux propos transcrits par les auditeurs, bref Ă cet immense fourmillement de traces verbales quâun individu laisse autour de lui au moment de mourir, et qui parlent dans un entrecroisement indĂ©fini tant de langages diffĂ©rents ? En tout cas le nom « MallarmĂ© » ne se rĂ©fĂšre pas de la mĂȘme façon aux thĂšmes anglais, aux trauctions dâEdgar Poe, aux poĂšmes, ou aux rĂ©ponses Ă des enquĂȘtes ; de mĂȘme, ce nâest pas le mĂȘme rapport qui existe entre le nom de Nietzsche dâune part et dâautre par les autobiographies de jeunesse, les dissertations scolaires, les articles philologiques, Zarathoustra, Ecce Homo, les lettres, les derniĂšres cartes postales signĂ©es par « Dionysos » ou « Kaiser Nietzsche », les innombrables carnets oĂč sâenchevĂȘtrent les notes de blanchisserie et les projets dâaphorismes. En fait, si on parle si volontiers et sans sâinterroger davantage de lâ« oeuvre » dâun auteur, câest quâon la suppose dĂ©finie par une certaine fonction dâexpression. On admet quâil doit y avoir un niveau (aussi profond quâil est nĂ©cessaire de lâimaginer) auquel lâoeuvre se rĂ©vĂšle, en tous ses fragments, mĂȘme les plus minuscules et les plus inessentiels, comme lâexpression de la pensĂ©e, ou de lâexpĂ©rience, ou de lâimagination, ou de lâinconscient de lâauteur, ou encore des dĂ©terminations historiques dans lesquelles il Ă©tait pris. Mais on voit aussitĂŽt quâune pareille unitĂ©, loin dâĂȘtre donnĂ© immĂ©diatement, est constituĂ©e par une opĂ©ration ; que cette opĂ©ration est interprĂ©tative (puisquâelle dĂ©chiffre, dans le texte, la transcription de quelque chose quâil cache et quâil manifeste Ă la fois); quâenfin lâopĂ©ration qui dĂ©termine lâopus, en son unitĂ©, et par consĂ©quent lâoeuvre elle-mĂȘme ne sera pas la mĂȘme sâil sâagit de lâauteur du ThĂ©Ăątre et son double ou de lâauteur du Tractatus et donc, quâici et lĂ ce nâest pas dans le mĂȘme sens quâon parlera dâune « oeuvre ». Lâoeuvre ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e ni comme unitĂ© immĂ©diate, ni comme une unitĂ© certaine, ni comme une unitĂ© homogĂšne.
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Michel Foucault (The Archaeology of Knowledge and The Discourse on Language)
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En somme, la fonction politique de la famille est double :
1. Elle se reproduit elle-mĂȘme en mutilant sexuellement les individus. En se perpĂ©tuant, la famille patriarcale perpĂ©tue la rĂ©pression sexuelle et tout ce qui en dĂ©rive : troubles sexuels, nĂ©vroses, dĂ©mences et crimes sexuels.
2. Elle rend l'individu apeuré par la vie et craintif devant l'autorité, et renouvelle donc sans cesse la possibilité de soumettre des populations entiÚres à la férule d'une poignée de dirigeants.
C'est pourquoi la famille revĂȘt pour le conservateur cette signification privilĂ©giĂ©e de rempart de l'ordre social auquel il croit. On s'explique aussi pourquoi la sexologie conservatrice dĂ©fend si opiniĂątrement l'institution familiale. C'est qu'elle "garantit la stabilitĂ© de l'Etat et de la SociĂ©tĂ©", au sens conservateur, rĂ©actionnaire, de ces notions. La valeur attribuĂ©e Ă la famille devient donc la clĂ© de l'apprĂ©ciation gĂ©nĂ©rale de chaque type d'ordre social. (p. 141)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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[...] l'exigence de chastetĂ© des jeunes filles prive les jeunes gens d'objets d'amour, ce qui crĂ©e les conditions typiques de notre ordre social, inĂ©vitables quoique non dĂ©sirĂ©es en elles-mĂȘmes: le mariage monogamique donne naissance Ă l'adultĂšre, la chastetĂ© des filles donne naissance Ă la prostitution. L'adultĂšre et la prostitution sont le lot de la double morale sexuelle qui accorde Ă l'homme, avant comme pendant le mariage, ce qu'elle refuse Ă la femme, pour des raisons Ă©conomiques. Etant donnĂ© les urgences naturelles de la sexualitĂ©, la rigueur de la morale sexuelle engendre l'opposĂ© de ce Ă quoi elle vise ; l'immoralitĂ© au sens rĂ©actionnaire, c'est-Ă -dire l'adultĂšre et les relations sexuelles extra-matrimoniales, se redouble en phĂ©nomĂšnes sociaux grotesques: la perversion sexuelle d'une part, et la sexualitĂ© mercenaire, Ă l'intĂ©rieur comme Ă l'extĂ©rieur du mariage, d'autre part. (p. 85-86)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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Mais j'avais brusquement un certain scrupule Ă lui mentir. Tant de mensonges, dĂ©jĂ , pour me dĂ©barrasser des gens, tant d'immeubles Ă double issue pour les abandonner sur un trottoir, tant de rendez-vous auxquels je n'allais pasâŠ
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Patrick Modiano (Souvenirs dormants)
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Un double prĂ©socratique, cela me paraissait bien plus fort quâun double platonicien. Platon : il en avait pris, lui aussi. Le mythe de la caverne, cela ressemblait trop au rĂ©cit dâun trip. Mais il en avait tirĂ© des trucages que je dĂ©sapprouvais. Comment accepter la thĂ©orie amoureuse dâun type qui sĂ©pare lâĂąme du corps, les hiĂ©rarchise, et qui dâailleurs hiĂ©rarchise tout dans la sociĂ©tĂ©Â ? Avant Socrate, lâamour devait ĂȘtre autre chose.
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Amélie Nothomb (Le Voyage d'hiver)
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dru-vid, oĂč la premiĂšre racine signifie la force, et la seconde la sagesse [Ce nom a dâailleurs un double sens, qui se rĂ©fĂšre encore Ă un autre symbolisme : dru ou deru, comme le latin robur, dĂ©signe Ă la fois la force et le chĂȘne (en grec ÎŽÏÏ
Ï) ; dâautre part, vid est, comme en sanscrit, la sagesse ou la connaissance, assimilĂ©e Ă la vision, mais câest aussi le gui ; ainsi, dru-vid est le gui du chĂȘne, qui Ă©tait en effet lâun des principaux symboles du Druidisme, et il est en mĂȘme temps lâhomme en qui rĂ©side la sagesse appuyĂ©e sur la force. De plus, la racine dru, comme on le voit par les formes sanscrites Ă©quivalentes dhru et dhri comporte encore lâidĂ©e de stabilitĂ©, qui est dâailleurs un des sens du symbole de lâarbre en gĂ©nĂ©ral et du chĂȘne en particulier ; et ce sens de stabilitĂ© correspond ici trĂšs exactement Ă lâattitude du Sphinx au repos.]
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René Guénon (Spiritual Authority & Temporal Power)
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La rĂ©ouverture des mines françaises serait mĂȘme la meilleure dĂ©cision Ă©cologique qui soit. Car la dĂ©localisation de nos industries polluantes a eu un double effet pervers : elle a contribuĂ© Ă maintenir les consommateurs occidentaux dans lâignorance des vĂ©ritables coĂ»ts Ă©cologiques de nos modes de vie, et elle a laissĂ© Ă des Ătats dĂ©pourvus de tout scrupule Ă©cologique le champ libre pour extraire et traiter les minerais dans des conditions bien pires que si la production avait Ă©tĂ© maintenue en Occident.
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Guillaume Pitron (La guerre des métaux rares : La face cachée de la transition énergétique et numérique)
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HomĂšre donne Ă un simple artisan le nom de sage, c'est ainsi qu'il s'exprime sur un certain Margites :
« Les dieux n'en firent ni un cultivateur ou fossoyeur, ni un sage en quoi que ce soit ; il ne réussit en aucun art. »
Hésiode, aprÚs avoir dit que Linus le joueur de harpe était versé dans toutes sortes de sagesses, ne craint pas de nommer sage un matelot. Il ne montre, écrit-il, aucune sagesse dans la navigation. Que dit le prophÚte Daniel :
« Les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent découvrir au roi le secret dont il s'inquiÚte; mais il est un Dieu dans le ciel qui révÚle les mystÚres. »
Ainsi Daniel salue du nom de sages les savants de Babylone. Ce qui prouve clairement que l'Ăcri- 17 ture enveloppe sous la mĂȘme dĂ©nomination de sagesse toute science ou tout art profane, enfin tout ce que l'esprit de l'homme a pu concevoir et imaginer, et que toute invention d'art ou de science vient de Dieu ; ajoutons les paroles suivantes, elles ne laisseront aucun doute :
« Et le Seigneur parla à Moïse en ces termes : Voilà que j'ai appelé Béséléel, fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, et je l'ai rempli d'un divin esprit de sagesse, d'intelligence et de science, pour inventer et exécuter toutes sortes d'ouvrages, pour travailler l'or et l'argent, et l'airain, et l'hyacinthe, et le porphyre, et le bois de l'arbre qui donne l'écarlate, et pour exécuter tous les travaux qui concernent l'architecte et le lapidaire, et pour travailler les bois, etc. »
Dieu poursuit de la sorte jusqu'Ă ces mots :
« Et tous les ouvrages. »
Puis il se sert d'une expression générale pour résumer ce qu'il vient de dire :
« Et j'ai mis l'intelligence dans le cĆur de tous les ouvriers intelligents; »
c'est-Ă -dire, dans le cĆur de tous ceux qui peuvent la recevoir par le travail et par l'exercice. Il est encore Ă©crit d'une maniĂšre formelle, au nom du Seigneur :
« Et toi, parle à tous ceux qui ont la sagesse de la pensée, et que j'ai remplis d'un esprit d'intelligence. »
Ceux-lĂ possĂšdent des avantages naturels tout particuliers; pour ceux qui font preuve d'une grande aptitude, ils ont reçu une double mesure, je dirai presque un double esprit d'intelligence. Ceux mĂȘme qui s'appliquent Ă des arts grossiers, vulgaires, jouissent de sens excellents. L'organe de l'ouĂŻe excelle dans le musicien, celui du tact dans le sculpteur, de la voix dans le chanteur, de l'odorat dans le parfumeur, de la vue dans celui qui sait graver des figures sur des cachets. Mais ceux qui se livrent aux sciences ont un sentiment spĂ©cial par lequel le poĂšte a la perception du mĂštre; le rhĂ©teur, du style; le dialecticien, du raisonnement ; le philosophe, de la contemplation qui lui est propre. Car, c'est Ă la faveur de ce sentiment ou instinct qu'on trouve et qu'on invente, puisque c'est lui seul qui peut dĂ©terminer l'application de notre esprit. Cette application s'accroit Ă raison de l'exercice continu. L'apĂŽtre a 18 donc eu raison de dire que
« la sagesse de Dieu revĂȘt mille formes diverses, »
puisque que pour notre bien elle nous révÚle sa puissance en diverses occasions et de diverses maniÚres, par les arts, par la science, par la foi, par la prophétie. Toute sagesse vient donc du Seigneur, et elle est avec lui pendant tous les siÚcles, comme le dit l'auteur du livre de la sagesse :
« Si tu invoques à grands cris l'intelligence et la science, si tu la cherches comme un trésor caché, et que tu fasses avec joie les plus grands efforts pour la trouver, tu comprendras le culte qu'il faut rendre au Seigneur, et tu découvriras la science de Dieu. »
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Clement of Alexandria (Miscellanies (Stromata))
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Seulement, de part et d'autre de la double fenĂȘtre, deux minces fenestrons verticaux restent fermĂ©s. L'espace est vaste entre les deux fenestrons, de quoi livrer passage Ă tous les oiseaux du ciel. Pourtant ça ne rate jamais, il faut toujours que trois ou quatre de ces idiotes ce payent les fenestrons! C'est notre proportion de cancres. Nos dĂ©viantes. On n'est pas dans la ligne. On ne suit pas le droit chemin. On batifole en marge. RĂ©sultat: fenestron. Poe! AssommĂ©e sur le tapis. Alors, l'un de nous deux se lĂšve, prend l'hirondelle estourbie au creux de sa main - ça ne pĂšse guĂšre, ces os plein de vent -, attend qu'elle se rĂšveille, et l'envoie rejoindre ses copins. La ressuscitĂše s'envole, groggy encore un peu, zigzaguant dans l'espace retrouvĂ©, puis elle pique droit vers le sud et disparaĂźt dans son avenir.
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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ce double dont toute Ăąme peut provoquer Ă volontĂ© la venue ou la disparition dĂšs lâinstant oĂč, rompant les amarres de lâignoble prudence, elle ose sâĂ©lancer. Ă
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Christiane Singer (La Mort viennoise)
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L'objet monétaire a ceci de particulier qu'il a toujours une double fonction. Quand il s'agit d'un bien matériel, il sert à assurer en tant que monnaie l'organisation des échanges ; il permet également, de prÚs ou de loin, de satisfaire un besoin de consommation courante. Forts de ce constat, certains historiens ont théorisé le lien entre l'iconoclasme à Constantinople et l'évolution de la balance des paiements courants de l'Empire byzantin. En effet, l'iconoclasme était puissant quand le déficit extérieur vidait l'empire de sa substance monétaire ; il permettait alors le retour, dans le circuit économique, de l'or récupéré sur les icÎnes vouées à la destruction. Dans ce cas trÚs particulier, il y avait interdépendance entre la politique monétaire et la théologie.
Plus rĂ©cemment, dans lâAllemagne vaincue de 1945, la monnaie d'Ă©change Ă©tait la cigarette amĂ©ricaine. Pour J. K. Galbraith, c'Ă©tait le meilleur instrument monĂ©taire qu'on ait pu imaginer. En effet, en cas d'inflation, les Allemands se mettaient Ă fumer leurs cigarettes, devenues moins utiles, la masse monĂ©taire se contractait et l'inflation Ă©tait stoppĂ©e sans l'intervention d'aucune banque centrale.
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Jean-Marc Daniel (le socialisme de l'excellence)
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Les pĂšres Ă©lĂšvent leurs fils dans le culte du viril en les Ă©crasant. Ce double bind (double contrainte) verrouille le systĂšme ; un systĂšme qui se perpĂ©tue de maniĂšre indĂ©finiment critique, sans dĂ©nouer les blocages structuraux . On retrouve la domination / protection en cascade de haut en bas, en rĂ©sonance dans chaque foyer en la personne du maĂźtre de maison -lequel est donc Ă la fois victime et bĂ©nĂ©ficiaire de l'ordre despotique. On verra ainsi le fils aĂźnĂ© (tyrannisĂ© par son pĂšre), dominer ses frĂšres, lesquels reportent l'autoritĂ© sur leurs sĆurs, sur les subordonnĂ©s, etc. Plus l' "homme" est asservi et bafouĂ© dans sa virilitĂ©, plus il contraindra les siens. Et plus ironiquement il aura de chances d'ĂȘtre lui-mĂȘme confrontĂ© Ă une hyperbologie rĂ©active derriĂšre les murs ; d'oĂč la nĂ©cessitĂ© du voile de la femme pour mĂ©nager les apparences et infirmer le pouvoir de celle-ci au dedans. La circularitĂ© de l'aliĂ©nation despotique est en effet aggravĂ©e par celle de la mĂšre, une femme assujettie trouvant Ă s'affirmer Ă travers son (ou ses) fils. Du reste, la naissance de celui-ci entĂ©rine sa lĂ©gitimation par une changement de titre et de nom.
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Nadia Tazi (Le Genre intraitable: Politiques de la virilité dans le monde musulman (Questions de société) (French Edition))
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RĂPONSES INTERROGATIVES Ă UNE QUESTION DE MARTIN HEIDEGGER
La poésie ne rythmera plus l'action. Elle sera en avant. RIMBAUD.
Divers sens Ă©troits pourraient ĂȘtre proposĂ©s, compte non tenu du sens qui se crĂ©e dans le mouvement mĂȘme de toute poĂ©sie objective, toujours en chemin vers le point qui signe sa justification et clĂŽt son existence, Ă l'Ă©cart, en avant de l'existence du mot Dieu :
-La poésie entraßnera à vue l'action, se plaçant en avant d'elle. L'en-avant suppose toutefois un alignement d'angle de la poésie sur l'action, comme un véhicule pilote aspire à courte distance par sa vitesse un second véhicule qui le suit. Il lui ouvre la voie, contient sa dispersion, le nourrit de sa lancée.
-La poĂ©sie, sur-cerveau de lâaction, telle la pensĂ©e qui commande au corps de l'univers, comme l'imagination visionnaire fournit l'image de ce qui sera Ă l'esprit forgeur qui la sollicite. De lĂ , l'enavant.
-La poésie sera « un chant de départ ». Poésie et action, vases obstinément communicants. La poésie, pointe de flÚche supposant l'arc action, l'objet sujet étroitement dépendant, la flÚche étant projetée au loin et ne retombant pas car l'arc qui la suit la ressaisira avant chute, les deux égaux bien qu'inégaux, dans un double et unique mouvement de rejonction.
-L'action accompagnera la poĂ©sie par une admirable fatalitĂ©, la rĂ©fraction de la seconde dans le miroir brĂ»lant et brouillĂ© de la premiĂšre produisant une contradiction et communiquant le signe plus (+) Ă la matiĂšre abrupte de lâaction.
-La poĂ©sie, du fait de la parole mĂȘme, est toujours mise par la pensĂ©e en avant de l'agir dont elle emmĂšne le contenu imparfait en une course perpĂ©tuelle vie-mort-vie.
-L'action est aveugle, c'est la poésie qui voit. L'une est unie par un lien mÚre-fils à 1'autre, le fils en avant de la mÚre et la guidant par nécessité plus que par amour.
-La libre dĂ©termination de la poĂ©sie semble lui confĂ©rer sa qualitĂ© conductrice. Elle serait un ĂȘtre action, en avant de Faction.
-La poésie est la loi, l'action demeure le phénomÚne. L'éclair précÚde le tonnerre, illuminant de haut en bas son théùtre, lui donnant valeur instantanée.
-La poésie est le mouvement pur ordonnant le mouvement général. Elle enseigne le pays en se décalant.
-La poésie ne rythme plus l'action, elle se porte en avant pour lui indiquer le chemin mobile. C'est pourquoi la poésie touche la premiÚre. Elle songe l'action et, grùce à son matériau, construit la Maison, mais jamais une fois pour toutes.
_ La poésie est le moi en avant de l'en soi, « le poÚte étant chargé de l'Humanité » (Rimbaud).
- La poĂ©sie serait de « la pensĂ©e chantĂ©e ». Elle serait l'Ćuvre en avant de Faction, serait sa consĂ©quence finale et dĂ©tachĂ©e.
-La poĂ©sie est une tĂȘte chercheuse. L'action est son corps. Accomplissant une rĂ©volution ils font, au terme de celle-ci, coĂŻncider la fin et le commencement. Ainsi de suite selon le cercle.
-Dans l'optique de Rimbaud et de la Commune, la poĂ©sie ne servira plus la bourgeoisie, ne la rythmera plus. Elle sera en avant, la bourgeoisie ici supposĂ©e action de conquĂȘte. La poĂ©sie sera alors sa propre maĂźtresse, Ă©tant maĂźtresse de sa rĂ©volution; le signal du dĂ©part donnĂ©, l'action en-vue-de se transformant sans cesse en action voyant.
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René Char (Recherche de la base et du sommet)
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« Regarde ça. Essaye de faire une expĂ©rience dans la rue avec un passant quelconque. Offre-lui le billet, ou sinon une chance de cinquante pour cent dâen avoir deux. Tu sais ce quâil fera ? Je vais te le dire : il prendra le billet de cinq mille. Puis essaye de faire le contraire. Demande Ă un passant de te donner cinq mille roubles ou sinon de jouer Ă pile ou face pour savoir sâil devra te donner deux billets ou aucun. Tu sais ce que fera le type cette fois ? PlutĂŽt que dĂ©bourser tout de suite ses cinq mille roubles, il prĂ©fĂ©rera courir le risque de tâen donner le double. Câest absurde, non ? En thĂ©orie, celui qui gagne pourrait se permettre de courir un risque par rapport Ă celui qui perd. Au lieu de ça, les gens font exactement le contraire. Ceux qui gagnent sont plus prudents dans leurs choix, tandis que les perdants jouent le tout pour
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Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
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Ă partir dâaujourdâhui jâessaie de mâendormir pas de mourir
dans mon lit double jâai la bonne place. je dis mon lit mĂȘme
si le lit ne mâappartient pas. dans mon lit je peux me blottir
je peux me retourner. mon lit est un parallélépipÚde pour plumeurs
personnes. pour moi la forme nâa plus dâimportance
câest important dây avoir de la place. gĂ©nĂ©ralement le soir aprĂšs lâinĂ©vitable douche
jâai horreur de pouvoir mourir
sans crier gare si mal lavé. et viendront les laveurs
de morts pour me voir tout nu et celui-lĂ ne sâest pas lavĂ© depuis
des lustres. nous devons Ă©galement le laver Ă lâintĂ©rieur. jâai
horreur quâun Ă©tranger me voie tout nu. et tandis que je mâĂ©tire
de chaque cĂŽtĂ© du lit jâaime avec mes mains sur ma poitrine
mâentraĂźner Ă mourir. je pose mes mains sur ma poitrine et retiens mon souffle.
quelque chose en moi veut prendre ma place. quelque chose en moi ne veut pas
me quitter. eh bien ce nâest pas moi qui fais la loi autrement je serrais
mort depuis longtemps.
et pendant que je pratique la mort, je pense Ă quel point câest bon pour moi
que soit advenue la mort dâun instant du tram 21 qui en rĂ©alitĂ© Ă©tait
le tram 46. pour que je puisse encore exercer lâendormissement. je ne veux plus
mourir je veux dormir. jâai jeĂ»nĂ© jâai fait lâaumĂŽne du sexe
mĂȘme une once jâai aidĂ© une vieille femme Ă traverser
la rue. je pense que ça suffit
pour pouvoir dormir en pensant que je mĂ©rite de mâendormir pas de mourir.
dans mon lit avec la forme inconnue.
(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Emil Iulian Sude (Paznic de noapte)
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Soyons claire: que l'on ne tolÚre pas la violence sexiste est la moindre des choses, mais gare aux effets de hiérarchisation de ses victimes, qui amÚne à considérer certaines insultes sexistes comme pires que d'autres parce qu'elles comparent des femmes à d'autres femmes. Une double peine pÚse alors sur les TdS (travailleuses de sexe) en particulier, condamnées de tous cotés et cumulant les stigmates liés à leur genre (pour les misogynes) et à leur activité (pour presque tout le monde).
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LAGORGETTE DOMINIQUE
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Envisager les pratiques urbaines des habitants sous lâangle de leur mĂ©moire en action, câest aussi bien retrouver dâanciennes habitudes (quâon appelle, justement, « plis ») persistantes, dont les constructeurs, eux-mĂȘmes habitants, ont Ă tenir compte. Arc qui relie habitant et architecte-urbaniste, la composition de ces plis « marque lâespace » : les deux Ă©lĂ©ments se conditionnent mutuellement et conditionnent aussi la forme changeante de la ville. En ce sens, la mĂ©moire est un Ă©lĂ©ment architectural, aussi bien qâun structurant urbain.
Parler dâune mĂ©moire, parler du temps reviendra donc, ici, Ă suivre lâarticulation des strates culturelles entre elles, faire lâhypothĂšse dâun procĂšs spĂ©cifique de leur effets sur lâespace et ceci Ă un double niveau : celui des urbanisĂ©s, celui des urbaniste.
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Anne Cauquelin (Essai de philosophie urbaine)
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Lorsque la demeure islamique se remplit dâimages et dâobjets distrayants, et que lâon marche avec des souliers sur les tapis et les nattes, qui normalement sont rĂ©servĂ©s Ă la priĂšre, lâunitĂ© de la vie islamique est rompue, et il en va de mĂȘme quand les vĂȘtements que lâon porte dans la vie courante ne sont plus adaptĂ©s aux rites de la shariah.
A ce propos, il faut remarquer que lâart islamique ayant pour fonction essentielle de crĂ©er un cadre pour lâhomme qui prie, le vĂȘtement y occupe un rang qui nâest pas nĂ©gligeable, comme le rappelle ce verset : « O fils dâAdam, revĂȘtez vos parures (zeynatakum) en vous approchant dâune mosquĂ©e » (Coran, VII, 31). Le costume masculin des peuples de lâIslam comprend une multitude de formes, mais il exprime toujours le double rĂŽle que cette tradition impose Ă lâhomme : celui de reprĂ©sentant et de serviteur de Dieu. De ce fait, il est Ă la fois digne et sobre, nous dirions mĂȘme majestueux et pauvre en mĂȘme temps. Il recouvre lâanimalitĂ© de lâhomme, rehausse ses traits, tempĂšre ses mouvements, et facilite les diffĂ©rentes postures de la priĂšre. Le vĂȘtement europĂ©en moderne, au contraire, ne fait que souligner le rang social de lâindividu, tout en niant la dignitĂ© primordiale de lâhomme, celle qui lui fut octroyĂ©e par Dieu.
"Valeurs pĂ©rennes de lâart islamique
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Titus Burckhardt (Mirror of the Intellect: Essays on the Traditional Science and Sacred Art)
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Techniques Anunnaki-Ulema pour vivre plus longtemps, plus heureux, plus riche et influencer les autres   Le « Livre de Ramadosh » est la plus grande publication sur les pouvoirs extraordinaires des Anunnaki-Ulemas jamais publiĂ©e. DĂ©couvrez leurs techniques qui changeront votre vie pour toujours. Vous ne serez jamais la mĂȘme personne. Ce livre rĂ©vĂšle des connaissances qui datent de milliers d'annĂ©es. Ces techniques et leçons vous apportent santĂ©, bonheur et prospĂ©ritĂ©. De plus, elles vous enseignent Ă revisiter le passĂ© et l'avenir, Ă voyager dans le temps/espace, Ă voir vos amis et animaux dĂ©cĂ©dĂ©s dans la vie aprĂšs la mort, quelles sont les heures secrĂštes pour ouvrir votre « Conduit » et filer dans votre « Double » vers des univers multiples, Ă porter chance et Ă changer votre avenir.  Apprenez: âą Godabaari : Une technique Ulema visant au dĂ©veloppement dâune facultĂ© capable de faire bouger les objets Ă distance en utilisant les vibrations dĂ©gagĂ©es par le «conduit» implantĂ© dans le cerveau. âą Gubada-Ari : Le triangle de la technique de vie. Comment appliquer la valeur de la forme «triangulaire» Ă la santĂ©, au succĂšs et Ă la paix dâesprit, et trouver les endroits les plus sains et les zones les plus chanceuses sur Terre, en incluant les pays et les places les plus intimes et comment en profiter. ⹠Cadari: Une technique secrĂšte dĂ©veloppĂ©e par les Anunnaki-Ulema il y a des siĂšcles et qui leur a permis de lire dans les pensĂ©es, les intentions et les sentiments des autres. âą Daemat : Comment demeurer et avoir lâair de 37 ans de façon permanente âą Arwadi: Le pouvoir surnaturel qui permet aux initiĂ©s d'arrĂȘter ou de renvoyer vos difficultĂ©s, problĂšmes et incidents dans un autre temps et un autre lieu pour ainsi se libĂ©rer des soucis, de l'anxiĂ©tĂ© et de la peur âą Baaniradu : Technique de guĂ©rison par le toucher ⹠Bisho: Technique utilisĂ©e dans le blocage de mauvaises vibrations des autres et vos ennemis qui affectent nĂ©gativement votre vie.  ***  ***  *** La description de l'au-dela (la vie apres la mort), des univers parallĂšles et des 4e et 5e dimensions LES ENSEIGNEMENTS SECRETS DES MAITRES ILLUMINES. SixiĂšme Edition.
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Maximillien de Lafayette (OVNIs et extraterrestres : Transcriptions des rĂ©unions entre les Ătats-Unis et les Extraterrestres en 1947 et 1948)
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De tous les ĂȘtres que nous connaissons, nous possĂ©dons un double. Mais, habituellement situĂ© Ă l'horizon de notre imagination, de notre mĂ©moire, il nous reste relativement extĂ©rieur, et ce qu'il a fait ou pu faire ne comporte pas plus pour nous d'Ă©lĂ©ment douloureux qu'un objet placĂ© Ă quelque distance et qui ne nous procure que les sensations indolores de la vue. Ce qui affecte ces ĂȘtres-lĂ , nous le percevons d'une façon contemplative, nous pouvons le dĂ©plorer en termes appropriĂ©s qui donnent aux autres l'idĂ©e de notre bon coeur, nous ne le ressentons pas. Mais depuis ma blessure de Balbec, c'Ă©tait dans mon coeur, Ă une grande profondeur, difficile Ă extraire, qu'Ă©tait le double d'Albertine. Ce que je voyais d'elle me lĂ©sait comme un malade dont les sens seraient si fĂącheusement transposĂ©s que la vue d'une couleur serait intĂ©rieurement Ă©prouvĂ©e par lui comme une incision en pleine chair.
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Marcel Proust
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Pershing responded by reassigning the Fifteenth to serve alongside French soldiers. The French Army desperately needed troops. If Haywardâs men were so anxious to fight, they could exchange their American-issued weapons for French ones and fight under French commanders.22 Hayward and his soldiers reported to Givry-en-Argonne, where they were taught to use French grenades, rifles, and machine guns. The New Yorkers also learned sufficient French in short order. The French high command renamed the Fighting Fifteenth le 369 iĂšme RĂ©giment dâInfanterie Ătats UnĂs.23 âWe are now a combat unit,â Hayward excitedly wrote, âone of the regiments of a French Division in the French Army, assigned to a sector of trenches.â24 Because the black soldiers seemingly had been abandoned by their own army, the French called them les enfants perdusâ the lost children.
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Rawn James Jr. (The Double V: How Wars, Protest, and Harry Truman Desegregated Americaâs Military)
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La civilisation islamique est en effet, parmi les civilisations orientales, celle qui est la plus proche de lâOccident, et lâon pourrait mĂȘme dire que, par ses caractĂšres comme par sa situation gĂ©ographique, elle est, Ă divers Ă©gards, intermĂ©diaire entre lâOrient et lâOccident ; aussi la tradition nous apparaĂźt-elle comme pouvant ĂȘtre envisagĂ©e sous deux modes profondĂ©ment distincts, dont lâun est purement oriental, mais dont lâautre, qui est le mode proprement religieux, lui est commun avec la civilisation occidentale. Du reste, JudaĂŻsme, Christianisme et Islamisme se prĂ©sentent comme les trois Ă©lĂ©ments dâun mĂȘme ensemble, en dehors duquel, disons-le dĂšs maintenant, il est le plus souvent difficile dâappliquer proprement le terme mĂȘme de « religion », pour peu quâon tienne Ă lui conserver un sens prĂ©cis et nettement dĂ©fini ; mais, dans lâIslamisme, ce cĂŽtĂ© strictement religieux nâest en rĂ©alitĂ© que lâaspect le plus extĂ©rieur (âŠ) Cette sorte de double polarisation, extĂ©rieure et intĂ©rieure, Ă laquelle nous avons fait allusion Ă propos de la tradition musulmane, nâexiste pas dans lâInde, oĂč lâon ne peut pas, par suite, faire avec lâOccident les rapprochements que permettait encore tout au moins le cĂŽtĂ© extĂ©rieur de lâIslam ; il nây a plus ici absolument rien qui soit analogue Ă ce que sont les religions occidentales.
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René Guénon
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L'Islam a perpĂ©tuĂ© jusqu'Ă nos jours le monde biblique, que le Christianisme, une fois europĂ©anisĂ©, ne pouvait plus reprĂ©senter ; sans islam, le Catholicisme eĂ»t vite fait d'envahir tout le Proche Orient, ce qui eĂ»t signifiĂ© la destruction de l'Orthodoxie et des autres Eglises d'Orient et la romanisation â donc l'europĂ©anisation â de notre monde jusqu'aux confins de l'Inde ; le monde biblique serait mort. On peut dire que l'Islam a eu le rĂŽle providentiel d'arrĂȘter le temps â donc d'exclure l'Europe â sur la partie biblique du globe et de stabiliser, tout en l'universalisant, le monde d'Abraham, qui fut aussi celui de JĂ©sus ; le JudaĂŻsme Ă©tant Ă©migrĂ© et dispersĂ©, et le Christianisme s'Ă©tant romanisĂ©, hellĂ©nisĂ© et germanisĂ©, Dieu « se repentit » - pour employer le mot de la GenĂšse â de ce dĂ©veloppement unilatĂ©ral et suscita l'Islam, qu'il fit surgir du dĂ©sert, ambiance ou arriĂšre-plan du MonothĂ©isme originel. Il y a lĂ un jeu d'Ă©quilibre et de compensation dont les exotĂ©rismes ne sauraient rendre compte, et il serait absurde de le leur demander (1).
(1) Titus Burckhardt, ayant lu ces lignes, nous a communiquĂ© au sujet du cycle Abraham-Mohammed les rĂ©flexions suivantes : « Il est significatif que la langue arabe soit la plus archaĂŻque de toutes les langues sĂ©mitiques vivantes : son phonĂ©tisme conserve, Ă un son prĂšs, tous les sons indiquĂ©s par les plus anciens alphabĂštes sĂ©mitiques, et sa morphologie se retrouve dans le cĂ©lĂšbre code de Hammourabi, qui est Ă peu prĂšs contemporain d'Abraham. » - « En fait, la Mecque avec la Kaaba construite par Abraham et IsmaĂ«l, est la ville sacrĂ©e oubliĂ©e, - oubliĂ©e Ă la fois par le JudaĂŻsme, qui ignore le rĂŽle prophĂ©tique d'IsmaĂ«l, et par le Chrisianisme, qui a hĂ©ritĂ© le mĂȘme point de vue. Le sanctuaire de la Mecque, lequel est au ProphĂšte ce que le Temple de JĂ©rusalem est au Christ, - en un certain sens tout au moins, - est comme la « pierre rejetĂ©e par les bĂątisseurs » et qui devient la pierre d'angle. Cette oublie du sanctuaire ismaĂ©lien, en mĂȘme temps que la continuitĂ© Abraham-IsmaĂ«l-Mohammed, - le ProphĂšte arabe Ă©tant de descendance ismaĂ©lienne, - ce double facteur nous montre comment l'Ă©conomie divine aime Ă combiner le gĂ©omĂ©trique avec l'imprĂ©vu. Sans aucune importance est ici l'opinion de ceux qui voient dans l'origine abrahamique de la Kaaba un mythe musulman rĂ©trospectif, et qui perdent totalement de vue que les anciens Arabes possĂ©daient une mĂ©moire gĂ©nĂ©alogique Ă la fois extraordinaire et mĂ©ticuleuse, comme d'ailleurs la plupart des nomades ou semi-nomades.
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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Se convertir dâune religion aÌ une autre, câest non seulement changer de concepts et de moyen, mais aussi remplacer une sentimentaliteÌ par une autre. Qui dit sentimentaliteÌ, dit limitation : la marge sentimentale qui enveloppe chacune des religions historiques prouve aÌ sa manieÌre la limite de tout exoteÌrisme et par conseÌquent la limite des revendications exoteÌriques. InteÌrieurement ou substantiellement, la revendication religieuse est absolue, mais exteÌrieurement ou formellement, donc sur le plan de la contingence humaine, elle est forceÌment relative ; si la meÌtaphysique ne suffisait pas pour le prouver, les faits eux-meÌmes le prouveraient.
Plaçons-nous maintenant, aÌ titre dâexemple, au point de vue de lâIslam exoteÌrique, donc totalitaire : aux deÌbuts de lâexpansion musulmane, les circonstances eÌtaient telles que la revendication doctrinale de lâIslam sâimposait dâune façon absolue ; mais plus tard, la relativiteÌ propre aÌ toute expression formelle devait apparaiÌtre neÌcessairement. Si la revendication exoteÌrique â non eÌsoteÌrique â de lâIslam eÌtait absolue et non relative, aucun homme de bonne volonteÌ ne pourrait reÌsister aÌ cette revendication ou aÌ cet « impeÌratif cateÌgorique » : tout homme qui lui reÌsisterait serait foncieÌrement mauvais, comme câeÌtait le cas aux deÌbuts de lâIslam, ouÌ on ne pouvait pas sans perversiteÌ preÌfeÌrer les idoles magiques au pur Dieu dâAbraham. Saint-Jean DamasceÌne avait une fonction eÌleveÌe aÌ la cour du calife de Damas (4) ; il ne sâest pas converti aÌ lâIslam, pas plus que ne le fit Saint-François dâAssise en Tunisie ni saint Louis en Egypte, ni saint GreÌgoire Palamas en Turquie (5). Or, il nây a que deux conclusions possibles : ou bien ces saints eÌtaient des hommes foncieÌrement mauvais, â supposition absurde puisque câeÌtaient des saints, â ou bien la revendication de lâIslam comporte, comme celle de toute religion, un aspect de relativiteÌ ; ce qui est meÌtaphysiquement eÌvident puisque toute forme a des limites et que toute religion est extrinseÌquement une forme, lâabsoluiteÌ ne lui appartenant que dans son essence intrinseÌque et supraformelle. La tradition rapporte que le soufi IbraÌhiÌm ben Adham eut pour maiÌtre occasionnel un ermite chreÌtien, sans que lâun des deux se convertiÌt aÌ la religion de lâautre ; de meÌme la tradition rapporte que Seyyid AliÌ HamadaÌniÌ, qui joua un roÌle deÌcisif dans la conversion du Cachemire aÌ lâIslam, connaissait LallaÌ YoÌgiÌshwari, la yoÌginiÌ nue de la valleÌe, et que les deux saints avaient un profond respect lâun pour lâautre, malgreÌ la diffeÌrence de religion et au point quâon a parleÌ dâinfluences reÌciproques (6). Tout ceci montre que lâabsoluiteÌ de toute religion est dans la dimension inteÌrieure, et que la relativiteÌ de la dimension exteÌrieure devient forceÌment apparente au contact avec dâautres grandes religions ou de leurs saints.
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(4) Câest laÌ que le saint eÌcrivit et publia, avec lâacquiescement du calife, son ceÌleÌbre traiteÌ aÌ la deÌfense des images, prohibeÌes par lâempereur iconoclaste LeÌon III.
(5) Prisonnier des Turcs pendant un an, il eut des discussions amicales avec le fils de lâeÌmir, mais ne se convertit point, pas plus que le prince turc ne devint chreÌtien
(6) De nos jours encore, les musulmans du Cachemire veÌneÌrent LallaÌ, la ShivaiÌte dansante, aÌ lâeÌgal dâune sainte de lâIslam, aÌ coÌteÌ de Seyyid AliÌ ; les hindous partagent ce double culte. La doctrine de la sainte se trouve condenseÌe dans un de ses chants : « Mon gourou ne mâa donneÌ quâun seul preÌcepte. Il mâa dit : du dehors entre dans ta partie la plus inteÌrieure. Ceci est devenu pour moi une reÌgle ; et câest pour cela que, nue, je danse » (LallaÌ VaÌkyaÌni, 94)
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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The heart and soul of adaptability â a theme throughout an ACM â will be the desired result, not the way the result is achieved. Teachers of adaptability should reject any attempt to control the type of action initiated during a mission because it is counter-productive. The ACM should instead concentrate on instilling in students the will to act, as they deem appropriate in their situations to attain a desired result. The LES should be a âdouble loopâ system defined as âthe knowledge of several different perspectives that forces the organization to clarify differences in assumptions across frameworks, rather than implicitly assuming a given set.
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Don Vandergriff (Raising the Bar)
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Le genre dâimage poignante qui me rappelait combien, pendant longtemps, jâavais dĂ©testĂ© les appareils photo, ces machines cruelles Ă crĂ©er de la nostalgie. Leurs milliers de dĂ©clics trompeurs figeaient dans lâinstant une spontanĂ©itĂ© dĂ©jĂ Ă©vaporĂ©e. Pis, tels des fusils Ă double dĂ©tente, ils nâatteignaient souvent leur cible que des annĂ©es plus tard, mais touchaient toujours le cĆur. Car, dans nombre dâexistences, rien nâest plus fort que le passĂ©, lâinnocence perdue et les amours enfouies. Rien ne nous remue plus les tripes que le souvenir des occasions manquĂ©es et le parfum du bonheur quâon a laissĂ© filer
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Guillaume Musso (La fille de Brooklyn)
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La primautĂ© de lâintention divine â donc du message â dans lâordre des apparences, implique une consĂ©quence fort paradoxale, mais nĂ©anmoins pertinente, Ă savoir lâexistence dâune « double rĂ©alitĂ© » qui fait penser Ă la « double vĂ©ritĂ© » des scolastiques. Câest-Ă -dire qu'il faut distinguer, dans certains cas, entre une « rĂ©alitĂ© de fait » et une « rĂ©alitĂ© dâapparence » : que la terre soit ronde et quâelle tourne autour du soleil, câest un fait, mais quâelle soit plate et que le soleil voyage d'un horizon Ă lâautre, nâen est pas moins, dans lâintention divine, une rĂ©alitĂ© pour nous ; sans quoi lâexpĂ©rience de lâhomme â crĂ©ature centrale et partant « omnisciente » â ne se bornerait pas, a priori et « naturellement », Ă ces constatations physiquement illusoires mais symboliquement pleines de sens. Encore que lâillusion physique soit relative, Ă un certain point de vue, car la terre, pour lâhomme, est incontestablement faite de rĂ©gions plates dont seulement la somme â imperceptible aux crĂ©atures terrestres â constitue une sphĂšre ; si bien quâon devrait dire que la terre est plate et ronde Ă la fois. Quant au symbolisme traditionnel, il implique une portĂ©e morale, ce qui nous permet de conclure que lâhomme nâa droit, en principe et a priori, quâĂ une connaissance quâil supporte, câest-Ă -dire quâil est capable dâassimiler ; donc dâintĂ©grer dans la connaissance totale et spirituelle quâil est censĂ© possĂ©der en sa qualitĂ© dâhomo sapiens (19)".
19. Incontestablement, la science moderne regorge de connaissances, mais la preuve est faite que lâhomme ne les supporte pas, ni intellectuellement ni moralement. Ce nâest pas pour rien que les Ăcritures sacrĂ©es sont volontiers aussi naĂŻves que possible, ce qui excite sans doute la moquerie des sceptiques mais nâempĂȘche ni les simples ni les sages de dormir tranquilles.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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What a jester God is, Tito went on. No doubt it was He who created such blessings as water to make the grass grow, grass to fill animals' bellies, animals to fill men's bellies, women for men to keep, the serpent to cause trouble to both sexes, truffles to slice and serve with lobsters, the sun to dry washing, the stars to shine on poets, and the moon so that Neapolitan songs could be written about it. But it strikes me as strange that things should have emerged from nothing at the mere sound of their names. I think the Almighty likes parlor tricks and arranged the whole thing beforehand, that like a good conjurer He had His boxes with double bottoms and His glasses prepared in advance, and that His bravura in seeming to create everything out of nothing in six days was a piece of American-style ballyhoo designed pour Ă©pater les bourgeois.
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Pitigrilli (Cocaine)
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Une idĂ©e terrible me vint : - Lâhomme est double, me dis-je. - « Je sens deux hommes en moi », a Ă©crit un PĂšre de lâĂglise. - Le concours de deux Ăąmes a dĂ©posĂ© ce germe mixte dans un corps qui lui-mĂȘme offre Ă la vue deux portions similaires reproduites dans tous les organes de sa structure. Il y a en tout homme un spectateur et un acteur, celui qui parle et celui qui rĂ©pond. Les Orientaux ont vu lĂ deux ennemis : le bon et le mauvais gĂ©nie. - Suis-je le bon ? suis-je le mauvais ? me disais-je. En tout cas, lâautre mâest hostile⊠Qui sait sâil nây a pas telle circonstance ou tel Ăąge oĂč ces deux esprits se sĂ©parent ? AttachĂ©s au mĂȘme corps tous deux par une affinitĂ© matĂ©rielle, peut-ĂȘtre lâun est-il promis Ă la gloire et au bonheur, lâautre Ă lâanĂ©antissement ou Ă la souffrance Ă©ternelle ?
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Gérard de Nerval (Aurélia (French Edition))
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Le gĂ©nie vĂ©ritable peut dĂ©velopper sans innover : il atteint la perfection, la profondeur et la puissance d'expression, d'une maniĂšre presque imperceptible, moyennant les impondĂ©rables de vĂ©ritĂ© et de beautĂ© qui mĂ»rissent dans l'humilitĂ©, sans laquelle il n'y a pas de vraie grandeur. Au point de vue l'art sacrĂ© ou simplement traditionnel, on ne se prĂ©occupe pas de la question de savoir si une oeuvre est "originale" ou "copiĂ©e" : dans une sĂ©rie de copies d'un modĂšle canonique, telle copie â peut ĂȘtre moins "originale" qu'une autre â est une oeuvre gĂ©niale, par un concours de conditions prĂ©cieuses qui n'ont rien Ă voir avec une affectation d'originalitĂ© ou quelque autre crispation de l'ego.
Et ceci nous permet de dĂ©gager une double erreur fondamentale sans laquelle les prĂ©tentions de soi-disant artistes seraient inconcevables : Ă savoir qu'une originalitĂ© contraire aux normes collectives hĂ©rĂ©ditaires soit psychologiquement possible en dehors des cas d'aliĂ©nation mentale, et qu'un homme puisse produire une vraie oeuvre d'art qui ne soit comprise Ă aucun degrĂ© par nombre d'hommes intelligents et cultivĂ©s appartenant Ă la mĂȘme civilisation, Ă la mĂȘme race et Ă la mĂȘme Ă©poque que le soi-disant artiste. En rĂ©alitĂ©, les prĂ©misses d'une telle originalitĂ© ou singularitĂ© n'existent point dans l'Ăąme humaine normale, ni Ă plus forte raison dans l'intelligence pure; les singularitĂ©s modernes, loin de relever de quelque "mystĂšre" de la crĂ©ation artistique, ne sont qu'erreur philosophique et dĂ©formation mentale. Chacun se croit obligĂ© d'ĂȘtre un grand homme; la nouveautĂ© est prise pour de l'originalitĂ©, l'introspection morbide pour de la profondeur, le cynisme pour de la sincĂ©ritĂ©, la prĂ©tention pour du gĂ©nie, si bien qu'on finit par prendre un schĂ©ma d'anatomie ou une peau de zĂšbre pour de la peinture; on fait de la "sincĂ©ritĂ©" un critĂšre absolu, comme si une oeuvre ne pouvait pas ĂȘtre psychologiquement "sincĂšre", mais spirituellement fausse ou artistiquement nulle. La grande erreur de ces artistes est d'ignorer dĂ©libĂ©rĂ©ment la valeur objective et qualitative des formes et des couleurs et de se croire Ă l'abri dans un subjectivisme qu'ils estiment intĂ©ressant et impĂ©nĂ©trable, alors qu'il n'est que banal et ridicule; leur erreur mĂȘme les oblige Ă recourir, dans le monde des formes, aux possibilitĂ©s les plus infĂ©rieures, comme Satan qui, voulant ĂȘtre aussi "original" que Dieu, n'avait plus d'autre choix que l'horreur.
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Frithjof Schuon (Caste e Razze)
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Les Grandes puissances, avec les Etats-Unis dâAmĂ©rique en tĂȘte, humilient les pays du Tiers-monde et leurs dirigeants qui sây prĂȘtent sans trop dâobjections avant dâhumilier, Ă leur tour, leurs propres populations. Celles-ci subissent donc une double humiliation Ă laquelle sâajoute une troisiĂšme â lâauto-humiliation quand lâon sâabstient de rĂ©agir. On est en droit de parler dâ « humiliocratie », câest-Ă -dire dâun systĂšme politico-culturel qui exploite les inĂ©galitĂ©s des rapports de force Ă la fois externes et internes.
Lâhumiliation Ă©mane dâune volontĂ© consciente dâagresser la dignitĂ© des autres et pas simplement de dominer. Câest une des denrĂ©es la plus mondialisĂ©e, de nos jours, par ceux qui la gĂ©nĂšrent et lâentretiennent. Câest aussi celle qui suscite de moins en moins dâindignation des gouvernants, des peuples humiliĂ©s eux-mĂȘmes ou de lâopinion publique internationale.
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Mahdi Elmandjra
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Mieux vaut ĂȘtre la femme Ă abattre que celle Ă violer. AprĂšs quoi, dâun coup de pied que lâhabitude avait rendu expert, elle claqua les portes Ă double battant et pĂ©nĂ©tra Ă lâintĂ©rieur du saloon, colts bien hauts.
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CĂ©cile Duquenne (Les Foulards rouges, Ă©pisode 1 - Lady Bang and the Jack)
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Un autre exemple de fausse psychologie de nos « bureaux arabes ». Nous avons, pour les élections en Algérie, recours à l'influence des congrégations musulmanes sur la masse des électeurs illettrés. Cette politique de corruption est publique et compromet à la longue certaines vedettes précieuses.
L'administration se dit alors dans sa sollicitude : il y a un moyen, pour les musulmans, d'ĂȘtre absous de leurs pĂ©chĂ©s, c'est d'aller Ă La Mecque. Nous leur paierons le voyage. Ils rempliront leurs devoirs coraniques ; ils nous reviendront absous, la conscience blanche comme neige. Ils pourront recommencer Ă notre service ; nous aurons donc double bĂ©nĂ©fice.
Mais un des derniers bénéficiaires de ce systÚme ingénieux vient de le gùcher et nous a forcés, en revenant de La Mecque, à payer la scolarité d'un de ses fils à al-Azhar « pour se racheter » aux yeux de l'Islam anticolonialiste. Cet homme nous aura coûté fort cher pour aboutir au mépris réciproque et définitif.
[L'Occident devant l'Orient. PrimautĂ© d'une solution culturelle. In: Politique Ă©trangĂšre, n°2 - 1952 - 17á”annĂ©e. pp. 13-28]
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Louis Massignon
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Lâhomme est le seul ĂȘtre, dans le monde terrestre, Ă pouvoir se purifier consciemment des taches de son existence, et câest pour cela quâil est dit que « lâhomme est le seul animal qui sacrifie » (Shatapatha-BrĂąhmana, VII, 5) ; en dâautres termes, la vie Ă©tant un don du CrĂ©ateur, les ĂȘtres conscients et responsables doivent, afin de rĂ©aliser spirituellement le sens de ce don en se rĂ©fĂ©rant Ă sa qualitĂ© symbolique, et afin de rendre ce don, par lĂ mĂȘme, plus prospĂšre et plus durable, sacrifier au CrĂ©ateur une partie de ce quâil a donnĂ©. Ce sacrifice peut avoir des formes soit sanglantes, soit non sanglantes : ainsi, pour ne citer que ces exemples parmi une multitude dâautres, les Hindous, comme beaucoup de peuples, ne mangent quâaprĂšs avoir offert une part aux divinitĂ©s, de sorte quâils ne se nourrissent au fond que de restes sacrificiels ; de mĂȘme encore, les Musulmans et les Juifs versent tout le sang de la viande destinĂ©e Ă la consommation. Dans un sens analogue, les guerriers de certaines tribus de lâAmĂ©rique du Nord sacrifiaient, au moment de leur initiation guerriĂšre, un doigt au « Grand- Esprit » ; il est Ă retenir que les doigts sont sous un certain rapport ce quâil y a de plus prĂ©cieux pour le guerrier, homme dâaction, et dâautre part, le fait que lâon possĂšde dix doigts et que lâon en sacrifie un, câest-Ă -dire un dixiĂšme de ce qui reprĂ©sente notre activitĂ©, est fort significatif, dâabord parce que le nombre dix est celui du cycle accompli ou entiĂšrement rĂ©alisĂ©, et ensuite Ă cause de lâanalogie qui existe entre le sacrifice dont nous venons de parler et la dĂźme (dĂ©cima, dixiĂšme).
Celle-ci est du reste lâĂ©quivalent exact de la zakkĂąt musulmane, lâaumĂŽne ordonnĂ©e par la Loi qoranique : afin de conserver et dâaugmenter les biens, on empĂȘche le cycle de prospĂ©ritĂ© de se fermer et cela en sacrifiant le dixiĂšme, câest-Ă -dire la partie qui constituerait prĂ©cisĂ©ment lâachĂšvement et la fin du cycle. Le mot zakkĂąt a le double sens de « purification » et de « croissance », termes dont le rapport Ă©troit apparaĂźt trĂšs nettement dans lâexemple de la taille des plantes ; ce mot zakkĂąt vient Ă©tymologiquement du verbe zakĂą qui veut dire « prospĂ©rer » ou « purifier », ou encore, dans une autre acception, « lever » ou « payer » la contribution sacrĂ©e, ou encore « augmenter ». Rappelons aussi, dans cet ordre dâidĂ©es, lâexpression arabe dĂźn, qui signifie non seulement « tradition », selon lâacception la plus courante, mais aussi « jugement », et, avec une voyellisation un peu diffĂ©rente qui fait que le mot se prononce alors dayn, « dette » ; ici encore, les sens respectifs du mot se tiennent, la tradition Ă©tant considĂ©rĂ©e comme la dette de lâhomme vis-Ă -vis de Dieu ; et le « Jour du Jugement » (Yawm ed-DĂźn) â « Jour » dont AllĂąh est appelĂ© le « Roi » (MĂąlik) â nâest autre que le jour du « paiement de la dette » de lâindividu envers Celui Ă qui il doit tout et qui est son ultime raison suffisante.
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Frithjof Schuon (The Eye of the Heart: Metaphysics, Cosmology, Spiritual Life (Library of Traditional Wisdom))
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Pour donner consistance à cette révolution du temps, il suffit de commencer à énumérer les domaines de production de biens et de services dont l'existence actuelle ne se soutient que de la logique de la société marchande, de la double nécessité d'accroßtre sans cesse la production-pour-le-profit et de reproduire l'organisation sociopolitique qui la rend possible. Osons donc trancher à la racine et mesurer l'ampleur des secteurs qui, dans une société non marchande, soucieuse de surcroßt d'écarter toute séparation entre gouvernants et gouvernés, deviendraient parfaitement superflus. On peut éliminer sans hésiter tout le personnel militaire et policier, poursuivre avec les banques, le systÚme financier et les assurances (ces derniÚres seules pÚsent aujourd'hui 15 % du PIB mondial), sans se priver du plaisir d'ajouter la publicité et le marketing( qui absorbent 500 milliards de dépenses annuelles, soit prÚs d'un tiers des budgets militaires mondiaux). Finalement, le principe d'un autogouvernement à tous les échelons, tel qu'on l'a suggéré dans le chapitre précédent, condamnerait l'ensemble des bureaucraties nationales et internationales à une complÚte inutilité.
Dens pans considĂ©rables de l'appareil industriel seront abandonnĂ©s, Ă commencer par la production d'armes et d'Ă©quipements militaires. Les impĂ©ratifs Ă©cologiques et l'affirmation de l'agriculture paysanne rendront caduque une grande partie de l'industrie chimique (notamment l'Ă©crasant secteur agrochimique) comme des biotechnologies fortement contestĂ©es (OGM notamment). Le secteur agroalimentaire, exemple type d'une marchandisation perverse des formes de production, s'Ă©vanouira, au profit d'une valorisation de l'autoproduction et des circuits locaux de production/consommation. [âŠ] on voit que chaque abandon de production de biens et de services aura des effets dĂ©multiplicateurs importants, puisque les besoins en Ă©difices (bureaux, installations industrielles), en matĂ©riaux et en Ă©nergie, en infrastructures et en transports, s'en trouveront diminuĂ©s d'autant. Le secteur de la construction sera par consĂ©quent ramenĂ© Ă une Ă©chelle bien plus raisonnable qu'aujourd'hui, ce qu'accentuerait encore la rĂ©gĂ©nĂ©ration des pratiques d'autoconstruction (ou du moins une participation directe des utilisateurs eux-mĂȘmes, aux cĂŽtĂ©s d'artisans plus expĂ©rimentĂ©s). Chaque suppression dans la production de biens et de services Ă©liminera Ă son tour toutes les productions nĂ©cessaires Ă son installation, Ă son fonctionnement, sans oublier la gestion des dĂ©chets engendrĂ©s par chacune de ces activitĂ©s. Pour donner un exemple parmi tant d'autres, la suppression de la publicitĂ© (jointe Ă celle des bureaucraties et Ă d'autres changements technico-culturels) entraĂźnera une diminution considĂ©rable de la consommation de papier, c'est-Ă -dire aussi de toute la chaĂźne industrielle qui lui est associĂ©e, dans laquelle il faut inclure exploitation forestiĂšre, produits chimiques, matĂ©riaux nĂ©cessaires aux installations industrielles, transport, etc.
Sans nier la pertinence de maintenir des Ă©changes Ă longue distance, le fait de privilĂ©gier, dans toute la mesure du possible, les activitĂ©s locales et de supprimer les absurdes dĂ©tours de production qui caractĂ©risent l'Ă©conomie capitaliste (lesquels mĂšnent, par exemple, l'ail chinois jusqu'en Europe et de l'eau - oui, de l'eau ! - des Alpes jusqu'au Mexique) rĂ©duira Ă peu de chose la chaĂźne commerciale actuelle et restreindra encore les besoins en transport. Joint Ă l'abandon d'une logique de production et d'organisation centrĂ©e sur l'automobile et le fĂ©tichisme Ă©golĂątre qui la soutient, tout cela entraĂźnera une forte contraction de la consommation Ă©nergĂ©tique, qui pourra ĂȘtre satisfaite grĂące aux Ă©nergies renouvelables, produites, dans la mesure du possible, localement. En consĂ©quence, tout ce qui fonde le poids Ă©crasant du secteur Ă©nergĂ©tique dans l'Ă©conomie mondiale actuelle s'Ă©vanouira pour l'essentiel. (p. 91-92)
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JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂa, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
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-Savez-vous les raisons du suicide de votre "double" ?
-Il voulait sans doute mourir. C'est la principale raison d'un suicide.
Victor Miesel et un journaliste, p275
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Hervé Le Tellier (The Anomaly)
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Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Ciel dont j'ai dépassé la nuit
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
Dans leur double horizon inerte indifférent
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par delĂ l'attente
Par delĂ moi mĂȘme
Et je ne sais plus tant je t'aime
Lequel de nous deux est absent.
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Paul Ăluard
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C'est la maison européenne qui, depuis des siÚcles, met le feu chez sa voisine africaine tous les soirs afin de préparer son copieux repas, et qui aujourd'hui plus que jamais ferme ses portes à double tour quand sa voisine vient chercher refuge.
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Fatima Ouassak (Pour une Ă©cologie pirate)
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Vous n'ĂȘtes que chaos, confusion, marmelade de souvenirs et de peurs et de fantĂŽmes et de vaines anticipations, mais quelqu'un de plus calme, Ă l'intĂ©rieur de vous, veille et fait son rapport. Evidemment, l'alcool et les drogues font de cet agent secret un agent double, pas fiable du tout. Pourtant je continuais, j'ai toujours plus ou moins continuĂ© et si je m'obstine Ă Ă©crire ce livre, ma version Ă moi de ces livres de dĂ©veloppement personnel qui marchent si bien en librairie, c'est pour rappeler ce que disent rarement les livres de dĂ©veloppement personnel : que les pratiquants d'arts martiaux, les adeptes du zen, du yoga, de la mĂ©ditation, de ces grandes choses lumineuses et bienfaisantes que j'ai toute ma vie courtisĂ©es, ne sont pas forcĂ©ment des gens calmes, apaisĂ©s et sereins, mais quelques fois, mais souvent, des gens comme moi, pathĂ©tiquement nĂ©vrosĂ©s, et que ça n'empĂȘche pas, et qu'il faut, selon la forte phrase de LĂ©nine, "travailler avec le matĂ©riel existant", et que mĂȘme s'il ne vous conduit nulle part on a raison malgrĂ© tout de s'obstiner sur ce chemin.
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Emmanuel CarrĂšre (Yoga)
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tableau /tablo/ I. nm 1. (Ćuvre d'art) picture; (peinture) painting voir aussi: galerie, vieux 2. (description) picture âą brosser un ~ sombre de la situation | to paint a black picture of the situation âą et pour achever or complĂ©ter le ~ | and to cap it all 3. (spectacle) picture âą des enfants jouant dans un jardin, quel ~ charmant! | children playing in a garden, what a charming picture! âą le ~ gĂ©nĂ©ral est plus sombre | the overall picture is more gloomy âą en plus, il Ă©tait ivre, tu vois un peu le ~â! | on top of that he was drunk, you can just imagine! 4. (prĂ©sentation graphique) table, chart âą âvoir ~â | âsee tableâ âą ~ des marĂ©es | tide table âą ~ des tempĂ©ratures | temperature chart âą ~ synchronique/synoptique | historical/synoptic chart âą ~ Ă double entrĂ©e | (Ordinat) two-dimensional array âą prĂ©senter qch sous forme de ~ | to present sth in tabular form 5. blackboard âą Ă©crire qch au ~ | to write sth on the blackboard âą passer or aller au ~ | to go (up) to the blackboard 6. (affichant des renseignements) board; (Rail) indicator board âą ~ des dĂ©parts/arrivĂ©es | departures/arrivals indicator âą ~ horaire | timetable 7. (support mural) board âą ~ des clĂ©s | key rack âą ~ pour fusibles | fuse box 8. (liste) register (GB), roll (US) 9. short scene II. Idiomes 1. jouer or miser sur les deux tableaux | to hedge one's bets 2. gagner/perdre sur tous les tableaux | to win/to lose on all counts
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Synapse DĂ©veloppement (Oxford Hachette French - English Dictionary (French Edition))
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Mais maintenant, place au lecteur qui sentira peut-ĂȘtre comme moi, le besoin de l'auteur de communiquer Ă travers les lignes de son texte un double message :
-aux ingénieurs civils et militaires qui auront la charge de la recherche de la cuirasse moderne afin qu'ils n'oublient pas d'associer à leur imagination créative, l'irremplaçable tradition technique transmise par leurs anciens ;
-enfin Ă ceux qui ont le pouvoir de sauvegarder ce qui peut ĂȘtre encore sauvĂ© car c'est encore, semble-t-il, en s'enterrant qu'on pourra trouver une protection sinon totale, du moins partielle, contre les moyens d'attaque aujourd'hui si Ă©crasants.
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Philippe Truttmann (La muraille de France ou la ligne Maginot)
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La violence au sein du couple profite de la fragilitĂ© de la position des femmes dans al sociĂ©tĂ©. Se rĂ©fĂ©rant aux travaux de sa consĆur amĂ©ricaine Sandra Lee Bartky, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie parle de la honte comme « structurellement fĂ©minine ». Elle la dĂ©finit comment un « sentiment permanent d'inadĂ©quation par lequel les femmes se sentent imparfaites, infĂ©rieures ou diminuĂ©es, ce qui permet aux mĂ©canismes de la domination masculine de perdurer ». Ainsi, « la honte devient un vĂ©ritable mode d'ĂȘtre-au-monde fĂ©minin qui fait le lit de la violence conjugale et des fĂ©minicides ». Il ne s'agit surtout pas de prĂ©tendre que, par leur manque de confiance en elles, les femmes susciteraient les mauvais traitements qu'elles subissent : nous reprocher un conditionnement qui nous dessert reviendrait Ă nous infliger une double peine. Les seuls responsables des violences sont ceux qui les commettent et la culture qui les y autorise - culture que nous allons tenter d'Ă©tudier ici. Mais de mĂȘme qu'on peut rappeler haut et fort que la seule cause du viol, c'est le violeur, tout en enseignant l'autodĂ©fense physique, on peut chercher Ă dĂ©veloppe une forme d'autodĂ©fense psychologique. (p. 102)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Ce pays mâinspire, dâailleurs. Jâaime ce peuple, grouillant sur les trottoirs, coincĂ© dans un petit espace de maisons et dâeaux, cernĂ© par des brumes, des terres froides, et la mer fumante comme une lessive. Je lâaime, car il est double. Il est ici et il est ailleurs.
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Albert Camus (The Fall)
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Le site "vitrier-creteil.fr" est dĂ©diĂ© aux services de vitrerie Ă CrĂ©teil. Il offre divers services comme la rĂ©paration de vitres cassĂ©es, la pose de fenĂȘtres et l'installation de vitrines. Le site propose diffĂ©rents types de vitrages : simple, double, triple, teintĂ©, dĂ©coratif et de sĂ©curitĂ©. Il y a aussi un service d'urgence disponible 24/7 pour les besoins immĂ©diats en vitrerie. Une section de tĂ©moignages permet aux visiteurs de lire les expĂ©riences des clients prĂ©cĂ©dents. De plus, un blog propose des articles sur des sujets comme l'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique et le choix de matĂ©riaux pour le double vitrage.
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Vitrier Creteil FR
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Lâarche
Jâai construit dans mon Ăąme inquiĂšte et brisĂ©e
Une arche â informe double Ă la Bible calquĂ©e â
Et ce sont des troupeaux, des peuples de pensées,
Soumis au ciel puissant, qui sây sont embarquĂ©s.
Il est temps que du ciel la colĂšre sâabatte !
Une rigide pluie tend sa herse dâacier.
Dans la lourde vapeur le navire se hĂąte
Sans savoir oĂč il va, sur les flots inclinĂ©.
Et le dernier sommet des monts sombre dans lâonde.
Vers quel bord, ĂŽ Seigneur, et vers quel Ararat
Hors des brouillards lointains me portent lâeau profonde ?
Sur la mer, un linceul de tĂ©nĂšbres sâabat.
Ah, jâentends quelque part une Ăąme se dĂ©faire
Dans lâaigre mĂ©lopĂ©e de la pluie et des larmes.
Et lâarche dans la nuit, ĂŽ JĂ©hovah, tâespĂšre
Qui scellera, dâun arc-en-ciel, les mers de lâĂąme.
(Adaptation en français par Jean Rousselot)
[Ăn turburatu-mi suflet am construit o ArcÄ
- Informa nÄlucire de biblic corÄbier -,
Èi turme-ntregi de gĂźnduri pe puntea ei se-mbarcÄ,
Noroade-ntregi, plecate puternicului cer.
E vremea sÄ se-abatÄ mĂźnia Lui! O ploaie
De stropi rigizi Ăźntinde zabrele de otel.
Corabia aleargÄ⊠ßn negura greoaie,
Corabia se-nclinÄ, Èi-aleargÄ fÄrÄ ÈelâŠ
Èi cel din urmÄ creÈtet de munte se scufundÄâŠ
- Spre care ÈÄrm, StapĂźne, spre care Ararat
Din bruma depÄrtÄrii mÄ poartÄ-adĂźnca undÄ?
S-a coborĂźt pe ape linÈoliu-ntunecat.
Aud cum se destramÄ un suflet undeva,
Departe, Ăźn a ploii acidÄ melopeeâŠ
E noapte-n larg⊠Iar Arca te aÈteaptÄ, Jehova,
Pe mÄrile din suflet sÄ fereci curcubee.
SburÄtorul, 20 decembrie 1919]
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Ion Barbu
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La femme qui travaille a des charges doubles aussi Ă©crassantes les unes que les autres qu'elle essaie de concilier
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Mariama BĂą
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DerriĂšre les fenĂȘtres du double salon immense, la pluie s'Ă©tait tue. Mon cĆur, battant trop fort, avait-il Ă©teint tous les sons ?
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HĂ©lĂšne Frappat (Lady Hunt)
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Nous sommes nous aussi des animaux, et mĂȘme si nous faisons tout pour l'oublier, nous sommes dans la continuitĂ© d'une lignĂ©e qui n'a pas gagnĂ© grand-chose depuis que l'Arche de NoĂ© a permis de recommencer le monde.
Le hibou et la baleine : le couple est cocasse, mais il correspond en rĂ©alitĂ© Ă la façon dont l'Ă©crivain organise l'univers en axes qui se rĂ©pondent nĂ©cessairement : l'est et l'ouest, le dehors et le dedans, les paysages tirĂ©s vers le haut et les paysages tirĂ©s vers le bas, la diastole et la systole du cĆur humain.
Parce qu'il n'affronte pas la lumiĂšre du jour, le hibou est symbole de tristesse, d'obscuritĂ©, de retraite solitaire et mĂ©lancolique. [...] Mais l'image du loubok, reprĂ©sentant un immense hibou perchĂ© sur la branche d'un arbre oĂč pour les plumes, les yeux et le bec, les verts tendres se mĂȘlent aux oranges vifs et aux jaunes, transforme l'oiseau nocturne en diurne, en oiseau du paradis, rappelant que l'obscuritĂ© ne va jamais sans la lumiĂšre.
Le hibou, lui-mĂȘme double, forme avec la baleine un couple complĂ©mentaire. Elle, le fĂ©minin, le solaire, le tendre et gros cĂ©tacĂ©, la Moby Dick bien-aimĂ©e, la protectrice de Jonas, celle qui nous avale mais nous protĂšge, le "poisson" sauveur de toutes les religions, vivant dans l'obscuritĂ© comme le hibou mais dans les profondeurs salutaires, comme les mines de charbon oĂč les poĂštes vont chercher les mots qui sauvent.
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Nicolas Bouvier (Le hibou et la baleine)
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Dans la technique islamique, la mĂ©ditation mĂ©thodique est rĂ©guliĂšrement liĂ©e Ă l'incantation par sa forme mĂȘme. Qu'il s'agisse de la rĂ©citation rĂ©flĂ©chie du QorĂąn, ou de l'oraison discursive, ou surtout de formules Ă rĂ©pĂ©ter, ou des noms Ă invoquer (continuellement ou un certain nombre de fois), -ce qui est le mode le plus caractĂ©ristique de l'incantation initiatique- les "adhkar" sont d'une façon naturelle, Ă©galement des supports et mĂȘme des thĂšmes de mĂ©ditation et de concentration. Le sens du terme "dhikr" exprime bien cette double fonction: "rappel" et "incantation". Ces formules portent en elles-mĂȘmes les idĂ©es qui peuvent et doivent ĂȘtre actualisĂ©e pendant l'invocation, elles possĂšdent aussi, en raison de leur appartenance Ă la rĂ©vĂ©lation sacrĂ©e, les vertus secrĂštes qui permettent de dĂ©velopper ces idĂ©es d'une façon organique Ă partir de leur forme verbale et de leur sens littĂ©ral. Le travail spirituel se dĂ©veloppe aussi simultanĂ©ment et harmoniquement sous les deux rapports de la "forme" et du "fond" et s'accomplit sous les deux modes "sensible" et "intelligible"; aucune discordance n'intervient entre ce couple de facteurs complĂ©mentaires.
(Lettre de M.VĂąlsan Ă F.Schuon, novembre 1950)
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Michel VĂąlsan
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Les peurs naissent de la pensĂ©e. Par des exercices rĂ©guliers de prise de conscience, tu nâen seras plus le jouet, mais le maĂźtre. Si tu observes ce qui arrive, tu peux calmer lâenfant en panique qui est en toi. Nous jonglons entre un double Ă©tat: lâenfant qui sommeille en nous et lâadulte que nous sommes devenu. Face Ă nos peurs, câest le petit ĂȘtre qui domine, nous quittons notre luciditĂ©. Ses Ă©motions nĂ©gatives lâemprisonnent, jusquâĂ ce que lâaĂźnĂ© trouve les paroles rassurantes pour le ramener Ă la raison.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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Je suis toujours triste lorsque les hommes ne voient en moi quâune femme. Ils ne comprennent pas que mon genre est pluriel, que je puisse partager avec eux une tradition masculine sans ĂȘtre uniquement un homme. Ă leurs yeux, câest mon cĂŽtĂ© imparfait, ratĂ© ou non assumĂ©. Je sais pourtant leurs maniĂšres de sâapproprier le monde et de parler, de se tenir, de rire. Je sais intuitivement la distance Ă entretenir, la force Ă mettre dans la poignĂ©e de main, lâintensitĂ© Ă placer dans le regard. Nous partageons aussi la mĂȘme masculinitĂ© toxique dont nous tentons de nous dĂ©faire. Mais je ne rebute pas ma voix aiguĂ«, mes seins, ni mon visage sans barbe et cela les Ă©tonne. Ils ne comprennent pas ma familiaritĂ© avec les femmes, leurs forces, leurs inspirations, leurs peurs et leurs luttes. Ils ne comprennent pas que je ne souhaite jamais passer complĂštement pour un homme. Ă mes yeux, cette double condition est ce qui me permet dâĂȘtre complĂšte et dâapparaĂźtre dans le rĂ©el. Jâexiste en ce monde dans la traversĂ©e des genres. Je suis simultanĂ©itĂ©. Je ne peux pas choisir entre ĂȘtre un homme ou ĂȘtre une femme, car ce serait choisir entre une moitiĂ© de cĆur et lâautre. Jâai besoin des deux pour vivre. Câest un tissage de rĂ©cits impossible Ă dĂ©faire ; leurs brins entrelacĂ©s constituent ma matiĂšre et me donnent forme en ce monde. Je ne voudrais pas vivre autrement (p. 126-127).
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MariÚve Maréchale (La Minotaure)
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La playlist qui rĂ©sonne dans les haut-parleurs mal calibrĂ©s de Lucette a un air de dĂ©ni. Ni SĂ©bastien ni moi nâavons reparlĂ© de mon compliment Ă lâallure de dĂ©claration dâamour (suivi dâune insulte) depuis que nous avons bouclĂ© nos ceintures. AprĂšs un interminable trente minutes de route, passĂ© Ă Ă©changer des banalitĂ©s sur la mĂ©tĂ©o, la monotonie du paysage et le prix de lâessence, on tombe sur un motel qui nous inspire confiance, proche de la municipalitĂ© de Saint-Marcel (jâai persuadĂ© Seb que câĂ©tait un signe !). Contrairement Ă la nuit prĂ©cĂ©dente, notre chambre est un brin coquette. Le couvre-lit fleuri des deux lits doubles sâagence parfaitement avec le tapis et les rideaux. Sur chaque table de chevet trĂŽne un vase argentĂ© qui contient de fausses fleurs en plastique. MalgrĂ© ce dĂ©cor enchanteur, le malaise persiste. â Tu veux une biĂšre Ă tempĂ©rature valise de char ? Jâinterromps lâobservation de mon bronzage dâĂ©paule dans le miroir pour agripper la bouteille que mon ami me tend Ă bout
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Sophie Laurin (En route vers nowhere (French Edition))
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J'attendais en vain
Que le monde entier m'acclame
Qu'il me déclare sa flamme...
Souvent, je me suis pris pour un autre et j'ai fait des doubles fautes...
Si, souvent, sur la sellette, je rĂȘvais de paillettes, long est le chemin qui mĂšne
Ă la faillite en presque tous les domaines
Si, souvent, j'ai broyé du noir, du gris, du magenta, du marc, de l'eau-de-vie
De l'art de vivre sans personne qui t'aime
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Benjamin Biolay
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La transmission n'est pas un mouvement à sens unique. à la différence de l'histoire, la transmission est toujours une opération bilatérale, un travail de relation, prélevée sur le vivant. Elle ne peut se comprendre comme le transfert d'un objet d'une main à une autre. Elle exige une double activité: de la part de celle qui transmet et de la part de celle qui accueille la transmission. Elle ne peut fonctionner sans contrainte. Prise dans le jeu des générations, elle a rapport au désir des anciennes, comme des nouvelles. C'est aux nouvelles qu'il appartient de déterminer si elles veulent de l'héritage et ce qui, dans cet héritage, les intéresse. C'est aux anciennes qu'il appartient d'entendre la demande, d'infléchir leur langage vers un autre langage, en un échange dans lequel, chacune restant ce qu'elle est, faisant honneur à son histoire propre, s'adresse cependant à l'autre et écoute son adresse.
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Françoise Collin (Anthologie québécoise (1977-2000))