Le Temps Passe Quotes

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Le plus clair de mon temps je le passe Ă  l'obscurcir.
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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Je passe le plus clair de mon temps Ă  l'obscurcir parce que la lumiĂšre me gĂȘne
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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Je passe mes jours et mes nuits à tenter d'oublier Claire. C'est un travail à plein temps. Le matin, en me réveillant, je sais que telle sera ma seule occupation jusqu'au soir. J'ai un nouveau métier: oublieur de Claire. L'autre jour, à déjeuner, Jean Marie Périer m'a asséné : -Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un , c'est que tu ne l'aimes pas.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ÉgoĂŻste romantique)
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours aprÚs la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure l'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe Ă  l'obscurcir. - Pourquoi? demanda plus bas le directeur. - Parce que la lumiĂšre me gĂšne, dit Colin.
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Boris Vian
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Je voudrais arrĂȘter le temps, arrĂȘter l'heure. Mais elle va, elle va, elle passe, elle me prend de seconde en seconde un peu de moi pour le nĂ©ant de demain. Et je ne revivrai jamais.
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Guy de Maupassant (Le Horla et autres nouvelles fantastiques)
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Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi? Qu'est-ce que ça veut dire la vie sans toi? Qu'est-ce qui se passe pour toi là? Dur Rien? Du vide? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort?
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Mathias Malzieu (Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi)
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Le bon cĂŽtĂ© du temps qui passe trop lentement, c’est qu’il finit quand mĂȘme par passer : la fin de l’annĂ©e approche.
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Riad Sattouf (Les Cahiers d'Esther : Histoires de mes 12 ans (Tome 3))
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Le plus clair de mon temps, je le passe Ă  l’obscurcir, parce que la lumiĂšre me gĂȘne.
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Boris Vian (L'Écume des Jours)
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Oh! tout ce que nous n'avons point fait et que pourtant nous aurions pu faire...penseront-ils, sur le point de quitter la vie. - Tout ce que nous aurions dĂ» faire et que pourtant nous n'avons point fait! par souci des considĂ©rants, par temporisation, par paresse, et pour s'ĂȘtre trop dit: "Bah! nous aurons toujours le temps." Pour n'avoir pas saisi le chaque jour irremplaçable, l'irretrouvable chaque instant. Pour avoir remis Ă  plus tard la dĂ©cision, l'effort, l'Ă©treinte... L'heure qui passe est bien passĂ©e? -Oh! toi qui viendras, penseront-ils, sois plus habile: Saisis l'instant!
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André Gide
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La jeunesse est un temps merveilleux qui aboutit presque toujours Ă  une trahison de soi-mĂȘme dont on ignore comment elle s'est faite, et dont le reste de la vie se passe Ă  contempler les consĂ©quences dans un consentement dont on ne s'Ă©tonne mĂȘme plus.
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Louis Guilloux
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Une des clĂ©s Ă©videntes et secrĂštes de ce monde oĂč nous vivons est qu'il passe son temps dans un Ă©ternel prĂ©sent toujours en train de s'Ă©vanouir. Entre un avenir qui n'existe pas encore et un passĂ© qui n'existe dĂ©jĂ  plus se glisse une pure abstraction, une sorte de rĂȘve impossible. C'est cette absence haletante que nous appelons le prĂ©sent. Personne n'a jamais vĂ©cu ailleurs que sur cette frontiĂšre vacillante entre le passĂ© et l'avenir.
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Jean d'Ormesson (Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit)
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Le temps passe. Y compris quand cela semble impossible. Y compris quand chaque tic-tac de la grande aiguille est aussi douloureux que les pulsations du sang sous un hĂ©matome. Il s’écoule de maniĂšre inĂ©gale, rythmĂ© par des embardĂ©es Ă©tranges et des rĂ©pits soporifiques, mais il passe. MĂȘme pour moi.
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Stephenie Meyer (Tentation (Twilight, T2))
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« Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas une question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est de l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne. »
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Marguerite Duras (The Lover)
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Il semble que punir les femmes soit le passe-temps favori des poĂštes. Comme s'il ne pouvait pas y avoir d'histoire Ă  moins que nous ne rampions en pleurant.
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Madeline Miller (Circe)
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Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris qu'en toutes circonstances, J’étais Ă  la bonne place, au bon moment. Et alors, j'ai pu me relaxer. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle N’étaient rien d'autre qu'un signal Lorsque je vais Ă  l'encontre de mes convictions. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'AuthenticitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J'ai cessĂ© de vouloir une vie diffĂ©rente Et j'ai commencĂ© Ă  voir que tout ce qui m'arrive Contribue Ă  ma croissance personnelle. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la MaturitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  percevoir l'abus Dans le fait de forcer une situation ou une personne, Dans le seul but d'obtenir ce que je veux, Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment... Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie. Au dĂ©but, ma raison appelait cela de l'Ă©goĂŻsme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© d'avoir peur du temps libre Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans, J’ai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur. Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime Quand cela me plait et Ă  mon rythme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la SimplicitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de chercher Ă  avoir toujours raison, Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©. Aujourd'hui, j'ai dĂ©couvert ... l'HumilitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de revivre le passĂ© Et de me prĂ©occuper de l'avenir. Aujourd'hui, je vis au prĂ©sent, LĂ  oĂč toute la vie se passe. Aujourd'hui, je vis une seule journĂ©e Ă  la fois. Et cela s'appelle... la PlĂ©nitude. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur, Elle devient une alliĂ©e trĂšs prĂ©cieuse ! Tout ceci, c'est... le Savoir vivre. Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Oui, lorsqu'on surveille le temps, il passe trĂšs lentement. J'aime beaucoup la tempĂ©rature, quatre fois par jour, parce que, Ă  ce moment, on se rend vraiment compte de ce que c'est en rĂ©alitĂ© qu'une minute ou mĂȘme sept minutes, alors que des sept jours d'une semaine, on ne fait ici aucun cas, ce qui est affreux.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Πόσα τΔλÎčÎșÎŹ ÏƒÏ„ÎżÎčÏ‡Î”ÎŻÎ± ÎŒÎ­ÎœÎżÏ…Îœ ÏƒÏ„ÎżÎœ ÎșαΞέΜα Όας στηΜ αρχÎčÎșÎź Ï„ÎżÏ…Ï‚ ÎŒÎżÏÏ†Îź ΌΔ τηΜ Ï€ÎŹÏÎżÎŽÎż Ï„ÎżÏ… Ï‡ÏÏŒÎœÎżÏ…; Î ÏŒÏƒÎż όλΔς αυτές ÎżÎč ÎșαΞηΌΔρÎčΜές ÎŽÎčÎșαÎčÎżÎ»ÎżÎłÎ·ÎŒÎ­ÎœÎ”Ï‚ Îź ÎșαÎč αΎÎčÎșαÎčÎżÎ»ÏŒÎłÎ·Ï„Î”Ï‚ απΔλπÎčÏƒÎŻÎ”Ï‚, ÎżÎč ÎźÏ„Ï„Î”Ï‚, ÎżÎč Ï€ÏÎżÎŽÎżÏƒÎŻÎ”Ï‚, ÎżÎč Î”ÎŸÎ±Ï€Î±Ï„ÎźÏƒÎ”Îčς, ''ÎłÏÎŹÏ†ÎżÏ…Îœ'' Ï€ÎŹÎœÏ‰ ÏƒÏ„ÎżÎœ ΔσωτΔρÎčÎșό Όας ÎșÏŒÏƒÎŒÎż ÎșÎč από ΔÎșΔί Ï†Ï‰Ï„ÎżÎłÏÎ±Ï†ÎŻÎ¶ÎżÎœÏ„Î±Îč σ΄ αυτό Ï€ÎżÏ… ÎČλέπΔÎč Îż ÎșαΞέΜας, στÎčς ÎșÎŹÎžÎ”Ï„Î”Ï‚ αυλαÎșώσΔÎčς Î±ÎœÎŹÎŒÎ”ÏƒÎ± στα ÎŒÎŹÏ„Îčα Όας , ÏƒÏ„Îż ÎČλέΌΌα Όας Ï€ÎżÏ… Ï‡ÎŹÎœÎ”Îč τηΜ ÎșÎ±ÎžÎ±ÏÏŒÏ„Î·Ï„ÎŹ Ï„ÎżÏ…, στα πÎčÎșÏÎŹ Όας Ï‡Î±ÎŒÏŒÎłÎ”Î»Î± ... Combien d’élĂ©ments restent-ils finalement, en chacun de nous, dans leur forme originale, avec le temps qui passe ? À quel point, tous ces dĂ©sespoirs quotidiens, justifiĂ©s ou injustifiĂ©s, toutes ces dĂ©faites, ces trahisons, ces tromperies, « s’inscrivent » dans notre monde intĂ©rieur et, Ă  partir de lĂ , apparaissent dans ce que chacun voit, dans les entailles verticales entre nos yeux, dans notre regard qui perd sa clartĂ©, dans nos sourires amers
 ÎœÎ”Ï„ÎŹÏ†ÏÎ±ÏƒÎ·: ΜαρÎčÎŹÎœÎžÎ· Î ÎŹÏƒÏ‡ÎżÏ… Από Ï„Îż ÎČÎčÎČλίο : '' Η ΣΚΙΑ ΀ΗΣ ΑΜΩΙΒΟΛΙΑΣ
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΀ζέΜη ÎœÎ±ÎœÎŹÎșη (Η σÎșÎčÎŹ της αΌφÎčÎČÎżÎ»ÎŻÎ±Ï‚)
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Peut-on raconter le temps en lui-mĂȘme, comme tel et en soi ? Non, en vĂ©ritĂ©, ce serait une folle entreprise. Un rĂ©cit, oĂč il serait dit : "Le temps passait, il s'Ă©coulait, le temps suivait son cours" et ainsi de suite, jamais un homme sain d'esprit ne le tiendrait pour une narration. Ce serait Ă  peu prĂšs comme si l'on avait l'idĂ©e stupide de tenir pendant une heure une seule et mĂȘme note, ou un seul accord, et si l'on voulait faire passer cela pour de la musique. Car la narration ressemble Ă  la musique en ce qu'elle "accomplit" le temps, qu'elle "l'emplit convenablement", qu'elle le "divise", qu'elle fait en sorte qu'"il s'y passe quelque chose" [...].
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Leïla, sorciÚre berbÚre, nourrie exclusivement au couscous, en passe de se transformer en paquet de semoule, spécialisée dans le désenvoûtement et le retour d'affection, cherche prince charmant pour lui dire qu'elle est belle, lui faire un bon café et lui laver ses jeans. ChÎmeur accepté, mais travailleur à mi-temps non exclu - les autres si pas trop cultivés, car je suis allergique aux désherbants.
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Karine Bride (La sorciÚre de la cité)
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– Vous apprendrez que le temps guĂ©rit bien des blessures
 – Le temps donne du recul, c’est tout. Il aide Ă  oublier, seulement je n’oublierai jamais ce qui s’est passĂ©, alors comment voulez-vous qu’il me guĂ©risse ? – Bien sĂ»r que vous n’allez pas oublier l’accident, il fait partie de votre parcours. Mais je peux vous affirmer ceci : ça ira mieux. Ce revers vous paraĂźt insurmontable actuellement, car vous ĂȘtes jeune.
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Nina de Pass (The Year After You)
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Le temps a bien des visages, la pendule mesure rarement celui qui passe en notre for intĂ©rieur et qui constitue la vĂ©ritable durĂ©e de la vie, d'ailleurs, une foule de jours pourrait tenir en quelques heures et inversement, le nombre des annĂ©es est une Ă©chelle peu fiable pour mesurer la durĂ©e de la vie d'un homme, celui qui meurt Ă  quarante ans a peut-ĂȘtre vĂ©cu bien plus longtemps qu'un autre qui part Ă  quatre-vingt-dix. (p.100)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (HimnarĂ­ki og helvĂ­ti)
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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Plus tard, des années plus tard, j'entendrais la chanson relatant notre rencontre. Bien que le garçon qui la chantait soit inexpérimenté, manquant les notes plus souvent qu'il ne les réussissait, la douce mélodie des vers resplendissait malgré sa piÚtre performance. Je ne fus pas étonnée du portrait qu'on y faisait de moi : la fiÚre sorciÚre s'avouant vaincue devant l'épée du héros, s'agenouillant et demandant grùce. Il semble que punir les femmes soit le passe-temps favoris des poÚtes. Comme s'il ne pouvait pas y avoir d'histoire à moins que nous rampions en pleurant.
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Madeline Miller (Circe)
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Il faudrait inventer un temps particulier pour l'apprentissage. Le "prĂ©sent d'incarnation", par exemple. Je suis ici, dans cette classe, et je comprends, enfin ! Ça y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps : ça "s'incarne". Quand ce n'est pas le cas, quand je n'y comprends rien, je me dĂ©lite sur place, je me dĂ©sintĂšgre dans ce temps qui ne passe pas, je tombe en poussiĂšre et le moindre souffle m'Ă©parpille. Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le prĂ©sent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passĂ© comme une honte et l'avenir comme un chĂątiment. (p. 70)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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L'homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  un autre ne comprend pas la rĂ©alitĂ©. Cette idĂ©e-lĂ  n'a peut-ĂȘtre de sens que dans le cadre d'une doctrine qui considĂšre le "moi" comme une illusion et, Ă  moins d'y adhĂ©rer, mille contre-exemples se pressent, tout notre systĂšme de pensĂ©e repose sur une hiĂ©rarchie des mĂ©rites selon laquelle, disons, le Mahatma Gandhi est une figure humaine plus haute que le tueur pĂ©dophile Marc Dutroux. Je prends Ă  dessein un exemple peu contestable, beaucoup de cas se discutent, les critĂšres varient, par ailleurs les bouddhistes eux-mĂȘmes insistent sur la nĂ©cessitĂ© de distinguer, dans la conduite de la vie, l'homme intĂšgre du dĂ©pravĂ©. Pourtant, et bien que je passe mon temps Ă  Ă©tablir de telles hiĂ©rarchies, bien que comme Limonov je ne puisse pas rencontrer un de mes semblables sans me demander plus ou moins consciemment si je suis au-dessus ou au-dessous de lui et en tirer soulagement ou mortification, je pense que cette idĂ©e - je rĂ©pĂšte : "L'homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  un autre, ne comprends pas la rĂ©alitĂ©" est le sommet de la sagesse et qu'une vie ne suffit pas Ă  s'en imprĂ©gner, Ă  la digĂ©rer, Ă  se l'incorporer, en sorte qu'elle cesse d'ĂȘtre une idĂ©e pour informer le regard et l'action en toutes circonstances. Faire ce livre, pour moi, est une façon bizarre d'y travailler. (p. 227-228)
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Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
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La recherche d'une rĂ©alitĂ© communautaire prend la forme d'une opĂ©ration de sauvetage massive. J'estime que c'est la grande aventure de notre temps, infiniment plus valable pour l'homme que la conquĂȘte de l'espace. Elle reprĂ©sente le retour et le renouveau de l'ancienne gnose. Pour ceux qui rĂ©pondent Ă  l'appel, ce qui se passe dans le monde des sciences, malgrĂ© sa place encore considĂ©rable dans le politique gouvernementales, perdra de plus en plus son sens existentiel. À leurs yeux, les scientifiques et leurs nombreux Ă©moules feront figure de clergĂ© archaĂŻque, Ă  la liturgie professionnelle absurde, occupĂ© Ă  Ă©changer ses connaissances, soi-disant Ă  la disposition du public, dans le sanctuaire secret de leur Ă©glise de l'État.
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Theodore Roszak
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Mon temps autrefois m'appartenait entiÚrement, et aux livres. Aujourd'hui, chaque minute consacrée à lire ou à écrire est une minute que je ne passe pas avec ma fille; l'écriture s'accompagne désormais d'une hùte et d'une culpabilité détestables. C'est du temps que je lui dérobe, que je ne retrouverai pas, que j'aurais dû lui consacrer et que je n'aurai jamais passé avec elle. Depuis sa naissance, je me prends à penser au futur antérieur et au conditionnel passé, des temps compliqués qui sont le signe qu'on considÚre les choses sous un point de vue autre que celui depuis lequel on parle normalement : demain vu au passé, hier comme une possibilité. Elle dort. Je devrais profiter de ce moment pour écrire, je n'arrive qu'à m'abßmer dans le bruit des vagues. Je voudrais m'étendre sur le sable, rester là jusqu'à la nuit, me laisser emporter par la marée.
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Dominique Fortier
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Depuis quelques instants, j'ai l'impression d'avoir dĂ©jĂ  vĂ©cu tout cela, d'avoir Ă©crit cela mot pour mot, mais je comprends Ă  prĂ©sent que ce n'est pas moi, que c'est une autre femme qui prit jadis des notes dans ses cahiers pour me permettre d'y puiser. J'Ă©cris, elle Ă©crivit que la mĂ©moire est fragile et que le cours d'une vie est on ne peut plus bref et que tout se passe si vite que nous ne parvenons pas Ă  saisir les relations entre les Ă©vĂ©nements, nous sommes impuissants Ă  mesurer les consĂ©quences de chaque acte, nous ajoutons foi Ă  la fiction du temps, au prĂ©sent, au passĂ© comme Ă  l'avenir, alors que peut-ĂȘtre tout arrive aussi bien simultanĂ©ment, comme le disaient les trois sƓurs Mora, capables d'entrevoir dans l'espace les esprits de toutes les Ă©poques. VoilĂ  pourquoi ma grand-mĂšre Clara remplissait ses cahiers : pour voir les choses sous leur vraie dimension et dĂ©jouer les piĂšges de la mĂ©moire.
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Isabel Allende (The House of the Spirits)
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1837, cette annĂ©e capitale sur le plan mondial, oĂč pour la premiĂšre fois le tĂ©lĂ©graphe rend simultanĂ©es les expĂ©riences humaines jusqu’alors isolĂ©es, n’est en gĂ©nĂ©ral mĂȘme pas mentionnĂ©e dans nos livres de classe, qui continuent malheureusement Ă  juger plus important de raconter les guerres et les victoires de quelques gĂ©nĂ©raux et de quelques nations, plutĂŽt que les vĂ©ritables triomphes de l’humanitĂ© – ceux qui sont collectifs. Et pourtant aucune date de l’histoire contemporaine ne peut se comparer quant Ă  sa portĂ©e psychologique Ă  celle-ci, oĂč est intervenue cette mutation de la valeur du temps. Le monde est transformĂ© depuis qu’il est possible de savoir Ă  Paris ce qui se passe Ă  la minute mĂȘme Ă  Moscou, Ă  Naples et Ă  Lisbonne. Il ne reste plus qu’un dernier pas Ă  faire, et les autres continents seront eux aussi intĂ©grĂ©s Ă  ce grandiose ensemble, et l’on aura crĂ©Ă© une conscience commune Ă  l’humanitĂ© tout entiĂšre.
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Stefan Zweig (Decisive Moments in History: Twelve Historical Miniatures)
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Pourquoi n'allez vous pas Ă  l'Ă©cole? Tous les jours je vous vois en train de flĂąner. _ Oh, on se passe fort bien de moi! Je suis insociable, parait-il. Je ne m'intĂšgre pas. C'est vraiment bizarre. Je suis trĂšs sociable, au contraire. Mais tout dĂ©pend de ce qu'on entend par sociable, n'est-ce pas? Pour moi ça veut dire parler de choses et d'autres, comme maintenant. (...) Mais je ne pense pas que ce soit favoriser la sociabilitĂ© que de rĂ©unir tout un tas de gens et de les empĂȘcher ensuite de parler. (...) On ne pose jamais de question, en tout cas la plupart d'entre nous; les rĂ©ponses arrivent toutes seules, bing, bing, bing, et on reste assis quatre heures de plus Ă  Ă©couter le tĂ©lĂ©prof. Ce n'est pas ma conception de la sociabilitĂ©. (...) On nous abrutit tellement qu'Ă  la fin de la journĂ©e on a qu'une envie: se coucher ou aller dans un parc d'attraction bousculer les gens. (...) Au fond, je dois ĂȘtre ce qu'on m'accuse d'ĂȘtre. Je n'ai pas d'amis. C'est sensĂ© prouver que je suis anormale. Mais tous les gens que je connais passent leur temps Ă  brailler, Ă  danser comme des sauvages ou Ă  se taper dessus. Vous avez remarquĂ© Ă  quel point les gens se font du mal aujourd'hui?
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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L'idĂ©e prĂ©conçue entrave et endommage la libre et pleine manifestation de la vie psychique, que je connais et discerne bien trop peu pour la corriger, sous prĂ©texte de mieux savoir. La raison critique semble avoir rĂ©cemment Ă©liminĂ© avec de nombreuses autres reprĂ©sentations mythiques, aussi l'idĂ©e d'une vie post mortem. Cela n'a Ă©tĂ© possible que parce qu'aujourd'hui les hommes sont identifiĂ©s le plus souvent Ă  leur seule conscience et s'imaginent n'ĂȘtre rien de plus que ce qu'ils savent d'eux-mĂȘmes. Or tout homme qui ne possĂšde qu'un soupçon de ce qu'est la psychologie peut aisĂ©ment se rendre compte que ce savoir est bien bornĂ©. Le rationalisme et le doctrinarisme sont des maladies de notre temps : ils ont la prĂ©tention d'avoir rĂ©ponse Ă  tout. Pourtant bien des dĂ©couvertes, que nous considĂ©rons comme impossibles - quand nous nous plaçons Ă  notre point de vue bornĂ© -, seront encore faites. Nos notions d'espace et de temps ne sont qu'approximativement valables ; elles laissent ouvert un vaste champ de variations relatives ou absolues. Tenant compte de telles possibilitĂ©s, je prĂȘte une oreille attentive aux Ă©tranges mythes de l'Ăąme ; j'observe ce qui se passe et ce qui m'arrive, que cela concorde ou non avec mes prĂ©suppositions thĂ©oriques. (p. 471)
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C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
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Les choses auxquelles on tenait le plus, vous vous dĂ©cidez un beau jour Ă  en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s’y mettre. On en a bien marre de s’écouter toujours cau-ser
 On abrĂšge
 On renonce
 Ça dure depuis trente ans qu’on cause
 On ne tient plus Ă  avoir raison. L’envie vous lĂąche de garder mĂȘme la petite place qu’on s’était rĂ©servĂ©e parmi les plaisirs
 On se dĂ©goĂ»te
 Il suffit dĂ©sormais de bouffer un peu, de se faire un peu de chaleur et de dormir le plus qu’on peut sur – 520 – le chemin de rien du tout. Il faudrait pour reprendre de l’intĂ©rĂȘt trouver de nouvelles grimaces Ă  exĂ©cuter devant les autres
 Mais on n’a plus la force de changer son rĂ©pertoire. On bre-douille. On se cherche bien encore des trucs et des excuses pour rester lĂ  avec eux les copains, mais la mort est lĂ  aussi elle, puante, Ă  cĂŽtĂ© de vous, tout le temps Ă  prĂ©sent et moins mystĂ©-rieuse qu’une belote. Vous demeurent seulement prĂ©cieux les menus chagrins, celui de n’avoir pas trouvĂ© le temps pendant qu’il vivait encore d’aller voir le vieil oncle Ă  Bois-Colombes, dont la petite chanson s’est Ă©teinte Ă  jamais un soir de fĂ©vrier. C’est tout ce qu’on a conservĂ© de la vie. Ce petit regret bien atroce, le reste on l’a plus ou moins bien vomi au cours de la route, avec bien des efforts et de la peine. On n’est plus qu’un vieux rĂ©verbĂšre Ă  souvenirs au coin d’une rue oĂč il ne passe dĂ©jĂ  presque plus personne.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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In English: Some people, who can voluntarily get out of their body, went to "the other side" to see if there was anything there! The exciting testimonies of these explorers of the Beyond revealed that there are countless Worlds on other vibratory planes, in other Dimensions, where live the souls of the deceased living beings!!! But, I went even further and I have discovered that these countless Worlds are, in reality, countless Planets belonging to other Cosmic Universes located in other Spaces and other Times, on other vibratory planes, in other Dimensions! The Beyond is not nebulous but Cosmic!!! The famous "Gate of Heaven" which allows the souls to pass into the Beyond is, in reality, a true "StarGate", a huge Vortex, a Tunnel of Light which crosses the Space and Time, which leads the soul on another planet, in another world, in another Cosmic Universe, in another Space, in another Time, in another vibratory plane, in another Dimension...! I take you to discover the extraordinary adventure of Life, Evolution and Death, through multiple cycles, from life to life, from planet to planet, in an evolutionary spiral that leads souls ever higher, towards the Light...! En Français : Des personnes capables de sortir Ă  volontĂ© de leur corps charnel sont allĂ©es voir "de l'autre cĂŽtĂ©" s'il existait bien quelque chose...! Les tĂ©moignages passionnants de ces explorateurs de l'Au-delĂ  ont rĂ©vĂ©lĂ© qu'il existe d'innombrables Mondes sur d'autres plans vibratoires, dans d'autres Dimensions, oĂč vivent les Ăąmes des ĂȘtres vivants dĂ©cĂ©dĂ©s !!! Mais nous sommes allĂ©s encore plus loin et nous avons dĂ©couvert que ces innombrables Mondes sont en rĂ©alitĂ© d'innombrables PlanĂštes appartenant Ă  d'autres Univers Cosmiques qui se trouvent dans d'autres Espaces et d’autres Temps, sur d'autres plans vibratoires, dans d'autres Dimensions ! L'Au-delĂ  n'est pas nĂ©buleux mais Cosmique !!! La fameuse "Porte du Ciel" qui permet aux Ăąmes de passer dans l'Au-delĂ , est en rĂ©alitĂ© une vĂ©ritable "Porte des Etoiles", un Ă©norme Vortex, un Tunnel de LumiĂšre qui traverse l'Espace et le Temps, qui mĂšne l'Ăąme sur une autre planĂšte, dans un autre Monde, dans un autre Univers Cosmique, dans un autre Espace, dans un autre Temps, sur un autre plan vibratoire, dans une autre Dimension.
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Patrick Delsaut
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en vĂ©ritĂ© il est trĂšs agrĂ©able de se rĂ©unir, de s’asseoir et de bavarder des intĂ©rĂȘts publics. Parfois mĂȘme je suis prĂȘt Ă  chanter de joie, quand je rentre dans la sociĂ©tĂ© et vois des hommes solides, sĂ©rieux, trĂšs bien Ă©levĂ©s, qui se sont rĂ©unis, parlent de quelque chose sans rien perdre de leur dignitĂ©. De quoi parlent-ils ? ça c’est une autre question. J’oublie mĂȘme, parfois, de pĂ©nĂ©trer le sens de la conversation, me contentant du tableau seul. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais pu pĂ©nĂ©trer le sens de ce dont s’entretiennent chez nous les gens du monde qui n’appartiennent pas Ă  un certain groupe. Dieu sait ce que c’est. Sans doute quelque chose de charmant, puisque ce sont des gens charmants. Mais tout cela paraĂźt incomprĂ©hensible. On dirait toujours que la conversation vient de commencer ; comme si l’on accordait les instruments. On reste assis pendant deux heures et, tout ce temps, on ne fait que commencer la conversation. Parfois tous ont l’air de parler de choses sĂ©rieuses, de choses qui provoquent la rĂ©flexion. Mais ensuite, quand vous vous demandez de quoi ils ont parlĂ©, vous ĂȘtes incapable de le dire : de gants, d’agriculture, ou de la constance de l’amour fĂ©minin ? De sorte que, parfois, je l’avoue, l’ennui me gagne. On a l’impression de rentrer par une nuit sombre Ă  la maison en regardant tristement de cĂŽtĂ© et d’entendre soudain de la musique. C’est un bal, un vrai bal. Dans les fenĂȘtres brillamment Ă©clairĂ©es passent des ombres ; on entend des murmures de voix, des glissements de pas ; sur le perron se tiennent des agents. Vous passez devant, distrait, Ă©mu ; le dĂ©sir de quelque chose s’est Ă©veillĂ© en vous. Il vous semble avoir entendu le battement de la vie, et, cependant, vous n’emportez avec vous que son pĂąle motif, l’idĂ©e, l’ombre, presque rien. Et l’on passe comme si l’on n’avait pas confiance. On entend autre chose. On entend, Ă  travers les motifs incolores de notre vie courante, un autre motif, pĂ©nĂ©trant et triste, comme dans le bal des Capulet de Berlioz. L’angoisse et le doute rongent votre coeur, comme cette angoisse qui est au fond du motif lent de la triste chanson russe : Écoutez... d’autres sons rĂ©sonnent. Tristesse et orgie dĂ©sespĂ©rĂ©es... Est-ce un brigand qui a entonnĂ©, lĂ -bas, la chanson ? Ou une jeune fille qui pleure Ă  l’heure triste des adieux ? Non ; ce sont les faucheurs qui rentrent de leur travail... Autour sont les forĂȘts et les steppes de Saratov.
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Fyodor Dostoevsky
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Les hommes, disais-je, se plaignent souvent de compter peu de beaux jours et beaucoup de mauvais, et il me semble que, la plupart du temps, c’est mal Ă  propos. Si nous avions sans cesse le cƓur ouvert pour jouir des biens que Dieu nous dispense chaque jour, nous aurions assez de force pour supporter le mal quand il vient. — Mais nous ne sommes pas les maĂźtres de notre humeur, dit la mĂšre ; combien de choses dĂ©pendent de l’état du corps ! Quand on n’est pas bien, on est mal partout. » J’en tombai d’accord et j’ajoutai : « Eh bien, considĂ©rons la chose comme une maladie, et demandons-nous s’il n’y a point de remĂšde. — C’est parler sagement, dit Charlotte : pour moi, j’estime que nous y pouvons beaucoup. Je le sais par expĂ©rience. Si quelque chose me contrarie et veut me chagriner, je cours au jardin et me promĂšne, en chantant quelques contredanses : cela se passe aussitĂŽt. — C’est ce que je voulais dire, repris-je Ă  l’instant : il en est de la mauvaise humeur absolument comme de la paresse ; car c’est une sorte de paresse. Par notre nature, nous y sommes fort enclins, et cependant, si nous avons une fois la force de nous surmonter, le travail nous devient facile, et nous trouvons dans l’activitĂ© un vĂ©ritable plaisir. » FrĂ©dĂ©rique Ă©tait fort attentive, et le jeune homme m’objecta qu’on n’était pas maĂźtre de soi, et surtout qu’on ne pouvait commander Ă  ses sentiments. « II s’agit ici, rĂ©pliquai-je, d’un sentiment dĂ©sagrĂ©able, dont chacun est bien aise de se dĂ©livrer, et personne ne sait jusqu’oĂč ses forces s’étendent avant de les avoir essayĂ©es. AssurĂ©ment, celui qui est malade consultera tous les mĂ©decins, et il ne refusera pas les traitements les plus pĂ©nibles, les potions les plus amĂšres, pour recouvrer la santĂ© dĂ©sirĂ©e. [...] Vous avez appelĂ© la mauvaise humeur un vice : cela me semble exagĂ©rĂ©. — Nullement, lui rĂ©pondis-je, si une chose avec laquelle on nuit Ă  son prochain et Ă  soi-mĂȘme mĂ©rite ce nom. N’est-ce pas assez que nous ne puissions nous rendre heureux les uns les autres ? faut-il encore nous ravir mutuellement le plaisir que chacun peut quelquefois se procurer ? Et nommez-moi l’homme de mauvaise humeur, qui soit en mĂȘme temps assez ferme pour la dissimuler, la supporter seul, sans troubler la joie autour de lui ! N’est-ce pas plutĂŽt un secret dĂ©plaisir de notre propre indignitĂ©, un mĂ©contentement de nous-mĂȘmes, qui se lie toujours avec une envie aiguillonnĂ©e par une folle vanitĂ© ? Nous voyons heureux des gens qui ne nous doivent pas leur bonheur, et cela nous est insupportable. » Charlotte me sourit, en voyant avec quelle Ă©motion je parlais, et une larme dans les yeux de FrĂ©dĂ©rique m’excita Ă  continuer. « Malheur, m’écriai-je, Ă  ceux qui se servent de l’empire qu’ils ont sur un cƓur, pour lui ravir les joies innocentes dont il est lui-mĂȘme la source ! Tous les prĂ©sents, toutes les prĂ©venances du monde, ne peuvent compenser un moment de joie spontanĂ©e, que nous empoisonne une envieuse importunitĂ© de notre tyran. [...] Si seulement on se disait chaque jour : Tu ne peux rien pour tes amis que respecter leurs plaisirs et augmenter leur bonheur en le goĂ»tant avec eux. Peux-tu, quand le fond de leur ĂȘtre est tourmentĂ© par une passion inquiĂšte, brisĂ© par la souffrance, leur verser une goutte de baume consolateur ?
 Et, quand la derniĂšre, la plus douloureuse maladie surprendra la personne que tu auras tourmentĂ©e dans la fleur de ses jours, qu’elle sera couchĂ©e dans la plus dĂ©plorable langueur, que son Ɠil Ă©teint regardera le ciel, que la sueur de la mort passera sur son front livide, et que, debout devant le lit, comme un condamnĂ©, dans le sentiment profond qu’avec tout ton pouvoir tu ne peux rien, l’angoisse te saisira jusqu’au fond de l’ñme, Ă  la pensĂ©e que tu donnerais tout au monde pour faire passer dans le sein de la crĂ©ature mourante une goutte de rafraĂźchissement, une Ă©tincelle de courage !

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Je crois que c'est ça que je reproche aux livres, en gĂ©nĂ©ral, c'est qu'ils ne sont pas libres. On le voit Ă  travers l'Ă©criture : ils sont fabriquĂ©s, ils sont organisĂ©s, rĂ©glementĂ©s, conformes on dirait. Une fonction de rĂ©vision que l'Ă©crivain a trĂšs souvent envers lui-mĂȘme. L'Ă©crivain, alors il devient son propre flic. J'entends par lĂ  la recherche de la bonne forme, c'est-Ă -dire de la forme la plus courante, la plus claire et la plus inoffensive. Il y a encore des gĂ©nĂ©rations mortes qui font des livres pudibonds. MĂȘme des jeunes : des livres "charmants", sans prolongement aucun, sans nuit. Sans silence. Autrement dit : sans vĂ©ritable auteur. Des livres de jour, de passe-temps, de voyage. Mais pas des livres qui s'incrustent dans la pensĂ©e et qui disent le deuil noir de toute vie, le lieu commun de toute pensĂ©e.
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Marguerite Duras
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Les avares ne croient point a une vie a venir, le present est tout pour eux. Cette reflexion jette une horrible clarte sur l'epoque actuelle, ou, plus qu'en aucun autre temps, l'argent domine les lois, la politique et les moeurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire a miner la croyance d'une vie future sur laquelle l'edifice social est appuye depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutee. L'avenir, qui nous attendait par dela le requiem, a ete transpose dans le present. Arriver _per fas et nefas_ au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, petrifier son coeur et se macerer le corps en vue de possessions passageres, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de biens eternels, est la pensee generale! pensee d'ailleurs ecrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au legislateur: Que payes-tu? au lieu de lui dire: Que penses-tu? Quand cette doctrine aura passe de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays?
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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La vie, c'est comme Mario Bros 1. On passe son temps Ă  trimer pour ramasser des piĂšces, on est obligĂ©s d'avancer pour affronter de nouveaux dangers, on subit sans cesse les mĂȘmes Ă©preuves rĂ©pĂ©titives, le temps est limitĂ© et on finira quand mĂȘme par mourir. Mais surtout, on a beau poursuivre l'aventure, la princesse est toujours dans un autre chĂąteau.
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J. Heska (Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir)
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C’est amusant, pensa-t-il, le bruit que fait une horloge alors que ses aiguilles tournent. On l’entend Ă  peine, sauf quand on est seul. Sa voix forte, implacable, irrĂ©sistible, nous rappelle la mort, le temps qui passe, qui nous file entre les doigts.
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Anonymous
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-Oublie pas le hand-job. -Pardon? -Quand je me fais bullshitter, j'aime bien qu'on me branle en mĂȘme temps. Ça passe mieux.
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Patrick Senécal
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Il est un Ăąge dans la vie oĂč l'amour est une perfection, une tonalitĂ© apprivoisĂ©e aux beaux gestes, un tempo limpide et qui savoure le temps qui passe, un apprentissage de l'autre qui n'en finira jamais
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Pierre Magnan (Le parme convient Ă  Laviolette)
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours aprÚs la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
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Guillaume Apollinaire
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Alors mĂȘme que je suis en train de lire, je commence Ă  oublier ce que j’ai lu et ce processus est inĂ©luctable, il se prolonge jusqu’au moment oĂč tout se passe comme si je n’avais pas lu le livre et oĂč je rejoins le non-lecteur que j’aurais pu rester si j’avais Ă©tĂ© mieux avisĂ©. Dire que l’on a lu un livre fait alors surtout figure de mĂ©tonymie. On n’a jamais lu, d’un livre, qu’une partie plus ou moins grande, et cette partie mĂȘme est condamnĂ©e, Ă  plus ou moins long terme, Ă  la disparition. Plus que de livres ainsi, nous nous entretenons, avec nous-mĂȘme et les autres, de souvenirs approximatifs, remaniĂ©s en fonction des circonstances du temps prĂ©sent.
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Pierre Bayard (How to Talk About Books You Haven't Read)
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Ma seule distraction est d’aller, le dimanche, au sortir de la messe, chez Mme Gouin, l’épiciĂšre
 Le dĂ©goĂ»t m’en Ă©loigne, mais l’ennui, plus fort, m’y ramĂšne. LĂ , du moins, on se retrouve, toutes ensemble
 On potine, on rigole, on fait du bruit, en sirotant des petits verres de mĂȘlĂ©-cassis
 Il y a lĂ , un peu, l’illusion de la vie
 Et le temps passe

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Octave Mirbeau (Le journal d'une femme de chambre)
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Le temps ne passe pas, il tourne en rond.
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez (One Hundred Years of Solitude)
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On ne change que bien peu dans sa vie. On passe le clair de notre temps à lever les voiles des illusions qui nous cachent notre réalité profonde.
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Arnaud Segla (Le Cri de la Calebasse: III. Oasis à l’orient (French Edition))
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She realized then that time passes, but the imagination remains, even if it does not seem to exist. (Elle comprit alors que le temps passe, mais l'imagination reste, mĂȘme si cela semble ne pas exister)
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Charles de Leusse (Les Contes de la nuit)
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Le temps passe, mais jamais assez vite. On dit qu'il guérit tout : putain de mensonge.
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Nine Gorman (Le Pacte d'Emma (Le Pacte d'Emma #1))
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Dans 1984, le systÚme est déjà bien mis en place, la dictature absolue fonctionne sans accrocs et pénÚtre jusque dans l'esprit des individus, le chef est devenu une entité abstraite et lointaine qui n'est plus présente que par ses icÎnes, la dictature s'exerce par le biais d'une police omniprésente qui passe son temps à récrire l'histoire et à traquer les moindres miettes de pensée libre.
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George Orwell
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j'attends que le temps me presse mais rien n'y fait, la lame des heures comme un couteau sous la gorge me passe par-dessus la tĂȘte et m'emballe sous vide dans un scaphandre Ă©triquĂ© et sans ampleur
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Salomé Assor (Un)
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«Imagine que ce rĂ©cipient soit ta vie. Et que les trois cailloux symbolisent les choses les plus importantes pour toi: ce dont tu ne pourrais te passer pour ĂȘtre heureuse. ConsidĂšre les graviers comme les prioritĂ©s secondaires, celles qui arrivent juste aprĂšs l’indispensable.» Je le fixai sans comprendre ce qu’il essayait de me dire. «Enfin, imagine que le sable corresponde Ă  tout le reste: les bonheurs futiles, ceux qui te font du bien, mais qui ne sont qu’un complĂ©ment de “l’essentiel” puis de “l’important”. — Bon, oĂč veux-tu en venir? — Si j’avais rempli le pot de sable, il n’y aurait plus de place pour les graviers ou les cailloux. C’est pareil pour ta vie: si tu consacres ton temps et ton Ă©nergie aux Ă©lĂ©ments secondaires, tu n’as plus d’espace pour l’essentiel, tu passes Ă  cĂŽtĂ© de ton chemin. Tu cours aprĂšs le superficiel en te demandant pourquoi tu n’es pas heureuse.» J’applaudis en souriant. Belle dĂ©monstration! «Maintenant, Ă  toi de dĂ©finir tes prioritĂ©s. À quoi correspondent les cailloux de ta vie, quelles sont pour toi les choses essentielles? C’est-Ă -dire ce que tu ne sacrifierais pas. Ou ce que tu voudrais le plus au monde. — Je ne sais pas
 Euh, lĂ  tout de suite, je suis fatiguĂ©e. — RĂ©flĂ©chis!», ordonna-t-il avec fermetĂ©.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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On s'Ă©tait trompĂ©. L'erreur qu'on avait faite, en quelques secondes, a gagnĂ© tout l'univers. Le scandale Ă©tait Ă  l'echelle de Dieu. Mon petit frĂšre Ă©tait immortel et on ne l'avait pas vu. L'immortalitĂ© avait Ă©tĂ© recelĂ©e par le corps de ce frĂšre tandis qu'il vivait et nous, on n'avait pas vu que c'Ă©tait dans ce corps-lĂ  que se trouvait ĂȘtre logĂ©e l'immortalitĂ©. Le corps de mon frĂšre Ă©tait mort. L'immortalitĂ© Ă©tait morte avec lui. Et ainsi allait le monde maintenant, privĂ© de ce corps visitĂ©, et de cette visite. On s'Ă©tait trompĂ© complĂštement. L'erreur a gagnĂ© tout l'univers, le scandale. [...] Il faudrait prĂ©venir les gens de ces choses-lĂ . Leur apprendre que l'immortalitĂ© est mortelle, qu'elle peut mourrir, que c'est arrivĂ©, que cela arrive encore. Qu'elle ne se signale pas en tant que telle, jamais, qu'elle est la duplicitĂ© absolue. Qu'elle n'existe pas dans le dĂ©tail mais seulement dans le principe. Que certaines personnes peuvent en recĂ©ler la prĂ©sence, Ă  condition qu'elles ignorent le faire. De mĂȘme que certaines autres personnes peuvent en dĂ©celer la prĂ©sence chez ces gens, Ă  la mĂȘme condition, qu'elles ignorent le pouvoir. Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas un question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants : l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne.
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Marguerite Duras (L'Amant)
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Moi Malaka, venu de si loin pour vous porter ma mĂšre, je dois raconter maintenant le temps qui passe, inutile. Les heures de dĂ©sƓuvrement et d'errance.
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Laurent Gaudé (Salina: Les trois exils)
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Cette nuit-lĂ , il est seul sans l’ĂȘtre vraiment, car les fantĂŽmes de son passĂ© font sentir leur prĂ©sence. Et le temps passe, comme il sait si bien le faire. Louis a perdu toute notion des heures. La nuit distend et tord le rĂ©el. Quand les premiĂšres lueurs de l’aube apparaissent, il est Ă©puisĂ©.
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Julie Turconi (Les Marches)
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– Bah alors, c’est ce que je dis, avec la dotation qu’on a, ajouta Făneață puis il se leva pour prendre le livre le plus Ă©pais de la pile la plus proche. Il se trouva que c’était La Montagne magique. – Ça fera l’affaire, dit-il le travailleur en se rasseyant Ă  table. Il a suffisamment de pages pour que personne ne remarque que nous en avons dĂ©chirĂ© quelques-unes. – Mon frĂšre, t’es vraiment mortel. Laisse donc ce livre en paix, nom de Dieu
 Nicu s’opposa pour la derniĂšre fois, l’image de son camarade en cerbĂšre le fit Ă©clater de rire. Une considĂ©ration de folie. – Tiens, avant de le dĂ©plumer, lis au moins ce qu’il y a d’écrit, qu’on entende nous aussi. Făneață fourra son doigt Ă©pais au cƓur du livre et lut lĂ  oĂč ses yeux se posĂšrent : – Qu’est-ce que le corps ! Ă©clata-t-il avec une impĂ©tositĂ© soudaine. Qu’est-ce que la chair ! Qu’est-ce que le corps humain ! De quoi est-il constitué ! Monsieur le conchilier aulique, dites-le nous tout de suite, cet aprĂšs-midi mĂȘme. Dites-le-nous une fois pour tourtes et le plus Ă©chactement, pour que nous le sachions. ÉcƓurĂ© par la lecture, il s’arrĂȘta, et ne cacha pas son Ă©tonnement : certains sont prĂȘts Ă  jeter leur argent par les fenĂȘtres pour n’importe quoi. – Mon petit Nicu, c’est ainsi quand l’homme a trop de temps libre, qu’il ne travaille mĂȘme pas. Il est lĂ  Ă  se faire des idĂ©es, et ceux qui se font passer pour cultivĂ©s font la file d’attente pour acheter quelque livre comme celui-lĂ . Chiche qu’on va montrer Ă  m’sieur l’écrivain – il fit une pause pour lire le nom de celui-ci sur la couverture – ce que c’est-ce que la viande, car je vois que l’honorable dit ne pas le savoir. Passe-moi les saucisses, va ! Puis il arracha soigneusement quelques pages sur lesquelles il dĂ©posa fromage et lĂ©gumes en se vantant auprĂšs de Nicu que lui Ă©tait un garçon de salon et que l’on n’aurait dĂ©chirĂ© des feuilles que de lĂ -bas, de l’introduction, partie que personne ne lit. – De la critique.
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Călin Torsan (Brocs en stock (French Edition))
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Ce moyen, cette pratique, ces allĂ©chements avaient les anciens tyrans, pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples, assotis, trouvent beaux ces passe-temps, amusĂ©s d’un vain plaisir, qui leur passait devant les yeux, s’accoutumaient Ă  servir aussi niaisement, mais plus mal, que les petits enfants qui, pour voir les luisantes images des livres enluminĂ©s, apprennent Ă  lire. Les Romains tyrans s’avisĂšrent encore d’un autre point : de festoyer souvent les dizaines publiques, abusant cette canaille comme il fallait, qui se laisse aller, plus qu’à toute autre chose, au plaisir de la bouche : le plus avisĂ© et entendu d’entre eux n’eut pas quittĂ© son esculĂ©e de soupe pour recouvrer la libertĂ© de la rĂ©publique de Platon.
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Étienne de La BoĂ©tie (Discours de la servitude volontaire: RĂ©quisitoire contre l'Absolutisme (French Edition))
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La chair oublie trĂšs vite. Mais quelque chose en nous se promĂšne, durant toute une vie, avec des lambeaux de sensations Ă©prouvĂ©es avant, avec des souvenirs plus ou moins arrangĂ©s ou mĂȘme dĂ©traquĂ©s, quelque chose prĂ©sent Ă  notre regard enfoui dans le temps, un corps nu, un visage enveloppĂ© dans un drap blanc, une main qui passe dans les cheveux, un parfum de jasmin ou simplement une voix grave qui dit le dĂ©sir. Longtemps, le dĂ©sir seul fut ma seule passion. Je ne recherchais que ses frĂ©missements, les tremblements de mes membres et l'immense joie de la dĂ©couverte. DĂ©sir nu, pur, sans mots, sans musique, sans histoire. La chair a la mĂ©moire courte et je ne m'en plaignais pas. Jusqu'au jour oĂč le dĂ©sir s'est prĂ©sentĂ© Ă  moi, fort et brĂ»lant, mais accompagnĂ© d'une histoire. Les Ă©motions se succĂ©daient en se bousculant, les sensations pillaient mon corps : c'Ă©tait le dĂ©but de ma perte.
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Ben Jelloun Tahar
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Le temps mauvais passe quand on mange et s’amuse—Bad times pass when one eats and is merry. On ne fait pas comme on veut, mais comme on peut—One doesn’t do what one wants, but what one can. La moitiĂ© du monde se moque de l’autre moitié—Half the world laughs at the other half.
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John Mack Faragher (A Great and Noble Scheme: The Tragic Story of the Expulsion of the French Acadians from Their American Homeland)
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A Schönbrunn, les fĂȘtes se suivent et se ressemblent, indiffĂ©rentes au temps qui passe, au monde qui change, aux moeurs qui Ă©voluent. ElĂ©gantes, poudrĂ©es, chamarrĂ©es, brillant des mille Ă©clats des diamants, des cristaux, de l’argenterie ; Ă©voluant aux pays glissĂ©s des valses, menuets et quadrilles ; bruissant de robes de soie, cliquetant de mĂ©dailles, bourdonnant d’intrigues de cour ; si charmantes, si convenables, si ennuyeuses 
 Pendant que l’on se pavane, selon un protocole immuable, dans les salons rococo et les jardins au cordeau, les premiĂšres locomotives Ă  vapeur ahanent sur les premiers kilomĂštres de rails, d’énormes machines de fonte et d’acier remplacent des contingents d’ouvriers dans les usines, l’éclairage au gaz arrive dans les thĂ©Ăątres et bientĂŽt dans les rues, on parvient Ă  produire et stocker de l’électricitĂ©, Niepce et Daguerre impressionnent les premiĂšres plaques photographiques 
 Des idĂ©es nouvelles issues de la RĂ©volution, sur la libertĂ©, l’égalitĂ©, les droits de l’homme, s’échafaudent en systĂšmes et s’enracinent dans les coeurs, un esprit de rĂ©volte fermente au centre des villes, au fond des campagnes, au sein des armĂ©es, partout le poids Ă©crasant de cette monarchie obsolĂšte devient insupportable
 Franz sait tout cela qui, du haut de ses onze printemps, regarde pavoiser ce beau monde. Boulimique de savoir et d’informations, François lui raconte raconte toutes ses visions dĂšs qu’ils ont l’occasion d’ĂȘtre seuls ; les sociĂ©tĂ©s qu’il lui dĂ©crit sont bien loin de l’atmosphĂšre empesĂ©e de Schönbrunn, les gens dont il lui parle sont bien plus vivants que ces momies figĂ©es dans leurs convenances. Aussi le petit duc pose-t’il sur cette fĂȘte - sa fĂȘte, pourtant - le regard blasĂ©, impatient et las de celui qui sait qu’il assiste Ă  la lente agonie d’un systĂšme sclĂ©rosĂ©, mais sans pouvoir y changer quoi que ce soit, ni avancer ni retarder l’échĂ©ance.
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Jean-Marc Ligny (La Dame Blanche)
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Le jour passait ainsi, tant bien que mal, Ă  manger beaucoup et boire de mĂȘme ; grand soleil fort ; bagnole pour nous trimbaler ; cigare de temps Ă  autre ; petit somme sur la plage ; revue de dĂ©tail des connasses qui passaient ; bavardages en tous genres ; un peu de rigolade ; quelques chansons aussi – une journĂ©e comme tant et tant d’autres passĂ©es en compagnie de MacGregor. En de pareils jours, j’avais l’impression que la roue cessait de tourner. En surface ce n’était que gaietĂ© et bon temps ; les heures passaient comme un rĂȘve gluant. Mais sous la surface c’était la fatalitĂ©, le domaine des prĂ©monitions qui me laissaient le lendemain dans un Ă©tat d’inquiĂ©tude morbide. Je savais parfaitement qu’il me faudrait rompre un jour, parfaitement que je passais le temps comme on passe une envie de pisser. Mais je savais aussi que je n’y pouvais absolument rien – pour le moment. J’attendais un Ă©vĂ©nement, Ă©norme, qui me ferait perdre l’équilibre. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’ĂȘtre bousculé ; mais il n’y avait qu’une force extĂ©rieure au monde oĂč je vivais qui pĂ»t me donner le choc nĂ©cessaire. De cela j’étais sĂ»r. Je ne pouvais me ronger le cƓur : c’eĂ»t Ă©tĂ© aller contre ma nature. Ma vie durant, tout avait toujours tournĂ© au mieux – Ă  la fin. Il n’était pas Ă©crit dans les cartes que je dusse m’épuiser en effort. Il fallait faire la part de la Providence – part entiĂšre, dans mon cas. J’avais contre moi toutes les apparences : j’étais guignard, eĂ»t-on dit, je ne savais pas mener ma barque ; mais rien ne pouvait m’îter de la tĂȘte que j’étais nĂ© coiffĂ©. Doublement coiffĂ© mĂȘme. Vue de l’extĂ©rieur, la situation n’était pas brillante, d’accord – mais ce qui m’inquiĂ©tait plus encore, c’était la situation intĂ©rieure. Tout en moi m’effrayait : mes appĂ©tits, ma curiositĂ©, ma souplesse, ma permĂ©abilitĂ©, ma mallĂ©abilitĂ©, mon naturel, mon pouvoir d’adaptation. En soi, aucune situation ne me faisait peur : je ne pouvais me voir autrement que prenant toutes mes aises, comme une fleur, ou mieux comme l’abeille sur la fleur, en train de butiner. MĂȘme si je m’étais retrouvĂ© en taule un beau matin, je suis sĂ»r que j’y aurais pris un certain plaisir. La raison, j’imagine, en Ă©tait que je savais opposer la force d’inertie. D’autres s’usaient Ă  tirer sur la corde, Ă  se dĂ©mener, Ă  se tendre Ă  craquer ; ma stratĂ©gie Ă©tait de flotter au grĂ© de la marĂ©e. Je me souciais beaucoup moins de ce qu’on pouvait me faire que du mal que se faisaient les autres Ă  eux-mĂȘmes ou entre eux. Je me sentais si bien, en dedans de moi, que je ne pouvais faire autrement que de prendre Ă  charge et Ă  cƓur le monde entier et ses problĂšmes. C'est pourquoi j’étais tout le temps dans la mouise. Il n’y avait entre ma destinĂ©e et moi aucun synchronisme, pour ainsi dire.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Pourquoi diable me soucierais-je du prix des choses ? Ma raison d’ĂȘtre est de vivre, non de calculer. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que cette bande de vaches ne veut pas que l’on fasse – vivre ! Ce qu’ils veulent c’est que l’on passe sa vie Ă  aligner des chiffres. Ils comprennent ça, les chiffres. Ça vous a un air raisonnable, intelligent. Si c’était moi qui tenais la barre du gouvernail, peut-ĂȘtre l’ordre ne rĂ©gnerait-il pas, mais bon Dieu la vie serait plus drĂŽle ! On ne passerait pas le temps Ă  chier dans sa culotte Ă  propos de choses qui n’en valent pas la peine. Peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de macadam dans les rues, ni de voitures aĂ©rodynamiques, ni de haut-parleurs, ni de trucs ni de machins de mille millions de sortes ; peut-ĂȘtre mĂȘme n’y aurait-il pas de vitres aux fenĂȘtres, peut-ĂȘtre devrait-on dormir Ă  mĂȘme le sol ; peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de cuisine Ă  la française, Ă  l’italienne, Ă  la chinoise ; peut-ĂȘtre les gens s’entretueraient-ils quand ils seraient Ă  bout de patience, et peut-ĂȘtre personne ne les en empĂȘcherait-il parce qu’il n’y aurait pas plus de taule que de flics ni de juges, et qu’il n’y aurait certainement pas de ministres ni de gouvernement, ni de question d’obĂ©ir ou de dĂ©sobĂ©ir Ă  leurs saloperies de lois ; peut-ĂȘtre faudrait-il des mois et des annĂ©es pour cheminer d’un lieu Ă  l’autre, mais on n’aurait besoin ni de visa ni de passeport ni de carte d’identitĂ©, parce qu’on n’aurait besoin de figurer sur aucun registre, qu’on ne porterait pas de numĂ©ro et que si l’on avait envie de changer de nom toutes les semaines, qui l’empĂȘcherait ? Ça ne ferait pas la moindre diffĂ©rence vu qu’on ne possĂ©derait rien que ce que l’on pourrait emporter avec soi, et pourquoi diable aurait-on alors envie de possĂ©der quoi que ce soit puisqu’il ne serait plus question de rien possĂ©der ?
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Pourquoi diable me soucierais-je du prix des choses ? Ma raison d’ĂȘtre est de vivre, non de calculer. Et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que cette bande de vaches ne veut pas que l’on fasse – vivre ! Ce qu’ils veulent c’est que l’on passe sa vie Ă  aligner des chiffres. Ils comprennent ça, les chiffres. Ça vous a un air raisonnable, intelligent. Si c’était moi qui tenais la barre du gouvernail, peut-ĂȘtre l’ordre ne rĂ©gnerait-il pas, mais bon Dieu la vie serait plus drĂŽle ! On ne passerait pas le temps Ă  chier dans sa culotte Ă  propos de choses qui n’en valent pas la peine. Peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de macadam dans les rues, ni de voitures aĂ©rodynamiques, ni de haut-parleurs, ni de trucs ni de machins de mille millions de sortes ; peut-ĂȘtre mĂȘme n’y aurait-il pas de vitres aux fenĂȘtres, peut-ĂȘtre devrait-on dormir Ă  mĂȘme le sol ; peut-ĂȘtre n’y aurait-il pas de cuisine Ă  la française, Ă  l’italienne, Ă  la chinoise ; peut-ĂȘtre les gens s’entretueraient-ils quand ils seraient Ă  bout de patience, et peut-ĂȘtre personne ne les en empĂȘcherait-il parce qu’il n’y aurait pas plus de taule que de flics ni de juges, et qu’il n’y aurait certainement pas de ministres ni de gouvernement, ni de question d’obĂ©ir ou de dĂ©sobĂ©ir Ă  leurs saloperies de lois ;
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Le chef discutait avec un type super Ă©lĂ©gant dans son bureau. — C'est dĂ©jĂ  un client? — Non, c'est le maĂźtre d'hĂŽtel... — Eh ben... Il est drĂŽlement classe... — En salle, ils sont tous beaux...Au dĂ©but du service, c'est nous qui sommes propres et eux qui passent l'aspirateur en tee-shirt et plus le temps passe, plus la tendance s'inverse: on pue, on devient crades et eux ils passent devant nous, frais comme des gardons, avec leurs brushings et leurs costumes impeccables...
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Anna Gavalda (Ensemble, c'est tout Audiobook PACK [Book + 2 CD MP3 - Abridged text])
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Si nous sommes capables de penser l'univers, c'est parce que l'univers pense en nous. - François Chang
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Hubert Reeves (Le Banc du temps qui passe. MĂ©ditations cosmiques (SCIENCE OUVERTE) (French Edition))
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L'important c'est d'agiter la vie. On a tout le temps d'ĂȘtre mort! - Yasmina Reza
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Hubert Reeves (Le Banc du temps qui passe. MĂ©ditations cosmiques (SCIENCE OUVERTE) (French Edition))
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Soyons rĂ©alistes. Peut-on vraiment rĂȘver d'humaniser l'humanitĂ©?
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Hubert Reeves (Le Banc du temps qui passe. MĂ©ditations cosmiques (SCIENCE OUVERTE) (French Edition))
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Le long sentier vers l'humanisation de l'humanitĂ© est Ă©clairĂ© par trois lumiĂšres : le dĂ©sir de comprendre le monde (la science), de l'embellir (l'art) et d'aider les ĂȘtres vivants Ă  vivre (l'empathie). Trois mots Ă  retenir : « connaĂźtras », « crĂ©er », « compatir ».
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Hubert Reeves (Le Banc du temps qui passe. MĂ©ditations cosmiques (SCIENCE OUVERTE) (French Edition))
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Deux plus deux faisaient-ils quatre au temps des dinosaures?
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Hubert Reeves (Le Banc du temps qui passe. MĂ©ditations cosmiques (SCIENCE OUVERTE) (French Edition))
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La rive bleue Dans la chambre parmi les journaux venus de rĂ©gions lointaines doux animal homme merveilleux tu t'aimes assis sur le bord du lit les mains sur les genoux ou encore libĂ©rĂ© de naĂźtre et de mourir tu caresses ta joue de pierre ponce jusqu'Ă  ce que le soleil passe de l'autre cĂŽtĂ© prĂšs de la radieuse photo du gosse qui fait pipi sur une rive bleue Alors tout revient tout se regroupe comme en un brouillard de feu oĂč se refont les choses parmi les obscures plantations du hasard Tandis que tout prĂšs de lĂ  une femme Ă©tend avec soin les vĂȘtements de son amant noyĂ© et leur parle celle-lĂ  mĂȘme qui te cherche dans les ossements noirs des vanesses Et pendant que tu erres dans les brumes d'une forte virilitĂ© prĂšs des avirons oubliĂ©s sur la taupiniĂšre fraĂźche ou que tu regardes osciller les deux pieux fichĂ©s dans la berge ou qu'allongĂ© sur le sol tu sens le vent couvrir ton visage de chardons venu on ne sait d'oĂč une grande tristesse ramĂšne le paysage lunaire de ses Ă©paules lasses il n'y a plus de mots ses murmures se posent partout remplissent le silence dĂ©chirĂ© par le cri du train ils sont l'eau qui demeure dans l'empreinte des pas depuis la derniĂšre averse mais il suffit d'un bruit de clĂ© dans la serrure pour te faire entendre le temps couler sans hĂąte le long de tes chaussettes humides ou la pesante respiration des racines et tu recommences Ă  rĂȘver Ă  la rive bleue du bout du fleuve sur laquelle nous ruminons notre dĂ©laissement fĂ©erique (p. 17 et 19)
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Gellu Naum (Partea cealaltă)
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[Explication du contexte : condamnĂ© aux travaux forcĂ©s dans les mines de plomb de Baia-Sprie, Victor Petrini, le protagoniste, se retrouve face Ă  face avec un tortionnaire qui le hait pour la simple raison qu'il est un intellectuel.] Je me rĂ©veillai avec la sensation qu'une bĂȘte avait ouvert la porte et me regardait. La cour Ă©tait silencieuse et le calvaire du « couchĂ© ! debout ! » avait pris fin ; combien de temps avais-je dormi ? Quelques minutes ou quelques heures ? Je me levai, et c'est alors que je distinguai dans l'obscuritĂ© le visage du gardien qui m'avait mis au cachot. La voix avec laquelle il s'adressa Ă  moi me sembla caressante : « Comment ça va, 1003 ? Eh, c'est bien au cachot ? » « C'est pas bien », rĂ©pondis-je avec l'espoir entrevu dans le ton de sa voix, qu'il Ă©tait venu me libĂ©rer, pour que je retourne au dortoir. Il leva alors un objet, noir, jusqu'alors tenu cachĂ© derriĂšre son dos, et l'approcha doucement de ma tempe. C'Ă©tait un tisonnier. « Tiens, regarde, 1003 ! », dit-il, avec la mĂȘme voix douce et l'air enjouĂ© de quelqu'un qui tend un cadeau Ă  un ĂȘtre cher : « C'est justement lĂ  que je devrais te frapper. » Et il me tapota plusieurs fois sur la tempe, mais doucement, avec dĂ©licatesse pour ne pas me faire mal. « Ici, c'est ici que je devrais te frapper », rĂ©pĂ©ta-t-il en me tapotant de nouveau sur la tempe. AprĂšs quoi il referma la porte, tira le verrou, et j'entendis ses pas s'Ă©loigner. [
 quelques pages plus loin] Il aurait mieux valu que François-Joseph en personne soit tombĂ© dans le gouffre plutĂŽt que d'avoir Ă©tĂ© conduit par le diable pour surveiller cet endroit maudit. « HĂ© ! Que se passe-t-il lĂ -bas ? » Ce n'est qu'au soir que l'on apprit qu'un gardien Ă©tait tombĂ© parmi les wagonnets
 Il est mort ? Silence. On ne nous a pas dit qu'il n'en Ă©tait pas mort. (traduit du roumain par ValĂ©rie Juino)
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Marin Preda (Cel mai iubit dintre pămùnteni)
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La lumiĂšre marche, chez toi ? Non. À quoi passes-tu ton temps, dans le noir ? J'Ă©coute de la musique et je fume. Tu as un appareil qui marche sans courant ? J’ai un casettophone Ă  piles. C'est ça que j'entends ? Oui. Tu peux mettre plus fort ? Smetana ? Non, Liszt. (p. 141)
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Bujor Nedelcovici (Al doilea mesager)
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que dit le professeur, ils comprennent la moitiĂ© de ce qu’ils ont Ă©coutĂ©, ils retiennent la moitiĂ© de ce qu’ils ont compris, et ils se servent de la moitiĂ© de ce qu’ils ont retenu, c’est-Ă -dire pas grand-chose, Ă  la fin.
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François Lelord (Le Nouveau Voyage d’Hector: À la poursuite du temps qui passe (French Edition))
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Tous ceux qui se plaignent qu’il passe trop vite, le temps, et qu’elle nous file entre les doigts, la vie, devraient prendre pour amant un homme mariĂ©. Les heures se dilatent dans l’attente, et les minutes se resserrent quand ça compte. L’horloge des amoureux.
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Elizabeth Lemay (Daddy Issues (French Edition))
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Un grand poĂšte Que fais-tu au juste voyons voir dit Mihaela trois heures de tĂ©lĂ©vision tu t’affaires dans la bibliothĂšque trois heures tu lis et voilĂ  ton temps qui passe quand tu ne peux plus Ă©crire tu as l’air d’une mite raidie par le froid sur le cadre de la fenĂȘtre et tu n’es mĂȘme pas un grand poĂšte tu as les yeux aqueux et vides tu as encore bu que vais-je faire de toi que vais-je dire Ă  tes parents les pauvres ils sont si ĂągĂ©s personne n’en prend soin dans cet Ă©tat personne ne leur demande s’ils ont mangĂ© un bout bientĂŽt ils mourront et toi si indiffĂ©rent tu ne vois pas que notre fille a grandi tu ne vois pas qu’elle porte une mini-jupe aujourd’hui et voilĂ  comme ta vie s’en va et tu n’es mĂȘme pas un grand poĂšte comme Nichita Stănescu
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Valentin Dolfi (Ma poésie comme biographie (French Edition))
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C’était leur secret. Kai comptait plus que quiconque pour Ren. Bien plus que PhƓnix ou qu’Indigo. Personne n’oublie jamais son premier amour, peu importe le temps qui passe et non-dits.
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Myosotis (Vengeance and Legends (Sex, Secrets & Spells #4))
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sitĂŽt /sito/ I. adv - SitĂŽt conjonction et prĂ©position se traduit le plus souvent par as soon as. Mais attention au choix du temps: sitĂŽt rentrĂ© de voyage (qu'il rentrera) = as soon as he gets back from his trip; (qu'il est rentrĂ©) = as soon as he got back from his trip; sitĂŽt la fin du mauvais temps (dans le passĂ©) = as soon as the bad weather had passed(dans l'avenir) = as soon as the bad weather has passed.I ‱ ~ aprĂšs (tout de suite) immediately after; (peu de temps) soon after ‱ elle est arrivĂ©e ~ aprĂšs | she arrived soon afterwards ‱ nous partirons ~ aprĂšs | we'll leave immediately afterwards ‱ je n'y retournerai pas de ~ | I won't go back there in a hurry (familier) II. conj, prĂ©p - SitĂŽt conjonction et prĂ©position se traduit le plus souvent par as soon as. Mais attention au choix du temps: sitĂŽt rentrĂ© de voyage (qu'il rentrera) = as soon as he gets back from his trip; (qu'il est rentrĂ©) = as soon as he got back from his trip; sitĂŽt la fin du mauvais temps (dans le passĂ©) = as soon as the bad weather had passed(dans l'avenir) = as soon as the bad weather has passed.II ‱ ~ que | as soon as ‱ ~ qu'ils arriveront, ~ leur arrivĂ©e | as soon as they come III. Idiome ‱ sitĂŽt dit, sitĂŽt fait† | no sooner said than done
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Synapse DĂ©veloppement (Oxford Hachette French - English Dictionary (French Edition))
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Faut croire qu'il a pas encore fini de se vider de son eau, Émile, ses yeux menacent de redĂ©border. Il pue la peur. Au collĂšge, le pire, c'est pas les cours ; c'est tout ce qu'il y a entre. La consistance mĂȘme du temps y est diffĂ©rente. Les rĂ©crĂ©s sont des Ă©ternitĂ©s. C'est pas qu'on s'y emmerde, non, non, l'ennui, ça a au moins quelque chose de moelleux, de presque confortable. Nous, on passe chaque seconde de chaque minute Ă  lutter contre la flippe du faux pas et Ă  faire semblant qu'on s'amuse.
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Christelle Dabos (Ici et seulement Ici)
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Chacun doit affronter seul la vieillesse. Il paraĂźt qu'on garde toujours une part de l'autre au fond de soi, mais plus le temps passe, plus j'ai l'impression du contraire. Nous sommes seuls. Nous venons seuls au monde et nous le quittons seuls, mĂȘme si nous vivons entourĂ©s d'amour, de dĂ©votion et de bienveillance. Le temps venu, dans les moments dĂ©cisifs oĂč nos chemins se sĂ©parent, nous sommes isolĂ©s, comme des insectes piĂ©gĂ©s dans le sable.
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Maria Ernestam (Busters öron)
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Le poĂšte, on le sait, mĂȘle le manque et l’excĂšs, le but et le passĂ©. D’oĂč l’insolvabilitĂ© de son poĂšme. Il est dans la malĂ©diction, c’est-Ă -dire qu’il assume de perpĂ©tuels et renaissants pĂ©rils, autant qu’il refuse, les yeux ouverts, ce que d’autres acceptent, les yeux fermĂ©s: le profit d’ĂȘtre poĂšte. Il ne saurait exister de poĂšme sans apprĂ©hension pas plus qu’il n’existe de poĂšmes sans provocation. Le poĂšte passe par tous les degrĂ©s solitaires d’une gloire collective dont il est, de bonne guerre, exclu. C’est la condition pour sentir et dire juste. Quand il parvient gĂ©nialement Ă  l'incandescence et Ă  l'inalterĂ© (...), il obtient le rĂ©sultat que l'on connaĂźt. Il ajoute de la noblesse Ă  son cas lorsqu'il est hĂ©sitant dans son diagnostic et le traitement des maux de l'homme de son temps, lorsqu'il formule des rĂ©serves sur la meilleure façon d'appliquer la connaissance et la justice dans le labyrinthe du politique et du social. Il doit accepter le risque que sa luciditĂ© soit jugĂ©e dangereuse. Le poĂšte est la partie de l'homme rĂ©fractaire aux projects calculĂ©s. Il peut ĂȘtre appelĂ© Ă  payer n'importe quel prix ce privilĂšge ou ce boulet. Il doit savoir que le mal vient toujours de plus loin qu'on ne croit, et ne meurt pas forcĂ©ment sur la barricade qu'on lui a choisie.
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René Char (Fureur et MystÚre)
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Dans les livres il y a des chapitres pour bien sĂ©parer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation Ă©volue, et mĂȘme parfois des parties avec des titres chargĂ©s de promesses, La rencontre, L’espoir, La chute, comme des tableaux. Mais dans la vie il n’y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, Ă©boulements frĂ©quents
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Delphine de Vigan (No et moi)
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Mais il faut le voir Ă  table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjuguĂ©. D'oĂč vient-elle donc cette crĂ©ature ? Pr les mots dans sa bouche, ces idĂ©es qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce dĂ©sir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet Ă©lan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ? Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible mĂ©tier de parents, donner Ă  cette gamine les moyens de son Ă©vasion. On a si peu de raison de se rĂ©jouir dans ces endroits qui n’ont ni la mĂšre ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout oĂč la soirĂ©e s’achĂšvent Ă  20 heures en semaine et dans les talus le week-end Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix Ă  sa place. Ils en sont rĂ©duits ça, faire confiance, croiser les doigts, espĂ©rer quils l'ont Ă©levĂ©e comme il faut et que ça suffira. L'adolescence est un assassinat prĂ©mĂ©ditĂ© de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git dĂ©jĂ  sur le bord du chemin. Il faut dĂ©sormais rĂ©inventer des rĂŽles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruositĂ©s et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses Ă©videntes, le rĂšgne indiscutĂ© des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances Ă  La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. Et puis il aimait bien aller Ă  l'hĂŽtel, dont elle rĂ©glait toujours la note. Il apprĂ©ciait la simplicitĂ© des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrĂȘme propretĂ© des serviettes de bain, le sol neutre et le tĂ©lĂ©viseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis prĂ©cis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi prĂ©cisĂ© sur un petit carton Ă  cĂŽtĂ© de la bouilloire, tout ce confort limitĂ© mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami, elle se disait ouais, les mecs de son espĂšce n'ont pas de rĂ©pit, soumis au travail, paumĂ©s dans leurs familles recomposĂ©es, sans mĂȘme assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goĂ»t du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. AprĂšs des siĂšcles de rĂšgne relatif, ces pauvres types semblaient bien gĂȘnĂ©s aux entournures tout Ă  coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillĂ© Ă  leur mesure. Leur nombre ne faisait rien Ă  l'affaire. Ils se sentaient acculĂ©s, passĂ©s de mode, fonciĂšrement inadĂ©quats, insultĂ©s par l'Ă©poque. Des hommes Ă©levĂ©s comme des hommes, basiques et fĂȘlĂ©s, une survivance au fond. Toute la journĂ©e il dirigeait 20 personnes, gĂ©rait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer Ă  la maison et demander cent fois Ă  Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employĂ©. Effectivement. Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dĂ©rida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvĂšrent. - T'aurais pu venir plus tĂŽt, dit GĂ©rard, aprĂšs avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle. Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tĂȘte dodelinant d'une Ă©paule Ă  l'autre. C'Ă©tait une concession bien suffisante et le pĂšre ne poussa pas plus loin son avantage. Pour motiver son petit frĂšre, Julien a l'idĂ©e d'un entraĂźnement spĂ©cial, qui dĂ©bute par un lavage de cerveau en rĂšgle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, KaratĂ© Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la mĂȘme chose : des acteurs torse nu et des sĂ©quences d'entraĂźnement qui transforment de parfaits losers en machines Ă  gagner.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Et alors nous pouvons dire qu’il y a un temps, le temps prĂ©cĂ©dent, oĂč vous n’étiez, saisis par la sensation ou par l’excitation, que le minimum de vous-mĂȘmes, le minimum de ce que vous pouvez ĂȘtre — le minimum de votre possibilitĂ©. Vous n’étiez, en somme, que le germe. Vous et la sensation Ă©tiez, en quelque sorte, la fĂ©condation d’un germe de vous-mĂȘmes, qui se dĂ©veloppe dans un temps suivant et qui va donner peu Ă  peu — je dis peu Ă  peu : ceci se passe Ă©videmment dans une fraction de seconde, peut-ĂȘtre dans un centiĂšme de seconde —, mais enfin, si j’agrandis l’échelle, eh bien, on peut penser que, peu Ă  peu, vous allez vous former capables de ce que d’autres, par la sensation, vous rĂ©vĂ©laient. Il y a un Ă©change, difficile Ă  exprimer, mais que vous comprenez, entre ces deux termes. En somme, le tĂ©moin qui dĂ©finira la sensibilitĂ© est ce tĂ©moin Ă©lĂ©mentaire, ce tĂ©moin diminuĂ©, ce tĂ©moin qui est trĂšs loin du personnage que nous croyons ĂȘtre quand nous nous sentons plus complets. Ce personnage est ce que peut ĂȘtre un instant : il est ce que peut ĂȘtre une durĂ©e de sensibilitĂ©, qui est naturellement trop brĂšve pour contenir tout ce que nous savons, toutes nos prĂ©tentions, toutes nos qualitĂ©s et toutes nos puissances, ou tous nos pouvoirs. Ainsi, ce moi, ce moi de sensibilitĂ©, est sans mĂ©moire, il n’est capable d’aucune opĂ©ration, il est purement fonctionnel, purement expĂ©dient.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Ce genre d’images me traversaient souvent l’esprit, interrompant mes ruminations du moment. Elles me rappelaient combien le temps passe, et m’inspiraient parfois une sorte de nostalgie – le dĂ©sir de revenir en arriĂšre et de tout recommencer.
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Barack Obama (Une terre promise (Documents))
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Il y a dans tout dĂ©but une surprise et une attente qui seront peut-ĂȘtre déçues mais qui donnent au temps qui passe sa couleur et sa vigueur.
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Jean d'Ormesson (C'est une chose Ă©trange Ă  la fin que le monde)
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Je peux me permettre d'Ă©crire les vĂ©ritĂ©s les plus risquĂ©es, on n'y verra jamais que des mĂ©taphores. Ça n'a rien d'Ă©tonnant: le pseudo-lecteur, bardĂ© dans son scaphandrier, passe en toute impermĂ©abilitĂ© Ă  travers mes phrases les plus sanglantes. De temps en temps, il s'exclame, ravi: "Quel joli symbole!" C'est ce qu'on appelle la lecture propre. Une invention merveilleuse, trĂšs agrĂ©able Ă  pratiquer au lit avant de s'endormir; ça calme et ça ne salit mĂȘme pas les draps.
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Amélie Nothomb (HygiÚne de l'assassin)
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Tout s'anéant, tout périt, tout passe; il n'y a que le monde qui reste. Il n'y a que le temps qui dure.
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Renaud Dillies (Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre (Abélard, #2))
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Quand le présent est douloureux et le futur macabre, il est évident que l'on cherche en nous le chemin du passé, que l'on s'immobilise la conscience à rebours du temps qui passe. Ne demandez pas aux vieillards de se réjouir de la nuit qui tombe.
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Perrine Tripier (Les guerres précieuses)
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Pourtant, et bien que je passe mon temps Ă  Ă©tablir de telles hiĂ©rarchies, bien que comme Limonov je ne puisse pas rencontrer un de mes semblables sans me demander plus ou moins consciemment si je suis au-dessus ou au-dessous de lui et en tirer soulagement ou mortification, je pense que cette idĂ©e ― je rĂ©pĂšte : « L’homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  un autre ne comprend pas la rĂ©alitĂ© » ― est le sommet de la sagesse et qu’une vie ne suffit pas Ă  s’en imprĂ©gner, Ă  la digĂ©rer, Ă  se l’incorporer, en sorte qu’elle cesse d’ĂȘtre une idĂ©e pour informer le regard et l’action en toutes circonstances. Faire ce livre, pour moi, est une façon bizarre d’y travailler.
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Emmanuel CarrĂšre
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On entend dire Ă  tout propos qu'il faut "ĂȘtre de notre temps" et que le fait de "regarder en arriĂšre" ou de "s'attarder" est une trahison Ă  l'Ă©gard de cet "impĂ©ratif catĂ©gorique" qu'est notre siĂšcle ; mais nul ne saurait jamais donner la moindre justification tant soit peu plausible de cette exigence grotesque. "Il n'y a pas de droit supĂ©rieur Ă  celui de la vĂ©ritĂ©", disent les Hindous ; et si deux et deux font quatre, ce n'est certes pas en fonction d'un temps quelconque. Tout ce qui se passe de nos jours fait partie de notre temps, y compris l'opposition Ă  celui-ci ; copier l'AntiquitĂ© faisait partie de la Renaissance et si, de nos jours, quelques-uns regardent vers le Moyen Age ou l'Orient, on est bien obligĂ© d'enregistrer le fait comme appartenant Ă  l'Ă©poque que nous vivons. C'est la nature des choses qui dĂ©cide en dĂ©finitive ce qu'est notre temps et ce qu'il n'est pas ; et ce n'est certes pas aux hommes de dĂ©cider ce qui a le droit d'ĂȘtre vrai et ce qui ne l'a pas.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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[...] j'ai songé alors que ce qui est violent, ce n'est pas le temps qui passe, c'est l'effacement des sentiments et des émotions. Comme s'ils n'avaient jamais existé.
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Laurence Tardieu (Un temps fou)
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Un exemple de symbolisme, Ă  premiĂšre vue arbitraire et excessif mais en fin de compte plausible, est le hadĂźth qui voue les peintres et les sculpteurs au fond de l’enfer. On objectera Ă©videmment que les arts plastiques sont naturels Ă  l’homme, qu’ils existent partout et qu’ils peuvent avoir une fonction sacrale, – c’est lĂ  mĂȘme leur raison d’ĂȘtre la plus profonde, – ce qui est vrai, mais passe Ă  cĂŽtĂ© de l’intention essentielle du hadĂźth. C’est-Ă -dire que le sens littĂ©ral de la sentence, par sa violence mĂȘme, reprĂ©sente une « guerre prĂ©ventive » contre l’abus ultime de l’intelligence humaine, Ă  savoir le naturalisme sous toutes ses formes : naturalisme artistique d’une part et naturalisme philosophique et scientiste d’autre part ; donc imitation exacte, extĂ©riorisante et « accidentalisante » des apparences, et recours Ă  la seule logique, Ă  la seule raison, coupĂ©e de ses racines. L’homme est homo sapiens et homo faber : il est un penseur et par lĂ  mĂȘme aussi un producteur, un artisan, un artiste ; or, il est une phase finale de ces dĂ©veloppements qui lui est interdite, – elle est prĂ©figurĂ©e par le fruit dĂ©fendu du Paradis, – une phase donc qu’il ne doit jamais atteindre, de mĂȘme que l’homme peut se faire roi ou empereur mais non pas Dieu ; en anathĂ©matisant les crĂ©ateurs d’images, le ProphĂšte entend prĂ©venir la subversion finale. Selon la conception musulmane, il n’y a qu’un seul pĂ©chĂ© qui mĂšne au fond de l’enfer, – c’est-Ă -dire qui ne sera jamais pardonnĂ© , – et c’est le fait d’associer d’autres divinitĂ©s au Dieu unique ; si l’Islam place les dits crĂ©ateurs dans la gĂ©henne, c’est qu’il semble assimiler fort paradoxalement les arts plastiques Ă  ce mĂȘme pĂ©chĂ© gravissime, et cette disproportion prouve prĂ©cisĂ©ment qu’il a en vu, non les arts dans leur Ă©tat normal, – bien qu’il les interdise assurĂ©ment, – mais la raison pour laquelle il les interdit ; Ă  savoir la subversion naturaliste dont les arts plastiques sont, pour la sensibilitĂ© sĂ©mitique, les symboles et les prĂ©figurations (1). Cet exemple, auquel nous nous sommes arrĂȘtĂ© un peu longuement, peut montrer comment les formulations excessives peuvent vĂ©hiculer des intentions d’autant plus profondes, ce qui nous ramĂšne une fois de plus au principe credo quia absurdum [je le crois parce que c'est absurde]. (1) En condamnant les images, l’Islam – bienheureusement « stĂ©rile » – refuse en mĂȘme temps le « culturisme » qui est la plaie de l’Occident, Ă  savoir les torrents de crĂ©ations artistiques et littĂ©raires, qui gonflent les Ăąmes et distraient de la « seule chose nĂ©cessaire ».
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Frithjof Schuon (Approches du phénomÚne religieux)
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La peinture et la sculpture se ressemblent dans le dĂ©sir qu'elles partagent de donner forme Ă  la rĂ©alitĂ© du monde : il faut fixer, sur le tendu de la toile, ou dans le charnu de la pierre, le mouvement ondoyant et multiple du temps qui passe et du monde qui bruit. Mais elles diffĂšrent en un point majeur : quand le peintre ajoute, le sculpteur retranche. [...] Il existe beaucoup d'Ă©crivains qui sont des peintres ; plus rares sont ceux qui s'apparentent Ă  des sculpteurs. Peintre, Ă©videmment, Victor Hugo : ses romans sont des fresques, ses poĂšmes, des tableaux. [...V]eut-il montrer un marin aux prises avec une bourrasque en Manche qu'il en fait une Iliade, trempĂ©e d'adjectifs sonores, Ă©claboussant tout de mĂ©taphores Ă©cumantes. [...] Sculpteur, ValĂ©ry [...]. Il noircit ses cahiers. Des bordĂ©es de lignes, tirĂ©es en rafales. [...] Et de ces traĂźnĂ©es d'encre, il extraira ses pĂ©pites [...]. Ainsi : « Le temps du monde fini commence. » A la fin, la phrase a jailli, ensemencĂ©e de tout ce qui n'a plus sa raison d'ĂȘtre, de toutes ces scories insignifiantes, vouĂ©es Ă  la corbeille. [...] Et le reste ne valait pas d'ĂȘtre gravĂ©. [...] Les peintres ajoutent de la substance [au] monde. Les sculpteurs retranchent, pour mieux donner.
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Frank Lanot (Éloge du temps perdu - à l usage de ceux qui aiment les livres et la lecture)
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Le dĂ©sastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n'est plus Évelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d'Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu'il est arrivĂ© chez Évelyne et Jacques. Le parent Ă©merveillĂ© fait circuler sur Internet des photos de famille miĂšvres, montre Ă  qui veut (et qui ne veut pas) des films vidĂ©o de son enfant prenant le bain ou dĂ©ballant des cadeaux de NoĂ«l. Il circule avec un badge « bĂ©bĂ© Ă  bord » sur la lunette arriĂšre de son auto : une sorte d'image pieuse des temps modernes, aussi utile qu'un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort. Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « Comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcĂ©ment de rĂ©ponse. Car le parent gaga se sent obligĂ© de tenir la terre entiĂšre au courant des progrĂšs fulgurants de sa progĂ©niture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « NoĂ© a dessinĂ© un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « Hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »).
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Corinne Maier (No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant)