La Terre Quotes

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Le monde est oval. On apprend l’eau par la soif, et la terre par le voyage en mer; la passion par les affres, et la paix par les rĂ©cits de guerre; l’amour par la mort, et les oiseaux par l’hiver.
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Emily Dickinson
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Lorsque l'esprit des hommes te paraßtra étroit, dis-toi que la terre de Dieu est vaste, et vastes Ses mains et Son coeur. N'hésite jamais à t'éloigner, au delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontiÚres, de toutes les patries, de toutes les croyances
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Amin Maalouf (Leo Africanus)
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I don't like either the word [hike] or the thing. People ought to saunter in the mountains - not 'hike!' Do you know the origin of that word saunter? It's a beautiful word. Away back in the middle ages people used to go on pilgrimages to the Holy Land, and when people in the villages through which they passed asked where they were going they would reply, 'A la sainte terre', 'To the Holy Land.' And so they became known as sainte-terre-ers or saunterers. Now these mountains are our Holy Land, and we ought to saunter through them reverently, not 'hike' through them.
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John Muir
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Le miracle c'est de marcher sur la terre.
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Thich Nhat Hanh
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Respecte la terre, et elle te respectera. Travaille-la, elle te le rendra au centuple.
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Mohammed Dib (L'incendie)
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LĂ©gislateurs, prĂȘtres, philosophes, Ă©crivains, savants se sont acharnĂ©s Ă  dĂ©montrer que la condition subordonnĂ©e de la femme Ă©tait voulue dans le ciel et profitable Ă  la terre.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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Des milliers et des milliers d'annĂ©es Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'Ă©ternitĂ© OĂč tu m'as embrassĂ© OĂč je t'ai embrassĂše Un matin dans la lumiĂšre de l'hiver Au parc Montsouris Ă  Paris A Paris Sur la terre La terre qui est un astre.
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Jacques Prévert
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Tout s’achùte : l’amour, l’art, la planùte Terre, vous, moi.
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Frédéric Beigbeder (99 francs)
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Tu dois aimer. Tu dois ressentir. C'est la raison pour laquelle tu es ici sur terre. Tu es ici pour mettre ton coeur en danger
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Louise Erdrich (The Painted Drum)
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La Terre est un gĂąteau plein de douceur.
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Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)
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Ariette III Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pĂ©nĂštre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'Ă©coeure. Quoi ! nulle trahison ? Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !
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Paul Verlaine (Romances sans paroles)
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In the desert of the heart, tears do not touch the ground. (Dans le désert du coeur, - Les larmes ne touchent la terre.)
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Charles de Leusse
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Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. C'est pour rejoindre le sauvage, l'écorché, le limpide. On écrit une langue simple. On ne fait aucune différence entre l'amour, la langue et le chant. Le chant c'est l'amour. L'amour c'est un fleuve. Il disparaßt parfois. Il s'enfonce dans la terre. Il poursuit son cours dans l'épaisseur d'une langue. Il réapparaßt ici ou là, invincible, inaltérable.
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Christian Bobin (La part manquante)
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Comprendre... Vous n'avez que ce mot-lĂ  Ă  la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher Ă  l'eau, Ă  la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles, Ă  la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout Ă  la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'Ă  ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tĂŽt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille [...]. Si je deviens vieille. Pas maintenant.
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Jean Anouilh (Antigone (The Theban Plays, #3))
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Paris, pareil à un pan de ciel étoilé tombé sur un coin de la terre noire, lui apparut sévÚre et comme fùché de son retour.
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Émile Zola (Le Ventre de Paris (Les Rougon-Macquart, #3))
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Si tu devais mourir, j'envierais jusqu'Ă  la terre qui Ă©pouserait ton corps!
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Albert Camus (L'État de Siùge)
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Trahi de toutes parts, accablĂ© d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre oĂč triomphent les vices ; Et chercher sur la terre un endroit Ă©cartĂ© OĂč d'ĂȘtre homme d'honneur, on ait la libertĂ©.
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MoliĂšre (The Misanthrope)
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Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés.
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Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
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Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien Ă  se dire, ils ne se parlent que de leurs peines Ă  eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Il y a sĂ»rement beaucoup de honte Ă  ĂȘtre heureux ., non pas Ă  la vue de certaines misĂšres mais lorsque le bonheur semble narguer .Ce dĂ©faut les Kabyles ne l'ont pas .Par pudeur le riche se cache pour bien manger et le pauvre pour avoir faim Ă  son aise.
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Mouloud Feraoun (La terre et le sang)
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Dix rĂȘves pour un marchombre : Se glisser derriĂšre l’ombre de la lune. RĂȘver le vent. Chevaucher la brume. DĂ©couvrir la frontiĂšre absolue. La franchir. D’une phrase, lier la Terre aux Ă©toiles. Danser sur ce lien. Capter la lumiĂšre. Vivre l’ombre. Tendre vers l’harmonie. Toujours.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Je ne suis pas plus moderne qu'ancien, pas plus Français que Chinois, et l'idĂ©e de la patrie c'est-Ă -dire l'obligation oĂč l'on est de vivre sur un coin de terre marquĂ© en rouge ou en bleu sur la carte et de dĂ©tester les autres coins en vert ou en noir m'a paru toujours Ă©troite, bornĂ©e et d'une stupiditĂ© fĂ©roce.
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Gustave Flaubert (Correspondance)
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Je n'ai jamais osĂ© ĂȘtre ce que je suis vraiment. Toujours enfermĂ©e dans ma bulle et dans ma tĂȘte, emprisonnĂ©e par mes Ă©motions. Je n'ai peut-ĂȘtre jamais su qui j'Ă©tais au fond. Je n'ai jamais pris ma place, car je n'ai jamais trop su oĂč elle Ă©tait. Mais ce que je sais, c'est que je n'arrĂȘterai jamais de la chercher. Et aujourd'hui, j'entrevois mon avenir de façon tout Ă  fait excitante, en pensant que, quoi qu'il arrive, ma place est celle que je dĂ©ciderai de prendre.
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India Desjardins (Les pieds sur terre (Le journal d'Aurélie Laflamme, #8))
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Comme elles tombent bien ! Dans ce trajet si court de la branche à la terre, Comme elles savent mettre une beauté derniÚre, Et, malgré leur terreur de pourrir sur le sol, Veulent que cette chute ait la grùce d'un vol !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Quelle que soit l'ampleur des dĂ©gĂąts, aucun cataclysme n'empĂȘchera la Terre de tourner.
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Yasmina Khadra (L'attentat)
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La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.
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Albert Camus (Les Justes)
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La marée baissait encore dans l'étrange mouvement du flux et reflux de l'eau, comme si un coeur immense au centre de la terre ne battait que deux fois par jour.
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Annie Proulx (The Shipping News)
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Etranger qui marches dans ma ville/ souviens-toi que la terre que tu foules/ est terre du poĂšte/ et la plus noble et la plus belle
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Anthony Phelps (Mon pays que voici)
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L'eau est vraiment l'élément transitoire. Il est la métamorphose ontologique essentielle entre le feu et la terre
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Gaston Bachelard (Water and Dreams: An Essay on the Imagination of Matter (The Bachelard Translations))
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La terre est plate. Je le sais parce qu'on m'a poussĂ© dans le vide et ça fait dix-sept ans que j'essaie de me cramponner au bord... C'est presque impossible de vaincre la pesanteur quand personne n'est prĂȘt Ă  te tendre la main.
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Tahereh Mafi (Shatter Me (Shatter Me, #1))
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ENIVREZ-VOUS Il faut ĂȘtre toujours ivre, tout est lĂ  ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos Ă©paules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trĂȘve. Mais de quoi? De vin, de poĂ©sie, ou de vertu Ă  votre guise, mais enivrez-vous! Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossĂ©, vous vous rĂ©veillez, l'ivresse dĂ©jĂ  diminuĂ©e ou disparue, demandez au vent, Ă  la vague, Ă  l'Ă©toile, Ă  l'oiseau, Ă  l'horloge; Ă  tout ce qui fuit, Ă  tout ce qui gĂ©mit, Ă  tout ce qui roule, Ă  tout ce qui chante, Ă  tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'Ă©toile, l'oiseau, l'horloge, vous rĂ©pondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas ĂȘtre les esclaves martyrisĂ©s du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poĂ©sie, de vertu, Ă  votre guise. (in Le Spleen de Paris)
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Charles Baudelaire (Paris Spleen)
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SAUNTERING, which word is beautifully derived "from idle people who roved about the country, in the Middle Ages, and asked charity, under pretense of going a la Sainte Terre," to the Holy Land, till the children exclaimed, "There goes a Sainte-Terrer," a Saunterer, a Holy-Lander.
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Henry David Thoreau (Walking)
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Je n'ai jamais grattĂ© la terre ni quĂȘtĂ© des nids, je n'ai pas herborisĂ© ni lancĂ© des pierres aux oiseaux. Mais les livres ont Ă©tĂ© mes oiseaux et mes nids, mes bĂȘtes domestiques, mon Ă©table et ma campagne.
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Jean-Paul Sartre (The Words: The Autobiography of Jean-Paul Sartre)
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Je devais un jour opter pour la littĂ©rature, qui me paraissait le dernier refuge, sur cette terre, de tous ceux qui ne savent pas oĂč se fourrer.
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Zadig dirigeait sa route sur les étoiles... Il admirait ces vastes globes de lumiÚre qui ne paraissent que de faibles étincelles à nos yeux, tandis que la terre, qui n'est en effet qu'un point imperceptible dans la nature, paraßt à notre cupidité quelque chose de si grand et de si noble. Il se figurait alors les hommes tels qu'ils sont en effet, des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue.
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Voltaire (Zadig et autres contes)
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Voyager, c'est vivre dans toute la plénitude du mot; c'est oublier le passé et l'avenir pour le présent; c'est respirer à pleine poitrine, jouir de tout, s'emparer de la création comme d'une chose qui est sienne, c'est chercher dans la terre des mines d'or que personne n'a fouillées, dans l'air des merveilles que personne n'a vues, c'est passer aprÚs la foule et ramasser sous l'herbe les perles et les diamants qu'elle a pris, ignorante et insoucieuse qu'elle est, pour des flocons de neige et des gouttes de rosée.
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Alexandre Dumas
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—Je porte dans mon coeur des villes innombrables et des dĂ©serts illimitĂ©s. Et le mal, le mal et la mort, Ă©tendus sur cette immensitĂ©, la couvrent comme la nuit couvre la terre. Je suis Ă  moi seul un univers de pensĂ©es mauvaises. Il parlait ainsi parce que le dĂ©sir de la femme Ă©tait en lui.
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Anatole France (ThaĂŻs)
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Aimer est la seule richesse qui croĂźt avec la prodigalitĂ©. Plus on donne et plus il vous reste. [...] Moins il reste de chacun, et plus il reste des deux [...] Je vivrai jusqu'au plus grand Ăąge, pour te donner ma mĂ©moire. J'aurai toujours patrie, terre, source, jardin et maison: Ă©clair de femme. Un mouvement de hanches, un vol de chevelure, quelques rides que nous aurons Ă©crites ensemble, et je saurai d'oĂč je suis.
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Romain Gary (Clair de femme)
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La terre nous en apprend plus sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle. (Terre des hommes)
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Antoine de Saint-Exupéry
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Chacun a son monde, le tout est de planter ses racines dans la terre qui nous convient.
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Marc Levy (Et si c'Ă©tait vrai...)
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L’Africain a Ă©tĂ© le premier homme sur la Terre, les autres races ne sont venues qu'aprĂšs. Tous les hommes sont donc des immigrĂ©s, sauf les Africains qui sont chez eux ici-bas.
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Alain Mabanckou (Black bazar)
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Un rideau de flocons blancs ininterrompu miroitait sans cesse en descendant vers la terre; il effaçait les formes, poudrait les choses d'une mousse de glace; et l'on n'entendait plus, dans le grand silence de la ville calme et ensevelie sous l'hiver, que ce froissement vague, innommable et flottant de la neige qui tombe, plutĂŽt sensation que bruit , entremĂȘlement d'atomes lĂ©gers qui semblaient emplir l'espace, couvrir le monde.
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Guy de Maupassant (Boule de Suif (21 contes))
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J’ai Ă©tĂ© enterrĂ© sous les morts ; mais, maintenant, je suis enterrĂ© sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre, qui veut me faire rentrer sous terre!
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Honoré de Balzac (Le Colonel Chabert)
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Seulement la terre qui obéit, sait bien qu'elle tourne en rond, tandis que nous vers l'infini nous précipitons. Translation: But the obedient Earth well knows that she moves round and round, whereas we hurtle down toward infinity.
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Rainer Maria Rilke (The Complete French Poems of Rainer Maria Rilke)
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notre logique est la suprĂȘme instance, si les arguments valables sur Terre peuvent ĂȘtre extrapolĂ©s Ă  l'univers tout entier.
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Hubert Reeves (La Plus Belle Histoire du Monde)
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Ce n’est pas possible d’éplucher des pommes de terre et de gratter des carottes en combinaison.
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Georges Simenon (Tout Simenon, Tome 1: La fenĂȘtre des Rouet / La fuite de Monsieur Monde / Trois Chambres Ă  Manhattan / Au bout du rouleau / La pipe de Maigret/Maigret se fĂąche / Maigret Ă  New-York / Lettre Ă  mon juge / Le destin des Malou)
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Comment oublier le monde? Peut-on chercher le bonheur quand tout parle de destruction? Le monde est jaloux, il vient vous prendre, il vient vous retrouver lĂ  oĂč vous ĂȘtes, au fond d'un ravin, il fait entendre sa rumeur de peur et de haine, il mĂȘle sa violence Ă  tout ce qui vous entoure, il transforme la lumiĂšre, la mer, le vent, mĂȘme les cris des oiseaux. Le monde est dans votre coeur alors, sa douleur vous rĂ©veille de votre rĂȘve et vous dĂ©couvrez que la terre mĂȘme oĂč vous avez voulu crĂ©er votre royaume vous expulse et vous jette Ă  la mer.
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J.M.G. Le Clézio
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On nous exhorte: 'Soyez femmes, restez femmes, devenez femmes.' Tout ĂȘtre humain femelle n'est donc pas nĂ©cessairament une femme; il lui faut participer Ă  cette rĂ©alitĂ© mystĂ©rieuse et menacĂ©e qu'est la fĂ©minitĂ©. (...) Celle-ci est-elle sĂ©crĂ©tĂ©e par les ovoires? Suffit-il d'un jupon Ă  frou-frou pour la faire descendre sur terre?
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi...
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force: tous les habitants, tous les nÚgres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lÚverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misÚre et planter la vie nouvelle.
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Jacques Roumain
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A bien calculer quand on songe, c'est peut-ĂȘtre ça L'EspĂ©rance ? Et l'avenir esthĂ©tique aussi ! Des guerres qu'on saura plus pourquoi !... De plus en plus formidables ! Qui laisseront plus personne tranquille !... que tout le monde en crĂšvera... deviendra des hĂ©ros sur place... et poussiĂšre par-dessus le marchĂ© !... Qu'on dĂ©barrassera la Terre... Qu'on a jamais servi Ă  rien... Le nettoyage par l'IdĂ©e...
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Mea culpa: Un pamphlet politico)
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Je l’ai dit ailleurs, et je le rĂ©pĂšte ici : quand on enferme la vĂ©ritĂ© sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour oĂč elle Ă©clate, elle fait tout sauter avec elle.
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Émile Zola
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La terre est bleue La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus Ă  chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vĂȘtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guĂȘpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenĂȘtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beautĂ©.
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Paul Éluard (Love, Poetry (Translation))
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Le pauvre finit toujours par comprendre que la pauvretĂ© n'est pas un vice .Ce n'est pas un vice mais un Ă©tat qu'il faut remplir,tout comme un autre.Il a ses rĂšgles qu'il faut accepter et ses lois auxquelles il faut obĂ©ir pour ne pas ĂȘtre un mauvais pauvre.
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Mouloud Feraoun (La terre et le sang)
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On offre des fleurs parce que dans les fleurs se trouve le sens de l'Amour. Celui qui tente de posséder une fleur verra sa beauté se flétrir. Mais celui qui regarde simplement une fleur dans un champ la gardera pour toujours. Parce qu'elle va avec l'aprÚs-midi, le coucher du soleil, l'odeur de terre mouillée et les nuages sur l'horizon.
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Paulo Coelho (Brida)
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je finirai bien par te rencontrer quelque part bon dieu! et contre tout ce qui me rend absent et douloureux par le mince regard qui me reste au fond du froid j'affirme ĂŽ mon amour que tu existes je corrige notre vie nous n'irons plus mourir de langueur Ă  des milles de distance dans nos rĂȘves bourrasques des filets de sang dans la soif craquelĂ©e de nos lĂšvres les Ă©paules baignĂ©es de vols de mouettes non j'irai te chercher nous vivrons sur la terre la dĂ©tresse n'est pas incurable qui fait de moi une Ă©pave de dĂ©rision, un ballon d'indĂ©cence un pitre aux larmes d'Ă©tincelles et de lĂ©sions profondes frappe l'air et le feu de mes soifs coule-moi dans tes mains de ciel de soie la tĂȘte la premiĂšre pour ne plus revenir
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Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
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Je ne me rendais pas compte que c’était justement parce qu’elle m’avait tant Ă©levĂ©e que je pouvais maintenant la regarder de haut.
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Caroline Dawson (LĂ  oĂč je me terre)
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La verite pour l'homme, c'est ce qui fait de lui un homme.
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Antoine de Saint-Exupéry (Terre des Hommes)
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Temperee, riante, (comme le sont celles d'automne dans la tres gracieuse ville de Buenos Aires) resplendissait la matinee de ce 28 avril: dix heures venait de sonner aux horloges et, a cet instant, eveillee, gesticulant sous le soleil matinal, la Grande Capitale du Sud etait un epi d'hommes qui se disputaient a grands cris la possession du jour et de la terre.
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Leopoldo Marechal (AdĂĄn Buenosayres)
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Quand nous prendrons conscience de notre rĂŽle, mĂȘme le plus effacĂ©, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix, car ce qui donne un sens Ă  la vie donne un sens Ă  la mort. (Terre des Hommes, ch. VIII)
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Antoine de Saint-Exupéry
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Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mƓurs, une damnation sociale crĂ©ant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalitĂ© humaine la destinĂ©e qui est divine; tant que les trois problĂšmes du siĂšcle, la dĂ©gradation de l’homme par le prolĂ©tariat, la dĂ©chĂ©ance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas rĂ©solus; tant que, dans de certaines rĂ©gions, l’asphyxie sociale sera possible; en d’autres termes, et Ă  un point de vue plus Ă©tendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misĂšre, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas ĂȘtre inutiles.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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PremiĂšre catastrophe inĂ©luctable : la Terre va mourir. DeuxiĂšme certitude absolue : je vais mourir aussi. La question du jour est : qui disparaĂźtra le premier ? La Terre ou moi ? Je prĂ©fĂšrerais la Terre, car cela reviendrait au mĂȘme pour moi. Quitte Ă  crever, autant que ce soit en mĂȘme temps que les autres. J'espĂšre la fin du monde, par narcissisme. Peut ĂȘtre tous les hommes sont-ils comme moi cela expliquerait pourquoi ils cherchent par tous les moyens Ă  dĂ©clencher l'Apocalypse : pour ne pas mourir seuls.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ÉgoĂŻste romantique)
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Elle aura donc menti jusqu'au bout! OĂč est-elle! Pas lĂ ... pas au ciel... pas anĂ©antie...oĂč? Oh! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une priĂšre... je la rĂ©pĂšte jusqu'Ă  ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais! Tu dis que je t'ai tuĂ©e, hante-moi alors! Les victimes hantent leurs meurtrier, je crois. Je sais que des fantĂŽmes ont errĂ© sur la terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abĂźme oĂč je ne puis te trouver. Oh! Dieu! c'est indicible! je ne peux pas vivre sans ma vie! je ne peux pas vivre sans mon Ăąme!
”
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Emily Brontë (Wuthering Heights)
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Gavroche had fallen only to rise again; he remained in a sitting posture, a long thread of blood streaked his face, he raised both arms in the air, glanced in the direction whence the shot had come, and began to sing: "Je suis tombe par terre, "I have fallen to the earth, C'est la faute a Voltaire; 'Tis the fault of Voltaire; Le nez dans le ruisseau, With my nose in the gutter, C'est la faute a . . . " 'Tis the fault of . . . " He did not finish. A second bullet from the same marksman stopped him short. This time he fell face downward on the pavement, and moved no more. This grand little soul had taken its flight.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Vu d'ici, on se rend bien compte que l'humanité n'a rien d'indispensable au fonctionnement de cette planÚte. Nous sommes éphémÚres, la végétation est persistante. On peut brûler l'herbe qui pousse sous nos pieds, elle repoussera toujours derriÚre nous. Nous sommes les touristes de luxe de l'évolution, les simples passagers d'une époque. Nous avons visité la Terre, nous l'avons magnifiée et dévastée, nous allons repartir. (p. 257)
”
”
Julien Blanc-Gras (Touriste)
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L'image la plus simple de la vie organique unie à la rotation est la marée. Du mouvement de la mer, coït uniforme de la terre avec la lune, procÚde le coït polymorphe et organique de la terre et du soleil. Mais la premiÚre forme de l'amour solaire est un nuage qui s'élÚve au-dessus de l'élément liquide. Le nuage érotique devient parfois orage et reombe vers la terre sous forme de pluie pendant que la foudre défonce les couches de l'atmosphÚre. La pluie se redresse aussitÎt sous forme de plante immobile. La vie animale est entiÚrement issue du mouvement des mers et, à l'intérieur des corps, la vie continue à sortir de l'eau salée. La mer a jouée ainsi le rÎle de l'organe femelle qui devient liquide sous l'excitation. La mer se branle continuellement. Les éléments solides contenus et brassés par l'eau animée d'un mouvemnet érotique en jaillissent sous forme de poissons volants.
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Georges Bataille (The Solar Anus)
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La masse des hommes sert l'État de la sorte, pas en tant qu'hommes, mais comme des machines, avec leurs corps. Ils forment l'armĂ©e de mĂ©tier, ainsi que la milice, les geĂŽliers, policiers, posse comitatus, etc. Dans la plupart des cas, il n'existe aucun libre exercice du jugement ou du sens moral ; mais ils se mettent au niveau du bois, de la terre et des pierres ; et l'on pourrait rĂ©aliser des hommes de bois qui rempliraient aussi bien cette fonction.
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”
Henry David Thoreau
“
Dans la plaine rase, sous la nuit sans Ă©toiles, d'une obscuritĂ© et d'une Ă©paisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes Ă  Montsou, dix kilomĂštres de pavĂ© coupant tout droit, Ă  travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait mĂȘme pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacĂ©es d'avoir balayĂ© des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavĂ© se dĂ©roulait avec la rectitude d'une jetĂ©e, au milieu de l'embrun aveuglant des tĂ©nĂšbres.
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”
Émile Zola (Germinal)
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Je voulus cent fois me tuer, mais j'aimais encore la vie. Cette faiblesse ridicule est peut-ĂȘtre un de nos penchants les plus funestes : car y a-t-il rien de plus sot que de vouloir porter continuellement un fardeau qu'on veut toujours jeter par terre ? D'avoir son ĂȘtre en horreur, et de tenir Ă  son ĂȘtre ? Enfin de caresser le serpent qui nous dĂ©vore, jusqu'Ă  ce qu'il nous ait mangĂ© le cƓur ?
”
”
Voltaire (Candide)
“
Etre homme, c'est prĂ©cisĂ©ment ĂȘtre responsable. C'est connaĂźtre la honte en face d'une misĂšre qui ne semblait pas dĂ©pendre de soi. C'est ĂȘtre fier d'une victoire que les camarades ont remportĂ©e. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue Ă  batir le monde. On veut confondre de tels hommes avec les torĂ©adors ou les joueurs. On vante leur mĂ©pris de la mort. Mais je me moque bien du mĂ©pris de la mort. S'il ne tire pas ses racines d'une responsabilitĂ© accceptĂ©e, il n'est que signe de pauvretĂ© ou d'excĂšs de jeunesse. (Terre des Hommes, ch. II)
”
”
Antoine de Saint-Exupéry
“
Peut-ĂȘtre faudra-t-il que quelqu’un ose leur apprendre Ă  regarder la dĂ©faite dans les yeux, ose leur expliquer que pour se relever il faut d’abord admettre qu’on est Ă  terre. Peut-ĂȘtre faudra-t-il que quelqu’un leur dise la vĂ©ritĂ© un jour.
”
”
Amin Maalouf (Leo Africanus)
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Vouloir 'contrĂŽler la nature' est une arrogante prĂ©tention, nĂ©e d'une biologie et d'une philosophie qui en sont encore Ă  l'Ăąge de NĂ©andertal, oĂč l'on pouvait croire la nature destinĂ©e Ă  satisfaire le bon plaisir de l'homme. Les concepts et les pratiques de l'entomologie appliquĂ©e reflĂštent cet Ăąge de pierre de la science. Le malheur est qu'une si primitive pensĂ©e dispose actuellement des moyens d'action les plus puissants, et que, en orientant ses armes contre les insectes, elle les pointe aussi contre la terre.
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Rachel Carson (Silent Spring)
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Ressaisis-toi, bonhomme. Il n'y a q'un seul dieu sur terre, et c'est toi. Si le monde ne te convient pas, réinventes-en un autre, et ne laisse aucun chagrin te faire descendre de ton nuage. La vie sourit toujours à celui qui sait lui rendre la monnaie de sa piÚce.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lÚvent la main. Personne n'a levé la main. Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n'arrive qu'une fois. J'ai eu deux fins du monde.
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Jean-Louis Fournier (Where We Going, Daddy? Life with Two Sons Unlike Any Other)
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Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en prÚs de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
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Jean-Paul Didierlaurent (Le Liseur du 6h27)
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Si votre pensĂ©e s’élance dans l’espace et dans le temps ; si elle embrasse l’infinie simultanĂ©itĂ© des faits qui se passent sur toute la surface de la terre, qui n’est qu’une planĂšte tournant autour du soleil, – qui n’est lui-mĂȘme qu’un centre particulier au milieu de l’espace ; si vous songez que cet infini simultanĂ© n’est qu’un instant de l’éternitĂ©, qui est un autre infini, que tout cela vous apparaĂźt diffĂ©remment, suivant le point de vue oĂč vous vous placez, et qu’il y en a une infinitĂ© de points de vue ; si vous songez que la raison de tout cela, l’essence de toutes ces choses vous est inconnue, et si vous agitez dans votre esprit ces Ă©ternels problĂšmes, qu’est-ce que tout cela ? que suis-je moi-mĂȘme au milieu de cet infini?
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Pierre Loti (Aziyadé : suivi de FantÎme d'Orient)
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Terre en vacance d'oeuvres d'art. Je méprise ceux qui ne savent reconnaßtre la beauté que transcrite déjà et toute interprétée. Le peuple arabe a ceci d'admirable que, son art, il le vit, il le chante et le dissipe au jour le jour; il ne le fixe point et ne l'embaume en aucune oeuvre. C'est la cause et l'effet de l'absence de grands artistes. J'ai toujours cru les grands artistes ceux qui osent donner droit de beauté à des choses si naturelles qu'elles font dire aprÚs à qui les voit : 'Comment n'avais-je pas compris jusqu'alors que cela était aussi beau?...
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André Gide (The Immoralist)
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La mort n'est d'aucune consolation, et si tant est qu'on puisse en trouver une, c'est au cours de la vie. Et pourtant, rien n'est aussi mĂ©sestimĂ© que l'existence. Vous maudissez les lundis, la tempĂȘte, vos voisins, vous maudissez les mardis, le travail, l'hiver et cela s'Ă©vanouira en une fraction de seconde. Tout ce foisonnement sera rĂ©duit Ă  nĂ©ant et remplacĂ© par l'indigence de la mort. Que ce soit dans la veille ou dans le sommeil, vous pensez Ă  des choses insignifiantes, et qui sont Ă  mille lieues de l'essence. Combien de temps vit un ĂȘtre humain en fin de compte, combien connaĂźt-il d'heures limpides, combien de fois existe-t-il avec la mĂȘme intensitĂ© que le courant Ă©lectrique au point d'illuminer le monde ? L'oiseau chante, le ver se tourne au creux de la terre afin que la vie n'Ă©touffe pas mais, vous, vous maudissez les lundis, vous maudissez les mardis, le nombre des opportunitĂ©s qui s'offrent Ă  vous diminue et cela rejaillit sur le scintillement argentĂ© qui vous habite. (p. 156-157)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Harmur englanna)
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L'Avion est une machine sans doute, mais quel instrument d'analyse! Cet instrument nous a fait découvrir le vrai visage de la terre. Les routes, en effet, durant des siÚcles, nous ont trompés. Nous ressemblions à cette souveraine qui désira visiter ses sujets et connaßtre s'ils se réjouissaient de son rÚgne. Ses courtisans, afin de l'abuser, dressÚrent sur son chemin quelques heureux décors et payÚrent des figurants pour y danser. Hors du mince fil conducteur, elle n'entrevit rien de son royaume, et ne sut point qu'au large des campagnes ceux qui mourraient de faim la maudissaient. (Terre des Hommes, ch. IV)
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Antoine de Saint-Exupéry
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Maintenant tu n'as plus de refuges. Tu as peur, tu attends que tout s'arrĂȘte, la pluie, les heures, le flot des voitures, la vie, les hommes, le monde, que tout s'Ă©croule, les murailles, les tours, les planchers et les plafonds; que les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants, les chiens, les chevaux, les oiseaux, un Ă  un, tombent Ă  terre, paralysĂ©s, pestifĂ©rĂ©s, Ă©pileptiques; que le marbre s'effrite, que le bois se pulvĂ©rise, que les maisons s'abattent en silence, que les pluies diluviennes dissolvent les peintures, disjoignent les chevilles des armoires centenaires, dĂ©chiquettent les tissus, fassent fondre l'encre des journaux; q'un feu sans flammes ronge les marches des escaliers; que les rues s'effondrent en leur exact milieu, dĂ©couvrant le labyrinthe bĂ©ant des Ă©gouts; que la rouille et la brume envahissent la ville.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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Je cherchais une Ăąme qui et me ressemblĂąt, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persĂ©vĂ©rance Ă©tait inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvĂąt mon caractĂšre; il fallait quelqu’un qui eĂ»t les mĂȘmes idĂ©es que moi. C’était le matin; le soleil se leva Ă  l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilĂ  qu’à mes yeux se lĂšve aussi un jeune homme, dont la prĂ©sence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. BĂ©nissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelĂ©: je n’ai pas besoin de ton amitiĂ©." C’était le soir; la nuit commençait Ă  Ă©tendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, Ă©tendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumiĂšre des Ă©toiles n’est pas assez forte, pour les Ă©clairer Ă  cette distance." Alors, avec une dĂ©marche modeste, et les yeux baissĂ©s, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon cĂŽtĂ©. DĂšs que je la vis: "Je vois que la bontĂ© et la justice ont fait rĂ©sidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beautĂ©, qui a bouleversĂ© plus d’une; mais, tĂŽt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacrĂ© ton amour; car, tu ne connais pas mon Ăąme. Non que je te sois jamais infidĂšle: celle qui se livre Ă  moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre Ă  elle; mais, mets-le dans ta tĂȘte, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, Ă  moi, qui rejetais, avec tant de dĂ©goĂ»t, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanitĂ©!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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The careful observations and the acute reasonings of the Italian geologists of the seventeenth and eighteenth centuries; the speculations of Leibnitz in the 'Protogaea' and of Buffon in his 'Théorie de la Terre;' the sober and profound reasonings of Hutton, in the latter part of the eighteenth century; all these tended to show that the fabric of the earth itself implied the continuance of processes of natural causation for a period of time as great, in relation to human history, as the distances of the heavenly bodies from us are, in relation to terrestrial standards of measurement. The abyss of time began to loom as large as the abyss of space. And this revelation to sight and touch, of a link here and a link there of a practically infinite chain of natural causes and effects, prepared the way, as perhaps nothing else has done, for the modern form of the ancient theory of evolution.
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Thomas Henry Huxley (Advance of Science in the Last Half-Century, The)
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C'est seulement Ă  partir de ce moment que je commençai Ă  comprendre (ce que taisent la plupart du temps les Ă©crivains) que les malades, les estropiĂ©s, les gens laids, fanĂ©s, flĂ©tris, les ĂȘtres physiquement infĂ©rieurs aiment au contraire avec plus de passion et de violence, que les gens heureux et bien portants ; ils aiment d'un amour fanatique, sombre, aucune passion sur terre n'est plus violente et avide que celle de ces dĂ©sespĂ©rĂ©s, de ces bĂątards de Dieu qui ne trouvent que dans l'amour d'autrui et pour autrui leur raison de vivre. Le fait que c'est prĂ©cisĂ©ment de l'abĂźme le plus profond de la dĂ©tresse que s'Ă©lĂšve le plus furieusement le cri panique du dĂ©sir de vivre, ce terrible secret, jamais, dans mon inexpĂ©rience, je ne l'avais soupçonnĂ©. Et c'est seulement en cette minute qu'il avait pĂ©nĂ©trĂ© en moi comme un fer brĂ»lant.
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Stefan Zweig (Beware of Pity)
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Il n’y a pas des droits de l’homme pour l’Europe, et d’autres droits de l’homme pour l’Afrique,l’Asie, ou pour le monde musulman. Aucun peuple sur terre n’est fait pour l’esclavage, pour la tyrannie, pour l’arbitraire,pour l’ignorance, pour l’obscurantisme, ni pour l’asservissement des femmes. Chaque fois que l’on nĂ©glige cette vĂ©ritĂ© de base, on trahit l’humanitĂ©, et on se trahit soi-mĂȘme.
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Amine Maalouf
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Pourquoi nous haĂŻr? Nous sommes solidaires, emportĂ©s par la mĂȘme planĂȘte, Ă©quipage d'un mĂȘme navire. Et s'il est bon que des civilisations s'opposent pour favoriser des synthĂšses nouvelles, il est monstrueux qu'elles s'entre-dĂ©vorent. Puisqu'il suffit, pour nous dĂ©livrer, de nous aider Ă  prendre conscience d'un but qui nous relie les uns aux autres, autant le chercher lĂ  oĂč il nous unit tous. (Terre des Hommes, ch. VIII)
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Antoine de Saint-Exupéry
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But, you will say, what a dreadful person you are, with your impossible religious notions and idiotic scruples. If my ideas are impossible or idiotic then I would like nothing better than to be rid of them. But this is roughly the way I actually see things. In Le philosophe sous les toits by Souvestre you can read what a man of the people, a simple craftsman, pitiful if you will, thinks of his country: ‘Tu n’as peut-ĂȘtre jamais pensĂ© ĂĄ ce que c’est la patrie, reprit-il, en me posant une main sur l’épaule; c’est tout ce qui t’entoure, tout ce qui t’a Ă©levĂ© et nourri, tout ce que tu as aimĂ©. Cette campagne que tu vois, ces maisons, ces arbres, ces jeunes filles qui passent lĂĄ en riant, c’est la patrie! Les lois qui te protĂ©gent, le pain qui paye ton travail, les paroles que tu Ă©changes, la joie et la tristesse qui te viennent des hommes et des choses parmi lesquels tu vis, c’est la patrie! La petite chambre oĂș tu as autrefois vu ta mere, les souvenirs qu’elle t’a laisses, la terre oĂș elle repose, c’est la patrie! Tu la vois, tu la respires partout! Figure toi, tes droits et tes devoirs, tes affections et tes besoins, tes souvenirs et ta reconnaissance, rĂ©unis tout ça sous un seul nom et ce nom sera la patrie.
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Vincent van Gogh
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Io so cosa vuol dire essere felice nella vita e la bontĂ  dell'esistenza, il gusto dell'ora che passa e delle cose che si hanno intorno, pur senza muoversi, la bontĂ  di amarle, le cose, fumando, e una donna in esse. Conosco la gioia di un pomeriggio d'estate a leggere un libro d'avventure cannibalesche seminudo in una chaiselongue davanti a una casa di collina che guardi il mare. E molte altre gioie insieme; di stare in un giardino in agguato e ascoltare che il vento muove le foglie appena (le piĂč alte) di un albero; o in una sabbia sentirsi screpolate e crollare infinita esistenza di sabbia; o nel mondo popolato di galli levarsi prima dell'alba e nuotare, solo in tutta l'acqua del mondo, presso a una spiaggia rosa. E io non so cosa passa sul mio volto in quelle mie felicitĂ , quando sento che si sta cosĂŹ bene a vivere: non so se una dolcezza assonnata o piuttosto sorriso. Ma quanto desiderio d'avere cose! Non soltanto mare o soltanto sole e non soltanto una donna e il cuore di lei sotto le labbra. Terre anche! Isole! Ecco: io posso trovarmi nella mia calma, al sicuro, nella mia stanza dove la finestra Ăš rimasta tutta la notte spalancata e d'improvviso svegliarmi al rumore del primo tram mattutino; Ăš nulla un tram: un carrozzone che rotola, ma il mondo Ăš deserto attorno e in quell'aria creata appena, tutto Ăš diverso da ieri, ignoto a me, e una nuova terra m'assale.
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Elio Vittorini
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Parce que c'est ma mĂšre, elle qui a sacrifiĂ© chacun de ses jours et plusieurs de ses nuits pour me voir libĂ©rĂ©e des servilitĂ©s et soumissions qui Ă©taient les siennes, qui a souahaitĂ© le plus ma rĂ©ussite. Parce qu'elle a priĂ© la vierge Marie Ă  genoux dans toutes les chapelles pour que j'Ă©chappe aux fatalitĂ©s du destin social. Parce que mĂȘme si je me contruisais contre elle en embrassant les codes qui l'excluent, j'ai produit sa fiertĂ©. Parce que la trahison que l'ascension suppose Ă©tait non seulement attendue mais espĂ©rĂ©e.
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Caroline Dawson (LĂ  oĂč je me terre)
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Konstantin Tsiolkovsky in Russia, Hermann Olberth in Germany, and Robert Goddard in the United States all came up with an eerily similar concept for using liquid fuel to power rockets for human spaceflight. I've seen this pointed out as an odd coincidence, one of those moments when an idea inexplicably emerges in multiple places at once. But when I read through each of these three men's biographies I discovered why they all had the same idea: all three of them were obsessed with Jules Verne's 1865 novel "De la terre a la lune (From the Earth to the Moon)." The novel details the strange adventures of three space explorers who travel to the moon together. What sets Verne's book apart from the other speculative fiction of the time was his careful attention to the physics involved in space travel -- his characters take pains to explain to each other exactly how and why each concept would work. All three real-life scientists -- the Russian, the German, and the American -- were following what they had learned from a French science fiction writer.
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Margaret Lazarus Dean (Leaving Orbit: Notes from the Last Days of American Spaceflight)
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J’écris donc d’ici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crĂąne rasĂ©e, celles qui ne savent pas s’habiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savent pas s’y prendre, celles Ă  qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient n’importe qui voulant bien d’elles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes Ă  chatte toujours sĂšche, celles qui ont un gros bides, celles qui voudraient ĂȘtre des hommes, celles qui se prennent pour des hommes, celles qui rĂȘvent de faire hardeuses, celles qui n’en ont rien Ă  foutre des mecs mais que leurs copines intĂ©ressent, celles qui ont un gros cul, celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se faire Ă©piler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui cassent tout sur leur passage, celles qui n’aiment pas les parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des chaudasses mais qui en crĂšvent d’envie, celles qui veulent porter des fringues d’hommes et la barbe dans la rue, celles qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles qu’on enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font pitiĂ©, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau flasque, des rides plein la face, celles qui rĂȘvent de se faire lifter, liposucer, pĂ©ter le nez pour le refaire mais qui n’ont pas l’argent pour le faire, celles qui ne ressemblent Ă  rien, celles qui ne comptent que sur elles-mĂȘmes pour se protĂ©ger, celles qui ne savent pas ĂȘtre rassurantes, celles qui s’en foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusqu’à se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se tenir.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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I have met with but one or two persons in the course of my life who understood the art of Walking, that is, of taking walks, who had a genius, so to speak, for sauntering; which word is beautifully derived "from idle people who roved about the country, in the middle ages, and asked charity, under pretence of going à la sainte terre" — to the holy land, till the children exclaimed, "There goes a sainte-terrer", a saunterer — a holy-lander. They who never go to the holy land in their walks, as they pretend, are indeed mere idlers and vagabonds, but they who do go there are saunterers in the good sense, such as I mean. Some, however, would derive the word from sans terre, without land or a home, which, therefore, in the good sense, will mean, having no particular home, but equally at home everywhere. For this is the secret of successful sauntering. He who sits still in a house all the time may be the greatest vagrant of all, but the Saunterer, in the good sense, is no more vagrant than the meandering river, which is all the while sedulously seeking the shortest course to the sea. But I prefer the first, which indeed is the most probable derivation. For every walk is a sort of crusade, preached by some Peter the Hermit (1) in us, to go forth and reconquer this holy land from the hands of the Infidels.
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Henry David Thoreau
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LA ROSE ET LE RESADA Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle PrisonniĂšre des soldats Lequel montait Ă  l'Ă©chelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clartĂ© sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dĂ©robĂąt Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux Ă©taient fidĂšles Des lĂšvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blĂ©s sont sous la grĂȘle Fou qui fait le dĂ©licat Fou qui songe Ă  ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gĂšle Lequel prĂ©fĂšre les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie Ă  trĂ©pas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas RĂ©pĂ©tant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle MĂȘme couleur mĂȘme Ă©clat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mĂȘle À la terre qu'il aima Pour qu'Ă  la saison nouvelle MĂ»risse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flĂ»te ou violoncelle Le double amour qui brĂ»la L'alouette et l'hirondelle La rose et le rĂ©sĂ©da
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Louis Aragon
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Avez-vous remarquĂ© que la mort seule rĂ©veille nos sentiments? Comme nous aimons les amis qui viennent de nous quitter, n’est-ce pas? Comme nous admirons ceux de nos maĂźtres qui ne parlent plus, la bouche pleine de terre! L’hommage vient alors tout naturellement, cet hommage que, peut-ĂȘtre, ils avaient attendu de nous toute leur vie. Mais savez-vous pourquoi nous sommes toujours plus justes et plus gĂ©nĂ©reux avec les morts? La raison est simple ! Avec eux, il n’y a pas d’obligation. Ils nous laissent libres, nous pouvons prendre notre temps, caser l’hommage entre le cocktail et une gentille maĂźtresse, Ă  temps perdu, en somme. S’ils nous obligeaient Ă  quelque chose, ce serait Ă  la mĂ©moire, et nous avons la mĂ©moire courte. Non, c’est le mort frais que nous aimons chez nos amis, le mort douloureux, notre Ă©motion, nous-mĂȘmes enfin!
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Albert Camus (The Fall)
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L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. Ce n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignité, mais c'est du rÚglement de ma pensée. Je n'aurai pas d'avantage en possédant des terres : par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point; par la pensée, je le comprends.
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Blaise Pascal
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victor hugo, Les Contemplations, Mors Je vis cette faucheuse. Elle Ă©tait dans son champ. Elle allait Ă  grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crĂ©puscule. Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en dĂ©sert Babylone, Le trĂŽne en Ă©chafaud et l'Ă©chafaud en trĂŽne, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit ĂȘtre. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre ? - Ce n'Ă©tait qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples Ă©perdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout Ă©tait sous ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes.
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Victor Hugo
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L'isolement Souvent sur la montagne, Ă  l'ombre du vieux chĂȘne, Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ; Je promĂšne au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se dĂ©roule Ă  mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues Ă©cumantes ; Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ; LĂ  le lac immobile Ă©tend ses eaux dormantes OĂč l'Ă©toile du soir se lĂšve dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnĂ©s de bois sombres, Le crĂ©puscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit dĂ©jĂ  les bords de l'horizon. Cependant, s'Ă©lançant de la flĂšche gothique, Un son religieux se rĂ©pand dans les airs : Le voyageur s'arrĂȘte, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mĂȘle de saints concerts. Mais Ă  ces doux tableaux mon Ăąme indiffĂ©rente N'Ă©prouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante Le soleil des vivants n'Ă©chauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud Ă  l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense Ă©tendue, Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumiĂšres, Vains objets dont pour moi le charme est envolĂ© ? Fleuves, rochers, forĂȘts, solitudes si chĂšres, Un seul ĂȘtre vous manque, et tout est dĂ©peuplĂ© ! Que le tour du soleil ou commence ou s'achĂšve, D'un oeil indiffĂ©rent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lĂšve, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carriĂšre, Mes yeux verraient partout le vide et les dĂ©serts : Je ne dĂ©sire rien de tout ce qu'il Ă©claire; Je ne demande rien Ă  l'immense univers. Mais peut-ĂȘtre au-delĂ  des bornes de sa sphĂšre, Lieux oĂč le vrai soleil Ă©claire d'autres cieux, Si je pouvais laisser ma dĂ©pouille Ă  la terre, Ce que j'ai tant rĂȘvĂ© paraĂźtrait Ă  mes yeux ! LĂ , je m'enivrerais Ă  la source oĂč j'aspire ; LĂ , je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idĂ©al que toute Ăąme dĂ©sire, Et qui n'a pas de nom au terrestre sĂ©jour ! Que ne puĂźs-je, portĂ© sur le char de l'Aurore, Vague objet de mes voeux, m'Ă©lancer jusqu'Ă  toi ! Sur la terre d'exil pourquoi restĂ©-je encore ? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand lĂ  feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'Ă©lĂšve et l'arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable Ă  la feuille flĂ©trie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
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Alphonse de Lamartine (Antologija francuskog pjesniĆĄtva)
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J’ai arpentĂ© les galeries sans fin des grandes bibliothĂšque, les rues de cette ville qui fĂ»t la nĂŽtre, celle oĂč nous partagions presque tous nos souvenirs depuis l’enfance. Hier, j’ai marchĂ© le long des quais, sur les pavĂ©s du marchĂ© Ă  ciel ouvert que tu aimais tant. Je me suis arrĂȘtĂ© par-ci par-lĂ , il me semblait que tu m’accompagnais, et puis je suis revenu dans ce petit bar prĂšs du port, comme chaque vendredi. Te souviendras-tu ? Je ne sais pas oĂč tu es. Je ne sais pas si tout ce que nous avons vĂ©cu avait un sens, si la vĂ©ritĂ© existe, mais si tu trouves ce petit mot un jour, alors tu sauras que j’ai tenu ma promesse, celle que je t’ai faite. A mon tour de te demander quelque chose, tu me le dois bien. Oublie ce que je viens d’écrire, en amitiĂ© on ne doit rien. Mais voici nĂ©anmoins ma requĂȘte : Dis-lui, dis-lui que quelque part sur cette terre, loin de vous, de votre temps, j’ai arpentĂ© les mĂȘmes rues, ri avec toi autour des mĂȘmes tables, et puisque les pierres demeurent, dis-lui que chacune de celles oĂč nous avons posĂ© nos mais et nos regards contient Ă  jamais une part de notre histoire. Dis-lui, que j’étais ton ami, que tu Ă©tais mon frĂšre, peut-ĂȘtre mieux encore puisque nous nous Ă©tions choisis, dis-lui que rien n’a jamais pu nous sĂ©parer, mĂȘme votre dĂ©part si soudain.
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Marc Levy (La prochaine fois)
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- Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens et nous dans l'autre ? Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des doigts. - Il y a deux rĂ©ponses Ă  ta question. Comme Ă  toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu entendre ? - Les deux. -Laquelle en premier alors ? La fillette plissa le nez. - Celle du savant. - Nous allons vers le nord parce que nous cherchons une terre oĂč nous Ă©tablir. Un endroit oĂč construire une belle maison, Ă©lever des coureurs et cultiver des racines de niam. C'est notre rĂȘve depuis des annĂ©es et nous avons quittĂ© Al-Far pour le vivre. - Je n’aime pas les galettes de niam... - Nous planterons aussi des fraises, promis. Les nuages, eux, n'ont pas le choix. Ils vont vers le sud parce que le vent les pousse et, comme ils sont trĂšs trĂšs lĂ©gers, il sont incapables de lui rĂ©sister. - Et la rĂ©ponse du poĂšte ? - Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassĂ©s en avant par un vent mystĂ©rieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maĂźtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent Ă  eux est mille fois plus fort que celui qui souffle lĂ -haut. La fillette croisa les bras et parut se dĂ©sintĂ©resser de la conversation afin d'observer un vol de canards au plumage chatoyant qui se posaient sur la riviĂšre proche. Indigo, Ă©meraude ou vert pĂąle, ils se bousculaient dans une cacophonie qui la fit rire aux Ă©clats. Lorsque les chariots eurent dĂ©passĂ© les volatiles, elle se tourna vers sa mĂšre. - Cette fois, je prĂ©fĂšre la rĂ©ponse du savant. -Pourquoi ? demande Isaya qui avait attendu sereinement la fin de ce qu'elle savait ĂȘtre une intense rĂ©flexion. - J'aime pas qu'on me pousse en cachette.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Il me semble qu'ils confondent but et moyen ceux qui s'effraient par trop de nos progrĂšs techniques. Quiconque lutte dans l'unique espoir de biens matĂ©riels, en effet, ne rĂ©colte rien qui vaille de vivre. Mais la machine n'est pas un but. L'avion n'est pas un but : c'est un outil, un outil comme la charrue. Si nous croyons que la machine abĂźme l'homme c'est que, peut-ĂȘtre, nous manquons un peu de recul pour juger les effets de transformations aussi rapides que celles que nous avons subies. Que sont les cent annĂ©es de l'histoire de la machine en regard des deux cent mille annĂ©es de l'histoire de l'homme? C'est Ă  peine si nous nous installons dans ce paysage de mines et de centrales Ă©lectriques. C'est Ă  peine si nous commençons d'habiter cette maison nouvelle, que nous n'avons mĂȘme pas achevĂ© de bĂątir. Tout a changĂ© si vite autour de nous : rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-mĂȘme a Ă©tĂ© bousculĂ©e dans ses bases les plus intimes. Les notions de sĂ©paration, d'absence, de distance, de retour, si les mots sont demeurĂ©s les mĂȘmes, ne contiennent plus les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s. Pour saisir le monde aujourd'hui, nous usons d'un langage qui fut Ă©tabli pour le monde d'hier. Et la vie du passĂ© nous semble mieux rĂ©pondre Ă  notre nature, pour la seule raison qu'elle rĂ©pond mieux Ă  notre langage. Pour le colonial qui fonde un empire, le sens de la vie est de conquĂ©rir. Le soldat mĂ©prise le colon. Mais le but de cette conquĂȘte n'Ă©tait-il pas l'Ă©tablissement de ce colon? Ainsi dans l'exaltation de nos progrĂšs, nous avons fait servir les hommes Ă  l'Ă©tablissement des voies ferrĂ©es, Ă  l'Ă©rection des usines, au forage de puits de pĂ©trole. Nous avions un peu oubliĂ© que nous dressions ces constructions pour servir les hommes. (Terre des Hommes, ch. III)
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Antoine de Saint-Exupéry
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finalement, Ă©perdu d'amour et au comble de la frĂ©nĂ©sie Ă©rotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc. — Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sĂ»r qu'elle le voulait, voyons! C'Ă©tait une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire. — Tu vas le manger cru ? — Oui. J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondĂ©ment, soufflant un peu, entre les bouchĂ©es, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'Ă  ce qu'une sueur froide me montĂąt au front. Je continuai mĂȘme un peu au-delĂ , serrant les dents, luttant contre la nausĂ©e, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon mĂ©tier d'homme. Je fus trĂšs malade, on me transporta Ă  l'hĂŽpital, ma mĂšre sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'Ă©tais trĂšs fier de moi. Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Éducation europĂ©enne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire. Pendant longtemps, Ă  travers mes pĂ©rĂ©grinations, j'ai transportĂ© avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamĂ© au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier Ă©tait toujours lĂ , Ă  portĂ©e de la main. J'Ă©tais toujours prĂȘt Ă  m'y attabler, Ă  donner, une fois de plus, le meilleur de moi-mĂȘme. Ça ne s'est pas trouvĂ©. Finalement, j'ai abandonnĂ© le soulier quelque part derriĂšre moi. On ne vit pas deux fois. (La promesse de l'aube, ch. XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)