Jamais Vu Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Jamais Vu. Here they are! All 100 of them:

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There's an opposite to déjà vu. They call it jamais vu. It's when you meet the same people or visit places, again and again, but each time is the first. Everybody is always a stranger. Nothing is ever familiar.
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Chuck Palahniuk (Choke)
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Like a word on a page that you’ve printed and read a million times, that suddenly looks strange or wrong, foreign. And you feel scared for a second, like you’ve lost something, even if you’re not sure what it is.
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Sarah Dessen (Just Listen)
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There’s an opposite to dĂ©jĂ  vu. They call it jamais vu. It’s when you meet the same people or visit places, again and again, but each time is the first. Everybody is always a stranger. Nothing is ever familiar.
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Chuck Palahniuk (Choke)
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Si ce que tu as trouvĂ© est fait de matiĂšre pure, cela ne pourrira jamais. Et tu pourras y revenir un jour. Si ce n’est qu’un instant de lumiĂšre, comme l’explosion d’une Ă©toile, alors tu ne retrouveras rien Ă  ton retour. Mais tu auras vu une explosion de lumiĂšre. Et cela seul aura dĂ©jĂ  valu la peine d’ĂȘtre vĂ©cu.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Ne m'envoie plus ouvrir la porte. Tu as vu que c'était inutile. L'expérience nous apprend que lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est qu'il n'y a jamais personne.
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EugÚne Ionesco (La Cantatrice chauve / La Leçon)
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Pauvres créatures! Si c'est un tort de les aimer, c'est bien le moins qu'on les plaigne. Vous plaignez l'aveugle qui n'a jamais vu les rayons du jour, le sourd qui n'a jamais entendu les accords de la nature, le muet qui n'a jamais pu rendre la voix de son ùme, et, sous un faux prétexte de pudeur, vous ne voulez pas plaindre cette cécité du coeur, cette surdité de ùme, ce mutisme de la conscience qui rendent folle la malheureuse affligée et qui la font malgré elle incapable de voir le bien, d'entendre le Seigneur et de parler la langue pure de l'amour et de la foi.
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Alexandre Dumas fils (La Dame aux Camélias)
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Oui, sans le connaĂźtre, sans mĂȘme avoir jamais vu ses traits, je lui en ai voulu. Être jaloux d'un mort. Vouloir ĂȘtre Ă  sa place.
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Philippe Claudel (Grey Souls)
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Rendre visible ce qui, sans vous, pourrait peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© vu
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Robert Bresson
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Lui, il n'avait jamais vu ce que les autres trouvaient de bien à son visage. Trop maigre, trop tordu, pas assez pur à son goût. En aucune façon il ne serait tombé amoureux d'un type dans son genre. Mais les autres, oui, souvent.
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Fred Vargas (The Three Evangelists (Three Evangelists, #1))
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Claque un peu ton bec mon Golgotheau, t’as rien vĂ©cu t’as juste de la gueule, le premier furvent t’étais raclĂ© devant papa-maman, alors laisse-moi faire, tu me dois tout, je vais lui grĂ©mir les vertĂšbres, Ă  la Traceuse, et te la basculer latĂ©ral, d'un coup de reins comme t’en as jamais vu frangin, Ă  se dĂ©boĂźter le tronc, chuis le meilleur, ancre ça, le premier du monde.
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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Quelques crimes toujours prĂ©cĂšdent les grands crimes. Quiconque a pu franchir les bornes lĂ©gitimes Peut violer enfin les droits les plus sacrĂ©s; Ainsi que la vertu, le crime a ses degrĂ©s, Et jamais on n'a vu la timide innocence Passer subitement Ă  l'extrĂȘme licence.
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Jean Racine (PhĂšdre)
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OĂč sont les hommes ? demanda poliment le petit prince. La fleur, un jour, avait vu passer une caravane : – Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des annĂ©es. Mais on ne sait jamais oĂč les trouver. Le vent les promĂšne. Ils manquent de racines, ça les gĂȘne beaucoup.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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There was no mistaking the awesome implications of the chaplain’s revelation: it was either an insight of divine origin or a hallucination; he was either blessed or losing his mind. Both prospects filled him with equal fear and depression. It was neither dĂ©jĂ  vu, presque vu nor jamais vu. It was possible that there were other vus of which he had never heard and that one of these other vus would explain succinctly the baffling phenomenon of which he had been both a witness and a part; it was even possible that none of what he thought had taken place, really had taken place, that he was dealing with an aberration of memory rather than of perception, that he never really had thought he had seen what he now thought he once did think he had seen, that his impression now that he once had thought so was merely the illusion of and illusion, and that he was only now imagining that he had ever once imagined seeing a naked man sitting in a tree at the cemetery.
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Joseph Heller (Catch-22)
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J'étais sûre de le connaßtre, certaine de ne l'avoir jamais vu.
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Fabrice Colin (Bal de givre Ă  New York)
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Je n’avais encore jamais vu un sourire aussi immuable et je me demandais si elle l’enlevait pour dormir.
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Romain Gary (Clair de femme)
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A blue vein throbbed over Ayrs’s Adam’s apple, and I fought off an unaccountably strong urge to open it up with my penknife. Most uncanny. Not quite dĂ©jĂ  vu, more jamais vu.
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David Mitchell (Cloud Atlas)
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Il faut que tu les regardent en ayant l'air de dire : « je n'ai jamais vu plus belle que vous».
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Éric-Emmanuel Schmitt
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A-t-on jamais vu chose inouïe comme un peuple libéré de la superstition, du rituel, de la religion, de l'argent, de la peur et du remords ?
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Henry Miller (Le Monde du sexe)
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Je n'avais jamais rencontré de telles femmes en vrai, mais j'avais vu des images. Telle est l'influence enchanteresse de l'art.
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Margaret Atwood (Handmaids Tales, The)
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On n'avait jamais vu à Marguerite d'autres fleurs que des camélias. Aussi chez madame Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux Camélias, et ce surnom lui était resté.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
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Paris est un sujet d'envie pour ceux qui ne l'ont jamais vu ; de bonheur ou de malheur (selon la fortune) pour ceux qui l'habitent, mais toujours de regrets pour ceux qui sont forcés de le quitter.
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Honoré de Balzac (Les Parisiens comme ils sont)
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La raison qui m’a conduit Ă  profĂ©rer de la poĂ©sie (shi‘r) est que j’ai vu en songe un ange qui m’apportait un morceau de lumiĂšre blanche ; on eĂ»t dit qu’il provenait du soleil. « Qu’est-ce que cela ? », Demandai-je. « C’est la sourate al-shu‘arĂą (Les PoĂštes) » me fut-il rĂ©pondu. Je l’avalai et je sentis un cheveu (sha‘ra) qui remontait de ma poitrine Ă  ma gorge, puis Ă  ma bouche. C’était un animal avec une tĂȘte, une langue, des yeux et des lĂšvres. Il s’étendit jusqu’à ce que sa tĂȘte atteigne les deux horizons, celui d’Orient et celui d’Occident. Puis il se contracta et revint dans ma poitrine ; je sus alors que ma parole atteindrait l’Orient et l’Occident. Quand je revins Ă  moi, je dĂ©clamai des vers qui ne procĂ©daient d’aucune rĂ©flexion ni d’aucune intellection. Depuis lors cette inspiration n’a jamais cessĂ©.
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Ibn ÊżArabi
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En Ă©crivant, elle s'efface. Elle disparaĂźt derriĂšre le brin d'herbe que, sans elle, on n'aurait jamais vu. Elle n'Ă©crit pas pour s'exprimer, quelle horreur, ce mot lui rappelle celui d'expectorer, dans les deux cas le rĂ©sultat ne peut ĂȘtre qu'un phlegme gluant, plein de glaires ; elle n'Ă©crit pas pour se distinguer. Elle Ă©crit pour tĂ©moigner : ici a vĂ©cu une fleur, trois jours de juillet de l'an 18**, tuĂ©e par une ondĂ©e un matin. Chaque poĂšme est un minuscule tombeau Ă©levĂ© Ă  la mĂ©moire de l'invisible.
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Dominique Fortier (Les villes de papier)
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For a few precarious seconds, the chaplain tingled with a weird, occult sensation of having experienced the identical situation before in some prior time or existence. He endeavored to trap and nourish the impression in order to predict, and perhaps even control, what incident would occur next, but the afflatus melted away unproductively, as he had known beforehand it would. DĂ©jĂ  vu. The subtle recurring confusion between illusion and reality that was characteristic of paramnesia fascinated the chaplain, and he knew a number of things about it. He knew, for example, that it was called paramnesia and he was interested as well in such corollary optical phenomena as jamais vu, never seen, and presque vu, almost seen. There were terrifying, sudden moments when objects, concepts and even people that the chaplain had lived with almost all his life inexplicably took on an unfamiliar and irregular aspect that he had never seen before and which made them seem totally strange: jamais vu. And there were other moments when he almost saw absolute truth in brilliant flashes of clarity that almost came to him: presque vu.
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Joseph Heller
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L'Appareil peut le détruire, l'effacer, il pourrait le retourner, le reprogrammer et lui faire adorer la soumission jusqu'à la folie, il ne pourra lui enlever ce qui ne connaßt pas, n'a jamais vu, jamais eu, n'a jamais reçu ni donné, qui pourtant il hait par-dessus tout et traque sans fin: la liberté.
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Boualem Sansal (2084: La fin du monde)
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But, you will say, what a dreadful person you are, with your impossible religious notions and idiotic scruples. If my ideas are impossible or idiotic then I would like nothing better than to be rid of them. But this is roughly the way I actually see things. In Le philosophe sous les toits by Souvestre you can read what a man of the people, a simple craftsman, pitiful if you will, thinks of his country: ‘Tu n’as peut-ĂȘtre jamais pensĂ© ĂĄ ce que c’est la patrie, reprit-il, en me posant une main sur l’épaule; c’est tout ce qui t’entoure, tout ce qui t’a Ă©levĂ© et nourri, tout ce que tu as aimĂ©. Cette campagne que tu vois, ces maisons, ces arbres, ces jeunes filles qui passent lĂĄ en riant, c’est la patrie! Les lois qui te protĂ©gent, le pain qui paye ton travail, les paroles que tu Ă©changes, la joie et la tristesse qui te viennent des hommes et des choses parmi lesquels tu vis, c’est la patrie! La petite chambre oĂș tu as autrefois vu ta mere, les souvenirs qu’elle t’a laisses, la terre oĂș elle repose, c’est la patrie! Tu la vois, tu la respires partout! Figure toi, tes droits et tes devoirs, tes affections et tes besoins, tes souvenirs et ta reconnaissance, rĂ©unis tout ça sous un seul nom et ce nom sera la patrie.
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Vincent van Gogh
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- Viens t’agenouiller avec moi prĂšs de la fenĂȘtre, David, et prions pour que ta maman se sente bien demain, et que rien n’arrive Ă  ton papa ce soir, et que toi et moi
 que toi et moi ne souffrions pas trop, ni demain, ni jamais. Cela m’avait l’air d’une priĂšre magnifique, alors j’ai regardĂ© par la fenĂȘtre et j’ai commencĂ©, mais mes yeux sont tombĂ©s sur la Bible de nĂ©on, en dessous de nous, et je n’ai pas pu continuer. Et puis j’ai vu les Ă©toiles du ciel qui brillaient autant que la belle priĂšre et j’ai recommencĂ©, et la priĂšre est venue sans que j’aie Ă  rĂ©flĂ©chir, et je l’ai offerte aux Ă©toiles et au ciel de la nuit.
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John Kennedy Toole (The Neon Bible)
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Un trĂšs vieil ami de mon pĂšre, sorti premier de l'École normale, avait dĂ» Ă  cet exploit de dĂ©buter dans un quartier de Marseille : quartier pouilleux, peuplĂ© de misĂ©rables oĂč nul n'osait se hasarder la nuit. Il y resta de ses dĂ©buts Ă  sa retraite, quarante ans dans la mĂȘme classe, quarante ans sur la mĂȘme chaise. Et comme un soir mon pĂšre lui disait : « Tu n'as donc jamais eu d'ambition ? - Oh mais si ! dit-il, j'en ai eu ! Et je crois que j'ai bien rĂ©ussi ! Pense qu'en vingt ans, mon prĂ©dĂ©cesseur a vu guillotiner six de ses Ă©lĂšves. Moi, en quarante ans, je n'en ai eu que deux, et un graciĂ© de justesse. Ça valait la peine de rester lĂ . »
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Marcel Pagnol (La Gloire de mon pĂšre)
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Mais le revenu annuel de toute sociĂ©tĂ© est toujours prĂ©cisĂ©ment Ă©gal Ă  la valeur Ă©changeable de tout le produit annuel de son industrie, ou plutĂŽt c'est prĂ©cisĂ©ment la mĂȘme chose que cette valeur Ă©changeable. Par consĂ©quent, puisque chaque individu tĂąche, le plus qu'il peut, 1° d'employer son capital Ă  faire valoir l'industrie nationale, et - 2° de diriger cette industrie de maniĂšre Ă  lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nĂ©cessairement Ă  rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la sociĂ©tĂ©. A la vĂ©ritĂ©, son intention, en gĂ©nĂ©ral, n'est pas en cela de servir l'intĂ©rĂȘt public, et il ne sait mĂȘme pas jusqu'Ă  quel point il peut ĂȘtre utile Ă  la sociĂ©tĂ©. En prĂ©fĂ©rant le succĂšs de l'industrie nationale Ă  celui de l'industrie Ă©trangĂšre, il ne pense qu'Ă  se donner personnellement une plus grande sĂ»retĂ© ; et en dirigeant cette industrie de maniĂšre Ă  ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'Ă  son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible Ă  remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la sociĂ©tĂ©, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intĂ©rĂȘt personnel, il travaille souvent d'une maniĂšre bien plus efficace pour l'intĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ©, que s'il avait rĂ©ellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, Ă  travailler pour le bien gĂ©nĂ©ral, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas trĂšs commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guĂ©rir.
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Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
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A ses yeux, celui qui donnait des signes extĂ©rieurs de bontĂ© Ă©tait bon, celui qui donnait des signes extĂ©rieurs de loyautĂ© Ă©tait loyal. Celui qui donnait des signes extĂ©rieurs d'intelligence, intelligent. C'est ainsi qu'il n'avait jamais vu clair en sa fille, ni en sa femme, ni en sa seule et unique maĂźtresse – il Ă©tait sans doute loin de voir clair en lui...
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Philip Roth (American Pastoral)
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C'est vrai qu'aucun [...] n'avait vu ce que nous pouvions voir nous, les enfants et ma mĂšre, au sein du foyer, oĂč il se comportait comme un tyran. Et c'est quand mĂȘme ça qui ressort avant tout de cette personnalitĂ© : quelqu'un qui ne supporte pas la contradiction, qui doit tout le temps avoir la main sur tout, qui dĂ©cide, surveille, punit, et qui, jamais ne partage le pouvoir.
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Neige Sinno (Triste tigre)
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J'ai vu parfois au fond d'un thĂ©Ăątre banal Qu'enflammait l'orchestre sonore, Une fĂ©e allumer dans un ciel infernal Une miraculeuse aurore; J'ai vu parfois au fond d'un thĂ©Ăątre banal Un ĂȘtre, qui n'Ă©tait que lumiĂšre, or et gaze, Terrasser rĂ©norme Satan; Mais mon cƓur que jamais ne visite l'extase, Est un thĂ©Ăątre oĂč l'on attend Toujours, toujours en vain l'Etre aux ailes de gaze.
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Charles Baudelaire (The Poems and Prose Poems of Charles Baudelaire)
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- Sur cette terre qui est la tienne, répliqua l'Esprit, il y a des hommes qui ont la prétention de nous connaßtre et qui se servent de notre nom pour accomplir leurs actes de passion, d'orgueil, de méchanceté, de haine, d'envie, de bigoterie et d'égoïsme. Ces hommes-là nous sont aussi étrangers, à nous et à toute notre famille, que s'ils n'avaient jamais vu le jour. Souviens-toi bien de cela, et une autre fois rends-les responsables de leurs actions, pas nous.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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Depuis que je suis née je n'ai pas vu d'hommes qui se donnassent entiÚrement à la femme qu'ils aimaient. Et je n'ai jamais vu d'hommes qui ne cherchent dans leur compagnie quelque chose de soumis, d'agréable, d'odorant, de nourricier, d'approbateur, une enveloppe tiÚde et douce, une part de sa reproduction, un souvenir de mÚre. Les absentes sont toujours là. Les grandes absentes sont de jour en jour plus hautes et l'ombre qu'elles portent plus opaque. Ce qui a été perdu a toujours raison.
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Pascal Quignard
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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Un nouveau rĂ©sident pour mon cimetiĂšre. Un homme de cinquante-cinq ans, mort d’avoir trop fumĂ©. Enfin, ça, c’est qu’ont dit les mĂ©decins. Ils ne disent jamais qu’un homme de cinquante-cinq ans peut mourir de ne pas avoir Ă©tĂ© aimĂ©, de ne pas avoir Ă©tĂ© entendu, d’avoir reçu trop de factures, d’avoir contractĂ© trop de crĂ©dits Ă  la consommation, d’avoir vu ses enfants grandir et puis partir, sans vraiment dire au revoir. Une vie de reproches, une vie de grimaces. Alors sa petite clope et son petit canon pour noyer la boule au ventre, il les aimait bien. On ne dit jamais qu’on peut mourir d’en avoir eu trop souvent marre.
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Valérie Perrin (Fresh Water for Flowers)
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J’essayais toujours de le garder dans mon champ de vision. Je ne le laissais jamais s’éloigner de moi sauf bien sĂ»r quand il n’était pas avec moi. Et quand il n’était pas avec moi, je ne me souciais guĂšre de ce qu’il faisait du moment qu’il restait exactement le mĂȘme avec les autres. Pourvu, pensais-je, qu’il ne soit pas quelqu’un d’autre quand il est avec eux. Qu’il ne soit pas quelqu’un que je n’ai encore jamais vu. Qu’il n’ait pas une vie diffĂ©rente de celle qu’il a avec nous, avec moi. Pourvu que je ne le perde pas. Je savais que je n’avais aucune prise sur lui, rien Ă  offrir, rien pour le sĂ©duire. Je n’étais rien.
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André Aciman (Call Me By Your Name (Call Me By Your Name, #1))
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On a dit qu’une citĂ© dont les membres auront une Ă©gale rĂ©partition de bien et d'Ă©ducation prĂ©sentera aux regards de la DivinitĂ© un spectacle au-dessus du spectacle de la citĂ© de nos pĂšres. La folie du moment est d'arriver Ă  l'unitĂ© des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l'espĂšce entiĂšre, soit ; mais en acquĂ©rant des facultĂ©s gĂ©nĂ©rales, toute une sĂ©rie de sentiments privĂ©s ne pĂ©rira-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces ĂȘtres blancs, jaunes, noirs, rĂ©putĂ©s vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frĂšre. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace bornĂ© que vous aperceviez de votre fenĂȘtre encadrĂ©e de lierre ? Au-delĂ  de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait Ă  peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu Ă  l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaĂźtraient pas Ă  vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiĂ©s et vos amours ; que le gĂ©missement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre Ăąme ne serait troublĂ©e, que vous y rencontreriez toujours les pensĂ©es qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez oĂč vous Ă©tiez nĂ©, vous saviez oĂč Ă©tait votre tombe ; en pĂ©nĂ©trant dans la forĂȘt vous pouviez dire : Beaux arbres qui m’avez vu naĂźtre, BientĂŽt vous me verrez mourir
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François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
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Mon temps autrefois m'appartenait entiÚrement, et aux livres. Aujourd'hui, chaque minute consacrée à lire ou à écrire est une minute que je ne passe pas avec ma fille; l'écriture s'accompagne désormais d'une hùte et d'une culpabilité détestables. C'est du temps que je lui dérobe, que je ne retrouverai pas, que j'aurais dû lui consacrer et que je n'aurai jamais passé avec elle. Depuis sa naissance, je me prends à penser au futur antérieur et au conditionnel passé, des temps compliqués qui sont le signe qu'on considÚre les choses sous un point de vue autre que celui depuis lequel on parle normalement : demain vu au passé, hier comme une possibilité. Elle dort. Je devrais profiter de ce moment pour écrire, je n'arrive qu'à m'abßmer dans le bruit des vagues. Je voudrais m'étendre sur le sable, rester là jusqu'à la nuit, me laisser emporter par la marée.
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Dominique Fortier
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« Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais : "Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?" Elles vous demandent : "Quel age a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ? " Alors seulement elles croient le connaitre. Si vous dites aux grandes personnes : "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire : "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'Ă©crient : "Comme c'est joli!" [
] Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent ĂȘtre trĂšs indulgents envers les grandes personnes. »
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Je me suis rendu compte que je n’avais pas vu l’eau depuis quatre jours et que je portais toujours les mĂȘmes vĂȘtements, avec les reliefs de fourmis. Elle, en revanche, portait une autre robe, blanche, Ă  ras du cou, qui la couvrait entiĂšrement. La robe ne comportait ni motifs ni inscriptions ; ce qui ne laissait pas de m’étonner, car maman n’avait jamais portĂ© que d’affreux corsages, immanquablement couverts d’inscriptions. Je la regardais aller et venir dans la cuisine, comme un mĂ©tronome sorti de son axe. Elle Ă©tait blanche et cylindrique, et j’imaginais sa robe se transformer en un tube coiffĂ© d’un petit couvercle dans lequel je la tiendrais captive et dont je ne la libĂ©rerais que de loin en loin. Le matin ou le soir, ou Ă  la fin de la semaine, ou pour NoĂ«l. Ou, ce qui serait le mieux, seulement Ă  la fin, pour qu’elle meure. Maman-tube de dentifrice. Maman-Ɠsophage. Maman-ascaride. Maman-cĂąble. Maman-craie. Maman-os. Maman-fil. Maman-comĂšte. Maman-bougie.
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Tatiana ÈšĂźbuleac (El verano en que mi madre tuvo los ojos verdes)
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my temporal lobes, generally considered to be the most “ticklish” part of the brain.5 The temporal lobe houses the ancient structures of the hippocampus and the amygdala, the parts of the brain responsible for emotion and memory. The symptoms from this type of seizure can range from a “Christmas morning” feeling of euphoria to sexual arousal to religious experiences.67 Often people report feeling dĂ©jĂ  vu and its opposite, something called jamais vu, when everything seems unfamiliar, such as my feeling of alienation in the office bathroom; seeing halos of light or viewing the world as if it is bizarrely out of proportion (known as the Alice in Wonderland effect), which is what was happening while I was on my way to interview John Walsh; and experiencing photophobia, an extreme sensitivity to light, like my visions in Times Square. These are all common symptoms or precedents of temporal lobe seizures. A small subset of those with temporal lobe epilepsy—about 5 to 6 percent—report an out-of-body experience, a feeling described as being removed from your body and able to look at yourself, usually from above.
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Susannah Cahalan (Brain on Fire: My Month of Madness)
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Oui, la vie m’a traversĂ©e, je n’ai pas rĂȘvĂ©, ces hommes, des milliers, dans mon lit, dans ma bouche, je n’ai rien inventĂ© de leur sperme sur moi, sur ma figure, dans mes yeux, j’ai tout vu et ça continue encore, tous les jours ou presque, des bouts d’homme, leur queue seulement, des bouts de queue qui s’émeuvent pour je ne sais quoi car ce n’est pas de moi qu’ils bandent, ça n’a jamais Ă©tĂ© de moi, c’est de ma putasserie, du fait que je suis lĂ  pour ça, les sucer, les sucer encore, ces queues qui s’enfilent les unes aux autres comme si j’allais les vider sans retour, faire sortir d’elles une fois pour toutes ce qu’elles ont à dire, et puis de toute façon je ne suis pour rien dans ces Ă©panchements, ça pourrait ĂȘtre une autre, mĂȘme pas une putain mais une poupĂ©e d’air, une parcelle d’image cristallisĂ©e, le point de fuite d’une bouche qui s’ouvre sur eux tandis qu’ils jouissent de l’idĂ©e qu’ils se font de ce qui fait jouir, tandis qu’ils s’affolent dans les draps en faisant apparaĂźtre çà et là un visage grimaçant, des mamelons durcis, une fente trempĂ©e et agitĂ©e de spasmes, tandis qu’ils tentent de croire que ces bouts de femme leur sont destinĂ©s et qu’ils sont les seuls à savoir les faire parler, les seuls à pouvoir les faire plier sous le dĂ©sir qu’ils ont de les voir plier.
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Nelly Arcan (Putain)
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J'ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d'oĂč venait le petit prince est l'astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n'a Ă©tĂ© aperçu qu'une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un CongrĂšs International d'Astronomie. Mais personne ne l'avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l'astĂ©roĂŻde B 612 un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s'habiller Ă  l'EuropĂ©enne. L'astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. Si je vous ai racontĂ© ces dĂ©tails sur l'astĂ©roĂŻde B 612 et si je vous ai confiĂ© son numĂ©ro, c'est Ă  cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: 'Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?' Elles vous demandent: 'Quel Ăąge a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ?' Alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: 'J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit...' elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: 'J'ai vu une maison de cent mille francs.' Alors elles s'Ă©crient: 'Comme c'est joli !
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Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
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Il etait plutot fin, donc, le sable, delie, ne s'agglomerait pas, c'etait de la pierre, en fait, de la pierre pilee, rien a voir ou presque avec la poussiere, c'est ce que je veux dire. Mais plus maintenant. C'est que ca vole, quand meme, le sable. Et il volait, la, sous les pieds des enfants, et partout ca retombait, et pour la premiere fois j'ai vu la plage comme une grande plage de poussiere. Je dis grande parce que j n'avais jamais vu autant de poussiere, meme chez moi, apres le depart de Constance. Et j'ai forcement pense a Laura, mais ce n'est pas ca, je n'ai pas eu a y penser, bien sur, j'y pensais, je ne faisais que ca, mais j'y pensais avec recul, enfin j'essayais, parce que le moins qu'on puisse dire c'est que j'avais besoin de distance, sauf que je n'arrivais pas a' en prendre, de la distance, je souffrais, c'est egalement le moins qu'on puisse dire, et le seul resultat de mes efforts c'etait ca: penser que je m'etais trompe, que Laura en fin de compte n'avait jamais convenu, depuis le debut, ni pour le menage, ni comme femme, donc, comme femme susceptible d'apporter un peu d'order, dans ma vie, et alors j'en trouvais la verfication maintenant, sur le sable, ce sable que je n'avais jamais aime, au fond, pas plus que la poussiere, ou Laura me laissait, jusqu'a la mordre. Et j'ai vu que le gens s'y couchaient, dans ce sable, que n'etait plus que poussiere, maintenant, et je me suis dit je suis comme eux, a cette difference pres qu'ils sont beaucoup plus forts, eux. Parce qu'ils s'entrainen, en fait. A y retourner, donc. A la poussiere, oui. Je pensais ca aussi parce que je me sentais mort, bien sur, mais tout de meme. Et je le pensais encore parce que j n'etais pas pret, moi. Je me sentais mort depuis deux minutes, seulement. Mort, mais supris.
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Christian Oster (Une femme de ménage)
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Quand elle Ă©tait petite, elle voulait m’épouser. J’étais son prince charmant. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, j’avais bien vu dans son regard que le mythe s’était Ă©parpillĂ© dans les affres de la rĂ©alitĂ©. J’étais tombĂ© de mon piĂ©destal et, si je ne cherchais pas Ă  mentir sur qui j’étais, j’avais toujours eu envie qu’elle me voie au meilleur de ma forme. Au fond, je pouvais dire que nous n’avions jamais rĂ©ellement eu une relation saine. La preuve : cette incapacitĂ© physique d’aller voir son appartement, ce lieu oĂč elle vivait en femme. Il faudrait des siĂšcles pour admettre que nos enfants sont devenus adultes. On dit souvent qu’il est difficile de vieillir ; moi, je pourrais vieillir indĂ©finiment du moment que mes enfants, eux, ne grandiraient pas. Je ne sais pas pourquoi j’éprouvais tant de difficultĂ©s Ă  vivre cette transition que tout parent connaĂźt. Je n’avais pas l’impression qu’autour de moi les gens avaient les mĂȘmes. Pire, j’entendais des parents soulagĂ©s du dĂ©part de leurs enfants. Enfin, ils allaient retrouver la libertĂ©, disaient-ils. Il y avait ce film oĂč le garçon, Tanguy, s’éternisait chez ses parents, prolongeant sans cesse ses Ă©tudes. Le mien Ă©tait parti Ă  l’autre bout du monde dĂšs ses dix-huit ans. C’est toujours comme ça : ceux qui veulent se dĂ©barrasser de leurs enfants hĂ©ritent de boulets, tandis que ceux qui veulent couver Ă  loisir leur progĂ©niture se retrouvent avec des prĂ©coces de l’autonomie. Mon fils me manquait atrocement. Et je ne supportais plus d’échanger avec lui des messages par Skype, ou par e-mails. D’ailleurs, ces messages et ces moments virtuels Ă©taient de plus en plus courts. Nous n’avions rien Ă  nous dire. L’amour entre un parent et un enfant n’est pas dans les mots, pas dans la discussion. Ce que j’aimais, c’était simplement que mon fils soit lĂ , Ă  la maison. On pouvait ne pas se parler de la journĂ©e, ce n’était pas grave, je sentais sa prĂ©sence, ça me suffisait. Étais-je si tordu ? Je ne sais pas. Je ne peux qu’essayer de mettre des mots sur mes sentiments. Et je peux affirmer maintenant ce que je sais depuis le dĂ©but : je vis mal la sĂ©paration avec mes enfants. Elle me paraĂźt normale, justifiĂ©e, humaine, biologique, tout ce que vous voulez, pourtant elle me fait mal.
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David Foenkinos (Je vais mieux)
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banquet oifert Ă  un dĂ©putĂ© par ses Ă©lecteurs reconnaissants. La cheminĂ©e est ornĂ©e d’une pendule d’un goĂ»t atrocement troubadour, reprĂ©sentant le templier Bois-Guilbert enlevant une RĂ©becca dorĂ©e sur un cheval argentĂ©. A droite et Ă  gauche de cette odieuse horloge sont placĂ©s deux flambeaux de plaquĂ© sous un globe. Ces magnificences sont l’objet de la secrĂšte envie de plus d’une mĂ©nagĂšre de Pont-de-Arche, et la servante elle-mĂȘme ne les essuie qu’en tremblant. Je ne parle pas de quelques caniches en verre filĂ©, d’un petit saint Jean en pĂąte de sucre, d’un NapolĂ©on en chocolat, d’un cabaret chargĂ© de porcelaines communes et pompeusement installĂ© sur une table ronde, de gravures reprĂ©sentant les Adieux de Fontainebleau, Souvenirs et regrets, la Famille du marin, les Petits Braconniers et autres vulgaritĂ©s du mĂȘme genre. — Concevez-vous rien de pareil ? Je n’ai jamais su comprendre, pour ma part, cet amour du commun et du laid. Je conçois que tout le monde n’ait pas pour logement des Alhambras, des Louvres ou des ParthĂ©nons ; mais il est toujours si facile de ne pas avoir de pendule ! de laisser les murailles nues, et de se priver de lithographies de Maurin ou d’aquatintes de Jazet ! Les gens qui remplissaient ce salon me semblaient, Ă  force de vulgaritĂ©, les plus Ă©tranges du monde ; ils avaient des façons de parler incroyables, et s’exprimaient en style fleuri, comme feu Prudhomme, Ă©lĂšve de Brard et Saint-Omer. Leurs tĂȘtes, Ă©panouies sur leurs cravates blanches, et leurs cols de chemise gigantesques faisaient penser Ă  certains produits de la famille des cucurbitacĂ©s. Quelques hommes ressemblent Ă  des animaux, au lion, au cheval, Ă  l’ñne ; ceux-ci, tout bien considĂ©rĂ©, avaient l’air encore plus vĂ©gĂ©tal que bestial. Des femmes, je n’en dirai rien, m’étant promis de ne jamais tourner en ridicule ce sexe charmant. Au milieu de ces lĂ©gumes humains, Louise faisait l’effet d’une rose dans un carrĂ© de choux. Elle portait une simple robe blanche serrĂ©e Ă  la taille par un ruban bleu ; ses cheveux, sĂ©parĂ©s en bandeaux, encadraient harmonieusement son front pur. Une grosse natte se tordait derriĂšre sa nuque, couverte de cheveux follets et d’un duvet de pĂȘche. Une quakeresse n’aurait rien trouvĂ© Ă  redire Ă  cette mise, qui faisait paraĂźtre d’un grotesque et d’un ridicule achevĂ©s les harnais et les plumets de corbillard. des autres femmes ; il Ă©tait impossible d’ĂȘtre de meilleur goĂ»t. J’avais peur que mon infante ne profitĂąt de la circonstance pour dĂ©ployer quelque toilette excessive et prĂ©tentieuse, achetĂ©e d’occasion. Cette pauvre robe de mousseline qui n’a jamais vu l’Inde, et qu’elle a probablement faite elle-mĂȘme, m’a touchĂ© et sĂ©duit ; je ne tiens pas Ă  la parure. J’ai eu pour maĂźtresse une gitana grenadine qui n’avait pour tout vĂȘtement que des pantoufles bleues et un collier de grains d’ambre ; mais rien ne me contrarie comme un fourreau mal taillĂ© et d’une couleur hostile. Les dandies bourgeois prĂ©fĂ©rant de
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Théophile Gautier (La Croix de Berny: Roman steeple-chase (French Edition))
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Te voilĂ  bien fier, hein ? Oui, je sers un fou, Mais toi, qui sers-tu ? La vertu ? je vais te dire ce que j'en pense. Je suis nĂ© esclave. Alors, l'air de la vertu, honnĂȘte homme, je l'ai d'abord dansĂ© sous le fouet. CaĂŻus, lui, ne m'a pas fait de discours. Il m'a affranchi et pris dans son palais. C'est ainsi que j'ai pu vous regarder, vous les vertueux. Et j'ai vit que vous aviez sale mine et pauvre odeur, l'odeur fade de ceux qui n'ont jamais rien souffert ni risquĂ©. J'ai vu les dra-pĂ©s nobles, mais l'usure au coeur, le visage avare, la main fuyante. Vous, des juges ? Vous qui tenez boutique de vertu, qui rĂȘvez de sĂ©curitĂ© comme la jeune fille rĂȘve d'amour, quiallez pourtant mourir dans l'effroi sans mĂȘme savoir que vous avez menti toute votre vie, vous vous mĂȘleriez de juger celui qui a souffert sans compter, et qui saigne tous les jours de mille nouvelles blessures ? Vous me frapperez avant, sois-en sĂ»r ! MĂ©prise l'esclave, Cherea ! Il est au-dessus de ta vertu puisqu'il peut encore aimer ce maĂźtre mi-sĂ©rable qu'il dĂ©fendra contre vos nobles mensonges, vos bouches parjures...
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Albert Camus (Caligula)
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Matt n'avait jamais vu un lieu aussi féérique, une architecture aussi complexe. C'était un véritable chùteau des temps anciens, tout en verticalité, cherchant son inspiration dans les nuages. Une vision digne des contes pour enfants.
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Maxime Chattam (Neverland (Autre-Monde, #6))
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Nous nous demandons pourquoi M. Paul le Cour a Ă©crit cette phrase : « Je serais heureux si M. RenĂ© GuĂ©non voulait bien nous renseigner sur l’ésotĂ©risme musulman dans un prochain no des Études Traditionnelles » ; nous n’avons assurĂ©ment Ă  « renseigner » personne, et lui moins que tout autre, mais n’a-t-il donc jamais eu connaissance des nos spĂ©ciaux que les Études Traditionnelles ont dĂ©jĂ  consacrĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă  ce sujet, sans parler de l’article que nous avons fait paraĂźtre* sous le titre L’ÉsotĂ©risme islamique dans un no spĂ©cial des Cahiers du Sud ? D’autre part, nous sommes obligĂ© de lui faire savoir que nous n’avons jamais Ă©tĂ© « converti » Ă  quoi que ce soit, et pour cause (voir notre article À propos de « conversions », dans le no de septembre 1948, qui contient toutes les explications voulues pour rĂ©futer cette sottise), et aussi que nous n’avons jamais pris la moindre part Ă  aucun « mouvement », ce qui d’ailleurs nous ramĂšne Ă  la calomnie du « propagandisme », bien que cette fois ce ne soit plus l’Hindouisme qui est en cause. Par surcroĂźt, il a trouvĂ© bon de se faire l’écho d’un racontar qu’il n’a certes pas inventĂ©, car nous l’avions dĂ©jĂ  vu ailleurs, mais dont il a Ă©tĂ© visiblement fort heureux de s’emparer ; nous lui apprendrons donc une chose qu’il ignore trĂšs certainement : c’est qu’il n’existe pas et ne peut pas exister de « Sheikh Abdel Ahad », pour la bonne raison qu’Abdel-Ahad est un nom exclusivement copte. Septembre 1949
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René Guénon
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L'homosexuel qui parle de sa vie « privĂ©e » rompt la situation « normale » puisque celle-ci est dĂ©finie comme telle par le fait que, « normalement », comme dit le langage de tous les jours, l'homosexualitĂ© n'est pas dicible ou, ce qui n'est pas trĂšs diffĂ©rent, n'est pas souvent dite. Toute parole qui consiste Ă  dire l'homosexualitĂ© ne peut dĂšs lors ĂȘtre entendue que comme une volontĂ© de l'affirmer, de l'afficher, comme un geste de provocation ou un acte militant. La sortie de la honte est toujours perçue comme la proclamation de la fiertĂ© (ce qu'inĂ©vitablement elle est toujours, puisque celui qui Ă©nonce l'homosexualitĂ© et le fait ainsi entrer dans le discours autrement que comme un objet de plaisanterie ou comme un objet tout court, mais comme la prise de parole d'un sujet, a bien conscience que ce qu'il va dire sera entendu de cette maniĂšre). On ne peut jamais dire simplement qu'on est homosexuel : on l'affirme toujours envers et contre tout, envers et contre tous, et non seulement contre ceux qui voudraient empĂȘcher qu'on puisse le dire, mais aussi contre ceux qui objectent qu'il n'est pas besoin de le dire. C'est pourquoi il y a toujours une certaine thĂ©ĂątralitĂ© propre Ă  l'affirmation homosexuelle. Ce n'est donc pas en vertu du fait que, comme l'Ă©crit Sartre, « puisque nous ne faisons que jouer ce que nous sommes, nous sommes tout ce que nous pouvons jouer ». C'est au contraire parce qu'un homosexuel doit si longtemps jouer ce qu'il n'est pas qu'il ne peut ensuite ĂȘtre ce qu'il est qu'en le jouant. C'est vrai. Mais il ne peut en ĂȘtre autrement. On l'a vu : il y a une Ă©nergie qui sourd de la honte, qui se forme en elle et par elle et qui agit comme une force transformatrice. Cette Ă©nergie s'exprime dans l'identitĂ© thĂ©ĂątralisĂ©e, dans la performance (au sens anglais), dans l'exhibitionnisme, l'extravagance ou la parodie. L'exhibitionnisme et la thĂ©ĂątralitĂ© sont sans doute, et ont Ă©tĂ© historiquement, parmi les gestes les plus importants qui ont permis de dĂ©fier l'hĂ©gĂ©monie hĂ©tĂ©ronormative. Et c'est d'ailleurs pourquoi ils ont toujours fait l'objet d'attaques si virulentes. La honte donne son Ă©nergie Ă  l'exhibitionnisme, Ă  l'affirmation de soi comme thĂ©ĂątralitĂ©, c'est-Ă -dire Ă  l'affirmation de soi tout court. (p. 163-164)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Vous vous rendez compte, quelle vie cette vie. Vous vous rendez compte, quel monde ce monde," Mais oui, je me rends compte. Je ne fais que ça, me rendre compte et en rendre compte. C'est bien ce que je souhaite. J'ai souvent recontrĂ©, au cours de ces annĂ©es, ce mĂȘme regard d'Ă©tonnement absolu qu'a eu ce viellard qui allait mourir, juste avant de mourir. J'avoue, d'ailleurs, n'avoir jamais bien compris pourquoi tant de types s'Ă©tonnaient tellement, Peut-ĂȘtre parce que j'ai une plus longue habitude de la mort sur les routes, des foules en marche sur les routes, avec la mort aux trousses. Peut-ĂȘtre que je n'arrive pas Ă  m'Ă©toner parce que je ne vois que ça, depuis juillet 1936. Ils m'Ă©nervent, souvent, tous ces Ă©tonnĂ©s. Ils reviennent de l'interrogatoire, Ă©berluĂ©s. "Vous vous rendez compte, ils m'ont tabassĂ©. -- Mais que voulez-vous qu'ils fassent, nom de dieu? Vous ne saviez donc pas que ce sont des nazis?" Ils hochaient la tĂȘte, ils ne savaient pas trĂšs bien ce qu'il leur arrivait. "Mais bon dieu, vous ne saviez pas Ă  qui nous avons affaire?" Ils m'Ă©nervent souvent, ces Ă©berluĂ©s. Peut-ĂȘtre parce que j'ai vu les avions de chasse italiens et allemands survoler les routes Ă  basse altitude et mitrailler la foule, bien tranquillement, sur les routes de mon pays. À moi cetter charrette avex la femme en noir et le bĂ©bĂ© qui pleure. À moi ce bourricot et la gran-mĂšre sur le bourricot. À toi cette fiancĂ©e de neige et de feu qui marche comme une princesse sur la route brĂ»lante. Peut-ĂȘtre qui'ils m'Ă©nervent, tous ces Ă©tonnĂ©s, Ă  cause des villages en marche sur les routes de mon pays, fuyant ces mĂȘmes S.S., our leurs semblables, leurs frĂšres. Ainsi, Ă  cette question: "Vous vous rendez compte?" j'ai une rĂ©ponse toute faite, comme dirairt le gars de Semur. Mais oui, je me rends compte, je ne fais que ça. Je me rends compte et j'essaie d'en rendre compte, tel est mon propos.
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Jorge SemprĂșn (The Long Voyage)
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Vous avez déjà vu une femme découper des carrés de boeuf dans une boucherie? Moi, jamais madame. Un tel massacre me paraissait donc caractéristique du masculin. Mais on ne m'y reprend plus.
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Romain PuĂ©rtolas (La police des fleurs, des arbres et des forĂȘts)
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Si ce que tu as trouvĂ© est fait de matiĂšre pure, cela ne pourrira jamais. Et tu pourras y revenir un jour. Si ce n’est qu’un instant de lumiĂšre, comme l’explosion d’une Ă©toile, alors tu ne retrouveras rien Ă  ton retour. Mais tu auras vu une explosion de lumiĂšre. Et cela seul aura dĂ©jĂ  valu la peine d’ĂȘtre vĂ©cu.
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Paulo Coelho (The Alchemist)
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Elle a l'air triste, un peu abattu, un air que je ne lui ai jamais vu. Elle demande si on peut sortir fumer une cigarette. Elle regarde ses pieds. Il fait un peu froid, dans la nuit noire. Elle recrache la fumée vers le ciel, ça fait un nuage qui rejoint les nuages. Elle plonge ses yeux dans les miens. Elle dit je crois que je suis amoureuse de toi.
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Pauline Delabroy-Allard (Ça raconte Sarah)
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rallumant une nouvelle clope. Tu ne m’as pas toujours respectĂ© pourtant
 — Mais non
 mais
 pour
 pourquoi
 vous
 tu
 mais qu’est-ce que je t’ai fait, bon sang ! Vouvoiement, tutoiement, sacrĂ© dilemme dans son crĂąne de piaf. C’est au moins la cinquiĂšme fois qu’il me pose la question et il ne sait toujours pas comment s’y prendre. Finalement, ça m’amuse de le voir jouer les Ă©quilibristes. Moi, je n’hĂ©site pas un seul instant. Tutoiement. C’est bon, ça fait un an que je lui balance du « vous » Ă  toutes les sauces, que je suis Ă  ses petits soins, que dis-je, que je m’agenouille devant lui comme un serf devant son suzerain. Alors maintenant, on arrĂȘte la comĂ©die, c’est fini. On joue d’égal Ă  Ă©gal. Si nous avions Ă©tĂ© deux personnes raisonnables, nous nous serions attablĂ©s autour de son bureau, nous aurions discutĂ© de nos diffĂ©rends et peut-ĂȘtre, je dis bien peut-ĂȘtre, serions-nous arrivĂ©s Ă  un accord. Mais lĂ , au vu des circonstances et de tout ce qui nous sĂ©pare, il n’y a plus de discussion possible. J’ai choisi mon camp. Je serai le dominant et lui le dominĂ©. Les rĂŽles sont donc changĂ©s. — Qu’est-ce que tu m’as fait ? m’indignĂ©-je en recrachant la fumĂ©e de ma tige sur son visage. Non, mais tu te fous de moi ? Ça fait un an que tu me pourris la vie ! Douze mois consĂ©cutifs, bordel de merde ! — Je
 je ne vous ai pas
 je ne t’ai pas pourri la vie ! Jamais ! Vous
 tu
 tu sais que tu vas au-devant de graves ennuis ? Adam a tout entendu et lĂ , il est parti donner l’alerte. Les forces d’intervention vont arriver ici d’une minute Ă  l’autre ! Tu ne sais pas dans quel pĂ©trin tu t’es fourrĂ©, mon pauvre ami. Alors le mieux pour toi, c’est que tu me dĂ©taches de ce fauteuil et que l’on oublie rapidement cette histoire ! La sonnerie du tĂ©lĂ©phone stoppe subitement ses « conseils avisĂ©s ». J’hĂ©site un instant. Je n'ai pas forcĂ©ment envie de dĂ©crocher et Ă  vrai dire, j'ai une vague idĂ©e de la personne qui se trouve derriĂšre le combinĂ©, mais comme je suis de nature curieuse, je dĂ©cide tout de mĂȘme d'en savoir un peu plus. Deux secondes aprĂšs avoir rĂ©pondu « allÎ », j’arrache violemment le fil qui relie le tĂ©lĂ©phone Ă  la prise murale et envoie valdinguer l’appareil Ă  l’autre bout de la piĂšce. Fin de la discussion. — C’est bien ce que je pensais
 un nĂ©gociateur. — Tu aurais dĂ» Ă©couter ce qu’il avait Ă  te dire, reprend l’autre empaffĂ© en me gratifiant d’un sourire qui pue la haine. Maintenant, c’est sĂ»r que tu vas devoir te coltiner le RAID. Et crois-moi, ça va te coĂ»ter cher ! Ils sont sans pitiĂ© avec les preneurs d’otage
 Non vraiment, Adam a fait du bon boulot. Je suis fier de
 Un mollard gros comme une balle de 22 Long Rifle fuse alors sur son visage. Façon de lui signifier qu’il peut d’ores et dĂ©jĂ  la mettre en sourdine. Adam, c’est le veilleur de nuit de la tour. Je ne le connais pas bien. La seule chose que je peux dire sur lui, c’est que je le croise plus souvent que ma femme et mon fils
 À mon grand dĂ©sarroi. Je lui rĂ©torque quand bien mĂȘme : — Ces graves ennuis comme tu dis si bien, je ne les ai eus qu’avec toi ! Alors tu sais, les flics peuvent descendre en rappel par les fenĂȘtres ou balancer des lance-roquettes sur cette tour de merde, ce ne sera que de la roupie de sansonnet Ă  cĂŽtĂ© de ce que j’ai subi ! Tiens, prends ça ! Clac ! Cette baffe est douloureuse. Je le vois Ă  sa grimace. C’est vrai que je ne l’ai pas ratĂ©. Ça fait deux heures que je suis sur lui Ă  viser sa joue rougie par le feu de mes allers-retours, alors forcĂ©ment, Ă  un moment donnĂ© on attrape le coup de main. Je craque mes phalanges pour lui faire comprendre
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Thierry Vernhes (FrĂšres de sang - Nouvelle (French Edition))
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Je suis en train de me dire que le problĂšme noir aux États-Unis pose une question qui le rend prati- quement insoluble: celui de la BĂȘtise. Il a ses racines dans les profondeurs de la plus grande puissance spi- rituelle de tous les temps, qui est la Connerie. Jamais, dans l'histoire, l'intelligence n'est arrivĂ©e Ă  rĂ©soudre des problĂšmes humains lorsque leur nature essen- tielle est celle de la BĂȘtise. Elle est arrivĂ©e Ă  les contourner, Ă  s'arranger avec eux par l'habiletĂ© ou par la force, mais neuf fois sur dix, lorsque l'intel- ligence croyait dĂ©jĂ  en sa victoire, elle a vu surgir en son milieu toute la puissance de la BĂȘtise immortelle. Il suffit de voir ce que la BĂȘtise a fait des victoires du communisme, par exemple, du dĂ©ferlement des spermatzoĂŻdes de la « rĂ©volution culturelle », ou au moment oĂč j’ecrIs, de l’assassinat du « printemps de Prague » au nom de la « pensĂ©e marxiste correcte ». (Chien blanc)
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Romain Gary
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Ce n'est pas ma mort qui me rĂ©jouit tant, dit-elle, mais ce qui la suivra... le temps oĂč nous ne nous quitterons plus, mon petit verre en cristal... peux-tu imaginer notre vie, moi te suivant partout, invisible, sans que les gens se doutent jamais qu'ils ont affaire Ă  deux femmes et non pas Ă  une seule? ... peux-tu imaginer cela ? [...] ah maintenant que je t'ai vu souffrir, je peux tranquillement fermer mes deux yeux, car je te laisse avec ton panache sur la terre...
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Simone Schwarz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle
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- "Le chant de la renommĂ©e et enivrant mais l'Ɠil n'est pas l'oreille. Petits nous Ă©tions et le monde grand, pas l'inverse. On voyait comme le jour l'horizon noir de la fumĂ©e des bombes, le chemin rouge du sang de nos frĂšres et amis, et le ciel bas sous le poids des Ăąmes arrachĂ©es Ă  leurs familles. On savait, mĂȘme si nous y allions en rangs bĂȘlants. Voulait-on voir ou on irait dans la folie? Peut-ĂȘtre, puisque nous n'avions rien de mieux Ă  fiche. A-t-on jamais vu un mouton revenir de l'abattoir?" P 25 L'enfant fou de l'arbre creux - Boualem Sansal
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Boualem Sansal (L'Enfant fou de l'arbre creux)
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Je suis en train de me dire que le problĂšme noir aux États-Unis pose une question qui le rend pratiquement insoluble: celui de la BĂȘtise. Il a ses racines dans les profondeurs de la plus grande puissance spirituelle de tous les temps, qui est la Connerie. Jamais, dans l'histoire, l'intelligence n'est arrivĂ©e Ă  rĂ©soudre des problĂšmes humains lorsque leur nature essentielle est celle de la BĂȘtise. Elle est arrivĂ©e Ă  les contourner, Ă  s'arranger avec eux par l'habiletĂ© ou par la force, mais neuf fois sur dix, lorsque l'intellidence croyait dĂ©jĂ  en sa victoire, elle a vu surgir en son milieu toute la puissance de la BĂȘtise immortelle. Il suffit de voir ce que la BĂȘtise a fait des victoires du communisme, par exemple, du dĂ©ferlement des spermatzoĂŻdes de la « rĂ©volution culturelle », ou au moment oĂč j’ecrIs, de l’assassinat du « printemps de Prague » au nom de la « pensĂ©e marxiste correcte ». (Chien blanc)
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Romain Gary
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—Hein? Ă  qui tout ça?
 On n'en sait rien. A des gens. Et, de la main, il dĂ©signait dans l'ombre un point vague, un lieu ignorĂ© et reculĂ©, peuplĂ© de ces gens, pour qui les Maheu tapaient Ă  la veine depuis plus d'un siĂšcle. Sa voix avait pris une sorte de peur religieuse, c'Ă©tait comme s'il eĂ»t parlĂ© d'un tabernacle inaccessible, oĂč se cachait le dieu repu et accroupi, auquel ils donnaient tous leur chair, et qu'ils n'avaient jamais vu.
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Émile Zola (Germinal (Les Rougon-Macquart, #13))
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Les enfants peuvent ĂȘtre cruels. Je n’ai jamais compris pourquoi le fait de travailler Ă  l’école Ă©tait vu comme une marque de ringardise Ă  cette pĂ©riode. Je n’étais rien d’autre que l’intello. Celle qu’on copie tout le temps parce qu’elle est trop gentille, ou intimidĂ©e, pour dire non. La seule personne qui n’arrive pas Ă  se faire d’amis, car cela risquerait d’altĂ©rer la rĂ©putation des autres. Surtout, celle qui est facile Ă  embĂȘter de par sa fragilitĂ©.
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Charlie (Les couleurs du changement (French Edition))
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Ensuite j’ai reconnu, Sonia, que si l’on attendait le moment oĂč tout le monde sera intelligent, on devrait s’armer d’une trop longue patience. Plus tard encore je me suis convaincu que ce moment mĂȘme n’arriverait jamais, que les hommes ne changeraient pas et qu’on perdait son temps Ă  essayer de les modifier! Oui, c’est ainsi! C’est leur loi
 Je sais maintenant, Sonia, que le maĂźtre chez eux est celui qui possĂšde une intelligence puissante. Qui ose beaucoup a raison Ă  leurs yeux. Qui les brave et les mĂ©prise s’impose Ă  leur respect! C’est ce qui s’est toujours vu et se verra toujours! Il faudrait ĂȘtre aveugle pour ne pas s’en apercevoir!
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Fyodor Dostoevsky (ƒuvres majeures (29 titres))
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Je tenais dans mes bras une superbe danseuse d’un thĂ©Ăątre d’Italie, venue Ă  Paris pour le Carnaval ; elle Ă©tait en costume de Bacchante, avec une robe de peau de panthĂšre. Jamais je n’ai rien vu de si languissant que cette crĂ©ature. Elle Ă©tait grande et mince, et, tout en valsant avec une rapiditĂ© extrĂȘme, elle avait l’air de se traĂźner ; Ă  la voir, on eĂ»t dit qu’elle devait fatiguer son valseur ; mais on ne la sentait pas, elle courait comme par enchantement. Sur son sein Ă©tait un bouquet Ă©norme, dont les parfums m’enivraient malgrĂ© moi. Au moindre mouvement de mon bras, je la sentais plier comme une liane des Indes, pleine d’une mollesse si douce et si sympathique, qu’elle m’entourait comme d’un voile de soie embaumĂ©e. À chaque tour on entendait Ă  peine un lĂ©ger froissement de son collier sur sa ceinture de mĂ©tal ; elle se mouvait si divinement que je croyais voir un bel astre, et tout cela avec un sourire, comme une fĂ©e qui va s’envoler. La musique de la valse, tendre et voluptueuse, avait l’air de lui sortir des lĂšvres, tandis que sa tĂȘte, chargĂ©e d’une forĂȘt de cheveux noirs tressĂ©s en nattes, penchait en arriĂšre, comme si son cou eĂ»t Ă©tĂ© trop faible pour la porter.
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Alfred de Musset (La confession d'un enfant du siĂšcle)
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Most people know the feeling of dĂ©jĂ  vu. It’s when you can’t quite place it, but you know you’ve felt exactly that way before in another time and another place. There’s an opposite to this feeling called jamais vu. It’s when you go back to the same place but nothing about it is familiar, and you feel like nothing but strangers surround you.
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Kristin Addis (A Thousand New Beginnings: Tales of Solo Female Travel Through Southeast Asia)
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[...] D’emblĂ©e, nous avons parlĂ© de la Marche Verte annoncĂ©e quelques heures plus tĂŽt. Il ne cachait pas sa colĂšre sans l’extĂ©rioriser brutalement. Il restait trĂšs maĂźtre de lui jusqu’à ce qu’à l’écran apparaissent les images du roi Hassan II prononçant un discours. LĂ , le visage de Boumediene s’est mĂ©tamorphosĂ©. Un mĂ©lange de sourire nerveux et de fureur crispait son visage. Un moment, le roi parle de l’AlgĂ©rie sur un ton conciliant et amical. Le PrĂ©sident lui lance, en arabe, une injure et, Ă  ma stupeur, il avance son bras droit et dĂ©livre un magistral bras d’honneur. Tel un voyou de Bab el Oued. Le PrĂ©sident austĂšre qui se donnait Ă  voir quelques instants plus tĂŽt avait disparu. J’avais devant moi un autre homme. Un jeune garnement des rues prĂȘt Ă  tout. Il s’est levĂ© de son fauteuil et s’est mis Ă  sautiller de façon Ă©trange. Un peu hystĂ©rique. Je ne saurais dire s’il sautait de joie ou de colĂšre, mais, je le revois trĂšs bien, il a bondi Ă  plusieurs reprises. Il trĂ©pignait, comme s’il avait perdu le contrĂŽle de son personnage. Les insultes contre Hassan II pleuvaient. J’étais stupĂ©fait. Jamais je n’avais vu un chef d’Etat dans cet Ă©tat. Ce n’était qu’un torrent d’invectives Ă  un niveau insoutenable de grossiĂšretĂ©, d’obscĂ©nitĂ©, de vulgaritĂ©. Sans transition, ont suivi les menaces. Hassan II ne l’emportera pas au paradis. Il ne sait pas ce qui l’attend. L’AlgĂ©rie ne se fera pas rouler dans la farine. J'Ă©tais d'autant plus abasourdi que l'affaire du Sahara trainait depuis longtemps. Les revendications du Maroc dataient de Mohamed V qui entendait affirmer sa souverainetĂ© non seulement sur le Sahara Occidental mais sur la Mauritanie tout entiĂšre. Je n'oubliais pas, et Boumediene non plus, la dĂ©faite de l'AlgĂ©rie pendant la guerre des sables d'octobre 1963. On sentait le goĂ»t de la revanche, le besoin d'effacer de mauvais souvenirs. Je n'ai plus souvenir des termes exacts mais l'idĂ©e Ă©tait bien celle d'une riposte qui fera regrette Ă  l'agresseur ses rodomontades. L'algĂ©rie ne se laissera pas marcher sur les pieds. Elle rĂ©torquera de tous ses moyens et on verra ce qu'on verra [19 Juillet 2013]
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Jean Daniel
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Vous n'avez jamais vu fusiller un homme? Non, bien sĂ»r, cela se fait gĂ©nĂ©ralement sur invitation et le public est choisi d'avance. Le rĂ©sultat est que vous en ĂȘtes restĂ© aux estampes et aux livres. Un bandeau, un poteau, et au loin quelques soldats. Eh bien, non! Savez-vous que le peloton des fusilleurs se place au contraire Ă  un mĂštre cinquante du condamnĂ©? Savez-vous que si le condamnĂ© faisait deux pas en avant, il heurterait les fusils avec sa poitrine? Savez-vous qu'Ă  cette courte distance, les fusilleurs concentrent leur tir sur la rĂ©gion du cƓur et qu'Ă  eux tous, avec leurs grosses balles, ils y font un trou oĂč l'on pourrait mettre le poing? Non, vous ne le savez pas parce que ce sont lĂ  des dĂ©tails dont on ne parle pas. Le sommeil des hommes est plus sacrĂ© que la vie pour les pestifĂ©rĂ©s. On ne doit pas empĂȘcher les braves gens de dormir. Il y faudrait du mauvais goĂ»t, et le goĂ»t consiste Ă  ne pas insister, tout le monde sait ça. Mais moi, je n'ai pas bien dormi depuis ce temps-lĂ . Le mauvais goĂ»t m'est restĂ© dans la bouche et je n'ai pas cessĂ© d'insister, c'est-Ă -dire d'y penser.
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Albert Camus (The Plague)
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It is not the first time I felt all this, it is like Jamais Vu. I felt it all zillion times but every single time it feels new.
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-Shreya Gupta
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Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: "Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre? Est-ce qu'il collectionne les papillons?" Elles vous demandent: Quel Ăąge a-t-il? Combien a-t-il de frĂšres? Combien gagne son pĂšre?" alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'Ă©crient: "Comme c'est joli !". Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: "Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre? Est-ce qu'il collectionne les papillons?" Elles vous demandent: Quel Ăąge a-t-il? Combien a-t-il de frĂšres? Combien gagne son pĂšre?" alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'Ă©crient: "Comme c'est joli !".
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Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami elles ne vous ques
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25 [ octobre 1934 ] J'ai dit Ă  Mariecotte : « Il n'y a plus que deux choses qui m'intĂ©ressent : le catholicisme et les robes. » Qui comprendrait ? Elle n'a pas compris... En regardant (1 h 1/2 du matin ) une dĂ©licieuse robe de Maggy Rouff ( Vogue ), je comprends que, pour moi, crĂ©ation de robe = puretĂ©. C'est cette folie de puretĂ© qui a dominĂ© ma vie, qui me donne l'attention fascinĂ©e par la robe jamais faite encore, la robe qui n'a pas d'habitudes, la robe inhumaine. Et cela ne signifie pas « la robe jamais portĂ©e », car tout vĂȘtement neuf suffirait : non, il faut du jamais-vu, et le jamais-vu ne suffit pas, il faut vraiment du jamais-fait. La robe Ă  quoi aucun acte n'est intĂ©grĂ© encore, la robe sans habitudes, sans passĂ©, sans pĂ©chĂ©.
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Catherine Pozzi (Journal, 1913-1934)
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Ce sont les sophistes, Protagoras en tĂȘte, qui sont les vĂ©ritables prĂ©curseurs de la pensĂ©e moderne ; ce sont eux les « penseurs » proprement dits, en ce sens qu'ils se bornaient Ă  ratiociner et ne se souciaient guĂšre de « percevoir » et de rendre compte de ce qui « est ». Et c'est Ă  tort qu'on a vu en Socrate, Platon et Aristote les pĂšres du rationalisme, voire de la pensĂ©e moderne en gĂ©nĂ©ral ; sans doute, ils raisonnent — Shankara et RĂąmĂąnuja en font autant — mais ils n'ont jamais dit que le raisonnement est l'alpha et l'omĂ©ga de l'intelligence et de la vĂ©ritĂ©, ni a fortiori que nos expĂ©riences ou nos goĂ»ts dĂ©terminent la pensĂ©e et priment l'intuition intellectuelle et la logique, quod absit. Somme toute, la philosophie moderne est la codification d'une infirmitĂ© acquise ; l'atrophie intellectuelle de l'homme marquĂ© par la « chute » avait pour consĂ©quence une hypertrophie de l'intelligence pratique, d'oĂč en fin de compte l'explosion des sciences physiques et l'apparition de pseudo-sciences telles que la psychologie et la sociologie (1). Quoi qu'il en soit, il faut reconnaĂźtre que le rationalisme bĂ©nĂ©ficie de circonstances attĂ©nuantes en face de la religion, dans la mesure oĂč il se fait le porte-parole des besoins de causalitĂ© lĂ©gitimes que suscitent certains dogmes, du moins quand on les prend Ă  la lettre comme l'exige la thĂ©ologie (2). D'une maniĂšre tout Ă  fait gĂ©nĂ©rale, il va de soi qu'un rationaliste peut avoir raison sur le plan des observations et des expĂ©riences ; l'homme n'est pas un systĂšme clos, bien qu'il puisse s'efforcer de l'ĂȘtre. Mais mĂȘme en dehors de toute question de rationalisme et de dogmatisme, on ne peut en vouloir Ă  personne d'ĂȘtre scandalisĂ© par les sottises et les crimes perpĂ©trĂ©s au nom de la religion, ou mĂȘme simplement par les antinomies entre les diffĂ©rents credos ; toutefois, comme les horreurs ne sont certes pas l'apanage de la religion — les prĂ©dicateurs de la « dĂ©esse raison » en fournissent la preuve —, il faut nous arrĂȘter Ă  la constatation que les excĂšs et les abus sont dans la nature humaine. S'il est absurde et choquant que des crimes se rĂ©clament du Saint-Esprit, il n'est pas moins illogique et scandaleux qu'ils aient lieu Ă  l'ombre d'un idĂ©al de rationalitĂ© et de justice. [...]
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Bref, je n’ai jamais compris le comment et le pourquoi de cette lubie. Et, vu le caractĂšre profondĂ©ment vicieux du personnage, je n’exclus pas qu’il ait inventĂ© sa fable dans l’unique but de me nuire. Mais le drĂŽle, dans l’histoire, c’est d’abord les proportions que prit la rumeur (le grand rabbin Sitruk, nouvellement Ă©lu, crut bon de s’en inquiĂ©ter et lui donna, ainsi, un Ă©cho inespĂ©rĂ©); et c’est, ensuite, la rĂ©action de ma mĂšre elle-mĂȘme quand, la chose commençant de s’imprimer dans des journaux communautaires qu’elle ne lisait certes pas (mais enfin, on ne sait jamais...), je dĂ©cidai de la mettre au courant. Je le fis avec mĂ©nagement. Je pris beaucoup de prĂ©cautions avant de formuler les termes de l’offense. Je jurai d’ailleurs, dans le mĂȘme souffle, que l’affront ne resterait pas impuni et que je n’aurais de cesse que de faire ravaler Ă  Hallier sa calomnie (ce que j’avais, du reste, dĂ©jĂ  fait en allant, le jour mĂȘme, l’interpeller chez Lipp, lui demander de me suivre sur le trottoir et, comme il s’y refusait, le bousculer sur place, Ă  sa table, prĂšs de la caisse - scandale qui fut assez mal pris et me valut une longue << interdiction de Lipp>> qui ne fut levĂ©e, des annĂ©es plus tard, qu’à la mort de <>
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Houllebecq, Levy
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AprĂšs, nous sommes restĂ©s enlacĂ©s, l’un contre l’autre, fronts joints. Il aurait fallu que cela ne cesse jamais. Je voulais refermer les yeux mais, en mĂȘme temps, je ne le voulais pas, parce que dĂšs lors, je ne l’aurais plus vu. Je voulais tout, tout de suite, pour toujours
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Sarah Sprinz (In unserem Universum sind wir unendlich)
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Mlle HiraĂŻ sentit son coeur se serrer. Kumi avait donc bien des aspirations, elle aussi. Des choses qu'elle voulait faire dans sa vie. Par Ă©goĂŻsme, Mlle HiraĂŻ l'avait privĂ©e d'un rĂȘve auquel elle tenait au point d'en pleurer. Elle lui demanda d'une voix faible : - De quoi rĂȘvais-tu ? Kumi, les yeux rougis, prit une profonde inspiration avant de rĂ©pondre : - De m'occuper de l'auberge avec toi... A ces mots, son visage dĂ©formĂ© par les pleurs s'Ă©tait illuminĂ©. Mlle HiraĂŻ n'avait jamais vu sa soeur afficher un sourire aussi heureux.
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Toshikazu Kawaguchi (Before the Coffee Gets Cold (Before the Coffee Gets Cold, #1))
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En haut, au cƓur de la montagne, la Couleuvre rampa et se blottit. LovĂ©e au sein d’une crevasse humide, elle regardait la mer. Le soleil brillait haut dans le ciel. Dans le ciel les sommets exhalaient leur chaleur. A leurs pieds les vagues venaient se briser... Au fond d’une gorge noyĂ©e d’obscuritĂ© et d’embruns, dans un tonnerre de pierres, un torrent se prĂ©cipitait vers la mer
 Tout en Ă©cume blanche, puissant et grisonnant, il fendait la roche et, hurlant de colĂšre, se jetait dans les flots. Soudain du ciel, dans la crevasse oĂč la Couleuvre se blottissait, tomba le Faucon, la poitrine dĂ©chirĂ©e, les plumes ensanglantĂ©es... Dans un cri bref, il s’était Ă©crasĂ©, et, plein de colĂšre impuissante, frappait de sa poitrine l’ñpretĂ© de la pierre... D'abord, la Couleuvre effrayĂ©e recula, mais bientĂŽt elle comprit que l’oiseau blessĂ© n’avait plus longtemps Ă  vivre
 Elle rampa et, fixant le Faucon droit dans les yeux, lui siffla : - Quoi, voilĂ  donc que tu meurs ? - Oui, je meurs ! lui rĂ©pondit l’oiseau dans un profond soupir. Je meurs mais j’ai vĂ©cu dans la gloire !... J'ai connu la fĂ©licitĂ© !
 J’ai combattu vaillamment !
 J'ai vu le ciel comme jamais tu ne sauras t’en approcher !... Pauvre crĂ©ature ! - Le ciel !?
 Qu'est-ce le ciel pour moi ? Un espace vide oĂč je ne puis ramper. Ici je me sens bien : il y fait si douillettement chaud et humide ! Ainsi rĂ©pondit la Couleuvre Ă  l'oiseau Ă©pris de libertĂ©, gloussant au fond d’elle-mĂȘme de devoir Ă©couter de pareilles sornettes. Ainsi pensait l’ophidien : "Qu’on vole ou bien qu’on rampe, chacun connaĂźt ici la fin : tous nous reposerons sous terre et tout finira en poussiĂšre..." Mais le Faucon tenta de se soulever, dressa la tĂȘte et porta son regard alentour. Au fond de cette gorge, dans cette obscuritĂ©, l'eau suintait entre les pierres grises, l’air Ă©tait suffocant et puait la charogne. Alors le Faucon rassemblant toutes ses forces laissa Ă©chapper un cri de douleur et de chagrin : - Oh, que ne puis-je une derniĂšre fois m’envoler et rejoindre le ciel ! LĂ , j’étreindrais mon ennemi
 contre ma poitrine et... il s’étoufferait de mon sang ! Ô, Ivresse de la bataille !... L’entendant ainsi gĂ©mir la Couleuvre se dit : "Comme il doit ĂȘtre bon de vivre dans le ciel !" Elle proposa Ă  l’oiseau Ă©pris de libertĂ© : "Va, approche-toi du gouffre et prĂ©cipite-toi dans le vide. Et qui sait ? tes ailes te porteront. Ainsi te sera-t-il donnĂ© de vivre encore un instant dans ce monde qui est le tien." Le Faucon frĂ©mit et fiĂšrement dans un cri s'approcha de l’abĂźme, s’agrippant de ses griffes, rampant sur la pierre glissante. ArrivĂ© au bord du prĂ©cipice, il dĂ©ploya ses ailes, prit une profonde inspiration ; ses yeux clignĂšrent plusieurs fois et il se jeta dans le vide. Il tomba plus vite qu’une pierre et se brisa les ailes, dĂ©valant et roulant sur les roches, y laissant ses plumes
 Le flot du ruisseau le saisit, le lava de son sang et l’inondant d’écume l’emporta vers la mer. Dans un rugissement de douleur, les vagues amĂšres battaient contre les pierres... Le corps de l’oiseau Ă  tout jamais disparut dans le vaste ocĂ©an
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Maxime Gorki (Le bourg d'Okourov)
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En haut, au cƓur de la montagne, la Couleuvre rampa et se blottit. LovĂ©e au sein d’une crevasse humide, elle regardait la mer. Le soleil brillait haut dans le ciel. Dans le ciel les sommets exhalaient leur chaleur. A leurs pieds les vagues venaient se briser... Au fond d’une gorge noyĂ©e d’obscuritĂ© et d’embruns, dans un tonnerre de pierres, un torrent se prĂ©cipitait vers la mer
 Tout en Ă©cume blanche, puissant et grisonnant, il fendait la roche et, hurlant de colĂšre, se jetait dans les flots. Soudain du ciel, dans la crevasse oĂč la Couleuvre se blottissait, tomba le Faucon, la poitrine dĂ©chirĂ©e, les plumes ensanglantĂ©es... Dans un cri bref, il s’était Ă©crasĂ©, et, plein de colĂšre impuissante, frappait de sa poitrine l’ñpretĂ© de la pierre... D'abord, la Couleuvre effrayĂ©e recula, mais bientĂŽt elle comprit que l’oiseau blessĂ© n’avait plus longtemps Ă  vivre
 Elle rampa et, fixant le Faucon droit dans les yeux, lui siffla : - Quoi, voilĂ  donc que tu meurs ? - Oui, je meurs ! lui rĂ©pondit l’oiseau dans un profond soupir. Je meurs mais j’ai vĂ©cu dans la gloire !... J'ai connu la fĂ©licitĂ© !
 J’ai combattu vaillamment !
 J'ai vu le ciel comme jamais tu ne sauras t’en approcher !... Pauvre crĂ©ature ! - Le ciel !?
 Qu'est-ce le ciel pour moi ? Un espace vide oĂč je ne puis ramper. Ici je me sens bien : il y fait si douillettement chaud et humide ! Ainsi rĂ©pondit la Couleuvre Ă  l'oiseau Ă©pris de libertĂ©, gloussant au fond d’elle-mĂȘme de devoir Ă©couter de pareilles sornettes. Ainsi pensait l’ophidien : "Qu’on vole ou bien qu’on rampe, chacun connaĂźt ici la fin : tous nous reposerons sous terre et tout finira en poussiĂšre..." Mais le Faucon tenta de se soulever, dressa la tĂȘte et porta son regard alentour. Au fond de cette gorge, dans cette obscuritĂ©, l'eau suintait entre les pierres grises, l’air Ă©tait suffocant et puait la charogne. Alors le Faucon rassemblant toutes ses forces laissa Ă©chapper un cri de douleur et de chagrin : - Oh, que ne puis-je une derniĂšre fois m’envoler et rejoindre le ciel ! LĂ , j’étreindrais mon ennemi
 contre ma poitrine et... il s’étoufferait de mon sang ! Ô, Ivresse de la bataille !... L’entendant ainsi gĂ©mir la Couleuvre se dit : "Comme il doit ĂȘtre bon de vivre dans le ciel !" Elle proposa Ă  l’oiseau Ă©pris de libertĂ© : "Va, approche-toi du gouffre et prĂ©cipite-toi dans le vide. Et qui sait ? tes ailes te porteront. Ainsi te sera-t-il donnĂ© de vivre encore un instant dans ce monde qui est le tien." Le Faucon frĂ©mit et fiĂšrement dans un cri s'approcha de l’abĂźme, s’agrippant de ses griffes, rampant sur la pierre glissante. ArrivĂ© au bord du prĂ©cipice, il dĂ©ploya ses ailes, prit une profonde inspiration ; ses yeux clignĂšrent plusieurs fois et il se jeta dans le vide. Il tomba plus vite qu’une pierre et se brisa les ailes, dĂ©valant et roulant sur les roches, y laissant ses plumes
 Le flot du ruisseau le saisit, le lava de son sang et l’inondant d’écume l’emporta vers la mer. Dans un rugissement de douleur, les vagues amĂšres battaient contre les pierres... Le corps de l’oiseau Ă  tout jamais disparut dans le vaste ocĂ©an

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Maxime Gorki
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On s'Ă©tait trompĂ©. L'erreur qu'on avait faite, en quelques secondes, a gagnĂ© tout l'univers. Le scandale Ă©tait Ă  l'echelle de Dieu. Mon petit frĂšre Ă©tait immortel et on ne l'avait pas vu. L'immortalitĂ© avait Ă©tĂ© recelĂ©e par le corps de ce frĂšre tandis qu'il vivait et nous, on n'avait pas vu que c'Ă©tait dans ce corps-lĂ  que se trouvait ĂȘtre logĂ©e l'immortalitĂ©. Le corps de mon frĂšre Ă©tait mort. L'immortalitĂ© Ă©tait morte avec lui. Et ainsi allait le monde maintenant, privĂ© de ce corps visitĂ©, et de cette visite. On s'Ă©tait trompĂ© complĂštement. L'erreur a gagnĂ© tout l'univers, le scandale. [...] Il faudrait prĂ©venir les gens de ces choses-lĂ . Leur apprendre que l'immortalitĂ© est mortelle, qu'elle peut mourrir, que c'est arrivĂ©, que cela arrive encore. Qu'elle ne se signale pas en tant que telle, jamais, qu'elle est la duplicitĂ© absolue. Qu'elle n'existe pas dans le dĂ©tail mais seulement dans le principe. Que certaines personnes peuvent en recĂ©ler la prĂ©sence, Ă  condition qu'elles ignorent le faire. De mĂȘme que certaines autres personnes peuvent en dĂ©celer la prĂ©sence chez ces gens, Ă  la mĂȘme condition, qu'elles ignorent le pouvoir. Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas un question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants : l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne.
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Marguerite Duras (L'Amant)
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- On parle tant du premier amour, hein Marco ? On ment comme pour tout le reste. - C'est ainsi, Modesta, moi non plus je n'aurais jamais imaginĂ©, et malheureusement il faut arriver Ă  notre Ăąge pour le savoir. Tu as vu aujourd'hui sur le pont comme ces jeunes nous regardaient ? J'ai presque eu la tentation de le leur dire, mais ils ne m'auraient pas cru. Non, on ne peut communiquer Ă  personne cette plĂ©nitude de joie que donne l'excitation vitale de dĂ©fier le temps Ă  deux, d'ĂȘtre partenaire dans l'art de le dilater, en le vivant le plus intensĂ©ment possible avant que ne sonne l'heure de la derniĂšre aventure.
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Goliarda Sapienza (L'arte della gioia)
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Pour rĂ©sumer : chaque jour, je ressemblais davantage Ă  la vieille paysanne russe attendant le train. Peu aprĂšs la rĂ©volution, ou aprĂšs une guerre ou une autre, la confusion rĂšgne au point que personne n'a idĂ©e de quand va pointer la nouvelle aube, et encore moins de quand va arriver le prochain train, mais la campagnarde chenue a entendu dire que celui-ci est prĂ©vu pour tantĂŽt. Vu la taille du pays, et le dĂ©sordre de ces temps, c'est une information aussi prĂ©cise que toute personne douĂ©e de raison est en droit d'exiger, et puisque la vieille n'est pas moins raisonnable que quiconque, elle rassemble ses baluchons de nourriture, ainsi que tout l’attirail nĂ©cessaire au voyage, avant de se oser Ă  cĂŽtĂ© de la voie ferrĂ©e. Quel autre moyen d'ĂȘtre sĂ»re d'attraper le train que de se trouver dĂ©jĂ  sur place lorsqu'il se prĂ©sentera ? Et le seul moyen d'ĂȘtre lĂ  Ă  l'instant voulu, c'est de rester lĂ  sans arrĂȘt. Évidemment, il se peut que ce convoi n'arrive jamais, ni un autre. Cependant, sa stratĂ©gie a pris en compte jusqu'Ă  cette Ă©ventualitĂ© : le seul moyen de savoir s'il y aura un train ou pas, c'est d'attendre suffisamment longtemps ! Combien de temps ? Qui peut le dire ? AprĂšs tout, il se peut que le train surgisse immĂ©diatement aprĂšs qu'elle a renoncĂ© et s'en est allĂ©e, et dans ce cas, toute cette attente, si longue eĂ»t-elle Ă©tĂ©, aurait Ă©tĂ© en vain. Mouais, pas trĂšs fiable, ce plan, ricaneront certains. Mais le fait est qu'en ce monde personne ne peut ĂȘtre complĂštement sĂ»r de rien, n'est-ce pas ? La seule certitude, c'est que pour attendre plus longtemps qu'une vieille paysanne russe, il faut savoir patienter sans fin. Au dĂ©but, elle se blottit au milieu de ses baluchons, le regard en alerte afin de ne pas manquer la premiĂšre volute de fumĂ©e Ă  l'horizon. Les jours forment des semaines, les semaines des mois, les mois des annĂ©es. Maintenant, la vieille femme se sent chez elle : elle sĂšme et rĂ©colte ses modestes moissons, accomplit les tĂąches de chaque saison et empĂȘche les broussailles d'envahir la voie ferrĂ©e pour que le cheminot voie bien oĂč il devra passer. Elle n'est pas plus heureuse qu'avant, ni plus malheureuse. Chaque journĂ©e apporte son lot de petites joies et de menus chagrins. Elle conjure les souvenirs du village qu'elle a laissĂ© derriĂšre elle, rĂ©cite les noms de ses parents proches ou Ă©loignĂ©s. Quand vous lui demandez si le train va enfin arriver, elle se contente de sourire, de hausser les Ă©paules et de se remettre Ă  arracher les mauvaises herbes entre les rails. Et aux derniĂšres nouvelles, elle est toujours lĂ -bas, Ă  attendre. Comme moi, elle n'est allĂ©e nulle part, finalement ; comme elle, j'ai cessĂ© de m'Ă©nerver pour ça. Pour sĂ»r, tout aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent si elle avait pu compter sur un horaire de chemins de fer fiable, et moi sur un procĂšs en bonne et due forme. Le plus important, c'est que, l'un comme l'autre, nous avons arrĂȘtĂ© de nous torturer la cervelle avec des questions qui nous dĂ©passaient, et nous nous sommes contentĂ©s de veiller sur ces mauvaises herbes. Au lieu de rĂȘver de justice, j'espĂ©rais simplement quelques bons moments entre amis ; au lieu de rĂ©unir des preuves et de concocter des arguments, je me contentais de me rĂ©galer des bribes de juteuses nouvelles venues du monde extĂ©rieur ; au lieu de soupirer aprĂšs de vastes paysages depuis longtemps hors de portĂ©e, je m'Ă©merveillais des moindres dĂ©tails, des plus intimes changements survenus dans ma cellule. Bref, j'ai conclus que je n'avais aucun pouvoir sur ce qui se passait en dehors de ma tĂȘte. Tout le reste rĂ©sidait dans le giron Ă©nigmatique des dieux prĂ©sentement en charge. Et lorsque j'ai enfin appris Ă  cesser de m'en inquiĂ©ter, l'absolution ainsi confĂ©rĂ©e est arrivĂ©e avec une Ă©tonnante abondance de rĂ©confort et de soulagement.
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Andrew Szepessy (Epitaphs for Underdogs)
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Si fraĂźche
 Si fraĂźche, en moi rĂ©veilles Le blanc des fleurs du cerisier, Et sur la terre, aux anges pareille, Devant moi tu apparais. Tapis que tu effleures Ă  peine, À tes pieds frissonne la soie, Et de la tĂȘte jusqu'Ă  la traĂźne D'un simple rĂȘve, tu as le poids. Issue des plis de ton vĂȘtement, D'un marbre tu prendrais la place, Dans tes yeux, dont je dĂ©pends, Les larmes amplifiaient la grĂące. Ô, rĂȘve heureux de mon amour, Ma fiancĂ©e venue des contes, ArrĂȘte ! Si tu souris toujours, De ta douceur, je me rends compte, Et combien forte tu serais À m'ombrager toujours la vue, Par des paroles murmurĂ©es, Par les Ă©treintes des bras nus. Et brusquement, une pensĂ©e sage Voile la braise de tes regards : C'est le dĂ©sir qui les ombrage, C'est le renoncement noir. Et tu t'en vas
 je comprends : Ne pas suivre mon bonheur, Et je te perds Ă©ternellement, Ma douce fiancĂ©e du cƓur ! C'est mon pĂ©chĂ© de t'avoir vu, Je ne pourrais jamais m'absoudre, Je veux l'expier, la main tendue, En vain, dans le dĂ©sert de poudre. Et tu m'apparaĂźtras, icĂŽne, De la Vierge de tous les temps, Et sur ton front portant couronne ; Pourquoi partir ? Et tu viens quand ? (traduit par Elisabeta Isanos)
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Mihai Eminescu
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À Ion Ghica, Jassy 2 janvier 1861, Mon cher vieux, Les chasse-neige et les dĂ©gels m’ont retenu jusqu’à ce jour dans cette maudite ville de Jassy qui depuis deux ans prend un caractĂšre de ville de province Ă  faire crisper les sĂ©paratistes. Voici dĂ©jĂ  deux mois que ma valise est faite et que j’attends un caprice favorable du baromĂštre pour me mettre en route, mais pendant que cet instrument fallacieux indique le beau fixe, il pleut, il neige, il vente, il gĂšle, il dĂ©gĂšle, bref il fait un temps ultra. Force m’a Ă©tĂ© donc de m’armer de patience et de fourrure pour attendre un moment plus opportun, car la Galicie m’inspire des terreurs de 1793. J’ai profitĂ© de ce contretemps pour revoir le Prince, avec lequel j’ai longuement parlĂ© de toi. Je ne rapporterai pas tout ce que le Prince m’a dit de flatteur sur ton compte, je crois devoir te faire part de son Ă©tonnement Ă  la vue d’un certain rapprochement qui se serait produit derniĂšrement entre toi et les Bratiano et consorts. Un pareil accouplement est-il possible ? Je dĂ©clare que non, car si l’on a vu s'accoupler des carpes avec des lapins (la chose est encore en doute dans le monde la science) on n'a pas encore vu se produire ce phĂ©nomĂšne monstrueux entre des hommes sensĂ©s comme toi et des sauteurs burlesques comme les Berlikoko et Jean Bratiano. La politique serait-elle donc une entremetteuse aussi adroite ? J’ai appris aussi que notre ami Balaciano serait montĂ© actuellement au plus haut degrĂ© de l’échelle de la colĂšre au sujet de la question hongroise. Voudrait-il par hasard que le Prince se rendĂźt solidaire des mouvements magyars au dĂ©triment probable des intĂ©rĂȘts roumains de la Transylvaine ? Le Prince n’est pas le geĂŽlier de l’Autriche et certainement son gouvernement ne commettra jamais l’infamie de rendre les Ă©migrĂ©s hongrois aux autoritĂ©s autrichiennes. Mais est-ce Ă  dire pour cela qu’il jette son va-tout en l’air, au risque de compromettre la situation politique du pays ? Quoiqu’il en soit Balaciano peut compter que rien ne sera entrepris contre l'honneur et les vĂ©ritables intĂ©rĂȘts des PrincipautĂ©s. Il rĂ©pondra Ă  cela des choses spirituelles, tant mieux pour lui, plus il Ă©vacuera de l’esprit, et plus il sera soulagĂ© ! J’ai envoyĂ©, comme tu sais, plusieurs piĂšces de thĂ©Ăątre Ă  Millo. Qu’en a-t-il fait ? A-t-il l'intention de les monter ? Fais-moi le plaisir de lui demander de me rĂ©pondre de suite pour que ta lettre me trouve encore Ă  Jassy. Envoie-moi aussi par la premiĂšre occasion un numĂ©ro de « Păcală » oĂč se trouve insĂ©rĂ©e « La Complainte du conservateur ». Adieu mon cher vieux je t’embrasse et te prie de prĂ©senter mes amitiĂ©s Ă  Madame Ghica ainsi qu’à tous nos amis et connaissances. Tout Ă  toi, V. Alecsandri.
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Vasile Alecsandri (Opere, IX)
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– Qu'est-ce que la Philosophie, maman ? – Je n'ai jamais entendu ce mot. Une herbe mĂ©dicinale ? – Un jeune homme me l'a dit qui sait lire et Ă©crire. Il dit l'aimer plus que lui-mĂȘme. – Alors c'est une femme, une Ă©trangĂšre, une Turque ou pire, une juive. Une infĂąme ! – Il dit qu'il l'aime plus que la richesse. – Alors, elle est trĂšs belle et trĂšs licencieuse
 – Il dit qu'elle vivra en lui Ă©ternellement
 – Elle est donc trĂšs experte, pour mieux le sĂ©duire
 Et toi, comment le connais-tu ce jeune homme ? – Je l'ai vu par hasard une seule fois
 – Bien ! Ce n'est pas l'un des nĂŽtres
 – Et moi, pourquoi je n'Ă©cris pas ? – Parce que les pauvres n'ont pas besoin d'Ă©crire
 – Et pourquoi je ne lis pas ? – Pareil. Tu n'es qu'une femme ! Ce n'est pas la peine

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Claudia Patuzzi (La Rive interdite)
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Logos Ceux qui ne se pressent pas y parviennent. Celui qui patiente l'emporte. C'est toujours autrement. La connaissance est douleur. La vie poursuit son propre moi comme eau vive. Tu as dormi sur des fleurs sauvages. Le sang du vent tombait goutte-à-goutte des arbres. Et j'ai songé aux paysannes à leurs myrtilles et à leur doux parler. Nous quittons notre moi, les objets, les brumes et les murmures pour accomplir un dénouement dont la fragrance nous trouble. J'ai vu aurores et crépuscules, lunes se levant, se couchant. Toute chose est unique. Toujours différente. Et des oiseaux paradoxaux chantaient
 Et je les entendis, les entendis ! Femmes de fiÚvre délirant au torse des hommes. Je sais la pùleur et la folie comme je sais mes deux bras las de se souvenir. La vie a poursuivi son propre moi comme eau vive. Les os de la lune s'enquiÚrent de nous dans l'air. Il y eut d'étranges saisons
 Les gens pourrissaient vivants. Une bouche se pencha pour s'abreuver à la nuit. Et dÚs lors tu attendis la fin comme on attend la tentation
 Harmonieusement fatigué, l'été s'achevait. La lune comme une nonne jacobine se leva sur les genoux de l'Apocalypse. Pas de plus magnifique floraison qu'un corollaire. Tu aimais les oiseaux, les arbres et les eaux, mais tu n'eus pas d'eaux, pas d'arbres, ni d'oiseaux. (p. 55)
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Ion Caraion (La neige qui jamais ne neige et autres poĂšmes)
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Les gens s’intĂ©ressaient en effet aux changements de gouvernement et aux luttes politiques en gĂ©nĂ©ral comme ils se seraient intĂ©ressĂ©s Ă  un spectacle de thĂ©Ăątre ou Ă  une compĂ©tition sportive. La politique constituait pour tous une prĂ©occupation de chaque instant parce que c’était elle et elle seule qui permettait d’obtenir un emploi et divers avantages matĂ©riels ou moraux. Aussi longtemps qu’avaient alternĂ©, Ă  la tĂȘte du pays, deux grands partis, on avait pu continuer Ă  croire qu’une certaine justice et que la sĂ©lection par le talent Ă©taient possibles. Mais dĂšs l’instant oĂč le pouvoir avait Ă©tĂ© confiĂ© Ă  un parti qui n’avait pas un grand nombre de cadres, l’équilibre avait Ă©tĂ© rompu. Voulant dĂ©montrer au monde qu’il n’était pas si petit que ça, le parti en question s’était vu obligĂ© de placer Ă  des postes de responsabilitĂ© des hommes sans rĂ©el talent ou n’en ayant d’autre que celui d’ĂȘtre des militants, et il avait ainsi contribuĂ© Ă  dĂ©valoriser du mĂȘme coup toute la direction du pays. Des gens auxquels leurs seuls talents n’auraient jamais permis de devenir de simples chefs de bureau, s’étaient retrouvĂ©s du jour au lendemain prĂ©fets, maires, dĂ©putĂ©s
 On avait dĂšs lors assistĂ© Ă  un Ă©miettement des partis puisque n’importe quel mĂ©content un peu ambitieux, soutenu par une petite cour de partisans improvisĂ©s, pouvait lĂ©gitimement espĂ©rer se voir appeler un jour Ă  la direction suprĂȘme du pays
 (p. 296-297)
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Liviu Rebreanu (La bĂȘte immonde)
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Je veux te parler des longues heures de queue qu'on faisait ensemble, en sortant du travail, aprĂšs t'avoir rĂ©cupĂ©rĂ©e Ă  la crĂšche. Les longues files d'attente debout, avec toi dans les bras, ces queues larges qui ressemblaient plutĂŽt Ă  des manifestations, stagnant devant les magasins alimentaires fermĂ©s, en attendant l'ouverture. On se battait pour ĂȘtre parmi les premiers, car il n'y avait jamais assez pour tout le monde, et ceux qui formaient la queue de la queue partaient Ă  coup sĂ»r la queue entre les jambes. Mais ils restaient quand mĂȘme, croyant, espĂ©rant un miracle. Pouvait-on se permettre de laisser passer une chance, aussi petite soit-elle? Tiens, je me rappelle d'une queue particuliĂšrement longue, une queue que j'ai quittĂ©e en pleurant. Tu avais deux, trois ans. J'avais les rĂšgles et un mal au ventre et aux reins terrible. Il me tardait de rentrer Ă  la maison, me doucher et m'allonger un peu. Mais en descendant du bus, j'ai vu des gens se ruer Ă  travers la place, vers le cĂŽtĂ© opposĂ© du centre-ville. Ventre ou pas ventre, j'ai suivi la foule en courant, toi dans les bras. Il fallait toujours, toujours, suivre une foule en dĂ©placement au pas de charge, car personne ne courait pour rien, lĂ -bas. C'est seulement ici, en France, que j'ai vu des gens courir pour rien: ils font du footing, pour ne pas ĂȘtre trop gros. LĂ -bas, on courait pour ne pas ĂȘtre trop maigre. LĂ -bas, ça se passait comme ça: je ne saurai jamais comment, quelqu'un arrivait Ă  avoir une formation (fondĂ©e ou non), et il donnait l'alerte: « ils vont vendre des Ɠufs Ă  tel endroit », ou du fromage, ou des poulets, (ça, les poulets, c'Ă©tait plus rare et la plupart du temps une chimĂšre). Ou du dentifrice, ou du papier cul. Tout Ă©tait bon Ă  prendre car on ne pouvait pas savoir quand un autre arrivage viendrait.
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Cristina Andreescu (Du communisme au capitalisme Lettre Ă  ma fille (French Edition))
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Il se leva brusquement. Elle ne l’avait jamais vu aussi nerveux et Ă©mu. Elle se leva Ă  son tour et lissa sa robe qui lui parut au moins cinq centimĂštres plus courte que lorsqu’elle l’avait enfilĂ©e.
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Michelle Gable (L'appartement oublié)
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Ce que cherchait Glenn Gould dans la musique de BACH, par son jeu staccatissimo - et les innombrables commentateurs ne l'ont pas vu - ce n'est rien d'autre que la lisibilitĂ© des voix contrapuntiques de ladite musique. En d'autres termes, Gould voulait rendre le plus nettement possible la spĂ©cificitĂ© de chacune des voix qui composent, par exemple, une fugue. La forme-fugue incarnant la quintessence de la musique du Kantor. HĂ©las, cela Ă©tait impossible, comme c'est impossible pour tout instrument Ă  clavier dont la nature sonore, l'identitĂ© sonore, est trop uniforme, le piano en tĂȘte ! L'orgue a bien quelques sonoritĂ©s (jeux) Ă  sa disposition, mais ce la ne suffit pas. La seule solution pour rendre aussi fidĂšlement que possible l'esprit contrapuntique de la musique de BACH, c'est de transcrire sa musique pour divers instruments ayant chacun une voix - une sonoritĂ© - trĂšs identifiable. C'est ce que j'ai modestement tentĂ© par le moyen de diverses formations musicales (trios, quartets, quintets...) inventĂ©es spĂ©cialement Ă  cette fin, savoir, redonner vie aux diffĂ©rentes voix du contrepoint. Un unique instrument ne pourra jamais mĂȘme s'approcher de l'essence du contrepoint : il erre dans les limbes de l'harmonie et ne peut atteindre Ă  aucune horizontalitĂ© - linĂ©aritĂ© - des voix. Glenn Gould, cet anachorĂšte des studios, n'a de cesse de chercher par quel biais technologique on pourrait rendre lisible ce fameux agencement des voix. Il se heurte Ă  un problĂšme de dĂ©part, insoluble : le son uniforme du piano. Ergo, cet instrument est sans aucun doute le dernier, avec le clavecin, qui convienne Ă  la musique de BACH. Il existe, Dieu merci, d'autres compositeurs dont la musique ne pose pas le problĂšme de la superposition de voix contrapuntiques purement linaires. L'ironie du sort voulut que Gould jouĂąt du piano et ne goĂ»tĂąt pas Chopin, lequel Ă©tait pourtant le seul qui a Ă©crit - Ă  ce jour - un musique qui Ă©pouse totalement la sonoritĂ© mĂȘme du piano.
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Leontsky
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Gerda ne connaissait pas le son du rire de son pĂšre. En revanche, elle se souvenait avec prĂ©cision de la derniĂšre fois oĂč elle avait vu rire sa mĂšre. Un seau d’eau savonneuse s’était renversĂ© sur le sol de la cuisine. Hermann avait marchĂ© dessus et avait glissĂ©. La vue de ce mari si raide qui tombait en tapant des fesses fit rire aux Ă©clats Johanna. Gerda se souvint longtemps du rire lĂ©ger de sa mĂšre, avec des tressautements et des hoquets qui secouaient son maigre thorax. Hermann ne lui dit pas d’arrĂȘter, il ne l’engueula pas, ne se moqua pas d’elle Ă  son tour. Mais en se relevant, il lui lança un regard chargĂ© d’un mĂ©pris si noir que son rire se sĂ©cha sur ses lĂšvres, comme une fleur des champs touchĂ©e par un tison. Gerda n’entendit jamais plus rire sa mĂšre.
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Francesca Melandri (Eva dorme)
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S’il est une leçon que doit retenir la jeunesse, c’est que la survivance d’un peuple se conquiert beaucoup moins par les beaux coups d’éclat, par les victoires d’éloquence, que par les Ɠuvres constructives. Être fort pour un peuple, c’est l’ĂȘtre d’abord par la vigueur intĂ©rieure de son Ăąme, par sa constitution sociale, Ă©conomique, intellectuelle, morale. Cela mĂȘme est la premiĂšre condition de dĂ©fense contre l’ennemi extĂ©rieur; pour ĂȘtre un bon soldat il faut ĂȘtre physiquement et moralement bien constituĂ©. La fiertĂ© fut bien, dans le passĂ© tout proche, l’une des vertus qui nous ont le plus manquĂ©, quand fort peu pourtant nous Ă©taient aussi nĂ©cessaires. Un peuple faible par le nombre, peut se passer, Ă  la rigueur, de richesse et mĂȘme d’art; il ne saurait se passer d’ĂȘtre fier. Pour vivre il faut d’abord se convaincre que la vie en vaut la peine; et notre peuple n’aura plus de raisons de perpĂ©tuer sa race quand il y aura vu la cause d’une infĂ©rioritĂ©. Pour ĂȘtre fiers, les jeunes n’ont besoin que de savoir qui ils sont. Il n’appartient pas aux fils des grands Français qui ont bĂąti ce chef-d’Ɠuvre d’histoire que fut la Nouvelle-France, de chercher ailleurs que chez eux, les raisons de leur dignitĂ©. Si cette gloire fut entachĂ©e d’une dĂ©faite, nos pĂšres ont empĂȘchĂ© que cette dĂ©faite fĂ»t irrĂ©parable; il y a mĂȘme beau temps qu’ils l’ont rachetĂ©e. Aujourd’hui, dans notre pays, oĂč notre ordre social fait l’envie des autres, nous n’avons que le dĂ©shonneur de nous mal juger nous-mĂȘmes. Nous sommes pourtant la race qui n’a jamais violĂ© le droit d’autrui. PersĂ©cutĂ©s souvent, nous n’avons jamais Ă©tĂ© persĂ©cuteurs. Le service de la civilisation par la propagande de la foi du Christ, plus que personne en AmĂ©rique, nous l’avons pratiquĂ©. Tous ces motifs de fiertĂ© suffiraient Ă  de moins inattentifs.
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Lionel Groulx (Notre maßtre le passé)
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La fiertĂ© fut bien, dans le passĂ© tout proche, l'une des vertus qui nous ont le plus manquĂ©, quand fort peu pourtant nous Ă©taient aussi nĂ©cessaires. Un peuple faible par le nombre, peut se passer, Ă  la rigueur, de richesse et mĂȘme d'art; il ne saurait se passer d'ĂȘtre fier. Pour vivre il faut d'abord se convaincre que la vie en vaut la peine; et notre peuple n'aura plus de raisons de perpĂ©tuer sa race quand il y aura vu la cause d'une infĂ©rioritĂ©. Pour ĂȘtre fiers, les jeunes n'ont besoin que de savoir qui ils sont. Il n'appartient pas aux fils des grands Français qui ont bĂąti ce chef-d’Ɠuvre d'histoire que fut la Nouvelle-France, de chercher ailleurs que chez eux, les raisons de leur dignitĂ©. Si cette gloire fut entachĂ©e d'une dĂ©faite, nos pĂšres ont empĂȘchĂ© que cette dĂ©faite fĂ»t irrĂ©parable; il y a mĂȘme beau temps qu'ils l'ont rachetĂ©e. Aujourd'hui, dans notre pays, oĂč notre ordre social fait l'envie des autres, nous n'avons que le dĂ©shonneur de nous mal juger nous-mĂȘmes. Nous sommes pourtant la race qui n'a jamais violĂ© le droit d'autrui. PersĂ©cutĂ©s souvent, nous n'avons jamais Ă©tĂ© persĂ©cuteurs. Le service de la civilisation par la propagande de la foi du Christ, plus que personne en AmĂ©rique, nous l'avons pratiquĂ©. Tous ces motifs de fiertĂ© suffiraient Ă  de moins inattentifs.
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Lionel Groulx (Notre maßtre le passé)
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D'ailleurs les souvenirs que nous avons les uns des autres, mĂȘme dans l'amour, ne sont pas les mĂȘmes. J'avais vu Albertine se rappeler Ă  merveille telle parole que je lui avais dite dans nos premiĂšres rencontres et que j'avais complĂ©tement oubliĂ©e. D'un autre fait enfoncĂ© Ă  jamais dans ma tĂȘte comme un caillou elle n'avait aucun souvenir.
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Marcel Proust (Le temps retrouvé: A la recherche du temps perdu)
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Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre. Si on devait envisager l'amour du point de vue de notre emploi du temps, qui s'y risquerait ? Qui a le temps d'ĂȘtre amoureux ? A-t-on jamais vu pourtant un amoureux ne pas prendre le temps d'aimer ? Je n'ai jamais eu le temps de lire, mais rien, jamais, n'a pu m'empĂȘcher de finir un roman que j'aimais".
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Daniel Pennac (Comme un roman)
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Que je n'avais jamais vu ma mĂšre dans le cas d'ĂȘtre folle. Elle l'Ă©tait. De naissance. De sang. Elle n'Ă©tait pas malade de sa folie, elle la vivait comme la santĂ©.
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Marguerite Duras (The Lover)
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Il n’est jamais mauvais de redire que ce n’est pas la thĂ©orie de Marx qui « rĂ©duit » tout Ă  l’économie, mais « la sociĂ©tĂ© marchande qui constitue le plus grand “rĂ©ductionnisme” jamais vu » ; et que «pour sortir de ce “rĂ©ductionnisme”, il faut sortir du capitalisme, non de sa critique ».
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Jaime SemprĂșn
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Qui n'a jamais vu le visage de Dieu n’a jamais vu Son sourire mais celui de ceux faits à Son image en part infime de Ses attributs.
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Arnaud Segla (Les Anges dans l'esprit)
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Un exemple de symbolisme, Ă  premiĂšre vue arbitraire et excessif mais en fin de compte plausible, est le hadĂźth qui voue les peintres et les sculpteurs au fond de l’enfer. On objectera Ă©videmment que les arts plastiques sont naturels Ă  l’homme, qu’ils existent partout et qu’ils peuvent avoir une fonction sacrale, – c’est lĂ  mĂȘme leur raison d’ĂȘtre la plus profonde, – ce qui est vrai, mais passe Ă  cĂŽtĂ© de l’intention essentielle du hadĂźth. C’est-Ă -dire que le sens littĂ©ral de la sentence, par sa violence mĂȘme, reprĂ©sente une « guerre prĂ©ventive » contre l’abus ultime de l’intelligence humaine, Ă  savoir le naturalisme sous toutes ses formes : naturalisme artistique d’une part et naturalisme philosophique et scientiste d’autre part ; donc imitation exacte, extĂ©riorisante et « accidentalisante » des apparences, et recours Ă  la seule logique, Ă  la seule raison, coupĂ©e de ses racines. L’homme est homo sapiens et homo faber : il est un penseur et par lĂ  mĂȘme aussi un producteur, un artisan, un artiste ; or, il est une phase finale de ces dĂ©veloppements qui lui est interdite, – elle est prĂ©figurĂ©e par le fruit dĂ©fendu du Paradis, – une phase donc qu’il ne doit jamais atteindre, de mĂȘme que l’homme peut se faire roi ou empereur mais non pas Dieu ; en anathĂ©matisant les crĂ©ateurs d’images, le ProphĂšte entend prĂ©venir la subversion finale. Selon la conception musulmane, il n’y a qu’un seul pĂ©chĂ© qui mĂšne au fond de l’enfer, – c’est-Ă -dire qui ne sera jamais pardonnĂ© , – et c’est le fait d’associer d’autres divinitĂ©s au Dieu unique ; si l’Islam place les dits crĂ©ateurs dans la gĂ©henne, c’est qu’il semble assimiler fort paradoxalement les arts plastiques Ă  ce mĂȘme pĂ©chĂ© gravissime, et cette disproportion prouve prĂ©cisĂ©ment qu’il a en vu, non les arts dans leur Ă©tat normal, – bien qu’il les interdise assurĂ©ment, – mais la raison pour laquelle il les interdit ; Ă  savoir la subversion naturaliste dont les arts plastiques sont, pour la sensibilitĂ© sĂ©mitique, les symboles et les prĂ©figurations (1). Cet exemple, auquel nous nous sommes arrĂȘtĂ© un peu longuement, peut montrer comment les formulations excessives peuvent vĂ©hiculer des intentions d’autant plus profondes, ce qui nous ramĂšne une fois de plus au principe credo quia absurdum [je le crois parce que c'est absurde]. (1) En condamnant les images, l’Islam – bienheureusement « stĂ©rile » – refuse en mĂȘme temps le « culturisme » qui est la plaie de l’Occident, Ă  savoir les torrents de crĂ©ations artistiques et littĂ©raires, qui gonflent les Ăąmes et distraient de la « seule chose nĂ©cessaire ».
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Frithjof Schuon (Approches du phénomÚne religieux)
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Les Dursley tremblaient d’épouvante Ă  la pensĂ©e de ce que diraient les voisins si par malheur les Potter se montraient dans leur rue. Ils savaient que les Potter, eux aussi, avaient un petit garçon, mais ils ne l’avaient jamais vu. Son existence constituait
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J.K. Rowling (Harry Potter Ă  L’école des Sorciers (Harry Potter, #1))
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Il y a quelques annĂ©es, toi et moi, Ernest, tu t'en souviens, avant que tu ne revendes Plou-Gouzan L'Ic, nous avons Ă©tĂ© pĂȘcher. Tu avais achetĂ© un Ă©quipement de pĂȘche Ă  la ligne dont tu n'etais jamais servi et nous sommes partis pĂȘcher la truite, la carpe, ou je ne sais quel poisson d'eau douce dans une riviĂšre prĂšs de ta maison. Sur le sentier, on Ă©tait absurdement heureux. Je n'avais jamais pĂȘchĂ©, et toi non plus, hormis quelques crustacĂ©s du bord de mer. Au bout d'une demi-heure, peut-ĂȘtre moins, ça a mordu. Tu t'es mis Ă  tirer, fou de joie - je crois mĂȘme t'avoir aidĂ© - et on a vu se tortiller au bout de la ligne un petit poisson effrayĂ©. Et ça a nous effrayĂ©s en retour Ernest, tu m'as dit, qu'est ce qu'on fait? qu'est ce qu'on fait? J'ai criĂ©, relĂąche-le, relĂąche-le! Tu a reussi Ă  le libĂ©rer et Ă  le remettre dans l'eau. On a aussitĂŽt repliĂ© bagage. Sur le chemin du retour, pas un mot, plus ou moins accablĂ©s. Soudain tu t'es arrĂȘtĂ© et tu m'as dit: deux titans.
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Yasmina Reza (Happy Are the Happy)
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J'ai vu des centaines d'hommes passer sur les routes et dans les ranches, avec leur balluchon sur le dos et les mĂȘmes bobards dans la tĂȘte. J'en ai vu des centaines. Ils viennent, et, le travail fini, ils s'en vont ; et chacun d'eux a son petit lopin de terre dans la tĂȘte. Mais y en a pas un qu'est foutu de le trouver. C'est comme le paradis. Tout le monde veut un petit bout de terrain. Je lis des tas de livres ici. Personne n'va jamais au ciel, et personne n'arrive jamais Ă  avoir de la terre. C'est tout dans leur tĂȘte. Ils passent leur temps Ă  en parler, mais c'est tout dans leur tĂȘte.
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John Steinbeck (Of Mice and Men)
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Pense un peu que par malisse jamet j'ai voulu m'approcher de lui. Sa voix je l'ai pas connu, ni sa figure. Jamais de pret j'ai vu ses yeux que peut etre c'etait ceux de ma mere et j'ai vu que ca bosse et sa pene, tout le mal que je lui ai fait. Alors tu comprends que je me languis de mourir pasque a cote de mes idees qui me travaille meme l'enfer cet un delice. Et puis la-haut, je vais le voir j'ai pas peur de lui au contraire. Mintenant il set que c'est un Soubeyran il n'est plus bossu par ma fote, il a compris que c'est tout par betise, et moi je suis qu'au lieu qu'il m'attaque, il me defendra.
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Marcel Pagnol (Manon des sources)