Fuir Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Fuir. Here they are! All 74 of them:

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Fuir, toujours, et courir sans relĂąche. Et puis, un jour, s'arrĂȘter pour dire Ă  quelqu'un, en le regardant droit dans les yeux : c'est toi dont j'ai besoin, vraiment. Et le croire.
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FrĂ©dĂ©ric Beigbeder (L'ÉgoĂŻste romantique)
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‱ On peut ĂȘtre avec quelqu’un pour fuir sa solitude, on peut partager son quotidien pour digĂ©rer une rupture en continuant d’entretenir le souvenir d’un autre. On peut parler Ă  quelqu’un en Ă©coutant la voix d’un autre, regarder quelqu’un dans les yeux en voyant ceux d’un autre.
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Marc Levy (Un sentiment plus fort que la peur)
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N’acceptez pas que l’on fixe, ni qui vous ĂȘtes, ni oĂč rester. Ma couche est Ă  l’air libre. Je choisis mon vin, mes lĂšvres sont ma vigne. Soyez complice du crime de vivre et fuyez! Sans rien fuir, avec vos armes de jet et la main large, prĂȘte Ă  s’unir, sobre Ă  punir. MĂȘlez-vous Ă  qui ne vous regarde, car lointaine est parfois la couleur qui fera votre blason.
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expĂ©rience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou dĂ©sirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint Ă  observer ses lois, lorsque mon dĂ©sir brise son front contre le monde des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnĂ©es dans les fers implacables des prĂ©jugĂ©s et des cultures, alors je frissonne, je gĂ©mis et je pleure. Espace, je t'ai perdu et je rentre en moi-mĂȘme. Je m'enferme au faite de mon clocher oĂč, la tĂȘte dans les nuages, je fabrique l'art, la science et la folie.
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Henri Laborit (Éloge de la fuite)
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A qui Ă©cris-tu? -A toi. En fait, je ne t'Ă©cris pas vraiment, j'Ă©cris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, Ă  ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une riviĂšre, manger des pĂȘches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lĂ©cher les vitrines, prendre le mĂ©tro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, Ă©tendre le linge, aller Ă  l'OpĂ©ra, faire des barbecues, rĂąler parce que tu as oubliĂ© le charbon, me laver les dents en mĂȘme temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton Ă©paule, t'empĂȘcher de manger trop de cacahuĂštes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mĂ»res, cuisiner, jardiner, te rĂ©veiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, Ă  Paris, Ă  Londres, te chanter des chansons, arrĂȘter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bĂȘtises, des choses qui ne servent Ă  rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux Ă©checs, Ă©couter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indĂ©cents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures Ă  table Ă  discuter avec des gens intĂ©ressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre Ă  tricoter, te tricoter une Ă©charpe, dĂ©faire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des Ă©lĂ©phants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas Ă  l'ombre, tricher, apprendre Ă  me servir d'un fer Ă  repasser, jeter le fer Ă  repasser par la fenĂȘtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vĂ©ritĂ©, me souvenir que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire, t'Ă©couter, te donner la main, rĂ©cupĂ©rer mon fer Ă  repasser, Ă©couter les paroles des chansons, mettre le rĂ©veil, oublier nos valises, m'arrĂȘter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des Ă©tiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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Kutesosh gajair’is.” It was a bare whisper. “Such simple phrases. I destroy the enemy. I protect life. And my personal favorite—” “Kun-kabynalti osu fuir’is.” “None shall die while I watch over them. The irony is so beautiful.” Elkinsair wiped at his eyes.
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Patrick Weekes
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Personne ne peut fuir son cƓur. C'est pourquoi il vaut mieux Ă©couter ce qu'il dit. Pour que ne vienne jamais frapper un coup auquel tu ne t'attendrais pas.
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Paulo Coelho (The Alchemist)
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La vie dans les bois n'est pas une solution aux problÚmes écologiques. Le phénomÚne contient son contre-principe. Les masses, gagnant les futaies, y importeraient leurs maux qu'elles prétendaient fuir en quittant la ville. On n'en sort pas.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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on peut tout fuir, sauf sa conscience.
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Stefan Zweig (La PitiĂ© dangereuse: ou L’impatience du cƓur)
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Seulement voilĂ : fuir n'est pas seulement partir, c'est aussi arriver quelque part.
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Bernhard Schlink (The Reader)
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Pour fuir ce monde saturé d'écrans, mais vide d'intelligence.
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Guillaume Musso (La vie est un roman)
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[...] l'intuition de fuir avait été bonne. Elle tait encore capable d'aller vers ce qui pouvait l'apaiser. Changer d'air, comme on dit. Elle respirait ici comme une autre vie.
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David Foenkinos (Vers la beauté)
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Comme on dit en Chine, puisque la terre est ronde, nous finissons toujours par rattraper ceux que nous tentons de fuir.
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Robert Lepage (Le dragon bleu)
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Personne ne peut fuir son cƓur. C’est pourquoi il vaut mieux Ă©couter ce qu'il dit.
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Paulo Coelho (The Alchemist)
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Fuir, c’est commander ! C’est au moins commander au destin de n’avoir aucune prise sur vous. »
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Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs)
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Lire répare les vivants et réveille les morts. Lire permet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d'y puiser une vérité.
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Olivia de Lamberterie (Avec toutes mes sympathies)
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Sur cette cÎte normande, à une heure aussi matinale, je n'avais besoin de personne. La présence des mouettes me dérangeai: je les fis fuir à coups de pierres. Et leurs cris d'une stridence surnaturelle, je compris que c'était justement cela qu'il me fallait, que le sinistre seul pouvait m'apaiser, et que c'est pour le rencontrer que je m'étais levé avant le jour.
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Emil M. Cioran
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Tout nomade qui se respecte cherche d'abord à s'installer dans l'Ailleurs, généralement sans armes ni bagages, plutÎt qu'à fuir un Ici déplaisant ou oppressant, vers un lointain incertain.
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Franck Michel (Éloge du voyage dĂ©sorganisĂ©)
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Une population parfaitement dĂ©terminĂ©e est en mesure non seulement de contraindre un dirigeant Ă  fuir son pays, mais Ă©galement de faire reculer un candidat Ă  l'occupation de son territoire par la mise en Ɠuvre d'un formidable ensemble de stratĂ©gies disponible : boycotts et manifestations, occupations de locaux et sit-in, arrĂȘts de travail et grĂšves gĂ©nĂ©rales, obstructions et sabotages, grĂšve des loyers et des impĂŽts, refus de coopĂ©rer, refus de respecter les couvre-feux ou la censure, refus de payer les amendes, insoumission et dĂ©sobĂ©issance civile en tout genre.
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Howard Zinn (Disobedience and Democracy: Nine Fallacies on Law and Order (Radical 60s))
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Et malgrĂ© mon Ă©tat d’ébriĂ©tĂ©, je sais encore qu’il ne faut jamais fuir devant un ours. — Tu tiens Ă  peine debout, alors marcher
 fait-il sur un ton de dĂ©goĂ»t. Je n’en reviens pas qu’elle t’ait fait prendre de la drogue en sachant que tu dois
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Skye Warren (Le Mal que l’on se fait (Le Club Grand #2))
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On est tous seuls, ici, Ă  Paris, ou ailleurs. On peut essayer de fuir la solitude, dĂ©mĂ©nagĂ©, faire tout pour rencontrer des gens, cela ne change rien. A la fin de la journĂ©e, chacun rentre chez soi. Ceux qui vivent en couple ne se rendent pas compte de leur chance. Ils ont oubliĂ© les soirĂ©es devant un plateau-repas, l’angoisse du week-end qui arrive, le dimanche Ă  espĂ©rer que le tĂ©lĂ©phone sonne. Nous sommes des millions comme ça dans toutes les capitales du monde. La seule bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas de quoi se sentir si diffĂ©rents des autres.
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Marc Levy (Mes amis, mes amours)
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Ça m'a pris presque un an pour rĂ©aliser qu'elle n'est nulle part, l'aventure. L'aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expĂ©dition prĂ©vue pour ça. L'aventure est une porte qui s'ouvre par en-dedans. Le reste dĂ©pend de vous. Ça peut se passer Ă  Bombay, Ă  Brossard ou dans la prison de Tanguay. L'aventure dĂ©bute avec la fin de la peur: de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d'ĂȘtre nu, ridicule et vulnĂ©rable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d'Ă©chouer. Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter Ă  une tĂąche impossible Ă  rĂ©aliser? Kick ass, baby! L'aventure a la tĂȘte dure. L'aventure n'apprend pas de ses erreurs, sinon qu'elle n'en a jamais assez commises. Et toujours, l'aventure prend des fucking de drĂŽles de tournures. MĂȘme que, parfois, elle commence oĂč on croit qu'elle finit...
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Bruno Blanchet
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Il reste que, face aux femmes volontairement sans descendance, on brandit toujours cette menace : « Un jour, tu le regretteras ! » Cela traduit un raisonnement trĂšs Ă©trange. Peut-on se forcer Ă  faire quelque chose qu'on n'a aucune envie de faire uniquement pour prĂ©venir un hypothĂ©tique regret situĂ© dans un avenir lointain ? Cet argument ramĂšne les personnes concernĂ©es prĂ©cisĂ©ment Ă  la logique que nombre d'entre elles cherchent Ă  fuir, cette logique de prĂ©voyance Ă  laquelle incite la prĂ©sence d'un enfant et qui peut dĂ©vorer le prĂ©sent dans l'espoir d'assurer l'avenir : prendre un crĂ©dit, se tuer au travail, se soucier du patrimoine qu'on lui lĂ©guera, de la façon dont on paiera ses Ă©tudes
 (p. 120-121)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Des choses incroyables vous tombent dessus, dĂ©tournent le cours de votre existence et le bouleversent de fond en comble. Vous avez beau fuir au bout du monde, vous rĂ©fugier lĂ  oĂč personne ne risque de vous trouver, elles vous suivent Ă  la trace comme une meute de chiens errants et font de vous quelqu'un qui ne vous ressemble en rien et qui devient la seule histoire que l'on retiendra de vous. Certains appellent ces choses "mektoub".
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Yasmina Khadra (Les Vertueux)
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Habiter authentiquement, c’est Ă  la fois : sauver la terre (et non s’en faire un maĂźtre absolu) ; accueillir le ciel, c’est-Ă -dire laisser ĂȘtre librement le cours des saisons et l’alternance des jours et des nuits qui rythment l’existence ; c’est demeurer attentif aux signes du divin (et non s’enfermer dans l’orgueil d’une raison positiviste Ă©vinçant toute possibilitĂ© d’un sacrĂ©) ; c’est enfin s’assumer comme mortel (et non fuir le souci de la mort).
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Jean-Claude Pinson (HABITER EN POETE)
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La masse de perdition n'a pas de conscience et n'en aura jamais, le propre de la conscience est d'isoler les ĂȘtres et c'est pour fuir leur conscience que les humains s'assemblent. La masse de perdition est leur chemin de fuite, elle est le carrefour des solitudes avortĂ©es, elle est toujours coupable et sa damnation sera toujours dans l'ordre, elle enveloppe dans sa perte le d'avortons qui la composent. Le nombre est l'instrument du mal, le mal veut que les hommes multiplient, car plus les hommes surabondent et moins vaut l'homme. Pour ĂȘtre humain l'homme ne sera jamais assez rare. En vĂ©ritĂ©, nous mourrons par les masses, les masses nous entraĂźneront dans les abĂźmes de la dĂ©mesure et de l'incohĂ©rence, le salut et les masses se situent aux antipodes, nous ne pouvons ĂȘtre sauvĂ©s. Quoi qu'il arrive, nous sommes lĂ©gion et ceux qui parmi nous s'isolent, ne changeront plus le destin de l'univers, ils verront seulement Ă  quoi les autres marchent, ils seront plus dĂ©sespĂ©rĂ©s que les aveugles et les sourds, ils contempleront face Ă  face une spirale sans visage et vers laquelle l'ocĂ©an des somnambules roule d'un mouvement inaltĂ©rablement Ă©gal.
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Albert Caraco (Breviario del caos)
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Oui, je sens que mon Ăąme est cadenassĂ©e dans le verrou de mon corps, et qu’elle ne peut se dĂ©gager, pour fuir loin des rivages que frappe la mer humaine, et n’ĂȘtre plus tĂ©moin du spectacle de la meute livide des malheurs, poursuivant sans relĂąche, Ă  travers les fondriĂšres et les gouffres de l’abattement immense, les isards humains. Mais, je ne me plaindrai pas. J’ai reçu la vie comme une blessure, et j’ai dĂ©fendu au suicide de guĂ©rir la cicatrice. Je veux que le CrĂ©ateur en contemple, Ă  chaque heure de son Ă©ternitĂ©, la crevasse bĂ©ante. C’est le chĂątiment que je lui inflige.
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Le culte des sens a Ă©tĂ© souvent dĂ©criĂ©, et Ă  juste titre : un instinct naturel inspire aux hommes la terreur de passions et de sensations qui leur semblent plus fortes qu'eux-mĂȘmes, et qu'ils ont conscience de partager avec les formes infĂ©rieures du monde organique. Mais Dorian Gray estimait que la vraie nature des sens n'avait jamais Ă©tĂ© bien comprise, qu'ils avaient gardĂ© leur animalitĂ© sauvage uniquement parce qu'on avait voulu les soumettre par la famine ou les tuer Ă  force de souffrance, au lieu de chercher Ă  en faire les Ă©lĂ©ments d'une spiritualitĂ© nouvelle, ayant pour trait dominant une sĂ»re divination de la beautĂ©. Quand il considĂ©rait la marche de l'homme Ă  travers l'Histoire, il Ă©tait poursuivi par une impression d'irrĂ©parable dommage. Que de choses on avait sacrifiĂ©es, et combien vainement ! Des privations sauvages, obstinĂ©es, des formes monstrueuses de martyre et d'immolation de soi, nĂ©es de la peur, avaient abouti Ă  une dĂ©gradation plus Ă©pouvantable que la dĂ©gradation tout imaginaire qu'avaient voulu fuir de pauvres ignorants : la Nature, dans sa merveilleuse ironie, avait amenĂ© les anachorĂštes Ă  vivre dans le dĂ©sert, mĂȘlĂ©s aux animaux sauvages ; aux ermites, elle avait donnĂ© pour compagnons les bĂȘtes des champs.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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J'Ă©tais donc arrivĂ© Ă  ce moment si particulier oĂč l'on peut encore choisir, ce moment oĂč l'on peut choisir l'avenir de ses sentiments. Je me trouvais dĂ©sormais au sommet du toboggan, je pouvais toujours dĂ©cider de redescendre de l'Ă©chelle, de m'en aller, fuir loin d'elle, prĂ©textant un impĂ©ratif aussi fallacieux qu'important. Ou bien je pouvais me laisser porter, enjamber la rampe et me laisser glisser avec cette douce impression de ne plus pouvoir rien dĂ©cider, de ne plus pouvoir rien arrĂȘter, confier son destin Ă  un chemin que vous n'avez pas dessinĂ©, et pour finir, m'engloutir dans un bac aux sables mouvants, dorĂ©s et ouatĂ©s.
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Olivier Bourdeaut (En attendant Bojangles)
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Mais les vrais voyageurs sont ceux-lĂ  seuls qui partent Pour partir; coeurs lĂ©gers, semblables aux ballons, De leur fatalitĂ© jamais ils ne s'Ă©cartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons! Ceux-lĂ  dont les dĂ©sirs ont la forme des nues, Et qui rĂȘvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptĂ©s, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!" [...] "Amer savoir, celui qu'on tire du voyage! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image: Une oasis d'horreur dans un dĂ©sert d'ennui! Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps! Il est, hĂ©las! des coureurs sans rĂ©pit, Comme le Juif errant et comme les apĂŽtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rĂ©tiaire infĂąme; il en est d'autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
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Charles Baudelaire
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Il paraĂźt qu'il est peu glorieux de fuir. Dommage, c'est tellement agrĂ©able. La fuite donne la plus formidable sensation de libertĂ© qui se puisse Ă©prouver. On se sent plus libre en fuyant que si l'on n'a rien Ă  fuir. Le fuyard a les muscles des jambes en transe, la peau frĂ©missante, les narines palpitantes, les yeaux agrandis. Le concept de libertĂ© est un sujet rebattu dont les premiers mots me font bĂąiller. L'expĂ©rience physique de la libertĂ©, c'est autre chose. On devrait toujours avoir quelque chose Ă  fuir. pour cultiver en soi cette possibilitĂ© merveilleuse. D'ailleurs on a toujours quelque chose Ă  fuir. Ne serait-ce que soi-mĂȘme. La bonne nouvelle, c'est que l'on peut Ă©chapper Ă  soi-mĂȘme. Ce que l'on fuit de soi, c'est la petite prison que la sĂ©dentaritĂ© installe n'importe oĂč. On prend ses cliques et ses claques et on s'en va: le moi est tellement Ă©tonnĂ© qu'il oublie de jouer les geĂŽliers. On peut se semer comme on sĂšmerait des poursuivants.
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Amélie Nothomb (Ni d'Ève ni d'Adam)
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Mais, dit-on, plusieurs se sont tuĂ©s pour ne pas tomber en la puissance des ennemis. Je rĂ©ponds qu’il ne s’agit pas de ce qui a Ă©tĂ© fait, mais de ce qu’on doit faire. La raison est au-dessus des exemples, et les exemples eux-mĂȘmes s’accordent avec la raison, quand on sait choisir ceux qui sont le plus dignes d’ĂȘtre imitĂ©s, ceux qui viennent de la plus haute piĂ©tĂ©. Ni les Patriarches, ni les ProphĂštes, ni les ApĂŽtres ne nous ont donnĂ© l’exemple du suicide. JĂ©sus-Christ, Notre-Seigneur, qui avertit ses disciples, en cas de persĂ©cution, de fuir de ville en ville, ne pouvait-il pas leur conseiller de se donner la mort, plutĂŽt que de tomber dans les mains de leurs persĂ©cuteurs ? Si donc il ne leur a donnĂ© ni le conseil, ni l’ordre de quitter la vie, lui qui leur prĂ©pare, suivant ses promesses, les demeures de l’éternitĂ©, il s’ensuit que les exemples invoquĂ©s par les Gentils, dans leur ignorance de Dieu, ne prouvent rien pour les adorateurs du seul Dieu vĂ©ritable.
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Augustine of Hippo (Saint Augustin: les 9 oeuvres majeures et complÚtes (Les confessions, La cité de Dieu, De la trinité, Traité du libre arbitre...) (French Edition))
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Seul, il ne saurait oĂč fuir. Que de fois dĂ©jĂ , las de lui-mĂȘme est-il descendu, non pour demander secours Ă  quelque autre, mais pour se perdre dans la rue, parc anonyme, mais le plus beau, se forçait-il Ă  croire, de toutes les promesses. Il marchait, ne trouvait point ce rĂȘve sans nom et sans visage en quoi il avait dĂ©cidĂ© de se perdre. Il marchait. Aucun regard ne retenait le sien. Sur le sol mouillĂ© la plus faible lueur multipliait toute tristesse. Il marchait et le froid se faisait maillot sous les vĂȘtements, le linge. Ses dents claquaient. Son squelette souffrait seul et tout entier, car dĂ©jĂ  ce squelette avait dĂ©vorĂ© sa chair. Ce qui, de son corps, demeurait apte au bonheur se fanait. Dans ses poches, ses mains Ă©taient des fleurs, sans sĂšve, sans couleur. Alors il entrait n'importe oĂč, non pour trouver quelque secours prĂ©cis, humain, car s'il cherchait Ă  retarder la dĂ©bĂącle c'Ă©tait par d'Ă©tranges aides et il n'eĂ»t su que faire d'une peau habitĂ©e par un esprit semblable au sien.
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René Crevel (Difficult Death (English and French Edition))
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Elle ne sent plus rien. Juste l’air glacial des quais qui lui lĂšche le visage. Elle regarde Ă  peine devant elle. Elle est folle. ComplĂštement folle. Elle se rue vers la sortie. Elle ne ralentit pas d’un pouce. La laniĂšre de son sac glisse sur son Ă©paule. Elle agrippe le cuir. Elle a baissĂ© la tĂȘte Ă  peine une seconde. Elle a mal. Ça la secoue. Elle est par terre. Elle ne comprend rien. Encore. Plus rien du tout. Elle tente de se remettre sur pieds mais un cri de douleur l’empĂȘche de concentrer ses forces. Alors une main enserre son bras. Elle n’aperçoit qu’une manche de chemise. Instinctivement, elle se dĂ©gage. La main tient bon. Cinq doigts l’empĂȘchent de fuir. Elle est terrifiĂ©e. Son rythme cardiaque est dĂ©mesurĂ©. Encore plus que d’habitude. Elle pleure. C’est plus ou moins nerveux. Elle craque. Elle n’en peut plus. Tout ça devient beaucoup trop. La main desserre son Ă©treinte. Elle lĂąche un soupir entre deux sanglots. Alors seulement elle ose lever les yeux vers le propriĂ©taire de cette chemise Ă  carreaux. Un hoquet de surprise la prend de court. Ces prunelles bleues.
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Fanny R.J. (AprĂšs)
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JEANNE ENDORMIE. -- I LA SIESTE Elle fait au milieu du jour son petit somme; Car l'enfant a besoin du rĂȘve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche Ă  revoir ChĂ©rubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fĂ©es, Et ses mains quand il dort sont par Dieu rĂ©chauffĂ©es. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacrĂ©, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'Ă©toiles qui font signe aux enfants d'ĂȘtre sages, Ces apparitions, ces Ă©blouissements ! Donc, Ă  l'heure oĂč les feux du soleil sont calmants, Quand toute la nature Ă©coute et se recueille, Vers midi, quand les nids se taisent, quand la feuille La plus tremblante oublie un instant de frĂ©mir, Jeanne a cette habitude aimable de dormir; Et la mĂšre un moment respire et se repose, Car on se lasse, mĂȘme Ă  servir une rose. Ses beaux petits pieds nus dont le pas est peu sĂ»r Dorment; et son berceau, qu'entoure un vague azur Ainsi qu'une aurĂ©ole entoure une immortelle, Semble un nuage fait avec de la dentelle; On croit, en la voyant dans ce frais berceau-lĂ , Voir une lueur rose au fond d'un falbala; On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse, Et c'est un astre, ayant de plus la petitesse; L'ombre, amoureuse d'elle, a l'air de l'adorer; Le vent retient son souffle et n'ose respirer. Soudain, dans l'humble et chaste alcĂŽve maternelle, Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle, Elle ouvre la paupiĂšre, Ă©tend un bras charmant, Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre, Elle gazouille...-Alors, de sa voix la plus tendre, Couvrant des yeux l'enfant que Dieu fait rayonner, Cherchant le plus doux nom qu'elle puisse donner À sa joie, Ă  son ange en fleur, Ă  sa chimĂšre: -Te voilĂ  rĂ©veillĂ©e, horreur ! lui dit sa mĂšre.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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L'enfer, tout le monde cherche Ă  le fuir. Et si l'enfer Ă©tait autour de nous et que nous nous y enfermions sans nous en rendre compte ? Et si le seul moyen de nous en sortir Ă©tait de fuir ? Serions-nous prĂȘts Ă  le faire ?
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Emmie Wesline (Objectif Vancouver)
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Doit-on s’infliger Ă  ce point de sortir d’une vie ? Doit on autant fuir pour chercher ailleurs un moyen de panser ses blessures, de souffler, s’introspecter ? N’y avait-il aucune autre voie possible au delĂ  de cette absence terrible qui lui tordait le ventre de douleur, aucun autre chemin que de voir soudainement disparaĂźtre de son existence cette prĂ©sence qui l’avait accompagnĂ© le temps d’une balade qu’ils avaient effectuĂ©e Ă  deux ? Si l’absence semblait le seul remĂšde, force lui Ă©tait de constater qu’elle ne laissait dans on esprit qu’un goĂ»t amer qui lui Ă©corchait les lĂšvres. Et son image dansait dans sa tĂȘte, le torturant Ă  chaque instant, amenant des larmes dans le creux de ses yeux, ce visage vers lequel il voulait tendre les doigts, qu’il voulait caresser, alors qu’il devait s’obliger Ă  ne pas bouger et Ă  rester interdit. Au delĂ  des mots, c’était bien cette absence totale qui lui Ă©tait la pire des tortures. Il aurait voulu tendre les bras, enserrer ce corps tant aimĂ©, oublier un instant cette douleur sourde qui grondait en son coeur, fermer les yeux et revenir Ă  ces quelques moments de pur bonheur qu’il avait pu ressentir alors que leurs deux corps Ă©taient enlacĂ©s, si proches l’un de l’autre, dans une communion qui allait au delĂ  des mots. A ce moment mĂȘme avant les mots, avant ces phrases blessantes, avant sa dĂ©cision. Mais il devait se rĂ©soudre Ă  laisser partir ce visage tant aimĂ©, Ă  le voir se fondre dans cet ocĂ©an inconnu du temps qui, disait-on, Ă©tait capable de tout soigner. Et pourtant chaque jour l’absence le mordait, plus durement que l’eau salĂ©e sur une blessure, plus cruellement que la mort. La mort c’était savoir qu’il n’y avait pas d’espoir de se revoir, aucun espoir de se croiser, l’absence au contraire Ă©tait ĂŽ combien plus cruelle. L’absence c’était savoir l’autre proche, c’était savoir qu’il continuait sa vie loin de soi, que vos chemins se sĂ©paraient dĂ©sormais et adoptaient une trajectoire diffĂ©rente. C’était savoir que l’autre deviendrait peu Ă  peu un inconnu, une ombre du passĂ©. C’était risquer de se recroiser et de voir ces plaies se rouvrir sans que rien jamais ne puisse les soigner. Oui, dĂ©cidĂ©ment l’absence Ă©tait bien pire que tout.
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Simon Vandereecken (Temps volés)
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L'occupation principale d'un malade mental consiste Ă  fuir. Il veut, doit, constamment partir. À cet effet, il y a, dans le jardin du home LumiĂšre d'Hiver, un arrĂȘt de bus. Tout Ă  fait fictif naturellement. Je veux dire: jamais un bus ne s'arrĂȘtera ou ne dĂ©marrera dans ce jardin. Mais il s'agit d'un arrĂȘt de bus parfaitement imitĂ©, avec un abri et un banc, des horaires clairement affichĂ©s, et diverses "informations aux voyageurs" auxquelles pas un seul patient ne s'intĂ©resse, mais qui rendent tout particuliĂšrement crĂ©dible: "Travaux rue Haute, veuillez tenir compte de probable retards. Nous vous remercions pour votre comprĂ©hension." On a mĂȘme construit un petit morceau de route, six ou sept mĂštres au total, coulĂ© dans ce bel asphalte lisse que le cycliste aime sentir sous ses roues, avec une plaque indiquant une ville qui n'existe pas et oĂč doit se rendre le bus. Ligne 77. ("Comment ma femme m'a rendu fou", p.62)
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Dimitri Verhulst (De laatkomer)
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Elle voulait s’évader, fuir toujours plus loin, rompre de maniĂšre brutale avec la vie courante, pour respirer Ă  l’air libre. Et puis il y avait aussi cette peur panique, de temps en temps, Ă  la perspective que les comparses que vous avez laissĂ©s derriĂšre vous puissent vous retrouver et vous demander des comptes. Il fallait se cacher pour Ă©chapper Ă  ces maĂźtres chanteurs en espĂ©rant qu’un jour vous seriez dĂ©finitivement hors de leur portĂ©e. LĂ -haut, dans l’air des cimes. Ou l’air du large. Je comprenais bien ça. Moi aussi, je traĂźnais encore les mauvais souvenirs et les figures de cauchemar de mon enfance auxquels je comptais faire une fois pour toutes un bras d’honneur.
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Patrick Modiano
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Sans doute n'y a-t-il qu'une chance sur un million pour que tu lises cette lettre, mais ça ne m'empĂȘche pas de l'Ă©crire avec le fol espoir que tu finisses par la recevoir .. Alors voilĂ  : Je voulais seulement te dire .. Te dire que ma vie est toujours pleine de toi et que mille fois par jour, je t'envoie mes pensĂ©es dans l'espoir qu'elles t'atteignent. Te dire que sans toi je meurs Ă  petit feu, parce que tu es mon vĂ©ritable point d'ancrage. Te dire que j'ai tout gardĂ© de nous : nos chassĂ©s-croisĂ©s, nos souffles qui s'emmĂȘlent, nos abandons, notre lumiĂšre, et que tout reste en moi et me contamine comme une infection dont je refuse de guĂ©rir.Te dire que j'ai essayĂ© de te fuir, mais que tout me ramĂšne Ă  toi et si je devais ne jamais te revoir, j'aimerais que tu saches que je ne regrettes rien. Que les morsures cruelles de la douleur pĂšsent de peu de poids face Ă  la parenthĂšse de notre amour.
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Guillaume Musso (Je reviens te chercher)
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Quoi que je fasse, elle est toujours lĂ , cette pensĂ©e infernale, comme un spectre de plomb Ă  mes cĂŽtĂ©s, seule et jalouse, chassant toute distraction, face Ă  face avec moi misĂ©rable, et me secouant de ses deux mains de glace quand je veux dĂ©tourner la tĂȘte ou fermer les yeux. Elle se glisse sous toutes les formes oĂč mon esprit voudrait la fuir, se mĂȘle comme un refrain horrible Ă  toutes les paroles qu’on m’adresse, se colle avec moi aux grilles hideuses de mon cachot, m’obsĂšde Ă©veillĂ©, Ă©pie mon sommeil convulsif, et reparaĂźt dans mes rĂȘves sous la forme d’un couteau.
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Victor Hugo
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Ça, si doux : ne pas fuir, mais aller.
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Clarice Lispector (Near to the Wild Heart)
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Oui, notre chasse n'est pas amusante. Nous mourons en silence et sans larmes, sans simagrĂ©e aucune. Et puis aprĂšs ? N'est-ce pas notre droit ? N'est-ce pas assez de mourir ? Faudrait-il encore vous distraire ? Notre souverainetĂ© nous l'interdit. Nous subirons bravement la chasse, voilĂ  tout, aussi bravement que nous pourrons, en bons loups gris qui savent leur mĂ©tier : courir et se taire longtemps. Nous avons de bonnes jambes et parfois du courage. Nous ne nous dĂ©roberons pas. Nous courrons jusqu'au bout de nos forces, au bout de notre vie, au bout de notre peine, « perçant toujours droit en avant ». Et quand nous serons au bout de notre vie, Ă  la fin de nos forces, au terme de nos peines, nous tomberons, haletants. Mais nous jouerons encore au grand jeu de la mort. Nous vous regarderons toujours, avec une insistance dĂ©placĂ©e qui vous mettra, malgrĂ© votre fausse victoire, dans un Ă©tat de profond malaise. Nous sommes durs Ă  mourir, nous les loups. Nous regardons la vĂ©ritĂ© en face. CouchĂ©s Ă  terre, nous verrons luire la lame de l'arme funĂšbre et nous ne broncherons pas. Nous ne chercherons pas Ă  fuir. Nous n'y songerons mĂȘme pas. A peine demeurera-t-il en nous un peu de colĂšre, que vous lirez dans notre regard. Mais vous n'y verrez pas de crainte. Simplement, tandis que vous nous tuerez, nous vous regarderons fixement, de nos yeux perçants qui brillent dans la nuit. Et vous pressentirez alors, avec un frisson d'Ă©pouvante, que de longues annĂ©es plus tard encore, le souvenir de ce regard pĂ©nĂ©trant vous hantera et gĂątera votre sommeil. Car nous vous aurons regardĂ©s sans haine, sans amertume, sans aucune considĂ©ration. Au moment de notre mort, nous vous bouleverserons par notre indiffĂ©rence. Nous vous frapperons d'angoisse, du fond de notre Ă©loignement. Vous porterez en nous la mort mais, par notre seul regard venu de si loin, nous vous frapperons Ă  mort Ă  votre tour. Par ces yeux brillants, devenus vitreux, ne vous voyant mĂȘme pas, vous serez foudroyĂ©s. L'immense Ă©tendue de notre dĂ©tachement vous brisera ! Et, frappĂ©s de terreur, vous n'oserez pas mĂȘme nous manger, chiens !
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Michel Bataille (L'arbre de Noël)
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Nous faisons tous les mĂȘmes erreurs. Fuir nos fantĂŽmes plutĂŽt qu'apprendre Ă  vivre avec.
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Valérie Tong Cuong (L'Atelier des Miracles)
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En effet, Ă  cĂŽtĂ© de la prĂ©tention de tout individu Ă  s'affirmer comme sujet, qui est une prĂ©tention Ă©thique, il y a aussi en lui la tentation de fuir sa libertĂȘ et de se constituer en chose: c'est un chemin nĂ©faste car passif, alienĂ©, perdu, il est alors la proie se volontĂ©s Ă©trangĂšres, coupĂ© de sa transcendance, frustrĂ© de tout valeur. Mais c'est un chemin facile: on Ă©vite ainsi l'angoisse et la tension de l'existence authentiquement assumĂ©e.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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— Ne t’es-tu jamais rendu compte qu’aprĂšs certaines discussions tu perdais ton Ă©nergie? — Je n’avais pas pris conscience de ça, mais je dois avouer que je l’ai bien compris cette fois-ci! — Toute attitude gĂ©nĂ©rĂ©e par le manque induit ce comportement. N’ayant pas trouvĂ© leur source, ce type de personne s’approprie l’oxygĂšne des autres en attirant l’attention Ă  lui, il se rĂ©gĂ©nĂšre. — C’est vrai! En plus de me mettre en colĂšre, ils m’ont Ă©puisĂ©e. — Les pessimistes, les nĂ©gatifs, ceux qui veulent imposer leur point de vue, d’autres qui contredisent tout ce qui est dit, ou ceux qui se victimisent sont des gens Ă©nergivores. Ils sont animĂ©s par la peur. Tu peux Ă©viter ce genre de situation. Il suffit d’ĂȘtre attentif. Ce type de comportement est facilement repĂ©rable et ton corps est un bon indicateur. Lorsque tu sens des tensions, de la crispation, une frustration, tu sais que ton Ă©nergie diminue. — N’est-il pas prĂ©fĂ©rable de les fuir? — C’est une solution si tu prĂ©sumes que tes forces ne suffisent pas, mais moi, je prĂ©fĂšre observer sans chercher Ă  donner tort, puis je me recentre pour envoyer des pensĂ©es aimantes. — Ça, c’est au-dessus de mes possibilitĂ©s, j’ai des envies de meurtre! — Rassure-toi, c’est pour tout le monde pareil, mais la colĂšre est un sentiment vain qui ne nous soulage pas. Le bonheur consiste Ă  ĂȘtre en harmonie avec nous. Seules nos pensĂ©es bienveillantes peuvent nous prĂ©server de ces offenses.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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La colĂšre peut aussi ĂȘtre le langage de l’intolĂ©rance ou de la projection quand nous reprochons aux autres ce que nous ne respectons pas nous-mĂȘmes ou lorsque nous demandons aux autres d’ĂȘtre ou de faire ce que nous n’assumons pas. Dans ce cas, la colĂšre est un feu mal maĂźtrisĂ© qui nous invite Ă  ĂȘtre exemplaires plutĂŽt que de projeter notre colĂšre vis-Ă -vis de nos propres manquements sur les autres. Cette colĂšre-lĂ  peut aller jusqu’au feu destructeur de l’intolĂ©rance qui nous aveugle dans des reproches sans fin de comportements, de facettes et d’ombres que nous avons, que nous n’acceptons pas et pour lesquels nous pourchassons les autres afin de les fuir en nous. Elle devient un fanatisme et tombe dans la persĂ©cution.
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Katia Bougchiche (L'Ă©veil des sorciĂšres (DEVELOPPEMENT P))
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Ce sont toutes ces rĂ©flexions qui Ă©mergent lorsqu’on Ă©voque le travail par son contraire, le chĂŽmage, et que l’on considĂšre ce dernier comme une opportunitĂ© plutĂŽt que comme une malĂ©diction. C’est bien ce que fais ce Manifeste des chĂŽmeurs heureux, tout comme les multiples expĂ©riences et tentatives de fuir, dĂ©border ou saboter le travail salariĂ©. C’est remuer le couteau dans la plaie, s’apercevoir que la blessure n’en est pas une, c’est commencer Ă  penser Ă  l’envers pour entrevoir le monde Ă  l’endroit. Pour qu’elle n’appelle plus la mĂȘme rĂ©ponse instrumentalisĂ©e, c’est retourner la question : « Et vous, qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
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Julien Bordier
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La vraie aventure de vie, le dĂ©fi clair et haut n'est pas de fuir l'engagement mais de l'oser. Libre n'est pas celui qui refuse de s'engager. Libre est sans doute celui qui ayant regardĂ© en face la nature de l'amour - ses abĂźmes, ses passages Ă  vide et ses jubilations - sans illusions, se met en marche, dĂ©cidĂ© Ă  en vivre coĂ»te que coĂ»te l'odyssĂ©e, Ă  n'en refuser ni les naufrages ni le sacre, prĂȘt Ă  perdre plus qu'il ne croyait possĂ©der et prĂȘt Ă  gagner pour finir ce qui n'est cotĂ© Ă  aucune bourse : la promesse tenue, l'engagement honorĂ© dans la traverse sans feintes d'une vie d'homme.
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Christiane Singer (Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies)
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Nous étions nombreux à développer une allergie aux illusions virutuelles. Les sommations de l'époquenous fatiguaient : "Enjoy! Take care ! Be safe !Be connected !" Nous étions dégoûtés du clignotement des villes. Si nous écrasions à coups de talon les écrans livides de nos vies high-tech s'ouvrirairnt un chemin noir, une lueurde tunnel à travers le dispositif. [...] vivre me semblait le synonyme de "s'échapper". Napoléon avait dit au général de Caulain-court dans le traßneau qui les ramenait à Paris aprÚs le passage de la Berezina : "Il y a deux sortes d'hommes, ceux qui commandent et ceux qui obéissent." [...] l'Empereur avait oublié une troisiÚme colonne : les hommes qui fuient. "Sire!" lui aurais-je dit si je l'avais connu' "Fuir, c'est commander ! C'est au moins commander au destin de n'avoir aucune prise sur vous.
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Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs)
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Pourquoi s’est-elle contentĂ©e d’une poignĂ©e d’émotions quand une abondance lui Ă©tait proposĂ©e ? Est-ce pour les prĂ©server intactes Ă  sa mĂ©moire ? Redoute-t-elle que le temps les abĂźme dans la durĂ©e ? Qu’à notre exemple, elles vieillissent, flĂ©trissent et meurent ? Ses souvenirs sont inaltĂ©rables, les sentiments d’Aaron l’auraient-ils Ă©té ? Est-ce la peur d’une rĂ©ponse nĂ©gative qui l’a fait fuir et non sa dĂ©votion ? Marthe prĂ©fĂ©rerait-elle ne rien Ă©prouver pour un homme plutĂŽt que s’exposer Ă  une dĂ©sillusion ? Si tel est le cas, elle ne peut connaĂźtre le bonheur, on n’y accĂšde qu’en lui cĂ©dant.
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Carine Alexandre (Je me souviens)
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Que peut-on fuir ainsi ? A part ses propre choix ? il faut un lascif goĂ»t de mort pour qu'une fĂȘte soit rĂ©ussie.
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Claire Berest (Rien n'est noir)
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... au dĂ©part, les ZaĂŻrois aimaient pourtant George Foreman: il avait la peau plus noire que Mohammed Ali, donc il Ă©tait le vrai Africain. Ali Ă©tait trop clair de peau comme notre camarade de classe Adriano, et c'Ă©tait suspect pour les ZaĂŻrois d'avoir une peau comme ça et de prĂ©tendre qu'on est noir. Mais quand Foreman est descendu Ă  l'aĂ©roport de Kinshasa avec son grand chien qui avait la langue dehors et les oreilles droites on dirait les antennes de Radio-Congo, tout le monde a eu peur. Les ZaĂŻrois ont dit: Ce chien a la mĂȘme figure que les chiens des Belges qui nous commandaient pendant la colonisation! Comment un Noir peut avoir un chien de la mĂȘme famille que les chiens des colonisateurs? Comment il peut emmener jusqu'ici un chien qui nous rappelle ces chiens Ă©duquĂ©s pour sentir l'odeur du Noir et le retrouver en brousse, dans la nuite profonde, lorsqu'il essayait de fuir les brimades des Blancs? Les ZaĂŻrois se sont encore dit: Ce Foreman n'est pas un vrai Noir comme nous, il veut devenir comme les Blancs, il faut donc qu'Ali le mettre K-O pour venger nos parents et nos grands-parents qui ont Ă©tĂ© mordus par les chiens des Belges.
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Alain Mabanckou (Demain j'aurai vingt ans)
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La mĂȘme confusion rĂ©gnait dans le choix de nos lectures et dans nos vies. Nos parents avaient du mal Ă  se ressaisir. Courageux, pour la plupart ils ne rĂ©alisaient pas vraiment l’ampleur de la catastrophe, surtout au dĂ©but. Ils ont cru que ce n’était qu’un dur moment Ă  passer. Avant de voir les Russes partout dans le pays, ils n’imaginaient pas que cela fĂ»t possible. Ensuite, ils se sont dit : Chez nous, le communisme ne prendra jamais, il est contraire Ă  la nature des Roumains ! Ils s’accrochaient, confiants et dĂ©phasĂ©s ! Nombreux ont Ă©tĂ© ceux qui auraient pu fuir et qui ne l’ont pas fait. Ou qui l’ont fait plus tard, dans des conditions prĂ©caires, tant ils espĂ©raient l’aide de l’Occident, et surtout des AmĂ©ricains. Il leur a fallu du temps pour comprendre combien le chemin serait long. Beaucoup ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, certains sont morts. Moralement, ils nous ont laissĂ©s nous dĂ©brouiller comme nous le pouvions. Il me semble que nous Ă©tions un peu seuls, dans la peur et l’attente, mais ce sentiment de solitude est le propre des adolescents, mĂȘme en temps normal.
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Oana Orlea (Les années volées: Dans le goulag roumain à 16 ans (French Edition))
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N'acceptez pas que l'on fixe, ni qui vous ĂȘtes, ni oĂč rester. Ma couche est Ă  l'air libre. Je choisis mon vin, mes lĂšvres sont ma vigne. Soyez complice du crime de vivre et fuyez ! Sans rien fuir, avec vos armes de jet et la main large, prĂȘte Ă  s'unir, sobre Ă  punir. MĂȘlez-vous Ă  qui ne vous regarde, car lointaine est parfois la couleur qui fera votre blason.
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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L'HEURE DE VISITE                                  à Gala Galaction Ce soir, ma tĂȘte comme une lampe brĂ»le les vestiges fumants de l'huile – et quelqu'un a posĂ© la main sur la poignĂ©e, et quelqu'un m'effleure la joue. En ce soir sans fin, quelqu'un tousse en moi, crache et rend l'Ăąme, mais pour rien au monde je ne voudrais fuir – ni toucher de nouveau le ciel de mes mains ! Je suis dans la chambre comme dans un train attendant qu'un paysage brise le carreau, et je tiens Ă  la main mon Ăąme solaire – mon malheureux passeport de voyage. Le silence qui s'est levĂ© en moi me fait mal – l'obscuritĂ© qui s'est levĂ©e me fait mal, comme un sol boueux oĂč dorment, recroquevillĂ©s, les buffles noirs de l'inconnu. On dirait qu'une ombre en moi a pris la fuite, et ce soir je me sens si bien, que j'ai presque envie d'arracher de mes mains les orties qui ont assailli mon corps.
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Benjamin Fondane (Privelisti -si inedite-)
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Il (Ceaușescu) parlait du prix que nous exigions pour les visas de sortie les minoritĂ©s dĂ©sirant fuir la Roumanie. «Le pĂ©trole, les Juifs et les Allemands sont nos meilleurs produits d'exportation», avait-il coutume de plaisanter. (p. 59) [...] Le nouvel accord Marcu-Yesahanu, toujours verbal, stipulait que Bucarest devait recevoir une certaine somme en liquide Ă  nĂ©gocier au cas par cas, selon l'Ăąge, l'Ă©ducation, la profession, la situation de famille, pour chaque Juif autorisĂ© Ă  Ă©migrer. En 1978, cette somme allait de 2000 Ă  50 000 dollars par personne. Dans certains cas elle pouvait atteindre 250 000 dollars. (p. 61)
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Ion Mihai Pacepa (Red Horizons: The True Story of Nicolae and Elena Ceausescus' Crimes, Lifestyle, and Corruption (Cold War Classics))
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Les charmes enfouis Un azur n’est nĂ© que pour fuir les sommets inhumĂ©s Ă  jamais Rempli de mes dĂ©sirs dĂ©sorientĂ©s et de tes sentiers malmenĂ©s Les silences remplacent les mots, lĂ  oĂč il faut faire face au vrai Une mĂ©tamorphose raconte les frontiĂšres d’un dĂ©tour plus que ratĂ© C’est reparti pour une plongĂ©e de mon Ăąme dans les eaux de ton Ă©ternitĂ© Le chemin de ta sortie n’est pas toujours celui de comment j’ai pu te rattraper Tu l’oublies mais tu t’en souviens aprĂšs une longue course pĂ©rimĂ©e Un tarĂ© orageusement cernĂ© par un temps Ă©voquĂ© dans ta profonde gelĂ©e Serait-il possible de crĂ©er une variation de caractĂšres sans but sacrĂ© ? Mon corps se met Ă  imiter les voix de ton rĂ©veil rĂȘveur en instantané 
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Hanen Marouani (Tout ira bien... (French Edition))
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Nous dĂ©pendons tous sur vous pour sauver notre monde, mais vous voulez fuir de vos responsabilitĂ©s. RĂ©veillez-vous, oh Sauveur et calmez la tempĂȘte qui menace d'engloutir l'humanitĂ©.
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Bangambiki Habyarimana (Grande Perle de la Sagesse)
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Il faut pas se mentir : la seule chose qui oblige un mauvais garçon Ă  se lever tĂŽt, c’est le dĂ©sir de fuir.
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Henri Loevenbruck (Nous rĂȘvions juste de libertĂ©)
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De l'Ă©ternel azure la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poĂ«te impuissant qui maudit son gĂ©nie A travers un dĂ©sert stĂ©rile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermĂ©s, je le sens qui regarde Avec l'intensite d'un remords atterrant, Mon Ăąme vide, OĂč fuir? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mĂ©pris navrant? Brouillards, montez! Versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Qui noiera le marais livide des automnes Et batissez un grand plafond silencieux! Et toi, sors de Ă©tangs lĂ©thĂ©ens et ramasse En t'en venant la vase et les pĂąles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse Les grands trous bleux que font mĂ©chamment les oiseaux. Encor! que sans rĂ©pit les tristes cheminĂ©es Fument, et que de suie une errante prison Èteigne dans l'horreur de ses noires traĂźnĂ©es Le soleil se mourant jaunatre a l'horizon! -Le Ciel est mort. -Vers toi, j'accours! donne, ĂŽ matiĂšre, L'oubli de l'IdĂ©al cruel et du PĂ©chĂ© A ce martyr qui vient partager la litiĂšre Ou le bĂ©tail heureux des hommes est couchĂ©, Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidĂ©e Comme le pot de fard gisant au pied du mur, N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idĂ©e, Lugubrement bĂąiller vers un trĂ©pas obscur. . . En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante Dans les cloches. Mon Ăąme, il se fait voix pour plus Nous faire peur avec sa victoire mĂ©chante, Et du mĂ©tal vivant sort en bleus angĂ©lus! Il roule par la brume, ancien et traverse Ta notive agonie ainsi qu'un glaive sur; Ou fuir dans la rĂ©volte inutle et perverse? Je suis hantĂ©. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur.
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Stéphane Mallarmé
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La faiblesse est la conviction habituelle d'ĂȘtre faible ; ĂȘtre faible, c'est ignorer que tout homme a accĂšs Ă  la force, Ă  toute la force qui est lĂ . La force n'est pas un privilĂšge des forts, c'est une potentialitĂ© de tout homme ; le problĂšme, c'est de trouver l'accĂšs Ă  cette force. Etre faible, c'est ĂȘtre passivement soumis Ă  la durĂ©e ; ĂȘtre fort, c'est ĂȘtre activement libre dans l'instant, dans l'Eternel PrĂ©sent. Etre faible, c'est cĂ©der Ă  des pressions, et on cĂšde Ă  des pressions parce qu'on ne voit pas les effets dans les causes. Le pĂ©chĂ© est une cause, le chĂątiment est l'effet concordant. L'homme est faible parce qu'il manque de foi ; sa foi est abstraite, hypocrite et inopĂ©rante ; il croit au Ciel et Ă  l'Enfer, mais il agit comme s'il n'y croyait pas. Or nous devons fuir le mal comme nous fuirions un feu que nous verrions foncer sur nous, et nous devons nous attacher au bien comme nous nous attacherions Ă  une oasis que nous verrions au milieu d'un dĂ©sert.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Tout est bon pour fuir le silence, ou pour ne pas se retrouver seul, face Ă  soi-mĂȘme. Peu importe le contenu, l’important est de se griser de paroles. Se taire nous coĂ»te, l’absence de rĂ©ponse d’autrui est prise comme un manque de respect, voir une agression. C’est une grande marque de confiance que d’ĂȘtre en prĂ©sence d’autrui sans lui parler, sans ressentir une angoisse, sans pour autant prendre ce silence pour de l’indiffĂ©rence, de la froideur ou du rejet.
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Oscar Brenifier (Sagesse des contes soufis (Sagesse vivante) (French Edition))
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J'essaie de revenir au plus prĂšs de ces moments alors que tout ce que je souhaiterais, c'est les oublier,et puis fuir,fuir trĂšs loin,avec des jambes lĂ©gĂšres et un cerveau tout neuf. J'ai le sentiment que je ne suis pas fait pour ma vie. Je veux dire que ma vie dĂ©borde de toute part, qu'elle n'est pas taillĂ©e pour un homme comme moi,qu'elle se remplit de trop de choses,de trop d'Ă©vĂšnements,de trop de misĂšres,de trop de failles.Peut-ĂȘtre est-ce ma faute?Peut-ĂȘtre est-ce moi qui ne sais pas ĂȘtre un homme? Qui ne sait pas prendre et laisser, faire le tri. Ou peut-ĂȘtre est-ce la faute de ce siĂšcle dans lequel je vis et qui est comme un gros entonnoir oĂč se dĂ©verse le trop-plein des jours,tout ce qui coupe, Ă©corche,Ă©crase et tranche.Ma tĂȘte parfois, je la sens sur le point d'exploser, comme une marmite qu'on aurait bourrĂ©e de poudre
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Philippe Claudel (Brodeck)
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N'acceptez pas que l'on fixe, ni qui vous ĂȘtes, ni oĂč rester. Ma couche est Ă  l'air libre. Je choisis mon vin, mes lĂšvres sont ma vigne. Soyez complice du crime de vivre et fuyez! Sans rien fuir, avec vos armes de jet et la main large, prĂȘte Ă  s'unir, sobre Ă  punir. MĂȘlez-vous Ă  qui ne vous regarde, car lointaine est parfois la couleur qui fera votre blason.
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Alain Damasio
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N'aie pas peur. Ferme Tes yeux, donne-moi Ta main et viens, je vais Te montrer tous les sentiers de l'amour que je connais, des sentiers jamais foulĂ©s. Sauvage, le pollen des nuits passera au-dessus de nous et de nos reins monteront les baisers. Viens, dĂ©pĂȘchons-nous. Quelqu'un guette au coin du lit. Un pressentiment s'Ă©parpille sur les draps qui ont l'air de linceuls. Oh, oĂč fuir, dans quelle courbure de Ton corps m'enfouir et comment T'Ă©treindre pour ne pas mourir - pour ne pas mourir avant d'avoir joui de Toi tout entiĂšre. ~ P 52 - 53
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Nikos Kazantzakis (Le lys et le serpent)
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C'est donc parce qu'un « personnage fantĂŽme » hante l'homosexuel malgrĂ© lui et que « ce personnage » n'est autre « que lui-mĂȘme sous le regard d'autre » ou, ce qui revient au mĂȘme, lui-mĂȘme tel qu'il est assignĂ© Ă  une place particuliĂšre et infĂ©riorisĂ©e dans l'ordre sexuel, que tout gay doit un jour « prendre parti », et se choisir lui-mĂȘme ou bien renoncer Ă  la libertĂ© pour s'annihiler comme personne afin de se plier aux exigences de la sociĂ©tĂ© qui l'insulte en tant qu'homosexuel mais lui refuse le droit de se dire gay. Les « Juifs inauthentiques, dit Sartre, sont des hommes que les autres hommes tiennent pour Juifs et qui ont choisi de fuir devant cette situation insupportable ». L'« inauthenticitĂ© » est donc une soumission Ă  l'ordre social et aux structures de l'oppression, et l'« authenticitĂ© », d'abord et avant tout un refus de cet ordre. Il ne s'agit pas - cela va sans dire - de juger les uns et les autres et d'Ă©tablir une Ă©chelle morale ou politique pour Ă©valuer les comportements : chacun fait ce qu'il peut ; ou ce qu'il veut ! Mais l'on comprend pourquoi, et c'est lĂ  l'important, Sartre peut dire que l'authenticitĂ© ne saurait se manifester que « dans la rĂ©volte ». (p. 170-171)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Ces enfants mĂ»rissent trop tĂŽt parce que, ayant Ă©tĂ© rendus sensibles aux malheurs, c'est ce qu'ils savent 2le mieux voir. Ils sont attirĂ©s par les blessĂ©s et dĂ©sirent les aider. Ils comprennent ce more de relation qui les revalorise. Le comportement oblatif qui consiste Ă  donner Ă  ses propres dĂ©pens leur permet de gagner un peu d'affection, au risque de rencontrer quelqu'un qui en profitera, car ils sont faciles Ă  exploiter. Ce don de soi n'a pas la grandeur du sacrifice puisqu'ils le font discrĂštement, parfois mĂȘme en cachette. L'oblativitĂ© prend plutĂŽt l'effet d'un rachat par ceux qui ont commis le crime de survivre quand leurs proches sont morts. Ces enfants, adultes trop tĂŽt, aiment devenir parents de leurs parents. Ils se sentent un peu mieux en vivant de cette maniĂšre qui les prive d'une Ă©tape de leur dĂ©veloppement mais les revalorise et les socialise. Ne les fĂ©licitez pas pour ce comportement, car ils dĂ©testent tout ce qu'ils font. Vous risqueriez de saboter ce lien fragile. Vous les trouverez mignon et touchant parce que ce sont des enfants. Mais leur fraĂźcheur apparente masque leur malaise. Quand on est malheureux, le plaisir nous fait peur. Non seulement, on n'a pas le dĂ©sir du plaisir, mais on n'a honte Ă  l'idĂ©e d'avoir du plaisir. Alors l'enfant trop adulte dĂ©couvre un compromis: il s'occupera des autres. Ces enfants qui veulent fuir leur enfance haĂŻssent le passĂ© qui s'impose dans leur mĂ©moire encore fraĂźche. Ils la combattent grĂące Ă  une prĂ©paration comportementale au dĂ©ni, une jovialitĂ© excessive, une recherche exaspĂ©rĂ©e de ce qui peut faire rire, une quĂȘte d'engagements superficiels, une hyperactivitĂ© incessante qui les pousse vers le prĂ©sent en fuyant le passĂ©.
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Boris Cyrulnik (Les vilains petits canards)
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Elle avait cessĂ© de crier et de pleurer. A prĂ©sent elle courait. Nue, terrifiĂ©e, et dĂ©jĂ  Ă©puisĂ©e aprĂšs tout ce qu'elle avait subi. Elle courait pour sa vie, si tant est qu'elle ait encore une chance de se sortir de ce piĂšge infernal. Ses pieds foulaient les tapis d'aiguilles de pin. Les branches et les buissons s'accrochaient Ă  sa peux exposĂ©e, griffant ses bras, ses cuisses jusqu'au sang. Elle gĂ©missait Ă  chaque nouvelle coupure, un bras devant le visage pour se protĂ©ger les yeux. Plus vite. La panique, brĂ»lante et vertigineuse, la poussait dans sa fuite. C'Ă©tait sa seule chance dĂ©sormais: Il lui fallait Ă  tout prix atteindre l'enceinte de la propriĂ©tĂ©. Ne pas s'arrĂȘter. La nuit Ă©tait assez claire pour qu'elle puisse se repĂ©rer parmi les arbres, bien que la brume ne lui facilite pas les choses. Elle trĂ©buchait, ses orteils heurtaient des cailloux. Elle Ă©touffait du mieux possible ses gĂ©missements. Il ne fallait surtout pas attirer l'attention. Surtout pas lui permettre de la retrouver. Elle ne devait penser Ă  rien d'autre que fuir. Fuir.
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Sire CĂ©dric (Du Feu de l'Enfer)
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Savoir que tu dois fuir en courant ne signifie pas que tu peux le faire.
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Kimberly McCreight (The Outliers (The Outliers, #1))
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La jungle bruie selon ses propres lois, insoucieuse des hommes qui croient l'explorer. Dans les forĂȘts oĂč l'homme vient rĂ©guliĂšrement chasser, Ă  proximitĂ© des villes, dans toute l'Europe et particuliĂšrement en Angleterre, les animaux ont depuis longtemps appris Ă  se taire Ă  l'approche de l'homme, Ă  le fuir comme le prĂ©dateur suprĂȘme : cette crĂ©ature qui tue contre nature, sans que la nĂ©cessitĂ© ne l'y force. Le silence apaisant de nos campagnes n'est que le signe tangible de la terreur que l'homme y fait rĂ©gner.
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Stéphane Audeguy (The Theory of Clouds)
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Je ne sais pas faire autrement, l'Histoire m'a choisie, mastiquée, déchiquetée, recrachée survivante, et plutÎt que de la fuir, de me soigner aux sentiments et aux passions intimes, je ne peux vivre sans elle, je la longe comme on suit un cours d'eau par peur de me perdre. J'ai vécu, aimé et travaillé tout prÚs d'elle.
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Marceline Loridan-Ivens (L'Amour aprĂšs)