Esprit De Corps Quotes

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Le seul monde qui mĂ©rite d'ĂȘtre conquis est celui que dĂ©limite les frontiĂšres de notre corps et celles de notre esprit. L'autre monde, celui qui s'Ă©tend autour de nous, n'a pas besoin de maĂźtre.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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Nous avons plus de paresse dans l'esprit que dans le corps.
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François de la Rochefoucauld (Maxims)
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La destruction du lien cohésif inconscient entre l'esprit et la chair entraßne l'effet mortifÚre du corps.
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Françoise Dolto (Evangile Au Risque de La Psychanalyse(l') T2 (French Edition))
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Le Chat Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, MĂȘlĂ©s de mĂ©tal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent Ă  loisir Ta tĂȘte et ton dos Ă©lastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps Ă©lectrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bĂȘte, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques Ă  la tĂȘte, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Le seul monde qui mĂ©rite d'ĂȘtre conquis est celui que dĂ©limitent les frontiĂšres de notre corps et celles de notre esprit. L'autre monde, celui qui s'Ă©tend autour de nous, n'a pas besoin de maĂźtre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Un bon livre se retrouve toujours entre les mains d'un lecteur libre. Sinon il n'y reste pas longtemps, le mauvais lecteur cherche Ă  se dĂ©barrasser de tout ce qui ne ressemble pas Ă  ce qu'il a dĂ©jĂ  lu. Lire n'est pas nĂ©cessaire pour le corps (cela peut mĂȘme se rĂ©vĂ©ler nocif), seul l'oxygĂšne l'est. Mais un bon livre oxygĂšne l'esprit.
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Dany LaferriĂšre (L'art presque perdu de ne rien faire)
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five chief beatitudes of the pukka sahib, namely: Keeping up our prestige, The firm hand (without the velvet glove), We white men must hang together, Give them an inch and they’ll take an ell, and Esprit de corps.
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George Orwell (Burmese Days)
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Cependant mon pÚre fut atteint d'une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau. II expira dans mes bras. J'appris à connaßtre la mort sur les lÚvres de celui qui m'avait donné la vie. Cette impression fut grande; elle dure encore. C'est la premiÚre fois que l'immortalité de l'ùme s'est présentée clairement à mes yeux. Je ne pus croire que ce corps inanimé était en moi l'auteur de la pensée: je sentis qu'elle me devait venir d'une autre source; et dans une sainte douleur qui approchait de la joie, j'espérai me rejoindre un jour à l'esprit de mon pÚre.
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François-René de Chateaubriand
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« Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas une question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est de l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne. »
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Marguerite Duras (The Lover)
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- « Ces rĂšgles sont un rapport constamment Ă©tabli. Entre un corps mĂ» et un autre corps mĂ», c’est suivant les rapports de la masse et de la vitesse que tous les mouvements sont reçus, augmentĂ©s, diminuĂ©s, perdus ; chaque diversitĂ© est uniformitĂ©, chaque changement est constance. » Montesquieu, De l’Esprit des Lois, 1748, Ch. 1,
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Montesquieu
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L'histoire des thĂ©ologies nous montre que les chefs religieux ont toujours affirmĂ© qu'au moyen de rituels, que par des rĂ©pĂ©titions de priĂšres ou de mantras, que par l'imitation de certains comportements, par le refoulement des dĂ©sirs, par des disciplines mentales et la sublimation des passions, que par un frein, imposĂ© aux appĂ©tits, sexuels et autres, on parvient aprĂšs s'ĂȘtre suffisamment torturĂ© l'esprit et le corps, Ă  trouver un quelque-chose qui transcende cette petite vie. VoilĂ  ce que des millions de personnes soi-disant religieuses ont fait au cours des Ăąges ; soit en s'isolant, en s'en allant dans un dĂ©sert, sur une montagne ou dans une caverne ; soit en errant de village en village avec un bol de mendiant ; ou bien en se rĂ©unissant en groupes, dans des monastĂšres, en vue de contraindre leur esprit Ă  se conformer Ă  des modĂšles Ă©tablis.
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J. Krishnamurti (Freedom from the Known)
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Le jugement du corps vaut bien celui de l'esprit et le corps recule devant l'anéantissement. Nous prenons l'habitude de vivre avant d'acquérir celle de penser.
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Albert Camus (The Myth of Sisyphus)
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La vieillesse est une erreur, un malentendu entre le corps et l'esprit, entre le corps et le temps.
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Tahar Ben Jelloun (Jour de silence Ă  Tanger)
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Only thus were we prepared for what awaited us. We did not break down, but adapted ourselves; our twenty years, which made many another thing so grievous, helped us in this. But by far the most important result was that it awakened in us a strong, practical sense of esprit de corps, which in the field developed into the finest thing that arose out of the war—comradeship.
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Erich Maria Remarque (All Quiet on the Western Front)
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In general, however, there is agreement that groups differ from one another in the amount of “groupness” present. Those with a greater sense of solidarity, or “we-ness,” value the group more highly and will defend it against internal and external threats. Such groups have a higher rate of attendance, participation, and mutual support and will defend the group standards much more than groups with less esprit de corps.
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Irvin D. Yalom (The Theory and Practice of Group Psychotherapy)
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Je ne connais rien de plus vivant que l'envie, on dira ce qu'on voudra, mais il n'y a rien de plus vivant que quand on a le dĂ©sir qui frĂ©tille, que quand on dĂ©sire Ă  trĂ©pigner sur place, que quand on n'en peut plus de se palper les corps, ou mĂȘme que quand on n'en peut juste plus d'ĂȘtre avec quelqu'un, qu'on attendait ça depuis longtemps, et que ce moment-lĂ , rien au monde ne pourra l'abĂźmer. Alors les sentiments, le feeling, d'accord, m'enfin, c'est quand mĂȘme en dessous, les trucs en commun, les esprits qui se rencontrent, les signaux lumineux, tout ça, oui, ça compte, d'accord, je ne dis pas, mais s'il n'y a pas l'envie au-dessus de ça, c'est mou, c'est fade.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Ibn KhaldĆ«n is frequently called the world’s first sociologist. To use a phrase often applied to 19th-century European thinkers, he tried to uncover the ‘motor of history’. Hegel famously found this motor in the dialectical movement of ideas; Marx found it in the internal contradictions of the economic order. Ibn KhaldĆ«n found it in the dynamics of al ‘așabiyyah, a term usually translated as “group-feeling,” “esprit de corps,” or “spirit of kinship.
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James V. Spickard (Alternative Sociologies of Religion: Through Non-Western Eyes)
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Il est difficile de définir l'amour. Ce qu'on en peut dire est que dans l'ùme c'est une passion de régner, dans les esprits c'est une sympathie, et dans le corps ce n'est qu'une envie cachée et délicate de posséder ce que l'on aime aprÚs beaucoup de mystÚres.
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François de la Rochefoucauld (Réflexions ou sentences et maximes morales (French Edition))
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Dans son commerce avec l'homme, le Destin n'arrĂȘte jamais ses comptes. Il y a des moments, nous disent les psychologues, oĂč l'amour du pĂ©chĂ©, de ce que le monde apelle le pĂ©chĂ©, s'empare de l'ĂȘtre Ă  tel point que chaque fibre du corps, chaque cellule du cerveau, semble la proie d'inexorables impulsions. Hommes et femmes, alors, perdant tout libre arbitre. Ils se meuvent vers leur but fatal, comme se meuvent des automates. Toutes facultĂ© de choisir leur est enlevĂ©es. Leur conscience est morte, ou sinon, juste assez vivante pour donner de l'attrait Ă  la rĂ©bellion, du charme Ă  la dĂ©sobĂ©issance. Car tout pĂ©chĂ©, les thĂ©ologiens ne se lassent pas de nous le rappeler, est pĂ©chĂ© de dĂ©sobĂ©issance. Quand le superbe Esprit du mal, l'Étoile du matin, tomba du ciel, ce fut sous l'Ă©tendard de la rĂ©volte.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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Les rĂ©serves intellectuelles ne se contentent pas d’ĂȘtre entretenues et comme gĂ©rĂ©es par des hommes compĂ©tents, mais exigent la prĂ©sence, l’action de prĂ©sence de crĂ©ateurs, de gens capables de les accroĂźtre, de les crĂ©er ou mĂȘme de les bouleverser. Sans quoi elles s’étiolent.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Une fatalitĂ© s'attache Ă  toute supĂ©rioritĂ© de l'esprit ou du corps, cette mĂȘme fatalitĂ© qu'on voit, Ă  travers l'histoire, s'Ă©lancer sur les pas mal assurĂ©s des rois. Mieux vaut ne pas diffĂ©rer de ses compagnons. Les laiderons et les sots ont la meilleure part en ce monde. Ils peuvent s'asseoir Ă  l'aise et bayer au spectacle. S'ils ignorent le triomphe, en revanche, l'Ă©preuve de la dĂ©faite leur est Ă©pargnĂ©e. Ils vivent, comme nous devrions vivre tous, tranquilles, insouciants, impassibles. Ils ne causent la ruine de personne et personne ne renverse leur fortune.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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You need to make sure that each one of those steps is done more systematically and purposefully. For example, you should think through what questions are asked and how the different answers candidates give differentiate them in the ways that you are seeking to differentiate them. You should also save all of those answers so you can learn about how indicative they might be of subsequent behaviors and performance. I do not mean that the human dimension or art of the hiring process should be eliminated—the personal values and esprit de corps part of a relationship are critically important and can’t be fully measured by data. Sometimes the twinkle in the eye and the facial expressions are telling.
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Ray Dalio (Principles: Life and Work)
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On songe au mot d'Esprit: Je ne me consolerois jamais de mourir. Dans un monde oĂč tout va Ă  la mort, la mort est le fond. C'est sur lui que se dressent les femmes seules dans l'insomnie, les enfants qui regardent et les cires qui fondent. La beautĂ© des regards et des mains, des corps, des lumiĂšres qui se portent sur eux, des couleurs qui les vĂȘtent, des pourpoints et des socques, des vielles et des cartes Ă  jouer, des verres et des livres, des doigts qui s'avancent et qui se tendent, est faite de la mort. La beautĂ© est une flamme de chandelle dans la tristesse, dans l'argent, dans le mĂ©pris, dans la solitude. Dans la nuit. Une haleine d'enfant la courbe; un souffle la menace; le vent dĂ©finitif l'Ă©teint.
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Pascal Quignard
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Le GoĂ»t du nĂ©ant Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L’Espoir, dont l’épĂ©ron attisait ton ardeur, Ne veut plus t’enfourcher! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied Ă  chaque obstacle bute. RĂ©signe-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute. Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur, L’amour n’a plus de goĂ»t, non plus que la dispute; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flĂ»te! Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur! Le Printemps adorable a perdu son odeur! Et le Temps m’engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur; Je contemple d’en haut le globe en sa rondeur Et je n’y cherche plus l’abri d’une cahute. Avalance, veux-tu m’emporter dans ta chute?
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Etre vivant, cela veut dire ĂȘtre conscient de sa vie, de son destin personnel, et rĂ©pandre la Vie autour de soi. Etre vivant, cela veut dire ĂȘtre libĂ©rĂ© de toute attitude unilatĂ©rale, de tout fanatisme et ĂȘtre ouvert Ă  tout ce qui est bon et grand, ĂȘtre prĂ©servĂ© de toute sclĂ©rose et de toute petrification du corps comme de lÂŽesprit. Etre vivant, cela signifie ĂȘtre toujours prĂȘt Ă  apprendre et, si besoin est, Ă  changer de mĂ©thode et de ne tenir aucune limitation pour insurmontable. Cela signifie prendre part Ă  tout, entendre en tout gronder le torrent dÂŽabondance et de plĂ©nitude, avoir part au royaume de vie dans tout ce qui se passe, aimer et louer tout ce qui est vĂ©ritablement vie et se dĂ©saltĂ©rer auprĂšs dÂŽelle comme Ă  une source rafraĂźchissante.
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K.O. Schmidt (Le Hasard n'existe pas (French Edition))
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En effet, c'est une impression gĂ©nĂ©rale qu'Ă©prouvent tous les hommes, quoiqu'ils ne l'observent pas tous, que sur les hautes montagnes, oĂč l'air est pur et subtil, on se sent plus de facilitĂ© dans la respiration, plus de lĂ©gĂšretĂ© dans le corps, plus de sĂ©rĂ©nitĂ© dans l'esprit; les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modĂ©rĂ©es. (...) Il semble qu'en s'Ă©levant au-dessus du sĂ©jour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et qu'Ă  mesure qu'on approche des rĂ©gions Ă©thĂ©rĂ©es, l'Ăąme contracte quelque chose de leur inaltĂ©rable puretĂ©. On y est grave sans mĂ©lancolie, paisible sans indolence, content d'ĂȘtre et de penser : tous les dĂ©sirs trop vifs s'Ă©moussent, ils perdent cette pointe aiguĂ« qui les rend douloureux ; ils ne laissent au fond du cƓur qu'une Ă©motion lĂ©gĂšre et douce...
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Jean-Jacques Rousseau (Julie ou la Nouvelle HĂ©loĂŻse (French Edition))
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C'est le malheur de l'esprit humain que les choses les plus lointaines et les moins importantes, telles que les révolutions des corps célestes, lui soient les plus présentes et les mieux connues, alors que les notions morales, toutes proches et de la plus haute importance, restent toujours flottantes et confuses, au gré du souffle des passions qui les pousse, ou de l'ignorance dirigée qui les reçoit et les transmet.
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Cesare Beccaria (Dos Delitos e das Penas)
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Un aveu. Je fais autre chose encore, autre chose que visualiser la scĂšne, autre chose que convoquer un souvenir, je me dis  : Ă  quoi Thomas a-t-il pensĂ©, quand ça a Ă©tĂ© le dernier moment  ? aprĂšs avoir passĂ© la corde autour de son cou  ? avant de renverser la chaise  ? et d'abord, combien de temps cela a-t-il durĂ©  ? une poignĂ©e de secondes  ? puisqu'il ne servait Ă  rien de perdre du temps, la dĂ©cision avait Ă©tĂ© prise, il fallait la mettre Ă  exĂ©cution, une minute  ? mais c'est interminable, une minute, dans ces circonstances, et alors comment l'a-t-il remplie  ? avec quelles pensĂ©es  ? et j'en reviens Ă  ma question. A-t-il fermĂ© les yeux et revu des Ă©pisodes de son passĂ©, de la tendre enfance, par exemple son corps Ă©tendu en croix dans l'herbe fraĂźche, tournĂ© vers le bleu du ciel, la sensation de chaleur sur sa joue et sur ses bras  ? de son adolescence  ? une chevauchĂ©e Ă  moto, la rĂ©sistance de l'air contre son torse  ? a-t-il Ă©tĂ© rattrapĂ© par des dĂ©tails auxquels il ne s'attendait pas  ? des choses qu'il croyait avoir oubliĂ©es  ? ou bien a-t-il fait dĂ©filer des visages ou des lieux, comme s'il s'agissait de les emporter avec lui  ? (À la fin, je suis convaincu qu'en tout cas, il n'a pas envisagĂ© de renoncer, que sa dĂ©termination n'a pas flĂ©chi, qu'aucun regret, s'il y en a eu, n'est venu contrarier sa volontĂ©.) Je traque cette ultime image formĂ©e dans son esprit, surgie de sa mĂ©moire, non pas pour escompter y avoir figurĂ© mais pour croire qu'en la dĂ©couvrant, je renouerais avec notre intimitĂ©, je serais Ă  nouveau ce que nul autre n'a Ă©tĂ© pour lui.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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- Je te croyais morte. La voix d'Edwin avait Ă©tĂ© un murmure, le premier souffle hĂ©sitant d'un espoir qui renaissait. Ellana laissa son regard dĂ©river vers le corps ensanglantĂ© d'Essindra. Une flambĂ©e de haine embrasa son cƓur et, durant un bref instant, elle souhaita que la mercenaire soit encore vivante pour pouvoir la tuer Ă  nouveau. Puis Essindra disparut de son esprit et elle embrassa Edwin. Un baiser brĂ»lant Ă  l'improbable parfum de miracle. Un baiser douceur tout en promesses d'Ă©ternitĂ©. Un baiser aveu. Peur, tĂ©nĂšbres et solitude. PassĂ©es. Edwin la serra contre lui, enfouit le visage dans son cou, se perdit dans son parfum et les cheveux fous derriĂšre sa nuque. Sentir son corps, percevoir les battements de son cƓur... Il revint doucement Ă  la vie. - Je t'aime. Ils avaient chuchotĂ© ensemble. Tressaillirent ensemble en entendant l'autre Ă©noncer ce qui Ă©tat l'origine, le centre et l'avenir du monde. - Je t'aime. Autour d'eux l'univers avait pĂąli devant cette Ă©vidence. - Je t'aime. - Ne meurs plus jamais. S'il-te-plaĂźt. Plus jamais. - Je ne peux pas mourir, je t'aime. Leur Ă©treinte devint plus pressante, leurs lĂšvres se cherchĂšrent pour un nouveau baiser, plus intense, plus sensuel, plus... Destan, coincĂ© entre son pĂšre et sa mĂšre, Ă©mit un petit cri de protestation. Sans que leurs Ăąmes ne se dĂ©tachent, Ellana et Edwin s'Ă©cartĂšrent pour contempler leur fils. Peut-on mourir de bonheur ? La question avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©. Si les larmes qui embuaient les yeux d'Ellana et celles qui roulaient sur le visage d'Edwin avaient su parler, elles auraient sans doute rĂ©pondu.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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Vaut-il mieux avoir le squelette à l'intérieur ou à l'extérieur du corps ? [...] J'ai vu des humains qui avaient forgé grùce à leur esprit des carapaces "intellectuelles" les protégeant des contrariétés. Ils semblaient plus solides que la moyenne. Ils disaient : "je m'en fous" et riaient de tout. Mais lorsqu'une contrariété arrivait à passer leur carapace les dégùts étaient terribles. J'ai vu des humains souffrir de la moindre contrariété, du moindre effleurement, mais leur esprit ne se fermait pas pour autant, ils restaient sensibles à tout et apprenaient de chaque agression.
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Bernard Werber (La Trilogie des Fourmis)
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Le chagrin du deuil, en fin de compte, est un Ă©tat qu'aucun de nous ne connaĂźt avant de l'avoir atteint. Nous envisageons (nous savons) qu'un de nos proches pourrait mourir, mais nous ne voyons pas au-delĂ  des quelques jours ou semaines qui suivent immĂ©diatement cette mort imaginĂ©e. MĂȘme de ces quelques jours ou semaines, nous nous faisons une idĂ©e erronĂ©e. Nous nous attendons peut-ĂȘtre, si la mort est soudaine, Ă  ressentir un choc. Nous ne nous attendons pas Ă  ce que ce choc oblitĂšre tout, disloque le corps comme l'esprit. Nous nous attendons peut-ĂȘtre Ă  ĂȘtre prostrĂ©s, inconsolables, fous de chagrin. Nous ne nous attendons pas Ă  ĂȘtre littĂ©ralement fous (...)
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Joan Didion (The Year of Magical Thinking)
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d’énergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie m’encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur l’amour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j’ai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles m’appartiennent. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Nous entrerons demain dans la nuit. Que mon pays soit encore quand reviendra le jour ! Que faut-il faire pour le sauver ? Comment Ă©noncer une solution simple ? Les nĂ©cessitĂ©s sont contradictoires. Il importe de sauver l’hĂ©ritage spirituel, sans quoi la race sera privĂ©e de son gĂ©nie. Il importe de sauver la race, sans quoi l’hĂ©ritage sera perdu. Les logiciens, faute d’un langage qui concilierait les deux sauvetages, seront tentĂ©s de sacrifier ou l’ñme, ou le corps. Mais je me moque bien des logiciens. Je veux que mon pays soit – dans son esprit et dans sa chair – quand reviendra le jour. Pour agir selon le bien de mon pays il me faudra peser Ă  chaque instant dans cette direction, de tout mon amour. Il n’est point de passage que la mer ne trouve, si elle pĂšse.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Je veux que tu en aies toi-mĂȘme la preuve par expĂ©rience, sans la chercher ailleurs. Quand on n'aime pas pour son propre compte, on voit d'un oeil chagrin l'humeur des amants. Il y a encore en moi quelque ardeur amoureuse, mon corps a toujours de la sĂšve; et mes sens ne sont pas Ă©teints pour les agrĂ©ments et les plaisirs de la vie. Je suis un rieur de bon goĂ»t, un convive agrĂ©able; dans un dĂźner, je ne coupe jamais la parole Ă  personne; j'ai le bon esprit de ne pas me rendre importun aux convives; je sais prendre part Ă  la conversation avec mesure, et me taire Ă  propos, quand c'est Ă  d'autres Ă  parler; je ne suis point cracheur ni pituiteux, et point roupieux le moins du monde; enfin, je suis d'ÉphĂšse, et non pas d'Apulie (53), je ne suis pas un « petit coeur ».
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Plautus (Miles Gloriosus)
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Tant que la lecture est pour nous l’incitatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mĂȘme la porte des demeures oĂč nous n’aurions pas su pĂ©nĂ©trer, son rĂŽle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous Ă©veiller Ă  la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend Ă  se substituer Ă  elle, quand la vĂ©ritĂ© ne nous apparaĂźt plus comme un idĂ©al que nous ne pouvons rĂ©aliser que par le progrĂšs intime de notre pensĂ©e et par l’effort de notre coeur, mais comme une chose matĂ©rielle, dĂ©posĂ©e entre les feuillets des livres comme un miel tout prĂ©parĂ© par les autres et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothĂšques et de dĂ©guster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d’esprit.
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Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))
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J'ai craint les liens d'habitude, faits d'attendrissements factices, de duperie sensuelle et d'accoutumance paresseuse. Je n'aurais pu, ce me semble, aimer qu'un ĂȘtre parfait ; je serais trop mĂ©diocre pour mĂ©riter qu'il m'accueille, mĂȘme s'il m'Ă©tait possible de le trouver un jour. [
] Notre Ăąme, notre esprit, notre corps, ont des exigences le plus souvent contradictoires ; je crois malaisĂ© de joindre des satisfactions si diverses sans avilir les unes et sans dĂ©courager les autres. Ainsi, j'ai dissociĂ© l'amour. Je ne veux pas flatter mes actes d'explications mĂ©taphysiques, quand ma timiditĂ© est une cause suffisante. Je me suis presque toujours bornĂ© Ă  des complicitĂ©s banales, par une obscure terreur de m'attacher et de souffrir. C'est assez d'ĂȘtre le prisonnier d'un instinct, sans l'ĂȘtre aussi d'une passion ; et je crois sincĂšrement n'avoir jamais aimĂ©. (p. 70)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Ne vous soumettez Ă  personne, ni de corps, ni de cƓur. Sachez garder votre esprit libre de toute entrave. Combien se croient libres, qui ne sont que prisonniers sans menottes ! PrĂȘtez votre oreille Ă  chacun, mais rĂ©servez votre cƓur aux hommes qui le mĂ©ritent. Respectez ceux qui vous gouvernent, mais ne leur obĂ©issez pas aveuglĂ©ment. Utilisez votre logique et votre sens critique pour comprendre ce qui vous arrive, mais ne passez pas votre temps Ă  Ă©mettre des jugements. Ne pensez pas que quelqu’un vous est supĂ©rieur parce qu’il est plus haut placĂ© ou plus fortunĂ© que vous. Soyez Ă©quitables envers tous afin que personne ne cherche Ă  se venger de vous. Soyez prudent avec l’argent. Croyez ferme en ce que vous professez, afin que les autres vous Ă©coutent. Enfin, en amour, mon seul conseil est d’ĂȘtre honnĂȘte. Je ne connais pas de moyen plus efficace pour gagner durablement un cƓur ou pouvoir prĂ©tendre au pardon.
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Christopher Paolini
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Seul, il ne saurait oĂč fuir. Que de fois dĂ©jĂ , las de lui-mĂȘme est-il descendu, non pour demander secours Ă  quelque autre, mais pour se perdre dans la rue, parc anonyme, mais le plus beau, se forçait-il Ă  croire, de toutes les promesses. Il marchait, ne trouvait point ce rĂȘve sans nom et sans visage en quoi il avait dĂ©cidĂ© de se perdre. Il marchait. Aucun regard ne retenait le sien. Sur le sol mouillĂ© la plus faible lueur multipliait toute tristesse. Il marchait et le froid se faisait maillot sous les vĂȘtements, le linge. Ses dents claquaient. Son squelette souffrait seul et tout entier, car dĂ©jĂ  ce squelette avait dĂ©vorĂ© sa chair. Ce qui, de son corps, demeurait apte au bonheur se fanait. Dans ses poches, ses mains Ă©taient des fleurs, sans sĂšve, sans couleur. Alors il entrait n'importe oĂč, non pour trouver quelque secours prĂ©cis, humain, car s'il cherchait Ă  retarder la dĂ©bĂącle c'Ă©tait par d'Ă©tranges aides et il n'eĂ»t su que faire d'une peau habitĂ©e par un esprit semblable au sien.
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René Crevel (Difficult Death (English and French Edition))
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Les Occidentaux, toujours animĂ©s par ce besoin de prosĂ©lytisme qui leur est si particulier, sont arrivĂ©s Ă  faire pĂ©nĂ©trer chez les autres, dans une certaine mesure, leur esprit antitraditionnel et matĂ©rialiste ; et, tandis que la premiĂšre forme d’invasion n’atteignait en somme que les corps, celle-ci empoisonne les intelligences et tue la spiritualitĂ© ; l’une a d’ailleurs prĂ©parĂ© l’autre et l’a rendue possible, de sorte que ce n’est en dĂ©finitive que par la force brutale que l’Occident est parvenu Ă  s’imposer partout, et il ne pouvait en ĂȘtre autrement, car c’est en cela que rĂ©side l’unique supĂ©rioritĂ© rĂ©elle de sa civilisation, si infĂ©rieure Ă  tout autre point de vue. L’envahissement occidental, c’est l’envahissement du matĂ©rialisme sous toutes ses formes, et ce ne peut ĂȘtre que cela ; tous les dĂ©guisements plus ou moins hypocrites, tous les prĂ©textes « moralistes », toutes les dĂ©clamations « humanitaires », toutes les habiletĂ©s d’une propagande qui sait Ă  l’occasion se faire insinuante pour mieux atteindre son but de destruction, ne peuvent rien contre cette vĂ©ritĂ©, qui ne saurait ĂȘtre contestĂ©e que par des naĂŻfs ou par ceux qui ont un intĂ©rĂȘt quelconque Ă  cette Ɠuvre vraiment « satanique », au sens le plus rigoureux du mot(*). (*)Satan, en hĂ©breu, c’est l’« adversaire », c’est-Ă -dire celui qui renverse toutes choses et les prend en quelque sorte Ă  rebours ; c’est l’esprit de nĂ©gation et de subversion, qui s’identifie Ă  la tendance descendante ou « infĂ©riorisante », « infernale » au sens Ă©tymologique, celle mĂȘme que suivent les ĂȘtres dans ce processus de matĂ©rialisation suivant lequel s’effectue tout le dĂ©veloppement de la civilisation moderne.
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René Guénon (The Crisis of the Modern World)
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« Je connais son odeur. Ce petit grain de beautĂ© dans son cou quand elle relĂšve ses cheveux. Elle a la lĂšvre supĂ©rieure un peu plus charnue que l’infĂ©rieure. La courbe de son poignet, quand elle tient un stylo. C’est mal, c’est vraiment mal, mais je connais les contours de sa silhouette. J’y pense en me couchant, et puis je me lĂšve, je vais bosser, et elle est lĂ , et c’est insupportable. Je lui dis des trucs avec lesquels je sais qu’elle sera d’accord, juste pour l’entendre me rĂ©pondre : « Hm-hm. » C’est sensuel comme la sensation de l’eau chaude sur mon dos, putain. Elle est mariĂ©e. Elle est brillante. Elle me fait confiance, et la seule chose que j’ai en tĂȘte c’est de l’amener dans mon bureau, la dĂ©shabiller, lui faire des choses inavouables. Et j’ai envie de le lui dire. J’ai envie de lui dire qu’elle est  lumineuse, elle brille d’un tel Ă©clat dans mon esprit que ça m’empĂȘche parfois de me concentrer. Parfois j’oublie pourquoi je suis entrĂ© dans la piĂšce. Je suis distrait. J’ai envie de la pousser contre un mur, et j’ai envie qu’elle se blottisse contre moi. J’ai envie de remonter le temps pour aller mettre un coup de poing Ă  son stupide mari le jour oĂč je l’ai rencontrĂ©, et ensuite repartir dans le futur pour lui en coller un autre. J’ai envie de lui acheter des fleurs, de la nourriture, des livres. J’ai envie de lui tenir la main, et de l’enfermer dans ma chambre. Elle est tout ce que j’ai toujours voulu, et je veux me l’injecter dans les veines, et Ă  la fois ne plus jamais la revoir. Elle est unique, et ces sentiments, ils sont intolĂ©rables, putain. Ils Ă©taient Ă  moitiĂ© en sommeil tant qu’elle Ă©tait absente, mais, maintenant elle est lĂ , et je ne contrĂŽle plus mon corps, comme un putain d’ado, et je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux rien faire, alors je vais juste
 ne rien faire.  »
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Ali Hazelwood (Love on the Brain)
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Cette sĂ©paration alchimique, si dangereuse que les philophes hermĂ©tiques n’en parlaient qu’à mots couverts, si ardue que de longues vies s’étaient usĂ©es en vain Ă  l’obtenir, il l’avait confondue jadis avec une rĂ©bellion facile. Puis, rejetant ce fatras de rĂȘvasseries aussi antiques que l’illusion humaine, ne retenant de ses maĂźtres alchimistes que quelques recettes pragmatiques, il avait choisi de dissoudre et de coaguler la matiĂšre dans le sens d’une expĂ©rimentation faite avec le corps des choses. Maintenant, les deux branches de la parabole se rejoignaient ; la mors philosophica, s’était accomplie : l’opĂ©rateur brĂ»lĂ© par les acides de la recherche Ă©tait Ă  la fois sujet et objet, alambic fragile et, au fond du rĂ©ceptacle, prĂ©cipitĂ© noir. L’expĂ©rience qu’on avait cru pouvoir confiner Ă  l’officine s’était Ă©tendue Ă  tout. S’en suivait-il que les phases subsĂ©quentes de l’aventure alchimique fussent autre chose que des songes, et qu’un jour il connaĂźtrait aussi la puretĂ© ascĂ©tique de l’ ƒuvre au Blanc, puis le triomphe de l’esprit et des sens qui caractĂ©rise l’ ƒuvre au Rouge ? Du fond de la lĂ©zarde naissait une ChimĂšre. Il disait Oui par audace, comme autrefois par audace il avait dit Non. Il s’arrĂȘtait soudain, tirant violemment sur ses propres rĂȘnes. La premiĂšre phase de l’ƒuvre avait demandĂ© toute sa vie. Le temps et les forces manquaient pour aller plus loin, Ă  supposer qu’il y eĂ»t une route, et que par cette route un homme pĂ»t passer. Ou ce pourrissement des idĂ©es, cette mort des instincts, ce broiement des formes preque insupportables Ă  la nature humaine seraient rapidement suivis par la mort vĂ©ritable, et il serait curieux de voir par quelle voie, ou l’esprit revenu des domaines du vertige reprendrait ses routines habituelles, muni seulement de facultĂ©s plus libres et comme nettoyĂ©es. Il serait beau d’en voir les effets.
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Marguerite Yourcenar
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AU LECTEUR La sottise, l’erreur, le pĂ©chĂ©, la lĂ©sine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos pĂ©chĂ©s sont tĂȘtus, nos repentirs sont lĂąches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. Sur l’oreiller du mal c’est Satan TrismĂ©giste Qui berce longuement notre esprit enchantĂ©, Et le riche mĂ©tal de notre volontĂ© Est tout vaporisĂ© par ce savant chimiste. C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets rĂ©pugnants nous trouvons des appas ; Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas, Sans horreur, Ă  travers des tĂ©nĂšbres qui puent. Ainsi qu’un dĂ©bauchĂ© pauvre qui baise et mange Le sein martyrisĂ© d’une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. SerrĂ©, fourmillant, comme un million d’helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de DĂ©mons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie, N’ont pas encor brodĂ© de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C’est que notre Ăąme, hĂ©las ! n’est pas assez hardie. Mais parmi les chacals, les panthĂšres, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la mĂ©nagerie infĂąme de nos vices, II en est un plus laid, plus mĂ©chant, plus immonde ! Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un dĂ©bris Et dans un bĂąillement avalerait le monde ; C’est l’Ennui ! L’œil chargĂ© d’un pleur involontaire, II rĂȘve dÂ’Ă©chafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre dĂ©licat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frĂšre !
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Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)
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C’est Ă  Ibn ‘Arabi que l’on attribue le rĂŽle le plus Ă©minent dans cette interprĂ©tation de plus en plus approfondie du principe fĂ©minin. Pour lui non seulement la nafs [Ăąme] est fĂ©minine – comme c’est le cas gĂ©nĂ©ralement – mais aussi dhĂąt, « essence divine », de sorte que la fĂ©minitĂ©, dans son Ɠuvre, est la forme sous laquelle Dieu se manifeste le mieux (
) cette phrase savant exprime, en effet, parfaitement le concept d’Ibn ‘Arabi puisqu’il Ă©crit au sujet de sa comprĂ©hension du divin : « Dieu ne peut ĂȘtre envisagĂ© en dehors de la matiĂšre et il est envisagĂ© plus parfaitement en la matiĂšre humaine que dans toute autre et plus parfaitement en la femme qu’en l’homme. Car Il est envisagĂ© soit comme le principe qui agit soit comme le principe qui subit, soit comme les deux Ă  la fois (
) quand Dieu se manifeste sous la forme de la femme Il est celui qui agit grĂące au fait qu’Il domine totalement l’ñme de l’homme et qu’Il l’incite Ă  se donner et Ă  se soumettre entiĂšrement Ă  Lui (
) c’est pourquoi voir Dieu dans la femme signifie Le voir sous ces deux aspects, une telle vision est plus complĂšte que de Le voir sous toute autre forme par laquelle Il se manifeste. » (
) Des auteurs mystiques postĂ©rieurs Ă  Ibn ‘Arabi dĂ©veloppĂšrent ses idĂ©es et reprĂ©sentĂšrent les mystĂšres de la relation physique entre l’homme et la femme par des descriptions tout Ă  fait concrĂštes. L’opuscule du soufi cachemirien Ya’qub Sarfi (mort en 1594), analysĂ© par Sachiko Murata, en est un exemple typique ; il y explique la nĂ©cessitĂ© des ablutions complĂštes aprĂšs l’acte d’amour par l’expĂ©rience « religieuse » de l’amour charnel : au moment de ce plaisir extatique extrĂȘme – le plus fort que l’on puisse imagine et vivre – l’esprit est tant occupĂ© par les manifestations du divin qu’il perd toute relation avec son corps. Par les ablutions, il ramĂšne ce corps devenu quasiment cadavre Ă  la vie normale. (
) On retrouve des considĂ©rations semblables concernant le « mystĂšre du mariage » chez Kasani, un mystique originaire de Farghana (mort en 1543). Eve, n’avait-elle pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©e afin que « Adam pĂ»t se reposer auprĂšs d’elle », comme il est dit dans le Coran (sourate 7:189) ? Elle Ă©tait le don divin pour le consoler dans sa solitude, la manifestation de cet ocĂ©an divin qu’il avait quittĂ©. La femme est la plus belle manifestation du divin, tel fut le sentiment d’Ibn ‘Arabi.
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Annemarie Schimmel (My Soul Is a Woman: The Feminine in Islam)
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Maldoror, Ă©coute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence Ă©gale Ă  la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas dĂ©menti la confiance que tu m’avais vouĂ©e. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai ; mais, grĂące Ă  ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abĂźme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappĂ©s de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pĂąle et voĂ»tĂ©, dans les thĂ©Ăątres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maĂźtre-fantĂŽme, enveloppĂ© dans un long manteau noir. Abandonne ces pensĂ©es, qui rendent ton cƓur vide comme un dĂ©sert ; elles sont plus brĂ»lantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois ĂȘtre dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensĂ©es, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux ! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance ? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait crĂ©Ă©e avec tant d’amour ! Tu n’as engendrĂ© que des malĂ©dictions, plus affreuses que la vue de panthĂšres affamĂ©es ! Moi, je prĂ©fĂ©rerais avoir les paupiĂšres collĂ©es, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassinĂ© un homme, que ne pas ĂȘtre toi ! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractĂšre qui m’étonne ? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dĂ©rision ceux qui l’habitent, Ă©pave pourrie, ballottĂ©e par le scepticisme ? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphĂšres d’oĂč tu viens. Un habitant des citĂ©s ne doit pas rĂ©sider dans les villages, pareil Ă  un Ă©tranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphĂšres plus spacieuses que la nĂŽtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons mĂȘme pas concevoir. Eh bien, va-t’en !
 retire-toi de ce sol mobile !
 montre enfin ton essence divine, que tu as cachĂ©e jusqu’ici ; et, le plus tĂŽt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphĂšre, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es ! Car, je ne suis pas parvenu Ă  reconnaĂźtre si tu es un homme ou plus qu’un homme ! Adieu donc ; n’espĂšre plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternitĂ©, afin d’implorer ton pardon !
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Comte de Lautréamont
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La race humaine est ainsi faite que des ĂȘtres sains d'esprits seraient prĂȘts Ă  sacrifier leur jeunesse, leur corps, leurs amours, leurs amis, leur bonheur et beaucoup plus encore sur l'autel d'une fantasme appelĂ© Ă©ternitĂ©
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Amélie Nothomb (HygiÚne de l'assassin)
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We tend to mix genders when we arrange ourselves around a table for meetings. A sort of accommodation is made by the men for the women: they make space for us. they are ever-so-slightly polite, we are ever-so-slightly grateful. When we stand up at the end of a meeting, we all give ourselves a metaphorical shake that is only partly the relief of having concluded our business: we are all released from the effort of fitting ourselves together. When men speak in these meetings, women relax; when women speak, men grow tense. I have the impression that they never know what a woman is going to say, whereas they are reasonably sure what a man will address himself to and how he will do it. So are the women; for them, too, men tend to be predictable. Women listen to women with a different kind of attention, and part of it may be loyalty to our gender; we want all of us to do well, as if we have the esprit de corps of subalterns among generals.
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Anne Truitt (Turn: The Journal of an Artist)
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The more amiability and esprit de corps among the members of a policy-making in-group, the greater is the danger that independent critical thinking will be replaced by groupthink, which is likely to result in irrational and dehumanizing actions directed against out-groups.”16 The downside of the cozy feeling of togetherness is that everyone’s less vigilant and more vulnerable to bad and dangerous decisions.
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Anonymous
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Doit-on s’infliger Ă  ce point de sortir d’une vie ? Doit on autant fuir pour chercher ailleurs un moyen de panser ses blessures, de souffler, s’introspecter ? N’y avait-il aucune autre voie possible au delĂ  de cette absence terrible qui lui tordait le ventre de douleur, aucun autre chemin que de voir soudainement disparaĂźtre de son existence cette prĂ©sence qui l’avait accompagnĂ© le temps d’une balade qu’ils avaient effectuĂ©e Ă  deux ? Si l’absence semblait le seul remĂšde, force lui Ă©tait de constater qu’elle ne laissait dans on esprit qu’un goĂ»t amer qui lui Ă©corchait les lĂšvres. Et son image dansait dans sa tĂȘte, le torturant Ă  chaque instant, amenant des larmes dans le creux de ses yeux, ce visage vers lequel il voulait tendre les doigts, qu’il voulait caresser, alors qu’il devait s’obliger Ă  ne pas bouger et Ă  rester interdit. Au delĂ  des mots, c’était bien cette absence totale qui lui Ă©tait la pire des tortures. Il aurait voulu tendre les bras, enserrer ce corps tant aimĂ©, oublier un instant cette douleur sourde qui grondait en son coeur, fermer les yeux et revenir Ă  ces quelques moments de pur bonheur qu’il avait pu ressentir alors que leurs deux corps Ă©taient enlacĂ©s, si proches l’un de l’autre, dans une communion qui allait au delĂ  des mots. A ce moment mĂȘme avant les mots, avant ces phrases blessantes, avant sa dĂ©cision. Mais il devait se rĂ©soudre Ă  laisser partir ce visage tant aimĂ©, Ă  le voir se fondre dans cet ocĂ©an inconnu du temps qui, disait-on, Ă©tait capable de tout soigner. Et pourtant chaque jour l’absence le mordait, plus durement que l’eau salĂ©e sur une blessure, plus cruellement que la mort. La mort c’était savoir qu’il n’y avait pas d’espoir de se revoir, aucun espoir de se croiser, l’absence au contraire Ă©tait ĂŽ combien plus cruelle. L’absence c’était savoir l’autre proche, c’était savoir qu’il continuait sa vie loin de soi, que vos chemins se sĂ©paraient dĂ©sormais et adoptaient une trajectoire diffĂ©rente. C’était savoir que l’autre deviendrait peu Ă  peu un inconnu, une ombre du passĂ©. C’était risquer de se recroiser et de voir ces plaies se rouvrir sans que rien jamais ne puisse les soigner. Oui, dĂ©cidĂ©ment l’absence Ă©tait bien pire que tout.
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Simon Vandereecken (Temps volés)
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Teams need a sense of identity and esprit de corps, but not so much that they cut themselves off from those they serve or need to accomplish their mission. That's the key: the mission. When clearly defined it should be the gravitational force that holds the team together, not merely the camaraderie. It takes a balance of both, and when team leaders sense that the team is becoming more important to team members than the task for which the team was formed, he or she must bring the needs and nature of their mission back to the forefront of team thinking.
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Pat MacMillan (The Performance Factor: Unlocking the Secrets of Teamwork)
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Une idĂ©e terrible me vint : - L’homme est double, me dis-je. - « Je sens deux hommes en moi », a Ă©crit un PĂšre de l’Église. - Le concours de deux Ăąmes a dĂ©posĂ© ce germe mixte dans un corps qui lui-mĂȘme offre Ă  la vue deux portions similaires reproduites dans tous les organes de sa structure. Il y a en tout homme un spectateur et un acteur, celui qui parle et celui qui rĂ©pond. Les Orientaux ont vu lĂ  deux ennemis : le bon et le mauvais gĂ©nie. - Suis-je le bon ? suis-je le mauvais ? me disais-je. En tout cas, l’autre m’est hostile
 Qui sait s’il n’y a pas telle circonstance ou tel Ăąge oĂč ces deux esprits se sĂ©parent ? AttachĂ©s au mĂȘme corps tous deux par une affinitĂ© matĂ©rielle, peut-ĂȘtre l’un est-il promis Ă  la gloire et au bonheur, l’autre Ă  l’anĂ©antissement ou Ă  la souffrance Ă©ternelle ?
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Gérard de Nerval (Aurélia (French Edition))
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Even in organizations that, on the whole, are toxic to teams, exceptional teams can still be found. There is consistent evidence that adversity sometimes creates an esprit de corps within the team that is difficult to summon in times of prosperity. In such situations the team must pragmatically evaluate the situation and develop adaptive strategies to the furthest extent possible. The more challenging task will be to maintain a positive attitude and sense of humor about things they cannot change and yet not become cynical.
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Pat MacMillan (The Performance Factor: Unlocking the Secrets of Teamwork)
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L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animĂ©e d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abĂźme insondable, attirĂ©e et dominĂ©e par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps cĂ©lestes, incomparablement plus grands et situĂ©s Ă  des distances inimaginables ; il sait que la terre oĂč il vit n’est qu’un grain de poussiĂšre par rapport au soleil, et que le soleil lui-mĂȘme n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents ; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrĂ©gularitĂ© dans cet enchaĂźnement de mouvements sidĂ©raux, l’interfĂ©rence d’un astre Ă©tranger dans le systĂšme planĂ©taire, une dĂ©viation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire vaciller la terre au cours de sa rĂ©volution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphĂšre et dĂ©truire l’humanitĂ©. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles Ă©taient dĂ©chaĂźnĂ©es, pourraient provoquer sur terre une conflagration planĂ©taire presque instantanĂ©e. Tout cela, l’“infiniment petit” et l’“infiniment grand”, apparaĂźt, du point de vue de la science moderne, comme un mĂ©canisme d’une complexitĂ© inimaginable, dont le fonctionnement est dĂ» Ă  des forces aveugles. Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le dĂ©roulement normal et habituel des rythmes de la nature lui Ă©tait garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abĂźmes du monde intersidĂ©ral, ni aux forces terribles que renferme chaque corpuscule de matiĂšre. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voĂ»te cĂ©leste avec le soleil et les Ă©toiles, mais le souvenir des thĂ©ories astronomiques l’empĂȘche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessĂ© de reprĂ©senter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est substituĂ© en lui Ă  cette vision “naĂŻve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supĂ©rieur, dont l’homme serait aussi partie intĂ©grante. Non. Il se sent comme abandonnĂ©, privĂ© d’appui solide face Ă  ces abĂźmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-mĂȘme. Car rien ne lui rappelle plus dĂ©sormais que tout l’univers, en dĂ©finitive, est contenu en lui-mĂȘme, non pas dans son ĂȘtre individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en mĂȘme temps, le dĂ©passe, lui et tout l’univers visible.
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Titus Burckhardt (Science moderne et Sagesse traditionnelle)
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members of any small cohesive group tend to maintain esprit de corps by unconsciously developing a number of shared illusions and related norms that interfere with critical thinking and reality testing.
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Philip E. Tetlock (Superforecasting: The Art and Science of Prediction)
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Elle saisit une prise de la main gauche, ravala un gĂ©missement quand la chaĂźne qui liait ses poignets lui heurta le visage, tira sur ses bras. Jilano ne se rendait-il pas compte que sa leçon Ă©tait stupide ? Ne se rendait-il pas compte qu’elle n’apprenait strictement rien ? Ne savait-il pas qu’apprendre est impossible quand on subit ? Elle se sentait rabaissĂ©e, humiliĂ©e. Avec ces chaĂźnes, Jilano lui volait sa condition de marchombre. Elle se figea soudain. Les doigts verrouillĂ©s derriĂšre une arĂȘte de glace, les pieds reposant sur de minuscules appuis, le corps en Ă©quilibre prĂ©caire au-dessus d’un vide vertigineux. Elle n’en avait cure. Avec ces chaĂźnes, Jilano lui volait sa condition de marchombre. Vraiment ? Sa condition de marchombre Ă©tait donc tributaire d’une simple chaĂźne d’acier ? Quelques maillons et elle perdait son identité ? Un vent nouveau se leva en elle. Un nuage commença Ă  se dĂ©sagrĂ©ger dans son esprit. Lorsque, blessĂ©e, elle reposait sur son lit, Ă©tait-elle moins marchombre que lorsqu’elle gravissait une tour escarpĂ©e, en pleine possession de ses moyens ? Ehrlime et son visage fripĂ© ou Andorel et ses mouvements ralentis par l’ñge Ă©taient-ils moins marchombres qu’elle qui avait dix-huit ans ? Le corps Ă©tait-il Ă  ce point important qu’il dĂ©finissait Ă  lui seul la rĂ©alitĂ© du mot marchombre ? Elle raffermit sa prise de peur que la tempĂȘte qui soufflait dĂ©sormais en elle ne jaillisse Ă  l’extĂ©rieur et ne la fasse basculer dans le vide. Elle Ă©tait marchombre. Libre ou enchaĂźnĂ©e. Valide ou blessĂ©e. Jeune ou vieille. Elle Ă©tait marchombre. Mais le corps ? La tempĂȘte rugit dans son esprit. Son corps Ă©tait une partie d’elle. Elle lui devait le respect, c’était par lui qu’elle apprĂ©hendait le monde mais il n’était qu’une partie d’elle. Sa condition de marchombre prenait naissance bien au-delĂ  des limites de son corps. Elle le transcendait, et si son corps Ă©tait enchaĂźnĂ©, blessĂ©, affaibli, brisĂ© mĂȘme, elle n’en demeurait pas moins libre. Elle Ă©tait marchombre. La tempĂȘte cessa soudain de souffler.
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Pierre Bottero (L'intégrale Le Pacte des marchombres (Grand Format))
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La musique c'est le complément de la parole, du bruit et du silence qui relie, notre corps et notre esprit conscient et inconscient, à tous les univers sensibles et insensibles, perceptibles et imperceptibles, finis et infinis.
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Jean Toba
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Esprits protecteurs de l’humanitĂ©, avons-nous vraiment rĂ©flĂ©chi aux puissances que dĂ©ploie la passion chez l’humain ? Avons-nous examinĂ© pourquoi un homme peut traverser un champ de flammes pour atteindre la femme qu’il aime ? Avons-nous rĂ©flĂ©chi Ă  l’effet du sexe sur le corps des amants ? À la symĂ©trie de son pouvoir ? Avons-nous Ă©tudiĂ© ce que la poĂ©sie Ă©veille en leur Ăąme, et la marque des mots doux sur un cƓur attendri ? Avons-nous contemplĂ© la physionomie de l’amour, analysĂ© pourquoi certaines relations sont mort-nĂ©es, d’autres naissent handicapĂ©es et atrophiĂ©es, tandis que certaines parviennent Ă  l’ñge adulte et durent toute la vie des amants ?
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Chigozie Obioma (An Orchestra of Minorities)
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Vladimir Soloviev Est couchĂ© ici. A Ă©tĂ© philosophe, Squelette aujourd'hui. Aimable pour certains, Pour beaucoup ennemi ; Il aima sans esprit, S'est jetĂ© au ravin. A perdu son Ăąme, S'est tu sur son corps : À celle-ci le mal, Pour celui-lĂ  les crocs. Passant, passe ! Mais de cet exemple retiens Comme l'amour et nĂ©faste, et la foi — un bien. (« Épitaphe », 15 juin 1892)
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Vladimir Sergeyevich Solovyov (Trois rencontres (et autres poĂšmes))
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Le miracle de la succession des saisons est dans notre souffle; nos parents et nos enfants sont contenus dans notre souffle; notre esprit et notre corps sont notre souffle.
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Jon Kabat-Zinn
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On s'Ă©tait trompĂ©. L'erreur qu'on avait faite, en quelques secondes, a gagnĂ© tout l'univers. Le scandale Ă©tait Ă  l'echelle de Dieu. Mon petit frĂšre Ă©tait immortel et on ne l'avait pas vu. L'immortalitĂ© avait Ă©tĂ© recelĂ©e par le corps de ce frĂšre tandis qu'il vivait et nous, on n'avait pas vu que c'Ă©tait dans ce corps-lĂ  que se trouvait ĂȘtre logĂ©e l'immortalitĂ©. Le corps de mon frĂšre Ă©tait mort. L'immortalitĂ© Ă©tait morte avec lui. Et ainsi allait le monde maintenant, privĂ© de ce corps visitĂ©, et de cette visite. On s'Ă©tait trompĂ© complĂštement. L'erreur a gagnĂ© tout l'univers, le scandale. [...] Il faudrait prĂ©venir les gens de ces choses-lĂ . Leur apprendre que l'immortalitĂ© est mortelle, qu'elle peut mourrir, que c'est arrivĂ©, que cela arrive encore. Qu'elle ne se signale pas en tant que telle, jamais, qu'elle est la duplicitĂ© absolue. Qu'elle n'existe pas dans le dĂ©tail mais seulement dans le principe. Que certaines personnes peuvent en recĂ©ler la prĂ©sence, Ă  condition qu'elles ignorent le faire. De mĂȘme que certaines autres personnes peuvent en dĂ©celer la prĂ©sence chez ces gens, Ă  la mĂȘme condition, qu'elles ignorent le pouvoir. Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas un question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants : l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne.
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Marguerite Duras (L'Amant)
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You will,” Leahy once told graduating midshipmen, “all have to a greater or lesser degree something else that is intangible
 a combination of loyalty to ideals, tradition, courage, devotion, clean living, and clear thinking. It is more than ‘esprit de corps’ because it reaches far beyond the corps and comradeship.” Just as this intangible element defined the navy’s four fleet admirals, it characterizes all who pass through the gates of the United States Naval Academy and inexorably binds them to the navy, to one another, and to the steadfast service of their country
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Walter R. Borneman (The Admirals: Nimitz, Halsey, Leahy, and King—the Five-Star Admirals Who Won the War at Sea)
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But I also learned important things on Peleliu. A man’s ability to depend on his comrades and immediate leadership is absolutely necessary. I’m convinced that our discipline, esprit de corps, and tough training were the ingredients that equipped me to survive the ordeal physically and mentally—given a lot of good luck, of course. I learned realism, too. To defeat an enemy as tough and dedicated as the Japanese, we had to be just as tough. We had to be just as dedicated to America as they were to their emperor. I think this was the essence of Marine Corps doctrine in World War II, and that history vindicates this doctrine. To
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Eugene B. Sledge (With the Old Breed: At Peleliu and Okinawa)
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La tante, le prĂȘtre, le retraitĂ©, la fleuriste, la femme du kiosque, ils en avaient fini, sans doute, avec l'esprit de conquĂȘte, avec l'amour. Ils Ă©taient vĂȘtus, parce qu'il le faut bien, de vĂȘtements qui semblaient n'avoir jamais commencĂ©. Le matin, sans les regarder, ils se les passaient sur le corps, lequel Ă©tait aussi un vĂȘtement. Lui non plus, sans doute, ils ne le regardaient jamais Ils se gonflaient, jaunissaient, gĂ©missaient, devenaient bleus, ça et lĂ , sans arrĂȘt, comme les contrebasses de l'orchestre s'accordent, avant la maladie et la mort mais, pour l'instant, ils pouvaient encore servir, ils mangeaient, ils parlaient, ils suintaient, ils disaient merci. Tante, matelassiĂšre, fleuriste, la femme du kiosque, le prĂȘtre, le retraitĂ©, ils avaient l'air de se divertir d'ĂȘtre ficelĂ©s dans les pantalons, les jupons, les artĂšres, la peau, la vessie, les souliers. Ce qu'ils disaient avait une splendeur suprĂȘme et dĂ©sintĂ©ressĂ©e.
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Jacques Audiberti (Le maĂźtre de Milan)
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Si quelques personnes veulent s'opiniĂątrer Ă  dire que l'apĂŽtre, sous le symbole du lait, a entendu parler des premiĂšres instructions qui sont comme la premiĂšre nourriture de l'Ăąme, et que par les aliments plus solides il a entendu les connaissances spirituelles qui leur servent de degrĂ© pour arriver Ă  une plus haute science, qu'ils sachent, lorsqu'ils disent que la chair et le sang de JĂ©sus-Christ sont une nourriture solide, que cette science, dont ils sont si vains, les abuse. Le sang est, en effet, la premiĂšre chose qui se fasse dans la formation du corps de l'homme. C'est mĂȘme pour cela que quelques philosophes n'ont pas craint de le regarder comme l'essence de l'Ăąme. Le sang, aprĂšs que la femme a conçu, change de nature comme par une espĂšce de coction. Il s'Ă©paissit, il se dĂ©colore, il perd de la vie. L'amour maternel croĂźt en mĂȘme temps pour assurer l'existence de l'en- 34 fant. Le sang est plus fluide que la chair ; car il est comme une espĂšce de chair liquide, et le lait est la partie la plus douce et la plus subtile du sang. Cependant il n'est que du sang qui change de forme et monte vers les mamelles qui commencent alors Ă  se gonfler, par l'ordre de Dieu, auteur de la gĂ©nĂ©ration et qui nourrit tout : lĂ , changeant de nature, Ă  l'aide d'une douce chaleur, il s'Ă©labore en une nourriture trĂšs agrĂ©able Ă  l'enfant. Le lait provient donc du sang. Partant des veines nombreuses qui traversent en tous sens les mamelles, le sang se rĂ©fugie dans les rĂ©servoir naturels oĂč se forme le lait. Ce sang, agitĂ© par les esprits vitaux, blanchit comme blanchissent les vagues de ja mer lorsque bouleversĂ©es par le souffle impĂ©tueux des vents, elles vomissent leur Ă©cume sur le rivage. Cependant la substance du sang ne change pas, pour nous servir de l'expression des poĂštes.
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Clement of Alexandria (Le PĂ©dagogue, Tome 1)
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Plus tard, la sainte vigne produisit la grappe prophĂ©tique, c'est-Ă -dire la Verbe, dont le sang mĂȘlĂ© avec l'eau, suivant sa volontĂ©, est le signe de ceux qui de l'erreur sont entrĂ©s dans le repos. Le sang entre en mĂ©lange avec le salut. Le sang du Seigneur est, de deux natures, l'un charnel qui nous rachĂšte de la mort, l'autre spirituel, qui nous purifie. Boire le sang de JĂ©sus, c'est participer Ă  l'incorruptibilitĂ© du Seigneur. L'esprit est la force du Verbe, comme le sang est la force de la chair. Comme le vin se mĂȘle Ă  l'eau, l'esprit est mĂȘlĂ© avec l'homme. Ce mĂ©lange de l'un et de l'autre, je veux dire du Verbe et de la boisson, s'appelle Eucharistie, qui signifie de grĂąces; et ce sacrement sanctifie l'Ăąme et le corps 95 de ceux qui y participent avec foi, lorsque la VolontĂ© divine a mystiquement mĂ©langĂ©, par l'Esprit et le Verbe, ce divin breuvage qui reprĂ©sente l'homme. L'esprit, en effet, s'y mĂȘle Ă  l'Ăąme, et le Verbe Ă  la chair.
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Clement of Alexandria (Le PĂ©dagogue, Tome 1)
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Il est donc nĂ©cessaire que les uns et les autres se mettent eux-mĂȘmes Ă  l'Ă©preuve, les uns pour savoir s'ils sont dignes de prĂȘcher et de laisser des Ă©crits ; les autres pour savoir s'ils sont dignes d'Ă©couter et de lire. C'est ainsi qu'aprĂšs avoir, selon la coutume, rompu le pain de l'Eucharistie, on permet Ă  chaque fidĂšle d'en prendre une part; car, pour choisir ou pour rejeter avec raison, la conscience est le meilleur juge. Or, la rĂšgle certaine d'une bonne conscience est une vie droite, jointe Ă  une saine doctrine : suivre l'exemple de ceux qui ont Ă©tĂ© dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©s, et qui se sont conduits avec droiture, c'est la voie la plus sĂ»re pour atteindre Ă  l'intelligence de la vĂ©ritĂ©, et Ă  l'observance des prĂ©ceptes. Quiconque mangera le pain et boira le calice du Seigneur indignement, se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l'homme donc s'Ă©prouve soi-mĂȘme, et qu'aprĂšs cela il mange de ce pain et boive de cette coupe. Il faut donc que celui qui entreprend de prĂȘcher aux autres s'examine pour savoir s'il a en vue l'utilitĂ© du prochain; si ce n'est point avec prĂ©somption, et par esprit de rivalitĂ© ou par amour de la gloire, qu'il rĂ©pand la sainte parole ; s'il se propose pour unique rĂ©compense le salut de ses auditeurs, et s'il n'en flatte aucun ; et enfin s'il Ă©vite toute occasion qui pourrait le faire accuser de vĂ©nalitĂ©.
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Clement of Alexandria (Miscellanies (Stromata))
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Ce n'est pas une simple affliction de l'esprit, mais aussi du corps; ce sont des maux et des forces qui lĂąchent. La chair, les muscles, les organes, tous sont compromis.
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Chimamanda Ngozi Adichie (Notes on Grief)
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But by far the most important result was that it awakened in us a strong, practical sense of esprit de corps, which in the field developed into the finest thing that arose out of the war—comradeship.
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Wayne Vansant (All Quiet on the Western Front (Dead Reckoning))
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Ses parents ? Non, ils n'Ă©taient pas morts. Ils Ă©taient diplomates pour le royaume et se dĂ©vouaient corps et Ăąme Ă  leur mission. Ils le laissaient vivre seul ? A l'Ă©vidence. Il avait l'Ăąge de se dĂ©brouiller par ses propres moyens. De plus, son esprit particuliĂšrement vif le plaçait, selon lui, bien au-dessus de la plupart des adultes vivant Ă©galement seuls. A son avis toujours, ces mĂȘmes adultes auraient d'ailleurs bien besoin d'une nounou, eux.
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Céline Badaroux (La licorne assassinée (Les aventures extraordinaires de Ravinger et Ward, #1))
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Pour faire le menage, il faut aimer ce qui est beau. L'intelligence est de tirer de chaque situation le meilleur de ce qu'elle peut vous offrir. Dans le zen, qui evite les gestes inutiles, le fer a repasser n'existe pas. Le wabi sabi est un concept esthetique zen, developpe par les maitres de the du XVIeme siecle, qui valorise la beaute de l'imperfection, le gout pour les choses qui ont vieilli, pour la patine des objets. Nettoyer, c'est aussi un moyen de garder le contact avec notre environnement, de le respecter, de reveler sa beaute et sa dimension spirituelle et purifier notre esprit a travers ces objets auxquels nous sommes associes. C'est aussi les soigner, les respecter. L'importance des objets dans la culture japonaise revele l'amour de la beaute et du travail bien fait. Nous pouvons purifier notre esprit a travers les objets que nous possedons. Faire son menage, c'est etre autonome, c'est se connecter a sa propre realite, c'est vivre sa vie. Le menage est une facon de mediter sur le sens de la vie, de "remettre ses pendules a l'heure", de reprendre en main les renes de son destin. Le zen apprend que la meditation en mouvement pendant le travail manuel a beaucoup plus de valeur que la meditation dans les postures statiques. Apprenons a vivre l'instantpresent dans la joie et a apprecier le bonheur qui nous est accessible.
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Dominique Loreau (Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi: Pour soigner son corps et son esprit)
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Everyone has the same chemicals in our body: endorphins, dopamine, serotonin, oxytocin, and cortisol,” Jeff explains. “Dopamine helps us to achieve—to reach our goals. Serotonin inspires pride and esprit de corps, and oxytocin inspires love and bonding. What can we do to maximize those three chemicals? I’ll tell you what—it’s service. We are operating at our optimal levels when we are in service to our fellow man. Therefore, we have discovered the trifecta of happiness, and it’s not as if we just invented it or discovered it; it has been around for thousands of years. If you read the sacred texts of all the major religions, it really comes down to one thing: service.
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Jason Van Camp (Deliberate Discomfort: How U.S. Special Operations Forces Overcome Fear and Dare to Win by Getting Comfortable Being Uncomfortable)
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Pourtant, aujourd'hui encore, quand la douleur se fait trop prĂ©sente et qu'aucun simple ne parvient Ă  l'apaiser, quand je regarde le corps qui enferme mon esprit, je me rappelle mes jours de Loup ; pour moi ils ne durĂšrent pas quelques journĂ©es mais toute une saison de vie. Leur souvenir me rĂ©conforte et me tente aussi. Viens, viens chasser avec moi, souffle une voix dans mon cƓur ; dĂ©pouille-toi de ta souffrance, que ta vie soit tienne Ă  nouveau ; il est un lieu oĂč tout temps est maintenant, oĂč les choix sont simples et ne sont jamais ceux d'un autre. Les Loups n'ont pas de roi.
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Robin Hobb
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L'AyurvedaestprofondĂ©mentancrĂ© dans le bien-ĂȘtreholistique de l'ĂȘtrehumain. Un massage ayurvĂ©dique GenĂšve d'Ayublissoffre un Ă©quilibre Ă  l'esprit, au corps et Ă  l'Ăąme. Il vouspermet de vousdĂ©tendre et d'oubliertousvosproblĂšmes. Ayublissutilise les mĂ©dicaments et les huilestraditionnels de l'Inde pour guĂ©rirtoutemaladie, dĂ©pression, crampesmusculaires, etc. Nous appliquons la connaissance de la vie pour renforcervotre esprit.
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ayubliss
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The creative writing program would replicate the spirit of communal endeavor and mutual influence found in the Paris and Greenwich Village café scenes of an earlier era, but Nabokov was not one for that sort of esprit de corps.
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Mark McGurl (The Program Era: Postwar Fiction and the Rise of Creative Writing)
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En 1871, Louis Figuier publie Le Lendemain de la mort ou la vie future selon la science, un gros volume dans lequel il se propose de dĂ©montrer scientifiquement l'immortalitĂ© de l'Ăąme! Selon lui, le corps et la pensĂ©e (ou l'Ăąme) sont deux entitĂ©s distinctes. Puisque d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre, la matiĂšre ne disparaĂźt pas et ne fait que changer d'Ă©tat, il en est de mĂȘme pour la pensĂ©e: 'Comme la matiĂšre, ell doit se transformer, sans jamais se dĂ©truire.' Il balaie donc tous les 'traitĂ©s de l'Ăąme' Ă©crits depuis l'AntiquitĂ©, puisque ce 'fait de l'immortalitĂ©' est 'Ă©vident pour lui-mĂȘme'. Le vrai problĂšme, c'est ce que devient l'Ăąme aprĂšs la mort: 'Il nous importerait fort peu, au fond, que l'Ăąme fĂ»t immortelle ou non, si notre Ăąme, Ă©tant rĂ©ellement, indestructible et immortelle, allait servir Ă  un autre que nous-mĂȘmes, ou seulement, si revenant en nous, elle ne conservait point la mĂ©moire de son passĂ©. La rĂ©surrection de l'Ăąme, sans la mĂ©moire du passĂ©, serait un vĂ©ritable anĂ©antissement, ce serait le nĂ©ant des matĂ©rialistes.' Louis Figuier cherche donc Ă  dĂ©montrer que notre Ăąme nous sera conservĂ©e 'dans l'autre vie'. Selon lui, aprĂšs la mort, elle devient un ĂȘtre surhumain, ce que l'on nomme d'habitude un ange. 'Si l'atmosphĂšre est le milieu, l'habitat, de l'homme, le fluide Ă©thĂ©rĂ© est le milieu, l'habitat, de l'ĂȘtre surhumain. Ce passage successif en deux milieus diffĂ©rents d'un ĂȘtre, qui subit une mĂ©tamorphose quand il pĂ©nĂštre dans le nouveau milieu, n'est pas aussi extraordinaire, aussi anormal, aussi contraire aux lois de la nature, que l'on pourrait le croire.' C'est simplement une mĂ©tamorphose, semblable Ă  celle qui voit 'la larve more et noirĂątre rampant dans la fange des Ă©tangs devenir la gracieuse libellule traversant l'air avec grĂące et vigueur... On peut dire, de ce point de vue, que l'homme est la larve ou la chenille de l'ĂȘtre surhumain.' Cet ĂȘtre va occuper un nouvel humain, dĂšs sa naissance, Ă  moins que l'homme dont il provient n'ait eu une existence vertueuse. Dans ce cas il subit une autre mĂ©tamorphose et se transforme en archange. Louis Figuier dĂ©crit alors un prodigieux cycle thĂ©ologico-Ă©cologique. À la suite d'une sĂ©rie de mĂ©tamorphose qui l'amĂšnent Ă  proximitĂ© du soleil, l'esprit en devient la matiĂšre mĂȘme, qui revient sur Terre sous forme de rayons bienfaisants. Ceux-ci dĂ©posent dans les plantes les germes des Ăąmes qui mĂ»riront ensuite peu Ă  peu, passant des vĂ©gĂ©taux aux animaux infĂ©rieurs, puis aux oiseaux et aux mammifĂšres, jusqu'Ă  l'homme. TrĂšs catholique, Figuier estimait pourtant que cette forme de mĂ©tempsycose Ă©tait bien prĂ©fĂ©rable aux dogmes chrĂ©tiens sur l'enfer et le paradis, qu'il trouvait profondĂ©ment injustes, et donc incompatibles avec la bienveillance divine: 'Le retour Ă  une seconde vie terrestre est, en effet, une punition moins cruelle, plus raisonnable et plus juste que la condamnation aux tourment Ă©ternels. Ici la peine n'est qu'en proportion du pĂ©chĂ©; elle est Ă©quitable et indulgente, comme le chĂątiment d'un pĂšre.' Son livre mis Ă  l'Index par l'Église Catholique, sera rĂ©imprimĂ© dix fois jusqu'en 1904, dix ans aprĂšs la mort de son auteur et, peut-ĂȘtre, sa propre mĂ©tamorphose.
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Jean-Baptiste de Panafieu (MĂ©tamorphoses Deyrolle)
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Petite taille mais corps solide, c'était un travailleur manuel de l'esprit, un prolo de la conscience thétique.
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Jean-Bertrand Pontalis (L'amour des commencements)
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In Janis’s hypothesis, “members of any small cohesive group tend to maintain esprit de corps by unconsciously developing a number of shared illusions and related norms that interfere with critical thinking and reality testing.”3 Groups that get along too well don’t question assumptions or confront uncomfortable facts. So everyone agrees, which is pleasant, and the fact that everyone agrees is tacitly taken to be proof the group is on the right track.
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Philip E. Tetlock (Superforecasting: The Art and Science of Prediction)
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Nous mourons pour ne plus mourir nous mourons pour ne plus mourir et nous brĂ»lerons tout entiers sur le bĂ»cher de l’ensoiffement devenus corps immolĂ©s de mystĂšre nous consumant-en-esprit pour ĂȘtre vivants toujours nous mourons vers la vie ou nous mourons vers la mort se flĂ©trissent et meurent, je ne chanterai pas je ne chanterai jamais les feuilles d’automne elles qui se flĂ©trissent et meurent automne des choses ni le jour oĂč les Ă©toiles s’effondreront dans un temps Ă  elles au-dessus de l’abĂźme ces choses-lĂ  ne sont pas celles que j’aimerai et dĂ©sirerai pour mon Ăąme l’éclat des pierres, ni la louange ni les vagues qui sont mortes, demeures des morts lorsqu’une Égypte de pierre Ă©lĂšve d’immenses sarcophages sans rien de plus prĂ©cieux que les pas sur les sables c’est une douleur assurĂ©ment de l’échec Comme si le corps qui souffre et pleure s’il Ă©tait immense, de granite devenait Ă©ternel comment pourrions-nous nous abuser quand mĂȘme ceux qui travaillaient dans le dĂ©sert ne croyaient plus et savaient savaient qu’ils bĂątissaient une ruine dans la voluptĂ© de la mort Égypte de la peur II mais voilĂ  la Parole qui ne s’est jamais couchĂ©e se montre aux dĂ©butants sous la figure d’un esclave et d’un pĂšre Ă  ceux qui peuvent la suivre sur la montagne haute de sa transfiguration en vĂ©ritĂ© et en vie Quand la parole se montre en nous tellement illuminante, tellement claire et Son visage Ă©clate comme le soleil alors ses vĂȘtements deviennent blancs et les vĂȘtements sont la parole de l’Évangile de la victoire absolue sur la mort. (p. 85 et 87)
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Daniel Turcea (L'Épiphanie)
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Tout voleur de profession qu’il Ă©tait — car on ne pouvait pas appeler vannier quelqu’un qui juste de temps en temps tressait un panier pour se distraire — Faustino dĂšs qu’il buta sur la chapelle, eut un coup au cƓur. Et il s’arrĂȘta. Jamais il n’avait cambriolĂ© un lieu saint. S’agissait malgrĂ© tout de voler la Vierge ! Mais l’hĂ©sitation ne dura qu’une minute. TrempĂ© de la tĂȘte aux pieds, son corps le poussa en avant, vers l’abri d’un toit. Pas de temps Ă  perdre, pas le moindre. Ni le corps ni l’esprit ne pouvaient se permettre de faiblesse, en pareille occasion. Fallait aller de l’avant !
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Miguel Torga
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À la grande baleine O notre Dieu, farouche baleine Qu'adviendra-t-il des modes prĂ©sents ? Ton large dos Ă  la danse entraĂźne, Ne bouge pas, il est si glissant. Il est glissant, ce dos qui supporte Et nos esprits et tout l'univers. Pour seul prĂ©sent, vois-tu, je t'apporte Ma pauvre danse et mon cƓur amer. Mais cette peur qui me fend l'Ă©chine Prends-la, Seigneur, au prix de mes biens. En ta splendeur cruelle et divine Dis que tu n'est ni juif ni chrĂ©tien. Fais que ton dos me serve d'asile Pour que mon corps y trouve un Ă©tai Pour que mon corps ne batte fĂ©brile Pour qu'en dormant me vienne la paix. Ou, pour toujours, fuis-moi qui t'exhortes Ne flotte plus narquois et lĂ©ger. Voici dĂ©jĂ  des Ă©toiles mortes Et sur mon front leur douce clartĂ©. (p. 98, adaptation de Paul Chaulot)
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Endre Ady (PoÚtes d'aujourd'hui, n°160 : ENDRE ADY)
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De la vitamine D et du calcium pour maintenir un milieu intestinal sain pour les probiotiques. De la L-glutamine, de la vitamine A, de la vitamine B5, du folate, du sĂ©lĂ©nium et du zinc pour protĂ©ger votre paroi cellulaire intestinale et rĂ©duire le syndrome de l’intestin permĂ©able. De l’HCl (complĂ©ments d’acide gastrique), des enzymes digestives et des plantes pour le foie pour amĂ©liorer la digestion et l’absorption des aliments et pour empĂȘcher les bactĂ©ries nocives d’atteindre les intestins. Du curcuma (Ă©pice), des noix, des graines et de l’huile de poisson pour rĂ©duire l’inflammation. De la rĂ©glisse (Ă  Ă©viter en cas d’hypertension) et de l’orme rouge pour apaiser les tissus enflammĂ©s de l’intestin. Évitez les aliments inflammatoires tels que le cafĂ©, le sucre, les cĂ©rĂ©ales raffinĂ©es (pain blanc, pĂątisseries, etc.), le bƓuf, l’alcool et certains lĂ©gumes tels que l’aubergine, les tomates et les courgettes (solenacĂ©es). De l’huile d’origan ou de l’extrait de pĂ©pins de pamplemousse (tous deux en trĂšs petites quantitĂ©s), de l’ail, du basilic, de l’huile d’olive et de l’huile de noix de coco pour aider Ă  Ă©liminer toute levure ou bactĂ©rie nuisible.
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Ameet Aggarwal (GuĂ©rir Son Corps, Soigner Son Esprit: ALIMENTATION, NUTRITION, HERBES, MÉDECINE NATURELLE ET PENSÉES POSITIVES POUR L'INTESTIN IRRITABLE, DÉTOX DU FOIE, ... irritable, Detox foie t. 1) (French Edition))
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RÉPONSES INTERROGATIVES À UNE QUESTION DE MARTIN HEIDEGGER La poĂ©sie ne rythmera plus l'action. Elle sera en avant. RIMBAUD. Divers sens Ă©troits pourraient ĂȘtre proposĂ©s, compte non tenu du sens qui se crĂ©e dans le mouvement mĂȘme de toute poĂ©sie objective, toujours en chemin vers le point qui signe sa justification et clĂŽt son existence, Ă  l'Ă©cart, en avant de l'existence du mot Dieu : -La poĂ©sie entraĂźnera Ă  vue l'action, se plaçant en avant d'elle. L'en-avant suppose toutefois un alignement d'angle de la poĂ©sie sur l'action, comme un vĂ©hicule pilote aspire Ă  courte distance par sa vitesse un second vĂ©hicule qui le suit. Il lui ouvre la voie, contient sa dispersion, le nourrit de sa lancĂ©e. -La poĂ©sie, sur-cerveau de l’action, telle la pensĂ©e qui commande au corps de l'univers, comme l'imagination visionnaire fournit l'image de ce qui sera Ă  l'esprit forgeur qui la sollicite. De lĂ , l'enavant. -La poĂ©sie sera « un chant de dĂ©part ». PoĂ©sie et action, vases obstinĂ©ment communicants. La poĂ©sie, pointe de flĂšche supposant l'arc action, l'objet sujet Ă©troitement dĂ©pendant, la flĂšche Ă©tant projetĂ©e au loin et ne retombant pas car l'arc qui la suit la ressaisira avant chute, les deux Ă©gaux bien qu'inĂ©gaux, dans un double et unique mouvement de rejonction. -L'action accompagnera la poĂ©sie par une admirable fatalitĂ©, la rĂ©fraction de la seconde dans le miroir brĂ»lant et brouillĂ© de la premiĂšre produisant une contradiction et communiquant le signe plus (+) Ă  la matiĂšre abrupte de l’action. -La poĂ©sie, du fait de la parole mĂȘme, est toujours mise par la pensĂ©e en avant de l'agir dont elle emmĂšne le contenu imparfait en une course perpĂ©tuelle vie-mort-vie. -L'action est aveugle, c'est la poĂ©sie qui voit. L'une est unie par un lien mĂšre-fils Ă  1'autre, le fils en avant de la mĂšre et la guidant par nĂ©cessitĂ© plus que par amour. -La libre dĂ©termination de la poĂ©sie semble lui confĂ©rer sa qualitĂ© conductrice. Elle serait un ĂȘtre action, en avant de Faction. -La poĂ©sie est la loi, l'action demeure le phĂ©nomĂšne. L'Ă©clair prĂ©cĂšde le tonnerre, illuminant de haut en bas son thĂ©Ăątre, lui donnant valeur instantanĂ©e. -La poĂ©sie est le mouvement pur ordonnant le mouvement gĂ©nĂ©ral. Elle enseigne le pays en se dĂ©calant. -La poĂ©sie ne rythme plus l'action, elle se porte en avant pour lui indiquer le chemin mobile. C'est pourquoi la poĂ©sie touche la premiĂšre. Elle songe l'action et, grĂące Ă  son matĂ©riau, construit la Maison, mais jamais une fois pour toutes. _ La poĂ©sie est le moi en avant de l'en soi, « le poĂšte Ă©tant chargĂ© de l'HumanitĂ© » (Rimbaud). - La poĂ©sie serait de « la pensĂ©e chantĂ©e ». Elle serait l'Ɠuvre en avant de Faction, serait sa consĂ©quence finale et dĂ©tachĂ©e. -La poĂ©sie est une tĂȘte chercheuse. L'action est son corps. Accomplissant une rĂ©volution ils font, au terme de celle-ci, coĂŻncider la fin et le commencement. Ainsi de suite selon le cercle. -Dans l'optique de Rimbaud et de la Commune, la poĂ©sie ne servira plus la bourgeoisie, ne la rythmera plus. Elle sera en avant, la bourgeoisie ici supposĂ©e action de conquĂȘte. La poĂ©sie sera alors sa propre maĂźtresse, Ă©tant maĂźtresse de sa rĂ©volution; le signal du dĂ©part donnĂ©, l'action en-vue-de se transformant sans cesse en action voyant.
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René Char (Recherche de la base et du sommet)
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It was an organization of freethinkers, in which a spirit of teamwork blended with an ethic of informality and an esprit de corps. It was built around a handful of talented
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Ian W. Toll (Pacific Crucible: War at Sea in the Pacific, 1941–1942)
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esprit de corps,
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Ian W. Toll (Pacific Crucible: War at Sea in the Pacific, 1941–1942)
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L’ĂȘtre humain est un microcosme. À l’instar de son grand frĂšre, il est Ă©galement quadripolaire, analogique et multidimensionnel. D’aprĂšs l’astrophysicien Hubert Reeves, nous sommes faits de poussiĂšres d’étoiles, la composition de nos atomes provenant Ă  97% du cosmos. Cette origine stellaire souligne toute la puissance de notre potentiel. L’ĂȘtre est humain et terrestre, horizontalement, divin et cĂ©leste, verticalement. Il est visible et invisible, concret et abstrait, fait de matiĂšre et d’énergie, d’un corps et d’esprit. Il est Ă  la fois masculin et fĂ©minin, Ă©metteur et rĂ©cepteur, positif et nĂ©gatif par ses polaritĂ©s. Chaque chose dans l’univers est constituĂ©e d’une nature double.
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Didier Steimer (Mets Sages d'Hermùs: Du plomb de l’Âme à l’Or spirituel (French Edition))
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La langue des oiseaux, par un jeu de sonoritĂ©s, de mots, permet de dĂ©couvrir le sens cachĂ© des mots, leur symbolique secrĂšte. Ce langage du cƓur, par sa nature initiatique, est pratiquĂ© par les alchimistes et les hermĂ©tistes depuis des siĂšcles. La matiĂšre, l’ñme Ă  tiers, un tiers d’ñme pour deux tiers de quoi ? Un tiers de corps et un tiers d’esprit. La magie (l’ñme agit) de nos ĂȘtres multidimensionnels faisant son Ɠuvre pour l’essentiel, l’essence du ciel.
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Didier Steimer (Mets Sages d'Hermùs: Du plomb de l’Âme à l’Or spirituel (French Edition))
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Votre esprit risque de vouloir avancer Ă  trop grands pas. Respectez le temps du corps, pour qu’il puisse ĂȘtre prĂȘt Ă  vous suivre. Sinon, vous risquez l’accident ou la maladie.
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Christel Petitcollin (Je pense mieux : Vivre heureux avec un cerveau bouillonnant, c'est possible !)
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Dans l'attachement d'un homme Ă  sa vie, il y a quelque chose de plus fort que toutes les misĂšres du monde. Le jugement du corps vaut bien celui de l'esprit et le corps recule devant l'anĂ©antissement. Nous prenons l'habitude de vivre avant d'acquĂ©rir celle de penser. Dans cette course qui nous prĂ©cipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde cette avance irrĂ©parable. Enfin, l'essentiel de cette contradiction rĂ©side dans ce que j'appellerai l'esquive parce qu'elle est Ă  la fois moins et plus que le divertissement au sens pascalien. L'esquive mortelle qui fait le troisiĂšme thĂšme de cet essai, c'est l'espoir. Espoir d'une autre vie qu'il faut « mĂ©riter », ou tricherie de ceux qui vivent non pour la vie elle-mĂȘme, mais pour quelque grande idĂ©e qui la dĂ©passe, la sublime, lui donne un sens et la trahit.
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Albert Camus (The Myth of Sisyphus)
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Si l’humanitĂ© s’est Ă©cartĂ©e des conditions initiales dont je parlais, si elle a renoncĂ©, sans le savoir et sans le vouloir, Ă  la stabilitĂ© Ă  laquelle elle pouvait tendre, on pouvait supposer qu’étant arrivĂ©e Ă  un certain niveau, elle s’y serait stabilisĂ©e, comme les abeilles ont pu se stabiliser (elles ont trouvĂ© certains procĂ©dĂ©s de construction, d’accumulation des rĂ©serves), et demeurer en cet Ă©tat indĂ©finiment, comme il semble que les abeilles y soient demeurĂ©es, nous aurions pu arriver Ă  concevoir une humanitĂ© comme une fourmiliĂšre ou une ruche d’abeilles. Pas du tout. Elle n’a cessĂ© de s’écarter de son bien-ĂȘtre, le bien-ĂȘtre n’a pas suffi Ă  l’humanitĂ©. HĂ©las ! dans bien des cas on pourrait se lamenter Ă  ce sujet et pleurer, mais il s’est trouvĂ© toujours que les hommes se soient Ă©cartĂ©s de la norme dĂ©jĂ  Ă©tablie, que des hommes, des penseurs par exemple aient spĂ©culĂ© assez pour trouver que la stabilitĂ© acquise Ă©tait une stabilitĂ© insuffisante, trĂšs insuffisante. C’est pourquoi j’ai pu prononcer dans ma derniĂšre leçon ce mot de l’aventure qui m’a paru rĂ©sumer la vie humaine dans son ensemble. L’aventure... c’est-Ă -dire ce fait qu’il y a eu un changement qui a toujours etendu Ă  repousser, Ă  nier, Ă  ruiner les conditions d’existence, mĂȘme favorables, mĂȘme satisfaisantes pour la majoritĂ© des individus, et qui a tendu Ă  dĂ©truire cet ordre-lĂ , Ă  le renverser. J’avais associĂ© Ă  ce mot-lĂ  le mot le plus connu de progrĂšs, mais je prĂ©fĂšre celui d’aventure, et je vais vous dire pourquoi le terme de progrĂšs, que j’ai essayĂ© de prĂ©ciser en le ramenant Ă  ce qui est observable, progrĂšs que j’ai dĂ©fini par l’accroissement de prĂ©cision dans les mesures marquĂ©es par les dĂ©cimales qu’on peut calculer et observer : progrĂšs dans l’acquisition des moyens d’action, progrĂšs de puissance mĂ©canique, nombre de chevaux-vapeur par tĂȘte Ă  telle Ă©poque, progrĂšs dans les automatismes sociaux, par consĂ©quent progrĂšs qui permet de commander beaucoup plus d’élĂ©ments humains ou matĂ©riels Ă  l’aide d’un plus petit effort, diminution de l’effort Ă  accomplir. Tout ceci est parfaitement observable, ce ne sont pas des chimĂšres. On a ajoutĂ© Ă  cela une vĂ©ritable religion du progrĂšs, qui fait croire que, quoi qu’il en soit aprĂšs bien des aventures, beaucoup d’expĂ©riences, l’humanitĂ© marche toujours vers une amĂ©lioration de son sort.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Vivre dans le halal', c'est un moyen d'adorer Dieu. C'est sur cette conception de la norme que s'appuient les FrÚres pour entraßner les croyants vers un contrÎle collectif des ùmes, des esprits et des corps, en s'appuyant sur les femmes qui ont en charge les besoins primaires et en leur faisant porter la responsabilité collective de la norme, par l'emprisonnement du corps et le contrÎle mental. Le paradis sous les pieds des mÚres n'en vaut-il pas la peine ? A chacun de répondre.
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Bergeaud-blackler Florence
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J’ai Ă©tĂ© obligĂ© de remonter, pour vous montrer le lien des idĂ©es et des choses, Ă  une sorte d’origine de ces rĂ©serves en vous disant que si l’humanitĂ© avait fait ce qu’elle a fait, et qui en somme a fait l’humanitĂ© rĂ©ciproquement, c’est parce que depuis une Ă©poque immĂ©moriale elle avait su se constituer des rĂ©serves matĂ©rielles, que ces rĂ©serves matĂ©rielles avaient crĂ©Ă© des loisirs, et que seul le loisir est fĂ©cond ; car c’est dans le loisir que l’esprit peut, Ă©loignĂ© des conditions strictes et pressantes de la vie, se donner carriĂšre, s’éloigner de la considĂ©ration immĂ©diate des besoins et par consĂ©quent entamer, soit sous forme de rĂȘverie, soit sous forme d’observation, soit sous forme de raisonnement, la constitution d’autres rĂ©serves, qui sont les rĂ©serves spirituelles ou intellectuelles. J’avais ajoutĂ©, pour me rapprocher des circonstances prĂ©sentes, que ces rĂ©serves spirituelles n’ont pas les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que les rĂ©serves matĂ©rielles. Les rĂ©serves intellectuelles, sans doute, ont d’abord les mĂȘmes conditions Ă  remplir que les rĂ©serves matĂ©rielles, elles sont constituĂ©es par un matĂ©riel, elles sont constituĂ©es par des documents, des livres, et aussi par des hommes qui peuvent se servir de ces documents, de ces livres, de ces instruments, et qui aussi sont capables de les transmettre Ă  d’autres. Et je vous ai expliquĂ© que cela ne suffisait point, que les rĂ©serves spirituelles ou intellectuelles ne pouvaient passer, Ă  peine de dĂ©pĂ©rir tout en Ă©tant conservĂ©es en apparence, en l’absence d’hommes qui soient capables non seulement de les comprendre, non seulement de s’en servir, mais de les accroĂźtre. Il y a une question : l’accroissement perpĂ©tuel de ces rĂ©serves, qui se pose, et je vous ai dit, l’expĂ©rience l’a souvent vĂ©rifiĂ© dans l’histoire, que si tout un matĂ©riel se conservait Ă  l’écart de ceux qui sont capables non seulement de s’en servir mais encore de l’augmenter, et non seulement de l’accroĂźtre, mais d’en renverser, quelquefois d’en dĂ©truire quelques-uns des principes, de changer les thĂ©ories, ces rĂ©serves alors commencent Ă  dĂ©pĂ©rir. Il n’y a plus, le crĂ©ateur absent, que celui qui s’en sert, s’en sert encore, puis les gĂ©nĂ©rations se succĂšdent et les“choses qu’on avait trouvĂ©es, les idĂ©es qu’on avait mises en Ɠuvre commencent Ă  devenir des choses mortes, se rĂ©duisent Ă  des routines, Ă  des pratiques, et peu Ă  peu disparaissent mĂȘme d’une civilisation avec cette civilisation elle-mĂȘme. Et je terminais en disant que, dans l’état actuel des choses tel que nous pouvons le constater autour de nous, il y a toute une partie de l’Europe qui s’est privĂ©e dĂ©jĂ  de ses crĂ©ateurs et a rĂ©duit au minimum l’emploi de l’esprit, elle en a supprimĂ© les libertĂ©s, et par consĂ©quent il faut attendre que dans une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e on se trouvera en prĂ©sence d’une grande partie de l’Europe profondĂ©ment appauvrie, dans laquelle, comme je vous le disais, il n’y aura plus de pensĂ©e libre, il n’y aura plus de philosophie, plus de science pure, car toute la science aura Ă©tĂ© tournĂ©e Ă  ses applications pratiques, et particuliĂšrement Ă  des applications Ă©conomiques et militaires ; que mĂȘme la littĂ©rature, que mĂȘme l’art, et mĂȘme que l’esprit religieux dans ses pratiques diverses et dans ses recherches diverses auront Ă©tĂ© complĂštement diminuĂ©s sinon abolis, dans cette grande partie de l’Europe qui se trouvera parfaitement appauvrie. Et si la France et l’Angleterre savent conserver ce qu’il leur faut de vie — de vie vivante, de vie active, de vie crĂ©atrice — en matiĂšre d’intellect, il y aura lĂ  un rĂŽle immense Ă  jouer, et un rĂŽle naturellement de premiĂšre importance pour que la civilisation europĂ©enne ne disparaisse pas complĂštement.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Le mot « production » est dĂ©jĂ  tout un programme. La recherche de ses conditions peut Ă©videmment sembler une recherche analogue Ă  celle de la pierre philosophale. On peut trouver chimĂ©rique d’essayer de se faire une idĂ©e suffisamment prĂ©cise des conditions de la production des Ɠuvres de l’esprit dans leur variĂ©tĂ© immense, et mĂȘme, pour prendre un secteur, dans la poĂ©sie ou les mathĂ©matiques. Il est a priori difficile de saisir tout ce qui se passe dans un esprit pour arriver Ă  la production d’une Ɠuvre, qu’il s’agisse de l’Ɠuvre artistique ou synthĂ©tique. Cependant j’estime que toute recherche, mĂȘme chimĂ©rique, mĂȘme illusoire, si on la poursuit obstinĂ©ment, mais non pas aveuglĂ©ment, donne toujours quelques rĂ©sultats, non pas les rĂ©sultats que l’on recherchait, mais certains rĂ©sultats qui souvent sont trĂšs apprĂ©ciables. C’est ce qui est arrivĂ© par exemple lorsque les alchimistes poursuivaient la pierre philosophale : ils ont trouvĂ© la chimie ; lorsque les astrologues cherchaient la destinĂ©e des hommes dans les astres, ils ont trouvĂ© l’astronomie. C’était un rĂ©sultat fort intĂ©ressant. Et je me permettrai de vous citer cette formule qui m’est familiĂšre : l’homme est gĂ©nĂ©ralement absurde dans ce qu’il cherche, mais il est admirable dans ce qu’il trouve. À chaque instant, une recherche aventurĂ©e est une recherche qui donne un rĂ©sultat Ă  cĂŽtĂ©, beaucoup plus prĂ©cieux que l’objet mĂȘme que l’on poursuivait d’abord.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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La littĂ©rature, Ă©galement, envisage des faits particuliers, un roman, une impression qui fait un poĂšme, un rĂ©cit qui fait un roman, une aventure quelconque, tandis que l’artiste possible que serait le philosophe de l’avenir, qui est, je vous le rĂ©pĂšte, existant virtuellement, puisque les Ɠuvres du passĂ©, privĂ©es, dĂ©pouillĂ©es de leur prĂ©tention Ă  la vĂ©ritĂ©, qu’elles ne reprĂ©sentent pas, nous restent Ă  titre de modĂšles esthĂ©tiques — je puis donc dire, par consĂ©quent, qu’il y a dĂ©jĂ  des artistes de cette espĂšce et que, en jugeant comme artistes ou Platon ou Spinoza, nous avons dĂ©jĂ  crĂ©Ă© des modĂšles, nous avons dĂ©jĂ  ouvert notre musĂ©e de philosophie.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Et alors nous pouvons dire qu’il y a un temps, le temps prĂ©cĂ©dent, oĂč vous n’étiez, saisis par la sensation ou par l’excitation, que le minimum de vous-mĂȘmes, le minimum de ce que vous pouvez ĂȘtre — le minimum de votre possibilitĂ©. Vous n’étiez, en somme, que le germe. Vous et la sensation Ă©tiez, en quelque sorte, la fĂ©condation d’un germe de vous-mĂȘmes, qui se dĂ©veloppe dans un temps suivant et qui va donner peu Ă  peu — je dis peu Ă  peu : ceci se passe Ă©videmment dans une fraction de seconde, peut-ĂȘtre dans un centiĂšme de seconde —, mais enfin, si j’agrandis l’échelle, eh bien, on peut penser que, peu Ă  peu, vous allez vous former capables de ce que d’autres, par la sensation, vous rĂ©vĂ©laient. Il y a un Ă©change, difficile Ă  exprimer, mais que vous comprenez, entre ces deux termes. En somme, le tĂ©moin qui dĂ©finira la sensibilitĂ© est ce tĂ©moin Ă©lĂ©mentaire, ce tĂ©moin diminuĂ©, ce tĂ©moin qui est trĂšs loin du personnage que nous croyons ĂȘtre quand nous nous sentons plus complets. Ce personnage est ce que peut ĂȘtre un instant : il est ce que peut ĂȘtre une durĂ©e de sensibilitĂ©, qui est naturellement trop brĂšve pour contenir tout ce que nous savons, toutes nos prĂ©tentions, toutes nos qualitĂ©s et toutes nos puissances, ou tous nos pouvoirs. Ainsi, ce moi, ce moi de sensibilitĂ©, est sans mĂ©moire, il n’est capable d’aucune opĂ©ration, il est purement fonctionnel, purement expĂ©dient.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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EurĂȘka. Poe attachait une grande importance Ă  cette Ɠuvre, Ă  la fois cosmogonie et poĂšme, qui commence par un discours de la mĂ©thode et se termine par une mĂ©taphysique. L’influence des idĂ©es de Poe, qui se rĂ©pandent en Europe Ă  partir de 1845, est si considĂ©rable, et se fait sentir avec une telle intensitĂ© sur certains Ă©crivains (tels que Baudelaire ou DostoĂŻevski) que l’on peut dire qu’il donne un sens nouveau Ă  la littĂ©rature. Poe joignait en lui des Ă©lĂ©ments de culture assez hĂ©tĂ©rogĂšnes ; d’une part, Ă©lĂšve de l’École polytechnique de Baltimore (oĂč passa aussi Whistler), il avait une formation scientifique ; de l’autre, ses lectures l’avaient mis en contact avec le romantisme allemand des LumiĂšres, et avec tout le XVIIIe siĂšcle français, reprĂ©sentĂ© souvent par des ouvrages oubliĂ©s aujourd’hui, tels que conteurs, poĂštes mineurs, etc. Ne pas nĂ©gliger chez Poe l’élĂ©ment cabaliste (de mĂȘme que chez Goethe), la magie, telle qu’elle devait hanter, en France, l’esprit d’un Nerval, en Allemagne, Hoffmann, et bien d’autres. Enfin, l’influence de la poĂ©sie anglaise (Milton, Shelley, etc.). Poe avait lu tout jeune les deux ouvrages les plus rĂ©pandus de Laplace qui l’avaient beaucoup frappĂ©. Le calcul des probabilitĂ©s intervient constamment chez lui. Dans EurĂȘka, il dĂ©veloppe l’idĂ©e de la nĂ©buleuse (de Kant), que reprendra plus tard Henri PoincarĂ©. Poe introduit dans la littĂ©rature l’esprit d’analyse. À ce propos, il convient de rĂ©pĂ©ter que pensĂ©e rĂ©flĂ©chie et pensĂ©e intuitive peuvent et doivent coexister et se coordonner. Le travail littĂ©raire pouvant se dĂ©composer en plusieurs « temps », on doit faire collaborer ces deux Ă©tats de l’esprit, l’état de veille oĂč la prĂ©cision, la nettetĂ© sont portĂ©es Ă  leur point le plus haut, et une autre phase, plus confuse, oĂč peuvent naĂźtre spontanĂ©ment des Ă©lĂ©ments mĂ©lodiques ou poĂ©tiques. Du reste, quand un poĂšme est long (cf., dans « La GenĂšse d’un poĂšme », le passage ayant trait Ă  la « dimension »), ce « bonheur de l’instant » ne saura se soutenir pendant toute sa durĂ©e. Il faut donc toujours aller d’une forme de crĂ©ation Ă  l’autre, et elles ne s’opposent pas.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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La conscience n'est pas toujours nĂ©cessaire dans les actes les plus difficiles; elle est mĂȘme parfois un obstacle.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Dans l’ordre Ă©conomique ordinaire, l’individu produit comme Ă©lĂ©ment de production, il consomme comme Ă©lĂ©ment de consommation, mais il se noie dans la statistique, il se noie dans les lois du grand nombre. Les rĂ©sultats Ă©conomiques sont les rĂ©sultats qui font disparaĂźtre l’individu devant les chiffres, devant les nombres qui sont fournis. C’est ce qu’on appelle la statistique. L’individu s’efface, il ne reste que l’ensemble des phĂ©nomĂšnes qu’on peut rĂ©diger sous forme de lois. Dans l’ordre intellectuel, il n’en est pas tout Ă  fait ainsi. C’est prĂ©cisĂ©ment Ă  quoi je faisais allusion quand je parlais tout Ă  l’heure des crĂ©ateurs, ces gens particuliers qui jouent un rĂŽle essentiel, et en somme un rĂŽle tout Ă  fait personnel, individuel. C’est la valeur personnelle qui est en cause.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Le but Ă©minent de celui qui produit est de produire en soi-mĂȘme celui qui fait l'Ɠuvre.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Et pourquoi, alors, essayer de sauver la philosophie Ă  ce point ? Vous allez voir ma conclusion : c’est parce qu’il y a un danger public. Il y a un danger public ! Ce danger est insidieux, quoique brutal. C’est, pour l’appeler par son nom, la perte gĂ©nĂ©rale de l’individualitĂ©. L’individu se meurt, voilĂ  le fait. Et c’est pourquoi, en parlant de philosophie, j’ai insistĂ© tout Ă  l’heure sur le rĂŽle que devrait jouer, dans une philosophie consciente d’elle-mĂȘme, qui n’a plus les prĂ©tentions explicatives de jadis, le rĂŽle de la constitution forte, de la personnalitĂ©, de l’individualitĂ©.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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Ceci est une idĂ©e Ă  laquelle je ne saurais m’associer parce que je n’en vois pas la nĂ©cessitĂ©. Rien ne prouve qu’il en soit ainsi. Rien ne prouve que la civilisation, si compliquĂ©e et si intĂ©ressante qu’elle soit, ne soit pas Ă  la merci d'un incident quelconque. Elles sont mortelles, les civilisations, elles peuvent mourir d’un siĂšcle Ă  l’autre, et il n’est pas dit que la civilisation europĂ©enne ne fasse pas comme les civilisations Ă©gyptienne, grecque ou romaine, qui ont disparu et qui ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des Ă©poques de barbarie et de sauvagerie. Peut-ĂȘtre en sommes-nous beaucoup plus prĂšs que nous ne pensons. C’est pourquoi au mot progrĂšs je prĂ©fĂšre le mot aventure, c’est-Ă -dire cette non-salvation, ce changement intime qui se produit, changement qui ne sait pas de lui-mĂȘme Ă  quoi il aboutit, qui ne sait pas lui-mĂȘme oĂč il va, s’il court Ă  une catastrophe ou Ă  une amĂ©lioration, ceci est en dehors de la question. Le sort mĂȘme des humains n’est pas en question, pas plus que dans un rĂȘve ce qui va se passer n’est en question. Il n’y a pas de but. Chaque instant est capable de conduire lĂ  oĂč on ne savait pas aller.” Excerpt From: Paul ValĂ©ry. “Cours de poĂ©tique”. Apple Books. d’un incident quel
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))