Elle Argent Quotes

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Elle voulait que sa vie prit forme maintenant, tout de suite - et cette dĂ©cision devait ĂȘtre forgĂ©e par une force quelconque - d'amour, d'argent, d'un ordre pratique incontestable - qui devait ĂȘtre la, sous sa main.
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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J’écris donc d’ici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crĂąne rasĂ©e, celles qui ne savent pas s’habiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savent pas s’y prendre, celles Ă  qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient n’importe qui voulant bien d’elles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes Ă  chatte toujours sĂšche, celles qui ont un gros bides, celles qui voudraient ĂȘtre des hommes, celles qui se prennent pour des hommes, celles qui rĂȘvent de faire hardeuses, celles qui n’en ont rien Ă  foutre des mecs mais que leurs copines intĂ©ressent, celles qui ont un gros cul, celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se faire Ă©piler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui cassent tout sur leur passage, celles qui n’aiment pas les parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des chaudasses mais qui en crĂšvent d’envie, celles qui veulent porter des fringues d’hommes et la barbe dans la rue, celles qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles qu’on enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font pitiĂ©, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau flasque, des rides plein la face, celles qui rĂȘvent de se faire lifter, liposucer, pĂ©ter le nez pour le refaire mais qui n’ont pas l’argent pour le faire, celles qui ne ressemblent Ă  rien, celles qui ne comptent que sur elles-mĂȘmes pour se protĂ©ger, celles qui ne savent pas ĂȘtre rassurantes, celles qui s’en foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusqu’à se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se tenir.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Un regard d'argent, empreint de bonté. D'argent en train de fondre. En le voyant, elle eut conscience de la valeur de Hans Huvermann
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Markus Zusak (The Book Thief)
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PoĂ©tise, poĂ©tise, fais-toi le grand cinĂ©ma de la libertĂ© passĂ©e. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans dĂ©sespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai rĂ©ellement prononcĂ© des propos dĂ©sabusĂ©s sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines Ă©tudiantes, une connerie, la mort, rien qu'Ă  voir la trombine des couples mariĂ©s au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiĂ©s. Quand HĂ©lĂšne, licence de philo, concluait que c'Ă©tait tout de mĂȘme un mal nĂ©cessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drĂŽles d'idĂ©es, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternitĂ© avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas ĂȘtre seulement intellectuelles, ma fiertĂ© devant une mousse au chocolat rĂ©ussie avait disparu en mĂȘme temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la mĂȘme maniĂšre qu'un garçon de mon Ăąge, Ă©tudiant qui se dĂ©brouille avec l'argent de l'État, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquĂȘtes, va au cinĂ©ma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idĂ©e bouffonne.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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— Elle a la voix pleine d'argent, dit-il soudain. C'Ă©tait vrai. Je ne l'avais pas compris jusque-lĂ . Pleine d'argent — d'oĂč sa fascination, le charme envoĂ»tant des modulations, ce cliquetis, ce frĂ©missement de cymbales... Lointaine, en son palais de marbre, fille du Roi, princesse d'or...
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F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
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Les femmes autour de moi gagnent effectivement moins d'argent que les hommes, occupent des postes subalternes, trouvent normal d'ĂȘtre sous-considĂ©rĂ©es quand elles entreprennent quelque chose. Il y a une fiertĂ© de domestique Ă  devoir avancer entravĂ©es, comme si c'Ă©tait utile, agrĂ©able ou sexy.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Beaucoup de gens croient que la pelleteuse et la bétonneuse ne pensent pas. ces gens se trompent: elles pensent. Elles pensent que si elles ne travaillent pas, elles ne gagneraient pas d'Argent, et qu'alors leurs esclaves ne pourraient plus acheter l'huile et l'essence sont elles ont besoin pour vivre et continuer à penser aux choses sérieuses
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Bernard Moitessier (The Long Way)
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Du manque de religion, rĂ©pondit le mĂ©decin, et de l’envahissement de la finance, qui n’est autre chose que l’égoĂŻsme solidifiĂ©. L’argent autrefois n’était pas tout, on admettait des supĂ©rioritĂ©s qui le primaient. Il y avait la noblesse, le talent, les services rendus Ă  l’État ; mais aujourd’hui la loi fait de l’argent un Ă©talon gĂ©nĂ©ral, elle l’a pris pour base de la capacitĂ© politique ! Certains magistrats ne sont pas Ă©ligibles, Jean-Jacques Rousseau ne serait pas Ă©ligible
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Honoré de Balzac (Poor Relations: Cousine Bette, Cousin Pons)
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Ce n'est pas parce qu'elle travaillait qu'elle Ă©tait libre. Sa vie Ă©tait une forme d'esclavage. Tout l'argent qu'elle gagnait, elle le mettait dans la marmite et elle peinait Ă  boucler les fins de mois, pendant que mon pĂšre se pavanait dans ses costumes et sa berline. Alors dire que financiĂšrement elle Ă©tait indĂ©pendante, c'est comme dire qu'un mort est en vie, il faut juste ĂȘtre suffisamment con pour le croire. J'aurais tant aimĂ© qu'elle se soulĂšve, qu'elle se dresse contre les abus du paternel...
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Yamen Manai (Bel abĂźme)
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Ce n'est pas par l'importation de l'or et de l'argent que la dĂ©couverte de l'AmĂ©rique a enrichi l'Europe. [...] En ouvrant Ă  toutes les marchandises de l'Europe un nouveau marchĂ© presque inĂ©puisable, elle a donnĂ© naissance Ă  de nouvelles divisions de travail, Ă  de nouveaux perfectionnements de l'industrie, qui n'auraient jamais pu avoir lieu dans le cercle Ă©troit oĂč le commerce Ă©tait anciennement resserrĂ©, cercle qui ne leur offrait pas de marchĂ© suffisant pour la plus grande partie de leur produit. Le travail se perfectionna, sa puissance productive augmenta, son produit s'accrut dans tous les divers pays de l'Europe, et en mĂȘme temps s'accrurent avec lui la richesse et le revenu rĂ©el des habitants.
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Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
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Pire encore  : j'ignore qu'un jour, je ferai des livres. C'est une hypothĂšse qui n'est mĂȘme pas concevable, qui n'entre aucunement dans le champ des possibles, qui dĂ©passe ma simple imagination. Et si, par extraordinaire, elle devait traverser mon esprit, je l'en chasserais aussitĂŽt. Le fils du directeur d'Ă©cole, un saltimbanque  ? Jamais. Faire des livres, ce ne serait pas une occupation convenable, et surtout ça n'est pas un mĂ©tier, ça ne rapporte pas d'argent, ça ne procure pas la sĂ©curitĂ©, un statut. Il y a aussi que ce n'est pas dans la vraie vie, l'Ă©criture, c'est en dehors ou Ă  cĂŽtĂ©. Or la vraie vie, il faut s'y frotter, il faut l'empoigner. Non, jamais, mon fils, n'y pense mĂȘme pas  ! Je l'entends de lĂ , mon pĂšre.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Comme preuve de leurs actes de bravour, ils rapportaient Ă  leur chef les tĂȘtes de leurs ennemis tuĂ©s au combat. La rĂ©munĂ©ration reçue, en argent, en or, ou bien encore en eterres prĂ©levĂ©es sur le clan vaincu, Ă©tait versĂ© en fonction du nombre de tĂȘtes coupĂ©es, mais aussi du rang des victimes[...]. Les captures Ă©taient prĂ©sentĂ©es au commandant et Ă  des prĂ©posĂ©s chargĂ©s de vĂ©rifier l'authenticitĂ©, voir l'identitĂ© des victimes [...]. Cette coutume imposa aux guerriers de prendre tout particuliĂšrement soin de leur propre tĂȘte avant de partir au combat. Pour qu'elle sentit bon en cas de dĂ©capitation, ils parfumaient les cheveux en faisant brĂ»ler de l'encens dans leur casque. Au retour des combattants, les femmes Ă©taient chargĂ©es de prĂ©parer les tĂȘtes des adversaires dĂ©capitĂ©s.
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SamouraĂŻ, de la guerre Ă  la voie des arts
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Pourquoi considĂ©rait-on l'amitiĂ© admirable Ă  vingt-six ans, mais suspecte Ă  trente-six ? Pourquoi l'amitiĂ© valait-elle moins qu'une relation amoureuse ? Pourquoi ne valait-elle pas plus, mĂȘme ? Elle consistait en ce que deux personnes demeuraient ensemble, jour aprĂšs jour, liĂ©es non par le sexe ou l'attirance physique, par l'argent ou la propriĂ©tĂ© commune, mais seulement par un accord partagĂ© de continuer, un dĂ©vouement mutuel envers une union qui ne pourrait jamais ĂȘtre codifiĂ©e. L'amitiĂ© comprenait d'ĂȘtre tĂ©moin du lent Ă©coulement des malheurs d'un autre, ainsi que de longues pĂ©riodes d'ennui, et d'occasionnels triomphes. Elle consistait Ă  se sentir honorĂ© du privilĂšge d'ĂȘtre prĂ©sent pour quelqu'un dans ses moments les plus sombres, et de savoir que l'on pouvait en retour se sentir dĂ©primĂ© en compagnie de cette mĂȘme personne.
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Hanya Yanagihara (A Little Life)
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Tous les actes de ce genre auxquels elle se livrait, sa maniĂšre de semer l'argent, Ă©taient le rĂ©sultat d'un froid calcul dans l'esprit de Kazu; toutes les manifestations de sa bontĂ© avaient un seul but: s'assurer des voix de l'Ă©lection. C'Ă©tait lĂ  sa pensĂ©e dominante; toutefois il n'entrait pas dans ses calculs de toucher les gens par la passion qu'elle mettait Ă  payer de sa personne. Lorsqu'elle entendait des auditeurs dire qu'ils Ă©taient rĂ©ellement sensibles Ă  un tel sacrifice de soi, elle riait intĂ©rieurement. D'un autre cĂŽtĂ©, quand on critiquait ses actions en dĂ©clarant qu'elles ne procĂ©daient pas d'un enthousiasme rĂ©el mais d'un calcul, elle Ă©tait furieuse d'ĂȘtre ainsi mĂ©connue. Ceci suffit Ă  montrer combien la psychologie de Kazu Ă©tait compliquĂ©e. Bien qu'elle ne se fĂ»t jamais prĂ©occupĂ©e de cette question, il se trouvait que les mĂ©thodes qu'employait Kazu pour s'assurer des votes Ă©taient, malgrĂ© la simplicitĂ© de leur hypocrisie, parmi les facteurs les plus importants de sa popularitĂ©. Dans ce qu'elle prenait pour des calculs de sa part il y avait une sorte de sincĂ©ritĂ©, surtout de la sincĂ©ritĂ© Ă  l'Ă©gard du peuple. Quel que fĂ»t le mobile de ses actes, son abnĂ©gation et son dĂ©vouement avaient le privilĂšge de la faire aimer par les masses. En fait, Kazu n'avait pas une grande confiance dans son dĂ©tachement. Ses stratagĂšmes qui sautaient aux yeux, ses tentatives effrĂ©nĂ©es pour duper les gens, la rĂ©pĂ©tition Ă©hontĂ©e et obstinĂ©e de ses ruses, dĂ©jouaient la vigilance des esprits simples. Plus elle essayait de tirer avantage de la foule, plus la foule l'aimait. On pouvait parler en cachette derriĂšre elle, lĂ  oĂč elle allait, mais elle partait en laissant une popularitĂ© croissante. Lorsque Kazu se rendait chez les femmes du quartier de KĂŽtĂŽ vĂȘtue en cuisiniĂšre, elle se figurait qu'elle Ă©tait une grande dame qui s'habillait en cuisiniĂšre pour mieux duper les gens en se mĂȘlant Ă  eux. Cependant personne ne s'y trompait: le costume d'une cuisiniĂšre allait trĂšs bien Ă  Kazu!
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Yukio Mishima (After the Banquet)
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Quand Marco passait, tous les jeunes hommes Se penchaient pour voir ses yeux, des Sodomes OĂč les feux d'Amour brĂ»laient sans pitiĂ© Ta pauvre cahute, ĂŽ froide AmitiĂ©; Tout autour dansaient des parfums mystiques OĂč l'Ăąme, en pleurant, s'anĂ©antissait. Sur ses cheveux roux un charme glissait; Sa robe rendait d'Ă©tranges musiques Quand Marco passait. Quand Marco chantait, ses mains, sur l'ivoire, Évoquaient souvent la profondeur noire Des airs primitifs que nul n'a redits, Et sa voix montait dans les paradis De la symphonie immense des rĂȘves, Et l'enthousiasme alors transportait Vers des cieux connus quiconque Ă©coutait Ce timbre d'argent qui vibrait sans trĂšves, Quand Marco chantait. Quand Marco pleurait, ses terribles larmes DĂ©fiaient l'Ă©clat des plus belles armes; Ses lĂšvres de sang fonçaient leur carmin Et son dĂ©sespoir n'avait rien d'humain; Pareil au foyer que l'huile exaspĂšre, Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait Dit d'une lionne Ă  l'Ăąpre forĂȘt Communiquant sa terrible colĂšre, Quand Marco pleurait. Quand Marco dansait, sa jupe moirĂ©e Allait et venait comme une marĂ©e, Et, tel qu'un bambou flexible, son flanc Se tordait, faisant saillir son sein blanc; Un Ă©clair partait. Sa jambe de marbre, Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs, et cela faisait Le bruit du vent de la nuit dans un arbre, Quand Marco dansait. Quand Marco dormait, oh! quels parfums d'ambre Et de chair mĂȘlĂ©s opprimaient la chambre! Sous les draps la ligne exquise du dos Ondulait, et dans l'ombre des rideaux L'haleine montait, rhythmique et lĂ©gĂšre; Un sommeil heureux et calme fermait Ses yeux, et ce doux mystĂšre charmait Les vagues objets parmi l'Ă©tagĂšre, Quand Marco dormait. Mais quand elle aimait, des flots de luxure DĂ©bordaient, ainsi que d'une blessure Sort un sang vermeil qui fume et qui bout, De ce corps cruel que son crime absout: Le torrent rompait les digues de l'Ăąme, Noyait la pensĂ©e, et bouleversait Tout sur son passage, et rebondissait Souple et dĂ©vorant comme de la flamme, Et puis se glaçait.
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Paul Verlaine (Oeuvres complĂštes de Paul Verlaine, Vol. 1 PoĂšmes Saturniens, FĂȘtes Galantes, Bonne chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguĂšre)
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FOLCO : "Socialisme" et "communisme" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rĂȘve Ă  laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans mĂȘme y rĂ©flĂ©chir ? TIZIANO : L'idĂ©e du socialisme Ă©tait simple : crĂ©er une sociĂ©tĂ© dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrĂŽler les moyens de production, moyens avec lesquels ils rĂ©duisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher Ă  ta guise, tu peu mĂȘme embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit Ă©norme, qui n'est pas dĂ» uniquement Ă  ton travail, mais Ă©galement au travail de ces personnes-lĂ . Alors, si les travailleurs participent dĂ©jĂ  Ă  l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser copossĂ©der l'usine ? La sociĂ©tĂ© est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de rĂ©soudre ces injustices ? Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empĂȘcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallĂ©e, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive Ă©galement chez celui qui se trouve en bas ? Le socialisme, c'est l'idĂ©e d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a Ă©tĂ© fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlĂšve quelque chose aux autres et ne sert Ă  rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, mĂȘme en Italie ! Toute cette accumulation, Ă  quoi sert-elle ? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert Ă  se construire un yacht, une gigantesque villa Ă  la mer. Souvent, tout cet argent n'est mĂȘme pas recyclĂ© dans le systĂšme qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de lĂ  qu'est nĂ©e l'idĂ©e du socialisme. FOLCO : Et le communisme ? Quelle est la diffĂ©rence entre le socialisme et le communisme ? TIZIANO : Le communisme a essayĂ© d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en crĂ©ant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrĂŽle. DĂšs cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence Ă  mettre en place une police qui contrĂŽle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde Ă  aller au travail Ă  huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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À huit heures et demie du soir, deux tables Ă©taient dressĂ©es. La jolie madame des Grassins avait rĂ©ussi Ă  mettre son fils Ă  cĂŽtĂ© d’EugĂ©nie. Les acteurs de cette scĂšne pleine d’intĂ©rĂȘt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolĂ©s, chiffrĂ©s, et de jetons en verre bleu, semblaient Ă©couter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numĂ©ro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraĂźche de madame des Grassins, la tĂȘte martiale du banquier, celle d’Adolphe, le prĂ©sident, l’abbĂ©, le notaire, et se disait intĂ©rieurement : − Ils sont lĂ  pour mes Ă©cus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. HĂ© ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-lĂ  me servent de harpons pour pĂȘcher ! Cette gaietĂ© de famille, dans ce vieux salon gris, mal Ă©clairĂ© par deux chandelles ; ces rires, accompagnĂ©s par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincĂšres que sur les lĂšvres d’EugĂ©nie ou de sa mĂšre ; cette petitesse jointe Ă  de si grands intĂ©rĂȘts ; cette jeune fille qui, semblable Ă  ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquĂ©e, serrĂ©e par des preuves d’amitiĂ© dont elle Ă©tait la dupe ; tout contribuait Ă  rendre cette scĂšne tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scĂšne de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenĂ©e Ă  sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimĂ© par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient lĂ  qu’une place secondaire, ils animaient trois cƓurs purs, ceux de Nanon, d’EugĂ©nie et sa mĂšre. Encore, combien d’ignorance dans leur naĂŻvetĂ© ! EugĂ©nie et sa mĂšre ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pĂąles idĂ©es, et ne prisaient ni ne mĂ©prisaient l’argent, accoutumĂ©es qu’elles Ă©taient Ă  s’en passer. Leurs sentiments, froissĂ©s Ă  leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette rĂ©union de gens dont la vie Ă©tait purement matĂ©rielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment oĂč madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considĂ©rable qui eĂ»t jamais Ă©tĂ© pontĂ© dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit Ă  la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautĂšrent sur leurs chaises.
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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La bourgeoisie a jouĂ© dans l'histoire un rĂŽle Ă©minemment rĂ©volutionnaire. Partout oĂč elle a conquis le pouvoir, elle a dĂ©truit les relations fĂ©odales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variĂ©s qui unissent l'homme fĂ©odal Ă  ses supĂ©rieurs naturels, elle les a brisĂ©s sans pitiĂ© pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intĂ©rĂȘt, les dures exigences du «paiement comptant». Elle a noyĂ© les frissons sacrĂ©s de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalitĂ© petite-bourgeoise dans les eaux glacĂ©es du calcul Ă©goĂŻste. Elle a supprimĂ© la dignitĂ© de l'individu devenu simple valeur d'Ă©change; aux innombrables libertĂ©s dĂ»ment garanties et si chĂšrement conquises, elle a substituĂ© l'unique et impitoyable libertĂ© de commerce. En un mot, Ă  l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substituĂ© une exploitation ouverte, Ă©hontĂ©e, directe, brutale. La bourgeoisie a dĂ©pouillĂ© de leur aurĂ©ole toutes les activitĂ©s considĂ©rĂ©es jusqu'alors, avec un saint respect, comme vĂ©nĂ©rables. Le mĂ©decin, le juriste, le prĂȘtre, le poĂšte, l'homme de science, elle en a fait des salariĂ©s Ă  ses gages. La bourgeoisie a dĂ©chirĂ© le voile de sentimentalitĂ© touchante qui recouvrait les rapports familiaux et les a rĂ©duits Ă  de simples rapports d'argent.
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Karl Marx
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Les feuilles d’oranger luisaient comme des larmes d’argent, et le chant de la fontaine serpentait sous les arcades. Je scrutai la cour d’un regard dĂ©jĂ  chargĂ© de dĂ©ception et peut-ĂȘtre aussi d’un lĂąche soulagement. Elle Ă©tait lĂ . Sa silhouette se dĂ©coupait devant la fontaine, assise sur un banc, les yeux tournĂ©s vers les arcades du cloĂźtre.
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Carlos Ruiz ZafĂłn (The Shadow of the Wind (The Cemetery of Forgotten Books, #1))
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il y a deux mauvaises maniĂšres d’obtenir du renseignement humain, la torture, car la source dira n’importe quoi pour que cela s’arrĂȘte et l’argent, parce qu’elle dira n’importe quoi pour que cela continue ».
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Jean-Claude Cousseran (Renseigner les démocraties, renseigner en démocratie (OJ.DOCUMENT) (French Edition))
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(Lu en traduction française: ZĂ©ro dĂ©chet.) La nourriture de qualitĂ© se paie, c'est certain, mais, Ă  long terme, elle est meilleure pour nous et pour l'environnement: c'est un investissement que je suis prĂȘte Ă  faire pour la santĂ© de ma famille et celle de la planĂšte. Plus nous achetons de produits bio, plus il y a de chances que leur prix baisse. Chaque fois que je fais les courses, je vote rĂ©solument "Oui aux aliments en vrac!" et "Oui aux produits biologiques!" Pour mes enfants, je rĂȘve d'un avenir plus sain et sans dĂ©chet: je suis heureuse d'y investir mon argent chaque semaine.
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Bea Johnson (Zero Waste Home: The Ultimate Guide to Simplifying Your Life by Reducing Your Waste)
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Face Ă  des Ă©volutions aussi spectaculaires, les discours de justification de l’inĂ©galitĂ© patrimoniale extrĂȘme oscillent souvent entre plusieurs attitudes, et prennent parfois des formes Ă©tonnantes. Dans les pays occidentaux, une distinction trĂšs forte est souvent faite entre d’une part les « oligarques » russes, les pĂ©tro- milliardaires moyen-orientaux et autres milliardaires chinois, mexicains, guinĂ©ens, indiens ou indonĂ©siens, dont on considĂšre souvent qu’ils ne « mĂ©ritent » pas vĂ©ritablement leur fortune, car elle aurait Ă©tĂ© obtenue par l’entremise de relations avec les pouvoirs Ă©tatiques (par exemple par l’appropriation indue de ressources naturelles ou de diverses licences) et ne serait guĂšre utile pour la croissance ; et d’autre part les « entrepreneurs » europĂ©ens et Ă©tatsuniens, californiens de prĂ©fĂ©rence, dont il est de bon ton de chanter les louanges et les contributions infinies au bien-ĂȘtre mondial, et de penser qu’ils devraient ĂȘtre encore plus riches si la planĂšte savait les rĂ©compenser comme ils le mĂ©ritent. Peut-ĂȘtre mĂȘme devrait-on Ă©tendre notre dette morale considĂ©rable Ă  leur Ă©gard en une dette financiĂšre sonnante et trĂ©buchante, ou bien en leur cĂ©dant nos droits de vote, ce qui d’ailleurs n’est pas loin d’ĂȘtre dĂ©jĂ  le cas dans plusieurs pays. Un tel rĂ©gime de justification des inĂ©galitĂ©s, qui se veut Ă  la fois hypermĂ©ritocratique et occidentalo-centrĂ©, illustre bien le besoin irrĂ©pressible des sociĂ©tĂ©s humaines de donner du sens Ă  leurs inĂ©galitĂ©s, parfois au-delĂ  du raisonnable. De fait, ce discours de quasi-bĂ©atification de la fortune n’est pas exempt de contradictions, pour certaines abyssales. Est-on bien sĂ»r que Bill Gates et les autres techno-milliardaires auraient pu dĂ©velopper leurs affaires sans les centaines de milliards d’argent public investies dans la formation et la recherche fondamentale depuis des dĂ©cennies, et pense-t-on vraiment que leur pouvoir de quasi-monopole commercial et de brevetage privĂ© de connaissances publiques aurait pu prospĂ©rer autrement qu’avec le soutien actif du systĂšme lĂ©gal et fiscal en vigueur ?
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Thomas Piketty (Capital and Ideology)
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Dans son rapport inaugural, le Forum, Ă  propos de la mondialisation qu'il a symbolisĂ©e sous ses formes les plus conquĂ©rantes et sĂ»res d'elles-mĂȘmes, Ă©voque avec un sens exquis de l'euphĂ©misme "un risque de dĂ©sillusion". Mais dans les conversations, c'est autre chose. DĂ©sillusion ? Crise ? InĂ©galitĂ©s ? D'accord, si vous y tenez, mais enfin, comme nous le dit le trĂšs cordial et chaleureux PDG de la banque amĂ©ricaine Western Union, soyons clairs : si on ne paie pas les leaders comme ils le mĂ©ritent, ils s'en iront voir ailleurs. Et puis, capitalisme, ça veut dire quoi ? Si vous avez 100 dollars d'Ă©conomies et que vous les mettez Ă  la banque en espĂ©rant en avoir bientĂŽt 105, vous ĂȘtes un capitaliste, ni plus ni moins que moi. Et plus ces capitalistes comme vous et moi (il a rĂ©ellement dit "comme vous et moi", et mĂȘme si nous gagnons fort dĂ©cemment notre vie, mĂȘme si nous ne connaissons pas le salaire exact du PDG de la Western Union, pour ne rien dire de ses stock-options, ce "comme vous et moi" mĂ©rite Ă  notre sens le pompon de la "brĂšve de comptoir" version Davos), plus ces capitalistes comme vous et moi, donc, gagneront d'argent, plus ils en auront Ă  donner, pardon Ă  redistribuer, aux pauvres. L'idĂ©e ne semble pas effleurer cet homme enthousiaste, et Ă  sa façon, gĂ©nĂ©reux, que ce ne serait pas plus mal si les pauvres Ă©taient en mesure d'en gagner eux-mĂȘms et ne dĂ©pendaient pas des bonnes dispositions des riches. Faire le maximum d'argent, et ensuite le maximum de bien, ou pour les plus sophistiquĂ©s faire le maximum de bien en faisant le maximum d'argent, c'est le mantra du Forum, oĂč on n'est pas grand-chose si on n'a pas sa fondation caritative, et c'est mieux que rien, sans doute "(vous voudriez quoi ? Le communisme ?"). Ce qui est moins bien que rien, en revanche, beaucoup moins bien, c'est l'effarante langue de bois dans laquelle ce mantra se dĂ©cline. Ces mots dont tout le monde se gargarise : prĂ©occupation sociĂ©tale, dimension humaine, conscience globale, changement de paradigme
 De mĂȘme que l'imagerie marxiste se reprĂ©sentait autrefois les capitalistes ventrus, en chapeau haut de forme et suçant avec voluptĂ© le sang du prolĂ©tariat, on a tendance Ă  se reprĂ©senter les super-riches et super-puissants rĂ©unis Ă  Davos comme des cyniques, Ă  l'image de ces traders de Chicago qui, en rĂ©ponse Ă  Occupy Wall Street, ont dĂ©ployĂ© au dernier Ă©tage de leur tour une banderole proclamant : "Nous sommes les 1%". Mais ces petits cyniques-lĂ  Ă©taient des naĂŻfs, alors que les grands fauves qu'on cĂŽtoie Ă  Davos ne semblent, eux, pas cyniques du tout. Ils semblent sincĂšrement convaincus des bienfaits qu'ils apportent au monde, sincĂšrement convaincus que leur ingĂ©nierie financiĂšre et philanthropique (Ă  les entendre, c'est pareil) est la seule façon de nĂ©gocier en douceur le fameux changement de paradigme qui est l'autre nom de l'entrĂ©e dans l'Ăąge d'or. Ça nous a Ă©tonnĂ©s dĂšs le premier jour, le parfum de new age qui baigne ce jamboree de mĂąles dominants en costumes gris. Au second, il devient entĂȘtant, et au troisiĂšme on n'en peut plus, on suffoque dans ce nuage de discours et de slogans tout droit sortis de manuels de dĂ©veloppement personnel et de positive thinking. Alors, bien sĂ»r, on n'avait pas besoin de venir jusqu'ici pour se douter que l'optimisme est d'une pratique plus aisĂ©e aux heureux du monde qu'Ă  ses gueux, mais son inflation, sa dĂ©connexion de toute expĂ©rience ordinaire sont ici tels que l'observateur le plus modĂ©rĂ© se retrouve Ă  osciller entre, sur le versant idĂ©aliste, une indignation rĂ©volutionnaire, et, sur le versant misanthrope, le sarcasme le plus noir. (p. 439-441)
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Emmanuel CarrĂšre (Il est avantageux d'avoir oĂč aller)
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MehrĂąb tient derriĂšre le voile une fille dont le visage est plus beau que le soleil. Elle est de la tĂȘte aux pieds comme de l'ivoire, ses joues sont comme le paradis, sa taille est comme un platane [sĂąj]. Sur son cou [Ă©paule] d'argent tombent deux boucles musquĂ©es, dont les bouts sont courbĂ©s comme des anneaux de pied. Sa bouche [ses joues] est comme la fleur du grenadier, ses lĂšvres sont comme des cerises, et de son buste d'argent s'Ă©lĂšvent deux pommes de grenade. Ses deux yeux sont comme deux narcisses dans un jardin, ses cils ont empruntĂ© leur couleur de l'aile du corbeau, ses deux sourcils sont comme un arc de TharĂąz, couvert d'une Ă©corce colorĂ©e dĂ©licatement par le musc. Si tu vois la lune, c'est son visage ; si tu sens le musc, c'est le parfum de ses cheveux. C'est un paradis ornĂ© de toutes parts rempli de grĂąces, d'agrĂ©ments et de charmes.
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Abolqasem Ferdowsi (ShĂąhnĂąmeh : Le Livre des Rois persans)
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Sans la musique, j’aurais fini au cabanon comme Nijinski. (Ce fut justement vers cette Ă©poque qu’on s’aperçut qu’il Ă©tait fou. Ne s’amusait-il pas Ă  distribuer tout son argent aux pauvres – mauvais signe, toujours !) Mon esprit regorgeait de trĂ©sors extraordinaires, j’avais le goĂ»t aigu et exigeant, les muscles en excellent Ă©tat, l’appĂ©tit vigoureux, le souffle bon. Je n’avais rien Ă  faire que profiter, me perfectionner et je faisais tant de progrĂšs tous les jours que j’en devenais fou. MĂȘme s’il se prĂ©sentait un travail convenable, je ne pouvais l’accepter ; ce dont j’avais besoin, c’était, non de travail, mais d’une vie plus riche. Je ne pouvais perdre mon temps Ă  donner des leçons, Ă  devenir avocat, mĂ©decin, politicien, Ă  rĂ©pondre aux offres de la sociĂ©tĂ©. Mieux valait accepter des besognes serviles ; elles me laissaient ma libertĂ© d’esprit. Je perdis ma place d’éboueur.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Le scolaire n’est pas vĂ©ritablement compatible avec l’extatique : c’est l’un des traits de l’enseignement que savait dispenser Heidegger, le plus dĂ©concertant des professeurs de sa discipline. [
] La philosophie, conçue comme une mĂ©ditation de l’état d’exception, est dans sa consĂ©quence ultime une dimension anti-scolaire. Car l’école incarne l’intĂ©rĂȘt pour les Ă©tats normaux [
]. Sous le nom de code de « post-modernitĂ© » s’est installĂ©, depuis au moins deux dĂ©cennies, un Ă©tat de conscience post-extrĂ©miste dans lequel ressurgit une pensĂ©e des situations moyennes. [
] De ce point de vue, il a une valeur civilisatrice que l’on doit approuver sans rĂ©serve dans une perspective citoyenne. Il ne faut pas oublier, du reste, que la dĂ©mocratie implique en soi la culture des situations moyennes. L’esprit peut bien recracher les tiĂšdes, la sagesse affirme, contre lui, que la tiĂ©deur est la tempĂ©rature de la vie. [
] Quand on le comprend correctement, le temps prĂ©sent continue plus que jamais [
] Ă  rĂ©clamer une pensĂ©e des grandes circonstances [
]. Le plus extrĂȘme qu’il y ait Ă  penser aujourd’hui se cache plutĂŽt dans les routines de la rĂ©volution permanente, dont nous savons aujourd’hui qu’elle s’inscrit dans la dynamique interne des sociĂ©tĂ©s avancĂ©es propulsĂ©es par l’argent et dont on est forcĂ© d’avoir l’impression qu’aucune rĂ©volution politique ne peut la rattraper.
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Peter Sloterdijk (La Domestication De L'ĂȘtre)
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Ils se sentaient toutefois le droit de faire la leçon aux imprévoyants ou de menacer l'enfant que sa mÚre envoyait exprÚs aux courses à sa place en fin de semaine, sans argent : « Dis à ta mÚre qu'elle tùche de me payer, sinon je ne la servirai plus. » Ils ne sont plus ici du bord le plus humilié.
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Annie Ernaux (La Place)
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La mort de la prophĂ©tesse Je vous ai laissĂ©s avec le soleil et les eaux aux rames, et je vous retrouve tuĂ©s avec les faux et les lames. C’est Ă  vous et Ă  vous que j’ai laissĂ© ce jardin plein de grenades et de rosĂ©e, pour en faucher l’herbe, pour en cueillir les fruits, et vivre unis ! Mais Ă  peine ai-je fermĂ© la porte, et mes cendres balayĂ©es, le vent les emporte. À peine j’ai franchi le seuil, au dĂ©part, et vous avez dĂ©chirĂ© mon livre et mon Ă©tendard. La cour, je ne l’avais pas encore quittĂ©e, et quelqu’un est sorti pour s’assurer que je n’étais pas de retour. Un autre regardait le ciel par la bouche du four, dans l’espace apercevant ma cheville, sur des ponts d’argent. Suivie par les cyclones qui me mettent en chasse, je reviendrais par la voie des navires, mais elle pĂšse sur moi, la Mer des Sargasses, muraille que l’OcĂ©an seul peut bĂątir. (traduit du roumain par Elisabeta Isanos)
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Magda Isanos (Cantarea muntilor)
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Grain aprÚs grain, la fée des sables bùtit des dunes dorées Pour y enfouir ses trésors dont nul n'a pu percer le secret. Taquine, elle saupoudre les monts, de poussiÚre de nacre Qui brille au soleil comme de l'argent, mais n'est qu'un simulacre.
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Véronique Barrau (Les fées de la nature)
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Mais lĂ  encore, que d'hypocrisie et d'aveuglement! La prostitution est-elle la seule activitĂ© professionnelle oĂč s'exerce une soumission du corps Ă  la loi de l'argent? N'y a-t-il pas quantitĂ© de mĂ©tiers dans lesquels le corps du travailleurs est pro-stitutĂ©, c'est-Ă -dire, littĂ©ralement exposĂ© devant, voire malmenĂ©, mis en danger? Le travail Ă  l'usine, Ă  la mine, voire dans le mannequinat, n'implique-t-il pas une mise Ă  disposition du corps, dans des conditions souvent dĂ©gradantes? Au nom de quelle idĂ©ologie sexuelle sanctifiante juge-t-on que le sexe tarifĂ© est plus indigne que d'autres contrats impliquant l'instrumentalisation du corps et une marchandisation de la force du travail?
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Olivia Gazalé (Le Mythe de la virilité (French Edition))
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De tous les bords, tous les journaux (il en est dans toutes les langues et tous les formats) l'annoncent d'un mĂȘme coeur au monde : l'amour universel, les voies ferrĂ©es, le commerce, la vapeur, l'imprimerie, le cholĂ©ra, embrasseront ensemble tous les pays et les climats [...] Certes, la terre ne se se nourrira pas pour autant de glands, si la faim ne l'y force ; elle ne dĂ©posera pas le dur soc ; souvent elle mĂ©prisera l'or et l'argent pour se contenter de billets. La gĂ©nĂ©reuse race ne se privera pas non plus du sang bien-aimĂ© de ses frĂšres - et mĂȘme elle couvrira de cadavres l'Europe et l'autre rive de l'Atlantique, jeune mĂšre d'une pure civilisation, chaque fois qu'une fatale raison de poivre, de cannelle, de canne Ă  sucre ou de quelque autre Ă©pice, ou toute autre raison qui tourne Ă  l'or, poussera dans des camps contraires la fraternelle engeance. Sous tout rĂ©gime, la vraie valeur, la modestie et la foi, l'amour de la justice seront toujours Ă©trangers, exclus des relations civiles, et sans cesse malheureux, accablĂ©s et vaincus, car la nature a voulu qu'ils restassent cachĂ©s. L'impudence, la fraude et la mĂ©diocritĂ© triompheront toujours, destinĂ©s par nature Ă  surnager. Quiconque a la force et le pouvoir, qu'il les cumule ou ls partage, il en abusera, sous quelque nom que ce soit. (Palinodia, palinodie)
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Giacomo Leopardi (Canti)
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Les filles comme moi gùchaient la journée des médecins. Sans argent et sans relations -- sinon elles ne seraient pas venue échouer à l'aveuglette chez eux --, elles les obligeaient à se rappeler la loi quoi pouvait les envoyer en prison et leur interdire d'exercer pour toujours.
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Annie Ernaux (Happening)
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Mare, Mareena, la faiseuse d’éclairs, la reine rouge et personne. Elle n’a pas l’air inquiĂšte. Elle a l’air taillĂ©e dans la pierre, avec des traits sĂ©vĂšres, les cheveux tressĂ©s et plaquĂ©s sur son crĂąne, un enchevĂȘtrement de cicatrices dans le cou. Elle n’a pas dix-sept ans mais elle est sans Ăąge. Argent mais pas vraiment, rouge mais pas vraiment, humaine
 mais pas vraiment.
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Victoria Aveyard (Glass Sword (Red Queen, #2))
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Chaque matin, avant de partir Ă  son tour, elle nous prĂ©parait le repas du midi et dĂ©posait sur la table une piĂšce de cinq francs. Cette piĂšce, ce minuscule cercle d’argent, Ă©tait pour nous la promesse du meilleur moment de la journĂ©e : celui oĂč le marchand de glaces et son camion sonore se garaient devant notre immeuble.
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JĂ©rĂŽme Loubry (Le douziĂšme chapitre)
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C'est le manque de nouvelles sensations qui pousse a consommer plus pour obtenir du plaisir. Tout est question de culture et de gout. Mais accepter de regarder les choses avec les yeux d'une autre culture permet d'enrichir notre propre quotiden. Pour manger beau, bon et sain et en faire un style de vie, il faut enrayer la monotonie et la morosite. Manger beau, bon et sain fait partie des plus grands plaisirs de la vie. La beaute nourrit autant que les vitamines. Les Japonais considerent que la grandeur d'un repas tient a 50% dans sa presentation et a 50% dans son gout. L'esthetique en general et dans chaque detail du quotidien exerce des pouvoirs magiques sur notre moral, notre psychisme, notre bonheur. Il n'est pas necessaire d'avoir beaucoup de moyens, mais d'utiliser ce que l'on possede avec style, elegance et gout. Si les gens etaient davantage entoures de beaute, ils ressentiraient moins le besoin de consommer, de detruire, de gagner de l'argent a tout prix. Selon les Chinois, seul le sauvage et le barbare ne cuisinent pas. Tout Chinois eprouve le besoin de cuisiner pour se sentir vivre et apprivoiser le naturel qui sommeille au coeur de l'Homme. Nul exercice de yoga, nulle meditation dans une chapelle ne vous remontera plus le moral que la simple tache de fabriquer votre propre pain. M.F.K Fisher, The art of eating Le o bento est probablement l'une des formes du zen la plus pratique, populaire et accessible a tous: tout prevoir a l'avance, se prendre en charge sans dependre d'autrui, ne pas gaspiller et soigner sa sante tout en vivant avec art. La lassitude gastronomique conduit a une alimentation malsaine, a la morosite de la vie et a la maladie. Les taches domestiques seront peut-etre revalorisees le jour ou nous comprendrons l'importance qu'elles ont sur notre equilibre physique et psychologique. Il faut etre tres riche pour s'enrichir encore en se depouillant. L'art culinaire est devenu une mode, qui, comme tant d'autres formes de boulimie ( plaisir, bonheur, exotisme, depaysement ), nous susurre constamment: "changez, essayez, achetez". Les habitudes etant une seconde nature, tout ce a quoi nous nous habituons perd de son charme.
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Dominique Loreau (L'art de la frugalité et de la volupté)
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Entre ma paillasse et la planche du lit, j'avais trouvĂ©, en effet, un vieux morceau de journal presque collĂ© Ă  l'Ă©toffe, jauni et transparent. Il relatait un fait divers dont le dĂ©but manquait, mais qui avait dĂ» se passer en TchĂ©coslovaquie. Un homme Ă©tait parti d'un village tchĂšque pour faire fortune. Au bout de vingt-cinq ans, riche, il Ă©tait revenu avec une femme et un enfant. Sa mĂšre tenait un hĂŽtel avec sa sƓur dans son village natal. Pour les surprendre, il avait laissĂ© sa femme et son enfant dans un autre Ă©tablissement, Ă©tait allĂ© chez sa mĂšre qui ne l'avait pas reconnu quand il Ă©tait entrĂ©. Par plaisanterie, il avait eu l'idĂ©e de prendre une chambre. Il avait montrĂ© son argent. Dans la nuit, sa mĂšre et sa sƓur l'avaient assassinĂ© Ă  coups de marteau pour le voler et avaient jetĂ© son corps dans la riviĂšre. Le matin, la femme Ă©tait venue, avait rĂ©vĂ©lĂ© sans le savoir l'identitĂ© du voyageur. La mĂšre s'Ă©tait pendue. La sƓur s'Ă©tait jetĂ©e dans un puits. J'ai dĂ» lire cette histoire des milliers de fois. D'un cĂŽtĂ©, elle Ă©tait invraisemblable. D'un autre, elle Ă©tait naturelle. De toute façon, je trouvais que le voyageur l'avait un peu mĂ©ritĂ© et qu'il ne faut jamais jouer.
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Albert Camus (L'Étranger)
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C'est ça, le progrĂšs Ă©conomique. Plus nos fermes et nos usines amĂ©liorent leur rendement, plus leur part dans notre Ă©conomie diminue. Et plus les secteurs de l'agriculture et des biens manufacturĂ©s sont productifs, moins ils font travailler les gens. Dans le mĂȘme temps, ce transfert gĂ©nĂšre plus d'emplois dans le secteur des services. Mais pour pouvoir dĂ©nicher un job dans ce nouveau monde de consultants, de comptables, de programmeurs, de conseillers, de courtiers et d'avocats, il faut des rĂ©fĂ©rences. C'est cette Ă©volution qui a crĂ©Ă© une immense richesse. Ironiquement, pourtant, elle a aussi donnĂ© naissance Ă  un systĂšme oĂč de plus en plus de gens peuvent gagner de l'argent sans contribuer Ă  rien qui ait une valeur tangible pour la sociĂ©tĂ©. On peut appeler ça le paradoxe du progrĂšs: ici, en pays d'abondance, plus nous devenons riches et intelligents, plus on peut se passer de nous.
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Rutger Bregman (Utopia for Realists: How We Can Build the Ideal World)
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pot /po/ I. nm 1. (rĂ©cipient, contenu) container; (en verre) jar; (en plastique) carton, tub; (en faĂŻence, terre) pot; (pichet) jug ‱ ~ de verre | glass jar ‱ mettre qch en ~ | to put [sth] into jars [confiture, fruits]; to pot [plante] ‱ plante en ~ | potted plant ‱ ~ de marmelade | jar of marmalade ‱ ~ de yaourt (en verre) jar of yoghurt; (en plastique) carton of yoghurt ‱ acheter un ~ de peinture | to buy a tin of paint ‱ garder les ~s de confiture | to save jam jars ‱ rĂ©utiliser les ~s de peinture | to re-use the paint tins ‱ il a fallu trois ~s de peinture | it took three tins of paint voir aussi: cuiller 2. (de chambre) pot; (de bĂ©bĂ©) potty ‱ aller sur le ~ (ponctuellement) to go on the potty ‱ depuis un mois il va sur le ~ | he's been potty-trained for a month now 3. ○(boisson) drink ‱ prendre un ~ | to have a drink 4. ○(rĂ©union) do (familier) (GB), drinks party ‱ ~ d'accueil/d'adieu | welcoming/farewell party 5. ○(chance) luck ‱ elle n'a pas eu de ~ | she hasn't had much luck ‱ avoir du ~ | to be lucky ‱ avoir un coup de ~ | to have a stroke of luck ‱ (par un) coup de ~, la porte Ă©tait ouverte | as luck would have it, the door was open 6. (argent commun) kitty ‱ ramasser le ~ | (Jeux) to win the kitty II. Idiomes 1. payer les pots cassĂ©s | to pick up the pieces 2. c'est le pot de terre contre le pot de fer | it's an unequal contest 3. ce sera Ă  la fortune du pot | you'll have to take pot luck 4. dĂ©couvrir le pot aux roses | to stumble on what's been going on 5. ĂȘtre sourd comme un pot○ | to be as deaf as a post 6. tourner autour du pot | to beat about the bush 7. payer plein pot○ | to pay full price 8. partir or dĂ©marrer plein pot○ | to be off ou go off like a shot (familier) pot catalytique catalytic converter pot de chambre chamber pot pot de colle (lit) pot of glue; (fig) informal leech pot Ă  eau water jug (GB), pitcher (US) pot d'Ă©chappement (silencieux) silencer (GB), muffler (US); (systĂšme) exhaust
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Synapse DĂ©veloppement (Oxford Hachette French - English Dictionary (French Edition))
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elle m’a dit qu’il Ă©tait parti vivre en Irlande, mais qu’un jour, quand elle aurait de l’argent et une nouvelle dent, elle irait le retrouver.
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Delphine de Vigan (No et moi)
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J'ai des amis qui sont parents et qui ne se sentent pas obligĂ©s pour autant d'avoir chacun une grosse job steady ou de prendre le plus de contrats possible pour en piler pendant que c'est le temps. Certains sont travailleurs autonomes, d'autres travaillent Ă  salaire pendant que leur conjoint s'occupe des enfants. Je connais des mĂšres et des pĂšres au foyer nouveau genre et des couples qui travaillent Ă  temps partiel. Certains sont pas mal Ă©colos sur les bords, c'est sĂ»r, d'autres un peu hippies, altermondialistes ou vĂ©gĂ©taliens. D'autres non. Plusieurs ont juste un sens commun un peu diffĂ©rent du gros bon sens qui s'Ă©nonce aujourd'hui sur toutes les tribunes. Leurs enfants sont bien--je ne veux pas dire parfaits, je veux dire aussi bien que les autres. Pas moins heureux, pas moins Ă©quilibrĂ©s, pas moins beaux. Des petits hipsters de friperie qui passent beaucoup de temps avec leur pĂšre et leur mĂšre. Ils ont tout ce dont ils ont besoin, mĂȘme s'ils se passent de certaines choses. Et la plupart des affaires dont ils se privent n'ont pas l'air de leur manquer tant que ça. Ces gens-lĂ  font des choix de vie dont le motif premier n'est pas l'argent, et ils s'arrangent. Ils ne sont ni riches, ni pauvres, mais ils ne se rĂ©clament pas de la classe moyenne. Ils ne se reconnaissent pas en elle et elle ne se reconnaitrait pas en eux. Ils dĂ©pensent moins qu'elle, consomment moins qu'elle et polluent moins qu'elle aussi. Certains vivent mĂȘme en partie de ce qu'elle jette. Ils ont moins Ă  perdre qu'elle, aussi, et moins peur des tempĂȘtes qui s'annoncent. Ils ne portent pas encore de nom et pourtant ils existent. Et c'est eux le sel de la terre, dĂ©sormais.
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Samuel Archibald (Le sel de la terre)
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HomĂšre donne Ă  un simple artisan le nom de sage, c'est ainsi qu'il s'exprime sur un certain Margites : « Les dieux n'en firent ni un cultivateur ou fossoyeur, ni un sage en quoi que ce soit ; il ne rĂ©ussit en aucun art. » HĂ©siode, aprĂšs avoir dit que Linus le joueur de harpe Ă©tait versĂ© dans toutes sortes de sagesses, ne craint pas de nommer sage un matelot. Il ne montre, Ă©crit-il, aucune sagesse dans la navigation. Que dit le prophĂšte Daniel : « Les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent dĂ©couvrir au roi le secret dont il s'inquiĂšte; mais il est un Dieu dans le ciel qui rĂ©vĂšle les mystĂšres. » Ainsi Daniel salue du nom de sages les savants de Babylone. Ce qui prouve clairement que l'Écri- 17 ture enveloppe sous la mĂȘme dĂ©nomination de sagesse toute science ou tout art profane, enfin tout ce que l'esprit de l'homme a pu concevoir et imaginer, et que toute invention d'art ou de science vient de Dieu ; ajoutons les paroles suivantes, elles ne laisseront aucun doute : « Et le Seigneur parla Ă  MoĂŻse en ces termes : VoilĂ  que j'ai appelĂ© BĂ©sĂ©lĂ©el, fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, et je l'ai rempli d'un divin esprit de sagesse, d'intelligence et de science, pour inventer et exĂ©cuter toutes sortes d'ouvrages, pour travailler l'or et l'argent, et l'airain, et l'hyacinthe, et le porphyre, et le bois de l'arbre qui donne l'Ă©carlate, et pour exĂ©cuter tous les travaux qui concernent l'architecte et le lapidaire, et pour travailler les bois, etc. » Dieu poursuit de la sorte jusqu'Ă  ces mots : « Et tous les ouvrages. » Puis il se sert d'une expression gĂ©nĂ©rale pour rĂ©sumer ce qu'il vient de dire : « Et j'ai mis l'intelligence dans le cƓur de tous les ouvriers intelligents; » c'est-Ă -dire, dans le cƓur de tous ceux qui peuvent la recevoir par le travail et par l'exercice. Il est encore Ă©crit d'une maniĂšre formelle, au nom du Seigneur : « Et toi, parle Ă  tous ceux qui ont la sagesse de la pensĂ©e, et que j'ai remplis d'un esprit d'intelligence. » Ceux-lĂ  possĂšdent des avantages naturels tout particuliers; pour ceux qui font preuve d'une grande aptitude, ils ont reçu une double mesure, je dirai presque un double esprit d'intelligence. Ceux mĂȘme qui s'appliquent Ă  des arts grossiers, vulgaires, jouissent de sens excellents. L'organe de l'ouĂŻe excelle dans le musicien, celui du tact dans le sculpteur, de la voix dans le chanteur, de l'odorat dans le parfumeur, de la vue dans celui qui sait graver des figures sur des cachets. Mais ceux qui se livrent aux sciences ont un sentiment spĂ©cial par lequel le poĂšte a la perception du mĂštre; le rhĂ©teur, du style; le dialecticien, du raisonnement ; le philosophe, de la contemplation qui lui est propre. Car, c'est Ă  la faveur de ce sentiment ou instinct qu'on trouve et qu'on invente, puisque c'est lui seul qui peut dĂ©terminer l'application de notre esprit. Cette application s'accroit Ă  raison de l'exercice continu. L'apĂŽtre a 18 donc eu raison de dire que « la sagesse de Dieu revĂȘt mille formes diverses, » puisque que pour notre bien elle nous rĂ©vĂšle sa puissance en diverses occasions et de diverses maniĂšres, par les arts, par la science, par la foi, par la prophĂ©tie. Toute sagesse vient donc du Seigneur, et elle est avec lui pendant tous les siĂšcles, comme le dit l'auteur du livre de la sagesse : « Si tu invoques Ă  grands cris l'intelligence et la science, si tu la cherches comme un trĂ©sor cachĂ©, et que tu fasses avec joie les plus grands efforts pour la trouver, tu comprendras le culte qu'il faut rendre au Seigneur, et tu dĂ©couvriras la science de Dieu. »
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Clement of Alexandria (Miscellanies (Stromata))
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Violante lui adressa un sourire lĂ©gĂšrement crispĂ©. son regard s'attarda un instant sur le chiot qui jappait dans leur direction. elle ressentit un Ă©trange pincement au cƓur. Bien sĂ»r, il Ă©tait ravissant. DĂ©sarmant de candeur, mĂȘme. Pourtant, elle sentait au fond d'elle-mĂȘme qu'on avait touchĂ© lĂ  Ă  quelque chose d'interdit. Une fois de plus, LĂ©on avait vu juste. Les gens riches ne valaient pas mieux que les autres. sous les robes de soie et les cannes en argent, la cruautĂ© Ă©tait la mĂȘme.
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Floriane Soulas (Rouille)
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Les Japonais du Pacifique ne cherchent pas Ă  sauver leur vie; ils pensent que leur pays va disparaĂźtre : qui voudrait survivre Ă  cela? Et si l'on ne peut plus empĂȘcher leur victoire, c'est quelque chose Ă  faire encore, de priver l'adversaire des vaincus. Car de toutes les civilisations, celle des États-Unis d'AmĂ©rique a ceci de particulier qu'elle a besoin de vaincus. Elle a besoin de ces Japonais dĂ©sespĂ©rĂ©s, elle a besoin d'Allemands et d'Italiens pouilleux et martyrisĂ©s, elle a besoin de Français et de Belges honteux, elle a besoin d'eux comme un fils aimant et dĂ©ment rĂȘve que ses parents soient gĂąteux, afin de pouvoir les nourrir, de les aider Ă  reconstruire, de leur prĂȘter de l'argent, de leur vendre, de leur acheter.
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Stéphane Audeguy (The Theory of Clouds)