D Va Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to D Va. Here they are! All 100 of them:

Voilà, ma petite Amélie, vous n'avez pas des os en verre. Vous pouvez vous cogner à la vie. Si vous laissez passer cette chance, alors avec le temps, c'est votre cœur qui va devenir aussi sec et cassant que mon squelette. Alors, allez-y, nom d'un chien!
Jean-Pierre Jeunet
On ne reste pas parce qu'on aime certaines personnes; on s'en va parce qu'on en déteste d'autres. Il n'y a que le moche qui vous fasse agir. On est lâches.
Boris Vian (L'arrache-coeur)
Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange, Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange. La chose simplement d'elle-même arriva, Comme la nuit se fait lorsque le four s'en va.
Victor Hugo (Les Misérables)
Porque el dolor no se va, ni se acaba, sólo muta.
Lissa D'Angelo (Sin Historial)
Il dort. Quoique le sort fut pour lui bien étrange, Il vivait. Il mourut quand il n’eut plus son ange. La choise simplement d’elle-même arriva. Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va. He is asleep. Though his mettle was sorely tried, He lived, and when he lost his angel, died. It happened calmly, on its own. The way night comes when day is done.
Victor Hugo (Les Misérables)
Oamenii sunt îngeri cât trăiesc, îngeri cu o singură aripă. Toată viaţa nu fac altceva decât să-şi caute aripa pereche, acea parte lipsă care îi va ridica până la cer cât sunt încă vii. Şi ce greu e s-o găseşti!
Moise D. (Gol de timp)
A me m'ha sempre colpito questa faccenda dei quadri. Stanno su per anni, poi senza che accada nulla, ma nulla dico, fran, giù, cadono. Stanno lì attaccati al chiodo, nessuno gli fa niente, ma loro a un certo punto, fran, cadono giù, come sassi. Nel silenzio più assoluto, con tutto immobile intorno, non una mosca che vola, e loro, fran. Non c'è una ragione. Perché proprio in quell'istante? Non si sa. Fran. Cos'è che succede a un chiodo per farlo decidere che non ne può più? C'ha un'anima, anche lui, poveretto? Prende delle decisioni? Ne ha discusso a lungo col quadro, erano incerti sul da farsi, ne parlavano tutte le sere, da anni, poi hanno deciso una data, un'ora, un minuto, un istante, è quello, fran. O lo sapevano già dall'inizio, i due, era già tutto combinato, guarda io mollo tutto tra sette anni, per me va bene, okay allora intesi per il 13 maggio, okay, verso le sei, facciamo sei meno un quarto, d'accordo, allora buonanotte, 'notte. Sette anni dopo, 13 maggio, sei meno un quarto, fran. Non si capisce. È una di quelle cose che è meglio che non ci pensi, se no ci esci matto. Quando cade un quadro. Quando ti svegli un mattino, e non la ami più. Quando apri il giornale e leggi che è scoppiata la guerra. Quando vedi un treno e pensi io devo andarmene da qui. Quando ti guardi allo specchio e ti accorgi che sei vecchio. Quando, in mezzo all'Oceano, Novecento alzò lo sguardo dal piatto e mi disse: "A New York, fra tre giorni, io scenderò da questa nave". Ci rimasi secco. Fran.
Alessandro Baricco (Novecento. Un monologo)
Oamenii sunt de două feluri, unii sunt asemeni unor oglinzi, dacă îţi reflecţi iubirea în ei, o vei primi înapoi. Exact cum faci tu când te priveşti în oglindă, îi oferi o imagine şi ea te răsplăteşte cu alta la fel. Sunt însă şi oameni care nu pot oglindi, e ca şi cum ai încerca să-ţi priveşti chipul în perete. Poţi sta acolo mult şi bine, nu-ţi va oferi nimic. Doar dacă vor dori, se vor putea transforma în oglinzi.
Moise D. (Gol de timp)
C'est bien d'avoir eu un ami, même si l'on va mourir.
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
Vorrei poter fermare il tempo e vivere così per sempre" Di solito questi riferimenti al suo imperituro amore nei miei confronti mi fanno sentire in colpa e a disagio. Ma mi sento così tranquilla e rilassata e al di là di qualsiasi preoccupazione per un futuro che comunque non avrò che mi lascio sfuggire due semplici parole: "Va bene" Sento il sorriso nella sua voce. "Allora sei d'accordo?" "Sono d'accordo" dico io.
Suzanne Collins (Catching Fire (The Hunger Games, #2))
Mais oui, je t'aime, lui dit la fleur. Tu n'en a rien su , par ma faute. Cela n'a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d'être heureux. Tu as décidé de partir. Va t'en.
Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un être vivant.
Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
That wind. I see it's blowing now. Furtive but commanding, it has dictated every move we've ever made. My mother felt it, and so do I - even here, even now - as it sweeps us like leaves into his backseat corner, dancing us to shreds against the stones. V'la l'bon vent, v'a l'joli vent. I though we'd silenced it for good. But the smallest thing can wake the wind@ a word, a sign, even a death. There's no such thing as a trivial thing. Everything costs; it all adds up until finally the balance shifts and we're gone again, back on the road, telling ourselves - well maybe next time
Joanne Harris (The Lollipop Shoes (Chocolat, #2))
Iubește! Să iubești mereu câte ceva, o dimineaţă, cana de cafea, floarea din fereastră, drumul spre şcoală, iubeşte oamenii, iubeşte tot. Mărunt sau imens, colorat sau şters, oricum ar fi. Nu ştii de unde se întoarce iubirea. Dacă stai cu ea în braţe şi cauți pe cineva să o dăruieşti, nu vei fi niciodată fericit pentru că îţi va fi greu să găseşti pe cineva care să merite cu adevărat. Iar în timp, vei deveni şi mai pretenţios. Vei muri singur cu un munte de iubire lângă tine. Împrăşti-o în jurul tău. Vei fi fericit în fiecare zi pentru că vei putea spune "Azi iubesc!
Moise D. (Gol de timp)
Many people say that psychiatrists just want to push drugs. Well I seriously have to say, without medication, I’d be locked up in a VA hospital somewhere.
Stanley Victor Paskavich (Stantasyland: Quips Quotes and Quandaries)
On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature; ce n'est pas ma faute. Si donc, je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute. Si, par exemple, j'ai eu juste autant d'amour que toi de vertu, et c'est surement beaucoup dire, il n'est pas étonnant que l'un ait fini en même temps que l'autre. Ce n'est pas ma faute. Il suit de là, que depuis quelque temps je t'ai trompée: mais aussi ton impitoyable tendresse m'y forçait en quelque sorte! Ce n'est pas ma faute. Aujourd'hui, une femme que j'aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n'est pas ma faute. Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure: mais si la Nature n'a accordé aux hommes que la constance, tandis qu'elle donnait aux femmes l'obstination, ce n'est pas ma faute. Crois-moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une maîtresse. Ce conseil est bon, très bon; si tu le trouve mauvais, ce n'est pas ma faute. Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regrets: je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n'est pas ma faute.
Pierre Choderlos de Laclos (Les liaisons dangereuses)
L'amour est comme une fièvre qui va et vient tout à fait indépendamment de la volonté. ... Il n'y a pas de limite d'âge pour l'amour. ... L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'esprit.
Stendhal (Love)
Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ?
Denis Diderot
Uneori, destinul îţi oferă ce îţi doreşti. Trebuie doar să ceri puţin. Nu un întreg, ci o mică parte din el. Nu întreaga scară, ci doar o treaptă. Apoi să aduni treaptă cu treaptă, cu răbdare şi perseverenţă şi singur să-ţi construieşti scara care te va duce până la cer.
Moise D. (Poveşti despre lucruri mărunte)
Tout est encore possible et le monde médical est tout neuf. Ca ne va pas durer. Ils le savent bien. Ils sont là au bon moment pour avoir leur nom en latin accolé à celui d'un bacille.
Patrick Deville (Peste & Choléra)
Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres, Nos silences, nos paroles, La lumière qui s’en va, la lumière qui revient, Un seul sourire pour nous deux, Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d’apparence, Ô bien-aimé de tous et bien-aimé d’un seul, En silence ta bouche a promis d’être heureuse, De loin en loin, ni la haine, De proche en proche, ni l’amour, Par la caresse nous sortons de notre enfance, Je vois de mieux en mieux la forme humaine, Comme un dialogue amoureux, le cœur ne fait qu’une seule bouche Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser, Les sentiments à la dérive, les hommes tournent dans la ville, Le regard, la parole et le fait que je t’aime, Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre, D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime, J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumière, Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir, Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
Paul Éluard
... Je n'en pouvais plus de me languir d'elle, je n'en pouvais plus de tendre la main vers elle et de ne rencontrer que son absence au bout de mes doigts. Je me disais: Elle va te repousser, elle va te dire des mots très durs, elle va te faire tomber le ciel sur la tête; cela ne me dissuadait pas. Je ne craignais plus de résilier les serments, de broyer mon âme dans l'étreinte de mon poing; je ne craignais plus d'offenser les dieux, d'incarner l'opprobre jusqu’à la fin des âges.
Yasmina Khadra
Într-o zi un copil a găsit un măr frumos, rumen, cu coaja netedă. Era convins că este un măr perfect. Când a muşcat însă, în interiorul mărului era un vierme. - Cum ai putut să strici un măr atât de frumos! i-a strigat copilul. Viermele s-a oprit pentru o clipă din ros şi s-a mutat în alt măr. Chiar dacă ar fi înţeles că nu este bine ceea ce face, viermele nu s-ar fi schimbat, ar fi schimbat doar mărul. Când îi spui omului că trebuie să se schimbe, nu o va face. Te va privi cu neîncredere şi îşi va căuta alţi prieteni.
Moise D. (Gol de timp)
La terrasse bruisse d'un va-et-vient de tons montants, descendants, neutres qui font comme des exclamations et des glissades d'eau au milieu du chant des oiseaux.
Nicole Brossard (La Capture du sombre)
Schopenhauer credea că un om cu putere sau virtute interioară nu va cere nimic de la ceilalți; un astfel de om își este suficient.
Irvin D. Yalom (The Schopenhauer Cure)
Elle faisait confiance à la vie pour lui envoyer des indices, des idées, des détails qu'elle convertirait en histoires. C'est comme ça qu'elle avait écrit son premier livre. En ouvrant grand les yeux sur le monde. En écoutant, en observant, en reniflant. C'est comme ça aussi qu'on ne vieillit pas. On vieillit quand on s'enferme, on refuse de voir, d'entendre ou de respirer. La vie et l’écriture, ça va souvent ensemble.
Katherine Pancol (La valse lente des tortues (Joséphine, #2))
Nous accueillons la peur, lui avait-il dit. Nous saluons ce visiteur inopiné et écoutons ce qu’il a à nous raconter. Quand la peur est là, c’est que quelque chose va arriver. (père d'Inej)
Leigh Bardugo (La Cité corrompue (Six of Crows, #2))
Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C'est un roman, rien qu'une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C'est de l'autre côté de la vie.
Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit)
Quella che lei chiama Bologna, è un cosa grande, che va da Parma fino a Cattolica [...] dove davvero la gente vive a Modena, lavora a Bologna e la sera va a ballare a Rimini [...] è una strana metropoli [...] che s'allarga a macchia d'olio tra il mare e gli Appennini.
Carlo Lucarelli (Almost Blue)
Ce semeni, aia culegi! Aşa a fost şi aşa va fi mereu! îi răsuna încă în ureche vocea bunicii. Viaţa este un ogor care aşteaptă să fie lucrat. E bine să semeni din toate, bunătate, speranţă, iubire, fericire, aşa nu-ţi va lipsi nimic în toamna vieții tale şi nici la primul suflu al gerului. Nu e bine să semeni un singur lucru, vei tânji apoi după ce nu ai şi vei privi cu jind la curtea vecinului. Vei fi nefericit. Să semeni de toate şi să ai grija lor, să nu le lași de izbelişte. Dacă te uiţi în jur, sunt atâtea ogoare nelucrate, atâţia oameni care se irosesc acoperind pământuri fertile cu nepăsare. Şi mulţi habar nu au ce bogăţii zac în sufletul lor. Sunt prea ocupaţi să se plângă. Când te plângi, nu mai vezi decât tristeţe. Nu aştepta ajutor, fiecare este ocupat cu ogorul lui, nu au timp să îl lucreze şi pe al tău. Mai bine te apuci de treabă şi vezi ce trebuie făcut!
Moise D. (Gol de timp)
Chi amo? Su, rifletti, forza. A me è proibito il sogno di un amore con questo naso al piede, che almen di un quarto d'ora ovunque mi precede. Allora per chi amo? Ma questo va da sé. Amo, ma è inevitabile, la più bella che c'è.
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
Le matin, quand tu te réveilles et que ça ne va pas fort, cherche la petite lumière qui éclairera ta journée: un café pris avec une amie, une balade, quelques pages d'un bon livre, un instant de musique… Si tu ne la trouves pas, invente-la
Janine Boissard
Si indrazneala cu care Nietzsche rostea lucrurile! Incredibil! Sa spui ca speranta e cel mai mare rau! Ca Dumnezeu a murit! Ca adevarul este o greseala fara de care nu putem trai! Ca dusmanii adevarului nu sunt minciunile, ci convingerile! Ca rasplata ultima a celui mort este ca nu va mai muri! Ca medicii nu au nici un drept sa deposedeze un om de moartea sa! Ganduri malefice! Il contrazisese pe Nietzsche la fiecare dintre ele. Si totusi, era o falsa polemica: in adancul inimii, el stia ca Nietzsche are dreptate.
Irvin D. Yalom (When Nietzsche Wept)
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a dix-sept mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours, et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.
Antoine Leiris (Vous n'aurez pas ma haine)
Heureusement que le monde va mal ; je n'aurais pas supporté d'aller mal dans un monde qui va bien!
Georges Wolinski
Au fond, je n’écris que pour retrouver la belle sensation du soleil luisant entre les omoplates d’un garçon étendu, ventre et visage contre le sable, dans août qui s’en va.
Philippe Besson (Son frère)
C'est la vanité, ce n'est pas d'être équilibré qui va me garder indemne
Sarah Kane (Crave)
La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. A votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort.
Guy de Maupassant (Bel-Ami)
- Descendre, descendre... On va changer de verbe, histoire d'enrichir ton vocabulaire, annonça le garçon sur un ton presque joyeux. Toi, crâne d’œuf, tu conjugues "pas bouger" et tes copines conjuguent "reculer jusqu'au bout du wagon". A la moindre erreur je vous explique "égorger" et "baigner dans son sang". Exécution ! Il se tourna vers Bruno Vignol alors que les boneheads obtempéraient en maugréant. - Je m'appelle Salim, m'sieur, et je descends à la prochaine. Ça vous dit ?
Pierre Bottero (La Forêt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
Per me [la creazione] è come una giornata d'uragano quando la tramontana s'abbatte fischiando dai monti. L'arte per me è un tormento, angoscioso quando il lavoro va male, estasiante quando va bene: ma sempre mi possiede senza scampo. Al termine della mia giornata, sono un guscio vuoto: tutto ciò che v'era in me, è passato nel marmo o nell'affresco. Quindi non mi resta più nulla da dare altrove.
Irving Stone (The Agony and the Ecstasy)
Ell per mi era només un nóm. El veieu? Veieu la història? Veieu alguna cosa? Em sembla com si us intentés explicar un somni, i és en va, perquè cap narració d'un somni no ens pot transmetre la sensació de somni, aquella barreja d'absurditat, de sorpresa i d'atordiment en un estremiment de lluita i rebel·lió, aquella sensació de ser abassegat per aquell punt increïble, que és la veritable essència dels somnis.
Joseph Conrad (Heart of Darkness)
Oare ne putem imagina cat de importanta este o mica raza de speranta in bezna deznadejdii? Poate ca tu nu, pentru ca ai fruntea lipsita de griji, dar fata de la malul marii stie, si o poarta in inima in fiecare clipa. Venea ca de obicei in fiecare zi langa mare dar nu o mai privea cu atata fericire. Gandurile ei se indreptau spre el, cel care a fost langa ea si acum plecase undeva, departe. Si ea putea doar sa spere ca intr-o zi el se va intoarce. Nu, nu te intrista, povestea noastra are un final fericit. Dupa ce a pierdut destul timp cautand, el a inteles ca deja isi gasise sufletul pereche.Si a cautat-o la capatul tuturor marilor, a gasit-o si au trait fericiti pana la adanci batraneti. Vezi? Fericirea si iubirea nu se afla ascunse in scoici pe fundul marii ci in sufletul celui care ne iubeste. Speranta insa o putem gasi in locurile cele mai neasteptate.
Moise D. (Poveşti despre lucruri mărunte)
Les feuilles tombent, la figue sèche, remplace la figue fraîche, le raisin sec la grappe mûre, voilà selon toi des paroles de mauvaise augure ! Mais il n’y a là que la transformation d’états antérieurs en d’autres ; il n’y a pas de destruction, mais un aménagement et une disposition bien réglée. L’émigration n’est qu’un petit changement. La mort en est un plus grand, mais il ne va pas de l’être actuel au non-être, mais au non-être de l’être actuel. Alors ne serais-je plus ? Tu ne seras pas ce que tu es mais autre chose dont le monde aura alors besoin.
Epictetus
À l'horloge de tes baisers, le temps se ramollit. Le jour met son pyjama d'étoiles en cachette et s'évapore. L'orchestre à moteur qui fulmine au feu rouge joue en sourdine. La lune te regarde à travers la fenêtre. Elle va peindre ses reflets sur ta peau. Du bout de mes doigts, je m'efforcerai d'être un tout petit peu plus que son pinceau.
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
Sonnet VIII Je vis, je meurs : je me brûle et me noie, J’ai chaud extrême en endurant froidure ; La vie m’est et trop molle et trop dure, J’ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure, Mon bien s’en va, et à jamais il dure, Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être en haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé (Œuvres complètes: Sonnets, Elegies, Débat de folie et d'amour)
La vie est une succession de moments qui ne cessent de changer, comme les pensées. Parfois ça va, parfois ça ne va pas. Même si c'est dans la nature humaine de ruminer, il ne faut pas se laisser envahir par une pensée négative, parce que les pensées sont comme des invités, ou des amies des bons jours. Sitôt arrivées, certaines peuvent s'évaporer, et même celles que l'on rumine longtemps peuvent disparaître en un instant. Les moments sont précieux. Parfois ils trainent, d'autres fois ils nous échappent, et cependant on pourrait tant en profiter. Il suffit de les saisir...
Cecelia Ahern (How to Fall in Love)
...J'ai envie de mort, pas d'agonie.La vie, c'est déjà une lente agonie et rien d'autre. Une marche forcée vers l'issue fatale. On vient au monde sans l'avoir demandé, on va à la mort sans l'avoir choisi. Pas la peine d'en rajouter.
Karine Giébel
Je suis lâche, c'est pour ça que j'ai besoin de couper les ponts avec tous ceux qui me sont proches, de partir en un lieu totalement inconnu pour revenir ensuite. J'ai l'impression que la vie est toujours neuve comme ça, qu'il reste quelque chose à découvrir. Ca glisse, ça glisse, j'ai l'impression que ça va répondre à toutes les questions. Je me sens tellement vrai quand je m'en vais, j'ai toujours l'impression d'avoir perdu quelque chose quand je reviens. (p224)
Mian Mian (Candy)
In cima alla via Guénégaud, venendo dalla strada lungo la Senna, si trova il passaggio del Ponte Nuovo, una specie di corridoio stretto e oscuro che va dalla via Mazarino alla via della Senna. Quel passaggio ha, al massimo, trenta passi di lunghezza e due di larghezza; è selciato di pietre giallastre, consunte, sconnesse, che trasudano sempre un'acre umidità; la vetrata che lo ricopre, tagliata ad angolo retto, è nera di sporcizia. Nei bei giorni d'estate, quando un ardente sole incendia le vie, un chiarore biancastro cade dai vetri sporchi e si trascina miseramente nel passaggio. Nei brutti giorni d'inverno, nelle mattinate di nebbia, i vetri gettano soltanto oscurità sulle pietre viscide, oscurità sporca e ignobile.
Émile Zola (Thérèse Raquin)
-Nu e niciodată prea târziu să îți întâlnești sufletul pereche! îmi spunea mereu zâmbind. -Cine știe ce înseamnă „târziu”? Probabil disperarea te face să spui asta, dar ce te faci dacă îl întâlnești tocmai când viața ta este la apus? Nu o să ți se pară târziu când o să te apuci să numeri anii care ar fi posibil să-ți rămână? Și asta dacă ești optimist, dacă nu, poți să te gândești că vei muri chiar mâine, sau chiar în clipa următoare. Inima ta va înceta să bată și atât! -Dar măcar l-am găsit! -Așa e, dar găsirea lui este cea mai mare fericire sau timpul petrecut alături? Chipul i s-a întunecat, și-a luat restul de bani și sacoșa de pe tejghea, mi-a întors spatele și a plecat, fără să spună nimic. Părea scufundat în mii de gânduri, căuta răspunsuri și soluții. Norocul însă l-a lovit, a întâlnit-o pe Ana când avea aproape 60 de ani. Era fericit. -Am găsit-o! Am găsit-o! Ți-am spus eu, niciodată nu e prea târziu. Când o privesc, simt că am ajuns acasă! Ea e „acasă” pentru mine. L-am privit cu o ușoară invidie dar și cu regret. -Știu ce ziceai atunci, nu am uitat. Zi de zi mi-au sunat vorbele tale în minte. Sunt fericit că am găsit-o. Cât despre timpul petrecut alături de ea, am făcut o mică magie, sau o înșelăciune, să-i zicem. De când am întâlnit-o am spus că vom schimba numele de „zi” cu cel de „săptămână”. „Săptămână” devine „lună” iar „luna” devine „an”. Până la urmă sunt cuvinte, nu ne acuză nimeni dacă le schimbăm între ele. Și o să fie secretul nostru. Așa păcălim timpul. Uite, azi a trecut deja un an. Mă duc să cumpăr un buchet de flori!
Moise D. (Între cer şi pământ)
… l’un de ces dimanches doux et ensoleillés d’hiver où vous éprouvez un sentiment de vacance et d’éternité – le sentiment illusoire que le cours du temps est suspendu, et qu’il suffit de se laisser glisser par cette brèche pour échapper à l’étau qui va se refermer sur vous.
Patrick Modiano (Dora Bruder)
Într-o zi, Rațiunea și Inima s-au hotărât să pornească împreună prin lume. -Hai să închidem ochii, să ne învârtim de câteva ori și să pornim pe drumul care ni se va deschide în fața ochilor, a spus Inima chicotind. -Ba mai bine hai să întrebăm, să vedem care dintre drumuri este sigur, a spus Rațiunea încruntându-se. Inima a cedat și a lăsat Rațiunea să aleagă drumul. Au călătorit împreună, Inima minunându-se și exaltându-se pentru tot ceea ce le ieșea în cale, Rațiunea privind cu atenție, analizând, criticând, comparând. Într-o zi s-au întâlnit cu un negustor. -Trebuie să vă vând ceva! a spus negustorul. -Dar nu avem nevoie de nimic! a spus Rațiunea. -Abia aștept să văd ce ai de oferit! a spus nerăbdătoare Inima. Vânzătorul a afișat un zâmbet fals, și-a înmuiat glasul în cea mai dulce miere și a început să le înșire tot ce avea în desagă. Inima s-a oprit la o cutiuță mică în care se afla o piatră strălucitoare. -Este un diamant! a spus vânzătorul și ochii lui sclipiră într-un mod ciudat. -Ba nu este! Este un fals! a spus Rațiunea după ce i-a aruncat o privire critică. -Este un diamant frumos! a spus Inima ridicându-l și lăsând razele soarelui să se răsfrângă pe suprafața pietrei. Îl vreau! -Nu merită! E fals! Uite! a strigat Rațiunea, dar în zadar, Inima își închisese deja ochii. -Este o înșelăciune! O să regreți! a strigat Rațiunea, dar Inima și-a acoperit urechile. -E fals! a strigat din toate puterile Rațiunea și o dată cu ea a strigat și Inima, un strigăt de durere - piatra aceea strălucitoare îi lăsase în palmă o rană adâncă. Oricât ar striga Rațiunea, Inima este de cele mai multe ori surdă și oarbă, nu aude, nu vede, dar simte durerea..
Moise D. (Între cer şi pământ)
Un roman, n'est pas une allégorie, ai-je conclu. C'est l'expérience, à travers nos propres sens, d'un autre monde. Si vous n'entrez pas dans ce monde, si vous ne retenez pas votre souffle en même temps que les personnages qui le peuplent, si vous ne vous impliquez pas dans ce qui va leur arriver, vous ne connaîtrez pas l'empathie, et l'empathie est au cœur du roman. Voilà comment il faut lire la fiction, en inhalant l’expérience qu'elle vous propose. Alors commencez à inspirer.
Azar Nafisi (Reading Lolita in Tehran: A Memoir in Books)
Cher Monsieur Dupierreux, La bêtise est un spectacle fort affligeant mais la colère d'un imbécile a quelque chose de réconfortant. Aussi je tiens à vous remercier pour les quelques lignes que vous avez consacrées à mon exposition. Tout le monde m'assure que vous n'êtes qu'une vieille pompe à merde et que vous ne méritez pas la moindre attention. Il va sans dire que je n'en crois rien et vous prie de croire cher monsieur Dupierreux en mes sentiments les meilleurs. 3 mai 1936 - René Magritte
René Magritte
Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion.
Éric-Emmanuel Schmitt
«Ascolta, so come ti senti: sei prevenuto, hai paura, ti senti insicuro, credi che la felicità per te sia irraggiungibile. Ti assicuro che non è così. Io non ti lascerò mai, sarò sempre al tuo fianco, malgrado i tuoi sbalzi d’umore e la tua stronzaggine. Ci sarò per te, ci sono sempre stata. E ti amo, Elijah, dovresti saperlo.» Annuisce, ma l’espressione combattuta non va via dal suo viso. Non crede ancora di meritare la felicità. Non può vivere così, deve lasciarsi il passato alle spalle, prendere coscienza del fatto che da ora in poi la nostra vita sarà insieme, amarmi con tutto se stesso e mettersi in gioco. «Anche io ti amo e cercherò di dimostrartelo, di essere più ottimista. Mi fido di noi e so che il nostro amore è fortissimo, che siamo un’unica cosa e niente può separarci, nemmeno le mie insicurezze del cazzo.» Mi alzo sulle punte e assaggio le sue labbra con frenesia «Così ti voglio» mormoro. Si morde il labbro, incastrandomi con uno sguardo malizioso. «Io ti voglio in qualsiasi modo» esclama.
Debora C. Tepes (Sei tu il mio paradiso)
Les persones vivim a base d'anar cremant records. I, a l'hora de mantenir-nos vius, tant és si aquests records són realment importants o no. Els records només són el combustible que cremem. Quan llences papers al foc, tant és que siguin anuncis de diari, llibres de filosofia, fotos de revistes pornogràfiques o bitllets de deu mil iens. Només són papers, oi? Mentre els crema, el foc no va pensant: "Oh, això és Kant", "Això és l'edició vespertina del Yomiuri" o "Renoi, quines tetes". Per al foc, només són retalls de paper. Doncs amb els records passa el mateix. Tant els que són importants, com els que no ho són tant, com els que no ho són gens... només són el combustible que cremem.
Haruki Murakami (After Dark)
- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie. La voix était douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton âge. Ellana hésita une fraction de seconde. Elle ignorait son âge exact, se demandait si elle n’avait pas intérêt à se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernés dans l’assemblée étaient tous plus âgés qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considérer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixés sur elle la dissuadèrent de chercher à la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures étonnés s’élevèrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maître. - Jilano Alhuïn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marqués, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immédiatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une série de questions. A ces questions, tu devras répondre dans l’instant, sans réfléchir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton âme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton âme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prête ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridé d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - Où va la rivière ? L’anxiété d’Ellana s’était dissipée. Les questions d’Ehrlime étaient trop imprévues, se succédaient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y répondre ainsi qu’on le lui avait demandé. Impossible de tricher. Cette évidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son âme, puisque c’était ce qu’elle désirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu déjà tués ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Méritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumière ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumière ? - Les deux. - Où se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque réponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration après une inspiration. Fluidité. Le sourire sur le visage d’Ehrlime était revenu, plus marqué, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussière d’étoiles. - Que fais-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une étoile qui meurt ? - Un rêve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - Fluidité. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
I així, sense voler-ho, el seu excés d’amor em va encomanar un rebuig per qualsevol sentiment i fins i tot una por als acostaments emotius i vibrants cap a una altra persona. Vaig aprendre una lliçó per fugir de tot compromís sentimental: a més estimació, més perills de tota mena. No t’acostis i no et cremaràs. L’amor crema. L’amor consumeix. L’amor mata.
Emili Teixidor (Pa negre)
Nous ne savons plus si les médecins ne provoquent pas la mort au lieu de nous protéger. Si ce que nous avons dans notre assiette va nous alimenter ou nous intoxiquer. D ou une évidente crise de confiance - envers des technologies que nous tendons a désinvestir après avoir mis trop d espoir en elles, ajoutant ainsi la techno-frustration au déboussolement moral.
Régis Debray
Notre génération est trop superficielle pour le mariage. On se marie comme on va au MacDo. Après, on zappe. Comment voudriez-vous qu'on reste toute sa vie avec la même personne dans la société du zapping généralisé? Dans l'époque où les stars, les hommes politiques, les arts, les sexes, les religions n'ont jamais été aussi interchangeables? Pourquoi le sentiment amoureux ferait-il exception à la schizophrénie générale? Et puis d'abord, d'où nous vient donc cette curieuse obsession: s'escrimer à tout prix pour être heureux avec une seule personne? Sur 558 types de sociétés humaines, 24 % seulement sont monogames. La plupart des espèces animales sont polygames. Quant aux extraterrestres, n'en parlons pas: il y a longtemps que la Charte Galactique X23 a interdit la monogamie dans toutes les planètes de type B#871. Le mariage, c'est du caviar à tous les repas: une indigestion de ce que vous adorez, jusqu'à l'écœurement. “ Allez, vous en reprendrez bien un peu, non? Quoi? Vous n'en pouvez plus? Pourtant vous trouviez cela délicieux il y a peu, qu'est-ce qui vous prend? Sale gosse, va!” La puissance de l'amour, son incroyable pouvoir, devait franchement terrifier la société occidentale pour qu'elle en vienne à créer ce système destiné à vous dégoûter de ce que vous aimez.
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans - Le roman suivi du scénario du film)
Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire. Puis, il disparaîtra, tout à fait.
Marguerite Duras (Hiroshima mon amour)
Notre génération est trop superficielle pour le mariage. On se marie comme on va au MacDo. Après, on zappe. Comment voudriez-vous qu'on reste toute sa vie avec la même personne dans la société du zapping généralisé? Dans l'époque où les stars, les hommes politiques, les arts, les sexes, les religions n'ont jamais été aussi interchangeables? Pourquoi le sentiment amoureux ferait-il exception à la schizophrénie générale? Et puis d'abord, d'où nous vient donc cette curieuse obsession: s'escrimer à tout prix pour être heureux avec une seule personne? Sur 558 types de sociétés humaines, 24 % seulement sont monogames. La plupart des espèces animales sont polygames. Quant aux extraterrestres, n'en parlons pas: il y a longtemps que la Charte Galactique X23 a interdit la monogamie dans toutes les planètes de type B#871.
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans - Le roman suivi du scénario du film)
Je pense que l'amour ne survit que lorsqu'il sait qu'il a le droit d'aller et venir sans que personne se pète la tête sur les murs. Et que pour avoir une chance de s'étendre sur nos corps pour panser toute la vie d'un souffle, comme on aime qu'il le fasse, il doit être libre. Dès que les contours de l'organisation se dessinent, s'épaississent et, finalement, l'entravent. Il va voir ailleurs s'il y est. Et il y est.
Catherine Dorion (Les luttes fécondes)
Em va agafar pel coll i em va fer acostar ben a la vora. I jo, per riure, li vaig posar una mà damunt del pit i li vaig preguntar, ¿damunt de què? Mig ensonyat va contestar, una mà bonica damunt del pit. No, li vaig dir, una mà damunt de tot el sol de l'home. Li vaig posar la mà damunt del cor i li vaig preguntar, ¿damunt de què? i va dir, una mà petita damunt d'un cor. No, li vaig dir, una mà plana damunt d'un patir. Em vaig tirar avall i li vaig posar la mà damunt d'un genoll i li vaig preguntar, ¿damunt de què? I va dir, una mà damunt d'un genoll. No, li vaig dir, una mà damunt d'un os rodó. I després li vaig posar la mà plana ben al mig, i a sota del ventre i li preguntar, ¿damunt de què? Aleshores em va agafar per sota dels braços i em va tirar amunt i quan va tenir la meva cara ben arran de la seva, em va dir rient, bandolera
Mercè Rodoreda
Je cherchais une âme qui et me ressemblât, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persévérance était inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvât mon caractère; il fallait quelqu’un qui eût les mêmes idées que moi. C’était le matin; le soleil se leva à l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilà qu’à mes yeux se lève aussi un jeune homme, dont la présence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. Bénissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelé: je n’ai pas besoin de ton amitié." C’était le soir; la nuit commençait à étendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, étendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumière des étoiles n’est pas assez forte, pour les éclairer à cette distance." Alors, avec une démarche modeste, et les yeux baissés, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon côté. Dès que je la vis: "Je vois que la bonté et la justice ont fait résidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beauté, qui a bouleversé plus d’une; mais, tôt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacré ton amour; car, tu ne connais pas mon âme. Non que je te sois jamais infidèle: celle qui se livre à moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre à elle; mais, mets-le dans ta tête, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, à moi, qui rejetais, avec tant de dégoût, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanité!
Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
E vinovat de adulter? Atunci e vinovat si de casatorie. Cum se poate merge in fata unui primar sau a unui preot pentru a primi garantia ca niciodata un barbat nu se va atinge de alta femeie decat de nevasta lui? Ce om in toate mintile va sustine asa ceva altfel decat constrans? Oprobiul meu se indreapta impotriva casatoriilor si juramintelor de castitate, nu impotriva adulterului, care mi se pare o desteptare sanatoasa a naturii.
Éric-Emmanuel Schmitt (L'élixir d'amour)
Certi miei amici parlavano come se fossi venuto nei boschi per morire di freddo. L’animale si fa semplicemente un letto, in qualche luogo riparato, e lo riscalda con il suo corpo; ma l’uomo, che ha scoperto il fuoco, invece di togliersi il proprio calore rinchiude una quantità d’aria in una stanza ampia e la riscalda; fa di questa il suo letto, dove può muoversi senza i panni più pesanti; conserva una specie di estate nel cuore del1'inverno; per mezzo di una finestra, fa persino entrare la luce, e finalmente prolunga il giorno servendosi di una lampada. Così egli va un passo o due oltre l’istinto, e risparmia un po’ di tempo per le belle arti. Sebbene il mio corpo cominciasse a intorpidirsi se rimanevo esposto per lungo tempo alle più violente bufere, non appena rientravo nella piacevole atmosfera della mia casa ricuperavo le facoltà e prolungavo così la vita.
Henry David Thoreau (Walden)
Poétise, poétise, fais-toi le grand cinéma de la liberté passée. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans désespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai réellement prononcé des propos désabusés sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines étudiantes, une connerie, la mort, rien qu'à voir la trombine des couples mariés au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiés. Quand Hélène, licence de philo, concluait que c'était tout de même un mal nécessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drôles d'idées, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternité avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas être seulement intellectuelles, ma fierté devant une mousse au chocolat réussie avait disparu en même temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la même manière qu'un garçon de mon âge, étudiant qui se débrouille avec l'argent de l'État, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquêtes, va au cinéma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idée bouffonne.
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
Maintenant faites déclarer par sept millions cinq cent mille voix que 2 et 2 font 5, que la ligne droite est le chemin le plus long, que le tout est moins grand que la partie ; faites-le déclarer par huit millions, par dix millions, par cent millions de voix, vous n’aurez point avancé d’un pas. Eh bien, ceci va vous surprendre, il y a des axiomes en probité, en honnêteté, en justice, comme il y a des axiomes en géométrie, et la vérité morale n’est pas plus à la merci d’un vote que la vérité algébrique.
Victor Hugo (Napoleon The Little)
La vita di uno scrittore è un vero inferno, confrontata a quella di un uomo d’affari. Lo scrittore deve forzarsi a lavorare, deve imporsi un proprio orario e, se non gli va di sedersi alla scrivania, nessuno lo rimprovera. Se è un romanziere, vive nel terrore: ogni nuovo giorno esige nuove idee, e non si è mai certi che arriveranno puntuali. Dopo due ore passate si sente completamente svuotato. Durante quelle due ore s’è trovato mille miglia lontano, in un altro luogo, in compagnia di gente totalmente diversa, e lo sforzo che deve fare per tornare indietro a nuoto, nel presente, è assai grande. E’ quasi un trauma. […] Bisogna essere pazzi per fare gli scrittori. La loro sola compensazione è un’assoluta libertà. Il loro unico padrone è la loro anima ed è per questo che hanno fatto quella scelta, ne sono certo.
Roald Dahl (Boy and Going Solo (Roald Dahl's Autobiography, #1-2))
- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - A qui s'adresse-t-il ? - A la lune. - Où va la rivière ? - Remplir la mer. - A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Es-tu ombre ou lumière ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumière ? - Les deux. - Que devient une lame qui se brise ? - Une poussière d'étoile. - Que fais-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ? - Je le traverse. - Que devient une étoile qui meurt ? - Un rêve qui vit. - Offre moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - Fluidité. - L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
Mais à cette heure, où suis-je ? Et comment séparer ce café désert de cette chambre du passé. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumières des phares sont là. Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une dernière fois la baie et ses lumières, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indifférence sereine et primitive à tout et à moi-même. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma lucidité. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamné à mort : « Il va payer sa dette à la société », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite différence. Et puis, il y a des gens qui préfèrent regarder leur destin dans les yeux.
Albert Camus (L'envers et l'endroit)
On songe au mot d'Esprit: Je ne me consolerois jamais de mourir. Dans un monde où tout va à la mort, la mort est le fond. C'est sur lui que se dressent les femmes seules dans l'insomnie, les enfants qui regardent et les cires qui fondent. La beauté des regards et des mains, des corps, des lumières qui se portent sur eux, des couleurs qui les vêtent, des pourpoints et des socques, des vielles et des cartes à jouer, des verres et des livres, des doigts qui s'avancent et qui se tendent, est faite de la mort. La beauté est une flamme de chandelle dans la tristesse, dans l'argent, dans le mépris, dans la solitude. Dans la nuit. Une haleine d'enfant la courbe; un souffle la menace; le vent définitif l'éteint.
Pascal Quignard
L’energia che si scialacqua con tanta profusione da ragazzi, l’energia che si ritiene non debba mai esaurirsi, si dilegua fra i diciotto e i ventiquattro anni per essere sostituita da qualcosa di assai più opaco, una sensazione fittizia come quella che ti dà una sniffata, aspirazione, forse, o traguardi o comunque voglia chiamarla un qualsiasi universitario rampante. Niente di sconvolgente. Non se ne va tutta d’un colpo, con un grande scoppio. E forse è proprio questo l’aspetto più inquietante, pensa adesso. Non si smette di essere piccoli tutt’a un tratto, con una grande esplosione, come uno di quei palloncini pubblicitari con gli slogan. Il bambino che hai dentro cola fuori, trapela come aria da una foratura in una gomma. E un giorno ti guardi allo specchio e ti trovi a faccia a faccia con un adulto. Puoi continuare a portare i jeans, puoi continuare ad andare ai concerti di Springsteen e Seger, ti puoi tingere i capelli, ma la faccia che c’è nello specchio è lo stesso quella di un adulto. Ed è successo tutto mentre dormivi, forse, come la visita della fatina dei denti.
Stephen King
Quand je considère ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe. L'existence des héros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flèche. Et la plupart des hommes aiment à résumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une récrimination ; leur mémoire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Ça et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout, les éboulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'écoulement d'une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d'événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou même dans la mienne propre ; puisque c'est peut-être l'impossibilité de continuer à s'exprimer et à se modifier par l'action que constitue la différence entre l'état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable. Et la preuve, c'est que j'éprouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte à moi-même. Certains travaux qui durèrent peu sont assurément négligeables, mais des occupations qui s'étendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble à peine essentiel, au moment où j'écris ceci, d'avoir été empereur..." (p.214)
Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
Della ricchezza non ci importa nulla. Del potere non ci importa nulla. Di voi ricchi potenti famosi signori dell’economia e della politica e della cultura, di tutti voi vincenti non c’importa nulla. E state pur certi che non tenteremo di rubarvi il posto, non tenteremo di portarvi via il pane d’oro, state pur certi che delle vostre grandi cose non desideriamo nulla. Perché sempre di più, e sempre più spesso, noi andiamo alla ricerca dei secondi, dei minuti, delle ore lente. Sempre di più desideriamo il vuoto, la leggerezza, la pace d’un soffio di vento che giunge da lontano e che va lontano. A voi ricchi potenti famosi signori, a tutti voi, lasciamo volentieri questo mondo qui. Noi ci prendiamo tutto il resto, noi ci prendiamo la vita.
Massimiliano Santarossa (Gioventù d'asfalto)
J’aime beaucoup les cimetières, moi, ça me repose et me mélancolise j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis là dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps. Justement, dans ce cimetière Montmartre, j’ai une histoire de cœur, une maîtresse qui m’avait beaucoup pincé, très ému, une charmante petite femme dont le souvenir, en même temps qu’il me peine énormément, me donne des regrets… des regrets de toute nature. Et je vais rêver sur sa tombe… C’est fini pour elle. Et puis, j’aime aussi les cimetières, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitées. Songez donc à ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, à toutes les générations de Parisiens qui sont logés là, pour toujours, troglodytes définitifs enfermés dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marqués d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbéciles. Me voici donc entrant dans le cimetière Montmartre, et tout à coup imprégné de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ça n’est pas drôle, cet endroit-là, mais le moment n’en est pas encore venu pour moi… » L’impression de l’automne, de cette humidité tiède qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatigué, anémique, aggravait en la poétisant la sensation de solitude et de fin définitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
Que se serait-il passé ? Lol ne va pas loin dans l'inconnu sur lequel s'ouvre cet instant. Elle ne dispose d'aucun souvenir même imaginaire, elle n'a aucune idée sur cet inconnu. Mais ce qu'elle croit, c'est qu'elle devait y pénétrer, que c'était ce qu'il lui fallait faire, que ç'aurait été pour toujours, pour sa tête et pour son corps, leur plus grande douleur et leur plus grande joie confondues jusque dans leur définition devenue unique mais innommable faute d'un mot. J'aime à croire, comme je l'aime, que si Lol est silencieuse dans la vie c'est qu'elle a cru, l'espace d'un éclair, que ce mot pouvait exister. Faute de son existence, elle se tait. Ç'aurait été un mot-absence, un mot-trou, creusé en son centre d'un trou, de ce trou où tous les autres mots auraient été enterrés. On n'aurait pas pu le dire mais on aurait pu le faire résonner. Immense, sans fin, un gong vide, il aurait retenu ceux qui voulaient partir, il les aurait convaincus de l'impossible, il les aurait assourdis à tout autre vocable que lui-même, en une fois il les aurait nommés, eux, l'avenir et l'instant. Manquant, ce mot, il gâche tous les autres, les contamine, c'est aussi le chien mort de la plage en plein midi, ce trou de chair.
Marguerite Duras (The Ravishing of Lol Stein)
Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle… Arthur. Et y'a une fée, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir à la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une épée hmm… magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit être drôlement difficile, alors il faut que je parte dans la forêt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot… le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis Léodagan… heu… l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout à fait le même ours mais bon. Donc Léodagan qui est le père de la femme du petit ourson, qui s'appelle Guenièvre la truite… non, non, parce que c'est la fille de… non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'après ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite… non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sœur Anna, qui est restée à Tintagel avec sa mère Igerne la… bah non, ouais du coup je suis obligé de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille… Donc c'est des ours, en gros, enfin bref… Ils sont tous là et donc Petit Ourson il part avec sa troupe à la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est… c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bêtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il décide de les faire bruler dans une grange pour s'en débarrasser… Donc la fée revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut être gentil avec ses amis de la forêt" quand même c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tête à la fée, comme ça : "BAH !". Alors la fée elle est comme ça et elle s'en va… et voilà et en fait il trouve pas le vase. En fait il est… il trouve pas… et Petit Ourson il fait de la dépression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou… pas…
Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, première partie : Épisodes 1 à 50)
Perché io non sono fatta per la vita. In me tutto è incendio! [...] Io sono una creatura scorticata a nudo, e tutti voi portate la corazza. Tutti voi avete: l’arte, la vita sociale, le amicizie, le distrazioni, la famiglia, il dovere, io, nel profondo, non ho NUL-LA. Tutto cade come pelle, e sotto la pelle carne viva, o fuoco – io: Psiche. In nessuna forma trovo posto – neanche in quella, spaziosissima, dei miei versi! Non riesco a vivere. In me nulla va come negli altri. Riesco a vivere solo in sogno, nei semplici sogni che si fanno di notte: ecco che cado da un quarantesimo piano a San Francisco, ecco l’alba e qualcuno che mi insegue, ecco un estraneo e d’improvviso io lo bacio, ecco che stanno per uccidermi e io spicco il volo. Non sto raccontando favole, io faccio sogni terribili e stupendi, sogni con l’amore, sogni con la morte, è la mia vera vita, senza eventi casuali, tutta fatale, dove tutto si avvera.
Marina Tsvetaeva
Elles disent, malheureuse, ils t'ont chassée du monde des signes, et cependant ils t'ont donné des noms, ils t'ont appelée esclave, toi malheureuse esclave. Comme des maîtres ils ont exercé leur droit de maître. Ils écrivent de ce droit de donner des noms qu'il va si loin que l'on peut considérer l'origine du langage comme un acte d'autorité émanant de ceux qui dominent. Ainsi ils disent qu'ils ont dit, ceci est telle ou telle chose, ils ont attaché à un objet et à un fait tel vocable et par là ils se le sont pour ainsi dire appropriés. Elles disent, ce faisant ils ont gueulé hurlé de toutes leurs forces pour te réduire au silence. Elles disent, le langage que tu parles t'empoisonne la glotte la langue le palais les lèvres. Elles disent le langage que tu parles est fait de mots qui te tuent. Elles disent, le langage que tu parles est fait de signes qui à proprement parler désignent ce qu'ils se sont appropriés. Ce sur quoi ils n'ont pas mis la main, ce sur quoi ils n'ont pas fondu comme des rapaces aux yeux multiples, cela n'apparaît pas dans le langage que tu parles. Cela se manifeste juste dans l'intervalle que les maîtres n'ont pas pu combler avec leurs mots de propriétaires et de possesseurs, cela peut se chercher dans la lacune, dans tout ce qui n'est pas la continuité de leurs discours, dans le zéro, le O, le cercle parfait que tu inventes pour les emprisonner et pour les vaincre.
Monique Wittig (Les Guérillères)
Les vies gays sont souvent des vies différées ; elles commencent lorsqu'un individu se réinvente lui-même, en sortant de son silence, de sa clandestinité honteuse, ou en tout cas en s'aménageant des espaces où il lui est possible d'être ce qu'il est et veut être. Lorsqu'il choisit au lieu de subir, et par exemple, lorsqu'il se compose une autre famille - constituée de ses amis, de ses amants, de ses anciens amants devenus ses amis et des amis de ses anciens amants - et reconstruit ainsi son identité après avoir quitté le champ clos et étouffant de sa famille d'origine et de ses injonctions tacites ou explicites à l'hétérosexualité. Une telle fuite ne signifie pas nécessairement, cela va de soi, la rupture totale avec sa famille, mais plutôt la nécessité de s'en tenir éloigné et de la tenir à distance. Avant cela, les vies gays ne sont que des vies vécues par procuration, des vies imaginées, ou des vies attendues, espérées autant que redoutées. (p. 46)
Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
She was the first close friend who I felt like I’d re­ally cho­sen. We weren’t in each other’s lives be­cause of any obli­ga­tion to the past or con­ve­nience of the present. We had no shared his­tory and we had no rea­son to spend all our time to­ gether. But we did. Our friend­ship in­ten­si­fied as all our friends had chil­dren – she, like me, was un­con­vinced about hav­ing kids. And she, like me, found her­self in a re­la­tion­ship in her early thir­ties where they weren’t specif­i­cally work­ing to­wards start­ing a fam­ily. By the time I was thirty-four, Sarah was my only good friend who hadn’t had a baby. Ev­ery time there was an­other preg­nancy an­nounce­ment from a friend, I’d just text the words ‘And an­other one!’ and she’d know what I meant. She be­came the per­son I spent most of my free time with other than Andy, be­cause she was the only friend who had any free time. She could meet me for a drink with­out plan­ning it a month in ad­vance. Our friend­ship made me feel lib­er­ated as well as safe. I looked at her life choices with no sym­pa­thy or con­cern for her. If I could ad­mire her de­ci­sion to re­main child-free, I felt en­cour­aged to ad­mire my own. She made me feel nor­mal. As long as I had our friend­ship, I wasn’t alone and I had rea­son to be­lieve I was on the right track. We ar­ranged to meet for din­ner in Soho af­ter work on a Fri­day. The waiter took our drinks or­der and I asked for our usual – two Dirty Vodka Mar­ti­nis. ‘Er, not for me,’ she said. ‘A sparkling wa­ter, thank you.’ I was ready to make a joke about her un­char­ac­ter­is­tic ab­sti­nence, which she sensed, so as soon as the waiter left she said: ‘I’m preg­nant.’ I didn’t know what to say. I can’t imag­ine the ex­pres­sion on my face was par­tic­u­larly en­thu­si­as­tic, but I couldn’t help it – I was shocked and felt an un­war­ranted but in­tense sense of be­trayal. In a de­layed re­ac­tion, I stood up and went to her side of the ta­ble to hug her, un­able to find words of con­grat­u­la­tions. I asked what had made her change her mind and she spoke in va­garies about it ‘just be­ing the right time’ and wouldn’t elab­o­rate any fur­ther and give me an an­swer. And I needed an an­swer. I needed an an­swer more than any­thing that night. I needed to know whether she’d had a re­al­iza­tion that I hadn’t and, if so, I wanted to know how to get it. When I woke up the next day, I re­al­ized the feel­ing I was ex­pe­ri­enc­ing was not anger or jeal­ousy or bit­ter­ness – it was grief. I had no one left. They’d all gone. Of course, they hadn’t re­ally gone, they were still my friends and I still loved them. But huge parts of them had dis­ap­peared and there was noth­ing they could do to change that. Un­less I joined them in their spa­ces, on their sched­ules, with their fam­i­lies, I would barely see them. And I started dream­ing of an­other life, one com­pletely re­moved from all of it. No more chil­dren’s birth­day par­ties, no more chris­ten­ings, no more bar­be­cues in the sub­urbs. A life I hadn’t ever se­ri­ously con­tem­plated be­fore. I started dream­ing of what it would be like to start all over again. Be­cause as long as I was here in the only Lon­don I knew – mid­dle-class Lon­don, cor­po­rate Lon­don, mid-thir­ties Lon­don, mar­ried Lon­don – I was in their world. And I knew there was a whole other world out there.
Dolly Alderton (Good Material)
Et celui de la charrette reste plongé dans ses pensées Tout comme une personne privée de force et de défense Contre Amour qui le maintient sous sa juridiction ; Sa méditation est d'une intensité telle Qu'il perd le sens de lui−même ; Il ne sait pas s'il existe ou s'il n'existe pas, Il ne se rappelle pas son nom, Il ne sait pas s'il est armé ou non, Il ne sait pas où il va, ni d'où il vient ; Il ne se souvient de rien, Hormis d'une seule chose, et, à cause d'elle, Il a mis les autres choses en oubli ; Il pense tant à cette seule chose Qu'il n'entend, ne voit ni ne comprend rien. (Et cil de la charrete panse Con cil qui force ne desfanse N'a vers Amors qui le justise ; Et ses pansers est de tel guise Que lui meïsmes en oblie, Ne set s'il est, ou s'il n'est mie, Ne ne li manbre de son non, Ne set s'il est armez ou non, Ne set ou va, ne set don vient ; De rien nule ne li sovient Fors d'une seule, et por celi A mis les autres en obli ; A cele seule panse tant Qu'il n'ot, ne voit, ne rien n'antant.)
Chrétien de Troyes (Lancelot: The Knight of the Cart (Chretien de Troyes Romances S))
Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent déjà que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. Déjà, votre souffle s'est envolé comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mâchoire commence à galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent à trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux à frémir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relâche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, à sa manière, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux à bien fonctionner. Ils prêtent toujours pleine attention à la peur. Vous prenez rapidement des décisions irréfléchies. Vous abandonnez vos derniers alliés: l'espoir et la confiance. Voilà que vous vous êtes défait vous-même. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphé de vous. Cette expérience est difficile à exprimer. Car la peur, la véritable peur, celle qui vous ébranle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment où vous êtes face à votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mémoire, comme une gangrène: elle cherche à tout pourrir, même les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre très fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumière des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous évitez, que vous parvenez peut-être même à oublier, vous vous exposez à d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillé contre l'ennemi qui vous a défait.
Yann Martel (Life of Pi)
J’allais ouvrir la bouche et aborder cette fille , quand quelqu’un me toucha l’épaule. Je me retournai, surpris, et j’aperçus un homme d’aspect ordinaire, ni jeune ni vieux, qui me regardait d’un air triste. — Je voudrais vous parler, dit-il. Je fis une grimace qu’il vit sans doute, car il ajouta : — « C’est important. » Je me levai et le suivis à l’autre bout du bateau : — « Monsieur, reprit-il, quand l’hiver approche avec les froids, la pluie et la neige, votre médecin vous dit chaque jour : « Tenez-vous les pieds bien chauds, gardez-vous des refroidissements, des rhumes, des bronchites, des pleurésies. » Alors vous prenez mille précautions, vous portez de la flanelle, des pardessus épais, des gros souliers, ce qui ne vous empêche pas toujours de passer deux mois au lit. Mais quand revient le printemps avec ses feuilles et ses fleurs, ses brises chaudes et amollissantes, ses exhalaisons des champs qui vous apportent des troubles vagues, des attendrissements sans cause, il n’est personne qui vienne vous dire : « Monsieur, prenez garde à l’amour ! Il est embusqué partout ; il vous guette à tous les coins ; toutes ses ruses sont tendues, toutes ses armes aiguisées, toutes ses perfidies préparées ! Prenez garde à l’amour !… Prenez garde à l’amour ! Il est plus dangereux que le rhume, la bronchite et la pleurésie ! Il ne pardonne pas, et fait commettre à tout le monde des bêtises irréparables. » Oui, monsieur, je dis que, chaque année, le gouvernement devrait faire mettre sur les murs de grandes affiches avec ces mots : « Retour du printemps. Citoyens français, prenez garde à l’amour ; » de même qu’on écrit sur la porte des maisons : « Prenez garde à la peinture ! » — Eh bien, puisque le gouvernement ne le fait pas, moi je le remplace, et je vous dis : « Prenez garde à l’amour ; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prévenir comme on prévient, en Russie, un passant dont le nez gèle. » Je demeurai stupéfait devant cet étrange particulier, et, prenant un air digne : — « Enfin, monsieur, vous me paraissez vous mêler de ce qui ne vous regarde guère. » Il fit un mouvement brusque, et répondit : — « Oh ! monsieur ! monsieur ! si je m’aperçois qu’un homme va se noyer dans un endroit dangereux, il faut donc le laisser périr ?
Guy de Maupassant
I què em caldria fer? Procurar-me un patró molt poderós, Le Bret, i, com una heura obscura que puja una paret, grimpar amb enganys, i a més, llepar-li les rajoles, veient que m'han clavat a la terra les soles? No, senyor!, que un banquer m'estimi per pallasso llepaculs que dedica sonets? No!, passo, passo! Afalagar, adular les passes d’un ministre per si m'adreça un gest que no sigui sinistre? No senyor! Empassar-me per esmorzar un gripau? Tenir el ventre gastat d'arrossegar-me al cau? I la pell dels genolls de nit i dia bruta? Ordenar a l'espinada que doblegui la ruta? No, senyor! Ser una estora als peus d’un idiota? Agitar l'encenser davant d'una carota? No, senyor! O saltar de faldilla en faldilla? O ser un gran homenet enmig d'una quadrilla? Potser passar la mar amb madrigals per rem i a la vela sospirs de vella? No fotem! No, senyor! Potser anar fins a can Seyrecet fer-me editar els versos, a quin preu? No, Le Bret! O fer-me elegir Papa en els pobres concilis formats per uns imbècils que van destil·lant bilis? No, senyor! Treballar perquè aplaudeixin altres un sonet que hagi fet, en lloc d'escriure’n d’altres? Trobar belles orelles de ruc, llargues i tristes? O viure amb l'objectiu de sortir a les revistes? Estar terroritzat com un que quasi es mor quan va veure el seu nom escrit al Mercure d'or? Calcular, esporuguit davant d'un anatema? Anar a fer una visita en comptes d’un poema? Relligar els aprovats o fer-me presentar? No, senyor! No, senyor!... Més m’estimo cantar, entrar, sortir, ballar, ser sol, sentir-me viure, mirar amb el cap ben alt, parlar fort, i ser lliure; anar amb el barret tort, contemplar l'univers, per un sí o per un no, barallar-me... o fer un vers! No tenir gens en compte la fama i la fortuna, poder, amb el pensament, enfilar-me a la lluna! No haver d'escriure un mot si de mi no ha sortit, i molt modestament poder-me dir: Petit, estigues satisfet de flors i fruits i fulles si és al teu jardí que en culls o bé n’esbulles! I si arriba el triomf, quan l'atzar ho ha dispost, no haver d'estar obligat a satisfer un impost, davant de mi mateix reconèixer-me els mèrits, no haver de pagar mai per uns favors pretèrits, i, encara que no sigui poderós el meu vol, que no arribi gens lluny, saber que hi he anat sol! Acte segon. Escena VIII.
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
A Balbec, ero arrivato al punto di trovare il piacere d'intrattenermi in svaghi con fanciulle meno funesto alla vita intellettuale – cui, d'altronde, rimane estraneo – che non l'amicizia, il cui sforzo consiste esclusivamente nel farci sacrificare l'unica parte reale e incomunicabile (se non per mezzo dell'arte) di noi stessi a un io superficiale, che anziché trovare, come l'altro, gioia dentro di sé, prova una confusa commozione nel sentirsi sostenuto da puntelli esterni, ospitato in un'individualità estranea dove, felice della protezione accordatagli, fa rifulgere in approvazione il proprio benessere, e va in estasi di fronte a qualità che chiamerebbe difetti, e cercherebbe di correggere, in se stesso. D'altra parte, coloro che disprezzano l'amicizia possono essere, senza illusioni e non senza rimorsi, i migliori amici del mondo, così come un artista che porta in sé un capolavoro e sente che sarebbe suo dovere vivere per lavorare, ciononostante, per non apparire o rischiare d'essere egoista, dà la sua vita per una causa inutile, e con tanto maggiore ardimento quanto più disinteressate erano le ragioni per cui avrebbe preferito non darla.
Marcel Proust (Alla ricerca del tempo perduto vol. 3)
Mais oui, maîtresse... Tenez ! juste au-dessus de nous, voilà le Chemin de saint Jacques (la Voie lactée). Il va de France droit sur l’Espagne. C’est saint Jacques de Galice qui l’a tracé pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsqu’il faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des Ames (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois étoiles qui vont devant sont les Trois Bêtes, et cette toute petite contre la troisième c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? Ce sont les âmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le Râteau ou les Trois Rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, à nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais maintenant qu’il est minuit passé. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette étoile-là, voici ce que les bergers racontent. Il paraît qu’une nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la Poussinière (la Pléiade), furent invités à la noce d’une étoile de leurs amies. Poussinière, plus pressée, partit, dit-on, la première, et prit le chemin haut. Regardez-la, là-haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupèrent plus bas et la rattrapèrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout à fait derrière, et furieux, pour les arrêter, leur jeta son bâton. C’est pourquoi les Trois Rois s’appellent aussi le Bâton de Jean de Milan... Mais la plus belle de toutes les étoiles, maîtresse, c’est la nôtre, c’est l’Etoile du Berger, qui nous éclaire à l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans
Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
«Tu…» «Tu,» lo blocco io. Non riconosco neanche più la mia voce debole e un po’ insicura. Di solito non sono così, dico sempre quello che penso e tanto peggio se non va a genio a qualcuno. Ma, anche se tengo a essere sincero con Mack, so anche che la sua reazione potrebbe farmi male. Cade di nuovo il silenzio nell’abitacolo. Apro gli occhi e giro la testa verso quella del mio compagno e vedo che i suoi occhi mi squadrano. Non riesco a capire cosa pensa delle mie parole, è chiuso quanto un'ostrica. Sento il mio cuore tamburellarmi nel petto, non pensavo che avrei sentito queste sensazioni dovute alla paura che possa rifiutarmi, le palpitazioni, la bocca secca nell'attesa delle sue parole, gli occhi che pungono come se stessi per piangere, e la tensione che mi ha invaso tutto il corpo, pronta a farmi esplodere le vene. Se l'amore somiglia a questo, non sono sicuro di volerlo provare. Ma posso lottare contro tutto ciò? Quello che ho preso per una semplice attrazione sessuale è diventato rapidamente altro, senza che io me ne rendessi conto, e in base a quel poco che so sull'argomento, non ho mai letto o sentito qualcuno dire: “ho scelto di amare questa persona”. Non per niente tutte le espressioni che possono essere ricondotte all’amore sono violente e senza remore: colpo di fulmine, morire d’amore, bruciare d’amore, innamorarsi
Amheliie (Road)
J'ai encore un vif souvenir de Freud me disant : "Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C'est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable." Il me disait cela plein de passion et sur le ton d'un père disant : "Promets-moi une chose, mon cher fils : va tous les dimanches à l'église !" Quelque peu étonné, je lui demandai : "Un bastion -- contre quoi ?" Il me répondit : "Contre le flot de vase noire de…" Ici il hésita un moment pour ajouter : "… de l'occultisme !" Ce qui m'alarma d'abord, c'était le "bastion" et le "dogme" ; un dogme c'est-à-dire une profession de foi indiscutable, on ne l'impose que là où l'on veut une fois pour toutes écraser un doute. Cela n'a plus rien d'un jugement scientifique, mais relève uniquement d'une volonté personnelle de puissance. Ce choc frappa au cœur notre amitié. Je savais que je ne pourrais jamais faire mienne cette position. Freud semblait entendre par "occultisme" à peu près tout ce que la philosophie et la religion -- ainsi que la parapsychologie qui naissait vers cette époque -- pouvaient dire de l'âme. Pour moi, la théorie sexuelle était tout aussi "occulte" -- c'est-à-dire non démontrée, simple hypothèse possible, comme bien d'autres conceptions spéculatives. Une vérité scientifique était pour moi une hypothèse momentanément satisfaisante, mais non un article de foi éternellement valable. (p. 244)
C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
«Non chiedo un impegno,» dico, «né una bella storia d’amore come nei romanzi, Travis. Voglio conoscere la vita, quella vera, quella che ferisce e che fa male. Quella di cui non si comprende il senso, neanche rimuginandoci sopra delle ore, voglio degli incontri, dei momenti unici e straordinari, voglio agire senza pormi domande sul domani. Voglio vivere, Travis, senza restrizione, senza pormi domande. E, merda, se non ho voglia di dimenticare, non dimentico, okay? Non credo che resterò nella tua vita abbastanza per farmi del male. Conosco i miei limiti, so che devo fermarmi prima di esserne ossessionato. La vita non è sempre bella, Travis Hamilton, la vita è la merda che ti cade addosso all’improvviso, l'imprevisto, la collera e i colpi duri. Allora, Brontolo, vivi il presente, poniti le domande giuste e piantala di rompermi per quelle che mi riguardano. Forse mi comporto come un ragazzo fragile, forse ho una visione del mondo che non va d’accordo con il fisico da ragazzaccio che ho, ma credimi Travis, non sono una persona fragile, anzi. La curiosità e l’apertura sul mondo non mi rendono debole, solo socievole. Ti ho detto che facevo tutto questo per sapere cosa fosse la vita e vivere di esperienze.» Taccio per alcuni istanti, i miei occhi fissano quelli di Travis. Il calore del suo corpo mi riscalda, e risveglia in me delle sensazioni simili all'eccitazione mischiata al desiderio. Questo ragazzo mi fa perdere la testa. Mi blocco, perché ho appena capito una cosa. «Vedi… comincio a credere che forse è questo, che sei tu, la mia esperienza.»
Amheliie (Road)
«Ma guarda se non è la mia persona preferita al mondo,» sento dire da Miranda alla mia sinistra, mentre si avvicina al tavolo per versarci dell’acqua nel bicchiere. La guardo, ma lei sta fissando Kyle, dall’altra parte del tavolo, che siede alla mia destra. Poi rivolge lo sguardo verso di me e mi fa l’occhiolino. «Oh, e ciao, Jane. È bello vederti.» Le sorrido, ma poi metto su un broncio finto. «Pensavo di essere io la tua persona preferita al mondo.» «No,» dice Miranda strascicando la voce mentre mette la mano libera sul fianco e agita la brocca d’acqua quasi vuota verso Kyle. «È lui ora la mia persona preferita, dopo la batosta epica che ha dato a Craig, l’altro giorno.» Stringo le labbra e le rivolgo un cenno accomodante. «È vero. È stato epico, e capisco che la tua lealtà sia cambiata.» Miranda ride e mi manda un bacio, poi allunga la mano a Kyle attraverso il tavolo. «Non siamo stati presentati ufficialmente, l’altro giorno, ma sono Miranda. La migliore amica di Jane, e beh, lei è davvero la mia persona preferita al mondo. Ma subito dopo ci sei tu.» Kyle sorride a Miranda, e devo ammettere che è un bel sorriso. Le stringe la mano e dice: «Mi sarebbe piaciuto dargliene di più, l’altro giorno, ma non volevo fare una scenata.» Miranda ride lasciandogli andare la mano e poi si sporge per versargli l’acqua. «Va bene, sei di nuovo il mio preferito. Jane dovrà accontentarsi della seconda posizione.» E con mia grande sorpresa, Kyle ridacchia ed è ancora più bello. Il suo volto cambia e i suoi occhi si illuminano. Adesso sembra avvicinabile, e devo resistere alla tentazione di chinarmi e baciarlo.
Sawyer Bennett (Finding Kyle)
Voisine Je peux rester des après-midi entiers à regarder cette fille, caché derrière mon rideau. Je me demande ce qu'elle peut écrire sur son ordinateur. A quoi elle pense quand elle regarde par la fenêtre. Je me demande ce qu'elle mange, ce qu'elle utilise comme dentifrice, ce qu'elle écoute comme musique. Un jour, je l'ai vue danser toute seule. Je me demande si elle a des frères et sœurs, si elle met la radio quand elle se lève le matin, si elle préfère l'Espagne ou l'Italie, si elle garde son mouchoir en boule dans sa main quand elle pleure et si elle aime Thomas Bernhard. Je me demande comment elle dort et comment elle jouit. Je me demande comment est son corps de près. Je me demande si elle s'épile ou si au contraire elle a une grosse toison. Je me demande si elle lit des livres en anglais. Je me demande ce qui la fait rire, ce qui la met hors d'elle, ce qui la touche et si elle a du goût. Qu'est-ce qu'elle peut bien en penser, cette fille, de la hausse du baril de pétrole et des Farc, et que dans trente ans il n'y aura sans doute plus de gorilles dans les montagnes du Rwanda ? Je me demande à quoi elle pense quand je la vois fumer sur son canapé, et ce qu'elle fume comme cigarettes. Est-ce que ça lui pèse d'être seule ? Est-ce qu'elle a un homme dans sa vie ? Et si c'est le cas, pourquoi c'est elle qui va toujours chez lui ? Pourquoi il n'y a jamais d'homme chez elle ? Je me demande comment elle se voit dans vingt ans. Je me demande quel sens elle donne à sa vie. Qu'est-ce qu'elle pense de sa vie quand elle est comme ça, toute seule, chez elle ? Si ça se trouve, elle n'a aucun intérêt, cette fille.
David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
« Écoute, Egor Pétrovitch, lui dit-il. Qu’est ce que tu fais de toi ? Tu te perds seulement avec ton désespoir. Tu n’as ni patience ni courage. Maintenant, dans un accès de tristesse, tu dis que tu n’as pas de talent. Ce n’est pas vrai. Tu as du talent ; je t’assure que tu en as. Je le vois rien qu’à la façon dont tu sens et comprends l’art. Je te le prouverai par toute ta vie. Tu m’as raconté ta vie d’autrefois. À cette époque aussi le désespoirte visitait sans que tu t’en rendisses compte. À cette époque aussi, ton premier maître, cet homme étrange, dont tu m’as tant parlé, a éveillé en toi, pour la première fois, l’amour de l’art et a deviné ton talent. Tu l’as senti alors aussi fortement que maintenant. Mais tu ne savais pas ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais pas vivre dans la maison du propriétaire, et tu ne savais toi-même ce que tu désirais. Ton maître est mort trop tôt. Il t’a laissé seulement avec des aspirations vagues et, surtout, il ne t’a pas expliqué toimême. Tu sentais le besoin d’une autre route plus large, tu pressentais que d’autres buts t’étaient destinés, mais tu ne comprenais pas comment tout cela se ferait et, dans ton angoisse, tu as haï tout ce qui t’entourait alors. Tes six années de misère ne sont pas perdues. Tu as travaillé, pensé, tu as reconnu et toi-même et tes forces ; tu comprends maintenant l’art et ta destination. Mon ami, il faut avoir de la patience et du courage. Un sort plus envié que le mien t’est réservé. Tu es cent fois plus artiste que moi, mais que Dieu te donne même la dixième partie de ma patience. Travaille, ne bois pas, comme te le disait ton bonpropriétaire, et, principalement, commence par l’a, b, c. « Qu’est-ce qui te tourmente ? La pauvreté, la misère ? Mais la pauvreté et la misère forment l’artiste. Elles sont inséparables des débuts. Maintenant personne n’a encore besoin de toi ; personne ne veut te connaître. Ainsi va le monde. Attends, ce sera autre chose quand on saura que tu as du talent. L’envie, la malignité, et surtout la bêtise t’opprimeront plus fortement que la misère. Le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne. Et toi, tu verras quelles gens t’entoureront quand tu approcheras du but. Ils tâcheront de regarder avec mépris ce qui s’est élaboré en toi au prix d’un pénible travail, des privations, des nuits sans sommeil. Tes futurs camarades ne t’encourageront pas, ne te consoleront pas. Ils ne t’indiqueront pas ce qui en toi est bon et vrai. Avec une joie maligne ils relèveront chacune de tes fautes. Ils te montreront précisément ce qu’il y a de mauvais en toi, ce en quoi tu te trompes, et d’un air calme et méprisant ils fêteront joyeusement chacune de tes erreurs. Toi, tu esorgueilleux et souvent à tort. Il t’arrivera d’offenser une nullité qui a de l’amour-propre, et alors malheur à toi : tu seras seul et ils seront plusieurs. Ils te tueront à coups d’épingles. Moi même, je commence à éprouver tout cela. Prends donc des forces dès maintenant. Tu n’es pas encore si pauvre. Tu peux encore vivre ; ne néglige pas les besognes grossières, fends du bois, comme je l’ai fait un soir chez de pauvres gens. Mais tu es impatient ; l’impatience est ta maladie. Tu n’as pas assez de simplicité ; tu ruses trop, tu réfléchis trop, tu fais trop travailler ta tête. Tu es audacieux en paroles et lâche quand il faut prendra l’archet en main. Tu as beaucoup d’amour-propre et peu de hardiesse. Sois plus hardi, attends, apprends, et si tu ne comptes pas sur tes forces, alors va au hasard ; tu as de la chaleur, du sentiment, peut-être arriveras-tu au but. Sinon, va quand même au hasard. En tout cas tu ne perdras rien, si le gain est trop grand. Vois-tu, aussi, le hasard pour nous est une grande chose. »
Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas à suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthèses pour vivre ce deuil… accordez-vous le temps. *** Parce que ҫa me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer très discret dans pareille situation, et que de se changer les idées de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, ҫa se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cœur qui est arraché, ҫa ne se voit pas de l’extérieur, et c’est au moins aussi douloureux… Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous à la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaître. Peu à peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand même au fond. La grosse pierre est quand même au fond. *** La vie s’apparente à la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’après, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le même silence des vagues, partir discrètement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est ҫa la vie… C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempête, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand même Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les châteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez à reconstruire votre château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu’au jour où être fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit ҫa. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera égal que chaque bouchée vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicité. Elle défend la place des femmes sans être une féministe acharnée et cela ne lui viendrait même pas à l’idée de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaître avec l’évolution d’une société en pertes de repères.
Agnès Ledig (Juste avant le bonheur)
Para que algo quede escrito no hace falta solamente el deseo puesto en juego a través de la mano que escribe el texto, también hace falta un papel o equivalente (cualquier sustancia material) en el que el trazo pueda quedar registrado. Mientras escribimos, por lo general nos olvidamos del papel, atentos sólo a las palabras que queremos dejar allí; pero forzosamente pasamos a tenerlo en cuenta cuando alguna de las características materiales del papel dificulta que las letras queden escritas con claridad. Todo bebé nace inmerso en un baño de lenguaje. Esta cacofonía significante -insignificante para el bebé en sus primeros tiempos en cuanto a su sentido- le llega filtrada por el Otro real, encarnado en la persona que ejerce la función materna, quien va escribiendo las primeras letras en su cuerpo, desde cada acto cotidiano con el que posibilita el curso de su vida de bebé. Block maravilloso mediante, de una u otra manera, el archivo queda registrado en el sistema nervioso central. Sobre los bebés que nacen normales, los padres normales escriben sin siquiera darse cuenta. Una madre puede no recordar en qué momento su bebé dijo ajó por primera vez, o sostuvo la cabeza, o se sentó, o agarró un sonajero, o se paró solo agarrado a los barrotes de la cuna, puede ni siquiera saber si pasó o no pasó por la angustia d elos ocho meses, pero si su bebé pudo pasar por cada uno de semejantes avatares fue porque ella, sin saberlo, sabía qué tipo de sosten o de objeto, distintos cada día, requería la crianza de su hijo. (...) A veces nos encontramos con padres acerca de los cuales todo nos hace suponer que de haberles nacido un bebito orgánicamente normal, éste se habría convertido en un niño neurótico cualquiera, sin mayores complicaciones que su propia singularidad; pero les tocó un hijo que, al ser portador de una falla detectable, hirió su narcisismo de tal forma que no resultó posible que el pequeño bebé recibiera la serie de inscripciones que previsamente le estaba destinada. Otras veces, lo que toca es un hijo sin ninguna falla detectable en lo inmediato, pero cuya dotación biológica no ofrece las respuestas que normalmente realimentan el llamado del Otro, provocando una serie de desencuentros entre madre e hijo que sólo se advierte mucho más tarde, cuando las producciones del niño no alcanzan las esperables a su edad o lo hacen de manera muy extraña.
ELSA CORIAT (Unknown Book 9725607)
- […] Va voi spune simplu ca trebuie sa traiti numai pentru ca viata e frumoasa in sine. Nu exista in lume decat un singur lucru foarte grav si de nevindecat: moartea! Restul poate si trebuie vindecat, chiar si dragostea cea mai adevarata si infocata, ca de exemplu, cea pe care o traiti voi acum! D’Assas scutura din cap cu o violenta disperata. -Imi vorbiti asa pentru ca voi n-ati iubit niciodata! zise el. Saint-Germain surase… -Ce numiti voi iubire? zise el cu o gravitate si mai pregnanta. Ascultati-ma bine. Poate ma veti intelege, pentru ca sunteti unul din sufletele cele mai generoase pe care le-am intalnit. Pentru umanitate in ansamblul sau, iubirea e o forma de egoism. Un barbat iubeste o femeie. Ceea ce vrea sa insemne ca o doreste; in felul asta doreste posesia; vrea neaparat ca acea femeie sa-i apartina in exclusivitate. Daca femeia e venala, o cumpara ca pe o statuie sau orice alt obiect de lux. Daca e onesta, se straduieste sa-i demonstreze ca trebuie sa-i apartina numai lui, si de buna voie. Una peste alta, vrea sa puna mana pe ea. E o opera de cucerire in felul barbarilor din antichitate. Dovada: chinurile iubirii se micsoreaza, disparand aproape cu totul daca femeia vizata nu se da nimanui. Ceea ce se cheama gelozie nu-i decat expresia acestui egoism de o factura deosebita… Barbatul cauta deci mai ales sa-si satisfaca propriul sau apetit de cuceritor si de proprietar atunci cand afirma ca iubeste. Iubirea, asta inseamna: vreau. Vreau acest obiect: bronz, marmura sau femeie. Pentru mine, numai pentru mine! Asa vreau eu. Si atunci spun ca o iubesc! Cat imi e de mila!... -Asa deci, murmura d’Assas, exista si o alta forma de iubire!... -Da, iubirea exista! E adevarat. E mai pretioasa decat comorile lui Ali-Baba! Dar, ma rog, ea exista. Putini barbati o cunosc. Este aproape la fel de greu de gasit un barbat care iubeste, pe cat e de greu de gasit o femeie care sa merite a fi iubita. Dar se mai intampla! -Si cum e dragostea asta de care vorbiti? intreba cavalerul. -Iubirea aceasta, zise atunci contele, este forma cea mai perfecta a devotamentului, adica tocmai contrariul a ceea ce vulgul considera a fi iubire. A iubi o femeie nu inseamna decat a dori cu ardoare fericirea ei, si nu fericirea ta. Intelegeti ce vreau sa spun? -Da… sau cel putin cred ca da, zise d’Assas. -Iubesc o femeie. Iata ce inteleg prin asta: daca aceasta femeie ma cheama in ajutor, voi fi in stare si de muncile lui Hercule, voi face sa tremure si cerul si pamantul ca sa-i asigur fericirea… dar daca ea se indeparteaza de mine… daca simpatia ei se indreapta spre un altul… -Ei bine? -Ei bine, pentru ca o iubesc… pentru ca am consimtit sa-i asigur fericirea, nu numai ca nu voi fi un obstacol intre ea si barbatul alea… dar chiar ma voi bucura vazand ca a gasit fara mine acea fericire pe care pretindeam ca i-o aduc. -Ingrozitoare teorie! -Spuneti ca e ingrozitoare pentru ca nu ati gustat farmecul nesfarsit al devotamentului pur, al sacrificiului care nu asteapta recompensa… Eu, care am cunoscut toate formele iubirii, de la gelozia care nutreste ganduri criminale pana la disperarea ce naste ganduri de sinucidere, va spun ca numai in devotement e iubire!... D’Assas, visator, asculta cuvintele lui Saint-Germain care, putin cate putin, ii alinau durerea si o faceau mai usor de suportat. Poate contele nu avea alt scop decat acela de a-si expune teoria sa cu privire la iubire. Cavalerul, cum o spusese si Saint-Germain, era cu adevarat un suflet generous. Incepuse sa intrezareasca posibilitatea de a se devota fericirii Jeannei; incetul cu incetul ideea sinuciderii incepea sa piarda teren. Caci cuvintele contelui incolteau si dadeau roade. “Un singur lucru e nevindecabil: moartea!” Caci murind, nu se condamna singur sa nu o mai vada pe Jeanne?
Michel Zévaco (La Marquise De Pompadour)
« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonné dans le silence de la nuit s’il l’avait laissée s’échapper. Il semblait surexcité et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les âmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelée. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maître. » Le poète répondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c’est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. À votre âge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l’ai sentie peu à peu, mois par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais à trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une âme désespérée qu’elle enlèvera bientôt aussi. » « Oui, elle m’a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
Guy de Maupassant