Clair De Lune Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Clair De Lune. Here they are! All 41 of them:

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I only know two pieces; one is 'Clair de Lune' and the other one isn't.
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Victor Borge
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Bach, Chopin, Schumann, these composers have mastered the art of listening. Richard hears Debussy’s “Clair de lune,” and every cell in his body has a broken heart and bare feet dancing in the moonlight. Playing Brahms is communing with God.
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Lisa Genova (Every Note Played)
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And maybe it wasn't his love that brought him back, but hers. How seductive being loved could be.
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Jetta Carleton (Clair de Lune)
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Clair de Lune," a song that makes her think of leaves fluttering, and of the hard ribbons of sand beneath her feet at low tide.
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Anthony Doerr (All the Light We Cannot See)
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The night spread wide around her, filled with its wonders.
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Jetta Carleton (Clair de Lune)
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silence across the field. When they reached the edge of the forest, Claire’s anxiety faded. It really would be easier
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Christine Johnson (Claire de Lune (Claire de Lune, #1))
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bémolise le clair de lune. Mais à un moment donné, sans pouvoir nettement
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Marcel Proust (À la recherche du temps perdu (Edition intĂ©grale ''Les 7 Tomes'' - Version EntiĂšrement IllustrĂ©e))
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Debussy’s ‘Clair de Lune.
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Anthony Doerr (All the Light We Cannot See)
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Name a song. Any song at all." She thought for a moment and said, "'Claire de Lune.'" I placed my hands on the keyboard. I closed my eyes and tilted my head back and struck a key, sounding a single note. "There you go. Gimme another one. I can play the first note of anything. As long as I get to choose the key it's in.
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Michael Darling (Got Luck (Behindbeyond, #1))
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They do not seem to believe in their good fortune, And their song mingles with the moonlight.
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Paul Verlaine (Clair de lune (French Edition))
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- Votre personne, vos moindres mouvements, me semblaient avoir dans le monde une importance extra-humaine. Mon coeur, comme de la poussiĂšre, se soulevait derriĂšre vos pas. Vous me faisiez l'effet d'un clair de lune par une nuit d'Ă©tĂ©, quand tout est parfums, ombres douces, blancheurs, infini ; et les dĂ©lices de la chair et de l'Ăąme Ă©taient contenus pour moi dans votre nom que je me rĂ©pĂ©tais, en tĂąchant de le baiser sur mes lĂšvres. Je n'imaginais rien au delĂ . C'Ă©tait Mme Arnoux telle que vous Ă©tiez, avec ses deux enfants, tendre, sĂ©rieuse, belle Ă  Ă©blouir, et si bonne ! Cette image-lĂ  effaçait toutes les autres. Est-ce que j'y pensais, seulement ! puisque j'avais toujours au fond de moi-mĂȘme la musique de votre voix et la splendeur de vos yeux !
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Gustave Flaubert (Sentimental Education)
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si les AmĂ©ricains s'Ă©taient donnĂ© autant de mal pour le dĂ©sarmement que pour envoyer un pauvre type sur la lune, ou coller des rayures roses dans le dentifrice, on l'aurait depuis longtemps, le dĂ©sarmement. (...) le plus grand pĂ©chĂ© de l'Occident Ă©tait de croire qu'il pouvait foutre en l'air le systĂšme soviĂ©tique par une surenchĂšre dans la course aux armements, parce que dans ce cas-lĂ , on jouait avec le destin de l'humanitĂ©. Et qu'en mettant sabre au clair, l'Ouest avait fourni un bon prĂ©texte aux dirigeants soviĂ©tiques pour garder leur rideau baissĂ© et instituer un État militaire. (chapitre 4)
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John le Carré (The Russia House)
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Ce n'Ă©taient qu'amours, amants, amantes, dames persĂ©cutĂ©es s'Ă©vanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue Ă  tous les relais, chevaux qu'on crĂšve Ă  toutes les pages, forĂȘts sombres, troubles du cƓur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Lasse de ma lassitude, blanche lune derniĂšre, seul regret, mĂȘme pas. Être mort, avant elle, sur elle, avec elle, et tourner, mort sur morte, autour des pauvres hommes, et n’avoir plus jamais Ă  mourir, d’entre les mourants. MĂȘme pas, mĂȘme pas ça. Ma lune fut ici-bas, ici bien bas, le peu que j’aie su dĂ©sirer. Et un jour, bientĂŽt, une nuit de terre, bientĂŽt, sous la terre, un mourant dira, comme moi, au clair de terre, MĂȘme pas, mĂȘme pas ça, et mourra, sans avoir pu trouver un regret.
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Samuel Beckett (Malone Dies)
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L'année précédente, dans une soirée, il avait entendu une oeuvre musicale exécutée au piano et au violon. D'abord, il n'avait goûté que la qualité matérielle des sons sécrétés par les instruments. Et ç'avait déjà été un grand plaisir quand au-dessous de la petite ligne du violon mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d'un coup chercher à s'élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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DÚs que les lÚvres de la mystérieuse jeune femme effleurÚrent les siennes, il sut qu'elle agissait impulsivement, de maniÚre contraire à ses habitudes. Il aurait dû s'écarter aussitÎt, lui Îter la main de sa cravate et, en parfait gentleman, se répandre en excuses. Bien sûr, elle lui plaisait terriblement , elle l'attirait comme la plus belle des fleurs; mais se comporter ainsi, vraiment... Il en fut incapable. Son corps agissait indépendamment de sa raison. Comment résister à ce baiser passionné, prodigué par une ravissante inconnue, au clair de lune, au milieu des vignes parfumées? C'était trop fou... Et tellement bon!
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Teri Wilson (Unmasking Juliet)
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Seigneur je suis trĂšs fatiguĂ©. Je suis nĂ© fatiguĂ©. Et j'ai beaucoup marchĂ© depuis le chant du coq Et le morne est bien haut qui mĂšne Ă  leur Ă©cole. Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole, Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus. Je veux suivre mon pĂšre dans les ravines fraĂźches Quand la nuit flotte encore dans le mystĂšre des bois OĂč glissent les esprits que l'aube vient chasser. Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers Que cuisent les flammes de midi, Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers, Je veux me rĂ©veiller Lorsque lĂ -bas mugit la sirĂšne des blancs Et que l'Usine Sur l'ocĂ©an des cannes Comme un bateau ancrĂ© Vomit dans la campagne son Ă©quipage nĂšgre... Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole, Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus. Ils racontent qu'il faut qu'un petit nĂšgre y aille Pour qu'il devienne pareil Aux messieurs de la ville Aux messieurs comme il faut Mais moi je ne veux pas Devenir, comme ils disent, Un monsieur de la ville, Un monsieur comme il faut. Je prĂ©fĂšre flĂąner le long des sucreries OĂč sont les sacs repus Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune. Je prĂ©fĂšre vers l'heure oĂč la lune amoureuse Parle bas Ă  l'oreille des cocotiers penchĂ©s Ecouter ce que dit dans la nuit La voix cassĂ©e d'un vieux qui raconte en fumant Les histoires de Zamba et de compĂšre Lapin Et bien d'autres choses encore Qui ne sont pas dans les livres. Les nĂšgres, vous le savez, n'ont que trop travaillĂ©. Pourquoi faut-il de plus apprendre dans les livres Qui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ? Et puis elle est vraiment trop triste leur Ă©cole, Triste comme Ces messieurs de la ville, Ces messieurs comme il faut Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds Qui ne savent plus conter les contes aux veillĂ©es. Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole.
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Guy Tirolien (Balles d'or: PoÚmes (Poésie) (French Edition))
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Quelle tristesse tu nous donnes, saison des amours, ĂŽ printemps ! Quelle langueur trouble, morbide, tu mets dans mon sang, dans mon Ăąme ! C'est une douceur douloureuse que celle de ce souffle frai qui me passe sur le visage au milieu du calme des champs. Ai-je perdu le goĂ»t des choses ? Tout ce qui donne joie et vie, tout ce qui brille, qui jubile, ne m'inspire plus que l'ennui. Voici longtemps que tout paraĂźt noir Ă  mon Ăąme dĂ©jĂ  morte. Peut-ĂȘtre songeons-nous aux feuilles qui Ă  l'automne ont disparu sans vouloir voir qu'elles reviennent chanter dans la forĂȘt nouvelle. Peut-ĂȘtre notre Ăąme craintive devant la jeunesse du monde se souvient-elle des annĂ©es qui plus jamais ne reviendront. Peut-ĂȘtre un songe de poĂšte conduit-il Ă  notre pensĂ©e l'image d'un autre printemps. Et nous sentons dans notre cƓur frĂ©mir une nuit merveilleuse, un lieu perdu, un clair de lune...
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Alexandre Pouchkine (EugÚne Onéguine (French Edition))
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Un soir qu'elle descendait, d'un pas dansant, vers le fond du jardin, elle se sentit, sous le charme lunaire, changĂ©e, forte, exaltĂ©e. Au bord de la riviĂšre, elle s'arrĂȘta : l'eau, dans sa course, luisait doucement ; elle la scruta dans tous les sens et la vit entiĂšrement dĂ©serte, entiĂšrement Ă  elle seule. Elle retira le peu de vĂȘtements qu'elle portait, et elle entra dedans, plongea bien vite ; l'eau glissa sur son sein, autour de ses Ă©paules, et l'enveloppa tout entiĂšre. (...) C'Ă©tait une douceur exquise d'ĂȘtre nue sous l'emprise glacĂ©e de l'eau. En comparaison, le plaisir de nager en costume de bain lui parut mĂ©prisable et vulgaire. Nager seule, sous le clair de lune, Ă©tait un mystĂšre sacrĂ©, qui la passionnait. L'eau Ă©tait amoureuse de son corps ; elle s'abandonnait, tout en y rĂ©sistant, Ă  sa mordante Ă©treinte ; elle la subissait, bientĂŽt elle la dĂ©sira; elle Ă©tait amoureuse de l'eau.
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Rosamond Lehmann (Dusty Answer (Virago Modern Classics))
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Il y a une extase qui nous porte au point le plus haut de la vie, au delĂ  duquel la vie ne peut s'Ă©lever. Le paradoxe est qu'elle se produit alors qu'on est - sans s'en rendre compte- pleinement vivant. Cette extase, cette inconscience d'exister appartiennent Ă  l'artiste, saisi et projetĂ© hors de lui mĂȘme dans une nappe de feu; au soldat, pris de folie guerriĂšre sur le champ de bataille, qui refuse de faire quartier. Elles appartenaient aussi Ă  Buck, en tĂȘte de la meute, poussant le cri du loup, tendu vers la proie vivante qui fuyait Ă  toute allure devant lui au clair de lune. Il exprimait ainsi le trĂ©fonds de lui mĂȘme, de cette partie de son ĂȘtre plus ancienne que lui, et qui remonte Ă  l'origine des temps. Le flot de la vie le subjuguait, tel un raz de marrĂ©e; il Ă©tait tout Ă  la joie immense de sentir jouer ses muscles, ses articulations, ses tendons, qui n'avaient rien de la mort, dĂ©bordaient de vigueur et de puissance, et trouvaient leur expression dans le mouvement, volant triomphalement entre les Ă©toiles et la surface inanimĂ©e de la terre.
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Jack London (The Call of the Wild)
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Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d’énergie dorĂ©e. Cette chaude Ă©nergie m’encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trĂšs lĂ©gers et trĂšs clairs. Je pouvais mĂȘme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo Ă©tait rĂ©ellement fondĂ© sur l’amour divin et sur les lois de la crĂ©ation. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j’ai su que cette grande Terre elle-mĂȘme Ă©tait ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les Ă©toiles m’appartiennent. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la propriĂ©tĂ© et les possessions.
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Morihei Ueshiba
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Clair de Lune - 1873-1939 I I should like to imagine A moonlight in which there would be no machine-guns! For, it is possible To come out of a trench or a hut or a tent or a church all in ruins: To see the black perspective of long avenues All silent. The white strips of sky At the sides, cut by the poplar trunks: The white strips of sky Above, diminishing— The silence and blackness of the avenue Enclosed by immensities of space Spreading away Over No Man’s Land
. For a minute
 For ten
 There will be no star shells But the untroubled stars, There will be no Very light But the light of the quiet moon Like a swan. And silence
. Then, far away to the right thro’ the moonbeams “Wukka Wukka” will go the machine-guns, And, far away to the left Wukka Wukka And sharply, Wuk
Wuk
 and then silence For a space in the clear of the moon. II I should like to imagine A moonlight in which the machine-guns of trouble Will be silent
. Do you remember, my dear Long ago, on the cliffs, in the moonlight, Looking over to Flatholme We sat
.Long ago!... And the things that you told me
 Little things in the clear of the moon, The little, sad things of a life
. We shall do it again Full surely, Sitting still, looking over a Flatholme. Then, far away to the right Shall sound the Machine Guns of trouble Wukka-wukka! And, far away to the lft, under Flatholme, Wukka-wuk!... I wonder, my dear, can you stick it? As we could say: “Stick it, the Welch!” In the dark of the moon, Going over
.
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Ford Madox Ford
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Mais un soir que j'Ă©tois assis prĂšs de la tombe oĂč reposent LĂ©once et Delphine, tout Ă  coup un remords s'Ă©leva dans le fond de mon coeur, et je me reprochai d'avoir regardĂ© leur destinĂ©e comme la plus funeste de toutes. Peut-ĂȘtre dans ce moment, mes amis, touchĂ©s de mes regrets, vouloient-ils me consoler, cherchoient-ils Ă  me faire connoĂźtre qu'ils Ă©toient heureux, qu'ils s'aimoient, et que l'Être-suprĂȘme ne les avoit point abandonnĂ©s, puisqu'il n'avoit pas permis qu'ils survĂ©cussent l'un Ă  l'autre. Je passai la nuit Ă  rĂȘver sur le sort des hommes; ces heures furent les plus dĂ©licieuses de ma vie, et cependant le sentiment de la mort les a remplies tout entiĂšres; mais je n'en puis douter, du haut du ciel mes amis dirigeoient mes mĂ©ditations; ils Ă©cartoient de moi ces fantĂŽmes de l'imagination qui nous font horreur du terme de la vie; il me sembloit qu'au clair de la lune, je voyois leurs ombres lĂ©gĂšres passer Ă  travers les feuilles sans les agiter; une fois je leur ai demandĂ© si je ne ferois pas mieux de les rejoindre, s'il n'Ă©toit pas vrai que sur cette terre les Ăąmes fiĂšres et sensibles n'avoient rien Ă  attendre que des douleurs succĂ©dant Ă  des douleurs; alors il m'a semblĂ© qu'une voix, dont les sons se mĂȘloient au souffle du vent, me disoit :—Supporte la peine, attends la nature, et fais du bien aux hommes.— J'ai baissĂ© la tĂȘte, et je me suis rĂ©signĂ©; mais, avant de quitter ces lieux, j'ai Ă©crit, sur un arbre voisin de la tombe de mes amis, ce vers, la seule consolation des infortunĂ©s que la mort a privĂ© des objets de leur affection: On ne me rĂ©pond pas, mais peut-ĂȘtre on m'entend.»
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Madame de Staël (Delphine)
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Mais j’avais revu tantĂŽt l’une, tantĂŽt l’autre, des chambres que j’avais habitĂ©es dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rĂȘveries qui suivaient mon rĂ©veil ; chambres d’hiver oĂč quand on est couchĂ©, on se blottit la tĂȘte dans un nid qu’on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l’oreiller, le haut des couvertures, un bout de chĂąle, le bord du lit, et un numĂ©ro des DĂ©bats roses, qu’on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s’y appuyant indĂ©finiment ; oĂč, par un temps glacial, le plaisir qu’on goĂ»te est de se sentir sĂ©parĂ© du dehors (comme l’hirondelle de mer qui a son nid au fond d’un souterrain dans la chaleur de la terre), et oĂč, le feu Ă©tant entretenu toute la nuit dans la cheminĂ©e, on dort dans un grand manteau d’air chaud et fumeux, traversĂ© des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d’impalpable alcĂŽve, de chaude caverne creusĂ©e au sein de la chambre mĂȘme, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aĂ©rĂ©e de souffles qui nous rafraĂźchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenĂȘtre ou Ă©loignĂ©es du foyer et qui se sont refroidies ; – chambres d’étĂ© oĂč l’on aime ĂȘtre uni Ă  la nuit tiĂšde, oĂč le clair de lune appuyĂ© aux volets entr’ouverts, jette jusqu’au pied du lit son Ă©chelle enchantĂ©e, oĂč on dort presque en plein air, comme la mĂ©sange balancĂ©e par la brise Ă  la pointe d’un rayon – ; parfois la chambre Louis XVI, si gaie que mĂȘme le premier soir je n’y avais pas Ă©tĂ© trop malheureux, et oĂč les colonnettes qui soutenaient lĂ©gĂšrement le plafond s’écartaient avec tant de grĂące pour montrer et rĂ©server la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si Ă©levĂ©e de plafond, creusĂ©e en forme de pyramide dans la hauteur de deux Ă©tages et partiellement revĂȘtue d’acajou, oĂč, dĂšs la premiĂšre seconde, j’avais Ă©tĂ© intoxiquĂ© moralement par l’odeur inconnue du vĂ©tiver, convaincu de l’hostilitĂ© des rideaux violets et de l’insolente indiffĂ©rence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n’eusse pas Ă©tĂ© là ; – oĂč une Ă©trange et impitoyable glace Ă  pieds quadrangulaires barrant obliquement un des angles de la piĂšce se creusait Ă  vif dans la douce plĂ©nitude de mon champ visuel accoutumĂ© un emplacement qui n’y Ă©tait pas prĂ©vu ; – oĂč ma pensĂ©e, s’efforçant pendant des heures de se disloquer, de s’étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver Ă  remplir jusqu’en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j’étais Ă©tendu dans mon lit, les yeux levĂ©s, l’oreille anxieuse, la narine rĂ©tive, le cƓur battant ; jusqu’à ce que l’habitude eĂ»t changĂ© la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseignĂ© la pitiĂ© Ă  la glace oblique et cruelle, dissimulĂ©, sinon chassĂ© complĂštement, l’odeur du vĂ©tiver et notablement diminuĂ© la hauteur apparente du plafond.
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Marcel Proust (Du cÎté de chez Swann (à la recherche du temps perdu #1))
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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... Une nuit d'automne, cinq ans plus tĂŽt. Ils longeaient une rue, et les feuilles mortes tombaient autour d'eux, et ils sont arrivĂ©s Ă  un endroit sans arbres, oĂč le trottoir Ă©tait blanc sous la lune. Ils se sont arrĂȘtĂ©s. Ils se sont tournĂ©s l'un vers l'autre. C'Ă©tait une nuit silencieuse, traversĂ©e par ce mystĂ©rieux battement de fiĂšvre, qui souligne deux fois par an les changements de saison. Les douces lumiĂšres des maisons ronronnaient dans l'obscuritĂ©, et l'on devinait dans le ciel un tournoiement d'Ă©toiles. À la frange de son regard, Gatsby dĂ©couvrait l'alignement des trottoirs, qui dessinait comme une Ă©chelle, et cette Ă©chelle conduisait vers un lieu secret au-dessus des arbres — il pouvait y monter, s'il y montait seul, et l'ayant atteint, boire la vie Ă  sa source mĂȘme, se gorger du lait transcendant des prodiges. Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son cƓur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment oĂč il embrassait cette jeune fille, au moment oĂč ses rĂȘves sublimes Ă©pouseraient se souffle fragile, son esprit perdrait Ă  jamais l'agilitĂ© miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, Ă©coutĂ© encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une Ă©toile, puis il l'avait embrassĂ©e, et Ă  l'instant prĂ©cis oĂč ses lĂšvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'Ă©panouissait comme une fleur Ă  son contact et l'incarnation s'Ă©tait achevĂ©e. À travers ce qu'il disait, et malgrĂ© une sentimentalitĂ© excessive, je retrouvais quelque chose, Ă  mon tour — une cadence insaisissable, des fragments de mots oubliĂ©s, quelque chose qui s'Ă©tait passĂ© bien des annĂ©es auparavant. J'ai senti pendant un moment qu'une phrase cherchait Ă  prendre forme dans ma bouche, et j'ai ouvert les lĂšvres, comme un muet, sous la pression d'une force bien au-delĂ  d'une simple respiration et qui cherchait Ă  s'Ă©chapper. Mais elles ne formĂšrent aucun son, et ce dont j'Ă©tais sur le point de me souvenir est restĂ© indicible Ă  jamais.
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F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
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Ce vernis ne vaut rien. Mais pour en revenir à la lune, c'était pendant une belle nuit d'août. (Hélicon se détourneavec dépit et se tait, immobile.) Elle a fait quelques façons. J'étais déjà couché. Elle était d'abord toute sanglante, au-dessus de l'horizon. Puis elle a commencé à monter, de plus en plus légÚre, avec une rapidité croissante. Plus elle mon-tait, plus elle devenait claire. Elle est devenue comme un lac d'eau laiteuse au milieu de cette nuit pleine de froissements d'étoiles. Elle est arrivée alors dans la chaleur, douce, légÚ-re et nue. Elle a franchi le seuil de la chambre et avec sa lenteur sûre, est arrivée jusqu'à mon lit, s'y est coulée et m'a inondé de ses sourires et de son éclat. - Décidément, ce vernis ne vaut rien. Mais tu vois, Hélicon, je puis dire sans me vanter que je l'ai eue.
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Albert Camus (Caligula)
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En rase campagne, au clair de lune, la nuit est un suicide étalé à perte de vue
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RĂ©gis Jauffret
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Cette nuit-lĂ , l'otage s'Ă©tait fort amusĂ© de voir un enfant aux yeux d'antilope et un grand adolescent borgne monter la garde Ă  sa porte, kalachnikov sous le coude. Il demanda au plus petit s'il aimait la guerre et, dĂ©signant un rossignol en pleine sĂ©rĂ©nade quelque part Ă  l'ombre des branches, si l'on devait accorder la mĂȘme valeur Ă  la vie humaine qu'Ă  ce chant au clair de lune. Les doigts nouĂ©s sur les bambous de sa prison, l'otage Ă©voqua la grĂące d'un temps sans servitude. Alam le Borgne qui l'Ă©coutait bouche bĂ©e manifesta une perplexitĂ© railleuse. De quelle grĂące parlait-il? Y avait-il eu seulement un temps avant la guerre? "Les habitants de cette planĂšte devraient changer leurs mĂ©thodes, rĂ©pondit calmement le Bengali. Toutes les crĂ©atures de Dieu sont faites pour l'amour, les humains et les moutons, les poissons de la mer, les chacals et les rossignols. Le bonheur appartient Ă  celui qui s'abstient de blesser ce qui vit, mĂȘme le papillon. C'est la seule priĂšre utile. Celui qui s'abstient de tuer, mĂȘme une mouche, ne connaĂźt pas la peur. Il ne provoque aucune dĂ©tresse chez les autres crĂ©atures. À peine coupables sont ceux qui commettent des atrocitĂ©s sans fin, car l'ignorance est la premiĂšre des violences..." Terriblement amusĂ©, Alam brandit son pistolet-mitrailleur contre la gorge de l'otage: "Et si je t'abattais comme un chien, le monde en sera-t-il changĂ© d'un cheveu?" Le prisonnier hocha la tĂȘte avec bonhomie. "SĂ»rement, dit-il. Dans les yeux de ton jeune collĂšgue, par exemple!" Alam le Borgne rabattit le canon de son arme en pouffant. "Mon collĂšgue? dit-il. Ah! Ce diable de petit frĂšre! À onze ans, il est plus terrible que le commandant Muhib en personne!
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Hubert Haddad (Opium Poppy)
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Ils chantent les chansons entendues partout, et dont beaucoup de voyageurs Ă©trangers fredonnent les refrains, en Ă©coutant, debout sur le pont, ils chantent, naturellement, Santa Lucia, Addio, mia bella Napoli, Margherita, mais c'est l'Italie qui nous salue ainsi Ă  notre dĂ©part, avec sa musique toute spirituelle, dont on ne sait pas au juste si c'est de la joie contenue ou des larmes prĂȘtes Ă  couler. Minuit sonne Ă  Saint-Marc ; c'est le seul bruit que Venise nous envoie. Les habituels prĂ©paratifs de la mise en marche s'accomplissent sans trop de grincement. Un petit torpilleur, avec trois lanternes aux couleurs italiennes, s'est placĂ© derriĂšre la VĂ©nus et, au dĂ©part, il nous escorte rasant le bord extrĂȘme d'Ă©cume blanche que fait l'hĂ©lice en mouvement. En mer. Une heure du matin. Je monte sur le pont dĂ©sert. Les vers de Laforgue Ah! que la nuit est lointainement pleine De silencieuse infinitĂ© claire ... Viennent naturellement Ă  l'esprit : la pleine lune, dans le ciel pur, confond la mer et le ciel en une mĂȘme teinte grise, transparente et dĂ©licate. On ne voit plus rien de la cĂŽte, qu'un phare lointain, sur la gauche. Le petit torpilleur avec ses lumiĂšres verte, blanche et rouge, ne nous suit plus. Le navire est tout seul dans la vaste clartĂ© lunaire.
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Valery Larbaud (Journal)
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Il releva lentement la tĂȘte et laissa retomber les algues. Son cƓur battait et sa gorge s'Ă©tait serrĂ©e. Il ramassa son seau, ses jarres, son crochet, et regagna d'un pas rĂȘveur le haut de la plage. Ce visage demeurait devant lui. Il s'assit sur le sable sec et enleva ses bottes. Dans l'une des jarres, les petites pieuvres s'Ă©taient dĂ©faites les unes des autres. Une musique bourdonnait aux oreilles de Doc, comme le son perçant d'une flĂ»te portant une mĂ©lodie insaisissable, coupĂ©e par le murmure des vagues et les sautes du vent. Et l'indicible mĂ©lodie s'Ă©levait au-delĂ  des sons, dans les rĂ©gions que la musique elle-mĂȘme ne peut atteindre. Doc frissonna, ses bras avaient la chair de poule, ses yeux se mouillĂšrent, comme les yeux se mouillent quand on touche le cƓur de la magnificence. De clairs yeux gris, des cheveux noirs flottant, ondoyant au-dessus d'un front, l'image en demeurerait Ă  jamais. Et la musique l'entourait, l'eau bouillonnait sur les galets, la terrifiante petite flĂ»te chantait toujours, il battait la mesure avec sa main... Les yeux Ă©taient d'un gris trĂšs clair, et la bouche entrouverte retenait un souffle d'extase...
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John Steinbeck (Cannery Row (Cannery Row, #1))
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La censure sous Ceaușescu, vue par Vasile Andru (p. 327-328) : Il y avait une dizaine de procĂ©dĂ©s. Ma gĂ©nĂ©ration les a tous pratiquĂ©s, appliquĂ©s surtout d'une façon empirique selon l'inspiration du moment. Ces procĂ©dĂ©s commencent par un palier lexical-sĂ©mantique, continue avec l'observation de stratĂ©gies de construction et d'expression, l'Ă©criture entre les lignes, le syntagme Ă©nigmatique, l'utilisation de procĂ©dĂ©s Ă©sopiques tels que l'allĂ©gorie et la parabole ou les dĂ©guisements spatio-temporelles et, enfin, divers procĂ©dĂ©s expĂ©rimentaux. Tout cela Ă©tait associĂ© aux stratĂ©gies de nĂ©gociation. En voici quelques exemples : Les mots dĂ©fendus : l'affĂ»t de la censure commencĂ©e dĂšs le mot
 Il existait des listes de mots prohibĂ©s. Lorsque le livre avait reçu le visa de la censure (donc sans les mots refusĂ©s), je travaillais Ă  nouveau le texte avant son impression. Je remettais Ă  leur place certains mots dĂ©fendus
 Le rĂ©dacteur du livre (l'Ă©diteur) devait ĂȘtre un alliĂ© sinon tout tombĂ© Ă  l'eau
 Les codes allusifs : ils ont conduit Ă  une littĂ©rature Ă©sopique. En Roumanie tout le monde a appris ces codes allusifs de sorte qu'ils fonctionnaient au niveau de la sociĂ©tĂ©. Ainsi, l'expression Ă©sopique n'a-t-elle pas isolĂ© l'Ă©crivain, quoiqu'elle ait peut-ĂȘtre isolĂ© notre littĂ©rature du monde entier. Le rĂ©cit allĂ©gorique : je crois que les annĂ©es soixante-dix ont propulsĂ© en gĂ©nĂ©ral l'allĂ©gorie pour deux raisons : la premiĂšre, c'Ă©tait l'angoisse existentielle (poussĂ©e parfois jusqu'Ă  la nĂ©vrose) et la seconde, c'Ă©tait l'ambition universaliste. La tendance Ă  l'occultation Ă©tait associĂ©e Ă  crĂ©er des visions vastes. Cette dĂ©marche cachait tout autant un geste cognitif que contestataire. Le dĂ©guisement romantique : le genre historique nous a permis Ă  nous les Ă©crivains, des renvois au prĂ©sent. En parlant de la maniĂšre dont Trajan a puni les dĂ©lateurs de Rome, il Ă©tait clair Ă  quels dĂ©lateurs je faisais allusion. L'expĂ©rimentation littĂ©raire : avec les proses des annĂ©es 1980 j'ai introduit des procĂ©dĂ©s plus Ă©laborĂ©s - le montage cinĂ©tique, le « relanceur textuel » coupĂ© du contexte. En cela, il ne s'agissait pas seulement de contrecarrer la vigilance de la censure, mais de repenser l'efficience du langage, il s'agissait d'une « revigoration » moderniste. Quoiqu'il en soit, je n'ai jamais misĂ© sur la naĂŻvetĂ© de la censure ou sur sa bĂȘtise. Les censeurs n'Ă©taient pas bĂȘtes, on ne pouvait pas les duper. Ils Ă©taient diplĂŽmĂ©s, c'Ă©tait nos anciens camarades de facultĂ©. MalgrĂ© les procĂ©dĂ©s utilisĂ©s il arrivait qu'un livre soit refusĂ©. Il fallait alors changer la maison d'Ă©dition et il pouvait arriver que la publication soit accordĂ©e Ă  l'une de ces maisons plutĂŽt qu'Ă  l'autre. Entraient en alors en jeu le zĂšle ou l'excĂšs de prudence avec lesquels ces derniĂšres agissaient.
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Bernard Camboulives (La Roumanie littéraire)
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De ta petite oreille j'oublie les longs secrets, ton sourire d'enfantelet, l'éphémÚre qu'on ose pas baiser, tes paupiÚres aveuglées par mes lÚvres, sources claires du destin, froides, chaudes comme la lune en juin.
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Max Jacob (Derniers poĂšmes en vers et en prose)
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While your grandson practices Clair de Lune, you billow inside the piano and practice channelling moonlight, flexing your newfound phosphorescence. Your skin positively glows, but the mouth you have now is always open. Wind intones over it like a bottle, and you spook neighbourhood cats without meaning to.
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Matthew Hollett (Optic Nerve)
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Au reste, l’artifice paraissait Ă  des Esseintes la marque distinctive du gĂ©nie de l’homme. Comme il le disait, la nature a fait son temps ; elle a dĂ©finitivement lassĂ©, par la dĂ©goĂ»tante uniformitĂ© de ses paysages et de ses ciels, l’attentive patience des raffinĂ©s. Au fond, quelle platitude de spĂ©cialiste confinĂ©e dans sa partie, quelle petitesse de boutiquiĂšre tenant tel article Ă  l’exclusion de tout autre, quel monotone magasin de prairies et d’arbres, quelle banale agence de montagnes et de mers ! Il n’est, d’ailleurs, aucune de ses inventions rĂ©putĂ©e si subtile ou si grandiose que le gĂ©nie humain ne puisse crĂ©er ; aucune forĂȘt de Fontainebleau, aucun clair de lune que des dĂ©cors inondĂ©s de jets Ă©lectriques ne produisent ; aucune cascade que l’hydraulique n’imite Ă  s’y mĂ©prendre ; aucun roc que le carton-pĂąte ne s’assimile ; aucune fleur que de spĂ©cieux taffetas et de dĂ©licats papiers peints n’égalent ! À n’en pas douter, cette sempiternelle radoteuse a maintenant usĂ© la dĂ©bonnaire admiration des vrais artistes, et le moment est venu oĂč il s’agit de la remplacer, autant que faire se pourra, par l’artifice. Et puis, Ă  bien discerner celle de ses Ɠuvres considĂ©rĂ©e comme la plus exquise, celle de ses crĂ©ations dont la beautĂ© est, de l’avis de tous, la plus originale et la plus parfaite : la femme ; est-ce que l’homme n’a pas, de son cĂŽtĂ©, fabriquĂ©, Ă  lui tout seul, un ĂȘtre animĂ© et factice qui la vaut amplement, au point de vue de la beautĂ© plastique ? est-ce qu’il existe, ici-bas, un ĂȘtre conçu dans les joies d’une fornication et sorti des douleurs d’une matrice dont le modĂšle, dont le type soit plus Ă©blouissant, plus splendide que celui de ces deux locomotives adoptĂ©es sur la ligne du chemin de fer du Nord ? L’une, la Crampton, une adorable blonde, Ă  la voix aiguĂ«, Ă  la grande taille frĂȘle, emprisonnĂ©e dans un Ă©tincelant corset de cuivre, au souple et nerveux allongement de chatte, une blonde pimpante et dorĂ©e, dont l’extraordinaire grĂące Ă©pouvante lorsque, raidissant ses muscles d’acier, activant la sueur de ses flancs tiĂšdes, elle met en branle l’immense rosace de sa fine roue et s’élance toute vivante, en tĂȘte des rapides et des marĂ©es ! L’autre, l’Engerth, une monumentale et sombre brune aux cris sourds et rauques, aux reins trapus, Ă©tranglĂ©s dans une cuirasse en fonte, une monstrueuse bĂȘte, Ă  la criniĂšre Ă©chevelĂ©e de fumĂ©e noire, aux six roues basses et accouplĂ©es ; quelle Ă©crasante puissance lorsque, faisant trembler la terre, elle remorque pesamment, lentement, la lourde queue de ses marchandises !
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Joris-Karl Huysmans
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Au reste, l’artifice paraissait Ă  des Esseintes la marque distinctive du gĂ©nie de l’homme. Comme il le disait, la nature a fait son temps ; elle a dĂ©finitivement lassĂ©, par la dĂ©goĂ»tante uniformitĂ© de ses paysages et de ses ciels, l’attentive patience des raffinĂ©s. Au fond, quelle platitude de spĂ©cialiste confinĂ©e dans sa partie, quelle petitesse de boutiquiĂšre tenant tel article Ă  l’exclusion de tout autre, quel monotone magasin de prairies et d’arbres, quelle banale agence de montagnes et de mers ! Il n’est, d’ailleurs, aucune de ses inventions rĂ©putĂ©e si subtile ou si grandiose que le gĂ©nie humain ne puisse crĂ©er ; aucune forĂȘt de Fontainebleau, aucun clair de lune que des dĂ©cors inondĂ©s de jets Ă©lectriques ne produisent ; aucune cascade que l’hydraulique n’imite Ă  s’y mĂ©prendre ; aucun roc que le carton-pĂąte ne s’assimile ; aucune fleur que de spĂ©cieux taffetas et de dĂ©licats papiers peints n’égalent ! À n’en pas douter, cette sempiternelle radoteuse a maintenant usĂ© la dĂ©bonnaire admiration des vrais artistes, et le moment est venu oĂč il s’agit de la remplacer, autant que faire se pourra, par l’artifice. Et puis, Ă  bien discerner celle de ses Ɠuvres considĂ©rĂ©e comme la plus exquise, celle de ses crĂ©ations dont la beautĂ© est, de l’avis de tous, la plus originale et la plus parfaite : la femme ; est-ce que l’homme n’a pas, de son cĂŽtĂ©, fabriquĂ©, Ă  lui tout seul, un ĂȘtre animĂ© et factice qui la vaut amplement, au point de vue de la beautĂ© plastique ? est-ce qu’il existe, ici-bas, un ĂȘtre conçu dans les joies d’une fornication et sorti des douleurs d’une matrice dont le modĂšle, dont le type soit plus Ă©blouissant, plus splendide que celui de ces deux locomotives adoptĂ©es sur la ligne du chemin de fer du Nord ? L’une, la Crampton, une adorable blonde, Ă  la voix aiguĂ«, Ă  la grande taille frĂȘle, emprisonnĂ©e dans un Ă©tincelant corset de cuivre, au souple et nerveux allongement de chatte, une blonde pimpante et dorĂ©e, dont l’extraordinaire grĂące Ă©pouvante lorsque, raidissant ses muscles d’acier, activant la sueur de ses flancs tiĂšdes, elle met en branle l’immense rosace de sa fine roue et s’élance toute vivante, en tĂȘte des rapides et des marĂ©es ! L’autre, l’Engerth, une monumentale et sombre brune aux cris sourds et rauques, aux reins trapus, Ă©tranglĂ©s dans une cuirasse en fonte, une monstrueuse bĂȘte, Ă  la criniĂšre Ă©chevelĂ©e de fumĂ©e noire, aux six roues basses et accouplĂ©es ; quelle Ă©crasante puissance lorsque, faisant trembler la terre, elle remorque pesamment, lentement, la lourde queue de ses marchandises ! Il n’est certainement pas, parmi les frĂȘles beautĂ©s blondes et les majestueuses beautĂ©s brunes, de pareils types de sveltesse dĂ©licate et de terrifiante force ; Ă  coup sĂ»r, on peut le dire : l’homme a fait, dans son genre, aussi bien que le Dieu auquel il croit.
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Joris-Karl Huysmans
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Clair De Lune" If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me Don't go, tell me that the lights won't change, Tell me that you'll feel the same, and we'll stay here forever, Don't go, tell me that the lights won't change, Tell me that it'll stay the same, Where we go, where we, Where we go, where we go, Where we go, where we go, where we go. [Repeat x4] Where we go, where we, Where we go, where we, Where we go, where we, Where we go, where we go Don't go, tell me that the lights won't change, Tell me that you'll feel the same, and we'll stay here forever, Don't go, tell me that the lights won't change, Tell me that it'll stay the same, Where we go, where we, Where we go, where we go, Where we go, where we go, where we go. If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me, If I would know you, would you know me Don't go, tell me that the lights won't change, Tell me that we'll stay the same, Where we go, where we, Where we go, where we go, Where we go, where we go, where we go.
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Flight Facilities
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Devant eux, la nuit Ă©tait sans limites. Rieux, qui sentait sous ses doigts le visage grĂȘlĂ© des rochers, Ă©tait plein d'un Ă©trange bonheur. TournĂ© vers Tarrou, il devina, sur le visage calme et grave de son ami, ce mĂȘme bonheur qui n'oubliait rien, pas mĂȘme l'assassinat. Ils se dĂ©shabillĂšrent. Rieux plongea le premier. Froides d'abord, les eaux lui parurent tiĂšdes quand il remonta. Au bout de quelques brasses, il savait que la mer, ce soir-lĂ , Ă©tait tiĂšde, de la tiĂ©deur des mers d'automne qui reprennent Ă  la terre la chaleur emmagasinĂ©e pendant de longs mois. Il nageait rĂ©guliĂšrement. Le battement de ses pieds laissait derriĂšre lui un bouillonnement d'Ă©cume, l'eau fuyait le long de ses bras pour se coller Ă  ses jambes. Un lourd clapotement lui apprit que Tarrou avait plongĂ©. Rieux se mit sur le dos et se tint immobile, face au ciel renversĂ©, plein de lune et d'Ă©toiles. Il respira longuement. Puis il perçut de plus en plus distinctement un bruit d'eau battue, Ă©trangement clair dans le silence et la solitude de la nuit. Tarrou se rapprochait, on entendit bientĂŽt sa respiration. Rieux se retourna, se mit au niveau de son ami, et nagea dans le mĂȘme rythme. Tarrou avançait avec plus de puissance que lui et il dut prĂ©cipiter son allure. Pendant quelques minutes, ils avancĂšrent avec la mĂȘme cadence et la mĂȘme vigueur solitaires, loin du monde, libĂ©rĂ©s enfin de la ville et de la peste. Rieux s'arrĂȘta le premier et ils revinrent lentement, sauf Ă  un moment oĂč ils entrĂšrent dans un courant glacĂ©. Sans rien dire, ils prĂ©cipitĂšrent tous deux leur mouvement, fouettĂ©s par cette surprise de la mer. HabillĂ©s de nouveau, ils repartirent sans avoir prononcĂ© un mot. Mais ils avaient le mĂȘme cƓur et le souvenir de cette nuit leur Ă©tait doux. Quand ils aperçurent de loin la sentinelle de la peste, Rieux savait que Tarrou se disait, comme lui, que la maladie venait de les oublier, que cela Ă©tait bien, et qu'il fallait maintenant recommencer.
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Albert Camus (The Plague)
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Albeniz—Malagneña 2. Bach—Gavotte and Musette in G minor 3. Bach—Gigue from the B-flat Partita 4. Bach—Two-Part Invention No. 8 5. Brahms—Intermezzo in C, Op. 119, No. 3 6. Brahms—Rhapsody in G minor 7. Chopin—Etude in C minor, Op. 25 8. Chopin—Mazurka in A minor, Op. 68, No. 2 9. Chopin—Waltz in E minor 10. Debussy—Clair de lune 11. Debussy—La Fille aux cneveux de lin 12. Debussy—Minstrels 13. Grieg—Nocturne in C, Op, 54, No. 4 14. Ibert—The Little White Donkey 15. Liszt—Consolation No.3 16. Mendelssohn—Scherzo in E minor 17. Navarro—Spanish Dance 18. Palmgren—May Night 19. Poulenc—Perpetual Motion 20. Schumann—Arabeshe 21. Schumann—Des Abends 22. Schumann—The Prophet Bird 23. Schumann—Warumf 24. Cyril Scott—Lotus, Land 25. Cyril Scott—False Caprice
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Charles Cooke (Playing the Piano for Pleasure: The Classic Guide to Improving Skills Through Practice and Discipline)
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Hello, Lanier, how about a song? Will you and Topsy sing me a song?” “What shall we sing?” agreed the little boy, with the odd chanting accent of American children brought up in France. “That song about ‘Mon Ami Pierrot.’” Brother and sister stood side by side without self-consciousness and their voices soared sweet and shrill upon the evening air. “Au clair de la lune Mon Ami Pierrot PrĂȘte-moi ta plume Pour Ă©crire un mot Ma chandelle est morte Je n’ai plus de feu Ouvre-moi ta porte Pour l’amour de Dieu.
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F. Scott Fitzgerald
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L’OcĂ©an sonore Palpite sous l’Ɠil De la lune en deuil Et palpite encore, Tandis qu’un Ă©clair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D’un long zigzag clair, Et que chaque lame, En bonds convulsifs, Le long des rĂ©cifs Va, vient, luit et clame, Et qu’au firmament, OĂč l’ouragan erre, Rugit le tonnerre Formidablement.
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Paul Verlaine (PoĂšmes saturniens)