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– Vous êtes comme Ardisson, vous délirez sur Warhol? Il se retourna sur un homme mince à la barbe poivre et sel taillée court façon papier de verre. – Je ne sais pas, dit Bernard en regardant à nouveau le tableau, c’est déjà un peu le passé, Warhol, non? affirma-t-il pour se donner une contenance. L’autre le regarda avec attention et Bernard lui raconta sa découverte des colonnes de Buren, de la pyramide du Louvre et de ces graffitis sur les palissades, ces formes neuves, cet hippopotame. Il se surprit lui-même en employant plusieurs fois le mot radical. Moi aussi, je vais faire mes grands travaux, conclut-it en vidant sa troisième coupe de champagne. – C’est Basquiat qu’il vous faut. L’homme à la barbe de trois jours avait lâché cette sentence d’une voix grave. Vous connaissez Jean-Michel Basquiat? Bernard hocha négativement la tête. Il est encore accessible, voici la carte de ma galerie. – Tu parles encore de Basquiat? le coupa un homme aussitôt rejoint par un autre qui faisait tanguer sa coupe d’un air moqueur. – Ne les écoutez pas, ce sont des gens des musées. La conversation fut vive, d’après ce que comprit Bernard, une exposition allait avoir lieu au Centre Pompidou, inititulée «L’époque, la mode, la morale, la passioné» afin de mettre en lumière les courants artistiques internationaux des années 1980 et personne n’avait cru bon d’y représenter des œuvres de ce Basquiat. – Honte sur vous! leur dit l’homme à la barbe papier de verre. Et tandis que les trois se tenaient tête sur ce mystérieux peintre, Bernard attrapa une nouvelle coupe de champagne et songea à son aïeul.
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