C'est La Vie Quotes

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There is only one happiness in life, to love and be loved. (Il n'y a qu'un bonheur dans la vie, c'est d'aimer et d'ĂȘtre aimĂ©.)
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George Sand
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La vie c’est comme la bicyclette : quand on arrĂȘte de pĂ©daler on tombe.
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Albert Einstein
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Plus on évolue dans sa vie, plus on se débarrasse des croyances qui nous limitent, et plus on a de choix. Et le choix, c'est la liberté.
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Laurent Gounelle (L'homme qui voulait ĂȘtre heureux)
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Le suprĂȘme bonheur de la vie, c'est la conviction qu'on est aimĂ©; aimĂ© pour soi-mĂȘme, disons mieux, aimĂ© malgrĂ© soi-mĂȘme.
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Victor Hugo (Fantine (Les Misérables, #1))
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... c'est peut-ĂȘtre ça la vie : beaucoup de dĂ©sespoir mais aussi quelques moments de beautĂ© oĂč le temps n'est plus le mĂȘme. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthĂšses dans le temps, de supension, un ailleurs ici mĂȘme, un toujours dans le jamais. Oui, c'est ça, un toujours dans le jamais.
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Muriel Barbery (L'ÉlĂ©gance du hĂ©risson)
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C'est peut-ĂȘtre ça qu'on cherche Ă  travers les vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-mĂȘme avant de mourir.
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Louis-Ferdinand Céline (Voyage Au Bout De La Nuit)
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Il n'y a qu'un problĂšme philosophique vraiment sĂ©rieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'ĂȘtre vĂ©cue, c'est rĂ©pondre Ă  la question fondamentale de la philosophie.
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Albert Camus (Le Mythe De Sisyphe: Essai Sur L'absurde)
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Dans la vie,j`ai eu le choix entre l`amour,la drogue et la mort.J`ai choisi les deux premĂšires et c`est la troisiĂšme qui m`a choisi
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Jim Morrison
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Le plus grand faible des hommes, c'est l'amour qu'ils ont de la vie.
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MoliĂšre
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Savoir souffrir sans se plaindre, ça c‘est la seule chose pratique, c‘est la grande science, la leçon à apprendre, la solution du problùme de la vie. [Knowing how to suffer without complaining is the only practical thing, it's the great science, the lesson to learn, the solution to the problem of life.]
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Irving Stone (Lust for Life)
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VoilĂ , ma petite AmĂ©lie, vous n'avez pas des os en verre. Vous pouvez vous cogner Ă  la vie. Si vous laissez passer cette chance, alors avec le temps, c'est votre cƓur qui va devenir aussi sec et cassant que mon squelette. Alors, allez-y, nom d'un chien!
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Jean-Pierre Jeunet
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Magicians needed sorrow. And deep sorrow existed only because of love.
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Gita Trelease (Enchantée (Enchantée, #1))
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Je crois que c'est moi qui ai changé: c'est la solution la plus simple. La plus désagréable aussi. Mais einfin je dois reconnaßtre que je suis sujet à ces transformations soudaines. Ce qu'il y a, c'est que je pense trÚs rarement; alors une foule depetites métamorphoses s'accumulent en moi sans que j'y prenne garde et puis, un beau jour, il se produit une véritable révolution. C'est ce qui a donné à ma vie cet aspect huerté, incohérent.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Parce que c’est pendant qu’on calcule, qu’on analyse les pour et les contre, que la vie passe et qu’il ne se passe rien.
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Marc Levy (Et si c'était vrai...)
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Longtemps, mon seul but dans la vie Ă©tait de m'autodĂ©truire. Puis, une fois, j'ai eu envie de bonheur. C'est terrible, j'ai honte, pardonnez-moi : un jour, j'ai eu cette vulgaire tentation d'ĂȘtre heureux. Ce que j'ai appris depuis, c'est que c'Ă©tait la meilleure maniĂšre de me dĂ©truire.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Nous ne faisions rien de mal cet aprĂšs-midi-lĂ . Et c'est cela Ă  mon avis le seul sens Ă  donner Ă  sa vie: trouver son bonheur sans augmenter la douleur du monde.
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Dany LaferriĂšre (L'art presque perdu de ne rien faire)
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J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel Ăąge de la vie.
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Paul Nizan (Aden Arabie)
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Et puis, c'est la vie; elle ne nous prend que ce qu'elle nous a donné. Ni plus ni moins. (p.190)
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Yasmina Khadra (L'équation africaine)
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C’est la vie
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Meg Cabot (The Princess Diaries (The Princess Diaries, #1))
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C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur.
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Émile Ajar (La vie devant soi)
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Il ne sert Ă  rien de regretter sa jeunesse, Ni de maudire la vieillesse, Ni d'avoir peur de la mort, Ta vie, c'est la journĂ©e que tu es en train de vivre, Rien d'autre. Alors divertis-toi, sois heureux, Et sois prĂȘt Ă  partir. (p.424)
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Amin Maalouf (OrĂ­genes)
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Personne n'est capable rĂ©ellement de penser Ă  personne, fĂ»t-ce dans le pire des malheurs. Car penser rĂ©ellement Ă  quelqu'un, c'est y penser minute aprĂšs minute, sans ĂȘtre distrait par rien, ni les soins du mĂ©nage, ni la mouche qui vole, ni les repas, ni une dĂ©mangeaison. Mais il y a toujours des mouches et des dĂ©mangeaisons. C'est pourquoi la vie est difficile Ă  vivre.
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Albert Camus (The Plague)
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Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c’est passer de l’ignorance à la connaissance, de la peur à l’amour.
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Frédéric Lenoir (Petit traité de vie intérieure)
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« La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le coeur qui l'aimait. »
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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La variĂ©tĂ©, c'est la vie, l'uniformitĂ©, c'est la mort." [De l’esprit de conquĂȘte et de l’usurpation dans leur rapports avec la civilisation europĂ©enne (1914)]
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Benjamin Constant
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Ce n'était pas une vie; on existait, et c'est tout.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Les liens se font et se dĂ©font, c'est la vie. Un matin, l'un reste et l'autre part, sans que l'on sache toujours pourquoi. Je ne peux pas tout donner Ă  l'autre avec cette Ă©pĂ©e de DamoclĂšs au-dessus de la tĂȘte. Je ne veux pas bĂątir ma vie sur les sentiments parce que les sentiments changent. Ils sont fragiles et incertains. Tu les crois profonds et ils sont soumis Ă  une jupe qui passe, Ă  un sourire enjĂŽleur. Je fais de la musique parce que la musique ne partira jamais de ma vie. J'aime les livres, parce que les livres seront toujours lĂ . Et puis... des gens qui s'aiment pour la vie, moi, je n'en connais pas.
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Guillaume Musso (La fille de papier)
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Crois-moi, il n'y a pas de grande douleur, pas de grands repentirs, de grands souvenirs. Tout s'oublie mĂȘme les grandes amours. C'est ce qu'il y a de triste et d'exaltant Ă  la fois dans la vie. Il y a seulement une certaine façon de voir les choses et elle surgit de temps en temps. C'est pour ça qu'il est bon quand mĂȘme d'avoir eu un grand amour, une passion malheureuse dans sa vie. Ça fait du moins un alibi pour les dĂ©sespoirs sans raison dont nous sommes accablĂ©s.
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Albert Camus (A Happy Death)
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Although he thinks he's awesome at them, Andrew really sucks at languages. Once, he tried to speak French to this woman who owned the C'est La Vie bakery back home, and she gave him a cookie because she thought he was mentally challenged. (Page 21)
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Alicia Thompson (Psych Major Syndrome)
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Les contes de fées c'est comme ça. Un matin on se réveille. On dit: "Ce n'était qu'un conte de fées..." On sourit de soi. Mais au fond on ne sourit guÚre. On sait bien que les contes de fées c'est la seule vérité de la vie. Fairy tales are like that. One morning, we wake up and say, "It was only a fairy tale..." We put a smile on our face but deep inside, this isn't what we feel like doing. It's because we know full well that fairy tales are the only truth in life. [The English translation is LucrÚce Riminiac's.]
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettres à l'inconnue)
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La vie, c’est le mouvement, t’as pas fini de quitter des gens
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Virginie Despentes (Bye Bye Blondie)
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Le suprĂȘme bonheur dans la vie,c'est la conviction qu'on est aimĂ©..
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Victor Hugo
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As-tu dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amoureux? C'est horrible non? Ca rend si vulnĂ©rable. Ca t'ouvre la poitrine et le coeur en grand et du coup, n'importe qui peut venir te bousiller de l'intĂ©rieur. On se forge des dĂ©fenses, on se fabrique une belle armure pour que rien ne puisse jamais nous atteindre, et voilĂ  qu'un imbĂ©cile, pas bien diffĂ©rent des autres s'immisce dans notre imbĂ©cile de vie... On lui offre un morceau de soi alors que l'autre n'a rien demandĂ©. Il a juste fait un truc dĂ©bile un jour, genre t'embrasser ou te sourire, mais, depuis, ta vie ne t'appartient plus. L'amour te prend en otage. Il s'insinue en toi. Il te dĂ©vore de l'intĂ©rieur et te laisse tout seul Ă  chialer dans le noir, au point qu'un simple phrase comme "je crois qu'on devrait rester amis" te fait l'effet d'un Ă©clat de verre qu'on t'aurait plantĂ© dans le coeur. Ca fait mal. Pas juste dans ton imagination. Pas juste dans ta tĂȘte. C'est une douleur Ă  fendre l'Ăąme, qui s'incruste en toi et te dĂ©chire du dedans. Je hais l'amour.
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Neil Gaiman (The Sandman, Vol. 9: The Kindly Ones)
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Il ne fait aucun doute pour moi que la sagesse est le but principal de la vie et c'est pourquoi je reviens toujours aux stoĂŻciens. Ils ont atteint la sagesse, on ne peut donc plus les appeler des philosophes au sens propre du terme. De mon point de vue, la sagesse est le terme naturel de la philosophie, sa fin dans les deux sens du mot. Une philosophie finit en sagesse et par lĂ  mĂȘme disparaĂźt.
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Emil M. Cioran (Oeuvres)
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Ils voulaient nous dire Ă  nous les femmes tutsi: 'Ne donnez plus la vie car c'est la mort que vous donnez en mettant en monde. Vous n'ĂȘtes plus porteuses de vie, mais porteuses de mort.
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Scholastique Mukasonga (La femme aux pieds nus)
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Ma fille, malheureusement, ou heureusement, tout le monde ne peut pas accéder au bonheur, que ce soit dans la vie ou dans une histoire. Le bonheur des uns engendre du malheur chez les autres. C'est triste, mais c'est ainsi...
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Atiq Rahimi (The Patience Stone)
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Je crois que c'est les injustes qui dorment le mieux, parce qu'ils s'en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l'oeil et se font du mauvais sang pour tout.
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Romain Gary (Éducation europĂ©enne / La vie devant soi)
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cela fait si longtemps que ça dure que j'ai cessé de me demander si c'est dans la haine ou dans l'amour que nous trouvons la force de continuer cette vie mensongÚre, que nous puisons l'énergie formidable qui nous permet encore de souffrir, et d'espérer.
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Georges Perec
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Le rĂȘve est une bataille. Je veux parler des vrais rĂȘves, bien sĂ»r, pas des petits dĂ©sirs qui nous passent par la tĂȘte et y volettent comme des moustiques. Qu'est ce qu'un vrai rĂȘve? C'est un rĂȘve qui dure. Et s'il dure, c'est qu'il s'est mariĂ©. MariĂ© avec la volontĂ©.
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Érik Orsenna (Les Chevaliers du Subjonctif)
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Une fois qu'on a tout fait comme il faut, il arrive parfois que les choses tournent mal. Mais il faut persister, c'est ça la clé.
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Angie Thomas (The Hate U Give (The Hate U Give, #1))
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Dans la vie on n'a qu'un seul grand amour et tous ceux qui précÚdent sont des amours de rodage et tous ceux qui suivent sont des amours de rattrapage ; c'est maintenant ou jamais.
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Frédéric Beigbeder (Mémoires d'un jeune homme dérangé (Marc Marronnier, #1))
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« L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. »
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Marguerite Duras (Writing)
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La vraie vie, la vie enfin dĂ©couverte et Ă©claircie, la seule vie par consĂ©quent pleinement vĂ©cue, c’est la littĂ©rature.
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Marcel Proust
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Ce n'est pas le danger que j'aime. Je sais ce que j'aime. C'est la vie.
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Antoine de Saint-Exupéry (Terre des hommes)
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L'essence de la vie, c'est la vanille.
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Sylvain Trudel
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C'est la vie
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Thats life
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Les journĂ©es qui s'Ă©coulent, les gens que tu rencontres, les expĂ©riences auxquelles tu es confrontĂ©e forment ce qu'on appelle une vie. Ta vie. Et des vies, Lahira, tu n'en vivras qu'une. C'est Ă  toi de la prendre en main, de lui donner les couleurs que tu aimes et la direction dont tu rĂȘves. A toi et Ă  personne d'autre.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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Dans chaque vie oĂč de la pluie doit tomber, quelques jours seront sombres et lugubres – c'est vrai, il ne peut en aller autrement, et pourtant je me demande si le nombre de jours sombres et lugubres peut parfois devenir trop grand ? La lutte intĂ©rieure de Van Gogh: Sa vie, son Ɠuvre et sa maladie mentale - Liesbeth Heenk
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Vincent van Gogh
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Mais lire, jouer, rire, ĂȘtre cruel, ĂȘtre bon, contempler le fleuve, les nuages, tout cela fait partie de la vie, et si vous ne savez pas lire, si vous ne savez pas marcher, si vous ĂȘtes incapable d'apprĂ©cier la beautĂ© d'une feuille, vous n'ĂȘtes pas vivant. Vous devez comprendre la globalitĂ© de la vie, pas simplement une parcelle. VoilĂ  pourquoi vous devez lire, voilĂ  pourquoi vous devez regarder le ciel, voilĂ  pourquoi vous devez chanter, et danser, et Ă©crire des poĂšmes, et souffrir, et comprendre : car c'est tout cela, la vie.
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J. Krishnamurti
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Elle est retrouvĂ©e! -Quoi? -l'ÉternitĂ©. C'est la mer mĂȘlĂ©e Au soleil. Je devins un opĂ©ra fabuleux : je vis que tous les ĂȘtres ont une fatalitĂ© de bonheur : l'action n'est pas la vie, mais une façon de gĂącher quelque force, un Ă©nervement. La morale est la faiblesse du cerveau. À chaque ĂȘtre, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait pas ce qu'il fait : il est un ange.
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Arthur Rimbaud (Une saison en enfer suivi de Illuminations et autres textes (1873-1875))
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Il n'y a que la mort qui soit simple, et éternelle. Parce que tu vois, la vie, c'est compliqué, et c'est terriblement court. On a l'impression qu'on a tout le temps devant soi, mais en réalité c'est comme une séance de speed-dating : à peine entré dans la bulle, c'est déjà le moment de dégager
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Victor Dixen (Phobos (Phobos, #1))
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Il y a mourir et mourir. La mort, c'est comme la vie ; on crÚve en gueux, en bourgeois ou en aristocrate. Et voilà que je me préparais une fin bien minable, celle d'un porc suspendu à son crochet.
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Jean-Philippe Jaworski (Janua vera)
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On dit que la chance ne passe qu'une fois à votre portée, qu'il faut la saisir à son tour. AprÚs c'est fini. Elle est partie ailleurs et ne reviendra plus. Seuls les amnésiques n'ont pas de regrets.
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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Ainsi notre cƓur change, dans la vie, et c’est la pire douleur; mais nous ne la connaissons que dans la lecture, en imagination: dans la rĂ©alitĂ© il change, comme certains phĂ©nomĂšnes de la nature se produisent, assez lentement pour que, si nous pouvons constater successivement chacun de ses Ă©tats diffĂ©rents, en revanche la sensation mĂȘme du changement nous soit Ă©pargnĂ©e. Trans. The heart changes, and it is our worst sorrow; but we know it only through reading, through our imagination: in reality its alteration, like that of certain natural phenomena, is so gradual that, even if we are able to distinguish, successively, each of its different states, we are still spared the actual sensation of change.
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Marcel Proust
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C'est donc cela, la vie d'adulte ; construire des chùteaux de sable puis sauter dessus à pieds joints, et recommencer l'action, encore et encore, alors qu'on sait bien que les océans les auraient effacées de toute façon ?
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Le coeur se sature d'amour comme d'un sel divin qui le conserve; de la l'incorruptible adherence de ceux qui se sont aimes des l'aube de la vie, et la fraicheur des vielles amours prolonges. Il existe un embaumement d'amour. C'est de Daphnis et Chloe que sont faits Philemon et Baucis. Cette vieillesse la, ressemblance du soir avec l'aurore. The heart is saturated with love as if with a divine salt which preserves it; that is what makes possible the incorruptible attachment of those who have loved each other from the dawn of life, and the freshness of old loves which have lasted a long time. Love embalms. Philemon and Baucis come from Daphnis and Chloe. That sort of aging connects evening with dawn.
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Victor Hugo (The Man Who Laughs)
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Mais c'est comme ça, la vie : si vous rencontrez un ĂȘtre humain dans la foule, suivez-le... suivez-le.
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Daniel Pennac
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Le paradis des Ă©crivains, c’est l’endroit oĂč vous dĂ©cidez de réécrire la vie comme vous auriez voulu la vivre. Car la force des Ă©crivains, Marcus, c’est qu’ils dĂ©cident de la fin du livre.
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Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
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Parfois, c'est l'humilité qui commande notre silence. Pas la glorieuse humilité des analystes professionnels, mais la conscience intime, solitaire, presque douloureuse, que cette lecture-ci, que cet auteur-là, viennent, comme on dit, de « changer ma vie » !
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Daniel Pennac (Comme un roman)
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Le chagrin, c'est comme un nouveau-né, les trois premiers mois, c'est l'enfer et, au bout de six mois, on finit par s'avouer vaincu, on réorganise sa vie en fonction de lui, on lui fait de la place.
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Ann Brashares (Sisterhood Everlasting (Sisterhood, #5))
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C'est vrai, la vie est comme ça... TantĂŽt un tourbillon qui nous Ă©merveille, comme un tour de manĂšge pendant l'enfance. TantĂŽt un tourbillon d'amour et d'ivresse, lorsqu'on s'endort dans les bras l'un de l'autre dans un lit trop Ă©troit puis qu'on prend son petit dĂ©jeuner Ă  midi parce qu'on a fait l'amour longtemps. TantĂŽt un tourbillon dĂ©vastateur, un typhon violent qui cherche Ă  nous entraĂźner vers le fnd lorsque, pris par la tempĂȘte dans une coquille de noix, on comprend qu'on sera seul pour affronter la vague. Et que l'on a peur.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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Voici ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à la raconter. C'est ce qui dupe les gens : un homme, c'est toujours un conteur d'histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d'autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s'il la racontait. Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Elle faisait confiance Ă  la vie pour lui envoyer des indices, des idĂ©es, des dĂ©tails qu'elle convertirait en histoires. C'est comme ça qu'elle avait Ă©crit son premier livre. En ouvrant grand les yeux sur le monde. En Ă©coutant, en observant, en reniflant. C'est comme ça aussi qu'on ne vieillit pas. On vieillit quand on s'enferme, on refuse de voir, d'entendre ou de respirer. La vie et l’écriture, ça va souvent ensemble.
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Katherine Pancol (La valse lente des tortues (Joséphine, #2))
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Dans ta vie tu rencontreras beaucoup de cons. S'ils te blessent, dis-toi que c'est la bĂȘtise qui les pousse Ă  te faire du mal. Ça t'Ă©vitera de rĂ©pondre Ă  leur mĂ©chancetĂ©. Car il n'y a rien de pire au monde que l'amertume et la vengeance. .. Reste toujours digne et intĂšgre Ă  toi mĂȘme.
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Marjane Satrapi (The Complete Persepolis)
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Puisque c'est ainsi. Puisque le temps sĂ©pare ceux qui s'aiment et que rien ne dure. Ce que nous vivions lĂ , et nous en Ă©tions conscients tous les quatre, c'Ă©tait un peu de rab. Un sursis, une parenthĂšse, un moment de grĂące. Quelques heures volĂ©es aux autres... Pendant combien de temps aurions-nous l'Ă©nergie de nous arracher ainsi du quotidien pour faire le mur? Combien de permissions la vie nous accorderait-elle encore? Combien de pieds de nez? Combien de petites grattes? Quand allions-nous nous perdre et comment les liens se distendraient-ils? Encore combien d'annĂ©es avant d'ĂȘtre vieux?
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Anna Gavalda (L'ÉchappĂ©e belle)
“
La phrase : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est Ă©tranger" me semble ĂȘtre, sinon le dernier mot de la sagesse, en tout cas l'un des plus profonds, et ce que j'aime chez Etienne, c'est qu'il le prend Ă  la lettre, c'est mĂȘme ce qui selon moi lui donne le droit d'ĂȘtre juge. De ce qui le fait humain, pauvre, faillible, magnifique, il ne veut rien retrancher, et c'est aussi pourquoi dans le rĂ©cit de sa vie je ne veux, moi, rien couper.
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Emmanuel CarrĂšre (D'autres vies que la mienne)
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Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que dĂ©ceptions et fatigues. Notre voyage Ă  nous est entiĂšrement imaginaire. VoilĂ  sa force. Il va de la vie Ă  la mort. Hommes, bĂȘtes, villes et choses, tout est imaginĂ©. C'est un roman, rien qu'une histoire fictive. LittrĂ© le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C'est de l'autre cĂŽtĂ© de la vie.
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”
Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit)
“
‱ Mais c’est magnifique de souffrir quand on est en bonne santĂ©. C’est un privilĂšge ! Il n’ya que les morts qui ne souffrent plus ! RĂ©jouis-toi, ma belle ! Va, cours, vole, espĂšre, plante-toi, saigne ou festoie, mais vis ! Vis un peu !
”
”
Anna Gavalda (La Vie en mieux)
“
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant aprÚs moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitÎt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
”
”
Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-mĂȘme)
“
La vie est un brouillon finalement. Chaque histoire est le brouillon de la prochaine, on rature, on rature, et quand c'est à peu prÚs propre et sans coquilles, c'est fini, on n'a plus qu'à partir, c'est pour ça que la vie est longue. Rien de grave
”
”
Justine Lévy (Rien de grave)
“
AĂŻe, aĂŻe, aĂŻe, je me suis dit, est-ce que ça veut dire que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en Ă©quilibre entre la beautĂ© et la mort, le mouvement et sa disparition ? C'est peut-ĂȘtre ça, ĂȘtre vivant : traquer des instants qui meurent.
”
”
Muriel Barbery
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MĂȘme si l'EcclĂ©siaste dit qu'il y a un temps pour dĂ©chirer et un temps pour coudre, le temps pour coudre laisse parfois des cicatrices trĂšs profondes, le pire ce n'est pas de se promener dans GenĂšve seul et misĂ©rable, c'est de donner Ă  une personne qui est prĂšs de nous l'impression qu'elle n'a pas la moindre importance dans notre vie
”
”
Paulo Coelho (The Zahir)
“
Car l'homme ne vit que durant un clignement de paupiĂšres et ensuite c'est la pourriture Ă  jamais, et chaque jour tu fais un pas de plus vers le trou en terre oĂč tu moisiras en grande stupiditĂ© et silence en la seule compagnie de vers blancs et gras comme ceux de la farine et du fromage, et ils s'introduiront dans tous tes orifices pour s'y nourrir.
”
”
Albert Cohen (Belle du Seigneur)
“
Quand j'étais enfant, le luxe c'était pour moi les manteaux de fourrure et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme
”
”
Annie Ernaux (Simple Passion)
“
Tu ne peux pas passer ton temps Ă  essayer de plaire Ă  tout le monde... Une des choses les plus importantes qu'il te faut apprendre dans la vie, c'est Ă  dire non.
”
”
Helen Fielding (Bridget Jones's Baby: The Diaries (Bridget Jones, #4))
“
la vie est charmante, mon cher, c'est selon le verre par lequel on la regarde. Tenez,
”
”
Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
“
J'étais dans la mort; tu m'as remise dans la vie. Toi là, c'est le ciel à cÎté de moi. Donne-moi ta main, que je touche Dieu!
”
”
Victor Hugo (L'Homme qui rit)
“
Souviens toi que chacun ne vit que dans le moment présent, dans l'instant. Le reste, c'est le passé ou un obscur avenir. Petite est donc l'étendue de la vie.
”
”
Marcus Aurelius (Meditations)
“
Être Ă©veillĂ©, c’est souffrir; voila le sens profond de la vie.
”
”
Patrick McGrath (Spider)
“
Nous sommes des nomades parce que la seule chose permanente dans la vie, c’est le changement
 Si tu comprends cela, tu auras dĂ©jĂ  fait la moitiĂ© du chemin.” - chapitre 4
”
”
Sandra Jayat (La longue route d'une Zingarina)
“
C'est justement la possibilitĂ© de rĂ©aliser un rĂȘve qui rend la vie intĂ©ressante
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Paulo Coelho (The Alchemist)
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C'est l'accumulation de ces plaies qui vous mine la vie, qui vous assÚche l'ùme et vous enlÚve le goût du plaisir.
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Wendall Utroi
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Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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quand je serai grand j'écrirai moi aussi les misérables parce que c'est ce qu'on écrit toujours quand on a quelque chose à dire.
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Romain Gary (Éducation europĂ©enne / La vie devant soi)
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Rien est un espace vide, alors que l'air est ce qui remplit tout le reste. C'est la respiration, la vie et le courage, les mots que l'ont dit.
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Madeline Miller (Circe)
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Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas ĂȘtre accablĂ© et de continuer son chemin. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller Ă  l'idĂ©al et de comprendre le rĂ©el ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle rĂ©compense rĂ©serve Ă  notre effort l'univers profond, ni s'il lui rĂ©serve une rĂ©compense. Le courage, c'est de chercher la vĂ©ritĂ© et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire Ă©cho, de notre Ăąme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbĂ©ciles et aux huĂ©es fanatiques.
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Jean JaurĂšs
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Cependant mon pÚre fut atteint d'une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau. II expira dans mes bras. J'appris à connaßtre la mort sur les lÚvres de celui qui m'avait donné la vie. Cette impression fut grande; elle dure encore. C'est la premiÚre fois que l'immortalité de l'ùme s'est présentée clairement à mes yeux. Je ne pus croire que ce corps inanimé était en moi l'auteur de la pensée: je sentis qu'elle me devait venir d'une autre source; et dans une sainte douleur qui approchait de la joie, j'espérai me rejoindre un jour à l'esprit de mon pÚre.
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François-René de Chateaubriand
“
Au-dessus des mers de nuages, c’est trĂšs Ă©lĂ©gant, mais
 au-dessous des mers de nuages c’est l’éternitĂ©. Above the seas of clouds is very elegant, but
 below the seas of clouds is eternity.
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Antoine de Saint-Exupéry
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-La libertē existe toujours. Il suffit d`en payer le prix. -La vie, ce n`est pas la prise, c`est desir. -Le suicide est le dernier acte par lequel un homme puisse montrer qu`il a dominē sa vie.
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Henry de Montherlant (Chaos and Night)
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Les mots sont la vie.Quoi qu'il puisse t'arriver, tu aurais Ă©crit, mĂȘme dans ta tĂȘte.Écrire, c'est tricoter avec les laines des pensĂ©es : formes, couleurs, fils, sensations, idĂ©es abstraites. Les agencer, puis les couvrir d'une couette douillette. Ou au contraire, les trancher avec un sabre.
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Florence Hinckel (Nos éclats de miroir)
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Un guerrier n'est pas ce que vous croyez. Ce n'est pas quelqu'un qui part faire la guerre pour prendre la vie des autres. Pour nous un guerrier c'est quelqu'un qui sacrifie tout de lui pour le bien-ĂȘtre des autres. Il protĂšge et prend soin des aĂźnĂ©s, de ceux qui sont sans dĂ©fense, de ceux qui ne peuvent le faire pour eux-mĂȘmes et par dessus tout les enfants qui sont le futur de notre humanitĂ©.
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Sitting Bull
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On est forcĂ© d'ĂȘtre des enfants toute sa vie. C'est pour ça que ceux qui veulent devenir des hommes sont malheureux. Vous voulez chanter l'opĂ©ra? On rit de vous. Vous voulez vous conduire en monsieur avec les femmes? Elles vous traitent de tapette si vous n'ĂȘtes pas champion avec des muscles gros comme ça. Vous voulez avoir une bonne position dans un bureau? La compĂ©tence, c'est toujours les autres qui l'ont.
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Roger Lemelin (Les Plouffe)
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Before embarking on a voyage, first speak with the ancient sailors, listen to and understand the winds, then patiently make a boat and sail. Yet, even then, be open to other dreams, changes, circumstances. Throughout our lives, we limit ourselves to fixed goals, only to get on the local ferry and just travel the distance between two known points. Yet, we create an illusion of freedom and choice, accompanied by a sense of independence. Thus, we carefully study weather reports, ride on the port side on odd numbered days, starboard on holidays, have tea at fixed times, never speak with those who wear glasses, always smile at those who wear green and of course allow ourselves just the slight possibility of a dream about jumping ship and going off to our island one day. C'est la vie? Our predictably totalitarian lives are an insult to the human spirit.
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GĂŒndĂŒz Vassaf (Prisoners of Ourselves: Totalitarianism in Everyday Life)
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Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de dĂ©sinfectant lui monter Ă  la tĂȘte, mais la seule pensĂ©e qui la traversa, stupide et Ă©vidente, fut quenelle avait une botte plantĂ©e dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empĂȘcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les dĂ©sĂ©quilibra tous les deux. La bibliothĂšque dĂ©versa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes. - je vous prĂ©viens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus. Sa voix Ă©tait Ăąpre, mais sous l’autoritĂ© des paroles il y avait comme une fĂȘlure. OphĂ©lie pouvait percevoir le pouls prĂ©cipitĂ© des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaĂźtre que son propre cƓur jouait Ă  la balançoire. Thorn Ă©tait sans doute l’homme le plus dĂ©concertant qu’elle avait jamais rencontrĂ©, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante. - je vous aime, rĂ©pĂ©ta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous rĂ©pondre quand vous vouliez connaĂźtre la raison de ma prĂ©sence Ă  Babel c’est ce que j’en aurais du vous rĂ©pondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment Ă  vous dire. Bien sĂ»r que je dĂ©sire percer les mystĂšres de Dieu et reprendre le contrĂŽle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traitĂ© d’égoĂŻste et Ă  aucun moment je ne me suis mise, moi, Ă  votre place. Je vous demande pardon. 
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Christelle Dabos (La Mémoire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
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Quelque chose brĂ»le en moi. J’attends et je n'attends pas. C’est peut-ĂȘtre dans cette rupture, dans cet instant, entre les deux pulsions, l’une qui va vers l’infini du oui, l’autre vers l’infini du non, qu’est le lieu de la vie.
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J.M.G. Le Clézio
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La vie est une succession de moments qui ne cessent de changer, comme les pensĂ©es. Parfois ça va, parfois ça ne va pas. MĂȘme si c'est dans la nature humaine de ruminer, il ne faut pas se laisser envahir par une pensĂ©e nĂ©gative, parce que les pensĂ©es sont comme des invitĂ©s, ou des amies des bons jours. SitĂŽt arrivĂ©es, certaines peuvent s'Ă©vaporer, et mĂȘme celles que l'on rumine longtemps peuvent disparaĂźtre en un instant. Les moments sont prĂ©cieux. Parfois ils trainent, d'autres fois ils nous Ă©chappent, et cependant on pourrait tant en profiter. Il suffit de les saisir...
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Cecelia Ahern (How to Fall in Love)
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...J'ai envie de mort, pas d'agonie.La vie, c'est déjà une lente agonie et rien d'autre. Une marche forcée vers l'issue fatale. On vient au monde sans l'avoir demandé, on va à la mort sans l'avoir choisi. Pas la peine d'en rajouter.
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Karine Giébel
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Je suis lùche, c'est pour ça que j'ai besoin de couper les ponts avec tous ceux qui me sont proches, de partir en un lieu totalement inconnu pour revenir ensuite. J'ai l'impression que la vie est toujours neuve comme ça, qu'il reste quelque chose à découvrir. Ca glisse, ça glisse, j'ai l'impression que ça va répondre à toutes les questions. Je me sens tellement vrai quand je m'en vais, j'ai toujours l'impression d'avoir perdu quelque chose quand je reviens. (p224)
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Mian Mian (Candy)
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C'est un immense privilÚge que d'avoir un objectif précis. Nombreux sont ceux qui traversent la vie sans ne serait-ce qu'en apercevoir briÚvement le sens. Ils avancent tant bien que mal, transportés d'un hasard jusqu'au suivant, un baiser ici, une larme là, quelques caresses, la solitude, les déceptions. Ils n'ont jamais la moindre idée d'un pourquoi, d'un but, d'une destination. Celui qui vit ainsi son existence peut certes connaitre quelques heures de bonheur, mais elles sont le fruit du hasard, elles adviennent d'aventure, relÚvent de la chance et non de la récolte. (p. 308-309)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Harmur englanna)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les ĂȘtres qui vous libĂšrent, qui vous aiment d’une affection aussi lĂ©gĂšre Ă  porter que forte Ă  Ă©prouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amĂšre, trop anĂ©miante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime [...]. C’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre libertĂ©, votre aventure en un mot, et je voudrais ĂȘtre pour vous le compagnon dont on est sĂ»r, toujours. The older I get, the more I find that you can only live with those who free you, who love you from a lighter affection to bear as strong as you can to experience Today's life is too hard, too bitter, too anemic, for us to undergo new bondages, from whom we love [...]. This is how I am your friend, I love your happiness, your freedom, Your adventure in one word, and I would like to be for you the companion we are sure of, always. ---- Albert Camus Ă  RenĂ© Char, 17 septembre 1957 (in "Albert Camus - RenĂ© Char : Correspondance 1946-1959") ---- Albert Camus to RenĂ© Char, September 17, 1957 (via RenĂ© Char)
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Albert Camus (Correspondance (1944-1959))
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– Pou’quoi tu es t’iste ? – Parce que ma femme est morte. – Pou’quoi elle est mo’te ? – Euh, parce qu’elle Ă©tait triste. – Alo’s tu vas mou’i’ aussi ? – Je
 non, pas forcĂ©ment ! – Alo’s pou’quoi tu sou’is jamais si tu vas pas mou’i’ ? JĂ©rĂŽme regarde alors l’enfant et lui sourit. C’est parfois si simple, la vie. *** Toutes les plaies cicatrisent, plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais la peau se referme. On garde une trace, mais la vie est plus forte. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. *** L'intimitĂ© des gens n'est pas inscrite sur leur visage.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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« Toute communautĂ©, qu'elle soit familiale ou autre, nous est haissable, dĂ©gradante. Nous sommes ensemble dans une honte de principe d'avoir Ă  vivre la vie. C'est lĂ  que nous sommes au plus profond de notre histoire commune, celle d'ĂȘtre tous les trois des enfants de cette personne de bonne foi, notre mĂšre, que la sociĂ©tĂ© a assassinĂ©e. Nous sommes du cĂŽtĂ© de cette sociĂ©tĂ© qui a rĂ©duit ma mĂšre au dĂ©sespoir. À cause de ce qu'on a fait Ă  notre mĂšre si aimable, si confiante, nous haĂŻssons la vie, nous nous haĂŻssons.
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Marguerite Duras (The Lover)
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Tu vois, je n'ai pas oubliĂ© Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oubliĂ©, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidĂšle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Tu Ă©tais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis.
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Jacques Prévert
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Il y a ceux que le malheur effondre. Il y a ceux qui en deviennent tout rĂȘveurs. Il y a ceux qui parlent de tout et de rien au bord de la tombe, et ça continue dans la voiture, de tout et de rien, pas mĂȘme du mort, de petits propos domestiques, il y a ceux qui se suicideront aprĂšs et ça ne se voit pas sur leur visage, il y a ceux qui pleurent beaucoup et cicatrisent vite, ceux qui se noyent dans les larmes qu'ils versent, il y a ceux qui sont contents, dĂ©barrassĂ©s de quelqu'un, il y a ceux qui ne peuvent plus voir le mort, ils essayent mais ils ne peuvent plus, le mort a emportĂ© son image, il y a ceux qui voient le mort partout, ils voudraient l'effacer, ils vendent ses nippes, brĂ»lent ses photos, dĂ©mĂ©nagent, changent de continent, rebelotent avec un vivant, mais rien Ă  faire, le mort est toujours lĂ , dans le rĂ©troviseur, il y a ceux qui pique-niquent au cimetiĂšre et ceux qui le contournent parce qu'ils ont une tombe creusĂ©e dans la tĂȘte, il y a ceux qui ne mangent plus, il y a ceux qui boivent, il y a ceux qui se demandent si leur chagrin est authentique ou fabriquĂ©, il y a ceux qui se tuent au travail et ceux qui prennent enfin des vacances, il y a ceux qui trouvent la mort scandaleuse et ceux qui la trouvent naturelle avec un Ăąge pour, des circonstances qui font que, c'est la guerre, c'est la maladie, c'est la moto, la bagnole, l'Ă©poque, la vie, il y a ceux qui trouvent que la mort c'est la vie. Et il y a ceux qui font n'importe quoi. Qui se mettent Ă  courrir, par exemple. À courir comme s'ils ne devaient jamais plus s'arrĂȘter. C'est mon cas.
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Daniel Pennac (La fata carabina)
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Ressaisis-toi, bonhomme. Il n'y a q'un seul dieu sur terre, et c'est toi. Si le monde ne te convient pas, réinventes-en un autre, et ne laisse aucun chagrin te faire descendre de ton nuage. La vie sourit toujours à celui qui sait lui rendre la monnaie de sa piÚce.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
“
La vie est un voyage solitaire et, ĂȘtre mariĂ©e n'y change rien. D'ailleurs je pense que le fait de ressentir cette solitude avec la mĂȘme intensitĂ© alors qu'en thĂ©orie on est deux est une souffrance encore plus cruelle. Il y a un facteur chance Ă  l'origine de chaque rencontre, aprĂšs on gĂšre comme on peut ce que la vie nous donne. Or, c'est bien connu, la vie est injuste et, en plus elle a un goĂ»t douteux.
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Agathe Colombier Hochberg (Ce crétin de prince charmant)
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Quand la mort nous regarde calmement dans les yeux, nous nous rendons compte qu'il y a eu dans notre vie quelques heures, de soleil ou de nuit, quelques visages auxquels nous revenons sans cesse, et qu'en fait ce qui nous rendait vivants, c'est les simple espoir de les retrouver...
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AndreĂŻ Makine (L'Amour humain)
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Nous nous trouvons dans l'amour parce que c'est l'essence de notre ĂȘtre et de notre mission de vie. Qu'est-ce que c'est l'amour aprĂšs tout? C'est nous tous. Quand l'amour est lĂ , nous sommes lĂ . Nous sommes tous des ĂȘtres d'amour. Alors retrouvons-nous. Retrouvons-nous dans l'amour.
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Sven Staes
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Chaque fois qu’on Ă©voque un souvenir et qu’on se dit « c’était bien », c’est en fait notre cerveau malade qui distille de la nostalgie pour nous persuader que ce que nous avons vĂ©cu n’a pas Ă©tĂ© vain, que nous n’avons pas perdu notre temps. Parce que perdre son temps, c’est perdre sa vie.
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Joël Dicker (L'Affaire Alaska Sanders)
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« Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie. Que l'immortalitĂ© ce n'est pas une question de plus ou moins de temps, que ce n'est pas une question d'immortalitĂ©, que c'est une question d'autre chose qui reste ignorĂ©. Que c'est aussi faux de dire qu'elle est sans commencement ni fin que de dire qu'elle commence et qu'elle finit avec la vie de l'esprit du moment que c'est de l'esprit qu'elle participe et de la poursuite du vent. Regardez les sables morts des dĂ©serts, le corps mort des enfants l'immortalitĂ© ne passe pas par lĂ , elle s'arrĂȘte et contourne. »
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Marguerite Duras (The Lover)
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L'amour ne s'apprivoise pas, ne s'improvise pas, ne s'impose pas; il se construit à deux. En tout équité. S'il reposait sur l'un, l'autre serait son malheur potentiel. Quand on court aprÚs lui, on l'effraie; alors il s'enfuit, et on ne le rattrape jamais. L'amour est fait de hasard et de chance. A une bretelle de la vie, il est là, offrande sur le chemin. S'il est sincÚre, il se bonifie avec le temps. Et s'il ne dure pas, c'est que l'on s'est trompé de mode d'emploi.
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Yasmina Khadra (Les anges meurent de nos blessures)
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Musique, nourriture et femmes. Tels sont les grands plaisirs de la vie. Les plaisirs durables. Vous apprendrez cela, jeune moine. - J'ajouterais les livres, fit Claude, quelque peu embarassĂ©. Vous savez, de bons livres. - Bien entendu! Vous ĂȘtes un amateur de livres! C'est parfait. - Ils ne vous laissent pas tomber.
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Frank Conroy (Body and Soul)
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Quand vous avancerez en Ăąge, vous vous apercevez que la vie est faites de rencontres, de connaissances et de sĂ©parations. Parfois, nous aimons les gens que nous rencontrons, parfois, nous ne les aimons pas, mais les connaitre est ce qu'il y a de plus important dans la vie, c'est cela qui fait de nous des ĂȘtre humains.
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Colleen McCullough (Tim)
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L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer Ă  des vies antĂ©rieures ni la rectifier dans des vies ultĂ©rieures. (...) Il n'existe aucun moyen de vĂ©rifier quelle dĂ©cision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vĂ©cu tout de suite pour la premiĂšre fois et sans prĂ©paration. Comme si un acteur entrait en scĂšne sans avoir jamais rĂ©pĂ©tĂ©. Mais que peut valoir la vie, si la premiĂšre rĂ©pĂ©tition de la vie est dĂ©jĂ  la vie mĂȘme ? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours Ă  une esquisse. Mais mĂȘme "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'Ă©bauche de quelque chose, la prĂ©paration d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une Ă©bauche sans tableau. (partie I, ch. 3)
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Milan Kundera (The Unbearable Lightness of Being)
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Pourquoi souffrons-nous ainsi ? demande le vieux poĂšte Norbert de Varenne Ă  Georges Duroy. C’est que nous Ă©tions nĂ©s sans doute pour vivre d’avantage selon la matiĂšre et moins selon l’esprit ; mais, Ă  force de penser, une disproportion s’est faite entre l’état de notre intelligence agrandie et les conditions immuables de notre vie.
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Guy de Maupassant (Bel-Ami)
“
Elle aura donc menti jusqu'au bout! OĂč est-elle! Pas lĂ ... pas au ciel... pas anĂ©antie...oĂč? Oh! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une priĂšre... je la rĂ©pĂšte jusqu'Ă  ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais! Tu dis que je t'ai tuĂ©e, hante-moi alors! Les victimes hantent leurs meurtrier, je crois. Je sais que des fantĂŽmes ont errĂ© sur la terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abĂźme oĂč je ne puis te trouver. Oh! Dieu! c'est indicible! je ne peux pas vivre sans ma vie! je ne peux pas vivre sans mon Ăąme!
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Emily Brontë (Wuthering Heights)
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Finalement, le plus grand bĂ©nĂ©fice du mĂ©tier d'humoriste, et plus gĂ©nĂ©ralement de l'attitude humoristique, dans la vie, c'est de pouvoir se comporter comme un salaud en toute impunitĂ©, et mĂȘme de pouvoir grassement rentabiliser son abjection, en succĂšs sexuels comme en numĂ©raire, le tout avec l'approbation gĂ©nĂ©rale. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,1)
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Michel Houellebecq
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Vous croyez qu'il faut suivre l'ordre chronologique parce qu'on doit ĂȘtre rĂ©aliste, et que c'est la vie mĂȘme. Vous oubliez que ce n'est lĂ  qu'une convention littĂ©raire. Quand nous nous sommes connus, vous aviez vingt-cinq ans, j'ai appris bien plus tard comment vous Ă©tiez Ă  seize ans, Ă  dix, Ă  cinq, votre premier Ă©tĂ© au bord de la mer, l'histoire de vos leçons d'anglais. J'ignore encore bien des choses: les trois quarts. Et vous voudriez que je fasse mĂ©tier de restaurateur, que j'assemble les piĂšces, que je remplace celles qui manquent et mette des chevilles aux jointures? Vous appelez vie cette fabrication de meubles anciens? Du temps de Voltaire, le fauteuil Voltaire devait s'appeler fauteuil tout court.
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Vladimir Pozner
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Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ɠuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă  ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage. Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă  une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. Théùtre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©. Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
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Éric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
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Un nouveau livre..., c'est une nouvelle vie qui commence. C'est aussi un moment de grand altruisme: vous offrez à qui veut bien la découvrir, une partie de vous.
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Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
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Notre gĂ©nĂ©ration est trop superficielle pour le mariage. On se marie comme on va au MacDo. AprĂšs, on zappe. Comment voudriez-vous qu'on reste toute sa vie avec la mĂȘme personne dans la sociĂ©tĂ© du zapping gĂ©nĂ©ralisĂ©? Dans l'Ă©poque oĂč les stars, les hommes politiques, les arts, les sexes, les religions n'ont jamais Ă©tĂ© aussi interchangeables? Pourquoi le sentiment amoureux ferait-il exception Ă  la schizophrĂ©nie gĂ©nĂ©rale? Et puis d'abord, d'oĂč nous vient donc cette curieuse obsession: s'escrimer Ă  tout prix pour ĂȘtre heureux avec une seule personne? Sur 558 types de sociĂ©tĂ©s humaines, 24 % seulement sont monogames. La plupart des espĂšces animales sont polygames. Quant aux extraterrestres, n'en parlons pas: il y a longtemps que la Charte Galactique X23 a interdit la monogamie dans toutes les planĂštes de type B#871. Le mariage, c'est du caviar Ă  tous les repas: une indigestion de ce que vous adorez, jusqu'Ă  l'Ă©cƓurement. “ Allez, vous en reprendrez bien un peu, non? Quoi? Vous n'en pouvez plus? Pourtant vous trouviez cela dĂ©licieux il y a peu, qu'est-ce qui vous prend? Sale gosse, va!” La puissance de l'amour, son incroyable pouvoir, devait franchement terrifier la sociĂ©tĂ© occidentale pour qu'elle en vienne Ă  crĂ©er ce systĂšme destinĂ© Ă  vous dĂ©goĂ»ter de ce que vous aimez.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans - Le roman suivi du scénario du film)
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Pour que le dĂ©sir se change en acte, pour que la force de l'arbre se fasse branche, pour que la femme devienne mĂšre, il faut un choix. C'est de l'injustice du choix que naĂźt la vie. Car celle-lĂ  aussi, qui Ă©tait belle, mille l'aimaient. et, pour ĂȘtre, elle les a rĂ©duits au dĂ©sespoir. Est toujours injuste ce qui est. Je comprenais que toute crĂ©ation d'abord est cruelle.
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Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
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Comment sa vie ardente laissait-elle au visage de Marguerite l'expression virginale, enfantine mĂȘme qui le caractĂ©risait? C'est ce que nous sommes forcĂ©s de constater sans le comprendre.
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Alexandre Dumas fils (La dame aux camélias)
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- Mais tu sais, l'alcool ne te guĂ©rira pas. Il ne faut pas que tu croies ça. Ça apaisera tes blessures, mais cela t'en donnera d'autres, peut-ĂȘtre pires. Tu ne pourras plus te passer de l'alcool, et mĂȘme si, au dĂ©but, tu Ă©prouves une euphorie, un bonheur Ă  boire, ça disparaĂźtra vite pour ne laisser place qu'Ă  la tyrannie de la dĂ©pendance et du manque. Ta vie ne sera que brumes, Ă©tats de sĂ©mi-conscience, hallucinations, paranoĂŻa, crises de delirium tremens, violence contre ton entourage. Ta personnalitĂ© se dĂ©sagrĂ©gera... - C'est ce que je veux ! martela Antoine en frappant le comptoir de son petit poing. Je n'ai plus la force d'ĂȘtre moi, plus le courage, plus l'envie d'avoir quelque chose comme une personnalitĂ©. Une personnalitĂ©, c'est un luxe qui me coĂ»te cher. Je veux ĂȘtre un spectre banal. J'en ai assez de ma libertĂ© de pensĂ©e, de toutes mes connaissances, de ma satanĂ©e conscience ! ("Comment je suis devenu stupide", p34)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide)
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Elle devait partir, suivre son propre chemin. Grandir. Mais auparavant, elle voulait lui parler. Lui dire. Ces phrases qu'elle avait si souvent Ă©touffĂ©es : « Tu m'as sauvĂ©e, Jilano AlhuĂŻn. Tu m'as tirĂ©e de la nuit, tu m'as offert un toit, une protection, une prĂ©sence. Tu m'as rĂ©conciliĂ©e avec la vie, avec les hommes, avec moi-mĂȘme et, lorsque j'ai Ă©tĂ© guĂ©rie, tu t'es ouvert pour que je puise en toi, pour que je comble mes vides, pour que j'avance. Toujours plus loin. Ce que je sais, ce que je suis, je te le dois. Non, c'est plus que cela. Je te dois tout, Jilano AlhuĂŻn. Tout. » Il lui barra les lĂšvres d'un doigt avant qu'elle ait prononcĂ© le moindre mot. — C'est moi qui te remercie, Ellana. Pour la lumiĂšre et le sens dont tu as parĂ© ma vie. Le reste n'a aucune importance.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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La mort n'est d'aucune consolation, et si tant est qu'on puisse en trouver une, c'est au cours de la vie. Et pourtant, rien n'est aussi mĂ©sestimĂ© que l'existence. Vous maudissez les lundis, la tempĂȘte, vos voisins, vous maudissez les mardis, le travail, l'hiver et cela s'Ă©vanouira en une fraction de seconde. Tout ce foisonnement sera rĂ©duit Ă  nĂ©ant et remplacĂ© par l'indigence de la mort. Que ce soit dans la veille ou dans le sommeil, vous pensez Ă  des choses insignifiantes, et qui sont Ă  mille lieues de l'essence. Combien de temps vit un ĂȘtre humain en fin de compte, combien connaĂźt-il d'heures limpides, combien de fois existe-t-il avec la mĂȘme intensitĂ© que le courant Ă©lectrique au point d'illuminer le monde ? L'oiseau chante, le ver se tourne au creux de la terre afin que la vie n'Ă©touffe pas mais, vous, vous maudissez les lundis, vous maudissez les mardis, le nombre des opportunitĂ©s qui s'offrent Ă  vous diminue et cela rejaillit sur le scintillement argentĂ© qui vous habite. (p. 156-157)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Harmur englanna)
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Drogo s’aperçut Ă  quel point les hommes restent toujours sĂ©parĂ©s l'un de l'autre, malgrĂ© l'affection qu'ils peuvent se porter ; il s'aperçut que, si quelqu'un souffre, sa douleur lui appartient en propre, nul ne peut l'en dĂ©charger si lĂ©gĂšrement que ce soit ; il s'aperçut que, si quelqu'un souffre, autrui ne souffre pas pour cela, mĂȘme si son amour est grand, et c'est cela qui fait la solitude de la vie.
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Dino Buzzati (The Tartar Steppe)
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La VĂ©ritĂ© n'a pas de sentier, et c'est cela sa beautĂ© : elle est vivante. Une chose morte peut avoir un sentier menant Ă  elle, car elle est statique. Mais lorsque vous voyez que la vĂ©ritĂ© est vivante, mouvante, qu'elle n'a pas de lieu oĂč se reposer, qu'aucun temple, aucune mosquĂ©e ou Ă©glise, qu'aucune religion, qu'aucun maĂźtre ou philosophe, bref que rien ne peut vous y conduire . alors vous verrez aussi que cette chose vivante est ce que vous ĂȘtes en toute rĂ©alitĂ© : elle est votre colĂšre, votre brutalitĂ©, votre violence, votre dĂ©sespoir. Elle est l'agonie et la douleur que vous vivez. La vĂ©ritĂ© est en la comprĂ©hension de tout cela, vous ne pouvez le comprendre qu'en sachant le voir dans votre vie. Il est impossible de le voir Ă  travers uneidĂ©ologie, Ă  travers un Ă©cran de mots, Ă  travers l'espoir et la peur.
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J. Krishnamurti (Freedom from the Known)
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Mais la connaissance du passĂ© rendu vivant et prĂ©sent, oĂč la trouve-t-on ? Eh bien, avant tout, dans la littĂ©rature ! Et lĂ  est Ă  mes yeux la merveille. On la trouve dans les textes français et Ă©trangers, modernes et anciens. Aussi cela me paraĂźt-il une erreur trĂšs grave que de reprĂ©senter l’enseignement de la littĂ©rature comme une espĂšce d’élĂ©gance superflue et gratuite. En fait, c’est grĂące Ă  la littĂ©rature que se forme presque toute notre idĂ©e de la vie ; le dĂ©tour par les textes conduit directement Ă  la formation de l’homme. Ils nous apportent les analyses et les idĂ©es, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rĂȘves qui se sont succĂ©dĂ© dans l’esprit des hommes ; ils nous ont un jour Ă©mus parce qu’ils Ă©taient exprimĂ©s ou dĂ©crits avec force ; et c’est de cette expĂ©rience que se nourrit la nĂŽtre.
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Jacqueline de Romilly
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La cause fondamentale du dĂ©sordre en nous-mĂȘmes est cette recherche d'une rĂ©alitĂ© promise par autrui. Nous obĂ©issons mĂ©caniquement Ă  celui qui nous promet une vie spirituelle confortable. Alors que la plupart d'entre nous sont opposĂ©s Ă  la tyrannie politique et Ă  la dictature, c'est extraordinaire Ă  quel point nous acceptons l'autoritĂ© et la tyrannie de ceux qui dĂ©forment nos esprits et qui faussent notre mode de vie.
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J. Krishnamurti (Freedom from the Known)
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Moi ce qui m'a toujours paru bizarre, c'est que les larmes ont Ă©tĂ© prĂ©vues au programme. Ça veut dire qu'on a Ă©tĂ© prĂ©vu pour pleurer. Il fallait y penser. Il y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça.
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Romain Gary (La Vie devant soi (Classico CollĂšge))
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Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris qu'en toutes circonstances, J’étais Ă  la bonne place, au bon moment. Et alors, j'ai pu me relaxer. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle N’étaient rien d'autre qu'un signal Lorsque je vais Ă  l'encontre de mes convictions. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'AuthenticitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J'ai cessĂ© de vouloir une vie diffĂ©rente Et j'ai commencĂ© Ă  voir que tout ce qui m'arrive Contribue Ă  ma croissance personnelle. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la MaturitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  percevoir l'abus Dans le fait de forcer une situation ou une personne, Dans le seul but d'obtenir ce que je veux, Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment... Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie. Au dĂ©but, ma raison appelait cela de l'Ă©goĂŻsme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© d'avoir peur du temps libre Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans, J’ai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur. Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime Quand cela me plait et Ă  mon rythme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la SimplicitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de chercher Ă  avoir toujours raison, Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©. Aujourd'hui, j'ai dĂ©couvert ... l'HumilitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de revivre le passĂ© Et de me prĂ©occuper de l'avenir. Aujourd'hui, je vis au prĂ©sent, LĂ  oĂč toute la vie se passe. Aujourd'hui, je vis une seule journĂ©e Ă  la fois. Et cela s'appelle... la PlĂ©nitude. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur, Elle devient une alliĂ©e trĂšs prĂ©cieuse ! Tout ceci, c'est... le Savoir vivre. Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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On y voit comme Ă  travers un pelle lĂ -dedans... HĂ© lumiĂšres!!! Pff bande de fainĂ©ants... Ah ça, pour roupiller, vous ĂȘtes fortiche (s'esclaffe) Les chevaliers de la Table Ronde... CHEVALIERS DE MES DEUX !!! Chuis p... chuis pas roi, moi ? C'est p..., c'est pas moi le roi ?! (dĂ©gainant Excalibur) Et ça, c'est du nougat ??? Tout seul, je vais le chercher le Graal, moi, et la vie Ă©ternelle, c'est pour bibi !!! Et vous, vous irez vous gratter!!!
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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 2, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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Lalla attend quelque chose. Elle ne sait pas trĂšs bien quoi, mais elle attend. Les jours sont longs, Ă  la CitĂ©, les jours de pluie, les jours de vents, les jours de l'Ă©tĂ©. Quelquefois Lalla croit qu'elle attend seulement que les jours arrivent mais quand ils sont lĂ , elle s'aperçoit que ce n'Ă©taient pas eux. Elle attend, c'est tout. Les gens ont beaucoup de patience, peut-ĂȘtre qu'ils attendent toute leur vie quelque chose, et que jamais rien n'arrive.
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J.M.G. Le Clézio (Desert)
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Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements Ă  priori. Il apparaĂźt, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en dĂ©duire des rĂšgles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’ĂȘtre formulĂ©es pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-OrlĂ©ans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaĂźtre, car le reste est laid, et les quelques pages de dĂ©monstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entiĂšrement vraie, puisque je l’ai imaginĂ©e d’un bout Ă  l’autre. Sa rĂ©alisation matĂ©rielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la rĂ©alitĂ©, en atmosphĂšre biaise et chauffĂ©e, sur un plan de rĂ©fĂ©rence irrĂ©guliĂšrement ondulĂ© et prĂ©sentant de la distorsion. On le voit, c’est un procĂ©dĂ© avouable, s’il en fut.
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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« On ne raconte pas aux enfants ce qui s'est passé avant eux. d'abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n'ont plus le temps, aprÚs c'est trop tard. C'et le propre de la vie de famille. On vit cÎte à cÎte comme si on se connaissait mais on ignore tout les uns des autres. On espÚre des miracles de notre consanguinité : des harmonies impossibles, des confidences absolues, des fusions viscérales. On se contente du mensonge rassurant de notre parenté. »
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Jean-Michel Guenassia
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Ce qui est pire c’est qu’on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer Ă  faire ce qu’on a fait la veille et depuis dĂ©jĂ  tellement trop longtemps, oĂč on trouvera la force pour ces dĂ©marches imbĂ©ciles, ces mille projets qui n’aboutissent Ă  rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nĂ©cessitĂ©, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus prĂ©caire, plus sordide. C’est l’ñge aussi qui vient peut-ĂȘtre, le traĂźtre, et nous menace du pire. On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilĂ . Toute la jeunesse est allĂ©e mourir dĂ©jĂ  au bout du monde dans le silence de vĂ©ritĂ©. Et oĂč aller dehors, je vous le demande, dĂšs qu’on a plus en soi la somme suffisante de dĂ©lire ? La vĂ©ritĂ©, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vĂ©ritĂ© de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir.
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Louis-Ferdinand Céline
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In the irrational universe of demanded spontaneity, the power of state reaches beyond the prohibition of acts contrary to society, assigning itself the task of prescribing the citizen's thoughts and convictions. To quote Revel's concise conclusion, 'C'est dans les sociĂ©tiĂ©s totalitaires que l'Etat se charge de 'donner un sens' Ă  la vie des ĂȘtres' ['In totalitarian societies the state assumes the task of giving life a meaning']. Thus original thought becomes treason, and life becomes a hell of a particular kind.
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Paul Watzlawick (MĂŒnchhausen's Pigtail, or Psychotherapy & "Reality")
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C'est drĂŽle, la vie, il y a parfois de toutes petites dĂ©cisions qui ont des consĂ©quences incroyables sur le cours de votre existence. Et, des annĂ©es plus tard, on se demande comment elle se serait dĂ©roulĂ©e si l'on n'avait pas pris, Ă  l'Ă©poque, cette toute petite dĂ©cision mais une autre ... Combien d'occasions de ce genre avais-je ainsi laissĂ© passer sans mĂȘme le savoir ? Combien de fois, dans les milliers de petits croisements de ma vie, avais-je optĂ© malencontreusement pour le chemin banal, alors que l'autre se serait avĂ©rĂ© merveilleux ?
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Laurent Gounelle (L'homme qui voulait ĂȘtre heureux)
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Les terroristes ne sont pas seulement ceux qui croient que Dieu les a choisis pour commettre des meurtres de masse en son nom, mais peuvent aussi ĂȘtre des gouvernements et d'autres systĂšmes de foi ou de culte qui croient que c'est leur droit exclusif de priver les autres de leur vie, libertĂ©, prospĂ©ritĂ©, paix et harmonie. Quand la majoritĂ© dans leurs communautĂ©s, Ă©tats ou nations acquiesce Ă  cette notion tordue de l'exclusivitĂ©, ces gens aussi sont infectĂ©s par le virus du terrorisme et deviennent dĂ©shumanisĂ©s dans le processus sans le savoir.
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Janvier Chouteu-Chando (TERRORISME: Une Arme politique, Un Infection Sociale, Un Cancer de l'Ame)
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[...] la foi, l'acte de croire Ă  des mythes, des idĂ©ologies ou des lĂ©gendes surnaturels, est la consĂ©quence de la biologie. [...] Il est dans notre nature de survivre. La foi est une rĂ©ponse instinctive Ă  des aspects de l'existence que nous ne pouvons expliquer autrement, que ce soit le vide moral que nous percevons dans l'univers, la certitude de la mort, le mystĂšre des origines, le sens de notre propre vie ou son absence de sens. Ce sont des aspects Ă©lĂ©mentaires et d'une extraordinaire simplicitĂ©, mais nos propres limitations nous empĂȘchent de donner des rĂ©ponses sans Ă©quivoque Ă  ces questions et, pour cette raison, nous gĂ©nĂ©rons pour nous dĂ©fendre une rĂ©ponse Ă©motionnelle. C'est de la pure et simple biologie. [...] Toute interprĂ©tation ou observation de la rĂ©alitĂ© l'est par nĂ©cessitĂ©. En l’occurrence, le problĂšme rĂ©side dans le fait que l'homme est un animal moral abandonnĂ© dans un monde amoral, condamnĂ© Ă  une existence finie et sans autre signification que de perpĂ©tuer le cycle naturel de l'espĂšce. Il est impossible de survivre dans un Ă©tat prolongĂ© de rĂ©alitĂ©, au moins pour un ĂȘtre humain.
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Carlos Ruiz ZafĂłn (The Angel's Game (The Cemetery of Forgotten Books, #2))
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On m’a dit un jour : « C’est si difficile de vivre. » Et je me souviens du ton. Une autre fois, quelqu’un a murmurĂ© : « La pire erreur, c’est encore de faire souffrir. » Quand tout est fini, la soif de vie est Ă©teinte. Est-ce lĂ  ce qu’on appelle le bonheur ? En longeant ces souvenirs, nous revĂȘtons tout du mĂȘme vĂȘtement discret et la mort nous apparaĂźt comme une toile de fond aux tons vieillis. Nous revenons sur nous-mĂȘmes. Nous sentons notre dĂ©tresse et nous en aimons mieux. Oui, c’est peut-ĂȘtre cela le bonheur, le sentiment apitoyĂ© de notre malheur.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Avez-vous remarquĂ© que la mort seule rĂ©veille nos sentiments? Comme nous aimons les amis qui viennent de nous quitter, n’est-ce pas? Comme nous admirons ceux de nos maĂźtres qui ne parlent plus, la bouche pleine de terre! L’hommage vient alors tout naturellement, cet hommage que, peut-ĂȘtre, ils avaient attendu de nous toute leur vie. Mais savez-vous pourquoi nous sommes toujours plus justes et plus gĂ©nĂ©reux avec les morts? La raison est simple ! Avec eux, il n’y a pas d’obligation. Ils nous laissent libres, nous pouvons prendre notre temps, caser l’hommage entre le cocktail et une gentille maĂźtresse, Ă  temps perdu, en somme. S’ils nous obligeaient Ă  quelque chose, ce serait Ă  la mĂ©moire, et nous avons la mĂ©moire courte. Non, c’est le mort frais que nous aimons chez nos amis, le mort douloureux, notre Ă©motion, nous-mĂȘmes enfin!
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Albert Camus (The Fall)
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C'est lui qui reprend la parole  : et vous  ? Vous allez Ă©crire sur cette histoire, n'est-ce pas  ? Vous n'allez pas pouvoir vous en empĂȘcher. Je rĂ©pĂšte que je n'Ă©cris jamais sur ma vie, que je suis un romancier. Il sourit  : encore un de vos mensonges, pas vrai  ? Je souris en retour.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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En pensĂ©e, Herman fit l'oraison funĂšbre de la souris qui avait partagĂ© une partie de sa vie et qui, Ă  cause de lui, avait quittĂ© cette terre. "Tous ces Ă©rudits, tous ces philosophes, les dirigeants de la planĂšte, que savent-ils de quelqu'un comme toi? Ils se sont persuadĂ© que l'homme, espĂšce pĂ©cheresse entre toutes, domine la crĂ©ation. Toutes les autres crĂ©atures n'auraient Ă©tĂ© créées que pour lui procurer de la nourritures, des fourrures, pour ĂȘtre martyrisĂ©es, exterminĂ©es. Pour ces crĂ©atures, tous les humains sont nazis; pour les animaux, c'est un Ă©ternel Treblinka.
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Isaac Bashevis Singer
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Écrire sur soi-mĂȘme c'est Ă©crire sur les autres, puisque vos problĂšmes, vos souffrances, vos plaisirs, vos Ă©motions -et vos idĂ©es extraordinaires et remarquables- ne peuvent pas n'appartenir qu'Ă  vous. La façon de rĂ©gler le problĂšme de la "subjectivitĂ©", cette affreuse tendance Ă  se prĂ©occuper de l'infime individu qui se trouve en mĂȘme temps pris dans une explosion de possibilitĂ©s terribles et merveilleuses, consiste Ă  voir en lui un microcosme et ainsi Ă  dĂ©passer le personnel gĂ©nĂ©ral, comme le fait Ă©videmment la vie, transformant une expĂ©rience intime -du moins le croyez-vous- lorsque vous ĂȘtes encore enfant, "je suis amoureuse", "j'Ă©prouve telle ou telle Ă©motion, je pense telle ou telle chose" -en quelque chose de plus ample: grandir consiste en fin de compte Ă  comprendre que sa propre expĂ©rience incroyable et unique est ce que tout le monde partage.
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Doris Lessing (The Golden Notebook)
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Contrairement Ă  ce que pensent les modernes, n’importe quel travail, accompli indistinctement par n’importe qui, et uniquement pour le plaisir d’agir ou par nĂ©cessitĂ© de « gagner sa vie », ne mĂ©rite aucunement d’ĂȘtre exaltĂ©, et il ne peut mĂȘme ĂȘtre regardĂ© que comme une chose anormale, opposĂ©e Ă  l’ordre qui devrait rĂ©gir les institutions humaines, Ă  tel point que, dans les conditions de notre Ă©poque, il en arrive trop souvent Ă  prendre un caractĂšre qu’on pourrait, sans nulle exagĂ©ration, qualifier d’« infra-humain ». Ce que nos contemporains paraissent ignorer complĂštement, c’est qu’un travail n’est rĂ©ellement valable que s’il est conforme Ă  la nature mĂȘme de l’ĂȘtre qui l’accomplit, s’il en rĂ©sulte d’une façon en quelque sorte spontanĂ©e et nĂ©cessaire, si bien qu’il n’est pour cette nature que le moyen de se rĂ©aliser aussi parfaitement qu’il est possible.
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René Guénon (Initiation and Spiritual Realization)
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Quand t'as vingt et un an, la vie est nette comme une carte routiĂšre. C'est seulement quand t’arrive Ă  vingt-cinq que tu commences Ă  soupçonner que tu tenais la carte Ă  l'envers... et Ă  quarante que t'en as la certitude. Quand t'atteins les soixante, alors lĂ , crois moi t'es dĂ©finitivement larguĂ©.
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Stephen King (Joyland)
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Cela pose un problÚme que...?" "Que tu ne sois pas juif? Pas le moins du tout, dit maman en riant. Ni mon mari ni moi n'accordons d'importance à la différence de l'autre. Bien au contraire, nous avons toujours pensé que'elle était passionnante et source de multiples bonheurs. Le plus important, quand on veut vivre à deux toute une vie, est d'etre sur que l'on ne s'ennuiera pas ensemble. L'ennui dans un couple, c'est lui qui tue l'amour. Tant que tu feras rire Alice, tant que tu lui donneras l'envie de te retrouver, alors que tu viens à peine de la quitter pour aller travailler, tant que tu seras celui dont elle partage les confidences et à qui elle aime aussi se confier, tant que tu vivras tes reves avec elle, meme ceux que tu ne pourras pas réaliser, alors je suis certaine que quelles que soient tes origines, la seule chose qui sera étrangÚre à votre couple sera le monde et ses jaloux.
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Marc Levy (Les Enfants de la liberté)
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Gamberge Tu gamberges. Tu regardes ta vie. Ça ne colle pas. Alors tu dĂ©primes. Combien de vies ratĂ©es pour une vie rĂ©ussie ? C'est quoi, les proportions ? Qu'est-ce que j'ai mal fait pour en arriver lĂ  ? C'est quand, que j'ai merdĂ© ? J'ai encore le temps de me rattraper ? Combien de chances il me reste pour m'en sortir pas trop mal ? Elle peut encore changer, ma vie ? Je ne suis pas fait pour cette vie-lĂ  ? Ça se change, une vie ? Je veux dire, ça se change vraiment ? C'est quoi, le problĂšme ? C'est ma nĂ©vrose ? Comment on fait pour tordre une nĂ©vrose ? J'ai mangĂ© mon pain blanc, alors ? JE l'ai mangĂ© sans m'en rendre compte, c'est ça ? Je vais encore ramer longtemps comme ça ? C'est encore loin, l'AmĂ©rique ? Est-ce qu'un jour moi aussi je mĂąchouillerai un brin d'herbe sous un saule en me disant que la vie est belle ? Qu'elle est sacrement belle ? Faut que j'arrĂȘte de gamberger, c'est pas bon.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'Ă©tait : peu Ă  peu mes diffĂ©rentes rĂ©ponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-mĂȘmes, ouais, c'est cool, lĂ -bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue Ă  la rĂ©alitĂ© du souvenir. Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiĂšre, soudainement intense et sincĂšre, qu'une fois toute sensation Ă©chappĂ©e de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un clichĂ©. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait : - C'Ă©tait comment ? - Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous trĂšs sympas quand mĂȘme. Et ça serait tout. (...) Et j'ai dĂ©cidĂ© de raconter quelque chose de nouveau sur mon sĂ©jour Ă  chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me rĂ©pĂ©ter une seule fois.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Le chien est un animal si difforme, d’un caractĂšre si dĂ©sordonnĂ©, que de tout temps il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un monstre, nĂ© et formĂ© en dĂ©pit de toutes les lois. En effet, lorsque le repos est l’état naturel, comment expliquer qu’un animal soit toujours remuant, affairĂ©, et cela sans but ni besoin, lors mĂȘme qu’il est repu et n’a point peur ? Lorsque la beautĂ© consiste universellement dans la souplesse, la grĂące et la prudence, comment admettre qu’un animal soit toujours brutal, hurlant, fou, se jetant au nez des gens, courant aprĂšs les coups de pied et les rebuffades ? Lorsque le favori et le chef-d’oeuvre de la crĂ©ation est le chat, comment comprendre qu’un animal le haĂŻsse, coure sur lui sans en avoir reçu une seule Ă©gratignure, et lui casse les reins sans avoir envie de manger sa chair ? Ces contrariĂ©tĂ©s prouvent que les chien sont des damnĂ©s ; trĂšs certainement les Ăąmes coupables et punies passent dans leurs corps. Elles y souffrent : c’est pourquoi ils se tracassent et s’agitent sans cesse. Elles ont perdu la raison : c’est pourquoi ils gĂątent tout, se font battre, et sont enchaĂźnĂ©s les trois quarts du jour. Elles haĂŻssent le beau et le bien : c’est pourquoi ils tĂąchent de nous Ă©trangler.
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Hippolyte Taine (Vie et opinions philosophiques d'un chat)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Les hommes mĂ©connaissent bien des choses. Une jeune fille prĂ©fĂ©rera toujours un homme malheureux, parce que toute jeune fille est tentĂ©e par un amour actif
 Tu comprends ? Actif ! Les hommes sont trop occupĂ©s, l’amour pour eux est une chose de troisiĂšme plan. Bavarder avec sa femme, se promener avec elle au jardin, verser quelques larmes sur sa tombe – c’est tout. Et pour nous, l’amour est la vie mĂȘme. Je t’aime, cela signifie que je cherche Ă  dissiper ta tristesse, que je veux te suivre au bout du monde
 Tu escalades une montagne, je l’escalade avec toi, tu descends dans un ravin, je descends avec toi.
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Anton Chekhov (Ivanov)
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Le regard analytique et le regard intuitif sur la vie ne peuvent s'harmoniser dans un mĂȘme ĂȘtre que dans la mesure oĂč le premier est subordonnĂ© au second. C'est du second, et notamment du sentiment de beautĂ© et de compassion qu'il enferme, que dĂ©coule le sens de la totalitĂ© de mĂȘme que celui des Ă©quilibres et de la limite. Le regard intuitif est la condition de la sagesse sans laquelle le regard analytique peut conduire Ă  des excĂšs suicidaires. L'analyse des phĂ©nomĂšnes donne de la puissance sur eux, elle permet de dominer la nature, mais elle n'enferme aucune indication quant aux limites qu'il convient d'assigner Ă  cette puissance.
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James E. Lovelock
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Être Ă©lu est une notion thĂ©ologique qui veut dire : sans aucun mĂ©rite, par un verdict surnaturel, par une volontĂ© libre, sinon capricieuse, de Dieu, on est choisi pour quelque chose d'exceptionnel et d'extraordinaire. C'est dans cette conviction que les saints ont puisĂ© la force de supporter les plus atroces supplices. Les notions thĂ©ologiques se reflĂštent, telle leur propre parodie, dans la trivialitĂ© de nos vies ; chacun de nous souffre (plus ou moins) de la bassesse de sa vie trop ordinaire et dĂ©sire y Ă©chapper et s'Ă©lever. Chacun de nous a connu l'illusion (plus ou moins forte) d'ĂȘtre digne de cette Ă©lĂ©vation, d'ĂȘtre prĂ©destinĂ© et choisi pour elle. (chapitre 15)
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Milan Kundera (Slowness)
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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Le camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sĂ©vĂšres. Le paysage se rĂ©vĂšle, intense. Le pays me saute au visage. c'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La prĂ©sence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquĂȘte qui rend jouissance des choses. Il fait -33°. Le camion s'est fondu Ă  la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c'est entendre le silence. Une rafale. Le grĂ©sil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J'Ă©carte les bras, tends mon visage au vide glacĂ© et rentre au chaud. J'ai atteint le dĂ©barcadĂšre de ma vie. Je vais enfin savoir si j'ai une vie intĂ©rieure.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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Marianne avait l'impression que sa vraie vie se déroulait quelque part ailleurs, trÚs loin d'ici, qu'elle se déroulait en son absence, elle ignorait si elle réussirait un jour à savoir comment la trouver et y prendre part. (...) Tout ce qu'elle savait, c'est que sa vraie vie commencerait pour de bon, elle n'aurait plus besoin de l'imaginer.
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Sally Rooney (Normal People)
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Le crĂ©ateur, ou lÂŽartiste, ne se contente pas de produire un objet utile, mais il investit cet objet de sa subjectivitĂ©, de son ressenti personnel: il va incarner dans son oeuvre son 'idea', cÂŽest-Ă -dire le projet, la vision quÂŽil porte en lui et dans laquelle dÂŽautres vont se retrouver, car la crĂ©ation artistique, acte gratuit, sans "utilitĂ©" rĂ©elle, est une activitĂ© symbolique qui sÂŽadresse au plus profond de lÂŽĂȘtre. DÂŽailleurs, pour la qualifier, nous utilisons le language du coeur et de lÂŽĂąme: face Ă  une oeuvre dÂŽart nous nous dĂ©clarons "Ă©mus", "touchĂ©s", "bouleversĂ©s". Ce nÂŽest pas lÂŽusage que nous pouvons en faire qui nous interpelle mais sa dimension esthĂ©tique et symbolique gratuite.
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Frédéric Lenoir (Petit traité de vie intérieure)
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After you’ve distinguished between the things that are up to you and the things that aren’t (ta eph’hemin, ta ouk eph’hemin), and the break comes down to something you don’t control
 you’ve got only one option: acceptance. The shot didn’t go in. The stock went to zero. The weather disrupted the shipment. Say it with me: C’est la vie. It’s all fine.
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Ryan Holiday (The Obstacle Is the Way: The Timeless Art of Turning Trials into Triumph)
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Je dois dire un mot sur la peur. C'est le seul adversaire rĂ©el de la vie. Il n'y a que la peur qui puisse vaincre la vie. C'est une ennemie habile et perfide, et je le sais bien. Elle n'a aucune dĂ©cence, ne respecte ni lois ni conventions, ne manifeste aucune clĂ©mence. Elle attaque votre point le plus faible, qu'elle trouve avec une facilitĂ© dĂ©concertante. Elle naĂźt d'abord et invariablement dans votre esprit. Un moment vous vous sentez calme, en plein contrĂŽle, heureux. Puis la peur, dĂ©guisĂ©e en lĂ©ger doute, s'immisce dans votre pensĂ©e comme un espion. Ce lĂ©ger doute rencontre l'incrĂ©dulitĂ© et celle-ci tente de le repousser. Mais l'incrĂ©dulitĂ© est un simple fantassin. Le doute s'en dĂ©barrasse sans se donner de mal. Vous devenez inquiet. La raison vient Ă  votre rescousse. Vous ĂȘtes rassurĂ©. La raison dispose de tous les instruments de pointe de la technologie moderne. Mais, Ă  votre surprise et malgrĂ© des tactiques supĂ©rieures et un nombre impressionnant de victoires, la raison est mise K.- O. Vous sentez que vous vous affaiblissez, que vous hĂ©sitez. Votre inquiĂ©tude devient frayeur.
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Yann Martel (Life of Pi)
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La solitude est une chose bien Ă©trange. Elle vous envahit, tout doucement et sans faire de bruit, s’assoit Ă  vos cĂŽtĂ©s dans le noir, vous caresse les cheveux pendant votre sommeil. Elle s’enroule autour de vous, vous serre si fort que vous pouvez Ă  peine respirer, que vous n’entendez presque plus la pulsation du sang dans vos veines, tandis qu’elle file sur votre peau et effleure de ses lĂšvres le fin duvet de votre nuque. Elle s’installe dans votre cƓur, s’allonge prĂšs de vous la nuit, dĂ©vore comme une sangsue la lumiĂšre dans le moindre recoin. C’est une compagne de chaque instant, qui vous serre la main pour mieux vous tirer vers le bas quand vous luttez pour vous redresser. Vous vous rĂ©veillez le matin et vous vous demandez qui vous ĂȘtes. Vous n’arrivez pas Ă  vous endormir le soir et tremblez comme une feuille. Vous doutez vous doutez vous doutez. je dois je ne dois pas je devrais pourquoi je ne vais pas Et mĂȘme quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă  lĂącher prise. Quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă  vous libĂ©rer. Quand vous ĂȘtes prĂȘt Ă  devenir quelqu’un de nouveau. La solitude est une vieille amie debout Ă  votre cĂŽtĂ© dans le miroir ; elle vous regarde droit dans les yeux, vous met au dĂ©fi de mener votre vie sans elle. Vous ne pouvez pas trouver les mots pour lutter contre vous-mĂȘme, lutter contre les mots qui hurlent que vous n’ĂȘtes pas Ă  la hauteur, que vous ne le serez jamais vraiment, jamais vraiment. La solitude est une compagne cruelle, maudite. Parfois, elle ne veut simplement pas vous abandonner
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Tahereh Mafi (Unravel Me (Shatter Me, #2))
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Qu'est-ce que le roman, en effet, sinon cet univers oĂč l'action trouve sa forme, oĂč les mots de la fin sont prononcĂ©s, les ĂȘtres livrĂ©s aux ĂȘtres, oĂč toute vie prend le visage du destin. Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le dĂ©sir profond de l'homme. Car il s'agit bien du mĂȘme monde. La souffrance est la mĂȘme, le mensonge et l'amour. Les hĂ©ros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus Ă©difiant que le nĂŽtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin, et il n'est mĂȘme jamais de si bouleversants hĂ©ros que ceux qui vont jusqu'Ă  l'extrĂ©mitĂ© de leur passion.[...] Voici donc un monde imaginaire, mais créé par la correction de celui-ci, un monde oĂč la douleur peut, si elle le veut, durer jusqu'Ă  la mort, oĂč les passions ne sont jamais distraites, oĂč les ĂȘtres sont livrĂ©s Ă  l'idĂ©e fixe et toujours prĂ©sents les uns aux autres. L'homme s'y donne enfin Ă  lui-mĂȘme la forme et la limite apaisante qu'il poursuit en vain dans sa condition. Le roman fabrique du destin sur mesure. C'est ainsi qu'il concurrence la crĂ©ation et qu'il triomphe, provisoirement, de la mort.
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Albert Camus (The Rebel)
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C’est d’abord Ă  ton pays de tenir, envers toi, un certain nombre d’engagements. Que tu y sois considĂ©rĂ© comme un citoyen Ă  part entiĂšre, que tu n’y subisses ni oppression, ni discrimination, ni privations indues. Ton pays et ses dirigeants ont l’obligation de t’assurer cela ; sinon, tu ne leur dois rien. Ni attachement au sol, ni salut au drapeau. Le pays oĂč tu peux vivre la tĂȘte haute, tu lui donnes tout, tu lui sacrifies tout, mĂȘme ta propre vie ; celui oĂč tu dois vivre la tĂȘte basse, tu ne lui donnes rien. Qu’il s’agisse de ton pays d’accueil ou de ton pays d’origine. La magnanimitĂ© appelle la magnanimitĂ©, l’indiffĂ©rence appelle l’indiffĂ©rence, et le mĂ©pris appelle le mĂ©pris. Telle est la charte des ĂȘtres libres et, pour ma part, je n’en reconnais aucune autre.
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Amin Maalouf (The Disoriented)
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Je me mis dĂšs lors Ă  lire avec aviditĂ© et bientĂŽt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations rĂ©centes, tous les Ă©lans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon Ăąme d’une façon si troublante et qui Ă©taient provoquĂ©s par mon dĂ©veloppement si prĂ©coce, tout cela, soudainement, se prĂ©cipita dans une direction, parut se satisfaire complĂštement de ce nouvel aliment et trouver lĂ  son cours rĂ©gulier. BientĂŽt mon cƓur et ma tĂȘte se trouvĂšrent si charmĂ©s, bientĂŽt ma fantaisie se dĂ©veloppa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourĂ©e jusqu’alors. Il semblait que le sort lui mĂȘme m’arrĂȘtĂąt sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, Ă  laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’oĂč je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinĂ©e Ă  vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rĂȘves, les espoirs, la douce Ă©motion de mon esprit juvĂ©nile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vĂ©cu jusqu’à ce jour Ă©tait si noble, si austĂšre, qu’une page impure ou mauvaise n’eĂ»t pu dĂ©sormais me sĂ©duire. Mon instinct d’enfant, ma prĂ©cocitĂ©, tout mon passĂ© veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passĂ©e. En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était dĂ©jĂ  connue, semblait dĂ©jĂ  vĂ©cue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es. Et comment pouvais-je ne pas ĂȘtre entraĂźnĂ©e jusqu’à l’oubli du prĂ©sent, jusqu’à l’oubli de la rĂ©alitĂ©, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une mĂȘme destinĂ©e, le mĂȘme esprit d’aventure qui rĂšgnent sur la vie de l’homme, mais qui dĂ©coulent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tĂąchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prĂ©venir, comme s’il y avait en mon Ăąme quelque chose de prophĂ©tique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en mĂȘme temps croissait de plus en plus mon dĂ©sir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vĂ©ritĂ©, je n’étais trĂšs hardie qu’en rĂȘve ; dans la rĂ©alitĂ©, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Les hommes en géneral ne savent pas vivre, ils n'ont aucune vraie familiarité avec la vie, ils ne s'y sentent jamais tout à fait à leur aise, aussi poursuivent-ils différents projets, plus ou moins ambitieux plus ou moins grandioses c'est selon, en géneral bien entendu ils échouent et parviennent à la conclusion qu'ils aurait mieux fait, tout simplement, de vivre, mais en général il est trop tard.
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Michel Houellebecq (Serotonin)
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Je le vis, je rougis, je pĂąlis Ă  sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon Ăąme Ă©perdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler; Je sentis tout mon corps et transir et brĂ»ler : Je reconnus VĂ©nus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inĂ©vitables ! Par des vƓux assidus je crus les dĂ©tourner : Je lui bĂątis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi-mĂȘme Ă  toute heure entourĂ©e, Je cherchais dans leurs flancs ma raison Ă©garĂ©e : D’un incurable amour remĂšdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brĂ»lait l’encens ! Quand ma bouche implorait le nom de la dĂ©esse, J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, MĂȘme au pied des autels que je faisais fumer, J’offrais tout Ă  ce dieu que je n’osais nommer. Je l’évitais partout. Ô comble de misĂšre ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son pĂšre. Contre moi-mĂȘme enfin j’osai me rĂ©volter : J’excitai mon courage Ă  le persĂ©cuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolĂątre, J’affectai les chagrins d’une injuste marĂątre ; Je pressai son exil ; et mes cris Ă©ternels L’arrachĂšrent du sein et des bras paternels. Je respirais, ƒNONE ; et, depuis son absence, Mes jours moins agitĂ©s coulaient dans l’innocence : Soumise Ă  mon Ă©poux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines prĂ©cautions ! Cruelle destinĂ©e ! Par mon Ă©poux lui-mĂȘme Ă  TrĂ©zĂšne amenĂ©e, J’ai revu l’ennemi que j’avais Ă©loignĂ© : Ma blessure trop vive aussitĂŽt a saignĂ©. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachĂ©e : C’est VĂ©nus tout entiĂšre Ă  sa proie attachĂ©e. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire, Et dĂ©rober au jour une flamme si noire : Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats : Je t’ai tout avouĂ© ; je ne m’en repens pas. Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prĂȘt Ă  s’exhaler.
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Jean Racine (PhĂšdre)
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J'ajoute : c'est à ce moment-là qu'on s'est perdus de vue, lui et moi. J'articule ces derniers mots sans y mettre le moindre affect, comme si la vie, c'était ça, simplement ça, se fréquenter et se perdre de vue et continuer à vivre, comme s'il n'y avait pas des déchirements, des séparations qui laissent exsangues, des ruptures dont on peine à se remettre, des regrets qui vous poursuivent longtemps aprÚs.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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J'ai toujours pris un plaisir extrĂȘme Ă  penser, sans trop me soucier du tracĂ© de la frontiĂšre entre l'imagination et la certitude. L'intĂ©rieur de ma tĂȘte comme un bordel dont je serai l'unique client d'un soir, l'habituĂ© occasionnel. Pas si seul, car les pensĂ©es pensionnaires viennent au-devant de mes dĂ©sirs : les nobles, cendrĂ©es et hautaines, les belles, toutes nues mais poudrĂ©es, les ingĂ©nues, les petites, les perverses, les noires, les folles, les honteuses. Et les vulgaires, et les trĂšs vulgaires, champagne, Ă©chancrure et langues qui s'agitent. "Mes pensĂ©es ce sont mes catins", comme c'est exact. Luxure mentale. Dehors, le froid. Et les autres, tous les autres, se tiennent dans ce froid. Proches et lointains. Et je les regarde, jumelles, fenĂȘtres sur cou. Nous communiquons par interphones et rĂ©pondeurs.
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Pierre Péju (La Vie courante)
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Comme les cristaux et les Ă©toiles, comme les cellules et les plantes, nos Ăąmes aussi se divisent (...). de mĂȘme que nous nous divisons, nous nous retrouvons. Et ces retrouvailles se nomment l'Amour. Car lorsqu'une Ăąme se divise, elle se divise toujours en une partie masculine et une partie fĂ©mnine. C'est expliquĂ© ainsi dans le livre de la GenĂšse: l'Ăąme d'Adam est divisĂ©e, et Eve est nĂ©e de lui. (...). Dans chaque vie, nous avons la mystĂ©rieuse obligation de retrouver, au moins, une de ces Autres Parties. Le Grand Amour, qui les a sĂ©parĂ©es, se rĂ©jouit de l'Amour qui les rĂ©unit. - Et comment puis-je savoir que c'est mon Autre Partie? - En prenant des risques. En courant le risque de l'Ă©chec, des dĂ©ceptions, des dĂ©sillusions, mais en ne cessant jamais de chercher l'Amour. Celui qui ne renonce pas Ă  cette quĂȘte est gagnant.
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Paulo Coelho (Brida)
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Elle se mordit la langue quand Thorn pressa sa bouche contre la sienne. Sur le moment, elle ne comprit plus rien. Elle sentit sa barbe lui piquer le menton, son odeur de dĂ©sinfectant lui monter Ă  la tĂȘte, mais la seule pensĂ©e qui la traversa, stupide et Ă©vidente, fut quenelle avait une botte plantĂ©e dans son tibia. Elle voulut se reculer; Thorn l’en empĂȘcha. Il referma ses mains de part et d’autre de son visage, les doigts dans ses cheveux, prenant appui sur sa nuque avec une urgence qui les dĂ©sĂ©quilibra tous les deux. La bibliothĂšque dĂ©versa une pluie de documents sur eux. Quand Thorn s’écarte finalement, le souffle court, ce fut pour clouer un regard de fer dans ses lunettes. - je vous prĂ©viens. Les mots que vous m’avez dits, je ne vous laisserai pas revenir dessus. Sa voix Ă©tait Ăąpre, mais sous l’autoritĂ© des paroles il y avait comme une fĂȘlure. OphĂ©lie pouvait percevoir le pouls prĂ©cipitĂ© des mains qu’il appuyait maladroitement sur ses joues. Elle devait reconnaĂźtre que son propre cƓur jouait Ă  la balançoire. Thorn Ă©tait sans doute l’homme le plus dĂ©concertant qu’elle avait jamais rencontrĂ©, mais il l’a faisait se sentir formidablement vivante. - je vous aime, rĂ©pĂ©ta-y-elle d’un ton inflexible. C’est ce que j’aurais du vous rĂ©pondre quand vous vouliez connaĂźtre la raison de ma prĂ©sence Ă  Babel c’est ce que j’en aurais du vous rĂ©pondre chaque fois que vous vouliez savoir ce que j’en avais vraiment Ă  vous dire. Bien sĂ»r que je dĂ©sire percer les mystĂšres de Dieu et reprendre le contrĂŽle de ma vie, mais... vous faites partie de ma vie, justement. Je vous ai traitĂ© d’égoĂŻste et Ă  aucun moment je ne me suis mise, moi, Ă  votre place. Je vous demande pardon. 
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Dabos Christelle
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Mon Dieu, dit-il, ils sont libres... Je veux dire, ce sont des jeunes gens, et le temps pour eux n'a pas d'importance. Pourquoi donc feraient-ils triste figure ? Je me dis quelquefois : ĂȘtre malade et mourir, ce n'est pas sĂ©rieux en somme, c'est plutĂŽt une sorte de laisser-aller ; du sĂ©rieux, on n'en rencontre Ă  tout prendre que dans la vie de la plaine. Je crois que tu comprendras cela, lorsque tu auras sĂ©journĂ© plus longtemps ici.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Quand je considĂšre ma vie, je suis Ă©pouvantĂ© de la trouver informe. L'existence des hĂ©ros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flĂšche. Et la plupart des hommes aiment Ă  rĂ©sumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une rĂ©crimination ; leur mĂ©moire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les rĂ©gions de montagne, de matĂ©riaux divers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle. J'y rencontre ma nature, dĂ©jĂ  composite, formĂ©e en parties Ă©gales d'instinct et de culture. Ça et lĂ , affleurent les granits de l'inĂ©vitable ; partout, les Ă©boulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'Ă©coulement d'une riviĂšre souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un prĂ©sage, une suite dĂ©finie d'Ă©vĂ©nements, je crois reconnaĂźtre une fatalitĂ©, mais trop de routes ne mĂšnent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mĂ©moire des hommes, ou mĂȘme dans la mienne propre ; puisque c'est peut-ĂȘtre l'impossibilitĂ© de continuer Ă  s'exprimer et Ă  se modifier par l'action que constitue la diffĂ©rence entre l'Ă©tat de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indĂ©finissable. Et la preuve, c'est que j'Ă©prouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte Ă  moi-mĂȘme. Certains travaux qui durĂšrent peu sont assurĂ©ment nĂ©gligeables, mais des occupations qui s'Ă©tendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble Ă  peine essentiel, au moment oĂč j'Ă©cris ceci, d'avoir Ă©tĂ© empereur..." (p.214)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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autrefois, il y avait des galeries aux maisons. Et quelque-fois, les gens restaient assis, tard dans la nuit, bavardant s'ils en avaient envie, se balançant dans leurs fauteuils, silencieux s'ils n'éprouvaient pas le besoin de parler. parfois, ils restaient là, tranquillement, à réfléchir à ruminer. Mon oncle dit que les architectes ont supprimé les galeries pour des raisons d'esthétique. Mais mon oncle dit que c'est un prétexte, rien de plus; la véritable raison, cachée en dessous, c'est qu'on ne voulait pas voir des gens passer des heures assis à ne rien faire, à se balancer, à discuter; c'était une forme détestable de vie en commun. Les gens parlaient trop. Et ils avaient le temps de penser. Alors on a détruit les galeries. Et les jardins, aussi. Il ne reste presque plus de jardins...Et voyez les mobiliers. Plus de rocking-chairs. Ils sont trop confortables. Il faut obliger les gens à courir, à prendre de l'exercise.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Je ne suis pas pour l'occupation d’un pays arabe par IsraĂ«l, mais, en revanche, je ne veux pas remplacer IsraĂ«l par une nation islamique qui s’insta1lerait sur ses ruines, et dont le seul souci serait de promouvoir une culture de mort et d’ignorance parmi ses ïŹdĂšles, Ă  une Ă©poque oĂč nous avons dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de ceux qui en appellent Ă  une culture de vie et de dĂ©veloppement, propre Ă  cultiver l’espoir dans nos Ăąmes. Regardons tous les pays fondĂ©s sur la pensĂ©e religieuse, regardons leurs peuples et les gĂ©nĂ©rations qui y grandissent; qu’offrent-ils en termes d’humanitĂ© et d’humanisme? Rien, c’est certain, sinon la peur de Dieu et l'incapacitĂ© Ă  affronter la vie; rien d’autre. De telles pensĂ©es ont formĂ© et continuent de former des gĂ©nĂ©rations inaptes Ă  toute crĂ©ativitĂ©, Ă  toute culture, incapables mĂȘme de s’inspirer des civilisations qui leur viennent d’ailleurs, puisqu’elles ne sont pas Ă  mĂȘme de construire la leur.
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Raif Badawi (1000 Lashes: Because I Say What I Think)
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- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pĂšres nous valaient bien, n'en dis pas de mal !... - T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violĂ©s, volĂ©s, Ă©tripĂ©s et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maĂźtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nĂ©s fidĂšles, on en crĂšve nous autres ! Soldats gratuits, hĂ©ros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi MisĂšre. C'est lui qui nous possĂšde ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gĂȘne pour parler, faut faire bien attention si on tient Ă  pouvoir manger... Pour des riens, il vous Ă©trangle... C'est pas une vie... - Il y a l'amour, Bardamu ! - Arthur, l'amour c'est l'infini mis Ă  la portĂ©e des caniches et j'ai ma dignitĂ© moi ! que je lui rĂ©ponds.
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Louis-Ferdinand Céline
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Puis il rĂ©flĂ©chit: la rĂ©alitĂ© ne coĂŻncide habituellement pas avec les prĂ©visions; avec une logique perverse, il en dĂ©duisit que prĂ©voir un dĂ©tail circonstanciel, c'est empĂȘcher que celui-ci se rĂ©alise. FidĂšle Ă  cette faible magie, il inventait, pour les empĂȘcher de se rĂ©aliser, des pĂ©ripĂ©ties atroces; naturellement, il finit par craindre que ces pĂ©ripĂ©ties ne fussent prophĂ©tiques. MisĂ©rable dans la nuit, il essayait de s'affirmer en quelque sorte dans la substance fugitive du temps. Il savait que celui-ci se prĂ©cipitait vers l'aube du 29; il raisonnait Ă  haute voix; je suis maintenant dans la nuit du 22; tant que durera cette nuit (et six nuits de plus) je suis invulnĂ©rable, immortel. Il pensait que les nuits de sommeil Ă©taient des piscines profondes et sombres dans lesquels il pouvait se plonger. Il souhaitait parfois avec impatience la dĂ©charge dĂ©finitive qui le libĂ©rerait tant bien que mal de son vain travail d'imagination.
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Jorge Luis Borges (Ficciones)
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Phobos et dysthymiĂš circonscrivent l'un et l'autre une difficultĂ© intime, un dĂ©sordre intĂ©rieur du sujet par rapport aux sollicitations extĂ©rieures. Le phobos, expression d'abord cynĂ©gĂ©tique ou militaire de l'effarouchement, signifie la fuite angoissĂ©e, soudaine, irrĂ©flĂ©chie, devant la rĂ©alitĂ©, engageant tour Ă  tour l'agitation panique et le repli prostrĂ©. La dysthymie, c'est l'atteinte de ce principe de vie qu'est le thymos, sorte de plexus solaire de l'Ăąme ; le vocable suggĂšre la dĂ©route de la ligne de vie, un malaise Ă©cƓurĂ© devant l'existence : plus mĂȘme que la crainte, presque la hantise de vivre, le mal de vivre, une Ă©clipse du plexus solaire, prenant comme la phobie la double voie du repli sur soi et de la perte panique de soi. Se profile dans l'un et l'autre vocable ainsi compris la double extension du modĂšle mĂ©lancolique promise par l'histoire ancienne et moderne : d'un cĂŽtĂ© vers la dĂ©pression, figure de prostration ; de l'autre vers le dĂ©lire, manifestation panique.
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Patrick Dandrey (Anthologie de l'humeur noire: écrits sur la mélancolie d'Hippocrate à l'Encyclopédie)
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Je suis encore un homme jeune, et pourtant, quand je songe Ă  ma vie, c’est comme une bouteille dans laquelle on aurait voulu faire entrer plus qu’elle ne peut contenir. Est-ce le cas pour toute vie humaine, ou suis-je nĂ© dans une Ă©poque qui repousse toute limite et qui bat les existences comme les cartes d’un grand jeu de hasard ? Moi, je ne demandais pas grand-chose. J'aurais aimĂ© ne jamais quitter le village. Les montagnes, les bois, nos riviĂšres, tout cela m’aurait suffi. J’aurais aimĂ© ĂȘtre tenu loin de la rumeur du monde, mais autour de moi bien des peuples se sont entretuĂ©s. Bien des pays sont morts et ne sont plus que des noms dans les livres d’Histoire. Certains en ont dĂ©vorĂ© d’autres, les ont Ă©ventrĂ©s, violĂ©s, souillĂ©s. Et ce qui est juste n’a pas toujours triomphĂ© de ce qui est sale. Pourquoi ai-je dĂ», comme des milliers d’autres hommes, porter une croix que je n’avais pas choisie, endurer un calvaire qui n’était pas fait pour mes Ă©paules et qui ne me concernait pas? Qui a donc dĂ©cidĂ© de venir fouiller mon obscure existence, de dĂ©terrer ma maigre tranquillitĂ©, mon anonymat gris, pour me lancer comme une boule folle et minuscule dans un immense jeu de quilles? Dieu? Mais alors, s’Il existe, s’Il existe vraiment, qu’Il se cache. Qu’Il pose Ses deux mains sur Sa tĂȘte, et qu’Il la courbe. Peut-ĂȘtre, comme nous l'apprenait jadis Peiper, que beaucoup d’hommes ne sont pas dignes de Lui, mais aujourd’hui je sais aussi qu’Il n'est pas digne de la plupart d’entre nous, et que si la crĂ©ature a pu engendrer l’horreur c’est uniquement parce que son CrĂ©ateur lui en a soufflĂ© la recette.
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Philippe Claudel (Brodeck)
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Augmentez la dose de sports pour chacun, dĂ©veloppez l'esprit d'Ă©quipe, de compĂ©tition, et le besoin de penser est Ă©liminĂ©, non ? Organiser, organisez, super-organisez des super-super-sports. Multipliez les bandes dessinĂ©es, les films; l'esprit a de moins en moins d'appĂ©tits. L'impatience, les autos-trades sillonnĂ©es de foules qui sont ici, lĂ , partout, nulle part. Les rĂ©fugiĂ©s du volant. Les villes se transforment en auberges routiĂšres; les hommes se dĂ©placent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre oĂč tu dormais Ă  midi et moi la veille. (1re partie) On vit dans l'immĂ©diat. Seul compte le boulot et aprĂšs le travail l'embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre quoi que ce soit sinon Ă  presser les boutons, brancher des commutateurs, serrer des vis et des Ă©crous ? Nous n'avons pas besoin qu'on nous laisse tranquilles. Nous avons besoin d'ĂȘtre sĂ©rieusement tracassĂ©s de temps Ă  autre. Il y a combien de temps que tu n'as pas Ă©tĂ© tracassĂ©e sĂ©rieusement ? Pour une raison importante je veux dire, une raison valable ? - Tu dois bien comprendre que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter ou de dĂ©ranger nos minoritĂ©s. Pose-toi la question toi-mĂȘme. Que recherchons-nous, par-dessus tout, dans ce pays ? Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord ? Ne l'as-tu pas entendu rĂ©pĂ©ter toute la vie ? Je veux ĂȘtre heureux, dĂ©clare chacun. Eh bien, sont-ils heureux ? Ne veillons-nous pas Ă  ce qu'ils soient toujours en mouvement, toujours distraits ? Nous ne vivons que pour ça, c'est bien ton avis ? Pour le plaisir, pour l'excitation. Et tu dois admettre que notre civilisation fournit l'un et l'autre Ă  satiĂ©tĂ©. Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous Ă©crase d'impĂŽts, peu importe tant que les gens n'en savent rien. La paix, Montag. Instituer des concours dont les prix supposent la mĂ©moire des paroles de chansons Ă  la mode, des noms de capitales d'État ou du nombre de quintaux de maĂŻs rĂ©coltĂ©s dans l'Iowa l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Gavez les hommes de donnĂ©es inoffensives, incombustibles, qu'ils se sentent bourrĂ©s de "faits" Ă  Ă©clater, renseignĂ©s sur tout. Ensuite, ils s'imagineront qu'ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piĂ©tinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie Ă  quoi confronter leur expĂ©rience. C'est la source de tous les tourments. Tout homme capable de dĂ©monter un Ă©cran mural de tĂ©lĂ©vision et de le remonter et, de nos jours ils le sont Ă  peu prĂšs tous, est bien plus heureux que celui qui essais de mesurer, d'Ă©talonner, de mettre en Ă©quations l'univers ce qui ne peut se faire sans que l'homme prenne conscience de son infĂ©rioritĂ© et de sa solitude. Nous sommes les joyeux drilles, les boute-en-train, toi, moi et les autres. Nous faisons front contre la marĂ©e de ceux qui veulent plonger le monde dans la dĂ©solation en suscitant le conflit entre la thĂ©orie et la pensĂ©e. Nous avons les doigts accrochĂ©s au parapet. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mĂ©lancolie et de la triste philosophie noyer notre monde. Nous comptons sur toi. Je ne crois pas que tu te rendes compte de ton importance, de notre importance pour protĂ©ger l'optimisme de notre monde actuel.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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«Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais malgrĂ© toute cette chance et toute cette richesse, depuis trĂšs longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal Ă  poissons; la vacuitĂ© et l’ineptie de l’existence. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis trĂšs intelligente. Exceptionnellement intelligente, mĂȘme. MĂȘme si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d’entre eux. C’est comme ça. Je n’en suis pas spĂ©cialement fiĂšre parce que je n’y suis pour rien. Mais ce qui est certain, c’est que dans le bocal, je n’irais pas. C’est une dĂ©cision bien rĂ©flĂ©chie. MĂȘme pour une personne aussi intelligente que moi, aussi douĂ©e pour les Ă©tudes, aussi diffĂ©rente des autres et aussi supĂ©rieure Ă  la plupart, la vie est dĂ©jĂ  toute tracĂ©e et c’est triste Ă  pleurer : personne ne semble avoir songĂ© au fait que si l’existence est absurde, y rĂ©ussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y Ă©chouer. C’est seulement plus confortable. Et encore : je crois que la luciditĂ© rend le succĂšs amer alors que la mĂ©diocritĂ© espĂšre toujours quelque chose.»
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Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
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Que se serait-il passĂ© ? Lol ne va pas loin dans l'inconnu sur lequel s'ouvre cet instant. Elle ne dispose d'aucun souvenir mĂȘme imaginaire, elle n'a aucune idĂ©e sur cet inconnu. Mais ce qu'elle croit, c'est qu'elle devait y pĂ©nĂ©trer, que c'Ă©tait ce qu'il lui fallait faire, que ç'aurait Ă©tĂ© pour toujours, pour sa tĂȘte et pour son corps, leur plus grande douleur et leur plus grande joie confondues jusque dans leur dĂ©finition devenue unique mais innommable faute d'un mot. J'aime Ă  croire, comme je l'aime, que si Lol est silencieuse dans la vie c'est qu'elle a cru, l'espace d'un Ă©clair, que ce mot pouvait exister. Faute de son existence, elle se tait. Ç'aurait Ă©tĂ© un mot-absence, un mot-trou, creusĂ© en son centre d'un trou, de ce trou oĂč tous les autres mots auraient Ă©tĂ© enterrĂ©s. On n'aurait pas pu le dire mais on aurait pu le faire rĂ©sonner. Immense, sans fin, un gong vide, il aurait retenu ceux qui voulaient partir, il les aurait convaincus de l'impossible, il les aurait assourdis Ă  tout autre vocable que lui-mĂȘme, en une fois il les aurait nommĂ©s, eux, l'avenir et l'instant. Manquant, ce mot, il gĂąche tous les autres, les contamine, c'est aussi le chien mort de la plage en plein midi, ce trou de chair.
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Marguerite Duras (The Ravishing of Lol Stein)
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Le fait de ne pas prolonger l’expĂ©rience amoureuse n’est pas un critĂšre de validitĂ© en soi. Dans la rencontre attentionnĂ©e avec l’autre, l’individu est Ă©lectrisĂ©. Dans la rencontre de deux corps s’exalte une sensation de vie intense. Aussi la passion n’est-elle pas toujours liĂ©e Ă  la suite de l’évĂ©nement : il est frĂ©quent de rencontrer sensuellement quelqu’un sans vivre ensuite avec lui. Il faut disjoindre la grĂące de la rencontre, qui est Ă©blouissement rĂ©ciproque, des suites d’une relation. Deux ĂȘtres peuvent s’estimer trop diffĂ©rents, trop Ă©loignĂ©s, pour dĂ©cider de former une relation durable, malgrĂ© un Ă©change merveilleux. Les partenaires savent que, « sans lendemain », cet Ă©change se suffit Ă  lui-mĂȘme, qu’il procure une Ă©nergie fabuleuse. C’est nĂ©anmoins un moment magique. « Une voluptĂ© vraie est aussi difficile Ă  rĂ©ussir qu’un mariage d’amour », estime Vladimir JankĂ©lĂ©vitch (1949). Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle communĂ©ment l’état amoureux, aussi cette forme de relation est toujours niĂ©e, vulgarisĂ©e, ramenĂ©e Ă  un Ă©change libertin, de pur sexe, instrumental, intĂ©ressĂ©, etc. Pourtant l’apport Ă©motionnel, sensuel, Ă©nergĂ©tique, affectif, amoureux peut avoir des rĂ©percussions plus grandes dans l’histoire de vie de la personne que des annĂ©es de vie conjugale.
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Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
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En cette perpĂ©tuelle bataille que l'on appelle vivre, on cherche Ă  Ă©tablir un code de comportement adaptĂ© Ă  la sociĂ©tĂ©, communiste ou prĂ©tendument libre, dans laquelle on a Ă©tĂ© Ă©levĂ©. Nous obĂ©issons Ă  certaines rĂšgles de conduite, en tant qu'elles sont parties intĂ©grantes de notre tradition, hindoue, islamique, chrĂ©tienne ou autre. Nous avons recours Ă  autrui pour distinguer la bonne et la mauvaise façon d'agir, la bonne et la mauvaise façon de penser. En nous y conformant, notre action et notre pensĂ©e deviennent mĂ©caniques, nos rĂ©actions deviennent automatiques. Nous pouvons facilement le constater en nous-mĂȘmes. Depuis des siĂšcles, nous nous faisons alimenter par nos maĂźtres, par nos autoritĂ©s, par nos livres, par nos saints, leur demandant de nous rĂ©vĂ©ler tout ce qui existe au-delĂ  des collines, au-delĂ  des montagnes, audelĂ  de la Terre. Si leurs rĂ©cits nous satisfont, c'est que nous vivons de mots et que notre vie est creuse et vide : une vie, pour ainsi dire de « seconde main ». Nous avons vĂ©cu de ce que l'on nous a dit, soit Ă  cause de nos tendances, de nos inclinations, soit parce que les circonstances et le milieu nous y ont contraints. Ainsi, nous sommes la rĂ©sultante de toutes sortes d'influences et il n'y a rien de neuf en nous, rien que nous ayons dĂ©couvert par nous-mĂȘmes, rien d'originel, de non corrompu, de clair.
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J. Krishnamurti
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Pire encore  : j'ignore qu'un jour, je ferai des livres. C'est une hypothĂšse qui n'est mĂȘme pas concevable, qui n'entre aucunement dans le champ des possibles, qui dĂ©passe ma simple imagination. Et si, par extraordinaire, elle devait traverser mon esprit, je l'en chasserais aussitĂŽt. Le fils du directeur d'Ă©cole, un saltimbanque  ? Jamais. Faire des livres, ce ne serait pas une occupation convenable, et surtout ça n'est pas un mĂ©tier, ça ne rapporte pas d'argent, ça ne procure pas la sĂ©curitĂ©, un statut. Il y a aussi que ce n'est pas dans la vraie vie, l'Ă©criture, c'est en dehors ou Ă  cĂŽtĂ©. Or la vraie vie, il faut s'y frotter, il faut l'empoigner. Non, jamais, mon fils, n'y pense mĂȘme pas  ! Je l'entends de lĂ , mon pĂšre.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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C’était une femme originale et solitaire. Elle entretenait un commerce Ă©troit avec les esprits, Ă©pousait leurs querelles et refusait de voir certaines personnes de sa famille mal considĂ©rĂ©es dans le monde oĂč elle se rĂ©fugiait. Un petit hĂ©ritage lui Ă©chut qui venait de sa soeur. Ces cinq mille francs, arrivĂ©s Ă  la fin d’une vie, se rĂ©vĂ©lĂšrent assez encombrants. Il fallait les placer. Si presque tous les hommes sont capables de se servir d’une grosse fortune, la difficultĂ© commence quand la somme est petite. Cette femme resta fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. PrĂšs de la mort, elle voulut abriter ses vieux os. Une vĂ©ritable occasion s’offrait Ă  elle. Au cimetiĂšre de sa ville, une concession venait d’expirer et, sur ce terrain, les propriĂ©taires avaient Ă©rigĂ© un somptueux caveau, sobre de lignes, en marbre noir, un vrai trĂ©sor Ă  tout dire, qu’on lui laissait pourla somme de quatre mille francs. Elle acheta ce caveau. C’était lĂ  une valeur sĂ»re, Ă  l’abri des fluctuations boursiĂšres et des Ă©vĂ©nements politiques. Elle fit amĂ©nager la fosse intĂ©rieure, la tint prĂȘte Ă  recevoir son propre corps. Et, tout achevĂ©, elle fit graver son nom en capitales d’or. Cette affaire la contenta si profondĂ©ment qu’elle fut prise d’un vĂ©ritable amour pour son tombeau. Elle venait voir au dĂ©but les progrĂšs des travaux Elle finit par se rendre visite tous les dimanches aprĂšs-midi. Ce fut son unique sortie et sa seule distraction. Vers deux heures de l’aprĂšs-midi, elle faisait le long trajet qui l’amenait aux portes de la ville oĂč se trouvait le cimetiĂšre. Elle entrait dans le petit caveau, refermait soigneusement la porte, et s’agenouillait sur le prie-Dieu. C’est ainsi que, mise en prĂ©sence d’elle-mĂȘme, confrontant ce qu’elle Ă©tait et ce qu’elle devait ĂȘtre, retrouvant l’anneau d’une chaĂźne toujours rompue, elle perça sans effort les desseins secrets de la Providence. Par un singulier symbole, elle comprit mĂȘme un jour qu’elle Ă©tait morte aux yeux du monde. À la Toussaint, arrivĂ©e plus tard que d’habitude, elle trouva le pas de la porte pieusement jonchĂ© de violettes. Par une dĂ©licate attention, des inconnus compatissants devant cette tombe laissĂ©e sans fleurs, avaient partagĂ© les leurs et honorĂ© la mĂ©moire de ce mort abandonnĂ© Ă  lui-mĂȘme.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Tu veux rester propre. Tu crois que tu es arrivĂ© couvert de savon et tu crois que tu repartiras couvert de savon, et entre-temps tu ne veux pas risquer de puer, mĂȘme cinq minutes." Il me saisit par le col de ma chemise, Ă  la fois violent et tendre, souple et du comme l'acier ; la salive sortait de ses lĂšvres, ses yeux Ă©taient baignĂ©s de larmes, mais les os de son visage saillaient et les muscles de ses bras, de son cou, Ă©taient agitĂ©s d'un tremblement. "Tu veux quitter Giovanni parce qu'avec lui tu pues. Tu veux mĂ©priser Giovanni parce qu'il n'a pas peur de la puanteur de l'amour. Tu veux le tuer au nom de toute ta sale petit morale hypocrite. C'est toi...toi qui est immoral. Tu es de loin l'homme le plus immoral que j'aie jamais rencontrĂ© de ma vie.
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James Baldwin (Giovanni's Room)
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Voisine Je peux rester des aprĂšs-midi entiers Ă  regarder cette fille, cachĂ© derriĂšre mon rideau. Je me demande ce qu'elle peut Ă©crire sur son ordinateur. A quoi elle pense quand elle regarde par la fenĂȘtre. Je me demande ce qu'elle mange, ce qu'elle utilise comme dentifrice, ce qu'elle Ă©coute comme musique. Un jour, je l'ai vue danser toute seule. Je me demande si elle a des frĂšres et sƓurs, si elle met la radio quand elle se lĂšve le matin, si elle prĂ©fĂšre l'Espagne ou l'Italie, si elle garde son mouchoir en boule dans sa main quand elle pleure et si elle aime Thomas Bernhard. Je me demande comment elle dort et comment elle jouit. Je me demande comment est son corps de prĂšs. Je me demande si elle s'Ă©pile ou si au contraire elle a une grosse toison. Je me demande si elle lit des livres en anglais. Je me demande ce qui la fait rire, ce qui la met hors d'elle, ce qui la touche et si elle a du goĂ»t. Qu'est-ce qu'elle peut bien en penser, cette fille, de la hausse du baril de pĂ©trole et des Farc, et que dans trente ans il n'y aura sans doute plus de gorilles dans les montagnes du Rwanda ? Je me demande Ă  quoi elle pense quand je la vois fumer sur son canapĂ©, et ce qu'elle fume comme cigarettes. Est-ce que ça lui pĂšse d'ĂȘtre seule ? Est-ce qu'elle a un homme dans sa vie ? Et si c'est le cas, pourquoi c'est elle qui va toujours chez lui ? Pourquoi il n'y a jamais d'homme chez elle ? Je me demande comment elle se voit dans vingt ans. Je me demande quel sens elle donne Ă  sa vie. Qu'est-ce qu'elle pense de sa vie quand elle est comme ça, toute seule, chez elle ? Si ça se trouve, elle n'a aucun intĂ©rĂȘt, cette fille.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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[...] Je veux dire la secousse qui a Ă©prouvĂ© Lisbonne, en 1755. - Excusez-moi. - Eh bien Voltaire s'est Ă©levĂ© contre elle. - C'est-Ă -dire... comment ? Il s'est Ă©levĂ© ? - Il s'est rĂ©voltĂ©, oui. Il n'a pas admis cette fatalitĂ© brutale ; et le fait mĂȘme, il s'est refusĂ© Ă  abdiquer devant ce scandaleux excĂšs de la nature dont les trois quarts d'une ville florissante et des milliers de vies humaines ont Ă©tĂ© victimes... [...] L'attitude de Voltaire Ă©tait celle d'un vrai descendant des ces authentiques Gaulois qui envoyaient leurs flĂšches contre le ciel... Voyez-vous, ingĂ©nieur, voilĂ  bien l'hostilitĂ© de l'esprit contre la nature, sa fiĂšre mĂ©fiance envers elle, sa noble obstination dans le droit Ă  la critique Ă  l'Ă©gard de cette puissance mauvaise et contraire Ă  la Raison. Car la nature est une puissance et c'est se montrer servile que d'accepter la puissance [...].
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Il me semble qu'ils confondent but et moyen ceux qui s'effraient par trop de nos progrĂšs techniques. Quiconque lutte dans l'unique espoir de biens matĂ©riels, en effet, ne rĂ©colte rien qui vaille de vivre. Mais la machine n'est pas un but. L'avion n'est pas un but : c'est un outil, un outil comme la charrue. Si nous croyons que la machine abĂźme l'homme c'est que, peut-ĂȘtre, nous manquons un peu de recul pour juger les effets de transformations aussi rapides que celles que nous avons subies. Que sont les cent annĂ©es de l'histoire de la machine en regard des deux cent mille annĂ©es de l'histoire de l'homme? C'est Ă  peine si nous nous installons dans ce paysage de mines et de centrales Ă©lectriques. C'est Ă  peine si nous commençons d'habiter cette maison nouvelle, que nous n'avons mĂȘme pas achevĂ© de bĂątir. Tout a changĂ© si vite autour de nous : rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-mĂȘme a Ă©tĂ© bousculĂ©e dans ses bases les plus intimes. Les notions de sĂ©paration, d'absence, de distance, de retour, si les mots sont demeurĂ©s les mĂȘmes, ne contiennent plus les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s. Pour saisir le monde aujourd'hui, nous usons d'un langage qui fut Ă©tabli pour le monde d'hier. Et la vie du passĂ© nous semble mieux rĂ©pondre Ă  notre nature, pour la seule raison qu'elle rĂ©pond mieux Ă  notre langage. Pour le colonial qui fonde un empire, le sens de la vie est de conquĂ©rir. Le soldat mĂ©prise le colon. Mais le but de cette conquĂȘte n'Ă©tait-il pas l'Ă©tablissement de ce colon? Ainsi dans l'exaltation de nos progrĂšs, nous avons fait servir les hommes Ă  l'Ă©tablissement des voies ferrĂ©es, Ă  l'Ă©rection des usines, au forage de puits de pĂ©trole. Nous avions un peu oubliĂ© que nous dressions ces constructions pour servir les hommes. (Terre des Hommes, ch. III)
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Antoine de Saint-Exupéry
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Un petit garçon naĂźt avec le cƓur brisĂ©. Les chirurgiens entrent au bloc, le reconstituent, le recomposent, et le bĂ©bĂ© est renvoyĂ© chez lui. C'est une chance qu'il soit en vie. Ils affirment qu'il va mieux, qu'il peut mener une vie normale. Pourtant, en grandissant, il est convaincu de ne pas ĂȘtre tout Ă  fait guĂ©ri. Le sang circule, les valves s'ouvrent et se referment. Sur les scanners et les Ă©crans, tout fonctionne normalement. Mais il y a un problĂšme... Les mĂ©decins ont laissĂ© sont coeur ouvert. Ils ont oubliĂ© de refermer l'armure de sa poitrine. Et maintenant, il est assailli... par un trop-plein d'Ă©motions. Certains le qualifieraient de sensible, mais ils sont Ă  des annĂ©es-lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©. Le bouton est cassĂ©, le volume poussĂ© au maximum. Les moments de joie sont pour lui brefs, mais extatiques. Les moments douloureux, longs et Ă©pouvantablement violents. [...] Son cƓur est fĂȘlĂ©. Il laisse entrer la lumiĂšre. Il laisse entrer les tempĂȘtes. Il laisse tout entrer.
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V.E. Schwab (The Invisible Life of Addie LaRue)
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Moi qui ai eu la chance, malgrĂ© quelques grosses sĂ©quelles, de me relever et de retrouver une autonomie totale, je pense souvent Ă  cette incroyable pĂ©riode de ma vie et surtout Ă  tous mes compagnons d’infortune. À part Samia, peut-ĂȘtre, je sais pertinemment que les autres sont toujours dans leurfauteuil, qu’ils sont contraints Ă  une assistance permanente, qu’ils ont toujours droit aux sondages urinaires, aux transferts, aux fauteuils-douches, aux sĂ©ances de verticalisation
 Ils sont pour toujours confrontĂ©s Ă  ces mots qui ont Ă©tĂ© mon quotidien, cette annĂ©e-lĂ  J’ai fait trois autres centres de rééducation par la suite, mais jamais je n’ai autant ressenti la violence de cette immersion dans le monde du handicap que lors de ces quelques mois. Jamais je n’ai retrouvĂ© autant de malheur et autant d’envie de vivre rĂ©unis en un mĂȘme lieu, jamais je n’ai croisĂ© autant de souffrance et d’énergie, autant d’horreur et d’humour. Et jamais plus je n’ai ressenti autant d’intensitĂ© dans le rapport des ĂȘtres humains Ă  l’incertitude de leur avenir .. Je ne connaissais rien de ce monde-lĂ  avant mon accident. Je me demande mĂȘme si j’y avais dĂ©jĂ  vraiment pensĂ©. Bien sĂ»r, cette expĂ©rience aussi difficile pour moi que pour mon entourage proche m’a beaucoup appris sur moi-mĂȘme, sur la fragilitĂ© de l’existence (et celle des vertĂšbres cervicales). Personne d’autre ne sait mieux que moi aujourd’hui qu’une catastrophe n’arrive pas qu’aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mĂ©rite le plus . Mais, au-delĂ  de ces lourds enseignements et de ces grandes considĂ©rations, ce qui me reste surtout de cette pĂ©riode, ce sont les visages et les regards que j’ai croisĂ©s dans ce centre. Ce sont les souvenirs de ces ĂȘtres qui, Ă  l’heure oĂč j’écris ces lignes, continuent chaque jour de mener un combat qu’ils n’ont jamais l’impression de gagner.Si cette Ă©preuve m’a fait grandir et progresser, c’est surtout grĂące aux rencontres qu’elle m’aura offertes.
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Grand corps malade (Patients)
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Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Esther n'Ă©tait certainement pas bien Ă©duquĂ©e au sens habituel du terme, jamais l'idĂ©e ne lui serait venue de vider un cendrier ou de dĂ©barrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gĂȘne qu'elle laissait la lumiĂšre allumĂ©e derriĂšre elle dans les piĂšces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivĂ©, suivant pas Ă  pas son parcours dans ma rĂ©sidence de San Jose, d'avoir Ă  actionner dix-sept commutateurs); il n'Ă©tait pas davantage question de lui demander de penser Ă  faire un achat, de ramener d'un magasin oĂč elle se rendait une course non destinĂ©e Ă  son propre usage, ou plus gĂ©nĂ©ralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les trĂšs jolies jeunes filles elle n'Ă©tait au fond bonne qu'Ă  baiser, et il aurait Ă©tĂ© stupide de l'employer Ă  autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyĂ© et gĂ„tĂ©, protĂ©gĂ© de tout souci comme de toute tĂąche ennuyeuse ou pĂ©nible afin de mieux pouvoir se consacrer Ă  son service exclusivement sexuel. Elle n'en Ă©tait pas moins trĂšs loin d'ĂȘtre ce monstre d'arrogance, d'Ă©goĂŻsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des trĂšs jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, trĂšs belle, infiniment Ă©rotique et dĂ©sirable, Esther n'en Ă©tait pas moins sensible aux infirmitĂ©s animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-lĂ  que j'en pris conscience, et que je me mis vĂ©ritablement Ă  l'aimer. Le dĂ©sir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi Ă  conduire Ă  l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition Ă©trange, d'une compassion pour l'ĂȘtre dĂ©sirĂ© ; tout ĂȘtre vivant, Ă©videmment, mĂ©rite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par lĂ -mĂȘme exposĂ© Ă  des souffrances sans nombre, mais face Ă  un ĂȘtre jeune et en pleine santĂ© c'est une considĂ©ration qui paraĂźt bien thĂ©orique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais rĂ©elle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'Ă©prouver ce sentiment Ă  son Ă©gard. Étant elle-mĂȘme compatissante, ayant mĂȘme des aspirations occasionnelles Ă  la bontĂ©, elle pouvait Ă©galement susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'Ă©difice, car je n'Ă©tais pas un ĂȘtre de passion, pas essentiellement, et si je pouvais dĂ©sirer quelqu'un de parfaitement mĂ©prisable, s'il m'Ă©tait arrivĂ© Ă  plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'Ă©tais mĂȘme allĂ© jusqu'Ă  utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'Ă  manifester une comprĂ©hension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immĂ©diatement aprĂšs avoir disposĂ© de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'Ă©tais senti parfaitement Ă  l'aise dans une relation sexuelle basĂ©e sur la pure attirance Ă©rotique et l'indiffĂ©rence Ă  l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - Ă  dĂ©faut d'amour - de sympathie, d'estime, de comprĂ©hension mutuelle; l'humanitĂ© non, je n'y avais pas renoncĂ©. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Je ne comprends pas que l'on puisse ne pas fumer. C'est se priver de toute façon de la meilleure part de l'existence et en tout cas d'un plaisir tout Ă  fait Ă©minent. Lorsque je m'Ă©veille, je me rĂ©jouis dĂ©jĂ  de pouvoir fumer pendant la journĂ©e, et pendant que je mange, j'ai la mĂȘme pensĂ©e, oui, je peux dire qu'en somme je mange seulement pour pouvoir ensuite fumer, et je crois que j'exagĂšre Ă  peine. Mais un jour sans tabac, ce serait pour moi le comble de la fadeur, ce serait une journĂ©e absolument vide et insipide, et si, le matin, je devais me dire : "aujourd'hui je n'aurai rien Ă  fumer", je crois que je n'aurais pas le courage de me lever, je te jure que je resterais couchĂ©. [...] Dieu merci ! on fume dans le monde entier ; ce plaisir, autant que je sache, n'est inconnu nulle part oĂč l'on pourrait ĂȘtre jetĂ© par les hasards de la vie. MĂȘme les explorateurs qui partent pour le pĂŽle nord se pourvoient largement de provisions de tabac pour la durĂ©e de leurs pĂ©nibles Ă©tapes, et j'ai toujours trouvĂ© cela sympathique lorsque je l'ai lu. Car on peut aller trĂšs mal - supposons par exemple que je sois dans un Ă©tat lamentable -, aussi longtemps que j'aurai mon cigare, je le supporterai, je le sais bien ; il m'aiderait Ă  tout surmonter.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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TOUZENBACH Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ? VERCHININE De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle qu’elle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans. TOUZENBACH Eh bien, aprĂšs nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, qu’on dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir. VERCHININE, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi. Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă  peu, que le changement s’accomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, s’établira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais c’est pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, c’est nous qui la crĂ©ons, c’est mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur. Macha rit doucement. TOUZENBACH Pourquoi riez-vous ? MACHA Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin. VERCHININE J’ai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  l’AcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus j’ai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais l’essentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il n’y a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur n’est pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants. TOUZENBACH Alors, d’aprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ? VERCHININE Non. TOUZENBACH, joignant les mains et riant. Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (À Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million d’annĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă  ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes qu’il pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu qu’elles volent... MACHA Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ? TOUZENBACH Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ? MACHA Il me semble que l’homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)
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Une nouvelle gĂ©nĂ©ration, donc, subit simplement l'Ă©tat de choses ; elle ne se pose aucun vrai problĂšme, et de la « libĂ©ration » dont elle jouit, elle fait un usage Ă  tous points de vue stupide. Quand cette jeunesse prĂ©tend qu'elle n'est pas comprise, la seule rĂ©ponse Ă  lui donner c'est qu'il n'y a justement rien Ă  comprendre en elle, et que, s'il existait un ordre normal, il s'agirait uniquement de la remettre Ă  sa place sans tarder, comme on fait avec les enfants, lorsque sa stupiditĂ© devient fatigante, envahissante et impertinente. Le soi-disant anticonformisme de certaines attitudes, abstraction faite de leur banalitĂ©, suit du reste une espĂšce de mode, de nouvelle convention, de sorte qu'il s'agit prĂ©cisĂ©ment du contraire d'une manifestation de libertĂ©. Pour diffĂ©rents phĂ©nomĂšnes envisagĂ©s par nous dans les pages prĂ©cĂ©dentes, tels que par exemple le goĂ»t de la vulgaritĂ© et certaines formes nouvelles des mƓurs, on peut se rĂ©fĂ©rer, dans l'ensemble, Ă  cette jeunesse-lĂ  ; en font partie les fanatiques des deux sexes pour les braillards, les « chanteurs » Ă©pileptiques, au moment oĂč nous Ă©crivons pour les sĂ©ances collectives de marionnettes reprĂ©sentĂ©es par les ye-ye sessions, pour tel ou tel « disque Ă  succĂšs » et ainsi de suite, avec les comportements correspondants. L'absence, chez ceux-lĂ , du sens du ridicule rend impossible d'exercer sur eux une influence quelconque, si bien qu'il faut les laisser Ă  eux-mĂȘmes et Ă  leur stupiditĂ© et estimer que si par hasard apparaissent, chez ce type de jeunes, quelques aspects polĂ©miques en ce qui concerne, par exemple, l'Ă©mancipation sexuelle des mineurs et le sens de la famille, cela n'a aucun relief. Les annĂ©es passant, la nĂ©cessitĂ©, pour la plupart d'entre eux, de faire face aux problĂšmes matĂ©riels et Ă©conomiques de la vie fera sans doute que cette jeunesse-lĂ , devenue adulte, s'adaptera aux routines professionnelles, productives et sociales d'un monde comme le monde actuel ; ce qui, d'ailleurs, la fera passer simplement d'une forme de nullitĂ© Ă  une autre forme de nullitĂ©. Aucun problĂšme digne de ce nom ne vient se poser.
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Julius Evola (L'arco e la clava)