Bonne Nuit Quotes

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Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire. Puis, il disparaîtra, tout à fait.
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Marguerite Duras (Hiroshima mon amour)
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Quelques semaines plus tard, mon fils me rappelait à l’ordre : un chat s’appelait un chat. Grand-mère s’était suicidée, oui, foutue en l’air, elle avait baissé le rideau, déclaré forfait, lâché l’affaire, elle avait dit stop, basta, terminado, et elle avait de bonnes raisons d’en arriver là.
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Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose Ă  la nuit)
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- Votre personne, vos moindres mouvements, me semblaient avoir dans le monde une importance extra-humaine. Mon coeur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas. Vous me faisiez l'effet d'un clair de lune par une nuit d'été, quand tout est parfums, ombres douces, blancheurs, infini ; et les délices de la chair et de l'âme étaient contenus pour moi dans votre nom que je me répétais, en tâchant de le baiser sur mes lèvres. Je n'imaginais rien au delà. C'était Mme Arnoux telle que vous étiez, avec ses deux enfants, tendre, sérieuse, belle à éblouir, et si bonne ! Cette image-là effaçait toutes les autres. Est-ce que j'y pensais, seulement ! puisque j'avais toujours au fond de moi-même la musique de votre voix et la splendeur de vos yeux !
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Gustave Flaubert (Sentimental Education)
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SOLITAIRE Nul ne sait ce que je dis Ce que je veux nul ne le sait. Sept souriceaux, une souris Sont endormis sur le parquet. Une souris, sept souriceaux, Pourtant il me semble en voir huit ? Alors je mets mon chapeau Je souhaite bonne nuit. Alors je mets mon chapeau Et me laisse aller, Où irai-je si tard la nuit Tout seul, esseulé ? À la foire une gargote Me fait signe : eh toi, gogo Viens, j'ai tonneau plein de vin Et d'or plein tonneau. Vite alors j'ouvre la porte Et tombe au-dedans : Qui que vous soyez, bonne fête À tous, braves gens ! Nul ne sait ce que je dis Ce que je veux nul ne le sait. Deux ivrognes, une bouteille Sont endormis sur le parquet. Deux ivrognes, une bouteille Il me semble en voir trois pourtant, Vaut-il la peine à ce jeu d'être Le quatrième ? Non, vraiment ! Alors je mets mon chapeau Et me laisse aller, Où irai-je si tard la nuit Tout seul, esseulé ? (p. 416-417 de L'Anthologie de la poésie yiddish de Charles Dobzynski)
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Itzik Manger
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Hymne À la très chère, à la très belle Qui remplit mon cœur de clarté, À l'ange, À l'idole immortelle, Salut en l'immortalité! Elle se répand dans ma vie Comme un air imprégné de sel, Et dans mon âme inassouvie Verse le goût de l'éternel. Sachet toujours frais qui parfume L'atmosphère d'un cher réduit, Encensoir oublié qui fume En secret à travers la nuit, Comment, amour incorruptible, T'exprimer avec vérité? Grain de musc qui gis, invisible, Au fond de mon éternité! À la très bonne, à la très belle Qui fait ma joie et ma santé, À l'ange, à l'idole immortelle, Salut en l'immortalité!
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Charles Baudelaire
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JULIETTE. — A quelle heure enverrai-je vers toi, demain ? ROMÉO. — À neuf heures. JULIETTE. — Je n’y manquerai pas. D’ici à ce moment, il va s’écouler vingt ans. J’ai oublié pourquoi je t’avais rappelé. ROMÉO.— Permets-moi de rester ici jusqu’à ce que tu te le rappelles. JULIETTE. — J’oublierai encore, afin de te faire rester, et ne me souviendrai que de l’amour que j’ai pour ta compagnie. ROMÉO. — Et moi je resterai, pour te faire oublier encore, oublieux moi-même que j’ai un autre logis que ce jardin JULIETTE. — Il est presque matin ; je voudrais que tu fusses parti, et cependant pas plus loin que l’oiseau d’une jeune folle qui le laisse s’éloigner un peu de sa main, pareil à un pauvre prisonnier dans ses entraves, et qui le ramène avec un fil de soie, tant elle est amoureusement jalouse de sa liberté. ROMÉO. — Je voudrais être ton oiseau. JULIETTE. — Chéri, je le voudrais aussi : cependant, je te tuerais par trop de caresses. Ronne nuit ! bonne nuit ! la séparation est une si délicieuse douleur que je dirais bonne nuit jusqu’à demain. (Elle, se retire de la fenêtre.) ROMÉO. — Que le sommeil descende sur tes yeux et la paix dans ton sein ! Que ne suis-je le sommeil et la paix pour goûter un si doux repos ! Je vais d’ici me rentre à la cellule de mon pieux confesseur, pour implorer son aide, et lui dire mon heureuse fortune. (Il sort.)
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William Shakespeare (Romeo & Juliet)
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Robineau le tira de sa solitude : 'Monsieur le Directeur, j’ai pensé… on pourrait peut-être essayer…' Il n’avait rien à proposer, mais témoignait ainsi de sa bonne volonté. Il aurait tant aimé trouver une solution, et la cherchait un peu comme celle d’un rébus. Il trouvait toujours des solutions que Rivière n’écoutait jamais : 'Voyez-vous, Robineau, dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent.' Aussi Robineau bornait-il son rôle à créer une force en marche dans la corporation des mécaniciens. Une humble force en marche, qui préservait de la rouille les moyeux d’hélice. Mais les événements de cette nuit-ci trouvaient Robineau désarmé. Son titre d’inspecteur n’avait aucun pouvoir sur les orages, ni sur un équipage fantôme, qui vraiment ne se débattait plus pour une prime d’exactitude, mais pour échapper à une seule sanction, qui annulait celles de Robineau, la mort. Et Robineau, maintenant inutile, errait dans les bureaux, sans emploi.
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Antoine de Saint-Exupéry (Night Flight)
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Mais rien ne servirait de s’être mis à l’abri de tous les motifs personnels de tristesse, si parfois la misanthropie s’emparait de votre âme, en voyant le crime partout heureux, la candeur si rare, l’innocence si peu connue, la bonne foi si négligée quand elle est sans profit, les gains et les prodigalités de la débauche également odieux ; enfin, l’ambition si effrénée que, se méconnaissant elle-même, elle cherche son éclat dans la bassesse. Alors une sombre nuit environne notre âme, et dans cet anéantissement des vertus impossibles à trouver chez les autres, et nuisibles à celui qui les a, elle se remplit de doute et d’obscurité. Pour nous détourner de ces idées, faisons en sorte que les vices des hommes ne nous paraissent pas odieux, mais ridicules ; et sachons imiter Démocrite plutôt qu’Héraclite. Le premier ne se montrait jamais en public sans pleurer ; le second, sans rire. L’un, dans tout ce que font les hommes, ne voyait que misère ; le second, qu’ineptie. Il faut donc attacher peu d’importance à toutes choses, et ne nous passionner pour aucune. Il est plus conforme à l’humanité de se moquer des choses de la vie que d’en gémir. Ajoutez que mieux vaut pour le genre humain s’en moquer, que se lamenter à son sujet.
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Seneca
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« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonné dans le silence de la nuit s’il l’avait laissée s’échapper. Il semblait surexcité et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les âmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelée. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maître. » Le poète répondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c’est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. À votre âge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l’ai sentie peu à peu, mois par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais à trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une âme désespérée qu’elle enlèvera bientôt aussi. » « Oui, elle m’a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rêver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
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Guy de Maupassant
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Caligula! Toi aussi, toi aussi, tu es coupable. Alors, n'est-ce pas, un peu plus, un peu moins! Mais qui oserait me condamner dans ce monde sans juge, où personne n'est innocent! (Avec tout l'accent de la détresse, se pressant contre le miroir.) Tu le vois bien, Hélicon n'est pas venu. Je n'aurai pas la lune. Mais qu'il est amer d'avoir raison et de devoir aller jusqu'à la consommation. Car j'ai peur de la consommation. Des bruits d'armes! C'est l'innocence qui prépare son triomphe. Que ne suis-je à leur place! J'ai peur. Quel dé-goût, après avoir méprisé les autres, de se sentir la même lâcheté dans l'âme. Mais cela ne fait rien. La peur non plus ne dure pas. Je vais retrouver ce grand vide où le coeur s'apaise. Tout a l'air si compliqué. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changé. Mais où étancher cette soif ? Quel coeur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac ? (S'agenouillant et pleu-rant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit à ma me-sure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible! Je l'ai cherché aux limites du monde, aux confins de moi-même. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis à rien. Ma liberté n'est pas la bonne. Hélicon! Hélicon! Rien! rien encore. Oh, cette nuit est lourde! Hélicon ne viendra pas: nous serons coupa-bles à jamais! Cette nuit est lourde comme la douleur hu-maine.
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Albert Camus (Caligula)
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L’assemblée sentit que son président allait aborder le point délicat. Elle redoubla d’attention. « Depuis quelques mois, mes braves collègues, reprit Barbicane, je me suis demandé si, tout en restant dans notre spécialité, nous ne pourrions pas entreprendre quelque grande expérience digne du dix-neuvième siècle, et si les progrès de la balistique ne nous permettraient pas de la mener à bonne fin. J’ai donc cherché, travaillé, calculé, et de mes études est résultée cette conviction que nous devons réussir dans une entreprise qui paraîtrait impraticable à tout autre pays. Ce projet, longuement élaboré, va faire l’objet de ma communication ; il est digne de vous, digne du passé du Gun-Club, et il ne pourra manquer de faire du bruit dans le monde ! — Beaucoup de bruit ? s’écria un artilleur passionné. — Beaucoup de bruit dans le vrai sens du mot, répondit Barbicane. — N’interrompez pas ! répétèrent plusieurs voix. — Je vous prie donc, braves collègues, reprit le président, de m’accorder toute votre attention. » Un frémissement courut dans l’assemblée. Barbicane, ayant d’un geste rapide assuré son chapeau sur sa tête, continua son discours d’une voix calme : « Il n’est aucun de vous, braves collègues, qui n’ait vu la Lune, ou tout au moins, qui n’en ait entendu parler. Ne vous étonnez pas si je viens vous entretenir ici de l’astre des nuits. Il nous est peut-être réservé d’être les Colombs de ce monde inconnu. Comprenez-moi, secondez-moi de tout votre pouvoir, je vous mènerai à sa conquête, et son nom se joindra à ceux des trente-six États qui forment ce grand pays de l’Union ! — Hurrah pour la Lune ! s’écria le Gun-Club d’une seule voix.
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Jules Verne (From the Earth to the Moon)
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Quand Marco passait, tous les jeunes hommes Se penchaient pour voir ses yeux, des Sodomes Où les feux d'Amour brûlaient sans pitié Ta pauvre cahute, ô froide Amitié; Tout autour dansaient des parfums mystiques Où l'âme, en pleurant, s'anéantissait. Sur ses cheveux roux un charme glissait; Sa robe rendait d'étranges musiques Quand Marco passait. Quand Marco chantait, ses mains, sur l'ivoire, Évoquaient souvent la profondeur noire Des airs primitifs que nul n'a redits, Et sa voix montait dans les paradis De la symphonie immense des rêves, Et l'enthousiasme alors transportait Vers des cieux connus quiconque écoutait Ce timbre d'argent qui vibrait sans trèves, Quand Marco chantait. Quand Marco pleurait, ses terribles larmes Défiaient l'éclat des plus belles armes; Ses lèvres de sang fonçaient leur carmin Et son désespoir n'avait rien d'humain; Pareil au foyer que l'huile exaspère, Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait Dit d'une lionne à l'âpre forêt Communiquant sa terrible colère, Quand Marco pleurait. Quand Marco dansait, sa jupe moirée Allait et venait comme une marée, Et, tel qu'un bambou flexible, son flanc Se tordait, faisant saillir son sein blanc; Un éclair partait. Sa jambe de marbre, Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs, et cela faisait Le bruit du vent de la nuit dans un arbre, Quand Marco dansait. Quand Marco dormait, oh! quels parfums d'ambre Et de chair mêlés opprimaient la chambre! Sous les draps la ligne exquise du dos Ondulait, et dans l'ombre des rideaux L'haleine montait, rhythmique et légère; Un sommeil heureux et calme fermait Ses yeux, et ce doux mystère charmait Les vagues objets parmi l'étagère, Quand Marco dormait. Mais quand elle aimait, des flots de luxure Débordaient, ainsi que d'une blessure Sort un sang vermeil qui fume et qui bout, De ce corps cruel que son crime absout: Le torrent rompait les digues de l'âme, Noyait la pensée, et bouleversait Tout sur son passage, et rebondissait Souple et dévorant comme de la flamme, Et puis se glaçait.
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Paul Verlaine (Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1 Poèmes Saturniens, Fêtes Galantes, Bonne chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguère)
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Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cour; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personnalité s'affirmera, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres." (Lettres à un jeune poète)
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Rainer Maria Rilke (Letters to a Young Poet)
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Je ne crois pas qu’en fermant les bordels on prouve qu’on n’est pas soi-même une pute. Lorsque tu condamnes l’avortement du plus haut de ta « morale », comme le fait l’Ordre des médecins, par exemple, tout en sachant qu’un million de bonnes femmes continueront à se faire torturer chaque année clandestinement, eh bien ! je dis que cette « élévation morale »-là, c’est de la bassesse. Cela relève d’une morale-caviar, d’un christianisme sans humilité, sans pitié et qui ignore la chambre de bonne.
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Romain Gary (La nuit sera calme)
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Oniria était le monde où se déroulaient les rêves et les cauchemars des humains. Un monde immense où les êtres, les objets et les lieux nés de l'imagination des dormeurs continuaient d'exister après que leurs créateurs s'étaient réveillés. Un monde fantastique où les elfes et les princesses de contes de fées côtoyaient les monstres les plus féroces dans un joyeux désordre. Un monde où l'on pouvait boire de la bonne humeur ou cueillir un tabouret. Un monde où l'on pouvait partir à la recherche d'authentiques trésors gardés par des dragons, ou encore remonter le temps pour rencontrer les Incas. Les seules limites étaient celles de l'imagination des dormeurs qui créaient Oniria, nuit après nuit, grâce à la poudre étincelante que le Marchand de Sable leur distribuait pour les faire rêver.
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B.F. Parry (Le Royaume des rĂŞves (Oniria,#1))
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Chacun avait une théorie personnelle sur tout était persuadé que sa vérité était la seule qui comptait. Ils passaient des jours, des nuits, des semaines et des années à bavarder, sans jamais accepter la seule réalité que recouvre une idée: bonne ou mauvaise, elle n'existe que lorsqu'on essaie de la mettre en pratique.
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Paulo Coelho
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Bienvenue sur le profil de Salidor, votre entreprise de matelas préférée au Maroc! Nous sommes heureux de vous offrir les meilleurs produits pour une bonne nuit de sommeil.
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Matelas
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C'était la première fois depuis que mon fils avait entrepris son voyage vers la vie à travers mon corps que j'écartais les jambes pour quelqu'un d'autre. Cette première fois a semblé incroyablement jouissive pour Ted, alors que pour moi, elle s'est révélée éprouvante et incertaine. Ma vulve était distendue et j'ai dû prendre appui sur mes jambes pour contraindre l'endroit qui l'enveloppait à se contracter en un fourreau étroit et agréable. Mais c'était encore trop large, dilaté, sensible, et lui, débordé par un désir brutal qui ne correspondait pas au mien, s'est abandonné avec un cri sauvage, ses membres lourds se sont contractés et il s'est vidé en moi en bramant vers le plafond pendant que je regardais Nick tressaillir sans se réveiller pour autant. Il avait donc joui sans moi, sans m'attendre, sans que je fasse le moindre bruit, sans un échange de regards. Il m'a embrassé sur la bouche, l'air désespéré. - Ah putain, ce que tu est bonne, Sylvia. Ah, j'en avais besoin. C'est la meilleure chose qui soit arrivée depuis longtemps. Waouh, Pussy, tu es de retour. J'ai fait un petit bruit, j'ai renfilé ma chemise de nuit. J'étais encore canon, juste un peu ramollie du ventre, ramollie du bas, mais ça allait se resserrer, je le savais, encore un petit moment et je serais complètement reconstituée.
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Elin Cullhed (Euforia. Um romance sobre Sylvia Plath)
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Sur une carte postale Passe pour chaque coin recoin de France d’être un Monument aux Morts Passe pour l’enfance blanche de grandir dans leur ombre mémorable vivant bourrage de crâne d’une revanche à prendre Passe pour le crétin d’Allemand de se promettre d’avoir la peau du Français et d’en faire des sauts de lits Pour le crétin de Français de se promettre d’avoir la peau de l’Allemand et d’en faire des sauts de lit Passe pour tout élan patriotique à la bière brune au pernod fils mais quelle bonne dynamite fera sauter la nuit les monuments comme champignons qui poussent aussi chez moi
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LĂ©on-Gontran Damas (PIGMENTS-NEVRALGIES)
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Les longues nuits semblaient ne s'écarter qu'à regret de la ville, pour quelques heures. Une grise lumière d'aube ou de crépuscule filtrant à travers le plafond de nuées d'un blanc sale se répandait alors sur les choses comme le reflet appauvri d'un lointain glacier. La neige même, qui continuait à tomber, était sans lumière. Cet ensevelissement blanc, léger et silencieux s'étendait à l'infini dans l'espace et le temps. Il fallait déjà allumer les veilleuses vers trois heures. Le soir épaississait sur la neige des tons de cendre, des bleus opaques, des gris tenaces de vieilles pierres. La nuit s'imposait, inexorable et calmante : irréelle. Le delta reprenait dans ces ténèbres sa configuration géographique. De noires falaises de pierre, cassées en angles droits, bordaient les canaux figés. Une sorte de phosphorescence sombre émanait du large fleuve de glace. Parfois les vents du nord, venus du Spitzberg et de plus loin encore, du Groenland peut-être, peut-être du pôle par l'Océan arctique, la Norvège, la mer Blanche, poussaient leurs rafales sur l'estuaire morne de la Neva. Le froid mordait tout à coup le granit, les lourdes brumes venues du sud par la Baltique s'évanouissaient tout à coup et les pierres, la terre, les arbres dénudés se couvraient instantanément de cristaux de givre dont chacun était une merveille à peine visible, faite de nombres, de lignes de force et de blancheur. La nuit changeait de face, dépouillant ses voiles d'irréalité. L'étoile polaire apparaissait, les constellations ouvraient l'immensité du monde. Le lendemain, les cavaliers de bronze sur leurs socles de pierre, couverts d'une poudre d'argent, semblaient sortir d'une étrange fête ; les hautes colonnes de granit de la cathédrale Saint-Isaac, son fronton peuplé de saints et jusqu'à sa massive coupole dorée, tout était givré. Les façades et les quais de granit rouge prenaient, sous ce revêtement magnifique, des teintes de cendre rose et blanche. Les jardins, avec les filigranes purs de leurs ■ branchages, paraissaient enchantés. Cette fantasmagorie ravissait les yeux des gens sortis de leurs demeures étouffantes ainsi qu'il y a des millénaires, les hommes vêtus de fourrures sortaient peureusement l'hiver des chaudes cavernes pleines d'une bonne puanteur animale. Pas une lumière dans des quartiers entiers. Des ténèbres préhistoriques.
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Victor Serge
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Devant l'Opéra, la foule s'était dispersée, il ne restait qu'une dizaine de passants et un petit groupe de viveurs qui buvaient bruyamment dans un coin de la Grand-Place. Je me postai près de la fontaine, restant en selle tandis que les chiens se dispersaient pour chercher la trace olfactive de ma femme. Le temps sembla se suspendre tandis que les bêtes entraient dans les ruelles et en sortaient, flairant des milliers de pistes sans détecter la bonne. La nuit avançait sans qu'ils la repèrent, une rage sourde me tenait droit malgré des relents d'ivresse, l'agressivité des chiens m'enflammait et je me surpris à désirer la mort de Phélie comme j'aurais souhaité celle d'un animal mystique – un éléphant blanc ou un cerf à trois bois –, non seulement pour le plaisir du meurtre, mais en me figurant ce sacrifice comme la métaphore d'un geste plus grand. L'horloge du campanile sonna une heure. Il se mit à tomber une neige pâteuse qui collait aux vêtements, mais fondait sur le pelage ras des mâtins, et la température chuta. Les chiens écumaient, une buée blanchâtre s'exhalait de leur robe rendue moite par l'effort et quand, enfin, le braque halena Phélie et rappela à son côté les quatre autres bêtes, il poussa un hurlement terrible qui effraya les derniers passants. Les pharaons se précipitèrent au devant du grand chien gris, lui ouvrant le chemin comme à un empereur, et l'escadron s'engouffra dans une ruelle étroite où je le suivis avec peine.
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Audrée Wilhelmy (Les sangs)
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Je crois que c'est ça que je reproche aux livres, en général, c'est qu'ils ne sont pas libres. On le voit à travers l'écriture : ils sont fabriqués, ils sont organisés, réglementés, conformes on dirait. Une fonction de révision que l'écrivain a très souvent envers lui-même. L'écrivain, alors il devient son propre flic. J'entends par là la recherche de la bonne forme, c'est-à-dire de la forme la plus courante, la plus claire et la plus inoffensive. Il y a encore des générations mortes qui font des livres pudibonds. Même des jeunes : des livres "charmants", sans prolongement aucun, sans nuit. Sans silence. Autrement dit : sans véritable auteur. Des livres de jour, de passe-temps, de voyage. Mais pas des livres qui s'incrustent dans la pensée et qui disent le deuil noir de toute vie, le lieu commun de toute pensée.
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Marguerite Duras
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Milton did his best to keep up, which is to say, he lagged behind, baying like a mortally wounded basset hound. The Fausters were to singing as Napoleon was to Extreme Frisbee. Milton’s Pang gullet only made things worse, drawing out each tortured “note” until it whimpered for release. Mr. Presley pulled the emergency brake on their duet. “We’ve all got talent, son,” he consoled. “Some folks just got to dig deeper than others to find it. Now, let’s give someone else a chance. You”—he waved his diamond-ringed fingers lazily toward Virgil—“step on up and show us what you’ve got.” Virgil rose nervously, his metal chair sighing with relief, and trudged up to the stage as Milton shambled off. Ever the good friend, Virgil tried to high-five Milton after his disastrous debut, but due to Milton’s Pang-suited delayed reaction, he just ended up slapping him in the head. “Sorry,” Virgil mumbled to his friend as he stood before the chalkboard. “Just follow my lead, son, and relax,” Mr. Presley slurred supportively. Mr. Presley began to mournfully croon. “Au signal du plaisir, Dans la chambre du drille, Tu peux bien entrer fille, Mais non fille en sortir …” Virgil pulled in a great breath and began to sing. “Bonne nuit, hélas! Ma petite, bonne nuit. Près du moment fatal.” In a word, Virgil’s voice was stunning. In another word, he was a virtuoso. In four more words, Milton was very surprised. Virgil’s thrilling spectacle of pitch and tone was like a vocal fireworks display, and his breath control left the rest of the class breathless. “Fais grande résistance, S’il ne t’offre d’avance Un anneau conjugale.” Riding
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Dale E. Basye (Blimpo: The Third Circle of Heck)
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Oui, notre chasse n'est pas amusante. Nous mourons en silence et sans larmes, sans simagrée aucune. Et puis après ? N'est-ce pas notre droit ? N'est-ce pas assez de mourir ? Faudrait-il encore vous distraire ? Notre souveraineté nous l'interdit. Nous subirons bravement la chasse, voilà tout, aussi bravement que nous pourrons, en bons loups gris qui savent leur métier : courir et se taire longtemps. Nous avons de bonnes jambes et parfois du courage. Nous ne nous déroberons pas. Nous courrons jusqu'au bout de nos forces, au bout de notre vie, au bout de notre peine, « perçant toujours droit en avant ». Et quand nous serons au bout de notre vie, à la fin de nos forces, au terme de nos peines, nous tomberons, haletants. Mais nous jouerons encore au grand jeu de la mort. Nous vous regarderons toujours, avec une insistance déplacée qui vous mettra, malgré votre fausse victoire, dans un état de profond malaise. Nous sommes durs à mourir, nous les loups. Nous regardons la vérité en face. Couchés à terre, nous verrons luire la lame de l'arme funèbre et nous ne broncherons pas. Nous ne chercherons pas à fuir. Nous n'y songerons même pas. A peine demeurera-t-il en nous un peu de colère, que vous lirez dans notre regard. Mais vous n'y verrez pas de crainte. Simplement, tandis que vous nous tuerez, nous vous regarderons fixement, de nos yeux perçants qui brillent dans la nuit. Et vous pressentirez alors, avec un frisson d'épouvante, que de longues années plus tard encore, le souvenir de ce regard pénétrant vous hantera et gâtera votre sommeil. Car nous vous aurons regardés sans haine, sans amertume, sans aucune considération. Au moment de notre mort, nous vous bouleverserons par notre indifférence. Nous vous frapperons d'angoisse, du fond de notre éloignement. Vous porterez en nous la mort mais, par notre seul regard venu de si loin, nous vous frapperons à mort à votre tour. Par ces yeux brillants, devenus vitreux, ne vous voyant même pas, vous serez foudroyés. L'immense étendue de notre détachement vous brisera ! Et, frappés de terreur, vous n'oserez pas même nous manger, chiens !
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Michel Bataille (L'arbre de Noël)
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Mes rideaux sont ouverts et je regarde la nuit. Je viens de passer deux bonnes heures avec moi-mĂŞme. Je ne me suis jamais senti moins seul. Il a plu et les gouttes d'eau sur les vitres brillent comme des perles de pacotille.
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Robert McLiam Wilson (Eureka Street)
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Si tu ne te sens pas à ta place, si tu as l’impression que personne ne peut te comprendre, que tu ne pourras jamais être toi-même, sache qu’il n’y a rien qui cloche chez toi. C’est simplement que tu n’es pas au bon endroit ni avec les bonnes personnes.
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Nine Gorman & Marie Alhinho (Le Jour où le soleil ne s'est plus levé - Edition collector: La nuit où les étoiles se sont éteintes - tome 2)
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La poésie est fille de la nuit. NOIRE. pou la voir il faut ou braquer sur elle une lampe de poche --- c'est pourquoi, figée dans sa surprise, elle apparaît à nombre de poètes comme une statue --- ou bien, fermer les teux por épouser la nuit. Invisibble, puisque noire dans le noir, pour se manifester à nous, la poésie fera usage alors, de sa voix. Le poète se laissera fléchir par elle. Il ne s'étonnera plus lorque, confiante, cette voix, pour lui, prendra la forme d'une main: il lui tendra les siennes. [...] Le poète est son poème. Il incarne l'aventure offerte au langage. Il est, dans l'immense coquillage de l'univers, la tentative absurde et toujours renouvelée de l'huître, de perler l'infini. [...] Le mot hante le mot. Prisonnier des lettres qui le forment --- comme l'homme de son corps ou de sa condition --- une immense espérance, en pleine mer oisive, l'anime. Que de problèmes d'écriture l'hostilité de l'équiáge soulève. Et d'abord celle de la communication, de la circulation des idées. Le mot est l'ennemi de l'idée. L'idée, c'est le péché originel. Le besoin de liberté du mot grandit à mesure que l'écrivain prend conscience de son art. Il y a un appel émouvant, entêté du mot. Le poète y répond, considère essentiel son rõle d'y répondre. La liberté y est en jeu. Il y a le mot pour mot Enfant en mal de croissance Il y a le mal du mot-enfant "Mon Dieu, faites qu'à l'école, demain, je sache orthographier 'Chrysanthème'; qu'entre les différentes façons d'écrire ce mot, je tombe sur la bonne. Mon Dieu, faites que les lettres qui le livrent me viennent en aide, que je n'en mette pas plus ni moins. Mon Dieu, faites que mon maître comprenne qu'il s'agit bien de la fleur qu'il affectionne et non de la pyxide dont je puis à volonté colorier la carcasse, denteler l'ombre et le fond des yeux et qui hante mes rêveries." Il y a le mot-mélomane festival des passions Il y a le mot-musique clé des rois Art de vivre dans la pierre il y a le mot-architecte [...] Le poète est rivé au poème, comme le mot à la mort du monde qui le projette
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Edmond Jabès (Je bâtis ma demeure : Poèmes 1943-1957)
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Il y avait dans la voix de Sheryl une certaine tristesse quand elle criait bonne nuit à son amie, et je l’associais au décès de son père, mais je suis certaine à présent que c’était plutôt la répugnance à voir la soirée s’achever déjà, à voir les enfants disparaître et les lumières s’allumer dans toutes les maisons qui bordaient la rue – des lumières qui allaient lui brûler les yeux dès qu’elle rentrerait chez elle, qui aplatiraient les tables et les chaises, rendraient les murs verts du living-room aussi décourageants que le triomphe des gens idiots. La répugnance à abandonner une soirée d’été pour une petite maison étouffante, la télévision et la compagnie de deux veuves solitaires, quand il n’est que neuf heures du soir (la mère de Sheryl était très stricte sur l’horaire de sa fille) et que le garçon qu’on voudrait aimer va rester libre dans l’immensité du monde jusqu’à onze heures ou minuit.
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Alice McDermott (That Night)
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Elle s’éclaircit la voix. — Très bien. C’est là que je vous quitte. Bonne nuit et encore merci. J’ai vraiment passé une soirée fantastique. — Non, je vous raccompagne. — C’est idiot ! Votre appartement se trouve dans la direction opposée. — Non, répéta-t-il, cette fois d’un ton qui ne tolérait pas d’objection. Aucun gentleman digne de ce nom ne laisse sa cavalière rentrer seule la nuit.
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Michelle Gable (L'appartement oublié)
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ÉPILOGUE LOUIS. — Après, ce que je fais, je pars. Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encore (après j’en aurai fini) : c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent, c’est dans le Sud de la France. Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je vis. La nuit, aucun train n’y circule, je n’y risque rien et c’est ainsi que je me retrouverai. À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense, il domine la vallée que je devine sous la lune, et je marche seul dans la nuit, à égale distance du ciel et de la terre. Ce que je pense (et c’est cela que je voulais dire) c’est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l’ai pas fait. Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai.
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Jean-Luc Lagarce (Juste la fin du monde)
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Ce faucon est curieux. Ou soucieux. C'est un faucon pèlerin. Après tout. Il a de bonnes raisons de s'inquiéter pour la lady. La lady en pèlerinage. Sur les conventions modernes d'Internet. Les rencontres virtuelles. Mais, il la laisse faire, il faut bien que les étoiles brillent. Un peu, la nuit.
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Geneviève Morin (Traité de paix pour les femmes aliens)
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vous croyez que rendre à un homme son ancien emploi, c’est ça la générosité. Vous ne savez pas ce que veut dire ce fumier de mot, cons que vous êtes ! Être généreux, c’est dire Oui avant même que le type d’en face ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Et pour dire Oui il faut d’abord être surréaliste ou dadaïste, parce que alors on a compris ce que signifie dire Non. Vous pouvez même dire Oui et Non ensemble, pourvu que vous fassiez plus que ce que l’on attend de vous. Docker, le jour, et Brummel, la nuit. Portez n’importe quel uniforme, du moment que ce n’est pas le vôtre. Quand vous écrivez à votre mère, demandez-lui de crachoter un peu de fric, de façon que vous puissiez vous payer une loque neuve pour vous torcher le cul. Ne vous troublez pas s’il vous arrive de voir votre voisin courir après sa femme, un couteau à la main : il doit avoir de bonnes raisons de le faire, et s’il la tue vous pouvez être sûr qu’il a du moins la satisfaction de savoir pourquoi. Si vous essayez de vous cultiver, stop ! On ne cultive pas son intelligence. Tournez-vous vers votre cœur et votre gésier – c’est dans le cœur que se tient le cerveau.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)