Bon Jour Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Bon Jour. Here they are! All 83 of them:

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Il m'arrive de penser que ce serait sympa de trouver des mecs intelligents qui veuillent bien travailler seize heures par jour pour des clopinettes –mais bon, s'ils le voulaient bien, ils ne seraient pas si intelligents.
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Luke Rhinehart
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Un jour elle ne contrÎlera pas ses pouvoirs et elle me bouffera l'ùme. J'espÚre que j'aurai bon goût.
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Olivier Gay (La Riposte (Le noir est ma couleur, #3))
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La vie est une succession de moments qui ne cessent de changer, comme les pensĂ©es. Parfois ça va, parfois ça ne va pas. MĂȘme si c'est dans la nature humaine de ruminer, il ne faut pas se laisser envahir par une pensĂ©e nĂ©gative, parce que les pensĂ©es sont comme des invitĂ©s, ou des amies des bons jours. SitĂŽt arrivĂ©es, certaines peuvent s'Ă©vaporer, et mĂȘme celles que l'on rumine longtemps peuvent disparaĂźtre en un instant. Les moments sont prĂ©cieux. Parfois ils trainent, d'autres fois ils nous Ă©chappent, et cependant on pourrait tant en profiter. Il suffit de les saisir...
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Cecelia Ahern (How to Fall in Love)
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Elle aurait écouté des heures durant cette parole arrachée à l'épaisseur des jours. Parce que le temps passé à se parler ainsi n'est pas du temps, c'est de la lumiÚre. Le temps passé à se parler ainsi, c'est de l'eau qui lave l'ùme, le bon ange.
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Yanick Lahens (Bain de lune)
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She did not like bigots or brilliant bores or academicians who wore their honors, or scholars who wore their doctorates, like dogtags. But she had an infinite capacity to love peasants and children and great but simple causes across the board and a grace in giving that was itself gratitude and she had a body like sculpture in the thinnest of wire and a face made of a million mosaics in a gauze-web of cubes lighter than air and a piñata of a heart in the center of a mobile at fiesta time with bits of her soul swirling in the breeze in honor of life and love and Good Morning to you, Bon Jour, Muy Buenos, Muy Buenos! Muy Buenos! On Nancy Cunard
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Langston Hughes
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Un bon Anglais ne plaisante jamais, quand il s'agit d'une chose aussi sérieuse qu'un pari,
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Jules Verne (Le tour du monde en quatre-vingts jours)
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Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris qu'en toutes circonstances, J’étais Ă  la bonne place, au bon moment. Et alors, j'ai pu me relaxer. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle N’étaient rien d'autre qu'un signal Lorsque je vais Ă  l'encontre de mes convictions. Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'AuthenticitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J'ai cessĂ© de vouloir une vie diffĂ©rente Et j'ai commencĂ© Ă  voir que tout ce qui m'arrive Contribue Ă  ma croissance personnelle. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la MaturitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  percevoir l'abus Dans le fait de forcer une situation ou une personne, Dans le seul but d'obtenir ce que je veux, Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment... Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai commencĂ© Ă  me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie. Au dĂ©but, ma raison appelait cela de l'Ă©goĂŻsme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© d'avoir peur du temps libre Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans, J’ai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur. Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime Quand cela me plait et Ă  mon rythme. Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la SimplicitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de chercher Ă  avoir toujours raison, Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©. Aujourd'hui, j'ai dĂ©couvert ... l'HumilitĂ©. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai cessĂ© de revivre le passĂ© Et de me prĂ©occuper de l'avenir. Aujourd'hui, je vis au prĂ©sent, LĂ  oĂč toute la vie se passe. Aujourd'hui, je vis une seule journĂ©e Ă  la fois. Et cela s'appelle... la PlĂ©nitude. Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai, J’ai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur, Elle devient une alliĂ©e trĂšs prĂ©cieuse ! Tout ceci, c'est... le Savoir vivre. Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent les Ă©toiles.
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Charlie Chaplin
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Oui, Seigneur, vous ĂȘtes l'innocence mĂȘme: comment concevriez-vous le NĂ©ant, vous qui ĂȘtes la plĂ©nitude? VĂŽtre regard est lumiĂšre et change tout en lumiĂšre ; comment connaĂźtriez-vous le demi-jour de mon cƓur ?
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Jean-Paul Sartre (Le diable et le bon dieu)
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Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s'en fait un tuteur en lui lĂ©chant l'Ă©corce, Grimper par ruse au lieu de s'Ă©lever par force ? Non, merci ! DĂ©dier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre, NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci ! DĂ©jeuner, chaque jour, d'un crapaud ? Avoir un ventre usĂ© par la marche ? une peau Qui plus vite, Ă  l'endroit des genoux, devient sale ? ExĂ©cuter des tours de souplesse dorsale ?... Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, Et donneur de sĂ©nĂ© par dĂ©sir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon Ă©diteur de Sercy Faire Ă©diter ses vers en payant ? Non, merci ! S'aller faire nommer pape par les conciles Que dans des cabarets tiennent des imbĂ©ciles ? Non, merci ! Travailler Ă  se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non, Merci ! Ne dĂ©couvrir du talent qu'aux mazettes ? Être terrorisĂ© par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François" ?... Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme, PrĂ©fĂ©rer faire une visite qu'un poĂšme, RĂ©diger des placets, se faire prĂ©senter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter, RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre, Avoir l'Ɠil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N'Ă©crire jamais rien qui de soi ne sortĂźt, Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles, Si c'est dans ton jardin Ă  toi que tu les cueilles ! Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă  CĂ©sar, Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite, Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite, Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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...the habitants, dressed in their brightest colors and wearing their shoes, lined the Route de Riviùre, waving and shouting, “Bon jour, Monsieur Reneau. Congratulations on your marriage." Once he passed however, they whispered to each other. “Poor Monsieur Reneau. Certainly he is a fertile man, two wives, sixteen daughters, yet no son." "The Reneau seed is cursed," some surmised but others held out hope for their Seigneur. “Perhaps this third wife will give him a healthy boy, eh?” Zacharie, third Lord of Paradise. The Last Lord of Paradise––Generation Three
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Vivian LeMay
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Gamberge Tu gamberges. Tu regardes ta vie. Ça ne colle pas. Alors tu dĂ©primes. Combien de vies ratĂ©es pour une vie rĂ©ussie ? C'est quoi, les proportions ? Qu'est-ce que j'ai mal fait pour en arriver lĂ  ? C'est quand, que j'ai merdĂ© ? J'ai encore le temps de me rattraper ? Combien de chances il me reste pour m'en sortir pas trop mal ? Elle peut encore changer, ma vie ? Je ne suis pas fait pour cette vie-lĂ  ? Ça se change, une vie ? Je veux dire, ça se change vraiment ? C'est quoi, le problĂšme ? C'est ma nĂ©vrose ? Comment on fait pour tordre une nĂ©vrose ? J'ai mangĂ© mon pain blanc, alors ? JE l'ai mangĂ© sans m'en rendre compte, c'est ça ? Je vais encore ramer longtemps comme ça ? C'est encore loin, l'AmĂ©rique ? Est-ce qu'un jour moi aussi je mĂąchouillerai un brin d'herbe sous un saule en me disant que la vie est belle ? Qu'elle est sacrement belle ? Faut que j'arrĂȘte de gamberger, c'est pas bon.
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David . Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'Ă©tait : peu Ă  peu mes diffĂ©rentes rĂ©ponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-mĂȘmes, ouais, c'est cool, lĂ -bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue Ă  la rĂ©alitĂ© du souvenir. Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiĂšre, soudainement intense et sincĂšre, qu'une fois toute sensation Ă©chappĂ©e de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un clichĂ©. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait : - C'Ă©tait comment ? - Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous trĂšs sympas quand mĂȘme. Et ça serait tout. (...) Et j'ai dĂ©cidĂ© de raconter quelque chose de nouveau sur mon sĂ©jour Ă  chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me rĂ©pĂ©ter une seule fois.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Sagesse (I,X) Non. Il fut gallican, ce siĂšcle, et jansĂ©niste ! C'est vers le Moyen Age Ă©norme et dĂ©licat Qu'il faudrait que mon cƓur en panne naviguĂąt, Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste. Roi, politicien, moine, artisan, chimiste, Architecte, soldat, mĂ©decin, avocat, Quel temps ! Oui, que mon cƓur naufragĂ© rembarquĂąt Pour toute cette force ardente, souple, artiste ! Et lĂ  que j'eusse part - quelconque, chez les rois Ou bien ailleurs, n'importe, - Ă  la chose vitale, Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits, Haute thĂ©ologie et solide morale, GuidĂ© par la folie unique de la Croix Sur tes ailes de pierre, ĂŽ folle CathĂ©drale !
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Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
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Marianne avait l'impression que sa vraie vie se déroulait quelque part ailleurs, trÚs loin d'ici, qu'elle se déroulait en son absence, elle ignorait si elle réussirait un jour à savoir comment la trouver et y prendre part. (...) Tout ce qu'elle savait, c'est que sa vraie vie commencerait pour de bon, elle n'aurait plus besoin de l'imaginer.
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Sally Rooney (Normal People)
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Nous voyons, mĂȘme de nos jours, que les gouvernements qui se conduisent le mieux sont ceux dont on parle le moins. Nous ne savons donc que le mal ; Ă  peine le bien fait-il Ă©poque. Il n'y a que les mĂ©chants de cĂ©lĂšbres, les bons sont oubliĂ©s ou tournĂ©s en ridicule : et voilĂ  comment l'histoire, ainsi que la philosophie, calomnie sans cesse le genre humain.
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Jean-Jacques Rousseau (Emile, or On Education)
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Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle
 Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă  la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm
 magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot
 le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan
 heu
 l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă  fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite
 non, non, parce que c'est la fille de
 non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite
 non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sƓur Anna, qui est restĂ©e Ă  Tintagel avec sa mĂšre Igerne la
 bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille
 Donc c'est des ours, en gros, enfin bref
 Ils sont tous lĂ  et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă  la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est
 c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser
 Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă  la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va
 et voilĂ  et en fait il trouve pas le vase. En fait il est
 il trouve pas
 et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou
 pas

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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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Il faut vivre avec cette certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c'est maintenant qui importe : construire, maintenant, quelque chose, Ă  tout prix, de toutes ses forces. Toujours avoir en tĂȘte la maison de retraite pour se dĂ©passer chaque jour, le rendre impĂ©rissable. Gravir pas Ă  pas son Everest Ă  soi et le faire de telle sorte que chaque pas soit un peu d'Ă©ternitĂ©.
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Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
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Maldoror fut bon pendant ses premiĂšres annĂ©es, oĂč il vĂ©cut heureux ; c’est fait. Il s’aperçut ensuite qu’il Ă©tait nĂ© mĂ©chant : fatalitĂ© extraordinaire ! Il cacha son caractĂšre tant qu’il put, pendant un grand nombre d’annĂ©es ; mais, Ă  la fin, Ă  cause de cette concentration qui ne lui Ă©tait pas naturelle, chaque jour le sang lui montait Ă  la tĂȘte ; jusqu’à ce que, ne pouvant plus supporter une pareille vie, il se jeta rĂ©solĂ»ment dans la carriĂšre du mal
 atmosphĂšre douce !
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Ma Chere Mamma, We are all well I do my lessons always and never corroberate the girls -- Meg says I mean contradick so I put in both words and you can take the properest. Meg is a great comfort to me and lets me have jelly every night at tea its so good for me Jo says because it keeps me sweet tempered. Laurie is not as respeckful as he ought to be now I am almost in my teens, he calls me Chick and hurts my feelings by talking French to me very fast when I say Merci or Bon jour as Hattie King does. The sleeves of my blue dress were all worn out, and Meg put in new ones, but the full front came wrong and they are more blue than the dress. I felt bad but did not fret I bear my troubles well but I do wish Hannah would put more starch in my aprons and have buckwheats every day. Can't she? Didn't I make that interrogation point nice? Meg says my punchtuation and spelling are disgraceful and I am mortyfied but dear me I have so many things to do, I can't stop. Adieu, I send heaps of love to Papa. Your affectionate daughter . .. AMY CURTIS MARCH
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Louisa May Alcott (Little Women)
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- Bon, intervint Camille. par quoi commence-t-on ? Nous allons chez Mathieu ? Il n'y eut pas de rĂ©ponse et elle planta les mains sur ses hanches. - Je vous signale que je suis la plus jeune, les fustigea-t-elle. Vous pourriez faire un effort et ne pas me laisser prendre seule toutes les dĂ©cisions. vous ressemblez Ă  deux moutons ! - Ne t'inquiĂštes pas, Bjorn, persifla Salim. Ça la prend rĂ©guliĂšrement, mais elle fait des progrĂšs. Il n'y a pas longtemps, elle me traitait de mollusque. Me voilĂ  devenu mouton. Peut-ĂȘtre un jour aurai-je le droit d'ĂȘtre traitĂ© comme un humain ! Dis-moi ma vieille, poursuivit-il Ă  l'intention de Camille, ça changerait quoi qu'on te donne notre avis ? Tu ne tiens jamais compte de ce qu'on te propose ! Suppose que je te conseille d'attendre demain pour rendre visite Ă  ton frĂšre. Quelle serait ta rĂ©action ? - Je t'Ă©couterai jusqu'au bout, lança-t-elle d'une voix tranquille, et je te dirais que ton idĂ©e est stupide. Nous y allons tout de suite. En route ! Bjorn la regardait, sidĂ©rĂ©, et Salim hocha la tĂȘte. - Surprenante, non ?
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Un jour il voyait des gens du pays trĂšs occupĂ©s Ă  arracher des orties ; il regarda ce tas de plantes dĂ©racinĂ©es Ăšt dĂ©jĂ  dessĂ©chĂ©es, et dit : — C’est mort. Cela serait pourtant bon si l’on savait s’en servir. Quant l’ortie est jeune, la feuille est un lĂ©gume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d’ortie vaut la toile de chanvre. HachĂ©e, l’ortie est bonne pour la volaille ; broyĂ©e, elle est bonne pour lĂšs bĂȘtes Ă  cornes, La graine de l’ortie mĂȘlĂ©e au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mĂȘlĂ©e au sel produit une belle couleur jaune. C’est du reste un excellent foin qu’on peut faucher deux fois. Et que faut-il Ă  l’ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe Ă  mesure qu’elle mĂ»rit, et est difficile Ă  rĂ©colter. Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile ; on la nĂ©glige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que d’hommes ressemblent Ă  l’ortie ! — Il ajouta aprĂšs un silence : Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs.
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Victor Hugo (Les Misérables, tome I/3)
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Les Poets de Sept ans Et la MĂšre, fermant le livre du devoir, S'en allait satisfaite et trĂšs fiĂšre sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d'Ă©minences, L'Ăąme de son enfant livrĂ©e aux rĂ©pugnances. Tout le jour, il suait d'obĂ©issance ; trĂšs Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d'Ăącres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermĂ©s voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir : Ă  la lampe On le voyait, lĂ -haut, qui rĂąlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L'Ă©tĂ© Surtout, vaincu, stupide, il Ă©tait entĂȘtĂ© A se renfermer dans la fraĂźcheur des latrines: Il pensait lĂ , tranquille et livrant ses narines. Quand, lavĂ© des odeurs du jour, le jardinet DerriĂšre la maison, en hiver, s'illunait , Gisant au pied d'un mur, enterrĂ© dans la marne Et pour des visions Ă©crasant son oeil darne, Il Ă©coutait grouiller les galeux espaliers. PitiĂ© ! Ces enfants seuls Ă©taient ses familiers Qui, chĂ©tifs, fronts nus, oeil dĂ©teignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l'ayant surpris Ă  des pitiĂ©s immondes, Sa mĂšre s'effrayait, les tendresses profondes, De l'enfant se jetaient sur cet Ă©tonnement. C'Ă©tait bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment! A sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand dĂ©sert oĂč luit la LibertĂ© ravie, ForĂȘts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrĂ©s oĂč, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes, -Huit ans -la fille des ouvriers d'Ă  cĂŽtĂ©, La petite brutale, et qu'elle avait sautĂ©, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il Ă©tait sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre. Il craignait les blafards dimanches de dĂ©cembre, OĂč, pommadĂ©, sur un guĂ©ridon d'acajou, Il lisait une Bible Ă  la tranche vert-chou; Des rĂȘves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcĂŽve. Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg OĂč les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des Ă©dits rire et gronder les foules. - Il rĂȘvait la prairie amoureuse, oĂč des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or, Font leur remuement calme et prennent leur essor ! Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, Ăącrement prise d'humiditĂ©, Il lisait son roman sans cesse mĂ©ditĂ©, Plein de lourds ciels ocreux et de forĂȘts noyĂ©es, De fleurs de chair aux bois sidĂ©rals dĂ©ployĂ©es, Vertige, Ă©croulement, dĂ©routes et pitiĂ© ! - Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, - seul et couchĂ© sur des piĂšces de toile Écrue et pressentant violemment la voile!
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Arthur Rimbaud
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C’est de lĂ  que je vous Ă©cris, ma porte grande ouverte, au bon soleil. Un joli bois de pins tout Ă©tincelant de lumiĂšre dĂ©gringole devant moi jusqu’au bas de la cĂŽte. À l’horizon, les Alpilles dĂ©coupent leurs crĂȘtes fines
 Pas de bruit
 À peine, de loin en loin, un son de fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mules sur la route
 Tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumiĂšre. Et maintenant, comment voulez-vous que je le regrette, votre Paris bruyant et noir ? Je suis si bien dans mon moulin ! C’est si bien le coin que je cherchais, un petit coin parfumĂ© et chaud, Ă  mille lieues des journaux, des fiacres, du brouillard !
 Et que de jolies choses autour de moi ! Il y a Ă  peine huit jours que je suis installĂ©, j’ai dĂ©jĂ  la tĂȘte bourrĂ©e d’impressions et de souvenirs

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Alphonse Daudet
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Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à prĂ©sent. Elle Ă©tait nĂ©e au bon endroit, Ă  une pĂ©riode plutĂŽt clĂ©mente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu Ă  craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes Ă  la coule, Ă©lĂšves sans difficultĂ©s majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succĂ©dĂ© avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs rĂ©itĂ©rĂ©s. Aussi avait-elle toujours envisagĂ© l’avenir avec une sorte de bonhomme indiffĂ©rence. Et voilĂ  qu’une fois Ă  dĂ©couvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, imprĂ©parĂ©e, avec pour tout bagage quelques idĂ©es naĂŻves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gĂątĂ©e.
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Nicolas Mathieu (Leurs enfants aprĂšs eux)
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Revenons donc Ă  nos poncifs, ou plutĂŽt Ă  quelques-uns d’entre eux : 1° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la science. 2° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle du progrĂšs. 3° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la dĂ©mocratie, qui est progrĂšs et progrĂšs continu. 4° Les tĂ©nĂšbres du moyen Ăąge. 5° La RĂ©volution est sainte, et elle a Ă©mancipĂ© le peuple français. 6° La dĂ©mocratie, c’est la paix. Si tu veux la paix, prĂ©pare la paix. 7° L’avenir est Ă  la science. La Science est toujours bienfaisante. 8° L’instruction laĂŻque, c’est l’émancipation du peuple. 9° La religion est la fille de la peur. 10° Ce sont les États qui se battent. Les peuples sont toujours prĂȘts Ă  s’accorder. 11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. 12° Les relations de peuple Ă  peuple vont sans cesse en s’amĂ©liorant. Nous courons aux États-Unis d’Europe. 13° La science n’a ni frontiĂšres, ni patrie. 14° Le peuple a soif d’égalitĂ©. 15° Nous sommes Ă  l’aube d’une Ăšre nouvelle de fraternitĂ© et de justice. 16° La propriĂ©tĂ©, c’est le vol. Le capital, c’est la guerre. 17° Toutes les religions se valent, du moment qu’on admet le divin. 18° Dieu n’existe que dans et par la conscience humaine. Cette conscience crĂ©e Dieu un peu plus chaque jour. 19° L’évolution est la loi de l’univers. 20° Les hommes naissent naturellement bons. C’est la sociĂ©tĂ© qui les pervertit. 21° Il n’y a que des vĂ©ritĂ©s relatives, la vĂ©ritĂ© absolue n’existe pas. 22° Toutes les opinions sont bonnes et valables, du moment que l’on est sincĂšre. Je m’arrĂȘte Ă  ces vingt-deux Ăąneries, auxquelles il serait aisĂ© de donner une suite, mais qui tiennent un rang majeur par les innombrables calembredaines du XIXe siĂšcle, parmi ce que j’appellerai ses idoles. Idoles sur chacune desquelles on pourrait mettre un ou plusieurs noms.
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LĂ©on Daudet (Le Stupide XIXe siĂšcle (French Edition))
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J’avais envie de partager un rĂȘve avec vous. J’aime Ă  croire qu’un jour, nous saurons marcher les uns avec les autres. Je me suis dit que si chacun donnait la main Ă  quelqu’un d’autre, alors ensemble, nous pourrions faire de ce monde un lieu meilleur oĂč il fait bon vivre dans une douce harmonie. J’ai besoin de vous pour que ce rĂȘve devienne notre rĂ©alitĂ©. Si vous croyez comme moi que le bonheur est un choix, alors il est de notre responsabilitĂ© d’aider ceux qu’on aime Ă  se rĂ©aliser! Prenez quelqu’un par la main et enseignez-lui l’Amour, devenez son «Shanti», aidez-le Ă  trouver son chemin et proposez-lui de tenir la main d’une autre personne en ne lĂąchant plus jamais la sienne. TrĂšs vite, nos mains se relieront autour de la Terre pour faire de cette planĂšte l’Ɠuvre que nous aurons rĂ©alisĂ©e. N’essayez pas de convaincre les autres, montrez-leur l’exemple, inspirez-les, c’est en rayonnant que votre lumiĂšre guidera leurs pas
 Avec tout mon amour. Maud
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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Augmentez la dose de sports pour chacun, dĂ©veloppez l'esprit d'Ă©quipe, de compĂ©tition, et le besoin de penser est Ă©liminĂ©, non ? Organiser, organisez, super-organisez des super-super-sports. Multipliez les bandes dessinĂ©es, les films; l'esprit a de moins en moins d'appĂ©tits. L'impatience, les autos-trades sillonnĂ©es de foules qui sont ici, lĂ , partout, nulle part. Les rĂ©fugiĂ©s du volant. Les villes se transforment en auberges routiĂšres; les hommes se dĂ©placent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre oĂč tu dormais Ă  midi et moi la veille. (1re partie) On vit dans l'immĂ©diat. Seul compte le boulot et aprĂšs le travail l'embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre quoi que ce soit sinon Ă  presser les boutons, brancher des commutateurs, serrer des vis et des Ă©crous ? Nous n'avons pas besoin qu'on nous laisse tranquilles. Nous avons besoin d'ĂȘtre sĂ©rieusement tracassĂ©s de temps Ă  autre. Il y a combien de temps que tu n'as pas Ă©tĂ© tracassĂ©e sĂ©rieusement ? Pour une raison importante je veux dire, une raison valable ? - Tu dois bien comprendre que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter ou de dĂ©ranger nos minoritĂ©s. Pose-toi la question toi-mĂȘme. Que recherchons-nous, par-dessus tout, dans ce pays ? Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord ? Ne l'as-tu pas entendu rĂ©pĂ©ter toute la vie ? Je veux ĂȘtre heureux, dĂ©clare chacun. Eh bien, sont-ils heureux ? Ne veillons-nous pas Ă  ce qu'ils soient toujours en mouvement, toujours distraits ? Nous ne vivons que pour ça, c'est bien ton avis ? Pour le plaisir, pour l'excitation. Et tu dois admettre que notre civilisation fournit l'un et l'autre Ă  satiĂ©tĂ©. Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous Ă©crase d'impĂŽts, peu importe tant que les gens n'en savent rien. La paix, Montag. Instituer des concours dont les prix supposent la mĂ©moire des paroles de chansons Ă  la mode, des noms de capitales d'État ou du nombre de quintaux de maĂŻs rĂ©coltĂ©s dans l'Iowa l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Gavez les hommes de donnĂ©es inoffensives, incombustibles, qu'ils se sentent bourrĂ©s de "faits" Ă  Ă©clater, renseignĂ©s sur tout. Ensuite, ils s'imagineront qu'ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piĂ©tinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie Ă  quoi confronter leur expĂ©rience. C'est la source de tous les tourments. Tout homme capable de dĂ©monter un Ă©cran mural de tĂ©lĂ©vision et de le remonter et, de nos jours ils le sont Ă  peu prĂšs tous, est bien plus heureux que celui qui essais de mesurer, d'Ă©talonner, de mettre en Ă©quations l'univers ce qui ne peut se faire sans que l'homme prenne conscience de son infĂ©rioritĂ© et de sa solitude. Nous sommes les joyeux drilles, les boute-en-train, toi, moi et les autres. Nous faisons front contre la marĂ©e de ceux qui veulent plonger le monde dans la dĂ©solation en suscitant le conflit entre la thĂ©orie et la pensĂ©e. Nous avons les doigts accrochĂ©s au parapet. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mĂ©lancolie et de la triste philosophie noyer notre monde. Nous comptons sur toi. Je ne crois pas que tu te rendes compte de ton importance, de notre importance pour protĂ©ger l'optimisme de notre monde actuel.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Dans la bouche de ces prĂ©tendus reprĂ©sentants du prolĂ©tariat, toutes les formules socialistes perdent leur sens rĂ©el. La lutte de classe reste toujours le grand principe ; mais elle doit ĂȘtre subordonnĂ©e Ă  la solidaritĂ© nationale1. L’internationalisme est un article de foi en l’honneur duquel les plus modĂ©rĂ©s se dĂ©clarent prĂȘts Ă  prononcer les serments les plus solennels; mais le patriotisme impose aussi des devoirs sacrĂ©s2. L’émancipation des travailleurs doit ĂȘtre l’Ɠuvre des travailleurs eux-mĂȘmes, comme on l’imprime encore tous les jours, mais la vĂ©ritable Ă©mancipation consiste Ă  voter pour un professionnel de la politique, Ă  lui assurer les moyens de se faire une bonne situation, Ă  se donner un maĂźtre. Enfin l’État doit disparaĂźtre et on se garderait de contester ce qu’Engels a Ă©crit lĂ -dessus; mais cette disparition aura lieu seulement dans un avenir si lointain que l’on doit s’y prĂ©parer en utilisant provisoirement l’État pour gaver les politiciens de bons morceaux ; et la meilleure politique pour faire disparaĂźtre l’État consiste provisoirement Ă  renforcer la machine gouvernementale ; Gribouille, qui se jette Ă  l’eau pour ne pas ĂȘtre mouillĂ© par la pluie, n’aurait pas raisonnĂ© autrement. Etc, etc.
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Georges Sorel (Reflections on Violence (Dover Books on History, Political and Social Science))
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Oui, cher Wilhelm, il n’est rien sur la terre que j’aime comme les enfants. Quand je les observe, et que je vois dans ces petits ĂȘtres les germes de toutes les vertus, de toutes les facultĂ©s, dont l’usage leur sera quelque jour si nĂ©cessaire ; quand je dĂ©couvre, dans l’obstination, la constance et la fermetĂ© future ; dans l’espiĂšglerie, la bonne humeur et la facilitĂ© avec lesquelles ils glisseront sur les dangers de la vie
. tout cela si pur, si complet
. alors je redis toujours, toujours, les admirables paroles de l’Instituteur des hommes : 5 Si vous ne devenez comme un de ceux-ci ! » Et cependant, mon ami, ces enfants qui sont nos pareils, que nous devrions prendre pour nos modĂšles, nous les traitons comme des sujets. Il ne faut pas qu’ils aient aucune volonté . Mais n’en avons-nous aucune ? OĂč donc est notre privilĂ©ge ?
. C’est que nous sommes plus ĂągĂ©s et plus habiles ?
 Bon Dieu, de ton ciel, tu vois de vieux enfants et de jeunes enfants, et rien de plus ! Et ceux auxquels tu prends plus de plaisir, ton fils nous l’a dĂšs longtemps annoncĂ©. Mais ils croient en lui et ne l’écoutent pas
. C’est lĂ  encore un vieil usage
. Et ils façonnent leurs enfants Ă  leur ressemblance, et
. Adieu, Wilhelm ; je ne veux pas radoter lĂ -dessus davantage.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Mes premiĂšres observations sur l'art d'impressionner les foules et sur les faibles ressources qu’offrent sur ce point les rĂšgles de la logique remontent Ă  l'Ă©poque du siĂšge de Paris, le jour oĂč je vis conduire au Louvre, oĂč siĂ©geait alors le gouvernement, le marĂ©chal V..., qu'une foule furieuse prĂ©tendait avoir surpris levant le plan des fortifications pour le vendre aux Prussiens. Un membre du gouvernement, G.P..., orateur fort cĂ©lĂšbre, sortit pour haranguer la foule qui rĂ©clamait l'exĂ©cution immĂ©diate du prisonnier. Je m'attendais Ă  ce que l'orateur dĂ©montrĂąt l'absurditĂ© de l'accusation, en disant que le marĂ©chal accusĂ© Ă©tait prĂ©cisĂ©ment un des constructeurs de ces fortifications dont le plan se vendait d'ailleurs chez tous les libraires. A ma grande stupĂ©faction − j'Ă©tais fort jeune alors − le discours fut tout autre... “ Justice sera faite, cria l'orateur en s'avançant vers le prisonnier, et une justice impitoyable. Laissez le gouvernement de la dĂ©fense nationale terminer votre enquĂȘte. Nous allons, en attendant, enfermer l'accusĂ©. ” CalmĂ©e aussitĂŽt par cette satisfaction apparente, la foule s'Ă©coula, et au bout d'un quart d'heure le marĂ©chal put regagner son domicile. Il eĂ»t Ă©tĂ© infailliblement Ă©charpĂ© si l'orateur eĂ»t tenu Ă  la foule en fureur les raisonnements logiques que ma grande jeunesse me faisaient trouver trĂšs convaincants.
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Gustave Le Bon (ŰłÙŠÙƒÙˆÙ„ÙˆŰŹÙŠŰ© Ű§Ù„ŰŹÙ…Ű§Ù‡ÙŠŰ±)
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Prenez garde, mon enfant, Ă  ce qui se passe dans votre cƓur, dit le curĂ© fronçant le sourcil : je vous fĂ©licite de votre vocation, si c'est Ă  elle seule que vous devez le mĂ©pris d'une fortune plus que suffisante. Il y a cinquante-six ans sonnĂ©s que je suis curĂ© de VerriĂšres, et cependant, suivant toute apparence, je vais ĂȘtre destituĂ©. Ceci m'afflige, et toutefois j'ai huit cents livres de rente. Je vous fais part de ce dĂ©tail afin que vous ne vous fassiez pas d'illusions sur ce qui vous attend dans l'Ă©tat de prĂȘtre. Si vous songez Ă  faire la cour aux hommes qui ont la puissance, votre perte Ă©ternelle est assurĂ©e. Vous pourrez faire fortune, mais il faudra nuire aux misĂ©rables, flatter le sous-prĂ©fet, le maire, l'homme considĂ©rĂ©, et servir ses passions : cette conduite, qui dans le monde s'appelle savoir-vivre, peut, pour un laĂŻque, n'ĂȘtre pas absolument incompatible avec le salut ; mais, dans notre Ă©tat, il faut opter ; il s'agit de faire fortune dans ce monde ou dans l'autre, il n'y a pas de milieu. Allez, mon cher ami, rĂ©flĂ©chissez, et revenez dans trois jours me rendre une rĂ©ponse dĂ©finitive. J'entrevois avec peine, au fond de votre caractĂšre, une ardeur sombre qui ne m'annonce pas la modĂ©ration et la parfaite abnĂ©gation des avantages terrestres nĂ©cessaires Ă  un prĂȘtre ; j'augure bien de votre esprit ; mais, permettez-moi de vous le dire, ajouta le bon curĂ©, les larmes aux yeux, dans l'Ă©tat de prĂȘtre, je tremble pour votre salut.
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Stendhal (The Red and the Black)
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On atteint [l'Ă©quanimitĂ©] lorsqu'on est capable d'accueillir le bon comme le moins bon avec la mĂȘme acceptation, la mĂȘme Ă©coute. En fait, ce n'est mĂȘme pas le bon et le moins bon, puisqu'il y a accueil de ce qui est sans jugement. Outre que cela nous permet d'explorer de nouvelle associations en cuisine, de libĂ©rer notre crĂ©ativitĂ© et de dĂ©couvrir de nouveaux plats, l'Ă©quanimitĂ© est un stade de sagesse qui permet de vivre vraiment mieux ! Vous connaissez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  cette histoire de l'homme et de son cheval, [
]. L'homme, donc, possĂšde un cheval
 lequel un jour se sauve. Les voisins viennent et plaignent notre homme qui rĂ©pond avec bonhomie : "De la malchance ? Je ne sais pas." Quelques jours plus tard, le cheval revient accompagnĂ© d'une horde d'Ă©quidĂ©s sauvages. Les voisins se prĂ©cipitent : "Quelle chance !" À quoi le vieil homme rĂ©torque : "De la chance ? Je ne sais pas." Le fils de l'homme tente de dompter et de monter ces chevaux. Il se casse la jambe. Les voisins arrivent et y vont de leurs commentaires sur la malchance qui survient, Ă  quoi l'homme rĂ©pond : "De la malchance ? Je ne sais pas." Le lendemain, des affiches placardĂ©es sur les murs annoncent la guerre et l'appel de tous les jeunes gens sous les drapeaux. Le fils ayant la jambe cassĂ©e est bien sĂ»r exempté  Bref, gardons-nous de juger les Ă©vĂ©nements comme bons ou mauvais. Les choses ne sont ni bien ni mal, elles ont des consĂ©quences. Ce n'est pas "mal" de mettre des meringues Ă  230°C dans le four, elles seront brĂ»lĂ©es. C'est tout. (p.33-34)
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Isabelle Filliozat (Un zeste de conscience dans la cuisine)
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Cependant, au milieu de ces circonstances, la rĂ©solution de quitter la vie avait pris toujours plus de force dans l’urne de Werther. Depuis son retour auprĂšs de Charlotte, cette rĂ©solution avait toujours Ă©tĂ© sa perspective et son espĂ©rance suprĂȘme ; mais il s’était dit que ce ne devait pas ĂȘtre une action soudaine, prĂ©cipitĂ©e ; qu’il voulait faire ce pas avec la plus sĂ©rieuse conviction, avec la rĂ©solution la plus calme. Ses doutes, ses combats intĂ©rieurs se rĂ©vĂšlent dans un petit billet, qui paraĂźt ĂȘtre le commencement d’une lettre Ă  Wilhelm, et qui s’est trouvĂ©, sans date, parmi ses papiers. « Sa prĂ©sence, sa destinĂ©e, l’intĂ©rĂȘt qu’elle prend Ă  la mienne, expriment la derniĂšre larme de mon cerveau calcinĂ©. « Lever le rideau et passer derriĂšre
. voilĂ  tout ! Et pourquoi craindre et balancer ? Parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a derriĂšre ? parce qu’on n’en revient pas ? et que c’est le propre de notre esprit d’imaginer que tout est confusion et tĂ©nĂšbres, aux lieux dont nous ne savons rien de certain ? » Enfin il s’accoutuma et se familiarisa toujours plus avec cette triste pensĂ©e, et l’on trouve un tĂ©moignage de sa rĂ©solution ferme et irrĂ©vocable dans cette lettre ambiguĂ«, qu’il Ă©crivait Ă  son ami : 20 dĂ©cembre. « Je rends grice Ă  ton amitiĂ©, Wilhelm, d’avoir entendu ce mot comme tu l’as fait. Oui, tu as raison : le meilleur pour moi serait de partir. La proposition que tu me fais de retourner auprĂšs de vous ne me plaĂźt pas tout Ă  fait ; du moins je voudrais faire encore un dĂ©tour, d’autant plus que nous pouvons espĂ©rer une gelĂ©e soutenue et de bons chemins. Il m’est aussi trĂšsagrĂ©able que tu veuilles venir me chercher : seulement, laisse encore passer quinze jours, et attends encore une lettre de moi avec d’autres avis. Il ne faut rien cueillir avant qu’il soit mĂ»r, et quinze jours de plus ou de moins font beaucoup. Tu diras Ă  ma mĂšre de prier pour son fils, et de vouloir bien me pardonner tous les chagrins que je lui ai faits. C’était ma destinĂ©e d’affliger ceux que le devoir m’appelait Ă  rendre heureux. Adieu, mon trĂšs-cher ami. Que le ciel rĂ©pande sur toi toutes ses bĂ©nĂ©dictions ! Adieu. »
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Porteurs Notre monde repose sur les Ă©paules de l'autre. Sur des enfants au travail, sur des plantations et des matiĂšres premiĂšres payĂ©es bon marchĂ© : des Ă©paules d'inconnus portent notre poids, obĂšse de disproportion de richesses. Je l'ai vu. Dans les ascensions qui durent bien des jours vers les camps de base des hautes altitudes, des hommes et aussi des femmes et des enfants portent notre poids dans des hottes tressĂ©es. Tables, chaises, vaisselle, tentes, cuisiniĂšres, combustibles cordes, matĂ©riel d'escalade, nourriture pour plusieurs semaines, en somme un village pour vivre lĂ  oĂč il n'y a rien. Ils portent notre poids pour le prix moyen de trois cents roupies nĂ©palaises par jour, moins de quatre euros. Les hottes pĂšsent quarante kilos, mais certains en portent de plus lourdes. Les Ă©tapes sont longues, elles fatiguent le voyageur avec son petit sac Ă  dos et le minimum nĂ©cessaire. Des porteurs de tout notre confort marchent avec des tongs ou bien pieds nus sur des pentes qui manquent d'oxygĂšne, la tempĂ©rature baissant. La nuit, ils campent en plein air autour d'un feu, ils font cuire du riz et des lĂ©gumes cueillis dans les parages, tant que quelque chose sort de terre. Au NĂ©pal, la vĂ©gĂ©tation monte jusqu'Ă  trois mille cinq cents mĂštres. Nous autres, nous dormons dans une tente avec un repas chaud cuisinĂ© par eux. Ils portent notre poids et ne perdent pas un gramme. Il ne manque pas un mouchoir au bagage remis en fin d'Ă©tape. Ils ne sont pas plus faits pour l'altitude que nous, la nuit je les entends tousser. Ce sont souvent des paysans des basses vallĂ©es de riziĂšres. Nous avançons pĂ©niblement en silence, eux ne renoncent pas Ă  se parler, Ă  raconter, tout en marchant. Nous habillĂ©s de couches de technologie lĂ©gĂšre, aĂ©rĂ©e, chaude, coupe-vent, et cetera, eux avec des vĂȘtements usĂ©s, des pulls en laine archiĂ©limĂ©s : ils portent notre poids et sourient cent plus que le plus extraverti de nos joyeux compĂšres. Ils nous prĂ©parent des pĂątes avec l'eau de la neige, ils nous ont mĂȘme apportĂ© des oeufs ici, Ă  cinq mille mĂštres. Sans eux, nous ne serions ni agiles, ni athlĂ©tiques, ni riches. Ils disparaissent en fin de transport, ils se dispersent dans les vallĂ©es, juste Ă  temps pour le travail du riz et de l'orge. (p. 11-12)
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Erri De Luca (Sulla traccia di Nives)
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Wilhelm, on deviendrait furieux de voir qu’il y ait des hommes incapables de goĂ»ter et de sentir le peu de biens qui ont encore quelque valeur sur la terre. Tu connais les noyers sous lesquels je me .suis assis avec Charlotte, Ă  St
, chez le bon pasteur, ces magnifiques noyers, qui, Dieu le sait, me remplissaient toujours d’une joie calme et profonde. Quelle paix, quelle fraĂźcheur ils rĂ©pandaient sur le presbytĂšre ! Que les rameaux Ă©taient majestueux ! Et le souvenir enfin des vĂ©nĂ©rables pasteurs qui les avaient plantĂ©s, tant d’annĂ©es auparavant !
 Le maĂźtre d’école nous a dit souvent le nom de l’un d’eux, qu’il avait appris de son grand-pĂšre. Ce fut sans doute un homme vertueux, et, sous ces arbres, sa mĂ©moire me fut toujours sacrĂ©e. Eh bien, le maĂźtre d’école avait hier les larmes aux yeux, comme nous parlions ensemble de ce qu’on les avait abattus. Abattus ! j’en suis furieux, je pourrais tuer le chien qui a portĂ© le premier coup de hache. Moi, qui serais capable de prendre le deuil, si, d’une couple d’arbres tels que ceux-lĂ , qui auraient existĂ© dans ma cour, l’un venait Ă  mourir de vieillesse, il faut que je voie une chose pareille !
 Cher Wilhelm, il y a cependant une compensation. Chose admirable que l’humanitĂ© ! Tout le village murmure, et j’espĂšre que la femme du pasteur s’apercevra au beurre, aux Ɠufs et autres marques d’amitiĂ©, de la blessure qu’elle a faite Ă  sa paroisse. Car c’est elle, la femme du nouveau pasteur (notre vieux est mort), une personne sĂšche, maladive, qui fait bien de ne prendre au monde aucun intĂ©rĂȘt, attendu que personne n’en prend Ă  elle. Une folle, qui se pique d’ĂȘtre savante ; qui se mĂȘle de l’étude du canon ; qui travaille Ă©normĂ©ment Ă  la nouvelle rĂ©formation morale et critique du christianisme ; Ă  qui les rĂȘveries de Lavater font lever les Ă©paules ; dont la santĂ© est tout Ă  fait dĂ©labrĂ©e, et qui ne goĂ»te, par consĂ©quent, aucune joie sur la terre de Dieu ! Une pareille crĂ©ature Ă©tait seule capable de faire abattre mes noyers. Vois-tu, je n’en reviens pas. Figure-toi que les feuilles tombĂ©es lui rendent la cour humide et malpropre ; les arbres interceptent le jour Ă  madame, et, quand les noix sont mĂ»res, les enfants y jettent des pierres, et cela lui donne sur les nerfs, la trouble dans ses profondes mĂ©ditations, lorsqu’elle pĂšse et met en parallĂšle Kennikot, Semler et MichaĂ«lis. Quand j’ai vu les gens du village, surtout les vieux, si mĂ©contents, je leur ai dit : « Pourquoi l’avez-vous souffert ?— A la campagne, m’ontils rĂ©pondu, quand le maire veut quelque chose, que peut-on /aire ? * Mais voici une bonne aventure. : le- pasteur espĂ©rait aussi tirer quelque avantage des caprices de sa femme, qui d’ordinaire ne rendent pas sa soupe plus grasse, et il croyait partager le produit avec le maire ; la chambre des domaines en fut avertie et dit : « A moi, s’il vous plaĂźt ! » car elle avait d’anciennes prĂ©tentions sur la partie du presbytĂšre oĂč les arbres Ă©taient plantĂ©s, et elle les a vendus aux enchĂšres. Ils sont Ă  bas ! Oh ! si j’étais prince, la femme du pasteur, le maire, la chambre des domaines, apprendraient
. Prince !
 Eh ! si j’étais prince, que m’importeraient les arbres de mon pays ?
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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(...) la fonction du MusĂ©e, comme celle de la BibliothĂšque, n'est pas uniquement bienfaisante. Il nous donne bien le moyen de voir ensemble, comme moments d'un seul effort, des productions qui gisaient Ă  travers le monde, enlisĂ©es dans les cultes ou dans les civilisations dont elles voulaient ĂȘtre l'ornement, en ce sens il fonde notre conscience de la peinture comme peinture. Mais elle est d'abord dans chaque peintre qui travaille, et elle y est Ă  l'Ă©tat pur, tandis que le MusĂ©e la compromet avec les sombres plaisirs de la rĂ©trospection. Il faudrait aller au MusĂ©e comme les peintres y vont, dans la joie sobre [78] du travail, et non pas comme nous y allons, avec une rĂ©vĂ©rence qui n'est pas tout Ă  fait de bon aloi. Le MusĂ©e nous donne une conscience de voleurs. L'idĂ©e nous vient de temps Ă  autre que ces Ɠuvres n'ont tout de mĂȘme pas Ă©tĂ© faites pour finir entre ces murs moroses, pour le plaisir des promeneurs du dimanche ou des « intellectuels » du lundi. Nous sentons bien qu'il y a dĂ©perdition et que ce recueillement de nĂ©cropole n'est pas le milieu vrai de l'art, que tant de joies et de peines, tant de colĂšres, tant de travaux n'Ă©taient pas destinĂ©s Ă  reflĂ©ter un jour la lumiĂšre triste du MusĂ©e. Le MusĂ©e, transformant des tentatives en « Ɠuvres », rend possible une histoire de la peinture. Mais peut-ĂȘtre est-il essentiel aux hommes de n'atteindre Ă  la grandeur dans leurs ouvrages que quand ils ne la cherchent pas trop, peut-ĂȘtre n'est-il pas mauvais que le peintre et l'Ă©crivain ne sachent pas trop qu'ils sont en train de fonder l'humanitĂ©, peut-ĂȘtre enfin ont-ils, de l'histoire de l'art, un sentiment plus vrai et plus vivant quand ils la continuent dans leur travail que quand ils se font « amateurs » pour la contempler au MusĂ©e. Le MusĂ©e ajoute un faux prestige Ă  la vraie valeur des ouvrages en les dĂ©tachant des hasards au milieu desquels ils sont nĂ©s et en nous faisant croire que des fatalitĂ©s guidaient la main des artistes depuis toujours. Alors que le style en chaque peintre vivait comme la pulsation de son cƓur et le rendait justement capable de reconnaĂźtre tout autre effort que le sien, - le MusĂ©e convertit cette historicitĂ© secrĂšte, pudique, non dĂ©libĂ©rĂ©e, involontaire, vivante enfin, en histoire officielle et pompeuse. L'imminence d'une rĂ©gression donne Ă  notre amitiĂ© pour tel peintre une nuance pathĂ©tique qui lui Ă©tait bien Ă©trangĂšre. Pour lui, il a travaillĂ© toute une vie d'homme, - et nous, nous voyons son Ɠuvre comme des fleurs au bord d'un prĂ©cipice. Le MusĂ©e rend les peintres aussi mystĂ©rieux pour nous que les pieuvres ou les langoustes. Ces Ɠuvres qui sont nĂ©es dans la chaleur d'une vie, il les transforme en prodiges d'un autre monde, et le souffle qui les portait n'est plus, dans l'atmosphĂšre pensive du MusĂ©e et sous ses glaces protectrices, qu'une faible palpitation Ă  leur surface. Le MusĂ©e tue la vĂ©hĂ©mence de la peinture comme la bibliothĂšque, [79] disait Sartre, transforme en « messages » des Ă©crits qui ont Ă©tĂ© d'abord les gestes d'un homme. Il est l'historicitĂ© de mort. Et il y a une historicitĂ© de vie, dont il n'offre que l'image dĂ©chue : celle qui habite le peintre au travail, quand il noue d'un seul geste la tradition qu'il reprend et la tradition qu'il fonde, celle qui le rejoint d'un coup Ă  tout ce qui s'est jamais peint dans le monde, sans qu’il ait Ă  quitter sa place, son temps, son travail bĂ©ni et maudit, et qui rĂ©concilie les peintures en tant que chacune exprime l'existence entiĂšre, en tant qu'elles sont toutes rĂ©ussies, - au lieu de les rĂ©concilier en tant qu'elles sont toutes finies et comme autant de gestes vains.
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Merlau-Ponty
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J’ai d’ailleurs un ami qui, ces jours-ci, m’a affirmĂ© que nous ne savons mĂȘme pas ĂȘtre paresseux. Il prĂ©tend que nous paressons lourdement, sans plaisir, ni bĂ©atitude, que notre repos est fiĂ©vreux, inquiet, mĂ©content ; qu’en mĂȘme temps que la paresse, nous gardons notre facultĂ© d’analyse, notre opinion sceptique, une arriĂšre-pensĂ©e, et toujours sur les bras une affaire courante, Ă©ternelle, sans fin. Il dit encore que nous nous prĂ©parons Ă  ĂȘtre paresseux et Ă  nous reposer comme Ă  une affaire dure et sĂ©rieuse et que, par exemple, si nous voulons jouir de la nature, nous avons l’air d’avoir marquĂ© sur notre calendrier, encore la semaine derniĂšre, que tel et tel jour, Ă  telle et telle heure, nous jouirons de la nature. Cela me rappelle beaucoup cet Allemand ponctuel qui, en quittant Berlin, nota tranquillement sur son carnet. « En passant Ă  Nuremberg ne pas oublier de me marier. » Il est certain que l’Allemand avait, avant tout, dans sa tĂȘte, un systĂšme, et il ne sentait pas l’horreur du fait, par reconnaissance pour ce systĂšme. Mais il faut bien avouer que dans nos actes Ă  nous, il n’y a mĂȘme aucun systĂšme. Tout se fait ainsi comme par une fatalitĂ© orientale. Mon ami a raison en partie. Nous semblons traĂźner notre fardeau de la vie par force, par devoir, mais nous avons honte d’avouer qu’il est au-dessus de nos forces, et que nous sommes fatiguĂ©s. Nous avons l’air, en effet, d’aller Ă  la campagne pour nous reposer et jouir de la nature. Regardez avant tout les bagages rien laissĂ© de ce qui est usĂ©, de ce qui a servi l’hiver, au contraire, nous y avons ajoutĂ© des choses nouvelles. Nous vivons de souvenirs et l’ancien potin et la vieille affaire passent pour neufs. Autrement c’est ennuyeux ; autrement il faudra jouer au whist avec l’accompagnement du rossignol et Ă  ciel ouvert. D’ailleurs, c’est ce qui se fait. En outre, nous ne sommes pas bĂątis pour jouir de la nature ; et, en plus, notre nature, comme si elle connaissait notre caractĂšre, a oubliĂ© de se parer au mieux. Pourquoi, par exemple, est-elle si dĂ©veloppĂ©e chez nous l’habitude trĂšs dĂ©sagrĂ©able de toujours contrĂŽler, Ă©plucher nos impressions – souvent sans aucun besoin – et, parfois mĂȘme, d’évaluer le plaisir futur, qui n’est pas encore rĂ©alisĂ©, de le soupeser, d’en ĂȘtre satisfait d’avance en rĂȘve, de se contenter de la fantaisie et, naturellement, aprĂšs, de n’ĂȘtre bon Ă  rien pour une affaire rĂ©elle ? Toujours nous froisserons et dĂ©chirerons la fleur pour sentir mieux son parfum, et ensuite nous nous rĂ©volterons quand, au lieu de parfum, il ne restera plus qu’une fumĂ©e. Et cependant, il est difficile de dire ce que nous deviendrions si nous n’avions pas au moins ces quelques jours dans toute l’annĂ©e et si nous ne pouvions satisfaire par la diversitĂ© des phĂ©nomĂšnes de la nature notre soif Ă©ternelle, inextinguible de la vie naturelle, solitaire. Et enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant Ă©ternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activitĂ© extĂ©rieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en ĂȘtre malade, de ses propres illusions, de ses propres chimĂšres, de sa propre rĂȘverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tĂąche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore. Et la soif d’activitĂ© arrive chez nous jusqu’à l’impatience fĂ©brile. Tous dĂ©sirent des occupations sĂ©rieuses, beaucoup avec un ardent dĂ©sir de faire du bien, d’ĂȘtre utiles, et, peu Ă  peu, ils commencent dĂ©jĂ  Ă  comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilitĂ© sociale de ne rien faire, mais dans l’activitĂ© infatigable, dans le dĂ©veloppement et l’exercice de toutes nos facultĂ©s.
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Fyodor Dostoevsky
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Il est bon de croire ceux qui croient en vous.
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Banine (Jours Caucasiens)
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Un jeĂ»ne rĂ©gulier idĂ©al, peut ĂȘtre pratiquĂ© une fois par mois de 2 Ă  3 jours, ce n’est pas trop long et il permet un bon nettoyage de l’organisme.
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FrĂ©dĂ©ric Deltour (Ecoute ton coeur et vis tes rĂȘves!!! SantĂ©, SĂ©rĂ©nitĂ©, SuccĂšs: Guide pratique de SantĂ© et Bien-ĂȘtre, Forme et DĂ©tente, Confiance en soi et Estime de soi, ... Psychologie. t. 2) (French Edition))
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Les travaux scientifiques ont montrĂ© qu'un adulte d'1 mĂštre soixante dix pesant 70 kilos possĂšde environ 15 kg de rĂ©serve de graisses, de quoi tenir, s’il est en bon santĂ©, une quarantaine de jours sans manger. Ce mĂ©canisme Ă©tant naturel, il est Ă©vident que le corps rencontre plus de problĂšmes lorsqu'il ne jeĂ»ne pas car la situation d'aujourd'hui, des repas rĂ©guliers et un frigo rempli, n’est pas naturel pour l’organisme
 Notre patrimoine gĂ©nĂ©tique est moins adaptĂ© Ă  cette situation qu'au jeĂ»ne. Notre organisme est mieux Ă©quipĂ© pour supporter la carence que l'excĂšs. Le jeĂ»ne semblerait donc rĂ©activer des rĂ©flexes ataviques ancrĂ©s dans la mĂ©moire du corps. RĂ©duire l’alimentation des animaux leur permet de vivre plus longtemps et en meilleure santĂ©.
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Frédéric Deltour (SANTE, BIEN-ETRE ET REUSSITE... LES 7 ETAPES INDISPENSABLES: Guide Pratique pour le Corps et l'Esprit, Forme et Détente, SuccÚs et Motivation, Alimentation ... Psychologie. t. 1) (French Edition))
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Les travaux scientifiques ont montrĂ© qu'un adulte d'1 mĂštre soixante dix pesant 70 kilos possĂšde environ 15 kg de rĂ©serve de graisses, de quoi tenir, s’il est en bon santĂ©, une quarantaine de jours sans manger. Ce mĂ©canisme Ă©tant naturel, il est Ă©vident que le corps rencontre plus de problĂšmes lorsqu'il ne jeĂ»ne pas car la situation d'aujourd'hui, des repas rĂ©guliers et un frigo rempli, n’est pas naturel pour l’organisme
 Notre patrimoine gĂ©nĂ©tique est moins adaptĂ© Ă  cette situation qu'au jeĂ»ne. Notre organisme est mieux Ă©quipĂ© pour supporter la carence que l'excĂšs. Le jeĂ»ne semblerait donc rĂ©activer des rĂ©flexes ataviques ancrĂ©s dans la mĂ©moire du corps. RĂ©duire l’alimentation des animaux leur permet de vivre plus longtemps et en meilleure santĂ©. Le jeĂ»ne protĂšge contre toutes sortes de toxines dont la chimiothĂ©rapie, il augmente le taux de sĂ©rotonine, l’hormone du bonheur ! Donc, une meilleure humeur chez la majoritĂ© des patients qui pratique cette mĂ©thode aux innombrables bĂ©nĂ©fices et on voit aussi une rĂ©duction de la douleur.
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Frédéric Deltour (SANTE, BIEN-ETRE ET REUSSITE... LES 7 ETAPES INDISPENSABLES: Guide Pratique pour le Corps et l'Esprit, Forme et Détente, SuccÚs et Motivation, Alimentation ... Psychologie. t. 1) (French Edition))
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Je regarde le bon cÎté des choses. Je transforme les difficultés en opportunités
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Human Angels (365 Mantras au quotidien: Jour aprĂšs jour, ces mantras vous donneront la force et l'inspiration pour changer votre vie pour le meilleur (French Edition))
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Ma conversion aux Tifinagh ne s’est pas faite du jour au lendemain car, influencĂ© par Mammeri, je pensais que notre langue ne s’épanouirait vraiment qu’à travers les caractĂšres latins. A la veille donc de crĂ©er ImazighĂšne, notre revue, je rĂ©unis Jacques BĂ©net, Augustin Ibazizen, Ait Hamou, inspecteur de l'enseignement, le sĂ©nateur Achour et Hanouz dans le but de choisir une transcription. Mais cette expĂ©rience fut pour moi dĂ©cevante, car malgrĂ© la qualitĂ© des hommes sus-citĂ©s les problĂšmes linguistiques leurs Ă©chappaient complĂštement. Ce fut ainsi que je fus amenĂ© Ă  choisir les Tifinagh, suivant en cela les conseils de Mahdjoubi-Aherdane et le chemin tracĂ© depuis un bon moment dĂ©jĂ  par un de nos plus ardents militants, je veux nommer SmaĂŻl Bellache. Celui-ci, aprĂšs avoir appris l'Ă©criture ancestrale telle qu’elle Ă©tait pratiquĂ©e par les Imouhars, me dit combien elle intĂ©ressait les gens du fait mĂȘme qu’elle est Ă  nous. Lui ayant fait remarquer un jour qu’elle Ă©tait peu pratique en raison des nombreux points qui servent Ă  la formation de certaines lettres, source de confusion, il se mit Ă  la simplifier [...]
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Mohand Aarav Bessaoud (Des Petites Gens pour une grande cause - L'histoire de l'Académie berbÚre)
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Regrettera qui veut le bon vieux temps, / Et l’ñge d’or, et le rĂšgne d’AstrĂ©e, / Et les beaux jours de Saturne et de RhĂ©e, / Et le jardin de nos premiers parents.
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Deborah Harkness (Time's Convert (All Souls, #4))
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En rĂ©sumĂ©, la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre repose sur l’industrie. Celle-ci est Ă  elle seule garantie de son existence, la source unique de toutes les richesses. La classe des producteurs - paysans, artisans, ouvriers, entrepreneurs - est la classe fondamentale, la classe nourriciĂšre de la sociĂ©tĂ©, celle sans laquelle aucune autre ne peut subsister. Dans cette optique, la politique telle que nous la concevons devrait n’ĂȘtre que la science de la production, c’est-Ă -dire la science qui pour objet d’instaurer l’ordre le plus favorable Ă  tous les genres de production. Or nous vivons actuellement dans un monde renversĂ© : la nation a admis pour principe fondamental que les pauvres doivent ĂȘtre gĂ©nĂ©reux Ă  l’égard des riches, et l’art de gouverner est rĂ©duit Ă  donner aux frelons la plus forte portion du miel prĂ©levĂ© sur les abeilles. [
] Les frelons sont les oisifs. [
] Ceux qui piquent et font du mal sans apporter aucun bienfait : les rentiers, les propriĂ©taires fonciers, les boursicoteurs, les politiciens, les nobles de Cour, les profiteurs d’hĂ©ritages, les militaires de salon, les prĂȘtres qui s’enrichissent au dĂ©triment des paroisses. Les abeilles produisent le bon miel dont tout le monde a besoin : le pain, l’acier, le charbon, les routes et les ponts, et toutes ces merveilles scientifiques et techniques sans lesquelles nous vivrions encore au Moyen-Âge. Or les frelons pillent les abeilles sans vergogne, cela est dĂ©montrĂ© chaque jour.
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Jean-Marc Ligny (La Dame Blanche)
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Et c'est toujours de mĂȘme, et c'est ainsi toujours! On s'adore! On se hait! On maudit ses amours! On s'adore! On se hait! On maudit ses amours! Adieu Myrtille, EglĂ©, ChloĂ©, dĂ©mons moqueurs! Adieu donc et bons jours aux tyrans de nos coeurs! Et bons jours!
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Robert de Montesquiou
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Il Ă©tait de ces hommes, rares dans notre ville comme ailleurs, qui ont toujours le courage de leurs bons sentiments. Le peu qu’il confiait de lui tĂ©moignait en effet de bontĂ©s et d’attachements qu’on n’ose pas avouer de nos jours. Il ne rougissait pas de convenir qu’il aimait ses neveux et sa sƓur, seule parente qu’il eĂ»t gardĂ©e et qu’il allait, tous les deux ans, visiter en France. Il reconnaissait que le souvenir de ses parents, morts alors qu’il Ă©tait encore jeune, lui donnait du chagrin. Il ne refusait pas d’admettre qu’il aimait par-dessus tout une certaine cloche de son quartier qui rĂ©sonnait doucement vers cinq heures du soir. Mais, pour Ă©voquer des Ă©motions si simples cependant, le moindre mot lui coĂ»tait mille peines. Finalement, cette difficultĂ© avait fait son plus grand souci. « Ah ! docteur, disait-il, je voudrais bien apprendre Ă  m’exprimer. » Il en parlait Ă  Rieux chaque fois qu’il le rencontrait.
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Albert Camus (The Plague)
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C'Ă©tait une vie sans but et faite avec des jours ajoutĂ©s. Plus rien n'Ă©tait mauvais, Ă  cause de l'habitude, mais surtout plus rien n'Ă©tait bon. Autrefois, il connaissait le repos de chaque soir, aprĂšs avoir battu le fer, et s'asseoir, dormir, se reformer pour le lendemain, cela mĂȘme Ă©tait un but, cela sĂ©parait la nuit du jour et semblait illustrer la vie. Mais les longs repos, la paresse entrant dans la chair, la dĂ©composition de la chair par la paresse! Le temps coule comme dans les conques marines, monotone et bĂȘte, en souvenir de la mer et des galets et l'on entend dans sa tĂȘte comme une fuite sans cause. Le temps s'en va son train et ressemble aux chiens errants qui trottinent en baissant l'oreille.
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Charles-Louis Philippe (Le PÚre Perdrix (Littérature Française) (French Edition))
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– Vous ĂȘtes comme Ardisson, vous dĂ©lirez sur Warhol? Il se retourna sur un homme mince Ă  la barbe poivre et sel taillĂ©e court façon papier de verre. – Je ne sais pas, dit Bernard en regardant Ă  nouveau le tableau, c’est dĂ©jĂ  un peu le passĂ©, Warhol, non? affirma-t-il pour se donner une contenance. L’autre le regarda avec attention et Bernard lui raconta sa dĂ©couverte des colonnes de Buren, de la pyramide du Louvre et de ces graffitis sur les palissades, ces formes neuves, cet hippopotame. Il se surprit lui-mĂȘme en employant plusieurs fois le mot radical. Moi aussi, je vais faire mes grands travaux, conclut-it en vidant sa troisiĂšme coupe de champagne. – C’est Basquiat qu’il vous faut. L’homme Ă  la barbe de trois jours avait lĂąchĂ© cette sentence d’une voix grave. Vous connaissez Jean-Michel Basquiat? Bernard hocha nĂ©gativement la tĂȘte. Il est encore accessible, voici la carte de ma galerie. – Tu parles encore de Basquiat? le coupa un homme aussitĂŽt rejoint par un autre qui faisait tanguer sa coupe d’un air moqueur. – Ne les Ă©coutez pas, ce sont des gens des musĂ©es. La conversation fut vive, d’aprĂšs ce que comprit Bernard, une exposition allait avoir lieu au Centre Pompidou, inititulĂ©e «L’époque, la mode, la morale, la passioné» afin de mettre en lumiĂšre les courants artistiques internationaux des annĂ©es 1980 et personne n’avait cru bon d’y reprĂ©senter des Ɠuvres de ce Basquiat. – Honte sur vous! leur dit l’homme Ă  la barbe papier de verre. Et tandis que les trois se tenaient tĂȘte sur ce mystĂ©rieux peintre, Bernard attrapa une nouvelle coupe de champagne et songea Ă  son aĂŻeul.
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Antoine Laurain (The President's Hat)
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Tous les soirs, le prĂ©sident reçoit une longue note confidentielle qui dit les drames, les dangers et les dĂ©rives de la sociĂ©tĂ© française. On ne ressort pas indemne d’une telle lecture
 Le poids de la responsabilitĂ© vous tombe dessus. "Vous avez le singe sur l’épaule", dit Emmanuel Macron. Il est au cƓur de ce mistigri tragique, il subit la mort, il peut la donner. La nuit tombe deux fois. Il est tard, gĂ©nĂ©ralement, quand le chef de l’État se plonge dans un amas de notes, des dizaines de pages qui disent tout de la noirceur humaine. Ici, des attentats sont dĂ©jouĂ©s, y compris en 2019 Ă  deux pas de l’ÉlysĂ©e, opĂ©ration fomentĂ©e par des terroristes en herbe – l’un des auteurs putatifs est ĂągĂ© de dix-sept ans. LĂ , des TchĂ©tchĂšnes, accompagnĂ©s d’un imam, rĂšglent leurs comptes dĂšs que leur commerce est menacĂ©. PrĂ©cisons qu’il s’agit de drogue. La CĂŽte d’Azur accueille de nouveaux touristes : aprĂšs la mafia russe, les NigĂ©rians goĂ»tent la baie des Anges. Le crime est global, le crime est local, les faits divers sordides. Une grand-mĂšre violĂ©e par des migrants, ça frappe
 Les informations viennent de la Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, du service central du Renseignement territorial, de la prĂ©fecture de police de Paris, de la Division du renseignement de la gendarmerie nationale. La bureaucratie française a du bon
 L’impeccable prĂ©sentation de ces notes, sa rĂ©gularitĂ©, sa monotonie presque, permettent de crĂ©er de la distance entre la violence et la raison qu’il faut garder Ă  la tĂȘte de l’État. Chaque jour, le prĂ©sident reçoit une synthĂšse de documents avec un titre, un rĂ©sumĂ© logĂ© dans un cartouche et une analyse Ă©tayĂ©e. La livraison du week-end couvre le samedi et le dimanche. Dans le bureau voisin, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ÉlysĂ©e, Alexis Kohler, est destinataire d’un dossier identique. Il arrive aux deux hommes d’échanger dans la foulĂ©e, comme pour se partager un fardeau. [
] "Si ces notes Ă©taient publiĂ©es dans la presse
 ", relĂšve l’un de ceux qui les ont reçues. Comment ne pas cĂ©der Ă  l’effet de loupe, comment garder l’ñme sereine, prĂ©server une forme de recul ? Bernard Cazeneuve, qui avait accĂšs aux mĂȘmes informations lorsqu’il Ă©tait Ă  Beauvau, Ă©crit dans son livre À l’épreuve de la violence : "La question n’est plus de savoir si les Ă©lĂ©ments se dĂ©chaĂźneront, ou si par miracle nous serons Ă©pargnĂ©s, mais bien de deviner quand le tonnerre grondera, aprĂšs que la foudre se sera abattue sur nous.
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Corinne LhaĂŻk (La nuit tombe deux fois (Documents) (French Edition))
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La maladie Docteur, je sens un mal mortel Ici, dans la rĂ©gion de mon ĂȘtre. Tous mes organes me font mal : Le jour, c’est le soleil, La nuit, ce sont la lune et les Ă©toiles. J’ai mal Ă  ce nuage dans le ciel, Que je n’ai mĂȘme pas remarquĂ©, Et je m’éveille tous les matins Avec un goĂ»t d’hiver. C’est en vain que j’ai pris ces remĂšdes : J’ai haĂŻ, aimĂ©, appris Ă  lire Lu quelques livres, CausĂ© aux gens, pensĂ©, ÉtĂ© bon, Ă©tĂ© beau. Tout cela est restĂ© sans effet, docteur, Et j’ai dĂ©pensĂ© en vain beaucoup d’annĂ©es. Je crois ĂȘtre tombĂ© malade de la mort Le jour OĂč je suis nĂ©. (Traduction d’Alain Bosquet)
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Marin Sorescu
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J'Ă©tais vraiment passablement bon sujet en Canada, sincĂšre admirateur des Anglais et de leur gouvernement, mais j'y remarque tous les jours de si insupportables abus que j'y deviens assez mauvais sujet.
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Louis-Joseph Papineau (Oeuvres de Louis-Joseph Papineau (French Edition))
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Cigarettes cafĂ© promenades comme chez les fous un vĂ©ritable esclandre ici nous sommes tous amis. ici nous sommes tous sains d’esprit. personne ne reconnaĂźt. les regards perdus parlent de nous. les dĂ©tournements de la rĂ©alitĂ© immĂ©diate auraient Ă©tĂ© notre seule rĂ©alitĂ©. disaient ceux qui pensaient contrĂŽler la rĂ©alitĂ©. l’infirmier a dit je suis nouveau. une fleur un jour de mai. je suis tout juste bon. pour les pilules probablement une dĂ©pression j’ignore si je suis guĂ©ri ou si j’ai jamais Ă©tĂ© dĂ©primĂ©. je fus interrogĂ© par un collĂšgue si je me suis acclimatĂ©. trois mois qu’il pĂȘchait dĂ©licatement les plantes dans la rigole. regarde comme elles sont belles. j’avais envie de rire. sans raison. tel un fou. il a Ă©tĂ© conduit Ă  l’hĂŽpital par un temps hivernal. on ne nous a jamais donnĂ© de fourchettes pour manger. Ils disaient qu’on allait se crever les yeux fixant le vide. le premier jour nous avons mangĂ© le plat de rĂ©sistance avec les mains. aucun de nous n’avait assez de cigarettes. le nec plus ultra Ă©tait de fumer et d’observer la lune. aucun espoir que les amoureuses ou les Ă©pouses nous cherchent. si toutefois ça leur arrivait de passer en coup de vent as tu apportĂ© des cigarettes pour observer la lune. on demandait. j’ai quittĂ© cet endroit. je n’ai pas dĂ©couvert ce dont je souffrais. d’un hĂŽpital Ă  l’autre. que dira le monde. le pauvre habite en mezzanine. bien sĂ»r ils m’ont demandĂ© comment je me sentais. l’éternelle bienveillance. cela peut arriver Ă  tout un chacun. disait-on. (traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Emil Iulian Sude (Paznic de noapte)
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Il est bon que les exterminationnistes (c’est-Ă -dire ceux qui croient Ă  l’extermination des juifs) aient fini, de guerre lasse, par reconnaĂźtre qu’on ne trouve trace d’aucun plan, d’aucune instruction, d’aucun document relatif Ă  une politique d’extermination physique des juifs et que, de la mĂȘme façon, ils aient enfin admis qu’on ne trouve trace d’aucun budget pour une pareille entreprise ni d’aucun organisme chargĂ© de mener Ă  bien une telle politique. Il est bon que les exterminationnistes aient enfin concĂ©dĂ© aux rĂ©visionnistes que les juges du procĂšs de Nuremberg (1945-1946) ont acceptĂ© pour vrais des faits de pure invention comme l’histoire du savon fabriquĂ© Ă  partir de la graisse des juifs, l’histoire des abat-jour faits de peau humaine, celle des « tĂȘtes rĂ©duites », l’histoire des gazages homicides de Dachau ; et surtout il est bon que les exterminationnistes aient enfin reconnu que l’élĂ©ment le plus spectaculaire, le plus terrifiant, le plus significatif de ce procĂšs, c’est-Ă -dire l’audience du 15 avril 1946 au cours de laquelle on a vu et entendu un excommandant du camp d’Auschwitz (Rudolf Höss) confesser publiquement que, dans son camp, on avait gazĂ© des millions de juifs, n’était que le rĂ©sultat de tortures infligĂ©es Ă  ce dernier. Cette confession, prĂ©sentĂ©e durant tant d’annĂ©es et en tant d’ouvrages historiques comme la « preuve » n° 1 du gĂ©nocide des juifs, est maintenant relĂ©guĂ©e aux oubliettes, du moins par les historiens.
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Robert Faurisson (Écrits rĂ©visionnistes (1974-1998) : I : De 1974 Ă  1983)
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[...] Lorsque Hugue CapĂ© est Ă©lu roi de France en 987 - la dynastie marocaine a dĂ©jĂ  un siĂšcle et demi d'histoire. donc du coup on est en prĂ©sence d'un trĂšs vieil Ă©tat - et les marocains ont toujours jouĂ©s maladroitement, parce que ce sont des gens bien Ă©levĂ©es, ce sont des gens polis, ce sont des gens qui, sĂ»r de leur bon droit ont pensĂ© qu'ils pouvaient discuter avec les algĂ©riens comme un discute entre gens bien Ă©levĂ©s, hors ils ont eu en face d'eux, des gens qui n'appliquaient pas les rĂšgles de la diplomatie traditionnelles, et qui Ă©taient restĂ©s, peut ĂȘtre, dans cette politique des ouvertures barbaresques ou du rapt ou de la piraterie, mais non pas des usages qui Ă©tait les usages classiques de la veille diplomatie, et les marocains se sont trouvĂ©s du jour au lendemain pris par cette rĂ©alitĂ© algĂ©rienne, et ils commencent a comprendre maintenant, que l'on ne nĂ©gocie pas avec l’AlgĂ©rie, comme on nĂ©gocie avec l’Espagne et la France, pays de veilles civilisations et de veilles traditions politiques. Alors aujourd'hui la situation est claire, les marocains ont proposĂ©s une large autonomie au sahara occidental, dans le cadre du Maroc, et on s'achemine vers ce genre de solution, alors que vont faire les algĂ©riens ? ou bien ils vont accepter ou bien ils vont refuser. Et l'ONU, qui est en charge du dossier, commence Ă  en avoir assez et je l'ai bien senti lors de cette rĂ©union Ă  New York, ou il y avait tout les responsables de l'ONU pour la communautĂ© internationale, il est temps qu'un accord soit enfin trouvĂ©, d'autant plus que le polisario n'existe plus - les deux tiers des troupes du polisario ont fait dĂ©fection et sont parti au Maroc et ont ralliĂ© le Maroc donc il n'y a plus en fait que l'AlgĂ©rie en premiĂšre ligne, face au Maroc.
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Bernard Lugan
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L’état humain — ou tout autre Ă©tat « central » analogue — est comme entourĂ© d’un cercle de feu : il n’y a lĂ  qu’un choix, ou bien Ă©chapper au « courant des formes » par le haut, en direction de Dieu, ou bien sortir de l’humanitĂ© par le bas, Ă  travers le feu, lequel est comme la sanction de la trahison de ceux qui n’ont pas rĂ©alisĂ© le sens divin de la condition humaine; si « la condition humaine est difficile Ă  atteindre», comme l’estiment les Asiates « transmigrationnistes », elle est Ă©galement difficile Ă  quitter, pour la mĂȘme raison de position centrale et de majestĂ© thĂ©omorphe. Les hommes vont au feu parce qu’ils sont des dieux, et ils en sortent parce qu’ils ne sont que des crĂ©atures; Dieu seul pourrait aller Ă©ternellement en enfer s’il pouvait pĂ©cher. Ou encore : l’état humain est tout prĂšs du Soleil divin, s’il est possible de parler ici de « proximitĂ© »; le feu est la rançon Ă©ventuelle — Ă  rebours — de cette situation privilĂ©giĂ©e; on peut mesurer celle-ci Ă  l’intensitĂ© et Ă  l’inextin-guibilitĂ© du feu. Il faut conclure de la gravitĂ© de l’enfer Ă  la grandeur de l’homme, et non pas, inversement, de l’apparente innocence de l’homme Ă  l’injustice supposĂ©e de l’enfer. [...] Bien des hommes de notre temps tiennent en somme le langage suivant : « Dieu existe ou il n ’existe pas ; s’il existe et s’il est ce qu’on dit, il reconnaĂźtra que nous sommes bons et que nous ne mĂ©ritons aucun chĂątiment » ; c’est-a-dire qu’ils veulent bien croire Ă  son existence s’il est conforme Ă  ce qu’ils s’imaginent et s’il reconnaĂźt la valeur qu’ils s’attribuent Ă  eux-mĂȘmes. C’est oublier, d’une part, que nous ne pouvons connaĂźtre les mesures avec lesquelles l’Absolu nous juge, et d’autre part, que le « feu » d’outre-tombe n’est rien d ’autre, en dĂ©finitive, que notre propre intellect qui s’actualise Ă  l'encontre de notre faussetĂ©, ou en d’autres termes, qu’il est la vĂ©ritĂ© immanente qui Ă©clate au grand jour. A la mort, l’homme est confrontĂ© avec l’espace inouĂŻ d’une rĂ©alitĂ©, non plus fragmentaire, mais totale, puis avec la norme de ce qu’il a prĂ©tendu ĂȘtre, puisque cette norme fait partie du RĂ©el ; l’homme se condamne donc lui-mĂȘme, ce sont — d’aprĂšs le Koran — ses membres mĂȘmes qui l’accusent ; ses violations, une fois le mensonge dĂ©passĂ©, le transforment en flammes ; la nature dĂ©sĂ©quilibrĂ©e et faussĂ©e, avec toute sa vaine assurance, est une tunique de Nessus. L’homme ne brĂ»le pas que pour ses pĂ©chĂ©s; il brĂ»le pour sa majestĂ© d’image de Dieu. C’est le parti pris d’ériger la dĂ©chĂ©ance en norme et l’ignorance en gage d’impunitĂ© que le Koran stigmatise avec vĂ©hĂ©mence — on pourrait presque dire : par anticipation — en confrontant l’assurance de ses contradicteur avec les affres de la fin du monde (1). En rĂ©sumĂ©, tout le problĂšme de la culpabilitĂ© se rĂ©duit au rapport de la cause Ă  l’effet. Que l’homme soit loin d'ĂȘtre bon, l’histoire ancienne et rĂ©cente le prouve surabondamment, l’homme n’a pas l’innocence de l’animal, il a conscience de son imperfection, puisqu’il en possĂšde la notion ; donc il est responsable. Ce qu’on appelle en terminologie morale la faute de l’homme et le chĂątiment de Dieu, n’est rien d ’autre, en soi, que le heurt du dĂ©sĂ©quilibre humain avec l’Equilibre immanent ; cette notion est capitale.[...] (1) C'est la mĂȘme un des thĂšmes les plus instamment rĂ©pĂ©tĂ©s de ce livre sacrĂ©, qui marque parfois son caractĂšre d'ultime message par une Ă©loquence presque dĂ©sespĂ©rĂ©e.
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Frithjof Schuon (Understanding Islam)
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(...) je me suis mis Ă  boire comme d'habitude. Personne ne m'a adressĂ© la parole jusque vers minuit et demi. Alors le pĂšre Manseau, restĂ© jusque-lĂ  impassible et Ă©tranger au dĂ©bat, s'est mis sur pied, pĂ©niblement, parce qu'il souffre de l'arthrite, et s'est approchĂ© de ma table. Sa figure bronzĂ©e, inexpressive, touchait presque mon oreille. - Je suis au courant de votre histoire, dit-il. MouĂ©, c'est pas de mes affaires. Mais vous ĂȘtes nouveau icitte. MouĂ©, ça fait soixante-deux ans que je promĂšne ma carcasse. Eh ben, c'est pas bon pour la santĂ© icitte de contrer les curĂ©s. Les ficelles, c'est eux autres qui les ont, vous comprenez... Il hĂ©sita quelques secondes puis ajouta en guise d'excuse: - Je dis ça, mouĂ©, au fond, personnellement, ça me fait ni chaud ni froid. Le jour, je travaille Ă  la manufacture; le soir, je bois ma biĂšre. Au fond, c'est pas ça qui me dĂ©range. Mais c'est pour vous dire, vous comprenez... Je m'Ă©tais levĂ© moi aussi et je m'aperçus que je serrais la main au pĂšre Manseau. Je ne sais s'il se rendit compte de mon Ă©motion. Peu probable. Il n'en laissa, en tout cas, rien voir. Sans doute, sa mise en garde ne m'apprenait-elle rien de nouveau. Je savais Ă  quoi m'en tenir. Mais c'Ă©tait l'intention qui me touchait, le sentiment de fraternitĂ©, de solidaritĂ© peut-ĂȘtre que le pĂšre Manseau avait voulu exprimer - la fraternitĂ© d'un simple voisin de table tenu Ă  l'Ă©cart par ses concitoyens bien-pensants Ă  cause de son alcoolisme... ll me tira d'embarras en portant deux doigts Ă  la visiĂšre de sa casquette de cuir: - À la revoyure, m'sieur Jodoin, pis bonne chance, lĂ . Et il s'Ă©loigna, oscillant, Ă©carquillĂ©, de sa dĂ©marche raide de pantin, sans presque plier les genoux. Mon Ă©motion tomba vite; heureusement, car je n'aime pas ĂȘtre Ă©mu. D'ailleurs, ayant bu tout mon soĂ»l, j'Ă©tais protĂ©gĂ© des cinglures du monde extĂ©rieur.
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GĂ©rard Bessette (Le Libraire)
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Dans mon enfance, la SuĂšde Ă©tait un pays oĂč les gens reprisaient encore leurs chaussettes. J'ai mĂȘme appris Ă  le faire. Puis soudain, un jour, c'Ă©tait fini. On a commencer Ă  jeter les chaussettes trouĂ©es. Personne ne prenait plus la peine de les raccommoder. Toute la sociĂ©tĂ© s'est transformĂ©e. Le fait de jeter les affaires usĂ©es, c'est devenu la seule rĂšgle qui concernait vraiment tout le monde. Bon, il devait bien y en avoir qui continuaient Ă  repriser leurs affaires. Mails on ne les voyait plus. Aussi longtemps que ça ne concernait que les chaussettes, ce n'Ă©tait peut-ĂȘtre pas si grave. Mais le phĂ©nomĂšne s'est Ă©tendu. A la fin, c'est devenu comme une sorte de morale, invisible mais omniprĂ©sent. Je crois que ça a transformĂ© notre vision du bien et du mal: ce qu'on a le droit de faire aux autres, et ce qu'on ne peut pas leur faire. Tout est devenu tellement plus dur.
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Henning Mankell (The Fifth Woman (Kurt Wallander, #6))
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Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous reprĂ©sentons cette heure comme situĂ©e dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journĂ©e dĂ©jĂ  commencĂ©e et puisse signifier que la mort — ou sa premiĂšre prise de possession partielle de nous, aprĂšs laquelle elle ne nous lĂąchera plus — pourra se produire dans cet aprĂšs-midi mĂȘme, si peu incertain, cet aprĂšs-midi oĂč l’emploi de toutes les heures est rĂ©glĂ© d’avance. On tient Ă  sa promenade pour avoir dans un mois le total de bon air nĂ©cessaire, on a hĂ©sitĂ© sur le choix d’un manteau Ă  emporter, du cocher Ă  appeler, on est en fiacre, la journĂ©e est tout entiĂšre devant vous, courte, parce qu’on veut ĂȘtre rentrĂ© Ă  temps pour recevoir une amie; on voudrait qu’il fĂźt aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu d’une impĂ©nĂ©trable obscuritĂ©, a choisi prĂ©cisĂ©ment ce jour-lĂ  pour entrer en scĂšne, dans quelques minutes, Ă  peu prĂšs Ă  l’instant oĂč la voiture atteindra les Champs-ÉlysĂ©es.
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Marcel Proust
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Bref, je n’ai jamais compris le comment et le pourquoi de cette lubie. Et, vu le caractĂšre profondĂ©ment vicieux du personnage, je n’exclus pas qu’il ait inventĂ© sa fable dans l’unique but de me nuire. Mais le drĂŽle, dans l’histoire, c’est d’abord les proportions que prit la rumeur (le grand rabbin Sitruk, nouvellement Ă©lu, crut bon de s’en inquiĂ©ter et lui donna, ainsi, un Ă©cho inespĂ©rĂ©); et c’est, ensuite, la rĂ©action de ma mĂšre elle-mĂȘme quand, la chose commençant de s’imprimer dans des journaux communautaires qu’elle ne lisait certes pas (mais enfin, on ne sait jamais...), je dĂ©cidai de la mettre au courant. Je le fis avec mĂ©nagement. Je pris beaucoup de prĂ©cautions avant de formuler les termes de l’offense. Je jurai d’ailleurs, dans le mĂȘme souffle, que l’affront ne resterait pas impuni et que je n’aurais de cesse que de faire ravaler Ă  Hallier sa calomnie (ce que j’avais, du reste, dĂ©jĂ  fait en allant, le jour mĂȘme, l’interpeller chez Lipp, lui demander de me suivre sur le trottoir et, comme il s’y refusait, le bousculer sur place, Ă  sa table, prĂšs de la caisse - scandale qui fut assez mal pris et me valut une longue << interdiction de Lipp>> qui ne fut levĂ©e, des annĂ©es plus tard, qu’à la mort de <>
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Houllebecq, Levy
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Si tu ne te sens pas Ă  ta place, si tu as l’impression que personne ne peut te comprendre, que tu ne pourras jamais ĂȘtre toi-mĂȘme, sache qu’il n’y a rien qui cloche chez toi. C’est simplement que tu n’es pas au bon endroit ni avec les bonnes personnes.
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Nine Gorman & Marie Alhinho (Le Jour oĂč le soleil ne s'est plus levĂ© - Edition collector: La nuit oĂč les Ă©toiles se sont Ă©teintes - tome 2)
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Au centre de notre cerveau, les zones du systĂšme de rĂ©compense sont Ă  la base du comportement humain. Aire tegmentale ventrale, noyau accumbens, pallidum, hypothalamus, cortex prĂ©frontal. Vous croyez que vous ĂȘtes libre ? C’est une illusion. La prison est Ă  l’intĂ©rieur de votre crĂąne. Chaque fois que vous agissez d’une certaine façon, c’est parce que la dopamine vous motive Ă  le faire. Et vous recommencez parce que les opioĂŻdes et les cannabinoĂŻdes renforcent votre attachement au mĂȘme acte. Les neuromĂ©diateurs vous commandent. Vous devenez dĂ©pendant. Donnez les outils Ă  un rat, plantez-lui une Ă©lectrode au bon endroit du cerveau et une pĂ©dale pour dĂ©clencher une excitation Ă©lectrique, et il passera son temps Ă  s’autostimuler. Il Ă©prouvera une sensation de plaisir proche de l’orgasme et continuera indĂ©finiment, quitte Ă  mourir, Ă  bout de forces. C’est inscrit dans notre ADN de mammifĂšre. Le succĂšs est une drogue. Et comme toutes les drogues, on a envie de recommencer.
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Patrick Bauwen (Le Jour du chien (French Edition))
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Le lendemain (non pas le lendemain de ce vendredi 13 septembre 1940 oĂč il avait racontĂ© pour la Ă©niĂšme fois l’histoire de E.T.A. Hoffmann Ă  ses enfants, ni le lendemain du lendemain de ce jour, ni le lendemain d’un autre jour, non pas le lendemain, disons, mais plutĂŽt un lendemain, un lendemain prĂ©cis et imprĂ©cis Ă  la fois, un lendemain d’un jour tout aussi prĂ©cis et tout aussi imprĂ©cis, un lendemain certain et incertain si vous prĂ©fĂ©rez), Vicente Ă©tait parti de chez lui d’un pas dĂ©cidĂ©. Comme chaque homme, c’est-Ă -dire comme tous les hommes, de mĂȘme qu’il se levait le matin parfois d’un bon pied et parfois d’un mauvais pied, Vicente marchait de pas variĂ©s selon les occasions : pas rĂ©flĂ©chis, hĂ©sitants, furtifs, fugaces, pressĂ©s – ou, comme ce jour-lĂ , pas dĂ©cidĂ©s.
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Santiago H. Amigorena (Le Ghetto intérieur)
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C'est le manque de nouvelles sensations qui pousse a consommer plus pour obtenir du plaisir. Tout est question de culture et de gout. Mais accepter de regarder les choses avec les yeux d'une autre culture permet d'enrichir notre propre quotiden. Pour manger beau, bon et sain et en faire un style de vie, il faut enrayer la monotonie et la morosite. Manger beau, bon et sain fait partie des plus grands plaisirs de la vie. La beaute nourrit autant que les vitamines. Les Japonais considerent que la grandeur d'un repas tient a 50% dans sa presentation et a 50% dans son gout. L'esthetique en general et dans chaque detail du quotidien exerce des pouvoirs magiques sur notre moral, notre psychisme, notre bonheur. Il n'est pas necessaire d'avoir beaucoup de moyens, mais d'utiliser ce que l'on possede avec style, elegance et gout. Si les gens etaient davantage entoures de beaute, ils ressentiraient moins le besoin de consommer, de detruire, de gagner de l'argent a tout prix. Selon les Chinois, seul le sauvage et le barbare ne cuisinent pas. Tout Chinois eprouve le besoin de cuisiner pour se sentir vivre et apprivoiser le naturel qui sommeille au coeur de l'Homme. Nul exercice de yoga, nulle meditation dans une chapelle ne vous remontera plus le moral que la simple tache de fabriquer votre propre pain. M.F.K Fisher, The art of eating Le o bento est probablement l'une des formes du zen la plus pratique, populaire et accessible a tous: tout prevoir a l'avance, se prendre en charge sans dependre d'autrui, ne pas gaspiller et soigner sa sante tout en vivant avec art. La lassitude gastronomique conduit a une alimentation malsaine, a la morosite de la vie et a la maladie. Les taches domestiques seront peut-etre revalorisees le jour ou nous comprendrons l'importance qu'elles ont sur notre equilibre physique et psychologique. Il faut etre tres riche pour s'enrichir encore en se depouillant. L'art culinaire est devenu une mode, qui, comme tant d'autres formes de boulimie ( plaisir, bonheur, exotisme, depaysement ), nous susurre constamment: "changez, essayez, achetez". Les habitudes etant une seconde nature, tout ce a quoi nous nous habituons perd de son charme.
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Dominique Loreau (L'art de la frugalité et de la volupté)
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Pour rĂ©sumer : chaque jour, je ressemblais davantage Ă  la vieille paysanne russe attendant le train. Peu aprĂšs la rĂ©volution, ou aprĂšs une guerre ou une autre, la confusion rĂšgne au point que personne n'a idĂ©e de quand va pointer la nouvelle aube, et encore moins de quand va arriver le prochain train, mais la campagnarde chenue a entendu dire que celui-ci est prĂ©vu pour tantĂŽt. Vu la taille du pays, et le dĂ©sordre de ces temps, c'est une information aussi prĂ©cise que toute personne douĂ©e de raison est en droit d'exiger, et puisque la vieille n'est pas moins raisonnable que quiconque, elle rassemble ses baluchons de nourriture, ainsi que tout l’attirail nĂ©cessaire au voyage, avant de se oser Ă  cĂŽtĂ© de la voie ferrĂ©e. Quel autre moyen d'ĂȘtre sĂ»re d'attraper le train que de se trouver dĂ©jĂ  sur place lorsqu'il se prĂ©sentera ? Et le seul moyen d'ĂȘtre lĂ  Ă  l'instant voulu, c'est de rester lĂ  sans arrĂȘt. Évidemment, il se peut que ce convoi n'arrive jamais, ni un autre. Cependant, sa stratĂ©gie a pris en compte jusqu'Ă  cette Ă©ventualitĂ© : le seul moyen de savoir s'il y aura un train ou pas, c'est d'attendre suffisamment longtemps ! Combien de temps ? Qui peut le dire ? AprĂšs tout, il se peut que le train surgisse immĂ©diatement aprĂšs qu'elle a renoncĂ© et s'en est allĂ©e, et dans ce cas, toute cette attente, si longue eĂ»t-elle Ă©tĂ©, aurait Ă©tĂ© en vain. Mouais, pas trĂšs fiable, ce plan, ricaneront certains. Mais le fait est qu'en ce monde personne ne peut ĂȘtre complĂštement sĂ»r de rien, n'est-ce pas ? La seule certitude, c'est que pour attendre plus longtemps qu'une vieille paysanne russe, il faut savoir patienter sans fin. Au dĂ©but, elle se blottit au milieu de ses baluchons, le regard en alerte afin de ne pas manquer la premiĂšre volute de fumĂ©e Ă  l'horizon. Les jours forment des semaines, les semaines des mois, les mois des annĂ©es. Maintenant, la vieille femme se sent chez elle : elle sĂšme et rĂ©colte ses modestes moissons, accomplit les tĂąches de chaque saison et empĂȘche les broussailles d'envahir la voie ferrĂ©e pour que le cheminot voie bien oĂč il devra passer. Elle n'est pas plus heureuse qu'avant, ni plus malheureuse. Chaque journĂ©e apporte son lot de petites joies et de menus chagrins. Elle conjure les souvenirs du village qu'elle a laissĂ© derriĂšre elle, rĂ©cite les noms de ses parents proches ou Ă©loignĂ©s. Quand vous lui demandez si le train va enfin arriver, elle se contente de sourire, de hausser les Ă©paules et de se remettre Ă  arracher les mauvaises herbes entre les rails. Et aux derniĂšres nouvelles, elle est toujours lĂ -bas, Ă  attendre. Comme moi, elle n'est allĂ©e nulle part, finalement ; comme elle, j'ai cessĂ© de m'Ă©nerver pour ça. Pour sĂ»r, tout aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent si elle avait pu compter sur un horaire de chemins de fer fiable, et moi sur un procĂšs en bonne et due forme. Le plus important, c'est que, l'un comme l'autre, nous avons arrĂȘtĂ© de nous torturer la cervelle avec des questions qui nous dĂ©passaient, et nous nous sommes contentĂ©s de veiller sur ces mauvaises herbes. Au lieu de rĂȘver de justice, j'espĂ©rais simplement quelques bons moments entre amis ; au lieu de rĂ©unir des preuves et de concocter des arguments, je me contentais de me rĂ©galer des bribes de juteuses nouvelles venues du monde extĂ©rieur ; au lieu de soupirer aprĂšs de vastes paysages depuis longtemps hors de portĂ©e, je m'Ă©merveillais des moindres dĂ©tails, des plus intimes changements survenus dans ma cellule. Bref, j'ai conclus que je n'avais aucun pouvoir sur ce qui se passait en dehors de ma tĂȘte. Tout le reste rĂ©sidait dans le giron Ă©nigmatique des dieux prĂ©sentement en charge. Et lorsque j'ai enfin appris Ă  cesser de m'en inquiĂ©ter, l'absolution ainsi confĂ©rĂ©e est arrivĂ©e avec une Ă©tonnante abondance de rĂ©confort et de soulagement.
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Andrew Szepessy (Epitaphs for Underdogs)
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De retour Ă  la caserne, le fusil rangĂ© au rĂątelier, aprĂšs ablutions et avoir revĂȘtu notre tenue kakie, nous nous rĂ©pandions dans la ville. Certains d'entre nous, les plus mĂąles sinon les plus hardis, avaient rendez-vous dans les cafĂ©s avec de jeunes femmes dont les maris creusaient ailleurs. PĂąles, les yeux cernĂ©s, le sein mobile, ces jeunes et frĂ©missantes crĂ©atures s'accrochaient au prĂ©sent : nos uniformes. Carapaces dont elles nous dĂ©barrassaient dans le secret de chambres initiatiques oĂč elles n'avaient pas tardĂ© Ă  nous entrainer. Comme il Ă©tait bon de quitter leggings, ceinturon, drap, flanelle, et, enfin nus, de se ressembler ! Comme il Ă©tait bon d'inventer notre lĂ©gende, d'afficher l'insolence de nos vingt ans ! En avance de plusieurs lunes sur notre dĂ©pucelage, expertes et ne demandant qu'Ă  l'ĂȘtre davantage, ces jeunes mariĂ©es fleurant la veuve nous Ă©tourdissaient de voluptĂ©s pressenties. Ô fiĂšvres des lits adultĂšres ! Le sentiment de se trouver en marge de notre destin (mais le destin nous avait placĂ©s lĂ , Ă  cette date et en ce lieu) portait nos Ă©treintes Ă  des violences extrĂȘmes, parfois proches du dĂ©sespoir. Cette guerre nĂ©buleuse, fantomatique, dont on osait croire qu'elle allait, un beau jour, s'Ă©vanouir par miracle, prit soudain son vĂ©ritable visage. Le 10 mai 1940, la foudre s'abattit sur une fraction du globe. Les Prussiens - encore eux ! -, enflĂ©s de leurs nombreux cousins, attaquaient la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. Sans aucun "prĂ©avis". Sans avoir pris de gants ! Le monde civilisĂ© Ă©tait horrifiĂ© ; il ne trouvait point de termes assez durs pour dĂ©noncer cette « odieuse agression », cette « barbarie d'un autre Ăąge », pour flĂ©trir la violation de neutralitĂ© de ces trois petits (et courageux) pays qui ne demandaient qu'Ă  rester neutres !
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René de Obaldia (Exobiographie (Les Cahiers Rouges) (French Edition))
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Je crois faire Ɠuvre de bon Roumain, en publiant ce livre, pour lequel j'ai puisĂ© dans les notes que j'ai prises, au jour le jour, Ă  la montagne; sa destination est de faire connaĂźtre au moins un coin de mon beau pays que les Roumains mĂ©connaissent tant et que les Ă©trangers ne connaissent pas du tout. Mais il y a plus : l'affabulation de ce livre est la preuve que le cƓur de son auteur, comme celui de tout Roumain bien pensant, est partagĂ© entre l'amour pour son pays de naissance la Roumanie et l'inaltĂ©rable affection et reconnaissance qu'il garde Ă  son pays d'Ă©lection, la France. Quoi que fassent les mesquines combinaisons de la politique, les cƓurs roumains battront toujours Ă  l'unisson des cƓurs français. Les Roumains ne devront jamais oublier la dette de gratitude qu'ils ont contractĂ©e envers la grande sƓur latine qui, gĂ©nĂ©reusement, les secourut aux heures troubles oĂč leur idĂ©al de libertĂ© Ă©tait Ă©tranglĂ© par des voisins puissants et accapareurs [...] Et je ne me lasserai pas de rĂ©pĂ©ter que, Roumain, j'ai fait dans mon cƓur deux places Ă©gales pour deux patries : la France et la Roumanie. (Extrait de "Au lecteur")
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Nestor Urechia (Dans les Carpathes roumaines, les Bucégi)
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Toute culture a son mythe essentiel qui se rĂ©vĂšle et que l'on retrouve dans toutes les grandes crĂ©ations de celle-ci. La vie spirituelle des Roumains a Ă©tĂ© dominĂ©e par deux mythes qui expriment, avec une parfaite spontanĂ©itĂ©, leur vision spirituelle sur l'Univers et sur la valeur de l'existence. Le premier est la lĂ©gende du contremaĂźtre Manole qui, selon la tradition, aurait Ă©difiĂ© la superbe cathĂ©drale de Curtea de Argeș. La lĂ©gende dit que tout ce que Manole et son Ă©quipe construisaient le jour s'Ă©croulait pendant la nuit. Pour rester debout, l'Ă©difice avait besoin d'une Ăąme, ce qui n'Ă©tait possible qu'en sacrifiant un ĂȘtre humain. AprĂšs avoir compris la cause pour laquelle leur Ɠuvre Ă©tait caduque, Manole et ses ouvriers dĂ©cidĂšrent de murer vivante la premiĂšre personne qui s'approcherait de l'endroit oĂč ils travaillaient. Le lendemain, au petit matin, Manole aperçut au loin sa femme qui, portant leur enfant dans ses bras, venait leur apporter le repas. Manole pria alors Dieu de dĂ©clencher une tempĂȘte pour que sa femme rebrousse chemin. Mais les rafales de la pluie, que Dieu avait provoquĂ©e sur sa priĂšre, ne purent pas arrĂȘter l'Ă©pouse prĂ©destinĂ©e. Le contremaĂźtre Manole fut donc obligĂ© de murer, lui-mĂȘme, vivants, sa femme et son fils pour respecter son serment et rĂ©ussit ainsi Ă  achever la magnifique Ă©glise qui ne s'Ă©croula jamais depuis. [
] Plus que la lĂ©gende du contremaĂźtre Manole, les Roumains se reconnaissent dans la superbe poĂ©sie populaire Miorița, que l'on rencontre partout dans d’innombrables versions. On l'appelle « poĂ©sie populaire » mais, comme toutes les grandes crĂ©ations de gĂ©nie d'un peuple, elle prĂ©sente des affinitĂ©s avec la religion, la morale et la mĂ©taphysique. C'est l'histoire simple et sincĂšre d'un berger qui, averti par une brebis sur le danger imminent d'ĂȘtre tuĂ© par deux compagnons jaloux de ses moutons, au lieu de prendre la fuite accepte la mort. Cette sĂ©rĂ©nitĂ© devant la mort, cette modalitĂ© de la considĂ©rer comme des noces mystiques avec le Tout, connaĂźt dans Miorița des accents inĂ©galables. C'est une vision originale sur la vie et la mort–cette derniĂšre conçue comme une jeune mariĂ©e promise au monde entier–qui n'est pas exprimĂ©e en termes philosophiques mais sous une forme lyrique admirable. [
] Les deux mythes, celui du contremaĂźtre Manole et celui de Miorița, sont d'autant plus intĂ©ressants que les Roumains ne peuvent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s, en gĂ©nĂ©ral, des « mystiques ». C'est un peuple croyant, mais Ă  la fois humain, naturel, vigoureux, optimiste, qui rejette la frĂ©nĂ©sie et l'exaltation que l'idĂ©e de « mysticisme » suppose. Le bon sens est la forme dominante de sa vie spirituelle.
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Mircea Eliade
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Maintenant arrive la morale et se dissĂ©minent les grains de sel : de nos jours, un simple travailleur est la scie. Une entorse Ă  l'honneur de la famille, un stigmate sur son bon renom, alors que le petit poignard aiguisĂ© est un gagnant— dans le mĂȘme temps il tue et l'on rĂ©cite des bĂ©nĂ©dicitĂ©s Ă  sa louange. [Now comes the moral and sprinkles the grain of salt : to this day, a simple worker is the saw. A fault in the family's honor, on its good name a blight, while the sharp little knife is out successing— he both kills and over him they recite a blessing.] The Slaughtering Knife and the Saw (Le Poignard et la scie), p. 169
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Eliezer Shtaynbarg (The Jewish Book of Fables: The Selected Works of Eliezer Shtaynbarg (Judaic Traditions in Literature, Music, and Art))
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Ah oui, c’est vrai. Sur la terrasse du Narval, aucun des habituĂ©s ne prĂȘta attention Ă  leur passage. Il faisait encore trĂšs bon en cette fin de journĂ©e et les consommateurs profitaient de ces instants de calme, de la circulation presque nulle et du ciel irrĂ©prochable en buvant un verre ou en grattant un Morpion. Pourtant, il y avait au fond de cette quiĂ©tude comme une contrariĂ©tĂ©, un sentiment de compte Ă  rebours qui nuisait mĂȘme aux heures les plus douces. C’était une impression nouvelle dont on n’aurait pas su dater l’origine, ni expliquer vraiment la cause. Chaque plaisir semblait maintenant contenir en lui cette humeur de fin de permission, chaque moment privilĂ©giĂ© prenait l’aspect d’un dernier jour des vacances. Comme si le retour des saisons n’était plus garanti. En attendant, autour de cette place banale, avec son PMU, sa boulangerie, son agence immobiliĂšre, et non loin de l’église toujours vide, un monde jouissait pleinement de son sursis. Et en ce beau dimanche de mai qui tirait vers le soir, le temps Ă©tait si bon, la vie si patiente qu’il Ă©tait presqu’impossible de deviner l’immense accumulation de gaz qui ronflait dans les caves de cet univers inquiet de sa fin.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Bon jour, monsieur!" she said in lilting Bordeaux French. Cable nodded stiffly and acknowledged her friendly greeting. "Today," she continued, "we shall expect you and Monsieur Benny for luncheon at one o'clock. The French people are expecting you." She nodded and bowed and smiled, and Cable had to accept her kind offer. His mother had often instructed him that one of the finest courtesies women can extend... one of the few, in fact... is an invitation to a dinner prepared by themselves. A gentleman must accept, and graciously. p181
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James A. Michener
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Gregor voulait ĂȘtre un bon Allemand, pourtant il ne se laissait pas convaincre. Il disait qu'en donnant un jour Ă  quelqu'un, on le condamnait Ă  mort. Mais la guerre finira par finir, objectais-je. Ce n'est pas la guerre, rĂ©pondait-il, c'est la vie : tout le monde meurt, forcĂ©ment.
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Rosella Postorino (At the Wolf's Table)
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Contre une qualification trop "islamique" des fuqarĂą on entendait de la Suisse (notamment en 1946), des rappels de ce genre: "Nous ne sommes entrĂ©s en Islam que pour en sortir!" Une fois vous demandiez charitablement Ă  un faqĂźr français: "On est toujours 100% musulman Ă  Paris ?" Et vous ajoutiez trĂšs avantageusement: "Ici (Ă  Lausanne) on est plutĂŽt hindou !" Eh bien, vous l'avez Ă©tĂ© tellement qu'un beau jour une bonne part de vos disciples suisses se sont dĂ©cidĂ©s d'aller voir cela de plus prĂšs du cĂŽtĂ© hindou mĂȘme, mais malheureusement Ă  cette occasion ils sont "sortis" pour de bon de l'Islam ! A ce chapitre il faut noter aussi que les fuqarĂą ne savent pas "prier" en tant que musulmans; c'est lĂ  une trĂšs grande lacune qui explique le manque d'activitĂ© spirituelle chez beaucoup et l'absence d'intĂ©rĂȘt Ă  leur vie islamique. (Lettre de M.VĂąlsan Ă  F.Schuon, novembre 1950)
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Michel VĂąlsan
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Ce faisant, votre existence va changer : vous rencontrerez de nouvelles personnes et dĂ©couvrirez de nouvelles choses sur vous-mĂȘme. Toutefois, vous n’atteindrez pas votre objectif immĂ©diatement ; pour y arriver, vous devrez ĂȘtre en permanence concentrĂ© sur lui, devenir une machine que rien ne peut arrĂȘter. Chaque jour sera une occasion d’apprendre, de progresser, d’évoluer dans le bon sens.
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Eleanor Martel (ANTHONY ROBBINS "RĂ©sumĂ© DĂ©taillĂ© et Complet De Trois Grandes ƒuvres": Pouvoir illimitĂ©, L’éveil de votre puissance intĂ©rieure, Les onze lois de la rĂ©ussite (French Edition))
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Hé, prends un bon café et fais une pause, pense à ton avenir, ça vaut vraiment le coup? Se sentir peiné jour et nuit à cause de toute la stupidité qui vous entoure.
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sami abouzid
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Sans la musique, j’aurais fini au cabanon comme Nijinski. (Ce fut justement vers cette Ă©poque qu’on s’aperçut qu’il Ă©tait fou. Ne s’amusait-il pas Ă  distribuer tout son argent aux pauvres – mauvais signe, toujours !) Mon esprit regorgeait de trĂ©sors extraordinaires, j’avais le goĂ»t aigu et exigeant, les muscles en excellent Ă©tat, l’appĂ©tit vigoureux, le souffle bon. Je n’avais rien Ă  faire que profiter, me perfectionner et je faisais tant de progrĂšs tous les jours que j’en devenais fou. MĂȘme s’il se prĂ©sentait un travail convenable, je ne pouvais l’accepter ; ce dont j’avais besoin, c’était, non de travail, mais d’une vie plus riche. Je ne pouvais perdre mon temps Ă  donner des leçons, Ă  devenir avocat, mĂ©decin, politicien, Ă  rĂ©pondre aux offres de la sociĂ©tĂ©. Mieux valait accepter des besognes serviles ; elles me laissaient ma libertĂ© d’esprit. Je perdis ma place d’éboueur.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Le jour passait ainsi, tant bien que mal, Ă  manger beaucoup et boire de mĂȘme ; grand soleil fort ; bagnole pour nous trimbaler ; cigare de temps Ă  autre ; petit somme sur la plage ; revue de dĂ©tail des connasses qui passaient ; bavardages en tous genres ; un peu de rigolade ; quelques chansons aussi – une journĂ©e comme tant et tant d’autres passĂ©es en compagnie de MacGregor. En de pareils jours, j’avais l’impression que la roue cessait de tourner. En surface ce n’était que gaietĂ© et bon temps ; les heures passaient comme un rĂȘve gluant. Mais sous la surface c’était la fatalitĂ©, le domaine des prĂ©monitions qui me laissaient le lendemain dans un Ă©tat d’inquiĂ©tude morbide. Je savais parfaitement qu’il me faudrait rompre un jour, parfaitement que je passais le temps comme on passe une envie de pisser. Mais je savais aussi que je n’y pouvais absolument rien – pour le moment. J’attendais un Ă©vĂ©nement, Ă©norme, qui me ferait perdre l’équilibre. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’ĂȘtre bousculé ; mais il n’y avait qu’une force extĂ©rieure au monde oĂč je vivais qui pĂ»t me donner le choc nĂ©cessaire. De cela j’étais sĂ»r. Je ne pouvais me ronger le cƓur : c’eĂ»t Ă©tĂ© aller contre ma nature. Ma vie durant, tout avait toujours tournĂ© au mieux – Ă  la fin. Il n’était pas Ă©crit dans les cartes que je dusse m’épuiser en effort. Il fallait faire la part de la Providence – part entiĂšre, dans mon cas. J’avais contre moi toutes les apparences : j’étais guignard, eĂ»t-on dit, je ne savais pas mener ma barque ; mais rien ne pouvait m’îter de la tĂȘte que j’étais nĂ© coiffĂ©. Doublement coiffĂ© mĂȘme. Vue de l’extĂ©rieur, la situation n’était pas brillante, d’accord – mais ce qui m’inquiĂ©tait plus encore, c’était la situation intĂ©rieure. Tout en moi m’effrayait : mes appĂ©tits, ma curiositĂ©, ma souplesse, ma permĂ©abilitĂ©, ma mallĂ©abilitĂ©, mon naturel, mon pouvoir d’adaptation. En soi, aucune situation ne me faisait peur : je ne pouvais me voir autrement que prenant toutes mes aises, comme une fleur, ou mieux comme l’abeille sur la fleur, en train de butiner. MĂȘme si je m’étais retrouvĂ© en taule un beau matin, je suis sĂ»r que j’y aurais pris un certain plaisir. La raison, j’imagine, en Ă©tait que je savais opposer la force d’inertie. D’autres s’usaient Ă  tirer sur la corde, Ă  se dĂ©mener, Ă  se tendre Ă  craquer ; ma stratĂ©gie Ă©tait de flotter au grĂ© de la marĂ©e. Je me souciais beaucoup moins de ce qu’on pouvait me faire que du mal que se faisaient les autres Ă  eux-mĂȘmes ou entre eux. Je me sentais si bien, en dedans de moi, que je ne pouvais faire autrement que de prendre Ă  charge et Ă  cƓur le monde entier et ses problĂšmes. C'est pourquoi j’étais tout le temps dans la mouise. Il n’y avait entre ma destinĂ©e et moi aucun synchronisme, pour ainsi dire.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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La vie, la vraie, celle qu’il faut gagner tous les jours avec force. La sortir de sa cachette, tout prendre, le merveilleux, le bon, le mauvais, l’inavouable. La vie, faut l’absorber goulĂ»ment, Ă  s’en rendre malade, Ă  s’en dĂ©foncer les tripes et les Ă©motions. À toi la vie ! Sans se poser de questions et sans aucune honte.
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Bruno Combes (Je ne cours plus qu'aprĂšs mes rĂȘves)
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Le jour de ton audition, tu percevais vaguement que tu Ă©tais Ă  cĂŽtĂ©, de toutes sortes de façons. Tu ne pouvais pas encore nommer ce dĂ©calage, mais il te deviendrait vite familier. Il te suivrait jusqu'Ă  la fin. Jamais tu ne perdrais complĂštement le sentiment d'ĂȘtre un imposteur dans cet univers, un bĂątard Ă©garĂ© parmi les chiens de race.
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Sarah Desrosiers (Bon chien)
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Le parc d’État de l’üle Saint George me convient parfaitement. DĂ©jĂ  isolĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une Ăźle protĂ©gĂ©e des foules par un pont Ă  pĂ©age, il est presque dĂ©sert en cette saison. Je peux courir sur la plage au moins une heure chaque matin sans rencontrer personne. Seul un hĂ©ron me voit venir, s’envole Ă  mon approche et va se poser un peu plus loin, pour repartir dĂšs que j’arrive encore trop prĂšs Ă  son goĂ»t. AprĂšs avoir rĂ©pĂ©tĂ© quatre ou cinq fois ce manĂšge, il fuit vers la mer, me contourne Ă  bonne distance et revient se poser Ă  son premier point de dĂ©part. À mon retour, une demi-heure plus tard, il recommence. VoilĂ  deux jours que cela se passe ainsi, et il n’a pas encore appris Ă  me contourner pour de bon la premiĂšre fois qu’il m’aperçoit. S’il n’avait pas sa tĂȘte Ă©bouriffĂ©e et prĂ©tentieuse de hĂ©ron, on pourrait croire qu’il veut jouer.
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François Barcelo (Le voyageur à six roues)
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[...] les attentes envers les hommes sont si faibles qu'on les fĂ©licite chaque jour d'accomplir des tĂąches absolument ordinaires, comme faire la vaisselle. [...] Quand on contribue Ă  perpĂ©tuer et Ă  glorifier le mythe de "l'homme bon", on participe aussi Ă  faire en sorte que les comportements rĂ©prĂ©hensibles de "l'homme typique" soient passĂ©s sous silence, et mĂȘme Ă  les permettre.
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Vivek Shraya (I'm Afraid of Men)