Blanc Et Noir Quotes

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Rien n'est tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gangne. Les hommes et leurs Ăąmes, c'est pareil... T'es une Ăąme grise, joliment grise, comme nous tous...
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Philippe Claudel (Grey Souls)
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Je ne sais pas pour vous mais, au dĂ©but de ma vie, il n'y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celle que j'adorais et celles que je dĂ©testais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prĂȘte Ă  tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite on grandit. Entre le noir et le blanc, on dĂ©couvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l'on aime quand mĂȘme un peu et ceux que l'on prend pour des proches et qui n'arrĂȘtent pas de vous planter des couteaux dans le dos.
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Gilles Legardinier (Demain j'arrĂȘte!)
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Les mauvaises langues ont l'habitude de voir leurs cobayes tout en noir ou tout en blanc et de leur attribuer des défauts ou des mobiles que le style sténographique de la conversation peut aisément suggérer.
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John le Carré (Call for the Dead (George Smiley, #1))
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...Hiver bouclé comme un bison, Hiver crispé comme la mousse de crin blanc, Hiver aux puits d'arsenic rouge, aux poches d'huile et de bitume, Hiver au goût de skunk et de carabe fumée de bois de hickory, Hiver aux prismes et aux critaux dans les carrefours de diamant noir, Hiver sans thyrses ni flambeaux, Hiver sans roses ni piscines, Hiver ! Hiver! tes pommes de cÚdre de vieux fer! tes fruits de pierre! tes insectes de cuivre !
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Saint-John Perse (Vents suivi de Chronique)
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TraĂźne pas trop sous la pluie C'est pas Bogota c'est Paris Il y avait du cygne blanc dans cette fille-lĂ  et puis du cygne noir
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Richard Bohringer (TraĂźne pas trop sous la pluie)
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Bourgeoises, elles sont solidaires des bourgeois et non des femmes prolétaires ; blanches des hommes blancs et non des femmes noires
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Simone de Beauvoir (The Second Sex)
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L’étoile a pleurĂ© rose au cƓur de tes oreilles, L’infini roulĂ© blanc de ta nuque Ă  tes reins La mer a perlĂ© rousse Ă  tes mammes vermeilles Et l’Homme saignĂ© noir Ă  ton flanc souverain.
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Arthur Rimbaud (Poésies complÚtes)
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Pour que vous parveniez à bien nous comprendre, il vous faudrait vivre longtemps , entourées de Noirs, en Afrique, et loin des Blancs dont la civilisation trop poussée finit par tout détruire !
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Guy des Cars
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La parole éblouit et trompe, parce qu'elle est mimée par le visage, parce qu'on la voit sortir des lÚvres, et que les lÚvres plaisent et que les yeux séduisent. mais les mots noirs sur le papier blanc, c'est l'ùme toute nue.
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Guy de Maupassant
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l'appartement en noir et blanc maintenant les plus belles actrices debout derriĂšre les insectes quelque chose tombe c'est quelque chose d'autre la riviĂšre : elle passe ici dans tes mains le drame : avoir dormi deux heures dans le coffre du char le mystĂšre : il n'y a pas de char ce qui est vrai : un oiseau qui ronfle entre deux siĂšcles.
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Frédéric Dumont (VoliÚre)
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Parce que le mot à leurs yeux ne devient vraiment gros que lorsqu'on l'écrit, on s'en "branle" à l'oral, on s'en "bat les couilles à longueur de journée, on "nique ta mÚre" à tire larigot. Mais trouver le mot "couille" ou le verbe "branler" et "niquer" noir sur blanc, dans un livre, quand leur place est sur les murs des toilettes, alors ça...
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Daniel Pennac
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Il faut que vous compreniez que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter et de dĂ©ranger les minoritĂ©s. (...) Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord? (...) Les noirs n'aiment pas Little Black Sambo, brĂ»lons le. La Case De L'oncle Tom met les blancs mal Ă  l'aise, brĂ»lons le. Quelqu'un a Ă©crit un livre sur le tabac et le cancer des poumons? Les fumeurs pleurnichent? BrĂ»lons le livre.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Et Aldous ouvrit le bal. Il leva bien haut sa batte, comme un chef d’orchestre sa baguette. Un grand silence suivit l’échauffement cacophonique des instruments. Chacun retint son souffle. Et musique, maestro ! Aldous abattit son arme, au hasard. A son signal, toutes les cordes vocales se mirent Ă  vibrer et toutes les belles Ă  tourner, tourner, et encore tourner. RĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique. SoulevĂ©s par un vent de terreur, les tissus se mĂȘlĂšrent, se rapprochĂšrent, se croisĂšrent par vagues successives. Ce fut un ballet magnifique de voiles, un spectacle de derviches revisitĂ© par Pina Bausch. Aldous donna la cadence de la chorĂ©graphie. Jason rythma la symphonie des hurlements, staccato, andante, mezzo forte, forte, fortissimo
 Du Beethoven. Au blanc et noir de cette voliĂšre d’hirondelles secouĂ©e se mĂȘla bientĂŽt le rouge, d’abord par traces impressionnistes, puis par nappes fauves.
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Antoine Buéno (Le Soupir de l'immortel)
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- Dites-moi, vous qui ĂȘtes sage, qu'est-ce qu'il y a dans votre esprit ? - Dans mon esprit, il y a deux chiens, un noir et un blanc. Le noir est le chien de la haine, de la colĂšre et du pessimisme. Le blanc est celui de l'amour, de la gĂ©nĂ©rositĂ© et de l'optimisme. Ils se battent tout le temps. Le disciple est un peu surpris. - Deux chiens ? Qui se battent ? - Oui, pratiquement tout le temps. - Et lequel gagne ? - Celui que je nourris le plus.
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Raphaëlle Giordano (Ta deuxiÚme vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une)
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On a dit qu’une citĂ© dont les membres auront une Ă©gale rĂ©partition de bien et d'Ă©ducation prĂ©sentera aux regards de la DivinitĂ© un spectacle au-dessus du spectacle de la citĂ© de nos pĂšres. La folie du moment est d'arriver Ă  l'unitĂ© des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l'espĂšce entiĂšre, soit ; mais en acquĂ©rant des facultĂ©s gĂ©nĂ©rales, toute une sĂ©rie de sentiments privĂ©s ne pĂ©rira-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces ĂȘtres blancs, jaunes, noirs, rĂ©putĂ©s vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frĂšre. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace bornĂ© que vous aperceviez de votre fenĂȘtre encadrĂ©e de lierre ? Au-delĂ  de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait Ă  peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu Ă  l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaĂźtraient pas Ă  vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiĂ©s et vos amours ; que le gĂ©missement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre Ăąme ne serait troublĂ©e, que vous y rencontreriez toujours les pensĂ©es qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez oĂč vous Ă©tiez nĂ©, vous saviez oĂč Ă©tait votre tombe ; en pĂ©nĂ©trant dans la forĂȘt vous pouviez dire : Beaux arbres qui m’avez vu naĂźtre, BientĂŽt vous me verrez mourir
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François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
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Refusant de multiplier les Ă©lĂ©ments, nous risquons de ne pas dĂ©limiter le foyer ; or, il est important de dire au Noir que l’attitude de rupture n’a jamais sauvĂ© personne ; et s’il est vrai que je dois me libĂ©rer de celui qui m’étouffe parce que vĂ©ritablement je ne puis pas respirer, il demeure entendu que sur la base physiologique : difficultĂ© mĂ©canique de respiration, il devient malsain de greffer un Ă©lĂ©ment psychologique : impossibilitĂ© d’expansion. Qu’est-ce Ă  dire ? Tout simplement ceci : lorsqu’un Antillais licenciĂ© en philosophie dĂ©clare ne pas prĂ©senter l’agrĂ©gation, allĂ©guant sa couleur, je dis que la philosophie n’a jamais sauvĂ© personne. Quand un autre s’acharne Ă  me prouver que les Noirs sont aussi intelligents que les Blancs, je dis : l’intelligence non plus n’a jamais sauvĂ© personne, et cela est vrai, car si c’est au nom de l’intelligence et de la philosophie que l’on proclame l’égalitĂ© des hommes, c’est en leur nom aussi qu’on dĂ©cide leur extermination.
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Frantz Fanon (Peau noire, masques blancs)
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Donna Tosacana Ă©tait devenue une femme imposante, toujours vĂȘtue de noir depuis la mort de son mari. Sous la soie noire extĂ©rieure, elle portait des jupons, quatre jupons aux couleurs vives. Ses chevilles enflĂ©es ressemblaient Ă  des goitres. Ses minuscules chaussures paraissaient prĂȘtes Ă  Ă©clater sous la pression de ses cente vingt-cinq kilos. Une douzaine de seins superposĂ©s semblaient s'Ă©craser sur sa poitrine. Elle Ă©tait bĂątie comme une pyramide, sans hanches. Ses bras Ă©taient si charnus qu'ils ne tombaient pas Ă  la verticale, mais faisaient un angle avec son corps ; ses doigts enrobĂ©s de graisse Ă©voquaient des saucisses. Elle n'avait quasiment pas de cou. Quand elle tournait la tĂȘte, les bourrelets de chair se dĂ©plaçaient avec la lenteur mĂ©lancolique de la cire molle. On voyait son crĂąne rose Ă  travers ses cheveux blancs clairsemĂ©s. Son nez Ă©tait mince et exquis, mais ses yeux Ă©voquaient deux raisins noirs Ă©crasĂ©s. DĂšs qu'elle parlait, ses fausses dents jacassaient dans l'idiome qui leur Ă©tait propre.
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John Fante (Wait Until Spring, Bandini (The Saga of Arturo Bandini, #1))
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DĂ©lires II Alchimie du verbe À moi. L’histoire d’une de mes folies. Depuis longtemps je me vantais de possĂ©der tous les paysages possibles, et trouvais dĂ©risoires les cĂ©lĂ©britĂ©s de la peinture et de la poĂ©sie moderne. J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, dĂ©cors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littĂ©rature dĂ©modĂ©e, latin d’église, livres Ă©rotiques sans orthographe, romans de nos aĂŻeules, contes de fĂ©es, petits livres de l’enfance, opĂ©ras vieux, refrains niais, rythmes naĂŻfs. Je rĂȘvais croisades, voyages de dĂ©couvertes dont on n’a pas de relations, rĂ©publiques sans histoires, guerres de religion Ă©touffĂ©es, rĂ©volutions de mƓurs, dĂ©placements de races et de continents: je croyais Ă  tous les enchantements. J’inventai la couleur des voyelles! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. — Je rĂ©glai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poĂ©tique accessible, un jour ou l’autre, Ă  tous les sens. Je rĂ©servais la traduction. Ce fut d’abord une Ă©tude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.
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Arthur Rimbaud (Une saison en enfer (French Edition))
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« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonnĂ© dans le silence de la nuit s’il l’avait laissĂ©e s’échapper. Il semblait surexcitĂ© et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les Ăąmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelĂ©e. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de gĂ©nie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cƓur gai, ce soir-lĂ , dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maĂźtre. » Le poĂšte rĂ©pondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques annĂ©es. La vie est une cĂŽte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre Ăąge, on est joyeux. On espĂšre tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit Ă  rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, oĂč c’est fini de rire, comme on dit, parce que derriĂšre tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez mĂȘme pas ce mot-lĂ , vous, la mort. À votre Ăąge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni Ă  propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bĂȘte rongeuse. Je l’ai sentie peu Ă  peu, mois par mois, heure par heure, me dĂ©grader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a dĂ©figurĂ© si complĂštement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais Ă  trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et mĂ©chante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une Ăąme dĂ©sespĂ©rĂ©e qu’elle enlĂšvera bientĂŽt aussi. » « Oui, elle m’a Ă©miettĂ©, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon ĂȘtre, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hĂąte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rĂȘver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
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Guy de Maupassant
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Cette sĂ©paration alchimique, si dangereuse que les philophes hermĂ©tiques n’en parlaient qu’à mots couverts, si ardue que de longues vies s’étaient usĂ©es en vain Ă  l’obtenir, il l’avait confondue jadis avec une rĂ©bellion facile. Puis, rejetant ce fatras de rĂȘvasseries aussi antiques que l’illusion humaine, ne retenant de ses maĂźtres alchimistes que quelques recettes pragmatiques, il avait choisi de dissoudre et de coaguler la matiĂšre dans le sens d’une expĂ©rimentation faite avec le corps des choses. Maintenant, les deux branches de la parabole se rejoignaient ; la mors philosophica, s’était accomplie : l’opĂ©rateur brĂ»lĂ© par les acides de la recherche Ă©tait Ă  la fois sujet et objet, alambic fragile et, au fond du rĂ©ceptacle, prĂ©cipitĂ© noir. L’expĂ©rience qu’on avait cru pouvoir confiner Ă  l’officine s’était Ă©tendue Ă  tout. S’en suivait-il que les phases subsĂ©quentes de l’aventure alchimique fussent autre chose que des songes, et qu’un jour il connaĂźtrait aussi la puretĂ© ascĂ©tique de l’ ƒuvre au Blanc, puis le triomphe de l’esprit et des sens qui caractĂ©rise l’ ƒuvre au Rouge ? Du fond de la lĂ©zarde naissait une ChimĂšre. Il disait Oui par audace, comme autrefois par audace il avait dit Non. Il s’arrĂȘtait soudain, tirant violemment sur ses propres rĂȘnes. La premiĂšre phase de l’ƒuvre avait demandĂ© toute sa vie. Le temps et les forces manquaient pour aller plus loin, Ă  supposer qu’il y eĂ»t une route, et que par cette route un homme pĂ»t passer. Ou ce pourrissement des idĂ©es, cette mort des instincts, ce broiement des formes preque insupportables Ă  la nature humaine seraient rapidement suivis par la mort vĂ©ritable, et il serait curieux de voir par quelle voie, ou l’esprit revenu des domaines du vertige reprendrait ses routines habituelles, muni seulement de facultĂ©s plus libres et comme nettoyĂ©es. Il serait beau d’en voir les effets.
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Marguerite Yourcenar
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Quand Marco passait, tous les jeunes hommes Se penchaient pour voir ses yeux, des Sodomes OĂč les feux d'Amour brĂ»laient sans pitiĂ© Ta pauvre cahute, ĂŽ froide AmitiĂ©; Tout autour dansaient des parfums mystiques OĂč l'Ăąme, en pleurant, s'anĂ©antissait. Sur ses cheveux roux un charme glissait; Sa robe rendait d'Ă©tranges musiques Quand Marco passait. Quand Marco chantait, ses mains, sur l'ivoire, Évoquaient souvent la profondeur noire Des airs primitifs que nul n'a redits, Et sa voix montait dans les paradis De la symphonie immense des rĂȘves, Et l'enthousiasme alors transportait Vers des cieux connus quiconque Ă©coutait Ce timbre d'argent qui vibrait sans trĂšves, Quand Marco chantait. Quand Marco pleurait, ses terribles larmes DĂ©fiaient l'Ă©clat des plus belles armes; Ses lĂšvres de sang fonçaient leur carmin Et son dĂ©sespoir n'avait rien d'humain; Pareil au foyer que l'huile exaspĂšre, Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait Dit d'une lionne Ă  l'Ăąpre forĂȘt Communiquant sa terrible colĂšre, Quand Marco pleurait. Quand Marco dansait, sa jupe moirĂ©e Allait et venait comme une marĂ©e, Et, tel qu'un bambou flexible, son flanc Se tordait, faisant saillir son sein blanc; Un Ă©clair partait. Sa jambe de marbre, Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs, et cela faisait Le bruit du vent de la nuit dans un arbre, Quand Marco dansait. Quand Marco dormait, oh! quels parfums d'ambre Et de chair mĂȘlĂ©s opprimaient la chambre! Sous les draps la ligne exquise du dos Ondulait, et dans l'ombre des rideaux L'haleine montait, rhythmique et lĂ©gĂšre; Un sommeil heureux et calme fermait Ses yeux, et ce doux mystĂšre charmait Les vagues objets parmi l'Ă©tagĂšre, Quand Marco dormait. Mais quand elle aimait, des flots de luxure DĂ©bordaient, ainsi que d'une blessure Sort un sang vermeil qui fume et qui bout, De ce corps cruel que son crime absout: Le torrent rompait les digues de l'Ăąme, Noyait la pensĂ©e, et bouleversait Tout sur son passage, et rebondissait Souple et dĂ©vorant comme de la flamme, Et puis se glaçait.
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Paul Verlaine (Oeuvres complĂštes de Paul Verlaine, Vol. 1 PoĂšmes Saturniens, FĂȘtes Galantes, Bonne chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguĂšre)
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De cette assise sortent les spirales des liserons Ă  cloches blanches, les brindilles de la bugrane rose, mĂȘlĂ©es de quelques fougĂšres, de quelques jeunes pousses de chĂȘne aux feuilles magnifiquement colorĂ©es et lustrĂ©es ; toutes s’avancent prosternĂ©es, humbles comme des saules pleureurs, timides et suppliantes comme des priĂšres. Au-dessus, voyez les fibrilles dĂ©liĂ©es, fleuries, sans cesse agitĂ©es de l’amourette purpurine qui verse Ă  flots ses anthĂšres presque jaunes ; les pyramides neigeuses du paturin des champs et des eaux, la verte chevelure des bromes stĂ©riles, les panaches effilĂ©s de ces agrostis nommĂ©s les Ă©pis du vent ; violĂątres espĂ©rances dont se couronnent les premiers rĂȘves et qui se dĂ©tachent sur le fond gris de lis oĂč la lumiĂšre rayonne autour de ces herbes en fleurs. Mais dĂ©jĂ  plus haut, quelques roses du Bengale clairsemĂ©es parmi les folles dentelles du daucus, les plumes de la linaigrette, les marabous de la reine des prĂ©s, les ombellules du cerfeuil sauvage, les blonds cheveux de la clĂ©matite en fruits, les mignons sautoirs de la croisette au blanc de lait, les corymbes des millefeuilles, les tiges diffuses de la fumeterre aux fleurs roses et noires, les vrilles de la vigne, les brins tortueux des chĂšvrefeuilles ; enfin tout ce que ces naĂŻves crĂ©atures ont de plus Ă©chevelĂ©, de plus dĂ©chirĂ©, des flammes et de triples dards, des feuilles lancĂ©olĂ©es, dĂ©chiquetĂ©es, des tiges tourmentĂ©es comme les dĂ©sirs entortillĂ©s au fond de l’ñme. Du sein de ce prolixe torrent d’amour qui dĂ©borde, s’élance un magnifique double pavot rouge accompagnĂ© de ses glands prĂȘts Ă  s’ouvrir, dĂ©ployant les flammĂšches de son incendie au- dessus des jasmins Ă©toilĂ©s et dominant la pluie incessante du pollen, beau nuage qui papillote dans l’air en reflĂ©tant le jour dans ses mille parcelles luisantes ! Quelle femme enivrĂ©e par la senteur d’Aphrodise cachĂ©e dans la flouve, ne comprendra ce luxe d’idĂ©es soumises, cette blanche tendresse troublĂ©e par des mouvements indomptĂ©s, et ce rouge dĂ©sir de l’amour qui demande un bonheur refusĂ© dans les luttes cent fois recommencĂ©es de la passion contenue, infatigable, Ă©ternelle ? Mettez ce discours dans la lumiĂšre d’une croisĂ©e, afin d’en montrer les frais dĂ©tails, les dĂ©licates oppositions, les arabesques, afin que la souveraine Ă©mue y voie une fleur plus Ă©panouie et d’oĂč tombe une larme ; elle sera bien prĂšs de s’abandonner, il faudra qu’un ange ou la voix son enfant la retienne au bord de l’abĂźme. Que donne-t-on Ă  Dieu ? des parfums, de la lumiĂšre et des chants, les expressions les plus Ă©purĂ©es de notre nature. Eh! bien, tout ce qu’on offre Ă  Dieu n’était-il pas offert Ă  l’amour dans ce poĂšme de fleurs lumineuses qui bourdonnait incessamment ses mĂ©lodies au cƓur, en y caressant des voluptĂ©s cachĂ©es, des espĂ©rances inavouĂ©es, des illusions qui s’enflamment et s’éteignent comme des fils de la vierge par une nuit chaude.
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Honoré de Balzac
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Beaucoup continuent d’invoquer la “force physique supĂ©rieure des mĂąles” comme facteur de la sujĂ©tion des femmes. Comme les auteur(e)s qui invoquent le “pouvoir de gestation” des femmes, ils considĂšrent que certains traits physiques “constituent des pouvoirs en soi”, et donc des pouvoirs rĂ©els Ă  moins que la sociĂ©tĂ© n’intervienne pour contrarier cette hiĂ©rarchie naturelle. Mais il est remarquable que cette vision du rĂŽle de la force individuelle soit utilisĂ©e en ce qui concerne les rapports entre les sexes, et ne soit utilisĂ©e que lĂ , et pas dans l’explication des rapports entre colonisateurs et colonisĂ©s, Blancs et Noirs, patrons et employĂ©s, etc. Cette “explication” naturaliste et individualiste revient Ă  nier que les rapports entre les sexes sont des rapports entre les groupes. Or la force physique n’intervient pas – mĂȘme pas comme “pouvoir en soi” – dans les rapports entre les groupes. Les AmĂ©ricains ont Ă©tĂ© battus au Vietnam par un peuple fait d’individus dont aucun n’aurait rĂ©sistĂ© dans un combat singulier (et ceci n’est qu’un exemple parmi des milliers). Encore eut-il fallu que la sociĂ©tĂ© permette ce combat singulier, qu’elle l’organise.
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Christine Delphy (Penser le genre)
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Elle Ă©tait jolie, Joyce, avec ses yeux verts, sa peau de miel et sa moue boudeuse. (...) Un jour je lui demandais si elle allait Ă  la rĂ©union de l'Association des Ă©tudiants noirs. Elle me lança un drĂŽle de regard, puis elle secoua la tĂȘte (...): — Je ne suis pas noire, me rĂ©pondit-elle. Je suis multiraciale. (...) Pourquoi voudrais-tu que je choisisse entre [mon pĂšre italien et ma mĂšre africaine-indienne] ? (...) Ce ne sont pas les Blancs qui veulent me faire choisir, (...) ce sont les Noirs.
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Barack Obama (Dreams from My Father: A Story of Race and Inheritance)
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Il regarde les gens autour de lui, Ă©coute leurs conversations, suppute, pour chacun, ses chances d’échapper Ă  sa condition prĂ©sente. Les clochards, les vrais, c’est rĂąpĂ©. Les employĂ©s, les secrĂ©taires, qui viennent Ă  l’heure du dĂ©jeuner manger un sandwich sur un banc, ils auront de l’avancement mais n’iront pas bien loin, d’ailleurs ils n’imaginent mĂȘme pas d’aller bien loin. Les deux jeunes types Ă  tĂȘtes d’intellectuels qui discutent et couvrent d’annotations, avec l’air de se prendre trĂšs au sĂ©rieux, les feuillets dactylographiĂ©s de ce qui doit ĂȘtre un scĂ©nario : ils doivent y croire, Ă  leurs dialogues Ă  la con, Ă  leurs personnages Ă  la con, et peut-ĂȘtre qu’ils ont raison d’y croire, peut-ĂȘtre qu’ils y arriveront, peut-ĂȘtre qu’ils connaĂźtront Hollywood, les piscines, les starlettes, et la cĂ©rĂ©monie des Oscars. La tribu de Portoricains, en revanche, qui dĂ©ploie sur la pelouse tout un campement de couvertures, de transistors, de bĂ©bĂ©s, de thermos... : ceux-lĂ , on peut ĂȘtre sĂ»r qu’ils resteront oĂč ils sont. Encore que... qui sait? Peut-ĂȘtre que leur bĂ©bĂ© braillard, Ă  la couche pleine de merde, fera grĂące Ă  leurs sacrifices de formidables Ă©tudes et deviendra prix Nobel de mĂ©decine ou secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU. Et lui, Édouard, avec son jean blanc et ses idĂ©es noires, que va-t-il devenir?
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Emmanuel CarrĂšre
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D.44 - Etes-vous venu par terre ou par mer ? R.44 - En premier lieu, je suis venu par terre ; j'ai pris ensuite un bateau... (Le voyageur, entre trois routes, a choisi celle du centre, a rencontrĂ© un hĂ©ron blanc (symbole d'immortalitĂ©), puis huit prĂȘtres portant des objets rituels, Ă©vidente Ă©vocation des Huit Immortels taoĂŻste ; il a visitĂ© le tempe de Ling-wang, traversĂ© la montagne du Dragon Noir ; au pied de la montagne du Clou, il a trouvĂ© un bateau - longue description de ce bateau merveilleux au 21 ponts, aux 21 cales, aux 72 coutures et aux 108 clous : l'une des cales contient du riz rouge, une autre la "Sainte MĂšre Kouan-yin" entourĂ©e des FrĂšres Hong ; la cargaison est essentiellement constituĂ©e par du "bois rouge" et du "riz rouge" - ) [333 questions]
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Pierre Grison
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Aux trois gunas correspondent des couleurs symboliques : le blanc Ă  sattwa, le rouge Ă  rajas, le noir Ă  tamas ; en vertu du rapport que nous indiquons ici, les deux premiĂšres de ces couleurs symbolisent aussi respectivement l’autoritĂ© spirituelle et le pouvoir temporel. – Il est intĂ©ressant de noter, Ă  ce propos, que l’« oriflamme » des rois de France Ă©tait rouge ; la substitution ultĂ©rieure du blanc au rouge comme couleur royale marque, en quelque sorte, l’usurpation d’un des attributs de l’autoritĂ© spirituelle.
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René Guénon (Spiritual Authority & Temporal Power)
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Les longues nuits semblaient ne s'Ă©carter qu'Ă  regret de la ville, pour quelques heures. Une grise lumiĂšre d'aube ou de crĂ©puscule filtrant Ă  travers le plafond de nuĂ©es d'un blanc sale se rĂ©pandait alors sur les choses comme le reflet appauvri d'un lointain glacier. La neige mĂȘme, qui continuait Ă  tomber, Ă©tait sans lumiĂšre. Cet ensevelissement blanc, lĂ©ger et silencieux s'Ă©tendait Ă  l'infini dans l'espace et le temps. Il fallait dĂ©jĂ  allumer les veilleuses vers trois heures. Le soir Ă©paississait sur la neige des tons de cendre, des bleus opaques, des gris tenaces de vieilles pierres. La nuit s'imposait, inexorable et calmante : irrĂ©elle. Le delta reprenait dans ces tĂ©nĂšbres sa configuration gĂ©ographique. De noires falaises de pierre, cassĂ©es en angles droits, bordaient les canaux figĂ©s. Une sorte de phosphorescence sombre Ă©manait du large fleuve de glace. Parfois les vents du nord, venus du Spitzberg et de plus loin encore, du Groenland peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre du pĂŽle par l'OcĂ©an arctique, la NorvĂšge, la mer Blanche, poussaient leurs rafales sur l'estuaire morne de la Neva. Le froid mordait tout Ă  coup le granit, les lourdes brumes venues du sud par la Baltique s'Ă©vanouissaient tout Ă  coup et les pierres, la terre, les arbres dĂ©nudĂ©s se couvraient instantanĂ©ment de cristaux de givre dont chacun Ă©tait une merveille Ă  peine visible, faite de nombres, de lignes de force et de blancheur. La nuit changeait de face, dĂ©pouillant ses voiles d'irrĂ©alitĂ©. L'Ă©toile polaire apparaissait, les constellations ouvraient l'immensitĂ© du monde. Le lendemain, les cavaliers de bronze sur leurs socles de pierre, couverts d'une poudre d'argent, semblaient sortir d'une Ă©trange fĂȘte ; les hautes colonnes de granit de la cathĂ©drale Saint-Isaac, son fronton peuplĂ© de saints et jusqu'Ă  sa massive coupole dorĂ©e, tout Ă©tait givrĂ©. Les façades et les quais de granit rouge prenaient, sous ce revĂȘtement magnifique, des teintes de cendre rose et blanche. Les jardins, avec les filigranes purs de leurs ■ branchages, paraissaient enchantĂ©s. Cette fantasmagorie ravissait les yeux des gens sortis de leurs demeures Ă©touffantes ainsi qu'il y a des millĂ©naires, les hommes vĂȘtus de fourrures sortaient peureusement l'hiver des chaudes cavernes pleines d'une bonne puanteur animale. Pas une lumiĂšre dans des quartiers entiers. Des tĂ©nĂšbres prĂ©historiques.
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Victor Serge
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Mes hivers monochromes d'aujourd'hui sont peints en noir et blanc. Ce paysage oĂč tout semble avoir pĂ©ri mais qui ressuscite au printemps, ce paysage est quand mĂȘme inondĂ© de soleil et de ciels grecs, d'une lumiĂšre qui guĂ©rit. InfiltrĂ© de couleurs plus subtiles, du calme de la neige et de la beautĂ© qu'elle Ă©tend sans compter.
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Françoise PĂȘtre (Nos mĂšres avant nous)
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Venise, dix heures du soir (samedi) A bord de la VĂ©nus, Loyd autrichien. On est dĂ©jĂ  vraiment en Autriche ; le matelot qui m'a conduit Ă  ma cabine m'a demandĂ© : "Erste Klasse ? ..." Sur la table du salon oĂč j'Ă©cris, j'ai des journaux allemands tout autour de moi ; des vues du Tyrol, des visages d'actrices du Trianon-Theater de Berlin. Mon regard, promenĂ© au hasard, tombe sur un poĂšme : Blauer Forellenbach La VĂ©nus sous pression tremble toute : on sera demain matin Ă  sept heures Ă  Trieste. La promenade dans les petits coins du navire est toujours amusante ; c'est trĂšs propre et trĂšs brillant : tout luit, Ă  l'intĂ©rieur ; le vernis blanc des cabines, les bois et les glaces des salons, les branches mĂ©talliques des lampes. Des avis affichĂ©s font penser, rĂ©digĂ©s en grec, en serbe, en allemand, en italien, Ă  toute l'activitĂ© maritime de l'Adriatique. C'est l'Orient et l'Occident mĂȘlĂ©s. Et si l'on se sent en pays allemand au fond de ce steamer, on n'a qu'Ă  remonter sur le pont pour retrouver, tout prĂšs, l'Italie. Des gondoles approchent, chargĂ©es de passagers et de bagages : les faisceaux des becs Ă©lectriques au quai des Esclavons, allongeant des reflets blancs sur la lagune pareille Ă  du papier glacĂ© noir, Ă©clairent assez distinctement le Jardin Royal, le palais rose des Doges, la façade rouge du DaniĂ©li, et, en face, la Piazetta. L'embarquement se fait sans bruit ; les gondolent viennent frĂŽler le flanc du navire tournĂ© vers la ville, et les porteurs montent, sans cris, les grosses malles, le long du petit escalier qui pend sur l'eau. De Venise, toujours silencieuse, aucune rumeur ne vient, et les flots sont trop faibles et trop lents pour clapoter ... Pleine de chanteurs, une gondole s'arrĂȘte au bas de l'escalier volant. La lĂ©gĂšre musique italienne : les cordes pincĂ©es d'une mandoline, deux voix d'hommes et une voix de femme se mettent Ă  courir de ce brave petit pas alerte et tremblant que l'on connaĂźt si bien.
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Valery Larbaud (Journal)
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En contemplant le paysage noir et blanc du plateau, j'ai compris combien la tristesse Ă©tait un mot important dans la definition du monde. Elle se trouve a la base de tout, elle est le cinquiĂšme Ă©lement, la quintessence.
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Olga Tokarczuk
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En prenant l'argent, Sonny s'Ă©tait demandĂ©: Que peut-il y avoir de pire que la mort ? Et les Ă©vĂšnement autour de lui s'Ă©taient chargĂ©s de lui fournir la rĂ©ponse. Quelques semaines plus tĂŽt, la police de New-York avait abattu un jeune Noir de quinze ans, un Ă©tudiant, pour pratiquement rien. La fusillade avait dĂ©clenchĂ© les Ă©meutes, opposant de jeunes Noirs, des hommes et quelques femmes, aux forces de police. Aux informations, on en avait attribuĂ© la responsabilitĂ© aux Noirs de Harlem. A ces dingues, ces brutes, ces Noirs monstrueux, qui avaient le culot de demander qu'on ne tire pas sur leurs enfants en pleine rue. Ce jour-lĂ  Sonny avait serrĂ© dans sa main l'argent que lui avait donnĂ© sa mĂšre en rentrant chez lui, espĂ©rant ne pas rencontrer des Blancs qui voudraient prouver quelque chose, car il savait dans sa chair, mĂȘme s'il ne l'avait pas encore totalement enregistrĂ© dans son esprit, qu'en AmĂ©rique, le pire qui pouvait vous arriver Ă©tait d'ĂȘtre noir. Pire que mort, vous Ă©tiez un mort qui marche.
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Yaa Gyasi (Homegoing)
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Je distingue encore mal ce qui m’entoure, mais je sais quand mĂȘme une chose : si on devait faire un film de ma vie, en ce moment prĂ©cis, ça serait mĂȘme pas en noir et blanc, ça serait en gris.
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BenoĂźt Bouthillette (Une brĂšche ouverte dans la paroi du monde)
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Parce que classer, c'est hiérarchiser. Parce qu'aucun nom n'est neutre : « homosexuelle », ce n'est pas une description, c'est le nom d'une catégorie sociale inférieure. C'est ce qu'on fait à l'Autre. C'est comme ça qu'on signale que l'Autre est Autre. Quand l'Autre rend réciproque ce processus qui est par définition non-réciproque, il/elle bouleverse la rÚgle du jeu, il/elle met en cause au moins symboliquement l'ensemble de l'organisation sociale. Car les dominé-e-s sont dominé-e-s soi-disant en raison de leurs caractéristiques spécifiques ; mais nommer les dominants c'est les spécifier à leur tour. Et les spécifier d'une façon qui annule, toujours sur le plan symbolique, leur supériorité : car il existe une égalité formelle entre les appellations, du moins du point de vue de la prétention à l'universalité ; « blanc-he » est aussi particulier que « noir-e » ou « homosexuel-le ». Remplacer l'opposition « général » versus « spécifique » par l'opposition entre deux particularités, c'est s'attaquer au tabou des tabous, au sacré : à la mainmise des Uns sur l'universel. (p. 40)
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Christine Delphy (Classer, dominer: Qui sont les "autres" ? (French Edition))
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naturellement, de mĂȘme qu’un Juif qui dĂ©pense de l’argent sans compter est suspect, le Noir qui cite Montesquieu doit ĂȘtre surveillĂ©. Qu’on nous comprenne : surveillĂ©, dans la mesure oĂč avec lui commence quelque chose. Et, certes, je ne prĂ©tends pas que l’étudiant noir soit suspect Ă  ses camarades ou Ă  ses professeurs. Mais en dehors des milieux universitaires subsiste une armĂ©e d’imbĂ©ciles : il importe non pas de les Ă©duquer, mais d’amener le Noir Ă  ne pas ĂȘtre l’esclave de leurs archĂ©types.
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Frantz Fanon (Peau noire, masques blancs)
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que réside sa faiblesse, est un monde unidimensionnel, qui ne comporte que deux termes opposés : nous et eux, ami et ennemi, courage et lùcheté, héros et traßtre, noir et blanc. Ce systÚme de références convient bien à une situation orientée vers la mort mais non à celles de la vie. A
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Tzvetan Todorov (Face Ă  l'extrĂȘme (COULEUR IDEES) (French Edition))
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... au dĂ©part, les ZaĂŻrois aimaient pourtant George Foreman: il avait la peau plus noire que Mohammed Ali, donc il Ă©tait le vrai Africain. Ali Ă©tait trop clair de peau comme notre camarade de classe Adriano, et c'Ă©tait suspect pour les ZaĂŻrois d'avoir une peau comme ça et de prĂ©tendre qu'on est noir. Mais quand Foreman est descendu Ă  l'aĂ©roport de Kinshasa avec son grand chien qui avait la langue dehors et les oreilles droites on dirait les antennes de Radio-Congo, tout le monde a eu peur. Les ZaĂŻrois ont dit: Ce chien a la mĂȘme figure que les chiens des Belges qui nous commandaient pendant la colonisation! Comment un Noir peut avoir un chien de la mĂȘme famille que les chiens des colonisateurs? Comment il peut emmener jusqu'ici un chien qui nous rappelle ces chiens Ă©duquĂ©s pour sentir l'odeur du Noir et le retrouver en brousse, dans la nuite profonde, lorsqu'il essayait de fuir les brimades des Blancs? Les ZaĂŻrois se sont encore dit: Ce Foreman n'est pas un vrai Noir comme nous, il veut devenir comme les Blancs, il faut donc qu'Ali le mettre K-O pour venger nos parents et nos grands-parents qui ont Ă©tĂ© mordus par les chiens des Belges.
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Alain Mabanckou (Demain j'aurai vingt ans)
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Si fraĂźche
 Si fraĂźche, en moi rĂ©veilles Le blanc des fleurs du cerisier, Et sur la terre, aux anges pareille, Devant moi tu apparais. Tapis que tu effleures Ă  peine, À tes pieds frissonne la soie, Et de la tĂȘte jusqu'Ă  la traĂźne D'un simple rĂȘve, tu as le poids. Issue des plis de ton vĂȘtement, D'un marbre tu prendrais la place, Dans tes yeux, dont je dĂ©pends, Les larmes amplifiaient la grĂące. Ô, rĂȘve heureux de mon amour, Ma fiancĂ©e venue des contes, ArrĂȘte ! Si tu souris toujours, De ta douceur, je me rends compte, Et combien forte tu serais À m'ombrager toujours la vue, Par des paroles murmurĂ©es, Par les Ă©treintes des bras nus. Et brusquement, une pensĂ©e sage Voile la braise de tes regards : C'est le dĂ©sir qui les ombrage, C'est le renoncement noir. Et tu t'en vas
 je comprends : Ne pas suivre mon bonheur, Et je te perds Ă©ternellement, Ma douce fiancĂ©e du cƓur ! C'est mon pĂ©chĂ© de t'avoir vu, Je ne pourrais jamais m'absoudre, Je veux l'expier, la main tendue, En vain, dans le dĂ©sert de poudre. Et tu m'apparaĂźtras, icĂŽne, De la Vierge de tous les temps, Et sur ton front portant couronne ; Pourquoi partir ? Et tu viens quand ? (traduit par Elisabeta Isanos)
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Mihai Eminescu
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Testament d’un rebelle donne-moi une plume que je puisse chanter que la vie n’est pas vaine donne-moi une saison pour regarder l'air dans les yeux lorsque le pĂȘcher vomit sa plĂ©nitude blanche une tyrannie s'Ă©croule laisse pleurer les mĂšres laissent les seins dessĂ©cher tarir les girons lorsque l'Ă©chafaud sĂšvre pour la derniĂšre fois donne-moi un amour qui ne pourrisse jamais entre les doigts donne-moi un amour comme celui que je veux te donner donne-moi un cƓur qui batte sans arrĂȘt batte batte plus fort que le battement blanc d’un pigeon craintif dans la nuit battra plus sec que les plombs amers donne-moi un cƓur, une petite fabrique de sang qui peut cracher des fleurs de joie car le sang est doux est beau jamais vrai ou faux je veux mourir avant d'ĂȘtre mort lorsque mon sang est encore fertile et rouge avant que ne tombe la lie noire du doute donne-moi deux lĂšvres et de l’encre claire pour ma langue qui couvrira de lait une grande lettre d’amour pour la terre qui sera de jour en jour plus douce exorcisera toute l'amertume qui brĂ»lera plus doux comme l'Ă©tĂ© laisse alors venir l'Ă©tĂ© sans bandeau ni corbeau laisse le pilori le pĂȘcher donner ses fruits rouges en paix et offre-moi un lai de colombes de satisfaction que je puisse chanter de mon pis que la vie n'est pas vaine car comme je meurs les yeux ouverts ma chanson rouge ne pĂ©rira pas 22.2.66 (pp. 36-37)
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Breyten Breytenbach (Feu froid)
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Au n° 4 de l'impasse des Sept fontaines, un jeune passant, l'air satisfait, probablement par cette matinĂ©e inondĂ©e de lumiĂšres qui jaillissaient de toutes parts, comme l'eau d'un terroir riche en sources, avertissement toponymique pertinent, s'il en est, jeta ses yeux noirs, collĂ©s de fatigue sur le bandeau blanc accrochĂ© Ă  la fenĂȘtre et sur lequel des lettres tracĂ©es avec le bout d'un bĂąton trempĂ© dans de l'encre violette annonçaient la « Chambre meublĂ©e Ă  louer ». [La casa no. 4 bis din FundĂŁtura Șapte FĂąntĂąni, un trecĂŁtor, tĂąnĂŁr, cu aer mulțumit, poate de dimineața aceasta plinĂŁ de lumini, È›ĂąÈ™nind din toate pĂŁrțile ca apa Ăźntr-un loc bogat Ăźn : izvoare — așa cum arĂŁta numele pe cel de aci —, ĂźÈ™i lipi ochii negri și grei pe fĂąÈ™ia albĂŁ din fereastrĂŁ, cu litere trase din vĂąrf de bĂŁÈ› muiat Ăźn cernealĂŁ violetĂŁ, vestind : « De Ăźnchiriat camerĂŁ mobilatĂŁ ».] (DĂ©but du roman)
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Gib I. Mihăescu (Zilele Ɵi nopƣile unui student üntñrziat)
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Il est temps de s’arrĂȘter un instant sur le vin, car il ne s’exporte guĂšre, malheureusement. Or, il s’en produit un peu partout, en Transylvanie, Moldavie, Valachie et Dobroudja, car la Roumanie est au neuviĂšme rang mondial des producteurs de ce breuvage. J’ai toujours goĂ»tĂ© en Roumanie d’excellents vins, plutĂŽt rouges que blancs, et mĂȘme une sorte de « champagne », mais je n’ai jamais rĂ©ussi Ă  retrouver la trace de celui que j’avais aimĂ© ! Il y en a tellement de sortes que l’on s’y perd, entre les diffĂ©rentes rĂ©gions, les producteurs et les cĂ©pages, entre les autochtones dont certains sont des curiositĂ©s remontant aux Romains ou peut-ĂȘtre aux Daces, ceux qui ont Ă©tĂ© importĂ©s par les envahisseurs germaniques, ou plus rĂ©cemment d’Occident aprĂšs la crise du phylloxĂ©ra. Certains sont particuliĂšrement rĂ©putĂ©s, comme le cabernet sauvignon de Samburesti, en Valachie du Nord, le feteasca negra (« noir des pucelles ») de Dealu Mare, Ă  une centaine de kilomĂštres au nord-est de Bucarest, le tamaioasa romanesca (genre de muscat) de Murfatlar, Ă  cĂŽtĂ© de la mer Noire. Il y a un vin pour chaque plat, lĂ©ger ou plus capiteux, mais ils ne vieillissent guĂšre !
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Henri Paul (Roumanie : Au carrefour des empires)
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LA MORT DE LA BICHE (MOARTEA CAPRIOAREI) La disette a tuĂ© toute brise de vent. Le soleil s’est fondu et coulĂ© de partout. Le ciel est restĂ© vide et brĂ»lant Les seaux ne tirent des fontaines que de boue. Sur les bois frĂ©quemment feux, toujours feux Dansent sauvages, sataniques jeux. Je poursuis papa en route vers les buttes, Les chardons, les sapins m’écorchent sĂ©chĂ©s. Tous les deux commençons la poursuite des chĂšvres, La chasse d’la famine en montagnes de tout prĂšs. La soif m’accable. Bouillit sur la pierre Le fil d’eau filtrĂ© des ruisseaux. La tempe pĂšse l’épaule, comme si j’erre Une autre planĂšte, immense, Ă©trange, ennuyeux. Nous restons dans l’endroit oĂč encore retentissent Sur cordes de douces ondes, les ruisseaux. Quand la lune s’élĂšve et le soleil se couche Ici viendront Ă  la fil s’abreuver Une par une, les biches. Je dis Ă  papa que j’ai soif. Il me fait signe de m’ taire. Enivrante eau. Comme tu t’agites limpide ! Je suis liĂ© par soif de cette ĂȘtre qui meurt À l’heure fixĂ© par loi et habitude. La vallĂ©e raisonne en bruissements flĂ©tris. Quel affreux crĂ©puscule flotte dans l’univers ! Le sang Ă  l’horizon. Ma poitrine rouge comme si J’ai essuyĂ© mes mains sur mon poitrail. Comme sur autel fougĂšres brĂ»lent en flammes violĂątres Et les Ă©toiles frappĂ©es parmi celles-ci miroitent. HĂ©las ! comme je voudrais que tu ne viennes, ne viens pas Superbe offrande de mon noble bois ! Elle se monta sautant et s’arrĂȘta Scrutant les alentours avec de crainte Ses minces narines faisaient frĂ©mir l’eau Avec les cercles en cuivre errantes. Dans ses yeux moites brillait un certain indĂ©cis Je savais qu’elle aura mal, qu’elle va mourir. Il me semblait revivre un rĂ©cit Avec la biche, jadis une trĂšs belle fille. D’en haut, la pĂąle lumiĂšre, lunaire, Bruinait sur sa fourrure douces fleurs d’cerisier. HĂ©las ! comme je voudrais que pour la premiĂšre fois Le coup d’fusil d’papa va Ă©chouer. Mais les vallĂ©es rĂ©sonnent. Elle tombe Ă  genoux. Elle lĂšve sa tĂȘte, la tourne vers les Ă©toiles La dĂ©vala alors, en dĂ©clenchant sur eaux Fuyards tourbillons de perles noires. Un oiseau bleu bonda dans les rameaux La vie d’la biche vers l’espace attardĂ© Vola trĂšs lentement, en cris, comme en automne oiseaux Quand laissent tranquilles leurs nids tout ravagĂ©s. En chancelant je suis allĂ© pour lui fermer Ses yeux ombreux comme en engoisse veillĂ©s de cornes Silencieux et blanc j’ai tressailli quand l’pĂšre Me dit de tout son cƓur: “VoilĂ  de la viande !” “J’ai soif”, je dis. Papa m’incite Ă  m’abreuver. Enivrante eau, enveloppĂ© en brume ! Je suis liĂ© par soif de cette biche gaspillĂ©e A l’heure fixĂ©e par loi et par coutume
 Mais la loi nous est dĂ©serte, Ă©trangĂšre Quand la vie en nous trĂšs difficile s’anime Coutumes, compassions sont toutes dĂ©sertes Quand mĂȘme ma sƓur malade est une des victimes. La carabine d’ papa n’ Ă©mane que de fumĂ©e HĂ©las ! Sans vent s’empressent les feuillages en foule Papa prĂ©pare un feu tout effrayĂ© HĂ©las ! comme la forĂȘt se dĂ©nature ! De l’herbe, sans adresse, je prends en mains Une mince clochette d’un cliquetis argentin . Papa tire de la broche avec sa main Le cƓur de la chevreuil et ses chauds reins. C’est quoi le cƓur ?
 J’ai faim. Je veux vivre, j’ voudrais
 Toi, pardonne-moi, vierge ! ma biche, ma bien-aimĂ©e
 J’ai sommeil
 Comme il est haut le feu ! Et la forĂȘt sauvage ! Je pleurs. Que pense papa ? Je mange. Je pleurs. Je mange
 1954 (cf. p. 15-18, traduction du roumain par Claudia PINTESCU)
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Nicolae LabiƟ (Poezii (Biblioteca Eminescu) (Romanian Edition))
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Faveur Petits signes de peur favorite
 Une voix crie
 Qui es-tu, masque et habit De charogne, ou harmonie sémite ? Autour de moi les tableaux telles des pages D'un livre noir de mers. En moi tu navigues, et sur le ciel Aux yeux de tanagra amers. Le soleil mord... FrÚre, le pied Fond sur l'asphalte. Je pleure et jette dans l'air blanc La mémoire vers la limpidité.
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Miron Kiropol (Dieu me doit cette perte/Dumnezeu ßmi datorează această pierdere)
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] rien n’est blanc ou noir et que le blanc, c’est souvent le noir qui se cache et le noir, c’est parfois le blanc qui s’est fait avoir.
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Romain Gary (La vie devant soi)
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Peut-ĂȘtre que, s'agissant de la douleur et de ce que chacun de nous s'estimait coupable d'avoir fait, le bien et le mal, le noir et le blanc n'existaient pas. Peut-ĂȘtre qu'il n'existait que des milliers de nuances de gris.
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Mia Sheridan (Archer's Voice)
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Tout le monde a rigolĂ©, et puis Mme Moucheboume a dit qu’elle s’en voudrait d’avoir donnĂ© du travail Ă  maman, qui devait dĂ©jĂ  ĂȘtre tellement occupĂ©e avec sa petite famille. Mais maman a dit que non, que c’était un plaisir, et qu’elle avait Ă©tĂ© bien aidĂ©e par la bonne. – Vous avez de la chance, a dit Mme Moucheboume. Moi j’ai un mal avec les domestiques ! C’est bien simple, chez moi, elles ne restent pas. – Oh, celle-ci est une perle, a dit maman. Elle est depuis longtemps avec nous et, ce qui est trĂšs important, elle adore l’enfant. Et puis, la dame en noir avec le tablier blanc est entrĂ©e et elle a dit que maman Ă©tait servie. Et ça, ça m’a Ă©tonnĂ©, parce que je ne
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René Goscinny (Le Petit Nicolas a des ennuis (French Edition))
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Je continue Ă  m’accrocher
 Il n’est pas plus facile de revenir en arriĂšre que de pousser plus avant. Je n’ai plus du tout l’impression d’ĂȘtre un citoyen amĂ©ricain. La partie de l'AmĂ©rique d'oĂč je venais, oĂč j’avais tout de mĂȘme certains droits, oĂč je me sentais libre, je l’ai laissĂ©e si loin derriĂšre moi qu’elle commence Ă  se volatiliser dans ma mĂ©moire. On dirait Ă  me voir que j’avance sous la menace permanente d’un revolver braquĂ© dans mon dos. Avance, avance, c’est tout ce que j’ai l’air d’entendre. Si quelqu’un m’adresse la parole, j’essaie de ne pas avoir l’air trop intelligent. Je m’efforce de feindre un intĂ©rĂȘt vital pour les moissons, le temps qu’il fait, les Ă©lections. Si je m’arrĂȘte, si je reste debout, on me regarde, blancs ou noirs – on me perce du regard comme si j’étais un fruit juteux et comestible. Il me faut parcourir encore un millier de milles environ, en ayant l’air de nourrir un dessein secret, l’air d’aller vraiment quelque part. Il faut avoir l’air plein de gratitude, aussi, de ce que personne n’a eu encore l’idĂ©e de m’employer. C’est Ă  la fois accablant et hilarant. On est repĂ©rĂ© – pourtant personne n’appuie sur la dĂ©tente. On vous laisse marcher sans vous molester jusqu’en plein golfe du Mexique, et noyez-vous si le cƓur vous en dit !
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Mes yeux avaient fini par s’habituer Ă  la noirceur et je l’ai vu sortir un grand mouchoir de sa poche de pantalon. Il s’est essuyĂ© les yeux, s’est mouchĂ©. Le mouchoir virevoltait dans le noir comme un petit fantĂŽme blanc.
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Michel Tremblay (Victoire!)
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Pourquoi devrais-je attendre que l’on s’intĂ©resse Ă  moi ? Pourquoi devrais-je m’identifier Ă  un modĂšle qui ne me ressemble pas ? Quand tu ne te vois pas, c’est comme si tu n’existais pas.
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Diariatou Kebe (Maman noire et invisible: Grossesse, maternité et réflexion d'une maman noire dans un monde blanc (Témoignage et document) (French Edition))
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Maintenant l’empire a Ă©tĂ© pacifiĂ© ; les lois et les ordonnances Ă©manent d’un seul ; le peuple et les chefs de famille s’appliquent aux travaux de l’agriculture et de l’industrie ; les classes supĂ©rieures s’instruisent des lois et des ordonnances, des interdictions et des dĂ©fenses. Cependant les maĂźtres-lettrĂ©s ne prennent pas modĂšle sur le prĂ©sent, mais Ă©tudient l’antiquitĂ© afin de dĂ©nigrer l’époque actuelle ; ils jettent le doute et le trouble parmi les tĂštes noires. Le conseiller, votre sujet (Li) Se, se dissimulant qu’il s’expose Ă  la mort, dĂźt : Dans l’antiquitĂ©, l’empire Ă©tait morcelĂ© et troublĂ© ; il ne se trouvait personne qui pĂ»t l’unifier ; c’est pourquoi les seigneurs rĂ©gnaient’ simultanĂ©ment. Dans leurs propos, (les lettrĂ©s) parlent’ tous de l'antiquitĂ© afin de dĂ©nigrer le temps prĂ©sent ; ils colorent des faussetĂ©s afin de mettre la confusion dans ce qui est rĂ©el : ces hommes font valoir l’excellence de ce qu’ils ont appris dans leur Ă©tude privĂ©e afin de dĂ©nigrer ce qu’a instituĂ© Votre MajestĂ©. Maintenant que le souverain empereur possĂšde l’empire dans son ensemble, qu’il a distinguĂ© le noir du blanc et qu’il a imposĂ© l’unitĂ©, ils mettent en honneur leurs Ă©tudes privĂ©es et tiennent des conciliabules. Ces hommes qui condamnent les lois et les instructions, dĂšs qu'ils apprennent qu'un Ă©dit a Ă©tĂ© rendu, s'empressent de le discuter chacun d'aprĂšs ses propres principes; lorsqu'ils sont Ă  la cour, ils dessape prouvent dans leur for intĂ©rieur ; lorsqu'ils en sont sortis, ils dĂ©libĂšrent dans les rues; louer le souverain, ils estiment que c'est (chercher) la rĂ©putation; s'attacher Ă  des principes extraordinaires, ils pensent que c'est le plus haut mĂ©rite ; ils entraĂźnent le bas peuple Ă  forger des calomnies. Les choses Ă©tant ainsi, si on ne s’y oppose pas, alors en haut la situation du souverain s’abaissera, tandis qu’en bas les associations se fortifieront. Il est utile de porter une dĂ©fense. Votre sujet propose que les histoires officielles, Ă  l’exception des MĂ©moires de Tshin, soient toutes brĂ»lĂ©es : sauf les personnes qui ont la charge de lettrĂ©s au vaste savoir, ceux qui dans l’empire se permettent de cacher le Che (King), le Chou (King) ou les discours des Cent Ă©coles, devront tous aller auprĂšs des autoritĂ©s locales civiles et militaires pour qu’elles les brĂ»lent. Ceux qui oseront discuter entre eux sur le Che (King) et le Chou (King) seront (mis Ă  mort et leurs cadavres) exposĂ©s sur la place publique ; ceux qui se serviront de l’antiquitĂ© pour dĂ©nigrer les temps modernes seront mis Ă  mort avec leur parentĂ©. Les fonctionnaires qui verront ou apprendront (que des personnes contreviennent Ă  cet ordre), et qui ne les dĂ©nonceront pas, seront impliquĂ©s dans leur crime. Trente jours aprĂšs que l’édit aura Ă©tĂ© rendu, ceux qui n’auront pas bruie (leurs livres) seront marquĂ©s et envoyĂ©s aux travaux forcĂ©s. Les livres qui ne seront pas proscrits seront ceux de mĂ©decine et de pharmacie, de divination par la tortue et achillĂ©e, d’agriculture et d’arboriculture ordonnances, qu’ils prennent pour maĂźtres les fonctionnaires. » Le dĂ©cret fat : « ApprouvĂ©. »
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Sima Qian
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Certaines personnes pourraient considĂ©rer “Le canular du roi Hochschild”, comme nous pourrions l’appeler, comme une fable valorisante pour les Africains modernes aux dĂ©pens de l’homme blanc. Mais ses effets dĂ©bilitants sur l’Afrique, et sur le Congo en particulier, en font le contraire. C’est un coup de chicotte (fouet en forme de laniĂšre de cuir) insensible et nĂ©gligent sur le dos de tous les Africains noirs, un porno narcissique de la culpabilitĂ© pour les libĂ©raux blancs au dĂ©triment de l’Africain. L’avocat congolais Marcel Yabili l’appelle “la plus grande falsification de l’histoire moderne”, un compliment en quelque sorte, je suppose.
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Bruce Gilley (King Hochschild’s Hoax: An absurdly deceptive book on Congolese rubber production is better described as historical fiction.)
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Personne ou presque, n'arrive Ă  la conclusion Ă©vidente que la confrontation entre la lumiĂšre et l'obscuritĂ© ne peut ĂȘtre gagnĂ©e que par la grisaille et le crĂ©puscule. Tant que les Ă©lĂ©ments fondamentaux existent:le blanc et le noir, Dieu et Satan, rien n'est perdu. La fin advient lorsque tout se mĂ©lange, dans un brouillard doucereux, quand personne ne distingue rien.
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Ričardas Gavelis (Vilnius Poker)
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Mais une société qui en protÚge certains par un filet invisible d'écoles, d'emprunts immobiliers subventionnés, de richesses accumulées, et ne consent à t'offrir que la protection d'une justice criminelle, cette société là a échoué dans la mise en pratique de ses bonnes intentions - à moins qu'elle n'ait réussi à imposer quelque chose de bien plus sombre. Quel que soit le nom qu'on donne à ce systÚme, il n'a eu qu'un seul résultat: notre infirmité face aux forces criminelles à l'oeuvre dans ce monde. Que l'agent de ces forces soit blanc ou noir n'a aucune importance- ce qui en a en revanche c'est notre condition; c'est le systÚme qui fait de ton corps un objet destructible.
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Ta-Nehisi Coates (Between the World and Me)
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If any city was a study in noir et blanc—be it black-and-white photography, film, or literature—Paris was it. The French versions of all three techniques were born during the Age of Romanticism. So was the concept of the daredevil avenger-antihero of the noir crime novel genre, the so-called polar, a Parisian specialty I learned to love.
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David Downie (A Passion for Paris: Romanticism and Romance in the City of Light)
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En ce jour oĂč, pendant qu'ils regardaient un vieux film, Lemar lui a demandĂ© s'il Ă©tait dĂ©jĂ  nĂ© quand le monde Ă©tait en noir et blanc.
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Khaled Hosseini
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Je savais que nous devions passer par ces mauvais moments, pour ensuite connaĂźtre une humanitĂ© bienveillante. C’est du moins ce que nous avait dit notre FĂŒhrer Adolf Hitler. Rien de cela n’existe. Qu’il repose en paix. Je ne lui en veux pas plus Ă  lui qu’à tous les autres grands dirigeants de ce monde. Lui, au moins, bĂ©nĂ©ficie du doute puisqu’il n’a pas eu l’occasion d’établir ces lendemains de victoire. Tandis que les autres, qui ont organisĂ© leur petite paix grelottante aux quatre coins du monde, les autres qui, stupidement hantĂ©s par une frousse injustifiĂ©e, et au nom d’une Ă©volution Ă©ducatrice, ont laissĂ© aux primates du globe l’occasion d’allumer un peu partout des incendies menaçants, ces autres lĂ  peuvent ĂȘtre jugĂ©s. Des commerçants pendables. Des commerçants qui ne pouvant plus vendre de nĂšgres, ont alors trouvĂ© une astuce presque aussi rentable et qui vendent Ă  prĂ©sent les blancs aux nĂšgres ! Tout ceci enrobĂ© dans une petite politique mielleuse de vieille femme. Une politique qui ne prend pas position. Sait-on jamais ? Le vent peut tourner. Evidemment, dans l’attitude de Hitler ou de Mussolini il y avait un autre style. Ceux-lĂ  se permirent de dire non aux vieilles convenances. A tous les potentats : industriels, francs-maçons, juifs ou culs-bĂ©nits. A cette Ă©poque, tous ces indolents Ă©taient comme des carpettes : fous d’inquiĂ©tude devant leurs tirelires dans lesquelles le chef d’orchestre Hitler puisait Ă  deux mains. Cela, Ă©videmment, les rendait blĂȘmes de voir gaspiller tout cet argent pour rĂ©aliser un grand opĂ©ra. Alors, les spectateurs chiasseux et apeurĂ©s grimpĂšrent sur la scĂšne et Ă©touffĂšrent le metteur en scĂšne prodigue. Mais ils ne connaissent pas la paix. Les coliques les travaillent sans arrĂȘt. Ils sont Ă  la merci du premier chef de musique, noir ou jaune qui risque de les faire danser une autre danse. Mais, cette danse-lĂ  ne sera pas europĂ©enne et ils ne comprendront pas.
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Guy Sajer (The Forgotten Soldier)