Belle De Jour Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Belle De Jour. Here they are! All 69 of them:

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Celui qui passe à coté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Male egos require constant stroking. Every task is an achievement, every success epic. That is why women cook, but men are chefs: we make cheese on toast, they produce pain de fromage.
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Belle de Jour (The Further Adventures of a London Call Girl (Belle de Jour, #2))
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Time is limited and some opportunities never repeat themselves.
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Belle de Jour (The Intimate Adventures of a London Call Girl)
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Holding your stomach in when your clothes are off is not fuckable. Slapping your ample behind and inviting him to ride the wobble is.
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Belle de Jour
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On la connaît tous... Cette solitude qui nous mine parfois. Qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins. C'est la tristesse du premier jour d'école. C'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée. C'est Orly ou la gare de l'Est à la fin d'un amour. C'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble. C'est quelquefois moi. C'est quelquefois vous. Mais il suffit parfois d'une rencontre...
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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In a world of twelve-years-olds in sexy boots and nans in sparkly mini-dresses, the surest way to tell the prostitute walking into a hotel at Heathrow is to look for the lady in the designer suit.
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Belle de Jour
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in love: a momentary instance of bein almost interested in someone else as in oneself!
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Belle de Jour (Belle de Jour: Diary of an Unlikely Call Girl (Belle De Jour #1))
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As-tu déjà été amoureux? C'est horrible non? Ca rend si vulnérable. Ca t'ouvre la poitrine et le coeur en grand et du coup, n'importe qui peut venir te bousiller de l'intérieur. On se forge des défenses, on se fabrique une belle armure pour que rien ne puisse jamais nous atteindre, et voilà qu'un imbécile, pas bien différent des autres s'immisce dans notre imbécile de vie... On lui offre un morceau de soi alors que l'autre n'a rien demandé. Il a juste fait un truc débile un jour, genre t'embrasser ou te sourire, mais, depuis, ta vie ne t'appartient plus. L'amour te prend en otage. Il s'insinue en toi. Il te dévore de l'intérieur et te laisse tout seul à chialer dans le noir, au point qu'un simple phrase comme "je crois qu'on devrait rester amis" te fait l'effet d'un éclat de verre qu'on t'aurait planté dans le coeur. Ca fait mal. Pas juste dans ton imagination. Pas juste dans ta tête. C'est une douleur à fendre l'âme, qui s'incruste en toi et te déchire du dedans. Je hais l'amour.
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Neil Gaiman (The Sandman, Vol. 9: The Kindly Ones)
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Having interests translates as confidence to do and be things on your own without expecting a man to do and be for you. And confidence is attractive. Not to mention independence.
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Belle de Jour
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Why fantasize about what you already experience? I go to the written word for places and faces that I don't get at home. Hot people in hot climates. Sex acts I can hardly imagine. Porn is about the unachievable ... and, therefore, the inherently desirable.
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Belle de Jour
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First the fact that the only items on open display seem to be tampons, breast pumps, and douches, making one feel as a female more soiled and wretched than even two thousand years of Catholic catechism could do.
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Belle de Jour (The Further Adventures of a London Call Girl (Belle de Jour, #2))
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Et comme j’essayais de lui expliquer ce que c’était que ces mariages, je sentis quelque chose de frais et de fin peser légèrement sur mon épaule. C’était sa tête alourdie de sommeil qui s’appuyait contre moi avec un joli froissement de rubans, de dentelles et de cheveux ondés. Elle resta ainsi sans bouger jusqu’au moment où les astres du ciel pâlirent, effacés par le jour qui montait. Moi, je la regardais dormir, un peu troublé au fond de mon être, mais saintement protégé par cette claire nuit qui ne m’a jamais donné que de belles pensées. Autour de nous, les étoiles continuaient leur marche silencieuse, dociles comme un grand troupeau ; et par moments je me figurais qu’une de ces étoiles, la plus fine, la plus brillante ayant perdu sa route, était venue se poser sur mon épaule pour dormir..
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Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
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C is for Cash Only. I don't take cards. Where would I put the swipe machine?
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Belle de Jour (The Intimate Adventures of a London Call Girl)
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Sometimes I wonder if I met everyone in my life in the wrong order.
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Belle de Jour (The Further Adventures of a London Call Girl (Belle de Jour, #2))
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux où nous étions amis En ce temps-là la vie était plus belle Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Tu vois, je n'ai pas oublié Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oublié, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidèle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu étais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-là la vie était plus belle Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui. Tu étais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants désunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants désunis.
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Jacques Prévert
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Car l'homme ne vit que durant un clignement de paupières et ensuite c'est la pourriture à jamais, et chaque jour tu fais un pas de plus vers le trou en terre où tu moisiras en grande stupidité et silence en la seule compagnie de vers blancs et gras comme ceux de la farine et du fromage, et ils s'introduiront dans tous tes orifices pour s'y nourrir.
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Albert Cohen (Belle du Seigneur)
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Hold on tightly - let go lightly
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Belle de Jour (The Intimate Adventures of a London Call Girl (Belle de Jour, #1))
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Escape Hatches - A Brief Consideration... North America. Pros: charming accent might attract general goodwill, free drinks. Cons: am frightened by the concept of Texas.
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Belle de Jour (Belle de Jour: Diary of an Unlikely Call Girl (Belle De Jour #1))
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Something that did not happen to me broke my heart. That was how I knew I was capable of feeling.
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Belle de Jour (Belle de Jour: Diary of an Unlikely Call Girl (Belle De Jour #1))
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If someone’s going to have an expensive, pointless hobby, I’d rather it was skiing. Or better still, buying me expensive, pointless things.
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Anonymous (Belle de Jour: Diary of an Unlikely Call Girl)
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La postérité n'a jamais rendu l'étreinte des tombes moins dure. Elle a juste le mérite de modérer notre peur de la mort puisqu'il n'y a pas de thérapie mieux appropriée à notre inexorable finitude que l'illusion d'une belle éternité. .. Cependant, il en existe une qui me tient à cœur : la mémoire d'une nation éclairée. c'est la seule postérité qui me fasse rêver.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Je cherchais une âme qui et me ressemblât, et je ne pouvais pas la trouver. Je fouillais tous les recoins de la terre; ma persévérance était inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu’un qui approuvât mon caractère; il fallait quelqu’un qui eût les mêmes idées que moi. C’était le matin; le soleil se leva à l’horizon, dans toute sa magnificence, et voilà qu’à mes yeux se lève aussi un jeune homme, dont la présence engendrait les fleurs sur son passage. Il s’approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi, qui me cherches. Bénissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t’en; je ne t’ai pas appelé: je n’ai pas besoin de ton amitié." C’était le soir; la nuit commençait à étendre la noirceur de son voile sur la nature. Une belle femme, que je ne faisais que distinguer, étendait aussi sur moi son influence enchanteresse, et me regardait avec compassion; cependant, elle n’osait me parler. Je dis: "Approche-toi de moi, afin que je distingue nettement les traits de ton visage; car, la lumière des étoiles n’est pas assez forte, pour les éclairer à cette distance." Alors, avec une démarche modeste, et les yeux baissés, elle foula l’herbe du gazon, en se dirigeant de mon côté. Dès que je la vis: "Je vois que la bonté et la justice ont fait résidence dans ton coeur: nous ne pourrions pas vivre ensemble. Maintenant, tu admires ma beauté, qui a bouleversé plus d’une; mais, tôt ou tard, tu te repentirais de m’avoir consacré ton amour; car, tu ne connais pas mon âme. Non que je te sois jamais infidèle: celle qui se livre à moi avec tant d’abandon et de confiance, avec autant de confiance et d’abandon, je me livre à elle; mais, mets-le dans ta tête, pour ne jamais l’oublier: les loups et les agneaux ne se regardent pas avec des yeux doux." Que me fallait-il donc, à moi, qui rejetais, avec tant de dégoût, ce qu’il y avait de plus beau dans l’humanité!
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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London wasn't the first city I'd lived in, but it was certainly the largest. Anywhere else there is always the chance of seeing someone you know or, at the very least, a smiling face. Not here. Commuters crowd the trains, eager to outdo their fellow travelers in an escalating privacy war of paperbacks, headphones and newspapers. A woman next to me on the Northern Line on day held the Metro just inches from her face; it was only three stops later that I noticed she was not reading but crying. It was hard not to offer sympathy and harder still to not start crying myself.
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Belle de Jour (The Intimate Adventures of a London Call Girl (Belle de Jour #1))
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Gamberge Tu gamberges. Tu regardes ta vie. Ça ne colle pas. Alors tu déprimes. Combien de vies ratées pour une vie réussie ? C'est quoi, les proportions ? Qu'est-ce que j'ai mal fait pour en arriver là ? C'est quand, que j'ai merdé ? J'ai encore le temps de me rattraper ? Combien de chances il me reste pour m'en sortir pas trop mal ? Elle peut encore changer, ma vie ? Je ne suis pas fait pour cette vie-là ? Ça se change, une vie ? Je veux dire, ça se change vraiment ? C'est quoi, le problème ? C'est ma névrose ? Comment on fait pour tordre une névrose ? J'ai mangé mon pain blanc, alors ? JE l'ai mangé sans m'en rendre compte, c'est ça ? Je vais encore ramer longtemps comme ça ? C'est encore loin, l'Amérique ? Est-ce qu'un jour moi aussi je mâchouillerai un brin d'herbe sous un saule en me disant que la vie est belle ? Qu'elle est sacrement belle ? Faut que j'arrête de gamberger, c'est pas bon.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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J'ai appris, que la personne que je dois demander le plus pardon est : moi-même. Il faut s'aimer. Il faut se pardonner, chaque jour, chaque fois que vous vous souvenez d'une faiblesse, d'une faille, vous devez vous dire « C'est très bien ». Vous devez vous pardonner tant de choses, jusqu'à ce que vous ne voyez même plus ces choses. Parce que c'est cela l'amour
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C. JoyBell C.
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Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s’est fait connaître et il m’a dit : “Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j’aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté.
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Marguerite Duras (The Lover)
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Moi qui jadis dansais parmi vous, ô mes sœurs, Vive comme le faon, le plus vif des danseurs. Mais, ô belles, qu’y puis-je ? Hélas l’ombre étoilée Et le jour qui la suit ou bien qui la précède Nous traînent à la mort. À la mort chacun cède. Mais je désire encor… Mon âme désolée Goûte encor le soleil et les fleurs printanières. Les bêtes vont mourir au fond de leurs tanières, Mais je veux jusqu’au bout savourer la clarté Et vous aimer.
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Marguerite Yourcenar (La Couronne et la Lyre: Anthologie de la poésie grecque ancienne)
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Les passantes : Je veux dédier ce poème A toutes les femmes qu'on aime Pendant quelques instants secrets A celles qu'on connait à peine Qu'un destin différent entraine Et qu'on ne retrouve jamais ...... A la compagne de voyage Dont les yeux, charmant paysage Font apparaitre court le chemin Qu'on est seul, peut-être à comprendre Et qu'on laisse pourtant descendre Sans avoir effleuré sa main. .... Chères images aperçues Espérances d'un jour deçues Vous serez dans l'oubli demain Pour peu que le bonheur survienne Il est rare qu'on se souvienne Des épisodes du chemin. Mais si lon a manqué sa vie On songe avec un peu d'envie A tous ces bonheurs entrevus Aux baisers qu'on n'osa pas prendre Aux coeurs qui doivent vous attendre Aux yeux qu'on n'a jamais revus. Alors aux soirs de lassitude Tout en peuplant sa solitude Des fantômes du souvenir On pleure les lèvres absentes De toutes ces belles passantes Que l'on n'a pas su retenir.
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Antoine Polin
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L’Esclave Captive et peut-être oubliée, Je songe à mes jeunes amours, À mes beaux jours, Et par la fenêtre grillée Je regarde l’oiseau joyeux Fendant les cieux. Douce et pâle consolatrice, Espérance, rayon d’en haut, Dans mon cachot Fais-moi, sous ta clarté propice, À ton miroir faux et charmant Voir mon amant ! Auprès de lui, belle Espérance, Porte-moi sur tes ailes d’or, S’il m’aime encor, Et, pour endormir ma souffrance, Suspends mon âme sur son cœur Comme une fleur !
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Théophile Gautier (Poésies diverses (French Edition))
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Un jour il voyait des gens du pays très occupés à arracher des orties ; il regarda ce tas de plantes déracinées èt déjà desséchées, et dit : — C’est mort. Cela serait pourtant bon si l’on savait s’en servir. Quant l’ortie est jeune, la feuille est un légume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d’ortie vaut la toile de chanvre. Hachée, l’ortie est bonne pour la volaille ; broyée, elle est bonne pour lès bêtes à cornes, La graine de l’ortie mêlée au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mêlée au sel produit une belle couleur jaune. C’est du reste un excellent foin qu’on peut faucher deux fois. Et que faut-il à l’ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe à mesure qu’elle mûrit, et est difficile à récolter. Avec quelque peine qu’on prendrait, l’ortie serait utile ; on la néglige, elle devient nuisible. Alors on la tue. Que d’hommes ressemblent à l’ortie ! — Il ajouta après un silence : Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs.
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Victor Hugo (Les Misérables, tome I/3)
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L'Herbe a si peu à faire, Une Sphère de simple Vert - N'ayant qu'à couver les Papillons, Et tenir compagnie aux Abeilles - Et se balancer tout le jour sur de jolies chansons Que les brises vont chercher, Et tenir le Soleil, dans son giron, Et faire des courbettes à tout, Et enfiler les Rosées toute la nuit, comme des Perles, Et se faire si belle Qu'une Duchesse, serait trop ordinaire Pour qu'on la remarque comme elle, Et même quand elle meurt, périr En odeurs si divines - Comme d'humbles épices, couchées , endormies - Ou comme le Nard indien qui expirant s'exhale - Et puis habiter dans Granges Royales, Occuper ses Journées à rêver, L'Herbe a si peu à faire, Je voudrais être - Foin -
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Emily Dickinson (The Complete Poems of Emily Dickinson)
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On a Parisienne’s Bookshelf THERE ARE MANY BOOKS ON A PARISIENNE’S BOOKSHELF: The books you so often claim you’ve read that you actually believe you have. The books you read in school from which you remember only the main character’s name. The art books your parents give you each Christmas so you can get some “culture”. The art books that you bought yourself and which you really love. The books that you’ve been promising yourself you’ll read next summer … for the past ten years. The books you bought only because you liked the title. The books that you think makes you cool. The books you read over and over again, and that evolve along with your life. The books that remind you of someone you loved. The books you keep for your children, just in case you ever have any. The books whose first ten pages you’ve read so many times you know them by heart. The books you own simply because you must and, taken together, form intangible proof that you are well read. AND THEN THERE ARE THE BOOKS YOU HAVE READ, LOVED, AND WHICH ARE A PART OF YOUR IDENTITY: The Stranger, Albert Camus The Elementary Particles, Michel Houellebecq Belle du Seigneur, Albert Cohen Bonjour Tristesse, Françoise Sagan Madame Bovary, Gustave Flaubert L'Écume des jours, Boris Vian Lolita, Vladimir Nabokov Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire Journey to the End of the Night, Louis-Ferdinand Céline À la recherche du temps perdu, Marcel Proust “How to Be Parisian Wherever You Are: Love, Style, and Bad Habits” By Anne Berest, Audrey Diwan, Caroline de Maigret, and Sophie Mas
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Caroline de Maigret
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Vous avez été enfant, lecteur, et vous êtes peut-être assez heureux pour l'être encore. Il n'est pas que vous n'ayez plus d'une fois (et pour mon compte j'y ai passé des journées entières, les mieux employées de ma vie) suivi de broussaille en broussaille, au bord d'une eau vive, par un jour de soleil, quelque belle demoiselle verte ou bleue, brisant son vol à angles brusques et baisant le bout de toutes les branches. Vous vous rappelez avec quelle curiosité amoureuse votre pensée et votre regard s'attachaient à ce petit tourbillon sifflant et bourdonnant, d'ailes de pourpre et d'azur, au milieu duquel flottait une forme insaisissable voilée par la rapidité même de son mouvement. L'être aérien qui se dessinait confusément à travers ce frémissement d'ailes vous paraissait chimérique, imaginaire, impossible à toucher, impossible à voir. Mais lorsque enfin la demoiselle se reposait à la pointe d'un roseau et que vous pouviez examiner, en retenant votre souffle, les longues ailes de gaze, la longue robe d'émail, les deux globes de cristal, quel étonnement n'éprouviez-vous pas et quelle peur de voir de nouveau la forme s'en aller en ombre et l'être en chimère ! Rappelez-vous ces impressions, et vous vous rendrez aisément compte de ce que ressentait Gringoire en contemplant sous sa forme visible et palpable cette Esmeralda qu'il n'avait entrevue jusque-là qu'à travers un tourbillon de danse, de chant et de tumulte.
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Victor Hugo (Notre-Dame de ParĂ­s)
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Qu’un galop rapide, coursiers aux pieds brûlants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que Phaéton vous aurait précipités vers le couchant et aurait ramené la sombre Nuit. Étends ton épais rideau. Nuit qui couronne l’amour; ferme les yeux errants, et que Roméo puisse voler dans mes bras sans qu’on le dise et sans qu’on le voie. La lumière de leurs mutuelles beautés suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystères; ou si l’Amour est aveugle, il ne s’en accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vêtements modestes, tout en noir, apprends-moi à perdre au jeu de qui perd gagne, où l’enjeu est deux virginités sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues où se révolte mon sang effarouché, jusqu’à ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans l’épreuve d’un amour fidèle, n’y voie plus qu’un chaste devoir.—Viens, ô Nuit; viens, Roméo; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus éclatant que n’est sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombée. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de ténèbres: donne-moi mon Roméo; et quand il aura cessé de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites étoiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! j’ai acheté une demeure d’amour, mais je n’en suis pas encore en possession, et celui qui m’a acquise n’est pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille d’une fête pour l’enfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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277. Providence personnelle. Il existe un certain point supérieur de la vie : lorsque nous l’avons atteint, malgré notre liberté et quoi que nous déniions au beau chaos de l’existence toute raison prévoyante et toute bonté, nous sommes encore une fois en grand danger de servitude intellectuelle et nous avons à faire nos preuves les plus difficiles. Car c’est maintenant seulement que notre esprit est violemment envahi par l’idée d’une providence personnelle, une idée qui a pour elle le meilleur avocat, l’apparence évidente, maintenant que nous pouvons constater que toutes, toutes choses qui nous frappent, tournent toujours à notre bien. La vie de chaque jour et de chaque heure semble vouloir démontrer cela toujours à nouveau ; que ce soit n’importe quoi, le beau comme le mauvais temps, la perte d’un ami, une maladie, une calomnie, la non-arrivée d’une lettre, un pied foulé, un regard jeté dans un magasin, un argument qu’on vous oppose, le fait d’ouvrir un livre, un rêve, une fraude : tout cela nous apparaît, immédiatement, ou peu de temps après, comme quelque chose qui « ne pouvait pas manquer », — quelque chose qui est plein de sens et d’une profonde utilité, précisément pour nous ! Y a-t-il une plus dangereuse séduction que de retirer sa foi aux dieux d’Épicure, ces insouciants inconnus, pour croire à une divinité quelconque, soucieuse et mesquine, qui connaît personnellement chaque petit cheveu sur notre tête et que les services les plus détestables ne dégoûtent point ? Eh bien ! — je veux dire malgré tout cela, — laissons en repos les dieux et aussi les génies serviables, pour nous contenter d’admettre que maintenant notre habileté, pratique et théorique, à interpréter et à arranger les événements atteint son apogée. Ne pensons pas non plus trop de bien de cette dextérité de notre sagesse, si nous sommes parfois surpris de la merveilleuse harmonie que produit le jeu sur notre instrument : une harmonie trop belle pour que nous osions nous l’attribuer à nous-mêmes. En effet, de-ci de-là, il y a quelqu’un qui se joue de nous — le cher hasard : à l’occasion, il nous conduit la main et la providence la plus sage ne saurait imaginer de musique plus belle que celle qui réussit alors sous notre folle main.
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Friedrich Nietzsche (Oeuvres complètes (24 titres annotés))
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JULIETTE.—Oh! manque, mon coeur! Pauvre banqueroutier, manque pour toujours; emprisonnez-vous, mes yeux; ne jetez plus un seul regard sur la liberté. Terre vile, rends-toi à la terre; que tout mouvement s’arrête, et qu’une même bière presse de son poids et Roméo et toi. LA NOURRICE.—O Tybalt, Tybalt! le meilleur ami que j’eusse! O aimable Tybalt, honnête cavalier, faut-il que j’aie vécu pour te voir mort! JULIETTE.—Quelle est donc cette tempête qui souffle ainsi dans les deux sens contraires? Roméo est-il tué, et Tybalt est-il mort? Mon cousin chéri et mon époux plus cher encore? Que la terrible trompette sonne donc le jugement universel. Qui donc est encore en vie, si ces deux-là sont morts? LA NOURRICE.—Tybalt est mort, et Roméo est banni: Roméo, qui l’a tué, est banni. JULIETTE.—O Dieu! la main de Roméo a-t-elle versé le sang de Tybalt? LA NOURRICE.—Il l’a fait, il l’a fait! O jour de malheur! il l’a fait! JULIETTE.—O coeur de serpent caché sous un visage semblable à une fleur! jamais dragon a-t-il choisi un si charmant repaire? Beau tyran, angélique démon, corbeau couvert des plumes d’une colombe, agneau transporté de la rage du loup, méprisable substance de la plus divine apparence, toi, justement le contraire de ce que tu paraissais à juste titre, damnable saint, traître plein d’honneur! O nature, qu’allais-tu donc chercher en enfer, lorsque de ce corps charmant, paradis sur la terre, tu fis le berceau de l’âme d’un démon? Jamais livre contenant une aussi infâme histoire porta-t-il une si belle couverture? et se peut-il que la trahison habite un si brillant palais? LA NOURRICE.—Il n’y a plus ni sincérité, ni foi, ni honneur dans les hommes; tous sont parjures, corrompus, hypocrites. Ah! où est mon valet? Donnez-moi un peu d’aqua vitæ….. Tous ces chagrins, tous ces maux, toutes ces peines me vieillissent. Honte soit à Roméo! JULIETTE.—Maudite soit ta langue pour un pareil souhait! Il n’est pas né pour la honte: la honte rougirait de s’asseoir sur son front; c’est un trône où on peut couronner l’honneur, unique souverain de la terre entière. Oh! quelle brutalité me l’a fait maltraiter ainsi? LA NOURRICE.—Quoi! vous direz du bien de celui qui a tué votre cousin? JULIETTE.—Eh! dirai-je du mal de celui qui est mon mari? Ah! mon pauvre époux, quelle langue soignera ton nom, lorsque moi, ta femme depuis trois heures, je l’ai ainsi déchiré? Mais pourquoi, traître, as-tu tué mon cousin? Ah! ce traître de cousin a voulu tuer mon époux.—Rentrez, larmes insensées, rentrez dans votre source; c’est au malheur qu’appartient ce tribut que par méprise vous offrez à la joie. Mon époux vit, lui que Tybalt aurait voulu tuer; et Tybalt est mort, lui qui aurait voulu tuer mon époux. Tout ceci est consolant, pourquoi donc pleuré-je? Ah! c’est qu’il y a là un mot, plus fatal que la mort de Tybalt, qui m’a assassinée.—Je voudrais bien l’oublier; mais, ô ciel! il pèse sur ma mémoire comme une offense digne de la damnation sur l’âme du pécheur. Tybalt est mort, et Roméo est….. banni! Ce banni, ce seul mot banni, a tué pour moi dix mille Tybalt. La mort de Tybalt était un assez grand malheur, tout eût-il fini là; ou si les cruelles douleurs se plaisent à marcher ensemble, et qu’il faille nécessairement que d’autres peines les accompagnent, pourquoi, après m’avoir dit: «Tybalt est mort,» n’a-t-elle pas continué: «ton père aussi, ou ta mère, ou tous les deux?» cela eût excité en moi les douleurs ordinaires. Mais par cette arrière-garde qui a suivi la mort de Tybalt, Roméo est banni; par ce seul mot, père, mère, Tybalt, Roméo, Juliette, tous sont assassinés, tous morts. Roméo banni! Il n’y a ni fin, ni terme, ni borne, ni mesure dans la mort qu’apporte avec lui ce mot, aucune parole ne peut sonder ce malheur.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Les deux femmes, vêtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sœur, elles jetèrent dessus des fleurs et de l’eau bénite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeâtre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumèrent deux petites bougies qui étaient sur la table de nuit, s’agenouillèrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien… Lélia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillé, la tête sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me déchirant l’âme avec des prières et des vœux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indécises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, à une place, une forme ronde qui devait être La tête, et plus bas une autre qui semblait être les pieds. Je croyais, moi, pauvre naïf enfant, je croyais que la prière pouvait rendre la vie à un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passée à prier sur un cadavre, à pleurer, à vouloir faire renaître le néant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, à la lueur de deux cierges mortuaires, entouré de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vénales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scène de désespoir et de deuil vous remplit le cœur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de désespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença à paraître, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient à mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissèrent seul. Je courus après elles, et me traînant à leurs pieds, m’attachant à leurs vêtements : — Ma sœur ! leur dis-je, eh bien, ma sœur ! oui, Lélia ! où est-elle ? Elles me regardèrent étonnées. — Ma sœur ! vous m’avez dit de prier, j’ai prié pour qu’elle revienne, vous m’avez trompé ! — Mais c’était pour son âme ! Son âme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlé de Dieu, jamais de l’âme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eût demandé ce qu’il était, eh bien, j’aurais pris La linotte de Lélia, et, lui brisant la tête entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’âme ? l’âme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allèrent sans me répondre. Son âme ! eh bien, elles m’ont trompé, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était Lélia, Lélia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sœur aux grands yeux bleus, Lélia qui m’embrassait le soir après sa poupée, après son mouton chéri, après sa linotte. Pauvre sœur ! c’était toi que je demandais à grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me répondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as prié non pour elle, mais tu as prié pour son âme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue étrangère ; tu as prié pour un souffle, pour un mot, pour le néant, pour son âme enfin ! » Son âme, son âme, je la méprise, son âme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait à moi, son âme ? savez-vous ce que c’est que son âme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompé, eh bien, je les ai maudites. Cette malédiction est retombée sur moi, philosophe imbécile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire à une âme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au Prométhée d’Eschyle, je brave les coups et que je méprise trop pour blasphémer.
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Gustave Flaubert (La dernière heure : Conte philosophique inachevé)
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Nous allons dans quelques mois rendre hommage aux femmes et aux hommes de courage qui, il y a cinquante ans, ont contribué à Selma, en Alabama, à mettre à bas les lois Jim Crow [imposant la ségrégation raciale]. De la même façon, je suis convaincu qu’un jour nous analyserons rétrospectivement la période que nous vivons, et que nous comprendrons qu’il y avait là toute une génération qui, refusant le statu quo, a employé son temps, ses talents et son énergie pour faire de l’Amérique une union plus belle et meilleure.
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Courrier International
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C’est cette histoire que, moi aussi, j’ai obéi au désir de te conter, alors que je te connaissais à peine, toi qui ne peux plus te souvenir, mais qui ayant, comme par hasard, eu connaissance du début de ce livre, es intervenue si opportunément, si violemment et si efficacement auprès de moi sans doute pour me rappeler que je le voulais « battant comme une porte » et que par cette porte je ne verrais sans doute jamais entrer que toi. Entrer et sortir que toi. Toi qui de tout ce qu’ici j’ai dit n’auras reçu qu’un peu de pluie sur ta main levée vers « LES AUBES ». Toi qui me fais tant regretter d’avoir écrit cette phrase absurde et irrétractable sur l’amour, le seul amour, tel qu’il ne peut être qu’à toute épreuve. Toi qui, pour tous ceux qui m’écoutent, ne dois pas être une entité mais une femme, toi qui n’es rien tant qu’une femme, malgré tout ce qui m’en a imposé et m’en impose en toi pour que tu sois la Chimère. Toi qui fais admirablement tout ce que tu fais et dont les raisons splendides, sans confiner pour moi à la déraison, rayonnent et tombent mortellement comme le tonnerre. Toi la créature la plus vivante, qui ne parais avoir été mise sur mon chemin que pour que j’éprouve dans toute sa rigueur la force de ce qui n’est pas éprouvé en toi. Toi qui ne connais le mal que par ouï-dire. Toi, bien sûr, idéalement belle. Toi que tout ramène au point du jour et que par cela même je ne reverrai peut-être plus…
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André Breton
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Je suis content de te savoir brune et dorée. Fais-toi belle, souris, ne te laisse pas aller. Je veux que tu sois heureuse. Tu n'as jamais été plus belle que ce soir où tu m'as dit que tu étais heureuse (tu te souviens, avec ton amie). Je t'aime de beaucoup de façons, mais surtout comme cela - avec le visage du bonheur et cet éclat de la vie qui me bouleverse toujours. Je ne suis pas fait pour aimer dans le rêve, mais du moins je sais reconnaître la vie où elle se trouve - et je crois que je l'ai reconnue ce premier jour où dans le costume de Deirdre tu parlais, par-dessus ma tête, à je ne sais quel amant impossible. »
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Albert Camus
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Cigarettes café promenades comme chez les fous un véritable esclandre ici nous sommes tous amis. ici nous sommes tous sains d’esprit. personne ne reconnaît. les regards perdus parlent de nous. les détournements de la réalité immédiate auraient été notre seule réalité. disaient ceux qui pensaient contrôler la réalité. l’infirmier a dit je suis nouveau. une fleur un jour de mai. je suis tout juste bon. pour les pilules probablement une dépression j’ignore si je suis guéri ou si j’ai jamais été déprimé. je fus interrogé par un collègue si je me suis acclimaté. trois mois qu’il pêchait délicatement les plantes dans la rigole. regarde comme elles sont belles. j’avais envie de rire. sans raison. tel un fou. il a été conduit à l’hôpital par un temps hivernal. on ne nous a jamais donné de fourchettes pour manger. Ils disaient qu’on allait se crever les yeux fixant le vide. le premier jour nous avons mangé le plat de résistance avec les mains. aucun de nous n’avait assez de cigarettes. le nec plus ultra était de fumer et d’observer la lune. aucun espoir que les amoureuses ou les épouses nous cherchent. si toutefois ça leur arrivait de passer en coup de vent as tu apporté des cigarettes pour observer la lune. on demandait. j’ai quitté cet endroit. je n’ai pas découvert ce dont je souffrais. d’un hôpital à l’autre. que dira le monde. le pauvre habite en mezzanine. bien sûr ils m’ont demandé comment je me sentais. l’éternelle bienveillance. cela peut arriver à tout un chacun. disait-on. (traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Emil Iulian Sude (Paznic de noapte)
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Chaque jour, le maître se contentait de le saluer et commençait son cours. Puis il demeurait invisible le reste de la journée et restait muet lors du dîner. Or, ce matin-là, debout près de la rivière argentée, le vieil aveugle lui dit : — Yuko, tu deviendras un poète accompli lorsque, dans ton écriture, tu intégreras les notions de peinture, de calligraphie, de musique et de danse. Et surtout lorsque tu maîtriseras l’art du funambule. Yuko se mit à sourire. Le maître n’avait pas oublié. — Pourquoi l’art du funambule pourrait-il me servir ? Soseki posa sa main sur l’épaule du jeune homme, comme il l’avait déjà fait un mois plus tôt. — Pourquoi ? En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Écrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe. Yuko remercia le maître de lui enseigner l’art d’une façon si subtile, si belle.
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Maxence Fermine
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Ainsi on peut être belle et seule. Ainsi on peut être Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus à se réveiller, seule, seule dans son cœur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe était un produit achevé de la civilisation du bonheur, la nôtre. Ainsi on peut être belle et seule. Riche et seule. Célèbre et seule. Ainsi on peut être Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus à se réveiller, seule, seule dans son cœur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe était un produit achevé de la civilisation du bonheur, la nôtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-à-dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il à manquer? C'est très simple. Un jour, on ne désire plus rien. Un jour, on se découvre mort à l'intérieur. Alors, obliger la machine à tourner quand même, à manger, à boire, à dormir, devient un effort immense, totalement disproportionné avec le but à atteindre: demeurer, extérieurement, en vie.
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Françoise Giroud
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Ainsi on peut être belle et seule. Riche et seule. Célèbre et seule. Ainsi on peut être Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus à se réveiller, seule, seule dans son cœur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe était un produit achevé de la civilisation du bonheur, la nôtre. Ainsi on peut être belle et seule. Riche et seule. Célèbre et seule. Ainsi on peut être Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus à se réveiller, seule, seule dans son cœur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe était un produit achevé de la civilisation du bonheur, la nôtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-à-dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il à manquer? C'est très simple. Un jour, on ne désire plus rien. Un jour, on se découvre mort à l'intérieur. Alors, obliger la machine à tourner quand même, à manger, à boire, à dormir, devient un effort immense, totalement disproportionné avec le but à atteindre: demeurer, extérieurement, en vie.
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Françoise Giroud
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Ainsi on peut être belle et seule. Riche et seule. Célèbre et seule. Ainsi on peut être Marilyn Monroe et mourir seule, comme un chien, un dimanche, pour rien. Pour dormir et n'avoir plus à se réveiller, seule, seule dans son cœur sinon dans son lit. (...) Marilyn Monroe était un produit achevé de la civilisation du bonheur, la nôtre. Il ne lui manquait, pour vivre heureuse, que l'essentiel, c'est-à-dire l'envie de vivre. Comment cela vient-il à manquer? C'est très simple. Un jour, on ne désire plus rien. Un jour, on se découvre mort à l'intérieur. Alors, obliger la machine à tourner quand même, à manger, à boire, à dormir, devient un effort immense, totalement disproportionné avec le but à atteindre: demeurer, extérieurement, en vie.” ― Françoise Giroud, dans l'Express, citée par sa biographe Laure Adler, dans Françoise, Grasset, 2011.
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Laure Adler cite Françoise Giroud, qui commente dans l'Express la mort de Marilyn Monroe en 1962.
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La postérité n'a jamais rendu l'étreinte des tombes moins dure. Elle a juste le mérite de modérer notre peur de la mort puisqu'il n'y a pas de thérapie mieux appropriée à notre inexorable finitude que l'illusion d'une belle éternité.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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La chapelle de l’Assomption avait pour elle un attrait curieux. Elle demandait souvent qu’il lui fût premise d’aider la religieuse à décorer l’autel. Elle le faisait comme une profane, avec de mouvements vifs, le rire aux lèvres, la voix un peu trop haute, insensible à la grande Présence qui rendait la soeur si craintive et si respectueuse. Les jours du marché de la Madeleine, elle revenait à Auteuil, sa voiture remplie de fleurs; elle allait deposer les plus belles aux pieds de la Vierge. C’était un homage qu’en vraie Américaine elle voulait rendre à son sexe. Elle aimait le catholicisme parce que, disait-elle avec un sans-gêne d’hérétique, il possède une déesse et que, seul de toutes les religions chrétiennes, il a élevé des autels aux femmes.
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Pierre de Coulevain (Eve victorieuse)
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Qu'a oublié l'être humain sur son chemin pour faire de ce monde un tel champ d'injustices? Un rapporteur de l'Onu a pourtant déclaré un jour que l'homme produisiat de quoi nourrir douze milliards d'individus. Preuve que l'être humain est responsable de totu cela et qu'il est capable du meilleur comme du pire. Dieu nous a donné tant de belles choses et de richesses, qu'en avons-nous fait?
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MĂ©lanie Georgiades (Diam's: autobiographie)
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La fille était encore plus belle, maintenant que la lumière du jour la mettait en exergue. Elle n'était pas de chair et de sang; elle était une éclaboussure de soleil.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă  la nuit)
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Je suis encore en colère. Si mon propre regard s'est aujourd'hui apaisé, j'ai la rage que les gens qui m'aiment ou m'aimaient, aient pu penser un jour que j'étais mieux mince, plus belle, plus heureuse, plus sympa... Est-ce qu'au fond iels pensent tou·te·s que ce "moi grosse" est moins bien ?
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Marie de Brauer (Ne jamais couler)
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La lutte libérale contre la Restauration et l’ouverture faite aux hommes de lettres dans la période orléaniste avaient favorisé, sinon une politisation de la vie intellectuelle, du moins une sorte d’indifférenciation de la littérature et de la politique, comme en témoigne la floraison des politiciens littérateurs et des littérateurs politiciens, Guizot, Thiers, Michelet, Thierry, Villemain, Cousin, Jouffroy ou Nisard. La révolution de 1848, qui déçoit ou inquiète les libéraux, et surtout le second Empire renvoient la plupart des écrivains dans une sorte de quiétisme politique, inséparable d’un repliement hautain vers l’art pour l’art, défini contre l’« art social ». On se rappelle Baudelaire fulminant contre les socialistes : « Crosse religieusement les omoplates de l’anarchiste21 ! » Ou Leconte de Lisle faisant la leçon à Louis Ménard resté fidèle à ses idéaux politiques : « Vas-tu passer ta vie à rendre un culte à Blanqui qui n’est ni plus ni moins qu’une sorte de hache révolutionnaire, hache utile en son lieu, je le veux bien, mais hache enfin ! Va ! Le jour où tu auras fait une belle œuvre, tu auras plus prouvé ton amour de la justice et du droit qu’en écrivant vingt volumes d’économie22. » Mais l’expression la plus typique de ce désenchantement se trouve chez Flaubert, Taine ou Renan qui, réfugiés dans leur œuvre, gardent le silence sur les événements politiques.
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Pierre Bourdieu (Les Règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
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Nous vivrons une longue série de jours, de longues soirées. Nous supporterons patiemment les épreuves que nous enverra le destin. Nous travaillerons pour les autres, maintenant et dans notre vieillesse, sans connaître le repos. Et quand notre heure viendra, nous mourrons soumis. Et là-bas, au-delà du tombeau, nous dirons combien nous avons souffert, pleuré, combien nous étions tristes. Et Dieu aura pitié de nous. Et tous deux, nous verrons, cher oncle, une vie lumineuse, belle, splendide. Nous nous en réjouirons, et nous rappellerons avec une humilité souriante nos malheurs d’à présent. Et nous nous reposerons.
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Anton Tchekhov (Uncle Vanya)
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Un ami à moi laissait toujours son argent trainer n'importe où dans des enveloppes ou à même des tables et de tiroirs ouverts, jusqu'au jour où il a déménagé, et dans la nouvelle belle maison il y avait un coffre-fort emmuré dans la salle de bain, alors il y a rangé son argent, c'était normal. Seulement on le lui a volé le jour même... Au lieu de laisser trainer l'argent, il avait laissé trainer les clefs du coffre-fort, et des clefs, c'est encore plus irrésistible que l'argent...
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Elsa Triolet (Le rossignol se tait Ă  l'aube)
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Il ne connaissait, il est vrai, que mon talent de salon, les esquisses de la vie quotidienne, les caricatures que l'on faisait circuler avec amusement à l'heure du thé, du temps où nous recevions encore des hôtes, et pas les études travaillées avec passion que je réalisais pour moi seul dans ma chambre: les exercices de précision comme les débordements de mon imagination que je ne montrais à personne, pas même à Tania, et qui me donnaient l'espoir que j'arriverais un jour à fixer sur la toile des états psychiques, tel un sorcier. Dans sa bonté, mon père ne pouvait pas savoir — et dans son amour exclusif, presque maniaque pour Tania, il était trop indifférent à mon égard pour le deviner — que c'était précisément lui qui stimulait le plus fortement mon talent, son existence de faux-bourdon qui me poussait à prouver à la matriarche de notre maison, sa belle-mère intolérante et toute sa suite féminine, que les hommes étaient encore capables de faire autre chose que simplement jouer avec bienséance, discrétion et élégance, le rôle d'effeuilleur de mères possessives.
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Gregor von Rezzori (Le Cygne)
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À Alexandru Ioan Cuza, Paris, 27 avril 1861 Mon cher Prince, Mon arrivée à Paris a été considérablement retardée par les lenteurs de la navigation du Danube au commencement de la belle saison. J’ai mis quinze jours de Galați à Vienne ! C’est tout dire ; mais enfin j’ai gagné Paris et me suis acquitté de ma mission avec bonheur. Le Prince Napoléon et M. Thouvenel m’ont parfaitement accueilli et ont prêté la plus grande attention à tout ce que je leur ai dit au sujet de l’Union, d’abord, ensuite au sujet des armes et de la question des Bulgares. L'Union définitive des Principautés est dans tous les esprits en France, et je pense que la réalisation de cette grande idée politique par le Prince de la Roumanie donnera à son nom un glorieux retentissement en Europe. L’Union Roumaine est une conséquence de l’Union italienne et ce qui est bien vu chez les Italiens au-delà des Alpes ne peut pas être mal vu chez leurs frères au-delà des Carpates. L’Empereur qui nous a toujours si généreusement protégés, ne désavouera pas plus les uns que les autres. M. Thouvenel m’a parlé, il est vrai, de patience, en se basant sur les nouvelles de Constantinople qui lui annoncent l’adhésion du Gouvernement Turc aux demandes exposées dans Votre mémoire. Il m'a assuré des bonnes intentions du gouvernement l’Empereur à notre égard. Le Prince Napoléon de son côté, après avoir pris connaissance de Votre lettre, m'a de nouveau déclaré que ses sympathies étaient acquises à la Roumanie ainsi qu’à son Prince régnant, mais toutes ces belles paroles ne me suffisent pas pour m’éclairer sur la situation présente et future de mon pays, aussi je compte demander une audience à l’Empereur aussitôt mon retour de Turin et j’espère que Sa Majesté, comme d’habitude, s’expliquera plus catégoriquement au sujet de la politique que nous devons suivre. Tout ce dont je puis Vous assurer pour le moment, c’est que nous avons toujours des amis en France. La presse nous est favorable et les hommes d’État ne sont pas hostiles malgré les petites intrigues de Bibesco et Co.
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Vasile Alecsandri (Opere, IX)
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait établi son camp et élevé des retranchements à Kai-hia : ses soldats étaient mal nourris et épuisés. L’armée de Han et les troupes des seigneurs renfermèrent dans un cercle de plusieurs rangs d'épaisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armée de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayé et dit : « Han a-t-il gagné à lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommée Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommé Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses généreux regrets; il fit sur lui-même ces vers : « Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tête pour le regarder. Puis le roi Hiang monta à cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, à la tombée de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du côté du sud, et galopa jusqu’au jour…
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China, Sima Qian, Xiang Yu
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait établi son camp et élevé des retranchements à Kai-hia : ses soldats étaient mal nourris et épuisés. L’armée de Han et les troupes des seigneurs renfermèrent dans un cercle de plusieurs rangs d'épaisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armée de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayé et dit : « Han a-t-il gagné à lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommée Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommé Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses généreux regrets; il fit sur lui-même ces vers : « Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tête pour le regarder. Puis le roi Hiang monta à cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, à la tombée de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du côté du sud, et galopa jusqu’au jour…
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Sima Qian (Mémoires historiques - Deuxième Section (French Edition))
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J'aimerais que beaucoup de gens lisent mes livres... Les romans que j'ai dévorés m'ont à chaque fois tellement apporté... Que je voudrais pouvoir offrir à mon tour, même un tout petit peu, de cette belle énergie
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Kohei Nagashii (300 jours avec toi - vol. 01/2)
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Elle est belle la nuit, notre ville. Elle est pleine de danger, mais aussi de liberté. Les sans-sommeil, les artistes, les assassins, les joueurs y déambulent, les bistrots, les snacks, les cafés sont ouverts. On se salue, on se connaît, entre ceux qui vivent la nuit. Les gens se pardonnent leurs vices. La lumière du jour accuse, l’obscurité de la nuit donne l’absolution. Les transformés sortent, des hommes habillés en femme parce que la nature les y pousse, et personne ne les embête. On ne demande compte de rien, la nuit. Les éclopés, les aveugles, les boiteux sortent, eux qui le jour sont rejetés. La nuit, la ville est une poche retournée. Même les chiens sortent, ceux qui n’ont pas de maison. Ils attendent la nuit pour chercher les restes, tant de chiens survivent sans personne. La nuit, la ville est un pays civilisé.
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Erri De Luca
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Eugénie se souvient de ce fait divers qui remonte à une trentaine d’années : une prénommée Ernestine aspirait à s’émanciper de son rôle d’épouse en prenant des cours de cuisine auprès de son cousin chef cuisinier, espérant elle-même un jour être derrière les fourneaux d’une brasserie ; son mari, ébranlé dans son rôle dominant, l’avait fait interner à la Salpêtrière. Nombre d’histoires depuis le début du siècle font écho à celle-ci et se racontent dans les cafés parisiens ou les rubriques faits divers des journaux. Une femme s’emportant contre les infidélités de son mari, internée au même titre qu’une va-nu-pieds exposant son pubis aux passants ; une quarantenaire s’affichant au bras d’un jeune homme de vingt ans son cadet, internée pour débauche, en même temps qu’une jeune veuve, internée par sa belle-mère, car trop mélancolique depuis la mort de son époux. Un dépotoir pour toutes celles nuisant à l’ordre public. Un asile pour toutes celles dont la sensibilité ne répondait pas aux attentes. Une prison pour toutes celles coupables d’avoir une opinion. Depuis l’arrivée de Charcot il y a vingt ans, il se dit que l’hôpital de la Salpêtrière a changé, que seules les véritables hystériques y sont internées.
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Victoria Mas (Le Bal des folles)
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J'ai cité dans Chez soi les très belles lignes de Serge Rezvani sur les « surprises de la répétition », sur l'intérêt merveilleux qu'on peut trouver à renouveler chaque jour des gestes et des rituels qui sont chargés de sens à nos yeux, en apprenant à apprécier leurs plus infimes variations, comme une palette qu'on élargit et enrichit sans cesse. J'en trouve un autre éloge chez la philosophe Séverine Auffret : « Un accroissement continuel de jouissance nous vient de l'audition répétée d'une musique. La première audition n'emporte pas notre adhésion. C'est à la deuxième, à la troisième, à la suivante que le plaisir s'affirme, semblable à ce rythme propre du corps tout de scansion, de répétition : parcours d'un même espace, réitération d'un même geste ; cette demande qu'on fait dans le coït, comme le petit enfant qu'on berce, jette en l'air, soulève, balance : "Encore !" » (p. 46)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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— Ô Lune Noire, sache que je t’ai attendue. Non, mon attente n’a pas été pieuse et bercée d’une félicitée béate. Mes espoirs, je les ai conservés contre moi en affrontant les tempêtes de la nature. Mes craintes, je les ai endossées avec peine et, souvent, elles m’ont valu d’épouvantables souffrances. Quant à mes croyances, elles chancèlent chaque jour, avançant fébrilement sur la crête d’une montagne acérée. Non, belle Lune Noire, je n’ai pas été le dévot infaillible. J’ai encaissé les douleurs et j’en ai souvent questionné la cause, me demandant si les dieux veillaient vraiment sur l’indigent que je suis... J’ai interrogé l’Océan Céleste, j’ai invoqué le Grand Pêcheur dans les moments de détresse, et j’ai remercié les Constellations Silencieuses lorsque le sort m’était propice. Mais jamais, jamais je n’ai obtenu de réponse. Pas un signe. Pas une faveur, pas une mise en garde. Rien ! Alors j’ai continué à croire et j’ai contemplé chacun de tes croissants. J’ai chéri chaque pas sous l’éclat argenté de ta lumière. Mais, peu à peu, je suis forcé d’admettre que mon regard est tombé et que j’ai plus souvent observé mes pieds que ta robe. Nuit après nuit, ma foi s’est faite ténue… Et je regrette, aujourd’hui, d’avoir parfois pensé que l’interposition ne viendrait pas. Que l’éclipse n’était qu’une fable, qu’un rêve mal placé dans mon esprit puéril. Un rêve idiot qui avait induit les sages en erreur… Comme je regrette ! Comme je suis confus et contrit de découvrir, à présent, que le tort s’était saisi de moi… La puissance de ton ombre est manifeste : Fe’Rah Grundt ne peut que s’incliner ! Quant à ton aura… Quelle… Quelle splendeur ! J’ai devant mes yeux la plus magnifique fantasmagorie qu’il m’ait été donné de voir. C’est tellement plus grandiose que dans mon rêve. Et, plus sublime encore que dans mes tentatives d’imagination éveillée ! L’éclipse… L’éclipse est assurément le tournant de mon existence, j’en suis convaincu. Car même si tu me répudies, même si tu m’ignores, même si tu te contraries de mes paroles et choisis de m’en punir, je serai – Ô superbe Lune Noire – à jamais changé, en mon être tout entier, de t’avoir pu observer. Sur ces paroles fiévreuses et enflammées d’un amour sincère dont il s’ignorait capable, Welihann se tait puis pose un genou à terre. Les yeux brillants, il plonge dans la noirceur du cercle magique et cligne le moins possible des paupières, bien décidé à ne pas en perdre la moindre miette. Le spectacle, d’une beauté enivrante, le transporte et ranime toute sa foi. Il se sent transpercé de légendes, envahi de gloire, porté en avant par les chants des Ancêtres, pénétré par les mille générations l’ayant précédé, ayant foulé ces steppes, ayant grimpé ces concrétions, s’étant faufilés entre les prédécesseurs de ces arbres… Il est Welihann, il est les Anciens, il est le Passé et l’Avenir de son peuple. Il convoie en son être la culture d’une tribu et voyage à dos de rêves sur les épaules du monde. Il n’est plus qu’un avec la Nature et devient, loin, au fond de lui, le messager des Mük’Atah. Le pourvoyeur de Vie, façonné d’Amour et disposé à embrasser la Mort. Il est Welihann, l’enfant au destin différent, l’enfant libre et sans chemin tracé, capable d’ouvrir sous chacun de ses pas, les pages de chapitres interdits, inconnus, impossibles ou désirés. Il est Welihann, l’enfant-homme, l’enfant-frère, le frère-homme que personne n’attend et que tout le monde espère, le prophète malvenu, le maudit habité par la fortune. Il est Welihann et il sait, à présent, combien son destin compte, combien l’éclipse importe. Il est Welihann et il sait que son nom promet et devine que son sort ne sera rien de moins qu’exceptionnel.
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Alexandre Jarry (Sous les constellations silencieuses (Les Apothéoses))
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Pas un outrage dont j'aie donné le spectacle, qui n'ait allumé en moi une colère véritable ; pas une souffrance que j'aie peinte, qui ne m'ait coûté des pleurs. Courage, ô ma muse ! encore quelques pages, et toutes ces belles douleurs ramassées par toi avec un soin si religieux, toutes ces belles douleurs jusqu'à ce jour ignorées du monde, étouffées, perdues, comme de petites herbes sous les gerbes de faits éclatants et sans nombre qui jonchent le sol de l'histoire, auront trouvé leur dénouement et revêtu une forme qui ne leur permettra plus de mourir, de mourir dans la mémoire des hommes.
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PETRUS BOREL 1809-1859
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Voici le gage de mon amour De nos fiançailles Ni le temps ni l'absence Ne nous feront oublier nos promesses Et un jour nous aurons une belle noce Des touffes de myrte A nos vêtements et dans vos cheveux Un beau sermon à l'église De longs discours après le banquet Et de la musique De la musique
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Güneş mutlaka doğacak: Masmavi belle de jour çiçekleri gibi açacağız. Bu gece rintlere katıl; çünkü yalnız değilsin: Sadece her daim yanında olacak insanlarla henüz tanışmadın. En uzağındaki, seni en koşulsuz, seni en beklentisiz, seni en sorgulamadan seven kişi olabilir. Bir kitabın, bir derginin içinden seninle konuşmaya çalışıyor olsa bile.
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Ozan Önen (Babam Beni Şahdamarımdan Öptü)
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Time wasn’t measured in the ordinary way for him, or for Hippolyte. Marcel had an animal’s ability to relax and think with his body.
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Joseph Kessel (Belle De Jour: A Novel)
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Ce que j'ai tenté avec Belle de Jour, c'est de montrer le divorce terrible entre le cœur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour et l'exigence implacable des sens. Ce conflict, à quelques rares exceptions près, chaque homme, chaque femme qui aime longtemps, le porte en soi. Il est perçu ou non, il déchire ou il sommeille, mais il existe.
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Joseph Kessel (Belle de jour)
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Un jour, j’ai entendu Umberto répondre en italien à quelque chose que lui avait dit une infirmière. Jusque-là, je ne savais pas qu’il le parlait couramment. Apparemment, il se mettait à l’employer, de temps en temps. Du coup, la semaine suivante, j’ai décidé d’essayer un opéra. – Et Umberto a réagi ? – Il s’est mis à pleurer, je réponds en posant ma main sur ma poitrine. Ça m’a fendu le cœur. C’était la première fois qu’il se montrait réceptif. Il a été plus lucide ce jour-là qu’il ne l’avait été depuis des années. Il a commencé à raconter des histoires à propos de sa mère que même sa femme avait oubliées.
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Vi Keeland
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Le Christ nous impose de faire chambre à part, tandis que lui a su s'imposer un lit clouté entre deux édredons molletonnés, jouissant ad vitam aeternam d'être aux plus belles loges de l'espèce humaine. Martyr un jour, dorloté pour toujours. C'est peut-être ça le paradis, vivre l'éternité entre les seins d'une femme.
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Guillaume Mouton