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Chez SpaceX, le management des employés est à la mesure de l'ambition hégémonique. Les rares retours d'expérience font état de l'exploitation chronique de la main-d'oeuvre, d'une ambiance délétère d'un 'boys club' viriliste et violent, d'une gestion toxique exposée aux décisions erratiques du PDG, de harcèlement moral et sexuel, de discriminations ciblant les femmes et les minorités sexuelles et de genre, de l'interdiction manifeste d'organiser toute forme de syndicalisation, de licenciements abusifs. Le tout débouchant sur un important turn-over parmi des personnels moins bien rémunérés que dans les entreprises concurrentes. Mais selon le récit de SpaceX, le jeu en vaudrait la chandelle. 'Occupy Mars' : tel serait son objectif philanthropique, en vue de faire de l'humanité une espèce 'multiplanétaire'. Un slogan que Musk arbore à l'occasion sur son T-shirt, et aussi un acte de foi New age qui s'articule à l'egotrip surmédiatisé d'un entrepreneur narcissique, se voulant charismatique et visionnaire, brûlant les dollars dans ses entreprises au risque du sabordage et de la banqueroute. Le credo électrise les employés enjoints d'y sacrifier leur santé autant qu'il tétanise les concurrents obligés de répondre aux projections les plus irréalistes de SpaceX (entre autres un premier vol vers Mars pour 2024, annoncé en 2016 dans l'incrédulité générale... ).
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Arnaud Saint-Martin (Une histoire de la conquête spatiale: Des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space)