A Nos Amours Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to A Nos Amours. Here they are! All 100 of them:

Être seul est devenu une maladie honteuse. Pourquoi tout le monde fuit-il la solitude? Parce qu'elle oblige à penser. De nos jours, Descartes n'écrirait plus: “Je pense donc je suis.” Il dirait: “Je suis seul donc je pense.” Personne ne veut la solitude, car elle laisse trop de temps pour réfléchir. Or plus on pense, plus on est intelligent, donc plus on est triste.
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
La rayuela se juega con una piedrita que hay que empujar con la punta del zapato. Ingredientes: una acera, una piedrita, un zapato, y un bello dibujo con tiza, preferentemente de colores. En lo alto está el Cielo, abajo está la Tierra, es muy difícil llegar con la piedrita al Cielo, casi siempre se calcula mal y la piedra sale del dibujo. Poco a poco, sin embargo, se va adquiriendo la habilidad necesaria para salvar las diferentes casillas (rayuela caracol, rayuela rectangular, rayuela de fantasía, poco usada) y un día se aprende a salir de la Tierra y remontar la piedrita hasta el Cielo, hasta entrar en el Cielo, (Et tous nos amours, sollozó Emmanuèle boca abajo), lo malo es que justamente a esa altura, cuando casi nadie ha aprendido a remontar la piedrita hasta el Cielo, se acaba de golpe la infancia y se cae en las novelas, en la angustia al divino cohete, en la especulación de otro Cielo al que también hay que aprender a llegar. Y porque se ha salido de la infancia (Je n'oublierai pas le temps des cérises, pataleó Emmanuèle en el suelo) se olvida que para llegar al Cielo se necesitan, como ingredientes, una piedrita y la punta de un zapato.
Julio Cortázar (Hopscotch)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Guillaume Apollinaire
On la connaît tous... Cette solitude qui nous mine parfois. Qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins. C'est la tristesse du premier jour d'école. C'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée. C'est Orly ou la gare de l'Est à la fin d'un amour. C'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble. C'est quelquefois moi. C'est quelquefois vous. Mais il suffit parfois d'une rencontre...
Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
Mon problème c'est que j'aime aimer. Que je tombe amoureuse de l'idée de l'amour plutôt que du garçon.
Samantha Bailly
Ah! si ton mari mourait... Si mon mari mourait..., répéta lentement Thérèse. Nous nous marierions ensemble, nous ne craindrions plus rien, nous jouirions largement de nos amours... Quelle bonne et douce vie!
Émile Zola (Thérèse Raquin)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure l'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Guillaume Apollinaire (Alcools)
Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres, Nos silences, nos paroles, La lumière qui s’en va, la lumière qui revient, Un seul sourire pour nous deux, Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d’apparence, Ô bien-aimé de tous et bien-aimé d’un seul, En silence ta bouche a promis d’être heureuse, De loin en loin, ni la haine, De proche en proche, ni l’amour, Par la caresse nous sortons de notre enfance, Je vois de mieux en mieux la forme humaine, Comme un dialogue amoureux, le cœur ne fait qu’une seule bouche Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser, Les sentiments à la dérive, les hommes tournent dans la ville, Le regard, la parole et le fait que je t’aime, Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre, D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime, J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumière, Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir, Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
Paul Éluard
(...) il fallait séparer nos souffles, s'écarter, s'espacer, se lever, se dédoubler, et c'est toujours autant de perdu. Quand on a deux corps, il vient des moments où l'on est à moitié. - Est-ce que je suis envahissante? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Romain Gary (Clair de femme)
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-même)
L'anémone et l'ancolie Ont poussé dans le jardin Où dort la mélancolie Entre l'amour et le dédain Il y vient aussi nos ombres Que la nuit dissipera Le soleil qui les rend sombres Avec elles disparaîtra Les déités des eaux vives Laissent couler leurs cheveux Passe il faut que tu poursuives Cette belle ombre que tu veux
Guillaume Apollinaire (Alcools)
A qui écris-tu? -A toi. En fait, je ne t'écris pas vraiment, j'écris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, à ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une rivière, manger des pêches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lécher les vitrines, prendre le métro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, étendre le linge, aller à l'Opéra, faire des barbecues, râler parce que tu as oublié le charbon, me laver les dents en même temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton épaule, t'empêcher de manger trop de cacahuètes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mûres, cuisiner, jardiner, te réveiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, à Paris, à Londres, te chanter des chansons, arrêter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bêtises, des choses qui ne servent à rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux échecs, écouter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indécents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures à table à discuter avec des gens intéressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre à tricoter, te tricoter une écharpe, défaire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des éléphants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas à l'ombre, tricher, apprendre à me servir d'un fer à repasser, jeter le fer à repasser par la fenêtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vérité, me souvenir que toute vérité n'est pas bonne à dire, t'écouter, te donner la main, récupérer mon fer à repasser, écouter les paroles des chansons, mettre le réveil, oublier nos valises, m'arrêter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des étiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
De nos jours, rien n'est plus mensonger que cette étiquette "pro-vie" dont s'affublent les militants antiavortements : un grand nombre d'entre eux sont aussi favorables à la peine de mort ou, aux Etats-Unis, à la libre circulation des armes (plus de quinze mille morts en 2017), et on ne le voit pas militer avec tant d'ardeur contre les guerres ni contre la pollution, dont on estime qu'elle a été responsable d'une mort sur six dans le monde en 2015. La vie ne les passionne que lorsqu'il s'agit de pourrir celles des femmes. Le natalisme est affaire de pouvoir, et non d'amour de l'humanité.
Mona Chollet (Sorcières : La puissance invaincue des femmes)
je finirai bien par te rencontrer quelque part bon dieu! et contre tout ce qui me rend absent et douloureux par le mince regard qui me reste au fond du froid j'affirme ô mon amour que tu existes je corrige notre vie nous n'irons plus mourir de langueur à des milles de distance dans nos rêves bourrasques des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres les épaules baignées de vols de mouettes non j'irai te chercher nous vivrons sur la terre la détresse n'est pas incurable qui fait de moi une épave de dérision, un ballon d'indécence un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes frappe l'air et le feu de mes soifs coule-moi dans tes mains de ciel de soie la tête la première pour ne plus revenir
Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
Vivre ensemble et exister pleinement à deux, cela suppose de réformer nos schémas mentaux, d’inventer de nouveaux codes amoureux, de bénéficier de nouvelles représentations pour se socialiser autrement à l’amour. C’est d’abord cesser de croire à la naturalité de ses composantes romantiques, à la fixité des rôles sexués, à la possession, à l’exclusivité, à la jalousie, à la fidélité sexuelle comme autant de preuves d’amour. Il nous faut apprendre à vivre ensemble, à deux, sans se couper des autres. Il faut découvrir les charmes de la polyvalence.
Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
Nous savions que les filles étaient nos jumelles, que nous existions tous dans l'espace comme des animaux qui avaient la même peau, et qu'elles savaient tout de nous alors que nous étions incapables de percer leur mystère. Nous savions, enfin, que les filles étaient en réalité des femmes déguisées, qu'elles comprenaient l'amour et même la mort, et que notre boulot se bornait à créer le bruit qui semblait tant les fasciner.
Jeffrey Eugenides (The Virgin Suicides)
L'amour ne s'apprivoise pas, ne s'improvise pas, ne s'impose pas; il se construit à deux. En tout équité. S'il reposait sur l'un, l'autre serait son malheur potentiel. Quand on court après lui, on l'effraie; alors il s'enfuit, et on ne le rattrape jamais. L'amour est fait de hasard et de chance. A une bretelle de la vie, il est là, offrande sur le chemin. S'il est sincère, il se bonifie avec le temps. Et s'il ne dure pas, c'est que l'on s'est trompé de mode d'emploi.
Yasmina Khadra (Les anges meurent de nos blessures)
notre nature qui crée elle-même nos amours, et presque les femmes que nous aimons, et jusqu’à leurs fautes
Marcel Proust (A la recherche du temps perdu)
Mon corps est amour. Nous sortons de l'histoire par notre propre ventre en criant. Nous sommes nos propres enfants.
Madeleine Gagnon (Autographie (Autographie, 1) (French Edition))
Affection: Tout ce qui, dans nos pensées, dans nos projets, dans nos résolutions est marqué d'un degré quelconque d'amour ou de haine, de joie ou de tristesse.
Alain (Les arts et les dieux (Bibliotheque de la Pleiade) (French Edition))
¡Ah! ¡La soledad, qué hermosa y triste cosa! ¡Qué hermosa cuando la escogemos! ¡Qué triste cuando nos es impuesta durante años!
Emmanuel Bove (EMMANUEL BOVE : MES AMIS + L'AMOUR DE PIERRE NEUHART + LE MEURTRE DE SUZY POMMIER + LE PRESSENTIMENT (Ed. intégrale annotée) (French Edition))
« Nous nous chérirons nuit et jour : « Nos âmes sont deux fleurs d’amour, « Nos lèvres deux calices. »
Alphonse Daudet (Les Amoureuses)
J'ai besoin de nos peaux qui s'effleurent et nous donnent le bonheur de savourer nos envies de tendresse.
Wilfried N'Sondé (Aigre-doux)
Je lui avais promis, dans les secrets de nos nuits, que si ses monstres s’étaient acharnés à le marquer de leur haine, moi, je recouvrirais jour après jour chacune de ses blessures d’une marque d’amour.
Billy Nox (Lee: My way with you #2 (French Edition))
Je pense que l'amour ne survit que lorsqu'il sait qu'il a le droit d'aller et venir sans que personne se pète la tête sur les murs. Et que pour avoir une chance de s'étendre sur nos corps pour panser toute la vie d'un souffle, comme on aime qu'il le fasse, il doit être libre. Dès que les contours de l'organisation se dessinent, s'épaississent et, finalement, l'entravent. Il va voir ailleurs s'il y est. Et il y est.
Catherine Dorion (Les luttes fécondes)
- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !... - T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie... - Il y a l'amour, Bardamu ! - Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds.
Louis-Ferdinand Céline
Tâchons de croire que la vie est un objet solide, un globe que nous pouvons faire tourner sous nos doigts. Tâchons de croire qu'on peut faire un récit simple et logique, en finir avec l'amour, par exemple, et passer au chapitre suivant.
Virginia Woolf (The Waves)
Les femmes nous aiment pour nos défauts. Si nous en avons une somme convenable, elles nous pardonnent tout, même d'être intelligents. (...) - Naturellement, c'est la vérité. Si nous ne vous aimions pas pour vos défauts, que deviendriez-vous tous ? Pas un de vous ne se marierait. Vous ne seriez plus qu'un tas d'infortunés célibataires. Ce qui, d'ailleurs, ne vous changerait pas beaucoup. Car aujourd'hui tous les hommes mariés vivent en célibataires, et tous les célibataires en hommes mariés.
Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
Quand on aime, quand on ressent de l’amour, que ce soit pour un être humain, un animal, une fleur ou un coucher du soleil, on est porté au-delà de soi. Nos désirs, nos peurs et nos doutes se dissipent. Nos besoins de reconnaissance s’évanouissent. On ne cherche plus à se comparer, à exister plus que les autres. Notre âme s’élève tandis que nous sommes tout entier emplis de ce sentiment, de cet élan du cœur qui s’étend alors naturellement pour embrasser tous les êtres et toutes les choses de la vie.
Laurent Gounelle (Et tu trouveras le trésor qui dort en toi)
L'amour et la peur ont des conséquences étranges sur nos âme. Les rêves qu'ils apportent nous laissent dégoulinant d'eau salée et le souffle court, comme à l'agonie –voilà ce qu'on appelle les rêves tourmentés. Et seule l'odeur d'une rose peut les prévenir.
Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree (The Roots of Chaos, #1))
L'amour est un grand maître "Il le faut avouer, l'amour est un grand maître Ce qu'on ne sut jamais il nous enseigne à l'être ; Et souvent de nos moeurs l'absolu changement Devient, par ses leçons, l'ouvrage d'un moment ; De la nature, en nous, il force les obstacles, Et ses effets soudains ont de l'air des miracles ; D'un avare à l'instant il fait un libéral, Un vaillant d'un poltron, un civil d'un brutal ; Il rend agile à tout l'âme la plus pesante, Et donne de l'esprit à la plus innocente." L'Ecole des femmes, III, 4 (v. 900-909)
Molière (L'Ecole Des Femmes / La Critique de L'Ecole Des Femmes / Remerciment Au Roi / L'Impromptu de Versailles / La Princesse D'Elide)
Viens voir mon plafond bleu nuit, piqué d'étincelles de lumière, rien que pour nous. Des étoiles filantes, suspendues au-dessus de nos têtes. Plonge avec moi dans l'espace infini, à la découverte des mystères du mouvement perpétuel, toujours en expansion. Plus de place pour l'ennui.
Wilfried N'Sondé (Aigre-doux)
Je pense à Iris qui fut importante tout de même, à Emilie aussi, à Céline bien sûr, et puis d'autres prénoms dans d'autres pénombres, mais c'est Alice, toujours Alice qui est là, immuable, avec encore des rires au-dessus de nos têtes, comme si le premier amour était une condamnation à perpétuité.
David Foenkinos (Nos séparations)
Cette histoire est celle d'Arthur Valès et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte. Si quelqu'un, un jour, tombe sur mes cahiers, qu'il n'ait pas de doute puisque tout cela est la vérité, qu'il n'ait pas de honte puisque nous n'en avons pas, qu'il livre nos noms à la postérité plutôt que d'avoir le réflexe de les dissimuler aux regards, qu'il ait conscience qu'il s'agit bien d'une histoire d'amour et pas d'une exaltation passagère et non maîtrisée puisque nous savons ce que nous faisons. Cette histoire est celle d'Arthur Valès et Vincent de L'Etoile. C'est l'histoire que je raconte
Philippe Besson (In the Absence of Men)
La psychanalyse prend aujourd'hui, comme toutes nos idées, une forme aberrante totalitaire ; elle cherche à nous enfermer dans le carcan de ses propres perversions. Elle a occupé le terrain laissé libre par les superstitions, se voile habilement dans un jargon de sémantique qui fabrique ses propres éléments d'analyse et attire la clientèle par des moyens d'intimidation et de chantage psychiques, un peu comme ces racketters américains qui vous imposent leur protection. Je laisse donc volontiers aux charlatans et aux détraqués qui nous commandent dans tant de domaines le soin d'expliquer mon sentiment pour ma mère par quelque enflure pathologique : étant donné ce que la liberté, la fraternité et les plus nobles aspirations de l'homme sont devenues entre leurs mains, je ne vois pas pourquoi la simplicité de l'amour filial ne se déformerait pas dans leurs cervelles malades à l'image du reste.
Romain Gary (Promise at Dawn)
Nous recherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu'ils en ont une. C'est l'amour de nous-mêmes qui assiste l'amour des autres ; c'est par nos besoins mutuels que nous sommes utiles au genre humain ; c'est l'éternel lien des hommes.
Voltaire
Nous, les êtres humains, somme ce que nous avons été pendant des millions d'années, colossalement avides, envieux, agressifs, jaloux, angoissés et désespérés, avec d'occasionnels éclairs de joie et d'amour. Nous sommes une étrange mixture de haine, de peur et de gentillesse ; nous sommes à la fois violents et en paix. Il y a eu un progrès extérieur depuis le char à boeufs jusqu'à l'avion à réaction, mais psychologiquement l'individu n'a pas du tout changé et c'est l'individu qui, dans le monde entier, a créé les structures des sociétés. Les structures sociales extérieures sont les résultantes des structures intérieures, psychologiques, qui constituent nos relations humaines, car l'individu est le résultat de l'expérience totale de l'homme, de sa connaissance et de son comportement. Chacun de nous est l'entrepôt de tout le passé. L'individu est l'humain qui est toute l'humanité. L'histoire entière de l'homme est écrite en nous-mêmes.
J. Krishnamurti
Sagesse (I,X) Non. Il fut gallican, ce siècle, et janséniste ! C'est vers le Moyen Age énorme et délicat Qu'il faudrait que mon cœur en panne naviguât, Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste. Roi, politicien, moine, artisan, chimiste, Architecte, soldat, médecin, avocat, Quel temps ! Oui, que mon cœur naufragé rembarquât Pour toute cette force ardente, souple, artiste ! Et là que j'eusse part - quelconque, chez les rois Ou bien ailleurs, n'importe, - à la chose vitale, Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits, Haute théologie et solide morale, Guidé par la folie unique de la Croix Sur tes ailes de pierre, ô folle Cathédrale !
Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
[...] vous savez bien que je n'en voudrai pas de cet homme car je ne veux que ce que je ne peux pas avoir, comme vous par exemple, je vous veux parce je ne vous aurai jamais, c'est simple et sans issue, c'est désespérément logique, le désir qui ne connaît de réalité que lui-même, et vous voyez bien que je mérite la mort pour cet entêtement de rat qui ne sait pas rebrousser chemin, pour cet acharnement de bestiole aveugle qui finira par crever d'avoir trop avancé, vous verrez bien, je mourrai de ce compromis que je ne veux pas faire, et tant pis pour tous les hommes sains et équilibrés qui m'aimeront et tant pis pour moi surtout qui en aimerai d'autres, on finit tous par mourir de la discordance de nos amours.
Nelly Arcan (Putain)
Qu'est-ce que le roman, en effet, sinon cet univers où l'action trouve sa forme, où les mots de la fin sont prononcés, les êtres livrés aux êtres, où toute vie prend le visage du destin. Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin, et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion.[...] Voici donc un monde imaginaire, mais créé par la correction de celui-ci, un monde où la douleur peut, si elle le veut, durer jusqu'à la mort, où les passions ne sont jamais distraites, où les êtres sont livrés à l'idée fixe et toujours présents les uns aux autres. L'homme s'y donne enfin à lui-même la forme et la limite apaisante qu'il poursuit en vain dans sa condition. Le roman fabrique du destin sur mesure. C'est ainsi qu'il concurrence la création et qu'il triomphe, provisoirement, de la mort.
Albert Camus (The Rebel)
Comme les cristaux et les étoiles, comme les cellules et les plantes, nos âmes aussi se divisent (...). de même que nous nous divisons, nous nous retrouvons. Et ces retrouvailles se nomment l'Amour. Car lorsqu'une âme se divise, elle se divise toujours en une partie masculine et une partie fémnine. C'est expliqué ainsi dans le livre de la Genèse: l'âme d'Adam est divisée, et Eve est née de lui. (...). Dans chaque vie, nous avons la mystérieuse obligation de retrouver, au moins, une de ces Autres Parties. Le Grand Amour, qui les a séparées, se réjouit de l'Amour qui les réunit. - Et comment puis-je savoir que c'est mon Autre Partie? - En prenant des risques. En courant le risque de l'échec, des déceptions, des désillusions, mais en ne cessant jamais de chercher l'Amour. Celui qui ne renonce pas à cette quête est gagnant.
Paulo Coelho (Brida)
d’aussi purs poètes, tout entiers dévoués au lyrisme, seront-ils encore possibles dans notre époque de turbulence et de désordre universel ? N’est-ce pas une lignée disparue que je regrette en eux avec amour, une lignée sans postérité immédiate dans nos jours traversés par tous les ouragans du destin ? Ces poètes ne convoitaient rien de la vie extérieure, ni l’assentiment des masses, ni les distinctions honorifiques, ni les dignités, ni le profit
Stefan Zweig (Le Monde d'hier)
Finalement, aujourd'hui que les enfants ne labourent plus nos champs et ne nous prennent plus chez eux lorsque nous devenons incontinents, il n'existe plus de raison valable d'en avoir, et il est stupéfiant qu'avec l'avènement d'une contraception efficace on trouve encore des gens qui choisissent de se reproduire. En regard, l'amour, l'histoire, la satisfaction, la foi en l' "humanité" -bref, toutes les motivations modernes sont comme des dirigeables, immenses, suspendus et rares : optimistes, généreuses, voire profondes, mais dangereusement infondées.
Lionel Shriver (We Need to Talk About Kevin)
Je porte une histoire en moi, depuis des années Jeanne, une bien belle histoire je crois. Mais j'ai du mal, si vous saviez, tant de mal à la sortir de ma tête. Alors les accents viennent à mon secours. Tout comme ils sont venus vous aider Jeanne. -Je ne comprends pas. -Une histoire qu'on arrive pas à raconter ressemble à un amour qu'on ose pas s'avouer... -Monsieur, les accents, au fond à quoi servent-ils? -Ils nous réveillent Jeanne, ils vont chercher en nous ce que nous avons de plus fort. Ils accentuent nos vies comme leur nom l'indique, ils accentuent.
Érik Orsenna (La Révolte des accents (Plaisirs secrets de la grammaire #3))
Baise m'encor, rebaise-moi et baise Baise m'encor, rebaise-moi et baise ; Donne m'en un de tes plus savoureux, Donne m'en un de tes plus amoureux : Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise. Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise, En t'en donnant dix autres doucereux. Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux, Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise. Lors double vie à chacun en suivra. Chacun en soi et son ami vivra. Permets m'Amour penser quelque folie : Toujours suis mal, vivant discrètement, Et ne me puis donner contentement Si hors de moi ne fais quelque saillie.
Louise Labé (Œuvres complètes: Sonnets, Elegies, Débat de folie et d'amour)
« Dans nos écoles on nous enseigne le doute et l’art d’oublier. Avant tout l’oubli de ce qui est personnel et localisé. » « — Personne ne peut lire deux mille livres. Depuis quatre siècles que je vis je n’ai pas dû en lire plus d’une demi-douzaine. D’ailleurs ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire. L’imprimerie, maintenant abolie, a été l’un des pires fléaux de l’humanité, car elle a tendu à multiplier jusqu’au vertige des textes inutiles. — De mon temps à moi, hier encore, répondis-je, triomphait la superstition que du jour au lendemain il se passait des événements qu’on aurait eu honte d’ignorer. » « — À cent ans, l’être humain peut se passer de l’amour et de l’amitié. Les maux et la mort involontaire ne sont plus une menace pour lui. Il pratique un art quelconque, il s’adonne à la philosophie, aux mathématiques ou bien il joue aux échecs en solitaire. Quand il le veut, il se tue. Maître de sa vie, l’homme l’est aussi de sa mort[30]. — Il s’agit d’une citation ? lui demandai-je. — Certainement. Il ne nous reste plus que des citations. Le langage est un système de citations. » Extrait de: Borges,J.L. « Le livre de sable. » / Utopie d’un homme qui est fatigué
Jorge Luis Borges (The Book of Sand and Shakespeare's Memory)
Je crois qu'il ne faut plus avoir peur de dire et de vivre nos misandries. Détester les hommes et tout ce qu'ils représentent est notre droit le plus strict. C'est aussi une fête. Qui aurait cru qu'il y aurait autant de joie dans la misandrie ? Cet état d'esprit ne nous rend pas aigries ni esseulées, contraire- ment à ce que la société patriarcale veut nous faire croire. Je crois que la détestation des hommes nous ouvre les portes de l'amour pour les femmes (et pour nous-mêmes) sous toutes les formes que cela peut prendre. Et qu'on a besoin de cet amour - de cette sororité pour nous libérer.
Pauline Harmange (Moi les hommes, je les déteste)
L'amour se fait sans capote. Le sida est là, pourtant. On lui donne même sa véritable identité, désormais. On ne l'appelle plus le cancer gay. Il est là mais nous nous pensons à l'abri de lui, nous ne savons rien de la grande décimation qui va suivre, qui nous privera de nos meilleurs amis, de nos anciens amants, qui nous obligera à nous réunir dans des cimetières, à rayer des noms dans nos carnets d'adresses, qui nous fera enrager de tant d'absences. Il est là mais il ne nous fait pas encore peur. Et puis nous nous croyons protégés par notre extrême jeunesse. Nous avons dix-sept ans. On ne meurt pas quand on a dix-sept ans.
Philippe Besson (« Arrête avec tes mensonges »)
Je sortis beaucoup avec lui durant une semaine avec la fréquence et l’imprudence des commencements de l’amour et mon père, peu fait pour la solitude, en fit autant avec une jeune femme assez ambitieuse. La vie recommença comme avant, comme il était prévu qu’elle recommencerait. Quand nous nous retrouvons, mon père et moi, nous rions ensemble, nous parlons de nos conquêtes. Il doit bien se douter que mes relations avec Philippe ne sont pas platoniques et je sais bien que sa nouvelle amie lui coûte fort cher. Mais nous sommes heureux. L’hiver touche à sa fin, nous ne relouerons pas la même villa, mais une autre, près de Juan-les-Pins.
Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
El juego consiste en frenar lo más tarde posible. El que frena más tarde es el más macho de la pandilla. Digamos que el tamaño de su kiki es proporcional al lapso que va a dejar transcurrir antes de frenar. Por supuesto, el invento no falla: uno de esos idiotas acaba su carrera en el fondo del acantilado, dentro de un Chevrolet convertido en un compacto amasijo de chatarra. Pues bien, cuanto más avanzábamos Alice y yo en nuestra aventura, más nos dábamos cuenta de que éramos como esos rebeldes sin causa. Acelerábamos hacia un precipicio, pisando el pedal. Entonces todavía no sabía que sería yo el cretino que iba a frenar demasiado tarde.
Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
J´en veux pour preuve le phénomène grave qui se déploie sous nos yeux et qui est la multiplication des examens purement intellectuels. La seule logique cérébrale est devenue le critère d´appréciation et de sélection. Tout passe par la tête. Notre société se détruit elle-même par l´étouffement de la sensibilité et l´hypertrophie de l´intellectualisme, l´étouffement des valeurs féminines de la réalité humaine et l´hypertrophie des valeurs masculines. On est de moins en moins capable de ressentir. La sensibilité est meurtrie, réprimée, refusée, dénaturée par les névroses. Et, pour se rattraper, l´accent est mis sur les capacités intellectuelles.
Arnaud Desjardins (Pour une vie réussie, un amour réussi)
On a dit qu’une cité dont les membres auront une égale répartition de bien et d'éducation présentera aux regards de la Divinité un spectacle au-dessus du spectacle de la cité de nos pères. La folie du moment est d'arriver à l'unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l'espèce entière, soit ; mais en acquérant des facultés générales, toute une série de sentiments privés ne périra-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frère. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace borné que vous aperceviez de votre fenêtre encadrée de lierre ? Au-delà de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait à peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu à l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaîtraient pas à vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiés et vos amours ; que le gémissement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre âme ne serait troublée, que vous y rencontreriez toujours les pensées qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez où vous étiez né, vous saviez où était votre tombe ; en pénétrant dans la forêt vous pouviez dire : Beaux arbres qui m’avez vu naître, Bientôt vous me verrez mourir
François-René de Chateaubriand (Mémoires d'Outre-Tombe)
L'optimisme est contagieux. Si c'etait le cas, il suffirait d'aller jusqu'a la personne aimee avec un immense sourire, pleine de projets et d'idees, et de savoir comment les presenter. Cela fonctionne-il? Non. Ce qui est contagieux, c'est la peur, la frayeur constante de ne jamais rencontrer quelqu'un qui nous accompagne jusqu'a la fin de nos jours. Et au nom de cette peur, nous sommes capables de faire n'importe quoi, d'accepter la mauvaise personne et de nous convaincre qu'elle est la bonne, l'unique, celle que Dieu a mise sur notre chemin. En tres peu de temps, la recherche de la securite se transforme en amour sincere, les choses sont moins ameres et difficiles, et nos sentiments peuvent etre mis dans une boite et repousses au fond d'une armoire dans notre tete, ou elle restera cachee et invisible a tout jamais.
null
Je m'efforce de ressaisir un instant des boucles de fumée, les bulles d'air irisées d'un jeu d'enfant. Mais il est facile d'oublier... Tant de choses ont passé depuis ces légères amours que j'en méconnais sans doute la saveur ; il me plaît surtout de nier qu'elles m'aient jamais fait souffrir. Et pourtant, parmi ces maîtresses, il en est une au moins que j'ai délicieusement aimée. Elle était à la fois plus fine et plus ferme, plus tendre et plus dure que les autres : ce mince torse rond faisait penser à un roseau. J'ai toujours goûté la beauté des chevelures, cette partie soyeuse et ondoyante d'un corps, mais les chevelures de la plupart de nos femmes sont des tours, des labyrinthes, des barques, ou des noeuds de vipères. La sienne consentait à être ce que j'aime qu'elles soient : la grappe de raisin des vendanges, ou l'aile.
Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
Cette histoire n’est point exagérée, point embellie ; je puis dire même que je l’ai racontée faiblement, très faiblement, et qu’elle a perdu de sa délicatesse, parce que je l’ai rapportée avec nos formes de langage usuelles et réservées. Cet amour, cette fidélité, cette passion, n’est donc pas une fiction poétique ; elle vit, elle existe, dans sa parfaite pureté, parmi cette classe d’hommes que nous appelons incultes et grossiers, nous que la culture a formés pour nous déformer. Lis cette histoire avec recueillement, je t’en prie. Je suis calme aujourd’hui en t’écrivant ces choses ; tu le vois à mon écriture, je ne me presse ni ne barbouille comme d’ordinaire. Lis, mon cher Wilhelm, et songe bien que c’est aussi l’histoire de ton ami. Oui, voilà ce qui m’est arrivé, voilà ce qui m’arrivera, et je ne suis pas de moitié aussi courageux,, aussi résolu que ce pauvre malheureux, auquel j’ose à peine me comparer.
Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
J’avais envie de partager un rêve avec vous. J’aime à croire qu’un jour, nous saurons marcher les uns avec les autres. Je me suis dit que si chacun donnait la main à quelqu’un d’autre, alors ensemble, nous pourrions faire de ce monde un lieu meilleur où il fait bon vivre dans une douce harmonie. J’ai besoin de vous pour que ce rêve devienne notre réalité. Si vous croyez comme moi que le bonheur est un choix, alors il est de notre responsabilité d’aider ceux qu’on aime à se réaliser! Prenez quelqu’un par la main et enseignez-lui l’Amour, devenez son «Shanti», aidez-le à trouver son chemin et proposez-lui de tenir la main d’une autre personne en ne lâchant plus jamais la sienne. Très vite, nos mains se relieront autour de la Terre pour faire de cette planète l’œuvre que nous aurons réalisée. N’essayez pas de convaincre les autres, montrez-leur l’exemple, inspirez-les, c’est en rayonnant que votre lumière guidera leurs pas… Avec tout mon amour. Maud
Maud Ankaoua (Kilomètre zéro)
Laura ne semble pas se douter de sa puissance ; pour moi qui pénètre dans le secret de mon cœur, je sais bien que jusqu’à ce jour, je n’ai pas écrit une ligne qu’elle n’ait indirectement inspirée. Près de moi, je la sens enfantine encore, et toute l’habileté de mon discours, je ne la dois qu’à mon désir constant de l’instruire, de la con-vaincre, de la séduire. Je ne vois rien, je n’entends rien, sans penser aussitôt : qu’en dirait-elle ? J’abandonne mon émotion et ne connais plus que la sienne. Il me pa-raît même que si elle n’était pas là pour me préciser, ma propre personnalité s’éperdrait en contours trop vagues ; je ne me rassemble et ne me définis qu’autour d’elle. Par quelle illusion ai-je pu croire jusqu’à ce jour que je la façonnais à ma ressemblance ? Tandis qu’au contraire c’est moi qui me pliais à la sienne ; et je ne le remarquais pas ! Ou plutôt : par un étrange croisement d’influences amoureuses, nos deux êtres, réciproquement, se déformaient. Involontairement, inconsciem-ment, chacun des deux êtres qui s’aiment se façonne à cette idole qu’il contemple dans le cœur de l’autre… Quiconque aime vraiment renonce à la sincérité.
André Gide (The Counterfeiters)
MOI, TROUBADOUR Moi troubadour et la fille d'amour Nous errons la nuit autour des lanternes ; Signes de mouchoir, adieu sans retour À toi notre étoile, astre de déveine. Nous allons ailleurs vers un sort meilleur Avant que le blé ne sorte des graines Avant que les fleurs ne perdent couleur. Moi troubadour et la fille d'amour Qui de son caveau tirons la beauté Marcherons à présent rompus, hébétés Par la vie, par l'astre et par la rengaine. Aux portes de l'ombre allons-nous buter Avant que le blé ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne ? Et dans le cœur blanc des nuits de septembre Nous nous blottirons, icônes sans voix, Dans les coins perdus, dans l'oubli des chambres Nous rappellerons, frappant de nos doigts, Que de notre vie sont mortes les branches Avant que le blé ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne. Vous entendrez des mots silencieux Assis pensifs dans l'ombre et dans l'absence Mille soleils brûleront dans vos cieux Hommes à genoux dans un rêve immense, Et ce jour viendra pour tous ceux, tous ceux Dont la vie fleurit, dont la vie commence Avant que le blé ne sorte des graines Avant que le temps des moissons ne vienne. (p. 406-407 de L'Anthologie de la poésie yiddish de Charles Dobzynski)
Itzik Manger
Quand elle était petite, elle voulait m’épouser. J’étais son prince charmant. Année après année, j’avais bien vu dans son regard que le mythe s’était éparpillé dans les affres de la réalité. J’étais tombé de mon piédestal et, si je ne cherchais pas à mentir sur qui j’étais, j’avais toujours eu envie qu’elle me voie au meilleur de ma forme. Au fond, je pouvais dire que nous n’avions jamais réellement eu une relation saine. La preuve : cette incapacité physique d’aller voir son appartement, ce lieu où elle vivait en femme. Il faudrait des siècles pour admettre que nos enfants sont devenus adultes. On dit souvent qu’il est difficile de vieillir ; moi, je pourrais vieillir indéfiniment du moment que mes enfants, eux, ne grandiraient pas. Je ne sais pas pourquoi j’éprouvais tant de difficultés à vivre cette transition que tout parent connaît. Je n’avais pas l’impression qu’autour de moi les gens avaient les mêmes. Pire, j’entendais des parents soulagés du départ de leurs enfants. Enfin, ils allaient retrouver la liberté, disaient-ils. Il y avait ce film où le garçon, Tanguy, s’éternisait chez ses parents, prolongeant sans cesse ses études. Le mien était parti à l’autre bout du monde dès ses dix-huit ans. C’est toujours comme ça : ceux qui veulent se débarrasser de leurs enfants héritent de boulets, tandis que ceux qui veulent couver à loisir leur progéniture se retrouvent avec des précoces de l’autonomie. Mon fils me manquait atrocement. Et je ne supportais plus d’échanger avec lui des messages par Skype, ou par e-mails. D’ailleurs, ces messages et ces moments virtuels étaient de plus en plus courts. Nous n’avions rien à nous dire. L’amour entre un parent et un enfant n’est pas dans les mots, pas dans la discussion. Ce que j’aimais, c’était simplement que mon fils soit là, à la maison. On pouvait ne pas se parler de la journée, ce n’était pas grave, je sentais sa présence, ça me suffisait. Étais-je si tordu ? Je ne sais pas. Je ne peux qu’essayer de mettre des mots sur mes sentiments. Et je peux affirmer maintenant ce que je sais depuis le début : je vis mal la séparation avec mes enfants. Elle me paraît normale, justifiée, humaine, biologique, tout ce que vous voulez, pourtant elle me fait mal.
David Foenkinos (Je vais mieux)
13 juillet. Non, je ne me trompe pas ; je lis dans ses yeux noirs un véritable intérêt pour ma personne et pour mon sort. Je le sens, et, là-dessus, j’ose me fier à mon cœur, elle…. Oh ! pourrai-je, oserai-je exprimer en ces mots le bonheur céleste ?… Je sens que je suis aimé. Je suis aimé !… Et combien je me deviens cher à moi-même, combien…. J’ose te le dire, tu sauras me comprendre. Combien je suis relevé à mes propres yeux.depuis que j’ai son amour !…. Est-ce de la présomption ou le sentiment de ce que nous sommes réellement l’un pour l’autre ?… Je ne connais pas d’homme dont je craigne quelque chose dans le cœur de Charlotte, et pourtant, lorsqu’elle parle de son fiancé, qu’elle en parle avec tant de chaleur, tant d’amour…. je suis comme le malheureux que l’on dépouille de tous ses honneurs et ses titres, et à qui l’on retire son épée. 16 juillet. Ah ! quel frisson court dans toutes mes veines, quand, par mégarde, mes doigts touchent les siens, quand nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu, et une force secrète m’attire de nouveau…. Le vertige s’empare de tous mes sens. Et son innocence, son âme candide, ne sent pas combien ces petites familiarités me font souffrir. Si, dans la conversation, elle pose sa main sur la mienne, et si, dans la chaleur de l’entretien, elle s’approche de moi, en sorte que son haleine divine vienne effleurer mes lèvres…. je crois mourir, comme frappé de la foudre…. Wilhelm, et ce ciel, cette confiance, si j’ose jamais…. Tu m’entends…. Non, mon cœur n’est pas si corrompu. Faible ! bien faible !…. Et n’est-ce pas de la corruption ? Elle est sacrée pour moi. Tout désir s’évanouit en sa présence. Je ne sais jamais ce que j’éprouve, quand je suis auprès d’elle. Je crois sentir mon âme se répandre dans tous mes nerfs…. Elle a une mélodie, qu’elle joue sur le clavecin avec l’expression d’un ange, si simple et si charmante !… C’est son air favori : il chasse loin de moi troubles, peines, soucis, aussitôt qu’elle attaque la première note. De tout ce qu’on rapporte sur l’antique magie de la musique, rien n’est invraisemblable pour moi. Comme ce simple chant me saisit ! et comme souvent elle sait le faire entendre, à l’instant même où je m’enverrais volontiers une balle dans la tête !… le trouble et les ténèbres de mon âme se dissipent, et je respire plus librement.
Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effaré vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bonté qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aïeul d'être tendre Et du ciel d'être bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fâché, je gronde, Non contre vous. Hélas, enfants, dans ce vil monde, Le prêtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbéciles Qui passe en ce moment. Les prêtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frère, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumière; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumière; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je déteste l'autre; Je hais leur bégaiement et j'adore le vôtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, écoutant ce que dit l'âme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux étoilés. Car vous étiez hier, ô doux parleurs étranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, à moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austère; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix où rien n'insulte, où rien ne blâme, Où rien ne mord, s'ajoute au vaste épithalame Des bois mystérieux. Ce doux balbutiement me plaît, je le préfère; Car j'y sens l'idéal; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forêts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'écoute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte à goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la même langue à l'âme inassouvie; En bas nous étouffons; Mais rêver, c'est planer dans les apothéoses, C'est comprendre; et les nids disent les mêmes choses Que les tombeaux profonds. Les prêtres vont criant: Anathème ! anathème ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie éclore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'âme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmées; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumées, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fête immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
Victor Hugo (L'Art d'être grand-père)
Canon 21. « Si quelqu’un dit que le juste ait le pouvoir de persévérer sans un secours spécial de Dieu, ou qu’il ne le puisse avec ce secours : qu’il soit anathème. » Canon 25. « Si quelqu’un dit que le juste pèche en toute bonne œuvre véniellement, ou, ce qui est plus insupportable, mortellement, et qu’il mérite la peine éternelle, mais qu’il n’est pas damné, par cette seule raison que Dieu ne lui impute pas ses œuvres à damnation : qu’il soit anathème. » Par où l’on voit, non-seulement que ces paroles, que « les commandemens ne sont pas impossibles aux justes, » sont restreintes à cette condition, quand ils sont secourus par la grâce ; mais qu’elles n’ont que la même force que celles-ci, que « les justes ne pèchent pas en toutes leurs actions ; » et enfin tant s’en faut que le pouvoir prochain soit étendu à tous les justes, qu’il est défendu de l’attribuer à ceux qui ne sont pas secourus de ce secours spécial, qui n’est pas commun à tous, comme il a été expliqué. Concluons donc que tous les Pères ne tiennent pas un autre langage. Saint Augustin et les Pères qui l’ont suivi, n’ont jamais parlé des commandemens, qu’en disant qu’ils ne sont pas impossibles à la charité, et qu’ils ne nous sont faits que pour nous faire sentir le besoin que nous avons de la charité, qui seule les accomplit. « Dieu, juste et bon, n’a pu commander des choses impossibles ; ce qui nous avertit de faire ce qui est facile, et de demander ce qui est difficile. » (Aug., De nat. et grat., cap. LXIX.) « Car toutes choses sont faciles à la charité. » (De perfect. justit., cap. x.) Et ailleurs : « Qui ne sait que ce qui se fait par amour n’est pas difficile? Ceux-là ressentent de la peine à accomplir les préceptes, qui s’efforcent de les observer par la crainte ; mais la parfaite charité chasse la crainte, et rend le joug du précepte doux ; et, bien loin d’accabler par son poids, elle soulève comme si elle nous donnoit des ailes. » Cette charité ne vient pas de notre libre arbitre (si la grâce de Jésus-Christ ne nous secourt), parce qu’elle est infuse et mise dans nos cœurs, non par nous-mêmes, mais par le Saint-Esprit. Et l’Écriture nous avertit que les préceptes ne sont pas difficiles, par cette seule raison, qui est que l’âme qui les ressent pesans, entende qu’elle n’a pas encore reçu les forces par lesquelles ils lui sont doux et légers. « Quand il nous est commandé de vouloir, notre devoir nous est marqué ; mais parce que nous ne pouvons pas l’avoir de nous-mêmes, nous sommes avertis à qui nous devons le demander ; mais toutefois nous ne pouvons pas faire cette demande, si Dieu n’opère en nous de le vouloir. » (Fulg., lib. II, De verit. praedest., cap. iv.) « Les préceptes ne nous sont donnés que par cette seule raison, qui est de nous faire rechercher le secours de celui qui nous commande, » etc. (Prosper, Epist. ad Demetriad.) « Les pélagiens s’imaginent dire quelque chose d’important, quand ils disent que Dieu ne commanderoit pas ce qu’il saurait que l’homme ne pourroit faire. Qui ne sait cela? Mais il commande des choses que nous ne pouvons pas, afin que nous connoissions à qui nous devons le demander. » (Aug., De nat. et grat., cap. xv et xvi.) « O homme! reconnois dans le précepte ce que tu dois ; dans la correction, que c’est par ton vice que tu ne le fais pas ; et dans la prière, d’où tu peux en avoir le pouvoir! (Aug., De corrept., cap. ni.) Car la loi commande, afin que l’homme, sentant qu’il manque de force pour l’accomplir, ne s’enfle pas de superbe, mais étant fatigué, recoure à la grâce, et qu’ainsi la loi l’épouvantant le mène à l’amour de Jésus-Christ » (Aug., De perfect. respons. et ratiocin. xj., cap.
Blaise Pascal (Blaise Pascal - Oeuvres Complètes LCI/40 (25 titres - Annoté, Illustré))
Quand on me retrouvera, les yeux brûlés on imaginera que j'ai beaucoup appelé et beaucoup souffert. Mais les élans, mais les regrets, mais les tendres souffrances, ce sont encore des richesses. Et moi je n'ai plus de richesses. Les fraîches jeunes filles, au soir de leur premier amour, connaissent le chagrin et pleurent. Le chagrin est lié aux frémissements de la vie. Et moi je n'ai plus de richesses. Les fraîches jeunes filles, au soir de leur premier amour, connaissent le chagrin et pleurent. Le chagrin est lié aux frémissements de la vie. Et moi je n'ai plus de chagrin. Le désert, c'est moi. Je ne forme plus de salive, mais je ne forme plus, non plus, les images douces vers lesquelles j'aurais pu gémir. Le soleil a séché en moi la source des larmes. [...] Je regarde Prévot. Il est frappé du même étonnement que moi, mais il ne comprend pas non plus ce qu'il éprouve. [...] Nous sommes sauvés, il y a des traces dans le sable !... Ah ! nous avions perdu la piste de l'espèce humaine, nous étions retranchés d'avec la tribu, nous nous étions retrouvés seuls au monde, oubliés par une migration universelle, et voici que nous découvrons, imprimés dans le sable, les pieds miraculeux de l'homme. [...] Et cependant, nous ne sommes point sauvés encore. Il ne nous suffit pas d'attendre. Dans quelques heures, on ne pourra plus nous secourir. La marche de la soif, une fois la toux commencée, est trop rapide. Et notre gorge. Mais je crois en cette caravane, qui se balance quelque part, dans le désert. Nous avons donc marché encore, et tout à coup j'ai entendu le chant du coq. Guillaumet m'avait dit : « Vers la fin, j'entendais des coqs dans les Andes. J'entendais aussi des chemins de fer. » Je me souviens de son récit à l'instant même où le coq chante et je me dis : « Ce sont mes yeux qui m'ont trompé d'abord. C'est sans doute l'effet de la soif. Mes oreilles ont mieux résisté. » Mais Prévot m'a saisi par le bras : « Vous avez entendu ? - Quoi ? - Le coq ! - Alors... Alors... » Alors, bien sûr, imbécile, c'est la vie... J'ai eu une dernière hallucination : celle de trois chiens qui se poursuivaient. Prévot, qui regardait aussi, n'a rien vu. Mais nous sommes deux à tendre les bras vers ce Bédouin. Nous sommes deux à user vers lui tout le souffle de nos poitrines. Nous sommes deux à rire de bonheur !... Mais nos voix ne portent pas à trente mètres. Nos cordes vocales sont déjà sèches. Nous nous parlions tout bas l'un à l'autre, et nous ne l'avions même pas remarqué ! Mais ce Bédouin et son chameau, qui viennent de se démasquer de derrière le tertre, voilà que lentement, lentement, ils s'éloignent. Peut-être cet homme est-il seul. Un démon cruel nous l'a montré et le retire... Et nous ne pourrions plus courir ! Un autre Arabe apparaît de profil sur la dune. Nous hurlons, mais tout bas. Alors, nous agitons les bras et nous avons l'impression de remplir le ciel de signaux immenses. Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite... Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. À la seconde même où il se présentera de face, tout sera accompli. À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà effacé en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, change le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, et il me paraît semblable à un dieu... C'est un miracle... Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer... L'Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains, sur nos épaules, et nous lui avons obéi. Nous nous sommes étendus. Il n'y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions. Il y a ce nomade pauvre qui a posé sur nos épaules des mains d'archange.
Antoine de Saint-Exupéry
Ce sentiment de perte est précisément ce qu'il nous faut attendre, anticiper et chérir jusqu'à la fin de nos jours; car notre immense chagrin est la seule chose qui puisse réfuter tout ce que l'amour a d'éphémère.
Amor Towles (A Gentleman in Moscow)
Ainsi, j'avais appris comment mon pays avait été conquis par la France. On ne m'en avait jamais parlé. Ce n'était pas que nos aînés voulaient dissimuler ce pan de notre histoire peu glorieux mais ils en étaient ignorants. Un coup d'éventail. Le dey Hussein d'Alger - sorte d'administrateur -, qui gérait l'Algérie pour le compte de l'empire ottoman, avait exigé du représentant du roi Charles X qu'il honore la dette de son pays. À l'époque, l'Algérie était le premier exportateur de céréales pour la France. Le représentant de Charles X avait méprisé Hussein, arguant qu'un sous-fifre ne donnait pas d'ordre au roi de France. Hussein, humilié et ridiculisé devant sa cour, l'avait souffleté trois fois avec son éventail. Quelques mois plus tard, Charles X envoyait son armada corriger la piètre armée du Dey Hussein. Battu sans livrer combat, il avait été chassé comme un malpropre d'Alger. Quatre-vingt-dix ans plus tard, des hommes comme moi se retrouvaient à porter l'uniforme pour défendre cette France qui nous avait mis à genoux.
Akli Tadjer (d'Amour et de Guerre)
yeux, comme de nos jours, un monde où rien ne s'enchaîne, où la vertu est sans génie, et le génie sans honneur; où l'amour de l'ordre se confond avec le goût des tyrans et le culte saint de la liberté avec le mépris des lois; où la conscience ne jette qu'une clarté douteuse sur les actions humaines; où rien ne semble plus défendu, ni permis, ni honnête, ni honteux, ni vrai, ni faux?
Alexis de Tocqueville (De La Démocratie En Amérique (INCLUANT TOUS LES TOMES, ANNOTÉ D’UNE BIOGRAPHIE))
Monostiches : Géraniums/Mordues. Nous observent plusieurs lèvres de chèvre. Soupir. Je me retire dans ma poitrine et ne me remplis jamais. Collapsus. Allongés vers nous nous fermons nos couleurs de vivants. Univers parallèles. Dans le sac d’un seul sou quelques bouteilles de lait faisant tournoyer l’horizon. Le soleil. Le lait débordant sur le feu, comme s’il y en avait guère dans les pépins de raisin et autres fruits violets. L’âme. La traille une douleur au ventre recoquillé, on dit que cela vient du cœur. Ainsi. Et tout s’est rassemblé au lieu précédent, promis à la baisse. La mort. Nous nous tassons et faisons l’amour dans toutes sortes de positions de la vie ! La graine. L’une par-dessus l’autre des amas de vies cachées, fermées les innombrables de la mort. Le vice. La mémoire de la chaîne sur les cous roses des résidus endoplasmiques. La révélation. Dans une plaine aux jonquilles blanches s’est aussi faufilé le rouge Dieu pavot. (traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
Emil Iulian Sude
On s'est tenu par la main jusqu'à l'instant où ils nous ont jetés à l'eau. Et là, c'est moi qui ai eu le dernier mot. J'ai créé une bulle d'air au fond du lac. Nos copains attendaient qu'on remonte, mais, hé... quand on est fils de Poséidon, pas besoin de se dépêcher. Sans exagérer, ce fut le meilleur baiser sous-marin de tous les temps.
Rick Riordan (The Last Olympian (Percy Jackson and the Olympians, #5))
Peut-être, le temps passant, la question première : « D'où ça vient les enfants ? » laisse-t-elle la place à celle-ci : « D'où ça nous vient, nos pensées ? »
Jean-Bertrand Pontalis (L'amour des commencements)
Avec M. Charlier, avec les livres, j'avais fini par croire que pour être philosophe il suffisait de procéder à deux opérations simples : d'abord choisir un terme abstrait, ensuite le faire précéder, comme un nom roturier d'une particule, du mot « idée ». Disserter sur la nature, c'eût été rester dans les Belles Lettres ; méditer sur l'idée de Nature, c'était déjà philosopher. Quand nous serions capables de faire tenir ensemble dans leur opposition l'Homme et la Nature, nous aurions conquis nos galons de dialecticiens. La philosophie était une activité noble garantie par la noblesse de ses objets.
Jean-Bertrand Pontalis (L'amour des commencements)
L’amour impossible n’est plus possible de nos jours.
Jocelyne Saucier (And the Birds Rained Down)
Toutes les belles histoires d'amour se ressemblent, mais elles ne commencent jamais de la même manière.
Eva Centaurée (Nos vies rêvées)
Ainsi, ces docteurs en vert occupent nos jours et au gré des ravissements et des stupeurs se dresse, inévitable, latente, la question de l'extrémité. Jusqu'où faudra-t-il aller ? Un jour, c'est certain, le fleuve s'arrêtera, aucun d'eux n'est infini. Il aura assez remué la terre comme ça. Le capitaine Ubac et son équipage arriveront à la mer, souhaitons que la navigation soit calme, les embouchures sont parfois chaotiques. Le radeau découvrira devant lui cette immensité plus grande que nous tous réunis, aux surfaces lumineuses mais immensément sombres et il sera alors le temps que chacun s'interroge sur l'opportunité de poursuivre. Entre amour et indécence, les hommes pour eux déjà s'interrogent, mais pour le chien c'est d'autant plus là, vite, imparable, que l'on fait dire ce que l'ont veut aux volontés dernières de la bête et à sa propre définition de l'acceptable, le silence égare autant qu'il vient en aide.
Cédric Sapin-Defour (Son odeur après la pluie)
Nous avons un colossal désir de vivre certains d’entre nous prennent du poids donnent des fruits tandis que ceux du dessus n’hésitent pas à nous bouffer roulés dans le sucre doux jusqu’à la provocation avec des corps amers nous nous câlinons blottis affinés beaux de glaise nous accomplissons la vie de ceux du dessus de nos amours une sorte d’oubli les fruits dans les arbres non cueillis. une sorte d’eau qui assèche. nous rions à nous décrocher la mâchoire sous les ossements où nous nous aimons jusqu’à la défiance nous ne craignons pas les crânes voisins roulés entre les poitrines. de moi à toi de toi à moi.
Emil-Iulian Sude
Il ne me laisse pas l’aimer. Il ne me laisse pas essayer. Je ne sais pas quoi faire.” He won’t let me love him. He won’t let me try. I don’t know what to do. “I’d give anything to go back, to be braver. I was so scared. I was such a coward, and you died. You died…I never got to tell you how much I loved you. How much you meant to me, how much you changed me. How much I respected you. You were so brave, Dominic, and so strong. I was so privileged to know you. To love you. As much as you tried, you were never a forgettable man. I will miss you every day of my life.” I press my hand to my chest. “Attends-moi mon amour. Jusqu’à ce que nous nous revoyions. Jusqu’à ce que nous puissions sentir la pluie sur nos deux visages. Il doit y avoir une place pour nous dans la prochaine vie. Je ne veux pas d’un paradis où je ne te vois pas.” Until we meet again. Until we can feel the rain on both our faces. There has to be a time for us in the next life. I don’t want any part of a heaven where I don’t see you. At the gate, I glance back at his grave one last time. “A bientôt. Merci.” Until then. Thank you.
Kate Stewart (Exodus (The Ravenhood Duet, #2))
Là-bas, il survivait au creux de certaines conversations, l'amour, comme un vieux souvenir, un écho lointain de la volupté, parmi des femmes tondues, devenues maigres et osseuses en quelques semaines, les mêmes qui se maquillaient parfois outrageusement à Drancy, plus séductrices dans ce camp de transit mixte qui autorisait nos derniers feux.
Marceline Loridan-Ivens (L'Amour après)
В классики играют так: носком ботинка подбивают камешек. Что для этого надо: ровную поверхность, камешек, ботинок и еще - красиво начерченные классики, начерченные мелками, лучше разноцветными. В верхней клеточке - Небо, в нижней - Земля, и очень трудно с камешком добраться до Неба, обычно где-нибудь да просчитаешься - и камешек выскочит за клетку. Постепенно, однако, необходимые навыки приобретаются, научаешься прыгать по всяким клеткам (есть классики-ракушка, прямоугольные, смешанные, но в эти играют реже всего), и в один прекрасный день оказывается, что ты можешь оторваться от Земли и проскакать со своим камешком до самого Неба, взойти на Небо ("Et tous nos amours, - прорыдала Эммануэль, уткнувшись лицом вниз), плохо только, что как раз в этот момент, когда почти никто вокруг не умеет добираться до Неба, а ты научился, в этот самый момент кончается детство и ты зарываешься в книги, ударяешься в тоску по бог знает чему, теряешься в созерцании другого Неба, к которому еще надо учиться идти. А поскольку с детством ты уже распрощался ("Je n'oublierai pas le temps des cerises"189, - отбивала Эммануэль ногами по полу), то забываешь: чтобы добраться до Неба, нужны камешек и носок ботинка. И Гераклит знал это, сидя в дерьме, и Эммануэль, наверное, тоже, еще соплячкой, еще когда для нее цвели вишни, или эти два педераста, неизвестно каким образом оказавшиеся в зарешеченной машине .. .. Камешек и носок ботинка, Мага это знала прекрасно, а он - не так прекрасно. Клуб знал более-менее хорошо; камешек и носок ботинка - с детских лет в Бурсако или в предместье Монтевидео они указывали прямой путь на Небо, и не нужны были ни веданта, ни дзэн-буддизм, ни разнообразные эсхатологические представления, да, прямиком на Небо, орудуя только ботинком и маленьким камешком (а может, попробовать с крестом? Нет, с этим предметом управиться трудно). В последний раз садануть как следует, целясь прямо в 1'azur, 1'azur, 1'azur, 1'azur190, - бац, и стекло вдребезги, и ложись спать без сладкого, скверный мальчик, кому дело до того, что за тем разбитым стеклом находилось твое сообщество желаний и что Небо и есть это желанное сообщество и прибежище, только в детстве мы его называем Небом.
Julio Cortázar (Hopscotch)
J'ai cité dans Chez soi les très belles lignes de Serge Rezvani sur les « surprises de la répétition », sur l'intérêt merveilleux qu'on peut trouver à renouveler chaque jour des gestes et des rituels qui sont chargés de sens à nos yeux, en apprenant à apprécier leurs plus infimes variations, comme une palette qu'on élargit et enrichit sans cesse. J'en trouve un autre éloge chez la philosophe Séverine Auffret : « Un accroissement continuel de jouissance nous vient de l'audition répétée d'une musique. La première audition n'emporte pas notre adhésion. C'est à la deuxième, à la troisième, à la suivante que le plaisir s'affirme, semblable à ce rythme propre du corps tout de scansion, de répétition : parcours d'un même espace, réitération d'un même geste ; cette demande qu'on fait dans le coït, comme le petit enfant qu'on berce, jette en l'air, soulève, balance : "Encore !" » (p. 46)
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
Soulever la question de la fétichisation amoureuse et sexuelle suscite en général de vives protestations, et expose à se voir accusé de vouloir faire la « police des couples ». Les inclinations personnelles, surtout dans ce domaine, ne se discuteraient pas. Ce serait donc pure coïncidence si les « inclinations personnelles » des millions d'hommes qui fantasment sur les femmes asiatiques se rejoignent… Le plus vraisemblable est cependant que nos goûts, là encore, sont tributaires des préjugés et des représentations en circulation dans nos sociétés, dont nous sommes forcément imprégnés. L'autrice Dalia Gebrial remarque que l'amour, « représenté comme un royaume des affects apolitique, transcendant, dans lequel on tombe malgré soi, est en réalité profondément politisé, et lié aux violences structurelles plus larges auxquelles l'ensemble des femmes racisées, en particulier, doivent faire face ». (p. 95)
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
Je crois que la souffrance a été accordée par Dieu à l'homme dans une grande pensée d'amour et de miséricorde. Je crois que Jésus-Christ a transformé, sanctifié, presque divinisé la souffrance. Je crois que la souffrance est pour l'âme la grande ouvrière de rédemption et de sanctification. Je crois que la souffrance est féconde, autant et parfois plus que nos paroles et nos oeuvres, et que les heures de la Passion du Christ ont été plus puissantes pour nous et plus grandes devant le Père que les années même de sa prédication et de son activité terrestre. Je crois qu'il circule parmi les âmes, celles d'ici-bas, celles qui expient, celles qui ont atteint la vraie vie, un vaste et incessant courant fait des souffrances, des mérites et de l'amour de toutes ces âmes, et que nos plus infîmes douleurs, nos plus légers efforts peuvent atteindre par l'action divine des âmes chères ou lointaines et leur apporter la lumière, la paix et la sainteté. Je crois que dans l'Eternité nous retrouverons les bien-aimés qui ont connu et aimé la Croix, et que leurs souffrances et les nôtres se perdront dans l'infini de l'Amour divin et dans les joies de la définitive réunion. Je crois que Dieu est amour et que la souffrance est, dans sa main, le moyen que prend son amour pour nous transformer et nous sauver.
Elisabeth Leseur (Journal Et Pensees De Chaque Jour (French Edition))
Toutes ces pages n'ont pas toujours de date, encore moins de visage, mais elles supposent qu'un homme s'est assis devant une table, un stylo à la main, qu'il a pris le temps de chercher les mots, peut-être de me répondre. Nous écrivions bien je trouve, et qu'importe finalement que l'élan ait duré une heure, une semaine, un mois ou un an, je sens nos cœurs serrés d'alors, l'ombre de la guerre derrière nous, qui nous commande de vivre. [...] Il fallait que nous fassions des phrases amicales, amoureuses, fâcheuses et menteuses. Il nous fallait nous écrire pour raisonner et nous orienter dans ce monde. Nous allions dans les graves du drame, puis dans les aigus du bonheur. Tout est là, dans une valise.
Marceline Loridan-Ivens (L'Amour après)
On ne peut pas grandir avec les autres. On ne peut grandir qu'en échappant à cet amour qu'ils nous portent et qui leur suffit, croient-ils, à nous connaître. On ne peut grandir qu'en faisant des choses dont on ne leur rendra pas compte, et d'ailleurs si on leur en rendait compte, ils ne les comprendraient pas, parce qu'elles seront faites avec cette part insaisissable, non couverte par le manteau d'amour qu'ils jetaient sur nos épaules. Cette part-là est part de l'ange - ou du loup. Je ne suis pas sûre de croire aux anges. Les loups existent. Ils existent même deux fois, une fois dans les forêts, une deuxième fois dans les légendes qui sont comme des forêts de mots.
Christian Bobin (La folle allure)
Nous sommes seulement quatorze, mais nous sommes portés par des milliers et sans doute par des millions d’hommes. Pour nous protéger, des groupes de combat veillent sur tous les accès qui mènent à cette retraite. Et se feront tuer avant que de laisser arriver jusqu’à nous. Cependant, personne ici n’a l’orgueil ni même le sentiment de la puissance. Nous savons que nos soldats changent cent fois de nom et qu’ils ne possèdent ni abri ni visage. Ils vont en secret dans des chaussures informes sur des chemins sans soleil et sans gloire. Nous savons que notre armée est famélique et pure. Qu’elle est une armée d’ombres. L’armée miraculeuse de l’amour et du malheur. Et j’ai pris conscience ici que nous étions seulement les ombres de ces ombres et le reflet de cet amour et de ce malheur. Cela surtout, Gerbier, valait la peine.
Joseph Kessel (L'Armée des ombres)
Notre conscience s'enflait comme une baudruche, jusqu'à se confondre avec le paysage, annihilant toute différence entre l'extérieur et nos limites physiques. [...] Et on sentait dans ce mouvement solaire une sorte d'énorme élan d'amour cosmique.
Haruki Murakami (The Wind-Up Bird Chronicle)
Attends-moi mon amour. Jusqu’à ce que nous nous revoyions. Jusqu’à ce que nous puissions sentir la pluie sur nos deux visages. Il doit y avoir une place pour nous dans la prochaine vie. Je ne veux pas d’un paradis où je ne te vois pas.” Until we meet again. Until we can feel the rain on both our faces. There has to be a time for us in the next life. I don’t want any part of a heaven where I don’t see you. At the gate, I glance back at his grave one last time. “A bientôt. Merci.” Until then. Thank you.
Kate Stewart (Exodus (The Ravenhood Duet, #2))
Finalement, aujourd'hui que les enfants ne labourent plus nos champs et ne nous prennent plus chez eux lorsque nous devenons incontinents, il n'existe plus de raison valable d'en avoir, et il est stupéfiant qu'avec l'avènement d'une contraception efficace on trouve encore des gens qui choisissent de se reproduire. En regard, l'amour, l'histoire, la satisfaction, la foi en l' "humanité" -bref, toutes les motivations modernes sont comme des dirigeables, immenses, suspendus et rares : optimistes, généreuses, voire profondes, mais dangereusement infondées.
Lionel Schriver
Tu ne me dis presque jamais merci pour tout ce que je fais pour que cette maison tienne debout, tu ne vois pas l'infinité de choses qu'il faut accomplir pour que ça marche, pour que les enfants aient des chaussures et le ventre plein, pour que la maison soit propre, pour que nos lits soient faits. Tu dis simplement que tu travailles, que tu travailles, comme si c'était supérieur à tout, comme si tu étais plus importante parce que tu es occupée, comme s'il y avait de la grandeur à être débordée, comme si ça te dégageait de toute autre responsabilité. Mais tu ne t'occupes que de cuisine, Ottavia, mon amour. Même si tu le fais bien, ça reste un travail. Tu juges sévèrement les hommes de ta famille, mais tu ne fais pas beaucoup mieux, tu sais.
Julia Kerninon (Sauvage)
La vie est un peu à l’image de ce couloir d’hôpital. Derrière chaque porte se niche une existence. Nous avançons à la recherche des êtres qui nous aideront à construire notre vie : notre amour, nos amis. Certains, chanceux ou avertis, connaissent les chambres dans lesquelles les découvrir. D’autres ne savent pas et restent éternellement à errer sans oser toquer ici ou là. Et s’ils ouvrent l’une d’entre elles, ils se montrent incapables de questionner, de s’intéresser vraiment à celles et ceux qui leur font face et repartent dériver vers d’improbables rencontres. Pourquoi ? Parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils cherchent. Parce qu’ils ne savent plus qui ils sont. Selon moi, chaque porte ouverte, chaque rencontre, est suscitée par le destin et doit nous apprendre quelque chose.
Thierry Cohen (Si un jour la vie t'arrache à moi)
Hopscotch is played with a pebble that you move with the tip of your toe. The things you need : a sidewalk, a pebble, a toe, and a pretty chalk drawing, preferably in colors. On top is Heaven, on the bottom is Earth, it's very hard to get the pebble up to Heaven,you almost always miscalculate and the stone goes off the drawing. But little by little you start to get the knack of how to jump over the different squares (spiral hopscotch, rectangular hopscotch, fantasy hopscotch, not played very often ) and then one day you learn how to leave Earth and make the pebble climb up into Heaven (Et tous nos amours, Emmanuele was sobbing face down), the worst part of it is that precisely at that moment, when practically no one has learned how to make the pebble climb up into Heaven, childhood is over all of a sudden and you're into novels, into the anguish of the senseless divine trajectory, into the speculation about another Heaven that you have to learn to reach too.
Julio Cortázar (Hopscotch)
On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre amour, de notre non-amour, de notre bienveillance ou de notre haine, et dans quelle mesure elles sont d'avance conditionnées par les rapports de force entre individus. ==========
Anonymous
N'aie pas peur. Ferme Tes yeux, donne-moi Ta main et viens, je vais Te montrer tous les sentiers de l'amour que je connais, des sentiers jamais foulés. Sauvage, le pollen des nuits passera au-dessus de nous et de nos reins monteront les baisers. Viens, dépêchons-nous. Quelqu'un guette au coin du lit. Un pressentiment s'éparpille sur les draps qui ont l'air de linceuls. Oh, où fuir, dans quelle courbure de Ton corps m'enfouir et comment T'étreindre pour ne pas mourir - pour ne pas mourir avant d'avoir joui de Toi tout entière. ~ P 52 - 53
Nikos Kazantzakis (Le lys et le serpent)
Et c'est toujours de même, et c'est ainsi toujours! On s'adore! On se hait! On maudit ses amours! On s'adore! On se hait! On maudit ses amours! Adieu Myrtille, Eglé, Chloé, démons moqueurs! Adieu donc et bons jours aux tyrans de nos coeurs! Et bons jours!
Robert de Montesquiou
Au téléphone, un ami écrivain me parle d'exil. Apparemment, il ne pourra plus rien écrire 'ici'. Tout est fermé, bloqué, et les lecteurs restent inimaginables, à l'autre bout de son tunnel. Je ne sais trop quoi lui dire, car je suis sûr qu'il se trompe, ou plutôt qu'il est trompé par une souffrance que je connais bien, moi aussi, et qui nous a donné notre lot de poètes à la tête flambée. Je lui parle de ça, de la tentation épouvantable de partir, du leurre qu'est ce désir d'aller trouver ailleurs on ne sait quoi. Je regarde dehors pendant que je l'écoute se plaindre, avec une voix tremblante, pleine de cette émotion impérissable du poète déserté par le désir, et auquel il ne vient plus que des mots anciens, pour parler de l'éternelle misère de ne plus savoir comment faire. Je regarde dehors et aperçois le bouleau qui balance dans le vent. On oscille sans cesse, on hésite tous, toujours on bat la mesure d'une inaliénable incertitude. C'est comme ça. Je lui dis que j'aime ce qu'il est, ce qu'il fait, mais ce n'est pas assez, comme de raison. L'amour n'est pas assez quand on est seul et enfoncé si loin dans l'inquiétude. Je l'écoute et je regarde les arbres secoués par le vent et c'est pareil : nous sommes tous secoués, bardassés, perpétuellement ébranlés sur nos racines.
Robert Lalonde (Le Monde sur le flanc de la truite)
Soldats de plomb… Soldats de plomb, ô, toute mon enfance, quand Hetmans aux cheveux blonds, nous déployions une cohue De héros immortels, oubliés dans quelque bahut, De preux sans crainte en immobiles rangs. Et, nous les enfants, avec nos sabres en bois, partions nous quereller En portant comme étendard des serviettes au soleil flottant. Quel corps à corps, quelle raclée sous les mûriers du verger ! Et après la bataille, combien de morts fuyaient en riant… Ô ! où donc es-tu, guerre, époque innocente ! Maintenant la lutte hurle et la blessure déchirée se lamente, Et les morts meurent vraiment de leur amour de la patrie. Quel dieu-enfant se penche sur les hommes-jouets, Et le soir, les renversant dans les noirs coffrets, Dans les tranchées les poupées de cire ensevelit ?
Ion Pillat (Monostiches et autres poèmes (Litterature Roumaine Traduite) (French Edition))
Extraits: Seuls les pores de l’infini-temps Quand seront-ils libres ? Leur suffit-il d’être Depuis Nkrumah, Lumumba, Lucie Dinkinesh ? En Afrique, depuis Saba d’ébène, On invente, écrit, calcule ; Depuis l’amharique de nos anneaux non noués, Depuis Askia qui fit chuter l’or, Depuis l’apartheid de la Rhodésie, Pour façonner mers et continents D’un pacte d’amour les fils de la nature.
Abdou Karim GUEYE Poésie Comme un amas de pyramides inversées
Deixar entrar alguém na nossa vida é deitar abaixo as paredes que construímos para nos protegermos, não ficando à espera que o outro as derrube!
Marc Levy (Mes amis, mes amours)
Beaucoup d'hommes et de femmes disent que Monsieur X ne les intéresse pas, qu'il est le produit d'une classe, très réduite statistiquement de surcroît, celle de la bourgeoisie cosmopolite, produit du capitalisme tiers-mondiste. je crois pour ma part que Monsieur X nous concerne tous, hommes et femmes, quels que soient notre âge et notre appartenance de classe. Il nous concerne en tant qu'individu "idéal", comme modèle et produit d'ne classe dominante. C'est lui qu'on voit dans les feuilletons télévisés, qu'ils soient égyptiens, américains ou français. Lui dont nous rêvons, consciemment ou inconsciemment. Lui encore qui incarne les attentes et les images que nous avons de la séduction, du charme, du désir et du bonheur...Cela quelle que soient par ailleurs nos options politiques et culturels conscientes. L'objet de ces textes, en effet, est moins de répondre aux questions que d'en formuler. Il nous faut avancer, prendre peu de distance envers nous-mêmes en tant que "machines délirantes" dans un Tiers monde qui est aujourd’hui, d'une part ouvert aux messages publicitaires fabriqués dans les laboratoires des multinationales occidentales et d'autre part, en quête de son passé et de sa tradition.
Fatema Mernissi (L'Amour dans les pays musulmans : A travers le miroir des textes anciens)
L'amour ne peut pas se passer d'échange, de petits billets doux que l'on s'adresse et se renvoie. L'amour est peut-être la plus belle forme du dialogue que l'homme a inventé pour se répondre à lui-même. Et c'est là justement que l'art du ventriloque a un rôle immense à jouer. Les grands ventriloques ont été avant tout des libérateurs : ils nous permettent de sortir de nos cachots solitaires et de fraterniser avec l'univers. C'est nous qui faisons parler le monde, la matière inanimée, c'est ce qu'on appelle la culture, qui fait parler le néant et le silence. La libération, tout est là. Je donne des leçons à Fresnes; les prisonniers apprennent à faire parler les barreaux, les murs, à humaniser le monde. Philoloque a dit qu'une seule définition de l'homme est possible : l'homme est une déclaration d'intention, et j'ajouterais qu'il fait qu'elle soit faite hors du contexte. Je reçois ici toutes sortes de muets intérieurs pour causes extérieures, pour cause de contexte, et je les aide à se libérer. Tous mes clients cachent honteusement une voix secrète, car ils savent que la société se défend. Par exemple, elle ferme les bordels, pour fermer les yeux. C'est ce qu'on appelle morale, bonnes moeurs et suppression de la prostitution authentique et noble, celle qui ne se sert pas du cul mais des principes, des idées, du parlement, de la grandeur, de l'espoir, du peuple, puisse continuer par des voies officielles. Il vient donc un moment où vous n'en pouvez plus et où vous êtes dévoré par le besoin de vérité et d'authenticité, de poser des questions et de recevoir des réponses, bref, de communiquer - de communiquer avec tout, avec le tout, et c'est là qu'il convient de faire appel à l'art. C'est là que le ventriloque entre en jeu et rend la création possible. Je suis reconnu d'utilité publique par monsieur Marcellin, notre ancien Ministre de l'Intérieur, et monsieur Druon, notre ancien Ministre de la Culture et j'ai reçu l'autorisation d'exercer de l'Ordre des Médecins, car il n'y a aucun risque. Tout demeure comme avant, mais on se sent mieux.
Romain Gary (Gros-Câlin)
comment mesurer l'amour?? chacun sait que l'instrument n'est pas encore né,capable d’apprécier,sans risque d'erreur et par-delà les illusions, l'intensité de nos sentiments. Si divers sont les objets de l'amour et les manières d'aimer...
Érik Orsenna (Voyage aux pays du coton: Petit précis de mondialisation)
Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez point d'un détail inutile. Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant; L'esprit rassasié le rejette à l'instant. Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire. Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire. Un vers étoit trop foible, et vous le rendez dur; J'évite d'être long, et je deviens obscur; L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue; L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue. Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer, Qui toujours sur un ton semblent psalmodier. Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère!
Nicolas Boileau-Despréaux (L'Art Poétique)