Visages Villages Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Visages Villages. Here they are! All 6 of them:

They never returned. Only the old were left. And they began to die off. Those who did not die left the village by other means. In the end there was only one widow left, a dressmaker, and she began to sew the visages of those who had vanished. She hand-stitched the bodies and the clothes; she perfected the faces. Each and every doll was a precise replica of someone who once lived there.
Esi Edugyan (Washington Black)
The villagers had removed their masks. They displayed their true faces. And they were dreadful, diabolic visages. Blasted skin hung from shrunken mouths and red veins burst from their skin, leaving pronounced contours akin to miniature rivers. Each throbbed and pulsed, at home on scabby foreheads. I balked. The eyes drew all attention. Silver coins replaced eyeballs. They glinted with the same alluring lustre as the ones I had coveted in the chests. Instantly, dreadfully, I knew they were one and the same – accursed treasure used for nefarious sight, a symbol of the damned. And yet, the more I stared, the more I coveted them.
Tim Reed (The Eight Islands: Summons of the Majestic (The Eight Island Series Book 1))
Le photographe Hessling, ancien étudiant du Bauhaus, faisait la guerre, en 1943, dans les armées de son pays. La nuit de Noël, au village de Novimgorod, tous les habitants reçurent l'ordre de sortir dans la neige et de chanter leurs cantiques à la lueur des flambeaux tandis que les SS crucifiaient une jeune femme sur la porte de l'église. Son agonie dura la nuit entière. Au lever du jour, la beauté surnaturelle de son visage était inondée de sourire et de larmes. Hessling s'approcha, s'agenouilla et, comme elle semblait dire oui, il la photographia. Peu après, il était exécuté à Kiev comme anti-nazi, traître à l'Allemagne. Il avait eu le temps de remettre son négatif à Wolfgang Borchert. Hessling savait qu'aucune photographie dans le monde ne pouvait être comparée à celle-ci. Il fit promettre à Borchert de la développer au retour de la guerre, de la regarder, puis de la jeter dans l'Elbe, afin que jamais, dans aucun musée, on ne pût s'arrêter et contempler cette crucifixion. Même avec des larmes. C'est peut-être en pensant à cela que Maurice Blanchot, beaucoup plus tard, note dans L'écriture du désastre : "Il y a une limite où l'exercice d'un art, quel qu'il soit, devient une insulte au malheur. Autoportrait en lecteur (page 60)
Marcel Cohen
Voilà à quoi je pensais, tandis que je marchais pour rentrer chez moi, légèrement ivre, après avoir quitté L. devant le bar où nous avions bu un troisième verre. Nous avions bien ri, elle et moi, au fond de la salle, car finalement la conversation avait dévié sur nos passions adolescentes, avant Barthes et toute la clique, à l’époque où nous accrochions des posters dans notre chambre. J'avais raconté à L. les deux années durant lesquelles, vers l'âge de seize ans, j'avais contracté puis developpé une cristallisation spectaculaire sur la personne d'Ivan Lendl, un joueur de tennis tchécoslovaque au physique ingrat dont je percevais la beauté obscure et saisissante, au point que je m'étais abonnée à Tennis Magazine (moi que je n'avais jamais touché une raquette de ma vie) et avais passé des heures devant les retransmissions televisées du tournoi de Roland Garros et Wimbledon au lieu de réviser mon bac. L. étais sidérée. Elle aussi l'avait adoré! C'était bien la première fois que je rencontrais quelqu'un qui avait aimé Ivan Lendl, l'un des joueurs les plus detestés de l'histoire du tennis, sans doute à cause de son visage austère que rien ne pouvait dérider, et de son jeu de fond de court, méthodique et rébarbatif. Selon toute vraisemblance, c'est d'ailleurs pour ces raisons, parce qu'il était si grand, maigre et incompris, que je l'ai tant aimé. À la même époque, oui, exactement, L. avait suivi tous les matchs d'Ivan Lendl, elle s'en souvenait parfaitement, notamment de cette fameuse finale de Roland Garros jouée contre John McEnroe, que Lendl avait gagné à l'issue d'un combat d'une rare intensité dramatique. Les images l'avaient alors montré victorieux, défiguré pour l'épuisement, et pour la première fois le monde entier avait découvert son sourire. L. était incollable, se souvenait de tous les détails de la vie et de la carrière d'Ivan Lendl que j'avais pour ma part oubliés. C'était incroyable, plus de vingt ans après, de nous imaginer toutes les deux hypnotisées devant nos postes de télevision, elle en banlieue parisienne et mois dans un village de Normandie, souhaitant l'une et l'autre avec la même ardeur le sacre de l'homme de l'Est. L. savait auusi ce qu’Ivan Lendl était devenu, elle avait suivi tout cela de très près, sa carrière comme sa vie privée. Ivan Lendl était marié et père de quatre enfants, vivait aux Ètats-Unis, entraînait de jeunes joueurs de tennis et s’était fait refaire les dents. L. déplorait ce dernier point, la disparition du sourire tchécoslovaque (dents rangées de manière inégale dont on devinait le chevauchement) au profit d’un sourire américain (dents fausses parfaitement alignées, d’un blanc éclatant), selon elle, il y avait perdu tout son charme, je n’avais qu’à vérifier sur Internet si je ne la croyais pas. C’était un drôle de coïncidence. Un point commun parmi d’autres, qui nous rapprochait.
Delphine de Vigan (D'après une histoire vraie)
La rue de l’enfance I. C’est une rue humble et ignorée, en bordure de la ville. Elle ne caresse pas l’œil avec des méandres de rivières parées de verdure ni ne séduit le pas avec un pavé sonore. Elle est étroite et nue, elle n’est que terre et pierres. Les autres rues se précipitent, pressées les unes contre les autres, coude à coude, pour atteindre le plus vite possible la grande rue, au ventre en forme de place, à laquelle elles amènent le vacarme amassé sur leurs dalles de pierre. Elle, elle est solitaire. Elle a recueilli pieusement le silence dont ne veulent pas les autres rues, elle s’est écartée d’elles. Elle désirait peut-être sortir de la ville, se diriger vers la montagne, être là-bas un sentier parmi les sapins. Mais ses forces l’ont abandonné à la lisière de la ville et elle s’est allongée à la hauteur de l’église et des quelques maisons tranquilles à côté de la demeure de nos grands-parents et de la nôtre. Elle y est restée. Jadis, sur ces parages, régnait un village laborieux. Alors les rues d’aujourd’hui n’étaient que des terres, des sillons qui vivaient fraternellement et se couvraient de moissons. Dans ce village se trouve l’origine de la ville ; dans ces sillons, l’origine des rues, origines oubliées et méprisées. Maintenant, les rues éloignées de la terre sont comme des ennemies ; elles se querellent entre elles quand cesse le bruit des charrettes et des voitures et se harcèlent, s’arrachant l’une à l’autre des poignées de poussière grise. Ma rue est paisible, silencieuse. Elle est rarement troublée par l’irruption des gens de la ville. Des chars à bœufs la parcourent, venant de la campagne. Leur cheminement tranquille est comme une prière tombée de ses lèvres et la poussière qui les accompagne est comme un doux sourire. Les rues principales de la ville ont leurs serviteurs : des balayeurs qui les peignent, des arroseurs qui les lavent, des ouvriers qui les fardent de goudron et d’asphalte. Elle, elle, se sert elle-même. Elle se verse de l’eau de pluie dans ses rigoles. Les moineaux lui font une chevelure. Et son visage est naturel. Fières de leur nom, les autres rues ont contraint les portes des maisons à l’apprendre et à le prononcer constamment. Et les portes aux bouches de fer ou de bois l’ont à tout instant sur les lèvres. Elle, elle a à peine murmuré son nom à notre maison, à notre maison seulement. Mais les pluies l’ont effacé ; la porte l’a oublié ; et aussi l’a oublié. C’est une rue humble et ignorée en bordure de la ville. (traduit du roumain par Mario Roques)
Ionel Teodoreanu (Uliţa copilăriei; În casa bunicilor)
Seigneur, je reviens au point de départ Le noyer lui aussi inquiet-foudroyé, Le visage du poème brûlé par le soleil Tombes vidées du basilic et le sentier du village.
Dumitru Cerna