Une Direct Quotes

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TrĂšs vite dans ma vie il a Ă©tĂ© trop tard. A dix-huit ans il Ă©tait dĂ©jĂ  trop tard. Entre dix-huit ans et vingt-cinq ans mon visage est parti dans une direction imprĂ©vue. A dix-huit ans j’ai vieilli.
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Marguerite Duras (The Lover)
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Les journĂ©es qui s'Ă©coulent, les gens que tu rencontres, les expĂ©riences auxquelles tu es confrontĂ©e forment ce qu'on appelle une vie. Ta vie. Et des vies, Lahira, tu n'en vivras qu'une. C'est Ă  toi de la prendre en main, de lui donner les couleurs que tu aimes et la direction dont tu rĂȘves. A toi et Ă  personne d'autre.
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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C’est une folie de haĂŻr toutes les roses parce que une Ă©pine vous a piquĂ©, d’abandonner tous les rĂȘves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas rĂ©alisĂ©, de renoncer Ă  toutes les tentatives parce qu’on a Ă©choué  C‘est une folie de condamner toutes les amitiĂ©s parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a Ă©tĂ© infidĂšle, de jeter toutes les chances d’ĂȘtre heureux juste parce que quelque chose n’est pas allĂ© dans la bonne direction. Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau dĂ©part.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Si on bouge sans cesse, on impose un sens, une direction au temps. Mais si on s'arrĂȘte en se butant comme un Ăąne au milieu du sentier, si on se laisse emporter par la rĂȘverie, alors mĂȘme le temps s'arrĂȘte et n'est plus ce fardeau qui pĂšse sur nos Ă©paules. Si on ne le porte pas il verse, il se rĂ©pand tout autour comme la tache d'encre que ma plume faisait toute seule, droite en Ă©quilibre sur le buvard, pour retomber ensuite, vide.
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Erri De Luca (Pas ici, pas maintenant)
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Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence trÚs pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la maniÚre d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas  ; c'est cela qui nous est arrivé.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme, - n'a été oublié par moi : je pourrais les redire tous, je tiens le systÚme.
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Arthur Rimbaud (Une saison en enfer & Le bateau ivre: A season in hell & The drunken boat)
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Le vert absolu est la couleur la plus anesthésiante qui soit. Elle ne se meut dans aucune direction et n'a aucune consonance de joie, de tristesse ou de passion ; elle ne réclame rien, n'attire vers rien. [...] Ce vert est semblable à une grosse vache, pleine de santé, couchée, figée, capable seulement de ruminer en contemplant le monde de ses yeux stupides et inexpressifs.
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Kandinsky Vasily
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Le savoir des Ă©coles se borne Ă  enseigner le "comment". C'est un savoir Ă©parpillĂ©, sans unitĂ© et sans direction. Ce n'est pas un chemin qui conduit vers le sommet de la montagne d'oĂč l'on pourra voir l'horizon et comprendre dans tous ses dĂ©tails l'ordonnance du paysage, c'est une plaine de sable dont on propose Ă  l'homme d'Ă©tudier chaque grain. Ce savoir ne peut donner naissance qu'Ă  une sociĂ©tĂ© de technique, sans sagesse et sans raison, aussi absurde et dangereuse dans son comportement qu'un camion-citerne lancĂ© sans conducteur sur une autoroute en pente.
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René Barjavel
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Toute grande oeuvre est soit une Iliade soit une OdysĂ©e, les odysĂ©es Ă©tant beaucoup plus nombreuse que les iliades: le Satiricon, La Divine ComĂ©die, Pantagruel, Don Quichotte, et naturellement Ulysse (oĂč l'on reconnaĂźt d'ailleurs l'influence directe de Bouvard et PĂ©cuchet) sont des odysĂ©es, c'est-Ă -dire des rĂ©cits de temps pleins. Les iliades sont au contraire des recherches du temps perdu: devant Troie, sur une Ăźle dĂ©serte ou chez les Guermantes.
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Raymond Queneau
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Je dĂ©couvre la morsure de l'attente. Parce qu'il y a ce refus de s'avouer vaincu, de croire que c'est sans lendemain, que ça ne se reproduira pas. Je me persuade qu'il accomplira un geste dans ma direction, que c'est impossible autrement, que la mĂ©moire des corps emmĂȘlĂ©s vaincra sa rĂ©sistance. Je me dis que ce n'Ă©tait pas seulement une histoire de corps, mais de nĂ©cessitĂ©. Qu'on ne lutte pas contre la nĂ©cessitĂ©. Ou, si on lutte, elle finit par avoir raison de nous. Je dĂ©couvre la morsure du manque.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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[...] Et c’est lĂ , en mĂȘme temps, ce qui donne l’illusion du progrĂšs Ă  ceux qui, ne connaissant qu’une civilisation, voient exclusivement la direction dans laquelle elle se dĂ©veloppe, croient qu’elle est la seule possible, et ne se rendent pas compte que ce dĂ©veloppement sur un point peut ĂȘtre largement compensĂ© par une rĂ©gression sur d’autres points.
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René Guénon (Introduction to the Study of the Hindu Doctrines)
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Un choc qui nous atteint dans une direction imprĂ©vue nous donne brusquement une sensation nouvelle de l’existence de notre corps en tant qu’inconnu; nous ne savions pas tout ce que nous Ă©tions, et il arrive que cette sensation brutale nous rende elle-mĂȘme sensibles, par un effet secondaire, Ă  une grandeur et Ă  une figure inattendues de notre domaine vivant.
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Paul Valéry (Regards sur le monde actuel et autres essais)
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Je me mis dĂšs lors Ă  lire avec aviditĂ© et bientĂŽt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations rĂ©centes, tous les Ă©lans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon Ăąme d’une façon si troublante et qui Ă©taient provoquĂ©s par mon dĂ©veloppement si prĂ©coce, tout cela, soudainement, se prĂ©cipita dans une direction, parut se satisfaire complĂštement de ce nouvel aliment et trouver lĂ  son cours rĂ©gulier. BientĂŽt mon cƓur et ma tĂȘte se trouvĂšrent si charmĂ©s, bientĂŽt ma fantaisie se dĂ©veloppa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourĂ©e jusqu’alors. Il semblait que le sort lui mĂȘme m’arrĂȘtĂąt sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, Ă  laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’oĂč je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinĂ©e Ă  vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rĂȘves, les espoirs, la douce Ă©motion de mon esprit juvĂ©nile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vĂ©cu jusqu’à ce jour Ă©tait si noble, si austĂšre, qu’une page impure ou mauvaise n’eĂ»t pu dĂ©sormais me sĂ©duire. Mon instinct d’enfant, ma prĂ©cocitĂ©, tout mon passĂ© veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passĂ©e. En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était dĂ©jĂ  connue, semblait dĂ©jĂ  vĂ©cue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es. Et comment pouvais-je ne pas ĂȘtre entraĂźnĂ©e jusqu’à l’oubli du prĂ©sent, jusqu’à l’oubli de la rĂ©alitĂ©, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une mĂȘme destinĂ©e, le mĂȘme esprit d’aventure qui rĂšgnent sur la vie de l’homme, mais qui dĂ©coulent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tĂąchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prĂ©venir, comme s’il y avait en mon Ăąme quelque chose de prophĂ©tique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en mĂȘme temps croissait de plus en plus mon dĂ©sir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vĂ©ritĂ©, je n’étais trĂšs hardie qu’en rĂȘve ; dans la rĂ©alitĂ©, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Ressaisir notre vie ; et aussi la vie des autres ; car le style, pour l’écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique, mais de vision. Il est la rĂ©vĂ©lation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la diffĂ©rence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaĂźt le monde, diffĂ©rence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret Ă©ternel de chacun.
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Marcel Proust (À la recherche du temps perdu)
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Mais la connaissance du passĂ© rendu vivant et prĂ©sent, oĂč la trouve-t-on ? Eh bien, avant tout, dans la littĂ©rature ! Et lĂ  est Ă  mes yeux la merveille. On la trouve dans les textes français et Ă©trangers, modernes et anciens. Aussi cela me paraĂźt-il une erreur trĂšs grave que de reprĂ©senter l’enseignement de la littĂ©rature comme une espĂšce d’élĂ©gance superflue et gratuite. En fait, c’est grĂące Ă  la littĂ©rature que se forme presque toute notre idĂ©e de la vie ; le dĂ©tour par les textes conduit directement Ă  la formation de l’homme. Ils nous apportent les analyses et les idĂ©es, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rĂȘves qui se sont succĂ©dĂ© dans l’esprit des hommes ; ils nous ont un jour Ă©mus parce qu’ils Ă©taient exprimĂ©s ou dĂ©crits avec force ; et c’est de cette expĂ©rience que se nourrit la nĂŽtre.
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Jacqueline de Romilly
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Antonio José Bolivar Îta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d'or, tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes.
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Luis SepĂșlveda (The Old Man Who Read Love Stories)
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Il disait ce qu'il pensait, et jugeait perturbant que son interlocuteur n'en fasse pas autant. Certains auraient pu se mĂ©prendre et le trouver simplet. Mais ceux qui vont toujours directement au cƓur des choses ne possĂšdent-ils pas une sorte de gĂ©nie?
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Madeline Miller (The Song of Achilles)
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Plus la science approfondit la nature du corps dans la direction de sa "rĂ©alitĂ©", plus elle rĂ©duit dĂ©jĂ  chaque propriĂ©tĂ© de ce corps, et par consĂ©quent son existence mĂȘme, aux relations qu'il entretient avec le reste de la matiĂšre capable de l'influencer.
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Henri Bergson (Le cerveau et la pensée : Une illusion philosophique)
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Je feuilletais aussi sans succĂšs toute une bibliothĂšque, dans l’espoir de dĂ©couvrir quelque chose sur Abraxas. Mais ce genre de recherches directes et conscientes n’était pas mon affaire. De cette façon, l’on ne trouve que des vĂ©ritĂ©s qui sont comme des pierres dans votre main.
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Hermann Hesse (Demian)
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Il y a toujours chez les hommes de guerre quelque chose de direct qu’ils tiennent peut-ĂȘtre de leur habitude de donner la mort. Il faut, pour frapper quelqu’un, mĂȘme au combat, se libĂ©rer d’un poids de civilisation qui enferme la plupart d’entre nous dans la faussetĂ© et une douceur forcĂ©e.
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Jean-Christophe Rufin (Le Grand CƓur)
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Comment en suis-je arrivĂ©e lĂ  ? Mais il n'y a pas qu'un seul moment. Il y en a toute une sĂ©rie. Et votre vie peut partir dans des centaines de directions diffĂ©rentes. Peut-ĂȘtre existe-t-il des versions de votre vie correspondant Ă  tous les choix que vous avez faits et tous ceux que vous n'avez pas faits. Peut-ĂȘtre existe-t-il une version de ma vie oĂč je suis bel et bien malade, finalement. Et une autre oĂč je meurs Ă  HawaĂŻ. Une autre encore oĂč mon pĂšre et mon frĂšre survivent Ă  leur accident, et oĂč ma mĂšre n'est pas dĂ©truite. Il y a peut-ĂȘtre mĂȘme une version de ma vie sans Olly. Mais ce n'est pas celle-ci.
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Nicola Yoon (Everything, Everything)
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Ce principe Ă©tabli, il s'ensuit que la femme est faite spĂ©cialement pour plaire Ă  l'homme. Si l'homme doit lui plaire Ă  son tour, c'est d'une nĂ©cessitĂ© moins directe : son mĂ©rite est dans sa puissance ; il plaĂźt par cela seul qu'il est fort. Ce n'est pas ici la loi de l'amour, j'en conviens ; mais c'est celle de la nature, antĂ©rieure Ă  l'amour mĂȘme.
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Jean-Jacques Rousseau (Emile, or On Education)
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Jetez sur une Ă©toile un rapide coup d'Ɠil, regardez-la obliquement, en tournant vers elle la partie latĂ©rale de la rĂ©tine (beaucoup plus sensible Ă  une lumiĂšre faible que la partie centrale), et vous verrez l'Ă©toile plus distinctement; vous aurez l'apprĂ©ciation la plus juste de son Ă©clat, Ă©clat qui s'obscurcit Ă  proportion que vous dirigez votre vue en plein sur elle. Dans le dernier cas, il tombe sur l'Ɠil un plus grand nombre de rayons; mais dans le premier, il y a une rĂ©ceptibilitĂ© plus complĂšte, une susceptibilitĂ© beaucoup plus vive. Une profondeur outrĂ©e affaiblit la pensĂ©e et la rend perplexe; et il est possible de faire disparaĂźtre VĂ©nus elle-mĂȘme du firmament par une attention trop soutenue, trop concentrĂ©e, trop directe.
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Edgar Allan Poe (Histoires extraordinaires)
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Seule la littĂ©rature peut vous permettre d'entrer en contact avec l'esprit d'un mort, de maniĂšre plus directe, plus complĂšte et plus profonde que ne le ferait mĂȘme la conversation avec un ami – aussi profonde, aussi durable que soit une amitiĂ©, jamais on ne se livre, dans une conversation, aussi complĂštement qu'on ne le fait devant une feuille vide, s'adressant Ă  un destinataire inconnu.
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Michel Houellebecq (Soumission)
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Une trĂšs jolie jeune fille, traitĂ©e avec des Ă©gards constants et des attentions dĂ©mesurĂ©es par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majoritĂ© - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et mĂȘme Ă  vrai dire tout particuliĂšrement par eux, avec une Ă©mulation abjecte confinant chez certains quinquagĂ©naires au gĂątisme pur et simple, une trĂšs jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultĂ©s s'aplanissent, accueillie partout comme si elle Ă©tait la reine du monde, devient naturellement une espĂšce de monstre d'Ă©goĂŻsme et de vanitĂ© autosatisfaite. La beautĂ© physique joue ici exactement Ie mĂȘme rĂŽle que la noblesse de sang sous l'Ancien RĂ©gime, et la brĂšve conscience qu'elles pourraient prendre Ă  l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cĂšde rapidement la place chez la plupart des trĂšs jolies jeunes filles Ă  une sensation de supĂ©rioritĂ© innĂ©e, naturelle, instinctive, qui les place entiĂšrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanitĂ©. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui Ă©viter toute peine, et de prĂ©venir Ie moindre de ses dĂ©sirs, c'est tout uniment (sic) qu'une trĂšs jolie jeune fille en vient Ă  considĂ©rer Ie reste du monde comme composĂ© d'autant de serviteurs, elle-mĂȘme n'ayant pour seule tĂąche que d'entretenir sa propre valeur Ă©rotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilitĂ© concrĂšte d'un ĂȘtre plus faible, d'ĂȘtre directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santĂ©, de sa survie - cet ĂȘtre pouvant ĂȘtre un frĂšre ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Au bout d'un parcours cahoteux, l'appareil décolla et elle ressentit quelque chose d'extraordinaire. Le rugissement du moteur se transforma en bourdonnement et elle eu l'impression de flotter. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils avaient pris de l'altitude et le monde en dessous avait changé de taille. Rassemblés devant la clÎture, toute la famille agitait la main et rapetissait sans cesse. Puis Billy survola la ville direction Milwaukee. Pour Fritzi, ce fut une révélation.
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Fannie Flagg (The All-Girl Filling Station's Last Reunion)
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La conception populiste de la dĂ©mocratie prĂ©sente sur cette base trois caractĂ©ristiques. Elle entend d’abord privilĂ©gier la dĂ©mocratie directe, en appelant notamment Ă  multiplier les rĂ©fĂ©rendums d’initiative populaire ; elle dĂ©fend ensuite le projet d’une dĂ©mocratie polarisĂ©e, dĂ©nonçant le caractĂšre non dĂ©mocratique des autoritĂ©s non Ă©lues et des cours constitutionnelles. Elle exalte enfin, et c’est le point nodal, une conception immĂ©diate et spontanĂ©e de l’expression populaire.
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Pierre Rosanvallon (Le SiÚcle du populisme. Histoire, théorie, critique (French Edition))
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Ils se laissĂšrent porter en direction du nord, vers la gare de Perdido. Ils tournaient lentement, revigorĂ©s par cette prĂ©sence urbaine massive, profane, en dessous d'eux, par ce lieu fĂ©cond, grouillant, tel qu'aucun de leurs semblables n'en avait jamais connu jusque lĂ . Partout, le moindre secteur – ponts obscurs, hĂŽtels particuliers vieux de cinq siĂšcles, bazars tortueux, entrepĂŽts de bĂ©ton, tours, pĂ©niches d'habitation, taudis rĂ©pugnants et parcs au cordeau – grouillait de nourriture. C'Ă©tait une jungle dĂ©pourvue de prĂ©dateurs. Un terrain de chasse.
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China Miéville (Perdido Street Station: Tome 1)
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Il est possible qu'Ă  des Ă©poques antĂ©rieures, oĂč les ours Ă©taient nombreux, la virilitĂ© ait pu jouer un rĂŽle spĂ©cifique et irremplaçable; mais depuis quelques siĂšcles, les hommes ne servaient visiblement Ă  peu prĂšs plus Ă  rien. Ils trompaient parfois leur ennui en faisant des parties de tennis, ce qui Ă©taient un moindre mal; mais parfois aussi ils estimaient utile de faire avancer l'histoire, c'est-Ă -dire essentiellement de provoquer des rĂ©volutions et des guerres. Outre les souffrances absurdes qu'elles provoquaient, les rĂ©volutions et les guerres dĂ©truisaient le meilleurs du passĂ©, obligeant Ă  chaque fois Ă  faire table rase pour rebĂątir. Non inscrite dans le cours rĂ©gulier d'une ascension progressive, l'Ă©volution humaine acquĂ©rait ainsi un tour chaotique, dĂ©structurĂ©, irrĂ©gulier et violent. Tout cela les hommes (avec leur goĂ»t du risque et du jeu, leur vanitĂ© grotesque, leur irresponsabilitĂ©, leur violence fonciĂšre) en Ă©taient directement et exclusivement responsables. Un monde composĂ© de femmes serait Ă  tous points de vue infiniment supĂ©rieur; il Ă©voluerait plus lentement, mais avec rĂ©gularitĂ©, sans retours en arriĂȘre et sans remises en cause nĂ©fastes, vers un Ă©tat de bonheur commun.
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Michel Houellebecq
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C’est une folie de haĂŻr toutes les roses parce que une Ă©pine vous a piquĂ©, d’abandonner tous les rĂȘves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas rĂ©alisĂ©, de renoncer Ă  toutes les tentatives parce qu’on a Ă©choué  C ‘est une folie de condamner toutes les amitiĂ©s parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a Ă©tĂ© infidĂšle, de jeter toutes les chances d’ĂȘtre heureux juste parce que quelque chose n’est pas allĂ© dans la bonne direction. Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau dĂ©part.
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Antoine de Saint-Exupéry
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En rĂ©alitĂ©, dĂšs que Lyautey est arrivĂ© au Maroc, connaissant l’appĂ©tit des colons de l’Oranie, il a tout fait pour cloisonner le pays. Tous ceux qui l’ont suivi se sont aussi efforcĂ©s qu’il n’y ait pas de contact direct entre l’AlgĂ©rie et le Maroc. Plus encore, quand on entre dans le dĂ©tail, on se rend compte que les colons français au Maroc Ă©taient les concurrents directs de ceux de l’Oranie. Tout ceci pour une raison simple : le Maroc et l’AlgĂ©rie ne dĂ©pendaient pas de la mĂȘme administration. Nous dĂ©pendions du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres alors que les AlgĂ©riens Ă©taient rattachĂ©s au ministĂšre de l’IntĂ©rieur.
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Vous considĂ©rez les textes sacrĂ©s comme des contes, des Ă©popĂ©es grandioses. Plus vous Ă©tudiez, moins vous y croyez. Un autre clin d'Ɠil et vous avez vingt-quatre ans. Vous parcourez l'Europe en pensant - en espĂ©rant - que cette expĂ©rience vous stimulera, qu'avoir un aperçu du vaste monde rendra le vĂŽtre plus net. Ce sera le cas, au dĂ©but. Mais vous n'avez ni emploi ni avenir. Une fois terminĂ© l'intermĂšde, votre compte bancaire est vide et vous n'avez toujours rien trouvĂ©. Nouveau clin d’Ɠil. À vingt-six ans, vous ĂȘtes convoquĂ© dans le bureau du doyen de la facultĂ©. Voyant que vous n'avez plus le cƓur Ă  l'ouvrage, il vous conseille de changer de voie et vous assure que vous finirez par trouver votre vocation. Tout le problĂšme est lĂ  : vous n'avez jamais ressenti d'appel pour quoi que ce soit. Pas de poussĂ©e violente dans une direction prĂ©cise, mais une succession de lĂ©gers mouvements dans une multitude de directions qui, Ă  prĂ©sent, vous semblent toutes hors de portĂ©e. Au clin d’Ɠil suivant, vous avez vingt-huit ans. Alors que tous les autres ont dĂ©jĂ  bien avancĂ© sur la route, vous en ĂȘtes encore Ă  chercher votre chemin. L'ironie de la situation ne vous aura pas Ă©chappĂ© : en voulant vivre, apprendre et vous trouver, vous vous ĂȘtes perdu.
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Victoria E. Schwab (The Invisible Life of Addie LaRue)
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Il y a un moment dans sa vie oĂč on a Ă  traverser des crises. Quelque chose vient Ă  vous et vous dit : “si tu continues dans cette direction tu vas te renier complĂštement. D’accord, cela semble plus sĂ»r, mais tu vas te renier.” On continue par devoir, par fidĂ©litĂ©, mais aussi par une secrĂšte lĂąchetĂ©, tout en sachant bien, au fond de soi, que l’on est en train de se renier. La question centrale consiste Ă  se demander non pas si je suis fidĂšle mais : Ă  quoi le suis-je ? Qu’est-ce qui nous semble le plus important ? Cette question provoque souvent une crise et chaque ĂȘtre humain dans sa vie y est un jour ou l’autre confrontĂ©.
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Fabrice Midal
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Le dĂ©veloppement des connaissances prĂ©historiques et archĂ©ologiques tend Ă  Ă©taler dans l'espace des formes de civilisation que nous Ă©tions portĂ©s Ă  imaginer comme Ă©chelonnĂ©es dans le temps. Cela signifie deux choses : d'abord que le "progrĂšs" (si ce terme convient encore pour dĂ©signer une rĂ©alitĂ© trĂšs diffĂ©rente de celle Ă  laquelle on l'avait d'abord appliquĂ©) n'est ni nĂ©cessaire, ni continue ; il procĂšde par sauts, par bonds, ou, comme diraient les biologistes, par mutations. Ces sauts et ces bonds ne consistent pas Ă  aller toujours plus loin dans la mĂȘme direction ; ils s'accompagnent de changements d'orientation, un peu Ă  la maniĂšre du cavalier des Ă©checs qui a toujours Ă  sa disposition plusieurs progressions mais jamais dans le mĂȘme sens. L'humanitĂ© en progrĂšs ne ressemble guĂšre Ă  un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle Ă  toutes celles dont la conquĂȘte lui est acquise ; elle Ă©voque plutĂŽt le joueur dont la chance est rĂ©partie sur plusieurs dĂ©s et qui, chaque fois qu'il les jette, les voit s'Ă©parpiller sur le tapis, amenant autant de comptes diffĂ©rents. Ce que l'on gagne sur un, on est toujours exposĂ© Ă  le perdre sur l'autre, et c'est seulement de temps Ă  autre que l'histoire est cumulative, c'est-Ă -dire que les comptes s'additionnent pour former une combinaison favorable. (p.29-30)
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Claude LĂ©vi-Strauss (Race et histoire)
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Ces derniĂšres dĂ©cennies, le rĂ©fĂ©rendum a souvent Ă©tĂ© mis en avant comme un moyen efficace de rĂ©former la dĂ©mocratie. À une Ă©poque oĂč la sociĂ©tĂ© s’individualise et oĂč la sociĂ©tĂ© civile pĂšse moins lourd qu’autrefois, il a paru utile Ă  beaucoup d’observateurs de demander directement Ă  la population son avis sur des dossiers controversĂ©s. Les rĂ©fĂ©rendums sur la Constitution europĂ©enne aux Pays-Bas, en France et en Irlande ont quelque peu refroidi le zĂšle en faveur de ce mode de dĂ©cision. Pourtant, il bĂ©nĂ©ficie encore d’une grande popularitĂ©, comme en tĂ©moignent les rĂ©fĂ©rendums projetĂ©s sur l’autonomie de la Catalogne et de l’Écosse, et sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union europĂ©enne. Les rĂ©fĂ©rendums et la dĂ©mocratie dĂ©libĂ©rative sont apparentĂ©s dans la mesure oĂč, dans un cas comme dans l’autre, le citoyen ordinaire est consultĂ©, mais les mĂ©canismes sont pour le reste totalement opposĂ©s : lors d’un rĂ©fĂ©rendum, on demande Ă  tout le monde de voter sur un sujet Ă  propos duquel, le plus souvent, peu de gens sont informĂ©s ; lors d’un projet dĂ©libĂ©ratif, on demande Ă  un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population de dĂ©libĂ©rer sur un sujet Ă  propos duquel il obtient le plus d’informations possible. Lors d’un rĂ©fĂ©rendum, les gens rĂ©agissent encore trĂšs souvent avec leurs tripes ; lors d’une dĂ©libĂ©ration, c’est une opinion publique Ă©clairĂ©e qui s’exprime.
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David Van Reybrouck (Tegen verkiezingen)
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La terreur irrationnelle transforme en choses les hommes, "bacilles planĂ©taires" selon la formule de Hitler. Elle se propose la destruction, non seulement de la personne, mais des possibilitĂ©s universelles de la personne, la rĂ©flexion, la solidaritĂ©, l'appel vers l'amour absolu. La propagande, la torture, sont des moyens directs de dĂ©sintĂ©gration; plus encore la dĂ©chĂ©ance systĂ©matique, l'amalgame avec le criminel cynique, la complicitĂ© force. Celui qui tue ou torture ne connait q'une ombre a sa victoire: il ne peut pas se sentir innocent: Il lui faut donc crĂ©er la culpabilitĂ© chez la victime elle-mĂȘme pour que, dans un monde sans direction, la culpabilitĂ© gĂ©nĂ©rale ne lĂ©gitime plus que l'exercice de la force, ne consacre plus que le succĂšs. Quand l'idĂ©e d'innocence disparaĂźt chez l'innocent lui-mĂȘme, la valeur de puissance rĂšgne dĂ©finitivement sur un monde dĂ©sespĂ©rĂ©. C'est pourquoi une ignoble et cruelle pĂ©nitence rĂšgne sur ce monde oĂč seuls les pierres sont innocentes. Les condamnĂ©s sont obligĂ©s de se prendre les uns les autres. Le ci pur de la maternitĂ© est lui-mĂȘme tuĂ©, comme chez cette mĂšre grecque q'un officier força de choisir celui de ses trois fils qui serait fusillĂ©. C'est ainsi qu'on est enfin libre. La puissance de tuer et d'avilir sauve l’ñme servile du nĂ©ant. La libertĂ© allemande se chante alors, au son d'orchestre de bagnards, dans les camps de la mort.
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Albert Camus (The Rebel)
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MalgrĂ© leur nombre et un siĂšcle de recherches, l'Ă©criture libyque garde encore aujourd'hui une grande partie de ses secrets. En effet, ces inscriptions demeurent pour l'essentiel indĂ©chiffrĂ©s, mĂȘme si quelques-unes bilingues ont apportĂ© quelques lueurs. "Aussi, c'est sans surprise que l'on constate qu'il a pu rĂ©gner chez certains auteurs, un doute tenace quant Ă  la parentĂ© du libyque et du berbĂšre. ... C'est pourquoi L. Galand en arrivait Ă  se demander si ces inscriptions libyques (ou, du moins, un certain nombre d'entre elles) n'Ă©taient pas rĂ©digĂ©es dans une langue qui n'aurait pas de rapports directs avec le berbĂšre". Il faut espĂ©rer qu'un jour, les spĂ©cialistes en libyque pourront apporter une solution Ă  ce problĂšme.
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Ait Ali Yahia Samia (Les stĂšles Ă  inscriptions libyques de la Grande Kabylie)
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Nous entrerons demain dans la nuit. Que mon pays soit encore quand reviendra le jour ! Que faut-il faire pour le sauver ? Comment Ă©noncer une solution simple ? Les nĂ©cessitĂ©s sont contradictoires. Il importe de sauver l’hĂ©ritage spirituel, sans quoi la race sera privĂ©e de son gĂ©nie. Il importe de sauver la race, sans quoi l’hĂ©ritage sera perdu. Les logiciens, faute d’un langage qui concilierait les deux sauvetages, seront tentĂ©s de sacrifier ou l’ñme, ou le corps. Mais je me moque bien des logiciens. Je veux que mon pays soit – dans son esprit et dans sa chair – quand reviendra le jour. Pour agir selon le bien de mon pays il me faudra peser Ă  chaque instant dans cette direction, de tout mon amour. Il n’est point de passage que la mer ne trouve, si elle pĂšse.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Dans un monde d'ultracommunication manipulĂ©e, oĂč les peuples sont gouvernĂ©s et orientĂ©s par les mensonges d'une poignĂ©e d'individus qui ne servent que leurs propres intĂ©rĂȘts, la paranoĂŻa ne serait-elle pas l'instrument de survie moderne ? Je rencontre bien gens sur le net. Beaucoup considĂšrent la race humaine comme un troupeau de moutons qui paĂźt sagement, chaque ĂȘtre faisant comme tous les autres sans se soucier de ce qui l'entoure ou de la direction dans laquelle ll va. Parmi celles et ceux qui parlent ainsi, certains sourient Ă  mes propos, je les appelle les "chiens de berger" car ils pensent avoir suffisamment de connaissances et d'intelligence pour manoeuvrer au-dessus du troupeau. Ils pensent ĂȘtre assez fins pour ne pas se faire manoeuvrer eux-mĂȘmes. L'intelligence n'a rien Ă  voir lĂ -dedans. C'est de la vigilance qu'il faut. Et cette touche de paranoĂŻa dĂ©sormais salvatrice.
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Maxime Chattam (Les Arcanes du chaos (Le Cycle de l'homme, #1))
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Quant Ă  la question de savoir si un tribunal saisi d'un litige relatif Ă  un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur peut apprĂ©cier d'office le caractĂšre abusif d'une clause de ce contrat, il convient de rappeler que le systĂšme de protection mis en Ɠuvre par la directive europĂ©enne repose sur l'idĂ©e que le consommateur se trouve dans une situation d'infĂ©rioritĂ© Ă  l'Ă©gard du professionnel en ce qui concerne tant le pouvoir de nĂ©gociation que le niveau d'information. L'objectif poursuivi par la directive, qui impose aux États membres de prĂ©voir que des clauses abusives ne lient pas les consommateurs, ne pourrait ĂȘtre atteint si ces derniers se trouvaient dans l'obligation d'en soulever eux-mĂȘmes le caractĂšre abusif. Il s'ensuit qu'une protection efficace du consommateur ne peut ĂȘtre atteinte que si le juge national se voit reconnaĂźtre la facultĂ© d'apprĂ©cier d'office une telle clause.
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Emmanuel CarrĂšre (D'autres vies que la mienne)
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La Grande Terreur ne fut ni la premiĂšre vague d’arrestations en Union soviĂ©tique, ni la plus grande : les prĂ©cĂ©dents accĂšs de terreur avaient Ă©tĂ© largement dirigĂ©s contre les paysants et les minoritĂ©s ethniques, notamment ceux qui vivaient Ă  proximitĂ© de la frontiĂšre soviĂ©tique. Mais elle fut la premiĂšre Ă  viser la haute direction du Parti, et suscita un profond malaise chez les communistes, au pays comme Ă  l’étranger. Le moment venu, la Grande Terreur aurait pu conduire Ă  une vĂ©ritable dĂ©sillusion. Mais, par un effet du hasard, la Seconde Guerre mondiale sauva le stalinisme – et Staline. MalgrĂ© le chaos et les erreurs, malgrĂ© les morts en masse et l’immensitĂ© des destructions, la victoire conforta la lĂ©gitimitĂ© du sytĂšme et de son dirigeant, en « prouvant » la valeur. Au lendemain de la victoire, le culte quasi religieux de Staline atteignit de nouveaux sommets. La propagande soviĂ©tique dĂ©crivit le leader soviĂ©tique comme « l’incarnation de leur hĂ©roĂŻsme, de leur patriotisme et de leur dĂ©vouement Ă  la Patrie socialiste »
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Anne Applebaum (Iron Curtain: The Crushing of Eastern Europe 1944-1956)
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Les travaux d’Alexander Todorov sont loin d’ĂȘtre les seuls Ă  avoir mis en Ă©vidence une influence dĂ©terminante de l’apparence physique. D’autres Ă©tudes se sont, par exemple, concentrĂ©es directement sur l’impact qu’a la beautĂ© sur les relations sociales. LĂ  aussi, les rĂ©sultats sont frappants. De nombreuses expĂ©riences ont montrĂ© que les individus considĂ©rĂ©s comme « beaux » sont aussi perçus globalement comme plus sociaux, plus puissants et plus compĂ©tents. Ils reçoivent plus facilement de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. S’ils sont confrontĂ©s Ă  la justice, ils ont tendance Ă  ĂȘtre moins facilement jugĂ©s coupables et, quand ils sont condamnĂ©s, Ă©copent d’une sentence moins sĂ©vĂšre. Enfin, pour ce qui nous intĂ©resse directement : une Ă©tude a montrĂ© que les personnes jugĂ©es belles emportent plus facilement la conviction de leurs interlocuteurs. Cet impact massif de la beautĂ© sur les interactions sociales est une application directe de l’effet de halo. Il a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© en une formule cruelle, mais Ă©loquente : « Ce qui est beau nous paraĂźt bon10. »
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Clément Viktorovitch (Le Pouvoir rhétorique: Apprendre à convaincre et à décrypter les discours)
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Celles et ceux qui, aujourd'hui, voient des inconvĂ©nients Ă  vivre dans ce laboratoire se heurtent souvent Ă  l'incomprĂ©hension et Ă  la dĂ©sapprobation de leurs contemporains. On leur reproche de remettre en question une sociĂ©tĂ© technicienne dont ils sont par ailleurs dĂ©pendants et dont ils apprĂ©cient le confort - mĂȘme si cet argument perd de sa portĂ©e au fur et Ă  mesure que la crise Ă©cologique a des effets toujours plus directs et flagrants. Cette logique rappelle les tentatives pour faire taire les patients qui critiquent le systĂšme mĂ©dical, sous prĂ©texte que leur santĂ© et parfois leur vie en dĂ©pendent. Elle nous culpabilise et nous condamne Ă  la soumission, Ă  la rĂ©signation. Pouvons-nous ĂȘtre tenus pour responsables de la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous avons vu le jour et par rapport Ă  laquelle notre marge de manƓuvre est inĂ©vitablement limitĂ©e ? En tirer argument pour nous interdire de la critiquer aboutit Ă  nous lier les mains face Ă  la catastrophe, Ă  dĂ©sarmer la pensĂ©e, et plus largement, Ă  Ă©touffer l'imagination, l'envie et la capacitĂ© de se rappeler que les choses ne sont pas condamnĂ©es Ă  ĂȘtre ce qu'elles sont. (p. 221)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Cette qualitĂ© de la joie n’est-elle pas le fruit le plus prĂ©cieux de la civilisation qui est nĂŽtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matĂ©riels. Mais nous ne sommes pas un bĂ©tail Ă  l’engrais. La prospĂ©ritĂ© et le confort ne sauraient suffire Ă  nous combler. Pour nous qui fĂ»mes Ă©levĂ©s dans le culte du respect de l’homme, pĂšsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fĂȘtes merveilleuses
 Respect de l’homme ! Respect de l’homme !
 LĂ  est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-mĂȘme ; il refuse les contradictions crĂ©atrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitiĂšre. L’ordre pour l’ordre chĂątre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-mĂȘme. La vie crĂ©e l’ordre, mais l’ordre ne crĂ©e pas la vie. Il nous semble, Ă  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en pĂ©ril. Les craquements du monde moderne nous ont engagĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. Les problĂšmes sont incohĂ©rents, les solutions contradictoires. La vĂ©ritĂ© d’hier est morte, celle de demain est encore Ă  bĂątir. Aucune synthĂšse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne dĂ©tient qu’une parcelle de la vĂ©ritĂ©. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel Ă  la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les mĂ©thodes, nous risquons de ne plus reconnaĂźtre que nous nous hĂątons vers le mĂȘme but. Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une Ă©toile, s’il se laisse trop absorber par ses problĂšmes d’escalade, risque d’oublier quelle Ă©toile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisiĂšre de cathĂ©drale, Ă  se prĂ©occuper trop Ăąprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, Ă  m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’ĂȘtre au service d’une Ă©vidence spirituelle. Nous avons goĂ»tĂ©, aux heures de miracle, une certaine qualitĂ© des relations humaines : lĂ  est pour nous la vĂ©ritĂ©. Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stĂ©rile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haĂŻrions-nous Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme camp ? Aucun d’entre nous ne dĂ©tient le monopole de la puretĂ© d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les dĂ©marches de sa raison. Les dĂ©marches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la mĂȘme Ă©toile. Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !
 Si le respect de l’homme est fondĂ© dans le cƓur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le systĂšme social, politique ou Ă©conomique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, dĂ©sir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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En arrivant Ă  Albany, nous nous rendĂźmes directement vers un grand bĂątiment moderne. Avec ses nombreuses vitres, son grand hall et ses standardistes, il ressemblait Ă  n'importe quel immeuble de bureaux et collait parfaitement avec l'amĂ©nagement urbain de ce quartier de la ville. J'imaginais que c'Ă©tait exactement l'effet escomptĂ© par les potioneuses qui mettaient un point d'honneur Ă  ne jamais se faire remarquer par les humains depuis la sombre Ă©poque des chasses aux sorciĂšres organisĂ©es par l’Église catholique en Europe. - Tu es certaine que c'est lĂ  ? - Tu t'attendait Ă  quoi ? A une vieille bĂątisse au fond d'un cimetiĂšre ? - Pourquoi un cimetiĂšre ? Les potioneuses ne communiquent pas avec les esprits que je sache ? Je levai les yeux au ciel. - C'est fou ce que tu peux ĂȘtre vieux jeu parfois, tu sais ? - J'ai le droit de trouver que ça manque d'originalitĂ©, tout de mĂȘme ? - Pas la peine d'Ă©piloguer lĂ -dessus, de toute façon je vais le cramer. Elle me jeta un regard surpris. - Quoi ? - Ben l'immeuble, je vais le cramer, rĂ©pondis-je. - Rebecca, c'est pas parce que je trouve qu'un Ă©difice a un style d'architecture un peu trop banal ou aseptisĂ© Ă  mon goĂ»t qu’il faut te sentir obligĂ©e de l'incendier... souligna-t-elle tandis que je sortais de la voiture en riant. Dix minutes plus tard, le grimoire Ă©tait en cendre, l'immeuble en flammes et le conseil des Huit entiĂšrement dĂ©cimĂ©.
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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On les appelle, en roumain « Cofetării », mot qui vient de « cofeturi », signifiant en vieux roumain bonbons, douceurs ; Ă  son tour le mot « cofeturi » vient de l’italien « confetto », soit directement soit par l’intermĂ©diaire du grec moderne. Dans le Tarif de 1727, dressĂ© par les Autrichiens pour la province d’OltĂ©nie, mais qui indique les marchandises importĂ©es par toute la Valachie, donc en premier lieu par Bucarest, nous apprenons que les douceurs Ă©taient de trois sortes : vĂ©nitiennes, allemandes et turques. Dans la liste des patentes bucarestoises de 1832, nous trouvons 15 « coferati » pĂątissiers ; il y en avait davantage en rĂ©alitĂ© et leur produits Ă©taient particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©s. Leurs louanges sont chantĂ©s non seulement par l’auteur d’une description de Bucarest publiĂ© dans « l’Almanach d’Odessa » de 1840, mais aussi par le Français Fr. Jourdain dans « l’Illustration » Ă  l’occasion de la participation de la Roumanie Ă  l’Exposition Internationale de Paris. L’art roumain de la pĂątisserie et de la confiserie s’est enrichi sans cesse, en empruntant Ă  d’autres peuples divers produits et diverses maniĂšres de les prĂ©parer, souvent en les perfectionnant. Outre l’influence turque et grecque — plus ancienne — l’influence française dans ce domaine a Ă©tĂ© trĂšs grande au XIXe siĂšcle, ce qui a dĂ©terminĂ© toute une terminologie : « bomboane », « caramele », « sirop », « cremă», « nuga », « fondante » – mots qui n’ont pas besoin d’ĂȘtre traduits – il faut Ă©galement mentionner une certaine influence allemande et une autre, italienne, surtout en ce qui concerne les glaces et les sorbets.
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Constantin C. Giurescu
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Plus tard, un jeune professeur de philosophie, rompu Ă  l'analyse logique, fit, sans le vouloir peut-ĂȘtre, la thĂ©orie de cette pratique politique (*). Il la dĂ©voila avec la plus grande clartĂ©, prĂ©cisĂ©ment parce que, Ă©tant un pur logicien et de bonne foi, il Ă©tait aveugle aux leçons de l'histoire (2). Au lieu de mettre cette pratique au compte d'une Ă©poque, d'un pays, d'une structure social ou d'un homme, il la mit directement en relation avec les prĂ©ceptes de la religion. Il alla jusqu'Ă  faire l'apologie de la 'ubudiyya (servitude) islamique, opposĂ© au concept de muwatana (citoyennetĂ©) hellĂ©nique. Ce professeur ignorait sans doute que le procĂšs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie Ă©tait courant au 19e siĂšcle, mĂȘme en Angleterre, patrie du libĂ©ralisme politique. Il n'avait qu'Ă  revenir Ă  l'autobiographie du cardinal Newman, qui retrace les Ă©tapes de sa conversion au catholicisme romain, pour retrouver l'essentiel de son argumentation. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il se souciait peu des mobiles de sa pensĂ©e ; il s'attribuait une logique qui Ă©tait celle des faits, non celle des concepts qu'il s'acharnait Ă  redĂ©finir ; il ne voyait pas qu'elle soutenait une politique Ă©ducative, poursuivie par diffĂ©rents moyens depuis plus d'une gĂ©nĂ©ration. Qu'un philosophe se dĂ©cide, Ă  une certaine Ă©tape de sa carriĂšre, de s'affilier Ă  l'un des ordres les plus fermĂ©s Ă  l'influence du monde moderne, qu'il arrive par la seule force de ses dĂ©ductions - c'est du moins ce que je prĂ©sume, peut-ĂȘtre Ă  tort - Ă  justifier une totale dĂ©mission de l'esprit, Ă  refuser l'idĂ©e de citoyennetĂ©, Ă  accepter d'investir un homme, chef d'Etat ou dirigeant de confrĂ©rie, d'une pouvoir absolu, prouve Ă  quel point cette politique avait rĂ©ussi et combien l'individu est mallĂ©able. (*)crĂ©er, ou de recrĂ©er un type d'homme qui fut spontanĂ©ment en phase Ă  la fois avec son environement moderne et son hĂ©ritage politique et social." (2) (Hawla Tajdid Taqyim A-turath) chapitre XI, pp 133-134
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Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ű§Ù„ŰčŰ±ÙˆÙŠ (Le Maroc et Hassan II : Un tĂ©moignage)
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Bergson, on s'en souvient, voyait dans l'Ă©volution l'expression d'une force crĂ©atrice, absolue en ce sens qu'il ne la supposait pas tendue Ă  une autre fin que la crĂ©ation en elle-mĂȘme et pour elle-mĂȘme. En cela il diffĂšre radicalement des animistes (qu'il s'agisse d'Engels, de Teilhard ou des positivistes optimistes tels que Spencer) qui tous voient dans l'Ă©volution le majestueux dĂ©roulement d'un programme inscrit dans la trame mĂȘme de l'Univers. Pour eux, par consĂ©quent, l'Ă©volution n'est pas vĂ©ritablement crĂ©ation, mais uniquement 'rĂ©vĂ©lation' des intentions jusque-lĂ  inexprimĂ©es de la nature. D'oĂč la tendance Ă  voir dans le dĂ©veloppement embryonnaire une Ă©mergence de mĂȘme ordre que l'Ă©mergence Ă©volutive. Selon la thĂ©orie moderne, la notion de 'rĂ©vĂ©lation' s'applique au dĂ©veloppement Ă©pigĂ©nĂ©tique, mais non, bien entendu, Ă  l'Ă©mergence Ă©volutive qui, grĂące prĂ©cisĂ©ment au fait qu'elle prend sa source dans l'imprĂ©visible essentiel, est crĂ©atrice de nouveautĂ© absolue. Cette convergence apparente entre les voies de la mĂ©taphysique bergsonienne et celles de la science serait-elle encore l'effet d'une pure coĂŻncidence? Peut-ĂȘtre pas: Bergson, en artiste et poĂšte qu'il Ă©tait, trĂšs bien informĂ© par ailleurs des sciences naturelles de son temps, ne pouvait manquer d'ĂȘtre sensible Ă  l'Ă©blouissante richesse de la biosphĂšre, Ă  la variĂ©tĂ© prodigieuse des formes et des comportements qui s'y dĂ©ploient, et qui paraissent tĂ©moigner presque directement, en effet, d'une prodigalitĂ© crĂ©atrice inĂ©puisable, libre de toute contrainte. Mais lĂ  oĂč Bergson voyait la preuve la plus manifeste que le 'principe de la vie' est l'Ă©volution elle-mĂȘme, la biologie moderne reconnaĂźt, au contraire, que toutes les propriĂ©tĂ©s des ĂȘtres vivants reposent sur un mĂ©canisme fondamental de conservation molĂ©culaire. Pour la thĂ©orie moderne l'Ă©volution n'est nullement une propriĂ©tĂ© des ĂȘtres vivants puisqu'elle a sa racine dans les imperfections mĂȘmes du mĂ©canisme conservateur qui, lui, constitute bien leur unique privilĂšge. Il faut donc dire que la mĂȘme source de perturbations, de 'bruit', qui, dans un systĂšme non vivant, c'est-Ă -dire non rĂ©plicatif, abolirait peu Ă  peu toute structure, est Ă  l'origine de l'Ă©volution dans la biosphĂšre, et rend compte de sa totale libertĂ© crĂ©atrice, grĂące Ă  ce conservatoire du hasard, sourd au bruit autant qu'Ă  la musique: la structure rĂ©plicative de l'ADN.
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Jacques Monod (Chance and Necessity: An Essay on the Natural Philosophy of Modern Biology)
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Le monde d’aujourd’hui est un chaos d’opinions et d’aspirations dĂ©sordonnĂ©es : le soi-disant « monde libre » est un chaos fluide ; la partie totalitaire du monde moderne est un chaos rigide. Par opposition, le monde ancien constituait toujours un ordre, c’est-Ă -dire une hiĂ©rarchie de concepts, chacun au niveau qui lui est propre. Le chaos a Ă©tĂ© provoquĂ©, nous l’avons vu, par le « tĂ©lescopage » humaniste de la hiĂ©rarchie jusqu’au niveau psychique, et par l’intrusion, dans les considĂ©rations terrestres, d’aspirations vers l’autre monde, frustrĂ©es et perverties. L’homme, en raison de sa vĂ©ritable nature, ne peut pas ne pas adorer ; si sa perspective est coupĂ©e du plan spirituel, il trouvera un « dieu » Ă  adorer Ă  un niveau infĂ©rieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient Ă  l’Absolu. D’oĂč l’existence aujourd’hui de tant de « mots tout-puissants » comme « libertĂ© », « Ă©galitĂ© », « instruction », « science », « civilisation », mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’ñmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle. Les superstitions de la libertĂ© et de l’égalitĂ© ne sont pas seulement le rĂ©sultat mais aussi, en partie, la cause du dĂ©sordre gĂ©nĂ©ral, car chacune, Ă  sa maniĂšre, est une rĂ©volte contre la hiĂ©rarchie ; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des Ă©lans les plus Ă©levĂ©s de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire ; mais il suffit de rĂ©tablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres lĂ©gitimes vers la libertĂ© et l’égalitĂ©) et, transformĂ©es, reprendront leur place au sommet mĂȘme de la hiĂ©rarchie. Le dĂ©sir de libertĂ© est avant tout dĂ©sir de Dieu, la LibertĂ© Absolue Ă©tant un aspect essentiel de la DivinitĂ©. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprĂȘme qui marque la fin de la voie mystique est dĂ©signĂ© par le terme de dĂ©livrance (moksha), car c’est un Ă©tat d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativitĂ©. C’est Ă©videmment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait rĂ©fĂ©rence lorsqu’il disait : « Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre », Ă©tant donnĂ© que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-Ă -dire avec Dieu. (pp. 59-60)
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Martin Lings (Ancient Beliefs and Modern Superstitions)
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moi je suis fĂąchĂ© contre notre cercle patriarcal parce qu’il y vient toujours un homme du type le plus insupportable. Vous tous, messieurs, le connaissez trĂšs bien. Son nom est LĂ©gion. C’est un homme qui a bon coeur, et n’a rien qu’un bon coeur. Comme si c’était une chose rare Ă  notre Ă©poque d’avoir bon coeur ; comme si, enfin, on avait besoin d’avoir bon coeur ; cet Ă©ternel bon coeur ! L’homme douĂ© d’une si belle qualitĂ© a l’air, dans la vie, tout Ă  fait sĂ»r que son bon coeur lui suffira pour ĂȘtre toujours content et heureux. Il est si sĂ»r du succĂšs qu’il nĂ©glige tout autre moyen en venant au monde. Par exemple, il ne connaĂźt ni mesure ni retenue. Tout, chez lui, est dĂ©bordant, Ă  coeur ouvert. Cet homme est enclin Ă  vous aimer soudain, Ă  se lier d’amitiĂ©, et il est convaincu qu’aussitĂŽt, rĂ©ciproquement, tous l’aimeront, par ce seul fait qu’il s’est mis Ă  aimer tout le monde. Son bon coeur n’a mĂȘme jamais pensĂ© que c’est peu d’aimer chaudement, qu’il faut possĂ©der l’art de se faire aimer, sans quoi tout est perdu, sans quoi la vie n’est pas la vie, ni pour son coeur aimant ni pour le malheureux que, naĂŻvement, il a choisi comme objet de son attachement profond. Si cet homme se procure un ami, aussitĂŽt celui-ci se transforme pour lui en un meuble d’usage, quelque chose comme un crachoir. Tout ce qu’il a dans le coeur, n’importe quelle saletĂ©, comme dit Gogol, tout s’envole de la langue et tombe dans le coeur de l’ami. L’ami est obligĂ© de tout Ă©couter et de compatir Ă  tout. Si ce monsieur est trompĂ© par sa maĂźtresse, ou s’il perd aux cartes, aussitĂŽt, comme un ours, il fond, sans y ĂȘtre invitĂ©, sur l’ñme de l’ami et y dĂ©verse tous ses soucis. Souvent il ne remarque mĂȘme pas que l’ami lui-mĂȘme a des chagrins par-dessus la tĂȘte : ou ses enfants sont morts, ou un malheur est arrivĂ© Ă  sa femme, ou il est excĂ©dĂ© par ce monsieur au coeur aimant. Enfin on lui fait dĂ©licatement sentir que le temps est splendide et qu’il faut en profiter pour une promenade solitaire. Si cet homme aime une femme, il l’offensera mille fois par son caractĂšre avant que son coeur aimant le remarque, avant de remarquer (si toutefois il en est capable) que cette femme s’étiole de son amour, qu’elle est dĂ©goĂ»tĂ©e d’ĂȘtre avec lui, qu’il empoisonne toute son existence. Oui, c’est seulement dans l’isolement, dans un coin, et surtout dans un groupe que se forme cette belle oeuvre de la nature, ce « spĂ©cimen de notre matiĂšre brute », comme disent les AmĂ©ricains, en qui il n’y a pas une goutte d’art, en qui tout est naturel. Un homme pareil oublie – il ne soupçonne mĂȘme pas –, dans son inconscience totale, que la vie est un art, que vivre c’est faire oeuvre d’art par soi-mĂȘme ; que ce n’est que dans le lien des intĂ©rĂȘts, dans la sympathie pour toute la sociĂ©tĂ© et ses exigences directes, et non dans l’indiffĂ©rence destructrice de la sociĂ©tĂ©, non dans l’isolement, que son capital, son trĂ©sor, son bon coeur, peut se transformer en un vrai diamant taillĂ©.
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Fyodor Dostoevsky
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ROMÉO. — Elle parle : oh, parle encore, ange brillant ! car lĂ  oĂč tu es, au-dessus de ma tĂȘte, tu me parais aussi splendide au sein de cette nuit que l’est un messager ailĂ© du ciel aux-regards Ă©tonnĂ©s des mortels ; lorsque rejetant leurs tĂȘtes en arriĂšre, on ne voit plus que le blanc de leurs yeux, tant leurs prunelles sont dirigĂ©es-en haut pour le contempler, pendant qu’il chevauche sur les nuages Ă  la marche indolente et navigue sur le sein de l’air. JULIETTE. — Ô RomĂ©o, RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre, ou rejette ton nom ; ou si tu ne veux pas, lie-toi seulement par serment Ă  mon amour, et je ne serai pas plus longtemps une Capulet. ROMÉO, Ă  part. — En entendrai-je davantage, ou rĂ©pondrai-je Ă  ce qu’elle rient de dire JULIETTE. — C’est ton nom seul qui est mon ennemi. AprĂšs tout tu es toi-mĂȘme, et non un Montaigu. Qu’est-ce qu’un Montaigu ? Ce n’est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un, visage, ni toute autre partie du corps appartenant Ă  un homme. Oh ! porte un autre nom ! Qu’y a-t-il dans un nom ? La fleur que nous nommons la rose, sentirait tout aussi bon sous un autre nom ; ainsi RomĂ©o, quand bien mĂȘme il ne serait pas appelĂ© RomĂ©o, n’en garderait pas moins la prĂ©cieuse perfection : qu’il possĂšde. Renonce Ă  ton nom RomĂ©o, et en place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi toute entiĂšre. ROMÉO. — Je te prends au mot : appelle-moi seulement : ton amour, et je serai rebaptisĂ©, et dĂ©sormais je ne voudrai plus ĂȘtre RomĂ©o. JULIETTE. — Qui es-tu, toi qui, protĂ©gĂ© par la nuit, viens ainsi surprendre les secrets de mon Ăąme ? ROMÉO. — Je ne sais de quel nom me servir pour te dire qui je suis : mon nom, chĂšre sainte, m’est odieux Ă  moi-mĂȘme, parce qu’il t’est ennemi ; s’il Ă©tait Ă©crit, je dĂ©chirerais le mot qu’il forme. JULIETTE. — Mes oreilles n’ont pas encore bu cent paroles de cette voix, et cependant j’en reconnais le son n’es-tu pas RomĂ©o, et un Montaigu ? ROMÉO. — Ni l’un, ni l’autre, belle vierge, si l’un ou l’autre te dĂ©plaĂźt. JULIETTE. — Comment es-tu venu ici, dis-le-moi, et pourquoi ? Les murs du jardin sont Ă©levĂ©s et difficiles Ă  escalader, et considĂ©rant qui tu es, cette place est mortelle pour toi, si quelqu’un de mes parents t’y trouve. ROMÉO. — J’ai franchi ces murailles avec les ailes lĂ©gĂšres de l’amour, car des limites de pierre ne peuvent arrĂȘter l’essor de l’amour ; et quelle chose l’amour peut-il oser qu’il ne puisse aussi exĂ©cuter ? tes parents ne me, sont donc pas un obstacle. JULIETTE. — S’ils te voient, ils t’assassineront. ROMÉO. — HĂ©las ! il y a plus de pĂ©rils, dans tes yeux que dans vingt de leurs Ă©pĂ©es : veuille seulement abaisser un doux regard sĂ»r moi, et je suis cuirassĂ© contre leur inimitiĂ©. JULIETTE. — Je ne voudrais pas, pour le monde entier, qu’ils te vissent ici. ROMÉO. — J’ai le manteau de la nuit pour me dĂ©rober Ă  leur vue et d’ailleurs, Ă  moins que tu ne m’aimes, ils peuvent me trouver, s’ils veulent : mieux vaudrait que leur haine mĂźt fin Ă  ma vie, que si ma mort Ă©tait retardĂ©e, sans que j’eusse ton amour ; JULIETTE. — Quel est celui qui t’a enseignĂ© la direction de cette place ? ROMÉO. — C’est l’Amour, qui m’a excitĂ© Ă  la dĂ©couvrir ; il m’a prĂȘtĂ© ses conseils, et je lui ai prĂȘtĂ© mes yeux. Je ne suis pas pilote ; cependant fusses-tu aussi Ă©loignĂ©e que le vaste rivage baignĂ© par la plus lointaine nier, je m’aventurerais pour une marchandise telle que toi.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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On le voit, la question est systĂ©mique ; il faut une sorte boussole au leadership pour lui permettre d’assumer une fonction de prĂ©vention ; l’adage s’applique alors Ă  la gestion des affaires de la citĂ© : « Mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir ». On le pressent aussi, la direction de la citĂ© et le leadership ont besoin de la connaissance et de la sagesse, du savoir, mais d’un savoir qui est maturitĂ©. Le leadership et la gouvernance ont besoin d’une harmonie qui est un certain degrĂ© de consensus sur des valeurs et des principes essentiels, mais ceci suppose aussi un certain degrĂ© d’ordre, de sĂ©curitĂ© et de discipline.
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Abdou Karim GUEYE Le Coeur et l'Esprit
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La bourgeoisie a jouĂ© dans l'histoire un rĂŽle Ă©minemment rĂ©volutionnaire. Partout oĂč elle a conquis le pouvoir, elle a dĂ©truit les relations fĂ©odales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variĂ©s qui unissent l'homme fĂ©odal Ă  ses supĂ©rieurs naturels, elle les a brisĂ©s sans pitiĂ© pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intĂ©rĂȘt, les dures exigences du «paiement comptant». Elle a noyĂ© les frissons sacrĂ©s de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalitĂ© petite-bourgeoise dans les eaux glacĂ©es du calcul Ă©goĂŻste. Elle a supprimĂ© la dignitĂ© de l'individu devenu simple valeur d'Ă©change; aux innombrables libertĂ©s dĂ»ment garanties et si chĂšrement conquises, elle a substituĂ© l'unique et impitoyable libertĂ© de commerce. En un mot, Ă  l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substituĂ© une exploitation ouverte, Ă©hontĂ©e, directe, brutale. La bourgeoisie a dĂ©pouillĂ© de leur aurĂ©ole toutes les activitĂ©s considĂ©rĂ©es jusqu'alors, avec un saint respect, comme vĂ©nĂ©rables. Le mĂ©decin, le juriste, le prĂȘtre, le poĂšte, l'homme de science, elle en a fait des salariĂ©s Ă  ses gages. La bourgeoisie a dĂ©chirĂ© le voile de sentimentalitĂ© touchante qui recouvrait les rapports familiaux et les a rĂ©duits Ă  de simples rapports d'argent.
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Karl Marx
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A l'inhibition sexuelle rĂ©sultant directement de la fixation aux parents, viennent s'ajouter les sentiments de culpabilitĂ© qui dĂ©rivent de l'Ă©normitĂ© de la haine accumulĂ©e au cours d'annĂ©es de vie familiale. Si cette haine reste consciente elle peut devenir un puissant facteur rĂ©volutionnaire individuel : elle poussera le sujet Ă  rompre les attaches familiales et pourra servir Ă  promouvoir une action dirigĂ©e contre les conditions productrices de cette haine. Si au contraire cette haine est refoulĂ©e, elle donne naissance aux attitudes inverses de fidĂ©litĂ© aveugle et d'obĂ©issance infantile. Ces attitudes constituent bien entendu un lourd handicap pour celui qui veut militer dans un mouvement libĂ©ral ; un individu de ce genre pourra fort bien ĂȘtre partisan d'une libertĂ© complĂšte, et en mĂȘme temps envoyer ses enfants Ă  l'Ă©cole du dimanche, ou continuer Ă  frĂ©quenter l'Ă©glise "pour ne pas faire de peine Ă  ses vieux parents" ; il prĂ©sentera des symptĂŽmes d'indĂ©cision et de dĂ©pendance, sĂ©quelles de la fixation Ă  la famille ; il ne pourra vraiment combattre pour la libertĂ©. Mais la mĂȘme situation familiale peut aussi produire l'individu "nĂ©vrotiquement rĂ©volutionnaire", spĂ©cimen frĂ©quent chez les intellectuels bourgeois. Les sentiments de culpabilitĂ©, liĂ©s aux sentiments rĂ©volutionnaires, en font un militant peu sĂ»r dans un mouvement rĂ©volutionnaire. (p. 140)
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Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
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Dans l’intellection, c’est Dieu qui est « sujet », car l’homme comme tel ne saurait exercer une activitĂ© sur Dieu, qui seul est pur Acte; la crĂ©ature est toujours passive Ă  l’égard du CrĂ©ateur et de ses grĂąces. Il est impossible que Dieu soit l’objet d’une connaissance dont il ne serait pas le sujet; Ă  l’objection qu’en derniĂšre analyse Dieu est toujours le sujet de toute connaissance rĂ©elle, nous rĂ©pondrons que Dieu est sujet indirect dans la mesure oĂč la connaissance est indirecte, et sujet direct dans la mesure oĂč la connaissance est directe; or, la pure intellection se distingue prĂ©cisĂ©ment par son caractĂšre direct, bien qu’il y ait, lĂ  aussi, des degrĂ©s.
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Frithjof Schuon (Spiritual Perspectives and Human Facts)
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La reconnaissance des religions Ă©trangĂšres dĂ©pend de diverses contingences psychologiques ou mĂȘme simplement gĂ©ographiques, et surtout, elle n’a en soi aucun aspect de nĂ©cessitĂ© spirituelle : aucune rĂ©vĂ©lation ne la suggĂšre d’une maniĂšre directe, pour dire le moins; des sages comme Plotin et Porphyre, malgrĂ© leur Ă©sotĂ©risme pythagoricien et leur connaissance mĂ©taphysique, n’ont pas compris le Christianisme. Dans un ordre d’idĂ©es analogue, l’exclusivisme rĂ©ciproque des Ă©coles hindoues, — Shankara ne fait nullement exception, — prouve bien que, dans les conditions normales, la comprĂ©hension de formes Ă©trangĂšres n’est point une manifestation nĂ©cessaire du dĂ©passement des formes ; nous dirons mĂȘme que, si un effort de comprĂ©hension n’a pas lieu, cela est en rapport avec la « foi » (non la « croyance », mais la «ferveur », shraddhĂą en sanscrit) qui exclut toute faiblesse et toute hĂ©sitation, et sans laquelle il n’y a pas de voie possible.
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Frithjof Schuon (Spiritual Perspectives and Human Facts)
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André Comte-Sponville souligne à juste titre que « la sagesse indique une direction : celle du maximum de bonheur dans le maximum de lucidité ».
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Frédéric Lenoir (Du bonheur : un voyage philosophique (Documents) (French Edition))
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Les 8 VallĂ©es (les noms des paliers de profondeur du vagin) 1) La Corde du Luth, profonde de 1 pouce (2,5 cm) 2) Les Dents de la ChĂątaigne d’eau, 2 pouces 3) Le Ruisselet, trois pouces 4) La Perle Noire, 4 pouces 5) Le Propre de la VallĂ©e, 5 pouces 6) La Chambre profonde, 6 pouces 7) La Porte IntĂ©rieure, 7 pouces 8) Le PĂŽle Nord, 8 pouces Les 9 maniĂšres d'agiter la Tige de Jade 1) Frapper Ă  gauche et Ă  droite comme un guerrier courageux qui tenterait de disperser les rangs de ses ennemis 2) Mouvoir de haut en bas (la tige de jade) comme un cheval sauvage fit le saut de mouton pour passer une riviĂšre 3) Se retirer et s’enfoncer comme une bande de mouettes jouant sur les vagues 4) Alterner rapidement pĂ©nĂ©trations profondes et pĂ©nĂ©trations superficielles comme un moineau bequetant les grains de riz 5) EnchaĂźner d’une façon rĂ©guliĂšre coups profonds et coups peu profonds comme de grosses pierres s’enfonçant dans la mer 6) Entrer avec lenteur comme un serpent se glisse dans son trou pour hiverner 7) Donner de petits coups rapides Ă  la maniĂšre d’un rat effrayĂ© qui se prĂ©cipite dans son trou 8) S’élever lentement, puis foncer comme l’aigle attrapant une proie fuyante 9) S’élever puis piquer du nez comme un grand voilier bravant le coup de vent Sou NĂŒ, la conseillĂšre de Huang Di (l'Empereur Jaune) ajoute: «Profonde et superficielles, lentes et rapides, directes et obliques, toutes ces poussĂ©es ne sont nullement uniformes, et chacune possĂšde ses propres effets et caractĂ©ristiques. Une poussĂ©e lente doit ressembler au mouvement d’une carpe jouant avec l’hameçon; une poussĂ©e rapide, au vol des oiseaux contre le vent. Introduisant et retirant, remuant de bas en haut, de gauche Ă  droite, marquant des pauses ou bien en une succession rapide, tous ces mouvements doivent se correspondre. Il faut appliquer chacun d’eux au moment voulu et ne pas s’en tenir toujours Ă  un seul et mĂȘme style parce qu’on y trouve son bon plaisir»
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Jolan Chang (The Tao of Love and Sex)
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Dans l’intemporel, la libertĂ© prĂȘtĂ©e aux ĂȘtres individuels retourne Ă  sa source divine ; en « ce jour-lĂ  », Dieu seul est le « Roi absolu » : l’essence mĂȘme du libre arbitre », son fond inconditionnĂ©, s’identifie dĂšs lors Ă  l’Acte divin. C’est en Dieu seul que la libertĂ©, l’acte et la vĂ©ritĂ© coĂŻncident, et c’est pour cela que certains Soufis disent que les ĂȘtres, au jugement dernier, se jugeront eux-mĂȘmes en Dieu, conformĂ©ment d’ailleurs Ă  un texte coranique selon lequel ce sont les membres de l’homme qui accusent ce dernier. L’homme est jugĂ© d’aprĂšs sa tendance essentielle ; celle-ci peut ĂȘtre conforme Ă  l’attraction divine, elle peut ĂȘtre opposĂ©e Ă  elle ou encore indĂ©cise entre les deux directions ; ce sont lĂ  respectivement les voies de « ceux sur lesquels est Ta grĂące », de « ceux qui subissent Ta colĂšre », et de « ceux qui errent », c’est-Ă -dire qui se dispersent dans l’indĂ©finitĂ© de l’existence, oĂč ils tournent pour ainsi dire en rond. En parlant de ces trois tendances, le ProphĂšte dessina une croix : la « voie droite » est la verticale ascendante ; la « colĂšre divine » agit en sens inverse ; la dispersion de ceux qui « errent » est dans l’horizontale. Les mĂȘmes tendances fondamentales se retrouvent dans tout l’univers ; elles constituent les dimensions ontologiques de la « hauteur » (at-tĂ»l), de la « profondeur » (al-’umq) et de l’« ampleur » (al-’urd). L’Hindouisme dĂ©signe ces trois tendances cosmiques (gĂ»nas) par les noms de sattva, rajas et tamas, sattva exprimant la conformitĂ© au Principe, rajas la dispersion centrifuge et tamas la chute, non seulement dans un sens dynamique et cyclique, bien entendu, mais aussi dans un sens statique et existentiel. On peut dire Ă©galement qu’il n’y a, pour l’homme, qu’une seule tendance essentielle, celle qui le ramĂšne vers sa propre Essence Ă©ternelle ; toutes les autres tendances ne sont que l’expression de l’ignorance crĂ©aturielle, aussi seront-elles retranchĂ©es, jugĂ©es. La demande que Dieu nous conduise sur la voie droite n’est donc rien d’autre que l’aspiration vers notre propre Essence prĂ©temporelle. Selon l’exĂ©gĂšse Ă©sotĂ©rique, la « voie droite » (aç-çirĂąt al-mustaqĂźm) est l’Essence unique des ĂȘtres, comme l’indique ce verset de la sourate HĂ»d : « Il n’y a pas d’ĂȘtre vivant que Lui (Dieu) ne tienne par la mĂšche de son front ; en vĂ©ritĂ©, mon Seigneur est sur une voie droite ». Ainsi cette priĂšre correspond Ă  la demande essentielle et fonciĂšre de toute crĂ©ature ; elle est exaucĂ©e par lĂ  mĂȘme qu’elle est profĂ©rĂ©e. L’aspiration de l’homme vers Dieu comporte les deux aspects qu’exprime le verset: « C’est Toi que nous adorons [ou servons], et c’est auprĂšs de Toi que nous cherchons refuge [ou aide] » ; l’adoration, c’est l’effacement de la volontĂ© individuelle devant la VolontĂ© divine, qui se rĂ©vĂšle extĂ©rieurement par la Loi sacrĂ©e et intĂ©rieurement par les mouvements de la GrĂące ; le recours Ă  l’aide divine, c’est la participation Ă  la RĂ©alitĂ© divine par la GrĂące et, plus directement, par la Connaissance. En derniĂšre analyse, les mots : « C’est Toi que nous adorons » correspondent Ă  l’« extinction » (al-fanĂą), et les mots « c’est auprĂšs de Toi que nous cherchons refuge » Ă  la « subsistance » (al-baqĂą) dans l’Être pur. Le verset que nous venons de mentionner est ainsi l’« isthme » (al-barzakh) entre les deux « ocĂ©ans » de l’Être (absolu) et de l’existence (relative).
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Titus Burckhardt (Introduction to Sufi Doctrine (Spiritual Classics))
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PremiĂšrement, la participation des citoyens s’exerçait directement. C’est en contradiction avec notre systĂšme actuel, oĂč la reprĂ©sentation populaire est beaucoup plus une affaire de spĂ©cialistes. Aujourd’hui, seul le jury d’un procĂšs d’assises se compose encore de simples citoyens. DeuxiĂšmement, des dĂ©cisions importantes Ă©taient prises par de trĂšs grandes masses de gens. L’AssemblĂ©e du peuple ou EcclĂ©sia rĂ©unissait des milliers d’hommes ; l’HĂ©liĂ©e ou Tribunal du peuple comptait 6 000 membres.
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David Van Reybrouck (Contre les Ă©lections)
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Ce qu’il y a en effet de frappant dans l’« accĂ©lĂ©ration de l’histoire » que nous vivons, c’est que cette vitesse vertigineuse Ă  laquelle le monde court vers l’avenir s’accompagne d’une absence de contrĂŽle sur la direction de marche.
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Romain Gary (La nuit sera calme)
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opĂ©ration. Et nous ne voulons pas de casse, ni chez vos hommes, ni pour nous, d’autant que Tel Aviv niera son implication si ça tourne mal. Mais, il y a moins de cinq ans, j’ai moi-mĂȘme Ă©gorgĂ© un responsable du Esbollah qui faisait partie de la liste de l’opĂ©ration ColĂšre de Dieu. Au passage, j’ai tuĂ© quatre de ses gardes du corps Ă  l’arme blanche. Je vous rappelle, que nous sommes sous mandat direct de la Knesset, et qu’il s’agit justement d’une prolongation de ColĂšre de Dieu. Les ordres donnĂ©s aux terroristes arabes Ă  Munich en 72 l’ont Ă©tĂ© depuis ici. Donc, je viens. Je suis garante des compĂ©tences d’Eve, quant au jeune blanc bec derriĂšre vous, Ezra, c’est notre meilleur homme de terrain. - Il nous faut une personne en support logistique, quoiqu’il arrive, conclut le militaire vexĂ©. Donc, dĂ©merdez-vous comme vous voulez, Ă  la courte paille si ça vous amuse. Mais, j’en emmĂšne deux sur les trois. Pas les trois. - Au fait, ça vous sera probablement utile dit Eve, en tendant les plans et compte-rendu de Menouha. C’est assez parcellaire comme informations, mais, elle a quand mĂȘme fait un bon boulot. 29 AoĂ»t 1990 – Rio de Janeiro – BrĂ©sil Sarah prĂ©parait Thomas dans la salle de bain. - Il est oĂč papa ? - Il est parti jouer au golf avec le monsieur qui nous a aidĂ©s Ă  guĂ©rir ta sƓur. - Il rentre quand ? - Ce soir. Nous, on va aller Ă  la plage avec ChloĂ©. Le petit garçon Ă©chappa aux mains de sa mĂšre qui venait de lui enfiler son t-shirt et courut dans le salon. - Isabella, tu viens avec nous Ă  la plage ? - Je ne sais pas mon grand, rĂ©pondit la jeune infirmiĂšre. Maman veut peut-ĂȘtre rester seule avec ses deux bambins. - Non. Isabella, vous pouvez venir avec nous. Cela fera plaisir aux enfants, rĂ©pondit Sarah depuis la salle de bain. Le temps Ă©tait magnifique. Thomas courait devant, son ballon Ă  la main, dans le sable blanc de la plage d’Ipanema. Sarah et Isabella portĂšrent ChloĂ© qui arrivait maintenant Ă  marcher sur des sols durs, mais pas encore dans le sable. Les deux jeunes femmes s’installĂšrent non loin de l’eau dans une zone surveillĂ©e par un maitre-nageur. Thomas s’était arrĂȘtĂ© devant un petit groupe de brĂ©siliens Ă  peine plus vieux que lui qui jouait au football sur un terrain improvisĂ©. Il aurait voulu jouer avec eux mais, il n’osait pas demander. Isabella s’approcha des enfants et en quelques mots leur fit comprendre qu’avec un joueur de plus, ils seraient en nombre pair, ce qui rendrait leur partie intĂ©ressante. - Mais, non
 chuchota Thomas Ă  l’oreille de la jeune infirmiĂšre. Regarde comme ils jouent bien. Ils vont se moquer de moi. - Je suis certaine que non. Et, puis, si c’est le cas et que ça ne te convient pas, tu auras toujours la possibilitĂ© de revenir nous voir sous le parasol. Mais, si tu n’essaies pas, si tu ne te confrontes pas Ă  eux, tu ne sauras jamais s’ils Ă©taient vraiment meilleurs que toi, s’il s’agit d’enfants moqueurs ou de futurs copains. Tu comprends petit Thomas. Il faut tenter. Prendre des risques, sinon, on n’apprend rien. Allez, va. Ils t’attendent...
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Eric TERRIEN (Mein Grand-PĂšre: Roman d espionnage historique (French Edition))
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il faut dire que les progressistes ne se trompent pas tout Ă  fait quand ils estiment qu’il y a quelque chose, dans la religion, qui ne va plus ; en fait, l’argumentation individualiste et sentimentale avec laquelle opĂšre la piĂ©tĂ© traditionnelle ne mord plus guĂšre sur les consciences, et il en est ainsi, non seulement pour la simple raison que l’homme moderne est irrĂ©ligieux, mais aussi parce que les arguments religieux habituels, n’allant pas suffisamment au fond des choses et n’ayant d’ailleurs pas eu besoin autrefois de le faire, sont quelque peu usĂ©s psychologiquement et ne rĂ©pondent pas Ă  certains besoins de causalitĂ©. C’est un phĂ©nomĂšne paradoxal que les sociĂ©tĂ©s humaines, si d’une part elles dĂ©gĂ©nĂšrent avec le temps, accumulent d’autre part des expĂ©riences en vieillissant, ces derniĂšres fussent-elles mĂȘlĂ©es d’erreurs ; c’est ce dont devrait tenir compte une « pastorale » soucieuse d’efficacitĂ©, non en puisant des directives nouvelles dans l’erreur commune, mais au contraire en utilisant des arguments d’un ordre supĂ©rieur, intellectuel et non sentimental ; de la sorte, on sauverait au moins quelques-uns, — et un plus grand nombre qu’on ne serait tentĂ© de supposer, — alors qu’avec la « pastorale » scientiste et dĂ©magogique on ne sauve personne.
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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Le processus selon lequel s’accomplit la dĂ©chĂ©ance de l’Occident Ă  l’époque moderne, doit finir normalement, en conformitĂ©, tant avec la nature des choses qu’avec les donnĂ©es traditionnelles unanimes, par l’atteinte d’une certaine limite, marquĂ©e vraisemblablement par une catastrophe de civilisation. A partir de ce moment un changement de direction apparaĂźt comme inĂ©vitable, et les donnĂ©es traditionnelles tant d’Orient que d’Occident, indiquent qu’il se produira alors un rĂ©tablissement de toutes les possibilitĂ©s traditionnelles que comporte encore l’actuelle humanitĂ©, ce qui coĂŻncidera avec une remanifestation de la spiritualitĂ© primordiale, et, en mĂȘme temps, les possibilitĂ©s anti-traditionnelles et les Ă©lĂ©ments humains qui les incarnent seront rejetĂ©s hors de cet ordre et dĂ©finitivement dĂ©gradĂ©s. Mais si la forme gĂ©nĂ©rale de ces Ă©vĂ©nements Ă  venir apparaĂźt comme certaine, le sort qui serait rĂ©servĂ© au monde occidental dans ce « jugement » et la part qu’il pourrait avoir dans la restauration finale, dĂ©pendra de l’état mental que l’humanitĂ© occidentale aura au moment oĂč ce changement se produira, et il est comprĂ©hensible que c’est seulement dans la mesure oĂč l’Occident aura repris conscience des vĂ©ritĂ©s fondamentales communes Ă  toute civilisation traditionnelle qu’il pourra ĂȘtre compris dans cette restauration.
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Michel Vùlsan (L'Islam et la fonction de René Guénon)
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Les Grecs, il est vrai, n’ont jamais fait mystĂšre de leur ascendance asiatique ; ils se disaient disciples des Égyptiens et des Babyloniens ; leur panthĂ©on Ă©tait arabe ; leurs cosmogonies et thĂ©ogonies directement inspirĂ©es d’Anatolie ou de Canaan. Le pĂšre d’HĂ©siode n’était-il pas d’origine Ă©olienne ? HĂ©rodote s’étonne qu’on distingue l’Europe de l’Asie car il n’y voit, et ses compatriotes avec lui, qu’une seule et mĂȘme culture. Effectivement la GrĂšce est nĂ©e de l’Asie, recueillant par l’intermĂ©diaire de la colonisation phĂ©nicienne le fruit de quelque 4000 ans d’efforts menĂ©s par l’Égypte et la Babylonie. Son Ă©closion certes fut tardive puisque 1000 ans avant HomĂšre, alors que les Grecs vĂ©gĂ©taient encore dans l’obscuritĂ©, les sujets de Thoutomosis jouissaient dans la vallĂ©e du Nil d’un art d’un confort raffinĂ©s. En transmettant Ă  l’Occident sicilien et italique l’hĂ©ritage asiatique la GrĂšce devait y introduire les diverses religions arabes et notamment le christianisme puisque c’est en grec que le nouveau Testament parvint en MĂ©diterranĂ©e occidentale.
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Pierre Rossi (La cité d'Isis : Histoire vraie des Arabes)
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Et au loin, comme Frodon passait l'Anneau Ă  son doigt et le revendiquait pour sien, mĂȘme dans les Sammath Naur, coeur mĂȘme du royaume, la Puissance de Barad-dĂ»r fut Ă©branlĂ©e et la Tour trembla de ses fondations Ă  son fier et ultime couronnement. Le Seigneur TĂ©nĂ©breux fut soudain averti de sa prĂ©sence, et son oeil, perçant toutes les ombres, regarda par-dessus la plaine la porte qu'il avait faite, l'ampleur de sa propre folie lui fut rĂ©vĂ©lĂ©e en un Ă©clair aveuglant et tous les stratagĂšmes de ses ennemis lui apparurent enfin Ă  nu. Sa colĂšre s'embrasa en un feu dĂ©vorant, mais sa peur s'Ă©leva comme une vaste fumĂ©e noire pour l'Ă©touffer. Car il connaissait le pĂ©ril mortel oĂč il Ă©tait et le fil auquel son destin Ă©tait maintenant suspendu. Son esprit se libĂ©ra de toute sa politique et de ses trames de peur et de perfidie, de tous ses stratagĂšmes et de ses guerres, un frĂ©missement parcourut tout son royaume, ses esclaves flĂ©chirent, ses armĂ©es s'arrĂȘtĂšrent, et ses capitaines, soudain sans direction, hĂ©sitĂšrent et dĂ©sespĂ©rĂšrent. Car ils Ă©taient oubliĂ©s. Toute la pensĂ©e et toutes les fins de la Puissance qui les conduisait Ă©taient Ă  prĂ©sent tournĂ©es avec une force irrĂ©sistible vers la Montagne. A son appel, vibrant avec un cri dĂ©chirant, volĂšrent en une derniĂšre course dĂ©sespĂ©rĂ©e les NazgĂ»l, les Chevaliers Servants de l'Anneau, qui, en un ouragan d'ailes, s'Ă©lançaient en direction du Sud, vers la Montagne du Destin.
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J.R.R. Tolkien
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C’est ainsi que, par exemple, l’idĂ©e de l’Infini, qui est en rĂ©alitĂ© la plus positive de toutes, puisque l’Infini ne peut ĂȘtre que le tout absolu, ce qui, n’étant limitĂ© par rien, ne laisse rien en dehors de soi, cette idĂ©e disons-nous, ne peut s’exprimer que par un terme de forme nĂ©gative, parce que, dans le langage, toute affirmation directe est forcĂ©ment l’affirmation de quelque chose, c’est-Ă -dire une affirmation particuliĂšre et dĂ©terminĂ©e ; mais la nĂ©gation d’une dĂ©termination ou d’une limitation est proprement la nĂ©gation d’une nĂ©gation, donc une affirmation rĂ©elle, de sorte que la nĂ©gation de toute dĂ©termination Ă©quivaut au fond Ă  l’affirmation absolue et totale.
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René Guénon (Introduction to the Study of the Hindu Doctrines)
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Souvent, quand les gens m'abordent, c'est pour me raconter un Ă©pisode de leur vie, par exemple : "J'ai vu votre reportage sur l'euthanasie, ma mĂšre m'en a parlĂ©, et je ne sais pas quoi en penser." Ça va dans toutes les directions, et je ne considĂšre pas cela comme le symptĂŽme d'une crise des valeurs. C'est ce que prĂ©tend le Vatican et c'est de la foutaise. Au contraire, depuis que les gens ont quittĂ© les bancs d'Ă©glise, donc l'institution qui avait des rĂ©ponses toutes prĂ©parĂ©es aux interrogations sur le sens de la vie, ils ont entrepris un cheminement plus personnel et, mon dieu - si je puis dire -, plus authentique.
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Alain Crevier (À Propos de la vie: le sens de la vie selon 20 personnalitĂ©s)
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« Capitant nous a rĂ©unis pour nous annoncer que Jean GuĂ©henno crĂ©ait un service d’éducation des adultes — un “bureau de l’éducation populaire” — et a demandĂ© qui voulait s’en charger. J’ai levĂ© la main Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale. » DĂ©goĂ»tĂ©e de l’éducation nationale, Mlle Faure ne veut plus enseigner aux enfants. « La “laĂŻcitĂ©â€ [Ă  prendre ici au sens de « neutralitĂ© politique »] imposĂ©e aux enseignants ne me convenait plus. Elle empĂȘchait toute explication franche, directe, c’est-Ă -dire politique, avec la jeunesse. La laĂŻcitĂ© devenait une religion qui isolait comme les autres. Dans un cadre d’éducation des adultes, il me semblait qu’on pourrait dire tout ce qu’on voudrait. D’oĂč mon choix pour l’éducation populaire : cadre neuf, cadre libre, oĂč pourrait se dĂ©velopper l’esprit critique. »
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Christiane Faure
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Pour votre question concernant la vie du ProphĂšte, la conception la plus orthodoxe est que l’impeccabilitĂ© appartient rĂ©ellement Ă  tous les prophĂštes, de sorte que, si mĂȘme il se trouve dans leurs actions quelque chose qui peut sembler choquant, cela mĂȘme doit s’expliquer par des raisons qui dĂ©passent le point de vue de l’humanitĂ© ordinaire (Ă  un degrĂ© moindre, cela s’applique aussi aux actions de tous ceux qui ont atteint un certain degrĂ© d’initiation). D’un autre cĂŽtĂ©, la mission d’un rasĂ»l, par lĂ  mĂȘme qu’elle s’adresse Ă  tous les hommes indistinctement, implique une façon d’agir oĂč n’apparaissent pas les rĂ©alisations d’ordre Ă©sotĂ©rique (ce qui constitue d’ailleurs une sorte de sacrifice pour celui qui est revĂȘtu de cette mission). C’est pourquoi certains disent aussi que ce qui serait le plus intĂ©ressant au point de vue initiatique, s’il Ă©tait possible de le connaĂźtre exactement, c’est la pĂ©riode de la vie de Mohammed antĂ©rieure Ă  la risĂąlah (et ceci s’applique Ă©galement Ă  la « vie cachĂ©e » du Christ par rapport Ă  sa « vie publique » : ces deux expressions, en elles-mĂȘmes, s’accordent du reste tout Ă  fait avec ce que je viens de dire et l’indiquent presque explicitement). II est d’ailleurs bien entendu que les considĂ©rations historiques n’ont pas d’intĂ©rĂȘt en elles-mĂȘmes, mais seulement par ce qu’elles traduisent de certaines vĂ©ritĂ©s doctrinales. Enfin, on ne peut pas nĂ©gliger, dans une tradition qui forme nĂ©cessairement un tout, ce qui ne concerne pas directement la rĂ©alisation mĂ©taphysique (et il y a de tels Ă©lĂ©ments dans la tradition hindoue comme dans les autres, puisqu’elle implique aussi, par exemple, une lĂ©gislation) ; il faut plutĂŽt s’efforcer de le comprendre par rapport Ă  cette rĂ©alisation, ce qui revient en somme Ă  en rechercher le « sens intĂ©rieur ». Lettre de RenĂ© GuĂ©non Ă  Louis Caudron d’Amiens, Le Caire, 22 mars 1936.
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René Guénon
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L'autre fait notable, c'est qu'un mĂ©diatique a dĂ©sormais le droit de plaisanter avec son outil professionnel, en certains cas. Un gĂ©nĂ©ral, par exemple, n'avait pas le droit de plaisanter Ă  la tĂȘte de ses troupes, ou un juge en prononçant ses sentences, et je ne sais mĂȘme pas s'il est encore tout Ă  fait permis au respon-sable d'une centrale oĂč l'on produit l'Ă©nergie nuclĂ©aire de plaisanter, au sens propre du mot, Ă  l'instant oĂč il fait connaĂźtre ses directives. Mais il est littĂ©ralement hors de doute qu'un mĂ©diatique ne peut ĂȘtre privĂ© de ce droit. C'est un salariĂ© remarquablement spĂ©cial, qui ne reçoit d'ordre de personne, et qui sait tout sur tous les sujets dont il veut parler. Il porte donc, suivant sa dĂ©ontologie, qu'il ne saurait trahir sans hideuse concussion, littĂ©ralement toute la conscience de l'Ă©poque. S'il n'avait pas le droit de plaisanter, oĂč serait donc la libertĂ© de la presse et, partant, la dĂ©mocratie elle-mĂȘme?
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Guy Debord (Cette mauvaise réputation...)
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Les AmĂ©ricains, en 1945, dĂ©comptaient plus de 1 million de Noirs hommes et femmes mobilisĂ©s, dont plus de 200 000 furent envoyĂ©s pour la seule France. Comme ils Ă©vitaient d’armer leurs soldats noirs, la plupart servaient d’auxiliaires (chauffeurs, mĂ©caniciens, etc.), particuliĂšrement exposĂ©s parce que dans l’incapacitĂ© de se dĂ©fendre. Seuls un peu plus de 30 000 d’entre eux participĂšrent directement au combat, dont une flottille aĂ©rienne dite Tuskeegee Airmen spĂ©cialisĂ©e dans des missions de bombardement en territoire ennemi (32 aviateurs noirs amĂ©ricains furent faits prisonniers)27.
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Catherine Coquery-Vidrovitch (Des victimes oubliées du nazisme (Documents) (French Edition))
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Elle traversa le 8e arrondissement d’un bon pas en direction de la Seine et de la rue Royale, une artĂšre courte situĂ©e entre la place de la Madeleine et la place de la Concorde, pas trĂšs loin de l’endroit oĂč Ă©taient vendus les nouveaux sacs hors de prix dont Chelsea s’était entichĂ©e
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Michelle Gable (L'appartement oublié)
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Ts’in (Qin n.n.) qui n’avait (d’abord) qu’un territoire fort restreint et qui n’avait qu’une puissance de mille chars’, fit venir Ă  lui les huit provinces et obtint l’hommage de ceux qui Ă©taient du mĂȘme rang que lui, et cela dura pendant plus de cent annĂ©es. Dans la suite cependant, quand tout l’espace compris dans les directions de l’univers Ă©tait sa demeure, quand Hiao et Hien Ă©taient son palais, il suffit qu’un simple particulier soulevĂąt des difficultĂ©s pour que les sept temples ancestraux fussent ruinĂ©s et pour que (le souverain) lui-mĂȘme pĂ©rit de la main des hommes, ce qui fut la risĂ©e de l’empire. Comment cela se produisit-il ? C’est parce que la bontĂ© et la justice ne furent pas rĂ©pandues (par Ts’in) et parce que les conditions pour conquĂ©rir et les conditions pour conserver sont diffĂ©rentes]
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Sima Qian (MĂ©moires historiques - DeuxiĂšme Section (French Edition))
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Tous les soirs, le prĂ©sident reçoit une longue note confidentielle qui dit les drames, les dangers et les dĂ©rives de la sociĂ©tĂ© française. On ne ressort pas indemne d’une telle lecture
 Le poids de la responsabilitĂ© vous tombe dessus. "Vous avez le singe sur l’épaule", dit Emmanuel Macron. Il est au cƓur de ce mistigri tragique, il subit la mort, il peut la donner. La nuit tombe deux fois. Il est tard, gĂ©nĂ©ralement, quand le chef de l’État se plonge dans un amas de notes, des dizaines de pages qui disent tout de la noirceur humaine. Ici, des attentats sont dĂ©jouĂ©s, y compris en 2019 Ă  deux pas de l’ÉlysĂ©e, opĂ©ration fomentĂ©e par des terroristes en herbe – l’un des auteurs putatifs est ĂągĂ© de dix-sept ans. LĂ , des TchĂ©tchĂšnes, accompagnĂ©s d’un imam, rĂšglent leurs comptes dĂšs que leur commerce est menacĂ©. PrĂ©cisons qu’il s’agit de drogue. La CĂŽte d’Azur accueille de nouveaux touristes : aprĂšs la mafia russe, les NigĂ©rians goĂ»tent la baie des Anges. Le crime est global, le crime est local, les faits divers sordides. Une grand-mĂšre violĂ©e par des migrants, ça frappe
 Les informations viennent de la Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, du service central du Renseignement territorial, de la prĂ©fecture de police de Paris, de la Division du renseignement de la gendarmerie nationale. La bureaucratie française a du bon
 L’impeccable prĂ©sentation de ces notes, sa rĂ©gularitĂ©, sa monotonie presque, permettent de crĂ©er de la distance entre la violence et la raison qu’il faut garder Ă  la tĂȘte de l’État. Chaque jour, le prĂ©sident reçoit une synthĂšse de documents avec un titre, un rĂ©sumĂ© logĂ© dans un cartouche et une analyse Ă©tayĂ©e. La livraison du week-end couvre le samedi et le dimanche. Dans le bureau voisin, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ÉlysĂ©e, Alexis Kohler, est destinataire d’un dossier identique. Il arrive aux deux hommes d’échanger dans la foulĂ©e, comme pour se partager un fardeau. [
] "Si ces notes Ă©taient publiĂ©es dans la presse
 ", relĂšve l’un de ceux qui les ont reçues. Comment ne pas cĂ©der Ă  l’effet de loupe, comment garder l’ñme sereine, prĂ©server une forme de recul ? Bernard Cazeneuve, qui avait accĂšs aux mĂȘmes informations lorsqu’il Ă©tait Ă  Beauvau, Ă©crit dans son livre À l’épreuve de la violence : "La question n’est plus de savoir si les Ă©lĂ©ments se dĂ©chaĂźneront, ou si par miracle nous serons Ă©pargnĂ©s, mais bien de deviner quand le tonnerre grondera, aprĂšs que la foudre se sera abattue sur nous.
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Corinne LhaĂŻk (La nuit tombe deux fois (Documents) (French Edition))
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Mais seule la littĂ©rature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l’intĂ©gralitĂ© de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idĂ©es fixes, ses croyances ; avec tout ce qui l’émeut, l’intĂ©resse, l’excite ou lui rĂ©pugne. Seule la littĂ©rature peut vous permettre d’entrer en contact avec l’esprit d’un mort, de maniĂšre plus directe, plus complĂšte et plus profonde que ne le ferait mĂȘme la conversation avec un ami - aussi profonde, aussi durable que soit une amitiĂ©, jamais on ne se livre, dans une conversation, aussi complĂštement qu’on ne le fait devant une feuille vide, s’adressant Ă  un destinataire inconnu.
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Michel Houellebecq (Soumission)
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De ceux qui ne diffusent pas autour d'eux un relent d'Ă©chec, on peut difficilement dire qu'ils ont vĂ©cu. La dĂ©composition est la seule trace que laisse la marche de la vie, cet Ă©trange pourrissement de la matiĂšre. CrĂ©ation et destruction sont les diffĂ©rentes directions d'une mĂȘme substance qui s'affirme en s'effilochant.
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Emil M. Cioran (Razne)
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Il y a des leçons qui procurent des renseignements sur les buts intellectuels et y prĂ©parent notre cerveau. Les leçons sont simples et peuvent ĂȘtre acquises et employĂ©es avec avantage. Mais il en est d’autres qui heurtent notre nature plus profonde et changent la direction de notre vie. Avant que nous les acceptions et que nous les payions par la rente de notre propre hĂ©ritage, nous devons nous arrĂȘter et rĂ©flĂ©chir. Dans l’histoire de l’homme, il survient des Ăąges de feux d’artifice qui nous Ă©blouissent par leur force et leur mouvement. Ils rient non seulement de la modeste lampe de notre foyer, mais jusque des Ă©toiles Ă©ternelles. Mais que cette provocation ne nous pousse pas Ă  supprimer notre lampe. Supportons patiemment l’insulte et comprenons que ces feux d’artifice ont de l’éclat, mais ne sont pas permanents, Ă  cause de l’explosivitĂ© extrĂȘme qui est la cause de leur force et aussi de leur Ă©puisement. Ils dĂ©pensent une somme fatale d’énergie et de substance en comparaison de leur gain et de leur production.
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Rabindranath Tagore (Nationalisme (French Edition))
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À Tunis, les annĂ©es qui suivirent le congrĂšs de Korba, au cours duquel une « coalition » majoritaire d'opposants « destouriens de gauche », communistes, nationalistes arabes, et gauchistes ne put se faire Ă©lire et sortir l'UGET de la tutelle du Destour, furent celles de l'apogĂ©e du mouvement Ă©tudiant, et cela dura jusqu'en 1977. Les militants gauchistes firent, comme au Maroc, les frais d'une rĂ©pression policiĂšre brutale, mais le pouvoir ne put s'en prendre directement aux Ă©tudiants car les mouvements sociaux allaient bien au-delĂ  de leurs rangs et trouvaient un large Ă©cho dans la population. Souffrant d'une crise Ă©conomique profonde, et soumise aux consignes de la BIRD, la Tunisie Ă©tait en proie Ă  des troubles politiques graves que le gouvernement Nouira tenta de dĂ©samorcer dans le cadre de sa nouvelle politique Ă©conomique libĂ©rale. L'objectif de la lutte des Ă©tudiants fut avant tout, durant cette pĂ©riode, la lutte contre la « politique sĂ©lective » de l'enseignement et le rĂ©trĂ©cissement des dĂ©bouchĂ©s. Cette lutte, qui dĂ©marra Ă  la rentrĂ©e 1971 par des AssemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et mouvements de grĂšve dans les universitĂ©s, contre le renvoi des Ă©tudiants « cartouchards », ne fut pas couronnĂ©e de succĂšs. Le systĂšme des « cartouches » fut maintenu, et la sĂ©lection franchit un pas supplĂ©mentaire avec la mise en place de l’Orientation universitaire en 1976 .
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Pierre Vermeren (La formation des Ă©lites marocaines et tunisiennes)
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Le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaßt le monde, différence qui, s'il n'y avait pas l'art, resterait le secret éternel de chacun.
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Marcel Proust (A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU - Édition intĂ©grale en 2 volumes - VOLUME I: Du cĂŽtĂ© de chez Swann - À l'ombre des jeunes filles en fleurs - Le cĂŽtĂ© de guermantes)
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Disent cela, je dĂ©signe dĂ©jĂ  une des directions de cet essai : la constance d’une rĂ©fĂ©rence aux MĂ©moire diverses de la ville, mĂ©moires oubliĂ©es ou rejetĂ©es, brisĂ©es ou confuse qui sont le milieu naturel de l’urbanitĂ© et comme son aire de comprĂ©hension, un Ă©ther qui l’enveloppe.
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Anne Cauquelin (Essai de philosophie urbaine (La Politique éclatée) (French Edition))
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Le costume viril musulman est une synthĂšse des vĂȘtements sacerdotal et monastique et affirme en mĂȘme temps la dignitĂ© virile. C'est le turban qui, d'aprĂšs les dires du ProphĂšte, indique la dignitĂ© spirituelle, donc sacerdotale, de mĂȘme que la couleur blanche des vĂȘtements, le manteau aux larges plis et le haĂŻk enveloppant la tĂȘte et les Ă©paules. Certains vĂȘtements propres aux habitants du dĂ©sert ont Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©s et "stylisĂ©s" dans un but spirituel. Le caractĂšre monastique, par contre, s'affirme dans la simplicitĂ© du costume musulman et dans la prohibition plus ou moins rigoureuse des bijoux d'or et de la soie; seules les femmes peuvent porter l'or et la soie, et ce n'est pas en public mais seulement dans l’intĂ©rieur de la maison, - qui correspond au monde intĂ©rieur de l'Ăąme, - qu'elles peuvent montrer ces parures. Partout oĂč la civilisation islamique commence Ă  dĂ©choir, c'est d'abord le turban qu'on bannit, puis le port des vĂȘtements larges et souples, qui facilitent les gestes de la priĂšre rituelle. Quant Ă  la campagne menĂ©e, en certains pays arabes, en faveur du chapeau, elle vise directement l'abolition des rites, car le bord du chapeau empĂȘche le front de toucher le sol lors des prosternations; la casquette Ă  visiĂšre, avec son allure particuliĂšrement profane, n'est pas moins hostile Ă  la tradition. Si l'usage des machines nĂ©cessite le port de tels vĂȘtements, cela prouve simplement, du point de vue de l'Islam, que le machinisme Ă©loigne l'homme de son centre existentiel, oĂč il est "debout devant Dieu".
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Titus Burckhardt (Sacred Art in East and West, 1st Edition (Wisdom Foundation Series))
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L’homme de l’AntiquitĂ© qui se reprĂ©sentait la terre comme une Ăźle entourĂ©e par l’ocĂ©an primordial et le ciel comme une coupole protectrice posĂ©e par-dessus, ou l’homme du Moyen Age qui se figurait les cieux comme des cercles concentriques Ă©chelonnĂ©s depuis le centre de la terre jusqu’à la sphĂšre de l’esprit divin, englobant toute chose et ne connaissant plus de limite propre, ces hommes se trompaient certainement sur les vĂ©ritables relations rĂ©gnant dans l’univers physique. En revanche, ils Ă©taient parfaitement conscients d’un fait beaucoup plus important, Ă  savoir que le monde matĂ©riel ne reprĂ©sente pas toute la rĂ©alitĂ©, qu’il est entourĂ© et pĂ©nĂ©trĂ© par une rĂ©alitĂ© Ă  la fois plus vaste et plus subtile, laquelle est Ă  son tour contenue dans l’esprit ; directement ou indirectement, ils savaient Ă©galement que l’immensitĂ© de l’univers n’est rien par rapport Ă  l’Infini.
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Titus Burckhardt (Science moderne et Sagesse traditionnelle)
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« L’ouvrage de Rama P. Coomaraswamy, The Destruction of the Christian Tradition (...) est un exposĂ© brillamment Ă©crit et bien documentĂ© sur ce qui s’est dĂ©roulĂ© immĂ©diatement avant, pendant et aprĂšs le concile Vatican II. L’auteur s’intĂ©resse avant tout Ă  ce qui est orthodoxe et Ă  ce qui est hĂ©rĂ©tique, et la maniĂšre tout Ă  fait claire, directe et simple dont il traite son sujet est basĂ©e sur les dĂ©cisions des prĂ©cĂ©dents conciles et les dĂ©clarations des plus hautes autoritĂ©s de l’Église Ă  travers les siĂšcles. Ce qu’il a Ă©crit est suffisant et n’a pas besoin d’additifs. Mais, Ă  partir d’un angle lĂ©gĂšrement diffĂ©rent et en quelque sorte pour affronter les modernistes sur leur propre terrain, qui est celui de l’opportunisme psychique, nous voudrions nĂ©anmoins ajouter les remarques suivantes. Les responsables des changements en question ont fait valoir qu’une religion doit se conformer aux temps, Ă  quoi on doit rĂ©pondre : non, si se conformer veut dire cesser d’ĂȘtre soi-mĂȘme et devenir complice des temps. La vĂ©ritable conformitĂ© est diffĂ©rente : la mĂ©decine, par exemple, afin de se conformer Ă  une Ă©poque, doit ĂȘtre capable de fournir des antidotes Ă  tout ce qui se prĂ©sente comme maladies. De mĂȘme, il ne serait pas dĂ©raisonnable de maintenir qu’afin de se conformer Ă  un Ăąge caractĂ©risĂ© par de violents changements et des troubles dĂ©sordonnĂ©s, la religion doit ĂȘtre plus prĂ©parĂ©e que jamais Ă  manifester, et mĂȘme Ă  proclamer, son inĂ©branlable stabilitĂ© sans laquelle, en tant que vĂ©hicule de la VĂ©ritĂ© Éternelle, elle ne peut jamais ĂȘtre, en tout Ă©tat de cause, fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. Il ne fait guĂšre de doute que l’ñme humaine a profondĂ©ment besoin dans son existence de quelque chose qui resterait toujours identique, et elle a le droit d’attendre de la religion qu’elle soit la constante infaillible qui satisfasse ce besoin. De telles considĂ©rations furent dissĂ©minĂ©es aux quatre vents par le concile Vatican II. Il n’est donc pas surprenant que celui-ci ait prĂ©cipitĂ© une crise sans prĂ©cĂ©dent. La gravitĂ© de la situation peut ĂȘtre mesurĂ©e, jusqu’à un certain point, par les chiffres suivants : de 1914 Ă  1963, il n’y eut que 810 prĂȘtres qui demandĂšrent Ă  l’Église Catholique la permission d’abandonner le sacerdoce, et parmi ces demandes 355 seulement furent acceptĂ©es. Depuis le concile, il y a eu plus de 32 000 dĂ©fections au sein du clergĂ©. Il faut considĂ©rer que ces chiffres se rapportent en partie Ă  ceux qui sont coupables de la crise et en partie Ă  ceux qui en sont les victimes ; en ce qui concerne ces derniĂšres, qui sont des membres du clergĂ© ou des laĂŻques, il est significatif que non seulement l’usage de la liturgie traditionnelle a Ă©tĂ© dĂ©couragĂ© mais qu’il a mĂȘme Ă©tĂ© expressĂ©ment interdit. Cette stratĂ©gie aurait totalement Ă©chouĂ© s’il n’y avait eu le fait que l’immense majoritĂ© des laĂŻques — et ceci s’applique Ă©galement dans une certaine mesure aux membres du clergĂ© eux-mĂȘmes — s’imaginent que l’obĂ©issance due Ă  la hiĂ©rarchie clĂ©ricale est absolue. L’un des grands mĂ©rites de l’ouvrage de Rama Coomaraswamy est de montrer Ă  quel moment, selon la doctrine catholique strictement traditionnelle, l’obĂ©issance devient un pĂ©chĂ© et Ă  quel moment l’autoritĂ©, mĂȘme celle d’un pape, devient nulle et non avenue. » [recension dans "Croyances anciennes et Superstitions modernes", Appendice II.]
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Martin Lings (Ancient Beliefs and Modern Superstitions)
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Dans le dĂ©cor architectural et mĂȘme dans l’art du livre, la calligraphie se marie souvent Ă  l’arabesque. Une des combinaisons les plus heureuses, Ă  cet Ă©gard, est celle d’un kĂ»fi aux hampes verticales avec des rinceaux de vigne se dĂ©roulant en vague continue. Parfois, les rinceaux se greffent directement sur les lettres et c’est lĂ , sans doute, l’origine du kĂ»fi fleuri. L’union de l’écriture et de la plante stylisĂ©e Ă©voque l’analogie qui existe entre le « livre du monde » et « l’arbre du monde », deux symboles bien connus dans l’ésotĂ©risme musulman et ayant leur fondement dans le Coran. L’univers est Ă  la fois un livre rĂ©vĂ©lĂ© et un arbre dont les branches et les feuilles se dĂ©ploient Ă  partir d’un seul tronc. Les lettres du livre rĂ©vĂ©lĂ© sont comme les feuilles de l’arabe et, de mĂȘme que celles-ci se rattachent aux branches et finalement au tronc, les lettres se rattachent aux paroles, aux phrases et finalement Ă  la vĂ©ritĂ© totale et une du livre.
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Titus Burckhardt (Art of Islam: Language and Meaning (English and French Edition))
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VOUS TROUVEREZ LES MEILLEURS PRODUITS DLP SUR LES SITES OU LES AUTEURS COMMERCIALISENT DIRECTEMENT LEURS PROPRES CONTENUS, COMME ERICK PINEAULT SUR CLUB DROIT DE LABEL PRIVE D E CETTE MANIERE, L’AUTEUR MET LUI-MEME SA REPUTATION EN JEU ET S’EFFORCERA DE PROPOSER UN CONTENU INTERESSANT ! J’AI DEJA ACQUIS DES DLP D’EXCELLENTE QUALITE SUR CE SITE, CE QUI ME PERMET DE VOUS LE RECOMMANDER. VOUS POUVEZ EGALEMENT UTILISER GOOGLE POUR TROUVER D’AUTRES SITES TOUT AUSSI FIABLES. Une fois que vous avez acquis le produit, vous devez maintenant le
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A Haïk (Comment créer votre infoproduit rapidement: créer infoproduit (French Edition))
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Quand aux traditions «prĂ©-hindoues» dans l’Inde, je me suis sans doute insuffisamment expliquĂ©. Il est bien entendu que tous les peuples sont ou ont Ă©tĂ© en possession de traditions qui dĂ©rivent d’une source unique, mais de façon plus ou moins distincte. Les traditions summĂ©riennes, dravidiennes, etc., paraissent procĂ©der de formes se rattachant plus spĂ©cialement Ă  certains centres secondaires, tandis que la tradition «hindoue», venue du Nord, est celle qui provient le plus directement de la Tradition primordiale (pour notre Manvantara), indiquĂ© partout comme «polaire» Ă  l’origine. Ceci a naturellement un lien direct avec la question du «Paradis Terrestre» Ă  laquelle vous faĂźtes allusion, et dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© dans mon livre «Le Roi du Monde», ce qui n’empĂȘche que j’y reviendrai peut-ĂȘtre encore quelque jour comme vous le me suggĂ©rez. - Pour ce qui est de l’analogie des Ă©vĂ©nements historiques avec les principes, d’oĂč leur valeur symbolique (qui n’exclue aucunement leur rĂ©alitĂ© de fait), j’y ai insistĂ© souvent; c’est lĂ  une chose que les occidentaux semblent avoir beaucoup de peine Ă  comprendre en gĂ©nĂ©ral. [lettre Ă  Ananda Coomaraswamy 24 juin 1935]
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René Guénon
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[Le christianisme] occupe une place Ă  part car c’est la forme traditionnelle qui avait en charge l’Occident quand la dĂ©viation moderne s’est produite. On peut donc penser qu’une certaine responsabilitĂ© incombe Ă  cet Ă©gard au Catholicisme puisque c’est le Saint-SiĂšge romain qui a vocation Ă  rĂ©gir l’Église universelle.[...] L’Église est rĂ©gie par le Saint-Esprit, non par une loi que JĂ©sus lui aurait apportĂ©e (20). Il rĂ©sulte de cette particularitĂ© que le droit appliquĂ© dĂ©coule uniquement de l’intuition spirituelle de ceux qui dirigent l’Église ; or cette intuition peut varier car elle dĂ©pend de leur qualification et de leur rĂ©alisation effective. Ceci explique pourquoi, sur une question aussi essentielle que celle que nous Ă©voquons ici [le prĂȘt Ă  intĂ©rĂȘt], il y a une diffĂ©rence et mĂȘme une incompatibilitĂ© entre la doctrine catholique qui prĂ©valait au moyen Ăąge et celle qui est enseignĂ©e aujourd’hui ; ce qui peut paraĂźtre incomprĂ©hensible pour ceux qui suivent les lĂ©gislations sacrĂ©es. Au moyen Ăąge, le simple fait d’envisager que le prĂȘt Ă  intĂ©rĂȘt puisse ĂȘtre lĂ©gitime entraĂźnait l’excommunication, alors qu’aujourd’hui c’est uniquement l’usure qui est interdite, non le prĂȘt Ă  intĂ©rĂȘt en lui-mĂȘme. Cette Ă©volution est significative, car elle implique qu’un enseignement fondĂ© sur une connaissance Ă©sotĂ©rique vĂ©ritable a fait place Ă  un point de vue purement moral. L’intuition intellectuelle s’étant affaiblie au point de devenir inopĂ©rante, les raisons profondes et l’interdiction ont cessĂ© d’ĂȘtre perçues. Or, ces raisons prĂ©sentent un lien direct avec la naissance et le dĂ©veloppement de la dĂ©viation antitraditionnelle de l’Occident, car le prĂȘt Ă  intĂ©rĂȘt a Ă©tĂ© le moteur financier du monde moderne. RenĂ© GuĂ©non a montrĂ© le caractĂšre nĂ©faste de l’altĂ©ration des monnaies par Philippe le Bel (21) et les consĂ©quences dĂ©sastreuses que celle-ci avaient eu pour l’Occident. Le prĂȘt Ă  intĂ©rĂȘt est une autre modalitĂ© de cette altĂ©ration puisqu’il a pour effet de soumettre la valeur de la monnaie Ă  l’écoulement du temps, qui est celui du prĂȘt, alors que la fonction premiĂšre de celle-ci est de garantir la stabilitĂ© des Ă©changes par rĂ©fĂ©rence Ă  un principe immuable que la monnaie reprĂ©sente dans le domaine temporel.
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Charles-André Gilis
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Marie est la « servante du Seigneur », la servante par excellence, ce qui indique une similitude annonciatrice de la fonction du ProphĂšte de l’islĂąm. Ce caractĂšre servitorial est liĂ© au symbolisme du voile. Selon Michel VĂąlsan : « La RĂ©alitĂ© muhammadienne constitue le mystĂšre du Verbe suprĂȘme et universel, car elle est en mĂȘme temps la ThĂ©ophanie intĂ©grale (de l’Essence, des Attributs et des Actes) et son occultation sous le voile de la Servitude absolue et totale ». C’est parce qu’elle est la servante parfaite que Marie est toujours voilĂ©e, aussi bien dans ses apparitions que dans les reprĂ©sentations de l’Art sacrĂ©, notamment celui des icĂŽnes. Comme elle est, par ailleurs, le modĂšle de toutes les vertus, l’Eglise aurait Ă©tĂ© bien inspirĂ©e de reconnaĂźtre que l’attachement islamique au port du voile pouvait constituer un exemple pour les femmes catholiques. Les querelles et les rĂ©sistances modernes sur ce point sont rĂ©vĂ©latrices d’un Ă©tat d’esprit antitraditionnel. Ibn ArabĂź enseigne que le statut subordonnĂ© de la femme exprime, non pas un abaissement, mais au contraire sa supĂ©rioritĂ© spirituelle sur l’homme qui, crĂ©Ă© directement Ă  l’image de Dieu, a tendance Ă  oublier sa servitude et Ă  se poser en rival de son CrĂ©ateur . Toute forme traditionnelle est fondĂ©e sur une alliance impliquant une soumission Ă  la volontĂ© divine ; c’est ce qu’indique parfaitement le terme « islam » qui apparaĂźt, par lĂ  mĂȘme, comme une dĂ©signation de la Tradition universelle. Au lieu de reconnaĂźtre cette signification traditionnelle du voile de Marie, l’Église, sur cette question comme sur beaucoup d’autres, donne l’impression de suivre l’air du temps et, sans doute pour mieux se dĂ©marquer de l’islĂąm, d’encourager les femmes catholiques, en particulier les souveraines, Ă  se montrer tĂȘte nue ailleurs qu’au Vatican. L’enseignement de saint Paul est cependant fort clair, et semblable Ă  celui de l’islam : « Femmes, soyez soumises Ă  vos maris, comme il se doit dans le Seigneur » (Col, 3, 18) ; « Je ne permets pas Ă  la femme d’enseigner ni de faire la loi Ă  l’homme. Qu’elle se tienne tranquille. C’est Adam en effet qui fut formĂ© le premier, Eve ensuite. Et ce n’est pas Adam qui se laissa sĂ©duire » (I Tim, 2, 12-13).
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Charles-AndrĂ© Gilis (La papautĂ© contre l'Islam - GenĂšse d’une dĂ©rive)
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 Le Bouddha ne fut tout d’abord figurĂ© que par des empreintes de pieds, ou par des symboles tels que l’arbre ou la roue (et il est remarquable que, de la mĂȘme façon, le Christ aussi ne fut reprĂ©sentĂ© pendant plusieurs siĂšcles que par des figurations purement symboliques) ; comment et pourquoi en vint-on Ă  admettre par la suite une image anthropomorphique ? Il faut voir lĂ  comme une concession aux besoins d’une Ă©poque moins intellectuelle, oĂč la comprĂ©hension doctrinale Ă©tait dĂ©jĂ  affaiblie ; les « supports de contemplation », pour ĂȘtre aussi efficaces que possible, doivent en effet ĂȘtre adaptĂ©s aux conditions de chaque Ă©poque ; mais encore convient-il de remarquer que l’image humaine elle-mĂȘme, ici comme dans le cas des « dĂ©itĂ©s » hindoues, n’est rĂ©ellement « anthropomorphique » que dans une certaine mesure, en ce sens qu’elle n’est jamais « naturaliste » et qu’elle garde toujours, avant tout et dans tous ses dĂ©tails, un caractĂšre essentiellement symbolique. Cela ne veut d’ailleurs point dire qu’il s’agisse d’une reprĂ©sentation « conventionnelle » comme l’imaginent les modernes, car un symbole n’est nullement le produit d’une invention humaine ; « le symbolisme est un langage hiĂ©ratique et mĂ©taphysique, non un langage dĂ©terminĂ© par des catĂ©gories organiques ou psychologiques ; son fondement est dans la correspondance analogique de tous les ordres de rĂ©alitĂ©, Ă©tats d’ĂȘtre ou niveaux de rĂ©fĂ©rence ». La forme symbolique « est rĂ©vĂ©lĂ©e » et « vue » dans le mĂȘme sens que les incantations vĂȘdiques ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es et « entendues », et il ne peut y avoir aucune distinction de principe entre vision et audition, car ce qui importe n’est pas le genre de support sensible qui est employĂ©, mais la signification qui y est en quelque sorte « incorporĂ©e ». L’élĂ©ment proprement « surnaturel » est partie intĂ©grante de l’image, comme il l’est des rĂ©cits ayant une valeur « mythique », au sens originel de ce mot ; dans les deux cas, il s’agit avant tout de moyens destinĂ©s, non Ă  communiquer, ce qui est impossible, mais Ă  permettre de rĂ©aliser le « mystĂšre », ce que ne saurait Ă©videmment faire ni un simple portrait ni un fait historique comme tel. C’est donc la nature mĂȘme de l’art symbolique en gĂ©nĂ©ral qui Ă©chappe inĂ©vitablement au point de vue « rationaliste » des modernes, comme lui Ă©chappe, pour les mĂȘmes raisons, le sens transcendant des « miracles » et le caractĂšre « thĂ©ophanique » du monde manifestĂ© lui-mĂȘme ; l’homme ne peut comprendre ces choses que s’il est Ă  la fois sensitif et spirituel, et s’il se rend compte que « l’accĂšs Ă  la rĂ©alitĂ© ne s’obtient pas en faisant un choix entre la matiĂšre et l’esprit supposĂ©s sans rapports entre eux, mais plutĂŽt en voyant dans les choses matĂ©rielles et sensibles une similitude formelle des prototypes spirituels que les sens ne peuvent atteindre directement » ; il s’agit lĂ  « d’une rĂ©alitĂ© envisagĂ©e Ă  diffĂ©rents niveaux de rĂ©fĂ©rence, ou, si l’on prĂ©fĂšre, de diffĂ©rents ordres de rĂ©alitĂ©, mais qui ne s’excluent pas mutuellement.
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René Guénon (Studies in Hinduism: Collected Works)
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Ă  ceux dont l’ñme a faim et soif de la lumiĂšre d’amour libĂ©ratrice, je les invite Ă  explorer certains travaux moins connus, tels que les manuscrits de la mer Morte et les manuscrits de Nag Hammadi. Ils y trouveront des traductions directes de discours du
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Claire Heartsong (Anna, grand-mĂšre de JĂ©sus: L’histoire extraordinaire d’une femme qui a changĂ© le monde en donnant naissance Ă  une lignĂ©e spirituelle (French Edition))
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[...] l’esprit occidental est presque entiĂšrement d’essence chrĂ©tienne dans tout ce qu’il a de positif. Il n’est pas au pouvoir des hommes de se dĂ©faire, par leurs propres moyens, c’est-Ă -dire par de simples idĂ©ologies, d’une si profonde hĂ©rĂ©ditĂ© ; leurs intelligences s’exercent selon des habitudes sĂ©culaires, mĂȘme lorsqu’elles inventent des erreurs. On ne peut faire abstraction de cette formation intellectuelle et mentale, si diminuĂ©e soit-elle (1) ; s’il en est ainsi, et si le point de vue traditionnel subsiste inconsciemment mĂȘme chez ceux qui estiment ne plus devoir se rĂ©clamer d’aucune tradition, ou chez ceux qui, par simple souci d’impartialitĂ©, veulent se placer en dehors du point de vue chrĂ©tien ou juif, comment pourrait-on supposer que les Ă©lĂ©ments constitutifs d’une autre tradition puissent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s dans leur vĂ©ritable sens ? N’est-il pas frappant que les opinions courantes sur l’Islam par exemple, soient Ă  peu prĂšs identiques chez la majoritĂ© des Occidentaux, qu’ils se disent chrĂ©tiens ou qu’ils se flattent de ne plus l’ĂȘtre ? Les rĂ©serves qu’ils formulent Ă  l’égard de l’Islam, — pour ne rien dire des cas d’ignorance pure et simple ou d’une hostilitĂ© franchement moderniste, — proviennent gĂ©nĂ©ralement beaucoup moins d’une juste apprĂ©ciation des choses, qu’elles ne sont le fait d’une hĂ©rĂ©ditĂ© mentale et psychique, qui subsiste dans la pensĂ©e occidentale et qui souvent n’y est plus autre chose que le rĂ©sidu de la vraie spiritualitĂ© chrĂ©tienne." 1. Les erreurs philosophiques elles-mĂȘmes ne seraient pas concevables, si elles ne reprĂ©sentaient la nĂ©gation de certaines vĂ©ritĂ©s, et si ces nĂ©gations n’étaient des rĂ©actions directes ou indirectes contre certaines limitations formelles de la tradition ; on voit par lĂ  qu’aucune erreur, philosophique ou religieuse, ne peut prĂ©tendre Ă  une parfaite indĂ©pendance et autonomie vis-Ă -vis de la tradition ou de la conception traditionnelle qu’elle rejette ou qu’elle dĂ©figure. "Christianisme et Islam", in Etudes Traditionnelles numĂ©ro spĂ©cial Tradition islamique, 1934.
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Frithjof Schuon
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Comme nous le disions au dĂ©but, il ne nous est pas possible de tout expliquer Ă  la fois ; mais nous n’affirmons rien gratuitement, et nous avons conscience d’avoir du moins, Ă  dĂ©faut de bien d’autres mĂ©rites, celui de ne parler jamais que de ce que nous connaissons. Si donc il en est qui s’étonnent de certaines considĂ©rations auxquelles ils ne sont pas habituĂ©s, qu’ils veuillent bien prendre la peine d’y rĂ©flĂ©chir plus attentivement, et peut-ĂȘtre s’apercevront-ils alors que ces considĂ©rations, loin d’ĂȘtre inutiles ou superflues, sont prĂ©cisĂ©ment parmi les plus importantes, ou que ce qui leur semblait Ă  premiĂšre vue s’écarter de notre sujet est au contraire ce qui s’y rapporte le plus directement. Il est en effet des choses qui sont liĂ©es entre elles d’une tout autre façon qu’on ne le pense d’ordinaire, et la vĂ©ritĂ© a bien des aspects que la plupart des Occidentaux ne soupçonnent guĂšre ; aussi craindrions-nous plutĂŽt, en toute occasion, de paraĂźtre trop limiter les choses par l’expression que nous en donnons que de laisser entrevoir de trop vastes possibilitĂ©s.
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René Guénon (East and West)
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L’état humain — ou tout autre Ă©tat « central » analogue — est comme entourĂ© d’un cercle de feu : il n’y a lĂ  qu’un choix, ou bien Ă©chapper au « courant des formes » par le haut, en direction de Dieu, ou bien sortir de l’humanitĂ© par le bas, Ă  travers le feu, lequel est comme la sanction de la trahison de ceux qui n’ont pas rĂ©alisĂ© le sens divin de la condition humaine; si « la condition humaine est difficile Ă  atteindre», comme l’estiment les Asiates « transmigrationnistes », elle est Ă©galement difficile Ă  quitter, pour la mĂȘme raison de position centrale et de majestĂ© thĂ©omorphe. Les hommes vont au feu parce qu’ils sont des dieux, et ils en sortent parce qu’ils ne sont que des crĂ©atures; Dieu seul pourrait aller Ă©ternellement en enfer s’il pouvait pĂ©cher. Ou encore : l’état humain est tout prĂšs du Soleil divin, s’il est possible de parler ici de « proximitĂ© »; le feu est la rançon Ă©ventuelle — Ă  rebours — de cette situation privilĂ©giĂ©e; on peut mesurer celle-ci Ă  l’intensitĂ© et Ă  l’inextin-guibilitĂ© du feu. Il faut conclure de la gravitĂ© de l’enfer Ă  la grandeur de l’homme, et non pas, inversement, de l’apparente innocence de l’homme Ă  l’injustice supposĂ©e de l’enfer. [...] Bien des hommes de notre temps tiennent en somme le langage suivant : « Dieu existe ou il n ’existe pas ; s’il existe et s’il est ce qu’on dit, il reconnaĂźtra que nous sommes bons et que nous ne mĂ©ritons aucun chĂątiment » ; c’est-a-dire qu’ils veulent bien croire Ă  son existence s’il est conforme Ă  ce qu’ils s’imaginent et s’il reconnaĂźt la valeur qu’ils s’attribuent Ă  eux-mĂȘmes. C’est oublier, d’une part, que nous ne pouvons connaĂźtre les mesures avec lesquelles l’Absolu nous juge, et d’autre part, que le « feu » d’outre-tombe n’est rien d ’autre, en dĂ©finitive, que notre propre intellect qui s’actualise Ă  l'encontre de notre faussetĂ©, ou en d’autres termes, qu’il est la vĂ©ritĂ© immanente qui Ă©clate au grand jour. A la mort, l’homme est confrontĂ© avec l’espace inouĂŻ d’une rĂ©alitĂ©, non plus fragmentaire, mais totale, puis avec la norme de ce qu’il a prĂ©tendu ĂȘtre, puisque cette norme fait partie du RĂ©el ; l’homme se condamne donc lui-mĂȘme, ce sont — d’aprĂšs le Koran — ses membres mĂȘmes qui l’accusent ; ses violations, une fois le mensonge dĂ©passĂ©, le transforment en flammes ; la nature dĂ©sĂ©quilibrĂ©e et faussĂ©e, avec toute sa vaine assurance, est une tunique de Nessus. L’homme ne brĂ»le pas que pour ses pĂ©chĂ©s; il brĂ»le pour sa majestĂ© d’image de Dieu. C’est le parti pris d’ériger la dĂ©chĂ©ance en norme et l’ignorance en gage d’impunitĂ© que le Koran stigmatise avec vĂ©hĂ©mence — on pourrait presque dire : par anticipation — en confrontant l’assurance de ses contradicteur avec les affres de la fin du monde (1). En rĂ©sumĂ©, tout le problĂšme de la culpabilitĂ© se rĂ©duit au rapport de la cause Ă  l’effet. Que l’homme soit loin d'ĂȘtre bon, l’histoire ancienne et rĂ©cente le prouve surabondamment, l’homme n’a pas l’innocence de l’animal, il a conscience de son imperfection, puisqu’il en possĂšde la notion ; donc il est responsable. Ce qu’on appelle en terminologie morale la faute de l’homme et le chĂątiment de Dieu, n’est rien d ’autre, en soi, que le heurt du dĂ©sĂ©quilibre humain avec l’Equilibre immanent ; cette notion est capitale.[...] (1) C'est la mĂȘme un des thĂšmes les plus instamment rĂ©pĂ©tĂ©s de ce livre sacrĂ©, qui marque parfois son caractĂšre d'ultime message par une Ă©loquence presque dĂ©sespĂ©rĂ©e.
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Frithjof Schuon (Understanding Islam)
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L'inconnu Ă©tait une belle direction. Oui, en allant vers l'inconnu, on limitait les chances de se tromper de route.
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SIAUDEAU, Guillaume
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[...] c’est que l’élite, par lĂ  mĂȘme que le peuple est son extrĂȘme opposĂ©, trouve vĂ©ritablement en lui son reflet le plus direct, comme en toutes choses le point le plus haut se reflĂšte directement au point le plus bas et non en l’un ou l’autre des points intermĂ©diaires. C’est, il est vrai, un reflet obscur et inversĂ©, comme le corps l’est par rapport Ă  l’esprit, mais qui n’en offre pas moins la possibilitĂ© d’un « redressement », comparable Ă  celui qui se produit Ă  la fin d’un cycle : ce n’est que lorsque le mouvement descendant a atteint son terme, donc le point le plus bas, que toutes choses peuvent ĂȘtre ramenĂ©es immĂ©diatement au point le plus haut pour commencer un nouveau cycle : et c’est en cela qu’il est exact de dire que « les extrĂȘmes se touchent » ou plutĂŽt se rejoignent. La similitude entre le peuple et le corps, Ă  laquelle nous venons de faire allusion, se justifie d’ailleurs encore par le caractĂšre d’élĂ©ment « substantiel » qu’ils prĂ©sentent Ă©galement l’un et l’autre, dans l’ordre social et dans l’ordre individuel respectivement, tandis que le mental, surtout si on l’envisage spĂ©cialement sous son aspect de « rationalitĂ© », correspond plutĂŽt Ă  la « classe moyenne ». Il rĂ©sulte aussi de lĂ  que l’élite, en descendant en quelque sorte jusqu’au peuple, y trouve tous les avantages de l’« incorporation », en tant que celle-ci est nĂ©cessaire pour la constitution d’un ĂȘtre rĂ©ellement complet dans notre Ă©tat d’existence ; et le peuple est pour elle un « support » et une « base », au mĂȘme titre que le corps l’est pour l’esprit manifestĂ© dans l’individualitĂ© humaine.
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René Guénon (Initiation and Spiritual Realization)
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L'intelligence peut ĂȘtre contemplative ou scrutatrice, intuitive ou discursive, directe ou indirecte. Elle peut ĂȘtre simplement inventive ou constructive, ou mĂȘme se rĂ©duire au bon sens Ă©lĂ©mentaire. Dans chacun de ses modes, il y a des degrĂ©s, en sortes qu'un homme peut ĂȘtre plus intelligent qu'un autre, tout en lui restant infĂ©rieur au point de vue du mode, en d'autre termes, l'intelligence peut ĂȘtre centrĂ©e sur l'Intellect, qui est transcendant et infaillible en son essence, ou sur la raison, qui n'a aucune perception directe des rĂ©alitĂ©s transcendantes et ne saurait garantir, par consĂ©quent, contre l'intrusion de l’élĂ©ment passionnel dans la pensĂ©e. La raison peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e dans une mesure plus ou moins large par l'Intellect mais elle peut se borner aussi aux choses de la vie pratique, ou mĂȘme aux aspect les plus immĂ©diats et rudimentaires de celle ci.
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Frithjof Schuon (Caste e Razze)
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La Russie et l’Europe (publiĂ© en volume sĂ©parĂ© en 1871), Danilevski propose une union de tous les Slaves sous la direction de la Russie. Ce projet est d’abord motivĂ©, d’aprĂšs lui, par l’impossibilitĂ© pour son pays de faire partie de l’Europe. La Russie est d’aprĂšs lui trop originale, trop diffĂ©rente, pour s’allier Ă  l’Occident. Un premier facteur l’en empĂȘche, sa taille : “On ne peut nier que la Russie soit trop Ă©norme et trop puissante pour ĂȘtre seulement l’une des grandes puissances europĂ©ennes
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Michel Eltchaninoff (Dans la tĂȘte de Vladimir Poutine)
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Question d’une influence directe du mazdĂ©isme sur le judaĂŻsme naissant est plus difficile Ă  rĂ©soudre. On constate, par exemple, dans de nombreux psaumes de l’époque perse ainsi que dans d’autres textes, que Yhwh est prĂ©sentĂ© comme trĂŽnant au milieu de l’assemblĂ©e cĂ©leste et dĂ©passant tous les autres dieux, qui sont de fait dĂ©gradĂ©s en « anges » ou en « saints
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Thomas Römer (The Invention of God)
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On connaĂźt la considĂ©rable contribution de la psychanalyse Ă  cette bĂȘtise modernisĂ©e. Le seul effet de la cure psychanalytique Ă©tait dĂ©jĂ  de transformer le patient en analyste, capable de gloser indĂ©finiment sur ses malheurs. Et la psychanalyse peut bien dĂ©cliner en tant que petit commerce,elle s'est pleinement rĂ©alisĂ©e dans la fausse conscience de ce temps: le commentaire perpĂ©tuel et « l'analyse interminable» sont pris en charge par tout un chacun, dans l'impuissance gĂ©nĂ©rale Ă  intervenir sur sa vie, Ă  trancher. A ceux qui ne trouvent pas eux mĂȘmes leurs raisons dans ce qu'ils vivent directement, il faut toujours plus d'idĂ©es pour ne pas vivre: ils perfectionnent sans cesse leur ignorance au prĂšs des experts, c'est-Ă -dire de ceux qu'ils croient tels. L'existence n'est plus alors qu'une longue suite de« stages de formation» au cours desquels on accumule des connaissances, on thĂ©saurise des capacitĂ©s, pour la jouissance d'une vie imaginaire. L'EncyclopĂ©die des Nuisances, N°7.
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Encyclopedie des Nuisances