Souvenir Et Nostalgie Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Souvenir Et Nostalgie. Here they are! All 8 of them:

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Chaque fois qu’on évoque un souvenir et qu’on se dit « c’était bien », c’est en fait notre cerveau malade qui distille de la nostalgie pour nous persuader que ce que nous avons vécu n’a pas été vain, que nous n’avons pas perdu notre temps. Parce que perdre son temps, c’est perdre sa vie.
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Joël Dicker (L'Affaire Alaska Sanders)
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Avant le chariot du supermarché, le qu'est-ce qu'on va manger ce soir, les économies pour s'acheter un canapé, une chaîne hi-fi, un appart. Avant les couches, le petit seau et la pelle sur la plage, les hommes que je ne vois plus, les revues de consommateurs pour ne pas se faire entuber, le gigot qu'il aime par-dessus tout et le calcul réciproque des libertés perdues. Une période où l'on peut dîner d'un yaourt, faire sa valise en une demi-heure pour un week-end impromptu, parler toute une nuit. Lire un dimanche entier sous les couvertures. S'amollir dans un café, regarder les gens entrer et sortir, se sentir flotter entre ces existences anonymes. Faire la fête sans scrupule quand on a le cafard. Une période où les conversations des adultes installés paraissent venir d'un univers futile, presque ridicule, on se fiche des embouteillages, des morts de la Pentecôte, du prix du bifteck et de la météo. Personne ne vous colle aux semelles encore. Toutes les filles l'ont connue, cette période, plus ou moins longue, plus ou moins intense, mais défendu de s'en souvenir avec nostalgie. Quelle honte ! Oser regretter ce temps égoïste, où l'on n'était responsable que de soi, douteux, infantile. La vie de jeune fille, ça ne s'enterre pas, ni chanson ni folklore là-dessus, ça n'existe pas. Une période inutile.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Le genre d’image poignante qui me rappelait combien, pendant longtemps, j’avais détesté les appareils photo, ces machines cruelles à créer de la nostalgie. Leurs milliers de déclics trompeurs figeaient dans l’instant une spontanéité déjà évaporée. Pis, tels des fusils à double détente, ils n’atteignaient souvent leur cible que des années plus tard, mais touchaient toujours le cœur. Car, dans nombre d’existences, rien n’est plus fort que le passé, l’innocence perdue et les amours enfouies. Rien ne nous remue plus les tripes que le souvenir des occasions manquées et le parfum du bonheur qu’on a laissé filer
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Guillaume Musso (La fille de Brooklyn)
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J'aimais l'odeur de la maison, un mélange d'huile de lin, de lavande séchée et de feu de cheminée. Quand on revenait de nos vacances, nos habits étaient imprégnés de ce parfum un peu sauvage de campagne, et j'essayais toujours de ne pas mettre tous mes vêtements à laver au retour pour pouvoir garder cette délicieuse odeur plus longtemps. C'était pour moi celle du bonheur et de la liberté. Quand je fermais les yeux, parfois, comme appuyant sur un bouton mystérieux, j'arrivais à la restituer, mais de manière si fugace que cela me serrait le cœur.
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Mélanie Edwards (Un été en liberté)
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Il faut beaucoup de maîtrise de soi pour éviter de considérer certains signes du destin comme des menaces. Par exemple, ce Pleyel qui est offert à Clara en 1910 en récompense de son premier prix de piano obtenu au Conservatoire de Paris. Eh bien, Berthe le vend six ans plus tard afin de permettre à Jane, sa fille cadette de poursuivre des études musicales… Clara se trouve au moment de la transaction entre vie et mort à Berck-sur-mer, où elle est sans compagnie, presque sans bagages. Nous savons ce que représente pour elle le meuble encombrant : un rêve, un territoire, une grappe dorée de souvenirs, le minerai brut de la nostalgie. « Une enfant appuyée au long piano d'ébène», écrit dolemment Anna de Noailles. Appuyée. Comme à un bastingage.
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Martin Melkonian (Clara Haskil)
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Il n'est pas plus facile de quitter le Japon, qu'un être cher. Car ce pays envoûte, même si l'enchanteur est cruel. L'amas de bibelots dont l'étranger s'encombre au retour est plus qu'un souvenir exotique. Ces objets portent en eux les germes d'une profonde et persistante nostalgie. Sayônara ! (p. 321)
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Michael Stone (Incroyable Japon)
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Mais l’enfance n’est ni nostalgie, ni terreur, ni paradis perdu, ni Toison d’Or, mais peut-être horizon, point de départ, coordonnées à partir desquelles les axes de ma vie pourront trouver leur sens. Même si je n’ai pour étayer mes souvenirs improbables que le secours de photos jaunies, de témoignages rares et de documents dérisoires, je n’ai pas d’autre choix que d’évoquer ce que trop longtemps j’ai nommé l’irrévocable ; ce qui fut, ce qui s’arrêta, ce qui fut clôturé : ce qui fut, sans doute, pour aujourd’hui ne plus être, mais ce qui fut aussi pour que je sois encore.
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Georges Perec (W, or the Memory of Childhood)
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Dans les commentaires délirants auxquels l'article de l'avocat donna lieu, devait revenir sous les formes les plus insolites la comparaison avec le sourire de la Joconde. Maître Homaire avait, entre autres, écrit : « Dans le voile bleuté du petit matin, confondu avec les voiles des noces, il émanait de la mort d'Hadriana Siloé une espèce d'envoûtement sublunaire considérablement renforcé par l'allégresse énigmatique des lèvres. Comme chez Mona Lisa, le charme du visage semblait pivoter sur lui-même, complètement purifié des contingences consternantes du décès et porté à merveille à l'incandescence intérieure qui sied à l'éternelle beauté féminine. » A la fin de 1946, à mon arrivée à Paris, je me précipitai, haletant, au musée du Louvre, vers la célèbre toile de Leonardo, comme au premier rendez-vous pris loin de Jacmel avec Nana Siloé. J'en fus profondément déçu. La Joconde était bien le chef-d'œuvre d'un peintre génial, mais, comparée à la jeune fille de mon souvenir, elle semblait plutôt ricaner, sans aucun feu intérieur. Dans la trame de ma nostalgie inguérissable, Hadriana avait son maquillage de mariée intact ; la peau de son cou et de ses mains était aussi lisse et fraîche qu'une mangue cueillie juste avant le lever du soleil. La mort avait donné à sa beauté un air de joyeuse profondeur comme si elle était intérieurement absorbée par un rêve plus prodigieux que la vie et la mort à la fois. Sa bouche n'évoquait pas un sourire légendaire, mais un fruit éclatant de fraîcheur auquel toute bouche assoiffée aurait voulu mordre jusqu'à l'extase.
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René Depestre (Hadriana dans tous mes rêves (French Edition))